54) "Parages"

De Marches du Nord
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Lors de l'Épisode 50) "Fortune de Mer", les Lalnyhari ont perdu le Pescecano - superbe corsaro de dernière génération issu des chantiers de Bastelle - dans la terrible bataille navale entre les pirates de Valeria la Noire et le Cartel. Souhaitant renflouer leur navire, au printemps l'an 40 elles embauchent Bartolome Sotorine et son Orizzonte pour retourner dans la Baie des Guivres, bien qu'elle grouille de Grésans agressifs et de guerriers Arkonnelkan revanchards...


PROTAGONISTES :

  • Bartolome Sotorine, capitàn au cœur brisé ;
  • la Distinguée Lalshurya, érudite Fehnri aux multiples talents ;
  • Temaru, rare exemple de navigatrice et architecte navale Fehnri ;
  • Djahneene, garde du corps de la précédente, car ce qui est rare est précieux ;
  • Gregorio Sotorine, marin et mascotte de l'Orizzonte ;
  • et en invité spécial pour ses talents musicaux, Lorenzo Maletudine.


Ohé, ohé, capitàn abandonné

Le Pescecano n'est pas n'importe quel bateau : c'est un cutello, une architecture navale maîtrisée des Sotorine permettant d'obtenir des navires élancés particulièrement rapide. Ce navire avait été offert à Valeria "Negra" en échanges de services peu avouables et avait servi d'appât pour l'attirer dans les rets du Cartel mis en place par la famille Melangoline. N'ayant pas pris part à la sanglante bataille qui vit périr la pirate dans la Baie des Guivres, sur la côte de la Mer d'Écume, le Pescecano est à priori indemne. Et selon les informations recueillies par les Lalnyharis, il se trouve toujours dans l'anse du Quillon : pourquoi ne pas le renflouer ?

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C'est ainsi que la Distinguée Lalshurya prit contact avec le seul capitaine assez cinglé pour aller se balader dans la dangereuse Baie des Guivres : Bartolome Sotorine. À Felriane, Lalshurya trouva un Bartolome à l'haleine alcoolisée et à la mine sombre, n'ayant visiblement toujours pas digéré la mort de son ex diabolique. Initialement sceptique sur la possibilité que le navire ait survécu à l'hiver, le capitàn accepta finalement de conduire l'opération de renflouage en échange de 1000 £ - la mélancolie des amours perdues n'étant visiblement pas incompatible avec les intérêts mercantiles.

Pendant que Temaru, l'architecte navale et navigatrice des Lalnyharis, chargeait les cales de l'Orizzonte de tout le nécessaire pour renflouer un navire, Bart alla négocier l'accès à la Baie des Guivres. La zone est en effet interdite parce qu'officiellement dangereuse, mais surtout parce que les Melangoline y faisaient affaire autrefois avec les Arkonellkans. Heureusement, Bart' a plutôt de bonnes relations avec Rosella Melangoline, l'influente Exarque de Sainte-Maïse. La demande des Lalnyharis lui étant porésentée, Rosella se laisse convaincre que ses secrets ne seront pas en danger. Elle ne demande qu'une seule chose en échange de l'accès : que Bartolome incendie ou détruise l'ancien comptoir Écume 2. Visiblement, les Melangoline se débarrassent de leurs vieilles casseroles.

C'est ainsi que quelques jours plus tard, l'Orizzonte et son équipage (incluant une poignée de marins Fehnri qui serviront d'équipage au Pescecano au retour) prend la mer avec un convoi Kerdan en partance pour Aroche. S'intégrer dans un convoi était visiblement une bonne idée, car la piraterie grésane n'a pas cessé : le convoi est attaqué au large des Îles de Grès. Restant sagement au milieu aux autres navires, l'Orizzonte échappe à tout dommage et les Grésans sont facilement repoussés. Arrivé au niveau de la baie des Guivres, l'Orizzonte se laisse doucement distancer par le convoi et commence une large boucle lui permettant d'entrer dans la baie en profitant des marées (la fameuse Respiracìon) et alors que le jour commencera à tomber. Mais c'est alors que Gregorio repère des voiles : plusieurs coques de noix grésanes sont à la poursuite. Tant son capitàn que l'équipage de l'Orizzonte sont fébriles : la manœuvre d'évasion échoue et les Grésans sont à portée d'abordage !

Il s'en suit un combat naval bref mais brutal. Les balistes crachent leurs traits mais ratent leurs cibles. Des grappins volent, des Grésans se hissent à bord de l'Orizzonte et une mêlée s'en suit. Djahneene s'illustre et parvient à trancher le cordage étrange avec lequel les Grésans s'étaient accrochés au bastingage. Gregorio affronte un Grésan, est sérieusement blessé mais parvient à assommer son adversaire. Finalement le capitàn, aidé par Temaru, parvient à faire prendre suffisamment de vitesse à son navire pour échapper aux poursuivants. Horatio, le chirurgien de bord, a fort à faire : on déplore plusieurs blessés (dont Grégorio) ainsi qu'un mort parmi l'équipage. Djahneene et Lalshurya aident aux premiers soins, et assez étrangement Lalshurya insiste pour qu'on soigne également le Grésan assommé par Grégorio : la bestiole aux vilaines dents pointues se retrouve saucissonnée en fond de cale.

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Repérages et diplomatie

Malgré ce coup dur, l'Orizzonte finit par entrer dans la Baie des Guivres. Une fois dans des eaux calmes, des plongeurs de l'équipage retirent la quille (démontable !) de la coque de l'Orizzonte, réduisant ainsi son tirant d'eau. Pendant que Djahneene semble s'intéresser à la physiologie du prisonnier Grésan, Temaru et Bartolome définissent une trajectoire minimisant les risques d'être repérés, tant par les Grésans qui occupent la côte sud de la baie que par les Arkonellkans qui en occupent le nord-ouest. L'idée est de longer la côte nord en profitant de l'ombre de la côte, qui s'étire assez loin lors de l'après-midi. Les voiles du navire sont également changées, passant de l'orange kerdan à une couleur écru moins facilement visible à longue distance. Une forme énorme est repérée dans l'eau, non loin : après un instant d'inquiétude, Grégorio réalise qu'il s'agit d'une baleine. Mais il reste le problème des alliés à tentacules des Grésans : l'Orizzonte pourrait-il être suivi par un "poulpe" (plus précisément appelé belemnon par les érudits pédants) qui leur servent parfois d'éclaireur, comme Bartolome avait pu le découvrir à ses dépends ?

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En tout cas le navire et son équipage se frayent un chemin jusqu'à une assez large anse sur la côte nord (marquée A sur la carte), anse que Bartolome sait pouvoir abriter un navire, puisque Valeria y avait caché une nef lors de la bataille de la Baie des Guivres. Plusieurs navires grésans sont aperçus sur la côte sud dans l'anse de l'Apuesta, mais visiblement ils ne repèrent pas l'Orizzonte.

Entretien avec un dragon

Pendant qu'une partie de l'équipage se repose et qu'une autre, dirigée par Temaru et Bartolome, répare les dégâts subis par l'Orizzonte lors du combat contre les Grésans, Lalshurya s'installe dans la cabine du capitaine. Elle fait venir quelques uns des marins Fehnri, qui se sentent soudainement très fatigués. Puis elle lance un puissant sortilège lui permettant d'effectuer un repérage magique, rituel dont le lancer va durer toute la nuit et une partie de la journée - d'autant plus qu'une bande d'imbéciles a décidé de scier des planches et de donner coups de marteau alors certaines essaient de se concentrer, bon sang de bois ! Lalshurya repère immédiatement une puissante source d'Essence, à quelques lieues à l'est du village de Behrim'Ron. À la grande surprise de Lalshurya, qui avait pourtant pris des précautions pour rendre son sortilège discret, quelque chose la repère immédiatement. La cabine du capitaine prend soudainement feu. La porte explose et une figure pleine de dents mais pourtant entièrement faite de flammes s'introduit dans la cabine en poussant une sorte d'horrible grognement. Lalshurya comprend que ce grognement est en réalité une sorte de "bonjour !" dit avec une (très) grosse voix. Bien que fort peu rassurée par l'intrusion de ce qui est sans doute un démon majeur, Lalshurya entame une sorte de dialogue avec la créature. Cette dernière n'est pas agressive, elle semble même très heureuse d'avoir de la visite. Sa seule envie est que Lalshurya lui rende visite en personne. Sans tarder. Quand la magycienne lui demande son nom, la créature a l'équivalent d'un sourire et lui dit qu'elle sait ce que "les gens comme elle" font avec les Vrais Noms. Mais on l'appelle généralement Le Dragon. Après avoir insisté à nouveau sur son "invitation", le Dragon laisse Lalshurya en paix.

Cette dernière peut donc enfin s'occuper de son repérage. Première bonne nouvelle, le Pescecano est toujours là, à quai à Écume 2. En revanche, il est très abimé : il lui manque notamment son mât. Lalshurya repère également de nombreux mouvements d'Arkonnelkan non loin de la côte : ils sont environ 200 à chasser et à cueillir dans les forêts. Et surtout, l'Orizzonte a été repéré : une patrouille se dirige vers son mouillage et sera là d'ici quelques heures.

Premiers palabres

Informé du fait que le navire est repéré, l'équipage décide de rester sur place et de négocier avec le comité d'accueil Arkonnelkan. Bartolome, Lalshurya, Gregorio et quelques marins s'installent sur la plage pour attendre la patrouille. Cette dernière arrive en fin d'après-midi, à cheval, et après un bref temps d'observation s'avance vers les hommes de l'Orizzonte. Le groupe qui s'avance est organisé autour d'une immense guerrière couvertes de plumes de grands oiseaux et portant ce qui ressemble à une cotte de maille, escortée de deux porteurs de boucliers tout aussi massifs. Elle se présente comme étant Nombreuses-Plumes et demande à Bartolome ce qu'ils font sur "sa" plage. Après s'être présenté comme Outre-Feu, Bartolome expose les raisons de sa présence ici : récupérer le navire appartenant aux Lalnyharis. Mais Nombreuses-Plumes ne semble pas considérer les choses ainsi. D'une part le navire ayant été abandonné sur les terres arkonnelkannes, il leur appartient. D'autre part, il avait été donné à Valeria la Noire. Valeria, alliée des Lalnyharis, que ces dernières ont trahie et dont elles ont assassiné le clan. Lalshurya essaie de reformuler les enjeux et le contexte, mais ne maitrisant pas les codes Emishens elle s'emmêle les pinceaux. Nombreuses Plumes la regarde d'une façon pas très amène.
"Avant que je ne te dise à quel point ce que tu affirmes est stupide, pourrais-tu ne pas être grossière et te présenter avant de parler ?
- Je suis Lalshurya.
- Ce n'est pas un nom. Un nom te représente.
- Ah... Alors, on m'appelle La Curieuse.
- Hum. Cela fera l'affaire."

Bartolome, se rappelant les leçons de Hagad qu'il reçut de la part de Levée-Avant-l'Aube il y a bien longtemps, se décide à intervenir. Il explique pourquoi Valeria avait bel et bien rompu le Hagad de la guerre. Alliée des Lalnyharis contre certains Kerdans, elle avait rompu son alliance en attaquant des alliés des Lalnyharis. C'est donc bien la Noire la fautive. Hochant la tête, Nombreuses-Plumes reconnait que dans ces conditions elle ne peut effectivement pas revendiquer le navire comme l'héritage de Valeria, mais il n'empêche que le Pescecano ayant été abandonné ici, il appartient aux Arkonnelkan, plus précisément au clan de Nombreuses-Plumes. Il va donc falloir en négocier le prix. Nombreuses-Plumes invite alors tout le monde à s'assoir et étend une couverture sur le sol, signifiant ainsi formellement que les négociations commencent. Bartolome sort quelques victuailles qu'il avait préparé pour cette occasion.

Lalshurya propose des informations sur les Grésans, ou de l'aide contre ces derniers. Nombreuses-Plumes fait la moue : ils affrontent les Grésans depuis des siècles, ils les connaissent suffisamment bien et n'ont pas besoin d'informations à leur sujet. En revanche, de l'aide, en particulier contre leurs poulpes, pourrait être utile. Mais si les Dirsens veulent réparer leur navire, et en particulier lui retrouver un mât, il va falloir négocier cela avec les Anciens au village. De plus, Nombreuses-Plumes signale à "La Curieuse" que "le vieux" souhaite la voir. C'est du moins ce que "l'intermédiaire du vieux" lui a dit. Si Lalshurya semble savoir qui est "le vieux", elle interroge Nombreuses Plumes sur cet intermédiaire. Mais c'est à Bartolome que la guerrière s'adresse en réponse pour lui signifier qu'il ferait peut-être mieux de ne pas venir au village : "l'intermédiaire" semble lui en vouloir, à lui et aux Endilans qui "l'auraient tuée au moins deux fois". D'ailleurs, depuis, tout le monde l'appelle Trois-Fois-Morte. Devant l'air ahuri de Bart', Nombreuses-Plumes répond qu'en effet l'intermédiaire est plutôt en bonne santé pour une morte, mais bon, c'est ce qu'elle a dit, alors... S'ils acceptent l'invitation de se rendre au village, Nombreuses-Plumes recommande à l'équipage de venir en groupe : la majorité de la tribu a plutôt une dent contre les Dirsen en général, plus particulièrement contre les Kerdans depuis la bataille navale (qui a tué quelques centaines des siens) et encore davantage contre les Endilans. Son devoir se borne à les guider vers le village pour que vous puissiez négocier avec les Anciens et elle n'a aucune intention de tirer l'épée contre ses compatriotes pour le salut de Dirsens.

Dans tous les cas, Nombreuses-Plumes et ses guerriers repartiront à l'aube : l'équipage a donc la nuit pour décider s'ils acceptent l'invitation à aller au village.

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Hostiles

Après une brève négociation à bord, la décision est prise de se rendre au village. Lalshurya semble curieuse de rencontrer ce mystérieux Démon, et il faut bien récupérer un mât si on veut ramener le Pescecano (un remorquage dans la Baie des Guivres étant bien trop dangereux). Bartolome forme donc une équipe pour cette expédition à terre, à laquelle il adjoint son diplomate en chef Tancrède "le Janien" mais également Lorenzo Maletudine, dont il espère que la musique et les chansons sauront adoucir ces Emishens à priori hostiles. L'équipage restant à bord est invité à rester vigilant et un point de rencontre (Écume 2) est décidé, au cas où l'Orizzonte devrait quitter son mouillage actuel.

Du sang sur le bec

Retrouvant Nombreuses-Plumes à l'aube, toute la troupe se met en marche. Il apparaît rapidement que leur "escorte" ne va faire aucun effort pour les attendre. Les Arkonnelkans de Nombreuses-Plumes chevauchent à l'avant tandis que leurs visiteurs doivent donner du jarret dans les sous-bois encore couverts de neige. Si Grégorio, Bartolome et Lorenzo arrivent à suivre le rythme, c'est plus difficile pour la délégation Fehnri. Mais ce n'est qu'une fois arrivé au sommet d'une côte que Bartolome se rend compte qu'il a perdu une partie de sa troupe. Il signale le problème aux hommes de Nombreuses Plumes : s'ils acceptent de s'arrêter pour attendre les retardataires, ils ne semblent guère disposé à faire demi tour pour voir où ils en sont. Soupirant de dépit, Bart' réalise qu'il va devoir faire le chemin en sens inverse. Alors qu'il donne des ordres à son équipage, il réalise que Grégorio est déjà parti : il redescend la pente en courant, projetant un panache blanc autour de lui, tel un gros chien lâché dans la neige.

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Pendant ce temps, en bas de la côté, Lalshurya, Temaru et sa servante Djahneene peinent dans la neige. Il faut dire que le terrain est rude et que tout le monde est chargé de matériels divers. Mais Djahneene n'a pas oublié d'être vigilante : elle repère un cavalier, monté sur un cheval nordique, qui leur tourne autour. Sur un signe de Djahneene, toutes cherchent un couvert : Lalshurya et Temaru dans un bosquet, tandis que Djahneene escalade un arbre. Enfin, elle escalade... La garde du corps avait visé une branche trop haute et elle se retrouve bientôt pendue, les jambes dans le vide, à une branche craquant dangereusement. Mais le plus inquiétant, c'est que le cavalier Arkonnelkan l'a vue et qu'il se dirige vers elle au galop, sabre au clair, tandis qu'un archer à cheval apparait derrière les arbres ! Heureusement, même si Temaru semble tétanisée par la situation, l'Estimée Lalshurya a plus d'un tour dans son sac. Prenant un air constipé, elle fixe le cavalier au sabre. Ce dernier, qui affichait jusqu'à présent le visage de la haine, parait tout à coup surpris, comme s'il se demandait ce qu'il fait là. Sa tête heurte alors la branche de l'arbre où s'accroche Djahneene, il y a un horrible craquement (tant de la branche que de la tête du cavalier) et le cheval continue seul sa route alors que Djahneene atterrit sans dommage dans la neige. C'est fou ce que Lalshurya arrive à faire juste en regardant les gens méchamment.

Non loin, Grégorio est toujours en train de courir lorsqu'il aperçoit lui aussi un cavalier. Il lui fait un signe, mais le cavalier - se demandant ce qu'il lui arrive dessus - préfère détaler devant le géant kerdan. Il est assez étonné de constater que malgré le fait qu'il soit à cheval, il a grand mal à semer Grégorio. Finalement, le cavalier fait demi-tour et empoigne sa lance, bien décidé à se débarrasser de son poursuivant en le chargeant. La réaction de Grégorio face à cette charge est de s'en prendre au cheval : il tente de faire une sorte de prise de lutte à l'animal, en le prenant à l'encolure. Pour n'importe qui d'autre que Grégorio, la manœuvre aurait été suicidaire, mais la force surhumaine du Kerdan lui permet d'accomplir un petit exploit : si Grégorio est bien jeté au sol par l'impact, il parvient à faire tomber le cheval. Quant à son cavalier, la chute de sa monture le projette dans un buisson où il s'écrase lourdement. Nullement assommé par l'impact avec le canasson, Grégorio se relève et ramasse la lance perdue par le cavalier lors de son vol plané. Il s'approche du buisson qu'il commence à fouiller avec la pointe de la lance, comme s'il cherchait un bout de pain perdu au fond d'un caquelon de fromage fondu. Lorsqu'il finit par transpercer quelque chose de mou, il retire la lance, avec un guerrier arkonnelkan piqué au bout. Constatant que son adversaire est mort, il rejette le tout d'un air satisfait.

Au même moment, Djahneene constate que si son premier adversaire est hors de combat, l'archer a bandé son arc et semble prendre Temaru pour cible, cette dernière étant toujours tétanisée, se tenant toute droite à côté de Lalshurya. La flèche part, Djahneene bondit avec en main... un plateau à thé ? Elle intercepte la trajectoire de la flèche, qui vient se planter dans son plateau à thé. Mais l'archer n'a pas dit son dernier mot. Heureusement, Grégorio surgit de derrière les arbres, son grand merlin à la main. Il frappe... et atteint l'Arkonnelkan à la tête. Le coup est tellement puissant que le fer de la hache traverse le métal du casque et le malheureux archer meurt sur le coup.

C'est alors que petit groupe de Bartolome arrive sur place, en retard et hors d'haleine. Retournant du pied le cadavre d'un des Arkonnelkan, Tancrède constate qu'il porte une sorte d'étrange capuche dont l'extrémité est pincée et teinte en rouge, comme une sorte de bec ensanglanté. Bart' n'a pas l'air très content de ce carnage, mais comme il n'était pas présent pour protéger ses passagers, il préfère ne pas faire de remarque. Mais Lalshurya ne se prive pas. Après avoir contemplé étrangement l'agonie du cavalier qui avait heurté la branche, elle se lâche. Elle est furieuse, veut un bain chaud et des vêtements propres, et en a plus que marre de ces "barbares". Cette dernière remarque inquiète un brin Bartolome, qui fait remarquer à Lalshurya qu'elle va bien devoir négocier avec ces "barbares"...

Bivouac à Écume 2

Tout le monde se remet en route et rejoint bientôt le groupe de Nombreuses-Plumes. Cette dernière lève un sourcil en voyant surgir un Grégorio couvert de sang. "Il y a eu du grabuge ?", demande innocemment un de ses porte-boucliers. Mais c'est à Nombreuses-Plumes que Bart' répond, en lui disant qu'il y a eu trois morts et qu'il va falloir trouver une solution pour qu'il n'y en ait pas d'autres. Devant la description des capuches des cavaliers, Nombreuses-Plumes explique qu'il s'agit du clan des Becs Sanglants, le clan du village de Behrim'Ron : voilà qui ne va pas faciliter les négociations à venir. En tout cas, Nombreuses-Plumes admet à contre-cœur qu'elle va devoir escorter réellement les Dirsens. À la demande de Temaru, Bart' propose qu'une étape soit faite à Écume 2, pour se reposer et pour permettre un premier examen du Pescecano. Nombreuses-Plumes accepte et après plusieurs heures de marche, toute l'équipe arrive à Écume 2.

Du comptoir kerdan, il ne reste plus que les parties en pierre : un quai et les murs d'une maison désormais sans toit. Tous les éléments en bois (charpente, parquet, portes, huisseries...) ont été pillés.[1] Les Arkonnelkans installent un bivouac dans ce qui reste de la maison, profitant de la cheminée toujours intacte et de l'abri que les murs offrent contre le vent. Pendant ce temps, et malgré la nuit tombante, Temaru, sa garde du corps et Bart' se dirigent vers le quai pour inspecter le Pescecano. À la lueur de la lanterne tenue par Djahneene, Temaru et Bart' découvrent que ce qui fut un fier corsaro pendouille misérablement au bout du quai, accroché par ses amarres. Il n'a plus qu'un mât et il manque des parties importantes du château arrière et du château avant. Mais ce qui chagrine le plus Temaru, c'est que le Pescecano n'a plus de safran ! Et cette pièce de gouvernail ne se fabrique pas comme cela. Au total, à supposer qu'on trouve tout le bois nécessaire, il y en a bien pour deux Huitaines de travail...

Tout le monde se retrouve dans la maison. Si les Arkonnelkans ont tombé l'armure et font clairement relâche, il ne se mélange guère. Leur attitude est clairement différentes des autres tribus Emishens que Bartolome a pu rencontrer lors de ses voyages. Il va falloir briser la glace. Et c'est Lorenzo qui s'y colle : il sort son luth et commence à jouer et à chanter. L'effet n'est pas celui escompté : les Arkonnelkans oscillent mollement du chef, mais se mélange toujours pas, à l'exception du nouvel ami de Grégorio (un certain Sanglier Furieux) qui tente de sortir un flutiau avant qu'un regard noir de ses comparses ne le dissuade d'en jouer. Mais tout l'équipage s'y met : Djahneene prépare du thé qu'elle sert à tout le monde, Grégorio tape des mains et Lorenzo joue avec plus d'emphase. Et enfin les Arkonnelkans semblent se détendre, au point que Sanglier Furieux ressort son flutiau. Bart' et Lalshurya s'installent aux côtés de Nombreuses-Plumes et commencent à parler avec elle de la situation de la région et ce qui les attend au village.

Ils découvrent une situation politique complexe entre les différents clans de la tribu des Arkonnelkan. Les Becs Sanglants, qui contrôlent la zone au nord de la baie des calamaris, étaient initialement un clan mineur jusqu'à ce qu'ils recueillent un vieux sorcier C’était un clan mineur avant de recueillir un vieux sorcier, qui allait devenir célèbre sous le nom de Colère-des-Tréfonds, qui leur a appris de nombreuses techniques nouvelles, comme faire des routes. Sous son influence, les Becs Sanglants ont entrepris d'étendre leur influence plus au sud, sur le territoire des Serres-sans-Merci, qu'ils finirent par soumettre il y a environ 40 ans. Ainsi “alliés”, les deux clans ont commencé une guerre efficace contre les Grésans. Tout allait pour le mieux, jusqu'à l'invasion des Dirsen de l'Empire de Rem, moment où le vieux sorcier a dit “il va falloir faire la guerre” et pour avoir une chance contre les Impériaux il fallait unir les clans. C'est ainsi que d’autres clans, comme les Plumes de Fer (le clan de Nombreuses Plumes), les Ailes Neiges et les Yeux d’or ont rejoint la confédération ainsi créée. Si faire la guerre n'a jamais été un problème pour les Arkonnelkans, être unis sous la tutelle des Becs Sanglants en est un. Et avec la santé déclinante du vieux sorcier, des conflits internes ont ressurgi, de plus en plus fort depuis un ou deux ans. Les Serres-sans-Merci sont ainsi redevenus en guerre avec les Becs Sanglants et ne participent plus que très mollement à la guerre contre les Impériaux - ils préfèrent se battre contre les Ondrènes du sud. Dernièrement les Serres-sans-Merci ont attaqué au delà des Monts Voilés mais se sont heurtés aux troupes de Berinor de Salviane - ou plus précisément une compagnie mercenaire, la Compagnie des Lunes-Rouges - du coup ils ont préféré s’en prendre à nouveau aux Becs Sanglants. Les Plumes de Fer ont une sorte de mandat de l’assemblée tribale pour empêcher les affrontements. Colère-des-Tréfonds était parti mener la guerre au loin, mais il y a environ une année, il est rentré à Behrim’Ron [2] avec près de deux mille combattants de sa garde prétorienne. Il faut bien les loger, et le bois du comptoir et du Pescecano a notamment servi à cela. De plus, le village abriterait désormais une trentaine de pirates survivants, qui évidemment en veulent à mort à Bartolome puisqu'il les a affronté lors de la bataille navale de la baie des Guivres, mais qui d'un autre côté semblent chercher désespérément un moyen de quitter cet endroit.

Enfin, Nombreuses-Plumes recommande à Bartolome et Lalshurya de s'adresser à deux personnes en particulier au village. D'abord à la chef du clan des Becs Sanglants, la forgeronne Épouse-de-la-Fournaise, et ensuite au barde Lyre-Ardente, figure très “politique” et partisan de l'affrontement avec les Serres-sans-Merci.

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Behrim’Ron

Au matin, tout le monde se réveille couvert d'une fine pellicule de neige.[3] Nombreuses-Plumes dirige alors l'expédition en direction du village, en empruntant une route damée, nivelée et parfaitement entretenue. Le groupe croise même une pierre gravée servant visiblement de panneau indicateur. Et la route est fréquentée : l'équipage croise plusieurs chariots tirés par des bœufs laineux (des chariots larges, évoquant plus les chariots rémans que les chariots étroits des Lewyllen). Puis c'est une terre labourée ici, un grenier là... Les enseignements du "vieux sorcier" ont clairement porté leurs fruits ! Et après quelques heures de marche, le groupe arrive en vue du village pour découvrir que le terme de village n'est pas vraiment adapté pour décrire ce qui s'étend devant eux : Behrim’Ron est clairement une ville. Plus grande que, par exemple, Tal Endhil !

La tournée des grands condors

Première surprise : la plupart des habitations sont construites en pierre. Et c'est dense, chaque maison (dont l'emprise au sol a grossièrement la forme d'un haricot) abritant plusieurs foyers. Difficile d'estimer la population, au moins 3000, peut-être 6000 ? Mais Nombreuses-Plumes ne laisse guère le temps à l'équipage de jouer les touristes : elle se dirige d'un pas décidé vers ce qui doit être... un Cercle de Pierres ? On voit encore les pierres levées qui en forment l'ossature, mais chaque pierre est reliée à sa voisine par un mur et le cercle est surmonté d'un toit. L'ensemble forme une sorte de maison et c'est vers la porte de cette étrange demeure que s'avance Nombreuses-Plumes. Elle est arrêtée par un guerrier particulièrement massif (même pour un Arkonnelkan) qui, voyant Bartolome, s'adresse à lui dans un Kerdan approximatif pour lui demander ce qu'il vient faire là. Bart' répond poliment qu'il souhaite rencontrer leur cheffe Épouse-de-la-Fournaise. Nombreuses-Plumes s'approche alors du guerrier et parle avec lui à voix basse, une pratique pa très courante chez les Emishens. Lorenzo, qui a l'ouïe fine, parvient à entendre et comprend que leur guide souhaite convoquer une "assemblée debout", tandis que le guerrier lui dit qu'elle n'en pas l'autorité. "Bon, ben puisque c'est comme cela, on va à la forge !" lance alors une Nombreuses-Plumes furibarde avant de tourner les talons.

Ignorant plus ou moins Bartolome qui lui demande s'il ne faudrait pas dire qu'ils sont invités par Colère-des-Tréfonds et que bon, quand même, on ne traite pas comme cela des invités, Nombreuses-Plumes conduit le groupe à une vaste forge dégageant une forte chaleur (au point que certains badauds trainent aux alentours juste pour profiter de la chaleur). À l'intérieur, c'est quasiment intenable, surtout pour les Kerdans très chaudement vêtus. La forge contient cinq creusets d'où coule du métal en fusion. L'installation est impressionnante et tout aussi avancée (quoique plus petite) que les hauts-fourneaux de Tal Endhil que Bartolome avait eu l'occasion de visiter. Une bonne quarantaine de personnes y travaillent. Nombreuses-Plumes s'approche de la vieille femme qui semble diriger les opérations (Épouse-de-la-Fournaise) et commence le même genre de conciliabule qu'au Cercle. Elle fait de grands gestes, s'énerve visiblement, mais au final le résultat est le même :
"Bon, ben puisque c'est comme cela, on va au marché !"

Un peu blasé, l'équipage lui emboîte le pas et arrive bientôt à quelque chose que Bartolome ne pensait jamais trouver dans un village Emishen : une taverne ! Une vraie, avec une cinquantaine de sièges et où l'on semble payer ses consommations avec des espèces de petits bâtons colorés. Grégorio se fait même payer un verre par son nouvel ami Sanglier Furieux : le breuvage est chaud, clairement alcoolisé, contient à coup sûr du lait de chèvre fermenté et probablement d'autres choses. Mais Nombreuses-Plumes n'est pas d'humeur à payer des coups et se dirige vers le fond de la taverne jusqu'à une table où se tient un petit blond. Le conciliabule de Nombreuses-Plumes semble cette fois porter ses fruits : Lyre-Ardente chasse l'individu avec qui il s'entretenait jusqu'à présent et, en kerdan, salue Grégorio ("Non, l'autre gros" corrige alors Nombreuses-Plumes) puis Bartolome. Ce dernier lui répond en Langue des Vents et il s'en suit un échange assez formel de présentation. Lyre-Ardente demande alors : "Je sais que tu es Outre-Feu, mais es-tu dans le camp des pirates ou dans le camp de ceux qui les ont combattu ?"
"Pfff... c'est compliqué. répond Bartolome.
- Alors assieds-toi, prend à boire et parlons-en."
Bart' introduit alors Lalshurya, et comme elle est la cause de sa présence ici, suggère qu'elle les rejoigne (et Grégorio en profite pour s'incruster). Lyre-Ardente, sur un ton badin, commence alors à essayer de tirer les vers du nez du capitàn. Lalshurya le voit faire, intervient et parvient à empêcher Bartolome de trop en dire. Tout juste a-t-il le temps de dire qu'il est un ancien amant de Valeria "la Noire" ("Ah bon ? Je croyais qu'elle préférait les femmes ?"). Mais Lyre-Ardente finit par se faire prendre au piège de ses propres paroles, et il commence lui même à révéler des choses. Il parle notamment de l'histoire de "la jetée", autrement dit Écume 2, et de comment le comptoir a contribué au développement du clan des Becs-Sanglants... et en particulier de la (nombreuse) famille de Lyre-Ardente ! La question de l'influence du vieux Lorkan est également abordée et le barde explique que le sorcier ne sort plus guère de sa tour et n'a donc plus d'influence. Le chaman Redhen Monaghan, Celui que les Lunes Regardent, a bien plus d'influence... lorsqu'il se décide à venir ! En effet Redhen Monaghan peut laisser passer jusqu'à une année sans se présenter au conseil, ou même seulement revenir dans la Péninsule des Épées. À l'inverse, si la guerre réclame plus de troupes, plus d'armes, plus de vivres, plus de navires ou que Lorkan séjourne dans sa tour pour préparer un de ses Grands Plans (lancer des opérations de pirateries en haute-mer était le dernier en date), le chaman, le chef de la garde ou Trois-Fois-Morte viendront présenter des exigences, pétitionner, faire campagne auprès de la population ou harceler les dignitaires jusqu'à obtenir de Bherim'Ron ce dont ils ont besoin. Oui, car le chef de la garde, Pierre-Levée (le colosse qui gardait l'accès au Cercle de Pierres) est un ancien officier de la garde prétorienne de Lorkan. Toutefois, il semble avoir pris ses distances, au pied d'avoir même une fois voté contre les demandes de Lorkan. Mais de fait, avec un chaman absentéiste, c'est la novice de Redhen Monaghan, une certaine Écume d'Argent, qui gère tout ce qui est le chamanisme du quotidien... et elle semble un peu dépassée.

La discussion à la table du barde devant un peu trop théorique pour lui, Grégorio décide de retourner voir son ami Sanglier Curieux près du bar. Et tout en discutant, tous deux remarquent, outre le fait que tout le monde fait la gueule dans cette auberge, que la tension commence à monter entre deux groupes, des mineurs et des chasseurs - ces derniers étant apparemment revenus bredouilles. Lorenzo s'en est aussi rendu compte et il comprend aussi que les deux parties pourraient rapidement mettre leurs différents de côté pour aller casser du Dirsen. Lorenzo sort alors son luth et, installé non loin du petit groupe des mineurs, commence à improviser une chanson moqueuse sur une chasse infructueuse. Les mineurs rigolent, les chasseurs s'énervent, Kerdans et Fehnris se dirigent vers la sortie accompagnés du barde (malgré les protestations de Dagmar qui aurait bien participé à une bagarre de taverne). Tout le monde est ainsi en sécurité, sur la place du marché, lorsque la bagarre commence. Pourtant, les regards noirs de la part des locaux continuent, et il va bientôt faire nuit. À la question "où pourrait-on s'installer pour la nuit", ni Nombreuses-Plumes ni Lyre-Ardente ne semblent vouloir répondre. Pourtant, ils ne semble pas être question que l'équipage dorme dehors, pour une raison que personne ne veut exprimer. Il faut des trésors de diplomatie à Lalshurya pour que Lyre-Ardente finisse par accepter de les loger. Enfin, de les loger chez sa sœur.

Esprits gratteurs

L'accueil chez la sœur de Lyre-Ardente est tout sauf cordial, mais au moins tout le monde se retrouve au chaud dans une vaste maison. Une fois les invités tous entrés, on s'empresse de fermer les volets et de calfeutrer les portes, avec bien plus de précautions que nécessaire s'il s'agissait de juste lutter contre le froid. On ne se barricade pas, mais presque. Et il règne toujours cette ambiance pesante, que la préparation en commun du repas ne parvient pas à alléger. Bart' partage quelques victuailles pour essayer de briser la glace, sans trop de succès : les enfants sont absorbés par un conte que leur narre Lyre-Ardente et les autres l'ignorent. Les quelques notes de Lorenzo tombent à plat. Djhaneen a plus de succès et parvient à se faire accepter du petit groupe qui s'affaire autour de la marmite. C'est après le repas, alors qu'une partie des convives commence à se se retirer, que Lalshurya et Bartolome parviennent enfin à obtenir que Lyre-Ardente leur explique ce qui se passe dans ce fichu village. Et ce qui se passe, c'est qu'il y aurait des "choses" qui errent la nuit. Ces choses grattent (aux portes, aux murs, aux fenêtres) et murmurent. Ce n'est pas tout le temps, et tout le monde ne les entend pas. Mais à eux qui les entendent elles murmurent des choses dérangeantes et intimes dont ils ne veulent pas parler. Personne n'a jamais vu ces choses, malgré les gardes dehors. Certains prétendent que ceux qui les entendent "se font des idées". Écume d'Argent n'a pas de réponse à apporter. Forcément, après, il ne faut s'étonner de l'ambiance pourrie.

Malgré ces éléments inquiétants, tout le monde finit par aller se coucher. Les trois Fehnris accompagnent Lyre-Ardente dans sa chambre à l'étage tandis que les autres s'allongent à même le sol de la grande salle commune. Et... ils entendent gratter. Enfin, pas tous : Grégorio dort comme un bébé, tout comme Djhaneene. Temaru, Bart' et Lorenzo entendent bien quelques grattements, mais parviennent à les ignorer. En revanche, Lalshurya passe une nuit affreuse et est livide le lendemain matin. Il n'empêche que Chevêtre, la sœur de Lyre-Ardente, fait bien comprendre à ses invités qu'ils doivent décarrer. Tancrède et Bart' trouvent toutefois un moment pour avoir une conversation privée avec le barde, en s'isolant dans la cour de la maison. Bart' essaie de le sonder sur la possibilité de reprendre du commerce, en insistant sur le fait que le point bloquant, c'est l'interdiction faite par le Duc-Gouverneur. Mais peut-être que si les expéditions de l'autre côté des montagnes contre les Dirsens cessaient, il serait possible de négocier ? Lyre-Ardente répond que Bartolome lui prête un bien trop grand pouvoir en pensant qu'il pourrait convaincre le clan de cesser ou de diminuer la guerre : son influence dépend du commerce et du commerce, il n'y en a plus. Puis le barde commence à lui faire la leçon sur les principes du négoce, auxquels Bart' n'est pas très réceptif. Bart' comprend toutefois que les Melangoline ont eu des relations commerciales avec les Arkonnelkan jusqu'à il y a peu, qu'ils avaient établi une vrai relation de confiance et donc que leur récente trahison n'en est perçue que plus douloureusement. La conversation s'achève sans vrai résultat, si ce n'est que Bart' sent bien qu'il a dit un truc qu'il n'aurait pas dû dire et donc qu'il a vexé le barde. "On devrait préparer ce genre de choses..." lui souffle alors Tancrède.

De retour dans la grande salle, Bartolome et Tancrède trouvent les autres en grande conversation avec Chevêtre pour essayer d'obtenir la permission de rester pour une nuit de plus. Djahneene est déjà en train de se rendre utile en faisant un grand ménage dans toute la maison - ce qu'elle fait avec une efficacité redoutable pour une empoisonneuse. Alors que Temaru, bientôt secondée de Bart', explique qu'elle s'y connait en travail du bois et pourrait faire des choses dans la maison, Chevêtre explique comme si elle parlait à des enfants de huit ans (décidément c'est une manie) que "vous êtes bien mignons" mais ce n'est pas cela qu'elle veut. Alors elle demande "Vous dites que vous vous y connaissez en bateaux, mais est-ce que cela inclut les chariots ?" Devant la réponse affirmative de Temaru et Bart', elle missionne un membre de la famille (son petit frère) pour leur montrer "le chariot".

La mystérieuse affaire de l'essieu brisé

Tout le monde suit donc au travers du village le petit frère de Chevêtre, pas vraiment heureux d'avoir été désigné volontaire pour accompagner ces étrangers. Il les conduit jusqu'à un chariot en piteux état. Un premier coup d'oeil de Temaru révèle que le problème principal de ce chariot et que son essieu doit être remplacé. Rien qui ne puisse être réglé en une journée de boulot, mais où trouver du bois ? À cette question, leur guide tend le bras en direction de la forêt. "Oui, mais du bois sec ?" demande Bartolome. Tout en ronchonnant vaguement, leur guide les conduit alors vers un genre d'entrepôt (fermé par ce qui ressemble à un cadenas, les Becs Sanglants auraient-ils été convertis à la propriété privée ?). À l'intérieur se trouvent tout un tas de chariots, plutôt en bon état mais poussiéreux. Et aussi des outils de qualité médiocre. Voilà qui n'aide guère...
"On ne va quand même pas dépouiller ces chariots pour réparer l'autre ? demande Bartolome
- Ben non, ce serait stupide, répond leur guide.
- Où peut-on trouver du bois sec, alors ?
- Ah. Ben je suppose qu'il faudrait en acheter..."

Comme cette histoire tourne en rond, et qu'ils ne voient personne qui serait prêt à leur céder du bois, le groupe décide alors d'essayer de rencontrer une personne qui accepterait de leur parler du fonctionnement de ce village et qui pourrait peut-être les aider à se faire accepter : la chamane novice Écume d'Argent. De retour au Cercle, il faut négocier l'accès mais le guerrier de garde à l'entrée finit par accepter de conduire Bartolome et Lalshurya à l'intérieur. Là, une jeune femme à le chevelure qui commence à grisonner est dans une discussion animée avec un petit groupe. Il y a bien quelques regards dans la direction des nouveaux venus, mais personne ne semble vouloir interrompre la conversation. Il faut donc que Bart' et Lalshurya s'avancent ostensiblement pour que la conversation cesse, que les invités se lèvent et les laissent enfin en compagnie d'Écume d'Argent. Et c'est en s'asseyant autour de la novice que Lalshurya et Bartolome constatent que Grégorio les a accompagné - bizarrement les gardes n'ont pas osé stopper le colosse... Juste après les présentations d'usage, Écume d'Argent demande à Lalshurya. Un peu hésitante, cette dernière admet qu'elle est ce que chez eux on appelle une sorcière, mais que dans sa culture cela n'a pas la même signification. La Novice demande alors à la Fehnri : "Et que ressens-tu ici ?" Lalshurya se concentre un instant et comprend alors le sens de la question : le Cercle de Pierres, qui devrait regorger d'Essence, est vide. Et selon Écume d'Argent, cela fait longtemps qu'il en est ainsi, probablement depuis l'arrivée du sorcier. Voilà qui réduit considérablement les moyens d'action de la novice. Bart' et Lalshurya exposent ensuite les raisons de leur venue, jusqu'à l'étrange mission confiée par Chevêtre. Écume d'Argent répond que Chevêtre est coutumière du fait : elle aime à donner des épreuves faussement simples pour tester les gens. Comme le résume un peu brutalement Écume d'Argent : "Alors que vous cherchez à vous faire accepter ici, Chevêtre vous donne une épreuve qui nécessite de commercer, sauf que personne ne commercera avec vous parce que vous n'êtes pas encore acceptés au village." La discussion se poursuit relativement cordialement, en s'intéressant à l'étrange architecture "fortifiée" du Cercle Lalshurya découvre que c'est Lorkan qui a suggéré cette modification à la suite d'une incursion des Serres-Sans-Merci. La discussion glisse ensuite sur des choses plus personnelles et sur le rapport de chacun avec ses erreurs. Ainsi Écume-d'Argent demande à Bartolome :
"Considères-tu ton histoire avec Valeria comme une erreur ?
- Le plus beau cul des Marches du Nord ne peut pas être une erreur, répond Bart' en suscitant l'hilarité de la Novice.
- Elle a survécu ?"
Bartolome a alors un instant d'hésitation. Il regarde Lalshurya avant de répondre : "Oui." Hochant la tête, Écume-d'Argent lui dit qu'il y a une personne qui serait très heureuse de le savoir et qu'il devrait aller lui apprendre la bonne nouvelle, ce que Bartolome accepte.

Après cet entretien, le groupe fait le point. L'affaire se révèle complexe et de longue haleine : établir des relations avec les Becs Sanglants impose un travail sur le long terme. Quitte à rester fâchés avec les Becs Sanglants, ne vaudrait-il pas mieux chercher du bois ailleurs, par exemple chez les Serres-Sans-Merci ? Finalement, après discussion, et notamment de nouvelles conditions commerciales pour l'Orizzonte qui va devoir rester ici plus longtemps que prévu, il est décidé de relever le défi de Chevêtre. À la suggestion de Grégorio, le groupe décide de proposer sa force de travail dans une sorte de scierie. Il faut encore négocier pour se faire accepter, mais le besoin d'ouvriers étant réel, Grégorio, Lorenzo et Bart' tombent bientôt la chemise pour couper du bois toute la journée. Lorenzo observe d'ailleurs que le spectacle de mâles en sueur et torse nu attire une partie de la population féminine de Behrim’Ron. Lorenzo profite de cette opportunité et a une touche avec une Arkonnelkan qui vient lui apporter de l'eau et des pommes (c'est apparemment comme cela qu'on nourrit les travailleurs ici). Satisfait du travail réalisé, leur employeur non seulement les paie avec les fameux "petits bâtons colorés", mais leur offre même en prime un beau morceau de bois, bien adapté pour réparer l'essieu. Il ne faut alors que peu de temps à Temaru pour mettre à neuf le chariot de Chevêtre. Cette dernière vient inspecter le travail, qu'elle salue d'un hochement de tête approbateur. L'équipage ayant démontré qu'il pouvait se rendre utile, il a désormais un pied à terre chez Chevêtre. Ce qui veut dire beaucoup car accorder l'hospitalité, c'est également accorder une forme de protection.

Le conte de la Tour du Sorcier

De retour chez Chevêtre, Bartolome s'entretient à nouveau avec le barde pour remettre les choses à plat et s'excuser de ses propos malavisés du matin ("ce n'est pas vraiment que je suis prêt à trahir ma famille, c'est juste qu'en ce moment je suis un peu fâché avec eux, tu sais comme c'est compliqué parfois la famille...") Lyre-Ardente accepte ces excuses et, puisqu'ils sont désormais acceptés ici et qu'ils ont posé des questions sur elle, décide de leur offrir une histoire : le conte de la Tour du Sorcier.

Aux temps légendaires du clan, la tour était habitée par une méchante sorcière accompagnée de créatures marines. La région était alors disputée entre les ours et les Seigneurs des Grésans. Ces derniers vivaient avec les Grésans, mais ressemblaient à des humains : les Arkonnelkans les appelaient Ceux des Profondeurs. Et les Becs Sanglants les affrontaient, et perdaient systématiquement. Puis sans avertissement préalable, les créatures marines partirent, ainsi que les Grésans. Les Arkonnelkans allèrent à la tour et trouvèrent les ceux des Profondeurs morts dans la tour, sans signe de violence, comme si tout le monde était parti. La “méchante sorcière” et ses enfants étaient installés à table, dans leurs armures d’apparat. Les reliefs des repas décomposés indiquaient sans erreur possible que Ceux des Profondeurs étaient morts depuis longtemps, mais mystérieusement les cadavres eux n’étaient pas de tout décomposés.[4] Les Arkonnelkans décidèrent alors de mettre le feu à la tour... mais la tour refusa de prendre feu ! Ils laissèrent alors tout en plan et le lieu gagna la réputation d'endroit maudit. Tout cela dura jusqu’à l’arrivée de Lorkan qui demanda à s’installer dans la tour. Les Becs Sanglants le laissèrent d'autant plus faire qu'ils étaient convaincus qu'il ne survivrait pas longtemps là-bas. Mais étonnamment, le sorcier ne mourut pas, et d’année en année son insistance à ne pas vouloir mourir le fit accepter par le clan, clan dont il motiva la transformation en ce qu'il est désormais. Et le Chaman Novice qui ne s’appelait pas encore Celui-que-les-Lunes-Regardent alla étudier dans la tour et en revint avec un pouvoir lui permettant de controler les marées.

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Roque à la tour

C'est justement à la tour du sorcier que le groupe décide ensuite de se rendre. Se disant qu'il vaudrait mieux avoir un guide local pour éviter les risques d'agression en route, Lalshurya décide de retourner voir Écume d'Argent. Arguant du fait qu'elle doit comprendre ce qui arrive au Cercle et que la réponse est se trouve là-bas, elle parvient à la convaincre d'accompagner le voyage des étrangers. Lalshurya profite du voyage pour interroger la chaman novice sur une question qui la taraude depuis que Bartolome lui a fait remarquer : où diable se trouve l'Oiseau-Totem du clan et que pense-t-il de la division au sein des Becs Sanglants ? Écume d'Argent répond que depuis la mort de Nomme-les-Ours (la mentor de Celui-Que-Les-Lunes-Regardent) plus personne n'a réussi à le contacter, sauf Celui-Que-Les-Lunes-Regardent. Et l'esprit tranchant toujours dans le sens du Chaman, les gens ont cessé de demandé son avis.

Retrouvailles

Après presque une journée à marcher vers l'est sans faire de mauvaise rencontre Bart' et Gregorio, qui cheminent en tête, tombent sur une silhouette toute peinturlurée et dont l'absence de cheveux indique sans ambigüité sa qualité de Korme. Elle est surtout souriante, même enjouée, ce qui en fait la première personne immédiatement amicale que l'équipage rencontre depuis son arrivée ici. Et Lunes-Voilées, puisque c'est bien elle, se jette immédiatement au cou de Bartolome qui lui dit simplement "Content de te voir". Se dégageant des grosses paluches du capitàn, elle lui demande :
"Alors, donne-moi des nouvelles de... celle qui ne doit pas être nommée ?
- Aux dernières nouvelles elle va bien et... je ne sais pas comment bien le formuler mais.... je crois que tu lui manques."
Le visage de Lunes-Voilées s'illumine alors : "Ah ! C'est exactement ce que j’espérais que tu dises ! Où est-elle ?
- Ben... je ne sais pas.
- Comment ça tu ne sais pas ? Elle n'est pas avec toi ?
- Non. Elle m'a reproché d'avoir encore fait foirer son plan, elle m'a surtout reproché ta mort, on s'est engueulés et elle a disparu à Aroche.
- Vous vous êtes encore séparés ? Mais vous êtes impossibles tous les deux ! Et pourquoi tu ne lui as pas dit que j'étais immortelle ?
- Parce que j'en savais rien pardi ! Je suis Kerdan, pour moi c'est juste des histoires tout cela.
- Ah là là... Bon. T'en fais pas. Je vais te dicter une lettre et tu vas lui remettre. Tu peux faire cela pour moi ?
- Il faudrait déjà que je la retrouve.
- Elle est forcément au sud, là où il y a de l'aventure et du profit à faire."
C'est alors qu'ils sont rejoints par le reste du groupe et notamment par Lorenzo qui lui aussi a l'air très content de revoir Lunes-Voilées. Face à Bartolome qui lui reproche un peu d'entretenir un vain espoir, Lunes-Voilées objecte que d'une part sa lettre montrera à "euh... l'Anguille" que "puisque je ne suis pas morte, ce n'est pas de sa faute et donc elle n'a pas à se sentir coupable" et que d'autre part, son histoire évoque ce que les Elloran[5] appellent les Quêtes Amoureuses, et tout le monde aime les quêtes amoureuses. Et Trois-Fois-Morte a l'air tellement convaincue de ce qu'elle raconte qu'elle en convainc presque Bartolome. Mais la joyeuse conversation est interrompue par l'arrivée de Porteurs de Torches. "Merde. V'là les chieurs" coupe alors Lunes-Voilées.

À la tête des chieurs se trouve la grande silhouette de Redhen Monaghan, Celui-Que-Les-Lunes-Regardent. Et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il a l'air fatigué. Épuisé, même. Et il tire une tronche de dix pieds de long. D'un ton peu amène, il demande ce qui amène l'équipage ici. Il n'a pas l'air spécialement sensible à la proposition de Bart' d'aller en discuter à la Tour. Demandant à Lalshurya si elle est bien celle qui a croisé "la bête", il l'invite à le suivre, mais seulement elle. Mais comme Djhaneene suit ostensiblement sa maîtresse, qu'Écume d'Argent s'y met en disant qu'elle vient aussi parce qu'elle a un apprentissage à finir et qu'il serait temps, Redhen finit par abandonner : "Bon... suivez-moi".

La patate chaude

Une déco qui laisse à désirer.
Tout le monde se met alors en marche en direction de la tour, une construction massive qu'il est possible d'apercevoir au loin au travers du brouillard. Et au fur et à mesure que l'équipage s'en rapproche, le temps devient de plus en plus mauvais. Il pleut, toutes les surfaces sont glissantes et ça sent la marée. Pour Lalshurya, il ne fait aucun doute qu'elle se trouve dans le Miroir des Eaux-Jumelles, autrement dit dans le Songe des Muréniens. L'ambiance est extrêmement malaisante, ce qui en tient en partie à l'architecture écrasante de la tour, et en partie à ces gravures et à ces horribles statues qui semblent se pencher sur vous quand vous passez à leur portée. Et il y a comme des bas-reliefs de belemnonid qui luisent... Lalshurya prend tout de même le temps de les examiner, sans en être plus affectée que cela. Tout le monde entre ensuite au rez-de-chaussée de la tour, à l'intérieur duquel un groupe de Porteurs de Torches entretient un foyer, afin de lutter tant bien que mal contre l'humidité ambiante. Redhen entreprend de gravir un escalier, se retourne comme s'il voulait demander à certains d'attendre en bas, puis se ravise : "Ah et puis merde, faites comme vous voulez !". Tout le monde entreprend alors de gravir l'immense escalier rendu terriblement glissant par l'humidité. Et toujours ces gravures sur les murs... Bart' est visiblement mal à l'aise et s'arrête au beau milieu de son ascension pour tenter de reprendre ses esprits, accompagné de son fidèle Lorenzo. Les autres arrivent au premier étage, qui se révèle être un vaste bureau. Redhen s'installe derrière, se sert un verre d'alcool et demande d'une voix monocorde : "Alors, que voulez-vous ?".

On pourrait penser à première vue que l'ambiance à la Tour est à la sinistrose, mais en fait, c'est pire. Le côté positif de la situation est que le chaman est tellement à bout qu'il n'a plus vraiment de raison de cacher des choses à ses visiteurs. Lorkan est dans le coma et n'en plus que pour quelques jours. Et à sa mort, le Dévoreur - le Démon qui l'habite - sera lâché dans la nature. Ils ont pourtant tout tenté pour cela n'arrive pas, d'abord en maintenant Lorkan en vie. "Mais toutes nos tentatives pour obtenir un sarcophage de résurrection ont été déjouées par les Endilans." Puis ils ont cherché d'autres artefacts, d'abord dans le Lac d'Emen, puis plus au nord. "Mais les alliances que nous avions mis tant de temps à nouer avec les clans Liam'Lon du nord ont été brisées par les Endilans."[6] Depuis Redhen cherche désespérant un nouvel hôte au Dévoreur, quelqu'un qui soit assez puissant pour lui résister. Lui, il ne peut pas, son pouvoir sur les marées le rend incompatible avec un démon du feu. Il a bien cru l'avoir trouvée en la personne de la pirate Valeria "Negra" ("Mais les Endilans...") puis dans une sorcière Fehnri envoyée par Saraatsha - les Arkonnelkans ayant des relations commerciales avec la Ruche Arochaise. Mais la sorcière n'a pas donné sa réponse tout de suite pour en référer à sa maîtresse. Alors il n'a plus personne. Sauf si Lalshurya s'en charge. Durant toute cette conversation Redhen s'est servi de larges rasades de gnôle. Et Temaru de s'est pas privée de lui dire ses quatre vérités, en mode "ah c'est facile de dire que c'est la faute des autres, mais c'est quand bien même vous qui avez amené ce démon ici !" Ce à quoi le Chaman n'a pu que répondre que ce n'était pas lui qui avait amené le Démon, mais Lorkan, et que depuis "l'indisposition" du vieux sorcier, il faisait tout ce qu'il pouvait. Entre temps, Bartolome et Lorenzo sont finalement arrivés. Le capitàn s'est immédiatement servi une rasade de gnôle pour se remettre de ses émotions et s'est rendu compte qu'il s'agissait de Fine des Lacs.

Lalshurya continue de questionner Redhen pour essayer de comprendre le problème. Elle comprend ainsi que l'énergie du Node qui alimentait le Cercle de Pierres a été détournée vers la Tour, et ce afin de nourrir le sort qui maintenait le Dévoreur sous le contrôle de Lorkan. En fait, tout ce qu'ils trouvaient servait à nourrir le sort. Au cours des années, le sort a ainsi été nourri par des sorciers Muréniens, les artefacts repêchés du Lac d'Emen, un Belemnon (!), un chaman Emishen (!!) et même... l'Oiseau-Totem du Clan !!! [7] La pauvre Écume d'Argent en est absolument horrifiée. La discussion avec le Chaman offre également une explication à "l'immortalité" de Lunes-Voilées : Lorkan l'a d'une façon ou d'une autre liée par un sort au Dévoreur, et c'est ce dernier qui la maintient en vie. À la mort de Lorkan, le sort cessera et Lunes-Voilées se verra rattrapée par sa condition de mortelle, probablement en périssant dans les flammes. "Mais c'est horrible !" dit Bartolome. Cette perspective ne semble pourtant guère inquiéter la Korme, qui semble toujours toute guillerette.

Redhen commence alors à exposer à ses invités les diverses solutions auxquelles il est arrivé. Et la seule qui lui parait faisable, c'est utiliser Lalshurya comme hôte. "Ah, si, il y a bien autre chose..." Se levant, le chaman ressort un épais grimoire de sous une pile de parchemins divers. "Voici toutes les recherches de Lorkan sur le sujet. Si vous arrivez à les lire..." En effet, le grimoire est complètement détrempé par l'humidité ambiante et ses pages sont toutes collées entre elles. Répondant à une question de Bart' qui essaie de s'intéresser, Redhen explique que Lorkan avait construit un genre de "réceptacle" pour le Dévoreur. Un réceptacle physique, sous la forme d'un trou dans un mur de la Citadelle de Mont-Griffon. Mais entre-temps, Mont-Griffon est tombée et le réceptacle a donc été perdu. Toutefois, le rituel permettant de construire un tel réceptacle est expliqué dans les pages trempées du manuscrit. Temaru, rapidement aidée de toute l'équipe, se lance alors dans l'entreprise délicate qui consiste à sécher le grimoire sans l'abimer. Et il n'y a pas besoin d'aller bien loin pour cela : il suffit de monter un demi-étage vers le deuxième où repose Lorkan pour être assailli par la chaleur qui émane du Dévoreur...



Notes :

  1. Ce qui va simplifier considérablement la réalisation de la tâche confiée à Bartolome par Rosella Melangoline : il ne reste plus grand chose à incendier dans ce comptoir.
  2. Ce nom Emishen signifie en langue des vents Là où l’ombre de l’ours s’allonge, car la région est semble-t-il infestée d'ours.
  3. Et encore, c'est le printemps.
  4. Cette scène évoque une sorte de suicide rituel, ce que Bartolome a relié au fait que tout ceci a dû se dérouler au moment où la reine de Ceux des Profondeurs (autrement dit la Reine des Muréniens) se fit tuer par un Invulnérable Hornois, ce même Invulnérable que Bartolome rencontra à Rayenfel.
  5. Puisqu'avant d'être Korme, Lunes-Voilées fut une Elloran.
  6. Redhen fait ici allusion aux évènements diplomatiques de l'Épisode 44) "Long Courrier".
  7. En réalité, il y a un seul Oiseau-Totem par Tribu (le Condor pour les Arkonnelkans) qui présente un avatar différent par Clan. C'est donc l'avatar des Becs Sanglants qui a été sacrifié.

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