54) "Parages" : Différence entre versions

De Marches du Nord
Aller à : Navigation, rechercher
m
Ligne 75 : Ligne 75 :
 
Tout le monde se retrouve dans la maison. Si les Arkonnelkans ont tombé l'armure et font clairement relâche, il ne se mélange guère. Leur attitude est clairement différentes des autres tribus Emishens que Bartolome a pu rencontrer lors de ses voyages. Il va falloir briser la glace. Et c'est Lorenzo qui s'y colle : il sort son luth et commence à jouer et à chanter. L'effet n'est pas celui escompté : les Arkonnelkans oscillent mollement du chef, mais se mélange toujours pas, à l'exception du nouvel ami de Grégorio (un certain Sanglier Furieux) qui tente de sortir un flutiau avant qu'un regard noir de ses comparses ne le dissuade d'en jouer. Mais tout l'équipage s'y met : Djahneene prépare du thé qu'elle sert à tout le monde, Grégorio tape des mains et Lorenzo joue avec plus d'emphase. Et enfin les Arkonnelkans semblent se détendre, au point que Sanglier Furieux ressort son flutiau. Bart' et Lalshurya s'installent aux côtés de Nombreuses-Plumes et commencent à parler avec elle de la situation de la région et ce qui les attend au village.
 
Tout le monde se retrouve dans la maison. Si les Arkonnelkans ont tombé l'armure et font clairement relâche, il ne se mélange guère. Leur attitude est clairement différentes des autres tribus Emishens que Bartolome a pu rencontrer lors de ses voyages. Il va falloir briser la glace. Et c'est Lorenzo qui s'y colle : il sort son luth et commence à jouer et à chanter. L'effet n'est pas celui escompté : les Arkonnelkans oscillent mollement du chef, mais se mélange toujours pas, à l'exception du nouvel ami de Grégorio (un certain Sanglier Furieux) qui tente de sortir un flutiau avant qu'un regard noir de ses comparses ne le dissuade d'en jouer. Mais tout l'équipage s'y met : Djahneene prépare du thé qu'elle sert à tout le monde, Grégorio tape des mains et Lorenzo joue avec plus d'emphase. Et enfin les Arkonnelkans semblent se détendre, au point que Sanglier Furieux ressort son flutiau. Bart' et Lalshurya s'installent aux côtés de Nombreuses-Plumes et commencent à parler avec elle de la situation de la région et ce qui les attend au village.
  
Ils découvrent une situation politique complexe entre les différents clans de la tribu des [[Arkonnelkans]]. Les Becs Sanglants, qui contrôlent la zone au nord de la baie des calamaris, étaient initialement un clan mineur jusqu'à ce qu'ils recueillent un vieux sorcier C’était un clan mineur avant de recueillir un vieux sorcier, qui allait devenir célèbre sous le nom de [[Colère-des-Tréfonds|Lorkan Elakhendil]], qui a leur appris de nombreuses techniques nouvelles, comme faire des routes. Sous son influence, les Becs Sanglants ont entrepris d'étendre leur influence plus au sud, sur le territoire des '''Cerfs Sans Merci''', qu'ils finirent par soumettre il y a environ 40 ans. Ainsi “alliés”, les deux clans ont commencé une guerre efficace contre les Grésans. Tout allait pour le mieux, jusqu'à l'invasion des Dirsen de l'Empire de Rem, moment où le vieux sorcier a dit ''“il va falloir faire la guerre”'' et pour avoir une chance contre les Impériaux il fallait unir les clans. C'est ainsi que d’autres clans, comme les '''Plumes de fer''' (le clan de Nombreuses Plumes), les '''Ailes Neiges''' et les '''Yeux d’or''' ont rejoint la confédération ainsi créée. Si faire la guerre n'a jamais été un problème pour les Arkonnelkans, être unis sous la tutelle des Becs Sanglants en est un. Et avec la santé déclinante du vieux sorcier, des conflits internes ont ressurgi, de plus en plus fort depuis un ou deux ans. Les Cerfs Sans Merci sont ainsi redevenus en guerre avec les Becs Sanglants et ne participent plus que très mollement à la guerre contre les Impériaux - ils préfèrent se battre contre les Ondrènes du sud. Dernièrement les Cerfs Sans Merci ont attaqué au delà des [[Monts Voilés]] mais se sont heurtés aux troupes de [[Bérinor de Salviane]] - ou plus précisément une compagnie mercenaire, la compagnie des Lunes Rouges - du coup ils ont préféré s’en prendre à nouveau aux Becs Sanglants. Les Plumes de Fer ont une sorte de mandat de l’assemblée tribale pour empêcher les affrontements. Colère-des-Tréfonds était parti mener la guerre au loin, mais il y a environ une année, il est rentré à Behrim’Ron <ref>Ce nom Emishen signifie en langue des vents ''Là où l’ombre de l’ours s’allonge'', car la région est semble-t-il infestée d'ours.</ref> avec près de deux mille combattants de sa garde prétorienne. Il faut bien les loger, et le bois du comptoir et du ''Pescecano'' a notamment servi à cela.  
+
Ils découvrent une situation politique complexe entre les différents clans de la tribu des [[Arkonnelkan]]. Les Becs Sanglants, qui contrôlent la zone au nord de la baie des calamaris, étaient initialement un clan mineur jusqu'à ce qu'ils recueillent un vieux sorcier C’était un clan mineur avant de recueillir un vieux sorcier, qui allait devenir célèbre sous le nom de '''[[Lorkan Elakhendil|Colère-des-Tréfonds]]''', qui a leur appris de nombreuses techniques nouvelles, comme faire des routes. Sous son influence, les Becs Sanglants ont entrepris d'étendre leur influence plus au sud, sur le territoire des '''Cerfs Sans Merci''', qu'ils finirent par soumettre il y a environ 40 ans. Ainsi “alliés”, les deux clans ont commencé une guerre efficace contre les Grésans. Tout allait pour le mieux, jusqu'à l'invasion des Dirsen de l'Empire de Rem, moment où le vieux sorcier a dit ''“il va falloir faire la guerre”'' et pour avoir une chance contre les Impériaux il fallait unir les clans. C'est ainsi que d’autres clans, comme les '''Plumes de fer''' (le clan de Nombreuses Plumes), les '''Ailes Neiges''' et les '''Yeux d’or''' ont rejoint la confédération ainsi créée. Si faire la guerre n'a jamais été un problème pour les Arkonnelkans, être unis sous la tutelle des Becs Sanglants en est un. Et avec la santé déclinante du vieux sorcier, des conflits internes ont ressurgi, de plus en plus fort depuis un ou deux ans. Les Cerfs Sans Merci sont ainsi redevenus en guerre avec les Becs Sanglants et ne participent plus que très mollement à la guerre contre les Impériaux - ils préfèrent se battre contre les Ondrènes du sud. Dernièrement les Cerfs Sans Merci ont attaqué au delà des [[Monts Voilés]] mais se sont heurtés aux troupes de [[Berinor de Salviane]] - ou plus précisément une compagnie mercenaire, la compagnie des Lunes Rouges - du coup ils ont préféré s’en prendre à nouveau aux Becs Sanglants. Les Plumes de Fer ont une sorte de mandat de l’assemblée tribale pour empêcher les affrontements. Colère-des-Tréfonds était parti mener la guerre au loin, mais il y a environ une année, il est rentré à Behrim’Ron <ref>Ce nom Emishen signifie en langue des vents ''Là où l’ombre de l’ours s’allonge'', car la région est semble-t-il infestée d'ours.</ref> avec près de deux mille combattants de sa garde prétorienne. Il faut bien les loger, et le bois du comptoir et du ''Pescecano'' a notamment servi à cela.  
  
 
Enfin, Nombreuses-Plumes recommande à Bartolome et Lalshurya de s'adresser à deux personnes en particulier au village. D'abord à la chef du clan des Becs Sanglants, la forgeronne '''Épouse de la Fournaise''', et ensuite au barde '''Lyre Ardente''', figure très “politique” et partisan de l'affrontement avec les Cerfs Sans Merci.
 
Enfin, Nombreuses-Plumes recommande à Bartolome et Lalshurya de s'adresser à deux personnes en particulier au village. D'abord à la chef du clan des Becs Sanglants, la forgeronne '''Épouse de la Fournaise''', et ensuite au barde '''Lyre Ardente''', figure très “politique” et partisan de l'affrontement avec les Cerfs Sans Merci.

Version du 30 janvier 2024 à 22:32

Lors de l'Épisode 50) "Fortune de Mer", les Lalnyhari ont perdu le Pescecano - superbe corsaro de dernière génération issu des chantiers de Bastelle - dans la terrible bataille navale entre les pirates de Valeria la Noire et le Cartel. Souhaitant renflouer leur navire, au printemps l'an 40 elles embauchent Bartolome Sotorine et son Orizzonte pour retourner dans la Baie des Guivres, bien qu'elle grouille de Grésans agressifs et de guerriers Arkonnelkan revanchards...


PROTAGONISTES :

  • Bartolome Sotorine, capitàn au cœur brisé ;
  • la Distinguée Lalshurya, érudite Fehnri aux multiples talents ;
  • Temaru, rare exemple de navigatrice et architecte navale Fehnri ;
  • Djahneene, garde du corps de la précédente, car ce qui est rare est précieux ;
  • Gregorio Sotorine, marin et mascotte de l'Orizzonte ;
  • et en invité spécial pour ses talents musicaux, Lorenzo Maletudine.


Ohé, ohé, capitàn abandonné

Le Pescecano n'est pas n'importe quel bateau : c'est un cutello, une architecture navale maîtrisée des Sotorine permettant d'obtenir des navires élancés particulièrement rapide. Ce navire avait été offert à Valeria "Negra" en échanges de services peu avouables et avait servi d'appât pour l'attirer dans les rets du Cartel mis en place par la famille Melangoline. N'ayant pas pris part à la sanglante bataille qui vit périr la pirate dans la Baie des Guivres, sur la côte de la Mer d'Écume, le Pescecano est à priori indemne. Et selon les informations recueillies par les Lalnyharis, il se trouve toujours dans l'anse du Quillon : pourquoi ne pas le renflouer ?

Duyfken.jpg

C'est ainsi que la Distinguée Lalshurya prit contact avec le seul capitaine assez cinglé pour aller se balader dans la dangereuse Baie des Guivres : Bartolome Sotorine. À Felriane, Lalshurya trouva un Bartolome à l'haleine alcoolisée et à la mine sombre, n'ayant visiblement toujours pas digéré la mort de son ex diabolique. Initialement sceptique sur la possibilité que le navire ait survécu à l'hiver, le capitàn accepta finalement de conduire l'opération de renflouage en échange de 1000 £ - la mélancolie des amours perdues n'étant visiblement pas incompatible avec les intérêts mercantiles.

Pendant que Temaru, l'architecte navale et navigatrice des Lalnyharis, chargeait les cales de l'Orizzonte de tout le nécessaire pour renflouer un navire, Bart alla négocier l'accès à la Baie des Guivres. La zone est en effet interdite parce qu'officiellement dangereuse, mais surtout parce que les Melangoline y faisaient affaire autrefois avec les Arkonellkans. Heureusement, Bart' a plutôt de bonnes relations avec Rosella Melangoline, l'influente Exarque de Sainte-Maïse. La demande des Lalnyharis lui étant porésentée, Rosella se laisse convaincre que ses secrets ne seront pas en danger. Elle ne demande qu'une seule chose en échange de l'accès : que Bartolome incendie ou détruise l'ancien comptoir Écume 2. Visiblement, les Melangoline se débarrassent de leurs vieilles casseroles.

C'est ainsi que quelques jours plus tard, l'Orizzonte et son équipage (incluant une poignée de marins Fehnri qui serviront d'équipage au Pescecano au retour) prend la mer avec un convoi Kerdan en partance pour Aroche. S'intégrer dans un convoi était visiblement une bonne idée, car la piraterie grésane n'a pas cessé : le convoi est attaqué au large des Îles de Grès. Restant sagement au milieu aux autres navires, l'Orizzonte échappe à tout dommage et les Grésans sont facilement repoussés. Arrivé au niveau de la baie des Guivres, l'Orizzonte se laisse doucement distancer par le convoi et commence une large boucle lui permettant d'entrer dans la baie en profitant des marées (la fameuse Respiracìon) et alors que le jour commencera à tomber. Mais c'est alors que Gregorio repère des voiles : plusieurs coques de noix grésanes sont à la poursuite. Tant son capitàn que l'équipage de l'Orizzonte sont fébriles : la manœuvre d'évasion échoue et les Grésans sont à portée d'abordage !

Il s'en suit un combat naval bref mais brutal. Les balistes crachent leurs traits mais ratent leurs cibles. Des grappins volent, des Grésans se hissent à bord de l'Orizzonte et une mêlée s'en suit. Djahneene s'illustre et parvient à trancher le cordage étrange avec lequel les Grésans s'étaient accrochés au bastingage. Gregorio affronte un Grésan, est sérieusement blessé mais parvient à assommer son adversaire. Finalement le capitàn, aidé par Temaru, parvient à faire prendre suffisamment de vitesse à son navire pour échapper aux poursuivants. Horatio, le chirurgien de bord, a fort à faire : on déplore plusieurs blessés (dont Grégorio) ainsi qu'un mort parmi l'équipage. Djahneene et Lalshurya aident aux premiers soins, et assez étrangement Lalshurya insiste pour qu'on soigne également le Grésan assommé par Grégorio : la bestiole aux vilaines dents pointues se retrouve saucissonnée en fond de cale.

Icone-rose des vents.png

Repérages et diplomatie

Malgré ce coup dur, l'Orizzonte finit par entrer dans la Baie des Guivres. Une fois dans des eaux calmes, des plongeurs de l'équipage retirent la quille (démontable !) de la coque de l'Orizzonte, réduisant ainsi son tirant d'eau. Pendant que Djahneene semble s'intéresser à la physiologie du prisonnier Grésan, Temaru et Bartolome définissent une trajectoire minimisant les risques d'être repérés, tant par les Grésans qui occupent la côte sud de la baie que par les Arkonellkans qui en occupent le nord-ouest. L'idée est de longer la côte nord en profitant de l'ombre de la côte, qui s'étire assez loin lors de l'après-midi. Les voiles du navire sont également changées, passant de l'orange kerdan à une couleur écru moins facilement visible à longue distance. Une forme énorme est repérée dans l'eau, non loin : après un instant d'inquiétude, Grégorio réalise qu'il s'agit d'une baleine. Mais il reste le problème des alliés à tentacules des Grésans : l'Orizzonte pourrait-il être suivi par un "poulpe" (plus précisément appelé belemnon par les érudits pédants) qui leur servent parfois d'éclaireur, comme Bartolome avait pu le découvrir à ses dépends ?

Baie-des-Guivres-01.png

En tout cas le navire et son équipage se frayent un chemin jusqu'à une assez large anse sur la côte nord (marquée A sur la carte), anse que Bartolome sait pouvoir abriter un navire, puisque Valeria y avait caché une nef lors de la bataille de la Baie des Guivres. Plusieurs navires grésans sont aperçus sur la côte sud dans l'anse de l'Apuesta, mais visiblement ils ne repèrent pas l'Orizzonte.

Entretien avec un dragon

Pendant qu'une partie de l'équipage se repose et qu'une autre, dirigée par Temaru et Bartolome, répare les dégâts subis par l'Orizzonte lors du combat contre les Grésans, Lalshurya s'installe dans la cabine du capitaine. Elle fait venir quelques uns des marins Fehnri, qui se sentent soudainement très fatigués. Puis elle lance un puissant sortilège lui permettant d'effectuer un repérage magique, rituel dont le lancer va durer toute la nuit et une partie de la journée - d'autant plus qu'une bande d'imbéciles a décidé de scier des planches et de donner coups de marteau alors certaines essaient de se concentrer, bon sang de bois ! Lalshurya repère immédiatement une puissante source d'Essence, à quelques lieues à l'est du village de Behrim'Ron. À la grande surprise de Lalshurya, qui avait pourtant pris des précautions pour rendre son sortilège discret, quelque chose la repère immédiatement. La cabine du capitaine prend soudainement feu. La porte explose et une figure pleine de dents mais pourtant entièrement faite de flammes s'introduit dans la cabine en poussant une sorte d'horrible grognement. Lalshurya comprend que ce grognement est en réalité une sorte de "bonjour !" dit avec une (très) grosse voix. Bien que fort peu rassurée par l'intrusion de ce qui est sans doute un démon majeur, Lalshurya entame une sorte de dialogue avec la créature. Cette dernière n'est pas agressive, elle semble même très heureuse d'avoir de la visite. Sa seule envie est que Lalshurya lui rende visite en personne. Sans tarder. Quand la magycienne lui demande son nom, la créature a l'équivalent d'un sourire et lui dit qu'elle sait ce que "les gens comme elle" font avec les Vrais Noms. Mais on l'appelle généralement Le Dragon. Après avoir insisté à nouveau sur son "invitation", le Dragon laisse Lalshurya en paix.

Cette dernière peut donc enfin s'occuper de son repérage. Première bonne nouvelle, le Pescecano est toujours là, à quai à Écume 2. En revanche, il est très abimé : il lui manque notamment son mât. Lalshurya repère également de nombreux mouvements d'Arkonnelkan non loin de la côte : ils sont environ 200 à chasser et à cueillir dans les forêts. Et surtout, l'Orizzonte a été repéré : une patrouille se dirige vers son mouillage et sera là d'ici quelques heures.

Premiers palabres

Informé du fait que le navire est repéré, l'équipage décide de rester sur place et de négocier avec le comité d'accueil Arkonnelkan. Bartolome, Lalshurya, Gregorio et quelques marins s'installent sur la plage pour attendre la patrouille. Cette dernière arrive en fin d'après-midi, à cheval, et après un bref temps d'observation s'avance vers les hommes de l'Orizzonte. Le groupe qui s'avance est organisé autour d'une immense guerrière couvertes de plumes de grands oiseaux et portant ce qui ressemble à une cotte de maille, escortée de deux porteurs de boucliers tout aussi massifs. Elle se présente comme étant Nombreuses-Plumes et demande à Bartolome ce qu'ils font sur "sa" plage. Après s'être présenté comme Outre-Feu, Bartolome expose les raisons de sa présence ici : récupérer le navire appartenant aux Lalnyharis. Mais Nombreuses-Plumes ne semble pas considérer les choses ainsi. D'une part le navire ayant été abandonné sur les terres arkonnelkannes, il leur appartient. D'autre part, il avait été donné à Valeria la Noire. Valeria, alliée des Lalnyharis, que ces dernières ont trahie et dont elles ont assassiné le clan. Lalshurya essaie de reformuler les enjeux et le contexte, mais ne maitrisant pas les codes Emishens elle s'emmêle les pinceaux. Nombreuses Plumes la regarde d'une façon pas très amène.
"Avant que je ne te dise à quel point ce que tu affirmes est stupide, pourrais-tu ne pas être grossière et te présenter avant de parler ?
- Je suis Lalshurya.
- Ce n'est pas un nom. Un nom te représente.
- Ah... Alors, on m'appelle La Curieuse.
- Hum. Cela fera l'affaire."

Bartolome, se rappelant les leçons de Hagad qu'il reçut de la part de Levée-Avant-l'Aube il y a bien longtemps, se décide à intervenir. Il explique pourquoi Valeria avait bel et bien rompu le Hagad de la guerre. Alliée des Lalnyharis contre certains Kerdans, elle avait rompu son alliance en attaquant des alliés des Lalnyharis. C'est donc bien la Noire la fautive. Hochant la tête, Nombreuses-Plumes reconnait que dans ces conditions elle ne peut effectivement pas revendiquer le navire comme l'héritage de Valeria, mais il n'empêche que le Pescecano ayant été abandonné ici, il appartient aux Arkonnelkan, plus précisément au clan de Nombreuses-Plumes. Il va donc falloir en négocier le prix. Nombreuses-Plumes invite alors tout le monde à s'assoir et étend une couverture sur le sol, signifiant ainsi formellement que les négociations commencent. Bartolome sort quelques victuailles qu'il avait préparé pour cette occasion.

Lalshurya propose des informations sur les Grésans, ou de l'aide contre ces derniers. Nombreuses-Plumes fait la moue : ils affrontent les Grésans depuis des siècles, ils les connaissent suffisamment bien et n'ont pas besoin d'informations à leur sujet. En revanche, de l'aide, en particulier contre leurs poulpes, pourrait être utile. Mais si les Dirsens veulent réparer leur navire, et en particulier lui retrouver un mât, il va falloir négocier cela avec les Anciens au village. De plus, Nombreuses-Plumes signale à "La Curieuse" que "le vieux" souhaite la voir. C'est du moins ce que "l'intermédiaire du vieux" lui a dit. Si Lalshurya semble savoir qui est "le vieux", elle interroge Nombreuses Plumes sur cet intermédiaire. Mais c'est à Bartolome que la guerrière s'adresse en réponse pour lui signifier qu'il ferait peut-être mieux de ne pas venir au village : "l'intermédiaire" semble lui en vouloir, à lui et aux Endilans qui "l'auraient tuée au moins deux fois". Devant l'air ahuri de Bart', Nombreuses-Plumes répond qu'en effet l'intermédiaire est plutôt en bonne santé pour une morte, mais bon, c'est ce qu'elle a dit, alors... S'ils acceptent l'invitation de se rendre au village, Nombreuses-Plumes recommande à l'équipage de venir en groupe : la majorité de la tribu a plutôt une dent contre les Dirsen en général, plus particulièrement contre les Kerdans depuis la bataille navale (qui a tué quelques centaines des siens) et encore davantage contre les Endilans. Son devoir se borne à les guider vers le village pour que vous puissiez négocier avec les Anciens et elle n'a aucune intention de tirer l'épée contre ses compatriotes pour le salut de Dirsens.

Dans tous les cas, Nombreuses-Plumes et ses guerriers repartiront à l'aube : l'équipage a donc la nuit pour décider s'ils acceptent l'invitation à aller au village.

Icone-Ancre.png

Hostiles

Après une brève négociation à bord, la décision est prise de se rendre au village. Lalshurya semble curieuse de rencontrer ce mystérieux Démon, et il faut bien récupérer un mât si on veut ramener le Pescecano (un remorquage dans la Baie des Guivres étant bien trop dangereux). Bartolome forme donc une équipe pour cette expédition à terre, à laquelle il adjoint son diplomate en chef Tancrède "le Janien" mais également Lorenzo Maletudine, dont il espère que la musique et les chansons sauront adoucir ces Emishens à priori hostiles. L'équipage restant à bord est invité à rester vigilant et un point de rencontre (Écume 2) est décidé, au cas où l'Orizzonte devrait quitter son mouillage actuel.

Du sang sur le bec

Retrouvant Nombreuses-Plumes à l'aube, toute la troupe se met en marche. Il apparaît rapidement que leur "escorte" ne va faire aucun effort pour les attendre. Les Arkonnelkans de Nombreuses-Plumes chevauchent à l'avant tandis que leurs visiteurs doivent donner du jarret dans les sous-bois encore couverts de neige. Si Grégorio, Bartolome et Lorenzo arrivent à suivre le rythme, c'est plus difficile pour la délégation Fehnri. Mais ce n'est qu'une fois arrivé au sommet d'une côte que Bartolome se rend compte qu'il a perdu une partie de sa troupe. Il signale le problème aux hommes de Nombreuses Plumes : s'ils acceptent de s'arrêter pour attendre les retardataires, ils ne semblent guère disposé à faire demi tour pour voir où ils en sont. Soupirant de dépit, Bart' réalise qu'il va devoir faire le chemin en sens inverse. Alors qu'il donne des ordres à son équipage, il réalise que Grégorio est déjà parti : il redescend la pente en courant, projetant un panache blanc autour de lui, tel un gros chien lâché dans la neige.

Sousbois-enneige.png

Pendant ce temps, en bas de la côté, Lalshurya, Temaru et sa servante Djahneene peinent dans la neige. Il faut dire que le terrain est rude et que tout le monde est chargé de matériels divers. Mais Djahneene n'a pas oublié d'être vigilante : elle repère un cavalier, monté sur un cheval nordique, qui leur tourne autour. Sur un signe de Djahneene, toutes cherchent un couvert : Lalshurya et Temaru dans un bosquet, tandis que Djahneene escalade un arbre. Enfin, elle escalade... La garde du corps avait visé une branche trop haute et elle se retrouve bientôt pendue, les jambes dans le vide, à une branche craquant dangereusement. Mais le plus inquiétant, c'est que le cavalier Arkonnelkan l'a vue et qu'il se dirige vers elle au galop, sabre au clair, tandis qu'un archer à cheval apparait derrière les arbres ! Heureusement, même si Temaru semble tétanisée par la situation, l'Estimée Lalshurya a plus d'un tour dans son sac. Prenant un air constipé, elle fixe le cavalier au sabre. Ce dernier, qui affichait jusqu'à présent le visage de la haine, parait tout à coup surpris, comme s'il se demandait ce qu'il fait là. Sa tête heurte alors la branche de l'arbre où s'accroche Djahneene, il y a un horrible craquement (tant de la branche que de la tête du cavalier) et le cheval continue seul sa route alors que Djahneene atterrit sans dommage dans la neige.

Non loin, Grégorio est toujours en train de courir lorsqu'il aperçoit lui aussi un cavalier. Il lui fait un signe, mais le cavalier - se demandant ce qu'il lui arrive dessus - préfère détaler devant le géant kerdan. Il est assez étonné de constater que malgré le fait qu'il soit à cheval, il a grand mal à semer Grégorio. Finalement, le cavalier fait demi-tour et empoigne sa lance, bien décidé à se débarrasser de son poursuivant en le chargeant. La réaction de Grégorio face à cette charge est de s'en prendre au cheval : il tente de faire une sorte de prise de lutte à l'animal, en le prenant à l'encolure. Pour n'importe qui d'autre que Grégorio, la manœuvre aurait été suicidaire, mais la force surhumaine du Kerdan lui permet d'accomplir un petit exploit : si Grégorio est bien jeté au sol par l'impact, il parvient à faire tomber le cheval. Quant à son cavalier, la chute de sa monture le projette dans un buisson où il s'écrase lourdement. Nullement assommé par l'impact avec le canasson, Grégorio se relève et ramasse la lance perdue par le cavalier lors de son vol plané. Il s'approche du buisson qu'il commence à fouiller avec la pointe de la lance, comme s'il cherchait un bout de pain perdu au fond d'un caquelon de fromage fondu. Lorsqu'il finit par transpercer quelque chose de mou, il retire la lance, avec un guerrier arkonnelkan piqué au bout. Constatant que son adversaire est mort, il rejette le tout d'un air satisfait.

Au même moment, Djahneene constate que si son premier adversaire est hors de combat, l'archer a bandé son arc et semble prendre Temaru pour cible, cette dernière étant toujours tétanisée, se tenant toute droite à côté de Lalshurya. La flèche part, Djahneene bondit avec en main... un plateau à thé ? Elle intercepte la trajectoire de la flèche, qui vient se planter dans le plateau à thé. Mais l'archer n'a pas dit son dernier mot. Heureusement, Grégorio surgit de derrière les arbres, son grand merlin à la main. Il frappe... et atteint l'Arkonnelkan à la tête. Le coup est tellement fort que le fer de la hache traverse le métal du casque, et le malheureux archer meurt sur le coup.

C'est alors que petit groupe de Bartolome arrive sur place, en retard et hors d'haleine. Retournant du pied le cadavre d'un des Arkonnelkan, Tancrède constate qu'il porte une sorte d'étrange capuche dont l'extrémité est pincée et teinte en rouge, comme une sorte de bec ensanglanté. Bart' n'a pas l'air très content de ce carnage, mais comme il n'était pas présent pour protéger ses passagers, il préfère ne pas faire de remarque. Mais Lalshurya ne se prive pas. Après avoir contemplé étrangement l'agonie du cavalier qui avait heurté la branche, elle se lâche. Elle est furieuse, veut un bain chaud et des vêtements propres, et en a plus que marre de ces "barbares". Cette dernière remarque inquiète un brin Bartolome, qui fait remarquer à Lalshurya qu'elle va bien devoir négocier avec ces "barbares"...

Bivouac à Écume 2

Tout le monde se remet en route et rejoint bientôt le groupe de Nombreuses-Plumes. Cette dernière lève un sourcil en voyant surgir un Grégorio couvert de sang. "Il y a eu du grabuge ?", demande innocemment un de ses porte-boucliers. Mais c'est à Nombreuses-Plumes que Bart' répond, en lui disant qu'il y a eu trois morts et qu'il va falloir trouver une solution pour qu'il n'y en ait pas d'autres. Devant la description des capuches des cavaliers, Nombreuses-Plumes explique qu'il s'agit du clan des Becs Sanglants, le clan du village de Behrim'Ron : voilà qui ne va pas faciliter les négociations à venir. En tout cas, Nombreuses-Plumes admet à contre-cœur qu'elle va devoir escorter réellement les Dirsens. À la demande de Temaru, Bart' propose qu'une étape soit faite à Écume 2, pour se reposer et pour permettre un premier examen du Pescecano. Nombreuses-Plumes accepte et après plusieurs heures de marche, toute l'équipe arrive à Écume 2.

Du comptoir kerdan, il ne reste plus que les parties en pierre : un quai et les murs d'une maison désormais sans toit. Tous les éléments en bois (charpente, parquet, portes, huisseries...) ont été pillées. Ce qui simplifie considérablement la réalisation de la tâche confiée à Bartolome par Rosella Melangoline : il ne reste plus grand chose à incendier dans ce comptoir. Les Arkonnelkans installent un bivouac dans ce qui reste de la maison, profitant de la cheminée toujours intacte et de l'abri que les murs offrent contre le vent. Pendant ce temps, et malgré la nuit tombante, Temaru, sa garde du corps et Bart' se dirigent vers le quai pour inspecter le Pescecano. À la lueur de la lanterne tenue par Djahneene, Temaru et Bart' découvrent que ce qui fut un fier corsaro pendouille misérablement au bout du quai, accroché par ses amarres. Il n'a plus qu'un mât et il manque des parties importantes du château arrière et du château avant. Mais ce qui chagrine le plus Temaru, c'est que le Pescecano n'a plus de safran ! Et cette pièce de gouvernail ne se fabrique pas comme cela. Au total, à supposer qu'on trouve tout le bois nécessaire, il y en a bien pour deux Huitaines de travail...

Tout le monde se retrouve dans la maison. Si les Arkonnelkans ont tombé l'armure et font clairement relâche, il ne se mélange guère. Leur attitude est clairement différentes des autres tribus Emishens que Bartolome a pu rencontrer lors de ses voyages. Il va falloir briser la glace. Et c'est Lorenzo qui s'y colle : il sort son luth et commence à jouer et à chanter. L'effet n'est pas celui escompté : les Arkonnelkans oscillent mollement du chef, mais se mélange toujours pas, à l'exception du nouvel ami de Grégorio (un certain Sanglier Furieux) qui tente de sortir un flutiau avant qu'un regard noir de ses comparses ne le dissuade d'en jouer. Mais tout l'équipage s'y met : Djahneene prépare du thé qu'elle sert à tout le monde, Grégorio tape des mains et Lorenzo joue avec plus d'emphase. Et enfin les Arkonnelkans semblent se détendre, au point que Sanglier Furieux ressort son flutiau. Bart' et Lalshurya s'installent aux côtés de Nombreuses-Plumes et commencent à parler avec elle de la situation de la région et ce qui les attend au village.

Ils découvrent une situation politique complexe entre les différents clans de la tribu des Arkonnelkan. Les Becs Sanglants, qui contrôlent la zone au nord de la baie des calamaris, étaient initialement un clan mineur jusqu'à ce qu'ils recueillent un vieux sorcier C’était un clan mineur avant de recueillir un vieux sorcier, qui allait devenir célèbre sous le nom de Colère-des-Tréfonds, qui a leur appris de nombreuses techniques nouvelles, comme faire des routes. Sous son influence, les Becs Sanglants ont entrepris d'étendre leur influence plus au sud, sur le territoire des Cerfs Sans Merci, qu'ils finirent par soumettre il y a environ 40 ans. Ainsi “alliés”, les deux clans ont commencé une guerre efficace contre les Grésans. Tout allait pour le mieux, jusqu'à l'invasion des Dirsen de l'Empire de Rem, moment où le vieux sorcier a dit “il va falloir faire la guerre” et pour avoir une chance contre les Impériaux il fallait unir les clans. C'est ainsi que d’autres clans, comme les Plumes de fer (le clan de Nombreuses Plumes), les Ailes Neiges et les Yeux d’or ont rejoint la confédération ainsi créée. Si faire la guerre n'a jamais été un problème pour les Arkonnelkans, être unis sous la tutelle des Becs Sanglants en est un. Et avec la santé déclinante du vieux sorcier, des conflits internes ont ressurgi, de plus en plus fort depuis un ou deux ans. Les Cerfs Sans Merci sont ainsi redevenus en guerre avec les Becs Sanglants et ne participent plus que très mollement à la guerre contre les Impériaux - ils préfèrent se battre contre les Ondrènes du sud. Dernièrement les Cerfs Sans Merci ont attaqué au delà des Monts Voilés mais se sont heurtés aux troupes de Berinor de Salviane - ou plus précisément une compagnie mercenaire, la compagnie des Lunes Rouges - du coup ils ont préféré s’en prendre à nouveau aux Becs Sanglants. Les Plumes de Fer ont une sorte de mandat de l’assemblée tribale pour empêcher les affrontements. Colère-des-Tréfonds était parti mener la guerre au loin, mais il y a environ une année, il est rentré à Behrim’Ron [1] avec près de deux mille combattants de sa garde prétorienne. Il faut bien les loger, et le bois du comptoir et du Pescecano a notamment servi à cela.

Enfin, Nombreuses-Plumes recommande à Bartolome et Lalshurya de s'adresser à deux personnes en particulier au village. D'abord à la chef du clan des Becs Sanglants, la forgeronne Épouse de la Fournaise, et ensuite au barde Lyre Ardente, figure très “politique” et partisan de l'affrontement avec les Cerfs Sans Merci.

Icone-epees.png

Behrim’Ron

Au matin, tout le monde se réveille couvert d'une fine pellicule de neige.[2] Nombreuses-Plumes dirige alors l'expédition en direction du village, en empruntant une route damée, nivelée et parfaitement entretenue. Le groupe croise même une pierre gravée servant visiblement de panneau indicateur. Et la route est fréquentée : l'équipage croise plusieurs chariots tirés par des bœufs laineux (des chariots larges, évoquant plus les chariots rémans que les chariots étroits des Lewyllen). Puis c'est une terre labourée ici, un grenier là... Les enseignements du "vieux sorcier" ont clairement porté leurs fruits !


  1. Ce nom Emishen signifie en langue des vents Là où l’ombre de l’ours s’allonge, car la région est semble-t-il infestée d'ours.
  2. Et encore, c'est le printemps.

Épisode Précédent ← | → Épisode Suivant
<< retour à la LISTE des ÉPISODES