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(Méthodes et matériaux rituels)
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Si c'est l'occasion pour les mieux nantis de se montrer généreux <ref> L'égoïsme ou l'avarice étant considérés comme des péchés par les Emishen </ref>, '''l'important reste de communier''' en consommant ensemble, même s'il ne s'agit que de l'eau d'un torrent ou les baies d'un buisson voisin.
 
Si c'est l'occasion pour les mieux nantis de se montrer généreux <ref> L'égoïsme ou l'avarice étant considérés comme des péchés par les Emishen </ref>, '''l'important reste de communier''' en consommant ensemble, même s'il ne s'agit que de l'eau d'un torrent ou les baies d'un buisson voisin.
  
'''4)''' Abreuvés et rassasiés, les responsables sociaux (chefs, bardes, négociants, chamans ou ceux qui en font office) vont alors '''discuter du voyage :''' ils expliquent alors d'où ils viennent, leur destination ou leurs buts et, surtout, le trajet qu'ils ont fait en précisant la météo, l'état des pistes et des gués, les dangers rencontrés et les ressources disponibles. <br>
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'''4)''' Abreuvés et rassasiés, les responsables sociaux (chefs, bardes, négociants, chamans ou ceux qui en font office) vont alors '''discuter du voyage :''' ils expliquent souvent en détails d'où ils viennent, leur destination ou leurs buts et, surtout, le trajet qu'ils ont fait en précisant la météo, l'état des pistes et des gués, les dangers rencontrés et les ressources disponibles. <br>
 
C'est d'une certaine manière la partie "sérieuse" des palabres, celle qui a la plus grande importance pratique et les différents experts sont volontiers mis à contributions : les guerriers avertissent des dangers et de la présence des [[Dirsen]], les chasseurs parlent du gibier et des prédateurs, les herboristes ou les pêcheurs s'échangent les bons coins...  
 
C'est d'une certaine manière la partie "sérieuse" des palabres, celle qui a la plus grande importance pratique et les différents experts sont volontiers mis à contributions : les guerriers avertissent des dangers et de la présence des [[Dirsen]], les chasseurs parlent du gibier et des prédateurs, les herboristes ou les pêcheurs s'échangent les bons coins...  
  
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=== La Part des Esprits ===
 
=== La Part des Esprits ===
 
 
 
 
  
 
= Événements =
 
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=== Rites de Passage ===
 
=== Rites de Passage ===
Les Emishen placent l’entrée dans l’âge adulte au début de la puberté, entre 12 et 14 ans. Il a lieu uniquement à la demande du jeune, qui doit démontrer qu’il est bien prêt à grandir. La famille, le clan, les esprits peuvent le pousser à quitter le statut d’enfant, mais cela doit être une décision personnelle.
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Si tous les [[:Catégorie:Peuples|peuples]] du continent possède des rites de passage sous une forme ou sous une autre, '''l'adultité Emishen a la particularité d'être volontaire''' : lorsqu'ils se sentent "assez grands", les jeunes Emishen ayant atteint la puberté doivent demander d'eux-mêmes à effectuer les Rites de Passage qui leur donneront le statut d'adulte.
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Jusqu'à leur initiation, les "enfants" d'[[Emib]] sont sous la responsabilité et la protection absolue de leur clan : qu'ils aient ou non des parents biologiques disponibles, ils sont nourris, vêtus, logés, éduqués, soignés et préservés de toute forme de violence. Si les [[Alen]] comme les bardes sont plus particulièrement chargés de leur enseigner le [[Hagad]], les traditions et les moyens de leur future subsistance, la majorité du clan participe en fait à l'éducation des enfants : nombre d'adultes s'emploient ainsi à transmettre aux gamins qui le demandent les techniques, les jeux, les chants et les savoirs à sa disposition. Et comme Emib cultive volontiers la curiosité chez ses jeunes, la vie et les tâches quotidiennes de nombre d'adultes se font très largement entourés d'une marmaille joyeusement bruyante et indiscrète...<br>
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Mais si les enfants sont ainsi très libres et insouciants, ils n'ont par contre guère de droits et aucune autre possession que ce qu'ils fabriquent eux-mêmes (les vêtements, notamment, sont fréquemment redistribués selon les poussées de croissance). Ils n'ont pas accès aux ressources du clan ni la liberté de s'éloigner seuls des campements, ils dorment et mangent là où l'ont veut bien d'eux, n'importe quel adulte est légitime à leur faire la leçon et ils ne sont admis aux conseil du clan qu'en observateurs ''silencieux''. Alors, que ce soit pour aller gambader à cheval, conter fleurette librement ou avoir droit au chapitre, les enfants sont très tôt incités à devenir des adultes. La famille, le clan, les esprits peuvent le pousser à quitter le statut d’enfant, mais cela doit être une décision personnelle.
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'''EN TRAVAUX'''
  
 
Le rite se décompose en deux moment bien distincts. Le premier, le plus important, est personnel. Il peut prendre la forme d’une tâche à accomplir, d’une vision à rechercher. C’est par ce rite qu’un jeune prouve qu’il est désormais apte à tenir sa place dans la société. [à compléter]. Dès qu’il est effectué avec succès, l’enfant devient un adulte (même si le rite collectif aura lieu des mois plus tards).
 
Le rite se décompose en deux moment bien distincts. Le premier, le plus important, est personnel. Il peut prendre la forme d’une tâche à accomplir, d’une vision à rechercher. C’est par ce rite qu’un jeune prouve qu’il est désormais apte à tenir sa place dans la société. [à compléter]. Dès qu’il est effectué avec succès, l’enfant devient un adulte (même si le rite collectif aura lieu des mois plus tards).
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=== Funérailles ===
 
=== Funérailles ===
  
= Appel aux esprits =
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Les funérailles Emishen consistent en une grande '''veillée''' (chants, histoires, récit de la vie des morts, fumette...) autour d'un '''bûcher funéraire'''. La cérémonie est, lorsque c'est possible, dirigée par un Chaman.
 
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== Esprits totems ==
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Comme la majorité des rites, l’appel aux esprits totem est effectué de diverses manières suivant les tribus, le temps disponible, l’enjeu, etc. Ce qui suit est le rite utilisé par un petit groupe de Sentinelles de l’Orage lors de l’[[19) "La Vallée des Ossements"|épisode 19]].
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=== Préparation ===
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* chasser les animaux nécessaires à faire des offrandes en fonction des goûts des esprits totem. En l'occurrence, l’épervier, l’aigle et le harfang sont tous des prédateurs avec un goût prononcé pour la viande. L’idée est donc de leur proposer une viande inhabituelle : un daim ou un chevreuil, soit des animaux trop gros pour les rapaces en temps normal. Il n’est pas nécessaire de préparer d’autres offrandes.
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* préparer le cercle sacré. Etant en montagne, il est possible de dégader une assez large surface de roche nue. Sur cette dalle, on installe deux foyers de taille moyenne. Le brasier destiné aux esprits est nettement plus fourni que l’autre. Le cercle est matérialisé par des pierres acollées les unes aux autres. Au final, le cercle a un rayon de 3 à 4 m, ce qui laisse assez de place pour les foyers et les officiants qui pourront bouger. Le cercle est décoré ensuite de branchages et de baies colorées. Les décorations permettent déjà de “fixer” le sens du rituel par rapport au vent pour ne pas avoir à y penser sur le moment.
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* préparer la viande. Dès que les chasseurs sont de retour, il faut séparer la part des esprits de celle des hommes. Chaque part est installée à proximité du feu où elle sera placée lors du rituel. On prépare la viande assez tôt pour pouvoir se purifier ensuite.
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* se purifier. Le terrain n’étant pas particulièrement favorable ici, les participants se contentent de se frotter avec des touffes d’herbe et un peu d’eau. La propreté est donc “symbolique”. Comme les Sentinelles commencent à bien se connaître, chacun suppose que les autres ne sont coupables d’aucun crime - c’est d’autant plus certain que les esprits totem ont déjà aidé le groupe.
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* se peindre. La quantité de pigment étant plus que limitée, les Sentinelles se limitent à peindre leur visage selon les usages de leurs tribus : le principe est de ressembler, autant que possible et de manière stylisé, à son oiseau totem. Les Edell'Okhil se peignent donc le visage en blanc et entourent leur lèvre de jaune orangé ; le Tallalnen utilise également du blanc avec quelques tâches noires sur le front ; l’Elloran s’entoure les yeux de brun qu’elle prolonge sur ses joues, elle redresse ses cheveux avec un peu de graisse pour former un crête sur l’arrière de la tête ; la Liam’Lon se passe du gris sur le visage puis s’entoure les yeux et la bouche de jaune.
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=== Déroulement ===
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* l’officiant (en l’occurence, en l’absence de barde ou de chaman, Lame Droite est le moins mauvais grâce à sa connaissance assez poussée du Hagad) entame la cérémonie en entrant dans le cercle et en se présentant à haute voix. Il utilise son nom complet, ainsi que sa famille, son clan, sa tribu. L’officiant invite ensuite ses compagnons (les autres participants). Chacun se présente tout aussi complètement.
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* alors que l’officiant commence à psalmodier quelques couplets traditionnels et répétitifs, les brasiers sont allumés. La psalmodie continue. L’officiant est au centre du cercle. Autour de lui, les participants commencent à tourner lentement. Seul un des participant est chargé de s’occuper des feux.
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* quand la viande des esprits commence à se carboniser, la psalmodie change pour se transformer en prière précise. L’officiant explique pourquoi il fait appel aux totem, pourquoi leur bienveillance est nécessaire, comment leur aide peut se faire. Les autres participants se joignent à lui en s’adressant spécifiquement à leur totem : autant que possible, l’ensemble des voix forme un canon à peu près harmonieux (mais comme il n’y a pas de barde et guère de musicien, on fait ce qu’on peut). Le chant s’arrête quand la viande des esprits a terminé de brûler.
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* c’est le moment où les participants au rituel mangent à leur tour. Tout le monde s’assoit dans le cercle. Aucune parole n’est prononcée, chacun est concentré sur sa relation avec le totem du clan. La fin du repas marque la fin du rituel.
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* le cercle est alors ouvert, les cendres dispersées au vent. Les participants conservent leur peintures qui marquent le lien avec les esprits.
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== Méthodes et matériaux rituels ==
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Sont décrits ici les multiples moyens qu’utilisent les Emishen dans leurs rites. Ces moyens ne sont en rien exclusifs et se combinent la plupart du temps, en fonction des besoins et des possibilités de l’officiant. Tous les rites s’adressent d’une manière ou d’une autre à un esprit, ce n’est pas pour autant qu’ils supposent une invocation de celui-ci (c’est même assez rare). De même, si les chamans et les bardes sont les officiants traditionnels, rien n’interdit à un Emishen versé dans les pratiques rituelles de célébrer un rite. La plupart des rites ne nécessitent qu’un officiant qui va mener la cérémonie, les autres participants se contentant d’obéir à ses instructions, de répéter ses paroles et d’imiter ses gestes. Les rites les plus importants nécessite une organisation plus complexe, avec des groupes chargés de différents aspects et plusieurs responsables qui connaissent déjà bien la cérémonie. Dans tous les cas, un Emishen qui participe à un rite est obligatoirement “pur” : il s’est consciencieusement lavé et il n’a pas commis de crime. Dans une société qui ne connait pas le mensonge, cette condition n’est pas un problème - ceux qui ont fait quelque chose de mal l’admettent et ne se risqueraient pas à affronter la colère d’un esprit en se présentant devant lui sans avoir réparer leurs fautes.
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* '''le Vent''' : l’emplacement où a lieu un rituel, quelqu’il soit, est toujours à l’air libre. Plus le lieu est venté, plus le rituel sera aisé : un pic, un couloir rocheux, une île sur un fleuve seront largement préférable à une forêt dense. Un soin particulier est pris à se placer par rapport au vent dominant du moment (ce qui suppose une bonne connaissance de la météo locale si l’on prépare le lieu plusieurs heures avant le rituel proprement dit). Pour les oiseaux-totem, l’officiant se place face au vent, ainsi l’oiseau peut se laisser porter pour rejoindre le site. La même configuration est utilisée pour les esprits du gibier ; en se plaçant face au vent, l’officiant s’assure que son odeur n’importunera pas l’esprit. Pour les esprits prédateurs, c’est l’inverse ; l’officiant est dos au vent, il projette son odeur en direction de l’esprit pour renforcer son appel.
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* '''le Cercle sacré''' : l’officient défini un espace où il va célébrer le rite. Cette définition peut être sommaire : une simple ligne tracée du bout du pied dans la terre ou la neige est suffisante. Bien sûr, la cérémonie aura d’autant plus de poids, envers les esprits comme envers ceux qui y assistent, si le cercle est matérialisé nettement. Chaque tribu a ses habitudes, souvent liées à son territoire. On trouve ainsi des cercles en épines de pin, des cercles en galets, etc. Avec plus de temps, on peut disposer des branchages faiblement enfoncés dans le sol ou peindre celui-ci avec du sable de couleur. L’intérieur du cercle peut être nu, si l’officiant est pressé ou le rituel mineur, il peut former un dessin très élaboré si c’est nécessaire. Les [clan d’artisan] sont réputé pour créer des cercles sacrés de toute beauté à l’aide de pigments. Les [clan de chasseur] créent eux des petits espaces qui ont tout d’un monde miniature, avec de petites roches, des rigoles pour l’eau, des arbustes…
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* '''les scarifications, tatouages, mutilations''' : ces pratiques sont très anciennes et sont devenues tabou avec le temps comme tout ce qui “abîme” le corps. Cependant, certains Kormes tendent à les remettre au goût du jour. Elles servent principalement à s’adresser à des esprits prédateurs voire à des entités nettement plus sinistres.
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* '''les peintures rituelles''' : les peintures corporelles sont très courantes chez les Emishen. Lors d’un rite, il est presque automatique que le visage de l’officiant et des participant reflète l’esprit auquel le rite s’adresse. La complexité des peintures, parfois des tenues (masques, costumes de fourrures et de plumes) participe à la personnalisation de la cérémonie. Les participants jouent alors des “rôles” précis et représentent une image idéale de la vie ou de la nature. Les peintures servent également à prolonger la durée du rite ou son “pouvoir” : tant que les Emishen porteront les peintures correspondantes, ils seront liés aux esprits invoqués lors du rite. C’est particulièrement vrai pour les peintures de guerre, dont les Rémans ont appris, à leur dépens, qu’elle pouvait effectivement servir d’armure - ce ne sont pas les pigments qui protègent, mais ils symbolise et renforce la présence d’un esprit protecteur autour des guerriers.
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* '''la loge de sudation''' : la loge peut être presque permanente, dans un village, ou construite à partir d’une tente et tout à fait provisoire. Elle sert à purifier les participants au rite avant celui-ci ; il est donc nécessaire qu’elle ne soit pas trop éloignée du lieu de la cérémonie. La loge sert aussi à provoquer des visions : l’Emishen en quête reste dans la chaleur humide jusqu’à la syncope. L’utilisation d’une loge suppose en revanche des observateurs extérieurs, qui ne participent pas directement à la cérémonie mais assurent le bon fonctionnement de la loge et la sécurité des participants. De ce fait, elle n’est souvent utilisée que pour des rites importants, qui mobilisent un village.
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* '''le jeûne''' : se priver de nourriture avant un rite est assez courant. C’est généralement un bon moyen de se purifier et d’arriver humble et serein lors de la cérémonie. Le jeûne doit être volontaire : faire une cérémonie alors que l’on n’a rien à se mettre sous la dent n’est pas plus efficace. Le jeûne est aussi un élément important des rites qui supposent des visions. Il aide à entrer en transe et à percevoir le monde spirituel.
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* '''les danses''' : de très nombreux rite font appel à la danse pour matérialiser l’engagement des participants. Les rites “positifs” (l’immense majorité, donc) demandent un déplacement dans le sens antihoraire, seuls quelques rites plus sinistres tournent dans l’autre sens - la plupart des Emishen ne sont d’ailleurs même pas au courant que c’est possible, et ceux qui le savent se gardent bien de l’ébruiter. La danse est souvent une simple marche rythmée, solennelle, sur le périmètre du cercle. Si la transe n’est pas recherchée, elle reste relativement lente pour permettre aux participants de rester sereins. Dès lors que le rite mobilise une dizaine de personnes ou plus, la danse se complexifie. La chorégraphie devient animée et cherche à représenter une scène. C’est dans ces cas-là que les peintures et les costumes prennent toute leur importance. Les plus grandes rites sont presque, du point de vue réman, des pièces de théâtre avec plusieurs actes et de nombreux acteurs.
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* '''les chants et la musique''' : la voix est le principal instrument utilisé, souvent accompagné de tambours. Le talent de l’officiant est primordial : ceux qui chantent mal se contentent de psalmodier les paroles sur un ton monocorde mais certains bardes célèbres enchantent leur auditoire, et les esprits, avec leur voix. Souvent, le chant imite le cri de l’animal concerné par le rite et brode autour de cette base. Les paroles racontent l’histoire des participants, le pourquoi de rite et véhiculent les promesses. Un rite de serment oblige l’officiant à intégrer le serment à son chant de la manière la plus fluide possible. Les tambours sont rarement maniés par l’officiant, qui se concentre sur le chant. Ce sont un ou plusieurs assistants qui l’accompagnent et donne le rythme à la danse. D’autres instruments peuvent être utilisés, comme des flutes et des appeaux.
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* '''les cris de guerre''' : le cri de guerre est une variante du chant utilisé au combat. Il ne fait pas partie du rite à proprement parlé, il en est le prolongement. Le cri reprend le chant qui a été utilisé auparavant et, de cette manière, il “ré-active” le rite sans cérémonie. Un groupe de guerrier qui se prépare au combat peut donc participer à un rituel, attirer sur lui la faveur des esprits et “conserver” cette faveur grâce aux cris alors même qu’ils sont sortis du cercle depuis longtemps. Il n’existe pas de cris “rituel” et il est extrêmement difficile, même pour un Emishen, de savoir si l’ennemi crie par principe ou dans le cadre d’un rite. Pour les Réman, c’est simple, les emplumés crient tout le temps. Les cris de guerres peuvent être utilisés à la chasse, c’est déjà arrivé, mais c’est souvent contre-productif… la plupart des animaux tendent à s’enfuir quand un groupe de guerrier se met à crier.
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* '''les sacrifices''' : la grande majorité des rites emishen s’adressent à des esprits animaux qui sont gourmands. Tous apprécient les offrandes et le choix de la “bonne” offrande est une des clé de réussite du rite. Ce choix dépend principalement de l’animal concerné - et plus l’officiant connaitra bien l’animal sauvage, plus il a des chances de trouver quelque chose qui plaira à l’esprit. L’idéal est de trouver ce qui fait parti du régime alimentaire de l’animal, mais qu’il ne mange que rarement : une proie un peu grosse ou assez rare, des fruits un peu en avance sur la saison, etc. Le sacrifice repose sur la notion de partage - ce qui n’est pas toujours l’idéal quand l’offrande est une carcasse vieille de trois semaine, régal d’un corbeau. L’officiant va partager les aliments en deux : la peau, les os, les tendons et les morceaux les plus nobles seront attribués à l’esprit, le reste de la viande sera mangée par les participants. La part de l’esprit est brûlée en totalité pour que la fumée monte vers le ciel et puisse le nourrir. Le feu utilisé pour le sacrifice doit être à l’intérieur du cercle sacré, en revanche il peut être alimenté par tous, y compris ceux qui ne participent pas directement à la cérémonie. La part des hommes doit être consommée en totalité dès la fin du rituel (elle peut être cuite). Si tout n’est pas mangé, l’esprit a de grande chance d’être en colère à cause du gaspillage. L’officiant doit donc bien déterminer l’offrande de départ et la part laissée aux hommes. Quelques Emishen se souviennent d’ailleurs de sévère maux de ventre après un rite mal géré qui les a contraint à se gaver pour satisfaire les esprits. Le principe du partage fonctionne aussi pour les offrandes végétales, il est même souvent plus simple pour peu que l’on ait choisi une plante facilement comestible (d’où l’importance d’éviter certaines baies tout ce qu’il y a de plus toxique…).
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* '''les offrandes''' : certains esprits apprécient les cadeaux sous la forme de biens matériels. Des gravures, des statuettes en bois, des armes, des bijoux peuvent être offerts lors d’un rite, de même que des produits “consommables” comme l’herbe-nuage. La valeur de l’offrande est proportionnelle au travail nécessaire pour la produire et au sacrifice que cela représente pour l’officiant. Offrir une petite figurine de bois, c’est bien, mais offrir la petite figurine que votre père vous a offer dix ans auparavant, c’est nettement plus valorisant pour l’esprit auquel vous vous adressez. Les offrandes sont détruites lors du rite. Si c’est possible, elles sont brûlées sur un bûcher différent de celui des sacrifices. Si l’offrande n’est pas combustible, elle doit être frappée avec une masse de pierre jusqu’à la rendre inutilisable - une arme en métal, par exemple, va être cognée à de nombreuses reprises sur son fil, tordue voir complètment pliée avant d’être déposée.
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* '''l'astronomie rituelle''' : un officiant versé dans la lecture des étoiles peut chercher dans le ciel une conjonction favorable. La position des étoiles donne également de précieuses indications sur ce que pensent les esprits. Cette connaissance sert principalement à positionner un rituel dans le temps : une union, une cérémonie clanique sont souvent décidés en fonction des étoiles qui vont renforcer la portée du rituel (même si celui-ci n’as pas lieu la nuit).
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* '''l'horaire''' : en cas de nécessité, un rite peut s’effectuer à n’importe quel moment de la journée. Les Emishen privilégient cependant l’aube et le crépuscule. C’est un moment où presque tous les animaux sont actifs (diurnes comme nocturnes) et surtout le moment où la barrière entre le monde des hommes et celui des esprits est la plus faible. Les chances de s’attirer les faveurs des esprits sont donc plus grandes. Il existe toutefois des rites aux horaires précis, généralement en rapport avec l’élément naturel auquel ils s’adressent. Les rites lunaires se déroulent la nuit, à la pleine lune ou à la nouvelle lune principalement. Les rites solaire, au contraire, ont lieu en plein midi. Enfin, certaines périodes de l’années sont plus favorables que d’autres. Tout le monde chez les Emishen est conscient de l’importance des solstices et des équinoxes, mais les meilleurs bardes et chamans tiennent le compte de jours “fastes” qui se rapportent à un esprit ou un rite précis.
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* '''l'herbe-nuage''' : l’herbe nuage est un élément rituel courant. Don de la nature, “raccourci” bienvenu vers le monde des esprits, de nombreux officiants n’envisagent pas de commencer un rite sans une petite bouffée. Elle est rarement nécessaire - il est vraiment ici question de ressenti personnel. Certains estiment qu’elle rend le rite trop simple, les visions trop accessibles. D’autres, au contraire, la voient comme la manifestation du goût qu’auraient les esprits pour le dialogue avec les hommes.
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Version actuelle en date du 10 décembre 2016 à 07:16

Si la spiritualité emishen peut sembler beaucoup moins stricte que le Culte des Pères (et a fortiori que la Liturgie des Gardiens hornois), la vie sociale du Peuple du Vent est par contre rythmée par de nombreux rites. Qu'il s'agisse de rencontres fortuites, du troc, de rites de passage ou d'une assemblée clanique, les échangent et événements sociaux sont souvent l'occasion de réjouissance et d'un peu de cérémonie...
Alors que les chamans président aux rituels religieux, ce sont généralement les bardes, plus souvent que les chefs ou les "Alen", qui sont en charges de nombre de ces rites communautaires, étant à la fois les émissaires privilégiés des clans et les dépositaires de leurs traditions.

Vie courante

Palabres

Autant parce qu'ils sont très sociaux que parce qu'ils ont peu d'autres moyens de communication, d'échange et d'information, les Emishen prennent presque toujours le temps de "palabrer" lorsqu'ils rencontrent leurs semblables, fut-ce au détour d'une piste, à l'arrivée au campement ou même lors des rassemblements (où les bavardages peuvent alors prendre des heures).
Ce rituel appelé Leldoghan est donc l'un des plus importants dans la vie sociale, parce que c'est celui qui précède à la plupart des autres.

Particulièrement entre Emishen qui ne se connaissent pas, ces Palabres suivent normalement un rituel bien établi qui peut facilement traîner en longueur [1]:

1) Tous les adultes commencent par se présenter par ordre de rang, d'âge (les vieux, puis les adultes, puis les jeunes) ou même de préférence, les derniers de chaque catégorie à parler étant souvent les moins désireux de s'épancher (et leur souhait sera généralement respecté).
Chaque adulte décline au moins son nom, son clan, le groupe auquel il appartient (manade, campement, bande, parfois son mentor ou sa lignée [2]...), son rang et sa fonction.
Si les enfants n'ont pas d'obligation en la matière, ils ont par contre le droit de se présenter après les adultes et de participer aux palabres, ne serait-ce que pour apprendre.

2) On se cherche alors des connaissances communes, qu'il s'agisse de parents plus ou moins lointains, de rencontres passées ("Je connais Untel dans votre clan : vous êtes proches ?") ou même de célébrités ("Ce vieux Tael Shannan ? C'est un ami !"). Et dès qu'ils en trouvent, les Emishen prennent alors des nouvelles de tout cet entourage, s'échangent toutes sortes d'histoires (les exploits de l'une, les amours de l'autre, les naissances, les décès, les oracles des chamans...).
C'est également le moment de vanter ses exploits ou d'annoncer les événements du moment : les marchés, les rassemblement chamaniques ou même les déclarations de conflits [3].

3) Dès que la situation le permet, on s'installe alors confortablement pour procéder au partage : généralement, on en profite pour bivouaquer et prendre le thé[4] (chaque clan ayant ses propres recettes, il est fréquent qu'on enchaîne plusieurs dégustations à la suite) ou, au minimum, on rompt quelques galettes de veidhin, on distribue un peu de lait ou de miel, on fait circuler une pipe d'herbe-nuage ou une gourde d'eau fraîche...
Si c'est l'occasion pour les mieux nantis de se montrer généreux [5], l'important reste de communier en consommant ensemble, même s'il ne s'agit que de l'eau d'un torrent ou les baies d'un buisson voisin.

4) Abreuvés et rassasiés, les responsables sociaux (chefs, bardes, négociants, chamans ou ceux qui en font office) vont alors discuter du voyage : ils expliquent souvent en détails d'où ils viennent, leur destination ou leurs buts et, surtout, le trajet qu'ils ont fait en précisant la météo, l'état des pistes et des gués, les dangers rencontrés et les ressources disponibles.
C'est d'une certaine manière la partie "sérieuse" des palabres, celle qui a la plus grande importance pratique et les différents experts sont volontiers mis à contributions : les guerriers avertissent des dangers et de la présence des Dirsen, les chasseurs parlent du gibier et des prédateurs, les herboristes ou les pêcheurs s'échangent les bons coins...

5) Vient alors une séance de troc, qui peut être toute symbolique si personne n'a grand-chose dans ses fontes mais peuvent donner lieu à un véritable ravitaillement commun -les groupes "amis" partageant vivre et équipement en fonction des besoins- et s'étendent bien souvent en de longues négociations. De part la franchise des Emishen, et bien qu'il existe au sein de la plupart des clans de véritables négociants professionnels (les "Leldeichil" [6]), ce marchandage se fait généralement avec une honnêteté qui surprend les Dirsen : on évoque sincèrement la qualité des denrées, on démontre la valeur de l'équipement, on discute des besoins des individus et des communautés et on tâche au final de trouver un accord aussi juste que possible, plutôt que de faire des bénéfices.
Ce troc prend tout son sens si l'on tient compte du fait que les voyages et les rencontres sont la base même du commerce emishen : à part les Lewyllen qui circulent justement dans ce but [7], les clans et tribus n'ont guère d'autres opportunités d'échanger leurs surplus contre tout ce qui leur manquent. Bien sûr, il arrive fréquemment que les Emishen commerce des ressources qu'ils n'ont pas avec eux sur le moment, échangeant une monture disponible contre une bonne épée de fer et deux sacs de veidhin que les créditeurs devront aller chercher auprès du clan voisins : là encore, le présupposé d'honnêteté permet des arrangements bien "pratiques" et ceux qui manqueraient à leur parole savent qu'il n'échapperont pas à leur réputation...

6) On termine enfin par les chansons et les histoires, d'abord car c'est par les palabres que se font la plupart des échanges culturels entre communautés, ensuite parce que les Emishen adorent ça. Il est ainsi peu de palabres qui ne finissent par un petit spectacle composés de poèmes, de récits (toujours en partie chantés) et de musiques, les légendes et les ritournelles circulant ainsi de communautés en communautés pour la plus grande gloire de leurs personnages autant que de leurs auteurs.
Des bardes qui se rencontrent prendront souvent le temps de s'apprendre quelques œuvres les uns aux autres, le répertoire d'un artiste se formant largement par les voyages et les palabres. Contes et vers font même l'objet d'une sorte de "troc" didactique et culturel, l'enseignement d'une mélodie particulièrement attrayante mais sophistiquée pouvant alors s'échanger contre plusieurs récits épiques, des services (porter des messages, faire la promotion d'une personne ou d'une idée...) ou même des biens.


Déroger aux palabres peut être admis s'il existe un impératif vraiment critique mais, souvent, même s'ils sont poursuivis par un ours ou pris dans une tempête de neige, les Emishen tenteront d'au moins s'échanger leurs noms et leurs groupes respectifs.
Faire moins que cela est considéré comme une grande impolitesse et peut même motiver le refus de l'hospitalité sacrée...

Hospitalité

La Part des Esprits

Événements

Cérémonie d'Accueil

Rites de Passage

Si tous les peuples du continent possède des rites de passage sous une forme ou sous une autre, l'adultité Emishen a la particularité d'être volontaire : lorsqu'ils se sentent "assez grands", les jeunes Emishen ayant atteint la puberté doivent demander d'eux-mêmes à effectuer les Rites de Passage qui leur donneront le statut d'adulte.

Jusqu'à leur initiation, les "enfants" d'Emib sont sous la responsabilité et la protection absolue de leur clan : qu'ils aient ou non des parents biologiques disponibles, ils sont nourris, vêtus, logés, éduqués, soignés et préservés de toute forme de violence. Si les Alen comme les bardes sont plus particulièrement chargés de leur enseigner le Hagad, les traditions et les moyens de leur future subsistance, la majorité du clan participe en fait à l'éducation des enfants : nombre d'adultes s'emploient ainsi à transmettre aux gamins qui le demandent les techniques, les jeux, les chants et les savoirs à sa disposition. Et comme Emib cultive volontiers la curiosité chez ses jeunes, la vie et les tâches quotidiennes de nombre d'adultes se font très largement entourés d'une marmaille joyeusement bruyante et indiscrète...
Mais si les enfants sont ainsi très libres et insouciants, ils n'ont par contre guère de droits et aucune autre possession que ce qu'ils fabriquent eux-mêmes (les vêtements, notamment, sont fréquemment redistribués selon les poussées de croissance). Ils n'ont pas accès aux ressources du clan ni la liberté de s'éloigner seuls des campements, ils dorment et mangent là où l'ont veut bien d'eux, n'importe quel adulte est légitime à leur faire la leçon et ils ne sont admis aux conseil du clan qu'en observateurs silencieux. Alors, que ce soit pour aller gambader à cheval, conter fleurette librement ou avoir droit au chapitre, les enfants sont très tôt incités à devenir des adultes. La famille, le clan, les esprits peuvent le pousser à quitter le statut d’enfant, mais cela doit être une décision personnelle.


EN TRAVAUX

Le rite se décompose en deux moment bien distincts. Le premier, le plus important, est personnel. Il peut prendre la forme d’une tâche à accomplir, d’une vision à rechercher. C’est par ce rite qu’un jeune prouve qu’il est désormais apte à tenir sa place dans la société. [à compléter]. Dès qu’il est effectué avec succès, l’enfant devient un adulte (même si le rite collectif aura lieu des mois plus tards).

Le second moment du rite de passage est collectif et symbolique. Il a lieu pour l’équinoxe de printemps. Si la taille de la communauté le nécessite, un second peut avoit lieu pour l’équinoxe d’automne. Le rite de passage collectif est une grande cérémonie qui rassemble l’ensemble des Emishen présents. Elle introduit rituellement les nouveaux adultes (tous les jeunes qui ont réussi leur rite individuel depuis l’année précédente) dans le groupe. C’est presque toujours une occasion de festoyer, de prouver ses talents, de nouer des liens. La cérémonie elle-même est spécifique à chaque clan. Elle comprend des danses et des chants parmi les plus anciens.
Le rite de passage, bien que très festif, est un moment privé. Seuls les membres de la communauté (le village, éventuellement quelques villages proches) y sont conviés. Pour un étranger, même un Emishen d’un autre clan, une invitation à assister à un rite de passage est un très grand honneur - et c’est très rare. Pour un Réman, c’est encore inédit.

Cérémonie de Maîtrise

Rituel d'Union

Funérailles

Les funérailles Emishen consistent en une grande veillée (chants, histoires, récit de la vie des morts, fumette...) autour d'un bûcher funéraire. La cérémonie est, lorsque c'est possible, dirigée par un Chaman.


  1. ... bien souvent à l'exaspération des Dirsen présents, d'autant que les salamalecs peuvent facilement prendre le pas sur tout ce qui n'est pas une urgence vitale. On a ainsi vu des armées en marche s'arrêter pour tailler le bout de bras avec des pêcheurs ou des chasseurs abandonner une piste parce qu'ils ont rencontrés des compatriotes.
  2. Les Okhina'en, Liam'Lon et les Oloden accordent ainsi une importance particulière à leur hérédité, alors que les Elloran et les Rimdehl préfèrent dire auprès de qui ils ont étudié.
  3. Ce qui signifie donc que, bien souvent, même des clans en guerre vont prendre le temps de se présenter et de s'échanger des nouvelles avant de lancer les combats : on est très fair-play chez les Emishen.
  4. Une tradition que les Emishen partagent d'ailleurs avec les Hornois et les Fehnri...
  5. L'égoïsme ou l'avarice étant considérés comme des péchés par les Emishen
  6. Nom qui partage la même racine, leldei (la parole), avec le Leldeyam (troc) et le rite du Leldoghan lui-même
  7. ...et ne se lanceraient jamais dans le négoce avant d'avoir palabré longuement.