Stéréotypes venteux : Différence entre versions

De Marches du Nord
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Lorsqu'on est par originaire d'Emib et que l'on fréquente les "Venteux", plusieurs choses frappent particulièrement l'esprit. Si les individus réellement ouverts d'esprit, qui connaissent réellement la Langue des Vents (qui est un idiome plein de subtilités poétiques dont la moitié du sens est fréquemment implicite et/ou métaphorique) ou qui s'avèrent assez sociables pour s'intégrer à la population indigène parviennent à dépasser la première impression, la caricature ci-dessous résume le point de vue de la grande majorité des Remans, Hornois, Semi, Fehnri et même, dans une moindre mesure, de certains Kerdans.
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Lorsqu'on est par originaire d'[[Emib]] et que l'on fréquente les "Venteux", plusieurs choses frappent particulièrement l'esprit. <br>
 
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Si quelques individus parviennent à dépasser la première impression (les gens réellement ouverts d'esprit, qui maîtrisent la [[Langue des Vents]] -un idiome plein de subtilités poétiques dont la moitié du sens est fréquemment implicite et/ou métaphorique- ou s'avèrent assez sociables pour s'intégrer à la population indigène), la caricature ci-dessous résume le point de vue de la grande majorité des [[Remans]], [[Hornois]], [[Fehnri]] et même, dans une moindre mesure, de certains [[Kerdans]].
  
  
 
=== "Ces sauvages sont à peine plus évolués que des bêtes." ===
 
=== "Ces sauvages sont à peine plus évolués que des bêtes." ===
Ils n'ont aucune morale (même la propriété privée, ça leur échappe), ils sont désespérément naïfs et mièvres ("Holala, mais tu m'as menti, méchant réman ! _Hé ben ouais. Qu'est-ce que tu vas faire connard ?! _Je vais plus te parler pendant des jours, na ! _Oh ben oui, ça fait très peur...").  
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'''Ils n'ont aucune morale''' (même la propriété privée, ça leur échappe), ils sont désespérément naïfs et mièvres ("Holala, mais tu m'as menti, méchant réman ! _Hé ben ouais. Qu'est-ce que tu vas faire connard ?! _Je vais plus te parler pendant des jours, na ! _Oh ben oui, ça fait très peur..."). <br>
 
Ils baisent comme des singes, parfois entre hommes (à cette seule idée, le réman moyen s'étouffe avec sa soupe) ou entre frères et sœurs (évidemment, vu que chez eux le terme ne désigne pas une parenté génétique), ils croient pas aux Pères, aux Premiers, au courroux divin ou aux fêtes lunaires sacrées, à la place ils "écoutent le chant du vent" et ils parlent aux bêtes (imaginez votre tête si, à notre époque, un mec vous expliquait très sérieusement qu'ils causent avec les oiseaux et les poissons : hé ben pareil).
 
Ils baisent comme des singes, parfois entre hommes (à cette seule idée, le réman moyen s'étouffe avec sa soupe) ou entre frères et sœurs (évidemment, vu que chez eux le terme ne désigne pas une parenté génétique), ils croient pas aux Pères, aux Premiers, au courroux divin ou aux fêtes lunaires sacrées, à la place ils "écoutent le chant du vent" et ils parlent aux bêtes (imaginez votre tête si, à notre époque, un mec vous expliquait très sérieusement qu'ils causent avec les oiseaux et les poissons : hé ben pareil).
Les Venteux n'ont même pas de panthéon identifiable, pas réellement de sentiment "religieux" au sens mystique ou identitaire du terme, plutôt une espèce de philosophie globale qui, pour tous ceux qui n'y ont pas accès, se traduit essentiellement par une longue suite d'interdits idiots et de superstitions obscures.
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Les Venteux n'ont même pas de panthéon identifiable, pas réellement de sentiment "religieux" au sens mystique ou identitaire du terme, plutôt une espèce de philosophie globale qui, pour tous ceux qui n'y ont pas accès, se traduit essentiellement par une longue suite d'interdits idiots et de superstitions obscures.<br>
Ils font d'ailleurs presque ouvertement de la sorcellerie horrible avec des entrailles, des ossements et des poudres qui puent (effectivement), alors que c'est une hérésie majeure (et punissable de mort) pour la société impériale.
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Ils font d'ailleurs presque ouvertement '''de la [[sorcellerie]] horrible''' avec des entrailles, des ossements et des poudres qui puent (effectivement), alors que c'est une hérésie majeure (et punissable de mort) pour la société impériale.
Ils sont aussi complètement arriérés, voire abrutis, ne savent même pas se servir d'une bêche (c'est pas faux), n'utilisent presque pas de métal (vraiment : les épées sortent plutôt de l'ordinaire, les pointes de flèches sont souvent en os ou en pierre travaillée, tous les ustensiles sont en bois, en os ou en terre cuite), ils courent la campagne à moitié à poils (pas en hiver certes, mais leur rapport à la nudité est plus proche de celui du baba-cool volontiers nudiste que de celui de l'occidental chrétien), ils n'ont pas de vraies maisons (effectivement, le Cercle des Cascades est un village de huttes en bois et de tentes, le seul truc en dur, c'est la muraille de pierres sèches : vu le climat, vous ne comprenez même pas comment ça peut tenir), aucune organisation (il faut admettre que la structure politique est pour le moins vague), n'ont aucun sens de la discipline ou des responsabilités (c'est très discutable, puisqu'ils sont par exemple très à cheval sur la parole donnée, mais n'ont pas du tout les mêmes priorités que les sociétés plus structurées), ils sentent le cheval et la peau de bête (ben oui) et il passent leur temps à hululer dans leur sabir (en effet, ça chante tout le temps).  
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Ayant fort peu de tabous, ils n'ont -du point de vue de la puritaine société impériale- absolument aucune tenue et se complaisent à discuter très explicitement de sexe, de leurs fonctions métaboliques les moins reluisantes, de leurs démangeaisons variées ou de la putréfaction avancée de vos chers disparus.
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Ils sont aussi '''complètement arriérés, voire abrutis''', ne savent même pas se servir d'une bêche (c'est pas faux), n'utilisent presque pas de métal (vraiment : les épées sortent plutôt de l'ordinaire, les pointes de flèches sont souvent en os ou en pierre travaillée, tous les ustensiles sont en bois, en os ou en terre cuite), ils courent la campagne à moitié à poils (pas en hiver certes, mais leur rapport à la nudité est plus proche des baba-cool volontiers nudistes que de l'occidental chrétien), ils n'ont pas de vraies maisons (effectivement, le [[Cercle des Cascades]] est un village de huttes en bois et de tentes, le seul truc en dur, c'est la muraille de pierres sèches : vu le climat, vous ne comprenez même pas comment ça peut tenir), aucune organisation (il faut admettre que la [[:Catégorie:Clans|structure politique]] est pour le moins vague), n'ont aucun sens de la discipline ou des responsabilités (c'est très discutable, puisqu'ils sont par exemple très à cheval sur la parole donnée, mais n'ont pas du tout les mêmes priorités que les sociétés plus structurées), ils sentent le cheval et la peau de bête (ben oui) et il passent leur temps à hululer dans leur sabir (en effet, ça chante tout le temps).
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'''Ayant fort peu de tabous''', ils n'ont -du point de vue de la puritaine société impériale- absolument aucune tenue et se complaisent à discuter très explicitement de sexe, de leurs fonctions métaboliques les moins reluisantes, de leurs démangeaisons variées ou de la putréfaction avancée de vos chers disparus.<br>
 
Ils ne sont pas non plus sensible aux relations formelles, à l'étiquette ou à la préséance hiérarchique sociale et, lorsqu'ils apprennent la Langue des Pères, ils affectionnent généralement le tutoiement, le lexique le plus familier, les expressions argotiques et une grammaire approximative qui les font s'exprimer sur les sujets les plus sérieux comme une bande de jeunes va-nu-pieds inconséquents, déclenchant chez les étrangers toutes sortes de réactions épidermiques dont les Venteux sont perpétuellement surpris.
 
Ils ne sont pas non plus sensible aux relations formelles, à l'étiquette ou à la préséance hiérarchique sociale et, lorsqu'ils apprennent la Langue des Pères, ils affectionnent généralement le tutoiement, le lexique le plus familier, les expressions argotiques et une grammaire approximative qui les font s'exprimer sur les sujets les plus sérieux comme une bande de jeunes va-nu-pieds inconséquents, déclenchant chez les étrangers toutes sortes de réactions épidermiques dont les Venteux sont perpétuellement surpris.
Par ailleurs, la place des femmes dans la société emishen (c'est à dire sans aucune discrimination apparente) est généralement considéré par les autres peuples comme le signe d'un grave manque de caractère de la part des hommes ou d'une espèce d'infantilisme atavique (ça change un peu quand une guerrière-mère de famille vous démonte un soldat impérial avant de s'en retourner à la cueillette des champignons) .
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Par ailleurs, [[Les Femmes remanes|la place des femmes]] dans la société emishen (c'est à dire sans aucune discrimination apparente) est généralement considéré par les autres peuples comme le signe d'un grave manque de caractère de la part des hommes ou d'une espèce d'infantilisme atavique (ça change un peu quand une guerrière-mère de famille vous démonte un soldat impérial avant de s'en retourner à la cueillette des champignons). <br>
 
Pour le colon reman de base, la seule différence entre les Emishen et les Géants, c'est la taille et les fringues en plumes.
 
Pour le colon reman de base, la seule différence entre les Emishen et les Géants, c'est la taille et les fringues en plumes.
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=== "Ils sont complètements siphonnés." ===
 
=== "Ils sont complètements siphonnés." ===
En plus du côté "sauvage", il faut reconnaître que mis à part une poignée de gens (souvent des négociants, des chamans ou les incontournables Lewyllen qui ont pris le temps d'apprendre à communiquer avec les étrangers), on ne comprend rien à ce qu'ils racontent ou à leur manière de prendre leurs décisions (et réciproquement).  
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Par exemple, les remans sont les occupants-civilisateurs mais il ne reconnaissent pas l'autorité impériale (mais vraiment : ils se sentent même pas concernés la plupart du temps) ni les vertus morales et matérielles de la culture remane infiniment plus "évoluée" (évidemment), ils n'ont pas l'air de s'énerver tellement quand on les chasse de quelques part mais par contre ils peuvent faire tout un bordel parce que on a abattu un piaf dans la forêt ou coupé un arbre parmi des millions d'autres. Ils sont très surpris que les étrangers prennent ombrage qu'ils se barrent avec leur hache sans demander ou qu'ils couchent avec leurs femmes (sans rire : ça arrive) alors qu'ils sont prêts à égorger le colon qui aura cogné un canasson rétif ou installé un campement sur une colline prétendument "sacrée" où, honnêtement, il n'y a RIEN : pas une stèle, pas un poteau, que dalle. Hé ben eux, ils affirment que ça se voit.
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En plus du côté "sauvage", il faut reconnaître que mis à part une poignée de gens (souvent des négociants, des chamans ou les incontournables Lewyllen qui ont pris le temps d'apprendre à communiquer avec les étrangers), on ne comprend rien à ce qu'ils racontent ou à leur manière de prendre leurs décisions (et réciproquement). <br>
Ils sont prêts à mourir pour défendre une bande de gamins qui ne sont même pas de leur famille, mais si leurs cousins arrivent en racontant qu'ils viennent d'être massacrés par de méchants envahisseurs, il leur faut des semaines de causeries pour décider de ce qu'ils vont faire (si, toutefois, ils finissent par prendre une décision).
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Par exemple, les remans sont les occupants-civilisateurs mais les Emishen ne reconnaissent pas l'autorité impériale (mais vraiment : ils se sentent même pas concernés la plupart du temps) ni les vertus morales et matérielles de la culture remane infiniment plus "évoluée" (évidemment).  <br>
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Ils n'ont pas l'air de s'énerver tellement quand on les chasse de quelques part mais par contre ils peuvent faire tout un bordel parce que on a abattu un piaf dans la forêt ou coupé un arbre parmi des millions d'autres. Et ils sont très surpris que les étrangers prennent ombrage qu'ils se barrent avec leur hache sans demander ou qu'ils couchent avec leurs femmes (sans rire : ça arrive) alors qu'ils sont prêts à égorger le colon qui aura cogné un canasson rétif ou installé un campement sur une colline prétendument "sacrée" où, honnêtement, il n'y a RIEN : pas une stèle, pas un poteau, que dalle. Hé ben eux, ils affirment que ça se voit.
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Ils sont prêts à mourir pour défendre une bande de gamins qui ne sont même pas de leur famille, mais si leurs cousins arrivent en racontant qu'ils viennent d'être massacrés par de méchants envahisseurs, il leur faut des semaines de causeries pour décider de ce qu'ils vont faire (si, toutefois, ils finissent par prendre une décision). <br>
 
Des fois, on leur explique un truc complètement rationnel et ils vous répondent posément que leur cheval (ou même "le Vent") n'est pas d'accord (sans rire).
 
Des fois, on leur explique un truc complètement rationnel et ils vous répondent posément que leur cheval (ou même "le Vent") n'est pas d'accord (sans rire).
Ils ont aussi un côté stoïco-fataliste vraiment énervant ("Oh putain, mais il tombe des cordes, là. _Ben oui. _Attention, la rivière déborde !! _Ben oui, vu qu'i pleut. _Mais on va crever, là, bordel !!! _Toi oui, c'est bien possible. Moi non, mais j'serai triste pour toi.").
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Ils traitent par ailleurs les chevaux, tous les oiseaux-totems (sans distinction de tribus), les Géants et même éventuellement leurs moutons comme s'ils étaient des personnes, au même titre qu'eux-mêmes et parfois d'avantage que les étrangers, ce qui là encore déclenchent souvent des emportements et des représailles que les colons trouvent complètement disproportionnées. A l'inverse, ils peuvent être étrangement méfiants vis à vis des animaux domestiques comme les chats, les chiens et les vaches, qu'eux-mêmes n'élèvent pratiquement jamais.
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Ils ont aussi '''un côté stoïco-fataliste''' vraiment énervant ("''Oh putain, mais il tombe des cordes, là. _Ben oui. _Attention, la rivière déborde !! _Ben oui, vu qu'i pleut. _Mais on va crever, là, bordel !!! _Toi oui, c'est bien possible. Moi non, mais j'serai triste pour toi.''"). <br>
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Ils traitent par ailleurs les [[Chevaux Emishen|chevaux]], tous les [[Oiseaux6totemsoiseaux-totems]] (sans distinction de tribus), les [[Géants]] et même éventuellement leurs moutons comme s'ils étaient des personnes, au même titre qu'eux-mêmes et parfois d'avantage que les étrangers, ce qui là encore déclenchent souvent des emportements et des représailles que les colons trouvent complètement disproportionnées. A l'inverse, ils peuvent être étrangement méfiants vis à vis des animaux domestiques comme les chats, les chiens et les vaches, qu'eux-mêmes n'élèvent pratiquement jamais. <br>
 
Les emishen ne réagissent d'ailleurs de manière très forte à la violence sociale ou familiale et peuvent parfaitement s'en prendre physiquement à une mère qui mettait la fessée à un gosse indiscipliné, déclenchant souvent par contre-coup des incidents à n'en plus finir.
 
Les emishen ne réagissent d'ailleurs de manière très forte à la violence sociale ou familiale et peuvent parfaitement s'en prendre physiquement à une mère qui mettait la fessée à un gosse indiscipliné, déclenchant souvent par contre-coup des incidents à n'en plus finir.
  
Leurs lois sacrées ont une application tout à fait surprenante à la guerre, et qui handicape grandement leurs capacités combatives qui, individuellement, sont souvent impressionnantes. En effet, le combat est chez eux encadré par différent rituels qui leur imposent d'abord de déclarer explicitement leurs intentions belliqueuses et de laisser aux ennemis la possibilité de négocier, ils n'affrontent sciemment que ceux qui se déclarent eux-mêmes belligérants (et trouvent très cavaliers qu'on se mêlent à la bagarre sans s'être présenté ou qu'on attaque quelqu'un qui s'est déclaré "neutre") et préfèrent aux affrontements généralisés l'organisation de duels (individuels ou en groupe) aux enjeux négocié à l'avance.  
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Leurs lois sacrées ont [[Hagad#Les Lois de la Guerre|une application tout à fait surprenante à la guerre]], et qui handicape grandement leurs capacités combatives qui, individuellement, sont souvent impressionnantes. <br>
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En effet, le combat est chez eux encadré par différent rituels qui leur imposent d'abord de déclarer explicitement leurs intentions belliqueuses et de laisser aux ennemis la possibilité de négocier, ils n'affrontent sciemment que ceux qui se déclarent eux-mêmes belligérants (et trouvent très cavaliers qu'on se mêlent à la bagarre sans s'être présenté ou qu'on attaque quelqu'un qui s'est déclaré "neutre") et préfèrent aux affrontements généralisés l'organisation de duels (individuels ou en groupe) aux enjeux négocié à l'avance. <br>
 
Évidemment, face à un envahisseur hautement militarisés qui ne rechigne pas à attaquer par surprise ou à s'en prendre aux civils, vieillards et enfants compris, ils sont très sérieusement désavantagés et déstabilisés.  
 
Évidemment, face à un envahisseur hautement militarisés qui ne rechigne pas à attaquer par surprise ou à s'en prendre aux civils, vieillards et enfants compris, ils sont très sérieusement désavantagés et déstabilisés.  
  
La réaction à "l'impolitesse militaire" remane s'est développée depuis une décennie sous la forme de la rébellion "Korme" (les Défunts), une faction extrémiste et, comparativement aux habitudes emishen, incroyablement violente. Car lorsqu'ils sont vraiment remontés, ils quitte la société "civile", se rasent le crâne, se peinturlurent en noir, sont déclarés "défunts" et commencent à surgir de n'importe où la nuit pour égorger tout le monde en laissant des cadavres éviscérés plantés sur des poteaux aux abords des maisons incendiées. Et le passage de l'un à l'autre, pour les remans, est vraiment mystérieux : une petite gonzesse mignonne qui vous disait il y a deux semaines que vous étiez "un vilain méchant" et qu'elle vous parlerait plus décide de se couper les cheveux et, soudain, ça devient "Freddy, les Griffes de la Nuit". Comme ça, sans transition : pouf.  
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La réaction à "l'impolitesse militaire" remane s'est développée depuis une décennie sous '''la forme de la rébellion "[[Korme]]"''' (les Défunts), une faction extrémiste et, comparativement aux habitudes emishen, incroyablement violente. <br>
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Car lorsqu'ils sont vraiment remontés, ils quitte la société "civile", se rasent le crâne, se peinturlurent en noir, sont déclarés "défunts" et commencent à surgir de n'importe où la nuit pour égorger tout le monde en laissant des cadavres éviscérés plantés sur des poteaux aux abords des maisons incendiées. Et le passage de l'un à l'autre, pour les remans, est vraiment mystérieux : une petite gonzesse mignonne qui vous disait il y a deux semaines que vous étiez "un vilain méchant" et qu'elle vous parlerait plus décide de se couper les cheveux et, soudain, ça devient "Freddy, les Griffes de la Nuit". Comme ça, sans transition : pouf.  
 
Être confusément conscients que n'importe lequel des gentils primitifs qui font paître leurs moutons et parlent aux oiseaux peuvent du jour au lendemain se transformer en monstre de violence a tendance à terrifier les colons dans la plupart des régions où les "Kormes" sont actifs, ce qui décuple les réflexes sécuritaires et violents, accentuant progressivement le phénomène.
 
Être confusément conscients que n'importe lequel des gentils primitifs qui font paître leurs moutons et parlent aux oiseaux peuvent du jour au lendemain se transformer en monstre de violence a tendance à terrifier les colons dans la plupart des régions où les "Kormes" sont actifs, ce qui décuple les réflexes sécuritaires et violents, accentuant progressivement le phénomène.
  
 
Alors, évidemment, la communication est "un peu délicate" la plupart du temps et, même avec la meilleure volonté du monde, il y a vraiment de quoi se taper la tête contre les murs.
 
Alors, évidemment, la communication est "un peu délicate" la plupart du temps et, même avec la meilleure volonté du monde, il y a vraiment de quoi se taper la tête contre les murs.
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=== "À part ça, ils sont bien braves..." ===
 
=== "À part ça, ils sont bien braves..." ===
Déjà, il y a leur côté "les hippies à la montagne" : ça chante tout le temps, ça rigole tout le temps, ça va se rouler dans les fourrés avec le premier venu, ils adorent raconter leurs rêves (même les trucs vraiment débiles) et bavarder sur leurs sentiments pendant des heures, raconter des tas de ragots sur les amours de Machine ou les problèmes domestiques de Truc, faire de la poésie de manière complètement impromptues ou observer les coutumes des colons en plaisantant gaiement (imaginez une bande de grands ados qui sèchent les cours en fumant des pétards et vous aurez une assez bonne idée de l'ambiance générale).  
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Vus le climat, la rudesse des reliefs et la situation politique, leur mentalité de "joyeuse colonie de vacances" a de quoi déstabiliser quand on passe quelques jours avec eux et qu'on comprend un peu leur langue ("Tiens, j'irai bien cueillir des fraises. _Avec le vent qui fait vaciller les sapins, toi, tu veux sortir ?! _Ben oui, c'pas dans la grotte que je vais trouver des fraises, dirsen.", "Regardez, y a un renard ! _(tous en chœur) Bonjour Monsieur Renaaaaard !", "Ouais ! Allons tous nous baigner à la cascade (à 5°c) !", "Vous, vous êtes cool en fait, alors ce soir on va dans mon village, on fait la teuf et on chantera des chansons !"). Individuellement comme en groupe, ils sont extrêmement expressifs, démonstratifs et bizarrement affectueux. Ils sont aussi très capables d'apprécier les qualités d'un ennemi et le féliciter pour cela, exprimant même parfois le regret devoir le combattre (sans toutefois reculer si la situation exige de combattre, en tous cas à leur manière "naïve"). Logiquement, il s'entendent beaucoup mieux avec les enfants qu'avec les adultes remans.
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Déjà, il y a leur côté "'''les hippies à la montagne'''" : ça chante tout le temps, ça rigole tout le temps, ça va se rouler dans les fourrés avec le premier venu, ils adorent raconter leurs rêves (même les trucs vraiment débiles) et bavarder sur leurs sentiments pendant des heures, raconter des tas de ragots sur les amours de Machine ou les problèmes domestiques de Truc, faire de la poésie de manière complètement impromptues ou observer les coutumes des colons en plaisantant gaiement (imaginez une bande de grands ados qui sèchent les cours en fumant des pétards et vous aurez une assez bonne idée de l'ambiance générale).
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Vus le climat, la rudesse des reliefs et la situation politique, leur mentalité de "joyeuse colonie de vacances" a de quoi déstabiliser quand on passe quelques jours avec eux et qu'on comprend un peu leur langue ("Tiens, j'irai bien cueillir des fraises. _Avec le vent qui fait vaciller les sapins, toi, tu veux sortir ?! _Ben oui, c'pas dans la grotte que je vais trouver des fraises, dirsen.", "Regardez, y a un renard ! _(tous en chœur) Bonjour Monsieur Renaaaaard !", "Ouais ! Allons tous nous baigner à la cascade (à 5°c) !", "Vous, vous êtes cool en fait, alors ce soir on va dans mon village, on fait la teuf et on chantera des chansons !"). Individuellement comme en groupe, ils sont extrêmement expressifs, démonstratifs et bizarrement affectueux. Ils sont aussi très capables d'apprécier les qualités d'un ennemi et le féliciter pour cela, exprimant même parfois le regret devoir le combattre (sans toutefois reculer si la situation exige de combattre, en tous cas à leur manière "naïve"). <br>
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Logiquement, il s'entendent beaucoup mieux avec les enfants qu'avec les adultes remans.
  
 
Si vous avez vraiment besoin d'aide (et que vous arrivez à leur expliquer que c'est important, ce qui n'est pas toujours gagné d'avance), ils peuvent instantanément se mettre en quatre pour vous aider, prêter leur cheval à quelqu'un qu'ils connaissent depuis deux heures (vous savez combien ça vaut, un cheval ?!?), ils partagent leur tentes et leur bouffe avec à peu près n'importe qui (même s'il sont fâchés avec vous et qu'ils vous "parlent plus").
 
Si vous avez vraiment besoin d'aide (et que vous arrivez à leur expliquer que c'est important, ce qui n'est pas toujours gagné d'avance), ils peuvent instantanément se mettre en quatre pour vous aider, prêter leur cheval à quelqu'un qu'ils connaissent depuis deux heures (vous savez combien ça vaut, un cheval ?!?), ils partagent leur tentes et leur bouffe avec à peu près n'importe qui (même s'il sont fâchés avec vous et qu'ils vous "parlent plus").
Détail amusant, ils appellent indistinctement tous les étrangers "Dirsen", comme si c'était leur prénom ("Hé Dirsen viens voir deux secondes...", l'étranger est prié de devinez tout seul à qui ça s'adresse) ou les rebaptisent carrément (et inopinément) dès qu'ils les fréquentent un peu longtemps ("Il est là Tête-de-Caillou ? _C'est qui, "Tête-de-Caillou" ?!?. _Ben, "Tête-de-Caillou" quoi : le grand chauve tout dur qui fait la gueule. _Hé le Hornois, viens-voir ! Je crois qu'il y a un Venteux qui veut te parler...").
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Détail amusant, soit '''ils appellent indistinctement tous les étrangers "[[Dirsen]]"''', comme si c'était leur prénom ("''Hé Dirsen viens voir deux secondes...''", l'étranger est prié de devinez tout seul à qui ça s'adresse), soit ils les rebaptisent carrément (et inopinément) dès qu'ils les fréquentent un peu longtemps ("''Il est là, [[Bahardabras "le Hornois"|Tête-de-Caillou]] ? _C'est qui, "Tête-de-Caillou" ?!?. _Ben, "Tête-de-Caillou" quoi : le grand chauve tout dur qui fait la gueule. _Hé le Hornois, viens-voir ! Je crois qu'il y a un Venteux qui veut te parler...''").
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► À ce stade de la campagne, la plupart des [[Protagonistes]] qui sont souvent en relation avec les [[Elloran]] se sont donc vu affubler de surnoms emishen variés, comme "[[Durgaut|l'Étrange Étranger]]", "[[Vighnu Pratesh|le Noir Silencieux]]", "[[Adira Pratesh|À Moi ! À Moi !]]" ou "[[Andréas "Ordan"|l'Amnésique]]" ou "[[Virgile de Narcejane|Mange-Cailloux]]".
  
Le truc "jamais méchant mais un peu énervant", c'est que la bande de joyeux zazous arriérés contemple régulièrement les colons avec le tendre sourire de compassion qu'on a d'ordinaire pour les chiots maladroits qui s'emmêlent dans leurs pattes.  
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Le truc "jamais méchant mais un peu énervant", c'est que la bande de joyeux zazous arriérés contemple régulièrement les colons avec le tendre sourire de compassion qu'on a d'ordinaire pour les chiots maladroits qui s'emmêlent dans leurs pattes. <br>
 
Ça se joue principalement sur des questions de "vie au grand air" ou des techniques qui leur paraissent complètement évidentes et dont ils ne voient pas comment elles peuvent échapper aux étrangers. D'ailleurs, quand ils essayent gentiment de leur expliquer, c'est souvent pour constater que les pauvres "dirsen" ne connaissent vraiment à rien à rien et que, déjà, s'ils ne savent pas identifier les chants d'oiseaux dans la forêt la nuit, les techniques de chasse ce sera pas pour tout de suite...
 
Ça se joue principalement sur des questions de "vie au grand air" ou des techniques qui leur paraissent complètement évidentes et dont ils ne voient pas comment elles peuvent échapper aux étrangers. D'ailleurs, quand ils essayent gentiment de leur expliquer, c'est souvent pour constater que les pauvres "dirsen" ne connaissent vraiment à rien à rien et que, déjà, s'ils ne savent pas identifier les chants d'oiseaux dans la forêt la nuit, les techniques de chasse ce sera pas pour tout de suite...
Ça produit surtout de grands moments de surréalisme lorsque ça s'applique à des notions plus culturelles, philosophiques ou relationnelles, façon : "Ben pourquoi tu t'énerves contre Petite-Fleur-Joyeuse ? Elle veut juste baiser, hein. _Non mais j'la connais pas cette fille, moi je baise pas avec n'importe qui ! _Hooo ben c'est triste, ça. T'as bobo à ta bite ? Tu veux que le chaman y jette un œil ? Tu préfères les garçons ? Tu peux lui dire, hein, elle sera pas vexée. Nan mais reviens, qu'est-ce qui te prend ? Tu cours vers la falaise là en plus, fais gaffe...").
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Inversement, ils sont capables de balancer aux gens qu'ils affectionnent un peu des électrochocs psychologiques complètement inattendus sans pratiquement aucune notion d'intimité ou de "distance sociale" ("C'est parce que tu crois que c'est ta faute si ton pote est mort l'autre jour et que t'es en colère contre ton capitaine parce que c'est lui le chef responsable mais que lui croit pas que c'est sa faute ni la tienne qu'au final tu t'énerves contre moi parce que j'ai paumé ta flèche, ou c'est vraiment une flèche assez importante pour que tu nous pourrisses tout le voyage avec ça ?").
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Ça produit surtout de grands moments de surréalisme lorsque ça s'applique à des notions plus culturelles, philosophiques ou relationnelles, façon : ''"Ben pourquoi tu t'énerves contre Petite-Fleur-Joyeuse ? Elle veut juste baiser, hein. _Non mais j'la connais pas cette fille, moi je baise pas avec n'importe qui ! _Hooo ben c'est triste, ça. T'as bobo à ta bite ? Tu veux que le chaman y jette un œil ? Tu préfères les garçons ? Tu peux lui dire, hein, elle sera pas vexée. Nan mais reviens, qu'est-ce qui te prend ? Tu cours vers la falaise là en plus, fais gaffe..."''.<br>
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Inversement, ils sont capables de balancer aux gens qu'ils affectionnent un peu des électrochocs psychologiques complètement inattendus sans pratiquement aucune notion d'intimité ou de "distance sociale" ("''C'est parce que tu crois que c'est ta faute si ton pote est mort l'autre jour et que t'es en colère contre ton capitaine parce que c'est lui le chef responsable mais que lui croit pas que c'est sa faute ni la tienne qu'au final tu t'énerves contre moi parce que j'ai paumé ta flèche, ou c'est vraiment une flèche assez importante pour que tu nous pourrisses tout le voyage avec ça ?''").
  
 
En tous cas, ils trouvent les étrangers bizarrement susceptibles et passent leur temps à leur demander "Mais pourquoi tu t'énerves ?". Et ça aussi, c'est énervant.
 
En tous cas, ils trouvent les étrangers bizarrement susceptibles et passent leur temps à leur demander "Mais pourquoi tu t'énerves ?". Et ça aussi, c'est énervant.
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En plus du décalage technique et psychologique, il y a la perpétuelle impression que ces singes idiots ont des super-pouvoirs. Au début, c'est très inquiétant, mais puisque le temps passe et qu'on constate qu'ils n'en menacent jamais personne, ça devient surtout très injuste : le brave colon galère comme un perdu pour arracher le moindre truc mangeable à la Nature indomptée, alors que les Venteux, ça leur tombe tout cuit dans le bec, ils pourraient presque choisir la sauce.
 
En plus du décalage technique et psychologique, il y a la perpétuelle impression que ces singes idiots ont des super-pouvoirs. Au début, c'est très inquiétant, mais puisque le temps passe et qu'on constate qu'ils n'en menacent jamais personne, ça devient surtout très injuste : le brave colon galère comme un perdu pour arracher le moindre truc mangeable à la Nature indomptée, alors que les Venteux, ça leur tombe tout cuit dans le bec, ils pourraient presque choisir la sauce.
  
Par exemple, la pêche : le Reman prépare une ligne avec un appât planté sur un hameçon, la lance dans un lac et attend silencieusement pendant des heures. Les venteux, eux, rentrent dans l'eau (glaciale) jusqu'au genoux, font des petits ronds à la surface de l'eau avec leurs doigts, posent une mouche vivante sur l'eau (et la mouche reste !) et, en quelques instants, un poisson se pointe pour la bouffer, qu'ils saisissent à la main (ou embroche d'un coup sec avec une espèce de vague branchette pointue), comme si c'était parfaitement normal. Et là, ils regardent le brave colon assis sur la berge comme un con avec sa canne et ils demandent : "Mais... qu'est-ce que tu fais, dirsen ? _J'essaye d'attraper du poisson, figure-toi. _Houlà mais t'en a pour des plombes, pourquoi tu fais comme ça ? _Parce que je sais pas parler aux poissons ! _Nan mais c'est surtout poser la mouche, qui compte, hein... _Oui ben moi je sais pas attraper les mouches vivantes ni les faire tenir sur l'eau. _Ah merde, pas de bol. Ça doit compliquer vachement, non ?".  
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Par exemple, '''la pêche''' : le Reman prépare une ligne avec un appât planté sur un hameçon, la lance dans un lac et attend silencieusement pendant des heures. Les venteux, eux, rentrent dans l'eau (glaciale) jusqu'au genoux, font des petits ronds à la surface de l'eau avec leurs doigts, posent une mouche vivante sur l'eau (et la mouche reste !) et, en quelques instants, un poisson se pointe pour la bouffer, qu'ils saisissent à la main (ou embroche d'un coup sec avec une espèce de vague branchette pointue), comme si c'était parfaitement normal. <br>
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Et là, ils regardent le brave colon assis sur la berge comme un con avec sa canne et ils demandent : "Mais... qu'est-ce que tu fais, dirsen ? _J'essaye d'attraper du poisson, figure-toi. _Houlà mais t'en a pour des plombes, pourquoi tu fais comme ça ? _Parce que je sais pas parler aux poissons ! _Nan mais c'est surtout poser la mouche, qui compte, hein... _Oui ben moi je sais pas attraper les mouches vivantes ni les faire tenir sur l'eau. _Ah merde, pas de bol. Ça doit compliquer vachement, non ?".  
  
Ils n'ont manifestement pas tous accès aux même "sortilèges" mais il faut globalement s'habituer à ce qu'ils affirment savoir des tas de choses sur ce qui s'est passé il y a trois jours dans un village dont on a pas de nouvelles, s'orientent dans le noir comme en plein jour, prédisent la météo sans aucun indice sensible ou qu'ils décident soudain d'aller chasser sur l'autre versant de la montagne, à deux heures de crapahutage laborieux, parce que "Y a un daim : si on traîne pas, il y sera encore quand on arrivera !"
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Ils n'ont manifestement pas tous accès aux même "sortilèges" mais il faut globalement s'habituer à ce qu'ils affirment savoir des tas de choses sur ce qui s'est passé il y a trois jours dans un village dont on a pas de nouvelles, s'orientent dans le noir comme en plein jour, prédisent la météo sans aucun indice sensible ou qu'ils décident soudain d'aller chasser sur l'autre versant de la montagne, à deux heures de crapahutage laborieux, parce que "Y a un daim : si on traîne pas, il y sera encore quand on arrivera !"<br>
 
Quand ça rate (car ça arrive), il est tentant de mettre ça sur le compte de toutes les autres superstitions idiotes qu'ils affectionnent. Quand ça marche et qu'ils trouvent ça bien naturel, c'est très troublant. Mais en général, les Emishens évitent de trop en parler aux étrangers parce que, étrangement, "ça les énerve" : beaucoup de colons considèrent en effet cela comme de la sorcellerie et s'en inquiètent ou s'en offusquent fréquemment.  
 
Quand ça rate (car ça arrive), il est tentant de mettre ça sur le compte de toutes les autres superstitions idiotes qu'ils affectionnent. Quand ça marche et qu'ils trouvent ça bien naturel, c'est très troublant. Mais en général, les Emishens évitent de trop en parler aux étrangers parce que, étrangement, "ça les énerve" : beaucoup de colons considèrent en effet cela comme de la sorcellerie et s'en inquiètent ou s'en offusquent fréquemment.  
 
Mais ça ne commence à faire vraiment peur que lorsqu'on réalise que, si ça se trouve, les Kormes aussi peuvent faire ce genre de choses...
 
Mais ça ne commence à faire vraiment peur que lorsqu'on réalise que, si ça se trouve, les Kormes aussi peuvent faire ce genre de choses...

Version du 26 mars 2016 à 21:40

Lorsqu'on est par originaire d'Emib et que l'on fréquente les "Venteux", plusieurs choses frappent particulièrement l'esprit.
Si quelques individus parviennent à dépasser la première impression (les gens réellement ouverts d'esprit, qui maîtrisent la Langue des Vents -un idiome plein de subtilités poétiques dont la moitié du sens est fréquemment implicite et/ou métaphorique- ou s'avèrent assez sociables pour s'intégrer à la population indigène), la caricature ci-dessous résume le point de vue de la grande majorité des Remans, Hornois, Fehnri et même, dans une moindre mesure, de certains Kerdans.


"Ces sauvages sont à peine plus évolués que des bêtes."

Ils n'ont aucune morale (même la propriété privée, ça leur échappe), ils sont désespérément naïfs et mièvres ("Holala, mais tu m'as menti, méchant réman ! _Hé ben ouais. Qu'est-ce que tu vas faire connard ?! _Je vais plus te parler pendant des jours, na ! _Oh ben oui, ça fait très peur...").
Ils baisent comme des singes, parfois entre hommes (à cette seule idée, le réman moyen s'étouffe avec sa soupe) ou entre frères et sœurs (évidemment, vu que chez eux le terme ne désigne pas une parenté génétique), ils croient pas aux Pères, aux Premiers, au courroux divin ou aux fêtes lunaires sacrées, à la place ils "écoutent le chant du vent" et ils parlent aux bêtes (imaginez votre tête si, à notre époque, un mec vous expliquait très sérieusement qu'ils causent avec les oiseaux et les poissons : hé ben pareil). Les Venteux n'ont même pas de panthéon identifiable, pas réellement de sentiment "religieux" au sens mystique ou identitaire du terme, plutôt une espèce de philosophie globale qui, pour tous ceux qui n'y ont pas accès, se traduit essentiellement par une longue suite d'interdits idiots et de superstitions obscures.
Ils font d'ailleurs presque ouvertement de la sorcellerie horrible avec des entrailles, des ossements et des poudres qui puent (effectivement), alors que c'est une hérésie majeure (et punissable de mort) pour la société impériale.

Ils sont aussi complètement arriérés, voire abrutis, ne savent même pas se servir d'une bêche (c'est pas faux), n'utilisent presque pas de métal (vraiment : les épées sortent plutôt de l'ordinaire, les pointes de flèches sont souvent en os ou en pierre travaillée, tous les ustensiles sont en bois, en os ou en terre cuite), ils courent la campagne à moitié à poils (pas en hiver certes, mais leur rapport à la nudité est plus proche des baba-cool volontiers nudistes que de l'occidental chrétien), ils n'ont pas de vraies maisons (effectivement, le Cercle des Cascades est un village de huttes en bois et de tentes, le seul truc en dur, c'est la muraille de pierres sèches : vu le climat, vous ne comprenez même pas comment ça peut tenir), aucune organisation (il faut admettre que la structure politique est pour le moins vague), n'ont aucun sens de la discipline ou des responsabilités (c'est très discutable, puisqu'ils sont par exemple très à cheval sur la parole donnée, mais n'ont pas du tout les mêmes priorités que les sociétés plus structurées), ils sentent le cheval et la peau de bête (ben oui) et il passent leur temps à hululer dans leur sabir (en effet, ça chante tout le temps).

Ayant fort peu de tabous, ils n'ont -du point de vue de la puritaine société impériale- absolument aucune tenue et se complaisent à discuter très explicitement de sexe, de leurs fonctions métaboliques les moins reluisantes, de leurs démangeaisons variées ou de la putréfaction avancée de vos chers disparus.
Ils ne sont pas non plus sensible aux relations formelles, à l'étiquette ou à la préséance hiérarchique sociale et, lorsqu'ils apprennent la Langue des Pères, ils affectionnent généralement le tutoiement, le lexique le plus familier, les expressions argotiques et une grammaire approximative qui les font s'exprimer sur les sujets les plus sérieux comme une bande de jeunes va-nu-pieds inconséquents, déclenchant chez les étrangers toutes sortes de réactions épidermiques dont les Venteux sont perpétuellement surpris.

Par ailleurs, la place des femmes dans la société emishen (c'est à dire sans aucune discrimination apparente) est généralement considéré par les autres peuples comme le signe d'un grave manque de caractère de la part des hommes ou d'une espèce d'infantilisme atavique (ça change un peu quand une guerrière-mère de famille vous démonte un soldat impérial avant de s'en retourner à la cueillette des champignons).
Pour le colon reman de base, la seule différence entre les Emishen et les Géants, c'est la taille et les fringues en plumes.


"Ils sont complètements siphonnés."

En plus du côté "sauvage", il faut reconnaître que mis à part une poignée de gens (souvent des négociants, des chamans ou les incontournables Lewyllen qui ont pris le temps d'apprendre à communiquer avec les étrangers), on ne comprend rien à ce qu'ils racontent ou à leur manière de prendre leurs décisions (et réciproquement).
Par exemple, les remans sont les occupants-civilisateurs mais les Emishen ne reconnaissent pas l'autorité impériale (mais vraiment : ils se sentent même pas concernés la plupart du temps) ni les vertus morales et matérielles de la culture remane infiniment plus "évoluée" (évidemment).
Ils n'ont pas l'air de s'énerver tellement quand on les chasse de quelques part mais par contre ils peuvent faire tout un bordel parce que on a abattu un piaf dans la forêt ou coupé un arbre parmi des millions d'autres. Et ils sont très surpris que les étrangers prennent ombrage qu'ils se barrent avec leur hache sans demander ou qu'ils couchent avec leurs femmes (sans rire : ça arrive) alors qu'ils sont prêts à égorger le colon qui aura cogné un canasson rétif ou installé un campement sur une colline prétendument "sacrée" où, honnêtement, il n'y a RIEN : pas une stèle, pas un poteau, que dalle. Hé ben eux, ils affirment que ça se voit.

Ils sont prêts à mourir pour défendre une bande de gamins qui ne sont même pas de leur famille, mais si leurs cousins arrivent en racontant qu'ils viennent d'être massacrés par de méchants envahisseurs, il leur faut des semaines de causeries pour décider de ce qu'ils vont faire (si, toutefois, ils finissent par prendre une décision).
Des fois, on leur explique un truc complètement rationnel et ils vous répondent posément que leur cheval (ou même "le Vent") n'est pas d'accord (sans rire).

Ils ont aussi un côté stoïco-fataliste vraiment énervant ("Oh putain, mais il tombe des cordes, là. _Ben oui. _Attention, la rivière déborde !! _Ben oui, vu qu'i pleut. _Mais on va crever, là, bordel !!! _Toi oui, c'est bien possible. Moi non, mais j'serai triste pour toi.").
Ils traitent par ailleurs les chevaux, tous les Oiseaux6totemsoiseaux-totems (sans distinction de tribus), les Géants et même éventuellement leurs moutons comme s'ils étaient des personnes, au même titre qu'eux-mêmes et parfois d'avantage que les étrangers, ce qui là encore déclenchent souvent des emportements et des représailles que les colons trouvent complètement disproportionnées. A l'inverse, ils peuvent être étrangement méfiants vis à vis des animaux domestiques comme les chats, les chiens et les vaches, qu'eux-mêmes n'élèvent pratiquement jamais.
Les emishen ne réagissent d'ailleurs de manière très forte à la violence sociale ou familiale et peuvent parfaitement s'en prendre physiquement à une mère qui mettait la fessée à un gosse indiscipliné, déclenchant souvent par contre-coup des incidents à n'en plus finir.

Leurs lois sacrées ont une application tout à fait surprenante à la guerre, et qui handicape grandement leurs capacités combatives qui, individuellement, sont souvent impressionnantes.
En effet, le combat est chez eux encadré par différent rituels qui leur imposent d'abord de déclarer explicitement leurs intentions belliqueuses et de laisser aux ennemis la possibilité de négocier, ils n'affrontent sciemment que ceux qui se déclarent eux-mêmes belligérants (et trouvent très cavaliers qu'on se mêlent à la bagarre sans s'être présenté ou qu'on attaque quelqu'un qui s'est déclaré "neutre") et préfèrent aux affrontements généralisés l'organisation de duels (individuels ou en groupe) aux enjeux négocié à l'avance.
Évidemment, face à un envahisseur hautement militarisés qui ne rechigne pas à attaquer par surprise ou à s'en prendre aux civils, vieillards et enfants compris, ils sont très sérieusement désavantagés et déstabilisés.

La réaction à "l'impolitesse militaire" remane s'est développée depuis une décennie sous la forme de la rébellion "Korme" (les Défunts), une faction extrémiste et, comparativement aux habitudes emishen, incroyablement violente.
Car lorsqu'ils sont vraiment remontés, ils quitte la société "civile", se rasent le crâne, se peinturlurent en noir, sont déclarés "défunts" et commencent à surgir de n'importe où la nuit pour égorger tout le monde en laissant des cadavres éviscérés plantés sur des poteaux aux abords des maisons incendiées. Et le passage de l'un à l'autre, pour les remans, est vraiment mystérieux : une petite gonzesse mignonne qui vous disait il y a deux semaines que vous étiez "un vilain méchant" et qu'elle vous parlerait plus décide de se couper les cheveux et, soudain, ça devient "Freddy, les Griffes de la Nuit". Comme ça, sans transition : pouf. Être confusément conscients que n'importe lequel des gentils primitifs qui font paître leurs moutons et parlent aux oiseaux peuvent du jour au lendemain se transformer en monstre de violence a tendance à terrifier les colons dans la plupart des régions où les "Kormes" sont actifs, ce qui décuple les réflexes sécuritaires et violents, accentuant progressivement le phénomène.

Alors, évidemment, la communication est "un peu délicate" la plupart du temps et, même avec la meilleure volonté du monde, il y a vraiment de quoi se taper la tête contre les murs.


"À part ça, ils sont bien braves..."

Déjà, il y a leur côté "les hippies à la montagne" : ça chante tout le temps, ça rigole tout le temps, ça va se rouler dans les fourrés avec le premier venu, ils adorent raconter leurs rêves (même les trucs vraiment débiles) et bavarder sur leurs sentiments pendant des heures, raconter des tas de ragots sur les amours de Machine ou les problèmes domestiques de Truc, faire de la poésie de manière complètement impromptues ou observer les coutumes des colons en plaisantant gaiement (imaginez une bande de grands ados qui sèchent les cours en fumant des pétards et vous aurez une assez bonne idée de l'ambiance générale).

Vus le climat, la rudesse des reliefs et la situation politique, leur mentalité de "joyeuse colonie de vacances" a de quoi déstabiliser quand on passe quelques jours avec eux et qu'on comprend un peu leur langue ("Tiens, j'irai bien cueillir des fraises. _Avec le vent qui fait vaciller les sapins, toi, tu veux sortir ?! _Ben oui, c'pas dans la grotte que je vais trouver des fraises, dirsen.", "Regardez, y a un renard ! _(tous en chœur) Bonjour Monsieur Renaaaaard !", "Ouais ! Allons tous nous baigner à la cascade (à 5°c) !", "Vous, vous êtes cool en fait, alors ce soir on va dans mon village, on fait la teuf et on chantera des chansons !"). Individuellement comme en groupe, ils sont extrêmement expressifs, démonstratifs et bizarrement affectueux. Ils sont aussi très capables d'apprécier les qualités d'un ennemi et le féliciter pour cela, exprimant même parfois le regret devoir le combattre (sans toutefois reculer si la situation exige de combattre, en tous cas à leur manière "naïve").
Logiquement, il s'entendent beaucoup mieux avec les enfants qu'avec les adultes remans.

Si vous avez vraiment besoin d'aide (et que vous arrivez à leur expliquer que c'est important, ce qui n'est pas toujours gagné d'avance), ils peuvent instantanément se mettre en quatre pour vous aider, prêter leur cheval à quelqu'un qu'ils connaissent depuis deux heures (vous savez combien ça vaut, un cheval ?!?), ils partagent leur tentes et leur bouffe avec à peu près n'importe qui (même s'il sont fâchés avec vous et qu'ils vous "parlent plus"). Détail amusant, soit ils appellent indistinctement tous les étrangers "Dirsen", comme si c'était leur prénom ("Hé Dirsen viens voir deux secondes...", l'étranger est prié de devinez tout seul à qui ça s'adresse), soit ils les rebaptisent carrément (et inopinément) dès qu'ils les fréquentent un peu longtemps ("Il est là, Tête-de-Caillou ? _C'est qui, "Tête-de-Caillou" ?!?. _Ben, "Tête-de-Caillou" quoi : le grand chauve tout dur qui fait la gueule. _Hé le Hornois, viens-voir ! Je crois qu'il y a un Venteux qui veut te parler..."). ► À ce stade de la campagne, la plupart des Protagonistes qui sont souvent en relation avec les Elloran se sont donc vu affubler de surnoms emishen variés, comme "l'Étrange Étranger", "le Noir Silencieux", "À Moi ! À Moi !" ou "l'Amnésique" ou "Mange-Cailloux".

Le truc "jamais méchant mais un peu énervant", c'est que la bande de joyeux zazous arriérés contemple régulièrement les colons avec le tendre sourire de compassion qu'on a d'ordinaire pour les chiots maladroits qui s'emmêlent dans leurs pattes.
Ça se joue principalement sur des questions de "vie au grand air" ou des techniques qui leur paraissent complètement évidentes et dont ils ne voient pas comment elles peuvent échapper aux étrangers. D'ailleurs, quand ils essayent gentiment de leur expliquer, c'est souvent pour constater que les pauvres "dirsen" ne connaissent vraiment à rien à rien et que, déjà, s'ils ne savent pas identifier les chants d'oiseaux dans la forêt la nuit, les techniques de chasse ce sera pas pour tout de suite...

Ça produit surtout de grands moments de surréalisme lorsque ça s'applique à des notions plus culturelles, philosophiques ou relationnelles, façon : "Ben pourquoi tu t'énerves contre Petite-Fleur-Joyeuse ? Elle veut juste baiser, hein. _Non mais j'la connais pas cette fille, moi je baise pas avec n'importe qui ! _Hooo ben c'est triste, ça. T'as bobo à ta bite ? Tu veux que le chaman y jette un œil ? Tu préfères les garçons ? Tu peux lui dire, hein, elle sera pas vexée. Nan mais reviens, qu'est-ce qui te prend ? Tu cours vers la falaise là en plus, fais gaffe...".
Inversement, ils sont capables de balancer aux gens qu'ils affectionnent un peu des électrochocs psychologiques complètement inattendus sans pratiquement aucune notion d'intimité ou de "distance sociale" ("C'est parce que tu crois que c'est ta faute si ton pote est mort l'autre jour et que t'es en colère contre ton capitaine parce que c'est lui le chef responsable mais que lui croit pas que c'est sa faute ni la tienne qu'au final tu t'énerves contre moi parce que j'ai paumé ta flèche, ou c'est vraiment une flèche assez importante pour que tu nous pourrisses tout le voyage avec ça ?").

En tous cas, ils trouvent les étrangers bizarrement susceptibles et passent leur temps à leur demander "Mais pourquoi tu t'énerves ?". Et ça aussi, c'est énervant.


"Mais surtout, ils sont magiques (ou démoniaques)."

En plus du décalage technique et psychologique, il y a la perpétuelle impression que ces singes idiots ont des super-pouvoirs. Au début, c'est très inquiétant, mais puisque le temps passe et qu'on constate qu'ils n'en menacent jamais personne, ça devient surtout très injuste : le brave colon galère comme un perdu pour arracher le moindre truc mangeable à la Nature indomptée, alors que les Venteux, ça leur tombe tout cuit dans le bec, ils pourraient presque choisir la sauce.

Par exemple, la pêche : le Reman prépare une ligne avec un appât planté sur un hameçon, la lance dans un lac et attend silencieusement pendant des heures. Les venteux, eux, rentrent dans l'eau (glaciale) jusqu'au genoux, font des petits ronds à la surface de l'eau avec leurs doigts, posent une mouche vivante sur l'eau (et la mouche reste !) et, en quelques instants, un poisson se pointe pour la bouffer, qu'ils saisissent à la main (ou embroche d'un coup sec avec une espèce de vague branchette pointue), comme si c'était parfaitement normal.
Et là, ils regardent le brave colon assis sur la berge comme un con avec sa canne et ils demandent : "Mais... qu'est-ce que tu fais, dirsen ? _J'essaye d'attraper du poisson, figure-toi. _Houlà mais t'en a pour des plombes, pourquoi tu fais comme ça ? _Parce que je sais pas parler aux poissons ! _Nan mais c'est surtout poser la mouche, qui compte, hein... _Oui ben moi je sais pas attraper les mouches vivantes ni les faire tenir sur l'eau. _Ah merde, pas de bol. Ça doit compliquer vachement, non ?".

Ils n'ont manifestement pas tous accès aux même "sortilèges" mais il faut globalement s'habituer à ce qu'ils affirment savoir des tas de choses sur ce qui s'est passé il y a trois jours dans un village dont on a pas de nouvelles, s'orientent dans le noir comme en plein jour, prédisent la météo sans aucun indice sensible ou qu'ils décident soudain d'aller chasser sur l'autre versant de la montagne, à deux heures de crapahutage laborieux, parce que "Y a un daim : si on traîne pas, il y sera encore quand on arrivera !"
Quand ça rate (car ça arrive), il est tentant de mettre ça sur le compte de toutes les autres superstitions idiotes qu'ils affectionnent. Quand ça marche et qu'ils trouvent ça bien naturel, c'est très troublant. Mais en général, les Emishens évitent de trop en parler aux étrangers parce que, étrangement, "ça les énerve" : beaucoup de colons considèrent en effet cela comme de la sorcellerie et s'en inquiètent ou s'en offusquent fréquemment. Mais ça ne commence à faire vraiment peur que lorsqu'on réalise que, si ça se trouve, les Kormes aussi peuvent faire ce genre de choses...