Rites chamaniques : Différence entre versions

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Version actuelle en date du 28 avril 2015 à 13:09

EN TRAVAUX

Appel aux esprits

Esprits totems

Comme la majorité des rites, l’appel aux esprits totem est effectué de diverses manières suivant les tribus, le temps disponible, l’enjeu, etc. Ce qui suit est le rite utilisé par un petit groupe de Sentinelles de l’Orage lors de l’épisode 19.

Préparation

  • chasser les animaux nécessaires à faire des offrandes en fonction des goûts des esprits totem. En l'occurrence, l’épervier, l’aigle et le harfang sont tous des prédateurs avec un goût prononcé pour la viande. L’idée est donc de leur proposer une viande inhabituelle : un daim ou un chevreuil, soit des animaux trop gros pour les rapaces en temps normal. Il n’est pas nécessaire de préparer d’autres offrandes.
  • préparer le cercle sacré. Etant en montagne, il est possible de dégader une assez large surface de roche nue. Sur cette dalle, on installe deux foyers de taille moyenne. Le brasier destiné aux esprits est nettement plus fourni que l’autre. Le cercle est matérialisé par des pierres acollées les unes aux autres. Au final, le cercle a un rayon de 3 à 4 m, ce qui laisse assez de place pour les foyers et les officiants qui pourront bouger. Le cercle est décoré ensuite de branchages et de baies colorées. Les décorations permettent déjà de “fixer” le sens du rituel par rapport au vent pour ne pas avoir à y penser sur le moment.
  • préparer la viande. Dès que les chasseurs sont de retour, il faut séparer la part des esprits de celle des hommes. Chaque part est installée à proximité du feu où elle sera placée lors du rituel. On prépare la viande assez tôt pour pouvoir se purifier ensuite.
  • se purifier. Le terrain n’étant pas particulièrement favorable ici, les participants se contentent de se frotter avec des touffes d’herbe et un peu d’eau. La propreté est donc “symbolique”. Comme les Sentinelles commencent à bien se connaître, chacun suppose que les autres ne sont coupables d’aucun crime - c’est d’autant plus certain que les esprits totem ont déjà aidé le groupe.
  • se peindre. La quantité de pigment étant plus que limitée, les Sentinelles se limitent à peindre leur visage selon les usages de leurs tribus : le principe est de ressembler, autant que possible et de manière stylisé, à son oiseau totem. Les Edell'Okhil se peignent donc le visage en blanc et entourent leur lèvre de jaune orangé ; le Tallalnen utilise également du blanc avec quelques tâches noires sur le front ; l’Elloran s’entoure les yeux de brun qu’elle prolonge sur ses joues, elle redresse ses cheveux avec un peu de graisse pour former un crête sur l’arrière de la tête ; la Liam’Lon se passe du gris sur le visage puis s’entoure les yeux et la bouche de jaune.

Déroulement

  • l’officiant (en occurrence, en l’absence de barde ou de chaman, Lame Droite est le moins mauvais grâce à sa connaissance assez poussée du Hagad) entame la cérémonie en entrant dans le cercle et en se présentant à haute voix. Il utilise son nom complet, ainsi que sa famille, son clan, sa tribu. L’officiant invite ensuite ses compagnons (les autres participants). Chacun se présente tout aussi complètement.
  • alors que l’officiant commence à psalmodier quelques couplets traditionnels et répétitifs, les brasiers sont allumés. La psalmodie continue. L’officiant est au centre du cercle. Autour de lui, les participants commencent à tourner lentement. Seul un des participant est chargé de s’occuper des feux.
  • quand la viande des esprits commence à se carboniser, la psalmodie change pour se transformer en prière précise. L’officiant explique pourquoi il fait appel aux totem, pourquoi leur bienveillance est nécessaire, comment leur aide peut se faire. Les autres participants se joignent à lui en s’adressant spécifiquement à leur totem : autant que possible, l’ensemble des voix forme un canon à peu près harmonieux (mais comme il n’y a pas de barde et guère de musicien, on fait ce qu’on peut). Le chant s’arrête quand la viande des esprits a terminé de brûler.
  • c’est le moment où les participants au rituel mangent à leur tour. Tout le monde s’assoit dans le cercle. Aucune parole n’est prononcée, chacun est concentré sur sa relation avec le totem du clan. La fin du repas marque la fin du rituel.
  • le cercle est alors ouvert, les cendres dispersées au vent. Les participants conservent leur peintures qui marquent le lien avec les esprits.


Méthodes et matériaux rituels

Sont décrits ici les multiples moyens qu’utilisent les Emishen dans leurs rites. Ces moyens ne sont en rien exclusifs et se combinent la plupart du temps, en fonction des besoins et des possibilités de l’officiant. Tous les rites s’adressent d’une manière ou d’une autre à un esprit, ce n’est pas pour autant qu’ils supposent une invocation de celui-ci (c’est même assez rare). De même, si les chamans et les bardes sont les officiants traditionnels, rien n’interdit à un Emishen versé dans les pratiques rituelles de célébrer un rite. La plupart des rites ne nécessitent qu’un officiant qui va mener la cérémonie, les autres participants se contentant d’obéir à ses instructions, de répéter ses paroles et d’imiter ses gestes. Les rites les plus importants nécessite une organisation plus complexe, avec des groupes chargés de différents aspects et plusieurs responsables qui connaissent déjà bien la cérémonie. Dans tous les cas, un Emishen qui participe à un rite est obligatoirement “pur” : il s’est consciencieusement lavé et il n’a pas commis de crime. Dans une société qui ne connait pas le mensonge, cette condition n’est pas un problème - ceux qui ont fait quelque chose de mal l’admettent et ne se risqueraient pas à affronter la colère d’un esprit en se présentant devant lui sans avoir réparer leurs fautes.

  • le Vent : l’emplacement où a lieu un rituel, quelqu’il soit, est toujours à l’air libre. Plus le lieu est venté, plus le rituel sera aisé : un pic, un couloir rocheux, une île sur un fleuve seront largement préférable à une forêt dense. Un soin particulier est pris à se placer par rapport au vent dominant du moment (ce qui suppose une bonne connaissance de la météo locale si l’on prépare le lieu plusieurs heures avant le rituel proprement dit). Pour les oiseaux-totem, l’officiant se place face au vent, ainsi l’oiseau peut se laisser porter pour rejoindre le site. La même configuration est utilisée pour les esprits du gibier ; en se plaçant face au vent, l’officiant s’assure que son odeur n’importunera pas l’esprit. Pour les esprits prédateurs, c’est l’inverse ; l’officiant est dos au vent, il projette son odeur en direction de l’esprit pour renforcer son appel.
  • le Cercle sacré : l’officient défini un espace où il va célébrer le rite. Cette définition peut être sommaire : une simple ligne tracée du bout du pied dans la terre ou la neige est suffisante. Bien sûr, la cérémonie aura d’autant plus de poids, envers les esprits comme envers ceux qui y assistent, si le cercle est matérialisé nettement. Chaque tribu a ses habitudes, souvent liées à son territoire. On trouve ainsi des cercles en épines de pin, des cercles en galets, etc. Avec plus de temps, on peut disposer des branchages faiblement enfoncés dans le sol ou peindre celui-ci avec du sable de couleur. L’intérieur du cercle peut être nu, si l’officiant est pressé ou le rituel mineur, il peut former un dessin très élaboré si c’est nécessaire. Les [clan d’artisan] sont réputé pour créer des cercles sacrés de toute beauté à l’aide de pigments. Les [clan de chasseur] créent eux des petits espaces qui ont tout d’un monde miniature, avec de petites roches, des rigoles pour l’eau, des arbustes…
  • les scarifications, tatouages, mutilations : ces pratiques sont très anciennes et sont devenues tabou avec le temps comme tout ce qui “abîme” le corps. Cependant, certains Kormes tendent à les remettre au goût du jour. Elles servent principalement à s’adresser à des esprits prédateurs voire à des entités nettement plus sinistres.
  • les peintures rituelles : les peintures corporelles sont très courantes chez les Emishen. Lors d’un rite, il est presque automatique que le visage de l’officiant et des participant reflète l’esprit auquel le rite s’adresse. La complexité des peintures, parfois des tenues (masques, costumes de fourrures et de plumes) participe à la personnalisation de la cérémonie. Les participants jouent alors des “rôles” précis et représentent une image idéale de la vie ou de la nature. Les peintures servent également à prolonger la durée du rite ou son “pouvoir” : tant que les Emishen porteront les peintures correspondantes, ils seront liés aux esprits invoqués lors du rite. C’est particulièrement vrai pour les peintures de guerre, dont les Rémans ont appris, à leur dépens, qu’elle pouvait effectivement servir d’armure - ce ne sont pas les pigments qui protègent, mais ils symbolise et renforce la présence d’un esprit protecteur autour des guerriers.
  • la loge de sudation : la loge peut être presque permanente, dans un village, ou construite à partir d’une tente et tout à fait provisoire. Elle sert à purifier les participants au rite avant celui-ci ; il est donc nécessaire qu’elle ne soit pas trop éloignée du lieu de la cérémonie. La loge sert aussi à provoquer des visions : l’Emishen en quête reste dans la chaleur humide jusqu’à la syncope. L’utilisation d’une loge suppose en revanche des observateurs extérieurs, qui ne participent pas directement à la cérémonie mais assurent le bon fonctionnement de la loge et la sécurité des participants. De ce fait, elle n’est souvent utilisée que pour des rites importants, qui mobilisent un village.
  • le jeûne : se priver de nourriture avant un rite est assez courant. C’est généralement un bon moyen de se purifier et d’arriver humble et serein lors de la cérémonie. Le jeûne doit être volontaire : faire une cérémonie alors que l’on n’a rien à se mettre sous la dent n’est pas plus efficace. Le jeûne est aussi un élément important des rites qui supposent des visions. Il aide à entrer en transe et à percevoir le monde spirituel.
  • les danses : de très nombreux rite font appel à la danse pour matérialiser l’engagement des participants. Les rites “positifs” (l’immense majorité, donc) demandent un déplacement dans le sens antihoraire, seuls quelques rites plus sinistres tournent dans l’autre sens - la plupart des Emishen ne sont d’ailleurs même pas au courant que c’est possible, et ceux qui le savent se gardent bien de l’ébruiter. La danse est souvent une simple marche rythmée, solennelle, sur le périmètre du cercle. Si la transe n’est pas recherchée, elle reste relativement lente pour permettre aux participants de rester sereins. Dès lors que le rite mobilise une dizaine de personnes ou plus, la danse se complexifie. La chorégraphie devient animée et cherche à représenter une scène. C’est dans ces cas-là que les peintures et les costumes prennent toute leur importance. Les plus grandes rites sont presque, du point de vue réman, des pièces de théâtre avec plusieurs actes et de nombreux acteurs.
  • les chants et la musique : la voix est le principal instrument utilisé, souvent accompagné de tambours. Le talent de l’officiant est primordial : ceux qui chantent mal se contentent de psalmodier les paroles sur un ton monocorde mais certains bardes célèbres enchantent leur auditoire, et les esprits, avec leur voix. Souvent, le chant imite le cri de l’animal concerné par le rite et brode autour de cette base. Les paroles racontent l’histoire des participants, le pourquoi de rite et véhiculent les promesses. Un rite de serment oblige l’officiant à intégrer le serment à son chant de la manière la plus fluide possible. Les tambours sont rarement maniés par l’officiant, qui se concentre sur le chant. Ce sont un ou plusieurs assistants qui l’accompagnent et donne le rythme à la danse. D’autres instruments peuvent être utilisés, comme des flutes et des appeaux.
  • les cris de guerre : le cri de guerre est une variante du chant utilisé au combat. Il ne fait pas partie du rite à proprement parlé, il en est le prolongement. Le cri reprend le chant qui a été utilisé auparavant et, de cette manière, il “ré-active” le rite sans cérémonie. Un groupe de guerrier qui se prépare au combat peut donc participer à un rituel, attirer sur lui la faveur des esprits et “conserver” cette faveur grâce aux cris alors même qu’ils sont sortis du cercle depuis longtemps. Il n’existe pas de cris “rituel” et il est extrêmement difficile, même pour un Emishen, de savoir si l’ennemi crie par principe ou dans le cadre d’un rite. Pour les Réman, c’est simple, les emplumés crient tout le temps. Les cris de guerres peuvent être utilisés à la chasse, c’est déjà arrivé, mais c’est souvent contre-productif… la plupart des animaux tendent à s’enfuir quand un groupe de guerrier se met à crier.
  • les sacrifices : la grande majorité des rites emishen s’adressent à des esprits animaux qui sont gourmands. Tous apprécient les offrandes et le choix de la “bonne” offrande est une des clé de réussite du rite. Ce choix dépend principalement de l’animal concerné - et plus l’officiant connaitra bien l’animal sauvage, plus il a des chances de trouver quelque chose qui plaira à l’esprit. L’idéal est de trouver ce qui fait parti du régime alimentaire de l’animal, mais qu’il ne mange que rarement : une proie un peu grosse ou assez rare, des fruits un peu en avance sur la saison, etc. Le sacrifice repose sur la notion de partage - ce qui n’est pas toujours l’idéal quand l’offrande est une carcasse vieille de trois semaine, régal d’un corbeau. L’officiant va partager les aliments en deux : la peau, les os, les tendons et les morceaux les plus nobles seront attribués à l’esprit, le reste de la viande sera mangée par les participants. La part de l’esprit est brûlée en totalité pour que la fumée monte vers le ciel et puisse le nourrir. Le feu utilisé pour le sacrifice doit être à l’intérieur du cercle sacré, en revanche il peut être alimenté par tous, y compris ceux qui ne participent pas directement à la cérémonie. La part des hommes doit être consommée en totalité dès la fin du rituel (elle peut être cuite). Si tout n’est pas mangé, l’esprit a de grande chance d’être en colère à cause du gaspillage. L’officiant doit donc bien déterminer l’offrande de départ et la part laissée aux hommes. Quelques Emishen se souviennent d’ailleurs de sévère maux de ventre après un rite mal géré qui les a contraint à se gaver pour satisfaire les esprits. Le principe du partage fonctionne aussi pour les offrandes végétales, il est même souvent plus simple pour peu que l’on ait choisi une plante facilement comestible (d’où l’importance d’éviter certaines baies tout ce qu’il y a de plus toxique…).
  • les offrandes : certains esprits apprécient les cadeaux sous la forme de biens matériels. Des gravures, des statuettes en bois, des armes, des bijoux peuvent être offerts lors d’un rite, de même que des produits “consommables” comme l’herbe-nuage. La valeur de l’offrande est proportionnelle au travail nécessaire pour la produire et au sacrifice que cela représente pour l’officiant. Offrir une petite figurine de bois, c’est bien, mais offrir la petite figurine que votre père vous a offer dix ans auparavant, c’est nettement plus valorisant pour l’esprit auquel vous vous adressez. Les offrandes sont détruites lors du rite. Si c’est possible, elles sont brûlées sur un bûcher différent de celui des sacrifices. Si l’offrande n’est pas combustible, elle doit être frappée avec une masse de pierre jusqu’à la rendre inutilisable - une arme en métal, par exemple, va être cognée à de nombreuses reprises sur son fil, tordue voir complètment pliée avant d’être déposée.
  • l'astronomie rituelle : un officiant versé dans la lecture des étoiles peut chercher dans le ciel une conjonction favorable. La position des étoiles donne également de précieuses indications sur ce que pensent les esprits. Cette connaissance sert principalement à positionner un rituel dans le temps : une union, une cérémonie clanique sont souvent décidés en fonction des étoiles qui vont renforcer la portée du rituel (même si celui-ci n’as pas lieu la nuit).
  • l'horaire : en cas de nécessité, un rite peut s’effectuer à n’importe quel moment de la journée. Les Emishen privilégient cependant l’aube et le crépuscule. C’est un moment où presque tous les animaux sont actifs (diurnes comme nocturnes) et surtout le moment où la barrière entre le monde des hommes et celui des esprits est la plus faible. Les chances de s’attirer les faveurs des esprits sont donc plus grandes. Il existe toutefois des rites aux horaires précis, généralement en rapport avec l’élément naturel auquel ils s’adressent. Les rites lunaires se déroulent la nuit, à la pleine lune ou à la nouvelle lune principalement. Les rites solaire, au contraire, ont lieu en plein midi. Enfin, certaines périodes de l’années sont plus favorables que d’autres. Tout le monde chez les Emishen est conscient de l’importance des solstices et des équinoxes, mais les meilleurs bardes et chamans tiennent le compte de jours “fastes” qui se rapportent à un esprit ou un rite précis.
  • l'herbe-nuage : l’herbe nuage est un élément rituel courant. Don de la nature, “raccourci” bienvenu vers le monde des esprits, de nombreux officiants n’envisagent pas de commencer un rite sans une petite bouffée. Elle est rarement nécessaire - il est vraiment ici question de ressenti personnel. Certains estiment qu’elle rend le rite trop simple, les visions trop accessibles. D’autres, au contraire, la voient comme la manifestation du goût qu’auraient les esprits pour le dialogue avec les hommes.