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Le "Songe Blanc" semble être le royaume onirique de la [[Dame Blanche]]. Depuis [[34) "Les Égarés"|peu]], elle y invite ses Rêveurs.
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Le '''"Songe Blanc"''' semble être le royaume onirique de la [[Dame Blanche]]. Depuis [[34) "Les Égarés"|peu]], elle y invite ses Rêveurs.
  
{{Secrets|La première fois qu'elle y entrée, [[Meryle "la Paillée"|Meryle]] s'est trouvée dans un immense corridor, voûté et obscur, aux parois de pierre lisse. Au loin, une silhouette pâle, presque luisante, s'éloignait d'un pas régulier avant de disparaître par un autre couloir qui sentait la poussière et le vieux papier.<br>
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'''↓ PREMIER NIVEAU de secrets''', accessible aux Rêveurs de la Dame.<br>
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'''La Librairie des Âges''' est une immense salle dallée de marbre blanc, contenant une vértitable futaie de colonnades où s'alignent des milliers de rayonnages tous emplis de grimoires, de tablettes et de parchemins. On y accède via les '''Corridors''', une espèce de dédale urbain et perpétuellement obscur pouvant en théorie mener vers n'importe quelle architecture. Les Corridors sont dangeureux : on s'y perd facilement et surtout il s'y trouve souvent des '''Rôdeurs''', prédateurs oniriques errant entre les véritables Royaumes à la recherche de quelques malheureux à qui arracher l'Essence. Depuis les Corridors, il faut gravir un immense escalier de marbre, '''l'Escalier des Aspirants''', entrecoupé de plusieurs paliers où s'ouvrent de nombreuses portes (menant à d'autres endroits des Corridors, vers d'autres rêveurs). Au dernier palier s'ouvre un haut portail aux ferrures ornées de motifs complexes, qui mène finalement à la Librarie elle-même. Cette dernière est protégée des Rodeurs et des choses malfaisantes du dehors par la Dame ainsi que par le [[Herle de Lorune, "le Défroqué"|Protecteur des Songes Plus Anciens que les Trônes]], lorsqu'il est présent.
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La Librairie est éclairée par des torchères ainsi que par un immense brasier dont les flammes se reflètent sur le dallage. Tout autour du braisier se trouvent de nombreux fauteuils. Il règne une odeur de poussière et de vieux papiers.
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Quand l'ensemble des Rêveurs est présent (parce que la Dame les a appelés), c'est près d'une centaine de personnes que l'on peut trouver entre les rayonnages de la Librairie, formant une foule bigarrée et multi-culturelle (Emishens, Ondrènes, Rémans, Fehnris et même un Hornois). Mais le plus souvent, on n'y trouve guère que le [[Andréas "Odran"|Héraut du Dernier Âge]], occupé à lire sur un lutrin. Il est d'ailleurs possible de lui laisser des messages sur ce lutrin.
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La première fois qu'elle y entrée, [[Meryle "la Paillée"|Meryle]] s'est trouvée dans un immense corridor, voûté et obscur, aux parois de pierre lisse. Au loin, une silhouette pâle, presque luisante, s'éloignait d'un pas régulier avant de disparaître par un autre couloir qui sentait la poussière et le vieux papier.<br>
 
En bonne chasseresse, Meryle la suivit à pas de loup et, après une succession de galeries bordées d'arches par lesquelles elle entrevoyait un vaste jardin nocturne, elle atteignit une grande salle anguleuse où brûlait une unique torchère : à l'autre bout du carrelage en damier noir et blanc, la haute silhouette blanche gravissait posément un large escalier de marbre clair. Lorsque Meryle posa le pied sur la première marche, la Dame sembla lui jeter un regard par-dessus Son épaule où cascadaient de longues boucles argentées :<br>
 
En bonne chasseresse, Meryle la suivit à pas de loup et, après une succession de galeries bordées d'arches par lesquelles elle entrevoyait un vaste jardin nocturne, elle atteignit une grande salle anguleuse où brûlait une unique torchère : à l'autre bout du carrelage en damier noir et blanc, la haute silhouette blanche gravissait posément un large escalier de marbre clair. Lorsque Meryle posa le pied sur la première marche, la Dame sembla lui jeter un regard par-dessus Son épaule où cascadaient de longues boucles argentées :<br>
 
« ''Viens : ils nous attendent'' » dit-Elle d'une voix douce, avant de reprendre Son ascension.
 
« ''Viens : ils nous attendent'' » dit-Elle d'une voix douce, avant de reprendre Son ascension.
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« ''N'empêche que, décoincé ou pas, moi, je sais toujours pas déchiffrer ce foutu machin !'' »<br>
 
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====Discussions au coin du feu songeur====
 
« ''Mince, il est bien chiadé ce rêve... C'est bien un rêve hein ? Rien de tout ça ne se passe vraiment, rassure-moi...'' » chuchote Meryle à Rhamdel. Celui-ci répond à l'Archère des Forêts Vengeresses, dans une langue indéfinissable mais parfaitement compréhensible (?) : « ''Quel rêve ? On est où ? J'ai perdu Eldan...'' » puis il s'éloigne à sa recherche parmi les rayonnages jusqu'à ce que le Scribe Fidèle le rattrape pour le ramener vers le vaste cercle de fauteuils où la foule prend place en discutant tranquillement autour de l'énorme foyer.<br>
 
« ''Mince, il est bien chiadé ce rêve... C'est bien un rêve hein ? Rien de tout ça ne se passe vraiment, rassure-moi...'' » chuchote Meryle à Rhamdel. Celui-ci répond à l'Archère des Forêts Vengeresses, dans une langue indéfinissable mais parfaitement compréhensible (?) : « ''Quel rêve ? On est où ? J'ai perdu Eldan...'' » puis il s'éloigne à sa recherche parmi les rayonnages jusqu'à ce que le Scribe Fidèle le rattrape pour le ramener vers le vaste cercle de fauteuils où la foule prend place en discutant tranquillement autour de l'énorme foyer.<br>
 
Le guerrier aux tempes grises s'assoit dans un fauteuil à côté du Héraut. Il a l'air calme et apaisé et regarde les nombreux rêveurs qui s'approchent. Ses yeux s'arrêtent sur certains. Il échange parfois un petit sourire avec d'autres.<br>
 
Le guerrier aux tempes grises s'assoit dans un fauteuil à côté du Héraut. Il a l'air calme et apaisé et regarde les nombreux rêveurs qui s'approchent. Ses yeux s'arrêtent sur certains. Il échange parfois un petit sourire avec d'autres.<br>
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''Évidemment, ce nouvel Âge n’arrivera pas demain. Je ne sais pas si nous serons encore vivants pour le voir. Mais la Dame nous apporte une chose très précieuse (Andréas désigne la bibliothèque tout autour de lui) : la connaissance. La connaissance du passé, de ses achèvements comme de ses erreurs. Cette connaissance nous permettra, je l’espère, d’éviter de reproduire les mêmes erreurs. Elle nous permettra aussi de combattre ceux qui doivent être combattus. Car il y a d'autres survivants des âges anciens. Certains sont des Esprits ou des Démons, comme cet Arbre-Démon dont nous n’avons parlé. Et d’autres sont des concepts ou des pratiques, tels l’esclavage, qu’il est plus que temps d’abattre. Voilà ce que nous voulons construire.''<br>
 
''Évidemment, ce nouvel Âge n’arrivera pas demain. Je ne sais pas si nous serons encore vivants pour le voir. Mais la Dame nous apporte une chose très précieuse (Andréas désigne la bibliothèque tout autour de lui) : la connaissance. La connaissance du passé, de ses achèvements comme de ses erreurs. Cette connaissance nous permettra, je l’espère, d’éviter de reproduire les mêmes erreurs. Elle nous permettra aussi de combattre ceux qui doivent être combattus. Car il y a d'autres survivants des âges anciens. Certains sont des Esprits ou des Démons, comme cet Arbre-Démon dont nous n’avons parlé. Et d’autres sont des concepts ou des pratiques, tels l’esclavage, qu’il est plus que temps d’abattre. Voilà ce que nous voulons construire.''<br>
 
''Quant à ta dernière question… Je ne sais pas pour quoi tu as “signé”, comme tu dis. Mais si tu es ici, c’est que la Dame a vu quelque chose en toi, et que tu as vu quelque chose en Elle. C’est entre Elle et toi. Pourquoi ne Lui demandes-tu pas ?'' »  
 
''Quant à ta dernière question… Je ne sais pas pour quoi tu as “signé”, comme tu dis. Mais si tu es ici, c’est que la Dame a vu quelque chose en toi, et que tu as vu quelque chose en Elle. C’est entre Elle et toi. Pourquoi ne Lui demandes-tu pas ?'' »  
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'''↓ DEUXIÈME NIVEAU de secrets''', accessible aux mieux informés des Rêveurs.
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{{Secrets|En plus des Rêveurs, la Librairie abrite un petit nombre de "fantômes" : il s'agit d'images de Rêveurs malheureusement décédés. On peut ainsi y recontrer les fantômes d'[[Eldan "le Moineau"]] et de la cheffe Korme Glaive. Ni l'un ni l'autre ne comprennent réellement ce qui leur arrive et repètent les mêmes tâches.
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'''↓ TROISIÈME NIVEAU de secrets''', sur les manuscrits de la Librairie.
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{{Secrets|
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La Librairie est une "sauvegarde" du savoir des Aînés et contient donc une quantité énorme d'information. Même cette information n'est pas accessible directement : de n'avoir plus été consultés depuis des siècles, les manuscrits sont comme "endormis" : leur aspect est grisâtre et poussiéreux. Il faut les "réveiller" avec de l'Essence pour que leur contenu soit lisible. Pour l'instant deux manuscrits seulement ont été réveillés :
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* un traité sur les Globes d'Observation, tel que celui possédé par Andréas ;
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* un traité d'épidémiologie, dont les concepts extrêmement avancés ont aidé Andréas à combattre la Grippe Sylvestre.
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'''↓ Ci-dessous un dialogue "onirique" entre la Dame et son Héraut lors de la Longue Nuit de l'an 37 È.I.'''<br>
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Courant presque parmi les rayonnages, Andréas trouva la Dame, toujours haute et rayonnant d'une pâleur lunaire, alors qu'elle illuminait un grimoire entre ses mains. L'ouvrage encore largement grisâtre et poussiéreux semblait peu à peu gagner en densité, une couleur pourpre et la légère patine du cuir se répandant des mains de l'Aînée à travers la large couverture, un délicat gaufrage se dessinant à mesure que la texture atteignait la reliure, qui s'illumina enfin d'un titre doré.<br>
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La Dame sourit, leva ses yeux d'argent vers son Héraut et lui tendit le livre : ''« Vois, ''dit-elle.'' Avant même que ton ravitaillement ne me parvienne, la certitude de son arrivée m'a permis de consacrer quelques ressources à raviver quelques livres éteints.''<br>
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- ''Euh... les livres s'éteignent ?'' <br>
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- ''Ceux de la Librairie des Âges, oui. Ils ne se dégradent pas mais, parce qu'ils n'ont plus été consultés depuis des siècles, leur substance et leurs pages se sont endormis, devenant des tombeaux du savoir plutôt que ses lutrins. Avant que nous ne puissions accéder à leurs contenus, il me faudra les réveiller un par un. Celui-ci, je l'ai ravivé à ton intention : il concerne les Globes d'Observation. Considère-le comme mon cadeau pour le solstice. »''
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Version actuelle en date du 1 janvier 2021 à 15:52

Le "Songe Blanc" semble être le royaume onirique de la Dame Blanche. Depuis peu, elle y invite ses Rêveurs.

↓ PREMIER NIVEAU de secrets, accessible aux Rêveurs de la Dame.


La Librairie des Âges est une immense salle dallée de marbre blanc, contenant une vértitable futaie de colonnades où s'alignent des milliers de rayonnages tous emplis de grimoires, de tablettes et de parchemins. On y accède via les Corridors, une espèce de dédale urbain et perpétuellement obscur pouvant en théorie mener vers n'importe quelle architecture. Les Corridors sont dangeureux : on s'y perd facilement et surtout il s'y trouve souvent des Rôdeurs, prédateurs oniriques errant entre les véritables Royaumes à la recherche de quelques malheureux à qui arracher l'Essence. Depuis les Corridors, il faut gravir un immense escalier de marbre, l'Escalier des Aspirants, entrecoupé de plusieurs paliers où s'ouvrent de nombreuses portes (menant à d'autres endroits des Corridors, vers d'autres rêveurs). Au dernier palier s'ouvre un haut portail aux ferrures ornées de motifs complexes, qui mène finalement à la Librarie elle-même. Cette dernière est protégée des Rodeurs et des choses malfaisantes du dehors par la Dame ainsi que par le Protecteur des Songes Plus Anciens que les Trônes, lorsqu'il est présent.

La Librairie est éclairée par des torchères ainsi que par un immense brasier dont les flammes se reflètent sur le dallage. Tout autour du braisier se trouvent de nombreux fauteuils. Il règne une odeur de poussière et de vieux papiers.

Quand l'ensemble des Rêveurs est présent (parce que la Dame les a appelés), c'est près d'une centaine de personnes que l'on peut trouver entre les rayonnages de la Librairie, formant une foule bigarrée et multi-culturelle (Emishens, Ondrènes, Rémans, Fehnris et même un Hornois). Mais le plus souvent, on n'y trouve guère que le Héraut du Dernier Âge, occupé à lire sur un lutrin. Il est d'ailleurs possible de lui laisser des messages sur ce lutrin.

↓ L'ascension vers la Librairie, vue par Meryle "la Paillée"

L'ascension

La première fois qu'elle y entrée, Meryle s'est trouvée dans un immense corridor, voûté et obscur, aux parois de pierre lisse. Au loin, une silhouette pâle, presque luisante, s'éloignait d'un pas régulier avant de disparaître par un autre couloir qui sentait la poussière et le vieux papier.
En bonne chasseresse, Meryle la suivit à pas de loup et, après une succession de galeries bordées d'arches par lesquelles elle entrevoyait un vaste jardin nocturne, elle atteignit une grande salle anguleuse où brûlait une unique torchère : à l'autre bout du carrelage en damier noir et blanc, la haute silhouette blanche gravissait posément un large escalier de marbre clair. Lorsque Meryle posa le pied sur la première marche, la Dame sembla lui jeter un regard par-dessus Son épaule où cascadaient de longues boucles argentées :
« Viens : ils nous attendent » dit-Elle d'une voix douce, avant de reprendre Son ascension.

Atteignant un palier carré où deux portes en ogives s'ouvrent dans un mur de pierres grossièrement taillées, Elle tambourina doucement des doigts contre le battant. Pendant qu'Elle attendait tranquillement, la jeune patrouilleuse la rejoignit enfin, réalisant que la noble stature de la Dame la dominait de la tête et des épaules. Mais Son visage, brillant d'une lueur presque lunaire, restait difficile à distinguer : Meryle n'arriva à y lire qu'une infinie patience.
Alors, la porte de vieux chêne ferré, striée de griffures aussi profondes que des coups d'épées, s'entrouvrit avec un grincement geignard : « Viens, dit à nouveau la Dame, ils nous attendent.
_J'suis... fatigué, répondit par la porte une voix masculine mal assurée.
_Évidemment, puisque tu m'as aidé à les sauver tous. Il est temps qu'ils te remercient, Écuyer aux Poches Profondes. »
Après une hésitation grinçante, le battant laissa sortir un jeune homme trapu et mal fagoté, sa ceinture alourdie par une besace joufflue et une épée géante, qui traînait sur le carrelage plusieurs coudées derrière ses bottines crottées. Il lança un coup d’œil perplexe à Meryle mais, comme la Dame rayonnait d'un sourire, il s'engagea en soupirant dans l'escalier suivant, à angle droit du premier.
Risquant un œil par-dessus la rambarde de pierre ajourée, la patrouilleuse distingua tout en bas la torchère solitaire qui s'éteignait, alors qu'une autre s'allumait bien plus haut, révélant un nouveau palier...

Lorsque le trio y arriva, quatre porte distinctes perçaient les deux murs en coin : la première était vermoulue mais s'ouvrit au premier effleurement de la Dame, et un moine grisonnant, sa tonsure curieusement ornée de deux petites tresses, en sortit en boitillant pour adresser un grand sourire à ses visiteurs : « Scribe Fidèle, notre compagnie s'étoffe » le salua la Dame en désignant Meryle et le jeune homme, que la patrouilleuse a l'impression persistante d'avoir déjà croisé à Tal Endhil.
La deuxième porte était faite de roseaux, et s'ouvrit d'elle-même sur un Venteux très grand, très beau, qui salue la compagnie d'une lente inclinaison de la tête avant de poser une main protectrice sur l'épaule du moine : « Je suis le Chant d'Innombrables Blessures, énonça-t-il d'un ton aussi triste que mélodieux : l'heure est-elle venue ?
_Ils nous attendent » répondit simplement la Dame, passant tendrement ses doigts sur le front altier de l'indigène.
Se tournant vers la troisième porte, elle poussa délicatement le panneau de sapin blond, d’où émerge en bâillant un jeune homme au nez rosi de froid, emmitouflé d'une grande cape bordée de fourrure.
« Viens, Murmure des Carrefours : ils nous attendent. »
Puis Elle ouvrit la quatrième porte, ajourée et de guingois comme celle d'une vieille grange, par laquelle une femme en tablier s'avance, un petit garçon dans les bras : « Venez, Marraine des Assiégés et son Vaillant Agneau : ils nous attendent. »

Pendant que la troupe gravit une autre volée de marches, le garçonnet remarque Meryle par-dessus l'épaule maternelle, et lui chuchote d'un air sérieux : « J'm'appelle pas vraiment Agneau, mais la Dame dit qui faut pas dire son Vrai Nom avant qu'on est dans la bibi... bili... _Bibliothèque » termine le Moine en approuvant d'un hochement de tonsure : « Toutes sortes de malveillances rôdent hors des murs sacrés de la Librairie des Âges ».
Huit portes donnent sur le palier suivant, mais seulement cinq s'ouvrent pour qu'une Ondrène très fardée, un soldat du bailliage au casque cabossé, une Korme au crâne rasé et aux seins nus portant un grand nerhil, un jeune scribe des Offices et une adolescente fehnri se joignent à la troupe.
Une silhouette sombre est assise dans l'escalier suivant et, à l'approche du cortège, relève son crâne couturé de cicatrices, des larmes plein les yeux : « Elle m'a abandonné, dit-il d'une voix brisée.
_Encore ? demande la petite Fehnri avec un soupir exaspéré.
_Mais nous t'avons trouvé une fois de plus » répond la Dame avec tendresse. Alors, essuyant ses larmes de ses poings, le Bouquetin Éperdu se range au côté de Meryle.

Les paliers se succèdent, la plupart des portes s'ouvrant l'une après l'autre sur près d'une centaine de personnes, femmes et hommes, jeunes et vieilles, Remanes, Emishen, plus rarement Fehnri et même un Hornois aux yeux clairs, répondant à l'invitation de la Dame jusqu'à ce que la procession atteignent un haut portail aux ferrures ornées de motifs complexes, dont les deux battants s'ouvrent sous la traction d'un guerrier colossal aux tempes grises, une épée d'airain à chaque hanche et un grand bouclier d'argent au bras. Un léger sourire ourle ses lèvres lorsqu'il contemple la cohorte gravissant les derniers degrés, puis il s'incline profondément devant la Dame.
« Le Héraut du Dernier Âge est-il prêt, Ô Protecteur des Songes Plus Anciens que les Trônes ?
_Nous vous attendions, Ô Mère des Aspirants et des Insoumis.
_Cette nuit, nous accueillons l'Archère des Forêts Vengeresses, annonce la Dame en tendant une main pâle vers la patrouilleuse émue.
_Les rêveurs sont-ils enfin au complet, Ô ma Dame ?
_Non, cher Protecteur : cette nuit encore, certaines portes restent scellées par la veille ou la peur, et celle du Greffier des Vestiges par le pouvoir des Eaux Jumelles. Mais accueille la multitude dont les paupières sont closes et les cœurs épanouis. »

Avec un bref salut de la tête, le colosse s'efface alors pour laisser entrer les visiteurs dans une immense salle dallée de marbre blanc, qui s'illumine à l'approche de la Dame pour révéler une futaie de colonnades où s'alignent des milliers de rayonnages tous emplis de grimoires, de tablettes et de parchemins à perte de vue.
Et, tout au bout de l'allée qui s'ouvre face au portail, drapé d'un somptueux manteau de fourrure blanche et noire, le Héraut du Dernier Âge se lève d'un des nombreux fauteuils entourant un immense brasier dont les flammes se reflètent sur le dallage.
Brandissant un globe rayonnant tel un astre, il déclame alors d'une voix puissante :
« N'empêche que, décoincé ou pas, moi, je sais toujours pas déchiffrer ce foutu machin ! »

Discussions au coin du feu songeur

« Mince, il est bien chiadé ce rêve... C'est bien un rêve hein ? Rien de tout ça ne se passe vraiment, rassure-moi... » chuchote Meryle à Rhamdel. Celui-ci répond à l'Archère des Forêts Vengeresses, dans une langue indéfinissable mais parfaitement compréhensible (?) : « Quel rêve ? On est où ? J'ai perdu Eldan... » puis il s'éloigne à sa recherche parmi les rayonnages jusqu'à ce que le Scribe Fidèle le rattrape pour le ramener vers le vaste cercle de fauteuils où la foule prend place en discutant tranquillement autour de l'énorme foyer.
Le guerrier aux tempes grises s'assoit dans un fauteuil à côté du Héraut. Il a l'air calme et apaisé et regarde les nombreux rêveurs qui s'approchent. Ses yeux s'arrêtent sur certains. Il échange parfois un petit sourire avec d'autres.
Le Héraut cherche un moment quelqu’un dans l’assemblée. Il semble déçu de ne pas voir le Greffier alors qu’il aurait tant de questions à lui poser. Lorsque Meryle approche, il discute avec le Protecteur, comme deux vieux amis depuis trop longtemps séparés. Se retournant, le Héraut a alors un sourire pour l’Archère.
« Bienvenue ! Je vois que je ne m’étais pas trompé dans mon jugement et je suis heureux de te savoir ici, parmi nous. Je suppose que tu as plein de questions ? A commencer par l’endroit où nous nous trouvons ? Nous sommes dans le Songe. Pas un songe, Le Songe. Mais le Peuple des Vents l’appellerait probablement le monde des Esprits. Je ne suis pas sûr de pouvoir t’expliquer ce que c’est exactement, parce que moi-même je ne le comprends pas encore très bien. Imagine que c’est un lieu formé par tous les rêves de l’humanité. Et là, nous vivons une sorte de rêve partagé. Je rêve, tu rêves, le Protecteur rêve… mais nous rêvons ensemble. Même si le Protecteur est séparé de notre yourte par plus d’une centaine de lieues.
Quant à cet endroit (il désigne la vaste bibliothèque dallée), j’imagine que c’est… le Royaume de la Dame. Son petit morceau de Songe à Elle. Enfin je crois... »
Le Héraut regarde alors en direction de la Dame, comme un enfant s’attendant à se faire reprendre par la maîtresse d’école.

Parmi la centaine de fauteuils en cercles concentriques autour du brasier, la Dame passe de groupe en groupe pour faire asseoir Ses invités d'un mot ou d'un geste, tout en les laissant s’ébahir du Royaume que la plupart découvrent pour la première fois.

« Euh... un rêve partagé ? Tu veux dire que toi et moi, on se rappellera de la même chose demain matin ? répond Meryle interdite.
Mais c'est un rêve quand même, hein : tout ce qui se passe ici n'est pas réel mais est le fruit de notre imagination ?
C'est pas le premier de la sorte que tu fais ? »
Puis, sans attendre la réponse, Meryle se retourne vers l'assemblée et la parcourt du regard un moue sceptique à ses lèvres.
Elle fait un non de la tête puis déclame, toujours dos à Andréas :
« Hmm non. Je ne te crois pas. Tout ceci n'est qu'un rêve. Ce lieu irréel, ces visages que je n'arrive pas à voir, Rhamdel qui m'est intelligible... La dame blanche qui me donne un nom... Et toi, tel le grand-prêtre d'une grande famille de fidèles... Tout ça est grotesque.
C'est un rêve comme j'en fais tant récemment. Sûrement un reliquat des effets de la forêt. Sûrement une séquelle de ce que tu as introduit dans mon cerveau ! »
Elle se retourne enfin vers Andréas :
« Tout ceci est le fruit de mon imagination déglinguée. Et je vais te le prouver. »
Meryle s'avance avec défiance et plante son visage contre celui du Héraut. Sans hésiter une seconde, elle agrippe la nuque de l'érudit et baise ses lèvres longuement, mais sans douceur.

Le guerrier les regarde avec un sourire amusé et un peu interloqué.
« C'est pas bête, jeune fille. Vu comme c'est rare, tu as de bonne chance qu'il s'en souvienne au réveil.
Mais bon, Andréas ne te raconte pas de bêtise. Il n'est pas clair, mais ça c'est habituel avec les chroniqueurs. Les gens qui passent leur temps dans les livres ont tendance à être un peu embrouillés. Et avec ce qu'il a vécu hors des livres, on ne peut pas dire que cela ce soit amélioré.
Je te corrige un peu, en revanche. Il est le Héraut, pas le grand prêtre. Nous ne sommes pas un culte, nous sommes les enfants de la Dame. Ceux à qui elle a parlé. Souvent, ceux à qui elle a sauvé la vie. Mais, si ce n'est Elle, il n'y a pas d'autorité, pas de chef. Et nous ne nous connaissons pas tous, ni dans le Songe ni en dehors. Et tu n'es même pas obligée d'aimer les autres rêveurs. Demande-lui combien de gnons je lui ai collés avant qu'on soit, hum, amis ? »

Le baiser de Méryle a pris Andréas complètement au dépourvu. Après un bref instant de molle lutte, il s’est laissé faire sans trop comprendre ce qui lui arrivait. Et Méryle doit se dire qu’effectivement, ça ne doit pas lui arriver trop souvent, qu’on l’embrasse.
Pendant que Herle et Méryle échangent, il reste dans son coin, le visage encore écarlate. Il semble avoir besoin d’un peu de temps pour se remettre. Après que le Protecteur se soit proprement présenté, Andréas intervient à nouveau.
« Oui… Je…. Ahem. Tant mieux si c’est plus clair. C’est en tout cas la première fois que nous, les enfants de la Dame, pouvons tous nous rencontrer. C’est un peu compliqué à expliquer, mais le fait que le Globe soit réparé a réouvert l’accès à la Librairie des Âges. De fait c’est un peu grâce à toi, Méryle, que nous nous rencontrons tous enfin.
A vrai dire, moi-même je ne connais pas tout le monde. Peut-être qu’il faudrait que nous commencions par tous nous présenter… »
Un long silence suit, à peine rompu par des discussions à voix basse entre quelques Rêveurs.

Mais le temps passe et la Dame Blanche semble prendre, avec une infinie patience, soin de glisser quelques mots à toutes les personnes venues pour Elle.
Meryle toujours perplexe que le rêve ne s'interrompe pas, malgré le blanc, finit par se résigner : « Bon... c'est sûr, je serai bonne à rien demain. Devinez qui va pousser juron sur juron... »
Elle retourne droit sur Andréas, interrompant sûrement une nouvelle conversation avec son ami Protecteur, et décidant de mettre son temps à profit :
- « Andréas, c'est qui, c'est quoi, la Dame Blanche ? Qu'est-ce qu'on fout tous là ? Qu'est-ce qu'on va y construire ? D'abord c'est quoi Son dessein ? Et pourquoi Célias en a une sainte horreur ? Et surtout, où il a été écrit que j'ai signé pour ça moi ?! »

Andréas prend le temps de réfléchir avant de répondre au flot de questions de Méryle.

« Bon… Cela représente beaucoup de questions, et il n’y a pas forcément de réponse univoque à chacune d’entre elles.
Qui est la Dame ? Il y a d’une part qui Elle est, réellement, et d’autre part ce qu’Elle représente pour tous ceux assemblés ici. (Andréas désigne le barde avec qui Herle était en train de converser) Si tu l’interrogeais lui, par exemple, je pense qu’il te répondrait que la Dame représente la libération du Peuple des Vents de l’esclavage de l’Empire Réman. Pour moi, Elle serait plutôt l’espoir d’une concorde. Mais la réalité, c’est que la Dame est une Aînée. Elle est même la dernière Aînée survivante : un concours de circonstances fait qu’elle s’est retrouvée dans une sorte de long sommeil, dirons-nous, qui lui a permis d’arriver jusqu’à nous, depuis le fond des âges. Parce que oui, Elle fut contemporaine de cet âge dont nous avons exploré les vestiges, au-delà de la Porte des Fléaux...
Quel est son Dessein ? Même si les implications sont nombreuses et complexes, cela peut se dire de façon très simple : c’est de mettre fin à l’Âge des Aînés. Malgré leur disparition, nous vivons toujours dans leur Âge : notre société a été façonnée par eux. C’est un peu comme si ces personnes disparues depuis des siècles projetaient toujours leur ombre tutélaire sur nous. Le “Dernier Âge” auquel mon titre de Héraut fait référence est celui qui suivra l’Âge des Aînés : l’Âge des Humains, enfin libérés de leur tutelle. Tu comprends maintenant pourquoi c’est ignominieux pour quelqu’un comme Célias : même s’il arrivait à surmonter la peur de l’inconnu qu’il travestit en haine de la “sorcellerie”, il faudrait qu’il admette que la Dame représente la fin de son précieux Rem…
Évidemment, ce nouvel Âge n’arrivera pas demain. Je ne sais pas si nous serons encore vivants pour le voir. Mais la Dame nous apporte une chose très précieuse (Andréas désigne la bibliothèque tout autour de lui) : la connaissance. La connaissance du passé, de ses achèvements comme de ses erreurs. Cette connaissance nous permettra, je l’espère, d’éviter de reproduire les mêmes erreurs. Elle nous permettra aussi de combattre ceux qui doivent être combattus. Car il y a d'autres survivants des âges anciens. Certains sont des Esprits ou des Démons, comme cet Arbre-Démon dont nous n’avons parlé. Et d’autres sont des concepts ou des pratiques, tels l’esclavage, qu’il est plus que temps d’abattre. Voilà ce que nous voulons construire.
Quant à ta dernière question… Je ne sais pas pour quoi tu as “signé”, comme tu dis. Mais si tu es ici, c’est que la Dame a vu quelque chose en toi, et que tu as vu quelque chose en Elle. C’est entre Elle et toi. Pourquoi ne Lui demandes-tu pas ? »


↓ DEUXIÈME NIVEAU de secrets, accessible aux mieux informés des Rêveurs.


En plus des Rêveurs, la Librairie abrite un petit nombre de "fantômes" : il s'agit d'images de Rêveurs malheureusement décédés. On peut ainsi y recontrer les fantômes d'Eldan "le Moineau" et de la cheffe Korme Glaive. Ni l'un ni l'autre ne comprennent réellement ce qui leur arrive et repètent les mêmes tâches.


↓ TROISIÈME NIVEAU de secrets, sur les manuscrits de la Librairie.


La Librairie est une "sauvegarde" du savoir des Aînés et contient donc une quantité énorme d'information. Même cette information n'est pas accessible directement : de n'avoir plus été consultés depuis des siècles, les manuscrits sont comme "endormis" : leur aspect est grisâtre et poussiéreux. Il faut les "réveiller" avec de l'Essence pour que leur contenu soit lisible. Pour l'instant deux manuscrits seulement ont été réveillés :

  • un traité sur les Globes d'Observation, tel que celui possédé par Andréas ;
  • un traité d'épidémiologie, dont les concepts extrêmement avancés ont aidé Andréas à combattre la Grippe Sylvestre.

↓ Ci-dessous un dialogue "onirique" entre la Dame et son Héraut lors de la Longue Nuit de l'an 37 È.I.
Courant presque parmi les rayonnages, Andréas trouva la Dame, toujours haute et rayonnant d'une pâleur lunaire, alors qu'elle illuminait un grimoire entre ses mains. L'ouvrage encore largement grisâtre et poussiéreux semblait peu à peu gagner en densité, une couleur pourpre et la légère patine du cuir se répandant des mains de l'Aînée à travers la large couverture, un délicat gaufrage se dessinant à mesure que la texture atteignait la reliure, qui s'illumina enfin d'un titre doré.
La Dame sourit, leva ses yeux d'argent vers son Héraut et lui tendit le livre : « Vois, dit-elle. Avant même que ton ravitaillement ne me parvienne, la certitude de son arrivée m'a permis de consacrer quelques ressources à raviver quelques livres éteints.
- Euh... les livres s'éteignent ?
- Ceux de la Librairie des Âges, oui. Ils ne se dégradent pas mais, parce qu'ils n'ont plus été consultés depuis des siècles, leur substance et leurs pages se sont endormis, devenant des tombeaux du savoir plutôt que ses lutrins. Avant que nous ne puissions accéder à leurs contenus, il me faudra les réveiller un par un. Celui-ci, je l'ai ravivé à ton intention : il concerne les Globes d'Observation. Considère-le comme mon cadeau pour le solstice. »