Le Rêve au Sud : Différence entre versions

De Marches du Nord
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Version du 3 septembre 2014 à 19:16

à défaut d'un autre nom et d'un vrai emplacement dans la chronologie... tout est bien évidemment...


1. L'assemblée du clan

Un vaste feu brûle au centre de la hutte. Les anciens sont assis en cercle. Ils parlent à voix basse. Depuis deux jours, la vision ne cesse de hanter leurs palabres. Le chef des Delar'Gehmen s’emporte de temps à autre, à bout d’argument. Il ne cesse de répéter que la tribu doit partir, que seule la transhumance vers la mer peut les sauver. Les autres l’écoutent mais ne se décident pas, alors il tempête, menace de rassembler les siens et finit par s’assoir en maugréant. Si la situation n’était pas si grave, ce manège serait sans doute drôle. Kal Romlan Onei'llon le soutient comme il peut. Le rêve l’a épuisé. Pourtant, il pense aussi qu’il faut partir.

Beaucoup ont peur de bouger. Le Refuge est facile à défendre, les environs sont pauvres mais suffisent à la tribu malgré la venue des « corrompus ». Ils pensent la tribu trop affaiblie pour tout quitter en plein hiver et se risquer au travers des tempêtes. Les chefs parlent des enfants, des dangers. D’heures en heures, ils peignent une transhumance qui devient impossible.

Autour, la vie de la tribu semble ralentie. Tout le monde attend. Les quelques échos des palabres passent de bouches en bouches. Les hésitations des chefs deviennent celles des clans. On raconte en boucle le rêve à ceux qui ne l’ont pas senti. Tout le monde s’improvise chaman pour en déceler le sens. Les chasseurs s’éloignent peu, de peur de rater une décision importante.

Kal’esh’ Kan'shethan se glisse dans la tente en silence. Il a quitté la Meute Etoilée au matin pour s’en revenir vers le clan. Il s’assoie près de son mentor. Il écoute ses aînés, il observe les groupes qui se forment. Ceux qui veulent partir ne sont plus guère nombreux.

Il profite d’une pause dans les palabres pour se lancer. D’une voix claire, il raconte comment les loups ont rêvé comme les hommes. Il parle des combats, de ceux de ses frères lupins qui sont morts sous les crocs et les griffes des « corrompus ». Il dit comment les esprits corrupteurs se glissent dans les pas d’un loup efflanqué, comment les bêtes souffrent bien plus que les hommes de ce mal. Il avoue ne pas comprendre, comme tous : quelle est cette cité du sud, quelle est cette silhouette géante ? Ce qu’il sait, c’est que le mal y est lié. Si le loup maigre marche derrière elle, c’est que les hommes seront bientôt aussi victimes que les bêtes, que l’enfant n’était qu’un premier mort. Il dit qu’il faut partir, que les loups sentent les choses avant les hommes, qu’il faut les suivre.

Les chefs commencent à murmure entre eux. Certains sourient. Kal’esh’ Kan'shethan ne s’en rend pas compte. Il est pris dans son récit. Il dit que Noir-Bleu veut partir au sud, que la Meute Etoilée est inquiète. Kal Romlan Onei'llon pose sa main sur le bras de son élève.

Parmi les chefs, les chamans, les guerriers, les chasseurs et les artisans qui composent le conseil tribal, tous ne sourient pas. Shenol' Domer ("Né-des-Rochers"), Protecteur des Nev'Lonen ("gerfauts boréals") et désormais de tout les Del'Ranan intervient même d'un ton plus coupant qu'à l'accoutumée : "Quoiqu'en disent les esprits, ou même les loups, c'est de la folie ! La tribu n'est simplement pas prête pour voyager cet hiver ! Encore moins vers une destination inconnue que l'on ne connaît que par rêve. L'exode a jadis coûté bien des vies, nous manquons déjà de vivres, nos traîneaux de 20 ans d'âge manquent de tomber en pièces chaque fois que leur voile se tend... Et l'Oiseau-Monstre a tué Flèche-Tirée-Jadis, notre meilleure chasseresse ! Et vous seriez prêts à risquer toutes nos vies sur la fois d'un songe ?! Nous reviendrons sur nos terres un jour, nous retournerons au sud, car c'est notre destin : mais pas cet hiver, car nous y laisserions nos vies."

Le conseil médite un moment ce discours qui semble recueillir l'approbation de la plupart... jusqu'à ce que Ventre-d'Ourse, la gorge irritée par le calumet, crache dans le feu en secouant ses lourdes épaules : "Moi j'irai au sud. Mon traîneau est en bon état, j'ai quelques bons javelots, ma fidèle hache et j'en ai surtout plein le cul de me morfondre sur un tas de cailloux depuis que j'ai l'âge adulte. Je ne sais pas si la Mère est plus qu'une vieille légende mais mon propre vent souffle sous mes ailes et j'ai envie de voir les merveilles dont vous avez rêvées : ma sœur s'occupera de mes gosses."

Et alors que le conseil retentit d'un concert de protestation, Ventre-d'Ourse lève ses énormes fesses pour dresser sa stature plus large que haute et balancer "Que ceux qui préfèrent couiner jusqu'au prochain été restent donc assis dans la neige ! Qui vient avec moi ?"