Guerre des Lunes

De Marches du Nord
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Opposant le Royaume des Ondrènes à la coalition commandée par Haut-Royaume des Aramides, incluant les Mongrels, Rigorne et la principauté de Duriane, la Guerre des Lunes éclata durant l'Âge Sombre (en 69 avant l'È.I.) et ensanglanta Anguedale, Lorune, Lycène, Rigorne et toute la région autour des Monts de la Lune pendant 11 ans, avant de s'achever par la défaite de Rhoalberd des Ondrènes.
Conflit fondateur de ce qui deviendrait l'Empire de Rem, cette guerre déclencha aussi un exode qui accéléra considérablement la Conquête du Nord...


Mort aux Pillards !

Depuis les tréfonds de l'Âge Sombre, les montagnards Ondrènes, ont pillé leurs voisins de Lycène, Rigorne et Felriane, poussant parfois leurs raids jusque chez les Dalanes ou les Mongrels. Mais ce n'est que bien après que Lycène fut conquise (en 131 avant l'È.I.) dans l'indifférence quasi-générale, une fois que la lignée d'Orsane eut supplanté celle de Lorune à la tête du royaume-pillard et que la campagne de piraterie menée par le roi Harlberd sur la Mer du Levant atteignit l'Estran, récemment conquise par le Haut-Royaume. Les Lorunois s'en prenant bientôt à la région de Devorne, ces barbares ondrènes commencèrent à nuire à l'autorité (et au commerce) des Aramides eux-mêmes et, lorsque Narcejane fut mise à sac par les navires de Rhoalberd en -70, la dynastie kerdane des Venderine se joignit aux cris des Estranis et des Rigériens pour exiger des représailles. Heodrem le Hardi, Haut-Roi des Aramides devrait mériter son surnom.

Heodrem n'eut guère de mal à enrôler l'aide de Mongar, déjà plus ou moins mobilisé contre les Anguedais et avec qui ses propres aïeux avaient jadis combattu le Royaume Solaire, et se lança vaillamment à l'assaut des Monts de la Lune... Sans grand résultat : repoussées dans les causses de Hendrigue (les crêtes reliant les Monts Voilés aux Monts de la Lune), ayant brûlé Corlagorne mais assiégé Valondre en vain et constamment harcelées par les Anguedais, les armées des deux royaumes alliés ralentissaient à peine les raids ondrènes [1].
Mais, à partir de -67, la riche cité-état de Rigorne leur fournit des fonds grandissants, puis les Venderine et leurs clients Sangrine prêtèrent leurs flottes au transport des troupes. Mais rien que pour pousser le conflit vers Lorune, il fallu plusieurs débarquements à Lycène, l'acharnement des Mongrels contre les hauts plateaux de Rordame et plusieurs dizaines de milliers de morts de part et d'autre. Parmi les Aramides, Heodrem lui-même, gravement blessé à la (seconde) bataille de Tharguel en -64, et qui succomba presque une huitaine plus tard en abandonnant Lycène aux Lorunois et le trône à son fils...


Heormor le Juste

Aussitôt couronné Haut-Roi, Heormor fils d'Heodrem entreprit de réorganiser l'effort de guerre qui durait alors depuis presque cinq ans sans avoir produit d'avancée tangible : employant sa flotte "internationale" pour barrer le détroit de Maeln, il commença par bloquer tout commerce vers et depuis les terres Ondrènes [2], puis entrepris une avance progressive et fortifiée, d'abord à travers les vallées d'Anguedale (où les Mongrels rasèrent la plupart des bourgs au Sud du XXX), puis les crêtes d'Hendrigue (pratiquement dépeuplée par les massacres) et jusque dans le bassin de la Lyce, privant les Ondrènes de leur principale source vivrière.
Cette stratégie systématique menaçait pourtant de céder (à nouveau) face aux audacieux coups de main des Ondrènes et aux stratagèmes développés par un partisan lycien nommé Æryl de Sarde. En -63, une contre-attaque orsanie saccagea même la côte nord de Riger. Mais l'année suivante, un raid de ravitaillement anguedais particulièrement malavisé s'en pris au convoi d'une princesse dalane et la tua, décidant finalement la principauté de Duriane à se joindre à la coalition en -62, amenant avec elle des mercenaires Fehnri et même Sylvains.

Les forces Ondrènes exsangues, affamées, désormais attaquées par l'Ouest, le Sud et parfois même à travers le Golfe de Meren mais encore sporadiquement soutenues depuis le Nord, parvinrent à tenir encore trois ans avant que les troupes d'Ardhoran, roi des Mongrels, ne parviennent à percer à travers Lorune, dévastant Elorsame et y perdant deux fils au passage, pour assiéger Delarane. Mais Rhoalberd parvînt à s'enfuir pour se réfugier dans sa forteresse ancestrale d'Orsigile : après quatre mois d'un ultime siège, la citadelle tomba et Ardhoran réclama l'honneur de décapiter le dernier roi des Ondrènes...


Unification

Ces onze années de guerre furent dévastatrices pour la plupart des belligérants. Côté ondrène, si un exode massif avait accéléré le peuplement des Marches du Nord en y fondant de nouvelles cités, Lorune était réduite à une poignée de citadelles montagnardes, Anguedale à moitié dépeuplée par les massacres successifs et Lycène presque entièrement dévastée. Au sein de la coalition, la victoire avait coûté aux Venderine une grande partie de leur flotte et de leur influence dans les archipels kerdans, anéanti la petite armée de Riger comme sa suprématie économique sur la côte et enterré les deux tiers de la noblesse guerrière de Mongar. Même les Aramides y avaient épuisé tant de forces que, plutôt que de dégarnir leur frontière Sud alors que les escarmouches avec les Hornois s'y multipliaient [3].
En somme, plus personne n'étant en état de combattre, l'heure était venue de trouver des solutions diplomatiques, et le Culte des Pères put y démontrer son talent... tout en asseyant un pouvoir politique qui ne cesserait plus de croître chez les Remans.


Les Pères négocièrent d'abord l'allégeance des Ondrènes au Haut-Royaume : pour éviter d'être occupés ou anéantis, ceux-ci acceptèrent la souveraineté d'Heormor, le versement d'un tribut annuel [4] et, bien évidemment, de mettre fin aux pillages. Désormais, les farouches guerriers du Nord serviraient dans l'armée royale, leurs seigneuries conservant une relative autonomie et, surtout, leur liberté de culte [5].

Pendant que les nobles mongrelles, privées de chevaliers de leur peuple, épousaient suffisamment d'Aramides pour que Mongar fusionne quasiment avec le Haut-Royaume en moins de deux générations, de longues tractations furent entreprises pour amener Riger dans le giron royal : les Doges de Rigorne eurent beau traîner les pieds, ils devaient bien admettre que leur pays était désormais presque "encerclé" par des territoires du Haut-Royaume et économiquement dépendant de son commerce. Le sentiment national reculant devant les considérations financières à mesure que prospérait la Maison Loryame, la première à embrasser ce nouvel état de fait, les Rigériens finirent par prêter allégeance à Heormor "le Juste" en -42, quelques années seulement avant sa mort.


Au final, quoique la principauté de Duriane resta "indépendante mais alliée" aux Aramides jusqu'à ce jour, les retombées de ce sanglant conflit permirent l'unification graduelle d'un royaume continental qui finit par s'étendre d'Orsane (au Nord) à Varasile (au Sud) et de l'Échine du Monde (à l'Ouest) jusqu'à la côte du Levant. Un vaste royaume que Semeron le Conquérant, couronné en -35 après un bref conflit de succession, se consacrerait ensuite à transformer en Empire...



  1. L'archipel de Felriane, lui, était à peu près épargné : d'une part parce que les Orsanis avaient pris l'habitude d'y écouler leurs butins, d'autres part parce que les Malnides de Farlane et leurs alliés Torodine espéraient simplement voir leurs concurrents rigériens et Venderine y épuiser leur ressources. Officiellement, ils restèrent donc "neutres" pendant la totalité du conflit, laissant officieusement une petite famille kerdane méconnue, ravitailler les Ondrènes depuis leurs îles.
  2. Quoique les territoires ondrènes inclussent déjà des colonies au Pays des Vents, auxquelles Heormor ne pouvait rien...
  3. La principauté de Duriane, seule, équilibrait finalement son bilan grâce à l'usage de mercenaires en grande partie payés par le pillage de Valondre, Tharguel et Rordame.
  4. Tribut entièrement ré-investi dans la reconstruction de Lycène, qui nécessita par ailleurs bien d'autres capitaux, mais refleurit ensuite avec l'avènement de l'Empire...
  5. Les Ondrènes pratiquent une version assez particulière du culte des Premiers, rendant plus particulièrement hommage à Herem, Premier Seigneur des Batailles, à son épouse Delem et à la figure tutélaire du héros Horbram, qu'ils considèrent comme un Aîné.