Esclavage : Différence entre versions

De Marches du Nord
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L'esclavage est une '''pratique ancestrale''' dans le pourtant jeune [[Empire de Rem]], héritée de l'[[Royaume Solaire|antiquité solaire]], via le [[Royaume de Horne]] autant que les traditions guerrières du [[Haut-Royaume]] des [[Aramides]]. Longtemps, elle a surtout consisté à '''asservir les [[:Catégorie:Peuples|peuples]] vaincus aux travaux les plus durs ou dangereux''' requis par l'expansion des états vainqueurs, en particulier dans la construction des grands projets, l'agriculture et l'irrigation, les mines, la sylviculture et même pendant un temps aux galères.<br>
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L'esclavage est une pratique ancestrale dans le pourtant jeune [[Empire de Rem]], héritée de l'[[Royaume Solaire|antiquité solaire]], via le [[Royaume de Horne]] autant que les traditions guerrières du [[Haut-Royaume]] des [[Aramides]]. Longtemps, elle a surtout consisté à '''asservir les [[:Catégorie:Peuples|peuples]] vaincus''' pour les forcer aux travaux les plus durs ou dangereux requis par l'expansion des états vainqueurs, en particulier dans la construction des grands projets, l'agriculture et l'irrigation, les mines, la sylviculture et même pendant un temps aux galères.
Différemment, [[Fehn]] ne se contente pas de mettre les vaincus aux travaux forcés : dans le lointain continent équatorial, les esclaves sont le socle laborieux d'une société de caste bien plus complexe où presque tout le monde appartient littéralement à une Lignée ''et'' à une Maisonnée noble, et l'ont trouve donc au sein des matrimoines fehnriques des "esclaves" lettrés, artistes, négociants et parfois même savants qui peuvent s'élever jusqu'à occuper des postes assez élevés sans jamais vraiment cessé d'être la propriété d'une Matriarche.
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Mais cette forme particulière de servitude est pourtant relativement nouvelle au Nord, puisqu''''elle était inconnue au [[Royaume des Ondrènes]]''' jusqu'à leur défaite à l'issue de la [[Guerre des Lunes]] et –bien sûr– absolument proscrite par le [[Hagad]] au [[Pays des Vents]]. Cela ne fait donc que '''deux ou trois générations que la pratique s'est répandue dans les [[Marches du Nord]]''', mollement encadrée par la loi impériale, elle-même issue d'une tradition religieuse qui s'est imposée en même temps que le [[Culte des Pères]]...
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Différemment, [[Fehn]] ne se contente pas de mettre les vaincus aux travaux forcés : dans le lointain continent équatorial, les esclaves sont le socle laborieux d'une société de castes bien plus complexe, où presque tout le monde appartient littéralement à une Lignée ''et'' à une Maisonnée noble : on trouve donc au sein des matrimoines fehnriques des "esclaves" lettrés, artistes, négociants et parfois même savants qui peuvent s'élever jusqu'à occuper des postes assez élevés sans jamais vraiment cesser d'être la ''propriété'' d'une Matriarche.<br>
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Il est à noter que si le négoce des esclaves est interdit par le [[:Catégorie:Les Kerdans#Le Concile kerdan|Concile d'Altamire]] et donc généralement désapprouvé parmi les navigateurs kerdans, cette règle ne s'applique réellement que dans leurs archipels et, récemment, on a vu des navires [[Torodine]] livrer des esclaves à [[Felriane]] et [[Mélanque]]...
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Cette forme particulière de servitude est toutefois '''relativement nouvelle au Nord''', puisqu'elle était inconnue au [[Royaume des Ondrènes]] jusqu'à leur défaite à l'issue de la [[Guerre des Lunes]] et –bien sûr– absolument proscrite par le [[Hagad]] au [[Pays des Vents]]. Cela ne fait donc que trois ou quatre générations que '''la pratique s'est répandue dans les [[Marches du Nord]]''', mollement encadrée par la loi impériale –elle-même issue d'une tradition religieuse qui s'est imposée en même temps que le [[Culte des Pères]] <ref>Ce qui est aussi vrai de [https://fr.wikipedia.org/wiki/March%C3%A9_aux_esclaves#Moyen_%C3%82ge l'Europe médiévale]</ref>). Mais depuis deux décennies, la traite des esclaves est devenue l''''exportation la plus lucrative de toutes les Marches'''.
  
  
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=== La révélation de Saint Olgham ===
 
=== La révélation de Saint Olgham ===
Les [[Livre des Âges]] indique que, durant l'[[Âge Sombre]], lors d'une terrible bataille contre les [[Varangue|Varangiens]] impies, un des "princes de l'Arem" (c'est-à-dire un seigneur aramide) avait été mis à bas de son cheval et que les barbares s'apprêtaient à le massacrer lorsque son prêtre et conseiller Olgham se jeta devant son suzerain pour le protéger. Frappé par une lance, il s'allongea tout de même sur le prince pour lui faire un rempart de sa dépouille mais, lorsqu'un des Varangiens leva son arme pour achever le prêtre, [[Premiers|Rem]] pris possession de ce dernier pour éblouir les barbares. Une fois le prince relevé, la bataille fût d'autant plus vite gagnée que les Varangiens se prosternaient devant Olgham : y voyant un signe que '''même les barbares vaincus pouvaient être touchés par l'illumination''', le prêtre demanda au prince de leur permettre de rejoindre les rangs des fidèles, au lieu d'être emmenés comme esclaves selon "l'ancienne coutume"<ref>Plus prosaïquement, plusieurs commentateurs de ce verset notent que le culte de Rem (il n'est devenu le culte "des Pères" que bien plus tard, dans un souci de relatif syncrétisme) s'est développé à mesure que le Royaume des Aramides absorbait d'autres nations et, peu à peu, son identité nationale a glissé de "être un descendant de Rem et Melen" vers "croire en Rem". Et comme le culte présentait souvent la conversion comme une alternative à l'esclavage, il y eut ''beaucoup'' de convertis.</ref>.<br>
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Les [[Livre des Âges]] indique que, durant l'[[Âge Sombre]], lors d'une terrible bataille contre les [[Varangue|Varangiens]] impies, un des "princes de l'Arem" (c'est-à-dire un seigneur aramide) avait été mis à bas de son cheval et que les barbares s'apprêtaient à le massacrer lorsque son prêtre et conseiller Olgham se jeta devant son suzerain pour le protéger. Frappé par une lance, il s'allongea tout de même sur le prince pour lui faire un rempart de sa dépouille mais, lorsqu'un des Varangiens leva son arme pour achever le prêtre, [[Premiers|Rem]] pris possession de ce dernier pour éblouir les barbares. Une fois le prince relevé, la bataille fût d'autant plus vite gagnée que les Varangiens se prosternaient devant Olgham : y voyant un signe que '''même les barbares vaincus pouvaient être touchés par l'illumination''', le prêtre demanda au prince de leur permettre de rejoindre les rangs des fidèles, au lieu d'être emmenés comme esclaves selon "l'ancienne coutume" <ref>Plus prosaïquement, plusieurs commentateurs de ce verset notent que le culte de Rem (il n'est devenu le culte "des Pères" que bien plus tard, dans un souci de relatif syncrétisme) s'est développé à mesure que le Royaume des Aramides absorbait d'autres nations et, peu à peu, son identité nationale a glissé de "être un descendant de Rem et Melen" vers "croire en Rem". Et comme le culte présentait souvent la conversion comme une alternative à l'esclavage, il y eut ''beaucoup'' de convertis.</ref>.<br>
 
Bien plus tard, le Concile d'[[Arnelore]] de -104 (de temps en temps, on met à jour le dogme) transforma cette exception, déjà répétée plusieurs fois, en règle religieuse officielle, qui fût ensuite intégrée aux lois impériales et étendues aux adorateurs de Herem lors de la [[Chute de Horne]], comme unique condition à la reddition des derniers défenseurs Hornois. De nos jours, l'Empire n'asservit donc plus que les peuples qui ne revendiquent pas de filiation avec les [[Premiers]] ou refusent le dogme du culte, en particulier les [[Emishen]] et les [[Fehnri]], ou les rebelles et agitateurs politiques.
 
Bien plus tard, le Concile d'[[Arnelore]] de -104 (de temps en temps, on met à jour le dogme) transforma cette exception, déjà répétée plusieurs fois, en règle religieuse officielle, qui fût ensuite intégrée aux lois impériales et étendues aux adorateurs de Herem lors de la [[Chute de Horne]], comme unique condition à la reddition des derniers défenseurs Hornois. De nos jours, l'Empire n'asservit donc plus que les peuples qui ne revendiquent pas de filiation avec les [[Premiers]] ou refusent le dogme du culte, en particulier les [[Emishen]] et les [[Fehnri]], ou les rebelles et agitateurs politiques.
  
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== Économie ==
 
== Économie ==
À l'heure actuelle, les principaux "marchés aux esclaves" de l'Empire sont [[Arnelore]], [[Marale]], [[Lycène]] et, dans le Nord, '''[[Corelguil]] et [[Aroche]]''', même si la pratique se développe doucement dans le reste des Marches (d'abord à [[Darverane]], puis [[Archerune]]). Parce que ce commerce réclame avant tout d'avoir les moyens d'enfermer et de transporter beaucoup de gens, il est surtout pratiqué par les [[nobles]] et des [[Mercenaires|compagnies mercenaires]] reconverties mais, parmi les Maisons Marchandes, c'est devenu la spécialité des [[Maisons Marchandes#Borwyn|Borwyn]], qui commence à dominer le marché, quoique les Anvarel s'y mettent à leur tour.<br>
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Longtemps un négoce ''très mineur'' au Pays des Vents, la traite des esclaves n'a véritablement '''pris son essor qu'avec [[Conquête du Nord#L'Invasion|l'invasion]]''' des plaines menées par le Duc-Gouverneur [[Lamdo d'Orsane]] à partir de l'an 16 ([[È.I.]]) : parce qu'il lui fallait rapidement compenser le considérable coût de sa grande armée, Lamdo s'empressa d'asservir non seulement les prisonniers de guerre mais les civils Emishen qui lui tombait sous la main, d'abord pour les mettre au travail (sur les routes et les chantiers de fortification, dans les champs et au fond des mines), puis en les exportant quand on s’aperçut qu''''il y avait une demande''' dans le reste de l'[[Empire de Rem]].
Concernant les tarifs :
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* un '''mâle Emishen''' se négocie autour d'[[Monnaies#Astres Impériaux|un soleil d'or]] (disons entre 7 et 15 £unes suivant ses capacités physiques et sa santé),
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La pratique se généralisant et les filières une fois mise en place, les esclaves devinrent vite '''un négoce très lucratif''' : les métallurgistes '''[[Borwyn]]''' en achetaient et en vendaient un peu partout dans les Marches selon les besoins de l'activité minière ou des exploitations agricoles, quand l'exportation des captifs vers le [[Golfe de Meren]] fît bientôt la fortune des '''[[Barandir]]'''. Quoique le marché connut d'importantes fluctuations de volumes et de prix durant sa première décennie, [[Brendeline Vasaride]] (sans doute la spécialiste "endilane" du sujet) évalue le '''chiffre d'affaires annuel autour de 50.000 [[£unes]]''' (dont une bonne moitié pour les seuls [[Barandir]]) entre l'an 27 et l'an 37, soit entre la consolidation du marché et sa première crise.
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Autrement dit, et quoi qu'il soit difficile d'évaluer exactement les profits de la décennie précédente, les Barandir ont probablement empoché près de 130.000£ de ''bénéfices'' entre les années 27 et 37 : ils en ont certes dilapidé une bonne partie pour passer du niveau de vie ''"hutte en rondins et hache en fer"'' à ''"manoir plein d'or et de fourrure"'', améliorant au passage l'ordinaire d'un paquet d'artisans orsanis, mais ils ont également ré-investis ces profits dans leur propre marine marchande, bientôt devenue la [[Melangoline#Barandir|deuxième flotte commerciale du Levant]].
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=== Marchés===
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Parce que l'esclavage réclame avant tout d'avoir '''les moyens d'enfermer et de transporter beaucoup de gens''', il est surtout pratiqué par des [[nobles]] très "militarisés" (ce qui est assez courant chez les Ondrènes) et des [[Mercenaires|compagnies mercenaires]] plus ou moins reconverties<ref>Par exemple, ce fût un temps la spécialité des [[Écorcheurs]].</ref>. Mais parmi les '''[[Maisons Marchandes]] qui ''organisent'' la traite''', les poids lourds du marché y sont venus par des activités connexes, à l'aide d'une organisation financière qui leur conférait les fonds pour ''développer'' ce nouveau marché. <br>
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De fait, les Borwyn se sont fait une spécialité de l'esclavage d'abord parce qu'ils étaient très liés à l'[[Armée du Nord]] (et en particulier aux prévôts [[Romald de Corelguil]] et Rhilder des Lacs), ensuite parce que nombre d'entre eux possédaient des mines qui sont autant des lieux de travail que de ''détention'', et enfin parce qu'ils étaient aussi les premiers fabricants de ''chaînes''.
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Différemment, les Barandir se sont convertis à ce négoce depuis la ''piraterie'', qu'ils pratiquaient évidemment avec des troupes, des navires et un réseau de recel, tous assez facilement ré-employés dans le transport d'esclaves à travers la Mer d'Écume. D'ailleurs cette reconversion n'est pas seulement née de l'opportunité ouverte par l'invasion du Nord, mais aussi de l'interdiction officielle de la piraterie par le Duc d'Orsane, confirmée par la présence grandissante d'une marine de combat ''kerdane'' escortant les navires marchands autour de Felriane (grossièrement depuis l'an 15).
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Si les Borwyn dominaient très largement le marché régional, les principaux bénéfices se faisaient néanmoins à l''''exportation''', par la mer, '''via [[Aroche]]''' : depuis l'an 28, date à laquelle la traite ''maritime'' avait fini de s'organiser<ref>C'est à dire que le négoce d'abord "improvisé" s'est progressivement doté de geôles dédiées dans les villes portuaires et de navires spécialement équipés, de fournisseurs d'entraves et de chaînes à prix et volumes fixes, les cours se sont plus ou moins stabilisés et, en l'an 28, le tout s'est vu imposé une ''réglementation''...</ref>, les esclavagistes ont expédié chaque année entre 6 et 10.000 Emishen (environs de 80.000 personnes en dix ans) dans des navires spécialement équipés (principalement orsanis) vers le Golfe de Meren, où ils étaient revendus avec une marge bénéficiaire de plus de 50% malgré d'assez lourdes pertes en mer.
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Au début de l'an 37, les '''principaux marchés aux esclaves de l'Empire''' étaient d'abord '''[[Orsane#Orsigile|Orsigile]]''', en fait devenue la plaque tournante de la ''distribution'' d'esclaves, Aroche comme point d'embarquement depuis les Marches du Nord, '''[[Lycène#Enssyane|Enssyane]]''' (premier port de [[Lycène]]) qui concentrait un grand nombre d'acheteurs (la noblesse lycienne employant beaucoup d'esclaves dans son développement économique) et '''[[Narcejane]]''' qui reste la première bourse d’échange de l'Empire toutes cargaisons confondues, en plus d'être le "port d'[[Arnelore]]", la capitale consommant elle aussi beaucoup d'esclaves.<br>
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Arrivés à Orsigile, environ un tiers des captifs était donc expédié vers Enssyane pour être revendus à la noblesse de [[Lycène#Paremine|Paremine]], [[Lycène#Rivelune|Rivelune]] ou (dans une moindre mesure) [[Lycène#Mélanque|Mélanque]], un autre tiers continuait vers le Sud en direction de Narcejane –sa destination finale étant Arnelore ou [[Varangue]], un petit sixième était directement employé à Orsane et le reste livrés vers les marchés secondaires de [[Felriane]] ou [[Rigorne]].
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Si ces ports de destination entraînent effectivement l'ensemble de la traite des esclaves, non seulement parce qu'ils en sont les débouchés mais que c'est encore là que se font les plus gros bénéfices, on aurait tort de négliger '''les marchés nordiques qui sont la source''' de tout ce négoce. <br>
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'''[[Corelguil]]''', citadelle justement agrandie au moment de l'invasion pour enfermer un nombre grandissant d'[[Edell'Okhil]] asservis, est vite devenue le premier centre d'esclavage des Marches, autant par l'influence des Borwyn depuis longtemps installés tout autour (particulièrement à [[Orbrune]] et [[Malorne]]) que parce que ces Edell'Okhil s'avérèrent le '"haut de gamme" des esclaves, puisqu'ils avaient déjà la pratique de la mine et des travaux de force.<br>
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Par contraste, l'esclavage ne s'est développé à '''[[Archerune]]''' (à partir de l'an 17) que parce que la cité fût la base-arrière des armées du Duc Lamdo et que son port sur le [[Dramguil]] devînt naturellement le point d’embarquement d'où envoyer les prisonniers du Duc en aval, vers [[Valmire]] et [[Salviane]] pour la consommation locale, ou carrément vers Aroche pour l'exportation.<br>
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Ce n'est en fait qu'en l'an 26, après la prise de pouvoir de [[Rhilder le Boiteux]], que '''[[Darverane]]''' a pris une place prépondérante sur ce marché : à force de multiplier les razzias chez les [[Rimdehl]], les Edell'okhil et les [[Elloran]], d'investir avec l'aide des Borwyn dans de vastes geôles citadines et de réorganiser le transport en direction d'Archerune (via la [[Grande Chaussée]]), la [[Marche des Lacs]] en général, sa cité de Darverane et son Prévôt en particulier se sont peu à peu imposés comme le second producteur d'esclaves du Pays des Vents, et le '''premier fournisseur de l'exportation''' –puisqu'une bonne moitié des captifs de Corelguil étaient encore exploités dans les mines de la [[Marche des Gemmes]].
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===Prix===
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La valeur d'échange des esclaves, principalement mais pas uniquement Emishen, a nettement varié depuis le début de l'Ère Impériale : avant qu'il n'existe effectivement un marché et une forte demande internationale, les esclaves vendus au Pays des Vents ne dépassaient guère 4 ou 5£, d'autant que '''les premiers furent des [[Hommes-Fauves]]''', physiquement très forts mais indisciplinés et à peu près incultes, qu'on ne pouvait conduire qu'à grands coups de fouet.<br>
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Si les armées ondrènes avaient néanmoins appris des Aramides à asservir les nations vaincues, au point que les guerriers de plusieurs clans emishen aient été réduits en esclavages depuis ''au moins'' la [[Conquête du Nord#Seconde Guerre Nordique|Seconde Guerre Nordique]], les prix ont grimpé à mesure que l'offre démontrait son intérêt, et engendrait une demande croissante d'abord à Lycène, puis dans le reste de l'Empire.
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En l'an 37, les prix courants étaient les suivants :
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* un '''mâle Emishen''' se négocie autour d'[[Monnaies#Astres Impériaux|un soleil d'or]] (disons entre 7 et 15 [[£unes]] suivant ses capacités physiques et sa santé),
 
* une '''femelle adulte''' se vend entre 6 et 8£ (quoique les prix des "reproductrices" tendent à augmenter à mesure que se développe la pratique d'élever des esclaves en captivité), rarement 12£ si elles sont très belles et donc destinées aux bordels ou aux boudoirs des riches,
 
* une '''femelle adulte''' se vend entre 6 et 8£ (quoique les prix des "reproductrices" tendent à augmenter à mesure que se développe la pratique d'élever des esclaves en captivité), rarement 12£ si elles sont très belles et donc destinées aux bordels ou aux boudoirs des riches,
 
* un '''enfant''' peut s'acheter entre 3 et 6£ suivant ses éventuelles aptitudes, les tarifs augmentant depuis peu à cause de la rétention exercée à [[Darverane]] (où le prévôt [[Rhilder le Boiteux]] les accumule comme otages),
 
* un '''enfant''' peut s'acheter entre 3 et 6£ suivant ses éventuelles aptitudes, les tarifs augmentant depuis peu à cause de la rétention exercée à [[Darverane]] (où le prévôt [[Rhilder le Boiteux]] les accumule comme otages),
* les '''Fauves''' sont souvent vendus par lots, le prix à la pièce étant souvent inférieur à la moitié d'un Emishen (comptez 4£ pour un mâle) car ils ne font pas de bons tarvailleurs,
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* les '''Fauves''' sont essentiellement vendus par lots, le prix à la pièce étant souvent inférieur à la moitié d'un Emishen (comptez 4£ pour un mâle) car ils ne font pas de bons travailleurs,
 
* un '''mâle fehnri''' vaut de 5 à 8£,
 
* un '''mâle fehnri''' vaut de 5 à 8£,
 
* curieusement, il n'y a guère de marché établi pour les '''femelles fehnri''', à cause d'une sombre superstition (leurs propriétaires ayant paraît-il tendance à décéder de maladies affreuses), mais une très belle pièce est parfois l'objet d'enchères.
 
* curieusement, il n'y a guère de marché établi pour les '''femelles fehnri''', à cause d'une sombre superstition (leurs propriétaires ayant paraît-il tendance à décéder de maladies affreuses), mais une très belle pièce est parfois l'objet d'enchères.
  
  
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==Conséquences sociales==
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'''▼ EN TRAVAUX ▼'''
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* Marche des Lisières : grands propriétaires terriens (esclaves = servage), fidèles à Berinor qui leur promet des fiefs
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=== Esclaves emishen ===
 
=== Esclaves emishen ===
 
'''Les esclaves y sont bien sûr très majoritairement Emishen''', et principalement employés dans les [[Mines|exploitations minières]], au pavage des routes impériales et sur les grands chantiers de constructions (la forteresse de [[Bragone]], par exemple, est probablement le projet le plus consommateurs d'esclaves de toutes les Marches).
 
'''Les esclaves y sont bien sûr très majoritairement Emishen''', et principalement employés dans les [[Mines|exploitations minières]], au pavage des routes impériales et sur les grands chantiers de constructions (la forteresse de [[Bragone]], par exemple, est probablement le projet le plus consommateurs d'esclaves de toutes les Marches).
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Ce n'est que bien des mois plus tard, lorsque [[Liméric Durgaut]] fut nommé "bailli", qu'il fit '''inscrire cette prohibition dans la législation''' : posséder, acheter et vendre des esclaves était désormais interdit ''à tous'' (même aux étrangers de passage), dans toute la vallée. Ceux qui tenteraient de le faire verraient leur "marchandise" saisie par la garde... et probablement "perdue" peu après. Et si, techniquement, ce n'est toujours pas une abolition, cette décision est déjà ''très mal perçue'' dans la Marche des Lacs voisine, où on y voit déjà le germe d'une trahison en faveur des "[[Stéréotypes venteux|Venteux]]".
 
Ce n'est que bien des mois plus tard, lorsque [[Liméric Durgaut]] fut nommé "bailli", qu'il fit '''inscrire cette prohibition dans la législation''' : posséder, acheter et vendre des esclaves était désormais interdit ''à tous'' (même aux étrangers de passage), dans toute la vallée. Ceux qui tenteraient de le faire verraient leur "marchandise" saisie par la garde... et probablement "perdue" peu après. Et si, techniquement, ce n'est toujours pas une abolition, cette décision est déjà ''très mal perçue'' dans la Marche des Lacs voisine, où on y voit déjà le germe d'une trahison en faveur des "[[Stéréotypes venteux|Venteux]]".
  
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== Situation en l'an 39 ==
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Si cette page s'exprime largement au passé, c'est parce que la traite des esclaves a été profondément secouée à partir de l'été 37, quand u'''ne série de soulèvements indigènes ont déclenché la Troisième Guerre Nordique'''<ref>Qui est le sujet transversal de notre campagne.</ref> : non seulement les zones où l'on capturé auparavant des esclaves sont-elles devenues très dangereuses pour les colons ondrènes, mais '''les [[Rebelles]] emishen se sont prioritairement attaqués aux transports et aux centres de détentions d'esclaves''', autant pour libérer leurs frères que pour accroître leurs propres troupes.<br>
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Dès lors que la marchandise a commencé à résister en s'armant, le marché des esclaves a vite connu une forte crise d'approvisionnement, qui s'est propagée tout le long de la filière de livraison...
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Depuis deux ans que la guerre fait rage dans les Marches, '''la traite des esclaves est aujourd'hui réduite à peu de choses''' : Corelguil a perdu l'essentiel de ses marchandises avec le soulèvement des [[So'Sherkan]] ; les [[Barantanen]] et leur "''[[26) "La Clé des Mensonges"#La Chanson Qui Tue|Chanson-qui-Tue]]''" ont terrorisé les marchands des Lisières et d'Aroche pendant plus d'un an (au point qu'il ne reste plus beaucoup de téméraires pour se risquer dans ce commerce), puis les [[Arkonnelkan]] ont envahi la région en libérant tous les Emishen asservis qu'ils trouvaient.<br>
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Et puisque le marché aux esclaves d'Archerune dépendait de Darverane plus que de Corelguil (les Archerois étaient de fait les principaux clients de Rhilder), il n'a quasiment plus rien à vendre depuis que la Prévôté des Lacs a prohibé l'esclavage à l'automne 38.<br>
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Ce faisant, '''le [[Prévôt Durgaut]] a donc donné le coup de grâce à un commerce qui rapportait jadis, chaque année, des 10aines de milliers de £unes''' à un paquet de négociants des Marches jusqu'à Orsane, Lycène et Felriane. Et ces négociants l'ont donc ''très mal pris''...
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Sans compter que l''''activité minière, tout spécialement des [[Borwyn]], employait des milliers de ces esclaves''' (près de 5.000 en l'an 37 dans la seule Marche des Gemmes), obtenus à bas prix puisque capturés sur place. Et c'est parce que les Borwyn commençaient à dominer le marché "intérieur" que '''les Barandir s'étaient associés à eux''' depuis l'an 28 –ne serait-ce que pour que leur approvisionnements dépendent moins de la noblesse lorunoise.
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En plus de la brutale privation de leur sources d'approvisionnement, les Barandir ont aujourd'hui un sérieux problème structurel puisque leur vaste flotte marchande inclut évidemment une grosse filière "internationale" de distribution d'esclaves. Mais, autant à cause des Rebelles indigènes que des choix politiques des Endilans, '''cette filière jusqu'ici très lucrative est brutalement devenue déficitaire''' entre la fin de l'an 37 et l'été 38 : les Barandir ont donc plein de bateaux spécialement équipés, des marins et des gardes-chiourmes, des geôles louées ou construites dans chaque port, des contrats et une considérable collection de chaînes qui ne rapportent soudain presque plus rien, mais totalisent un sérieux coût d'entretien.<br>
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Ils devront donc bientôt décider s'ils continuent de payer les frais de tout cet appareil marchand dans l'espoir que la traite des esclaves reprenne un jour (ils peuvent sans doute tenir quelques années), ou s'il vaut mieux liquider la filière après 20 ans de service, de gros investissements et d'énormes profits.
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Car, grossièrement, la traite des esclaves s'est aujourd'hui effondrée à '''un petit dixième de ce qu'elle était il y a trois ans''' et risque de tomber encore plus bas une fois que les stocks des Lisières auront été écoulés, puisqu'on ne capture plus d'Emishen que sporadiquement dans toutes les Marches. (Historiquement, ça pourrait signifier que les Fehnri ont du souci à se faire.)
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Le "[https://fr.wikipedia.org/wiki/Krach krach]" de ce marché jusqu'alors florissant représente quand-même une baisse de 20 à 25% du chiffre d'affaires sur ''l'ensemble'' du port d'Aroche, à peu près autant à Enssyane, sans doute 30 à 40% des affaires du port d'Orsigile et encore 10-12% à Felriane.<br>
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Mais on pourrait aussi compter l'impact indirect sur les mines et les forges. D'abord, privée d'esclaves, la production de minerais et de métal a nettement baissé, d'ailleurs le transport et la détention de ces esclaves réclamait la fabrication de chaînes (cadenas, colliers, entraves...) à une échelle industrielle qui vient elle aussi de stopper. Ensuite, il faut considérer les impôts qu'en tiraient Larmond comme les autres prévots, et tous les métiers qui dépendaient de la traite des captifs : les intermédiaires, appariteurs et courtiers, les geôliers, chasseurs d'esclaves et soigneurs, mais aussi le mercenariat lorunois...<br>
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Car si les barons de [[Garde-Lunes]] n'ont échappé à l'effondrement du marché que parce que leurs alliés Talendans les ont convaincus  d'abandonner l'escorte de caravanes d'esclaves pour réinvestir leurs troupes à Tal Endhil, beaucoup d'autres nobliaux ondrènes –en particulier les chevaliers et baronnets de [[Lorune#Morholt|Morholt]], de [[Lorune#Rordame|Rordame]] et d'[[Anguedale]]– y ont perdu une part significative de leurs revenus. Et leurs deux seuls recours sont aujourd'hui, d'une part, de se joindre à la guerre contre les Rebelles indigènes et, d'autre part, d'en appeler au [[Theodrome de Lorune|Duc de Lorune]] pour défendre leurs intérêts communs : pacifier les Marches, et recommencer à capturer des esclaves...
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En réaction à cette crise de l'esclavage, la première du genre, '''plusieurs "Grafs" de la Maison Barandir ont aussi débarqué à Aroche''', puis Salviane, Archerune et Bragone ce printemps pour tenter d'y faire quelque chose : liquider ce qui doit l'être (en commençant par fondre les chaînes pour les revendre au prix du fer, sous-louer les geôles, fermer les bureaux...), rassurer leurs investisseurs et partenaires sur une prochaine reprise des affaires, mais aussi motiver les autorités militaires à faciliter cette relance.<br>
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Ils proposent par exemple d'asservir les prisonniers de guerre plutôt que de les torturer, les exécuter ou de laisser mourir les blessés (quoique des rebelles ne fassent pas des esclaves très dociles), mais aussi '''que les armées du Nord prêtent leur concours à de grandes opérations de capture''' : pour l'instant, seul [[Berinor de Salviane]] est vraiment en position de profiter de cette offre, mais il compte empocher presque la moitié des profits, ce qui va continuer de '''faire grimper le cours de l'esclave dans les marchés lointains'''. Une hausse des tarifs qui est, pour l'instant, le meilleur espoir de la filière Barandir...
  
 
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Version actuelle en date du 29 septembre 2022 à 19:24

L'esclavage est une pratique ancestrale dans le pourtant jeune Empire de Rem, héritée de l'antiquité solaire, via le Royaume de Horne autant que les traditions guerrières du Haut-Royaume des Aramides. Longtemps, elle a surtout consisté à asservir les peuples vaincus pour les forcer aux travaux les plus durs ou dangereux requis par l'expansion des états vainqueurs, en particulier dans la construction des grands projets, l'agriculture et l'irrigation, les mines, la sylviculture et même pendant un temps aux galères.

Différemment, Fehn ne se contente pas de mettre les vaincus aux travaux forcés : dans le lointain continent équatorial, les esclaves sont le socle laborieux d'une société de castes bien plus complexe, où presque tout le monde appartient littéralement à une Lignée et à une Maisonnée noble : on trouve donc au sein des matrimoines fehnriques des "esclaves" lettrés, artistes, négociants et parfois même savants qui peuvent s'élever jusqu'à occuper des postes assez élevés sans jamais vraiment cesser d'être la propriété d'une Matriarche.
Il est à noter que si le négoce des esclaves est interdit par le Concile d'Altamire et donc généralement désapprouvé parmi les navigateurs kerdans, cette règle ne s'applique réellement que dans leurs archipels et, récemment, on a vu des navires Torodine livrer des esclaves à Felriane et Mélanque...


Cette forme particulière de servitude est toutefois relativement nouvelle au Nord, puisqu'elle était inconnue au Royaume des Ondrènes jusqu'à leur défaite à l'issue de la Guerre des Lunes et –bien sûr– absolument proscrite par le Hagad au Pays des Vents. Cela ne fait donc que trois ou quatre générations que la pratique s'est répandue dans les Marches du Nord, mollement encadrée par la loi impériale –elle-même issue d'une tradition religieuse qui s'est imposée en même temps que le Culte des Pères [1]). Mais depuis deux décennies, la traite des esclaves est devenue l'exportation la plus lucrative de toutes les Marches.


Cadre légal et religieux

En théorie, on ne peut posséder d'esclaves que par permission impériale, quoique les nécessités économiques et l'éloignement des Marches du Nord y aient assoupli la coutume, au point qu'il suffit aujourd'hui de posséder une licence, largement dispensée par la Sénéchaussée. Entre l'extrême permissivité des autorités et l'enthousiasme des Seigneurs du Nord, le commerce des esclaves emishen a donc explosé avec la Conquête du Pays des Vents, et s'est répandu depuis depuis une décennie jusqu'à Lycène, Felriane et même Riger, au point que les ouvriers asservis deviennent une des exportations les plus rentables des Marches.
Néanmoins, quatre peuples seulement peuvent être "asservis", plus souvent par capture que par punition : les Emishen, les Fehnri, rarement les Hommes-Fauves et -techniquement- les Géants. Et ce parce que, au sein de l'Empire de Rem, on ne peut plus aujourd'hui asservir que ceux qui refusent cette divinité.

La révélation de Saint Olgham

Les Livre des Âges indique que, durant l'Âge Sombre, lors d'une terrible bataille contre les Varangiens impies, un des "princes de l'Arem" (c'est-à-dire un seigneur aramide) avait été mis à bas de son cheval et que les barbares s'apprêtaient à le massacrer lorsque son prêtre et conseiller Olgham se jeta devant son suzerain pour le protéger. Frappé par une lance, il s'allongea tout de même sur le prince pour lui faire un rempart de sa dépouille mais, lorsqu'un des Varangiens leva son arme pour achever le prêtre, Rem pris possession de ce dernier pour éblouir les barbares. Une fois le prince relevé, la bataille fût d'autant plus vite gagnée que les Varangiens se prosternaient devant Olgham : y voyant un signe que même les barbares vaincus pouvaient être touchés par l'illumination, le prêtre demanda au prince de leur permettre de rejoindre les rangs des fidèles, au lieu d'être emmenés comme esclaves selon "l'ancienne coutume" [2].
Bien plus tard, le Concile d'Arnelore de -104 (de temps en temps, on met à jour le dogme) transforma cette exception, déjà répétée plusieurs fois, en règle religieuse officielle, qui fût ensuite intégrée aux lois impériales et étendues aux adorateurs de Herem lors de la Chute de Horne, comme unique condition à la reddition des derniers défenseurs Hornois. De nos jours, l'Empire n'asservit donc plus que les peuples qui ne revendiquent pas de filiation avec les Premiers ou refusent le dogme du culte, en particulier les Emishen et les Fehnri, ou les rebelles et agitateurs politiques.

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Économie

Longtemps un négoce très mineur au Pays des Vents, la traite des esclaves n'a véritablement pris son essor qu'avec l'invasion des plaines menées par le Duc-Gouverneur Lamdo d'Orsane à partir de l'an 16 (È.I.) : parce qu'il lui fallait rapidement compenser le considérable coût de sa grande armée, Lamdo s'empressa d'asservir non seulement les prisonniers de guerre mais les civils Emishen qui lui tombait sous la main, d'abord pour les mettre au travail (sur les routes et les chantiers de fortification, dans les champs et au fond des mines), puis en les exportant quand on s’aperçut qu'il y avait une demande dans le reste de l'Empire de Rem.

La pratique se généralisant et les filières une fois mise en place, les esclaves devinrent vite un négoce très lucratif : les métallurgistes Borwyn en achetaient et en vendaient un peu partout dans les Marches selon les besoins de l'activité minière ou des exploitations agricoles, quand l'exportation des captifs vers le Golfe de Meren fît bientôt la fortune des Barandir. Quoique le marché connut d'importantes fluctuations de volumes et de prix durant sa première décennie, Brendeline Vasaride (sans doute la spécialiste "endilane" du sujet) évalue le chiffre d'affaires annuel autour de 50.000 £unes (dont une bonne moitié pour les seuls Barandir) entre l'an 27 et l'an 37, soit entre la consolidation du marché et sa première crise.

Autrement dit, et quoi qu'il soit difficile d'évaluer exactement les profits de la décennie précédente, les Barandir ont probablement empoché près de 130.000£ de bénéfices entre les années 27 et 37 : ils en ont certes dilapidé une bonne partie pour passer du niveau de vie "hutte en rondins et hache en fer" à "manoir plein d'or et de fourrure", améliorant au passage l'ordinaire d'un paquet d'artisans orsanis, mais ils ont également ré-investis ces profits dans leur propre marine marchande, bientôt devenue la deuxième flotte commerciale du Levant.


Marchés

Parce que l'esclavage réclame avant tout d'avoir les moyens d'enfermer et de transporter beaucoup de gens, il est surtout pratiqué par des nobles très "militarisés" (ce qui est assez courant chez les Ondrènes) et des compagnies mercenaires plus ou moins reconverties[3]. Mais parmi les Maisons Marchandes qui organisent la traite, les poids lourds du marché y sont venus par des activités connexes, à l'aide d'une organisation financière qui leur conférait les fonds pour développer ce nouveau marché.
De fait, les Borwyn se sont fait une spécialité de l'esclavage d'abord parce qu'ils étaient très liés à l'Armée du Nord (et en particulier aux prévôts Romald de Corelguil et Rhilder des Lacs), ensuite parce que nombre d'entre eux possédaient des mines qui sont autant des lieux de travail que de détention, et enfin parce qu'ils étaient aussi les premiers fabricants de chaînes. Différemment, les Barandir se sont convertis à ce négoce depuis la piraterie, qu'ils pratiquaient évidemment avec des troupes, des navires et un réseau de recel, tous assez facilement ré-employés dans le transport d'esclaves à travers la Mer d'Écume. D'ailleurs cette reconversion n'est pas seulement née de l'opportunité ouverte par l'invasion du Nord, mais aussi de l'interdiction officielle de la piraterie par le Duc d'Orsane, confirmée par la présence grandissante d'une marine de combat kerdane escortant les navires marchands autour de Felriane (grossièrement depuis l'an 15).

Si les Borwyn dominaient très largement le marché régional, les principaux bénéfices se faisaient néanmoins à l'exportation, par la mer, via Aroche : depuis l'an 28, date à laquelle la traite maritime avait fini de s'organiser[4], les esclavagistes ont expédié chaque année entre 6 et 10.000 Emishen (environs de 80.000 personnes en dix ans) dans des navires spécialement équipés (principalement orsanis) vers le Golfe de Meren, où ils étaient revendus avec une marge bénéficiaire de plus de 50% malgré d'assez lourdes pertes en mer.


Au début de l'an 37, les principaux marchés aux esclaves de l'Empire étaient d'abord Orsigile, en fait devenue la plaque tournante de la distribution d'esclaves, Aroche comme point d'embarquement depuis les Marches du Nord, Enssyane (premier port de Lycène) qui concentrait un grand nombre d'acheteurs (la noblesse lycienne employant beaucoup d'esclaves dans son développement économique) et Narcejane qui reste la première bourse d’échange de l'Empire toutes cargaisons confondues, en plus d'être le "port d'Arnelore", la capitale consommant elle aussi beaucoup d'esclaves.
Arrivés à Orsigile, environ un tiers des captifs était donc expédié vers Enssyane pour être revendus à la noblesse de Paremine, Rivelune ou (dans une moindre mesure) Mélanque, un autre tiers continuait vers le Sud en direction de Narcejane –sa destination finale étant Arnelore ou Varangue, un petit sixième était directement employé à Orsane et le reste livrés vers les marchés secondaires de Felriane ou Rigorne.


Si ces ports de destination entraînent effectivement l'ensemble de la traite des esclaves, non seulement parce qu'ils en sont les débouchés mais que c'est encore là que se font les plus gros bénéfices, on aurait tort de négliger les marchés nordiques qui sont la source de tout ce négoce.
Corelguil, citadelle justement agrandie au moment de l'invasion pour enfermer un nombre grandissant d'Edell'Okhil asservis, est vite devenue le premier centre d'esclavage des Marches, autant par l'influence des Borwyn depuis longtemps installés tout autour (particulièrement à Orbrune et Malorne) que parce que ces Edell'Okhil s'avérèrent le '"haut de gamme" des esclaves, puisqu'ils avaient déjà la pratique de la mine et des travaux de force.
Par contraste, l'esclavage ne s'est développé à Archerune (à partir de l'an 17) que parce que la cité fût la base-arrière des armées du Duc Lamdo et que son port sur le Dramguil devînt naturellement le point d’embarquement d'où envoyer les prisonniers du Duc en aval, vers Valmire et Salviane pour la consommation locale, ou carrément vers Aroche pour l'exportation.
Ce n'est en fait qu'en l'an 26, après la prise de pouvoir de Rhilder le Boiteux, que Darverane a pris une place prépondérante sur ce marché : à force de multiplier les razzias chez les Rimdehl, les Edell'okhil et les Elloran, d'investir avec l'aide des Borwyn dans de vastes geôles citadines et de réorganiser le transport en direction d'Archerune (via la Grande Chaussée), la Marche des Lacs en général, sa cité de Darverane et son Prévôt en particulier se sont peu à peu imposés comme le second producteur d'esclaves du Pays des Vents, et le premier fournisseur de l'exportation –puisqu'une bonne moitié des captifs de Corelguil étaient encore exploités dans les mines de la Marche des Gemmes.


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Prix

La valeur d'échange des esclaves, principalement mais pas uniquement Emishen, a nettement varié depuis le début de l'Ère Impériale : avant qu'il n'existe effectivement un marché et une forte demande internationale, les esclaves vendus au Pays des Vents ne dépassaient guère 4 ou 5£, d'autant que les premiers furent des Hommes-Fauves, physiquement très forts mais indisciplinés et à peu près incultes, qu'on ne pouvait conduire qu'à grands coups de fouet.
Si les armées ondrènes avaient néanmoins appris des Aramides à asservir les nations vaincues, au point que les guerriers de plusieurs clans emishen aient été réduits en esclavages depuis au moins la Seconde Guerre Nordique, les prix ont grimpé à mesure que l'offre démontrait son intérêt, et engendrait une demande croissante d'abord à Lycène, puis dans le reste de l'Empire.

En l'an 37, les prix courants étaient les suivants :

  • un mâle Emishen se négocie autour d'un soleil d'or (disons entre 7 et 15 £unes suivant ses capacités physiques et sa santé),
  • une femelle adulte se vend entre 6 et 8£ (quoique les prix des "reproductrices" tendent à augmenter à mesure que se développe la pratique d'élever des esclaves en captivité), rarement 12£ si elles sont très belles et donc destinées aux bordels ou aux boudoirs des riches,
  • un enfant peut s'acheter entre 3 et 6£ suivant ses éventuelles aptitudes, les tarifs augmentant depuis peu à cause de la rétention exercée à Darverane (où le prévôt Rhilder le Boiteux les accumule comme otages),
  • les Fauves sont essentiellement vendus par lots, le prix à la pièce étant souvent inférieur à la moitié d'un Emishen (comptez 4£ pour un mâle) car ils ne font pas de bons travailleurs,
  • un mâle fehnri vaut de 5 à 8£,
  • curieusement, il n'y a guère de marché établi pour les femelles fehnri, à cause d'une sombre superstition (leurs propriétaires ayant paraît-il tendance à décéder de maladies affreuses), mais une très belle pièce est parfois l'objet d'enchères.


Conséquences sociales

▼ EN TRAVAUX ▼

  • Marche des Lisières : grands propriétaires terriens (esclaves = servage), fidèles à Berinor qui leur promet des fiefs

Esclaves emishen

Les esclaves y sont bien sûr très majoritairement Emishen, et principalement employés dans les exploitations minières, au pavage des routes impériales et sur les grands chantiers de constructions (la forteresse de Bragone, par exemple, est probablement le projet le plus consommateurs d'esclaves de toutes les Marches).

Otlalnan, Edell'Okhil

Tal Endhil, pays des hommes libres

Il y a une quinzaine d'années, alors même que les rébellions autochtones se multipliaient partout et gagnaient la Vallée des Lacs en Paliers, un jeune Elloran tapageur nommé Nevel Sholdanan mena un raid sanglant contre la mine d'argent locale pour en libérer les esclaves.
Cet acte et les représailles impériales dégénérèrent par la suite au point de coûter la vie à beaucoup d'Emishen et à Ahndro'shar, alors chef des Elloran, et Nevel fut banni...

Pour autant, la violence des combats engendrés par l'affront au Hagad que représente l'esclavage s'ajouta aux multiples difficultés et complications qu'impliquent le fait de détenir, d'entretenir et d'exploiter des esclaves. Aussi, le Lieutenant Armeld, nouveau commandant de la garnison de Tal Endhil, décida de renoncer à l'emploi d'esclaves pour arrêter de se fâcher avec les autochtones en échange d'un bénéfice discutable côté main d’œuvre, alors que ses propres troupes "impériales" étaient déjà insuffisante pour patrouiller la région, a fortiori pour garder des prisonniers.
C'est ainsi que, par pur pragmatisme, l'esclavage fut de facto prohibé à Tal Endhil : pas vraiment aboli car ce serait-là une sévère contradiction avec la loi impériale, mais l'usage et la possession des esclaves y furent fortement "découragées" aux résidents.

Beaucoup plus récemment, Armeld mort dans des circonstances troubles et la garnison remise aux mains expertes du Capitaine Durgaut, la question de l'esclavage fut remise sur le tapis lors de débats à la toute jeune Guilde Franche de Tal Endhil. Mais "l'esprit Talendan" y prévalu : les négociants et notables décidèrent de continuer à se passer d'esclaves, malgré le ralentissement que l'exploitation minière pourrait subir dans les environs.
Ce n'est que bien des mois plus tard, lorsque Liméric Durgaut fut nommé "bailli", qu'il fit inscrire cette prohibition dans la législation : posséder, acheter et vendre des esclaves était désormais interdit à tous (même aux étrangers de passage), dans toute la vallée. Ceux qui tenteraient de le faire verraient leur "marchandise" saisie par la garde... et probablement "perdue" peu après. Et si, techniquement, ce n'est toujours pas une abolition, cette décision est déjà très mal perçue dans la Marche des Lacs voisine, où on y voit déjà le germe d'une trahison en faveur des "Venteux".


Situation en l'an 39

Si cette page s'exprime largement au passé, c'est parce que la traite des esclaves a été profondément secouée à partir de l'été 37, quand une série de soulèvements indigènes ont déclenché la Troisième Guerre Nordique[5] : non seulement les zones où l'on capturé auparavant des esclaves sont-elles devenues très dangereuses pour les colons ondrènes, mais les Rebelles emishen se sont prioritairement attaqués aux transports et aux centres de détentions d'esclaves, autant pour libérer leurs frères que pour accroître leurs propres troupes.
Dès lors que la marchandise a commencé à résister en s'armant, le marché des esclaves a vite connu une forte crise d'approvisionnement, qui s'est propagée tout le long de la filière de livraison...

Depuis deux ans que la guerre fait rage dans les Marches, la traite des esclaves est aujourd'hui réduite à peu de choses : Corelguil a perdu l'essentiel de ses marchandises avec le soulèvement des So'Sherkan ; les Barantanen et leur "Chanson-qui-Tue" ont terrorisé les marchands des Lisières et d'Aroche pendant plus d'un an (au point qu'il ne reste plus beaucoup de téméraires pour se risquer dans ce commerce), puis les Arkonnelkan ont envahi la région en libérant tous les Emishen asservis qu'ils trouvaient.
Et puisque le marché aux esclaves d'Archerune dépendait de Darverane plus que de Corelguil (les Archerois étaient de fait les principaux clients de Rhilder), il n'a quasiment plus rien à vendre depuis que la Prévôté des Lacs a prohibé l'esclavage à l'automne 38.
Ce faisant, le Prévôt Durgaut a donc donné le coup de grâce à un commerce qui rapportait jadis, chaque année, des 10aines de milliers de £unes à un paquet de négociants des Marches jusqu'à Orsane, Lycène et Felriane. Et ces négociants l'ont donc très mal pris...

Sans compter que l'activité minière, tout spécialement des Borwyn, employait des milliers de ces esclaves (près de 5.000 en l'an 37 dans la seule Marche des Gemmes), obtenus à bas prix puisque capturés sur place. Et c'est parce que les Borwyn commençaient à dominer le marché "intérieur" que les Barandir s'étaient associés à eux depuis l'an 28 –ne serait-ce que pour que leur approvisionnements dépendent moins de la noblesse lorunoise.


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En plus de la brutale privation de leur sources d'approvisionnement, les Barandir ont aujourd'hui un sérieux problème structurel puisque leur vaste flotte marchande inclut évidemment une grosse filière "internationale" de distribution d'esclaves. Mais, autant à cause des Rebelles indigènes que des choix politiques des Endilans, cette filière jusqu'ici très lucrative est brutalement devenue déficitaire entre la fin de l'an 37 et l'été 38 : les Barandir ont donc plein de bateaux spécialement équipés, des marins et des gardes-chiourmes, des geôles louées ou construites dans chaque port, des contrats et une considérable collection de chaînes qui ne rapportent soudain presque plus rien, mais totalisent un sérieux coût d'entretien.
Ils devront donc bientôt décider s'ils continuent de payer les frais de tout cet appareil marchand dans l'espoir que la traite des esclaves reprenne un jour (ils peuvent sans doute tenir quelques années), ou s'il vaut mieux liquider la filière après 20 ans de service, de gros investissements et d'énormes profits.

Car, grossièrement, la traite des esclaves s'est aujourd'hui effondrée à un petit dixième de ce qu'elle était il y a trois ans et risque de tomber encore plus bas une fois que les stocks des Lisières auront été écoulés, puisqu'on ne capture plus d'Emishen que sporadiquement dans toutes les Marches. (Historiquement, ça pourrait signifier que les Fehnri ont du souci à se faire.)

Le "krach" de ce marché jusqu'alors florissant représente quand-même une baisse de 20 à 25% du chiffre d'affaires sur l'ensemble du port d'Aroche, à peu près autant à Enssyane, sans doute 30 à 40% des affaires du port d'Orsigile et encore 10-12% à Felriane.
Mais on pourrait aussi compter l'impact indirect sur les mines et les forges. D'abord, privée d'esclaves, la production de minerais et de métal a nettement baissé, d'ailleurs le transport et la détention de ces esclaves réclamait la fabrication de chaînes (cadenas, colliers, entraves...) à une échelle industrielle qui vient elle aussi de stopper. Ensuite, il faut considérer les impôts qu'en tiraient Larmond comme les autres prévots, et tous les métiers qui dépendaient de la traite des captifs : les intermédiaires, appariteurs et courtiers, les geôliers, chasseurs d'esclaves et soigneurs, mais aussi le mercenariat lorunois...
Car si les barons de Garde-Lunes n'ont échappé à l'effondrement du marché que parce que leurs alliés Talendans les ont convaincus d'abandonner l'escorte de caravanes d'esclaves pour réinvestir leurs troupes à Tal Endhil, beaucoup d'autres nobliaux ondrènes –en particulier les chevaliers et baronnets de Morholt, de Rordame et d'Anguedale– y ont perdu une part significative de leurs revenus. Et leurs deux seuls recours sont aujourd'hui, d'une part, de se joindre à la guerre contre les Rebelles indigènes et, d'autre part, d'en appeler au Duc de Lorune pour défendre leurs intérêts communs : pacifier les Marches, et recommencer à capturer des esclaves...

En réaction à cette crise de l'esclavage, la première du genre, plusieurs "Grafs" de la Maison Barandir ont aussi débarqué à Aroche, puis Salviane, Archerune et Bragone ce printemps pour tenter d'y faire quelque chose : liquider ce qui doit l'être (en commençant par fondre les chaînes pour les revendre au prix du fer, sous-louer les geôles, fermer les bureaux...), rassurer leurs investisseurs et partenaires sur une prochaine reprise des affaires, mais aussi motiver les autorités militaires à faciliter cette relance.
Ils proposent par exemple d'asservir les prisonniers de guerre plutôt que de les torturer, les exécuter ou de laisser mourir les blessés (quoique des rebelles ne fassent pas des esclaves très dociles), mais aussi que les armées du Nord prêtent leur concours à de grandes opérations de capture : pour l'instant, seul Berinor de Salviane est vraiment en position de profiter de cette offre, mais il compte empocher presque la moitié des profits, ce qui va continuer de faire grimper le cours de l'esclave dans les marchés lointains. Une hausse des tarifs qui est, pour l'instant, le meilleur espoir de la filière Barandir...


  1. Ce qui est aussi vrai de l'Europe médiévale
  2. Plus prosaïquement, plusieurs commentateurs de ce verset notent que le culte de Rem (il n'est devenu le culte "des Pères" que bien plus tard, dans un souci de relatif syncrétisme) s'est développé à mesure que le Royaume des Aramides absorbait d'autres nations et, peu à peu, son identité nationale a glissé de "être un descendant de Rem et Melen" vers "croire en Rem". Et comme le culte présentait souvent la conversion comme une alternative à l'esclavage, il y eut beaucoup de convertis.
  3. Par exemple, ce fût un temps la spécialité des Écorcheurs.
  4. C'est à dire que le négoce d'abord "improvisé" s'est progressivement doté de geôles dédiées dans les villes portuaires et de navires spécialement équipés, de fournisseurs d'entraves et de chaînes à prix et volumes fixes, les cours se sont plus ou moins stabilisés et, en l'an 28, le tout s'est vu imposé une réglementation...
  5. Qui est le sujet transversal de notre campagne.