Esclavage : Différence entre versions

De Marches du Nord
Aller à : Navigation, rechercher
Ligne 18 : Ligne 18 :
  
 
== Économie ==
 
== Économie ==
 +
Longtemps un négoce ''très mineur'' au Pays des Vents, la traite des esclaves n'a véritablement '''pris son essor qu'avec [[Conquête du Nord#L'Invasion|l'invasion]]''' des plaines menées par le Duc-Gouverneur [[Lamdo d'Orsane]] à partir de l'an 16 ([[È.I.]]) : parce qu'il lui fallait rapidement compenser le considérable coût de sa grande armée, Lamdo s'empressa d'asservir non seulement les prisonniers de guerre mais les civils Emishen qui lui tombait sous la main, d'abord pour les mettre au travail (sur les routes et les chantiers de fortification, dans les champs et au fond des mines), puis en les exportant quand on s’aperçut qu''''il y avait une demande''' à [[Orsane]], [[Lycène]], [[Felriane]] et [[Riger]], puis carrément vers [[Arnelore]].
 +
 +
La pratique se généralisant et les filières une fois mise en place, les esclaves devinrent vite '''un négoce très lucratif''' : les métallurgistes '''[[Borwyn]]''' en achetaient et en vendaient un peu partout dans les Marches selon les besoins de l'activité minière ou des exploitations agricoles, quand l'exportation des captifs vers le [[Golfe de Meren]] fît bientôt la fortune des '''[[Barandir]]'''. Quoique le marché connut d'importantes fluctuations de volumes et de prix durant sa première décennie, [[Brendeline Vasaride]] (sans doute la spécialiste "endilane" du sujet) évalue le '''chiffre d'affaires annuel autour de 50.000 [[£unes]]''' (dont une bonne moitié pour les seuls [[Barandir]]) entre l'an 27 et l'an 37, soit entre la consolidation du marché et son premier ''[https://fr.wikipedia.org/wiki/Krach krach]''.<br>
 +
Car le soulèvement indigène de l'an 37, embrasant bientôt la "Troisième Guerre Nordique", allait bientôt déclenche une profonde crise d’approvisionnement... 
 +
 +
 +
=== Marchés & Tarifs ===
 
À la fin des années 30, les principaux "marchés aux esclaves" de l'Empire sont [[Arnelore]], [[Marale]], [[Lycène]] et, dans le Nord, '''[[Corelguil]] et [[Aroche]]''', même si la pratique se développe doucement dans le reste des Marches (d'abord à [[Darverane]], puis [[Archerune]]). Parce que ce commerce réclame avant tout d'avoir les moyens d'enfermer et de transporter beaucoup de gens, il est surtout pratiqué par les [[nobles]] et des [[Mercenaires|compagnies mercenaires]] reconverties mais, parmi les Maisons Marchandes, c'est devenu la spécialité des '''[[Maisons Marchandes#Borwyn|Borwyn]]''', qui commence à dominer le marché, quoique les Anvarel s'y mettent à leur tour.<br>
 
À la fin des années 30, les principaux "marchés aux esclaves" de l'Empire sont [[Arnelore]], [[Marale]], [[Lycène]] et, dans le Nord, '''[[Corelguil]] et [[Aroche]]''', même si la pratique se développe doucement dans le reste des Marches (d'abord à [[Darverane]], puis [[Archerune]]). Parce que ce commerce réclame avant tout d'avoir les moyens d'enfermer et de transporter beaucoup de gens, il est surtout pratiqué par les [[nobles]] et des [[Mercenaires|compagnies mercenaires]] reconverties mais, parmi les Maisons Marchandes, c'est devenu la spécialité des '''[[Maisons Marchandes#Borwyn|Borwyn]]''', qui commence à dominer le marché, quoique les Anvarel s'y mettent à leur tour.<br>
 
Concernant les tarifs :
 
Concernant les tarifs :
Ligne 46 : Ligne 53 :
 
== Situation en l'an 39 ==
 
== Situation en l'an 39 ==
 
Depuis deux ans que la guerre fait rage dans les Marches, '''la traite des esclaves est aujourd'hui réduite à peu de choses''' : Corelguil a perdu l'essentiel de ses marchandises avec le soulèvement des [[So'Sherkan]] ; les [[Barantanen]] et leur "''Chanson-qui-Tue''" ont terrorisé les marchands des Lisières et d'Aroche pendant plus d'un an (au point qu'il ne reste plus beaucoup de téméraires pour se risquer dans ce commerce) avant que les Arkonnelkan n'envahissent la région en libérant tous les Emishen asservis qu'ils trouvaient. Et puisque le marché aux esclaves d'[[Archerune]] dépendait de [[Darverane]] plus que de Corelguil (les Archerois étaient de fait les principaux clients de Rhilder), il n'a quasiment plus rien à vendre depuis que la Prévôté des Lacs a prohibé l'esclavage à l'automne 38.<br>  
 
Depuis deux ans que la guerre fait rage dans les Marches, '''la traite des esclaves est aujourd'hui réduite à peu de choses''' : Corelguil a perdu l'essentiel de ses marchandises avec le soulèvement des [[So'Sherkan]] ; les [[Barantanen]] et leur "''Chanson-qui-Tue''" ont terrorisé les marchands des Lisières et d'Aroche pendant plus d'un an (au point qu'il ne reste plus beaucoup de téméraires pour se risquer dans ce commerce) avant que les Arkonnelkan n'envahissent la région en libérant tous les Emishen asservis qu'ils trouvaient. Et puisque le marché aux esclaves d'[[Archerune]] dépendait de [[Darverane]] plus que de Corelguil (les Archerois étaient de fait les principaux clients de Rhilder), il n'a quasiment plus rien à vendre depuis que la Prévôté des Lacs a prohibé l'esclavage à l'automne 38.<br>  
Durgaut a donc donné le coup de grâce à un commerce qui rapportait jadis, chaque année, des 10aines de milliers de [[£unes]] à un paquet de négociants des Marches jusqu'à Orsane, Lycène et Felriane : quoique les volumes et les tarifs aient pas mal fluctué entre l'an 17 –quand l'Invasion en a fait un véritable business– et l'an 37 –quand elle a connu son premier "krach", [[Brendeline Vasaride]] (sans doute la spécialiste "endilane" du sujet) évalue le '''chiffre d'affaires annuel autour de 50.000£''' –dont une bonne moitié pour les seuls [[Barandir]].
+
Durgaut a donc donné le coup de grâce à un commerce qui rapportait jadis, chaque année, des 10aines de milliers de [[£unes]] à un paquet de négociants des Marches jusqu'à Orsane, Lycène et Felriane.
  
 
Sans compter que l''''activité minière''', tout spécialement des [[Borwyn]], employait des milliers de ces esclaves (près de 5.000 en l'an 37 dans la seule Marche des Gemmes), obtenus à bas prix puisque capturés sur place. Et c'est parce que les Borwyn commençaient à dominer le marché "intérieur" que les Barandir s'étaient associés à eux depuis une petite décennie –ne serait-ce que pour que leur approvisionnements dépendent moins de la noblesse lorunoise.
 
Sans compter que l''''activité minière''', tout spécialement des [[Borwyn]], employait des milliers de ces esclaves (près de 5.000 en l'an 37 dans la seule Marche des Gemmes), obtenus à bas prix puisque capturés sur place. Et c'est parce que les Borwyn commençaient à dominer le marché "intérieur" que les Barandir s'étaient associés à eux depuis une petite décennie –ne serait-ce que pour que leur approvisionnements dépendent moins de la noblesse lorunoise.

Version du 29 septembre 2022 à 11:11

L'esclavage est une pratique ancestrale dans le pourtant jeune Empire de Rem, héritée de l'antiquité solaire, via le Royaume de Horne autant que les traditions guerrières du Haut-Royaume des Aramides. Longtemps, elle a surtout consisté à asservir les peuples vaincus aux travaux les plus durs ou dangereux requis par l'expansion des états vainqueurs, en particulier dans la construction des grands projets, l'agriculture et l'irrigation, les mines, la sylviculture et même pendant un temps aux galères.
Différemment, Fehn ne se contente pas de mettre les vaincus aux travaux forcés : dans le lointain continent équatorial, les esclaves sont le socle laborieux d'une société de caste bien plus complexe où presque tout le monde appartient littéralement à une Lignée et à une Maisonnée noble, et l'ont trouve donc au sein des matrimoines fehnriques des "esclaves" lettrés, artistes, négociants et parfois même savants qui peuvent s'élever jusqu'à occuper des postes assez élevés sans jamais vraiment cesser d'être la propriété d'une Matriarche.
Il est à noter que si le négoce des esclaves est interdit par le Concile d'Altamire et donc généralement désapprouvé parmi les navigateurs kerdans, cette règle ne s'applique réellement que dans leurs archipels et, récemment, on a vu des navires Torodine livrer des esclaves à Felriane et Mélanque...

Cette forme particulière de servitude est toutefois relativement nouvelle au Nord, puisqu'elle était inconnue au Royaume des Ondrènes jusqu'à leur défaite à l'issue de la Guerre des Lunes et –bien sûr– absolument proscrite par le Hagad au Pays des Vents. Cela ne fait donc que deux ou trois générations que la pratique s'est répandue dans les Marches du Nord, mollement encadrée par la loi impériale, elle-même issue d'une tradition religieuse qui s'est imposée en même temps que le Culte des Pères [1]...


Cadre légal et religieux

En théorie, on ne peut posséder d'esclaves que par permission impériale, quoique les nécessités économiques et l'éloignement des Marches du Nord y aient assoupli la coutume, au point qu'il suffit aujourd'hui de posséder une licence, largement dispensée par la Sénéchaussée. Entre l'extrême permissivité des autorités et l'enthousiasme des Seigneurs du Nord, le commerce des esclaves emishen a donc explosé avec la Conquête du Pays des Vents, et s'est répandu depuis depuis une décennie jusqu'à Lycène, Felriane et même Riger, au point que les ouvriers asservis deviennent une des exportations les plus rentables des Marches.
Néanmoins, quatre peuples seulement peuvent être "asservis", plus souvent par capture que par punition : les Emishen, les Fehnri, rarement les Hommes-Fauves et -techniquement- les Géants. Et ce parce que, au sein de l'Empire de Rem, on ne peut plus aujourd'hui asservir que ceux qui refusent cette divinité.

La révélation de Saint Olgham

Les Livre des Âges indique que, durant l'Âge Sombre, lors d'une terrible bataille contre les Varangiens impies, un des "princes de l'Arem" (c'est-à-dire un seigneur aramide) avait été mis à bas de son cheval et que les barbares s'apprêtaient à le massacrer lorsque son prêtre et conseiller Olgham se jeta devant son suzerain pour le protéger. Frappé par une lance, il s'allongea tout de même sur le prince pour lui faire un rempart de sa dépouille mais, lorsqu'un des Varangiens leva son arme pour achever le prêtre, Rem pris possession de ce dernier pour éblouir les barbares. Une fois le prince relevé, la bataille fût d'autant plus vite gagnée que les Varangiens se prosternaient devant Olgham : y voyant un signe que même les barbares vaincus pouvaient être touchés par l'illumination, le prêtre demanda au prince de leur permettre de rejoindre les rangs des fidèles, au lieu d'être emmenés comme esclaves selon "l'ancienne coutume" [2].
Bien plus tard, le Concile d'Arnelore de -104 (de temps en temps, on met à jour le dogme) transforma cette exception, déjà répétée plusieurs fois, en règle religieuse officielle, qui fût ensuite intégrée aux lois impériales et étendues aux adorateurs de Herem lors de la Chute de Horne, comme unique condition à la reddition des derniers défenseurs Hornois. De nos jours, l'Empire n'asservit donc plus que les peuples qui ne revendiquent pas de filiation avec les Premiers ou refusent le dogme du culte, en particulier les Emishen et les Fehnri, ou les rebelles et agitateurs politiques.

Esclavage-01.jpg


Économie

Longtemps un négoce très mineur au Pays des Vents, la traite des esclaves n'a véritablement pris son essor qu'avec l'invasion des plaines menées par le Duc-Gouverneur Lamdo d'Orsane à partir de l'an 16 (È.I.) : parce qu'il lui fallait rapidement compenser le considérable coût de sa grande armée, Lamdo s'empressa d'asservir non seulement les prisonniers de guerre mais les civils Emishen qui lui tombait sous la main, d'abord pour les mettre au travail (sur les routes et les chantiers de fortification, dans les champs et au fond des mines), puis en les exportant quand on s’aperçut qu'il y avait une demande à Orsane, Lycène, Felriane et Riger, puis carrément vers Arnelore.

La pratique se généralisant et les filières une fois mise en place, les esclaves devinrent vite un négoce très lucratif : les métallurgistes Borwyn en achetaient et en vendaient un peu partout dans les Marches selon les besoins de l'activité minière ou des exploitations agricoles, quand l'exportation des captifs vers le Golfe de Meren fît bientôt la fortune des Barandir. Quoique le marché connut d'importantes fluctuations de volumes et de prix durant sa première décennie, Brendeline Vasaride (sans doute la spécialiste "endilane" du sujet) évalue le chiffre d'affaires annuel autour de 50.000 £unes (dont une bonne moitié pour les seuls Barandir) entre l'an 27 et l'an 37, soit entre la consolidation du marché et son premier krach.
Car le soulèvement indigène de l'an 37, embrasant bientôt la "Troisième Guerre Nordique", allait bientôt déclenche une profonde crise d’approvisionnement...


Marchés & Tarifs

À la fin des années 30, les principaux "marchés aux esclaves" de l'Empire sont Arnelore, Marale, Lycène et, dans le Nord, Corelguil et Aroche, même si la pratique se développe doucement dans le reste des Marches (d'abord à Darverane, puis Archerune). Parce que ce commerce réclame avant tout d'avoir les moyens d'enfermer et de transporter beaucoup de gens, il est surtout pratiqué par les nobles et des compagnies mercenaires reconverties mais, parmi les Maisons Marchandes, c'est devenu la spécialité des Borwyn, qui commence à dominer le marché, quoique les Anvarel s'y mettent à leur tour.
Concernant les tarifs :

  • un mâle Emishen se négocie autour d'un soleil d'or (disons entre 7 et 15 £unes suivant ses capacités physiques et sa santé),
  • une femelle adulte se vend entre 6 et 8£ (quoique les prix des "reproductrices" tendent à augmenter à mesure que se développe la pratique d'élever des esclaves en captivité), rarement 12£ si elles sont très belles et donc destinées aux bordels ou aux boudoirs des riches,
  • un enfant peut s'acheter entre 3 et 6£ suivant ses éventuelles aptitudes, les tarifs augmentant depuis peu à cause de la rétention exercée à Darverane (où le prévôt Rhilder le Boiteux les accumule comme otages),
  • les Fauves sont souvent vendus par lots, le prix à la pièce étant souvent inférieur à la moitié d'un Emishen (comptez 4£ pour un mâle) car ils ne font pas de bons travailleurs,
  • un mâle fehnri vaut de 5 à 8£,
  • curieusement, il n'y a guère de marché établi pour les femelles fehnri, à cause d'une sombre superstition (leurs propriétaires ayant paraît-il tendance à décéder de maladies affreuses), mais une très belle pièce est parfois l'objet d'enchères.


Esclaves emishen

Les esclaves y sont bien sûr très majoritairement Emishen, et principalement employés dans les exploitations minières, au pavage des routes impériales et sur les grands chantiers de constructions (la forteresse de Bragone, par exemple, est probablement le projet le plus consommateurs d'esclaves de toutes les Marches).

Otlalnan, Edell'Okhil

Tal Endhil, pays des hommes libres

Il y a une quinzaine d'années, alors même que les rébellions autochtones se multipliaient partout et gagnaient la Vallée des Lacs en Paliers, un jeune Elloran tapageur nommé Nevel Sholdanan mena un raid sanglant contre la mine d'argent locale pour en libérer les esclaves.
Cet acte et les représailles impériales dégénérèrent par la suite au point de coûter la vie à beaucoup d'Emishen et à Ahndro'shar, alors chef des Elloran, et Nevel fut banni...

Pour autant, la violence des combats engendrés par l'affront au Hagad que représente l'esclavage s'ajouta aux multiples difficultés et complications qu'impliquent le fait de détenir, d'entretenir et d'exploiter des esclaves. Aussi, le Lieutenant Armeld, nouveau commandant de la garnison de Tal Endhil, décida de renoncer à l'emploi d'esclaves pour arrêter de se fâcher avec les autochtones en échange d'un bénéfice discutable côté main d’œuvre, alors que ses propres troupes "impériales" étaient déjà insuffisante pour patrouiller la région, a fortiori pour garder des prisonniers.
C'est ainsi que, par pur pragmatisme, l'esclavage fut de facto prohibé à Tal Endhil : pas vraiment aboli car ce serait-là une sévère contradiction avec la loi impériale, mais l'usage et la possession des esclaves y furent fortement "découragées" aux résidents.

Beaucoup plus récemment, Armeld mort dans des circonstances troubles et la garnison remise aux mains expertes du Capitaine Durgaut, la question de l'esclavage fut remise sur le tapis lors de débats à la toute jeune Guilde Franche de Tal Endhil. Mais "l'esprit Talendan" y prévalu : les négociants et notables décidèrent de continuer à se passer d'esclaves, malgré le ralentissement que l'exploitation minière pourrait subir dans les environs.
Ce n'est que bien des mois plus tard, lorsque Liméric Durgaut fut nommé "bailli", qu'il fit inscrire cette prohibition dans la législation : posséder, acheter et vendre des esclaves était désormais interdit à tous (même aux étrangers de passage), dans toute la vallée. Ceux qui tenteraient de le faire verraient leur "marchandise" saisie par la garde... et probablement "perdue" peu après. Et si, techniquement, ce n'est toujours pas une abolition, cette décision est déjà très mal perçue dans la Marche des Lacs voisine, où on y voit déjà le germe d'une trahison en faveur des "Venteux".


Situation en l'an 39

Depuis deux ans que la guerre fait rage dans les Marches, la traite des esclaves est aujourd'hui réduite à peu de choses : Corelguil a perdu l'essentiel de ses marchandises avec le soulèvement des So'Sherkan ; les Barantanen et leur "Chanson-qui-Tue" ont terrorisé les marchands des Lisières et d'Aroche pendant plus d'un an (au point qu'il ne reste plus beaucoup de téméraires pour se risquer dans ce commerce) avant que les Arkonnelkan n'envahissent la région en libérant tous les Emishen asservis qu'ils trouvaient. Et puisque le marché aux esclaves d'Archerune dépendait de Darverane plus que de Corelguil (les Archerois étaient de fait les principaux clients de Rhilder), il n'a quasiment plus rien à vendre depuis que la Prévôté des Lacs a prohibé l'esclavage à l'automne 38.
Durgaut a donc donné le coup de grâce à un commerce qui rapportait jadis, chaque année, des 10aines de milliers de £unes à un paquet de négociants des Marches jusqu'à Orsane, Lycène et Felriane.

Sans compter que l'activité minière, tout spécialement des Borwyn, employait des milliers de ces esclaves (près de 5.000 en l'an 37 dans la seule Marche des Gemmes), obtenus à bas prix puisque capturés sur place. Et c'est parce que les Borwyn commençaient à dominer le marché "intérieur" que les Barandir s'étaient associés à eux depuis une petite décennie –ne serait-ce que pour que leur approvisionnements dépendent moins de la noblesse lorunoise. Car si le marché local des esclaves profitait essentiellement aux mines et donc à la métallurgie des Marches, les principaux bénéfices se faisaient à l'exportation, par la mer et donc via Aroche : depuis l'an 28, date à laquelle la traite entre les Marches et le Golfe de Meren, les esclavagistes ont entassé chaque année entre 6 et 10.000 Emishen (comptez pas loin de 80.000 personnes en dix ans) dans des navires spécialement équipés (principalement orsanis) à destination d'Orsigile, Enssyanne, Mélanque et Felriane, où ils étaient revendus avec une marge bénéficiaire de plus de 50% malgré d'assez lourdes pertes en mer.

Autrement dit, et quoi qu'il soit difficile d'évaluer leurs profits sur la décennie 17-27, les Barandir ont empoché près de 130.000£ de bénéfices entre les années 27 et 37 : ils en ont certes claqué une bonne partie pour passer du niveau de vie "hutte en rondins et hache en fer" à "manoir plein d'or et de fourrure", améliorant au passage l'ordinaire d'un paquet d'artisans orsanis, mais ils ont également ré-investis ces profits dans leur propre marine marchande, bientôt devenue la deuxième flotte commerciale du Levant. ___

Cette flotte inclut évidemment une grosse filière "internationale" de distribution d'esclaves, récemment étendue grâce aux multiples petits fournisseurs apparentés aux Borwyn. Mais, autant à cause de vous que des Rebelles indigènes, cette filière jusqu'ici très lucrative est brutalement devenue déficitaire entre la fin de l'an 37 et l'été 38 : les Barandir ont donc plein de bateaux spécialement équipés, des marins et des gardes-chiourmes, des geôles louées ou construites dans chaque port, des contrats et une considérable collection de chaînes qui ne rapportent soudain presque plus rien, mais totalisent un sérieux coût d'entretien. Ils devront donc bientôt décider s'ils continuent de payer les frais de tout cet appareil marchand dans l'espoir que la traite des esclaves reprenne un jour (ils peuvent sans doute tenir quelques années), ou s'il vaut mieux liquider la filière après 20 ans de service, de gros investissements et d'énormes profits.

Car, grossièrement, la traite des esclaves s'est aujourd'hui effondrée à un petit dixième de ce qu'elle était il y a trois ans et risque de tomber encore plus bas une fois que les stocks des Lisières auront été écoulés, puisqu'on ne capture plus d'Emishen que sporadiquement dans toutes les Marches. (Historiquement, ça pourrait signifier que les Fehnri ont du souci à se faire.) Ce qui représente quand-même une baisse de 20 à 25% du chiffre d'affaires sur l'ensemble des marchés et du port d'Aroche, à peu près autant à Enssyane, sans doute 30 à 40% des affaires du port d'Orsigile et encore 10-12% à Felriane. Mais on pourrait aussi compter l'impact indirect sur les mines et les forges. D'abord, privée d'esclaves, la production de minerais et de métal a nettement baissé, d'ailleurs le transport et la détention de ces esclaves réclamait la fabrication de chaînes (cadenas, colliers, entraves...) à une échelle industrielle qui vient elle aussi de stopper. Ensuite, il faut considérer les impôts qu'en tiraient Larmond comme les autres prévots, et tous les métiers qui dépendaient de la traite des captifs : les intermédiaires, appariteurs et courtiers, les geôliers, chasseurs d'esclaves et soigneurs, le mercenariat lorunois... Par exemple, vos alliés les barons de Garde-Lunes auraient sans doute beaucoup souffert de l'effondrement du marché si, à l'époque de la Chanson-qui-Tue, vous ne les aviez convaincus d'abandonner l'escorte de caravanes d'esclaves pour réinvestir leurs troupes à Tal Endhil : nombre d'autres nobliaux ondrènes n'ont pas eu la chance de se reconvertir avant le plein impact du krach. ___

En réaction à cette crise de l'esclavage, la première du genre, un paquet de Barandir ont donc débarqué à Aroche, puis Salviane, Archerune et Bragone ce printemps pour tenter d'y faire quelque chose : liquider ce qui doit l'être (en commençant par fondre les chaînes pour les revendre au prix du fer, sous-louer les geôles, fermer les bureaux...), rassurer leurs investisseurs et partenaires sur une prochaine reprise des affaires, mais aussi motiver les autorités militaires à faciliter cette relance. Ils proposent par exemple d'asservir les prisonniers de guerre plutôt que de les torturer, les exécuter ou de laisser crever les blessés (quoique des rebelles ne fassent pas des esclaves très dociles), mais aussi que les armées du Nord prêtent leur concours à de grandes opérations de capture : pour l'instant, seul Berinor de Salviane est vraiment en position de profiter de cette offre, empochant presque la moitié des profits, ce qui va continuer de faire grimper le cours de l'esclave dans les marchés lointains (une hausse des tarifs qui est le meilleur espoir de la filière Barandir).


  1. Ce qui est aussi vrai de l'Europe médiévale.
  2. Plus prosaïquement, plusieurs commentateurs de ce verset notent que le culte de Rem (il n'est devenu le culte "des Pères" que bien plus tard, dans un souci de relatif syncrétisme) s'est développé à mesure que le Royaume des Aramides absorbait d'autres nations et, peu à peu, son identité nationale a glissé de "être un descendant de Rem et Melen" vers "croire en Rem". Et comme le culte présentait souvent la conversion comme une alternative à l'esclavage, il y eut beaucoup de convertis.