Discours du Capitaine Durgaut

De Marches du Nord
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Allocution à l'Assemblée Tribale

Prononcé Eled mourant des Labours devant les émissaires tribaux rassemblés au Cercle des Cascades.

«Honorés membres des Clans, je viens parler en homme de paix. J'ai combattu certains d'entre vous, je suis déjà l'ami des autres. Dans les deux cas, vous avez forcé mon admiration, que ce soit par votre pugnacité ou votre vision du monde. Je le dis sans honte, considéré comme un notable important chez les Dirsen, je me sens un peu comme un enfant qui a tout à apprendre de vos us et coutumes. Si j'en crois les débats qui se tiennent ici, je devrais dire que je me sens comme un enfant qui risque de perdre ses chances d'apprendre. Peut-être, en revanche, puis-je vous enseigner quelques choses concernant l'Empire et qui devraient rester dans vos mémoires lorsque viendra pour le peuple Emishen de décider de suivre la voie des armes ou celle de la paix.

Je vais vous dire une chose : ne faîtes pas la paix avec l'Empire. Pas si vous espérez des Dirsen qu'ils s'adaptent tous avec bonheur à vos us et coutumes. La plupart des Dirsen sont sourds à la Nature, des millénaires de traditions leur faisant croire que tout ce que le monde a à offrir appartient à celui qui le réclame le premier. Beaucoup de Dirsen sont obnubilés par les métaux précieux comme l'or ou l'argent, au point d'en perdre toute morale et toute peur. Mais fondamentalement, la plupart des Dirsen sont de pauvres hères qui traversent l'existence en urgence, en espérant que leurs enfants auront un tout petit peu mieux que ce qu'ils ont eu eux-mêmes. Cette pensée rémane ne s'effacera pas tout de suite. Il faudra du temps avant que ceux qui se disent colons de l'Empire n'oublient un peu leur urgence et leur besoin de produire et bouger sans cesse. Il ne faut pas préserver la paix avec les colons, si vous attendez d'eux qu'ils changent tout de suite en retour. Il faudra de la patience, plus de patience que certains d'entre vous n'en ont. » (Durgaut regarde les représentants kormes, juge de son effet et prend une inspiration) «Je vais vous dire autre chose : ne faîtes pas la guerre avec l'Empire. Pas quand vous saurez que l'Empire a déjà conscience que les forêts de ces vastes territoires regorgent de bois précieux et que les montagnes débordent d'or et d'argent. Les autorités et chefs de l'Empire le savent et veulent ces richesses. Faîtes-leur la guerre et vous leur donnerez la seule raison dont ils ont besoin pour ne plus jamais négocier avec les tribus Emishens. Les autorités de l'Empire n'enverront plus de marchands ou de diplomates. Plus de pauvres colons espérant un avenir meilleur. Ils enverront des guerriers et des esclaves pour piller ces terres. Ces chefs ne viendront pas eux-mêmes, ils ne risqueront pas leur propre vie. Ils enverront des gens comme le Prévôt Rhilder, assoiffés de sang et de richesse, pour lesquels un bon Emishen est un Emishen mort ou esclave. Ils enverront des mercenaires fehnri, qui n'ont pas d'autres raisons de se battre que le montant de leur solde et pour lesquels cela est une raison suffisante pour tuer des gens qu'ils ne connaissent même pas. Ils enverront leurs criminels, leurs violeurs, leurs voleurs, tous ceux qui sont exclus de l'Empire pour leurs crimes et qui verront dans la guerre avec les Emishens une occasion de se racheter ou au moins de se faire oublier. Ce que l'on appelle l'Empire réman est vaste et déjà riche. Il n'aspire qu'à une chose : devenir plus vaste et plus riche encore. La seule chose qui les en empêche sont des accords. Pour les Dirsen, violer un accord est un crime plus grave que tuer un homme : si on tue un homme, on se fait quelques ennemis. Si on viole un accord, en revanche, on perd tous ses amis. Et si l'Empire se fiche d'avoir des ennemis, malgré toute sa puissance et son pouvoir, il ne peut pas se permettre de perdre ses amis. Si les Emishens deviennent ses amis, l'Empire sera plus solidement lié que par n'importe quelle corde.

Je vais vous dire une troisième chose. Quelque soit votre décision, jaugez chaque argument à l'aulne de celui qui vous l'expose. Je suis Liméric Durgaut, Capitaine et futur Bailli de Tal Endhil. Je parle au nom de ceux qui vivent là-bas et aspirent à une vie meilleure que celle qu'ils ont connue jusqu'alors. Je parle au nom de ceux qui sont prêts à faire des concessions sur leurs traditions bizarres et ceux qui veulent vivre en bonne harmonie avec les Emishens. Ces gens veulent vivre ici, offrir une vie à leurs familles et être en sécurité. Voilà les intérêts que je défends. Pour cela, je dois envoyer à l'Empire l'argent qu'il me demande. Sinon, l'Empire considèrera mon remplacement. Voilà les intérêts que je sers. J'ai été séduit par ces terres et les hommes qui les habitent. Je vois la sagesse de leurs voies, je garde aussi mes racines. J'espère apprendre ici et au contact des Emishen. J'espère développer une amitié entre nos peuples, prouver que nous pouvons vivre ensemble et surtout prospérer ensemble. Voilà les intérêts que j'ai fait miens.

Je crois en revanche que tout le monde ne se présente pas aussi honnêtement lorsqu'il prône la guerre. Je crois que les kormes, ici représentés, omettent de dire qu'ils se servent d'artefacts anciens pour ressusciter leurs morts et les lancer, deux fois morts, à l'assaut des hommes. J'en veux pour preuve le sarcophage qui leur a été pris dans une bataille à la mine près de Tal Endhil. Lel'Liamil, plusieurs de ses compères Lewyllen, ainsi qu'Adira Pratesh (NB : je cite aussi un autre PJ si un des ceux qui étaient à la mine se trouve aussi ici au Cercle : en gros, je donne tous les noms) pourront confirmer ces faits. Je crois que les kormes omettent aussi de dire que leurs maléfices ont mal tourné et qu'ils ont dû emmurer plusieurs des leurs, plusieurs des leurs !, sous la montagne, pour les laisser pourrir là. Je crois enfin que les kormes omettent de dire qu'Etayn-la-louve et beaucoup de kormes servent actuellement un sorcier réman. Oui, un sorcier réman, devant lequel ils plient genou, comme n'importe quel Dirsen roturier le ferait devant un seigneur. Là aussi, tout cela peut être confirmé par le récit de ceux qui l'ont vu.

Enfin, je peux affirmer que les kormes ont emporté l'argent de la mine avec eux. Ma question est la suivante : à quoi peuvent-ils employer cet argent ? Acheter des armes, faire venir des mercenaires pour se battre pour eux, piller et tuer. Se conduire en Dirsen, en somme. Mais ils n'hésiteront pas à marteler que les manières Dirsen doivent être bannies et punies. Alors en vérité, oui, on devrait toujours juger chaque argument à l'aune de celui qui l'expose.

Je veux ici prendre un engagement envers certains d'entre vous. Tal Endhil est un village, certains d'entre vous ne verront que peu d'intérêt à mes paroles. Mais être un village ne nous prive pas de pouvoir. Du pouvoir de réparer les fautes commises par d'autres, lorsque nous le pouvons. Une des pratiques de l'Empire les plus déplaisantes est l'esclavage. J'en ai vu les ravages sur les peuples, je refuse de le cautionner. (Durgaut regarde le jeune chaman des Edell'okilh)

Kal Tayvohn, des Edell'okilh, je veux ici vous dire que je crois pouvoir ramener nombre des vôtres actuellement en esclavage. Parler aux vivants, et voir votre tribu renaître. En échange de la paix. Accompagnez-moi s'il le faut pour voir à quel point je prends cet engagement à coeur, mais laissez un Dirsen tenter de réparer ce qu'il peut des torts que d'autres vous ont causé. Considérez, en somme, que les Dirsen, avec leurs tics et leurs manières étranges, sont aussi différents les uns des autres que les Emishens entre eux.»