Bénédar de Landrie

De Marches du Nord
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Né parmi la noblesse mongrelle il y a seulement 31 ans, le Grand Vicaire des Lisières est le plus haut prélat de la Marche éponyme et le successeur putatif de Son Éminence Aristame de Gorme, Primat du Nord. Grand et ascétique, son regard brûlant d'une foi intense et sa voix de baryton ont enflammé des foules de croyants de Mongar à Archerune, où se trouve aujourd'hui sa Prélature.

Ayant commencé à prêcher dès l'enfance, engagé à 16 ans dans l'ordre des Pénitents puis comme aumônier dans les armées de Berinor de Salviane, les responsabilités ecclésiastiques ne l'ont jamais détourné de sa divine mission  : évangéliser le Nord. C'est aussi une des très rares voix à s'exprimer pour l'abolition de l'esclavage, dans les Marches comme ailleurs...


le Prodige

Deuxième fils parmi les six enfants du comte mongrel Médard de Landrie, né en l'an 7 dans le bucolique fief paternel au Sud-Ouest de Marale, Bénédar a démontré très jeune une intelligence "inhabituelle pour sa lignée" (sic) et une passion brûlante pour les Premiers en récitant par cœur des chapitres du Livre des Âges dès l'âge de 6 ans, impressionnant son précepteur par sa maîtrise du Dogme et houspillant toute sa maisonnée vers plus de piété.
Après que son père eut été tué en l'an 14 au siège de Tharguel (durant la Révolte des Ondrènes), son frère aîné Médéric hérita du comté et Bénédar entra au monastère.

À 14 ans, il était déjà l'assistant du prieur et prêchait fréquemment sur les places publiques, poussant les notables de la cité comtale à financer un nouveau temple en rémission de leurs péchés –dont il avait lui-même établi une liste aussi exhaustive que cinglante.
La construction de la cathédrale de Landrie commença en l'an 22 et, son devoir local accompli, Bénédar fît don de tous ses biens à l'Ordre des Pénitents avant de s'engager dans sa mission nordique : évangéliser les Marches du Nord.

Au printemps 23, il devînt le disciple de Boniface d'Issarine, son compatriote : quoique ne maniant pas les armes, Bénédar accompagna l'armée de Berinor à la reconquête de Mont-Griffon, où il chantait des psaumes du haut des créneaux pour encourager les soldats. Le jeune Pénitent ayant survécu aux multiples massacres au prix de quelques cicatrices –et converti moult Ondrènes à "la vraie foi" durant les cinq mois du siège, il semble que la popularité du jeune homme ait commencé à faire de l'ombre à Boniface au point d'éloigner les deux zélotes.
Mais leur rupture ne survînt que l'année suivante, après un incident en bordure de l'Ocrine : le massacre de la ferme d'Ocre, après lequel Boniface et werek de Harden défendirent une exaction des Écorcheurs qui avait failli coûter la vie à Bénédar.

Dégoûté, Bénédar rompit tout contact avec son mentor mais, toujours membre des Pénitents, rejoignit les rangs de l'Inquisition : s'il s'y montra un organisateur efficace, un interrogateur rigoureux et un infatigable pourfendeur de sorciers et autres hérétiques, l'influence grandissante de Boniface dans les Lisières sembla nuire à son avancement au point que, après une nouvelle altercation entre les deux prêtres en l'an 26, l'abbé parvînt à renvoyer son ancien disciple vers le Temple des Patriarches, où il attira finalement l'attention du Père Syrmeine...


le Prélat

À une époque où Son Éminence peinait à trouver des prélats intelligents pour administrer sa nouvelle Primature, où l'Empire manquait d'alliés capables de s'opposer aux Seigneurs du Nord et où Boniface se montrait de plus en plus incontrôlable, Syrmeine nota que l'intelligence de Bénédar pouvait être cultivée pour la prélature et son charisme exploité en politique, son inflexibilité même étant l'assurance qu'il ne transigerait jamais avec les intérêts impériaux.

Transféré à l'ordre des Officiants, son intelligence et sa dévotion lui permirent d'y enchaîner les promotions et, à mesure qu'on oubliait Boniface (après une tentative catastrophique pour instaurer une "abbaye" sur le fleuve Ombreux) et qu'on se rappelait du jeune prodige que Bénédar avait été, il atteignit en quelques années le poste envié de Diacre de la basilique d'Archerune.
Il n'était à ce poste que depuis 3 ans quand, en l'an 35, son supérieur le Vicaire Général des Lisières Casémir de Rigorne, eut l'imprudence de s'opposer à Berinor sur des questions de taxes et de juridiction du cloître de Salviane : on découvrit bientôt que le Vicaire avait une amante et plusieurs enfants, contraignant le Culte à l'excommunier... et à lui chercher un remplaçant.

Une fois que la Primature eut redécoupé son territoire pour exclure Aroche (le Cloître arochais devenant ainsi sa propre Prélature) et rebaptisé le poste pour souligner le changement, on présenta à Berinor le Grand Vicaire des Lisières Bénédar de Landrie, désormais basé à Archerune mais jeune, dynamique et irréprochable, que le baron-prévôt avait d'ailleurs rencontré lors du procès de la "ferme de l'Ocre" et qui partageait sa haine des Écorcheurs.
Faisant preuve d'une diplomatie récemment acquise, "Père" Bénédar parvînt d'abord à réconcilier le Culte avec Berinor puis, à l'automne 37, en négociant pour lui le titre de comte et un rapprochement avec l'État-Major, à en faire un partenaire plutôt qu'un rival.


Réservé au Conseil du Prévôt


De la part du Père Syrmeine –donc sur ordre de Son Éminence, le Prévôt à reçu un dossier conséquent sur Bénédar, issu des abondantes notes du Chapitre des index.
Le dossier explique notamment comment Bénédar, comme Ronan de Palerive ou Harobam de Marale avant lui, Bénédar fût patiemment remodelé pour les besoins du Primat...

Afin de l'assouplir un peu, Syrmeine le laissa d'abord croupir pendant plus d'un an aux tâches les plus subalternes du Chapitre des Index (lire et brûler des livres hérétiques, panser et laver les captifs après les interrogatoires...) et, lorsqu'il lui sembla que le Mongrel était près de rendre sa chasuble, lui annonça que la récente disgrâce de Boniface (après la débâcle de son abbaye au bord du fleuve Ombreux) motivait une purge de l'Ordre des Pénitents et le "sauvetage" de ses moines les plus prometteurs par l'Ordre des Officiants où, comme pour l'abbé Ronan de Brasure, une nouvelle carrière les attendait.

Comme prévu, c'est avec une grande reconnaissance que Bénédar accepta un poste à l'économat de Brasure puis, lorsqu'on eut vérifié qu'il pouvait se débrouiller de comptabilité, une série de promotions discrètement "instructives" comme bibliothécaire-adjoint, second-échevin à la basilique d'Archerune puis échevin en titre. À mesure qu'on oubliait Boniface et que Bénédar progressait, Son Éminence dépoussiéra peu à peu la réputation de piété et d'influence que ce dernier s'était acquise dans sa jeunesse, redorant son blason aux yeux des généraux maréliens comme des autres prélats des Marches.

Personne ne fût donc surpris que, en l'an 32, ce prêtre d'à peine 25 ans soit nommé diacre de la basilique, confirmant l'impression générale qu'il était "promis à un grand avenir". Sa formation politique fût alors confiée à son supérieur direct, le Prieur Olban, qui l'initia d'abord aux subtilités du Conclave local puis à la gestion plus large de la Prélature des Lisières. Si les débuts furent laborieux pour tout le monde (divers "professeurs" choisis par père Syrmeine se succédant pour dégrossir le jeune diacre), Bénédar accepta peu à peu l'idée que son sacerdoce évangélique serait d'autant mieux servi qu'il maîtriserait les complexités de la Prélature, pour un jour présider à la foi de milliers de croyants comme à la conversion de païens tout aussi nombreux.

En l'an 35, Berinor de Salviane n'avait pas encore digéré la perte d'Aroche quand il réchappa de peu à un empoisonnement et, en réaction, entreprit de renforcer son contrôle sur la Marche, assurant sa prise sur toutes les institutions auxquelles il avait jusqu'alors laissé certaines libertés et sapant l'influence de tous ceux qui osaient lui résister. Plusieurs généraux, Maisons marchandes et sénéchaux s'empressèrent d'affirmer leur loyauté au baron-prévôt mais le Vicaire Général des Lisières d'alors, un certain Casémir de Rigorne, soutenu depuis Aroche (encore inclue dans sa juridiction) et malgré les recommandations de la Primature du Nord, eut l'imprudence de s'opposer à Berinor sur des questions de taxes et de juridiction du cloître de Salviane.
L'affrontement fût de courte durée puisque, au printemps 36, la prévôté (en particulier un certain Fredegast, que Dario a rencontré) démontra comme le craignait Syrmeine que le Vicaire avait une amante et plusieurs enfants, contraignant le Culte à l'excommunier –et Aristame à le rayer de la liste des successeurs putatifs.

Ce revers politique fût toutefois l'occasion de tester les progrès diplomatiques de Bénédar : une fois que la Primature eut redécoupé son territoire pour exclure Aroche et rebaptisé le poste pour souligner le changement, on présenta à Berinor un Grand Vicaire des Lisières désormais basé à Archerune, mais jeune, dynamique et irréprochable, qu'il avait d'ailleurs rencontré lors du fameux procès et qui partageait sa haine de Rhilder le Boîteux. Au grand soulagement de Syrmeine et Olban, "Père" Bénédar parvînt d'abord à réconcilier le Culte avec Berinor puis, à l'automne 37, en négociant pour lui le titre de comte et un rapprochement avec l'état-major, à en faire un partenaire plutôt qu'un rival.

Quelques frictions se produisirent entre eux lorsque Bénédar tenta de négocier la libération d'esclaves emishen en échange de leur conversion, mais furent miraculeusement résolues lorsque des indigènes rendirent au comte-prévôt sa petite-fille brièvement disparue du cloître de Salviane : déjà attendri par Elianor, le seigneur de Salviane affranchi quelques Emishen de plus et Bénédar sembla sen contenter. Le rapport laisse d'ailleurs entendre que la Primature l'avait sciemment laissé exprimer sa position (relativement) anti-esclavagiste, longtemps découragée par sa hiérarchie mais qui pourrait dans l'avenir être employée pour freiner l'expansion des Barandir, appauvrir Rhilder et potentiellement retarder une nouvelle révolte des Ondrènes.


le Politicien ?

Depuis quelques années qu'il participe au conclave d'Archerune aux cotés du Prieur Orban, Bénédar y intervient ponctuellement et presque toujours sur des questions morales plus ou moins populaires (comme l'abolition de l'esclavage, la charité, le "droit du travail"...), à travers des sermons passionnés et des paraboles parfois mal comprises qui ont pourtant un nombre croissant de spectateurs (ne serait-ce que quand le Prieur annonce les interventions de son jeune supérieur lors des messes précédant l'Assemblée).
Ses votes et ses discours sont alternativement en faveur du (désormais) comte-prévôt ou des plus démunis, peignant peu à peu un portrait de Berinor comme champion du peuple face aux grands bourgeois et aux Maisons Marchandes, mais sans parvenir (encore) à convaincre les fiers Archerois de soutenir effectivement la guerre dans les Lisières.

Pourtant, si la santé de Son Éminence devait continuer à se dégrader et Bénédar gagner encore en popularité, les milieux bien informés supputent que le Grand Vicaire pourrait bientôt devenir le nouveau Primat du Nord...


Réservé au Conseil du Prévôt


Le rapport du Père Syrmeine précise que, à la même époque, les Index se sont employés à détourner Bénédar d'un soudain attrait pour les Talendans, né de l'élimination de Boniface autant que de la prohibition de l'esclavage dans leur bailliage : craignant que le Grand Vicaire découvre que Durgaut employait plusieurs sorciers et n'alerte l'Inquisition en compliquant les plans de Son Éminence pour la Marche des Lacs, Syrmeine a grandement minimisé l'intérêt de la Primature pour l'ambitieux bailli.
Graduellement, Bénédar a été averti de l'existence de l'Héritier et de la menace qu'il représente pour l'Empire à l'aube d'une possible guerre avec Fehn.

Mais Son Éminence a choisi de lui cacher l'identité de cet adversaire, l'implication des Talendans dans cette lutte secrète et leurs « multiples sacrilèges » (?), dans l'espoir que les agents de Durgaut puissent neutraliser la menace avant que Bénédar n'accède à la Primature et donc à ses archives secrètes. Idéalement, Père Syrmeine recommande même (a priori au Primat) de purger les Index de toutes traces des accords avec les Talendans, des multiples soutiens que Son Éminence leur a fourni et « de la plupart des preuves accumulées contre eux » s'ils parvenaient effectivement à éliminer l'Héritier avant que « l'anneau ne tombe de la main de Son Éminence », afin d'épargner les manigances heureusement résolues à la pureté morale du prochain Primat.


Le rapport inclut une évaluation en demi-teinte du Grand Vicaire Bénédar. D'un côté, il est de loin le prélat local, le mieux placé pour reprendre la Primature du Nord, approfondir la nouvelle alliance avec les comtes de Salviane et former avec Romald de Corelguil une résistance presque solide et peut-être même durable aux projets séparatistes de l'Héritier. Il faut dire qu'une fois exclus Casémir de Rigorne (excommunié), Ronan de Brasure (ramolli par le confort et bientôt paralysé par la goutte), Olban d'Anguedale (déjà trop vieux et pas assez ambitieux), le prélat gemmois et abbé Fyornir de Dunegarne (trop brutal) ou le Grand Vicaire Irmand d'Aroche (sous la coupe de Larmond), la liste se réduit quasiment à Raynal de Véruse et Bénédar, le second ayant l'avantage de connaître le terrain et d'avoir été préparé depuis bientôt 7 ans.

Sa foi comme sa loyauté à l'Empire ne sont plus à démontrer, sa connaissance du terrain géo-politique est aujourd'hui très correcte et ses positions (relativement) modérées vis à vis des Emishen ouvrent même des espoirs de paix –et d'évangélisation– à moyens termes.

Mais de l'autre côté, l'intransigeance qui préserve Bénédar de l'influence des Seigneurs du Nord l'exclus aussi « des cases les plus noires de l'Échiquier du Nord » : il n'a pas l'intelligence diplomatique pour conseiller sagement le Duc-Gouverneur, pas encore la hauteur de vue nécessaire pour consolider la jeune Primature du Nord, encore moins le machiavélisme pour diriger efficacement le Chapitre des Index ou guider l'Empire dans les conflits à venir.

Pour tout cela, ses propres conseillers et subalternes devront continuer sa formation selon les directives d'Aristame de Gorme...