Bénédar de Landrie : Différence entre versions

De Marches du Nord
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''De là, comme Ronan de Palerive ou Harobam de Marale avant lui, Bénédar allait être patiemment remodelé pour les besoins du Primat...''
 
''De là, comme Ronan de Palerive ou Harobam de Marale avant lui, Bénédar allait être patiemment remodelé pour les besoins du Primat...''
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'''Afin de l'assouplir un peu,''' Syrmeine le laissa d'abord croupir pendant plus d'un an aux tâches les plus subalternes du Chapitre des Index (lire et brûler des livres hérétiques, panser et laver les captifs après les interrogatoires...) et, lorsqu'il lui sembla que le Mongrel était près de rendre sa chasuble, lui annonça que la récente disgrâce de Boniface (après la débâcle de son abbaye au bord du fleuve Ombreux) motivait une purge de l'Ordre des Pénitents et le "sauvetage" de ses moines les plus prometteurs par l''''Ordre des Officiants''' où, comme pour l'abbé Ronan de Brasure, une nouvelle carrière les attendait.
 
'''Afin de l'assouplir un peu,''' Syrmeine le laissa d'abord croupir pendant plus d'un an aux tâches les plus subalternes du Chapitre des Index (lire et brûler des livres hérétiques, panser et laver les captifs après les interrogatoires...) et, lorsqu'il lui sembla que le Mongrel était près de rendre sa chasuble, lui annonça que la récente disgrâce de Boniface (après la débâcle de son abbaye au bord du fleuve Ombreux) motivait une purge de l'Ordre des Pénitents et le "sauvetage" de ses moines les plus prometteurs par l''''Ordre des Officiants''' où, comme pour l'abbé Ronan de Brasure, une nouvelle carrière les attendait.

Version du 4 octobre 2022 à 00:07

L'Étoile Première à huit branches, telle qu'on peut la voir sur la bannière des Soldats du Temple des Patriarches : chaque branche représente un des Premiers.

Deuxième fils parmi les six enfants du comte mongrel Médard de Landrie, né en l'an 7 dans le bucolique fief paternel au Sud-Ouest de Marale, Bénédar a démontré très jeune une intelligence "inhabituelle pour sa lignée" (sic) et une passion brûlante pour les Premiers en récitant par cœur des chapitres du Livre des Âges dès l'âge de 6 ans, impressionnant son précepteur par sa maîtrise du Dogme et houspillant toute sa maisonnée vers plus de piété. Après que son père eut été tué en l'an 14 au siège de Tharguel, pendant la Révolte des Ondrènes, son frère aîné Médéric hérita du comté et Bénédar entra au monastère.

À 14 ans, il était déjà l'assistant du prieur et prêchait fréquemment sur les places publiques, poussant les notables de la cité comtale à financer un nouveau temple en rémission de leurs péchés –dont il avait lui-même établi une liste aussi exhaustive que cinglante : la construction de la cathédrale de landrie commença en l'an 22 et, son devoir local accompli, Bénédar fît don de tous ses biens à l'Ordre des Pénitents avant de s'engager dans sa mission nordique : évangéliser les Marches du Nord.

Au printemps 23, il devînt le disciple de son compatriote Boniface d'Issarine et, quoique ne maniant pas les armes, accompagna l'armée de Berinor à la reconquête de Mont-Griffon, où il chantait des psaumes du haut des créneaux pour encourager les soldats. Frère Bénédar ayant survécu aux multiples massacres au prix de quelques cicatrices –et converti moult Ondrènes à "la vraie foi" durant les cinq mois du siège, il semble que la popularité du jeune homme ait commencé à faire de l'ombre à Boniface au point d'éloigner les deux zélotes. Mais leur rupture ne survînt que l'année suivante, après un incident en bordure de l'Ocrine...

À l'automne 24, accompagnant Werek de Harden, Balion de Noiresouche et quelques autres "Martyrs" de Mont-Griffon pour mater des sauvages du côté de Runelige, le régiment des Écorcheurs s'était arrêté dans une ferme-relais à une journée au Sud de Salviane : ayant investi la ferme et saisi un chargement d'alcool croisé en chemin, les soudards se saoulaient allègrement en poursuivant les fermières lorsque, à la nuit tombée, Frère Bénédar apparut. Boniface, alors installé à Salviane, l'avait en effet envoyé construire une chapelle dans un hameau voisin et évangéliser les Eibradon, tâche dans laquelle il obtenait d'ailleurs des succès inespérés : averti par une fuyarde, l'évangéliste avait galopé sur son âne pour sermonner les soldats et mettre fin à leurs abus. Dans les minutes du procès qui s'en suivit deux mois plus tard à Aroche, il apparaît qu'une empoignade éclata dans une étable quand Bénédar tenta d'y arracher Garmrhfel "le Siffleur" d'une adolescente terrorisée, bagarre durant laquelle le moine frappa l'Écorcheur avec une torche. Légèrement brûlé mais désormais fou de rage, Garmrhfel assoma le pénitent et l'enferma dans l'étable avec la jeune fille avant de bouter le feu au toit de chaume, dont les flammes gagnèrent la salle commune attenante. Rhilder parvînt à rassembler ses Écorcheurs, hilares mais désormais sans logis, ils abandonnèrent la ferme à l'incendie qui se propageait et continuèrent vers le Sud où ils remplirent effectivement leur mission, venant à bout d'une curieuse bande d'Eibradon (que Dario suppose lié au Cercle des Eaux Chaudes et à la Ruche des Bourgeons Parfumés). Si la jeune fille de l'étable était morte asphyxiée, Frère Bénédar avait pu survivre aux flammes en se jetant dans un abreuvoir et, malgré de sévères brûlures, témoigner devant le prévôt des Lisières. Le baron de Harden fît néanmoins valoir son rang et la récente victoire pour couvrir sa troupe, et l'abbé Boniface les défendit au procès : au final, le chevalier-prévôt Berinor dû se contenter de bannir les Écorcheurs de son nouveau domaine, et le rapport souligne que cet affront l'aura motivé à obtenir le titre de baron, puis de comte.

Dégoûté, Bénédar rompit tout contact avec son mentor mais, toujours membres des Pénitents, rejoignit les rangs de l'Inquisition : s'il s'y montra un organisateur efficace, un interrogateur rigoureux et un infatigable pourfendeur de sorciers et autres hérétiques, l'influence grandissante de Boniface dans les Lisières sembla nuire à son avancement au point que, après une nouvelle altercation entre les deux prêtres en l'an 26, l'abbé parvînt à renvoyer son ancien disciple vers le Temple des Patriarches, où il attira finalement l'attention du Père Syrmeine. Les notes de celui-ci indiquent clairement que Bénédar était trop raide pour devenir un agent secret ou même un grand stratège. Pourtant, à une époque où Son Éminence peinait à trouver des prélats intelligents pour administrer sa nouvelle Primature, où l'Empire manquait d'alliés capables de s'opposer aux Seigneurs du Nord et où Boniface se montrait de plus en plus incontrôlable, Syrmeine nota que l'intelligence de Bénédar pouvait être cultivée pour la prélature et son charisme exploité en politique, son inflexibilité même étant l'assurance qu'il ne transigerait jamais avec les intérêts impériaux.

De là, comme Ronan de Palerive ou Harobam de Marale avant lui, Bénédar allait être patiemment remodelé pour les besoins du Primat...



Afin de l'assouplir un peu, Syrmeine le laissa d'abord croupir pendant plus d'un an aux tâches les plus subalternes du Chapitre des Index (lire et brûler des livres hérétiques, panser et laver les captifs après les interrogatoires...) et, lorsqu'il lui sembla que le Mongrel était près de rendre sa chasuble, lui annonça que la récente disgrâce de Boniface (après la débâcle de son abbaye au bord du fleuve Ombreux) motivait une purge de l'Ordre des Pénitents et le "sauvetage" de ses moines les plus prometteurs par l'Ordre des Officiants où, comme pour l'abbé Ronan de Brasure, une nouvelle carrière les attendait.

Comme prévu, c'est avec une grande reconnaissance que Bénédar accepta un poste à l'économat de Brasure puis, lorsqu'on eut vérifié qu'il pouvait se débrouiller de comptabilité, une série de promotions discrètement "instructives" comme bibliothécaire-adjoint, second-échevin à la basilique d'Archerune puis échevin en titre. À mesure qu'on oubliait Boniface et que Bénédar progressait, Son Éminence dépoussiéra peu à peu la réputation de piété et d'influence que ce dernier s'était acquise dans sa jeunesse, redorant son blason aux yeux des généraux maréliens comme des autres prélats des Marches.

Personne ne fût donc surpris que, en l'an 32, ce prêtre d'à peine 25 ans soit nommé diacre de la basilique, confirmant l'impression générale qu'il était "promis à un grand avenir". Sa formation politique fût alors confiée à son supérieur direct, le Prieur Olban, qui l'initia d'abord aux subtilités du Conclave local puis à la gestion plus large de la Prélature des Lisières. Si les débuts furent laborieux pour tout le monde (divers "professeurs" choisis par père Syrmeine se succédant pour dégrossir le jeune diacre), Bénédar accepta peu à peu l'idée que son sacerdoce évangélique serait d'autant mieux servi qu'il maîtriserait les complexités de la Prélature, pour un jour présider à la foi de milliers de croyants comme à la conversion de païens tout aussi nombreux.

En l'an 35, Berinor de Salviane n'avait pas encore digéré la perte d'Aroche quand il réchappa de peu à un empoisonnement et, en réaction, entreprit de renforcer son contrôle sur la Marche, assurant sa prise sur toutes les institutions auxquelles il avait jusqu'alors laissé certaines libertés et sapant l'influence de tous ceux qui osaient lui résister. Plusieurs généraux, Maisons marchandes et sénéchaux s'empressèrent d'affirmer leur loyauté au baron-prévôt mais le Vicaire Général des Lisières d'alors, un certain Casémir de Rigorne, soutenu depuis Aroche (encore inclue dans sa juridiction) et malgré les recommandations de la Primature du Nord, eut l'imprudence de s'opposer à Berinor sur des questions de taxes et de juridiction du cloître de Salviane. L'affrontement fût de courte durée puisque, au printemps 36, la prévôté (en particulier un certain Fredegast, que Dario a rencontré) démontra comme le craignait Syrmeine que le Vicaire avait une amante et plusieurs enfants, contraignant le Culte à l'excommunier –et Aristame à le rayer de la liste des successeurs putatifs.

Ce revers politique fût toutefois l'occasion de tester les progrès diplomatiques de Bénédar : une fois que la Primature eut redécoupé sa circonscription pour exclure Aroche et rebaptisé le poste pour souligner le changement, on présenta à Berinor un Grand Vicaire des Lisières désormais basé à Archerune, mais jeune, dynamique et irréprochable, qu'il avait d'ailleurs rencontré lors du fameux procès et qui partageait sa haine de Rhilder le Boîteux. Au grand soulagement de Syrmeine et Olban, "Père" Bénédar parvînt d'abord à réconcilier le Culte avec Berinor puis, à l'automne 37, en négociant pour lui le titre de comte et un rapprochement avec l'état-major, à en faire un partenaire plutôt qu'un rival.

Quelques frictions se produirent entre eux lorsque Bénédar tenta de négocier la libération d'esclaves emishen en échange de leur conversion, mais furent miraculeusement résolues lorsque des indigènes rendirent au comte-prévôt sa petite-fille brièvement disparue du cloître de Salviane : déjà attendri par Elianor, le seigneur de Salviane affranchi quelques Emishen de plus et Bénédar sembla sen contenter. Le rapport laisse d'ailleurs entendre que la Primature l'avait sciemment laissé exprimer sa position (relativement) anti-esclavagiste, longtemps découragée par sa hiérarchie mais qui pourrait dans l'avenir être employée pour freiner l'expansion des Barandir, appauvrir Rhilder et potentiellement retarder une nouvelle révolte des Ondrènes.


Le prévot Durgaut est toujours bien renseigné, son conseil a accès a plein d'infos


Messire Durgaut a reçu un dossier complet, qui mentionne aussi, en plus du Curiculum Vitae complet du prélat, que, à la même époque, les Index se sont employés à détourner Bénédar d'un soudain attrait pour les Talendans, né de l'élimination de Boniface autant que de la prohibition de l'esclavage dans leur bailliage : craignant que le Grand Vicaire découvre que Durgaut employait plusieurs sorciers et n'alerte l'Inquisition en compliquant les plans de Son Éminence pour la Marche des Lacs, Syrmeine a grandement minimisé l'intérêt de la Primature pour l'ambitieux bailli.

Graduellement, Bénédar a été averti de l'existence de l'Héritier et de la menace qu'il représente pour l'Empire à l'aube d'une possible guerre avec Fehn.

Mais Son Éminence a choisi de lui cacher l'identité de cet adversaire, l'implication des Talendans dans cette lutte secrète et leurs « multiples sacrilèges » (?), dans l'espoir que les agents de Durgaut puissent neutraliser la menace avant que Bénédar n'accède à la Primature et donc à ses archives secrètes. Idéalement, Père Syrmeine recommande même (a priori au Primat) de purger les Index de toutes traces des accords avec les Talendans, des multiples soutiens que Son Éminence leur a fourni et « de la plupart des preuves accumulées contre eux » s'ils parvenaient effectivement à éliminer l'Héritier avant que « l'anneau ne tombe de la main de Son Éminence », afin d'épargner les manigances heureusement résolues à la pureté morale du prochain Primat.

Le rapport inclut une évaluation en demi-teinte du Grand Vicaire Bénédar.

D'un côté, il est de loin le prélat local, le mieux placé pour reprendre la Primature du Nord, approfondir la nouvelle alliance avec les comtes de Salviane et former avec Romald de Corelguil une résistance presque solide et peut-être même durable aux projets séparatistes de l'Héritier. Il faut dire qu'une fois exclus Casémir de Rigorne (excommunié), Ronan de Brasure (ramolli par le confort et bientôt paralysé par la goutte), Olban d'Anguedale (déjà trop vieux et pas assez ambitieux), le prélat gemmois et abbé Fyornir de Dunegarne (trop brutal) ou le Grand Vicaire Irmand d'Aroche (sous la coupe de Larmond), la liste se réduit quasiment à Raynal de Véruse et Bénédar, le second ayant l'avantage de connaître le terrain et d'avoir été préparé depuis bientôt 7 ans.

Sa foi comme sa loyauté à l'Empire ne sont plus à démontrer, sa connaissance du terrain géo-politique est aujourd'hui très correcte et ses positions (relativement) modérées vis à vis des Emishen ouvrent même des espoirs de paix –et d'évangélisation– à moyens termes.

Mais de l'autre côté, l'intransigeance qui préserve Bénédar de l'influence des Seigneurs du Nord l'exclus aussi « des cases les plus noires de l'Échiquier du Nord » : il n'a pas l'intelligence diplomatique pour conseiller sagement le Duc-Gouverneur, pas encore la hauteur de vue nécessaire pour consolider la jeune Primature du Nord, encore moins le machiavélisme pour diriger efficacement le Chapitre des Index ou guider l'Empire dans les conflits à venir.

Pour tout cela, ses propres conseillers et subalternes devront continuer sa formation selon les directives d'Aristame de Gorme...