8) "Le Train de l'Argent" : Différence entre versions

De Marches du Nord
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  _Quoi ?! Mais non, enfin, on allait l'interrog...  
 
  _Quoi ?! Mais non, enfin, on allait l'interrog...  
 
  _Nous ne tolérerons pas l’œuvre du démon et vous n'en serez pas complice, Maître Pratesh, ou bien vous aurez à faire à moi !"  
 
  _Nous ne tolérerons pas l’œuvre du démon et vous n'en serez pas complice, Maître Pratesh, ou bien vous aurez à faire à moi !"  
Malgré les protestations de ses camarades, Sire de Lorune défait le long paquet qu'il a sur le dos depuis le départ et en dégage une lourde épée bâtarde à la lame gravée d'inscriptions antiques et dont la garde rougeoyante rappelle à Vighnu une certaine sphère : avant qu'il ne puisse s'interposer, l'épée s'abat et la tête du malheureux tombe, tranchée net, entre ses genoux [oui, Herle vient d'exécuter le "peunj-d'information" pour produire une Réaction à 5].
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Malgré les protestations de ses camarades, Sire de Lorune défait le long paquet qu'il a sur le dos depuis le départ et en dégage une lourde épée bâtarde à la lame gravée de runes antiques et dont la garde rougeoyante rappelle à Vighnu une certaine sphère : avant qu'il ne puisse s'interposer, l'épée s'abat et la tête du malheureux tombe, tranchée net, entre ses genoux [oui, Herle vient d'exécuter le "peunj-d'information" pour produire une Réaction à 5].
  
 
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Version du 5 septembre 2014 à 16:28

La totalité de l'Épisode 8 : "Le Train de l'Argent" est classée "spoiler". Si vous voulez vraiment accéder à cet Épisode, vérifiez que soit un de vos perso y était, soit que le MJ vous en a donné l'autorisation. Tout abus sera illico puni par une grosse perte du plaisir de jeu.

C'est bon, vous y avez bien pensé ? Vous êtes vraiment sûr ?

...


Prologue, rien que pour Eldan et le Capitaine :

Les semaines précédentes, Durgaut a envoyé ses mercenaires (dont Eldan) enquêter du côté de Solerane sur les détournements de fonds du défunt lieutenant Armeld avec son complice, Maître Gaster, et découvert ainsi l'implication du patron-minier, notable influent et principal contrebandier de la région : Jornil Cuivré. En dehors de ses opérations "privées", Jornil travaille pour Rhilder le Fou à détourner le minerai d'argent des mines de la région, théoriquement destiné à l'État-Major, au seul bénéfice du dément Prévôt de la Marche des Lacs. Rhilder n'est pas quelqu'un avec qui Durgaut peut vraiment se permettre d'être en guerre ouverte, puisqu'il est son supérieur direct, un puissant "Seigneur du Nord" (comme on appelle les impériaux qui se taillent des fiefs dans les Marches) et un putain de psychopathe, notoirement responsable du génocide de la tribu emishen des Rimdehl (les Geaies). Mais notre brave Capitaine, en plus d'être très énervé contre le Prévôt qui le ruine par ses magouilles et lui réclame d'envoyer des troupes que Tal Endhil n'a pas pour participer à la guerre contre les Oloden, est en fait pris à la gorge : s'il n'envoie pas bientôt des lingots d'argent à l'État-Major du Duc-Gouverneur pour couvrir le quota de la Mine Bénie (pillée par les Kormes), Durgaut va sauter. En fait, il n'est encore même pas sûr de pouvoir obtenir le titre de "Bailli de Tal Endhil" vu les exigences du Primat en la matière, mais espère bien réussir à l'épater d'ici son arrivée. D'ailleurs, s'il reste en poste et devient bailli, il sait avoir besoin de beaucoup de pognon pour embaucher assez de mercenaires pour enfin contrôler son territoire et développer la région. Il a donc conçu un plan audacieux pour régler plusieurs problèmes à la fois : braquer le convoi de métaux qui va bientôt partir de Solerane pour Darverane, siège de la prévôté harcelé par les troupes de Kainen Tahrel. Ainsi, il mettra la main sur une véritable fortune (l'argent détourné caché dans des lingots de cuivre, l'argent "officiel" envoyé de Solerane pour l'état-major via Rhilder, du cuivre et de l'étain en quantité) dont il compte employer une partie à payer son quota au Gouverneur, une autre à racheter des esclaves Edell'okhil de la Marche des Gemmes pour s'assurer une alliance avec les Emishen et le reste à constituer une petite armée. Il en était à mettre au point un plan solide lorsqu'il apprend que la route de Darverane, coupée par les Kormes depuis des semaines, vient apparemment d'être rouverte suite à une contre-offensive de Rhilder : le convoi de métal ne devrait plus tarder à partir, il faut agir vite. Et comme Vighnu Pratesh vient de rentrer du Cercle des Hautes-Pierres, il décide d'embaucher l'assassin pour courir l'aspect le plus délicat de la mission : assurer le secret.

Ce qu'il ignore malheureusement, c'est que Jornil a lui aussi enquêtait sur les trois attaques successives qu'il a subi de la part de ruffians non-identifiés : d'abord on a tabassé nombre de petits truands sous les ordres de son fils, Jorem Cuivré, ensuite on s'en est directement pris à deux de ses lieutenants impliqués dans la contrebande d'argent, enfin un éboulement à la mine de cuivre s'est révélé être un sabotage (les mercenaires de Durgaut avaient pour instruction de recruter des mineurs et n'ont rien trouvé de mieux). Jornil a donc d'abord envoyé un certain Worik se mêler aux mineurs "responsables de l'éboulement" qu'il a lui-même renvoyé et qui partaient s'engager auprès de Durgaut (mais son agent est mort connement pendant l'épisode "Terrain Minier"), puis il a envoyé un messager auprès de son bon ami Adira Pratesh pour se renseigner sur les mercenaires de Durgaut (Adira étant alors en pleine bisbille avec le Capitaine, il a volontiers informé son ami) et contacté ses autres associés à Tal Endhil (comme Gaster, Jornil a des parts dans la mine de fer du village, ce que le Capitaine est sensé savoir mais dont il ne réalise pas l'importance), Adira l'a ensuite informé de ce qu'il avait appris sur l'arrestation de Gaster... Bref : Jornil a compris que Durgaut était après lui et pris des mesures en conséquence. S'il ne peut pas se permettre de retarder d'avantage le convoi de métal (Rhilder a besoin de ce fric pour sa guerre perso et il n'est pas câlin quand il s'impatiente), il a conçu une ruse efficace, embaucher des mercenaires de rab' pour l'escorte et, surtout, contacté par un ami de son fils une petite bande de brigands récemment arrivés dans le secteur : la Confrérie du Chacal...

À la "Taverne Penchée"

Il fait déjà nuit lorsque la Taverne, récemment rachetée par les mercenaires de Durgaut, ferme ses portes beaucoup plus tôt que d'habitude en chassant les soiffards qui comptaient y passer leur soirée en galante compagnie ; les prostituées, récemment rendues à leur autonomie sous l'autorité de la belle Garnelle (maîtresse occasionnelle du jeune Eldan) sont également invitées à rentrer chez elle et le quartier lacustre de Tal Endhil est donc rapidement rendu au silence et à la brume nocturne. Pourtant, quelques silhouettes discrètes gagnent bientôt la Taverne apparemment close :

  • l'apothicaire Vighnu Pratesh (Loriel) n'a eu qu'à franchir quelques pontons depuis sa propre échoppe, son matériel d'empoisonneur sous le bras et ses armes dissimulées sous son large manteau reman, où bat un petit cœur sec depuis si longtemps, récemment réveillé et illico brisé par Islinna : les femmes sont cruelles. Déjà en grande partie au courant de la mission, la seule chose qu'il ignore c'est ce qu'ils vont voler. Mais vue la somme promise par le Capitaine, il est trop heureux de ne pas poser de questions.
  • Diane Maletudine (Orlanth) est une Kerdane, quoiqu'elle prétende être une remane originaire de la cité portuaire de Rigorne, embauchée depuis quelques mois dans l'Armée du Nord, suite à des problèmes avec ses compatriotes. Femme dans une armée de macho, elle a bientôt eut d'autres ennuis (décidément) qui l'ont incité à déserter pour rejoindre la petite communauté kerdane de Tal Endhil sur les conseils de son mentor, le célèbre maître d'armes Vasco Sotorine. Sauf que Ranyella la pilote ne veut pas d'une renégate dans sa troupe et l'a donc refilée au Capitaine sans lui expliquer les casseroles que trimballe l'arbalétrière...
  • Andréas "Odran" (Humphrey B) a récemment eut un entretien secret avec le Capitaine qui pourrait se résumer ainsi : "Je sais que vous êtes un sorcier, mais je suis prêt à fermer les yeux si vous bossez pour moi. _Ça pourrait m'arranger, vu que je suis là pour mettre fin à la dispersion d'artefacts qui commencent à foutre le boxon à Duriane, mais je vais pas m'en sortir tout seul. _Splendide : faudra me neutraliser le machin dans la Mine Bénie. Dans l'intervalle, vous êtes embauché comme espion. Vous commencez demain, rendez-vous à la Taverne Penchée après la fermeture." Il arrive donc avec un peu d'avance et pas mal de bagages, dont son précieux grimoire, ses herbes médicinales et un certain objet qu'il a passé presque deux jours à chercher dans le torrent en contrebas de la Mine Bénie.
  • Oleytan "le Furet" (PNJ), lui, s'est engagé dans les mercenaires de Durgaut dès son retour de "l'Opération Tréfonds" : il se sent désormais un vrai guerrier, veut participer à l'alliance entre les Talendan et les Elloran mais, surtout, il a enfin couché avec le grand amour de sa jeune vie : la jolie négociante lewyllen Doma Sholen. Celle-ci l'a inexplicablement largué à l'arrivée à Tal Endhil en lui expliquant que "c'était fun, mais t'es juste trop jeune pour moi" (elle court en vain après Nevel Sholdanan depuis 4 semaines). Après une intense réflexion, le jeune guerrier est arrivé à la seule conclusion "sensée" : s'il veut que la belle marchande le reprenne, il doit lui prouver qu'il est capable de lui assurer le train de vie qu'elle a perdu, et pour ça, il lui faut "des rondelles", comme les Emishen nomment la monnaie impériale. Il ne comprend pas grand-chose à la mission que Durgaut lui a proposé, mais il est bien content puisqu'il va être payé royalement.
  • Eldan "le Moineau" (Aloun) arrive le dernier, accompagné d'une montagne de muscles habillées de haillons qu'il vient de récupérer dans l'unique geôle du donjon : Herle de Lorune (Ego'), noble et chevalier du temple récemment défroqué. Lui aussi a des problèmes, parmi lesquels l'alcool, la violence et un sens aigu de la justice qui, après lui avoir coûté sa charge d'inquisiteur lors d'une altercation avec le Primat lui-même, l'ont fait rétrogradé comme simple soldat dans la troupe de Bagoran de Marale (chargé de le "mater" : échec critique) et récemment conduit à défoncer le portrait d'un connard de Chevalier du Temple (donc un de ses "supérieurs") qui tabassait une gamine emishen. Son séjour en taule auprès du plaintif Gaster s'est terminé lorsque le Sergent LeCornu a jeté son dévolu sur le prisonnier, et convaincu le Capitaine de l'embaucher.

Lorsque tout ce petit monde est attablé dans la taverne sur pilotis qui grince et (effectivement) penche sous l'effet de la houle, Le Cornu qui tenait le comptoir fait entrer deux de ses collègues, le massif imbécile qu'on appelle "La Poigne" et le brigand reconverti au visage marqué par la petite vérole qu'on appelle "Le Grêlé". Comme Eldan et le Sergent, ils ont survécu à tous les combats depuis la bataille de Tal Endhil et sont tout dévoués au glorieux chef qui va bientôt faire d'eux la "garde bailla, bailliagiale...heu... baillique... la garde du bailli, quoi", et qui pénètre dans la grande salle inclinée à leur suite, une vaste carte sous le bras.

« Bonsoir mademoiselle et messieurs, nous avons peu de temps et je vous demande d'être extrêmement attentifs à l'exposé qui va suivre. » 

Pendant que Vighnu et Andréas dégagent leurs gobelets pour laisser Durgaut déployer la superbe carte (signée Ordano Sotorine) sur la table crasseuse, les 6 autres membres de l'équipe s'approchent pour suivre le briefing dans la lumière chiche des rares chandelles et le Capitaine enchaîne :

« La mission que j'ai à vous confiée est dangereuse, urgente, secrète, absolument vitale pour Tal Endhil et remarquablement bien payée. Si certains d'entre vous ne s'en sentent pas capables et préfèrent retourner à leurs activités précédentes, qu'ils le disent tout de suite. Car une fois que je vous en aurais exposé les objectifs, Messire Pratesh ici présent sera le garant de votre silence. Tout le monde est motivé et se sent capable de se taire ensuite, en cas d'échec comme de réussite ? Parfait. Sergent, passez-moi les figurines. »
« Dans les jours qui viennent, peut-être même dès demain, un convoi lourdement gardé va quitter Solerane à destination de Darverane (Durgaut pose une miniature en bois, une espèce de coffre aux pieds vaguement arrondis, sur la carte) : il contient plusieurs coffres très lourds que vous êtes chargés d'intercepter, de préférence avant "l'Auberge du Pont"... C'est quoi ça, Le Cornu ? demande le Sauveur de Tal Endhil quand son sergent lui passe une espèce de cube prolongé par un jambage tordu.
_C'est l'Auberge du Pont, mon 'Pitaine. C'est La Tortue qu'a fait les sculptures, mais on a pas eu bien l'temps.
_Je vois... À "l'Auberge du Pont", donc, se trouvent actuellement plusieurs dizaines de marchands qui, depuis des semaines, y attendent que les troupes de Rhilder reprennent le contrôle de la route vers Darverane aux Kormes qui harcèlent la prévôté (il pose du côté du Mont Grison un petit bonhomme chauve et noirâtre) avec l'appui des troupes Emishen de Kainen Tahrel (Vighnu approuve du chef). Si le convoi de Solerane rejoint la première caravane groupée en partance pour Darverane, il sera alors probablement trop entouré pour que vous puissiez tenter quoique ce soit. Vous êtes ici... mais c'est quoi ça ? Un chien ?
_Un ch'val mon 'Pitaine, pour représenter, le commando.
_Vous avez pu leur trouver des chevaux ?
_Ah non mon 'Pitaine : c'est des pirogues, pour quitter le village. Ensuite s'ront à pied. Mais La Tortue, quand il a commencé, i'l'savait pas, pis i' sait pas faire les pirogues, et de toutes façons ça va surtout se faire par voie de terre alors, heu... Vous préférez un bouchon, ou un dé en os ?
_Va pour le chien (soupir)... Donc : vous êtes ici (il pose la figurine sur Tal Endhil), vous partez dès cette nuit pour atteindre Solerane (le "chien" rejoint le "chariot"), où vous serez chargés de repérer le convoi et surveiller ses préparatifs de départ. Le but est de lui tendre une embuscade dans les deux jours qu'il lui faudra pour effectuer ce parcours (le chariot glisse sur les segments 1, 2, 3, 4, 5 de la route). Si vous pouvez intercepter le chargement sur les berges du Lac d'Acier, il sera plus aisé de le transporter à bord de barges ou de pirogues.

Le Moineau connaît la ville et les hommes qui escorteront ce convoi, Messire de Lorune a la charge de l'assister en tout -et de s'assurer qu'aucun d'entre vous n'ait la mauvaise idée d'ouvrir les coffres, Maître Pratesh est chargé de trouver des embarcations pour les chargement et d'assurer le secret de l'opération (Vighnu sourit, pensant aux peintures de guerre kormes qui n'ont pas servit lors de l'Opération Tréfonds et à la barge kerdane cachée depuis dans les marais près d'Écume 6). Vous devrez quitter le village et y rapporter les coffres sans être vus, ni dire à quiconque d'où vous venez ni où vous allez. Car, j'insiste, cette opération peut assurer le salut de Tal Endhil si elle réussit, mais sonner notre perte à tous si quelqu'un devait découvrir qui a commandité l'attaque. Une prime substantielle versée à notre cher apothicaire en sera la garantie.

_Ça veut dire "pas de témoins", demande Diane ?
_Ça veut dire "démerdez-vous pour que personne ne puisse vous reconnaître, suivre votre piste et remonter jusqu'à nous" : je préférerais que vous épargniez les civils, mais Pratesh sera décisionnaire en dernier recours. À part lui, vous serez payés chacun 2 pièces d'or pour cette brève mission et votre durable silence [la solde mensuelle d'un mercenaire étant de 2 pièces d'argent, ça fait 10 fois plus pour quelques jours de boulot]. Des questions ?
_C'est quoi, dans les coffres ? Ça pèse ?
_Le contenu ne vous regarde pas mais, oui : ça pèse. Probablement autour de 200kg en tout.
_C'est qui, qu'on braque ?
_Pas votre problème non plus. Fiez-vous à Eldan, soyez discrets et ça ne devrait pas avoir d'importance.
_Les gars de l'escorte, c'est des pros ?
_Quelques-uns, oui, mais la plupart seront des mercenaires en permission, des cochers endurcis, des coupes-jarrets, des gardes plus habitués à surveiller des esclaves... Le problème, c'est qu'ils doivent se méfier : ils ont eut des ennuis récemment, ils savent que le trajet est dangereux et ils seront sur les dents. Il se peut même que vous soyez déjà attendus à Solerane. J'insiste : méfiez-vous.
_Qu'est-ce qu'on a comme matos ?
_Vous étiez prévenus d'emporter le vôtre, mais Eldan conserve quelque argent pour vos frais de mission, des vivres, un peu de charbon, des flèches, des torches et des cordes vous attendent avec les chev...
_Dans les pirogues, mon 'Pitaine.
_Dans les pirogues, donc. J'ajoute les papiers que m'a demandé monsieur Odran (il confie une petite pochette de cuir à Andréas, contenant du parchemin, des lettres officielles de la main de Rhilder et son sceau de cire, pour pouvoir si besoin modifier les ordres de mission du convoi) et vous emportez cette carte, annotée par mes soins, en espérant qu'elle puisse vous aider : ne la perdez pas ! [Durgaut leur confie par ce biais un de ses précieux point d'Histoire.] Autre chose ?
_Y a le Venteux qu'a pas tout compris, vu qui parle pas bien not' langue...
_Messieurs Odran et Pratesh devront donc lui ré-expliquer en ramant. Bonne chance à tous : le destin de Tal Endhil est entre vos mains ! Mais pas les figurines, La Poigne : repose ça. 

_Pardon mon 'Pitaine. »


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En route vers Solerane

Pendant qu'on roule la carte, LeCornu et Herle déplacent la lourde table, révélant une trappe dans le plancher qui, une fois déverrouillée et ouverte, donne sur une échelle de corde descendant le long d'un pilier de bois où sont amarrées deux pirogues emishen. Avec quelques difficultés dues à la disparité de poids et d'agilité de ses huit membres comme aux bagages de certains l'équipe embarque et glisse silencieusement sur les eaux couvertes de brouillard.

_Attention avec ça, c'est des armes emishen. 
_Pourquoi foutre ? 
_Pour passer pour des Kormes. 
_Pas con. Mais qu'est-ce qu'il fout avec un bouquin, lui ? 
_Je suis chroniqueur... 
_Et vous allez chroniquer l'opération secrète ?! 
_Houlà non, je... j'ai d'autres talents. Falsifier des sauf-conduit, par exemple. 
_Je vois...

Ils atteignent bientôt la rive sud du Lac Troisième, en amont du campement où dorment les caravaniers lewyllen, sans que les Soldats du Temple qui gardent les remparts n'ait rien remarqué. [Je m’appesantis un peu sur le dialogue de briefing parce que, bien sûr, il m'a fallu incarner le Capitaine moi-même sur les indications données par Le faiseur, et que je lui avais promis de détailler un peu le résultat.]

Après un conciliabule entrecoupé d'engueulades, un poème (Herle versifie par instant) une tentative de vol et plusieurs menaces physiques pour l'empêcher, les PJ décident de ne pas partir en quête de la barge cachée dans les marais mais de foncer de nuit vers Solerane, à pied, pour atteindre la ville au plus tôt, juste après que Diane ait confié au fleuve un étui flottant contenant 4 pièces d'argent (sur les 20 confiées à Eldan) et un message pour les Kerdans d'Écume 6, leur enjoignant d'envoyer des embarcations vers la presqu'île du Lac d'Acier [le joueur a oublié que son perso n'était plus bien vu chez les bateliers, et Loriel/Vighnu y a même mis 1pH pour que le message arrive : ce fût bien le cas...]. Abandonnant dans les embarcations tout le matériel trop lourd, les mercenaires se répartissent les vivres, une arme emishen chacun et la longue marche commence. Lorsque l'aube se lève, Diane, Oleytan et Eldan, très en avant des autres, font la course dans la descente après avoir passé le Col de Nilfenan (au sud-ouest de la mine de fer, sur la carte) histoire de défouler leurs tempéraments casse-cou et ombrageux... ce qui vaut d'ailleurs à Eldan de se niquer la cheville dans une belle gamelle : on sent bien, dès que les officiers ne sont plus en vue, que ça va pas être très sérieux comme opération.

Rencontre insolite

Pendant que le fort peu sportif Andréas prend des heures de retard sur les autres et que Vighnu reste avec lui autant pour assurer sa protection que pour causer "chroniquerie" et politique locale (Vighnu envisage de créer un hospice à Tal Endhil !), Oleytan, Diane et Eldan (qui boitille) arrivent en milieu de matinée au gué qui traverse la Rivière aux Élans (ainsi nommée car elle est sur le point de passage de la migration des grands cervidés, qui commencent d'ailleurs à remonter en cette saison vers les pâturages au nord de Tal Endhil) : ils sont assez surpris d'y trouver un grand costaud, ventru et entièrement chauve, portant des vêtements très vaguement emishen, assis sur un rocher au bord des flots et curant tranquillement au couteau le sang séché qui s'incruste dans les creux de sa lourde masse de bois sculpté. Les trois éclaireurs essoufflés par leur cavalcade repèrent assez vite les discrètes silhouettes déployées dans les bois autour du chemin et, chacun la main sur leur arme favorite, s'approche avec circonspection : "

_Bonjour... 
_B'jour, répond le gros dans un Reman médiocre, avec un accent typiquement "venteux". 
_Z'êtes avec le noir ? Vigjniou Bratéche ? 
_Ben là tout de suite... non. Mais des fois on le croise, quoi. Vous l'attendez ? 
_J'ai un message pour lui. 
_Vous voulez pas nous le donner, on le transmettra quand on le verra ce soir... 
_Non, d'solé, c'est privé. 
_C'est pas un message à coup de masse, au moins ? 
_Héhé. Non. Pas cette fois."

N'ayant qu'à moitié envie de s'avancer dans le gué sous la probable ligne de tir d'archers dissimulés ni même de laisser une embuscade entre eux et le reste du groupe, quoique aussi un peu parce qu'ils ont alors pas loin de 12h de rude marche dans les jambes, Diane, Oleytan et Eldan se posent également près de la rivière, se trempent un peu les pieds (Diane va même s'éloigner pour faire un peu de toilette : par instant, dans ses Réactions, sa "Sensibilité Féminine" ressort), cassent la croûte, font une petite sieste... tout ça en gardant perpétuellement un œil sur les alentours et leurs armes à portée de main.

Lorsqu'ils sont rejoints par Sire Herle de Lorune, La Poigne et le Grêlé, d'abord très méfiants, Diane qui a entamé un repas et une conversation en Langue des Vents avec le Gros leur fait signe de ne pas s'inquiéter, et les trois mercenaires finissent par jouer le même jeu que leurs camarades, profitant d'un peu de repos tout en restant sur leurs gardes. Au bout d'une heure de cette halte méfiante, "l'embuscade" se détend tout autant et Eldan repère bientôt un des archers Korme qui, lui aussi, déjeune sur le pouce à son poste de guet. Il le contourne, se cache, est brièvement suivi mais sème le guetteur, échappe ainsi efficacement à l'encerclement... et ne sait finalement plus trop quoi faire : il craint de déclencher un massacre s'il élimine un guetteur, de se faire repérer s'il continue de traîner près des Kormes, de perdre le groupe s'il s'éloigne et d'être trop loin pour intervenir s'il repart en arrière prévenir Vighnu et Andréas. Aussi reste-t-il caché, guettant les guetteurs, jusqu'à ce que, lassé de perdre du temps alors qu'ils sont pressés, Herle donne le signal du départ et franchisse le gué accompagné des 4 autres.

Après avoir encore hésiteé à les rejoindre carrément ou à rester en arrière, Eldan fini par laisser un signe de danger dans l'écorce d'un arbre à destination de Vighnu et décide de contourner pour franchir la rivière plus loin, ne trouve pas d'autre gué, passe à la nage, se paume en aval dans la forêt et mettra plusieurs heures à rejoindre ses camarades, trempé, gelé, épuisé et bientôt vertement engueulé par l'ex-templier [Sire de Lorune lui inflige même un tel jet d'intimidation pour lui inculquer la discipline militaire que le jeune éclaireur en sera durablement marqué : 2pts de Trauma !].

Pendant ce temps, Andréas et Vighnu ont atteint le gué sans même remarquer le signe laissé par Eldan et le fehnri est assez surpris de reconnaître le gros korme qu'il a déjà rencontré, il y a plusieurs semaines à Écume 6, lorsqu'ils avaient négocié des vivres et les soins de Mona Ma'od contre la transmission d'un message pour Adira (qui, si vous vous en souvenez, était arrivé au début de "Terrain Minier", tiré avec une flèche sur la roulotte de Maître Pratesh). Quoiqu'il ne connaisse toujours pas son nom, il s'éloigne avec le chef rebelle et un petit conciliabule surréaliste se joue : les Kormes veulent (Vighnu comprend "Lashdan, Roi des Kormes, veut...") l'embaucher pour assassiner un certain "Urgrand", le Sorcier barbu originaire des Sylves, qui dirigeait justement le détachement korme lors du siège à la Mine Bénie.

_Tiens donc ?! Mais pourquoi diable, demande l'assassin hilare ? 
_On m'a pas dit de te l'dire, et puis il paraît que les tueurs professionnels ne posent pas de questions. 
_Lorsqu'on les paye bien, c'est tout à fait exact oui. 
_Hé ben voilà pour toi, dis le Korme en lui tendant une grosse bourse de pièces, que le fehnri s'empresse d'ouvrir avidement. 
_Mais... vous vous foutez de ma gueule ?! C'est des pièces de cuivre ! 
_Et alors, c'est pas bien ? 
_Mais c'est pas du tout assez, enfin ! Je suis un spécialiste, moi ! Je bute pas les gens pour 20 ou 30 pièces de cuivre !
_Ah. Mais c'est tout ce qu'on a nous, même qu'on s'est tous cotisés pour rassembler ça. 
_Mais c'est pas possible, vous comprenez rien au commerce, à la fin ! Et il est où, votre Sorcier, d'abord ?
_Ben on sait pas, nous, pourquoi tu crois qu'on s'adresse à toi ? Tu crois pas que je serais foutu de lui coller ma masse sur la gueule moi-même si on savait où il campe ? La Louve dit qu'elle l'a perdu quelque part chez vous, du côté du Premier Lac, mais c'était il y a déjà plusieurs jours.
_Bon, écoute, voilà ce qu'on va faire : dis à ton Roi que je suis d'accord sur le principe, mais que déjà ça va vous coûter 20 pièces d'or et qu'ensuite, soit vous savez me dire au moins à peu près où il est, soit ça risque de prendre pas loin d'un mois (car Vighnu pense savoir où Urgrand devrait se trouver dans environs trois semaines, héhé...). Dis-lui ça et, quand vous aurez la somme, contactez-moi.
_Mais où tu veux qu'on trouve de l'or, nous ?
_Non mais c'est un prix, vous pouvez aussi bien me ramener 200 pièces d'argent, ou 4 lingots d'argent, par exemple. Vous en avez bien, des p'tites barres en argent, prises dans une certaine mine, hmmm ?
_Mais... non. De quoi tu parles ?
_Oh le con ! Rha merde, il fait vraiment chier ce connard de sorcier !
_C'est bien pour ça qu'on t'embauche, oui.
_Bon alors 20 pièces d'or ou l'équivalent, vous trouverez bien ça quelque part pendant que vous vous battez dans la vallée de Cainil, hein, je ne m'en fais pas pour vous. Quand vous avez la somme, vous me recontactez, vous versez la moitié d'avance et, moi, je tue votre sorcier.
_J'espère que d'ici là on l'aura trouvé nous-mêmes, mais sinon, on sauras bien te joindre, ouais. Et bonne journée."

Et pendant que Vighnu se frotte les mains, les Kormes se dispersent dans la forêt sous le regard médusé d'Andréas.

La Ferme-Relais "Le Marchepied"

Il fait presque nuit noire lorsque les 6 mercenaires fourbus atteignent enfin la ferme-relais qu'on appelle le "Marchepied", au pied de la route montant vers Solerane. Si Oleytan (trop repérable) est laissé avec le matériel dormir à l'extérieur, Diane, Eldan et Herle, bientôt suivis par La Poigne et Le Grêlé (trop crevés pour accepter de se peler le cul à camper dehors), pénètrent les uns après les autres dans l'enceinte de bois où un drôle de type pâle, un albinos efflanqué aux longs cheveux blancs qu'Eldan sait être surnommé "Craie" (chef des gardiens d'esclaves de la mine de cuivre), est en train de passer ses nerfs à coups de fouet sur deux malheureux emishen, une femme et un adolescent enchaînés au puits du milieu de la cour.

Comptant avec l'albinos un escrimeur tout en noir s'engueulant avec le tavernier (une histoire de chevaux, de halte imprévue et de prix du fourrage) plus 4 soldats portant la livrée du Duc-Gouverneur (donc probablement issus de la garnison de Solerane), et soucieux de sa mission avant tout, Herle tempère ses instincts justiciers et suit la Kerdane dans le corps de ferme transformé en auberge de seconde zone, où il entreprend de noyer sa mauvaise humeur dans la bouteille d'hydromel prise à la Taverne Penchée. Si un jovial marchand de draps nommé Teillard, parti de Celanire vers le "marché de printemps" de Tal Endhil, tente bien d'engager la conversation avec les voyageurs, Diane l'envoie paître rudement (et nos héros se privent de la seule occasion de se renseigner sur la route qu'ils ont à faire) mais lance une petite partie de dés avec Eldan et Herle pour attirer à eux Craie et Esteval (l'escrimeur à l'armure de cuir sombre) et tenter de leur soutirer quelques informations sur l'exploitation des esclaves venteux à Solerane. Justement, les deux gardes-chiourmes, 3 autres collègues et 6 soldats prêtés par la garde sont à la recherche d'une 15aine d'évadés, échappés le matin même de la mine de cuivre. Diane propose bien de participer à la traque contre rétribution, mais Eldan ruine sa tentative d'approche en ne pouvant se retenir d'aller porter un peu d'eau et de pain aux deux malheureux prisonniers. Herle -qui perd aux dés et voit les deux crevures descendre gaiement sa bouteille- semblant se retenir de plus en plus laborieusement d'écraser la tronche de Craie à chaque fois qu'il fait des remarques cruelles sur les "venteux", les voyageurs vont se coucher tôt après un rapide souper et Diane s'arrange assez finement pour que leur propre groupe gagne le contrôle de l'escalier et des 2 rares fenêtres du grenier aménagé en dortoir, qu'ils vont devoir partager avec le binôme d'esclavagiste, les soldats s'installant dans l'étable au dessous.

C'est à peu près le moment où, traînant le chroniqueur qui dort debout dans l'obscurité de la route forestière, Vighnu voit soudain jaillir un grand type hirsute de la forêt, qui saute sur le fehnri en tentant de l'étrangler avec la chaîne qui lui lie les poignets : l'assassin pare de justesse avec son katara, une femme armée d'une branche sort à son tour des taillis et Andréas est basculé au sol par une jeune fille qui tente de lui éclater le crâne à coup de pierre, mais il parvient à la repousser de peu (elle est presque aussi épuisée que lui). Reconnaissant une Emishen (et réciproquement) alors qu'il tirait sa dague pour se défendre, l'érudit crie en Langue des Vents "Arrêtez, nous sommes des amis ! Vighnu, ce sont des Emishen !", ce qui suffit à stopper le début de combat et permet à Andréas de proposer de la nourriture et des soins aux esclaves en fuite, finissant de gagner leur confiance.

Libéré de ses chaînes avec l'aide d'un glaive offert par Vighnu, le trio leur explique avoir réussi à s'échapper des mines de Solerane un peu avant l'aube, grâce à un tunnel vers la surface creusé en secret avec l'aide d'une barde rimdehl nommée Tahalien. Poursuivis depuis le levé du jour par des cavaliers en armes, ils ont perdu la douzaine d'autres évadés qui les accompagnait, dont des jeunes et des enfants et, loin de leurs régions d'origine (la plupart sont des Otlalnan de la Marche des Lisières), ils ont couru un peu au hasard vers le nord et le territoire des Liam'Lon, où aucun Dirsen n'oserait les poursuivre, alors que d'autres avaient préféré tenter leur chance à l'est, vers le Cercle des Hautes-Pierres.

Les deux Talendan leur expliquent qu'ils sont ici sur le territoire des Elloran et qu'ils auraient de meilleures chances de filer au nord-ouest vers le Cercle des Cascades et, après avoir longuement hésité à repartir chercher les plus jeunes, les trois fuyards un peu retapés finissent par disparaître vers l'ouest avec quelques remerciements.

Nos deux héros retardataires ne sont donc qu'à moitié surpris lorsqu'ils retrouvent Lerkoren Oleytan en compagnie de 5 autres échappés en haillons, dont Tahalien et un ado sérieusement blessés, plus trois mômes, quoique Vighnu soit un peu atterré par le récit du jeune Elloran. Car après que leurs compagnons soit entrés à l'auberge du Marchepied, Oleytan, attiré par des cris de douleurs, s'est glissé par-dessus la palissade de rondins et, découvrant les deux prisonniers lacérés à coups de fouet, a attendu la nuit noire pour passer à l'action. Il a malheureusement échoué à assommer proprement la sentinelle de faction dans la cour, mais a par contre réussi à la tuer net avant qu'elle ne crie, puis a traîné le corps du soldat dans une grange. C'est alors qu'il s'acharnait en vain à rompre sans trop de bruit un des maillons de la chaîne que Diane l'a interpellé depuis une des fenêtres du dortoir :

_"Psssst ! Mais qu'est-ce que tu branles, merde !? On est pas là pour ça ! 
_Je fais mon devoir, tu peux pas comprendre ! 
_Mais putain tu va réveiller tout le monde, crétin !". 

L'épée à la main, la Kerdane est bientôt descendue le rejoindre pour le convaincre de ficher le camp et, n'y arrivant pas, a fini par l'aider à détordre un maillon en faisant levier avec son épée, histoire qu'il puisse déguerpir avant que quelqu'un ne les entende. Herle s'est réveillé à son tour, lui a ordonné de rentrer se coucher avant de les griller complètement et, la Kerdane disparue dans l'étable en engueulant un soldat qui se réveillait vaguement sur l'air de "Quoi ? Keskya, on peut plus pisser tranquille, merde ?", Oleytan a sorti discrètement les deux rescapés par là où il était lui-même entré. Apprenant alors qu'ils avaient pu cacher les gosses près de la rivière avant que les cavaliers ne leur tombent dessus, il est ensuite reparti chercher les mouflets de 9 à 12 ans, a nourrit tout le monde et distribué des rations pour le reste du voyage ("Et donc, là, on a plus de vivres, c'est ça ? Heu... un peu, si..."). Il se demandait s'il allait abandonner l'opération pour les conduire aux Cascades quand Vighnu et Andréas sont arrivés.

Renonçant à l'engueuler d'avantage puisqu'il viennent de faire quasiment la même chose, les deux PJ soignent à nouveau les plaies et brisent les chaînes, ré-expliquent la direction du Cercle des Cascades et, recommandant bien aux fuyards d'éviter les routes pour ne pas être repris, ils s'installent pour bivouaquer et s'offrir quelques précieuses heures de sommeil avant l'aube.

L'aurore pointe à peine lorsque Herle, Diane et les autres se lèvent, déposent quelques pièces de cuivre dans la grande salle et filent sans prendre de petit déjeuner, pendant que Craie et Esteval constatant la disparition de leurs prisonniers commencent à activer les soldats, et que ceux-ci constatent la disparition d'un des leurs. "Et vous là, vous avez rien entendu ?!? _Nope : nous on dort sérieusement quand on doit se lever tôt." répondent nos héros avant de s'engager, sous la bruine matinale, vers le chemin raide qui monte en lacet vers le nid d'aigle de la cité minière. Rapidement rejoints par Lerkoren Oleytan, Vighnu et Andréas (modérément reposés), ils confèrent sur les évènements de la veille et s'accordent sur un plan : Eldan (puisqu'il connaît Solerane), Andréas (qui compte s'arrêter dans un temple pour se lancer dans l'enchantement d'un document puissamment convaincant pour faire partir le convoi avec une escorte réduite "car tout danger est désormais écarté") et Diane (qui pense pouvoir s'infiltrer dans la-dite escorte) iront en ville pendant que le gros de la troupe ("J'suis pas gros j'suis juste un peu envelo _Ta gueule, La Poigne : t'es lourd.")

attendra caché dans la forêt. 

Dès que le convoi sera prêt à partir, les mercenaires partiront devant pour semer des embûches sur sa route afin de le ralentir (comme un sapin ou des rochers "décrochés par le dégel") : s'ils parviennent à le retenir assez longtemps dans la gorge pentue et traîtresse que les chariots auront de toutes façons du mal à négocier (le segment 2, sur la carte), ils peuvent l'obliger à passer sa première nuit avant le gué sur l'Anil'wel (milieu du segment 3). Le lendemain, la caravane sera donc obligé de forcer l'allure pour sortir de la forêt qui suit (segment 4) avant le crépuscule : réputée dangereuse (c'est, avec la gorge, le site d'embuscade préféré des Kormes, c'est d'ailleurs là que la colonne de Durgaut s'est faite attaquer au début de l'Épisode 1), le mauvais chemin tortueux y sera en cette saison embourbé par les ruisseaux et, avec un peu de sabotage supplémentaire (en creusant par exemple le lit d'un petit torrent pour former une combe traîtresse), l'escorte arrivera dans la vaste prairie marquant le dernier bout droit (5) en fin d'après-midi, épuisée par deux journées difficiles et fera probablement halte, croyant avoir fait le plus dur... Mais c'est justement là que l'attendra notre commando camouflé et grimé en Kormes, qui lui tombera dessus avant qu'elle ait eut le temps de souffler, laissera filer les non-combattants pour qu'ils puissent témoigner de la culpabilité des rebelles mais massacrera impitoyablement tous ceux qui pourraient les avoir vu de trop près au Marchepied ou à Solerane. En se coordonnant avec Diane pendant qu'elle s'isolera "pour pisser" le long du parcours, ça devrait marcher très bien (c'te blague).

Image à rajouter

Enquête

Solerane (Diane, Andreas, Eldan)

Entrant en ville par la Porte Basse alors que le crachin continue, le trio d'espions improvisés passent devant les vastes écuries où des palefreniers semblent avoir rassemblé au moins une cinquantaine de chevaux, puis remontent les rues pentues et mal pavées, encadrées d'étroites maisons de pierre et d'ardoise, en direction de l'Hostellerie des Moindres, attenante au temple et tenue par les religieux locaux. Traversant au passage la grand'place surmontée d'un vaste marché couvert au bout duquel s'élève le siège de la Guilde Minière locale, ils constatent que des bouviers attèlent ou chargent des chariots sous les halles, alors que des marchands s'assemblent devant le porche du sanctuaire : ça sent le départ...

Le réfectoire de l'hostellerie est aussi sombre qu'encombré par une bonne 20aine de mercenaires pour la plupart loqueteux, de forestiers et de négociants qui semblent tous attendre qu'un sergent courtaud et obèse s'occupent d'eux : Eldan le connaît sous le nom de "La Boule" comme le membre le plus corrompu de la garde locale, qui offre fréquemment les services de ses hommes à Jornil Cuivré et laisse prospérer les coupes-jarrets qui hantent avec son fils Jorem la boutique d'un marchand de vins, "Le Carafon". Pendant que Diane réussit à se bouffer le nez avec l'épaisse bonne-sœur qui sert pain et brouet aux clients (c'est une manie), Andréas trouve son chemin vers la sacristie pour demander au prêtre s'il pourrait s'y installer pour "travailler dans le recueillement nécessaire à ses enluminures". [Sur un jet de "Contacts dans la Pègre" réussit], Eldan le brigand repenti avise bientôt un drôle de novice qui accueille les voyageurs dans la cour en semblant éviter la salle, qu'il reconnaît illico comme un croche-bourse du coin, déguisé pour pouvoir "courtoisement débarrasser les voyageurs de leurs bagages" sans se faire trop remarquer des sœurs et des vrais disciples du Culte (et puisque je peine à lui donner un nom, il le baptise "Boule-de-Suif"). Son camarade interpellé en plein travaille lui explique que La Boule est venu sélectionner les meilleurs combattants disponibles pour les intégrer à l'escorte du convoi minier, les autres devant se contenter de la moindre paye offerte à l'escorte d'une caravane marchande qui devait partir ce matin avec un troupeau de chevaux emishen, mais qui a pris du retard malgré les tentatives du Cuivré pour les faire activer, allant même jusqu'à participer à la solde des convoyeurs pour peu que les marchands acceptent d'ouvrir la route en précédant d'une journée ses propres chariots. Bien sûr, quelques piécettes peuvent toujours faire pencher le jugement de l'adipeux sergent. "Et sinon, on peut saluer des copains au Carafon ? _Ben non, curieusement, y a quasiment personne depuis hier, déjà : ch'ais pas où ils sont tous passés. Même la bande à Jorem elle y est pu'..." Mais cette "cervelle de moineau" d'Eldan aura tôt fait de perdre l'information.

Jugeant plutôt minables les guerriers déjà choisis, Diane se porte volontaire et décide de démontrer ses talents à l'arbalète en faisant tinter la haute cloche du temple d'un carreau tiré depuis le fond de la cour, selon un angle de tir particulièrement réduit par les étroites voutes du clocher et dans la visibilité voilée par la pluie et la grisaille : "Si une gonzesse y arrive, j'veux bien l'embaucher, tiens !" ironise La Boule. Et si Eldan s’éclipse vivement vers le campanile pour faire sonner la cloche du pommeau de sa dague si la Kerdane devait manquer, il n'a pas encore atteint le sommet qu'un trait ricoche sur le bourdon et faisant sonner le bronze avant de retomber côté grand' place.

_"Et sinon, c'est combien la paye ?" demande la tireuse d'élite d'un ton narquois, avant d'aller rejoindre la table où attendent déjà les autres vainqueurs, deux étrangers à l'air farouche et une paires de jeunes imbéciles qui se présentent comme "Trevan de Rigorne, chevalier errant ! 
_Et Gavin, son loyal écuyer. 
_Ah ben putain, si c'est le haut du panier j'ose pas voir le fond..." 

leur décoche Diane, toujours aimable. Informé que le convoi va de toutes façons partir le lendemain, que Diane y est embauchée, que l'éclaireur doit aller acheter quelques provisions pour le reste de l'équipe et puisque les religieux sont tous très occupés avec la foule des clients, Andréas profite du reste de sa matinée pour étudier bien tranquillement sa récente trouvaille. (Spoiler même pour les joueurs de cet épisode : En examinant les bagues mobiles qui se découpent dans la sphère d'or-rouge héritée de Langard, le mage découvre qu'elle est à la fois un focus capable de stocker de l'Essence magique, un catalyseur qui facilite le transfert d'Énergie vitale pour la chargre plus facilement et un amplificateur doublant la portée de la plupart des sorts : bien qu'il ait du payé 2pH pour la retrouver, Andréas Odran est ravi ! Bien sûr, il ignore encore que le spectre de son défunt propriétaire y a été piégé, et qu'il se manifestera lorsque l'objet sera suffisamment rechargé…)

Interlude Forestier (Vignu, Herle)

Pendant ce temps, Vighnu et Herle se sont éloigné dans la forêt après avoir entendu de lointains aboiements : voulant voir de quoi il retourne, ils découvrent une petite chaumière isolée, où une mère de famille fend du bois avec dextérité pendant que ses deux jeunes enfants jouent en rassemblant les demi-bûches sous l’œil de deux énormes dogues de Marale, des molosses presque aussi hauts que des poneys. En s'approchant sous le vent, les mercenaires réalisent que ce doit être la demeure de Thuril le Brun : un forestier réputé dans la région et qu'Eldan leur a expliqué servir régulièrement de guide aux caravanes, en particulier celles de Jornil Cuivré, de loin son meilleur employeur. Ils envisagent un moment de kidnapper un môme pour forcer la coopération de son père, mais après avoir considéré la maman qui fend les bûches d'un coup de hache expert, l'agitation grandissante des chiens, la taille du chenil trop vaste pour "seulement" deux dogues et les probables galères d'avoir à balader un otage de 5 ou 8 ans, les deux farouches guerriers renoncent. En rejoignant leurs camarades, ils aperçoivent les traqueurs d'esclaves qui patrouillent les flancs de la montagne et se dissimulent tous si bien qu'Eldan, sorti de la ville basse pendant que le premier convoi s'y assemblait pour partir enfin, va avoir bien du mal à les retrouver. Déposant les provisions en expliquant que Diane a réussit à intégrer l'escorte, l'éclaireur repart aussitôt pour lui transmettre les derniers détails du plan et une dague empoisonnée par les bons soins de Vighnu, "en cas de besoin".

_"Pis ramène le chroniqueur, aussi : on s'arrache dès que la première caravane a fini de descendre la route. 
_Mais vous vouliez pas que j'aille jeter un œil à la mine, pour repérer l'autre convoi ? 
_Il part demain matin, non ? Qu'est-ce qu'on besoin de savoir d'autre ? Grouille !"

Et ce fût leur deuxième erreur…

Préparation du terrain

Sabotage et interrogatoire (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan)

À peine une heure derrière les quelques chariots de marchandises et le troupeau de chevaux qui labourent la route humide devant eux, le commando se met donc en marche en milieu de journée, avançant d'un pas tranquille pour éviter de les rattraper. La fin d'après-midi leur offre une vague éclaircie lorsque, quasiment à mi-pente de la gorge encaissée où les cailloux roulent sous leur pas, ils avisent un sapin qui penche déjà un peu depuis le versant hérissés de rochers du ravin : passant des cordes autour du tronc, Herle, La Poigne, Vighnu (mollement, hein, il est fatigué), Le Grêlé et Oleytan tirent de toutes leurs forces pour finir de le déraciner. Le templier défroqué s'énerve au passage et, quand ses compagnons remarquent que la chute de l'arbre n'a pas l'air très naturelle, il escalade la pente avec La Poigne pour déclencher à eux deux un éboulement susceptible d'expliquer l'accident. Après qu'une coulée de rochers se soient répandus sur la route et que le colosse ait cogné le tronc à coups de pierres pour parfaire la mise en scène et dissimuler les marques de cordages laissées dans l'écorce, l'équipe décide de souffler un peu avant de repartir... et Vighnu remarque alors une silhouette qui les observe de loin, dissimulée parmi les sapins en haut de la crête. (Si Andréas Odran a tout intérêt à garder le secret de ses talents magiques pour éviter de finir au bûcher, surtout lorsqu'il voyage avec un ex-templier, Hadrien Muraille et Adira Pratesh les ont découvert lorsqu'ils étaient enfermés dans la mine et le fehnri en a évidemment parlé à son cousin : malgré ses craintes instinctives concernant la sorcellerie, Vighnu a abordé le sujet avec Andréas qui s'est montré assez ouvert sur le sujet pour le rassurer...)

Après avoir discrètement averti le reste de ses camarades de la présence d'un observateur discret et leur avoir recommandé de faire "comme si de rien n'était", Vighnu et Andréas s'éloignent innocemment loin des regard inquisiteurs en pénétrant sous les frondaisons qui bordent la gorge en se donnant vaguement l'air de chercher des plantes :

_"Tu peux le chroniquer d'ici, demande l'apothicaire dès qu'ils sont loin de Herle ? 
_Assieds-toi avec moi et (Andréas sort la sphère première de son sac) pose tes mains là-dessus, là et là. 
_Je sens que je vais pas aimer.... 
_Sans doute mais j'ai pas l'énergie pour le faire moi-même alors tu participes où il va se tirer." 

Dès qu'ils ont tous les deux les mains sur la sphère de métal rouge, Vighnu se sent soudain très fatigué [ça lui coûte 4 points de Fatigue, mais ça fait 8pts d'Essence pour alimenter les sorts d'Andréas, qui en a bien besoin vu comme il peine depuis plus de deux jours qu'ils sont en marche] et, les yeux fermés par la concentration, le chroniqueur annonce à son camarade : "Il n'y a qu'un seul type, mais il s'éloigne vers... un cheval. Plein nord, au sommet de la gorge. Il sait qu'on l'a repéré. Il se dépêche parce que... le sentier qu'il veut prendre rejoint la route un peu plus haut.

_Tu peux le neutraliser ? 
_Je vais essayer mais... 
_Fais au mieux, je préviens les autres !"

Quand Vighnu sort des bois tout essoufflé en appelant ses compagnons, il explique brièvement que le guetteur est en train de s'enfuir à cheval, mais qu'ils peuvent tenter de lui couper la route et Oleytan s'élance le premier, remontant la gorge au pas de charge, suivi de près par Eldan, Herle de Lorune et le Grêlé. Ils ont beau courir de toutes leurs jambes sur le chemin rocailleux, le cavalier dévale la pente plusieurs centaines de mètres plus haut qu'eux... et tombe de selle en atteignant la route.

"Quand on sait pas monter..." grommelle Herle, dégageant l'arc qu'il avait en bandoulière en cavalant de plus belle : son cheval trottant pour s'éloigner des ennuis, le guetteur se relève à peine lorsque Lerkoren Oleytan arrive sur lui le glaive à la main, mais réussit à dégainer sa propre épée en se remettant sur ses pieds, à parer et à lui coller un grand coup de pommeau à la tempe, séchant le jeune Elloran avant qu'Eldan ne soit à portée de lame. Le cavalier esquive le coup mal ajusté du Moineau en bout de course et, voyant arriver d'autres adversaires, dégage vivement sur le versant boisé qui descend vers le torrent. Mais Herle de Lorune a stoppé et décoché une flèche, et malgré la distance elle vole entre les arbres, racle l'écorce d'un boulot et transperce le genou du fuyard [3 pions de Fatigue et 1pH : Ego' voulait vraiment le choper] qui bascule dans dans la pente en rebondissant contre les troncs et les rochers. Un instant soufflé par l'expertise du tir, Oleytan, Eldan et le Grêlé regardent le Défroqué d'un air médusé, celui-ci leur fait signe d'aller chercher leur proie et, s'asseyant pour souffler sur un rocher, débande son arc en déclamant un poème sur la rudesse de la vie au bord des eaux [il faut préciser que pendant qu'on joue sur Rolisteam, Ego' dégotte des poèmes de circonstance qu'il déclame à brûle-pourpoint quand il a besoin de libérer de la Tension : ça fait toujours son petit effet et lui obtient à chaque fois le bonus du public]. Le Grêlé en reste un moment comme deux ronds de flanc, puis l'ex-inquisiteur dégage sa dague et, descendant à la suite d'Eldan avec le mercenaire sur les talons, annonce : "Bon, c'pas le tout : au boulot."

Et pendant qu'Oleytan s'éloigne pour récupérer le cheval, sous le regard mortifié d'Eldan qui a eu tant de mal à récupérer le blessé dans le torrent, à le traîner sur la berge et à lui faire un garrot, Herle entreprend d'interroger le prisonnier, d'abord en lui expliquant qu'il parlera de toutes façons et que ce n'est qu'une question de temps et de douleur, puis en tournant la flèche dans la plaie pour illustrer son propos. Alors qu'Eldan, dégouté, s'éloigne, le cavalier commence à révéler qu'il n'est que l'éclaireur d'une bande de types chargée de suivre le convoi... lorsqu'il tourne de l’œil, moins à cause de la souffrance que des blessures reçues : ayant rejoint ses camarades depuis quelques instants déjà, Vighnu l'examine et, constatant que le prisonnier cumule un sérieux hématome à la tête et des côtes fracturées à sa blessure au genou, annonce qu'il risque d'avoir un peu de mal à le garder en vie plus de quelques heures.

_"Et qu'est-ce qu'il a sur la poitrine, demande le chevalier ? 
_Tatouage de voleur, explique l'assassin-apothicaire : la Confrérie du Chacal, une espèce de regroupement de brigands, mais j'ai entendu dire qu'ils commençaient à trafiquer des armes dans le coin. 
_Non. Ce sont des démonistes ! 
_Hein ?! Houlà, non, non, je vous assure messire ils... 
_L'étoile à neuf branches est le signe du démon, Maître Pratesh, et cette créature doit être décapitée et brûlée séance tenante. 
_Quoi ?! Mais non, enfin, on allait l'interrog... 
_Nous ne tolérerons pas l’œuvre du démon et vous n'en serez pas complice, Maître Pratesh, ou bien vous aurez à faire à moi !" 

Malgré les protestations de ses camarades, Sire de Lorune défait le long paquet qu'il a sur le dos depuis le départ et en dégage une lourde épée bâtarde à la lame gravée de runes antiques et dont la garde rougeoyante rappelle à Vighnu une certaine sphère : avant qu'il ne puisse s'interposer, l'épée s'abat et la tête du malheureux tombe, tranchée net, entre ses genoux [oui, Herle vient d'exécuter le "peunj-d'information" pour produire une Réaction à 5].

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Fuite et reflexion

"D'autres cavaliers arrivent !" les avertit Oleytan depuis le chemin, où il monte maintenant le cheval récupéré. Ne sachant pas s'il s'agit de brigands ou de simples civils et préférant éviter de laisser une "scène de crime" qui mette la puce à l'oreille du convoi, les mercenaires bascule le corps dans le torrent et dégage vers l'aval, histoire de dépasser leur éboulement avant d'être vus. Emportant la tête pour la brûler plus tard, Herle s'élance sur le chemin à la suite de ses camarades. Ce n'est que lorsqu'ils ralentissent au bas de la gorge qu'ils s'avisent qu'ils ont oublié Andréas et La Poigne, à qui Vighnu avait ordonné de rester près du chroniqueur pour le protéger :

_"Non mais ils sont pas débiles, non plus, ils auront dégagé en nous voyant passer... 
_On parle de La Poigne là : le gars qui reste allongé près de l'arbre les yeux fermés pendant qu'on poursuit un cavalier parce qu'on lui a dit de faire "semblant de rien". 
_Bon, Oleytan, tu retournes les chercher à pied en passant par les crêtes, on se retrouvera près du gué." 

Et le matériel chargé sur le cheval, notre commando hautement qualifié repart d'un pas tranquille sous la bruine persistante.

Sous les pas des mercenaires, une plaine vallonnée, couverte de hautes herbes et parsemée de bosquets, succède bientôt à la forêt escarpée. Une éclaircie illumine le paysage et, quoiqu'en regardant régulièrement par-dessus leur épaule, les PJ en profitent pour sécher un peu en devisant sur la suite. Ce n'est qu'en arrivant au bord du fleuve que Herle insiste pour faire une pause et observer sérieusement les environs, des fois que les Démonistes ("Mais c'est juste des petits truands qui se donnent un genre ! _Des dé-mo-nistes !") aient posté un autre guetteur ou que la première caravane soit encore à portée de vue. Les abords de l'Anil'wel ("la Rivière du Passé") sont remarquablement calmes, mais la profondeur des empreintes de chariot laissées sur la berge intrigue le templier :

_"Qu'est-ce qu'il y avait exactement dans ces chariots, Eldan ? 
_Heu... un de draps et fourrures, un de ferronnerie, chaudrons, ce genre de trucs, et puis un p'tit chariot de matériel, les vivres de l'escorte, tout ça. 
_Grand et gros, le chariot de chaudrons ? 
_Pas très non, pourquoi ? 
_Parce je commence à me dire que si j'étais un maître-contrebandier qui se méfie d'une attaque sur le convoi le plus important de l'année, j'aurais peut-être bien camoufler le vrai chargement dans la première caravane et tendu une embuscade autour de la seconde…"

Après avoir passé le fleuve, et puisque la journée touche à sa fin sous les nuages noirs qui s'accumulent à l'est ("Gros orage en provenance de la mer, annonce le Moineau. _Trouve-nous un bon site de bivouac, faut qu'on puisse se reposer ce soir.") le groupe discute toujours de ses soupçons en interrogeant Eldan sur milles détails, puisqu'ils est le seul parmi eux à s'être rendu en ville et à avoir observé les préparatifs de départ. Montant un campement étonnamment confortable à base de branchages installés entre de gros rochers, sur les contreforts des hauts plateaux à l'ouest de la route (en limite de zone 4, sur la carte) et bientôt rejoints par Oleytan suivi d'Andréas juché sur le dos de La Poigne, l'équipe continue de réfléchir à l'idée du Templier. Et, à force de se creuser la cervelle, Eldan commence à se remémorer divers détails troublants (les mises en garde du Capitaine ; la désertion du Carafon (d'ordinaire quartier-général des truands et en particulier des séides de Jorem Cuivré) ; Jornil qui pressait le premier convoi de partir au point de payer une partie des frais de l'escorte, finalement un peu excessive pour des marchandises sans grande valeur et comptant assez peu de cavaliers pour que le troupeau de chevaux soit sa principale préoccupation ; les drôles de "barbares" qui trainaient à l'Hostellerie avec Diane), Andréas raconte sa première rencontre avec les Chacals au Cercle des Cascades, Vighnu et Eldan ajoutent leurs connaissances sur la pègre du nord... Il leur faut un moment pour constituer une théorie viable mais, lorsque Herle de Lorune revient de l'incinération de la tête tranchée, ses compagnons se sont rangés à son avis : le butin est caché dans la première caravane (qui n'a que 3 ou 4 heures d'avance sur eux et a du elle aussi s'arrêter pour la nuit), et le deuxième convoi est un piège à leur intention, pour lequel Jornil a embauché les Chacals, originellement venus des Sylves, tout comme Urgrand le sorcier barbu qui les a mis en relation avec les rebelles. _"Je vous avez bien dit que c'était des démonistes ! Quand on aura fini cette mission, faudra faire la peau à ce sorcier. _Nous en reparlerons certainement, sourit Vighnu."

Interlude Lointain

Pendant ce temps à Tal Endhil, le Capitaine prend Ranyella Sotorine à part à la fin d'une des nombreuses sessions qui occupent la Guilde depuis le début de la semaine et, alors qu'il voulait lui parler transport nautique et diplomatie locale, la cheffe kerdane lui remet 4 pièces d'argent :

_"À quel titre ? 
_Une de vos mercenaires a envoyé un message à Écume 6 en demandant qu'on lui envoie une barge au Lac d'Acier. La réponse est que nous avons déjà perdu une barge récemment, que ma famille a autre chose à faire et que la mercenaire en question a perdu le privilège de faire appel à nous : vous seriez gentil de transmettre. 
_Oh... merde !"

Et le Capitaine fonce illico au Cercle des Cascades, insiste pour parler urgemment à quelques chamans de sa connaissance et fini par demander à Kal Shemon'Lon de bien vouloir passer un message à Vighnu et Andréas : "Seulement si j'peux mett' un monstre marin. Ça donne du cachet aux visions, les monstres marins. Hihi."

Infiltration

Soirée et réveil à Solerane (Diane, Andreas)

À l'Hostellerie des Moindres, après qu'Eldan soit passé en coup de vent lui déposer une dague empoisonnée ("T'aurais rien de plus liquide, pour épicer les vivres de l'escorte ? _Ah heu ben non, mais j'vais demander à l'apothicaire.": jamais revenu), Diane fait connaissance avec ses futurs compagnons de route : si les deux "barbares" au poil noir et à l'air revêche ne font toujours aucun effort pour converser dans la Langue des Pères, elle découvre que le jeune "chevalier errant" Trevan de Rigorne et son fidèle écuyer sont venus au nord "en quête de gloire et d'aventure" et que, malgré leur bref engagement dans les troupes mercenaires ("parce qu'on y voit plus d'action !"), l'aventure leur a fait jusqu'ici plutôt défaut : une escorte de caravane vers Celanire (et quelques troubles sur place dus à l'arrivée d'un nouveau prêtre assez radical), mais toujours pas de glorieux combat. Ils comptaient s'engager dans les troupes d'un héros local, le fameux Capitaine Durgaut de Tal Endhil ("Qui ? Non, 'connais pas...") mais comme Trevan est incapable de réduire son train de vie, les voilà pour l'instant fauchés et ils repartent vers Darverane avec le fourgon de métal, dont le jeune chevalier espère bien qu'il sera attaqué (pour se couvrir de gloire), afin de gagner assez d'argent pour un second cheval (Gavin l'écuyer se plaint de courir derrière depuis deux mois). Un très bref duel d'entraînement avec lui permet par contre à Diane de constater que Trevan est extrêmement bien entraîné à l'épée, malgré son inexpérience du combat réel et sa rafraichissante "naïveté". Si son écuyer a d'avantage les pieds sur terre, Diane ne doute pas de pouvoir par contre les manipuler (et ne se préoccupe pas plus que ça d'aller jeter un œil au fourgon ou à la mine). Elle rencontre bientôt Thuril le Brun, le massif forestier accompagné de deux dogues en charge de guider le convoi, qui vient les avertir d'être prêts le lendemain avant l'aube.

Pendant qu'elle dort tranquillement à l'Hostellerie, le tumulte de l'orage qui s'abat sur la plaine est bientôt interrompu par un hurlement de frayeur : sous son abri de branchage, Vighnu vient de s’éveiller d'un horrible cauchemar, une histoire de barques irrémédiablement coulés et de monstre marin qui le dévorait.

_"Ça commençait par un faucon ricanant dans la nuit et finissait par un petit oiseau qui te guidait vers un sentier lumineux dans la montagne, demande Andréas ? 
_Heu... oui, mais je t'avoue que je me suis réveillé après le poisson géant. 
_C'est drôle, moi j'ai juste vu une espèce de grosse murène rôder dans l'eau, mais à part ça, je pense qu'on a fait le même rêve, envoyé par Kal Shem'... 
_C'est important les rêves, coupe Herle de Lorune, ce sont souvent les Ancêtres qui nous les envoient. 
_Voilà. 
_J'allais le dire. 
_Et dis-donc, le Moineau, un chemin dans la montagne, ça te dit quelque chose ? 
_Ah heu...oui. Le Capitaine avait prévu une solution de secours si on trouvait pas d'embarcations, c'est au nord de Celanire. 
_Et c'est fiable ? 
_Les plans du Capitaine sont toujours fiables ! 
_Suis-je bête. Bon ben demain on peut s'épargner d'aller voir si les Kerdans sont arrivés à la presqu'île et foncer plein sud dès l'aurore pour rattraper le convoi..."

Et le jour n'est pas encore levé que Diane, Trevan, Gavin et les deux barbares Sylvains dont elle n'a tiré que les noms (Rumbold et Jaromir) rejoignent avec Thuril la mine de cuivre, un véritable petit fortin dont sortent bientôt des cavaliers (dont Craie et Esteval, qu'elle reconnaît et qui la reconnaissent, mais aussi un jeune gandin qui s'avèrera vite être Jorem Cuivré, le fils du grand patron), quelques fantassins supplémentaires, un lourd fourgon de chêne fermé par une porte cadenassées et un petit chariot de matériel tiré par des mules. Retraversant la ville vers la porte basse dans le fracas des roues et des bêtes sur le pavé, le convoi descend laborieusement la route vers le Marchepied en brinquebalant ("Bloumboudoum font les coffres dans le fourgon fermé. _Super : tu fais vachement bien le coffre. _Okaaay... _Ben quoi ?") puis oblique plein sud dans le petit matin. Très vite, l'arbalétrière comprend qu'entre Craie, Thuril et Jorem, il y a deux chefs de trop dans ce convoi, et en profite pour attiser les inimitiés au sein de l'escorte. Dès qu'elle et d'autres piétons sont employés à retenir les chariots dans la route pentue qui serpente le long du torrent, il lui vient une autre idée pour ralentir le convoi : profitant d'un dérapage du fourgon ("moins lourd qu'il n'y parait... _Ben tant mieux.") sur la route bourbeuse, alors qu'elle tirait de l'arrière, Diane s'arrange pour que le véhicule passe sur l'un des cochers descendu pour freiner par l'avant, et le conducteur hurle lorsqu'une des roues de bois ferré lui sectionne la jambe à hauteur du genou. Dégager le pauvre gars et lui prodiguer les soins nécessaires, quoique probablement inutiles (le type ne s'en sortira pas sans un bon chirurgien) stoppent le convoi pendant un long moment. Diane en profite d'ailleurs râler sur la paye, semer encore un peu plus la discorde dans l'escorte et monter Trevan de Rigorne contre Craie en proposant de rentrer à Solerane pour repartir du bon pied, mais l'esclavagiste albinos est vite soutenu par Esteval et, à eux deux, ils ramènent un semblant de discipline dans l'équipage qui reprend la route.

Toujours attentive aux alentours, Diane commence à avoir l'impression distincte que des bruits de sabots suivent le convoi par les crêtes et, lorsqu'elle propose d'aller voir, Craie insiste pour envoyer plutôt Jaromir et Rumbold, les deux Sylvains.

_"Dis-donc Trevan, demande-t-elle au jeune chevalier, les deux barbares, là, ils ont été sélectionnés comment ? 
_Je ne sais pas, Mademoiselle : je ne crois même pas que le gros sergent les ait mis à l'épreuve, ils ont été embauchés tout de suite. 
_Tiens donc..." Et bien sûr, lorsque les deux éclaireurs reviennent "sans avoir rien trouvé", Diane et Gavin espionnent leur bref rapport à l'albinos, la Kerdane entendant quelque chose comme "perdu un gars... 
_Dis-leur de garder leurs distances, merde !"

Lorsque le jeune chevalier et un des Sylvains, chevauchant tous deux à l'avant-garde, signalent un l'éboulement barrant la route, le convoi s'arrête à nouveau, l'escorte se déploie en position défensive et la Kerdane décide d'escalader le pierrier pour en avoir le cœur net : trouvant les empreintes de deux paires de très grands pieds, elle déduit que l'éboulement est l’œuvre de La Poigne et du Défroqué, mais préfère inquiéter les autres pour perdre encore du temps. Le convoi ne repartant qu'après avoir utilisé les mules pour traîner le sapin tombé hors du chemin, Diane s'installe à côté de Thuril le Brun sur le banc du fourgon et entreprend de lui expliquer qu'il se passe des choses très bizarres autour de ce transport, surtout que les Sylvains et Craie semblent comploter un truc bizarre avec des cavaliers qui les suivent [Réaction de Témérité à 5]. Manifestement surpris (et convaincu), le Brun essaye pourtant de dissiper les soupçons de la Kerdane mais ne parvient qu'à éveiller de nouveaux doutes : le guide serait-il de mèche avec d'autres gars voulant braquer le convoi ?

Fuite nocture du convoi (Diane, Trevane, Gavin )

Avec tout ce temps perdu, il fait déjà presque nuit lorsque la caravane fourbue s'installe pour camper juste avant le gué et que Craie insiste pour envoyer les deux Sylvains et Diane "chercher du bois pour le feu", à bonne distance du camp puisque les premiers bosquets sont à plusieurs centaines de mètres. Méfiante, la Kerdane avertit Gavin et ne suit les deux barbares qu'en traînant les pieds et son arbalète sous le bras, le temps de chercher une solution : elle observe le terrain en détail, évalue les distances... Lorsqu'elle réalise que Craie et Esteval arrive derrière elle depuis le camp alors que les Sylvains la prennent en tenaille par l'ouest, elle se penche pour ramasser une branche morte... et disparaît complètement dans les taillis et le soir qui tombe. [À 4 contre 1, Diane est sérieusement dans la mouise, surtout qu'Orlanth refuse d'employer ses pH pour autre chose que progresser. Mais briefé en détail sur les options tactiques d'un sniper et anticipant finement sur ses Mises, il va commencer par un énorme jet de préparation, dégageant 16 pts de bonus temporaires qui ne vont pas être de trop...]

Transmettant des indications par signes aux deux Sylvains, Craie et Esteval resserrent l'étau autour de la Kerdane... Du moins le croient-ils car, camouflées dans un bosquet à quelques distance, elle se trouve déjà hors de "l'encerclement" et visant soigneusement, elle attend le bon moment pour tirer en comptant sur la fatigue et la tension de ses adversaires. Et lorsque que, croyant avoir vu un buisson bouger, Craie fait claquer son fouet dans le feuillage, l'arbalète claque sans être entendu et Esteval s'écroule sans un râle, un carreau lui ayant perforé le crane par l’œil gauche. Jaromir, l'éclaireur sylvain qui progresse discrètement l'arc tendu, est maintenant la cible la plus excentrée : Diane recharge et lorsque l'albinos -dont les longs cheveux blancs se distinguent nettement malgré le crépuscule- se retourne pour appeler à voix basse son camarade disparu, un second trait claque et se fiche dans la trachée de l'archer, qui s'effondre en gargouillant du sang. Immédiatement, Rumbold et Craie comprennent qu'on leur a retourné l'embuscade et cherchent un couvert, mais l'esclavagiste commet l'erreur de vouloir reprendre l'offensive : dégainant son tranchoir et ré-enroulant son fouet, il s'élance en zigzaguant entre les rares bouleaux pour atteindre l'origine du tir... où Diane n'est déjà plus. Et lorsqu'il se retourne pour la chercher du regard, un carreau l'atteint en plein front. Alors que des voix commencent à se faire entendre vers le campement, le dernier Sylvain récupère l'arc de son compagnon et, restant prudemment à couvert, scrute le sous-bois en se déplaçant silencieusement vers l'ouest et les profondeurs de la forêt. Rumbold lâche une flèche lorsqu'une ombre se détache brièvement parmi les arbres mais manque de plusieurs coudées, et les deux tireurs continuent leur lente et silencieuse danse parmi les taillis, s'éloignant toujours plus du camp vers la forêt, chacun cherchant à repérer sa cible autant qu'à réduire la distance en restant à couvert... Mais lorsqu'il atteint une longue clairière, le Sylvain doit choisir s'il s'arrête ou s'aventure à découvert et, manifestement décidé à continuer vers l'ouest ou les arbres sont plus dense [et lui permettrons de réduire l'avantage fournit par la portée de l'arbalète], il s'élance soudain au pas de course : il n'a pas fait 10 pas qu'un carreau le cueille en pleine cuisse. Il riposte pourtant, mais manque encore et, étalé dans les hautes herbes, à flèches, il a le réflexe de ne plus bouger et d'attendre que la Kerdane soit obligée de s'approcher : lorsqu'une silhouette blonde apparaît, il se redresse sur un bras pour lancer sa hache mais un dernier carreau lui perce le crâne avant qu'il ait pu finir son geste. Accroupie à la lisière des bois, Diane écoute la nuit en reprenant son souffle : s'il lui semble entendre un lointain piétinement de sabots dans la forêt, une chouette ulule à l'ouest quand elle reconnaît le timbre de Trevan approchant par l'est et appelant à mi-voix "Mademoiselle ? Mademoiselle ?". Elle fouille rapidement le corps de Rumbold, récupère le projectile qui saillit de sa jambe et, en plus d'un curieux appeau, d'une solide dague, de quelques pièces de cuivre et d'un lacet d'étrangleur, elle découvre un curieux tatouage sur son sternum, une sorte de loup très mince sur fond d'étoile et de forêt. Soufflant tout bas dans l'instrument, elle émet une sorte de ululement et comprends que d'autres Sylvains appelaient leurs compagnons. Quand le jeune chevalier la rejoint enfin, troublé de constater qu'elle vient d'abattre 4 hommes dont leur chef (et qu'il a encore manquer l'action), elle n'a guère le temps de lui expliquer la situation en détail mais, avec l'aide de Gavin qui finissait de fouiller les corps, parvient à le convaincre qu'elle est "la gentille" de l'affaire. Et qu'ils sont tous en danger : il faut fuir, tout de suite, sans repasser par le camp.

_"Mais je ne peux tout de même pas abandonner mon destrier, proteste le "chevalier errant" ! 
_Et puis j'ai trouvé la clé du fourgon autour du cou de Craie, fait remarquer Gavin : ça vaudrait le coût de jeter un œil..." (On pourra pas dire que j'ai pas essayé.) 

Diane hésite un instant, car la tentation est forte, mais se ravise et, tirant doucement le chevalier confus par le bras, elle l'entraîne avec son écuyer vers le fleuve, contourne le camp par la rive, trouve le gué malgré la nuit et, alors qu'un fort tumulte et une cavalcade semble agiter le bivouac derrière eux, ils disparaissent dans la nuit et les flots grondant...

Ils marchent depuis plus d'une heure, que le chevalier a passé à se plaindre de la perte de son cheval, du poids de son pavois et de ses pieds douloureux, lorsque Diane et Gavin réalisent que des cavaliers sont à leurs trousses : quittant le chemin pour tailler à travers bois, le trio sème temporairement ses poursuivants dans l'épaisseur des taillis et tente de prendre un maximum d'avance avant l'aube (passant sans le savoir à peu de distance de l'endroit où, la nuit précédente, ses compagnons ont campé pour s'abriter de l'orage).

Dernier tronçon

Sabotage d'un chariot (Eldan)

Durant la journée, Vighnu, Andréas sur le cheval, Herle de Lorune, Eldan, Oleytan, le Grêlé et la Poigne ont continué d'avancer à marche forcée sur la route forestière (segment 4 du trajet) détrempée tant par l'orage de la nuit que par les quelques ruisseaux qui s'écoulent vers le lac, grossis des eaux de pluie. Eldan, le plus leste de la bande, a rapidement pris de l'avance sur le reste du groupe en espérant rattraper la caravane assez tôt et trouver moyen de la ralentir jusqu'à ce que ses camarades le rejoignent. Et en effet, lorsque l'après-midi touche à sa fin et que le Moineau émerge de la forêt (début de zone 5), il découvre le troupeau de chevaux paissant tranquillement dans la grande prairie en bordure du Lac d'Acier, près des trois chariots arrêtés au bord du chemin entre lesquels les voyageurs ont allumé un petit feu pour sécher leur paletots. La moitié d'entre eux prennent d'ailleurs le soleil ou nettoie leur vêtements bourbeux sur la berge pendant que les autres cassent la graine et se reposent de la rude journée qu'ils viennent de passer à pousser les carrioles dans le chemin forestier tout à la fois étroit, sinueux, bourbeux, rocailleux et coupé par les crues miniatures (argl). Profitant des hautes herbes et de ce que seulement trois sentinelles semblent encore (vaguement) se préoccuper de monter la garde, le Moineau progresse par l'ouest, traverse la route sans être vu et se glisse subrepticement jusqu'au chariot de ferronnerie. Il entreprend alors d'arracher avec sa dague les clous qui maintiennent une des roues arrières sur l'essieu, mais il n'a pas tout à fait le temps de finir que l'arrivée de l'unique sentinelle à cheval, qui commence à réunir les chevaux égayés e vue du départ, l'oblige à se dissimuler sous la carriole. Son mouvement d'ailleurs trop vif et trop peu discret fait se cabrer l'un des chevaux, la sentinelle descend de selle pour voir ce qui se passe alors qu'une autre est descendue du chariot de draps (étrangement le seul où un garde soit resté en faction) : Eldan, bientôt coincé, ne s'échappe qu'en profitant d'un instant d'inattention né du chef de convoi qui bat le rappel de ses compagnons, juste le temps pour lui de retraverser la route et de s'éloigner en rampant dans les hautes herbes. Néanmoins, la roue d'un des chariots ne tient plus que par un clou et l'éclaireur a reconnu l'homme qui gardait le chariot "de draps" : c'est Darjodrahl, le garde du corps/assassin hornois de Jornil Cuivré en personne, et sa seule présence indique qu'ils ont vu juste...

[Là, vous comprendrez que j'ai un problème spatio-temporel massif : Diane/Orlanth a toujours environs 24h de retard sur les autres joueurs, qui eux sont à moins de 24h de l'objectif réel, et d'ailleurs la caravane va arriver à l'Auberge du Pont. Si je laisse tourner la chronologie normalement, Diane ne rattrapera ses compagnons que bien plus tard, probablement après que l'action soit terminée : c'est vraiment con. Alors comme pour une fois j'ai mes 4 joueurs-combattants ensemble (ça n'a a été le cas que deux séances sur sept), je fais une entorse à mes principes pour mon Orlanth préféré, Diane passe donc à travers une faille temporelle et rejoint ses camarades, qui pour la plupart n'y ont vue que du feu.]

Regroupement et combat (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Trevan, Gavin, Diane)

À la lisière des bois, le reste de la troupe s'est arrêté pour faire une halte après 10h de marche forcée qui lui ont "presque" permis de rattraper le convoi, lorsque Oleytan à l'arrière-garde annonce trois piétons mal en point qui clopinent vers eux : c'est Diane la Kerdane et deux inconnus, dont un sérieusement blessé. Le trio de fuyard a en effet été rejoint par quelques cavaliers-chacals dans la journée et, lorsqu'un bref combat, Diane en a abattu un de plus, Trevan en a blessé un deuxième et le troisième a planté sa lance dans le flanc du pauvre Gavin avant d'être "héroïquement mis en déroute" par le chevalier errant (et donc il s'est barré, quoi). Rapidement mis au courant des mésaventures les uns des autres malgré l'insistance du chevalier qui veut savoir s'ils sont des "malandrins"

_("Ben heu... on est des bandits d'honneur qui volons aux riches pour donner aux pauvres et défendons les petites gens contre l'oppression. 
_Vrai ? Quelle aventure ! Je suis bien content de vous avoir rencontrés et de pouvoir joindre mon épée à votre noble cause ! 
_C'est qui ce débile, exactement ?")

, tous s'accordent à dire que les deux priorités du moment sont qu'ils ont 1) encore une petite heure de retard sur leur objectif et 2) seulement une courte avance sur les 6 ou 7 cavaliers qui poursuivaient encore Diane, Trevan et Gavin. "Ça tombe bien, fait remarquer Vighnu : on va avoir besoin de chevaux."

Une fois l'équipe déployée autour de l'appât constitué par Gavin (rapidement rafistolé par Andréas) et Trevan installés au bord de la route, le "combat" est aussi rapide qu'unilatéral : Diane snipe le premier cavalier, le second reçoit une flèche de Herle avant d'être démonté d'un grand coup d'épée par Trevanet si les 4 autres qui les suivaient freinent à bonne distance pour descendre de cheval, ils découvrent vite qu'ils sont encore à porter de tir quand l'arbalète fait une seconde victime et qu'un autre adversaire prend une flèche dans la hanche en descendant de cheval. Les deux derniers, d'abord décidés à profiter du couvert des sous-bois pour arriver au contact voient bientôt le chevalier, le Grêlé, Vighnu et la masse du Templier s'avancer vers eux, et se dispersent dans les taillis dans l'intention manifeste de se carapater. C'était sans compter sur l'inhumaine discrétion de la Poigne, qui éclate à la masse le crâne du malheureux qui avait presque réussi à surprendre l'assassin (longue journée + problèmes de cœur : petite forme, le fehnri) et lorsque ce dernier se met en quête de l'ultime ennemi rescapé, il le trouve affalé sur le ventre et ligoté par le layss d'Oleytan, d'ailleurs assis sur son dos.

_"Très bien mon gars ! Allez, on le ramène aux autres et... 
_Non. 
_Je te demande pardon ? 
_Non, Vignupratesh : cet homme est mon prisonnier, et il porte un tatouage. Je ne laisserai pas tes cinglés de compagnons massacrer un vaincu. Je comptais le laisser repartir après que nous ayons pris du champ. 
_Mais c'est une très mauvaise idée, mon ami : il va rejoindre ses compagnons... 
_C'est son droit. 
_...les alerter sur notre position. 
_Bah je peux lui trancher un mollet, si tu veux : il devra repartir en boitant et ne rejoindra les siens que bien après que nous soyons partis. 
_Hem... bon écoute, je vais voir où en sont les autres et je reviens vers toi, d'accord ? 
_Chouette : tu peux me ramener à boire ?"

Et leur seul autre prisonnier, blessé à la hanche, est une prise inattendue : Jorem Cuivré, soi-même. Terrifié et enfiévré par la douleur, le propre fils du patron-minier balance tout ce qu'il sait dès que Herle et Diane froncent les sourcils : oui, son père se doutait qu'il serait attaquer et a conçu la ruse des deux convois, oui il a embauché les Chacals à sa demande par l'intermédiaire d'un contact qui trafique du sel et d'autres marchandises "tombées du chariot" entre Darverane et Solerane, oui ils se doutaient bien que le Capitaine Durgaut était derrière tout ça mais son père ne pouvait pas se permettre de faire attendre Rhilder. "

_Mais pas du tout, mes fringants compagnons et moi-même sommes des bandits d'honneur qui volons aux riches pour... 
_Non arrête, Trevan, t'es chiant : on bosse pour Durgaut, en fait. 
_Quoi ? Palsambleu mais alors vous m'avez roué ! Quelle aventure ! 
_Mais vosu êtes cons, pourquoi vous balancez un truc pareil devant le prisonnier ?! 
_Parce qu'il va pas repartir de toutes façons..." explique Vighnu avant de lui trancher la gorge [Réaction Cynisme 5 : ouch !].

Et abandonnant ses compagnons avec le chevalier errant qui fait un scandale, il entraîne Diane vers l'endroit où il a laissé Lerkoren Oleytan en lui expliquant la situation : "Mais quel chieur ! 'Sont tous comme ça vos venteux ?

_C'est pas la question : je compte sur toi pour abattre le prisonnier après qu'on l'ait "libéré". 
_Pas de problème mais faut pas que le môme me repère... 
_Je t'aiderai." Et, en effet, Vighnu fait assez de boucan en rejoignant son jeune ami pour que l'approche de la Kerdane passe inaperçue : une fois le prisonnier ahuri rendu à la liberté sans arme et avec un talon d'Achille tranché ("Rhaaaaaaaaa ! 
_Pis traîne pas mon gars, parce qu'avant la nuit, y aura des loups..."), Vighnu ramène Oleytan vers leurs compagnons en l'entretenant de ses soucis sentimentaux, que le jeune Elloran ne comprend que trop bien. Cette émouvante confession les empêche d'entendre le claquement d'une arbalète qui vient de mettre fin à une très brève fuite, après quoi Diane rejoint les autres pour récupérer les carreaux qui, ayant atteint des parties molles, peuvent encore être extraits à la dague (faut dire qu'elle n'en a plus que 7, avec tout ça).

Le temps de répartir les désormais 9 cavaliers, dont un blessé, sur les 7 chevaux disponibles (

_"Quelle malchance : aucun d'entre eux ne montait mon cher destrier ! 
_Couillon, moraliste et obssédé par son canasson : il est pas venteux votre chevalier, des fois ?") 

et la troupe repart au galop à la poursuite du convoi.

Eldan, rapidement récupéré et pris en croupe, explique qu'il a pu confirmer que le butin était dans le chariot de draps et saboter la carriole de ferronnerie, mais que la caravane a repris sa marche et qu'elle a encore repris près d'une heure d'avance. Trottant de leur mieux sur leurs chevaux déjà éreintés, les mercenaires fourbus voient s'amenuiser leurs options en même temps que le soleil couchant : s'ils peuvent encore rattraper leur objectif avant l'Auberge fortifiée (d'autant que la roue déclouée peut céder n'importe quand), il leur faudrait encore prendre le temps de se déguiser en Kormes, abandonner pour cela leur matériel le plus avantageux, attaquer en plaine, couper la fuite à quiconque sauterait sur un des 50 chevaux pour donner l'alerte, défaire une quinzaine de "gardes" (dont au moins 4 professionnels dignes de ce nom et Darjodrahl) à seulement 8 combattants, rafler le butin et dégager à travers champs avant que des renforts n'ait pu intervenir depuis le fortin : "C'est pas la peine de se casser le cul à galoper, fait remarquer Vighnu : on est tous trop crevés pour se battre efficacement. Il faut trouver autre chose... par exemple s'introduire à l'Auberge du Pont cette nuit, avant que la caravane ne reparte pour Darverane avec trois ou quatre fois plus de monde.

_C'est ça, on va trimballer 200kg de coffres blindés par-dessus les remparts et tout le monde trouvera ça normal. 
_J'ai peut-être une idée, propose Eldan : je sais que le chariot de ferronnerie est destiné à Celanire, alors si on pouvait remplacer discrètement le contenu des coffres par des fers à cheval et d'autres objets en fonte pour planquer le butin sous les chaudrons, on aurait plus qu'à attaquer demain matin un p'tit chariot presque sans escorte allant justement dans la bonne direction. 
_Mmmmh... et tu ferais ça comment ? 
_Ben on j'pourrais entrer à l'auberge avec Gavin en innocent blessé et l'honorable médecin-érudit Andréas, on repère les lieux et le butin, pis on aide Vighnu, Oleytan et tous ceux qui savent grimper et se faire discrets à passer la muraille, pis on s'introduit là où sont gardés les chariots, on se débrouille pour changer le butin de carriole sans faire trop de bruit, les grimpeurs repartent pis, le lendemain, ni vu ni connu, on braque le transport de chaudrons sur la route de Celanire. 
_Mais dis donc, tu sais que si on laisse quelques gars à l'extérieur pour éviter que les gars du deuxième convoi nous tombent dessus à l'improviste ou viennent raconter des âneries à la garnison locale, ça pourrait presque marcher, ton affaire ? 
_Très bien, jeune homme : je suis ravi de constater qu'on ne t'a pas emmené pour rien..." 

conclue le Défroqué.



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