18) "Neige en Été" : Différence entre versions

De Marches du Nord
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'''Et ça, c’est ce qui s’appelle un avantage.'''
 
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== Pourtant, que la montagne est belle...==
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Encordés, munis du peu de matériel qui leur restait, le groupe entama l'ascension.
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Le soleil brillait, seulement caché de temps à autre par un ou deux nuage errant... Un temps parfait pour l'escalade, seulement troublé par le vent glacé.
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Pas à pas, péniblement, nos aventuriers progressèrent le long de la paroi de plus en plus à pic. Le jeune éclat de glace, sensé les guider dans l'ascension, était bien en peine, ses pieds dérapant souvent, ses mains fébriles s'agrippant maladroitement à toutes les prises possible.
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Pour tous, l'escalade était épuisante, et l'ombre menaçante d'un grand condor au dessus de leur tête ne fut pas pour rassurer nos aventuriers : la chute d'un des membre du groupe ne serait certes pas perdue pour tout le monde...
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La halte sur un petit promontoire rocheux suivi des encouragements et de la tendresse toute maternelle de Nil Sholenshen furent les bienvenus, un répit bienfaiteur avant le poursuite de l'escalade. Quelques minutes seulement, mais assez pour admirer la vue à couper le souffle : depuis cette hauteur, leurs regards pouvaient embrasser l'intégralité du décor jusqu'à cette ligne de montagnes, loin à l'Ouest, encore plus hautes que celle qu'ils grimpaient. La fameuse et inexplorée Epine dorsale.
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Mais Fils d'Ours était pressé d'en découdre à nouveau avec la montagne, aussi sans plus se préparer que ça, se lança-t-il à nouveau dans l'ascension, suivi du reste du groupe, la difficulté augmenta encore d'un cran, l'air raréfié fit s'accélérer les battements de cœur et venir la fatigue... La moindre maladresse promettait d'être fatale, et ce qui devait arriver arriva : un premier "alpiniste" décrocha. Chacun s'agrippa du mieux qu'il put mais, entrainés par la chute, deux Emishen décrochèrent à nouveau, puis un troisième à nouveau.
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Dans un réflexe fulgurant, Fils d'Ours prouva à tous l'étendue de sa force : en poussant un rugissement qui résonna longtemps, il planta rageusement sa butée dans la roche de la montagne et s'y agrippa fermement.
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Seuls deux des alpinistes, Chêne des Anciens et Regard Caché, avaient tenu bon, plaqués contre la roche.
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La situation était critique : trois Emishen pendant dans le vide, un autre se cramponnant (mais pour combien de temps?) à sa hache... Il fallait agir !
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Faisant appel à toutes leurs ressources, Regard Caché et Chêne de Anciens lancèrent une corde à Fils d'Ours, puis tirèrent de toutes leurs forces. Au prix d'efforts épuisants, Fils d'Ours fut rétabli, puis Eclat de Glace. Lame Droite et enfin la meneuse de l'expédition, Nil Sholenshen, furent à leur tour tirés d'affaire.
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Mais la journée était bien avancée maintenant. A bout de force et peu confiants en leur capacité à atteindre le haut de la montagne avant la nuit, les Emishen redescendirent à regret sur le promontoire qu'ils avaient laissé derrière eux, un peu plus bas. Un abri précaire, étroit, sans protection contre les vents, et ne parlons pas d'y allumer un feu...
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C'est dans ces conditions loin d'être idéales que le groupe prit du repos pour la nuit, en espérant que le lendemain la montagne ne les avale pas...
  
 
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Version du 23 août 2014 à 20:16

  • Nil Sholenshen ("Levée avant l'Aube")
  • Erham Nereyl ("Lame Droite")
  • Shen Behemin ("Fils d'Ours")
  • Redel Koreyl ("Regard Caché")


Sous les ordres de 'Nil, la petite troupe de Sentinelles de l'Orage est partie en mission de ravitaillement pour subvenir aux besoins de du récent camp de la Rivière de Neige, sensé verrouiller l'accès à la vallée par Madh Endhil. Après une demi journée de marche, les Sentinelles arrivent au lac d'Emh Endhil. "Regard caché" se lance dans la pêche, "Fils d'Ours" rassemble du bois pour alimenter les feux, 'Nil cherche des traces aussi bien d'animaux pour la chasse que d'hommes qui seraient passés par là et "Lame Droite" capture quelques lapins.

En levant le nez de sa pêche, "Regard caché" repère deux deux silhouettes qui courent vers le camp des Sentinelles. Elles passent devant elle, à quelque centaine de mètres, sans prêter attention à ce qui se passe. La chasseuse se lance à leur poursuite, redouble d'effort et fini par les stopper dans la pente. Ce sont deux gamins venus prévenir les Sentinelles de l'avant-poste qu'un des leurs est grièvement blessée et cherche à transmettre un message - pour une histoire de "Neige" (Nevel ?) mais les gamins ne sont pas bien sûrs. Le blessé est en sûreté dans un village Edell'Okhil.

"Lame Droite", seul à avoir un cheval, part en avant des autres pour retrouver le blessé. Il chevauche une grosse demi journée pour arriver, en fin de soirée, au nord d'Andh Endhil. A cet endroit, dans un village plus ou moins abandonné, il rencontre trois autres Sentinelles de l'Orage. Leur chef se présente comme "Printemps prochain", fils de "Regard lointain". Il explique qu'ils sont un vingtaine sur place que Kal Kirhan a "prêtés" aux Edell'Okhil réfugiés dans la zone de paix pour les aider à s'installer, à exploiter les champs, retaper les maisons, etc. en échange de nourriture convoyée jusqu'aux avant-postes des Sentinelles. Le village, en grande partie abandonnée, était aux mains des Kormes jusqu'à la bataille de Tal Endhil. Kal Kirhan l'a proposé aux réfugiés Edell'Okhil qui s'y sont installés il y a peu. Le détachement de Sentinelles est en revanche trop mal armé pour faire face aux problèmes que le blessé a amené avec lui. Par ailleurs, ils semblent très occupés à faucher des champs entier d'herbe-nuage encore verte, pour en faire des gros tas et les brûler (il semblerait que ce soit un plan de Kal Kirhan pour attirer les derniers Kormes et leur faire passer le goût de la fumette - définitivement).

Sur une petite colline qui surplombe le village, "Lame Droite" trouve enfin le fameux "blessé" - qui est mort avant son arrivée. Il est déjà installé sur un bûcher funéraire. Le chaman du clan, Kal Tayvohn ("Chaman sacrifice") attend visiblement l'arrivée des "renforts" pour allumer le bûcher. Il laisse à "Lame Droite" un long moment pour examiner le corps - visiblement, c'est un moyen pour lui d'évaluer le talent du jeune guerrier.

Le mort, “Blessure de corne", est un homme jeune. C'est un guerrier Elloran et un des rares chez les Sentinelles à être marié et père. Il est réputé être tenace et a combattu pour défendre Tal Endhil. En plus des ses attributs claniques, il porte des marques qui l'identifie clairement comme une Sentinelle - c'est un des Messagers de l'Orage, les hommes d'élites choisis par Nevel. Son corps porte les marques de l'épuisement et de nombreuses blessures superficielles. Une flèche dans son flanc gauche a laissé une blessure profonde, qui s'est infectée et a sans doute causé sa mort. La flèche est rentré dans le dos du guerrier. Kal Tayvohn tend la pointe à "Lame Droite", c'est une pointe de chasse emishen. "Blessure de corne" est sale - il a probablement voyagé longtemps avant d'être découvert et de mourir. Son cheval est blessé aussi, il est épuisé et a une patte brisée. Le guerrier a été ligoté à un moment, ses poignets en portent encore les traces. Il a aussi beaucoup marché comme le montrent la semelle de ses bottes. Son histoire, telle que "Lame Droite" et le chaman peuvent le reconstituer, est assez simple. En patrouille avec Nevel depuis plusieurs jours, il est tombé dans une embuscade tendue par les mystérieux "intrus" entrés dans la zone de paix. L'essentiel de la troupe de Nevel, et Nevel, lui même, ont été tués ou capturés. "Blessure de corne" a réussi à s'enfuir, à pied, et a pisté les ravisseurs pendant plusieurs jours. A un moment, il a tenté de récupérer son cheval ou de libérer ses compagnons, il s'est fait repéré et s'est enfuit de justesse. C'est à ce moment-là, il y a quatre ou cing jours, qu'il a pris une flèche dans le dos. Il a continué tant bien que mal en direction du sud pour retrouver des alliés.

La croupe blessée du cheval raconte aussi que, pendant sa fuite, "Blessure de corne" a dû affronter un lion des montagne et lui a échappé de peu. Il a sans doute lancé son cheval dans un éboulis pour empêcher le fauve de le suivre. Etrangement, le lion semble être allé loin de son territoire pour s'attaquer au guerrier.

Le chaman confirme que non seulement "Blessure de corne" était un homme d'une résistance exceptionnelle, mais que les esprits se sont donnés beaucoup de mal pour qu'il arrive jusqu'à quelqu'un capable de relayer son message. Le message en question est très court. Mourant, "Blessure de corne" n'a pas pu dire grand chose : il a simplement parlé de Nevel et dit qu’il était dans la "Vallée des Ossements". C'est un lieu au Nord que les Ellorans surnomment ainsi, un endroit où les hommes fauves rangeaient leurs morts le long d’un ravin. La vallée est dans une région où il doit n’y avoir absolument personne en cette saison et pas grand monde le reste du temps - l'endroit lui-même est réputé maudit. La zone appartient aux Liam’Lon. Les légendes disent que les hommes fauves ne brûlaient pas leurs morts, et donc qu'il reste des esprits hostiles, d’autant plus qu’ils pratiquaient aussi les sacrifices humains. Un lieu charmant.

Kal Tayvohn semble satisfait des conclusions de Lame Droite et lui fait savoir. Le lendemain, dans la matinée, les trois autres Sentinelles rejoignent le village. Rapidement, elles s'organisent pour partir à la recherche de Nevel et de la "Vallée des Ossements". On rassemble du matériel de montagne, de la nourriture, une tente et des vêtements chauds. "Printemps prochain" envoie un de ses hommes prévenir l'avant-poste avec tous les détails connus.

"Fils d'Ours" et "Regard Caché" partent en premier, guidés par le chaman jusqu'à l'endroit où "Blessure de corne" a été retrouvé. Des traces du lion sont visibles pratiquement jusque là. Les trois emishen bivouaquent dans une faille de rocher avant d'être rejoints par 'Nil, "Lame Droite" et deux Edel le lendemain matin.

'Nil se lande dans un discours qui assoit sa stature de chef :

Mes amis,

Certes, j'entends bien que nous ne sommes qu'un tout petit groupe. Face à nous, se dresse l'immensité de la montagne, des envahisseurs, un lion des montagnes qui semble ensorcelé pour manger de l'homme. Est-ce un esprit? Un sorcier est-il à l'oeuvre? Je ne sais pas. Pas plus que je ne sais si il possède une intelligence redoutable où si son instinct animal hérité des géniteurs de ses géniteurs est le plus fort.

Alors, oui, le bon sens nous encourage a éviter cette confrontation. (Silence)

Mais, le bon sens c'est aussi ce qui empêche parfois de réfléchir. De réfléchir avec notre coeur pour commencer: Acceptons nous de laisser ce mangeur d'hommes à proximité d'un village où s'activent hommes, femmes et enfants? N'avons nous pas juré de protéger la paix? Quelle que soit la menace? Oui, peut être Kal Khiran va t-il envoyer des chasseurs. Ou pas.

De réfléchir avec notre esprit ensuite. Nous possédons un avantage énorme que nous ne retrouverons plus par la suite: Il nous cherche et nous pouvons choisir notre terrain. JE ne sais pas encore quel piège adopter (ou plutôt quelle série de pièges). D'autre part, n'allons nous pas nous épuiser à l'éviter et ne le retrouverons nous pas sur notre retour? Vivrons nous dans la crainte chaque nuit de nous réveille avec ses croc comme seul avenir?

Alors oui, nous ne sommes qu'un petit groupe. Mais nous servons quelque chose de plus grand que nous, un peuple. Et une partie de ce peuple est menacé. Quand nous aurons rempli cette mission, nous passerons à la suivante: Sauver nos frères menés par Nevel. Alors oui, nous ne sommes qu'un petit groupe, mais l'immensité de la montagne peut nous aider.

Voilà ma position.

Néanmoins, je chérie nos traditions, car sans traditions nous ne sommes plus que des êtres amnésiques errant sans but. Et conformément à nos traditions, je souhaite que chacun s'exprime et donne son point de vue. Je trancherai ensuite. Mais une fois que la décision, quelle qu'elle soit, sera prise, elle sera irrévocable et nous liera tous.

Fils d'ours, tu as pour toi la sagesse de ceux qui parlent peu mais connaissent le danger. je souhaite t'entendre en premier.


Un plan presque parfait

Après une intense discussion au coin du feu, les quatre Emishens jugèrent plus sage de provoquer le lion des montagnes et de l’attirer dans un piège plutôt que d’attendre qu’il les rejoigne. Le piège était simple, mais finement pensé : Attirer le lion dans une saignée de la montagne avec un mouflon. Une fois sur place l’empêcher de fuir et mettre fin à sa vie. Si le piège était extrêmement bien pensé et réalisé, les guerriers n’étaient peut être pas si bien cachés. Chargeant dans un premier temps Chêne des Anciens après l’avoir repérée, le lion des montagnes est entré en confrontation directe. Un combat âpre, qui aurait pu être mortel même, mais qui tourna finalement à l’avantage des hommes grâce aux talents des uns, au courage des autres et à la chance des derniers. La bête, l’infâme, était vaincue. Ou peut être libérée, car les Emishens soupçonnaient un sorcier d’avoir pris possession du lion. Si l’hypothèse venait à se confirmer, alors ce sorcier savait désormais qu’une petite troupe remontait les traces. Après un banquet digne de l’événement et après avoir remercié les esprits de leur aide (ou de ne pas être intervenu, c’est selon), les sentinelles décidèrent de poursuivre leur goguette en remerciant le mouflon, toujours vivant.

Ce qui devait être un raccourci les mena au pied d’un immense à-pic rocheux. Une épreuve physique épuisante, une de plus, qui si elle entama leurs forces, n’égratigna pas leur détermination. Grâce à l’efficacité de fils d’ours pour, la petite troupe atteignit le sommet à la fin de la journée. Epuisés, mais vivants. A perte de vue, de la neige et de la rocaille. De la neige bleue avec toutes les nuances de blanc, des espaces sans horizons, des rocs aux origines du monde et un vent si dur que la pierre craquèle sous sa morsure. Et toujours cet air si pur que la vue porte jusqu’aux confins inexplorés de lointaines crêtes. Et puis loin au nord, leur destination. Et à quelques lieues, la vallée des géants. C’est dans ce décor somptueux, froid, inquiétant mais grandiose que les sentinelles plantèrent leur regard, mais aussi leur tente, pour passer la nuit…

Et toujours cette lancinante, mystérieuse et manifestement incomprise phrase "Pas de groupe de un!"


Un assassinat pas très Hagad

Un groupe de un, justement c’est ce qui arriva à Regard Caché la nuit suivante… Lorsque fils d’ours se réveilla au milieu de la nuit, la jeune éclaireuse avait disparu sans crier gare. Ses pas s’avançaient au milieu de la neige avant de disparaître mystérieusement.

Et pendant ce temps, pas très loin, Regard Caché se réveille. Elle est attachée tête en bas au-dessus du vide de la crevasse. La morsure du vent directement sur sa peau. Sa vie ne tient plus qu’à un fil. Qu’à une corde gelée en fait.

Décidés à ne plus se séparer pour ne pas se transformer en proies isolées, les Sentinelles de l’orage se mirent à la recherche de leur camarade. Grâce à leurs dons, ils trouvèrent une trace dissimulée par le passage d’une lourde cape. Remontant la piste, ils finirent par découvrir et secourir Regard Caché. Hélas, à leur retour ils découvrirent que toutes leurs affaires avaient été volées. Perdus au milieu de la nuit, jetés sans aucune ressource à la violence inouïe de la montagne, leur situation était désespérée. Un assassinat pur et simple. Froid, méthodique, calculateur. Sans remords.

Mais il faut plus que l’assurance de mourir pour faire renoncer une Sentinelle à accomplir ce qu’il a estimé juste et nécessaire.


L’affaire est dans le sac (enfin, je veux dire littéralement parlant)

Sans ressources ? Pas tout à fait car il restait à nos braves sentinelles du courage, de l’envie et un sac à Malices. Au fond de cet apparemment très banal sac se trouvait quelques pitons et surtout deux cordes qui allaient se révéler vitales ! Après avoir découvert que leur camp avait été pillé de tout ce qui pouvait être utile, les sentinelles et leurs deux guides suivirent les traces de deux, voire trois, individus. Il apparût rapidement que ces individus étaient rompus aux déplacement en montagne et utilisaient du matériel d’artisanat Emishens (des raquettes). Des Emishens, qui ne suivraient pas le Hagad ? Des Khormes ? La question est désormais ouvertement posée… En descendant prudemment une pente enneigée en même temps qu’une avalanche, nos aventuriers découvrirent que leurs affaires avaient été jetées dans le vide et reposaient, avec un équilibre précaire, sur le rebord d’une corniche. Profitant de deux cordes et de leurs layss et d’un peu de chance, Lame droite et Regard Caché atteignirent la corniche avant que la totalité de leurs affaires ne soit avalée par la voracité de la montagne. Ils récupérèrent environ la moitié de leurs affaires.

Après un repos salvateur, le groupe décida de poursuivre sa quête. Au loin, peu après le versant de la montagne, le faucon compagnon de Nil repéra des hommes invisibles vêtus de blanc sur la neige. Certes, la prochaine escalade allait se montrer une fois de plus éprouvante mais…. Si les Khormes se considèrent eux-mêmes comme des morts aux yeux des Emishens, les Sentinelles acharnées étaient morts aux yeux des Khormes.

Et ça, c’est ce qui s’appelle un avantage.


Pourtant, que la montagne est belle...

Encordés, munis du peu de matériel qui leur restait, le groupe entama l'ascension. Le soleil brillait, seulement caché de temps à autre par un ou deux nuage errant... Un temps parfait pour l'escalade, seulement troublé par le vent glacé.

Pas à pas, péniblement, nos aventuriers progressèrent le long de la paroi de plus en plus à pic. Le jeune éclat de glace, sensé les guider dans l'ascension, était bien en peine, ses pieds dérapant souvent, ses mains fébriles s'agrippant maladroitement à toutes les prises possible. Pour tous, l'escalade était épuisante, et l'ombre menaçante d'un grand condor au dessus de leur tête ne fut pas pour rassurer nos aventuriers : la chute d'un des membre du groupe ne serait certes pas perdue pour tout le monde...

La halte sur un petit promontoire rocheux suivi des encouragements et de la tendresse toute maternelle de Nil Sholenshen furent les bienvenus, un répit bienfaiteur avant le poursuite de l'escalade. Quelques minutes seulement, mais assez pour admirer la vue à couper le souffle : depuis cette hauteur, leurs regards pouvaient embrasser l'intégralité du décor jusqu'à cette ligne de montagnes, loin à l'Ouest, encore plus hautes que celle qu'ils grimpaient. La fameuse et inexplorée Epine dorsale.

Mais Fils d'Ours était pressé d'en découdre à nouveau avec la montagne, aussi sans plus se préparer que ça, se lança-t-il à nouveau dans l'ascension, suivi du reste du groupe, la difficulté augmenta encore d'un cran, l'air raréfié fit s'accélérer les battements de cœur et venir la fatigue... La moindre maladresse promettait d'être fatale, et ce qui devait arriver arriva : un premier "alpiniste" décrocha. Chacun s'agrippa du mieux qu'il put mais, entrainés par la chute, deux Emishen décrochèrent à nouveau, puis un troisième à nouveau. Dans un réflexe fulgurant, Fils d'Ours prouva à tous l'étendue de sa force : en poussant un rugissement qui résonna longtemps, il planta rageusement sa butée dans la roche de la montagne et s'y agrippa fermement. Seuls deux des alpinistes, Chêne des Anciens et Regard Caché, avaient tenu bon, plaqués contre la roche.

La situation était critique : trois Emishen pendant dans le vide, un autre se cramponnant (mais pour combien de temps?) à sa hache... Il fallait agir ! Faisant appel à toutes leurs ressources, Regard Caché et Chêne de Anciens lancèrent une corde à Fils d'Ours, puis tirèrent de toutes leurs forces. Au prix d'efforts épuisants, Fils d'Ours fut rétabli, puis Eclat de Glace. Lame Droite et enfin la meneuse de l'expédition, Nil Sholenshen, furent à leur tour tirés d'affaire.

Mais la journée était bien avancée maintenant. A bout de force et peu confiants en leur capacité à atteindre le haut de la montagne avant la nuit, les Emishen redescendirent à regret sur le promontoire qu'ils avaient laissé derrière eux, un peu plus bas. Un abri précaire, étroit, sans protection contre les vents, et ne parlons pas d'y allumer un feu...

C'est dans ces conditions loin d'être idéales que le groupe prit du repos pour la nuit, en espérant que le lendemain la montagne ne les avale pas...


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