Écume 2

De Marches du Nord
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Comptoir des Melangoline sur la Côte des Épées, au creux de l'Anse du Quillon dans la dangereuse baie des Guivres, l'endroit fut fondé en -77 (avant l'È.I.) mais aurait été officiellement abandonné durant la Première Guerre Nordique, sur l'insistance de Greold le Dévot. Le commerce reprit néanmoins quelques décennies plus tard, rapportant surtout des fourrures et des peaux de phoque, un peu de graisse et d'ivoire de baleine, plus rarement de l'ambre gris.

Modérément rentable, difficile d'accès, le comptoir fut définitivement (?) fermé au début de l'Invasion du Nord par Lamdo d'Orsane, semble-t-il après avoir été attaqué et "détruit" en l'an 17 par des Grésans... ou peut-être des Arkonnelkan.

En bordure d'une rade naturelle, trop peu profonde pour les grandes nefs mais bien suffisante pour un corsaro (de toutes façons beaucoup plus efficace dans la dangereuses baie des Guivres), le comptoir proprement dit est construit sur une plage de gros galets sombres : une longue digue de pierres s'en avance pour créer derrière elle une sorte de "cale sèche" grossière à marée basse, la digue étant prolongée par un ponton pour que les navires puissent s'amarrer.
En haut de la plage se dresse un grand bâtiment en rondins goudronnés de presque 35 mètres de long, mais curieusement couvert de chaume, où un étage d’habitation (pour une 30aine de personnes), grenier et ateliers surmonte un grand entrepôt. Avec presque 7m sous plafond, il permet si besoin d'y rentrer un corsaro (mâts et gouvernail démontés), tout en mettant l'étage relativement hors d'atteinte d'une attaque, une fois gardés les escaliers (un à chaque extrémité). Dans le coin Nord, le plus loin de la mer, une cheminée est l'unique élément en galets maçonnés, servant si besoin de four ou de forge au rez-de-chaussée, et de chauffage à l'étage.

Au printemps 40, une expédition Kerdano-Fehnri a pu constater que si la jetée en pierre était toujours là, le bâtiment avait été dépouillé de toutes ses parties en bois. Plus de plancher, plus de porte, ni toit ni charpente... il ne reste plus que les murs en pierre et la cheminée.

Le comptoir est visible sous le matricule "S2" pour Scumma Duo, donc Écume 2 en Kerdan.

Histoire

Histoire du comptoir, telle que racontée par le barde Lyre-Ardente, du clan Arkonnelkan des Becs Sanglants.


Longtemps avant la Première Guerre Dirsen (que les Remans appellent "Première Guerre Nordique") ou même la venue du sorcier Lorkan Elakhendil dans la région, , quand l'arrière grand-mère de Lyre-Ardente était encore jeune fille, des Navigateurs venus de l'océan se sont échoués dans la baie des Guivres après une tempête, et ont pris pied sur la côte Nord – face à l'île des Macareux – pour réparer leur énorme navire. Si les Becs Sanglants accueillirent "fraîchement" les intrus au premier abord, le petit clan côtier était déjà en conflit contre les Serres-sans-Merci, alors bien plus nombreux et puissants, et comprit rapidement que l'aide des Melangoline pourrait enfin leur donner l'avantage. Secourus, les Kerdans repartirent, revinrent la saison suivante avec une pleine cargaison de fer, de grains, de sel et de viandes séchées, qu'ils troquèrent contre du bois, de l'eau douce et des vivres mais aussi de l'ivoire, de l'ambre gris, des gemmes, des perles et des peaux.

Après plusieurs années, ces échanges avaient non seulement renforcé les guerriers du clan mais aussi engendré un commerce secondaire avec les autres clans, dont les Becs Rouges surent tirer encore plus de ressources et des alliances fructueuses, au point que de nombreux enfants des Ailes-Neige, des Plumes-Bronze (leur nom changerait par la suite, quand ils commenceraient à exploiter des mines) et les derniers des Hauts-Cris (clan aujourd'hui absorbé) se joignirent à eux par derelnakh (une forme de mercenariat), par mariage ou par adoption. Ainsi quand les Melangoline entreprirent la construction de la Jetée dans une anse récemment conquise par leurs hôtes, les Becs Rouges étaient devenus presque aussi influents que les Plumes-Bronze et même les Yeux d'Or leur témoignaient du respect...

L'aïeule de Lyre-Ardente venait de marier son fils aîné quand le sorcier Lorkan arriva à son tour par la Jetée, durant une accalmie de la Guerre Dirsen : après qu'il se soit installé parmi les Becs Sanglants et ait été adopté par eux comme "chaman de guerre", la modernisation du clan fut accélérée par encore plus de commerce avec les Melangoline et les Becs se trouvèrent rapidement à la tête du tout premier réseau commercial de la tribu. Riche, puissant, maître de la forge et bientôt vainqueurs des Ailes-Neige qui régnaient auparavant sur les crêtes voisines, le clan perça ses propres mines et, en une génération de plus, devint une véritable puissance économique dans la tribu. Alors même que les Becs Sanglants avaient jusque-là été décriés pour leur irrespect des traditions, leur supposée lâcheté ou leur matérialisme, la ville de Bherim'Ron en particulier fut bientôt visitée par un nombre croissant de bardes, de chamans, d'artistes et d'artisans qui en firent le second lieu de culture de la péninsule, presque au même titre que la Montagne Percée des Yeux d'Or – encore aujourd'hui le grand centre chamanique et bardique de la tribu.

Mais, depuis environ une génération, les grands navires se sont fait de plus en plus rare à la Jetée (sans doute parce que le Duc-Gouverneur a interdit aux Melangoline de commercer avec ses ennemis, sous peine de les virer d'Aroche) et leurs cargaisons sont venues à manquer tant à l'économie du clan qu'à ses nombreux clients : le commerce des Becs Rouges a nettement décru, beaucoup d'intellectuels et artistes ont quitté Bherim' Ron et la famille de Lyre-Ardente a vu son commerce ralentir... en tout cas jusqu'à l'arrivée de Valeria "la Noire".

La Jetée n'avait alors plus vu un seul navire des Melangoline depuis au moins 3 étés lorsque l'aventurière est apparue dans la région. Elle-même a semblé surprise du chaleureux accueil que lui ont fait les Becs Sanglants mais, avec l'aide de ses pirates, l'année précédente s'est avérée la plus faste depuis des décennies : en plus de ramener des cargaisons étrangères, les forbans ont décuplé les raids et les attaques maritimes lancées par Lorkan deux ans auparavant, et dont le succès était jusqu'alors un peu discutable. À nouveau, les bardes se mirent à chanter les exploits des Becs Sanglants à l'Assemblée des Clans, la Jetée s'est re-remplie de voiliers et lorsque, au printemps précédent, Valeria a ramené à Bherim'Ron la négociante fehnri Shaoralni, Lyre-Ardente a bien cru que le commerce allait redémarrer pour de bon, ramenant le clan à sa gloire passée et lui personnellement à la position d'influence qu'il avait au sein du conseil de la ville jusqu'à ce que les Melangoline les abandonnent.

C'est dire si lui et les habitants de Bherim'Ron se sont senti personnellement trahi lorsque les Melangoline sont soudain réapparus l'été passé avec une flotte de guerre pour anéantir Valeria, nombre des équipages du clan et ses espoirs d'avenir.