Bahardabras au Bastion

De Marches du Nord
Aller à : Navigation, rechercher

Durant la huitaine mourante des Semailles de l'an 37, le sergent récemment promu Bahardabras "le Hornois" avait été envoyé par le Capitaine Durgaut comme escorte d'une expédition maritime marchande à Aroche. Mais il avait pour seconde mission d'y prendre contact avec l'enclave hornoise de la cité-falaise pour embaucher des Hotars, les redoutés fantassins-mercenaires du royaume déchu de Horne.
Pour illustrer l'étrange vie que mènent, cloîtrés, les anciens seigneurs du continent au sein de la plus grande cité des Marches, voici le déroulement de son bref séjour au "Bastion Hornois".

Malheureusement pour nos lecteurs avides, une grande partie de cette aventure jouée par mail est "secrète". Elle est aussi très longue, et très dense en détails culturels (donc en notes de bas de page)...


LA QUÊTE DU CADEAU

N'étant pas connu au Bastion arochais et n'ayant (à ses yeux) encore guère de faits d'armes dont s'enorgueillir, sans compter quelques complications familiales, Bahardabras craignait la manière dont il serait reçu auprès du terrible Seigneur Jhardogrohn, l'homme qui avait rassemblé sous sa bannière plus de 200 guerriers d'élite, vivant selon leurs traditions, loin des tentations du monde des "moindres-sangs", en échange de leur engagement d'une comme garde prétorienne du prévôt d'Aroche, Larmond d'Orsane, et comme troupes de choc auprès du baron-prévôt des Lisières, Berinor de Salviane.

D'abord, Bahardabras contacta Doarkhan, un vieux taillandier métis du quartier de l'Espalier, le principal intermédiaire par lequel les Hornois -enfermés volontaires dans l'ancienne prison de la ville- faisaient commerce avec les incroyants. Le vieil homme presque aveugle rappela les coutumes ancestrales au jeune hornois qui ne les avait jamais très bien su et, surtout, lui fit remarquer qu'il ne pouvait se présenter au Seigneur du Bastion sans pouvoir annoncer le succès d'une mission d'importance, sans haut-fait dont s’enorgueillir et sans présent pour le maître des lieux.
Par un "heureux hasard", Dhoarkan avait justement connaissance d'une pièce d'antiquité hornoise que convoitait Jhardogrohn, mais qui se trouvait depuis bien longtemps entre les mains de l'Ondhor, la pègre ondrène de la ville-basse : la ceinture abdominale en airain d'une ancienne armure hornoise, dont les chefs-truands héritaient les uns après les autre comme insigne de leur pouvoir, le dernier d'entre eux étant un certain Obdal [1]. Incidemment, le même Obdal avait un jour tué le premier apprenti du vieux métis, mais ça n'avait sans doute pas de rapport...

Après la mésaventure que certain connaissent sous le nom de "Opération Viande Froide", enfin en possession de la-dite pièce d'antiquité, son armure remise à neuf pour une petite fortune et ses formules rituelles révisées avec le vieil aveugle, Bahardabras se trouva assez présentable pour requérir audience au Bastion...


SALUTATIONS

MeuJeu : Tu te tiens maintenant devant la porte du Bastion, en armure rutilante et avec ton sac sur l'épaule, depuis une bonne heure sans que personne ne t'aie hélé. Que fais-tu ?
Bahardabras "le Hornois" : Donc, Bahardabras se tiens bien droit devant la porte du bastion, son épée fichée en terre (dans son fourreau) et attend, puisque on m'a prévenu que ça peut prendre deS heureS. :(
MJ : Tu poireautais donc patiemment depuis maintenant deux bonnes heures lorsqu'un officier en armure rejoint les deux gardes de faction au-dessus de la poterne (tout aussi immobiles que toi), se penche par les créneaux et demande d'une voix forte, dans un Hornois plus pur que tu ne l'as jamais entendu prononcé depuis des lustres : "Qui contemple la porte du Sanctuaire ?".
Comment tu te présentes ? "Intrépide" ou "Inflexible" ? [2]

B : "L'Inflexible Bouclier des Secrets, Bahardabras au Perron de la Gloire [3], Vainqueur de Lashdan des Défunts, de Garshen'orin des Arkonnelkan, d'Obdal de l'Ondhor, et fils des Invincibles Gardiens". (L'Ondhor ils doivent connaitre, les Arnonnelkans ils connaissent forcément - vu qu'ils gardent Mont-Griffon sur la frontière, les Défunts ... oui, ils doivent connaître un peu.)

L'officier (?) semble échanger quelques mots avec les deux factionnaires puis beugle d'une voix de stentor (les passants regardent la scène d'un air assez médusé) : "Entre alors, Gardien victorieux à l'airain sanglant : le Bastion de l'Implacable Seigneur Jhardogrohn t'accueille en croyant !"
L'énorme double-porte ferrée retentit alors de plusieurs chocs métalliques et s'ouvre enfin, lentement, dans un synchronisme parfait, sur une largeur d'homme. Dans l'ouverture s'encadre l'armure complète de l'officier descendu du rempart : en dehors de ses yeux que tu devines derrière la visière du heaume, il est couvert d'acier articulé des pieds à la tête et jusqu'au bout des doigts, serrés sur la hampe métallique d'un grand fauchard dont le contrepoids sonne lorsqu'il en plante l'extrémité à ses pieds.
Il t'observe un moment puis s'efface en pivotant raidement et te fais signe d'entrer.

Donc, c'est fait, B. est dedans. Gros soulagement pour lui : au minimum il pourra prévenir pour la porte des fléaux.  Reste à expliquer la situation de Tal Endhil, transmettre toutes les infos utiles, obtenir des renforts pour le Capitaine, obtenir des infos sur le tuage de sorcier "comme il faut", être accepté comme Hornois (et qu'ils me laissent sortir sans trop de problèmes), être reconnu comme Lame d'Airain et, enfin, être mis sur la liste d'aptitude au mariage.
Bahardabras entre et fait de son mieux pour ne pas avoir l'air trop impressionné (le casque va servir) de l'autre coté de la porte. :) J'viens de percuter un truc : si les voisins sont super étonnés, c'est que c'est pas courant ? Je veux dire : si les gens du bastion passent leur temps à partir et à rentrer de mission, ils devraient faire ça ... souvent. Sauf si c'est plus ou moins tombé en désuétude :(

Qu'un "nouveau" se pointe au bastion et provoque le cérémoniel, c'est rare en fait : ceux qui habitent là n'ont pas besoin de toutes ces salamalecs. (Ton officier n'est sans doute pas un "simple hotar" mais un Mordrahrid, donc un véritable "Gardien" !)


Si l'extérieur de la bastide est une construction remane en grosses pierres mal équarries, l'intérieur a été entièrement reconstruit dans un style froid et géométrique. La cour intérieure dallée est encadrée par de hauts murs neufs, taillés au cordeau, qui forment un rempart intérieur percé de fines archères et couvert d'une galerie ombreuse où, dans les arcs brisés, s'encadrent des archers. Parfaitement plane et carrée, quoique les coins biseautés répondent à la forme octogonale de la fontaine centrale, la cour donne à ta droite sur une grande porte plus large que haute et doublée d'airain (!), à ta gauche une unique poterne et un un vaste escalier aux marches raides monte, face à toi, vers les arcades.
Alors que d'énormes rouages referment le grand portail d'entrée derrière toi, l'officier s'avance à la rencontre d'une silhouette en robes grises brodées de blanc, négociant prudemment l'escalier sous le haut masque en ogive figurant un long visage barbu, dont ses épaules dépassent à peine. Suivi par deux Hotars en armure "légère" (casque, plastron d'acier, épaulettes et jambières) portant lance et boucliers en "diamant", le Souvenant vient à ta rencontre, s'arrête à cinq pas de toi, s'incline légèrement et, levant une main gantée de blanc, t'accueille d'une voix éraillée : "Salut à toi, Errant. Nul ne va plus loin que cette cour sans s'être dûment nommé."
Ça n'a l'ai de souffrir aucune nuance, aucun appel. [4]

Bon, donc le rituel de purification c'est pour plus tard (au mieux). Si j'ai bien compris le rituel "normal", l'entrant ne devait se présenter, se nommer, qu'au chef de la place, après la purification. Mais c'est sur que ça a été prévu pour une époque ou la présentation n'était qu'une formalité, puisqu'ils se connaissaient tous. Et que, donc, c'est plus pareil, et qu'ils ont rajouté une étape au rituel "d'entrée", pour vérifier que c'est bien un Hornois qui se présente ... et pas un métis qui s'y croit.
J'aurais besoin d'infos... Du trivial : le fauchard du gardien est dégainé (lame nue) ? Du basique : le Souvenant ayant un rang différant de celui de Gardien, quelles sont les formules que B. doit employer pour s'adresser à lui ? Du potentiellement consommateur de PE : le Souvenant dit "dûment nommé", c'est à dire toute la présentation, qui devrait se faire lame sortie et devant le chef du lieu, ou autre chose ? Le "fils de ..." en version courte pourrait il suffire ? 

Le fauchard possède un fourreau, oui.
À moins d'investir des pE pour te souvenir très fort, tu ne sais plus. Sans doute un adjectif "byzantin" en plus de son titre de Souvenant.
Au bas mot, tu supposes qu'il veut ton vrai nom et celui de ton père.
Je mise 4 alors.
Pour 4pE, tu te creuses fort la tronche et tu te rappelles que toute la question est de connaître le rang du Souvenant. De base, on dit "Vénérable Maître des Savoirs (aux Annales du Bastion)", mais comme c'est une caste où l'âge compte énormément (d'après ton papa, il y avait des Souvenants qui ont connu Herem, ça devait donc bien leur faire 2-300 ans au compteur), si tu as à faire à un très très vieux qui sait plein de trucs et a de hautes fonctions, mieux vaudra employer "Séculaire Maître des Sagesses (au Pupitre du Temps)", sachant qu'il y a quelques rangs intermédiaires.
Ça s'identifie normalement par la longueur de barbe sur le masque (là bon ben... il en a bien 30cm, mais tu saurais pas dire si c'est "beaucoup") et les broderies sur le gars... Sauf que t'as un trou.
D'un autre côté, il est d'une caste théoriquement inférieure à la tienne et, si ses devoirs au Bastion sont plus importants que tes éventuelles missions à l'extérieur car le sanctuaire prime toujours sur ce qui l'entoure (donc t'es prié de faire ce qu'il te dit), un petit ratage d'étiquette dans ce cas sera nettement moins grave que devant le boss... sauf si tu veux te concilier le "vieux" (?).
J'utilise 1pH, alors.
Alors tu as la chance que ton papa t'aie un jour décrit les Souvenants, et de te rappeler que celui-ci est un "Vénérable Chroniqueur des Âges (à la Tour des Annales)". C'est effectivement un titre de "grand archiviste" plus que d'historien ou de religieux, et c'est assez surprenant dans la mesure où le bastion d'ici n'a que quelques années (peut-être 10-12 ans à tout casser).
Peut-être tes compatriotes ont-ils transféré à Aroche plus qu'une statue (que tu n'a pas encore vue) : les archives de la Citadelle Boréale [5] !?


Woooookkaaaaiiiiii.... Je me rends compte que c'est pas un PE que j'aurais du prendre [à la dernière progression], mais "Étiquette Hornoise" à 4 ... Donc : vénérable étant son "adjectif de statut", "chroniqueur des âges" désignant sa branche d'activité et "à la tour des Annales" sa fonction ? On s'adresse à lui en disant "Vénérable Chroniqueur des Âges à la Tour des Annales", ou juste "Vénérable Chroniqueur des Âges" ? Autre question : le papa de B., était "Invincible" (mieux qu'Implacable?) au "rempart du sanctuaire" = garde du sanctuaire, c'est bien ça ?
"Invincible" est un rang supérieur à "Implacable", oui, mais ton papa était une sorte de "capitaine de la garde royale" alors que Jhardogrohn est un commandant de place forte (donc un grade inférieur avec des responsabilités supérieures : la hiérarchie a pris cher avec la chute de Horne et, contrairement aux hiérarchies plus souples, on ne peut pas être bombardé "Invincible" rien que parce que ça arrangerait tout le monde).
Ce qui te permet de déduire que le bastion d'Aroche est dirigé par des gens qui sont plutôt "des djeuns qui n'en veulent" que des vétérans.
Pour le titre du Souvenant, c'est presque ça : "Vénérable" c'est son rang (donc là, bon, c'est pas un très très vieux), "chroniqueur des âges" c'est son titre de fonction mais "la tour des annales" désigne spécifiquement un archiviste en chef (because "la tour").
Comme les deux premiers termes font partie de son titre, la moindre des politesse est de les citer en t'adressant à lui. Le reste c'est un peu secondaire et tu n'es pas obliger de le répéter à chaque fois, mais comme son affectation à lui est plutôt "au dessus de son rang", ça doit le flatter... et puis la première fois ça fait toujours plaisir. ;)

C'est d'un complexe ces choses. Tu as un précis de hiérarchie hornoise sous le coude, ou seulement des "grandes lignes" et tu développe au fur et à mesure ? Parce que j'ai l'impression d'avancer dans le noir à tâtons là :) (et y'a l'impression que certains murs sons couverts de verre pilé ...)
Enfin, dans tous les cas, B., après avoir hésité un instant sur la longueur de la barbe et s'être trituré la mémoire pour se souvenir de la prononciation correcte, répond : "Salut à toi, Vénérable Chroniqueur des Âges à la Tour des Annales. Je suis l'Inflexible Dahromjarn, fils de l'Invincible Gardien, Norgondram au Rempart du Sanctuaire."

Le masque du vénérable souvenant s'incline légèrement, comme s'il réfléchissait, et il demande : "J'ignorais que l'Invincible Norgondram ait jamais convolé, Ô puissant Gardien." Et tu as bien l'impression de sentir une pointe d'ironie dans sa remarque. [6]

Paf, et là, c'est le drame (bon, c'était attendu, mais ça fait mal quand même, con de M. mon père).
(Notre cher joueur tergiverse alors un moment, hésite... et fini par décider que dans une culture de bourrins coincés du cul, , mieux vaut assumer carrément. Il a bien raison.)
Je réponds : "L'invincible Norgondram s'est uni à la Resplendissante Matrice des Sublimes, Eordarahl au Jardin de Sagesse, qu'il a conduit jusqu'au Pays des Sylves comme il en avait reçu l'ordre".
Il y a d'abord un silence, durant lequel le Souvenant soit attend que tu poursuives, soit déduit, soit édite sa mémoire, après quoi il hoche très légèrement la tête et reprend d'un ton très respectueux : "Je suis le Vénérable Lohndralfar, fils du Séculaire Ananjhogar à la Chapelle Céleste." Il fait un signe de la main et un des Hotar s'avance avec une grande cruche en cuivre, la remplit et pose un genou en terre pendant que Lohndralfar te demande :
"D'où viens-tu Gardien ? As-tu quitté ton poste au rempart de la Foi ?" (les formules rituelles viennent de commencer, qui sont autant de "mots de passe" pour démontrer qu'il a reçu une bonne éducation pieuse, donc qu'il mérite son rang : il transpire un peu sous son casque, c'est pas le moment de piétiner la grammaire...)
"J'ai foulé les terres viles pour le service du Père. Mon âme est en faction, ma lame est mon rempart. Je reviens au sanctuaire ma mission accomplie : j'ai survécu pour préparer la restauration du Sanctuaire et protéger l'Héritage des convoitises indignes."
Je sors la ceinture du sac et je rajoute : "Pièce par pièce, je retourne l'Héritage à ses Gardiens".

Jolie formule ! :)
Lorsque tu produis la plaque abdominale, le Souvenant Lohndralfar reste un instant interdit, le Hotar qui remplissait la cruche hausse les sourcils et il te semble qu'un petit rire résonne sous le heaume de l'officier en armure complète, toujours 2 pas derrière toi.
"D'où... Serait-ce... la fameuse ceinture des blasphémateurs de l'Ondhor ?", demande le souvenant, oubliant soudain son rituel. "Oui, feu les blasphémateurs de l'Ondhor... "


Au bout d'un moment, comme les Hotars attendent derrière lui d'un air patient avec la cruche pleine et une sorte de grand drap noir, Lohndralfar s'extrait finalement de l'examen minutieux de la "ceinture" et, s'éclaircissant la gorge, te tend le linge et énnonçant : "Rejoins les tiens dans la pureté, Inflexible Gardien."
Avec son aide, te voilà bientôt couvert de la large cape de fine résille noire qui, quoiqu'en te protégeant largement des regards "indignes" de la tête aux genoux [7], te permet de voir assez nettement ce qui se passe autour de toi tout en dégageant tes bras.
Retirer ton harnois sous la mantille n'est pas pratique pour autant et tu commences à te demander si le rituel n'a pas pour but secondaire d'épargner aux visiteurs le ridicule du déshabillage en désordre. Pendant que tu te débats dans les sangles, les témoins attendent tous parfaitement silencieux -et pour la plupart immobiles- que tes gants et bottes rejoignent les pièces d'armure que le second Hotar a soigneusement disposées sur la margelle de la fontaine alors que le verseau t'invitait à t'assoir pour te laver d'abord les mains, puis les pieds au dessus d'une bassine de cuivre (et dans la cour où un ciel grisâtre cache le soleil du début d'après-midi, ça caille un brin).
Quand le Souvenant ajoute finalement "Notre visiteur est maintenant purifié : qu'il entre la tête haute pour boire à la fontaine de pureté !", le second Hotar te passe une coupe d'eau, te couvre très respectueusement les épaules d'une sorte de manteau blanc (par dessus le drap noir) et s'efface pour te laisser gagner l'escalier où Lohndralfar te précède.


  1. Celui-là même qui avait ouvert la porte de son organisation à la Confrérie du Chacal, ennemie des Talendan
  2. Le moindre débutant de la caste guerrière des Mordrahrim ("Gardiens") peut se prévaloir du titre d'Intrépide, mais il faut avoir accompli au moins un fait d'armes notable (selon les standards des castes nobles) pour pouvoir s'annoncer comme "Inflexible" : à ce stade de la campagne, Bahardabras ayant largement participé au Siège de Tal Endhil, défait Lashdan en combat singulier, vaincu les guerriers Arkonnelkan dans un duel judiciaire lors de l'Opération Tréfonds et, la veille au soir, balayé l'Ondhor jusque dans son repaire pour récupérer la fameuse ceinture, il pense pouvoir revendiquer ce statut. Le risque étant évidemment que le Bastion ne le voie pas du même œil (on a des standards très élevés, chez les Mordrahrim), mais l'alternative étant de passer pour un blanc-bec...
  3. Le "Perron de la Gloire" est une manière hornoise d'admettre qu'on a pas accompli grand-chose jusque là et qu'on a donc pas encore d'affectation dans la hiérarchie des Gardiens. Oui ils pourraient faire plus simple, non ils ont pas envie...
  4. Ce qui n'arrange notre Protagoniste, parce que selon ces fameux standards de la noblesse hornoise, sont identité est un peu bancale : il espérait pouvoir au moins transmettre la demande du Capitaine avant qu'on se penche sur les irrégularités de sa généalogie...
  5. Le Royaume de Horne comptait un Sanctuaire central et 4 citadelles vers les 4 points cardinaux. La mère de Bahardabras, par exemple, était de la citadelle du nord.
  6. Et c'est la tuile pour Bahardabras, parce que c'est là qu'est son problème généalogique : son père n'ayant jamais épousé sa mère en justes noces, il a bien peur que son ascendance ne soit pas reconnue et donc qu'on le jette dehors comme un malpropre. Le Mordrahrid ne baise pas hors des liens (sacrées) du mariage, et si par hasard il s'y commet et qu'une naissance en résulte, c'est pas certain qu'il ne soit pas prié de tuer l'enfant de ses mains pour purger sa faute. C'qu'on rigole chez les hornois...
  7. Toutes ces histoires de masques, de fourreaux et de heaumes que ces braves gens gardent sur la tronche en se disant bonjour sont dues au fait que les castes inférieures n'ont pas le droit de poser les yeux sur les augustes visages des nobles, ceux-ci risqueraient d'y perdre en pureté ! La rigolade et la décontraction, encore et toujours....


L'AUDIENCE

L'officier immédiatement derrière toi et les deux Hotars en remorque (l'un portant la cruche et la bassine, l'autre ton armure), vous gravissez les hauts degrés raides [1] d'un pas mesuré sous le regard impassible des archers, tournez à gauche le long de la galerie jusqu'à une large porte que vous ouvrent deux lanciers (il y a donc 8 soldats rien que pour garder la cour intérieure et 2 de plus au-dessus de la porte : c'est plus que sur l'ensemble des remparts de Tal Endhil).
Un nouvel escalier ("normal", celui-là) mène alors au milieu d'une vaste salle dallée carrelée où, encadrée par 6 lanciers supplémentaires, s'élève une estrade portant une sorte de large trône de pierre et de métal ciselés mais vide. Devant lequel, à la suite du Souvenant, les Hotars et l'Officier ploient le genou...

Vus 16 "gardes", ça fait au moins une 20aine en permanence, donc une soixantaine pour assurer un service continu... outch. Dans une configuration où les assaillants seront toujours en situation de faiblesse, ça ne donne pas envie de prendre le bastion d'assaut...
Bahardabras fait de même (sauf si le rituel suppose qu'il ne le fasse pas de suite, et qu'il s'en souvienne ... ).

Alors que vous êtes tous agenouillés, les yeux plantés en terre et dans un silence complet depuis maintenant quelques minutes, des pas lourds résonnent bientôt depuis le fond de la salle (tout le monde garde la tête baissée, mais Bahardabras peut zyeuter un peu de sous sa mantille), accompagnés de quelques grincements métalliques. Un officier en armure lourde s'avance nonchalamment vers l'estrade, son heaume sous le bras mais la tête couverte par une capuche blanche et un masque doré représentant un visage austère à la courte barbe étoilée (un Horonadrim [2] !?).

Dès que son pied cuirassé se pose sur la dernière marche, un salut tonne à l'unisson dans toute la salle et vibre à tes tympans : "HONNEUR À L'IMMORTEL MAÎTRE DES BATAILLES, LE SEIGNEUR JHARDOGROHN AU TRÔNE D'AIRAIN. NOS VIES LUI APPARTIENNENT !"
(Alors ça, c'est pas les titres que tu attendais ! L'Implacable aurait-il eut de l'avancement ??)
L'Immortel Seigneur du Bastion s'assoit tranquillement, te considère un instant dans un silence absolu, puis demande une voix incroyablement profonde : "Les contrées impures ont-elles terni ta flamme, Fils de la Foi ? Reviens-tu entaché des vilénies du monde ?" (oui, il parle en gras)
Et tu es tellement troublé que tu vas devoir miser des pE pour répondre sur un ton plus ferme que si tu avais six ans.

Arrête moi si je me trompe, c'est pas du tout possible de "devenir" Horonadrim ... donc, puisque l'usurpation n'est pas envisageable, ça signifie qu'il y a un survivant de la caste des rois de Horne ... au nord de l'Empire ... c'est juste énorme, ça. Donc oui, je mise ... reste 9 pE, ==> mise 9 pE. Ça le mérite, c'est juste énorme.
"Mes pas en sont souillés mais j'ai fait pénitence, par la Loi et l'airain j'ai purifié mon âme sur le patient retour."

Comme ta voix retentit fermement dans la salle (il y a même de l'écho, c'est très curieux), le Seigneur répond : "Alors reviens parmi les Purs pour boire au sein de la Mère Inviolée."
De derrière une colonnade arrive alors, à petits pas et la tête baissée, une jeune femme entièrement nue à la peau claire et aux courts cheveux blonds (une Emishen ?! en tous cas elle a l'air frigorifiée), les tempes et le pubis rasés, les épaules scarifiées d'arabesques encore rouges et le cou enfermé dans un lourd collier d'acier ciselé qui lui descend jusqu'aux clavicules. Ses yeux bleus sont complètement inexpressifs lorsqu'elle s'agenouille à tes côtés pour te tendre, miraculeusement sans trembler, une coupe d'argent octogonale contenant un peu de lait. (Ha oui, j'avais oublié que les gentils talibans racistes étaient aussi esclavagistes ... 'zont toutes les qualités quoi.) Buvons le lait !
"Tes armes étincellent-elles, Soldat de l'Héritage ? Ou sont-elles souillées du regard des impurs ? [3]"
"Ma lame a brillé du sang des infidèles, elle a saigné leur fils de leur impureté, le combat et les rites l'ont lavé de leur faiblesse."

L'esclave humblement disparue dans les ombres du pilier, une servante en aube brune s'avance, le visage entièrement couvert d'un voile où sont brodés des paupières closes et portant un plateau d'étain. Suivant une trajectoire exacte entre les guerriers agenouillés, elle s'approche, s'incline très bas devant toi t'offre une haute tasse de thé fumant.
"Alors soit admis au Sanctuaire, pour partager le repos et la chaleur des Sages".
Et le breuvage est délicieux : corsé mais léger, une amertume très douce, une senteurs de fleurs et de fumée, des parfums plus complexes que tu ne reconnais pas... Tu es à la fois réchauffé, nourri et apaisé, comme si ces quelques gorgées comblaient tous les manques qui rampaient dans ton estomac depuis des huitaines [4] . Et tu finis la tasse presque sans t'en rendre compte.
(Tu récupères toute ta Tension, te revoilà à 9pE.)


"Qu'on nous laisse à présent, énonce le Seigneur du Bastion d'une voix forte. Que les nobles Heremides s'entretiennent entre frères."
Et d'un seul mouvement, tout le monde se redresse, les Hotars se retournent dans un ordre parfait et sortent au pas cadencé, laissant ton matériel empilé sur un guéridon marqueté (l'épée toujours au fourreau) et verrouillant derrière eux la porte au bas des escaliers. Quand ne restent que le Seigneur, l'officier, le souvenant et la servante "aveugle", Jhardogrohn défait son masque, révélant un visage au teint cuivré étonnamment semblable à sa gangue métallique : un nez busqué marqué d'une cicatrice ancienne (absente du masque), des yeux sombres entourés de rides, très enfoncés sous des sourcils épais et un front haut, des pommettes presque carrées, une bouche austère et une courte barbe où le blanc parsème le noir-corbeau tout le long d'une forte mâchoire [5], le tout encadré par une cascade de boucles noires (il a donc rompu de longtemps avec les traditions des Lames d'Airain [6]).

Lohndralfar, par contre, est très différent du lourd casque qu'il vient de quitter : un peu joufflu, un nez rond et une barbe grise en collier toute bouclée, il ne reste rien de la présence intimidante que lui conférait son visage de métal.
Et quand l'officier derrière toi tombe le heaume, c'est pour révéler la trogne durcie, le nez cassé et le visage couturé d'un guerrier de métier, le crâne parfaitement rasé et une épaisse moustache poivre et sel qui tombe plus bas que son lourd menton. "L'Implacable Okrathoran Défenseur du Bastion, fils de l'Invincible Orohmgar au Rempart du Sanctuaire", le présente simplement le "jeune" Souvenant qui porte toujours la ceinture d'armure, ternie et rayée mais sinon très semblable à celle de l'officier.

"Parlons", énonce simplement l'Immortel Seigneur du Bastion en désignant les sept cubes de pierre bas qui entourent son trône [7] et où son second prend place à sa droite, sa lance toujours à la main, pendant que Lohndralfar se tient respectueusement debout derrière le "siège" à la gauche du seigneur en te faisant discrètement signe de t'assoir sur le cube à sa propre gauche.

Donc, le thé hornois, ça fait passer le reconstituant de Vighnu pour de la villageoise, tant mieux (j'avais déjà 3 en tension avant de "parler pas comme un enfant de six ans", plus la tension de cette action dont tu ne m'a pas précisé la réussite). 12pE dispo comme à l'entrée du bastion ?
(Je ne comprends pas toutes les implications sociales de l'apparence de Jhardogrohn... Hérémides ==> terme générique pour les 4 castes nobles ?

Les "Heremides" désigne en effet les castes nobles, descendant directement de Herem. le thé devrait t'avoir rendu 6pts de Tension, tu es donc à 9 passque l'action précédente n'était passé que de 3.
Ce n'est pas un Horodajahr (ie : pas de la "famille" des régents des sanctuaires, puisqu'ils sont tous morts, non ? Ses titres "immortel maître des batailles" et "au trône d'airain" ce sont des titres "royaux" ? Son masque n'est pas celui que devrait porter un Mordrahrid ? Je ne crois jamais avoir eu de "description" de ce à quoi c'est censé ressembler (tt la symbolique des différentes castes), et à part éventuellement celui de son père, B. ne devrait jamais en avoir vu.
"Immortel" et le "Trône d'Airain" sont bien des titres royaux et ton papa t'avait dit que les Horonadrim étaient tous morts, exécutés par l'ennemi ou honorablement suicidés, oui. Alors soit celui-là est "un vrai" qui a échappé à la purge (et qui est resté discret sur son véritable statut depuis 37 ans), soit c'est un vil usurpateur qui s'est auto-proclamé "roi"... Mais d'un autre côté ce serait le seul que vous ayez, avec un vrai bastion, un Souvenant, des resplendissantes, des Lames d'Airain... Note qu'il ne se fait pas appeler Horodajahr, c'est à dire "chef des rois", non plus, mais Seigneur des Batailles, donc "général en chef". Pour les masques, ce sot effectivement les premiers que tu vois, donc tu découvres...
Il porte la barbe, d'autre noms, il s'est "affranchi" des règles des Lames... Elles étaient pas censées non plus diriger de citadelle, donc je peux comprendre la logique.
Jusqu'ici, Jhardogrohn était connu comme une Lame d'Airain, il devait donc se raser le crâne. S'il se laisse pousser les cheveux comme un Horonarod (singulier), et ce depuis un petit moment manifestement, ce peut être qu'il a décidé de réclamer son "nouveau" statut... au moins dans l'intimité de ses pairs, quand il a pas son masque.
Le rituel "d’accueil" semble être terminé, B. ne me s'est pas présenté... mais si il enlève son masque, c'est qu'il reconnait mon rang, et qu'il veux lui faire honneur, c'est bien ça ? La "présentation" est sensée se faire épée sortie, question logistique le guéridon est loin du "carré" ?
Bahardabras s'est déjà présenté en entrant : le boss a probablement assisté au rituel depuis sa fenêtre (celles qui éclairent la salle donnent dans la cour : pratique dans une culture où on beugle de toutes façons), en tous cas si on retire les masques, c'est qu'on t'a reconnu. On t'a même donné de l'Inflexible, ce qui signifie que tes premières victoires sont enregistrées.
Tu as bien l'impression qu'on n'a pas l'intention que tu récupères ton arme ni ton armure en présence du patron (elle est posée à l'autre bout de la salle, y a bien 15-20m jusque là). Par contre, tu peux réciter ton lignage si ça te branche, il semble que ça se faisait avant de prendre la parole (et les 3 autres n'ont encore rien dit). Auquel cas, ça vaut le coût d'employer la forme "Inflexible... au Perron de la Gloire".
Apparemment, il s'est passé un certain nombre de trucs dont tu n'étais pas prévenu : soit que ton papa ne t'en avait pas parlé, dont tu ne te souvenais pas... ou bien qui ont changé depuis.


Donc B. respire un bon coup, s'avance "au milieu" puis sort sa tête / relève le voile, repose un genou à terre et se présente :
"Honneur à toi, Immortel Maître Des Batailles, Seigneur du Bastion, Jhardogrohn au Trône D'airain. Te salue l'Inflexible Dahromjarn, fils de l'Invincible Gardien, Norgondram au Rempart du Sanctuaire, petit-fils de l'Invulnérable Protecteur, Ordrash sur le Pont Étoilé, et de la Resplendissante Matrice des Sublimes, Eordarahl au Jardin de Sagesse, fille de la Radieuse Maîtresse des Invaincus, Eteoldhran au Balcon Tutélaire. Revenu des terres indignes au Perron de la Gloire, mon âme est purifiée, ma lame à ton service."
Puis, il ira s'assoir à la gauche de la gauche du trône ... en se demandant le pourquoi du comment.

"Est-ce vrai ?" demande l'Immortel Seigneur du bastion de cette voix dont le moindre accent résonne dans toute la salle d'honneur.
"C'est... possible", répond le Souvenant : "Lors de la Chute, l'Invincible Norgondram s'est vu confier la sauvegarde de la Resplendissante Eordarahl, épouse de l'Invulnérable Atharajal, tué lors de la bataille des Degrés Célestes [8].
L'union datant de l'avant-veille et Atharajal étant resté aux créneaux jusqu'à l'offensive des shonvrhom [9], la nuit de noce n'a pas eut lieu et la dame est restée vierge. Les épousailles entre Norgondram et Eordarahl ne sont pas enregistrée, néanmoins, et tous deux ont disparu dans les Sylves pendant 17 ans et trois mois.
Un Dharomjarn "Bouclier des Secrets" a en tous cas été déclaré en 1227 [10] au Séculaire Chroniqueur des Âges, Ananjhogar à la Chapelle Céleste [11]. Un "Bouclier des Secrets, fils de Norgondram" a ensuite rejoint la troupe de l'Importun (?) au matin de Hered mourant des Semailles 1244, avant qu'elle ne soit dispersée parmi différentes patrouilles impériales, et le jeune gardien affecté à celle du Sergent shonvarhed Esic Le Cornu, aux ordres du Capitaine Liméric Durgaut depuis le dernier Eled naissant des Bourgeons.
(Je vois bien qui est "l'Importun", et je commence à comprendre à quel point il a du être "importun" à expliquer des trucs à Sigrell de Lorune... pendant que d'autre les mettaient en pratique ailleurs. Et : putain "SOUVENANT", ha, ouais, quand même. Leur examen d'entrée, c'est la deux millième décimale de Pi ?
Le Souvenant est au savoir ce que le Mordrarohd est à la bagarre, oui : il dépote.)

_Qui a déclaré la naissance ?
_Je... l'ignore, Immortel au Trône d'Airain, avoue l'archiviste en s'empourprant. Le Séculaire Chroniqueur était déjà mourant à cette époque et ses mémoires ne sont pas...
_Son sang sera donc examiné.
_Il le sera, Immortel Seigneur du Bastion. Et le Bouclier des Secrets a apporté ce... présent.", ajoute le Souvenant en sortant la ceinture du sac.
_Une plaque d'armure ? (L'Immortel a l'air très vaguement intrigué.)
_La plaque ventrale d'Arjhomradhoror que nous ont volé ces blasphémateurs d'Ondhoroen, Seigneur." précise l'Implacable Okrathoran avec un sourire carnassier.
L'Immortel se penche un peu sur l'objet, renvoie un regard indéfinissable à son second (en fait, c'est pas le masque qui est ressemblant, c'est lui qui est quasiment inexpressif !) et se tourne vers le Souvenant : "Son acte est-il pur ?" .
Lohndralfar a l'air un peu gêné et se tourne vers toi avec un regard presque suppliant: "Avez-vous tué tous les profanateurs, Inflexible Bouclier des Secrets ?"
"Leur chef est mort, comme tous Ondrènes présent et le sorcier Sylve qu'ils employaient, et j'ai mis le feu à leur église. Quelques uns de leurs supplétifs sylves sont parvenus à s'enfuir."

À ta réponse sur l'Ondhor, Okrathoran hoche gravement la tête, tu sens le soulagement du Souvenant et l'Immortel te regarde enfin. "Le sang", dit-il simplement au Souvenant, qui acquiesce et quitte la salle avec force courbettes (?). En attendant semble-t-il que Lohndralfar revienne, Okrathoran caresse un moment sa moustache en silence, avant que son seigneur ne lui adresse un petit coup de menton. S'éclaircissant la gorge, le Défenseur du Bastion demande alors :
"Tes nobles parents sont-ils encore vivants ?
_Non. La Resplendissante Eordarahl est morte dans les Sylves, quatre années après ma naissance. L'Invincible Norgondram est mort au combat dans les Sylves, il y a deux ans".
_ Qui t'a élevé dans nos traditions ?
_L'Invincible Norgondram seul, depuis mes 4 ans et jusqu'à sa mort.

L'Immortel ne manifeste pas grand-chose pendant ta conversation avec son second : il t'observe un peu distraitement, pas très droit dans son trône de pierre et le bras gauche calé dans la garde de la large épée dont le fourreau repose dans son giron (essaye de t'assoir sur un trône avec une lame au côté et en armure), comme s'il réfléchissait ou rêvassait... Et le Souvenant met du temps à revenir.
"L'Invincible Norgondram t'a-t-il également enseigné l'histoire du Royaume ? Les principes du Sanctuaire ?
_Oui, l'Invicible m'a enseigné le Combat, l'Histoire et la Loi Sacrée.
_Pourquoi ce "Bouclier des Secrets" [12] ?
_Dans les Sylves, mes nobles parents ont été confrontés à un sorcier térémide. L'Invincible Norgondram avait éradiqué sa clique, mais le sorcier s'est échappé et juré vengeance. Pour me protéger de ses maléfices, mes nobles parents on résolu de cacher mon nom. Le sorcier est revenu, accompagné d'hommes fauves et de démons. L'Invincible Norgondram a tué tous les assaillants, mais n'a pu sauver que ma vie".
_Mais si le Parjure est mort, pourquoi continuer à protéger ton nom ?
(Il avait des séides, note bien, mais tu te demandes si c'était pas un effet de la parano de papa... ou parce que "les Barbaras", c'étaient plus simple pour les Remans que d'apprendre vos noms.)
_C'était la décision de L'Invicible Norgondram, il ne m'appartenait pas de la discuter. Après sa mort, l'habitude était prise, je n'ai pas vu l'intérêt d'être connu des moindres sang par mon vrai nom."
Pendant la discussion, Jhardogrohn semble être une statue de lui-même : seuls ses yeux bougent parfois et il te faut un bon moment pour réaliser qu'il n'a aucun des mouvements involontaires que manifestent la plupart des humains : il ne se gratte pas le nez, il ne remue pas dans son siège, il n'avale pas sa salive, il ne renifle pas, il ne tambourine pas des doigts...
Dès lors, dans cette extrême immobilité, le plus infime geste est un signal que les deux autres semblent guetter intensément. Le pire, c'est qu'il a l'air détendu quand il est immobile !


"Quel genre d'homme est ce capitaine Liméric Durgaut, demande l'Implacable Okrathoran ?
... [grosse réflexion]
_Pour un shonvarh, il est remarquable. Militairement, c'est un bon officier. Politiquement, il est meilleur.
Lorsqu'il est arrivé à Tal Endhil, il avait trois douzaines de mercenaires remans, dans une zone où les impériaux n'ont qu'un pouvoir théorique. Il a réussi à obtenir l'aide des populations locales,pour repousser l'attaque de six cents rebelles indigènes symboliquement morts, qui étaient appuyés par des musiciens de guerre Arkonnelkan.
Depuis il est parvenu à une sorte d'accord avec les indigènes, qui lui permet de développer son avant-poste malgré la situation de guerre dans la Marche des Lacs. Ses ressources en hommes sont limitées, il cherche d'ailleurs à engager des mercenaires, raison pour laquelle il m'a envoyé à Aroche.

_Des mercenaires ? C'est pour cela que tu es venu nous trouver ? (Okrathoran a l'air vaguement vexé.)
_Non. Je n'ai appris l'existence du Bastion qu'il y a quelques huitaines. J'étais en permission, à chasser un sorcier chez les Oloden, et j'y ai croisé des Sentinelles en éclaireurs de l'armée impériale, qui m'ont exposé la gloire de l'Immortel. J'ai saisi la première occasion de venir à Aroche, d'autant plus que certaines informations devaient être transmises aux Fidèles..."
[Laisse un temps de pause, et si le Souvenant est revenu, j'attends qu'il ai posé ce qu'il pourrait avoir dans les mains avant de finir, on sait jamais...]


Précisions culturelles
En parallèle de cette conversation, notre Protagoniste reconstitue peu à peu la hiérarchie des "grades" chez les Mordrahrim : Intrépide < Inflexible < Implacable < Invincible < Invulnérable. Pareillement, tous les Horonadrim sont au bas mot "Illustres", puis "Immortels" < "Ineffables" et, finalement, "Sublimes".

Bahardabras/Dharomjarn réalise ainsi que si le bras droit de Jhardogrohn est simplement "Implacable", c'est sans doute qu'il n'y a plus d'Invincible (comme l'était le papa de notre héros) ni d'Invulnérable (comme son grand-papa). Mais c'est apparemment tout le problème des "gradés" du Bastion : les titres ne se gagnent qu'au mérite, ce qui nécessite déjà d'avoir l'occasion de combattre beaucoup, donc de vivre longtemps alors que l'espérance de vie est en chute libre depuis la disparition d'Herem (le père de Dharomjarn devait bien avoir 120-130 ans quand il est mort au combat, et sa barbe commençait à tourner au gris, mais son Invulnérable grand-père est mort sur les remparts du Sanctuaire à 150 ans passés).
À part peut-être Jhardogrohn, les dirigeants du bastion sont donc des gens qui assurent de hautes fonctions en ayant des titres "pas très impressionnants" parce qu'ils ont moins vécu et moins vaincu que leurs glorieux aïeux.


  1. Même les Hotars, athlétiques et en armures légères, semblent avoir eut nettement plus de facilité à descendre qu'à monter cet escalier et, sous les pas de Bahardabras, on dirait bien que les marches sont légèrement... inclinées vers l'intérieur ?
  2. Si c'était bien le cas, il y aurait donc un héritier du trône de Horne au Bastion !
  3. Les Lames d'Airain n'ont pas non plus le droit de dégainer leurs armes devant les "moindres-sangs" à moins de les "laver" ensuite dans leur sang. Voilà, voilà...
  4. Parce qu'en plus la caste guerrière a une loooongue liste d'interdits alimentaires sophistiqués qui obligent notre pauvre Bahardabars a ne manger que les rares trucs dans la cuisine locale qui, par chance, ne sont pas interdits par l'une ou l'autre règle tortueuse. Le plus souvent : des pommes. Il s'affame par piété depuis des mois, le gars.
  5. Jhardogrohn ressemble à un mélange entre Ian McShane et Ghassan Massoud. Je ferai un portrait "masqué" à l'occasion...
  6. Qui se rasent le crâne en signe de servitude.
  7. ça fait un |_| de trois sièges de côté, le trône fermant le carré.
  8. Ça, le papa de B. lui en avait parlé : la défense du Sanctuaire a été telle que la seule prise de l'escalier menant à la salle du trône a donné lieu à une bataille qui a duré 4 jours et 3 nuits, faisant pas loin de 1500 morts côté reman et presque 250 parmi les Hornois.
  9. Les "moindres-sangs" : "shonvarh" au singulier, "shonvrhom" au pluriel, "shonvarhed" est l'adjectif masculin singulier. Les accords de noms varient avec les castes, c'est très pratique... :)
  10. Depuis la fondation du Sanctuaire. L'année 37 Ei. est la 1245° du calendrier hornois.
  11. Quoiqu'il ignorât le fait jusque là, on aurait donc déclaré la naissance de "Dharomjarn" au propre père du maître-archiviste, mais l'enfant n'a pas pu être présenté.
  12. Toute cette affaire de nom vient de ce que, lorsqu'il était enfant, notre Protagoniste a été menacé par un affreux sorcier, et que ses parents ont donc décidé de cacher son Vrai Nom au monde sous le pseudonyme traditionnel de Bahardabras, soit "Bouclier des Secrets". Ça en jette un peu dans la cour d'école.

SORCIERS

Le temps que vous discutiez de tout ça, le Souvenant est effectivement revenu... avec son masque (qu'il avait semble-t-il emporté pour circuler dans le reste du Bastion : doit y avoir des "pas nobles" qui traînent). Mais surtout avec ses gants et un petit plateau pleins d'instruments inconnus dont une sorte d'aiguille bizarre, prolongée par une toute petite fiole : "Si le Puissant Gardien me le permet, je vais maintenant lui prélever un peu de sang afin de vérifier sa pureté par certains... rites." (Je suppose que tu laisses faire.)


Relevant ta manche, il attache à ton bras une sorte de lanière de cuir qu'il serre fermement sous ton biceps, attend que les veines gonflent et plante son aiguille dans la plus grosse. À ta grande surprise, tu n'as presque rien senti et, quand le Souvenant tire sur une sorte de petit levier, la fiole se rempli de sang sans goutter du tout. Lorsqu'elle est pleine, il retire l'aiguille, pose sur la saignée une compresse enduite d'un produit odorant et l'attache avec la lanière, cette fois sans serrer tellement.

"Merci, Puissant Gardien". Et, se tournant vers le Roi : "Cela ne prendra que quelques heures..."
"Confie le travail à quelqu'un, je veux que tu entendes la suite, ordonne Jhardogrohn.
_Mais... Il... sera fait selon votre volonté, Seigneur Immortel."
Pendant que vous attendez tous trois en silence, Lohndralfar disparaît donc un instant avec ton sang et son attirail, puis revient les mains vides, retire son masque et reprend sa place, un pas derrière le siège de pierre à gauche du roi.
Ce dernier tourne alors vers toi son regard intense et Okrathoran t'invite à poursuivre : "En permission pour chasser un sorcier, disais-tu ?".


"Oui. Je vous passe les détails, mais le capitaine ayant obtenu le renfort de Soldats du Temple, et après quelques frictions, il m'a accordé une permission..."
L'Immortel Seigneur lève à peine un sourcil que son lieutenant t'interrompt :
"Comment votre Capitaine Durgaut a-t-il obtenu l'appui des Soldats du Temple ?
_Je ne connais pas les détails, mais les soldats du temple son venu préparer l'arrivée d'un haut dignitaire du Culte des Pères, un "primat" je crois...
Toujours est-il qu'une fois en permission, je me suis joint à "une expédition de commerçants locaux" qui devait se rendre sur le territoire des Oloden, dans la ville que les indigènes appellent "le Cercle des Hautes Pierres". On m'avait expliqué qu'il s'y trouvait un sorcier du clan des Arkonnelkan, et j'ai proposé d'aider un groupe d'indigènes qui voulait sa mort [1]."

L'Implacable Okrathoran a l'air surpris : "Les commerçants de Tal Endhil vous aidaient ?". Et, sur un bref regard de son maître, il ajoute : "Qui est ce sorcier ?
_Les commerçants de la Guilde de Tal Endhil espéraient ouvrir une route commerciale vers le territoire des Oloden. Les marchands Kerdans y avaient été "interdit de séjour", et ils espéraient pareillement un réexamen de la situation... Officiellement, une poignée de volontaires et moi-même escortions la caravane marchande, qui ignorait nos intentions.
Le sorcier est celui qu'ils nomment "Colère des Tréfonds"...

Malheureusement, en arrivant chez les Oloden, nous avons découvert que les indigènes allaient écraser l'armé impériale par surprise, avec quelques millier de cavaliers, et mon groupe a du intervenir pour ralentir l'attaque...
_Ton "groupe" ?
_Les indigènes Nevel Sholdanan, Kal Kirhan, Oleytan Lerkoren, Lidel'Agilon, Hem'Lelnis, Falnen Be'hemshar, Doma Sholen et Maliam Lelpen, et Vighnu Pratesh, de la guilde de Tal Endil.
Nous avons gagné quelque jours en défiant les chefs du contingent militaire Arkonnelkan en duel judiciaire.

_Sous quel prétexte ?
_Juste avant le siège et l'assaut sur Tal Endhil par les Kormes, un groupe de rebelles indigènes a croisé une caravane Lewyllen au lieu dit "du Pic Blanc", volé leurs chevaux, et tué tout le monde. Par la suite on a appris que ces rebelles étaient des Arkonnelkan, déguisés en "rebelles symboliquement morts" pour ne pas être reconnus. Ils emploient le même stratagème actuellement dans la Baie des Langueurs et celle des Oubliés, en utilisant des navires de conceptions rémane pour attaquer le trafic maritime.
Les indigènes ont des lois strictes pour faire la guerre : la tuerie du Pic Blanc en constituait une violation. Nous espérions perturber la coalition indigène de Kainen Tahrel en révélant ce fait. Le chef militaire des Oloden à voulu régler la question par un duel, et nous en avons profité pour réclamer le paiement du prix du sang pour les Lewyllen.
Par ailleurs, la révélation de cette affaire a entrainé un débat/procès à l'assemblé indigène du Cercle des Hautes Pierres, qui a abouti à l'exclusion des représentants Arkonnelkan de ce cercle, mais pas à la reconnaissance de leur culpabilité dans leurs autres exactions...

"Malgré nos efforts, nous n'avons pas eu l'occasion d'approcher le sorcier à part le jour du duel, qui s'est déroulé au milieu de l'armée indigène rassemblée. Après avoir vaincu, nous avons du quitter le territoire Oloden immédiatement."
Le Souvenant fait un petit bruit de gorge et Okrathoran adresse un regard interrogatif à l'Immortel Seigneur, dont deux doigts de la main gauche esquissent une autorisation.
"Pour mémoire, précise respectueusement Lohndralfar, l'Inflexible Gardien a défait Garshen'orin, porte-étendard des Arkonnelkan, fils de Maeghlan Dey, cheffe du clan de la Montagne-Brasier. L'étendard est aujourd'hui échu à Ker Shidalon, premier bouclier de la cheffe, également vaincu mais épargné lors du duel et qui menait l'assaut contre Brasure.
_Pourquoi l'épargner ?" demande Okrathoran.
_Garshen'orin était trop confiant, il m'a attaqué sans stratégie, et je l'ai abattu. Cette victoire m'a rendue trop confiant, et j'ai attaqué Ker Shidalon sans stratégie. Je ne méritait pas de le vaincre. Ker Shidalon est le meilleur combattant que j'ai eu occasion d'affronter. La prochaine fois que l'affronterai, ma victoire sera pure."
Okrathoran t'adresse un sourire d'appréciation et même l'Immortel Seigneur se fend d'un petit hochement de tête approbateur. Et illico, Bahardabras gagne 1pH.


Bahardabras reprend : " À l'occasion de cet évènement, j'ai appris que les rebelles symboliquement morts avaient des liens avec les cultistes sylvains de la Confrérie du Chacal et le sorcier des Arkonnelkan...
_La "Confrérie du Chacal", demande le Défenseur du Bastion ?
_Les serviteurs humains de l'Ignominieux Loup Efflanqué, développe Lohndralfar. Ils auraient fondé un chapitre nordique." Et comme on le regarde d'un air insatisfait, il ajoute sur un ton d'excuse : "C'est tout ce que nous en savons..."
Okrathoran fronce les sourcils et lisse sa moustache : "Sont-ils alliés à l'Hérétique Lork...
_Lorkan Elakhendil, "Colère des Tréfonds", né Æryl de Sarde, draconniste capturé par Arsomond de Marale en 1171 et évadé de la commanderie pénitentiaire de l'Écrou en 1197." Si Lohndralfar a l'air très satisfait de cette précision, le Défenseur lui jette un regard moins qu'impressionné et le Souvenant baisse les yeux, honteux, alors qu'Okrathoran se tourne vers toi : "Ce sorcier et la Confrérie ont-ils alliés ?
_Je l'ignore. Ce que je peux dire, c'est qu'ils ont des alliés communs, et peut être des objectifs convergents. Les Chacals sont très actifs dans le nord" à Aroche même, ils avait noué des liens avec l'Ondhor, au point d'initier à leurs rites les chefs de l'organisation.
Du coté de Tal Endhil, ils alimentent un trafic d'armes à destination des rebelles symboliquement morts. Comme la sorcière qu'on appelle "La Louve" est une sylvaine, et qu'avec le sorcier également sylvain "Urgrand" ils assistent les Kormes, je suppose que les Chacals sont alliés aux rebelles symboliquement morts.
De leur coté, les Arkonnelkan ont aidé les Kormes dans la région de Tal Endhil, et au moins l'une de leurs dignitaires, Mona Ma'od, serait directement liée à leur sorcier Lorkan Elakhendil...

_En tant que porte-étendard des Arkonnelkan, Garshen'orin disposait d'une troupe d'Albannakh dont la présence est attestée lors de la Bataille du Lac Sanglant comme dans la Vallée de Cainil", précise Lohndralfar. Mais ce n'est pas à ça que le Défenseur semble réagir quand il serre visiblement le poing et lâche d'une voix sourde : "Urgrand ! Où est-il à présent ? _Aux dernières nouvelles, il était blessé [2] et en fuite, quelque part dans l'arrière pays sauvage de Tal Endhil...
_De quand datent ces informations ? _L'affrontement a eut lieu la huitaine croissante des Labours, l'information m'a été transmise peu après, mais elle était encore valable au moment du départ pour Aroche de l'expédition commerciale que j'accompagne, à la huitaine croissante des Semailles... "
Remarquant alors le haussement de sourcil impatient de son seigneur, le Défenseur du Bastion incline le front en guise d'excuse pour ses interruptions :
"Poursuis ton récit, Inflexible Gardien..."


"Ce sera bref : à part au moment du duel judiciaire contre les Arkonnelkan, qui s'est déroulé au milieu de l'armée indigène rassemblée, nous n'avons pas eu l'occasion d'approcher le sorcier Lorkan, et après avoir vaincu, nous avons du quitter le territoire Oloden."
Mais ce n'est pas là que Bahardabras/Dharomjarn voulait en venir : "Je dois préciser que le contexte de Tal Endhil est... particulier. Les Kormes qui ont assiégé l'avant-poste ont donc des liens avec les cultistes de la Confrérie du Chacal, ils emploient des sorciers des Sylves, se sont associés au grand sorcier des Arkonnelkan... Mais surtout, il semble que leurs supplétifs sylvains se soient introduits dans une cité "première", et en ait retiré un ou plusieurs artefacts permettant de relever les morts. Cet artefact est convoité également par le sorcier des Arkonnelkans, pour son propre usage..."

À ces mots, Lohndralfar se décompose visiblement, le front du Défenseur se plisse de rides soucieuses au-dessus de ses yeux écarquillés et l'Immortel Seigneur pose son impassible regard sur toi pour demander d'une voix calme mais toujours puissante :
"Quel appareil ?
_On me l'a décrit comme un "sarcophage de régénération".
_Pute borgne !!" lâche Okrathoran en langue des Pères [3], ce qui lui vaut un regard froid de son Roi : "Hmm... Mes excuses, Immortel Seigneur.
_Qu'est-il advenu de l'appareil, demande Lohndralfar ?
_Les rebelles l'avait installé dans la mine d'argent, au sud-ouest de Tal Endhil. Ils l'y on abandonné, à la suite d'un incident. Quand une expédition a été envoyée de Tal Endhil pour remettre la mine en état après la bataille, les Talendan ont découvert l'appareil, et résisté aux assauts des rebelles qui ont alors cherché à le reprendre.
[gros moment de gène pour B.] Heu ... les rapports sont pas très clairs, mais les survivants on affirmé qu'une apparition divine serait venu les aider à repousser les rebelles..."

Et comme Okrathoran ne semble pas réaliser de quoi tu parles, Lohndralfar explique :
"L’Éternel Gardien, Herem à la Cité Lunaire [4], loué soit son nom...
_LOUÉ SOIT SON NOM ! (comme tu te tenais prêt, tu t'es écrié dans un bel unisson avec les deux autres)
_...serait apparu deux fois sous son aspect de Premier Seigneur des Batailles dans la Marche des Lacs, durant les huitaines passante et mourante des Labours. Mais aucune de ces manifestation n'a pu être confirmée en l'absence de témoin Fidèle."
Une intense perplexité tombe sur le visage d'Okrathoran, qui se tourne vers son chef pensif, lui-même interrogeant le Souvenant du regard : "Je vous en demande pardon mais la Chambre ne peut rien affirmer, Immortel Seigneur."
Jhardogrohn fronce les sourcils un moment, puis hoche gravement la tête (?) et te fait signe de continuer.

"À la fin, la falaise surplombant la mine s'est écroulée, balayant les rebelles, mais les membres de l'expédition qui s'étaient retranchés dans les galeries de la mine ont survécus. Urgrand aurait été blessé dans l'effondrement. Au moment de mon départ, l'appareil y était encore, caché dans la mine, laquelle devait être fortifiée et gardée."

Là, le Roi et son bras droit échangent un regard aussi interrogateur que froid, que l'Immortel conclu par un petit signe de tête.
"Ton Capitaine sait-il ce qu'il risque à conserver un tel objet ?" demande l'Implacable Défenseur du Bastion.

Bahardabras/Dharomjarn hoche gravement la tête : "Il sait que je le tuerais s'il en fait usage. Que les Soldats du Temple le tueraient sans doute rien que pour l'avoir garder. Que l'ex-répurgateur Herle de Lorune le tuerait probablement s'il en faisait un mauvais usage. Et qu'alors même les indigènes le tueraient -et Tal Endhil avec- parce que même eux ont un minimum de principes.
Mais je ne doute pas qu'il cherche un moyen de mettre l'appareil hors de porté des rebelles et de leurs sorciers. Vu qu'il n'a plus assez de soldats pour tenir la mine contre un assaut en règle, il a mis au point une solution pour détruire l'objet, à tout le moins le neutraliser... [5] "

Okrathoran n'a l'air qu'à moitié satisfait de cette réponse et le Souvenant semble franchement préoccupé, mais personne ne commente explicitement avant que le jeune Gardien n'enchaîne :
"Je crois important d'insister sur le fait que cet objet proviendrait d'une citée première. Dont les sorcier sylvains aurait violé l'entré, pour accéder au moins a une antichambre. Certains des locaux semblent connaître l'endroit et le désignent comme la Porte-Sous-la-Montagne, et les indigènes la Porte des Fléaux..."

À ces mots, le Souvenant s'éclaire un peu et ouvrait la bouche pour parler quand la main gauche du roi se dresse sèchement. D'abord surpris (on pourrait même dire "pétrifié"), Lohndralfar baisse la tête d'un air humble, puis vous salue tous trois par ordre de préséance et quitte la pièce, humilié.

La hiérarchie, c'est chaud chez les extrémistes dis donc... B. attend qu'on lui repose des questions, il est aussi attentif qu'il le peut.
C'est le principe de base, oui. Par contraste avec le conseil de guerre de Kainen Tahrel où on pouvait bouffer, sortir pisser, discuter le bout de gras avec les potes et se pointer à poils sous sa couverture parce qu'on vient de se lever, ça fait tout drôle.
Mais puisque tu étais très attentif lorsque Lohndralfar se fait virer de l'entretien, tu as nettement l'impression que c'est moins pour une question d'étiquette que parce qu'il était sur le point de lâcher quelque chose dont son patron ne voulait pas qu'on discute.

Alors que Lohndralfar quitte servilement la pièce par une porte latérale (tu vois brièvement luire l'acier du battant : si le Bastion est en pierre de taille, toutes les portes que tu y a vu étaient métalliques), l'Immortel Seigneur braque un moment son regard sur toi en silence.
Puis à l'attention de l'Implacable, il énonce : "Éprouve-le".
Okrathoran sourit alors, se lève, te fait signe de l’imiter, s'incline devant le roi et, remettant son heaume, se dirige vers le grand escalier et s'arrête un moment devant ton matériel avec un geste d'invite.


  1. Chez les Hornois comme chez les Templiers, buter du sorcier est une saine activité de vacances : c'est très bien vu.
  2. Après l'attaque de la Mine Bénie, pendant l'épisode 6) "La Mine"
  3. Parce qu'il n'y a pas de jurons en langue hornoise. Probablement aussi parce que le moustachu Défenseur du Bastion a servi longtemps parmi les mercenaires "shonvrhom"...
  4. Herem a en fait un paquet de noms, titres et qualificatifs qu'on emploie chez les Hornois par souci poétique (si, si) comme pour désigner ses différentes "facettes". Car si les shonvrhom ne le connaissent que comme "Premier Seigneur des Batailles", les Heremides le considèrent également comme le père tutélaire de leur lignée, leur Roi des Rois et général en chef, aujourd'hui "transcendé" vers les étoiles, mais aussi comme l'Ultime Gardien du Savoir, l'Architecte du Sanctuaire... et différentes castes favorisent différentes désignation. Dans tous les cas, on loue son nom à pleins poumons.
  5. En effet, depuis le départ de l'expédition arochaise, le Capitaine était pressé de se débarrasser de l'engin, entre la prochaine arrivée du Primat et la pression de Kal Feilan. Car le "gentil" chaman ayant appris que le sarcophage était toujours dans la mine en cours de fortification, il a fait savoir que l'objet "maudit" devait être neutralisé d'urgence sans quoi il préviendrait les Sentinelles de l'Orage qui le prendraient très mal : sans doute au point de raser le village pour s'assurer de la destruction de l'artefact... Durgaut connaissant par ailleurs toutes les convoitises que le sarcophage semble attirer, il a consulté ses rares "spécialistes" et, la destruction étant impossible avec les moyens à leur disposition, notre Capitaine a pris des mesures qui devraient suffire pour un moment : le sarcophage a été séparé en deux parties, le couvercle remisé en secret dans un endroit bien gardé et la caisse, trop encombrante, balancée dans un lac profond. Là, normalement, c'est pas demain la veille que quelqu'un s'en resservira.

ÉPREUVE

Quand tu as remis ton armure et ton casque, vous descendez jusque dans la cour et l'Implacable s'arrête sur un des quatre octogones sculptés dans les dalles : tu reconnais sans mal les symboles d'une zone d'entraînement comme ton père en a tracé dans la terre des campements pendant une bonne partie de ta jeunesse. Aux galeries comme aux remparts, les Hotars affluent pour profiter du spectacle.

Okrathoran te salue raidement et, soudain, exécute un grand moulinet pour planter son fauchard (toujours gainé) sur le sigle des duels, la hampe résonnant du tintement reconnaissable d'un contrepoids intérieur : tu es sensé faire de même... après quoi, en dehors de dégainer vos lames, tous les coups sont permis jusqu'à ce qu'un des adversaire abandonne ou que "l'enseignant" trouve que ça suffit et quitte l'octogone.


Tu as alors une mise de 15 (15pE + 5 de matériel, -3 en Blessure et 2 en Fatigue) et tu as tout lieu de penser qu'il est à la fois plus compétent et plus en forme que toi : tu veux jouer l'affrontement tour par tour, ou tu préfères me décrire simplement ta tactique (y compris si tu brûles de l'Énergie ou des pH) et que je te raconte la suite ?
Ok pour le duel "raconté" : le combat en mail par mail, ça va prendre des siècles, et je suis super impatient d'avoir le fin mot de l'histoire. B. est donc aux 3/4 de son potentiel, face à un mec qui doit avoir une vingtaine de pE en combat mais avec un style totalement différent (arme d'hast et armure lourde).
Donc stratégie : d'abord observation / défense. Si il attaque (il aura probablement la priorité) défense haute, manœuvre défensive et attaque faible (en espérant lui prendre des pions sur la défense). Si attaques multiples en face, sacrifice de l'attaque sauf 1 pion (donc 4 avec matériel) pour contrer.
Si il me laisse la priorité, attaques multiples avec manœuvre offensive pour essayer de le déborder en jouant sur la mobilité, défense faible en espérant lui piquer des pions.

Ensuite : si je peux creuser l'écart en jouant sur la mobilité, attaques multiples à outrance, en manœuvrant pour le gêner. Si c'est pas possible de le déborder, manœuvres défensives pour rattraper l'écart de pool. Si il m'accule, attaque à fond, quitte à investir en Init' pour lui prendre la Priorité.

Je suis prêt à cramer de l'Énergie (si ça me permet de lui prendre des pions, ou d'éviter de me prendre des gnons) et des Ph (tout particulièrement pour éviter de prendre un gnon d'entrée de jeu sur un fumble en défense -genre, mes trois derniers combats) .
Question con, les lames au "gainées" mais les fourreaux métalliques ou souples ?

Vos fourreaux sont en métal, évidemment : vous ne cherchez pas à vous entretuez, mais un entraînement de Hornois, ça fait quand-même mal. :)


Très vite, tu t'aperçois que ton adversaire change constamment de tactique : au début, te laisse venir en maintenant la distance et tu prends régulièrement des gnons en rentrant dans le rayon d'action du fauchard, surtout qu'il laisse volontiers l'armure encaisser pour frapper (il ne prend que du choc et, manifestement, il s'en remet vite).
Dès que tu réussis à lui coller une belle attaque, il riposte par une grêle de coups (du fourreau, de la hampe, du pommeau renforcé à l'autre bout, des coudes, du casque...) et tu découvres qu'il peut bouger beaucoup plus vite que tu ne l'aurais imaginer (il doit bien avoir 4 ou 5pts de Protection, et peut-être 1 ou 2 en Gêne), tout en étant assez fourbe : certains grands coups changent de direction au dernier moment pour te coller une pichenette ailleurs, il met soudain tout son poids derrière une attaque qui te semblait une feinte...
Et dès qu'il t'a placé quelques gnons et que ton casque teinte comme une cloche, vu que tu es déjà blessé au côté gauche, il te colle un grand coup dans la hanche correspondante et commence à s'acharner sur la douloureuse ouverture ainsi créée...


Combien de pH es-tu prêt à mettre (selon mes notes, il t'en restait 2 et tu en as gagné 1 rien qu'avec un hochement approbateur de l'Immortel Seigneur, donc 3 à cet instant) et combien de pE brûlerais-tu au maximum ? Il me ballade en changeant de Répartition c'est ça ?
Pour le mettre à terre au Choc, vue son armure, c'est pratiquement impossible en l'état : faut que je manœuvre pour lui piquer des pions...
Je suis prêt à bruler jusqu'à 6 PE (ça fera 8 points de fatigue) mais faut que ça compte. Je veux dire : je suis déjà à -5. S'il me colle du choc (??) je vais perdre du pool trop vite. Si je prends de la fatigue, ça accentue mon désavantage "définitivement", donc inutile si ça me permet pas de lui piquer plus de pions que je perds en fatigue... Et je suis prêt à brûler mes 3pH (m'en fous, j'ai déjà progressé cette année ^^).
A l'usure, il va me bouffer (Pool et armure supérieure) donc faut que je le démonte vite. Je pense à feinter une manœuvre de désarmement et essayer de le déséquilibrer aux jambes. Un quintal de bestiau + un demi d'équipement, doit y avoir moyen de le déséquilibrer en piratant ses appuis ! (enfin, j'espère ^^...)


Bahardabras pare, esquive, riposte, feinte, assaille, encaisse et frappe de taille comme d'estoc pendant plusieurs minutes qui lui paraissent des heures, face à un adversaire caparaçonné et pourtant mobile qui ne se retient pas de lui en mettre plein la lampe...

Ta première tentative de désarmement échoue (il fait tournoyer son fauchard et tu manques de lâcher ton épée), une manœuvre défensive te permet de rentrer dans sa garde pour le percuter d'estoc dans la coquille (il a gémit), tu enchaînes coup de pommeau dans la tête... qu'il dévie du heaume, accroche ta lame de sa hampe pour te tirer vers lui et, dès que tu résistes, te coller un grand coup de cubitière dans le groin (et même avec ton casque, le sang gicle de ton arcade).
Tu esquives miraculeusement le coup de hampe dans le bide mais il pivote et revient de taille vers ta tête. Tu pares de peu et il en profite pour te marcher sur le pied de tout son poids, passe sa hampe entre tes jambes et t'envoie voler sur les dalles : aïe.

Après t'avoir étrillé le flanc gauche déjà blessé à la Cloche Rouge (il a du remarquer ça pendant que tu t'arnachais et il en profite), l'Implacable Okrathoran s'y reprend à deux fois pour te déboîter le genou gauche à travers la genouillère (sans armure, il t'aurait fracturé la rotule) : enchaînement haut de la lame pour te forcer à te tasser, parade tournante de la hampe quand tu ripostes, coup de pied pour t'éloigner, battement de sa lame sur la tienne, pivot et le méchant coup de manche dans la patte... que tu retires de justesse pour te fendre et lui carrer ta pointe dans le casque. Non mais.

La deuxième fois qu'il t'assassine la rotule, il venait d'esquiver ta charge de justesse et, pendant que vous pivotiez tous les deux pour revenir en position, il a carrément encaissé ton fourreau dans le thorax pour te remettre son pommeau dans la genouillère, et là tu as eu plus mal que lui.

Trois ou quatre passe d'armes plus tard, tu as senti que tu ne pouvais plus vraiment te couvrir à gauche -il en a profité pour te percuter l'épaule de sa lame- et, après que tu aies vainement tenté de changer de rythme et néanmoins placé encore 2-3 bon coups (dont un grand coup de taille dans la jambe qui l'a nettement ralenti, tu as même cru que tu allais t'en sortir), il t'a crocheté la guibole droite avec son arme (et vu que la gauche était en capilotade...), grand coup de heaume dans la tronche, projection hors de la zone (et vlan : la margelle de la fontaine), coup de pied dans les reins avant que tu te relèves, désarmement tournant et un grand coup de pointe dans le dos, pile au défaut du plastron : tu as au moins deux côtes qui ont craqué (re-aïe).

Des dérouillées pareilles, même en comptant Shidalon Ker, t'en avait plus pris depuis ton papa : tu finis avec 4 pts de Blessure supplémentaire (t'es à 7), le souffle laborieux (3 points de Choc) et complètement lessivé (tout le reste en Fatigue). Ton papa disait que la douleur, c'est la faiblesse qui sort du corps : hé ben tu viens de cracher tout plein de faiblesse, bravo.

Pendant que tu serres les dents en tentant de te relever, magnanime, il boitille jusqu'à ton épée et, en faisant levier de son fauchard, la projette dans ta direction avant de conclure d'une voix assez essoufflé : "Fff... fin de la leçon."

Évidemment, personne pour te soutenir pendant que tu claudiques à sa suite pour regagner la salle d'honneur (mais quels escaliers de merde !), surtout qu'il faut encore saluer un genou en terre (aïe-heu) lorsque vous atteigniez l'estrade où le Roi (masqué) écoutait le rapport d'un jeune officier Hotar, très élancé, portant un immense arc dans le dos... et aux yeux curieusement clairs.

NEGOCIATIONS(à la mode locale)

Sur un signe de l'Immortel Seigneur, l'archer vous salue tous bien bas et prend poliment congé, puis Okrathoran se relève (péniblement), retire son casque et ses gantelets pour tirer un mouchoir de sa ceinture et épancher sa lèvre fendue sous un énorme coquard qui vire déjà au violacé.

Mais ils sourit franchement et l'Immortel Seigneur du Bastion hoche la tête avec approbation (hop +1pH).

Toi, à qui personne n'a cette fois retiré tes armes, tu as déjà du mal à tenir debout, tu souffres de partout et ça te gâche un peu la satisfaction lorsque Jhardogrohn vous fait signe de vous assoir en demandant à son second : "Combien d'hommes disponibles ?

_Onze, réponds Okrathoran après réflexion, en acceptant le thé que vous offre la servante "aveugle". _Quatorze, si l'Immortel est prêt à y joindre le Bâtard et ses ailiers (petit signe de tête vers la grande porte qui se refermait sur l'archer)."


J'imagine que tu as pris du thé quand la servante te l'a offert ? Auquel cas tu découvres qu'il est à la fois plus corsé et plus sucré que le précédent, et tu récupères 2pts de Fatigue (ce qui t'amènera à 6 si tu parviens à tenir la Scène sans miser). Tu ne sais toujours pas ce qu'il y a dedans mais Okrathoran déguste le sien avec un plaisir non-feint, et ça semble le retaper un peu (lui aussi il a souffert pendant ta "mise à l'épreuve").

Je suis un peu perdu au niveau "énergie" et ph, si j'ai bien suivi le thé me récupère deux PE, le reste est en fatigue sauf 6 en blessures?
Tu as 15 pions au max, à la fin du combat il y en avait 7 en Blessures, 3 en Choc et 5 en Fatigue. Une fois que tu as pu t'assoir et souffler un peu, tu régénères le Choc. Une fois que tu as bu le thé, tu récupères 2 pions de Fatigue et tu es donc maintenant à 5pE, 7 en Blessure et 3 en Fatigue. Je te le dis car tu risque de vouloir négocier...

C'est une belle méthode de négociation, ça. D'abord on tape sur le négociateur jusqu'à ce qu'il soit bien crevé, et ensuite on négocie. ^^.
Tu as mauvais esprit : il fallait bien éprouver ta valeur au combat, d'abord, et ensuite l'Immortel Seigneur n'est manifestement pas du genre à marchander.


Le roi médite la question un instant, considère ton récent insigne de sergent (un foulard rouge noué en fourragère, que tu portes autour de l'épaulette gauche) et lance un regard à la Lame d'Airain qui éponge le sang de sa moustache.

Okrathoran demande :

■ "_Quelles seraient les missions des Hotars ? Demande Okrathoran.

_ "Garde de la ville, formation élémentaire des locaux, élimination des rebelle symboliquement morts, et avec un peu de chance, d'Urgrand." "Le tout en coordination avec les forces indigènes." "L'accord négocié avec le capitaine suppose une coopération avec eux, au moins pour la garde des routes d'accès à TalEnhil."

Okrathoran semble plus surpris que choqué, mais l'Immortel Seigneur a déjà l'air de calculer les implications. C'est donc finalement lui qui prend la parole pour demander "Comment est née cette alliance?"

_"Avant l'arrivée du capitaine à TalEndhil, les rebelles symboliquement morts avaient fait de la région une base arrière.

"Leur comportement, et celui de leurs alliés pendant la bataille du lac sanglant les a décrédibilisé, ce qui a permis au Capitaine d'obtenir l'aide des locaux contre eux."

"Après la bataille, les clans indigènes se sont réunis pour décider de la conduite à tenir".

"Certains des clans indigènes sont favorables à la reprise d'une guerre ouverte et totale contre l'empire".

"D'autres préféreraient un état de non belligérance, convaincu de ne pas pouvoir l'emporter militairement sur l'empire, dans le temps long ."

"Une assemblée des clans s'est tenue au cercle des cascade, à proximité de TalEndhil, ou le capitaine est intervenu

"Il a été décidé de ne pas faire la guerre dans la région de TalEndhil, et de laisser s'y réfugier les populations qui fuiraient le conflit".

_ "Et ton capitaine veut former des auxiliaires indigènes pour protéger ce refuge..." Okrathoran se caresse la moustache sous l'effet de la réflexion mais n'ajoute rien sur ce sujet, et poursuit.


■ "_Combien de temps durerait leur engagement ?"

_ "Le capitaine espérait recruter jusqu'à 30 soldats, pour un an." "il proposait une solde de 4 lune par mois"

Même sans broncher, Jhardogrohn parvient à manifester son peu d'enthousiasme pour cette offre. Okrathoran secoue même légèrement la tête en signe de dénégation : "Pour cette durée, à une telle distance et s'ils doivent assurer la formation d'auxiliaires indigènes en plus de missions d'assaut, 14 Hotars, leur officier et leur suite vous coûteront 80 lunes par mois." (Ça reste donc largement dans le budget... mais pour deux fois moins de guerriers que prévu.)

Le prix s'oublie, la qualité … enfin, si le 'pitaine n'était pas si désespéré, il m'aurait peut être chargé de négocier ^^. C'est dans le budget, c'est vraiment nécessaire, c'est vendu..

B. réfléchi un moment et Hoche gravement la tête.

Puis il pense aux esclaves émishens, et ça lui rappelle qu'il faudrait expliquer que c'est pas une bonne idée d'en ramener à TalEndhil.

"_A moins que la suite des Hotars ne comprenne des esclaves indigènes, ça ne posera pas de problèmes"

(en espérant ne pas commettre une grosse boulette "traditionnelle", genre mais bien sur que non, les expéditions militaires ne contiennent JAMAIS d'esclaves, voyons).

Tu ne sais pas si un corps expéditionnaire s'embarrasserait d'esclaves, de toutes façons : ils sont tout faiblards, faut les surveiller tout le temps... Néanmoins Okrathoran semble soupeser le problème un instant avant de répondre : "Il n'y aura pas d'esclaves."


■ "Où seraient-ils cantonnés ?" "Au "donjon" de TalEndhil dans un premier temps." "Au moment de mon départ, plusieurs constructions était en projet." "La guilde locale dispose de géants, et s'est attachée les services d'Adrien Muraille et de ses ouvriers. Il doit fortifier la Mine d'argent, reprendre les fortifications de TalEndhil, établir des avants postes aux cols et principales route d'accès et établir une citadelle et un port sur KaerEndhil" "il devrait être possible d'établir une garnison séparée et convenable".

Okrathoran hoche la tête d'un air satisfait, puis ajoute : "80 lunes par mois à compter du départ, trois mois d'avance payable à l'engagement, le reste sera versé à leur Harodrohm [1]."


■ "Combien d'autres officiers et sous-officier compte la troupe de ton Capitaine ?" "Seulement le sergent chef, Essic le Cornu, et moi." "le reste des troupes sont indigènes ou du temple, avec leurs propres hiérarchies". "les soldats du temple ont pratiquement tous quitté la région pour rejoindre l'armée". "Les indigènes ont confié le commandement à Kal Kirhan, avec Nevel Sholdanan comme adjoint".

L'Implacable joue avec sa moustache d'un air madré et, quêtant du regard l'approbation de son seigneur, explique : "Un simple sergent-chef ne saurait diriger les Hotars, encore moins Ahroanfar le Bâtard [2] ... (Jhardogrohn écoute attentivement)... pas plus qu'une Lame d'Airain ne saurait être réduite à un rôle de sous-officier... (L'Immortel est indéchiffrable.)... Pas si son sang est pur. (Jhardogrohn opine légèrement du chef)." </br> Okrathoran se tourne donc vers toi, un sourire tendant sa lèvre tuméfiée :

"_Quand seras-tu fait lieutenant ?"

la question qui surprend, surtout que simple soldat y'a quinze jours, le B. il est encore tout surpris de son foulard rouge…

B. sourit et :

"_… le capitaine a nommé un sergent lorsqu'il a eu l'usage d'un sergent, il aura bientôt besoin de lieutenants."

Le vétéran semble apprécier la sagesse de cette remarque, mais revient pour autant à la charge : "Les Hotars du bastion ne louent leurs lames qu'à la noblesse remane et n'accepte de servir que des officiers dignes de ce nom. Nous ne ferons une exception pour ton capitaine que si une Lame d'Airain, officier dans sa compagnie, prend la responsabilité morale des sentinelles du bastion. Dis-le à ton ..."
Et comme l'Immortel Jhardogrohn fais un geste curieux de la main droite, Okrathoran s'arrête net et reprend : "Nous... allons le faire inscrire dans le contrat."

Tu sens bien que ça lui arrache la gueule, probablement parce que ça revient à admettre les limites de la hiérarchie du Bastion (si un Immortel dit un truc par le biais d'un Inflexible, c'est quand-même invraisemblable qu'un moindre-sang aie le droit de ne pas obéir) et que la notion de contrat écrit doit irriter les Hornois "traditionaliste". Ton papa, par exemple, s'est toujours contenté d'accords oraux quand il faisait du mercenariat : il ne lui venait pas à l'idée qu'on puisse manquer à sa parole et, la seule fois où ça s'est produit en ta présence (un marchand qui mégotait sur la solde promise), ton père lui a poliment expliqué qu'il ne mentait jamais, que le marchand était donc le menteur et que pour cela Herem l'autorisait à lui couper la langue avec une lame chauffée au rouge (le marchand a payé sans plus discuter).

Ahroanfar = vu que c'est un bâtard et pas un "métis", si les deux termes sont différents, ça voudrait dire qu'il est née d'une mésalliance "inter-caste" ?)
Ahroanfar, il peut être à la fois bâtard (inter-caste) ET métis (inter-race) : il suffit qu'un de ses parents soit un(e) noble hornois(e), et l'autre un affreux shonvarh... ;)
Quoi, qu’ouï-je? Les bien aimés d'Herem, loué soit son nom, ne traiteraient pas de la même manière les bâtards de haute et de basse caste ? Rahalala, quel scandale! ^^ :) (Décidément, ces fanatiques sont toujours autant sympathiques ^^)
D'un autre côté, ils sont très bons : des fanatiques vraiment efficaces, ça fait plaisir, non ? :)
Il ne manquerait plus que, en plus, ce soit pas des bons ^^. Maintenant, plus j'y pense et plus je me demande comment l'empire, pourtant bien mal foutu niveau forces centrifuges, à pu supporter le coût de la campagne de Horne. ... y'a un truc pas clair du tout la dedans ...
Faudra farfouiller dans les archives historiques....
Si on me laisse entrer, avec plaisir. Surtout qu'il faut aussi que je pose deux trois question sur les de Lorune, sur Ron Nerhil, sur la révolte des Ondrènes (qui seraient pas concomitante avec la campagne de Horne, maintenant que j'y pense?)[a la décharge du joueur, le wiki n'existait pas à l'époque ou cette "mission" a été jouée'].

La révolte des Ondrènes s'est produite une 12aine d'années après la chute de Horne.
ils n'ont pas bien choisi leur moment, quoi.
Ben c'est à dire qu'avant, comme la plupart des Remans, ils étaient dans la Guerre de Horne jusqu'au cou...
ça aurait justement été le bon moment, non  :) mais bon, y'avait la guerre des sylves ensuite ?
Oui, la noblesse d'épée a été plutôt occupée depuis quelques décennies... C'est pourquoi la conquête du Nord se fait aujourd'hui avec tant de mercenaires "payés sur le pays" : militairement parlant, l'Empire commençait à fatiguer. Néanmoins, les duchés nordiques commencent à se remettre et à tirer quelques bénéfices du Pays des Vents, ce serait donc un assez "bon moment" pour un nouveau Roi des Ondrènes.


■ "Quand repart ton navire ?" "sous deux ou trois jours. Il y aura deux nefs kerdannes pour le voyage de retour" _Pourquoi une seconde ?", demande Okrathoran qui n'a pas bien l'air de voir pourquoi c'est important.

Et là, je me sens con; je ne me souviens plus de pourquoi c'était important. _"Une seule nef n'aurait pas suffit a ramener toutes les marchandises et les colon que la guilde ramène à TalEndhil" "Les kerdans veulent ouvrir une "route" régulière, et développer leur commerce dans la région ." Okrathoran réfléchit un moment, l'Immortel Seigneur bouge un sourcil et son second énonce donc : "Votre prochain navire ramènera une missive du Bâtard. Si notre premier accord est satisfaisant, d'autres Hotars pourront être mis à disposition de ton capitaine."


Un bruit métallique ayant annoncé l'ouverture de la porte latérale, l'Immortel Seigneur fait un geste d'invite et le Souvenant Lohndralfar sort de l'ombre des piliers. Il ploie le genou pour saluer et, en détachant bien les mots, annonce : "Immortel Seigneur, les rites confirment que l'Inflexible Bouclier des Secrets est sans conteste un Heremide."

_Qu'il revendique l'honneur de son héritage, et soit désormais connu comme l'Inflexible Dharomjarn au Perron de la Gloire, fils de l'Invincible Norgondram au Rempart du Sanctuaire !" Ceci dit d'une voix qui semble prévenir le monde entier que c'est officiel.

"Qu'il reçoive jusqu'au matin l'hospitalité du Bastion."

Et Bahardabras de gagner 1 point de Réputation (tu avais déjà choisi le précédent ?). j'aime tellement le nom que tu lui avais donné "redoutable, des couilles en acier et du sang sur les mains" que je pensais le garder tel quel.

  1. "chef d'unité", une espèce de sergent d'armes, donc : Hotar < Harodrohm > Harodrahr (capitaine)
  2. probablement l'archer aux yeux bleus de tout à l'heure.

QUELQUES QUESTIONS A UN SOUVENANT

Vos affaires conclues, il ne faut pas longtemps pour que l'Immortel Seigneur vous congédie et Okrathoran t'entraîne alors à la suite du Souvenant, par la porte latérale qui s'ouvre sur plus de 4m de haut entre les piliers. Au delà, un corridor couvert de "voûtes" triangulaires sent encore le plâtre frais et résonne des travaux de quelques ouvriers qui s'affairent dans un couloir perpendiculaire.

"Et de sept, Implacable ?" demande Lohndralfar, d'un ton presque badin sous son encombrant masque. "Peut-être, Vénérable." répond le Défenseur de sous son heaume : "L'Inflexible a encore fort à faire auprès de son capitaine.

_Certes, certes...

_Veuillez l'installer, le vêtir, le soigner, je vous retrouverai à l'heure de la prière.

_Volontiers, Gardien."


Pendant qu'il t'entraîne dans un escalier encombré d’échafaudages, le Souvenant se lance : "Vous avez du vivre bien des aventures, Puissant gardien..."


"... peu qui soient dignes de vous être racontées, Vénérable." "Depuis que l’invincible Norgondram est mort dans les sylves ...

[1] Mission d’escorte d’un convoi ramenant le fut entier d’un arbre ancêtre, dans une région vallonnée. Au passage d’un col, pendant qu’on redescend doucement, attaque de l’avant garde par les chacaux, le paternel mène la contre-attaque et balaie l’opposition, mais c’était un piège, et le « transport » est attaqué à son tour. Pendant qu’on termine l’opposition, les lâches sylvains font dévaler la pente au fût, ce qui balaie les restes de l’avant-garde et de la contre-attaque. Le paternel blessé (il a pris le truc presque en direct, occupé qu’il était à trucider des gens en les regardant dans les yeux), se relève quand même, et à sa suite les survivants remontent massacrer les chacaux. Très affaibli, le paternel récolte encore plusieurs blessures dans le combat, et « tombe », après avoir sauvé le convoi. L’arbre ancêtre doit porter une voile et trois douzaines de Rémans, bien fait pour sa gueule.

... Ensuite j'ai essayé de survenir a mes besoins par moi même." "Quand j'ai appris que l'armée du nord formait des groupe de combat pour la guerre "cynégétique" aux rebelles symboliquement mort." "Vous connaissez la suite, lorsque le groupe du ... lieutenant Rordomogar ... a été dissout, j'ai été affecté à la patrouille du sergent Esic Le Cornu, qui est un chef correct. Très correct." "Puis nous avons été affecté à la caravane de printemps pour TalEndhil."

B. marque une pause, pour laisser au Vénérable l'occasion de l’interrompre. En bon garçon bien élevé, il fournira régulièrement des échappatoires à la conversation "Mais je ne voudrais pas vous retenir loin de vos devoirs" / "Mais ce sont des évènements bien indignes de votre attention" etc.. etc...

Si il est relancé = il continue :

"Les rebelles symboliquement morts nous avaient tendu une embuscade sur le chemin, mais un de leurs archers a dévoilé sa position en me décochant une flèche à l'épaule." "On en a tué une vingtaine, mais le sergent Le Cornu a été blessé, et la moitié des soldats y sont passés, dont les deux autres sergents (dont je crois que je n'ai jamais su le nom)."

"Après ça, on a parcouru la fin de la piste jusqu'à TalEndhil au pas de course, en transportant les blessés. ça a pris deux jours et deux nuits, sans s'arrêter". "Arrivé à TalEndhil, le capitaine a découvert qu'il ne restait que 6 soldats impériaux, et que son prédécesseur, le lieutenant Armeld, était mort dans un "accident d'abatage", c'est à dire d'une manière que personne n'a trouvé normale, mais que personne n'a expliqué non plus". "L'enceinte était en fait gardée par les trappeurs indigènes." "les rebelles symboliquement morts avaient tué quatre d'entre eux la semaine précédente, pendant qu'ils accompagnaient une corvée de bois"

"Je vous passe les détails, mais le capitaine est parvenu à calmer la situation locale, mobiliser la population, rassurer les Kerdans qui s’apprêtaient à quitter la ville par le lac."

"Pendant qu'il négociait avec le "chef" des trappeurs locaux, la rebelle symboliquement morte Mona Maod a essayée de l’assassiner, avec un arc fenrhi et une flèche empoissonnée, depuis le rempart. J'ai intercepté la flèche par réflexe, mais l'incident à tellement secoué le Capitaine qu'il a couru au chemin de ronde, puis sauté par dessus la palissade à la poursuite de l’assassin. Tout seul, avec seulement son épée... "

"... les seuls volontaires pour m'accompagner à sa suite on été quatre indigènes, dont Nasheda Liman, Alen Lemid des Elloran. "On s'est lancé à l'aveugle dans la forêt, en colonne, sans que les indigènes ne paraissent génés par l'obscurité. j'avais du mal à les suivre." "Après un moment, il m'ont fait promettre de laisser partir la rebelle si on récupérait le capitaine. J'ai du accepter, et ils sont reparti encore plus vite". "On a récupéré le capitaine, qui n'a pas été plus content que moi quand Nasheda Liman lui a expliqué qu'elle laissait partir Mona Ma'od parce que "essayer de l’assassiner n'est pas un crime assez grave pour qu'on prendre son âme"."

"Enfin, toujours est-il que le capitaine a ensuite négocié l'aide des Elloran dans la défense contre les rebelles symboliquement morts. une aide Active." "Informé qu"'Etayn-la-Louve, la sorcière sylvaine, avait l'intention de lâcher un géant sauvage sur les murs de la ville, le capitaine a monté un coup de main, en passant par le lac sur des pirogues avec une vingtaine d'impériaux et une dizaine d'Ellorans." "Sur place, le groupe est tombé sur des contrebandiers fehnri, qui venaient de livrer des arcs et des flèches aux rebelles symboliquement morts". [...] [2]

Je m'épargne d'avoir à rédiger ses nombreuses questions hyper-spécifiques mais le Souvenant est en fait très intéressé par tout ce que tu as d'informations à lui transmettre sur pratiquement tous les sujets, tout particulièrement ce qui peut revêtir un enjeu stratégique ou historique. Il a la manie des dates et des détails vérifiables, il est assez pointilleux sur l'état-civil et la généalogie de tous les gens que tu cites et tu t'aperçois assez vite qu'il note tout... dans sa tête.

Mais au moins, il répond en partie à tes questions :

"Ce qui m'amène à une des nombreuses questions que j'espérais vous poser, Vénérable." "Il m'a été rapporté qu'un hornois aurait été adopté par les indigènes, il y a quelques années." "je ne sais pas grand chose, principalement qu'il aurait été amnésique, que les locaux l'appelaient "Ron Nehril", et que Lashdan, le "roi" des rebelles symboliquement morts, l'aurait tué en duel après avoir été son élève." "En aviez vous entendu parler?"

"Il y a beaucoup de zones d'ombre dans la chronique de l'Invincible Maître des Batailles, Oroumghar aux Créneaux de Justice, fils de l'Invulnérable Protecteur Varhadarn sur le Pont Étoilé et de la Resplendissante Matrice des Sublimes, Aelnandrahl au Balcon Tutélaire. Il né au Sanctuaire en 1169...

Et là suivent la liste de ses résultats aux différentes épreuves qui ont balisé sa formation de Lame d'Airain (il a l'air d'avoir été très bon, mais c'est dur à dire parce que ton papa te donnait pas tes scores), le détail du combat contre un héroïque Protecteur du temps jadis qui l'a titularisé [3] (ouais là, il était très très fort) et de ses premiers exploits guerriers durant la fin de la guerre de Horne.

Alors que le Sanctuaire était assiégé, Oroumghar s'est vu confié la sainte mission d'aller reprendre aux impies un puissant appareil exhumé des ruines de la Citadelle Boréale (que tu sais toujours pas où c'était, mais qui était apparemment déjà tombée depuis plusieurs siècles suite à un cataclysme) et, avec une poignée de glorieux compagnons, a traversée les lignes ennemies et rempli sa mission... pour découvrir à son retour (6 ans plus tard et seul, mais victorieux) que le Sanctuaire était tombé. Pour la première fois livré à lui-même, Oroumghar s'est mis en quête du dernier roi de Horne, le Sublime Agramamnohr (grand-père de l'Immortel Jhardogrohn) qui avait survécu et était parti chercher refuge dans une cité première abandonnée... où il n'arriva jamais.

À force de recherche, il retrouve finalement Jhardogrohn en 1226 (il y a donc 19 ans) qui s'employait alors comme mercenaire auprès de Berinor de Salviane avec une poignée de Hotars. Ils participent tous deux à la défense de Mont-Griffon, comptent parmi les rares survivants et travaillent ensuite ensemble à fonder un "bastion" où mettre à l'abri les débris de Sanctuaire que l'Immortel avait pu rassembler (dont, apparemment, quelques appareils et le Souvenant Lohndralfar). Déjà à l'époque, l'Invincible partait souvent en de longues expéditions à travers tout le Pays des vents et le nord de l'Empire, dont il revenait avec des pièce de l'Héritage mais des récits malheureusement succincts.

C'est apparemment en 1233 (il y a donc 12 ans) que, alors en quête d'une "cité perdue sous la montagne" qui pourrait bien être la même que la tienne, Oroumghar se retrouve à participer à la Bataille des Collines Jumelles, personne n'a jamais bien su pourquoi (cette bataille, Dharomjarn en a déjà entendu parler, c'est la première bataille rangée entre Kormes et troupes impériales, ça s'est passé pas très loin de Celanire et ça a été un putain de massacre). Durant la bataille, apparemment possédé par -au choix- un démon sanguinaire ou un avatar de l’Éternel Gardien, Herem aux Champs de Gloire Sanglante (loué soit son nom) : il taille en pièces un paquet de types sans trop se soucier du camp auxquels ils appartiennent, les Kormes sont nombreux à se jeter contre lui et l'un d'eux (on sait pas bien qui, c'est le problème des Kormes : ils sont pas reconnaissables, ça complique affreusement le travail du pauvre Lohndralfar) fini par l'abattre d'un grand coup de hache dans la tête. Mais il n'était pas vraiment mort...

Quelques temps plus tard, on sait qu'il réapparaît au pied des Monts d'Azur, blessé et amnésique, alors que le chaman emishen Kal Lerken tenait une sorte de congrès avec des novices de différents clans : il est recueilli et soigné, Kal Lerken plaide (avec l'aide d'une jeune novice nommée "Partie sans rien dire", semble-t-il : Nasheda Liman) pour que son amnésie lui vaille l'amnistie et après différentes épreuves expiatoires, il est adopté par le clan des Elloran sous le nom de Ron Nerhil ("Longue Épée")... et ça devient encore plus flou.

On sait qu'il va vivre quelques années dans la région, qu'il épouse Nasheda Liman (qui doit alors avoir moins de 20 ans et lui un peu plus de 65), certains indices semblent indiquer qu'il retrouve en partie la mémoire, se joint aux Kormes après la mort de Kal Lerken (Lohndralfar la situe à l'hiver 1236) et participe au grand raid contre Orbrune (mais on ne sait pas pourquoi non plus).

Il rend plusieurs visites "houleuses" au Bastion durant cette période (été et hiver 1237, automne 1238), consulte le Séculaire Maître des Sagesse Elanghnatar alors à l'agonie, l'Implacable Okrathoran le provoque en duel (et se prend la volée de sa vie) en 1238, l'Immortel Jhardogrohn le bannit pour avoir tenté d'accéder à la Chambre des Mémoires sans autorisation et il meurt quelques semaines plus tard dans des circonstances nébuleuses, peut-être bien aux mains de Lashdan..

De là, si tu veux en savoir plus, c'est à tes amis Venteux (ou à Lashdan) qu'il faudra t'adresser...


"Dois je comprendre que le statut de l’Immortel Maître des Batailles ne doit pas être mentionné à l'extérieur du Bastion ?"

Arrivé en haut d'un escalier à vis (aïe le genou), alors qu'il t'ouvrait la haute porte au linteau triangulaire donnant sur une espèce de petit salon (des chaises à dossier très haut, des tables basses, des livres...) qu'un rideau diaphane peut couper en deux (tu supposes que ça permet aux serviteurs d'aller et venir sans contempler le visage des nobles), Lohndralfar reste un instant interdit. Au ton de sa voix sous son large masque, il te semble que ta question le trouble un peu : "Aucune des affaires du bastion ne saurait concerner les shonvarh !"

Il t'ouvre ensuite une porte moins haute, mais tout aussi étroite, donnant sur une cellule de peut-être 5m² possédant une sorte de meurtrière vitrée (?), une espèce de tabouret, un lit-armoire (dont il t'entr'ouvre les rangements, difficiles à distinguer des panneaux strictement décoratifs vus qu'ils sont tous carrés avec les coins biseautés), un lutrin et une espèce de haut braséro/lampe à huile/samovar doté de patères.


"Qui est Urgrand ? Comment le tuer?"

"Nous ne connaissons pas la véritable identité du Parjure Urgrand, mais nous connaissons son héritage... Lorsque les premiers ont conquis la terre depuis Athepaden (la cité où le soleil se lève), révéré soit son nom ("Révéré soit son nom !" as-tu le réflexe d'ajouter), ce sont les esprits sauvages qui leur résistèrent le plus. Si nombre d'entre eux se soumirent finalement ou furent détruits, les esprits lupins n'acceptèrent jamais la domination des Aînés : boutés hors des terres des hommes [4] et privés de leurs adorateurs hommes-fauves [5], ils furent condamnés à une éternelle famine. De ceux-là, le Loup Efflanqué -que les occidentaux appellent "chacal"- est resté en arrière, rôdant aux abords des villes pour trouver sa pitance, attaquant les faibles et les isolés, employant mille ruses pour se venger des hommes... Et s'allia aux sorciers terenides. Parmi ses adorateurs impies, il choisit toujours un "vaisseau", un avatar humain qui lui permet de voir le monde au ras des hommes. Jhunwolk était l'un d'entre eux, Urgrand est l'actuel. L'Implacable Okrathoran l'a rencontré dans les Sylves alors qu'il n'était qu'Inflexible, et en a conservé diverses cicatrices..."

"Herle de Lorune possède une épée d'airain, qui a dispersé les ombres armées par le sorcier sylvain avec facilité, il m'a dit la tenir de sa famille, qui la détiens depuis toujours." "Je lui ai confié la tâche de détruire le matériel du sorcier sylvain, dont les Fenrhis exigeaient la remise. Puis je lui faire confiance pour mener cette tâche à bien ?".

"Nous ne savons pas grand-chose des chevaliers de Harden, bannerets des comtes de Rordame, féaux des ducs de Lorune." (Mais déjà, il connaît la généalogie de Herle, lui) "Les barons de Garde-Lunes, auxquels les Harden de Rordame sont liés par mariage et alliance depuis des siècles, ont jadis tirés de la Citadelle Boréale des armes et instruments utiles contre les démonologues et autres Parjures [6]. Quoique leur propriété soit plus que contestable, ils en ont reconnu l'importance et une sorte de tradition familiale est née autour de la lutte contre les menaces démoniaques. Votre compagnon, Herle de Harden de Lorune, semble effectivement être en possession d'une de ces armes mais de là à faire confiance à un shonvarh... Le Puissant Gardien doit parfois s'en remettre à sa seule sagesse."


"Voyez vous une raison pour laquelle un si haut personnage de l'église prête une telle attention à TalEndhil, dans un contexte aussi troublé?"

"Je ne saurais dire pourquoi le Primat Aristame de Gorme s'intéresse à votre avant-poste : peut-être a-t-il quelque intérêt particulier pour la frontière septentrionale de l'Empire de Rem, peut-être est-il assez lucide pour constater que nombre d'événements étranges s'y manifestent et que bien des enjeux importants s'y cristallisent... Ou peut-être veut-il simplement rencontrer le héros-mercenaire qui a tenu tête à Lashdan."

Le temps que tu t'assoies sur le lit-armoire pour soulager ton genou douloureux, Lonhdralfar sort de la cellule et revient accompagné d'un serviteur "aveugle" portant une sorte de caisse ouvragée. Dans les bras du Souvenant, un petit coffret plat surmonte une pile de vêtements sombres.

"Vos habits d'intérieur, Puissant Gardien", annonce-t-il en posant son paquet sur le tabouret et son encombrant masque sur le lutrin. Sur ce, il t'aide à défaire ton armure et, tirant onguents et compresses du coffre que le serviteur a posé à ses côtés, Lohndralfar entreprend de panser brièvement tes blessures les plus récentes, bandant fermement le genou gauche (tu récupères 2 pions de Blessure). "Je vous prie de m'excuser, Inflexible, mais je ne saurais guère faire plus et la Florissante Kahandeol est actuellement auprès de la Resplendissante Matrice des Subline, Hesherhamrad au Bassin de Fertilité. La prière soignera le reste." Ton papa aussi disait ça tout le temps et, franchement, ça ne vaut pas les potions de Vighnu...

Après une hésitation, il déploie les vêtements : un large pantalon noir aux coutures brodées d'argent, une longue tunique assortie, un surcot sans manche mais doté d'une capuche et largement brodé d'or et d'argent, ainsi qu'une ceinture de cuir noir et ciselé qui devrait te couvrir tout l'abdomen.

"Cette tenue appartient à l'Invincible Maître des Batailles, Garhodmarkar au Rempart du Levant mais... je doute qu'il s'en offusque. Et nous n'avons malheureusement pas de quoi vêtir une nouvelle Lame d'Airain. Mais en attendant que vous soyez officiellement intégré au bastion..." Et, rouge de confusion, il ouvre le coffret plat pour en sortir un masque d'acier aux traits extrêmement neutres, un peu brouillés par une usure évidente et des réparations médiocres. Rien qu'en le voyant, tu sens qu'il va te faire mal au nez.

"La trompe annoncera la messe dans un peu moins d'une heure", conclut Lohndralfar avant de disparaître avec son serviteur et son coffre de médecine. Car s'il en effet bientôt l'heure de la prière vespérale, tu réalises alors que, de toute ta vie, tu n'as jamais assisté à une messe dans un vrai sanctuaire : mieux vaut espérer que l'étiquette ressemble au peu de liturgie que tu connais... ou te creuser la tête. :)

  1. Le Meujeu, louées soient ses histoires, a laissé le joueur décrire la mort du vénéré papa du protagoniste, sous réserve qu'elle ait un zeste de honteux / pathétique. Le récit est resté, à ce jour, schématique, mais il sera peut être mieux rédigé un jour
  2. Le reste des Aventures du Protagoniste n'a pas été re-rédigé, mais vous pouvez, amis lecteurs, lire les comptes rendus dans ce merveilleux wiki. Notons que le siège et la bataille de Tal Endil ont été joués en 2010. La visite au Bastion s'est jouée en 2013 par courriel, mais la mise en wiki du présent chapitre n'a été faite qu'en janvier 2021 : TalEndil, une histoire qui dure dans le temps ! :)
  3. Un "héroïque protecteur", c'est un Protecteur (commandant de place-forte, supérieur au Défenseur) qui s'avère en plus être héroïque.
  4. d'après ce que tu as vu, des loups, il en reste quand-même et pas qu'un peu, hein...
  5. là encore, si on va dans les Sylves, c'est très relatif...
  6. ça a l'air d'être le terme générique hornois pour "sorcier"

L'OFFICE VESPERAL

Après s'être beaucoup creusé la tête, Dharomjarn n'a eu le temps de faire qu'une trop brève sieste (récupérant 4 pions de Fatigue) lorsque l'on frappe à la porte de sa chambre : "Inflexible Gardien, Dharomjarn au Perron de la Gloire ? demande une voix féminine. L'office va bientôt commencer, j'apporte de quoi vous purifier..."

Dès que tu grommelles un acquiescement, une servante "aveugle" entre dans la pièce en portant une bassine, des linges et une jarre d'eau parfumée qu'elle pose sur l'espèce de braséro/samovar après en avoir ôté la théière.

Elle la récupère d'ailleurs en sortant et te laisse à tes ablutions, sans ajouter un mot de plus.

Ta toilette faîte, tu constates que si les vêtements sont plus ou moins à ta taille, leur qualité tranche avec celle de tes bottes (puisqu'on ne t'as pas fourni de souliers) et que le masque, malgré une sorte de doublure intérieure en vélin, s'avère moins que confortable. Tu en étais à te battre avec les cordons quand un coup de trompe résonne à l'extérieur : il faudra que ça aille jusqu'à l'octogramme. Tu rabats la capuche et sors dans le petit salon qu'une petite silhouette voûtée, surmontée d'un grand masque, quittait justement à pas mesurés. Elle s'arrête, s'appuie au montant de pierre de la porte vers le couloir et se retourne pour s'incliner respectueusement mais en tremblant un peu. Puis, d'une voix masculine éraillée sous le masque trop lourd : "Salutation, Inflexible Dharojarn. Je suis le Séculaire... Maîtres des Rouages [1]... Derogophram aux Forges Rutilantes... Pardonnez-moi de vous importuner mais... pourriez-vous me prêter le bras dans l'escalier ? Je ne voudrais pas me... me faire attendre à l'office vespéral..."

Et parce que je sens venir la question : Énergie 4, Tension 5, Fatigue 1 (3+2-4), Blessure 5. T'es pas beaucoup plus en forme que pépé Derogophram, en fait.


Le premier escalier (en colimaçon tout neuf) est un peu laborieux pour vous deux et les membres des castes "honorables" s'entassent sagement derrière vous : d'après les vêtements on dirait au moins un artisan, une espèce de lettrée, des serviteurs (plus aucun n'est "aveugle"), deux hotars...Aucun ne fait d'autre commentaire que de proposer humblement leur aide, que le vieillard refuse poliment en faisant remarquer qu'il a déjà "un appui inflexible" (ça n'amuse que lui).


Tu déduis au passage que le Khorobrahid [2] et toi occupez une sorte d'appartement "noble" dans un étage autrement réservé à la caste "honorable" (mais épargner plus d'escalier au vieux, ce n'est sans doute pas une erreur et les autres cellules doivent être dédiés aux "nobles visiteurs"). Tout en clopinant de marche en marche, le Séculaire Derogophram t'explique qu'il a eu l'honneur de connaître ton père, qui était alors un "jeune mordrarhid bien vaillant, quoiqu'un peu sanguin...". Il est bien content d'ailleurs que tu sois réapparu car les nobles sont aujourd'hui si peu nombreux : "Il nous faut continuer, pourtant... Je suis bien aise de savoir... que la Sainte Veille se poursuivra encore après mon départ."


Pendant que les "honorables" vous doublent en s'excusant, un hotar vous précède pour ouvrir les différentes portes qu'un second boucle derrière vous, au fur et à mesure que le "donjon" se vide de ses occupants. Au rythme laborieux du vieux, vous débouchez enfin à l'air libre et progressez le long d'un rempart couvert : par les archères à ta gauche tu peux voir les toits des maisons et à ta droite la cour centrale de l'autre (tu dois passer un ou deux niveaux au-dessus des galeries), où le large portail d'acier est grand ouvert dans le flanc du bâtiment qui forme toute l'aile "sud". Toute une foule s'y masse, les robes brunes des serviteurs laissant fréquemment le passage aux "honorables" vêtus de gris et de beige qui s'écartent eux-mêmes pour les nobles drapés de blanc, de noir et d'argent. Si l'ordre d'arrivée crée une sorte d'embouteillage de politesse en ne correspondant guère à la préséance, pour le Talendan que tu es devenu, toute ce petit monde se presse curieusement dans un murmure discret et un ordre respectueux, comme si le rang de chacun et son tour d'avancer étaient parfaitement naturels. Si des lumières ont été allumées aux fenêtres du donjon, tu commences à supputer que l'aile nord est maintenant complètement vide. Il ne semble même pas rester de sentinelles aux créneaux...


Maintenant que tu peux vraiment l'observer, le "temple" s'avère moins large mais sans conteste plus haut que le château dont tu sors : la maçonnerie témoigne qu'un large corps de logis (peut-être bien une caserne, si le "donjon" était effectivement la "prison") a été rehaussé de plusieurs étages au-dessus du chemin de ronde antérieur, pour former une sorte d'énorme tour à facettes, presque crantées, où s'ouvrent de hautes fenêtres à vitraux. Et tu devines que si l'on ne doit guère la distinguer depuis les rues voisines, trop étroites, bouchées d’encorbellements et surplombées par les créneaux qui cernent le Bastion, la moitié supérieure de cette tour, vue du dessus, a la forme d'un énorme octogramme, récemment élevé en plein milieu d'Aroche et visible seulement depuis les hauts-quartiers.

Quelques personnes vous doublent encore sur le chemin de ronde et le hotar qui vous devançait est parti au-delà des reflets qui rougeoient sur le battant d'acier, enfoncé dans la poterne qui boute le rempart. En bas, les honorables sont déjà presque tous entrés et les serviteurs commencent à leur tour à disparaître par le grand portail. "Ne vous inquiétez pas, Inflexible, chevrote le Séculaire en te tapotant l'avant-bras : ils ne commenceront pas sans nous..."


Et lorsque, enfin, tu franchis la poterne au bras de Derogophram, le soleil couchant qui embrasait l'extérieur fait place à une pénombre presque bleutée, où ne percent que quelques cierges dans ce qui te semble une immense grotte verticale. De la haute mezzanine où vous venez d'arriver, on surplombe en effet un vaste parterre où les fidèles prennent place dans un amphithéâtre anguleux découpé en parts rectangulaires par des allées bordées de cierges qui descendent vers les premiers rangs, bien plus courts mais mieux éclairés, où s'alignent déjà les quelques nobles. Quinze ou vingt mètres plus bas, tu y distingues d'ailleurs deux larges masques de Souvenants, la puissante carrure d'Okrathoran et de deux inconnus inclinés sous leurs capuches, une poignée de silhouettes voilées jusqu'aux pieds qui s'agitent autour d'une autre, plus haute, aux reflets dorés... Mais pas de Régent en vue.


"À vos places !" ordonne le vieillard en lâchant ton bras, et plusieurs jeunes gens en aubes grises s'élancent alors vers le tunnel sombre, encombré de chaînes et de poulies, qui s'enfonce vers votre gauche depuis la mezzanine, alors que l'on verrouille la poterne derrière toi à l'aide d'un curieux mécanisme à 4 bras.

"Puissant Gardien ?" t’interpelle à voix basse un hotar (toujours en armes) qui descendait déjà par un étroit escalier ajouré, levant sa lanterne pour que tu puisses distinguer les degrés de bois courant le long de la muraille. Alors que tu descends aussi vite que ton genou le permet (äie-heu !) à la suite de l'homme d'armes qui s'esquive bientôt en t'indiquant du doigt les silhouettes noires au premier rang, des chuintements et des grincements semblent se répondre dans les cintres au-dessus de toi et, dans l’amphithéâtre, les murmures se dispersent peu à peu. Contournant un gradin plein d'hommes en livrée noir et ocre (il te faut un instant pour réaliser que ce sont des hotars "en tenue de cérémonie" : pas d'arme, pas d'armure), tu rejoins en boitant le banc de pierre où le Défenseur t'invite d'un geste impérieux, baissant bientôt la tête pour ôter le masque qu'il avait gardé pour jeter de fréquents coups d’œil courroucé vers les portes. Juste derrière Okrathoran, au delà du passage étroit qui sépare les nobles de honorables et te permet de rejoindre ta place alors que le silence se fait sur l'assemblée, Ahroanfar le Bâtard t'adresse sans vraiment te regarder un discret signe de la main que tu as vu mille fois dans l'Armée du Nord : "Pas la peine de courir."


De sous la capuche du Défenseur, un doigt impératif sur sa moustache renfrognée te rappelle d'enlever ton masque, ce qui se révèle moins qu'évident sans retirer ton propre capuchon : autant il te donnait l'impression de glisser à chaque pas quand tu te dépêchais, autant les cordons semblent maintenant te résister. Okrathoran te jette un regard glacial et, par-dessus lui, un autre Mordrarhid relève brièvement le nez pour te jeter un bref regard de commisération avant de murmurer "Peut-être auriez-vous du épargner ses jambes..." Finalement, tu parviens à retirer cette saloperie sans jurer audiblement et tu remarques enfin les contours obscurs d'une sorte de piédestal qui s'élève au centre de l'octogramme. C'est très indistinct mais, au rares reflets disponibles, on dirait bien qu'un énorme pilier métallique se dresse vers le sommet de la tour... Pendant quelques minutes, un silence profond tombe sur les gradins obscurs, même les gémissements de la mécanique se sont tus.


Un cierge s'est éteint et, l'une après l'autre, toutes les lumières s'évanouissent, plongeant bientôt le temple dans une obscurité et un silence complet. Après quelques instants sans qu'un murmure n'anime les ténèbres, une voix puissante retentit:
"Prions, car du fond des ténèbres nous parvient la lumière du Père Éternel des Sublimes, Herem au Firmament du Monde, loué soit son nom !
_LOUÉ SOIT SON NOM !"

Un bruissement des cintres, un silence et une petite lueur orangée naît dans les hauteurs de la salle, bientôt rejointe par des éclats rouges et or qui se multiplient et s'étalent à travers tout le temple, révélant d'abord les énormes mains rougeoyantes, puis les larges bras carapaçonnés, le vaste plastron bombé et l'immense heaume couronné de pointes d'une énorme statue de métal qui s'élève plus haut que les galeries où chuintent la machinerie. Alors que le soleil couchant se déverse par les hauts vitraux soudain dévoilés, reflété par une myriade de jeux de miroirs pour dévoiler lentement la multitude des fidèles [3] et atteindre jusqu'aux derniers gradins occupés, tu reconnais avec effarement l'alliage qui flamboie comme s'il projetait des flammes à travers le temple, des bancs de marbre au bas du piédestal où se dressent les jambières colossales, à travers les angles complexes des solives et des poutres portant des lustres cristallins, jusqu'aux plus hautes voûtes du transept illuminé. Les rumeurs des cousins hornois avaient gravement sous-estimé la réalité : c'est une statue d'airain culminant à peut-être 20m de haut qui toise de toute sa masse les croyants prosternés.


C'est ... wow. ça a nettement plus de gueule que la petite prière au fond des bois avec 8 piquets moisis. Je note le nombre de nobles, les burkas (donc une éblouissante si j'ai bien compris), et la présence d'autres gardiens (deux autres?). Ahroanfar le Bâtard et sur le banc noble, ou juste derrière ?

Deux autres Gardiens (mais d'où sortent-ils ?!) oui, et Ahroanfar le Bâtard est juste derrière le rang noble.


À ses pieds, dans son armure articulée qui répercute la lumière au point d'éblouir les premiers rangs, l'Immortel Seigneur du Bastion s'agenouille à son tour. Et de sa voix puissante, il entonne les premières stances du Serment, repris en chœur d'abord par la dizaine de nobles dans un vibrant ensemble, faisant à eux seuls résonner tout le temple, puis par les honorables et les serviteurs qui poursuivent les noms du Seigneur et renforcent la clameur jusqu'à un volume assourdissant, les grands vitraux suspendu s'éclairant un à un à l'appel des croyants pour illustrer les 7 autres aspects du dieu : Premier Seigneur des Batailles [4], Suprême Protecteur des Nations, Infaillible Juge de la Foi, Impitoyable Fléau des Parjures, Ultime Gardien du Savoir, Architecte Souverain du Sanctuaire et Dernier Porte-Flambeau des Astres.


De toute sa vie Dharomjarn n'avait jamais rien ressenti d'aussi puissant, ni dans la prière, ni dans la tempête, ni dans le feu des batailles. À cet instant, une centaine de Hornois, embrasés d'un soleil impossible, résonnent d'une même prière qui semble remplir la ville, faire tinter les falaises et retentir par delà les fleuves et les montagnes, jusqu'à Bragone, jusqu'à Duriane... Jusqu'à Horne.

Lorsque, caste par caste, toute l'assistance a répété son serment à Herem et professé sa fidélité au Sanctuaire, alors que Jhardogrohn est toujours agenouillé sur l'estrade entourant la statue, Lohndralfar (sans quitter sa place) entonne le Souvenir, d'une voix que tu ne lui connaissais pas, plus ferme, mieux timbrée, résonnant clair sous les voûtes qui peu à peu, pendant que le soleil disparaît, se teintent de cramoisi et de pourpre. Quand il évoque l'un des tous derniers moments de la Chute, de nouveaux vitraux suspendus s'éclairent de violets crépusculaires pour faire apparaître les hautes tours de Horne et des scènes de combats sanglantes.

Après des années de siège et la Bataille des Degrés Célestes, lorsque le Roi Amragorham III admit que le prochain assaut submergerait leurs défenses il décida dans son infinie sagesse de tenter une percée pour permettre à une poignée d'Heremides -Souvenants, Machinistes, Épouses et quelques jeunes nobles- d'échapper à la destruction pour perpétuer l'Héritage.

Sous le portrait du roi masqué qui vire maintenant à l'indigo, Lohndralfar raconte, avec une foule de détails qui t'étaient inconnus, comment le dernier Régent demanda à cette petite centaine de fidèles de renoncer à périr avec lui. Il narre avec une émotion contenue les séparations tragiques et les sacrifices courageux, les derniers Régents confiant leurs enfants à la garde des Épargnés, le choix déchirant des quelques Gardiens qui renoncèrent à l'Ascension [5] pour leur faire escorte, les Maîtres donnant congé à leurs disciples et les Machinistes préparant l'effondrement de la dernière citadelle.

Il s'attarde particulièrement sur le serment que prirent chacun de ces "élus" de survivre pour perpétuer les traditions, sceller les refuges secrets et, un jour, restaurer la grandeur de Herem dans un nouveau sanctuaire.

Puis les Gardiens ouvrirent grand les herses et chargèrent à l'unisson pour ouvrir un passage à travers les Degrés Célestes, permettant aux épargnés d'atteindre une issue dissimulée et d'échapper à la destruction finale du Sanctuaire de Horne.

Quand le Souvenant termine son récit, le temple silencieux est nimbé de bleu, ne laissant qu'une lueur rougeâtre jouer sur la statue et l'Immortel Jhardogrohn à ses pieds. Le Seigneur du bastion se relève alors et se tourne vers l'assistance, masqué d'airain, pour répéter ce fameux "Serment du Retour", bientôt repris par toute la salle.

Alors commence "le Jugement" et, pendant quelques minutes, les fidèles s'absorbent dans un profond recueillement.


À quels péchés réfléchis Dharomjarn ?
Oula. Alors : Il n'a pas respecté tous les interdits de sa caste, il n'a pas été assez strict sur les prières, il a exposé son visage aux infidèles (même si purifications et tout) il s'est mélangé aux indignes ... et il a même parfois aimé ça.

Dernièrement, il estime avoir grandement merdé comme guerrier. Après le demi-échec de "tréfonds" (sorcier en vie, victoire pas très nette, un blessé grave à cause de son orgueil[6]). le presque échec de "viande froide" lui reste sur le bide.

-Il a laissé le commandement de ses troupes à une femme (qui a quand même merdé, le pauvre "Perdu" méritait pas d'être blessé comme un con, même si c'était un con d'un calibre étonnant. au moins c'était un homme qui vivait selon son idéal).

-Puis il a laissé le sorcier massacrer trois douzaines de pékins pour le plaisir pendant qu'il cherchait à surmonter son manque de préparation de l'assaut, puis laissé cette hystérique charger en premier au cœur du danger, et c'est a elle qu'il doit l'élimination du sorcier.

-Et ensuite, il a fallu qu'il se fasse aider pour éliminer le profanateur. Et encore confier l'arrière garde à cette foutue gonzesse (même si bon, elle ne s’en serait pas sortie s’il n'avait été là pour aider avec Herle, mais quand même)

-Et pendant ce temps, une femme, une venteuse, s'est montrée la plus compétente, versatile et utile de tous les guerriers présents (Maliam, toujours impeccable au combat, pas comme les autres ... pas comme lui).

Enfin il est loin de maitriser les connaissances qui devraient être les siennes en tant que lame d'airains (l'invocation demain matin, ça va être drôle).

Il serait catholique, il réciterait le confiteor ... ou chercherait un fouet ^^


Te bile pas : dans 6 heures il va pouvoir se scarifier pour expier (c'est bien foutu, hein ?).

Un bruit cristallin troue la pénombre bleue et le roi, toujours debout face à l'assistance sous la lueur rouge qui grandit peu à peu, parle :
"Le crépuscule est l'heure du Jugement. Nous pesons la rectitude de notre conduite et la fermeté de notre dévotion. Et si tant de rigueur est exigée de nous, c'est parce que notre pureté doit être la source de notre renaissance, la fondation du Sanctuaire que nous rebâtissons avec chaque créneau, chaque livre, chaque lame, chaque âme pure qui rejoint le Bastion.
L'Héritage n'est pas perdu, notre sang n'est pas souillé, notre dessein avance, notre lignée renaît.
Notre serment perdure !
_NOTRE SERMENT PERDURE !
_Au dehors, les Infidèles commencent une nouvelle guerre : les barbares tuent les barbares, les combats nettoient le monde. Pour sa descendance fidèle, le Seigneur des Batailles, Herem au Dôme Sanglant, défriche à nouveau la terre : loué soit son nom !

_LOUÉ SOIT SON NOM !
_Chaque année nous rapproche de la fin de l'exil, chaque jour finissant renforce nos remparts. Jusqu'à ce que notre ferveur irradie à nouveau le monde. Jusqu'à ce que le Crépuscule des Empires voit notre Jugement s'abattre sur les Impurs !
_LE JUGEMENT DES IMPURS !"

Alors là, mon cher, je dois te poser une question importante, que je te re-poserai une poignée de fois durant l'ensemble de la campagne et qui aura chaque fois tout un tas de conséquences techniques et narratives : est-ce que Dharomjarn adhère à l'idéologie des Heremides (oui ou non, pas de demi-mesure) ?


Ami lecteur, au delà de cette limite, ton ticket n'est plus valide. Si toute cette "quête" est techniquement secrète, on rentre maintenant dans la partie à ne lire que sur autorisation de notre bien aimé Meujeu (louées soient ses histoires), au risque de prendre connaissance de secrets... aux shonvrhom interdits !


le joueur mouline, mais fini par prendre position « pour »

MJ je note que Dharomjarn adhère à l'idéal hornois.Tu peux donc modifier ta réaction "Lois Sacrées" qui à cet instant passe à 6. :)

Mad (pas de couleur possible dans les spoiler ^^) Attends, loi sacrée à 6 ? Une réaction à 5 mets en danger tout un groupe, à 6 ça fais quoi ?

Une Réaction à 5, c'est un danger en général : ça peut être toi tout seul mais très fort, tous tes potes mais moins gravement, ça peut être plus ou moins immédiat, ça peut être vital, social... 6 c'est mettre tout le monde en péril, c'est à dire dans une position où vous risquez vraiment votre peau.


Après le Jugement, vient la Grâce d'Herem.

Dans l'octogramme à nouveau obscur, tous les fidèles s'inclinent, les deux mains serrées sur le cœur, et appellent à l'unisson, pour la première des 16 fois, la bénédiction d'Herem.

Alors que retentit le 4° appel, Dharomjarn manque d'être déconcentré par une petite braise qui semble percer les dalles entre ses pieds. À sa grande surprise, elle s'étire bientôt en un léger fil rougeâtre qui s'éteint en passant sous le banc de marbre. L'Inflexible Gardien se demande un instant si ce n'était pas une illusion née des effets de lumière précédents... lorsqu’une autre ligne s'allume et en rejoint une autre, née et aussitôt dissipée sous le genou d'Okrathoran qui, les yeux toujours fermés, entonne avec les autres le 5° appel.

Quoiqu'en gardant la tête baissée puisque toute l'assistance est encore prosternée, tu remarques bientôt d'autres fines traînées de feu qui scintillent entre les communiants qui ne semble pas les remarquer s'évanouir et réapparaître, chaque fois un peu plus nombreuses, un peu plus durables. Au 8° appel, Dharojarn commence à percevoir le réseau de veines rougeoyantes qui semble avoir gagné les gradins, partout où un Hornois est en prière, diffusant des lueurs semblables à un foyer couvant sous les dalles du temple.

Et lorsque la trame enfin complète se stabilise, tu remarques que les veines se réunissent depuis les rangs les plus extérieurs, s'assemblant en traînées de plus en plus larges jusqu'au quadrant des nobles, pulsant une lumière croissante qui illumine peu à peu d'orange les marches, les banquettes, les croyants et la statue du dieu. Ayant commencé en murmures, les appels se font toujours plus intenses, à la fois plus forts et vibrant d'une note plus basse. Les dalles se réchauffent sous tes genoux et il te semble même qu'un peu de vapeur monte lentement du sol.

Au 12° appel, le sol semble s'embraser et tu sens maintenant distinctement sa chaleur monter dans ton genou blessé, alors que le piédestal illuminé d'or projette des reflets brûlants sur l'immense statue, découpant avec une netteté grandissante la silhouette métallisée du Régent. Au 13° appel, le transept et les pointes acérées sur le heaume divin commencent à crépiter alors qu'un courant d'air chaud soulève légèrement les plis de tes vêtements de cérémonie. Au 14° appel, la trame entre les pierres projette maintenant les ombres déformées des prieurs vers les voûtes du temple, un halo de brasier semble animer la statue et le sol est pris d'une vibration sourde. Au 15° appel, le bourdonnement commence à faire teinter les mécanismes des cintres et les multiples voiles des resplendissantes volètent autour d'elles et les Hornois qui scandent maintenant à pleins poumons ne couvrent plus le grondement du temple.

Au 16° appel, des lueurs de flammes dansent jusque dans les orbites d'Herem et la vibration fait trembler les grands vitraux suspendus, devant toi Jhardogrohn hurle les dernières strophes, la lumière jaunie te fait mal aux yeux...

Et soudain une vague de chaleur irradie du piédestal, un picotement électrique monte par tes jambes, te hérisse la nuque, teinte à tes oreilles et tu manques de céder à l'impulsion de te redresser. Derrière toi tu entends de petits cris discrets, des bruissements et des soupirs en cascades alors que la température retombe et que les lueurs s'assombrissent et s'éteignent.

Quand l'Immortel Seigneur entonne la brève litanie de la Reconnaissance, tu t'aperçois que tu te sens mieux que tu ne l'avais été depuis des semaines.

MJTu as récupéré tous tes points de Fatigue.

MADC'est sur que comme ça, il est bien efficace le mystère de la foi...


Ce n'est que lorsque l'on rallume les lumières et que chacun se redresse que Dharomjarn constate que les "honorables" semblent se relever avec moins d'aisance et que, dans les gradins du fond, quelques serviteurs se sont mêmes évanouis...

MAD Ha. Transfert d'énergie ... Toujours aussi sympa les hornois ...

MJ Ils sont un peu communistes en fait. "A chacun selon ses besoins, de chacun selon son capacités a se faire botter le cul".
  1. un titre dont tu n'avais jamais entendu parler mais qui semble s'expliquer de lui-même... et oui, il y a des chances que « séculaire » soit à prendre au sens littéral
  2. Ce n'est pas tout à fait la même caste que les souvenants même s'ils semblent porter le même genre de tenues. Si, en dehors des "Régents du Sanctuaire", les trois autres castes nobles sont à peu près de rangs équivalents, en tant que Lame d'Airain, Dharomjarn est quand-même en train de donner le bras à un "subordonné" : personne ne semble s'en offusquer (et puis qui lui ferait des remarques ?), mais le Souvenant Lohndralfar, lui, se faisait aider par des hotars "inférieurs", c'est déjà plus protocolaire.
  3. licence poétique : si les lumières s'arrêtent aux derniers dévots, seulement une fraction des gradins est effectivement occupée par la petite centaine de présents. À vue de nez, on pourrait faire tenir toute la population de Tal Endhil dans ce temple !
  4. Incidemment, le seul nom que lui reconnaissent ces mécréants de Remans
  5. parce que si tu meurs en défendant le Sanctuaire, tu files direct rejoindre Herem parmi les étoiles. Le choix était donc : tu meurs en héros pour protéger les autres et tu vas au paradis, on tu pars vers l'inconnu en espérant sauver les meubles
  6. Pendant le duel judiciaire en équipe contre les méchants Arkonnelkan, après avoir expédié son adversaire, Dharomjarn a préféré s'attaquer à Shidalon Ker, qui était en train de gagner contre Vighnu Pratesh, pourtant aidé de Nevel_Sholdanan, plutôt qu'aller aider Hem'Lelnis et Oleytan_"le_Furet" d'abord (dans ce combat de brutes épaisses, Hem'lelnis protégeait le furet, pas du tout au niveau de ses adversaires). Hem'Lelnis a été blessé avant que Vighnu et Nevel n'arrivent à sa rescousse, et, à postériori, le hornois s'en est beaucoup voulu... d'autant plus qu'il ne serait pas venu à bout de 'Ker tout seul

BANQUET

Dharomjarn quitta le temple parmi les premiers, puisque à son tour après le Régent, son épouse, les deux autres Gardiens (dont l'inconnu) et les Resplendissantes, Lohndralfar et l'autre Souvenant ayant rapidement disparu dans les cintres, sans doute pour inspecter la machinerie avec le Séculaire Maître des Rouages.

À la fois rasséréné, presque enchanté de respirer l'air vif du crépuscule régnant dans la cour et encore un peu sous le choc de tes découvertes, tu t'attardais auprès de la fontaine octogonale alors que, déjà, les Hotars regagnaient leurs postes aux créneaux (un bref compte confirma que plusieurs d'entre eux avaient du effectivement passer la messe sur les remparts) et que chacun retournait à ses occupations à la lueur des flambeaux allumés tout autour de la cour.

"C'est impressionnant, n'est-ce pas Inflexible Dharomjarn ?" La voix, amicale, appartient au métis aux yeux clairs. "Salutations, je suis le Lieutenant Ahroanfar, le Bâtard et la Honte de mon révéré père, l'Implacable Défenseur du Bastion, Okrathoran au rempart du Sanctuaire" arrive-t-il à prononcer sans cesser de sourire. "Il semble que dès demain je doive être sous vos ordres..."

Pour clarification : je porte donc mon masque, et lui est face nue ? En effet, très impressionnant ... Lieutenant Ahroanfar?" "Vous avez servi longtemps dans l'armée du nord?"

Tu portes ton masque et lui porte (désormais) un casque qui ne lui masque pas complètement le visage, oui : c'est un Hotar (et même un officier Hotar, son grade n'a pas de valeur chez les Impériaux), mais pas un noble. Arhoanfar te semble avoir grossièrement ton âge, sans qu'il te soit possible de dire s'il est un peu plus vieux mais moins "marqué" ou un peu plus jeune est déjà endurci.

"J'ai passé mes 3 premières années de Veille [1] avec mon révéré père, parmi les éclaireurs de Morgis le Bouquetin [2], l'année suivante dans les troupes de Romald de Corelghil et les 3 dernières auprès du Prévôt Larmond.

Je ne voudrais pas être... irrespectueux mais... avez-vous choisi une bête pour le Sacrifice ?"

"Si je puis me permettre, il me semble que vous en auriez besoin... Voudriez-vous m'accompagner ? Je pense que nous avons quelques minutes avant le banquet."

Arhoanfar te précède vers l'unique porte percée dans la muraille du donjon, face à celle du temple mais autrement plus étroite : dès que la sentinelle vous ouvre le battant, l'odeur d'étable te percute les narines.

Dans la longue salle pavée et soutenue par des piliers de pierres taillées, à peine plus hauts qu'un cavalier mais plus large que toi, les lampes à huile trop espacées éclairent chichement six ou huit chevaux de monte, des rangées de selles et de harnais au cuir luisant, des mangeoires à moitié pleines de paille, de longs abreuvoirs en planches, un petit enclos enfermant une douzaine de brebis, deux veaux attachés à un anneau d'acier et un énorme bœuf dont les cornes rognées raclent le bas d'une voûte de pierre lorsqu'il tourne la tête pour regarder l'arrivée des deux bipèdes rutilants.

"Erkrahral ?" appelle le Bâtard d'une voix qui résonne dans toute la salle.

En réponse, une servante aux yeux plissés et aux hanches de pouliches, couverte d'un tablier maculé de boue et de crottin émerge de derrière un renfoncement, un lourd seau d'eau au bras : "Sire Lieutenant ?"

Te découvrant alors, elle s'incline très bas, son bonnet de grosse laine rejoignant presque sa ceinture de corde quand le seau cogne sur les dalles : "Puissant Gardien... ?

_L'Inflexible Gardien, Dharomjarn au Perron de la Gloire, doit choisir un animal sacrificiel. Que te reste-t-il ? »

_Deux brebis, Sire Lieutenant, et le plus jeune veau. »

_Le bœuf est destiné à l'offrande de notre Immortel Seigneur pour demain soir [3]", te glisse Aroahnfar en surprenant ton regard vers l'animal confiné dans la salle basse. Il lâche un soupir en considérant les brebis qui chevrotent et demande : "Toujours 12 deniers pour une brebis et 18 pour un veau, Servante ?

_Toujours, oui, Messeigneurs [4]. Mais les prix vont sans doute encore monter : tout augmente avec la guerre et les shonvrhom profitent déjà largement de notre isolement.

_Évidemment... Inflexible, que voudriez-vous offrir au Père Éternel ?"

Et surtout, tu te souviens de ce qu'il te reste de thune depuis que tu as payé le taillandier ?

Alors, selon mes notes, il me reste 3 lunes (sur la petite vingtaine que j'ai apporté à Arroche). Donc 30 deniers (merci le wiki). Si demain est un grand jour, il faudra que je prévoie quelque chose de spécial ... mais je ne serai plus au Bastion. J'ai "beaucoup" à me faire pardonner, mais sur mon échelle de valeurs, je ne sais pas si ça rejoint le veau que papa avait sacrifié parce que j'avais oublié de purifier la pierre avant d'aiguiser ma lame ...

Te voyant hésiter, et la servante prenant un air de plus en plus gêné dans le silence qui dure (et pendant lequel tu réalises que si tu as examiné ta conscience juste avant c'est notamment pour fixer ton offrande), Aroahnfar considère tes bottes astiquées mais usées, l'escarcelle mitée à ta ceinture, soupèse un instant sa propre bourse d'un air maussade et fini par intervenir sur un ton déférent :

_"Inflexible Gardien, me feriez-vous l'honneur de bien vouloir... partager une offrande avec moi ? Je comptais moi-même sacrifier un... veau... demain soir, mais comme nous aurons alors tous deux pris la mer... pour des Terres Impures... qu'il est trop tard pour envoyer la servante vers la Place des Dîmes... et qu'il serait impensable que je vous prive d'une bête de choix... Vous me feriez une grande faveur en m'aidant à soulager mon âme avant ce dangereux voyage..."

Les thunes c'est 1 soleil = 10 lunes, 1 lune = 10 deniers et, si tu veux de la menue monnaie, 1 denier = 8 "pointes".

D. rougirais carrément sous son casque si il en était capable. Il hoche la tête en approbation, et tire trois demi lunes de sa bourse. Bon, faut que j'arrête de faire de la merde, ici et irl : les demi lunes ça n'existe pas, désolé (enfin, si, D. a inventé ça la semaine dernière, mais y'en as eu que deux et elles sont plus en sa possession). Il sort donc une douzaine de deniers. La moitié de 18 deniers, c'est 9 (ou carrément une lune si tu es d'humeur). ;)

Et comme de sous ton casque d'airain tu commences néanmoins à comprendre certains usages du Bastion, tu réalises que soit le Bâtard a effectivement beaucoup à se faire pardonner [5], soit il vient de te faire une énorme fleur en t'offrant non seulement la réponse à tes hésitations (ce qui impliquerait que l'offrande dépendent d'avantage du statut social que de tes péchés réels) mais de se saigner lui-même pour te donner l'occasion de t'en tirer moitié moins cher, tout en laissant croire à la brave femme que tu es magnanime et généreux.

Ton demi-veau acheté (tu vois au passage que le Bâtard est sans doute moins riche que toi et tu commences à te demander combien c'est effectivement payé, un Hotar, puisqu'il est évident que le Bastion prend sa part) et la servante vous ayant expliqué qu'il vous sera livré au temple pour le Sacrifice, Arhoanfar te guide vers la salle d'honneur du donjon où une 15aine de serviteurs et autant d'esclaves ("habillées" d'une légère tunique) s'activent pour dresser une immense tablée en forme de U, ouvert du côté de l'escalier descendant vers la galerie extérieure.


Au fond, proche du trône inoccupé, l'Implacable Défenseur du Bastion (reconnaissable à sa carrure plus large que haute plus qu'aux broderies complexes qui ornent ses vêtements de cérémonie) se tenait prêt d'un pilier avec le Mordrahrim encore inconnu.

"C'est notre septième ?" demandera l'Intrépide Étendard du Bastion, Beneordrohm sur la Route de la Foi [6], après que tu lui aies été présenté, s'attirant un rappel à l'ordre de l'Implacable Défenseur.

Une fois séparés des castes inférieures par un rideau, alors que les serviteurs "aveugles" assurent le service avec une dextérité confondante, chacun prend place par ordre de rang, les 3 Gardiens, les 2 Souvenants et le vieux Machiniste à droite du Régent, les femmes à gauche : on te présente les Resplendissantes Hesherhamrad (épouse de l'Immortel Seigneur qui semble encore rayonner d'une étrange lueur sous les voiles diaphanes qui masquent sa silhouette) et Almenahael (l'épouse d'Okrathoran, qui vivait apparemment à Duriane jusqu'à l'année dernière et ne brille pas particulièrement), ainsi que la jeune Florissante Kahandeol, dont les voiles beaucoup plus légers indiquent qu'elle est encore vierge (on devine carrément ses yeux et vaguement ses épaules), ce qui semble beaucoup troubler l'Étendard Beneordrohm assis en face d'elle.

Dharomjarn découvre en lui un jeune homme (plus jeune que toi !) plutôt enjoué, très impressionné par ton "épreuve" contre Okrathoran, à laquelle il a assisté depuis une des fenêtres du donjon (lui-même raconte en riant avoir tenu bien moins longtemps et laissé plusieurs dents sur la margelle de la fontaine : étrangement, ça ne se voit pas du tout). C'est surtout un fils du Bastion des Sylves (!) récemment arrivé dans les Marches du Nord.

Tu réalises assez vite que, entre les contraintes du service, le temps de parole occupé par le protocole et les formules rituelles ainsi que l'apparente interdiction (?) de parler des sujets guerriers en présence des femmes, les discussions à table sont assez limitées.

On te fait un peu raconter ta jeunesse et tes récentes aventures, Lohndralfar se montrant toujours aussi friand de détails factuels, son "collègue" raconte la naissance du Dernier Régent à la demande de la Matrice des Sublimes et, en gros, tu n'as l'occasion de poser que deux questions à tout ce petit monde : qu'est-ce que ce sera ?


L'histoire de Beneordrohm m’intéresse. Il vient des sylves, comme Dharomjarn? On y avait croisé des hornois ?

Beneordrohm est le fils de l'Implacable Protecteur du Bastion Sylvestre, Bhatralorgrom aux Créneaux de la Foi. Pendant qu'il t'explique modestement que c'est en gros une ferme fortifiée en territoire sylvain, dirigée par sa maman (qui est une... Florissante !) et son papa "indisposé", ne comptant qu'un vieux Souvenant de la Citadelle Boréale et une dizaine de Hotars, tu sens bien qu'il surveille très fort ce qu'il dit pour ne pas verser dans le "stratégico-guerrier inconvenant au dîner". Ça te permet en tous cas d'apprendre que l'endroit n'a été fondé qu'il y a 7-8 ans (ton papa et toi étiez déjà sur les routes) avec des fonds fournis par l'Immortel Jhardogrohn, et que son paternel (qui est très vieux, puisque connu pour sa barbe blanche) a perdu un bras il y a un an en nettoyant un nid de Parjures (regard en biais d'Okrathoran), sa maman luttant depuis contre le poison des sortilèges impies qui menacent chaque jour de l'emporter. En gros, Beneordrohm est en stage accéléré à Aroche pour être capable de reprendre les rênes avant que son papa ait rendu l'âme, mais il a encore de l’acné...

Il y a t il un bastion Kerdan?

Non, il n'y a pas de bastion "Kerdan", ni même de réelle installation dans l'archipel oriental : une poignée de nobles dames ont échappé à la chute de Horne (donc, déjà, tu te doutes qu'elles n’ont pas 20 ans) par un navire kerdan mouillé dans la cité portuaire (hornoise) de Harroadarm. Depuis, elles sont restées là-bas en exil jusqu'à ce que la plus noble d'entre elles, la Resplendissante Hesherhamrad, n'apprenne qu'un futur-régent cherchait une épouse à sa mesure. Aujourd'hui, il reste 4 hornoises dans l'archipel kerdan, dont une Resplendissante et une Florissante vierges (les deux autres ont déjà été mariées et sont donc moins cotées)... mais aller les récupérer est une toute autre paire de manches, ça va prendre longtemps et les détails pratiques risqueraient de verser dans le "pas convenable à table" : on se contentera donc de dire que les agents impériaux ne comptent pas laisser faire. [note : en fait il n'y a plus d'Hornoises dans les Archipels Kerdans]. En attendant, il est admis par tous que les trois prochains "nobles célibataires méritants" auront droit à des épouses (puisqu'il y a une Resplendissante et deux Florissantes disponibles), et ça motive grave. Note que s'il n'y a donc 4 "nobles guerriers célibataires" pour trois gonzesses et que tu es une des deux Lames d'Airain, tu as tes chances. (J'aurais sans doute besoin de remettre certains trucs à plat, je crois que je m'y perds dans mes castes et sous-castes.)

Mais alors, l'Immortel, il est quoi ?

Contrairement à la rumeur répandue par les Hotars, Jhardogrohn n'a jamais été "Lame d'Airain", puisqu'il est en réalité un Horonadrod [7], de la caste royale. Après, il est possible que l'Immortel Seigneur ait lui-même choisi de se distinguer ainsi du reste des Mordrahrim (la caste guerrière) sans pour autant indiquer au reste du monde qu'il était le dernier descendant vivant des Régents du Sanctuaire.

J'en profite pour préciser que s'il m'arrive de dire "Roi" pour désigner Jhardogrohn, il n'a bien que le titre de "Régent" : le « Royaume » de Horne n'avait pas besoin de rois, puisqu'il était d'abord dirigé par un dieu avant que les Horonadrim n'assument l'intérim "jusqu'à son retour".

Tu commences également à savoir distinguer les véritables "Arjhomradhorim" (les Lames d'Airain) [8] des autres Gardiens.

En l'occurrence, il n'y en a en réalité que trois dans toutes la région :
_l'Implacable Défenseur du Bastion Okrathoran qui t'a démonté la gueule,
_l'Invincible Maître des Batailles, Garhodmarkar au Rempart du Levant dont tu empruntes la tenue d'intérieur pendant qu'il est à Mont-Griffon...
_et toi-même, l'Inflexible Dharomjarn.

T'imagines s'ils sont content de te voir.

Par contre, il y a trois Mordrahrim de plus qui, sans être des Lames d'Airain, sont déjà de "Nobles Gardiens" :

_le gars qui commande la garde rapprochée du Prévôt Larmond d'Orsane,
_ton jeune fan venu des Sylves, l'Intrépide Étendard du Bastion, Beneordrohm sur la Route de la Foi,
_son paternel, quoiqu'il soit apparemment sub-claquant.

Ce qui te permet de réaliser que, en comptant l'Immortel Jhardogrohn lui-même, ça fait justement "6 peut-être 7", puisque la question qui brûle les lèvres de tout le monde semble être de savoir si tu vas faire partie de la bande.
Quelle bande, te demandes-tu sans doute ?

Hé bien le sujet semble est enfin abordé à la fin du repas, alors que les dames viennent de quitter la table et que les esclaves débarrassent ce qui fut pour toi un véritable festin (surtout que, miracle du Bastion, tu avais le droit de manger de tout !).

De nouveau, ami lecteur ne te gâche pas le plaisir et ne lit pas ce qui suit par hasard


Dès que vous fûtes "entre vous", c'est à dire Okrathoran, Beneordrohm, Lohndralfar et toi-même assis sur les petits cubes de pierres autour du trône de l'Immortel Seigneur, le Défenseur du bastion et le Souvenant entreprirent de t'expliquer ce qu'est l'Octonôme du Bastion : par tradition autant que pour des raisons organisationnelles, le Conseil Militaire du nouveau sanctuaire doit absolument être composé de huit membres en comptant le Régent (c'est gravement obligatoire, quoique tu comprennes pas bien pourquoi). Tous devant être nobles et de sang pur en plus de guerriers accomplis (1), les recrues ne sont pas légions et les grands projets du Régent sont en panne jusqu'à ce que les rangs ait été comblés (en attendant, ils arrivent à 6 en comptant un agonisant et son fils, Intrépide mais adolescent : c'est pas génial).

L'Invincible Maître des Batailles, Oroumghar aux Créneaux de Justice, aurait du les rejoindre mais il y eut de la dissension... après quoi il semble avoir trouvé la mort.

Si tu te montrais donc digne d'être leur "septième" membre et pour peu qu'on trouve un moyen de sauver l'Implacable Protecteur du Bastion Sylvestre, Bhatralorgrom aux Créneaux de la Foi, il suffirait d'une 20aine d'années pour que le fils-héritier du Régent soit en âge de siéger et que le projet soit à nouveau sur les rails : c'est comme si c'était fait, quoi. Évidemment, d'ici là, le Sylvestre pourrait être mort et, dans cette éventualité, l'équipe actuelle essaye de localiser quelques autres Mordrahrim ayant échappé à la Chute.

Puisque tu viens de confirmer la mort tragique de l'Invincible Norgondram, il ne leur reste guère de pistes :

_la quatrième et probablement dernière Lame d'Airain du continent est définitivement au service de l'Empereur Modram (non, ils n'ont pas envie de rentrer dans les détails de cette infamie),

_les deux "Invisibles Sentinelles aux Ruines Amères" ne peuvent décemment pas être détournées de leur tâche (!),

_l'Inflexible Fléau des Parjures, Saordrahm au Rempart du Levant, a disparu il y a maintenant près de 5 ans au-delà du Fleuve Ombreux (le Souvenant précise en quelques mots que l'Implacable Garhodmarkar avait envoyé son second faire la peau à Lorkan... et qu'il en est pas revenu)...

_Resterait bien le Dernier Huissier de la Citadelle Boréale (?!) mais puisqu'il doit être enfermé quelque part dans une forteresse secrète, le prévenir qu'on reforme un club va être au bas mot "difficile".

Au final, Lohndralfar étudie actuellement le moindre signalement d'un guerrier hornois "d'envergure" à travers le continent mais la plupart des rumeurs sont difficilement vérifiables (et ne concernent généralement qu'un Hotar un peu dégourdi lorsqu'on arrive à obtenir des éclaircissements) et tes nobles compatriotes sont donc un peu à court d'idées.

Comme en quelques 35 ans de recherches Jhardogrohn a déjà retrouvé quelques Gardiens, des Resplendissantes, deux Souvenants et même un Maître des Rouages, on ne perd pas espoir et on étudie même l'option de lancer un véritable appel pour signaler à tout Gardien encore dans la nature de se présenter au Bastion... mais ça attirerait probablement l'attention d'autres gens, dont l'Empereur, ce que Jhardogrohn ne peut pas encore se permettre.

Voilà où ils en sont : si tu as des suggestions, ça les intéresse.

(Lohndralfar t'explique qu'il y a bien quelques dizaines de Mordrahrim dont la mort n'est pas confirmée, mais comme d'un autre côté ils n'ont pas non plus donné signe de vie depuis des décennies : ça n'empêche pas de chercher mais on évite pour l'instant de compter sur un retour miraculeux.)

Après ce bref exposé sur l'Octonôme, le Régent fini par vous donner congé à Beneordrohm et toi-même jusqu'à la prière nocturne, Okrathoran, le Souvenant et lui ayant à parler.

1) Aroahnfar le Bâtard est donc disqualifié : dommage.

Tu as un jeune Intrépide enthousiaste sous la main, un veau acheté avec un Bâtard pour le sacrifice, un plein Bastion à explorer, un genou en marmelade et 4h devant toi : tu veux faire quelque chose ?

Vu mon état? Boire du thé confortablement installé ça me semble raisonnable.

En sirotant du thé (normal) dans le petit salon aménagé entre ta cellule, celle du vieux mécanicien Derogophram et les deux voisines (qui semblent inoccupées), la soirée passe en discussions guerrières et historiques avec le jeune Beneordrohm. Lui-même veut tout connaître du siège de Tal Endhil et de ton combat contre Lashdan, tes origines étranges, etc.

OFFICE DU SOIR

Vous êtes encore à parler lorsqu'on appelle la prière du soir et, à nouveau mais avec moins d'empressement, le Bastion tout entier (hormis une poignée de gardes et d'esclaves, apparemment) se rassemble dans la grande cour pour entrer par ordre de préséance dans le haut temple. Au détour d'un couloir, Lohndralfar t'arrête d'une courbette révérencieuse pour te remettre un petit rouleau de parchemin tressé d'or et d'airain, scellé à la cire et marqué de l'Étoile d'Herem : "Le bastion vous confie une mission, Inflexible Gardien, Dharomjarn à l'Étendard de la Foi."

Et, devant ton air d'incompréhension complète, te fait charitablement signe de briser la cire pour ouvrir le rouleau.

À l'intérieur d'une coudée de ce tissus épais brodés de fils de métal se trouve un octogone de parchemin d'une paume de large qui semble beaucoup plus ancien et, au milieu d'une sorte de labyrinthe tarabiscoté et fané, porte une mention usée par le temps : "Dharomjarn, fils de Norgondram, fils d'Ordrarsh." Et dessous, d'une encre beaucoup plus récente mais dans une calligraphie complexe qui évoque une sorte d’oriflamme au vent : "Inflexible Étendard sur la Route de la Foi".

Et comme tu n'as toujours pas l'air de réaliser, tu vois, par les orifices de son masque, ses yeux s’écarquiller d'une sorte d'émerveillement enfantin : "C'est un fragment du Livre des Présages, découpé et conservé pendant 2 siècles : il annonçait votre naissance et celle de votre père à votre grand-père, et vous avez alors été tous deux inscrits au Livre ! Lorsqu'il a reçu du sanctuaire sa première mission, votre père lui-même a reçu son Ordre, calligraphié sur un autre glyphe, le précédent dans la même colonne de la même page sacrée. Bien sûr... depuis la Chute, nous ne pouvons plus vous annoncer le nom de votre fils aîné mais... lorsque le Bastion vous attribue une mission, nous vous confions toujours le glyphe qui vous revient dans l'armée d'Herem !"

Il s'incline alors devant toi dans une profonde révérence et déclare, avec un plaisir évident (il t'a à la bonne lui, c'est sûr) : "Inflexible Étendard, Dharomjarn sur la Route de la Foi, fils de l'Invincible Gardien, Norgondram au Rempart du Sanctuaire, petit-fils de l'Invulnérable Protecteur, Ordrash sur le Pont Étoilé, et de la Resplendissante Matrice des Sublimes, Eordarahl au Jardin de Sagesse, fille de la Radieuse Maîtresse des Invaincus, Eteoldhran au Balcon Tutélaire : le Bastion vous accueille au rempart, et son autorité se pose sur votre nuque.

_Loué soit Herem !"

Le Souvenant fait alors un signe vers ton cou, salue encore et opère une volte-face pour s'engager dans le plus proche escalier, te laissant avec ton rouleau à la main, émerveillé. Benehordrohm tente de te rappeler à la réalité de la situation : vous allez vous mettre en retard pour l'office et les Honorables vont attendre après vous (ce qui est vaguement déplacé).

Acquiesçant d'un air songeur, tu redécouvres l'étui de cuivre (celui d'airain, tu ne l'as jamais eu), gros comme un galet, qui pend à ton cou depuis ton enfance et qui ne contenait jusqu'ici qu'une traditionnelle bénédiction parentale : et oui, le petit parchemin rentre dans le petit étui (tu récupères tous tes points de Tension).

Tâchant de camoufler ta soudaine gaucherie rêveuse, Benehordrohm te guide discrètement parmi les fidèles en baissant le front pour que son masque cache son regard embué.

Cette fois, le bas de l’amphithéâtre est occupé par toutes sortes de bêtes attachés par des longes dans les anneaux, maintenant éclairés et bien visibles, tout le long du socle octogonal de la statue du Dieu.

Accompagné de Benehordrohm, tu retrouves cette fois ta place à temps et, du rang de devant, tu jurerais qu'Okrathoran a émis un sourd grognement d'approbation. À ta grande surprise, il porte une arme : une sorte de grand cimeterre inversé, le tranchant dans la partie concave, repose entre les mains du Défenseur dans un grand fourreau de cuir et d'airain. Lorsque les Dames ont fini de s'installer, et quoi qu'aucun des Souvenants ne soit encore présent, les castes honorables prennent tout naturellement place derrière vous... dans un ordre un peu surprenant.

Il te semble déjà qu'il y a un peu plus de monde qu'à la messe du Jugement, notamment un très vieil homme enroulé dans une épaisse couverture et une femme âgée que deux serviteurs ont du porter jusqu'à un des premiers bancs "honorables". Une demi-douzaine de soldats que tu n'avais peut-être pas encore vu, en costume "d'intérieur", occupe le rang juste derrière toi, autour d'Ahroanfar le Bâtard qui t'adresse un signe de tête.

Les banquettes se remplissent peu à peu. Il te semble qu'on serre d'avantage les rangs, de préférence autour des bêtes qui, étrangement, ne bougent guère, ne mugissent pas du tout et évitent miraculeusement de chier au pied du Dieu.

Lorsque le Régent rejoint les premières places, accompagné par Lohndralfar, le silence le plus absolu tombe sur le temple et tout le monde s'agenouille en hâte. L'Immortel Jhardogrohn ne porte pas de cape et son armure te semble... quelques peu allégée, lorsqu'il reçoit le grand tranchoir des mains de son second. Il élève alors l'arme à bout de bras pour le montrer à la foule, et déclame :

"Herem soit loué !

_LOUÉ SOIT SON NOM !

_Prions, car des cieux originels nous parvient la réponse du Père Éternel des Sublimes, Herem au Firmament du Monde, loué soit son nom !

_LOUÉ SOIT SON NOM !""

Pour la dernière fois, lecteur fidèle, demande au Mj avant de lire ce qui suit


Alors commence le Serment : Jhardogrohn énonce les stances décrivant les 8 "Figures" et, repris en chœur par l'assemblée, appelle chaque fois les castes dépendant de cette facette du Dieu. Celle-ci, une à une, répètent leur propre version du serment d'allégeance à Herem et au Sanctuaire.

Ainsi, à l'appel du Premier Seigneur des Batailles, Dharomjarn répond par sa fidélité à l'Étendard du Bastion, Emblème du Sanctuaire et son assiduité à sa nouvelle mission : la Route de la Foi. Ce qui signifie que tu es désormais en mission lointaine pour Herem et le Bastion, choisi parmi les plus purs pour t'aventurer dans les terres souillées de péché.

Le Souvenir qui suit, récité par Lohndralfar, est très opportunément consacré à l'épisode de la Source Rubiconde. L'Implacable Raolgadrosh, ses deux frères et leur jeune écuyer venait de vaincre un affreux monstre serpentin (avec le détail des coups nécessaires aux héros pour le tuer) et ils se désaltéraient en nettoyant (scrupuleusement) leurs armes au bord d'une source de montagne quand l'Implacable Gardien appela à eux le jeune écuyer Heramrohn, qui s'était montré fort vaillant et nettoyait lui aussi (scrupuleusement) ses armes un peu plus loin sur la berge, près des montures célestes (?).

À genoux au pied des Gardiens, Heramrohn fut appelé du nom de Frère, versa son sang sur sa lame pour jurer sa fidélité aux Portes-Étendard de la Foi et fut admis à partager leur repas (apparemment, jusque là, l'écuyer ne mangeait pas... ?). Évidemment tous les fidèles connaissent ce qu'il advint par la suite du héros Heramrohn dans son combat contre l'Ombre Écailleuse... mais alors toi, non : ça te dit rien du tout, c'est très frustrant.

Après les chants rituels honorant la course des lunes et du soleil arrive le Sacrifice. Jhardogrohn, seul, se lève et tend le tranchoir à son Défenseur, qui se lève à son tour, remercie de sa voix puissante l'honneur qui lui est fait et dégaine l'arme. Alors Jhardogorhn appelle un savant à l'âme pure pour guider le rituel et Lohndralfar se lève avec eux.

Le Souvenant allume quelques cierges qui ne permettent guère d'y voir plus loin que le troupeau de bêtes, puis entonne une oraison complexe que tu n'avais jamais entendue de ta vie, remerciant Herem de ses bienfaits dans de multiples nuances formant des rimes complexes.

À la fin du huitième refrain, il se tait un moment, salue le régent et salue le défenseur qui salue le régent qui resalue le défenseur qui décapite le premier mouton.

Sans prévenir, une large éclaboussure de sang gicle sur Okrathoran et jusqu'aux pieds de Lohndralfar, tous deux absolument imperturbables. Toi-même, au second rang, tu as reçu quelques gouttelettes qui s'étale sur la tunique noire qu'on t'a prêtée. Personne ne semble s'en offusquer, ni seulement relever la tête pendant que tu vois passer en roulant la tête du mouton, poursuivie par sa longe sectionnée qui devance une mare de sang grandissante. Un bêlement naît dans la gorge de la seconde brebis juste avant qu'elle ne soit tranchée net : le sang dégouline maintenant des creux et angles du petit surplomb où étaient attachées les bêtes et trempe bientôt les pieds des premiers rangs, qui prient toujours assidument.

À la troisième brebis, le sang épais, poisseux, commence à se déverser dans les fentes entrelacées où le fil métallique orne les dalles... Très vite, le dallage du temple se met à luire, d'abord d'une pâleur dorée, puis très vite d'une lumière de plus en plus blanche et vive, qui s'est vite teintée de rouge lorsque la tête d'une quatrième et d'une cinquième brebis est tombée dans le bain de sang, vite arrêtée par sa longe.

Et c'est alors que tu entends ton nom, relevant le nez par réflexe pour constater que si le Souvenant a des tâches de sang presque jusqu'à la ceinture, le Régent et a fortiori le Défenseur sont détrempés d'un rouge qui paraît soudain très vif à la lueur grandissante du socle, des dalles, de la statue qui projettent des reflets sur la mare de sang, s'étendant maintenant au-delà du troisième rang et monte le long de tes chevilles.

Okrathoran s'apprêtait apparemment à abattre le veau, désormais seul debout parmi les carcasses décapitées des 5 brebis, lorsqu'il ralentit son geste et, d'un écart presque délicat de l'énorme tranchoir, entaille le cou du veau sur une longueur de doigt. Au lieu de s'écrouler en un instant dans le creuset sanglant comme les moutons décapités, le veau tressaille une fois, deux fois et se défait de la torpeur qui l'avait paralysé jusque là.

Il tend bientôt son museau humide vers les cintres pour mugir une longue plainte et, remuant les pattes avec de plus en plus de force en projetant du liquide dans toutes les directions, le veau tente ensuite de s'arquer pour tirer sur la longe qui l'attache au socle du Dieu, accélérant à chacun de ses efforts paniqués le flot de sang qui pulse de sa gorge fendue. La bête est bientôt maculée de sang jusqu'aux yeux, notamment le sien, et s'agite alors de plus belle, poussant des mugissements de plus en plus rauques qui résonnent dans le silence du temple. Et ce n'est que lorsque ses pattes avant plient sous son poids et qu'il s'écroule vers l'avant que le veau se tait et, avant que sa tête n'ait touché la surface du bassin, le Défenseur décapite l'animal.

Tu entends, loin dans les cintres, une poulie grincer faiblement pendant quelques secondes puis le silence revient. Et soudain une vague de chaleur intense monte du sol, comme le souffle d'un incendie qu'une brusque bourrasque rabattrait sur toi et il te semble un instant que tes semelles prendraient feu si elles ne baignaient pas dans ce bouillon carmin. Et puis la chaleur t'envahit les jambes, te chauffe les fesses et le ventre, brûle dans ta poitrine, te monte à la tête et alors que tu croies t'évanouir, ton genou te semble soudain différent, plus solide et... tu découvres que toutes tes blessures ont disparu.

Sur les bancs derrière toi, les vieux et les malades semblent eux aussi se redresser un peu maladroitement pour entonner le remerciement à la Grâce d'Herem, qui prend cette fois-ci un tout autre sens.

Bientôt, sous ton masque tes narines sont envahies par l'odeur du sang cuit et presque bouilli qui forme une purée maronnasse dans les rigoles où le métal brillait un instant auparavant, et qui fait maintenant des cloques brunes sur les dalles éteintes. Les cadavres des 5 brebis ont perdu une part de leur laine qui gît dans le sang autour de leurs formes réduites étalées dans le bassin coagulé. C'est là que tu remarques que le veau, pourtant large, est maintenant plus racornies que les autres dépouilles, presque contractée à l'état de carcasse osseuse.

Tout en haut des gradins, on aide de jeunes serviteurs titubant à bander leurs avant-bras scarifiés et à gagner les issues. Quelques 10 ou 12 rangs derrière-toi, deux garçons de peut-être 10 ou 12 ans aident leur "honorable" mère de famille à se lever de son banc et la soutiennent dans l'escalier qui monte vers la grande porte.

Et plus près derrière toi, s'accrochant à un camarade pour ne pas s'effondrer, Aroahnfar retrouve bientôt son aplomb et un début de sourire, malgré son visage soudain pâle sous des ruisselets de sueur. Il incline la tête en ta direction et, bientôt soutenu par les soldats qui l'entourent, eux apparemment plus vaillants qu'à leur arrivée, le Bâtard regagne le donjon parmi les bénédictions et les exclamations de joie.

Encore bercé par cette chaleur mais rompu par ta journée, tu ne mets pas longtemps à t'effondrer dans sur ta couchette chauffée près du braséro. L'aube ne pointe pas encore quand une voix appelle à ta porte, respectueusement, l'Inflexible Étendard sur la Route de la Foi. Et il te faut un moment pour identifier ton nouveau titre.

À ta porte, fixant vaguement le masque pour ouvrir à l'importun, tu découvres le Bâtard qui semble aller déjà mieux après ces 5h de sommeil.

Il t'annonce respectueusement que tes Hotars seront prêts dans la cour dans une demi-heure : vous partez avant l'Invocation car le navire doit quitter le port à l'aurore. "Évidemment, Inflexible Étendard, votre titre ne concerne que les oreilles autorisées. Pour le reste du monde, vous êtes l'Inflexible Gardien Dharomjarn. Puis-je vous aider avec vos bagages ? Il nous reste moins d'une heure..."

"Enfin, si personne n'est en retard..." penses-tu en enfilant ton armure, ne te doutant pas encore que Maître Pratesh va te coûter plus de deux heures d'attente inutile, mesurée par la clepsydre rituelle emmenée par Aroahnfar.

Mais le soleil se levait sur la Conque, brillant dans la petite bruine tiède mouillant la ville-basse. Des voiles commencer à croiser au large du port, multicolores sur le fond du fleuve agité de vagues. Le ventre du navire embaumait de l'arôme désormais familier du chiro et tu repartais, avec tes nouveaux compagnons rutilants, porter le Jugement d'Herem dans les terres barbares.

Sous ton propre nom.

ET VOILÀ, le bastion c'est fini !


  1. en gros de "service militaire hornois" : ça commence vers 15 ans si tu as passé les épreuves guerrières avec succès, ça fini quand tu meurs.
  2. d'après ce que le Capitaine Durgaut et Herle t'ont confié, c'est un des capitaines anguedais d'Arund-le-Taureau qui est actuellement présent dans la vallée de Cainil
  3. nous sommes au soir de Meled, le lendemain sera donc Hered, jour sain des Hornois
  4. tu n'y connais pas grand-chose, mais sachant que ta solde de sergent est de 25 deniers par mois, ça n'a pas l'air donné...
  5. Tu imagines bien que quand ton paternel sacrifiait presque un mois de solde alors qu'il avait un gosse à charge, ce n'était pas pour des vétilles.
  6. Commandant d'une compagnie de Hotars en "mission spéciale"
  7. comme pour toutes les castes nobles, le singulier masculin de "Machintruc-im" est "Machintruc-od".
  8. dans le corps militaire d'élite qu'on appelle Lame d'Airain, "Arjhomradhoror" (désigne le groupe), le pluriel est donc Arjhomradhorim et le singulier Arjhomradhorod.