Armement Emishen

De Marches du Nord
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Un retard métallurgique

Au regard de ce qui existe ailleurs sur le continent, les Emishen ne sont pas à la pointe de la technologie en matière de métaux, bien au contraire.

Le bronze, premier métal à être exploité par les hommes, est loin d'avoir été remplacé par le fer. Cet alliage de cuivre et d'étain a l'avantage de l'abondance et surtout d'un point de fusion assez bas qui ne nécessite pas un four de très grande qualité. L'extraction du cuivre à partir du minerai se fait dans de petits fours en terre, qui peuvent être construits en quelques jours et ne demandent pas énormément de bois. L'étain (qui représente environ 10% de l'alliage) est tout aussi simple à obtenir.
Une fois l'alliage obtenu, il est généralement moulé dans des formes en terre ou simplement coulé en lingot. Les objets moulé passent ensuite entre les mains du forgeron qui leur donnera leur aspect définitif. C'est en particulier le moment où une arme sera aiguisée.
Les armes de bronze sont relativement fragiles : leur tranchant s'émousse rapidement et elles peuvent casser si le choc est trop important. Leur seul intérêt est leur bonne résistance à la corrosion - le vert-de-gris s'installe nettement plus lentement sur le bronze que la rouille sur le fer. Dans une région comme le Nord où l'humidité est forte, ce n'est pas sans utilité.

Le fer a été adopté par les Emishen il y a quelques générations seulement, surtout au contact des peuples venus du sud.
Le minerai est un peu plus difficile à exploiter. Les bas-fourneaux nécessaires ne sont pas compliqués à fabriquer (un trou dans le sol, rempli de charbon et de minerai) mais le résultat n'est pas immédiatement exploitable. La "loupe" est un bloc de fer rempli d'impureté qui va demander des heures et des heures à la forge pour donner un métal acceptable. Sans installations importantes (fourneau, foyer, soufflet), les Emishen peinent à obtenir un fer de bonne qualité.
Malgré ces difficultés, les qualités martiales du fer l'ont imposée comme matériau chez les guerriers. Plus souple que le bronze, le fer est nettement moins cassant (un choc entre une lame de fer et une autre de bronze se fera toujours au détriment de cette dernière) tout en gardant un tranchant correct.
Les armes en fer sont désormais les plus courantes chez les Emishen. Presque tous les combattants "professionnels" en possèdent au moins une.

L'acier est en revanche un produit d'importation. Les Emishen ne connaissent pas les techniques qui permettent sa production et les forgerons reman ne semblent pas pressés de leur apprendre. Les quelques armes en acier sont donc le produit d'un commerce ou des prises de guerre. Il existe bien des armes spécifiquement emishen en acier (comme des nerhil), mais ce sont des commandes précises, fabriquées par des forgerons impériaux pour leurs clients. Comme cela fait un moment que ce trafic existe, l'acier n'est plus aussi exceptionnel qu'à son arrivée dans le Nord, mais il reste très peu courant.
Par leur rareté, les armes en acier ont une grande valeur.

Nehril, haches et casse-tête, la guerre de près

Nehril

Le nehril est un glaive à la lame légèrement incurvé vers l'avant. C'est l'arme de corps à corps typique des guerriers emishen, dont la forme est restée stable depuis les premiers temps de la découverte du bronze. La plupart sont en fer, quelques uns en acier (un nehril d'acier pouvant se négocier au prix d'un cheval).
Un nehril est généralement assez court par rapport à une épée remane. La lame mesure 50 à 60 centimètres, le manche rarement plus d'une quinzaine. La poignée est recourbée de manière à englober le bas de la main du guerrier, assurant un maintien très ferme de l'arme. Un nehril n'a en revanche pas de garde qui pourrait permettre la parade - les Emishen utilisent un bouclier ou des esquives actives pour échapper aux coups adverses. La "fragilité" du bronze longtemps utilisé pour la forge explique cette habitude de ne pas utiliser l'arme comme instrument de parade.
La forme incurvée du nehril en fait un bon outil de défrichage si nécessaire. Comme cela abîme l'arme nettement plus que le combat, certains forgerons ont pris l'habitude d'aiguiser grossièrement le dos de la lame (à l'extérieur de la courbe) pour l'usage "civil". Ainsi, le fil de l'arme reste préservé pour le combat.

Une version longue du nehril, le nehr'oran, est parfois utilisé par les cavaliers So'Sherkan et Arkonnelkan : la lame mesurant plus d'un mètre de long, l'arme se manie alors à grands moulinets et le pommeau en est sensiblement moins recourbé. A cheval, les guerriers profitent de l'inertie et du poids de la lame pour l'abattre sur leurs adversaires.
A pieds, le nehr'oran est presque toujours utilisé à deux mains (il faut être exceptionnellement costaud pour le manier correctement d'une seule). Comme un nehril classique, il ne sert pas à la parade - bien que ce serait possible, les nehr'oran étant presque tous en fer donc assez solides pour bloquer un coup. Simplement, il est bien long de changer les habitudes...

Comme chez les Ondrènes, la hache a sans doute été la première arme utilisée par les Emishen une fois dérivée de son usage forestier. Elle reste très courante, d'autant plus qu'un peuple nomade ne peut qu'être sensible à un objet qui serve aussi bien d'outil que d'arme.
Les haches emishen sont généralement des armes peu élaborées, en bronze ou en fer. Le fer est parallèle au manche, avec un tranchant assez court pour concentrer l'énergie de la frappe. Certaines ont un crochet au dos de la lame, plus fait pour tirer un grume que pour abîmer l'adversaire. La plupart des haches se manient à une main, les guerriers s'entraînent à faire tourner leur hache autour du poignet aussi vite que possible et développent des techniques d'enrobement pour capturer l'arme de l'adversaire. La parade est possible avec une hache, même si les guerriers ne la pratiquent que peu. Là encore, c'est le bouclier ou l'esquive qui est privilégié.
Il n'existe pratiquement pas de hache "à deux mains" fabriquées pour le combat. Les grandes haches que l'ont trouve aux mains des combattants sont des cognées de bûcheron qui ont été détournées de leur usage de départ. Seuls quelques rares guerriers s'étant découvert une passion pour cette arme ont fait forger un fer spécifique pour le combat - ce qui rend leur arme absolument unique.

Les Emishen ont pratiquement abandonné les casse-tête après des siècles d'utilisation intensive. Les progrès de la métallurgie - et du commerce - ont donné l'avantage à des armes plus efficaces.
Il n'est pourtant pas si rare de voir encore toutes sortes de massues dans les campements emishen. Entre celles qui sont gardées "au cas où", celles qui servent à l'entraînement des jeunes guerriers, celles qui sont un héritage glorieux... il y a toujours une bonne raison pour qu'un casse-tête ne soit pas complètement réformé. Quelques guerriers continuent même d'en faire leur arme de prédilection, souvent en hommage à un ancêtre dont l'arme a subsisté.
Les casse-tête emishen ont des formes variées mais les matériaux sont toujours les mêmes : du bois et de la pierre. Ceux que l'on trouve encore couramment sont en bois très dur, très travaillés pour obtenir une arme équilibrée et efficace. Le poids est toujours situé dans la tête de l'arme, nettement plus grosse que le manche. Des pointes de bronze peuvent parfois être ajoutées pour rendre l'arme plus impressionnante (mais pas forcément plus efficace). Beaucoup de casse-tête sont décorées de scènes complexe gravées dans le bois : après tout, cela fait une belle surface et c'est tentant pour les artisans. Du coup, les plus beaux ne servent absolument pas à la guerre mais sont des objets de valeur pour leur qualité artistique.

Des lances à tout faire

La lance de combat emishen est le kirhan, dont tire son nom Kal Kirhan. C'est une lance lourde, au manche assez court (entre 150 et 180 centimètres) mais particulièrement robuste et épais. Les essences de bois choisies sont réputées pour être presque incassables, même face à une charge de sanglier. La lame est large, à double tranchant avec une large gouttière centrale. Elle même mesure 15 à 20 centimètre et se termine par des quillons droits.
A la chasse, le kirhan se manie seul et à deux mains. Le guerrier utilise autant que possible le poids de son corps pour planter sa lance dans l'animal qui le charge. En combat, le kirhan est plus souvent utilisé d'une seule main, l'autre portant un bouclier. Les coups sont moins appuyés, le tranchant de la lame devenant nettement plus utilisé que la pointe. Le talent du guerrier réside alors surtout dans sa capacité à gérer son allonge, nettement supérieure à un nehril ou une hache, tout en se méfiant de la relative lenteur de son arme.

Assez rares, les lances à ours comme celle de Nil Sholenshen sont des versions "géantes" du kirhan. Elles mesurent prés du double, soit plus de trois mètres, et sont un peu plus épaisses pour conserver autant de solidité malgré leur taille. La lame est sensiblement la même, bien qu'avec des quillons souvent plus prononcés. Certaines sont "démontables" pour le voyage : elles peuvent se dévisser au milieu, la partie supérieure formant un kirhan de fortune.
Objet rare et prestigieux, une lance à ours confère un certain statut à son porteur. Elles portent généralement des décorations élaborées en lien avec les Esprits. Une bonne lance à ours est réputée attirer la faveur des Esprits sur son porteur et, bien sûr, le rendre chanceux dans ses chasses.
L'utilisation des lances à ours à la guerre n'est pas rare mais elles sont trop peu courantes pour que les Emishen adoptent une formation de piquier profitant de leur allonge. Comme toujours, c'est le combat individuel qui prime et la lance à ours peut devenir un handicap dans un combat de masse (si tous les alliés ont une lance courte, avoir un machin de trois mètres n'est pas l'idéal). En duel, elle a l'immense avantage d'empêcher l'adversaire, ours ou homme, de se rapprocher du guerrier qui la manie... si il ne fait pas d'erreur.

Les guerriers emishen apprécient aussi le kelrhen, une lance plus légère et plus fine que le kirhan, qui peut donc être lancée si nécessaire. Le kelrhen mesure la taille d'un homme et se termine par un fer long et fin correctement aiguisé. Il sert peu à la chasse : trop léger pour le contact avec un animal agressif mais pas assez de portée pour un herbivore craintif. C'est avant tout une arme de guerre, appréciée pour sa versatilité si son utilisateur est talentueux. Il est rare que ce soit la seule arme d'un guerrier, mais au contraire une arme du premier choc. Le kelrhen pourra être lancé à quelques mètres ou utilisé face à une charge, avant d'être abandonné lors du corps à corps. Seuls les spécialistes de la lance le conservent en duel, parce qu'ils sont capable de jouer des distances - mais ils préfèrent souvent le kirhan et son impact supérieur.

Le kelssem est le javelot emishen. Il est généralement de fabrication simple : une hampe de bois légère, d'un bon mètre et demi, et une pointe fine destinée à pénétrer facilement. Même si la métallurgie est bien installée, on trouve encore des javelots "de fortune" à pointe d'os, de pierre ou de bois - qui ne sont guère moins efficace entre les mains d'un lanceur talentueux. Le javelot a une portée utile relativement courte (une vingtaine de mètres) même si des chasseurs ont la réputation d'atteindre et de tuer leur proie de bien plus loin.
Si la majorité des lames ont une forme simple, il existe des kelssem fabriqués spécialement pour la guerre, souvent un peu plus lourds. Leur centre de gravité est déplacé vers l'avant (avec une hampe légèrement plus épaisse côté lame) et surtout des pointes métalliques portant deux barbillons. Les barbillons servent à retenir le javelot dans la cible, que ce soit dans une plaie ou dans le bouclier, pour l'encombrer.
Généralement, un chasseur ou un guerrier emishen transporte trois ou quatre javelots. Ceux qui sont capables d'en bricoler un avec les ressources locales ont parfois quelques pointes supplémentaires dans leur sac.

Même s'il est passé de mode, on voit encore des Emishen utiliser un propulseur pour augmenter la portée des kelssem. Fabriqués en os ou en bois dur, c'est un bâton de cinquante centimètre environ terminé par un crochet. Le javelot vient se placer dans le crochet, maintenu par le lanceur. Le lanceur prolonge le geste du bras et crée un effet de levier qui améliore sensiblement la portée du tir.
Le lent abandon de cette technique tient à la difficulté de l'apprentissage, à la précision moins bonne qu'avec un jet "manuel" et à la place nécessaire pour utiliser un propulseur. Ces défauts nombreux expliquent que l'arc soit devenu l'arme à distance favorite des Emishen.

Le Hagad exige l'utilisation d'une lance de défi pour matérialiser un conflit armé. On ne parle de "lance" que parce que l'objet est généralement planté dans le sol, mais ce n'est pas une arme à proprement parler. La lance de défi porte sur elle les conditions du conflit telles que posée par l'un des belligérants, afin de les porter à la connaissance de son adversaire potentiel. Ces lances identifient clairement leur propriétaire. Elles peuvent être individuelles ou collectives, tout comme elles peuvent être fabriquées pour l'occasion ou au contraire être un héritage ancien. Presque toutes les tribus ont une (ou plusieurs) lance de défi qui implique l'ensemble de la tribu. Les Tallalnen sont réputés pour leur lance ancestrale qui a déclenché au moins quatre guerres et qui a toujours été récupérée avant la fin du conflit... ce qui en dit long sur les capacités militaires du clan.

Quand le peuple des Vents tire à l'arc

L'arc est, avec le nehril, l'arme que tous associent aux Emishen. Toutes les tribus s'en servent et à peu près tous les Emishen ont un jour appris à s'en servir (ce qui ne veut pas dire pour autant qu'ils soient doués... juste qu'ils savent par quel bout le prendre).

Les arcs emishen sont faits principalement de bois, choisis avec soin pour leur résistance et leur élasticité. Certaines tribus utilisent des arcs plus élaborés : soit en plaçant un tendon animal le long de l'arc (ce qui augmente l'élasticité), soit en fabriquant des arcs composites qui superposent des couches de bois, de corne et de tendon pour un résultat impressionnant. Les arcs composites les plus puissants sont réputés pouvoir traverser le torse d'un élan de part en part - mais il faut une force exceptionnelle ne serait-ce que pour bander l'arc en question.
La tension d'un arc (qui détermine sa puissance et sa portée) est adaptée au tireur autant que possible. Les artisans emishen fabriquent des arcs "génériques" pour l'entraînement des jeunes, pour la petite chasse de tous les jours, pour servir de réserve ; mais ils travaillent le plus souvent en accord avec le futur archer pour trouver la bonne taille et la bonne tension. Il faut que l'arc ne gène pas son porteur (donc qu'il ne soit pas trop grand) et surtout qu'il puisse le bander confortablement et le garder en tension pendant plusieurs secondes sans fatiguer. Il est souvent tentant de prendre un arc un peu trop puissant, mais les Emishen ont depuis longtemps compris que c'était assez inutile : s'il faut trop d'efforts pour bander l'arc, le tir ne sera jamais précis.

Les Emishen utilisent en revanche indifféremment ce que les Reman appelle "arc long" et "arc court". La taille est déterminée par la fonction de l'arc. Un arc de chasse au petit gibier sera court et peu puissant. Un arc de guerre sera généralement long (voire très long, comme celui de Maliam Lelpen), l'arc d'un cavalier puissant mais court, etc. Chaque tribu a des préférences culturelles - il y a peu d'arcs longs chez les Liam'Lon, par exemple - mais les habitudes individuelles ont souvent le dessus sur les coutumes tribales.
Les "cordes" d'arc sont le plus souvent des boyaux ou des tendons séchés. Les tribus les plus méridionales utilisent parfois des fibres végétales, mais ce sont généralement pour des arcs peu puissants. La "corde" est maintenu par des encoches dans l'arc, parfois par un dispositif en os qui facilite son montage. Elle n'est pas installée à demeure mais tendue uniquement quand c'est nécessaire (au début d'une chasse ou d'un combat). Bien sûr, un archer ne tiendra jamais son arc par la corde. Ces habitudes visent à épargner le matériel pour lui conserver le plus longtemps possible son élasticité.
La "corde" se change régulièrement, tous les trois ou quatre mois pour un tireur occasionnel, pratiquement tous les mois pour les "professionnels" (qui ne peuvent pas prendre le risque d'une casse au mauvais moment). Un bon archer a très souvent une ou plusieurs cordes de rechange sur lui. L'arc lui-même n'est pas éternel : le bois fatigue, vieillit, se durcit. Pour l'entretenir, les archers cirent le bois avec de la graisse animale et passent de la cire sur la corde. Les arcs en bois, même entretenus, dépassent rarement quatre ou cinq ans d'utilisation. Les arcs composites sont un peu plus durables mais leur entretien doit être encore plus régulier.

La production de flèches est particulièrement variée. Les pointes sont généralement en bronze. Les formes sont nombreuses mais les flèches ordinaires ont une pointe large en triangle. La tête est suffisamment aiguisée pour pénétrer les chairs avec facilité et peut blesser même sur un tir rasant. Des pointes émoussées servent pour le petit gibier ou, très exceptionnellement, pour capturer un ennemi sans le blesser. Les flèches qui servent à l'entrainement ont des têtes basiques, une simple pointe de bronze facile à fabriquer.
Le fût est en bois, choisi pour sa rigidité et sa rectitude (plus la branche est naturellement droite, moins l'artisan aura de travail et plus la flèche sera efficace). Sa taille dépend de l'arc utilisé. La pointe est fixée avec des liens végétaux et une encoche dans le fût. Contrairement aux Reman, les Emishen cherchent toujours à récupérer les pointes qui sont coûteuses. Le clan des Okhina'en s'est fait une réputation originale avec ses "arbres à flèches" : les Okhina'en installent des pointes en bronze sur de jeunes branches et attendent que celle-ci atteignent la taille requise. Ils les coupent et les retaillent à ce moment là. La croissance de la branche autour de la pointe verrouille celle-ci sur la flèche. Et un buisson de noisetier hérissé de pointes est quelque chose de sacrément original.
Une flèche se termine par son empennage : trois plumes d'oie sauvage (le plus traditionnel, mais d'autres oiseaux sont mis à contribution) qui servent à stabiliser la flèche lors de son vol. Les flèches d'un empennage viennent toujours du même oiseau et du même flanc de l'oiseau. La très légère cambrure des plumes permet à la flèche de tourner sur elle-même et assure une précision optimale. Quelques clans de pêcheurs utilisent des flèches sans empennage pour tirer des poissons à courte distance, l'empennage serait alors une gène en ralentissant la pénétration de la flèche dans l'eau.

Le soin apporté par les Emishen à leurs arcs et leur flèches s'ajoute à leur unique talent pour "sentir le Vent". Si tous les archers n'en sont pas capables, cette sensibilité exceptionnel permet des tirs impossibles autrement. En "sentant le Vent", donc en utilisant la brise et ses courants, un archer peut largement améliorer sa portée et sa précision. On murmure même que chez certains, ce serait presque un lilpan.

Une arme pour la gloire, le bâton à coups

La bâton à coups est une crosse de bois de la taille d'une lance, qui se termine généralement par un arrondi recouvert de fourrure. C'est toujours un objet de qualité, gravé et décoré par des perles, des plumes, des pièces de fourrure rare.
C'est le produit de la culture martiale de certains clans, principalement chez les So'Sherkan. Le bâton à coups sert à "compter les coups" face à un ennemi, en le touchant sans le blesser. La valeur d'un guerrier est alors d'autant plus grande qu'il aura "compté des coups" face à ses adversaires - bien sûr au cours de vrais combats où il risque sa vie.
"Compter les coups" est une forme de jeu humiliant l'ennemi : le toucher puis s'enfuir en le laissant ruminer sa défaite est une bien plus belle victoire que de le tuer. Cette pratique est de plus considérée comme magique. En "comptant un coup", le guerrier vole un petit morceau de l'esprit de sa cible. Le bâton à coup est l'arme privilégiée pour cette coutume, mais il est possible de "compter un coup" en touchant avec la main ou avec son arc. Être blessé pendant la tentative réduit nettement le prestige gagné.
Les coups "comptés" sont généralement inscrits sur le bâton (c'est leur principal intérêt, et l'origine de leur invention) sous la forme d'encoches ou de plumes. Si un guerrier n'a pas de bâton à coups, ses marques iront sur son bouclier spirituel ou sur un bijou.

Des protections légères

Les boucliers

Les Emishen utilisent des boucliers de bois et de cuir, de forme ronde. La principale qualité recherchée est la légèreté, les techniques de combat reposant peu sur le choc mais davantage sur l'esquive et les dérobades. Un bouclier emishen est surtout un moyen de dévier les flèches et les javelots, plus qu'un instrument de parade à la Dirsen.
De nombreux boucliers ont une structure en bois souple, sur laquelle est fixée du roseau par petit boisseaux. Si ce type de fabrication ne permet pas vraiment d'arrêter un coup, un bon combattant peut se servir de la souplesse de son bouclier pour coincer l'arme adverse. L'utilisation d'un matériau banal rend ces boucliers très faciles à réparer. Presque tous les guerriers sont capables de bricoler leur bouclier après un combat un peu rude, en improvisant avec les ressources disponibles.
Les cavaliers préfèrent les boucliers en cuir (une peau tendue sur un cadre de bois). Ils sont un peu plus coûteux et nettement moins simple à réparer (du fil solide et une aiguille peuvent faire des miracles, mais une fois que la peau s'est pris deux ou trois coups vraiment violents, il n'est plus vraiment possible de la tendre). En revanche, ils ont l'immense avantage pour un cavalier de ne pas souffrir des vibrations - un bouclier en roseau ressemble souvent à un bête fagot après un galop un peu rude. Le cuir, lui, ne bouge pas, même après des jours de chevauchée.
Sous l'influence dirsen, on commence à voir des bouclier en bois épais, rectangulaires, qui jouent à peu près le même rôle que les pavois. Les Emishen les installent comme protections fixes et abritent ainsi les archers. Pour beaucoup, une telle forme de combat statique est sans intérêt, et cette innovation a bien du mal à percer.

Plus au sud, les So'Sherkan qui subissent une influence plus forte des Dirsen ont petit à petit adopté des boucliers plus lourds qui ressemblent aux armes remanes. En bois et en bronze (le fer est trop rare et cher), ils sont nettement plus solides et peuvent servir à parer un coup et à repousser l'adversaire.

Un dernier modèle de bouclier ne sert pas au combat. Construit sur le même modèle que les boucliers de cavalerie, en bois et cuir, le "bouclier spirituel" est un objet rituel et décoratif. La peau (qui peut être d'origine très variée) est décorée de manière à représenter le guerrier et les visions reçue lors de son rite de passage. A ce titre, le bouclier spirituel illustre souvent le nom de son porteur. Il marque le lien entre son porteur et les esprits, lui assurant une protection "magique" contre les ennemis - qu'ils soient spirituels ou bien réels.
Les boucliers spirituels appartiennent généralement à des combattants, mais bon nombre d'Emishen "pacifique" ont choisi d'afficher leurs visions de cette manière. Il n'est donc pas rare, dans le foyer d'un artisan tout ce qu'il y a de plus calme, de trouver un superbe bouclier accroché. Les guerriers ne s'en servent évidemment pas en combat, mais quelques uns n'hésitent pas à le porter dans le dos comme un talisman de protection.
Plus le temps passe, plus le bouclier s'enrichit de nouvelles décorations et d'ajouts qui sont autant de souvenirs et d'histoires que son porteur n'hésitera pas à raconter. Le bouclier d'un vieux guerrier ou d'un chaman âgé est souvent une fresque complexe et un objet plus qu'encombrant : plumes, petits sacs, pierres, coquillages et autres ajouts se seront superposés au fil du temps.

Peut-on vraiment parler d'armure ?

En tout cas, c'est l'opinion de l'immense majorité des Remans, et de plus en plus d'Emishen qui ont vu de trop près leurs ennemis bardés de fer.
Les Emishen, culturellement, pratiquent un combat rapide et désordonné qui ne les a pas incités à s'alourdir par des protections. Comme leur technologie ne leur fournit pas non plus beaucoup de moyens de protections raisonnablement encombrants, l'armure emishen est surtout un vêtement renforcé.

Ce qu'on voit le plus est surnommé le tildhan "de guerre". Comme le vêtement civil dont il tire son nom, c'est une grande cape carrée en tissu épais qui est cette fois renforcée par endroit. Des pièces de cuir, de petites tiges d'os ou de bois dur, parfois même de métal, permettent de protéger le porteur sans perdre trop de souplesse - même un tildhan de guerre doit pouvoir continuer à servir de couchage, de tapis de selle... Ce n'est qu'avec un pliage précis que le tildhan se portera comme armure, les renforts prenant place aux bons endroits (le torse et les épaules, surtout).
Les vertus protectrice d'un tildhan, même renforcée, restent réduite. Si les guerriers emishen s'en servent, c'est avant tout parce qu'il s'agit du vêtement usuel et que l'habitude veut d'adapter le tildhan à la fonction de son porteur. Pour autant, un tildhan est d'abord une cape, un habit qui doit tenir chaud et protéger de la pluie, avant d'être une protection guerrière.

Les autres armures typiquement emishen tendent à disparaître. Pendant longtemps, avant la banalisation du fer et de l'acier au contact des Remans, des armures de bois et d'os étaient utilisées par certains clans. Ainsi, on trouvait couramment des plastrons faits de tige de bois et d'os, accrochés par une lanière autour du cou et autour de la taille. Léger, silencieux, souple, ce plastron est malheureusement à peu près incapable d'arrêter autre chose qu'une flèche de pierre ou une lame de bronze. Aujourd'hui, ceux que l'on trouve encore sont des souvenirs des anciens, accrochés dans un coin d'une hutte. L'habitude de fixer des tiges autour des avant bras et des jambes a été aussi totalement abandonnée depuis une bonne trentaine d'années.

Chez les Kormes et dans quelques groupes peu portés sur la tradition, l'utilisation d'armures remanes commence lentement à se répandre. Les armures de métal restent totalement étrangères aux Emishen (c'est lourd, c'est encombrant et surtout... ça pue) mais les armures de cuir, même certaines broignes ont un peu plus de succès. Les So'Sherkan, encore eux, utilisent des casques de bronze de manière courante.