https://marchesdunord.radio-roliste.net/api.php?action=feedcontributions&user=Aloun&feedformat=atomMarches du Nord - Contributions de l’utilisateur [fr]2024-03-19T12:25:13ZContributions de l’utilisateurMediaWiki 1.22.1https://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/17)_%22La_Grande_%C3%89vasion%2217) "La Grande Évasion"2015-05-02T17:39:09Z<p>Aloun : </p>
<hr />
<div>'''Première séance :''' <br />
<br />
Après moult préparatifs compliqués, l'équipe s'est installée dans un campement camouflé à deux heures de marche de Solerane. Il y a là [[Vighnu]], [[Andréas]], [[Oleytan "le Furet"]], [[Eldan "le Moineau"]], [[Rhamdel|Rhamdel "le bouquetin"]] Korme désespéré, Neri'Helin, cinq de ses géants et les trois brigands récemment repentis Aldebert, Caergayl et Gerold.<br />
Pendant que le "chroniqueur" ratait lamentablement le sortilège devant protégé [[Oleytan "le Furet"|Oleytan]], déguisé en esclave, de tous les regards soupçonneux, les combattants se mirent en tête de commencer par attaquer Turil le Brun, forestier fréquemment employé par Jornil et qui serait le premier limier sur la piste des évadés.<br />
<br />
'''Deuxième séance (relatée dans les chroniques d'Andréas) :''' <br />
<br />
Andréas a annulé la chroniquerie qu’il avait pratiqué sur [[Oleytan "le Furet"|Oleytan]] et qui (par contre-coup de son échec) le transformait en suspect idéal. Grâce à l’aide d’[[Eldan "le Moineau"|Eldan]], [[Vighnu]], [[Rhamdel]] et d’[[Oleytan "le Furet"|Oleytan]] lui-même, tous devenus chroniqueurs honoraires, [[Andréas]] a cet fois réussi à faire le sort initialement prévu donnant à [[Oleytan "le Furet"|Oleytan]] un air inoffensif. Suite à cela, le groupe s’est séparé en deux. [[Andréas]], [[Gerold]] et un [[Oleytan "le Furet"|Oleytan]] entravé ont pris la route de Solerane en espérant arriver avant la nuit, tandis que [[Vighnu]], [[Rhamdel]], [[Eldan "le Moineau"|Eldan]] et Caergayl (et Aldebert ?) tous déguisés en Kormes sont partis simuler une attaque korme chez le pisteur Turil le brun.<br />
<br />
Oleytan ayant un peu trainé les pieds (sûrement la faitigué sa première chroniquerie), le groupe mené par Andréas est arrivé à Solerane juste à la tombée de la nuit et a bien failli se faire refouler. Endossant son identité d’'''Herme de Brasure''', érudit de la bibliothèque impériale, le groupe s’est dirigé vers l’hostellerie (où Herme est déjà connu). Surprise : la ville grouille de Templiers. L’avant-garde du Primat est déjà là. Et pas de bol, l’hostellerie est remplie, notamment par quelques Talendans (des “conscrits” rentrant à [[Tal Endhil]]). [[Andréas]] se cache derrière son esclave pour ne pas se faire repérer et envoie [[Gerold]] négocier une chambre. Le malheureux [[Oleytan "le Furet"|Oleytan]] est envoyé à l’étable pour y être attaché (on constate au passage que la chroniquerie fait effet).<br />
<br />
Au diner, il tombe sur une vieille connaissance : '''[[Dorian le Magnifique]]''', et son accorte “assistante” fenhri. Ils voyagent avec rien d’autre que '''[[Julian Durgaut]]''', le frère du capitaine, et un banquier de la maison Anvarel. Julian se révèle être un insupportable prétentieux qui raconte ânerie sur ânerie à propos de Tal Endhil avec l’aplomb de quelqu’un qui y vivrait depuis 10 ans. Andréas/Herme de Brasure opine mollement du chef à chacune de ses affirmations tout en trempant son pain dans sa soupe. Il s’esquive en fin de repas au moment où Dorian propose une partie de dés. En tout cas, Andréas est grillé auprès de Julian, faudra qu’il quitte la ville quand l’autre arrivera...<br />
Auparavant, [[Oleytan "le Furet"|Oleytan]] a surpris une conversation dans l’étable : personne ne faisant attention à lui, Dorian et la Fenhri ont tenu conversation, d’abord dans une langue non comprise par [[Oleytan "le Furet"|Oleytan]] (du fehnri ?), puis en langue des pères au moment où ils ont été rejoints par Julian Durgaut. Ils ont évoqué la présence d’un “type bizarre” (Andréas / Herme de Brasure). Plus intéressant, après le départ du Julian, Dorian et la fenhri ont continué à converser en réman et Oleytan a pu comprendre qu’ils semblaient avoir des projets à propos du banquier Anvarel (la maison Anvarel est une maison marchande basée à Duriane, influente dans le coin, à laquelle sont liées les frères Durgaut ainsi que la capitaine de la ville-basse d’Aroche, [[Remlin Anvarel]])<br />
<br />
Pendant ce temps, c’est un commando ultra-préparé qui se dirige vers la chaumière de Turil le Brun. Ils sont au top : ils ont des supers déguisements, ne parlent qu’en langue des vents, ont des noms de codes, vraiment, tout devrait se dérouler comme sur des roulettes. Turil apparait bientôt avec deux chiens. Une première flèche se plante en plein de le genou de Turil qui pose son autre genou à terre et lâche ses chiens. Les dogues sont abattus. Turil se réfugie dans un buisson et essaie de répliquer. Et là… c’est le drame. Le déroulé reste un peu mystérieux pour moi qui était parti pisser à ce moment là, mais toujours est-il que lorsque je suis revenu, Turil était mourant dans un buisson et que Vighnu et [[Eldan "le Moineau"|Eldan]] débattaient de la possible crucifixion à un arbre de Turil, pour faire korme. [[Eldan "le Moineau"|Eldan]] semble choqué par l’idée et souhaite qu’on soigne Turil (un nouveau concept korme : on te prend en embuscade, et une fois mourant on appelle SOS médecins pour que tu restes handicapé toute ta vie). Pendant qu'un Vighnu fatigué et un [[Eldan "le Moineau"|Eldan]] exalté débattent, Turil se vide de son sang et passe l’arme à gauche. Le groupe décide simplement d’effacer ses traces et de laisser la scène en l’état.<br />
<br />
<br />
'''Oleytan, esclave infiltré'''<br />
<br />
Pendant que le reste du groupe s'organise pour préparer la libération des esclaves, [[Oleytan "le Furet"|Oleytan]] est envoyé dans la mine pour faire du repérage et organiser les [[:Catégorie:Esclaves_de_Solerane|Emishen prisonniers]].<br />
<br />
Il se fait passer pour un esclave rattrapé lors de sa fuite après la première évasion. En guise de couverture, il donne le nom d'un des jeunes évadés, recueillis au Cercle des Cascades par [[Doma Sholen]], Lel'Daegan, "Renard d'eau". Les esclaves ne sont pas dupes et l'oncle de Lel'Daegan confronte [[Oleytan "le Furet"|Oleytan]] mais le jeune mercenaire arrive à les convaincre que c'est pour ne pas trop troubler les Dirsen qui sont un peu stupides.<br />
<br />
Après avoir passé une demi-journée à casser joyeusement des cailloux à coup de pioche, le furet a réussi à identifier quelques personnes dans la mine. Tou d’abord le '''chef des esclaves''', un dirsen peu commode portant une barbe de trois jours et les cheveux courts. À sa ceinture sont accrochés un gros gourdin clouté et un trousseau de (quelques) clés qui servent à ouvrir les cadenas utilisés pour attacher les chaînes des esclaves aux piliers soutenant la mine. Ensuite, un '''[[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]]''' costaud aux pieds brisés, rétribution pour avoir participé à la fuite avec les enfants et s'être fait rattraper.<br />
<br />
Il en apprend aussi un peu plus sur l'organisation de la mine. La plupart des esclaves sont répartis en groupes et creusent avec leurs pioches des filons dans différentes galeries. Ils sont attachés entre eux et à un poteau ce qui laisse la liberté aux gardiens de ne pas passer leur temps à les surveiller. Le matériel extrait est mis dans des paniers qui sont ensuite remontés jusqu'au monte-charge par un groupe d'une demi-douzaine de costauds, enchaînés entre eux. Une fois les paniers remontés, des enfants qui sont chargés de casser les cailloux pour séparer proprement le minerai de la roche. Après un rapide calcul, [[Oleytan "le Furet"|Oleytan]] s’aperçoit qu'il manque des enfants. Et enfin, trois esclaves sont attachés au monte-charge interne de la mine pour déplacer les sacs qui leurs sont apportés. Chaque esclave à un quota de trois paniers quotidiens à remplir et une certaine quantité pas tout à fait claire de minerai à extraire. Dans l'artère principale, généralement accessible en allant au bout de leur chaîne, les esclaves ont accès à un tonneau d'eau pour se rafraîchir un peu (il fait chaud dans la mine).<br />
<br />
Une fois la journée finie, les esclaves de la mine d'argent rejoignent la mine de cuivre et sont regroupés avec les autres. Ils sont attachés ensemble, à quatre poteaux massifs dans l'artère principale, proche du monte-charge de l'entrée, pour avoir leur repas et dormir. L'artère est serait suffisamment large pour que trois cavaliers y passent de front. C'est à ce moment que le furet essaye d'obtenir le plus d'informations. Il apprend qu'il y a environ six semaines, le contremaître a arrêté de venir dans la mine, sans que les esclaves ne sachent pourquoi. Seul passe de temps à autre un dirsen s'y connaissant en roche, type qui, selon la description qu’en font les prisonniers, est une ordure. Quelques temps après, un accident est arrivé dans la mine d'argent, suite à cela la majorité des dirsens qui y travaillaient sont partis. S'en est suivit l'évasion menée par [[Tahalien]], puis il y a 2 ou 3 semaines la plupart des enfants ont été envoyés en chariot hors de Solerane. D'après ce que les esclaves peuvent en dire, il s’agirait des moins doués pour le tri des cailloux. Ceux de la mine d'argent ajoutent que la bas, les surveillants sont plus méchants, plus violents et le dirsen qui s'y connaît en cailloux y traîne la plupart du temps.<br />
<br />
Les '''esclaves s'organisent autour de Febhel''', la vieille qui a pris le relais depuis que [[Tahalien]] s'est échappée. Elle fait ce qu'elle peut pour que tous aient une petite chance, que les malades et les vieux incapables de travailler ne soient pas tabassés et 'sortis de la mine', que tout le monde ait une ration correcte de nourriture et que les emishens ne se montent pas les uns contre les autres.<br />
<br />
<br />
'''La battue'''<br />
<br />
Le commando rentre après son intervention au bivouac, celui-ci a été établi avec soin. Il faut en effet que d'éventuelles patrouilles soient persuadées que des kormes y aient séjourné. C’est d’ailleurs ce à quoi s’emploient Vighnu et son groupe depuis la veille. Ce qu'ignorent nos protagonistes c'est que la ville est pleine a craquer de templiers et de pisteurs... Perdre des chevaliers en armure en forêt est facile, en revanche les conscrits Talendans et les chiens de Turil connaissent la région comme leur poche. Fort heureusement alors qu'une troupe vengeresse sort de Solerane et organise un large battue, les hommes du commando se retirent et se dissimulent à distance du camp. Il s’en faut de peu car celui-ci est découvert dans l'heure et les chiens aboient après la piste des assaillants de Turil !<br />
<br />
Le commando ne perd pas de temps et disparait dans la montagneuse foret au nord de Solerane. Vighnu grâce à du poivre perturbe l'odorat des chiens. Le groupe traverse plusieurs fois un ruisseau, se dissimule dans une anfractuosité et prie pour que personne ne les repère !<br />
<br />
Andreas conscient du danger se met en route avec Aldebert qui joue son valet. Andreas fait alors "semblant" de se perdre, fonçant entre les pattes des patrouilles impérial:<br />
<br />
"WHoa WhoA Whoa !!! Halte! Qui va la ??" <br />
"Herme de brasure !! Retenez vos chiens !!"<br />
"Mais qu'est que vous foutez là vous ? Vous voyez pas qu'ont fait une battue ?"<br />
"C'est pas la route du marchepied ?"<br />
"Non c'est un sentier de montagne... Le marchepied c'est à l'opposé sur ... la route."<br />
"A ba merci! On vous dérange pas plus longtemps." <br />
<br />
La nuit tombante l'effort des patrouilles se relâche d'autant que l'on dit le coin infesté de géants. Templiers et conscrits rentrent alors dans la ville dont les portes se referment dans un sinistre vacarme.<br />
<br />
Le commando bientôt rejoint par Neri helin sort de sa cachette et profite de l'agilité et de la force des géants pour se hisser sur un piton rocheux quasi inaccessible. Repéré à l'avance, le piton permet d’observer la mine et ses alentours. Après installation d'un bivouac qui servira de camp de base pour de la grande évasion, il ne reste plus qu’à récupérer Andreas et Aldebert qui, en pleine randonnée, finissent par s'approcher du piton et sont hissés à leur tour par les géants. <br />
<br />
La première phase est lancée: Oleytan est sous couverture dans la mine, le groupe est réuni et après un peu de repos commencera par établir l'itinéraire de fuite.<br />
<br />
<br />
<br />
Neri helin fait diversion avec ses géants<br />
<br />
<br />
'''la route piégé'''<br />
établissement d'un itinéraire de fuite/<br />
mise en place de piége/<br />
l'équipe se renforce d'une nouvelle......<br />
<br />
alors que le groupe se disperse pour déterminer le meilleur chemin d'évasion Vighnu vigilant surveille les alentours. Bientôt le fenrhi détecte un mouvement... une silhouette s'approche d'Andreas et de Caergyle. L’assassin dénude sa lame et sans un bruit contourne l'individu. Ami ou ennemis... rapidement Vighnu constate qu'il s'agit d'une emishem, pas enclin à prendre le moindre risque le fernhi s'avance dans le dos de l'importun toujours inconscient de sa présence. Mais alors qu'il s’approche pour assommer sa cible, un cri strident se fait entendre derrière le fenrhi qui se retourne arme au poing ! Un Faucon surgissant du ciel lui arrache son bonnet et part se poser sur le bras de l'emishem qui bien que surprise sourit au fernhi et lui tend son bonnet.... <br />
<br />
"Bonjour! je m’appelle [[Nil Sholenshen]]!"<br />
"........." reprend son bonnet <br />
<br />
<br />
<br />
'''travaux de terrassement'''<br />
les geants travaillent en silence/<br />
Andreas contact oleytan/<br />
la mine semble remplie d'esprit...<br />
<br />
Alors que les travaux de mine on bien avancé grâce aux géants un guetteur signal l'arrivée d'une patrouille ! Il faut prendre une décision rapide, le rocher doit être remis en place par les géants. Ceux-ci doivent donc s'éloigner mais que faire des membres de l’équipe ? Après un rapide conciliabule Vighnu, Nil et Andreas décide que tout le monde doit rester dans la mine. Neri helin et ses géants reviendront après que la patrouille se soit éloignée. Ce choix à des avantages: aucun membre du groupe ne risque d’être découvert et poursuivis dans la forêt, en revanche tous sont coincés dans le noir et surtout dans l'attente d'une aide extérieur. Serré les uns contre les autres, les membres de la fière équipe attendent avec angoisse. Si la lumière tamisée d'une lampe évite une obscurité trop oppressante, le bruit des chevaux qui se rapproche est un supplice. Bientôt la patrouille s’arrête à côté du rocher et le bruit d'une conversation parvient étouffé aux oreilles de Vighnu... Andreas ressent comme une sueur froide monter insidieusement dans son dos ! Inquiétant ! Surtout que le petit groupe jusque-là plutôt calme s'agite peu à peu ... Mais que se passe-t-il ?! La sphère magique tombe de la besace d'Andreas! Celui-ci la récupère mais peut sentir une présence ... Non … des présences ! La mine est infestée de fantômes qui envahissent bientôt le petit espace et soufflent la bougie, seul éclairage du groupe ! La panique guette ! De plus, il ne faut pas faire de bruit car les patrouilleurs s'ils ne peuvent voir, peuvent entendre nos amis. Bien que déstabilisés, Vighnu et Andreas font front et arrivent à conserver un semblant de calme. Néanmoins il faut se presser, la situation reste dangereuse et la panique risque de l'emporter a tous moment. <br />
<br />
A l'extérieur Neri helin s'est convenablement éloignée. Seul Nil reste proche dès l'entrée du tunnel aux aguets. Le temps passe et la patrouille ne se décide pas à partir… Pire, un garde a des soupçons et s'approche du rocher tendant l'oreille ! Aurait-t-il entendu quelque chose ? Nil improvise et imite du mieux possible le cri du loup... Miracle ! Cela suffit à convaincre les gardes de ne pas s’éterniser sur place. <br />
<br />
<br />
'''l'évasion'''<br />
<br />
'''la poursuite'''<br />
<br />
<br />
----<br />
'''[[16) "Promenons-nous dans les bois..."|<< Épisode Précédent]] | [[18) "Neige en Été"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Liste des Épisodes|<= retour à la LISTE des ÉPISODES]]'''<br />
<br />
[[Catégorie:Épisodes]]<br />
[[Catégorie:Comptes-Rendus]]<br />
[[Catégorie:À Remplir]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/21)_%22Op%C3%A9ration_Cruchon%2221) "Opération Cruchon"2014-12-22T13:32:47Z<p>Aloun : </p>
<hr />
<div>'''La totalité de l'Épisode 20, "Opération Cruchon", est classé "spoiler"''', autant pour préserver la nécessaire confidentialité de cette opération secrète que pour ménager la dignité de ses participants maladroits.<br />
<br />
Si vous voulez vraiment accéder à cet Épisode, vérifiez que soit un de vos perso y était, soit que le MJ vous en a donné l'autorisation.<br><br />
Tout abus sera illico... pas puni, mais ce serait dommage.<br />
<br />
C'est bon, vous y avez bien pensé ? Vous êtes vraiment sûr ?<br />
<br />
{{Secrets| <br />
<br />
===Objectifs===<br />
<br />
L'Opération Cruchon (qui ne portait encore ce nom là) a été décidée par le Capitaine Durgaut pour mettre fin à deux problèmes.<br />
* Apprendre ce que [[Dorian le Magnifique]] et sa compagne fehnri [[Soashna]] savent exactement de l'opération "le Train de l'Argent", et rectifier leurs souvenirs. Pour cela, l'opération implique le Chroniqueur [[Andréas "Odran"]], dont on espère que les talents dans la modification des esprits lui permettront de réaliser cette performance.<br />
* Se débarrasser une bonne fois pour toute de [[Jornil Cuivré]]. Pour cela, ce sont les compétences de [[Vighnu Pratesh]] qui seront mises à contribution.<br />
<br />
Ce duo de choc est accompagné de [[Eldan "le Moineau"]], toujours là dans les bons coups.<br />
<br />
'''Pour faire honneur aux aventures tragi-comiques de nos protagonistes, cet Épisode sera narré sous la forme d’une pièce de théâtre antique, avec l’intervention d’un Chœur.''' Voici donc ''Opération Cruchon, ou La Fin du Magnifique'', farce tragique en trois actes et en prose.<br />
<br />
Mais, chut ! Les trois coups viennent de résonner et le noir se fait dans l’amphithéâtre… Soit attentif, lecteur, alors que le Chœur entre en scène.<br />
<br />
<br />
===Prologue===<br />
<br />
Entre le Chœur. Il est constitué du Chaman, un vieil homme édenté à l’air emishen fumant une pipe libérant des vapeurs d’Herbe-Nuage et d’une belle jeune femme rousse, Cassandre.<br />
<br />
Cassandre : ''Talendans ! Ce soir, la nuit est propice et nous pouvons lui confier nos secrets. Ecoutez donc comment, dans les temps anciens où notre belle cité n’était encore qu’un village perdu dans la froidure du Nord, agissaient des hommes de l’ombre.''<br><br />
Le Chaman : ''Là où s’établissent les hommes, la violence apparaît. Les racines de vos vergers plongent dans le sang que les pionniers ont fait couler. L’histoire de ce soir est une histoire secrète, l’histoire secrète de Tal Endhil. En ces temps anciens, la survie du village miracle dépendait d’une poignée d’hommes courageux au service du Capitaine Durgaut. Ces hommes devaient identifier les ennemis de Tal Endhil, car la ville grouillait d’espions envoyés par le terrible [[Rhilder le Fou]] !''<br><br />
Cassandre : ''Rhilder le Fou ? Celui qui faisait jeter des enfants du haut des remparts des villes qu’il voulait protéger des Kormes ? Celui dont la légende noire a traversé les années ?''<br><br />
Le Chaman : ''Lui-même. C’est pour cela que Durgaut a envoyé trois de ses hommes, parmi ceux qu’on appelle les Déterrés, enquêter sur les agissements d’un soi-disant marchand et de sa compagne. Vighnu Pratesh, apothicaire et assassin, Eldan le Moineau, mercenaire au service du Capitaine et Andréas Odran, chroniqueur et sorcier, ont mis au point au plan pour confondre les espions et les renvoyer chez eux.''<br><br />
Cassandre : ''A mon avis, cela va mal finir !''<br><br />
Le Chaman : ''Pourquoi donc ? Leur plan est bien ficelé.''<br><br />
Cassandre : ''Je te dis que malgré tout, quelque chose va déraper et que ça va mal finir.''<br><br />
Le Chaman : ''Allons Cassandre, ne soit pas si fataliste !''<br><br />
Cassandre : ''Oublierais-tu que dans ce Chœur, je'' suis ''la Fatalité ?'' <br><br />
Le Chaman : ''Tu as raison, parfois j’oublie l’évidence… Mais notre auditoire s’impatiente et il n’est pas venu pour nous entendre nous chamailler comme un vieux couple. Il est venu pour écouter les légendes et voir des héros. La nuit est tombée sur Tal Endhil et deux silhouettes s’approchent de l’échoppe d’apothicaire tenue par Vighnu Prastesh. Que le rideau se lève sur nos héros !''<br><br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
<br />
<br />
===Premier acte : Gueule de bois à la Taverne Penchée===<br />
<br />
Le rideau se lève sur l'intérieur de l'échoppe de Vighnu Pratesh. C'est la nuit. Entrent Eldan et Andréas, qui viennent discuter de leur plan. Celui-ci, longuement mis au point durant la huitaine précédente, est le suivant. Vighnu a préparé un puissant narcotique hallucinogène qui se présente sous la forme d'un verni dont il a revêtu les parois de deux verres de la Taverne Penchée. Dorian et Soashna fréquentant la [[Taverne Penchée]], Eldan et Vighnu vont essayer de lier connaissance avec eux pendant la soirée. Pendant que leur complice [[Esic "Le Cornu"]] fera sortir le gros des clients de la taverne en prétextant le manque de bière, Eldan sortira une bonne bouteille de vin et tout le monde trinquera. Le poison est supposé non seulement mettre KO Dorian et Soashna, mais aussi les mettre dans un état favorisant la seconde partie du plan, à savoir la manipulation de leurs esprits. En effet, Andréas entrera alors en jeu pour aller inspecter leurs souvenirs à grand coups de chroniquerie, et effacer les parties compromettantes. ''Qu’est-ce qui pourrait bien tourner mal ?''<br><br />
<br />
En arrivant à la taverne, Eldan et Vighnu trouvent une salle à moitié remplie. Là dedans, entres autres, [[Bartolome Sotorine]], Herle, [[Brannock]], ou le barde Alenn le rimeur. Dorian joue aux cartes avec deux marchands, Soashna n’est pas loin. Voyant entrer les deux Déterrés, Le Cornu commence à lancer à la cantonade qu’il n’y a plus de bière, provoquant immédiatement des protestations outrées de la part de Bartolome. Ce dernier finit par se laisser convaincre par Herle d’aller boire ailleurs, et la salle se vide doucement. Eldan ouvre de l’intérieur la porte menant à l’arrière salle, Andréas entre et jette un coup d'oeil à travers les tentures pour constater que la taverne est presque vide. Il peste intérieurement : il comptait sur la foule de la salle pour réaliser un rituel lui permettant de récupérer de l’Énergie sur les convives, ses futures activités risquant d'être très gourmandes. Il s’esquive donc en direction de la Grande Salle des Emishens, toujours bondée à cette heure, pour y réaliser son rituel. <br><br />
<br />
Pendant ce temps, Soashna a repéré Vighnu et s’approche de lui en roulant des hanches, très "femme fatale". Vighnu, bien que troublé, pense très fort à Islinna et réussit à peu près à se tenir. Après les présentations Soashna entame la conversation en fehnri et jette quelques hameçons pour voir si Vighnu va mordre. Eldan les rejoint, tentant de s’intégrer a la conversation. Malheureusement pour lui, Soashna et Vighnu continuent à converser en fehnri. Le pauvre Eldan est donc exclu de fait de la conversation et en est réduit à jouer les pots de fleurs. Visiblement sous pression, Vighnu lâche quelques informations sans grande importance concernant Tal Endhil tout en tentant de garder le contrôle de la conversation. Soashna lui pose des questions sur ses fioles car elle sait qu'il est apothicaire et s’intéresse beaucoup aux activités de la [[Guilde Franche de Tal Endhil|Guilde Marchande]] et des Sotorine. Soashna semble en effet chercher à découvrir l'emplacement et le nombre des comptoirs kerdans ainsi que leur possible approvisionnement en ivoire. De plus, au cours de la conversation, Vighnu et Eldan constatent avec inquiétude qu'une grande partie de la peau de Soashna est tatouée, ce qui indique que cette dernière ne peut être qu'une membre très importante des [[Nocturnes]], la mafia fehnri. Vighnu comprend alors que le plan d'origine de faire table commune avec les deux membres du couple va échouer. Il décide d'inviter Soashna à une discussion en tête à tête avec un bon cru. Avec Eldan il échange donc gobelet et bouteille discrètement au comptoir. Pendant qu'Eldan essaie de s’immiscer dans la partie de cartes où Dorian tente, en grand professionnel, de plumer ses adversaires, Vighnu sert un verre de vin à Soashna. Afin de lui faire ingurgiter sa potion, Vighnu allume sa pipe pour perturber l'odorat de la dame. Eldan fait de même avec Dorian... Et là, c’est le drame. <br><br />
<br />
Soashna semble bien encaisser le narcotique, pendant que Dorian s’affale brutalement sur sa table. Soashna comprend instantanément ce qui se passe. Vighnu ressent alors comme un picotement étrange qu’il reconnait, la sensation d’un sorcier en train d’essayer de lui voler de l’Energie. Soashna n’est pas qu’une Parfumeuse… c’est aussi une Sorcière ! Il parvient à résister au sortilège, mais Soashna lui écrase alors une sorte de pâte sur le visage. Vighnu subit les effets d’un puissant narcotique et se retrouve paralysé sur sa chaise, impuissant. Vighnu mis hors d'état de nuire, Soashna se précipite vers la table de Dorian et d'Eldan. Ce dernier essaie de l’intercepter… pour se retrouver lui aussi sous l’effet d’un des “parfums” de la Fenhri. <br><br />
<br />
C’est à ce moment là qu’Andréas revient pour constater l’étendue des dégâts. Eldan est en train de tomber par terre, tout raide, pendant que Vighnu glisse petit à petit dans l’inconscience et de sa chaise. Andréas entre dans la salle principale et attrape un cruchon vide sur une table avant de se diriger le plus discrètement possible vers Soashna, qui est en train d’agiter une fiole sous le nez de son compagnon. Andréas écrase la cruche d’un coup sec sur le crâne de Soashna… ça ne suffit pas à l’assommer, mais c’est à ce moment que le poison de Vighnu finit par faire effet. Les deux affreux sont enfin à terre, mais Andréas se retrouve nez-à-nez avec un Brannock armé jusqu’au dents. Le Cornu a sorti une hache, et la Poigne un gourdin. Tout le monde se regarde en chiens de faïence… Andréas lance un : ''“Non mais, c’était vraiment une grosse pute, hein !”'' pour essayer de détendre l’atmosphère. Brannock baisse légèrement ses armes et demande si la porte de derrière est toujours ouverte. Comme Andréas confirme, Brannock s’esquive sans demander son reste en lançant ''“Avec les compliments d’Adira Pratesh !”''<br><br />
<br />
Tandis que Vighnu et Eldan reprennent lentement conscience, Andréas tente de pénétrer l’esprit de Soashna, à l’aide du sortilège qu'il a préparé durant les jours précédents en prévision de l’opération. Il sort donc son grimoire et commence à dessiner dessus. Il compte aussi sur la "potion" de Vighnu pour l’aider dans sa tâche. Mais une mauvaise surprise l’attend. L’esprit de Soashna a la forme onirique d’un jardin évoquant les tatouages qui décorent l’essentiel de son corps... et a un gardien. Une créature ressemblant à un léopard garde en effet l’accès à ses souvenirs profonds. Tout au plus Andréas parvient-il à accéder à ses pensées superficielles, pensées qui concernent beaucoup la bagatelle. Andréas ainsi la surprise de découvrir, dans le coin de l’esprit de Soashna qui semble concerner ses amants, une image de [[Bagoran de Marale]]. Mais lorsque Andréas tente de s’enfoncer plus avant, vers les souvenirs profonds, le léopard l’attaque et il se retrouve, tout tremblant, hors de l’esprit de Soashna. C’est une bien maigre moisson d’informations qu'Andréas peut rapporter à ses comparses...<br />
<br />
Andréas, Vighnu et Eldan confèrent alors de la suite à donner aux évènements. Ils font face à une menace complètement imprévue, et Soashna reprend petit à petit conscience. Ils décident d’envoyer Vighnu chercher Herle, qui est probablement parti finir la soirée à l’Auberge du Cygne. En tant que "tueur de sorciers", Herle sera certainement à même de contrer Soashna si elle tente quelque chose. Pendant que Vighnu quitte la Taverne en quête de Herle, Andréas décide de s’attaquer à l’esprit de Dorian le Magnifique, qui babille dans son sommeil drogué. <br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
<br />
Lorsque le rideau se relève, environ deux heures ont passé. Un templier à l’air morose monte la garde devant la porte de la taverne penchée. À l’intérieur tout est calme. Il ne reste dans l’auberge que Dorian le Magnifique. Un léger sourire orne ses lèvres. Il aurait presque l’air bienheureux, si son regard n’était vitreux et si un poignard n’était planté dans sa poitrine. Il baigne dans une mare de sang, paisible.<br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
<br />
<br />
===Intermède===<br />
<br />
Entrent Cassandre et Le Chaman.<br />
<br />
Cassandre : ''Ne t’avais-je point dit, Chaman, que les choses tourneraient mal ? Mais on ne m'écoute jamais !'' <br><br />
Le Chaman : ''La Fatalité t’aveugle, Cassandre. Tu spécules, tu ne sais pas ce qui s’est passé dans cette taverne...'' <br><br />
Cassandre : ''C’est parce que tu fais bien des mystères. Que signifie cette ellipse temporelle ? Pourquoi as-tu cessé de raconter les évènements de cette soirée ? L’Herbe-Nuage a embué ton esprit !''<br><br />
Le Chaman : ''C’est que, vois-tu, les choses ne sont pas si simples. Différentes bouches conteront différents récits. Qui suis-je, moi, pour me faire l'arbitre des vérités, et choisir un récit comme plus vrai que les autres ?'' <br><br />
Cassandre : ''Mais qui a tué Dorian le Magnifique ? Tu le sais bien, non ?'' <br><br />
Le Chaman : ''Je n’en sais rien et je préfère laisser la parole aux protagonistes. Nous laisserons à notre auditoire le soin de retisser la trame des évènements à partir des différents récits, comme dans Rashômon.'' <br><br />
Cassandre : ''Mais qui est ce Rashômon ? Un sorcier ?'' <br><br />
Le Chaman : ''Pas exactement… Disons que [http://fr.wikipedia.org/wiki/Rash%C5%8Dmon_%28film,_1950%29 Rashômon] est un récit fait par un sorcier des images… Mais nous nous égarons. N’entends-tu point que nos héros ont atteint le Donjon de Tal Endhil et qu’ils s’apprêtent à raconter les événements de la nuit au Capitaine Durgaut ?'' <br><br />
Cassandre : ''Oui, ils sont là ! Écoutons-les !'' <br><br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
<br />
<br />
===Deuxième acte : Confrontation au Donjon===<br />
<br />
Le Donjon, la nuit. Une grande table accueille les reliefs d’un repas. Le Capitaine Durgaut y est installé. Il a l’air bonhomme, à moins qu’il ne soit simplement repu – il faut dire qu’il a repris deux fois du ragoût de mouton lors de son repas avec Dario Celsine. Entrent Herle de Lorune, Andréas Odran, Eldan le Moineau et Vighnu Pratesh qui escortent Soashna. Les quatre hommes ont l’air tendus et fatigués. Soashna est solidement ligotée, pieds nus et surtout à peine habillée d'une sorte de robe-tunique qui ferme mal et dévoile des seins splendides, des jambes parfaites et beaucoup de tatouages floraux.<br />
<br />
Herle de Lorune est le premier à s’avancer. Il prend le temps de vérifier que le Capitaine est bien seul avant de prendre la parole. Il se fixe au garde à vous et regarde Durgaut droit dans les yeux.<br />
<br />
====Le récit de Herle de Lorune====<br />
<br />
'' "Mon Capitaine, je vous prie d'excuser cette visite tardive et ma tenue négligée."''<br />
<br />
''"Cette femme est une sorcière.'' (Herle désigne Soashna du regard) ''Mes camarades, agissant sur vos ordres, l'ont démasquée ce soir alors qu'elle tentait d'exercer ses maléfices sur eux. Pratesh a pris sur lui de venir me quérir à l'auberge pour confirmer son intuition première. Lui-même, Eldan et votre "chroniqueur" avaient déjà réussi à s'assurer de sa personne et de celle de Dorian. Il ne m'a pas fallu longtemps pour m'assurer que, oui, cette noiraude dégageait bien une magie suspecte."''<br />
<br />
''"À peine avions-nous commencé à discuter de son sort, plus exactement de comment nous débarrasser de cette engeance sans vous attirer des ennuis, qu'elle se réveillait de son sommeil, sans doute feint, et tentait de s'enfuir. Pour cela, elle s'est emparé de l'esprit de notre jeune compagnon ''(il se tourne vers Eldan)'' pour le pousser à s'interposer, violemment, face à moi. Mon épaule s'en souvient encore, mais Pratesh a réussi à l'assommer. La sorcière en avait profité pour sauter à la gorge du "chroniqueur",'' (on entend les guillemets au ton de Herle) ''lui arracher sa dague et s'en servir de bouclier humain. Fort heureusement, la gueuse n'a pas pu arriver à ses fins et elle aussi a fini au sol, assommée. Pratesh a retenu ma lame alors que je m’apprêtais à en finir."''<br />
<br />
''"Il faut croire que les fehnri n'ont pas les mêmes interdits que nous vis à vis des sorciers. Pratesh était, et est toujours, plus intéressé par ce qu'elle a à dire que par l'insulte à la foi qu'elle représente. Le chroniqueur et lui ont alors commencé à parler longuement avec la sorcière, qui ne s'est pas privée de faire feu de tout bois pour les convaincre de l'épargner. Elle a menacé, promis, révélé de soi-disant secrets, minaudé, reculant encore et toujours l'échéance. Pour pousser son avantage, Pratesh a achevé Dorian avec la propre épingle à cheveux de la noiraude, cette lame empoisonnée qui est ici, parmi ses artifices'' (Herle désigne un ballot, fait à la va vite, avec les objets trouvés sur Soashna). ''La sorcière n'a pas semblé plus troublée que cela, elle a continué à se défendre avec aplomb."''<br />
<br />
''"Ces palabres ont duré bien trop longtemps. Mes camardes vous raconteront vous même leur idée honteuse - proposer un contrat à cette sorcière, sous le très douteux prétexte que l'honneur fehnri l'obligera à l'honorer. Je me permets, mon Capitaine, de vous préciser mon indignation et ma réprobation face à une telle issue. Cette sorcière ne mérite que la mort, comme ses semblables, et même si elle a des informations à nous révéler. Il existe par ailleurs bien d'autres moyens que la négociation polie pour obtenir ces informations. Mais enfin, devant la certitude de Pratesh et du "chroniqueur", j'ai accepté de les suivre jusqu'ici et de retenir mon bras. La décision que vous devez prendre est grave, mon Capitaine, très grave."''<br />
<br />
''"Avant de laisser la parole à ceux qui veulent tant rédiger un contrat, je me porte volontaire pour partir à la rescousse des enfants emishen enlevés par les sbires de Rhilder. D'après cette traînée, ces enfants sont voués à être assassinés et abandonnés de manière à provoquer l'ire des Sentinelles de l'Orage contre nous. Elle dit connaître un homme chargé pour l'heure de nourrir les enfants. Avec quelques informations plus précises qu'elle nous donnera'' (il adresse un sourire sinistre à Soashna), ''quelques hommes et un pisteur talentueux, je pense pouvoir lui mettre la main dessus rapidement et sauver les gamins. Cela rachèterait un peu le fait de laisser vivre cette engeance."''<br />
<br />
Herle semble s'arrêter.<br />
<br />
''"Ah, j'allais oublier. Pratesh a accepté de garantir sur sa vie que la sorcière se tiendrai aux termes du contrat. Lui est un homme de parole, il me semble. Et si vous vous décidez, mon Capitaine, pour cette malheureuse solution, j'aimerai ajouter un paragraphe à ce texte. La damoiselle devra s'engager à me parler, librement et précisément, de la sorcellerie qu'elle utilise. Après tout, ce n'est pas tous les jours que l'on a un sorcier contraint sous la main.'' (il adresse un regard à Andréas) ''Si au moins cette triste affaire pouvait nous apporter quelques unes des connaissances qui nous manquent..."''<br />
<br />
''"Merci mon Capitaine." '' Herle salue et recule d'un pas.<br />
<br />
Pendant le récit de Herle, Soashna a fréquemment roulé des yeux, fait la moue ou secoué légèrement la tête en entendant pareilles énormités (ce qui fait onduler ses cheveux très noirs et quelque peu emmêlés lui tombant jusqu'aux fesses) et, si certaines phrases l'ont vraiment fait sourire, elle a adressé un très léger hochement de tête à la toute dernière demande du chevalier lorunois.<br />
<br />
'' "C'est mon tour ?"'' demande-t-elle quand Herle le Défroqué a fini son récit.<br />
<br />
''"Non, ce n’est pas ton tour. Tu parleras quand on te dira,"'' répond directement Andréas. ''"Voici notre rapport, Capitaine."''<br />
<br />
<br />
<br />
====Le récit d’Andréas Odran====<br />
<br />
'' "Autant vous dire qu’on a pas mal de choses à vous raconter. Par exemple que le nouveau garde du corps d’Adira Pratesh est en réalité un assassin envoyé par Rhilder pour vous tuer. Mais commençons du début."''<br />
<br />
''"L’opération a bien commencé. Nous avons trouvé nos deux perdrix à la taverne penchée, comme prévu. Malheureusement, ils n’étaient pas ensemble à jouer aux cartes comme nous l’espérions. A son entrée, Soashna s’est immédiatement dirigée vers Vighnu et a commencé à tenter de lui soutirer des informations. Et elle a vite repéré qu’on avait essayé de la droguer. Mais bon, la taverne vidée, et avec un peu d’improvisation et l’aide d’un bon coup de cruche sur le haut du crâne, nous avons réussi à les neutraliser. On a ensuite pu commencer l’interrogatoire. Vighnu s’est rendu compte, en examinant les tatouages de la dame, que celle-ci devait une personne très haut placée de [[Nocturnes|la pègre Fehnri]]. Et alors qu’elle était toujours inconsciente, des fleurs se sont mises à pousser autour d’elle, sur le sol de la taverne, d’une façon on ne peut plus… surnaturelle. Je me suis rendu compte que Soashna, même droguée, pouvait résister à un interrogatoire. Tout juste ai-je pu comprendre qu’elle semblait avoir une relation... ahem... rapprochée avec le chef du Temple actuellement en visite à Tal Endhil, [[Bagoran de Marale]]. Le prestige de l’uniforme, sans doute."'' <br />
<br />
''"Je me suis reporté sur Dorian qui s’est révélé bien plus bavard. Dorian vient d’[[Orsane]], c’était un membre de la pègre locale - l’antenne locale de la mafia ondrène, si vous voulez. Il se trouve que le malheureux Dorian s’est fait poirer à [[Darverane]] en train de trafiquer du sel et d'autres choses par des hommes du prévôt Rhilder. Pour éviter de finir à l'échafaud, il a été contraint de travailler pour espion pour le Prévôt. C’est aussi à Darverane qu’il a rencontré Soashna ici présente et que leur association a débuté. C’est dans ce cadre qu’il s’est retrouvé à l’auberge du pont à enquêter sur les attaques de Kormes. Là, il est tombé sur [[8) "Le Train de l'Argent"|notre opération]] et s’est retrouvé involontairement impliqué dans l’extraction des lingots. Malgré nos précautions, il a réussit à remonter à certains indices que nous avions laissés. Par exemple, je ne vais pas vous mentir, le personnage d’Herme de Brasure, que je campais à l’occasion, n’est pas passé inaperçu, et ils ont remonté sa piste. D’autres ont été reconnus : il faut dire que les kormes de deux mètres dix, bon… Au final, ils se sont retrouvés à Tal Endhil, en train d’essayer de nous retrouver. Dorian hésitait franchement entre accomplir sa mission (faire un rapport à Rhilder) ou bien s’offrir une petite vengeance personnelles en arrangeant nos décès... Le mien, notamment. Bref."''<br />
<br />
''"J’ai également obtenu de Dorian les noms d’autres agents de Rhilder. L’un ne sera pas une surprise pour vous, c’est le [[Sénéchal Impérial Quentos]]. L’autre, c’est Isias, l’homme qui accompagnait Soashna et Dorian. Figurez-vous que cet Isias a été envoyé notamment pour prendre des nouvelles de l’assassin que Rhilder a envoyé pour vous tuer. Comme vous êtes toujours en vie, Rhilder s’inquiète un peu. L’assassin, Dorian ne savait pas qui c’est, mais selon Soashna c’est [[Brannock]], le nouveau garde du corps d’Adira. Faudra avoir un petit entretien avec lui, à l’occasion..."''<br />
<br />
''"Avec ces découvertes, et les preuves d’implications surnaturelles, on a décidé de faire appel à Herle, car il serait capable de résister à l’influence de Soashna. On a bien fait : alors qu’elle était encore apparemment inconsciente, elle a réussit à suffisamment influencer ce pauvre Eldan pour qu’il attaque Herle. Elle s’est réveillée, m’a pris par surprise, avant que Herle ne la frappe telle la justice implacable - il vous a déjà raconté sa partie. Il a failli me tuer à cette occasion, d’ailleurs, mais bon ce sont les risques du métier, on va dire. Il faut dire que Soashna, pour créer la zizanie entre nous, venait d’annoncer à la cantonade que j’étais un sorcier… Au milieu de tout ça, Vighnu a buté Dorian, il vous expliquera sans doute pourquoi."''<br />
<br />
''"Une fois Soashna sous bonne garde, on a pu discuter. Herle souhaitait la tuer sur place, Soashna a essayé de négocier. Bon… elle a une façon bizarre de négocier. En gros, avec l’épée de Herle écrasant sa poitrine, elle nous l’a joué comme si elle était en position de force. La femme qui peut sauver Tal Endhil. D’ailleurs, il n’y a qu’à cas la regarder maintenant (Andréas jette un coup d’oeil à Soashna), on dirait un coq paradant au milieu du poulailler. Il faut reconnaitre qu’elle semble savoir énormément de choses. Elle a affirme, par exemple, qu’un rapport circonstancié écrit par Dorian a été envoyé à Rhilder. Ce document contient les différents éléments à charge découverts à Tal Endhil. Le rapport est en route, mais serait toujours à Tal Endhil car les portes sont fermées. Je ne sais pas comment ils comptent le sortir, Soashna est certaine de pouvoir le récupérer. Tout aussi grave, elle nous aussi parlé d’une opération de déstabilisation menée par le fameux Isias dont je vous parlé. Il semblerait que certains des enfants emishens qui ont disparu dans les mines soient en sa possession, il veut les tuer et disposer leurs cadavres pour que les Sentinelles les découvrent. Isias vient apparemment de quitter Tal Endhil avec les gamins. Nous allons partir à leur poursuite dès cet entretien terminé et Soashna en sécurité. Cette dernière a probablement d’autres informations dans sa manche, c’est visiblement quelqu’un de très bien renseigné. Elle m’a demandé si vous payiez bien, et si elle pourrait avoir une résidence à Tal Endhil.. Elle semble prête à changer de camp très facilement. Trop facilement, peut-être."'' <br />
<br />
''"J’avoue, Capitaine, ne pas avoir d’opinion bien établie quant à la pertinence de la recruter. Elle est très forte, ça c’est sûr. Elle a aussi visiblement suivi des cours de haut niveau pour arriver à être super prétentieuse et éminemment désagréable - à moins que cela ne soit naturel chez elle. Elle est surtout très dangereuse et je ne sais pas trop comment nous pourrions nous assurer de sa loyauté. Vighnu semble convaincu qu’un contrat à la mode fehnri sera suffisant. Je me demande si une bonne option ne serait pas de faire savoir à Rhilder que désormais elle travaille pour vous. Ca pourrait la dissuader de retourner causer au Prévôt. Il semble moins compréhensif que vous pour les petits écarts de conduite..."''<br />
<br />
''"Pour finir, je ne vais ni plaider en sa faveur, ni contre elle. Elle s’exprimera ensuite, vous constaterez qu’elle se défend très bien elle-même. Elle va sûrement vous faire son petit numéro de victime, en expliquant comment nous avons vilement tenté de l’empoisonner alors qu’elle était tranquillement en train de nous espionner et de réfléchir à comment faire tomber Tal Endhil. Mais c’est le jeu, on peut difficilement lui en vouloir d’espérer sauver ses miches."'' <br />
<br />
''"Voilà, je pense avoir fait le tour... Mes camarades ont-ils des choses à ajouter ?" ''<br />
<br />
<br />
====Le récit d’Eldan====<br />
<br />
Eldan s'avance, ayant préalablement attendu que Vignu et Andreas lui confirment. Il semble embarrassé et s’efforce de tenir sinon son corps, du moins son regard, le plus éloigné possible de la belle et lascive créature.<br />
<br />
''"Mon capitaine, je crois que pour l'ensemble vous avez eu connaissance des éléments importants de cette mission par le récit de mes camarades. Je m'en tiendrais donc à mon avis personnel quant au devenir de la ... Dame. Sa dangerosité ne peut être mise en doute, en témoigne la sérieuse entaille sur l'omoplate d'Herle de Lorune que je lui ai vilement infligé sous l'influence des charmes de la chroniqu.... euh chaman... heu sorcière. Mais pour peu que nos intérêts convergent, elle ferait un allié de poids. Non seulement pour régler nos soucis les plus urgents, c'est à dire récupérer le rapport en partance pour Darverane et risquant de servir à Rhilder votre tête, sauf votre respect mon capitaine, sur un plateau. Sans parler du garde d'Adira Pratesh qui n'a pas encore réussi à trouver une brèche à travers la barrière de vos musculeux hornois mais qui finira par le faire si l'on ne l'arrête pas."''<br />
<br />
Les yeux du moineau s'égarent et on l'imagine se figurant Tal Endhil en flamme, phare de l'humanité, coulant dans les eaux noires de l'oubli, sa bannière arrachée et foulée au sol au milieu des constructions à jamais inachevées du quartier nord... C'est presque avec un sanglot étranglé que le moineau reprend. <br />
<br />
''"Et surtout elle pourrait constituer un agent potentiel pour approcher Rhilder, bien qu'elle n'ait pas été en contact direct avec ce dernier. Ses capacités et ses relations actuelles nous permettrait de savoir ce qui se trame dans les couloirs de la citadelle. Je pense que vous savez tout. Je me fie pleinement à votre jugement et sais que vous saurez prendre la décision la plus à même de nous aider comme vous l'avez toujours fait."'' <br />
<br />
Il n'y a pas une once d'ironie dans la voix du moineau qui, visiblement, semble penser que tout problème amené à la connaissance du clairvoyant Capitaine sera instantanément résolu et que toute décision prise par le Sauveur de Tal Endhil constitue par définition la "bonne" décision. C'est donc avec un soulagement visible qu'il termine sa phrase sachant son destin et celui de sa cité entre les mains de l'homme le plus compétent qu'il ait jamais connu.<br />
<br />
<br />
====Le récit de Vighnu====<br />
<br />
''"Capitaine, notre mission consistait à découvrir ce que deux témoins potentiels savaient de nos opérations et à faire en sorte, avec le moins de vagues possible, qu’ils ne puissent nous nuire."'' Vighnu soupire et continue avec sang-froid sans bafouiller.<br />
<br />
''"Je vous prie de croire que je n’ai jamais perdu de vue ces objectifs. C’est pourquoi je vais me permettre de corriger quelques détails dans les témoignages de mes collègues, notre perception des événements divergeant quelque peu et c’est bien normal. Je vais commencer par un scenario inédit de la soirée, si vous le voulez bien."''<br />
<br />
''"Eldan et moi-même nous sommes rendus en fin de soirée pour boire un verre à la taverne penchée. En arrivant notre sergent et tavernier a annoncé qu’il ne restait plus de bière. Cela a mis sur le départ plusieurs soiffards.'' (Regard en coin a Herle) ''Mais qu’importe nous boirions du vin ! Après nous être installés nous avons remarqué un petit cercle de jeu, Dorian y jouait accompagné de mademoiselle Soashna ici présente.'' (Vighnu s’incline vers la demoiselle) ''Partageant une commune origine nous avons discuté pour nous rappeler le bon vieux temps dans notre langue maternelle. J’ai si peu l’occasion de m’en servir ce fut un plaisir. Eldan poliment nous a laissé et a rejoint la table de Messire Dorian. Il a pu remarquer que celui-ci buvait pas mal. Enfin au bout de d’un moment vaincu par l’alcool il s’est effondré. S’excusant auprès de moi mademoiselle a rejoint son compagnon pendant que le cercle de jeu se dispersait. Du coup avec les clients restant nous avons bu quelques godets au bar. Soashna a remis sur pied Dorian au bout de quelques minutes et ils ont entamé une discussion. Après des échanges à voix basse le ton est monté, visiblement en colère Dorian était très virulent je passerai ses paroles au silence par respect pour mademoiselle ! Néanmoins nous avons compris qu’il s’agissait d’une rupture qui se ne se déroulait pas bien. En effet Soashna désirait mettre fin à sa relation avec Dorian, elle a entamé une tendre relation avec Bragorane de Marale. Dorian a très mal pris la nouvelle et malgré la pudique retenue de mademoiselle il a levé la main sur elle la frappant au visage !'' (Vighnu montre les traces de coups) ''Bien que ne désirant pas faire ingérence nous ne pouvions décemment pas laisser faire. Mes camarades se sont donc calmement interposés, mais Dorian est devenu fou et, les prenant par surprise, les a blessés. Puis il s'est jeté sur Soashna, la blessant elle aussi au bras. Elle ne doit sa survie qu’a un réflexe : en saisissant un couteau de cuisine elle a poignardé en légitime défense son agresseur, le tuant sur le coup. L’amour peut faire faire des choses bien étranges à un homme... Mais voyons le bon côté des choses mademoiselle est vivante et est reconnaissante des soins reçus.'' <br />
<br />
''"Ce récit présente la façon dont je vois l’incident néanmoins il est possible d’arranger quelques détails, mademoiselle peu très bien avoir eu un mauvais geste au final. Ça dépend de vous. Mais maintenant laissez-moi vous présenter le raisonnement qui m’a amené à ce scenario."''<br />
<br />
Vighnu devient alors beaucoup plus sérieux, son regard s’assombrit.<br />
<br />
''"Reprenons. Malgré des difficultés nous avons neutralisé les deux comparses et rapidement réalisé qu’ils n’étaient pas ce que nous avions cru. Suite à mon analyse des tatouages, l’arrivée des plantes et l’expertise d’Andreas nous avons conclu que la dame ici présente était une sorcière. Nous avons décidé de quérir Herle conjointement avec Andreas, car nous étions tous deux épuisés et sans doute possible incapable de la gérer nous-même sans la liquider séance tenante. Car c’est bien le problème : nous avions affaire à beaucoup plus fort que prévu et les neutraliser en suivant le plan d’origine était impossible. Que devions-nous faire alors ? Les tuer tous les deux ? Tenter de récupérer des informations auparavant ? Le choix était difficile. Mais au final nous avions besoin des informations : qui étaient-ils, que savaient-ils etc... Au final n’en déplaise à mes petits camarades avoir fait le choix de ne pas les tuer tous de suite s’est avéré payant."''<br />
<br />
''"Après interrogatoire de Dorian nous avons découverts des informations inestimables notamment qu’il était un espion de Rhilder de longue date. Et qu’il travaillait avec Soashna de manière indépendante comprenez : Rhilder n’a pas recruté la fehnri. Soashna à ce moment a repris conscience s’en est suivi le petit différent entre nous qui mes camarades vous ont déjà décrit."''<br />
<br />
''"Inviter Herle n’a pas été de tous repos. Il a confirmé nos soupçons et nous a permis de neutraliser une deuxième fois Soashna - merci a lui. Mais toute la difficulté a été de l’empêcher de la tuer. Pour quoi l’en empêcher ? Tous simplement parce que la liquider sans savoir qui elle était aurait pu être très dangereux vis-à-vis de la pègre Fehnri et parce que contrairement à Dorian nous n’avions pas pu voir dans sa tê... hum l’interroger. Vous avez pu constater la difficulté de gérer les avis de mes camarades grâce à leur exposé, imaginez sur place je peux vous garantir que ce n’était pas de la tarte. Néanmoins je pense avoir réussi à garder la tête froide. Donc à ce moment de notre aventure j’ai du assommer Eldan qui essayait de tuer Herle, puis j'ai assommé Soashna qui avait pris en otage Andreas. Enfin, j'ai empêché Herle de la clouer au sol sans sommation. L’équation "Dorian-Soashna /éviter un scandale avant l’arrivée du primat" paraissant compromise, j’ai pris une décision : je l’ai simplifiée."''<br />
<br />
''"J’ai éliminé un ennemi identifié, un espion qui nous avait déjà révélé nombre de ses secrets. Et attendu le réveil de son acolyte avant de décider de son sort. Cela m’a permis d’imaginer le scenario que je vous ai présenté en préambule. À son réveil Soashna a constaté la mort de son camarade et, contrairement à la déclaration d’Herle, a réalisé et analysé la situation dans laquelle elle était. Afin de sauver sa vie elle a marchandé. Qui ne l’aurait pas fait ? Enfin elle nous a livré trois informations capitales. Je ne vais pas revenir dessus... et elle en connaît d’autres. Elle connait notamment certaines informations concernant Herle... ce qui fait qu’alors même qu’elle nous livrait des infos à la pelle il m’a fallu intervenir pour détourner sa lame une dernière fois."''<br />
<br />
''"Je ne dis pas ça pour critiquer mes camarades mais il va falloir voir plus loin que vos convictions personnelles messieurs. Nous ne sommes pas des enfants de cœur, ce que nous faisons nous expose nous et tous ceux de Tal Endhil. Car il ne faut pas oublier qu’elle nous assure savoir où se trouve le rapport et comment l’intercepter, rapport qui couterait cher à tous les habitants de la région, les emishem surtout. Ce n'est peut-être rien de moins que la fin de notre projet de société ! J’assume mon choix, j’ai éliminé un espion et je nous offre la possibilité d’en recruter un. En effet, nous pouvons lier Soashna par contrat et elle le respectera tant que celui-ci sera profitable aux deux parties. Elle peut devenir un atout dans notre jeu capitaine. Je suis sûr qu’elle pourra convaincre sans mal les délégués présents à Tal Endhil de l’infamie de Dorian notamment son nouvel amant..."''<br />
<br />
Depuis qu'Andréas lui a ordonné de se taire, la belle Soashna a d'abord soupiré un peu, secoué la tête d'incrédulité devant ''"tant de mauvaise foi"''... puis s'est carrément désintéressée de ce que vous racontiez. Avant que le chroniqueur ait fini de parler, elle s'était assise dans la seule chaise disponible, face au Capitaine, en se tortillant un peu pour s'installer à peu près confortablement malgré ses poignets liés dans le dos. <br />
Puis elle s'est cambrée pour se caler la tête au sommet du dossier -faisant ressortir ses seins et gênant temporairement la concentration de tout le monde : elle a alors fermé les yeux, expiré longuement et sa respiration s'est peu à peu ralentie... au point de quasiment s'arrêter durant le récit de Vighnu.<br />
<br />
Durgaut hoche la tête après ce récit mais peine à contenir sa colère sourde. Il foudroie du regard "l'invitée" avant de fixer Vighnu :<br />
<br />
''"Vous autres, restez ici avec la "dame" que j'entendrai après si toutefois elle a quelque chose d'intéressant à me dire ! Je dois m'entretenir seul à seul avec Vighnu."''<br />
<br />
<br />
====Le récit de Soashna====<br />
<br />
Le Capitaine se retourne et invite par le geste le fehnri à le suivre sur le toit du donjon. Les gardes hornois, n'ayant pas reçu d'instruction contraire, bougent avec lui. Le Capitaine revient très vite après un entretien si bref qu'il ne semble y avoir eu aucun échange. Il fait signe à Herle pour qu'il bouscule un peu Soashna afin de la "réveiller". Mais Herle n'a nul besoin de le faire : dès que Durgaut et Vighnu sont revenus, Soashna prend une bruyante inspiration, se redresse, ouvre les yeux et se tortille à nouveau pour s'étirer. Durgaut tonne alors à son attention :<br />
<br />
''"Soyons brefs. Je n'ai que peu de temps à perdre, alors je veux des réponses précises et sans détour. Premièrement, que fait une Matrone seule à Tal Endhil, si loin de sa Ruche ? Deuxièmement, en dehors de la récupération d'un rapport dommageable à ma réputation, qu'a-t-elle de concret à m'offrir ? Troisièmement, se sent-elle de contracter avec moi aux diverses conditions évoquées ici, tant celles de mon Sergent que celles évoquées par Vighnu ? Enfin, comprend-elle qu'elle n'a que ce choix ou la condamnation pour sorcellerie ?"''<br />
<br />
Soashna se contente alors de sourire à l'assemblée.<br />
<br />
''"C'est à moi ? Très bien... Il est tard, la soirée a été rude et Isias s'éloigne pendant qu'on parle, je vais donc moi aussi aller droit au but. D'où viens-je ? D'Aroche, originellement. La politique interne des ruches n'est pas si amicale qu'elle peut le sembler et lorsque la Reine précédente s'est éteinte il y a 6 ans, la querelle de succession a fait des coups sombres parmi ses matrones-héritières. J'étais jeune, j'avais juste assez de prétention au trône pour que la Matrone Sarratsha m'écartèle mais pas assez d'influence pour lui retourner la faveur, j'ai donc pris... disons "mon indépendance". J'aurais pu rejoindre les Nocturnes de Duriane, évidemment, mais rien ne dit que j'y aurais été mieux accueillie. Je suppose qu'aujourd'hui qu'elle est fermement en place, je ne serais plus une menace pour la Reine mais... je préfère ne pas courir le risque. Et comme les Marches du Nord sont pleines de mâles persuadés de leur supériorité,'' (regard à la ronde) ''les opportunités étaient infinies..."''<br />
<br />
''"Je possède effectivement nombre d'informations dont vous avez besoin urgemment, votre sorcier ne sait pas les extraire de mon esprit et le tortionnaire de service mettrait des jours, si ce n'est des semaines, à me les arracher. D'ici là, il serait trop tard pour vous tous, et si je mourrais dans des circonstances curieuses, c'est au Commandeur Bagoran de Marale que vous auriez à faire. Lui et moi avons d'ailleurs rendez-vous demain, soir : il serait très déçu que je n'y sois pas... Mais ce n'est pas vraiment pour ces renseignements que vous avez besoin de moi : ils ne sont que notre cadeau d'introduction. Votre problème est que vous habitez un village encerclé par les sorciers et les espions et que, sans moi, vous n'avez absolument pas les moyens d'y faire face pour l'instant..."''<br />
<br />
''"Alors non, Capitaine, je ne crois pas n'avoir que le choix de coopérer avec vous ou de mourir. Parce que nous savons tous que vous êtes à peu près obligé de vous décider tout de suite et que, "tout de suite", vous ne pouvez pas raisonnablement vous débarrasser de moi. Sans moi, le rapport de Dorian sur l'attaque du convoi sera transmis au Sénéchal Quentos, qui vous tombera dessus comme la petite vérole sur le bas-clergé dès la huitaine prochaine, en présence de Son Éminence. Mais d'ici là, Isias aura tué deux ou trois gamins emishen et fera porter le chapeau aux Templiers pour vous mettre en porte-à-faux avec les Sentinelles, et vous aurez un tout autre problème. À moins que l'assassin de Rhilder n'arrive à vous atteindre, ou que le troisième agent du prévôt -celui que vous avez imprudemment ramené d'Aroche, si j'ai bien compris les messes-basses de votre quatuor de choc- ne déclenche de son côté une autre catastrophe. Et je suis au regret de vous annoncer que ce n'est pas le Questor que vous avez mis sur notre piste qui y pourrait grand-chose : c'est déjà difficile de maintenir une filature lorsqu'on est seul, mais quadriller la vallée..."''<br />
<br />
''"Vous pourrez sans doute me tuer lorsque vous serez bailli, mais d'ici là, soyons réalistes, ça vous attirerait plus d'ennuis que ça n'en résoudrait. Vous le savez, je le sais et Vighnu Pratesh le sait si bien qu'il est prêt à me laisser vivre alors que je possède une information qui signerait son arrêt de mort. Je ne suis ligotée ici que pour tranquilliser votre butor à grande épée et le petit sorcier qui s'inquiète pour son emploi.''(grand sourire)<br />
''Détachez-moi et nous pourrons parler affaires comme des gens civilisés : vos conditions me semblent acceptables. Je doute de réussir à expliquer pleinement mon art à vos brutes, mais j'admets qu'ils bénéficieraient certainement d'un peu de clarté sur le sujet... D'ailleurs j'ai moi-même quelques clauses à proposer, rien d'extravagant : ma liberté, une maison, des émoluments corrects... Mais Pratesh vous l'a sans doute déjà expliqué : un contrat ne peux pas se signer sous la contrainte. C'est "contraire au protocole" si vous voulez. Et comme je cherche moi-même une terre d'asile où m'établir, il me semble que nous sommes en excellente posture pour négocier."''<br />
<br />
''"Vous n'auriez pas quelque chose à boire, tant qu'à faire ? Rien qui n'ait été épicé par Pratesh, de préférence : ça me rend toute alanguie..."''<br />
<br />
<br />
====La décision du Capitaine====<br />
<br />
La réponse de Durgaut se fait sur un ton peu amène.<br />
<br />
''"Dites-vous bien que malgré votre assurance, feinte ou non, vous exécuter est et demeure une option parfaitement viable ! Vous l'écartez peut-être d'emblée comme une impossibilité liée au contexte, et vous faites erreur. Je peux vous tuer. J'en ai le pouvoir. Et mon Sergent en a envie. Quant aux multiples raisons qui pourraient me pousser à choisir cette issue plutôt qu'une autre, elles sont bien plus complexes que le schéma simpliste que vous vouliez faire gober à mes hommes."''<br />
<br />
Durgaut ne laisse qu'un très bref moment de silence avant d'afficher un rictus et de poursuivre.<br />
<br />
''"Mais puisque vous semblez avoir plus d'attachement à votre liberté qu'à votre vie, nous allons discourir de celle-ci : livrez séance tenante toutes les informations permettant d'arrêter le rapport et son porteur et je vous fais détacher afin que nous puissions effectivement discuter comme des gens civilisés et élaborer ce fameux contrat."''<br />
<br />
Soashna n'a alors plus l'air endormie du tout. Et c'est avec un sourire matois qu'elle répond : ''"Le rapport est à la patte d'un pigeon qui attend l'aube pour décoller, dans votre pigeonnier. Je crois que c'est à l'étage du-dessous... <ref>En effet, depuis que Hadrien Muraille a déménagé le pigeonnier sur la porte nord, l'endroit est accessible directement depuis le premier étage du donjon, en franchissant simplement la courtine au dessus du portail.</ref>"'' <br />
<br />
Et elle se lève de sa chaise pour tendre ses poignets ligotés à Eldan, tandis que Durgaut annonce : ''"Eldan, Vighnu, Andréas, interceptez moi cet oiseau et préparez-vous pour votre mission. Nous avons assez perdu de temps comme ça ! Sergent, détachez-la ! Et pour ce qui est de la boisson, nous verrons plus tard. Confondre mon bureau avec une taverne n'est pas fait pour me mettre dans les meilleures dispositions !"''<br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
<br />
<references/><br />
<br />
<br />
===Intermède===<br />
<br />
Entrent Cassandre et Le Chaman. <br />
<br />
Le Chaman : ''La nuit qui s'achève verra bien des évenèments. Soashna négociera les conditions de sa nouvelle vie avec le Capitaine. Quant à Brannock, il sera réveillé avant l'aube par les hommes du Capitaine venus l'arrêter.'' <br><br />
Cassandre : ''On n'échappe pas à son destin ! Mais que m'importe Brannock : où sont nos héros ? N'ont-ils pas une mission à accomplir ?'' <br><br />
Le Chaman : ''Ne t'impatiente pas trop, car les voici. L'aube est à peine née quand Vighnu, Eldan et Andréas franchissent les portes de Tal Endhil. Ils sont en route vers [[Solerane]], pour accomplir une tache aussi secrète que sanglante. Ils doivent être à Solerane en moins de deux jours et faire la route sans être vus par les [[Rehonil Ghoran]], les Sentinelles de l'Orage qui gardent [[Reishin Ghoran|la zone de paix]]. Car ce que s'apprête à accomplir notre trio s'apparente à un acte de guerre.''<br><br />
Cassandre : ''Ces trois là, des fauteurs de guerre ?''<br><br />
Le Chaman : ''Et oui, les apparences sont parfois trompeuses. N'oublie pas ce que je t'ai dis : les fondations de Tal Endhil baignent dans le sang. En tout cas, les voici ! Regarde, ils marchent d'un bon pas. Les voici qui quittent la route de Tal Endhil à Solerane. Ils vont emprunter le sentier de montagne qui conduit à la [[Mine du Camail]]. C'est un chemin abrupt et la descente s'annonce périlleuse, mais ils éviteront à la fois les patrouilles et le poste de garde qui ferme l'étroite [[Passe de Nilfenan]].''<br><br />
<br />
Cassandre et le Chaman mettent leurs mains en visière et commencent à scruter l'horizon. Cassandre pointe un doigt vers le lointain.<br><br />
<br />
Cassandre : ''Je les vois ! Mais le chroniqueur maigrichon avec son lourd grimoire, jamais il n'arrivera à suivre le rythme !''<br><br />
Le Chaman : ''Mais non, regarde-le ! Il est juste derrière Eldan qui ouvre la voie, et il avance d'un pas sûr et rapide ! N'est-il pas plein de ressources insoupçonnées ?'' <br><br />
Cassandre : ''C'est vrai qu'il m'étonne. Les voilà qui ont déjà atteint le sommet, là où se trouve la mine. Ne vont-il pas se faire repérer par la sentinelle de faction ? Mais non, il sont passés sans problème ! Mais... qu'est-ce que Vighnu tient dans sa main ?'' <br><br />
Le Chaman : ''Je crois que c'est l'en-cas de la sentinelle que Vighnu a subtilisé dans sa cahute. Celui-là est plus discret qu'une ombre ! Mais voici une difficulté qui s'annonce : si la montée fut facile, la descente sera périlleuse. Il leur faudra escalader des falaises et franchir des à-pics.''<br><br />
Cassandre : ''Ils vont se rompre le cou ! Je vois déjà Andréas qui pâlit à la vue du danger !''<br><br />
Le Chaman : ''Pourtant, les voilà qui s'encordent et commencent à descendre. Eldan et Vighnu sont à l'aise, Andréas beaucoup moins. Mais encordé et guidé par ses camarades il parvient à descendre. La première falaise est passée, ils s'attaquent à la deuxième...''<br><br />
Cassandre (se bouchant les yeux) : ''Je ne veux pas voir ça, ils vont mourir !'' <br><br />
Le Chaman : ''Allons ! Non, cela semble bien se passer. Les voilà maintenant qui se cachent et observent, ils ont dû repérer au loin une patrouille des Sentinelles. En tout cas, ils reprennent la descente et le plus dur semble être passé. Ils ont retiré leurs cordes. Mais... quel fait Andréas ? Il se lance en courant dans la pente, ignorant le danger ! Il tombe !''<br><br />
Cassandre (découvrant un œil pour regarder Andréas choir) : ''C'est la fin ! Il va se briser la nuque contre un de ces lourds rochers !''<br><br />
Le Chaman : ''Mais non, regarde ! Andréas se relève en se frottant le coude. Il s'en tire avec quelques bleus. Tous trois sont arrivés au pied du gué de la [[Rivière aux Élans]].'' <br><br />
Cassandre : ''Par les Pères, un ours ! Aaahhh !''<br><br />
<br />
En effet, un ours de bonne taille est entré sur la scène côté cour. Il est occupé à pêcher dans la rivière dont il a déjà extrait plusieurs poissons de bonne taille. Il a l'air assez bonhomme, ce qui n'empêche pas Cassandre de se réfugier derrière le Chaman. Entre alors Eldan, côté jardin. L'ours grogne dans sa direction et Eldan s'arrête brutalement, comme pétrifié par la vue de l'imposant plantigrade.<br><br />
<br />
Cassandre : ''Cette fois ils vont être dévorés tout crus ! Quelle horrible fin !''<br><br />
Le Chaman (chuchotant à l'oreille de Cassandre) : ''Ne t'ai-je point parlé de ressources insoupçonnées ? Regarde !''<br><br />
<br />
C'est alors qu'Eldan se met à courir. Hurlant comme un dément et agitant ses bras à toute vitesse comme s'il essayait de s'envoler, il traverse la scène en direction de l'ours. Ce dernier, d'abord interdit, ramasse ses poissons et sort de scène sans demander son reste. <br><br />
<br />
Le Chaman : ''Et c'est ainsi que l'envol du moineau effraya l'ours !''<br><br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
<br />
<br />
===Troisième acte : Solerane===<br />
<br />
Trois personnages entrent en scène : deux paysans miteux et un baladin vêtu d'un costume très voyant avec des grelots. Les grelots tintent à chaque pas du baladin et sa figure, entièrement peinte de blanc, affiche un rictus sinistre. Il faut quelques instants aux spectateurs pour comprendre que les paysans sont en fait Eldan et Andréas, alors que le baladin à la triste figure n'est autre que Vighnu. Sur scène se trouvent également deux gardes qui font payer le péage d'entrée dans Solerane à une foule bigarrée de marchands et de badauds. Un enfant pointe Vighnu du doigt. <br />
<br />
L'enfant : ''Maman, maman, pourquoi le monsieur il est habillé comme ça ?''<br><br />
La mère : ''Parce que c'est un baladin, il est là pour faire rire les gens.''<br><br />
L'enfant : ''Ben pourquoi il a l'air tout triste alors ?''<br><br />
La mère : ''Chut ! Il pourrait t'entendre !''<br><br />
Vighnu (à Eldan) : ''Je peux te dire que je te la revaudrai celle-là !''<br><br />
Eldan : ''Mais pourquoi dis-tu ça ? Il fallait bien que ta face soit maquillée, sinon on t'aurait reconnu !''<br><br />
Vighnu : ''Et les grelots, c'était obligé ?''<br><br />
Eldan : ''Ben oui, les baladins, ils ont des grelots ! Il faut que tu sois crédible, sinon l'opération pourrait être compromise. Souris un peu bon sang !''<br><br />
Andréas : ''Alors qu'entrer chez Jornil avec des grelots, ça risque pas de compromettre l'opération...''<br><br />
Garde : ''Halte là les pécores, il vous faudra payer votre écot pour entrer en ville. C'est une pièce de cuivre par jambe. ''<br><br />
Eldan : ''Une pièce de cuivre ? Mais c'est qu'on est des pauv' gens nous, on a pas le sou com' les riches marchands là derrière ! On peut avoir un rabais si on entre à cloche-pied ?''<br><br />
Garde : ''Certainement pas ! Encore que... Il est avec vous, le baladin qui tire la tronche, là ? S'il passe le pont-levis en marchant sur les mains, on vous fait un prix !''<br><br />
Soupirant, Vighnu fait une petite pirouette pour s'appuyer sur ses mains. Il esquisse un ou deux pas, avant de s'effondrer lourdement sur le sol - suscitant les rires gras des gardes. <br><br />
Garde : ''Six pièces, les pécores !''<br><br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
<br />
Une fois dans les murs de la ville, les trois compères se répartissent les taches. Andréas et Vighnu vont reconnaître la maison de la famille Cuivré. Ils repèrent en particulier la fenêtre du grenier, et Vighnu dessine dans sa tête une voie d'accès depuis les toits des maisons voisines. Restera à distraire le garde de faction. Pendant ce temps, Eldan se renseigne à la taverne "Le Carafon" sur la présence à Solerane d'un éventuel enquêteur qui pourrait remonter leur piste. <br />
<br />
« [[Heymdal "l'Émacié"]] est un chasseur de brigand. Sa barbe grisonnante et son visage orné de majestueuses rides pourrait presque faire penser à un sympathique grand-père. Du moins avant que l'on ne croise son regard pénétrant et que l'on ne remarque l'imposante cape noir corbeau qui lui couvre les épaules. Des cheveux coupés cours viennent renforcer l'aspect anguleux de sa mâchoire. Lorsqu'il se lève et dépasse la foule d'une tête, on comprend qu'il s'agit de quelqu'un de pas banal. Le suit de près un homme plus imposant encore, musculeux, aguerri et dont la peau est si marquée que l'on distingue difficilement ce qui relève du tatouage et de la cicatrice. Une lourde épée bâtarde est sanglée entre ses omoplates mais ne semble pas entraver ses mouvements souples. L'équipe est complétée par un jeune homme aux cheveux châtains clairs nouées en une longue natte et dont le visage est difficilement mémorisable … un [[Emishen]] peut être ? Sa démarche féline rappelle celle de [[Vighnu]]. »<br />
<br />
Le groupe se reforme, et décide d'aller louer un lit à l'[[Hostellerie des Moindres]]. En entrant dans l'établissement bondé, Andréas repère la silhouette de [[Sifenen Arlan]], le palefrenier emishen qui travaille pour [[Mérane "Roulier"]]. Considérant que Mérane est probablement elle-aussi présente à l'Hostellerie, Eldan et Andréas jugent plus prudent de faire demi-tour et d'aller chercher une couche ailleurs. <br />
<br />
Entre temps, les préparatifs pour le grand banquet du soir avancent sur la Grand' Place. Les gens sont déjà attablés et les discours ont commencé. Ceux-ci tournent autour de la situation économique de la ville (qui n'est pas très bonne) et de la venue du Primat. On annonce ainsi une grande messe pour sa venue. [[Jornil Cuivré]] fait lui aussi un discours. L'homme accuse clairement le poids des malheurs qui l'ont récemment accablé. Dans son discours, il annonce d'ailleurs qu'il prend sa retraite, laissant sa place à son fils. <br />
<br />
'''''Ou l'on échange vêtements et nourriture'''''<br />
<br />
L'un des paysans renifle dédaigneusement le banquet, y prélève une pâtisserie, la porte précautionneusement à ses lèvres et la repose aussitôt avec une grimace des plus expressives. Pendant ce temps, le second paysan et le baladin sortent de la scène et réapparaissent quelques secondes plus-tard et en ayant échangé leur vêtements. Le nouveau baladin, cette fois-ci souriant, s'attaque au banquet avec un plaisir visible pendant que le paysan, anciennement triste baladin, s'éclipse par l'autre côté de la scène.<br />
<br />
L'enfant : ''Maman, maman, ou il va le monsieur ?''<br><br />
La mère : ''Il va se mettre en place pour accomplir sa sombre besogne …''<br><br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
<br />
Les minutes passent. Soudain l'équipe du chasseur de prime se rassemble. Des mots sont échangés puis ils se séparent : [[Heymdal "l'Émacié"]] reste au banquet, la brute part vers l'Est et le jeune vers le Nord. Or la maison de Jornil ou opère Vighnu se trouve au Nord-Est, il faut agir vite. Eldan pris de court n'a pas le temps de penser à une riposte, et propose à Andreas de suivre le massif tandis que lui prendra en charge le plus discret. Par la suite il regrettera beaucoup sa décision et ressassera ce que le Lieutenant [[Esic "Le Cornu"]] aurait fait : « il aurait demandé au Chroniqueur de brouiller l'esprit des enquêteurs en leur faisant croire avoir aperçu [[Nadine "la Moucheuse"]] dans une direction opposée ». Trop tard, le moineau perd de vu sa cible et c'est sur le chroniqueur que le piège se referme finalement, lorsqu'au détour d'une ruelle, les deux enquêteurs lui barrent le chemin. Andreas tente de berner ses adversaires mais en vain. Ceux-ci l'interrogent et malgré leur brutale cruauté, le seul mot qu'ils tirent de lui est « .. baladin ... ». Ensanglanté et affaibli le Chaman du phare de l'humanité est dans une position des plus délicates alors que le guerrier le jette sur son épaule. Dans un dernier effort, Andreas projette son poids vers l'avant, saisit la sphère métallique rouge qui lui avait été confisquée et usant de toute la puissance de sa sorcel… heu de sa volonté, trouble si bien l'esprit de son ravisseur que ce dernier, persuadé d'avoir reçu un coup fatal à la gorge, le libère pour retenir le sang de sa blessure imaginaire. Sans lui laisser le temps de le poursuivre, notre héro s'enfuit et part rejoindre ses camarades.<br />
<br />
'''''Le hussard de [[Solerane]]'''''<br />
<br />
Pendant ce temps, perché sur les toits abrupts de la cité, à quelques mètres de la maison Cuivrée, Maître Pratesh attend patiemment. Il met à profit ce délai supplémentaire pour observer la rue et s'introduire dans les soupentes. Il a donc vu toute une foule pénétrer dans la maison. Non seulement, Jornil, [[Midral]] et leurs familles respectives mais également d'autres individus parmi lesquels le Sénéchal en personne ainsi que deux chariots dont le contenu a justement été entreposé dans le grenier. Parmi les jarres d'huile et les marchandises diverses … il découvre des cagots remplis de lingots d'argent. C'est une intense bataille intérieure qui prend place dans l'esprit de l’apothicaire ... dans laquelle toutes ses fonctions cognitives s'entrechoquent pour décider ce qui, du vol des lingots ou de l'obéissance au Capitaine [[Durgaut]] lui servira au mieux. L'image d'[[Islinna]] venant remettre un peu de calme dans le paysage mental de notre protagoniste, une trêve est déclarée le temps de mener la mission à terme. <br />
<br />
Quelques étages plus bas, c'est toute une réunion qui semble se dérouler. C'est du moins ce que va découvrir Andreas. Car ce dernier vient de rejoindre Eldan et explore l'intérieur de la bâtisse grâce à ses dons chamaniques.<br />
...<br />
<br />
Le plan du bâtiment finalement couché sur un parchemin, Andreas le remet au moineau pour que ce dernier le transmette à Vighnu.<br />
<br />
}}<br />
<br />
'''[[19) "La Vallée des Ossements"|<< Épisode Précédent]] | [[21) "Votre Éminence"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Épisodes|<< RETOUR à la liste des Épisodes]]'''<br />
<br />
[[Catégorie:Épisodes]]<br />
[[Catégorie:Comptes-Rendus]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/21)_%22Op%C3%A9ration_Cruchon%2221) "Opération Cruchon"2014-12-20T21:19:07Z<p>Aloun : </p>
<hr />
<div>'''La totalité de l'Épisode 20, "Opération Cruchon", est classé "spoiler"''', autant pour préserver la nécessaire confidentialité de cette opération secrète que pour ménager la dignité de ses participants maladroits.<br />
<br />
Si vous voulez vraiment accéder à cet Épisode, vérifiez que soit un de vos perso y était, soit que le MJ vous en a donné l'autorisation.<br><br />
Tout abus sera illico... pas puni, mais ce serait dommage.<br />
<br />
C'est bon, vous y avez bien pensé ? Vous êtes vraiment sûr ?<br />
<br />
{{Secrets| <br />
<br />
===Objectifs===<br />
<br />
L'Opération Cruchon (qui ne portait encore ce nom là) a été décidée par le Capitaine Durgaut pour mettre fin à deux problèmes.<br />
* Apprendre ce que [[Dorian le Magnifique]] et sa compagne fehnri [[Soashna]] savent exactement de l'opération "le Train de l'Argent", et rectifier leurs souvenirs. Pour cela, l'opération implique le Chroniqueur [[Andréas "Odran"]], dont on espère que les talents dans la modification des esprits lui permettront de réaliser cette performance.<br />
* Se débarrasser une bonne fois pour toute de [[Jornil Cuivré]]. Pour cela, ce sont les compétences de [[Vighnu Pratesh]] qui seront mises à contribution.<br />
<br />
Ce duo de choc est accompagné de [[Eldan "le Moineau"]], toujours là dans les bons coups.<br />
<br />
'''Pour faire honneur aux aventures tragi-comiques de nos protagonistes, cet Épisode sera narré sous la forme d’une pièce de théâtre antique, avec l’intervention d’un Chœur.''' Voici donc ''Opération Cruchon, ou La Fin du Magnifique'', farce tragique en trois actes et en prose.<br />
<br />
Mais, chut ! Les trois coups viennent de résonner et le noir se fait dans l’amphithéâtre… Soit attentif, lecteur, alors que le Chœur entre en scène.<br />
<br />
<br />
===Prologue===<br />
<br />
Entre le Chœur. Il est constitué du Chaman, un vieil homme édenté à l’air emishen fumant une pipe libérant des vapeurs d’Herbe-Nuage et d’une belle jeune femme rousse, Cassandre.<br />
<br />
Cassandre : ''Talendans ! Ce soir, la nuit est propice et nous pouvons lui confier nos secrets. Ecoutez donc comment, dans les temps anciens où notre belle cité n’était encore qu’un village perdu dans la froidure du Nord, agissaient des hommes de l’ombre.''<br><br />
Le Chaman : ''Là où s’établissent les hommes, la violence apparaît. Les racines de vos vergers plongent dans le sang que les pionniers ont fait couler. L’histoire de ce soir est une histoire secrète, l’histoire secrète de Tal Endhil. En ces temps anciens, la survie du village miracle dépendait d’une poignée d’hommes courageux au service du Capitaine Durgaut. Ces hommes devaient identifier les ennemis de Tal Endhil, car la ville grouillait d’espions envoyés par le terrible [[Rhilder le Fou]] !''<br><br />
Cassandre : ''Rhilder le Fou ? Celui qui faisait jeter des enfants du haut des remparts des villes qu’il voulait protéger des Kormes ? Celui dont la légende noire a traversé les années ?''<br><br />
Le Chaman : ''Lui-même. C’est pour cela que Durgaut a envoyé trois de ses hommes, parmi ceux qu’on appelle les Déterrés, enquêter sur les agissements d’un soi-disant marchand et de sa compagne. Vighnu Pratesh, apothicaire et assassin, Eldan le Moineau, mercenaire au service du Capitaine et Andréas Odran, chroniqueur et sorcier, ont mis au point au plan pour confondre les espions et les renvoyer chez eux.''<br><br />
Cassandre : ''A mon avis, cela va mal finir !''<br><br />
Le Chaman : ''Pourquoi donc ? Leur plan est bien ficelé.''<br><br />
Cassandre : ''Je te dis que malgré tout, quelque chose va déraper et que ça va mal finir.''<br><br />
Le Chaman : ''Allons Cassandre, ne soit pas si fataliste !''<br><br />
Cassandre : ''Oublierais-tu que dans ce Chœur, je'' suis ''la Fatalité ?'' <br><br />
Le Chaman : ''Tu as raison, parfois j’oublie l’évidence… Mais notre auditoire s’impatiente et il n’est pas venu pour nous entendre nous chamailler comme un vieux couple. Il est venu pour écouter les légendes et voir des héros. La nuit est tombée sur Tal Endhil et deux silhouettes s’approchent de l’échoppe d’apothicaire tenue par Vighnu Prastesh. Que le rideau se lève sur nos héros !''<br><br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
<br />
<br />
===Premier acte : Gueule de bois à la Taverne Penchée===<br />
<br />
Le rideau se lève sur l'intérieur de l'échoppe de Vighnu Pratesh. C'est la nuit. Entrent Eldan et Andréas, qui viennent discuter de leur plan. Celui-ci, longuement mis au point durant la huitaine précédente, est le suivant. Vighnu a préparé un puissant narcotique hallucinogène qui se présente sous la forme d'un verni dont il a revêtu les parois de deux verres de la Taverne Penchée. Dorian et Soashna fréquentant la [[Taverne Penchée]], Eldan et Vighnu vont essayer de lier connaissance avec eux pendant la soirée. Pendant que leur complice [[Esic "Le Cornu"]] fera sortir le gros des clients de la taverne en prétextant le manque de bière, Eldan sortira une bonne bouteille de vin et tout le monde trinquera. Le poison est supposé non seulement mettre KO Dorian et Soashna, mais aussi les mettre dans un état favorisant la seconde partie du plan, à savoir la manipulation de leurs esprits. En effet, Andréas entrera alors en jeu pour aller inspecter leurs souvenirs à grand coups de chroniquerie, et effacer les parties compromettantes. ''Qu’est-ce qui pourrait bien tourner mal ?''<br><br />
<br />
En arrivant à la taverne, Eldan et Vighnu trouvent une salle à moitié remplie. Là dedans, entres autres, [[Bartolome Sotorine]], Herle, [[Brannock]], ou le barde Alenn le rimeur. Dorian joue aux cartes avec deux marchands, Soashna n’est pas loin. Voyant entrer les deux Déterrés, Le Cornu commence à lancer à la cantonade qu’il n’y a plus de bière, provoquant immédiatement des protestations outrées de la part de Bartolome. Ce dernier finit par se laisser convaincre par Herle d’aller boire ailleurs, et la salle se vide doucement. Eldan ouvre de l’intérieur la porte menant à l’arrière salle, Andréas entre et jette un coup d'oeil à travers les tentures pour constater que la taverne est presque vide. Il peste intérieurement : il comptait sur la foule de la salle pour réaliser un rituel lui permettant de récupérer de l’Énergie sur les convives, ses futures activités risquant d'être très gourmandes. Il s’esquive donc en direction de la Grande Salle des Emishens, toujours bondée à cette heure, pour y réaliser son rituel. <br><br />
<br />
Pendant ce temps, Soashna a repéré Vighnu et s’approche de lui en roulant des hanches, très "femme fatale". Vighnu, bien que troublé, pense très fort à Islinna et réussit à peu près à se tenir. Après les présentations Soashna entame la conversation en fehnri et jette quelques hameçons pour voir si Vighnu va mordre. Eldan les rejoint, tentant de s’intégrer a la conversation. Malheureusement pour lui, Soashna et Vighnu continuent à converser en fehnri. Le pauvre Eldan est donc exclu de fait de la conversation et en est réduit à jouer les pots de fleurs. Visiblement sous pression, Vighnu lâche quelques informations sans grande importance concernant Tal Endhil tout en tentant de garder le contrôle de la conversation. Soashna lui pose des questions sur ses fioles car elle sait qu'il est apothicaire et s’intéresse beaucoup aux activités de la [[Guilde Franche de Tal Endhil|Guilde Marchande]] et des Sotorine. Soashna semble en effet chercher à découvrir l'emplacement et le nombre des comptoirs kerdans ainsi que leur possible approvisionnement en ivoire. De plus, au cours de la conversation, Vighnu et Eldan constatent avec inquiétude qu'une grande partie de la peau de Soashna est tatouée, ce qui indique que cette dernière ne peut être qu'une membre très importante des [[Nocturnes]], la mafia fehnri. Vighnu comprend alors que le plan d'origine de faire table commune avec les deux membres du couple va échouer. Il décide d'inviter Soashna à une discussion en tête à tête avec un bon cru. Avec Eldan il échange donc gobelet et bouteille discrètement au comptoir. Pendant qu'Eldan essaie de s’immiscer dans la partie de cartes où Dorian tente, en grand professionnel, de plumer ses adversaires, Vighnu sert un verre de vin à Soashna. Afin de lui faire ingurgiter sa potion, Vighnu allume sa pipe pour perturber l'odorat de la dame. Eldan fait de même avec Dorian... Et là, c’est le drame. <br><br />
<br />
Soashna semble bien encaisser le narcotique, pendant que Dorian s’affale brutalement sur sa table. Soashna comprend instantanément ce qui se passe. Vighnu ressent alors comme un picotement étrange qu’il reconnait, la sensation d’un sorcier en train d’essayer de lui voler de l’Energie. Soashna n’est pas qu’une Parfumeuse… c’est aussi une Sorcière ! Il parvient à résister au sortilège, mais Soashna lui écrase alors une sorte de pâte sur le visage. Vighnu subit les effets d’un puissant narcotique et se retrouve paralysé sur sa chaise, impuissant. Vighnu mis hors d'état de nuire, Soashna se précipite vers la table de Dorian et d'Eldan. Ce dernier essaie de l’intercepter… pour se retrouver lui aussi sous l’effet d’un des “parfums” de la Fenhri. <br><br />
<br />
C’est à ce moment là qu’Andréas revient pour constater l’étendue des dégâts. Eldan est en train de tomber par terre, tout raide, pendant que Vighnu glisse petit à petit dans l’inconscience et de sa chaise. Andréas entre dans la salle principale et attrape un cruchon vide sur une table avant de se diriger le plus discrètement possible vers Soashna, qui est en train d’agiter une fiole sous le nez de son compagnon. Andréas écrase la cruche d’un coup sec sur le crâne de Soashna… ça ne suffit pas à l’assommer, mais c’est à ce moment que le poison de Vighnu finit par faire effet. Les deux affreux sont enfin à terre, mais Andréas se retrouve nez-à-nez avec un Brannock armé jusqu’au dents. Le Cornu a sorti une hache, et la Poigne un gourdin. Tout le monde se regarde en chiens de faïence… Andréas lance un : ''“Non mais, c’était vraiment une grosse pute, hein !”'' pour essayer de détendre l’atmosphère. Brannock baisse légèrement ses armes et demande si la porte de derrière est toujours ouverte. Comme Andréas confirme, Brannock s’esquive sans demander son reste en lançant ''“Avec les compliments d’Adira Pratesh !”''<br><br />
<br />
Tandis que Vighnu et Eldan reprennent lentement conscience, Andréas tente de pénétrer l’esprit de Soashna, à l’aide du sortilège qu'il a préparé durant les jours précédents en prévision de l’opération. Il sort donc son grimoire et commence à dessiner dessus. Il compte aussi sur la "potion" de Vighnu pour l’aider dans sa tâche. Mais une mauvaise surprise l’attend. L’esprit de Soashna a la forme onirique d’un jardin évoquant les tatouages qui décorent l’essentiel de son corps... et a un gardien. Une créature ressemblant à un léopard garde en effet l’accès à ses souvenirs profonds. Tout au plus Andréas parvient-il à accéder à ses pensées superficielles, pensées qui concernent beaucoup la bagatelle. Andréas ainsi la surprise de découvrir, dans le coin de l’esprit de Soashna qui semble concerner ses amants, une image de [[Bagoran de Marale]]. Mais lorsque Andréas tente de s’enfoncer plus avant, vers les souvenirs profonds, le léopard l’attaque et il se retrouve, tout tremblant, hors de l’esprit de Soashna. C’est une bien maigre moisson d’informations qu'Andréas peut rapporter à ses comparses...<br />
<br />
Andréas, Vighnu et Eldan confèrent alors de la suite à donner aux évènements. Ils font face à une menace complètement imprévue, et Soashna reprend petit à petit conscience. Ils décident d’envoyer Vighnu chercher Herle, qui est probablement parti finir la soirée à l’Auberge du Cygne. En tant que "tueur de sorciers", Herle sera certainement à même de contrer Soashna si elle tente quelque chose. Pendant que Vighnu quitte la Taverne en quête de Herle, Andréas décide de s’attaquer à l’esprit de Dorian le Magnifique, qui babille dans son sommeil drogué. <br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
<br />
Lorsque le rideau se relève, environ deux heures ont passé. Un templier à l’air morose monte la garde devant la porte de la taverne penchée. À l’intérieur tout est calme. Il ne reste dans l’auberge que Dorian le Magnifique. Un léger sourire orne ses lèvres. Il aurait presque l’air bienheureux, si son regard n’était vitreux et si un poignard n’était planté dans sa poitrine. Il baigne dans une mare de sang, paisible.<br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
<br />
<br />
===Intermède===<br />
<br />
Entrent Cassandre et Le Chaman.<br />
<br />
Cassandre : ''Ne t’avais-je point dit, Chaman, que les choses tourneraient mal ? Mais on ne m'écoute jamais !'' <br><br />
Le Chaman : ''La Fatalité t’aveugle, Cassandre. Tu spécules, tu ne sais pas ce qui s’est passé dans cette taverne...'' <br><br />
Cassandre : ''C’est parce que tu fais bien des mystères. Que signifie cette ellipse temporelle ? Pourquoi as-tu cessé de raconter les évènements de cette soirée ? L’Herbe-Nuage a embué ton esprit !''<br><br />
Le Chaman : ''C’est que, vois-tu, les choses ne sont pas si simples. Différentes bouches conteront différents récits. Qui suis-je, moi, pour me faire l'arbitre des vérités, et choisir un récit comme plus vrai que les autres ?'' <br><br />
Cassandre : ''Mais qui a tué Dorian le Magnifique ? Tu le sais bien, non ?'' <br><br />
Le Chaman : ''Je n’en sais rien et je préfère laisser la parole aux protagonistes. Nous laisserons à notre auditoire le soin de retisser la trame des évènements à partir des différents récits, comme dans Rashômon.'' <br><br />
Cassandre : ''Mais qui est ce Rashômon ? Un sorcier ?'' <br><br />
Le Chaman : ''Pas exactement… Disons que [http://fr.wikipedia.org/wiki/Rash%C5%8Dmon_%28film,_1950%29 Rashômon] est un récit fait par un sorcier des images… Mais nous nous égarons. N’entends-tu point que nos héros ont atteint le Donjon de Tal Endhil et qu’ils s’apprêtent à raconter les événements de la nuit au Capitaine Durgaut ?'' <br><br />
Cassandre : ''Oui, ils sont là ! Écoutons-les !'' <br><br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
<br />
<br />
===Deuxième acte : Confrontation au Donjon===<br />
<br />
Le Donjon, la nuit. Une grande table accueille les reliefs d’un repas. Le Capitaine Durgaut y est installé. Il a l’air bonhomme, à moins qu’il ne soit simplement repu – il faut dire qu’il a repris deux fois du ragoût de mouton lors de son repas avec Dario Celsine. Entrent Herle de Lorune, Andréas Odran, Eldan le Moineau et Vighnu Pratesh qui escortent Soashna. Les quatre hommes ont l’air tendus et fatigués. Soashna est solidement ligotée, pieds nus et surtout à peine habillée d'une sorte de robe-tunique qui ferme mal et dévoile des seins splendides, des jambes parfaites et beaucoup de tatouages floraux.<br />
<br />
Herle de Lorune est le premier à s’avancer. Il prend le temps de vérifier que le Capitaine est bien seul avant de prendre la parole. Il se fixe au garde à vous et regarde Durgaut droit dans les yeux.<br />
<br />
====Le récit de Herle de Lorune====<br />
<br />
'' "Mon Capitaine, je vous prie d'excuser cette visite tardive et ma tenue négligée."''<br />
<br />
''"Cette femme est une sorcière.'' (Herle désigne Soashna du regard) ''Mes camarades, agissant sur vos ordres, l'ont démasquée ce soir alors qu'elle tentait d'exercer ses maléfices sur eux. Pratesh a pris sur lui de venir me quérir à l'auberge pour confirmer son intuition première. Lui-même, Eldan et votre "chroniqueur" avaient déjà réussi à s'assurer de sa personne et de celle de Dorian. Il ne m'a pas fallu longtemps pour m'assurer que, oui, cette noiraude dégageait bien une magie suspecte."''<br />
<br />
''"À peine avions-nous commencé à discuter de son sort, plus exactement de comment nous débarrasser de cette engeance sans vous attirer des ennuis, qu'elle se réveillait de son sommeil, sans doute feint, et tentait de s'enfuir. Pour cela, elle s'est emparé de l'esprit de notre jeune compagnon ''(il se tourne vers Eldan)'' pour le pousser à s'interposer, violemment, face à moi. Mon épaule s'en souvient encore, mais Pratesh a réussi à l'assommer. La sorcière en avait profité pour sauter à la gorge du "chroniqueur",'' (on entend les guillemets au ton de Herle) ''lui arracher sa dague et s'en servir de bouclier humain. Fort heureusement, la gueuse n'a pas pu arriver à ses fins et elle aussi a fini au sol, assommée. Pratesh a retenu ma lame alors que je m’apprêtais à en finir."''<br />
<br />
''"Il faut croire que les fehnri n'ont pas les mêmes interdits que nous vis à vis des sorciers. Pratesh était, et est toujours, plus intéressé par ce qu'elle a à dire que par l'insulte à la foi qu'elle représente. Le chroniqueur et lui ont alors commencé à parler longuement avec la sorcière, qui ne s'est pas privée de faire feu de tout bois pour les convaincre de l'épargner. Elle a menacé, promis, révélé de soi-disant secrets, minaudé, reculant encore et toujours l'échéance. Pour pousser son avantage, Pratesh a achevé Dorian avec la propre épingle à cheveux de la noiraude, cette lame empoisonnée qui est ici, parmi ses artifices'' (Herle désigne un ballot, fait à la va vite, avec les objets trouvés sur Soashna). ''La sorcière n'a pas semblé plus troublée que cela, elle a continué à se défendre avec aplomb."''<br />
<br />
''"Ces palabres ont duré bien trop longtemps. Mes camardes vous raconteront vous même leur idée honteuse - proposer un contrat à cette sorcière, sous le très douteux prétexte que l'honneur fehnri l'obligera à l'honorer. Je me permets, mon Capitaine, de vous préciser mon indignation et ma réprobation face à une telle issue. Cette sorcière ne mérite que la mort, comme ses semblables, et même si elle a des informations à nous révéler. Il existe par ailleurs bien d'autres moyens que la négociation polie pour obtenir ces informations. Mais enfin, devant la certitude de Pratesh et du "chroniqueur", j'ai accepté de les suivre jusqu'ici et de retenir mon bras. La décision que vous devez prendre est grave, mon Capitaine, très grave."''<br />
<br />
''"Avant de laisser la parole à ceux qui veulent tant rédiger un contrat, je me porte volontaire pour partir à la rescousse des enfants emishen enlevés par les sbires de Rhilder. D'après cette traînée, ces enfants sont voués à être assassinés et abandonnés de manière à provoquer l'ire des Sentinelles de l'Orage contre nous. Elle dit connaître un homme chargé pour l'heure de nourrir les enfants. Avec quelques informations plus précises qu'elle nous donnera'' (il adresse un sourire sinistre à Soashna), ''quelques hommes et un pisteur talentueux, je pense pouvoir lui mettre la main dessus rapidement et sauver les gamins. Cela rachèterait un peu le fait de laisser vivre cette engeance."''<br />
<br />
Herle semble s'arrêter.<br />
<br />
''"Ah, j'allais oublier. Pratesh a accepté de garantir sur sa vie que la sorcière se tiendrai aux termes du contrat. Lui est un homme de parole, il me semble. Et si vous vous décidez, mon Capitaine, pour cette malheureuse solution, j'aimerai ajouter un paragraphe à ce texte. La damoiselle devra s'engager à me parler, librement et précisément, de la sorcellerie qu'elle utilise. Après tout, ce n'est pas tous les jours que l'on a un sorcier contraint sous la main.'' (il adresse un regard à Andréas) ''Si au moins cette triste affaire pouvait nous apporter quelques unes des connaissances qui nous manquent..."''<br />
<br />
''"Merci mon Capitaine." '' Herle salue et recule d'un pas.<br />
<br />
Pendant le récit de Herle, Soashna a fréquemment roulé des yeux, fait la moue ou secoué légèrement la tête en entendant pareilles énormités (ce qui fait onduler ses cheveux très noirs et quelque peu emmêlés lui tombant jusqu'aux fesses) et, si certaines phrases l'ont vraiment fait sourire, elle a adressé un très léger hochement de tête à la toute dernière demande du chevalier lorunois.<br />
<br />
'' "C'est mon tour ?"'' demande-t-elle quand Herle le Défroqué a fini son récit.<br />
<br />
''"Non, ce n’est pas ton tour. Tu parleras quand on te dira,"'' répond directement Andréas. ''"Voici notre rapport, Capitaine."''<br />
<br />
<br />
<br />
====Le récit d’Andréas Odran====<br />
<br />
'' "Autant vous dire qu’on a pas mal de choses à vous raconter. Par exemple que le nouveau garde du corps d’Adira Pratesh est en réalité un assassin envoyé par Rhilder pour vous tuer. Mais commençons du début."''<br />
<br />
''"L’opération a bien commencé. Nous avons trouvé nos deux perdrix à la taverne penchée, comme prévu. Malheureusement, ils n’étaient pas ensemble à jouer aux cartes comme nous l’espérions. A son entrée, Soashna s’est immédiatement dirigée vers Vighnu et a commencé à tenter de lui soutirer des informations. Et elle a vite repéré qu’on avait essayé de la droguer. Mais bon, la taverne vidée, et avec un peu d’improvisation et l’aide d’un bon coup de cruche sur le haut du crâne, nous avons réussi à les neutraliser. On a ensuite pu commencer l’interrogatoire. Vighnu s’est rendu compte, en examinant les tatouages de la dame, que celle-ci devait une personne très haut placée de [[Nocturnes|la pègre Fehnri]]. Et alors qu’elle était toujours inconsciente, des fleurs se sont mises à pousser autour d’elle, sur le sol de la taverne, d’une façon on ne peut plus… surnaturelle. Je me suis rendu compte que Soashna, même droguée, pouvait résister à un interrogatoire. Tout juste ai-je pu comprendre qu’elle semblait avoir une relation... ahem... rapprochée avec le chef du Temple actuellement en visite à Tal Endhil, [[Bagoran de Marale]]. Le prestige de l’uniforme, sans doute."'' <br />
<br />
''"Je me suis reporté sur Dorian qui s’est révélé bien plus bavard. Dorian vient d’[[Orsane]], c’était un membre de la pègre locale - l’antenne locale de la mafia ondrène, si vous voulez. Il se trouve que le malheureux Dorian s’est fait poirer à [[Darverane]] en train de trafiquer du sel et d'autres choses par des hommes du prévôt Rhilder. Pour éviter de finir à l'échafaud, il a été contraint de travailler pour espion pour le Prévôt. C’est aussi à Darverane qu’il a rencontré Soashna ici présente et que leur association a débuté. C’est dans ce cadre qu’il s’est retrouvé à l’auberge du pont à enquêter sur les attaques de Kormes. Là, il est tombé sur [[8) "Le Train de l'Argent"|notre opération]] et s’est retrouvé involontairement impliqué dans l’extraction des lingots. Malgré nos précautions, il a réussit à remonter à certains indices que nous avions laissés. Par exemple, je ne vais pas vous mentir, le personnage d’Herme de Brasure, que je campais à l’occasion, n’est pas passé inaperçu, et ils ont remonté sa piste. D’autres ont été reconnus : il faut dire que les kormes de deux mètres dix, bon… Au final, ils se sont retrouvés à Tal Endhil, en train d’essayer de nous retrouver. Dorian hésitait franchement entre accomplir sa mission (faire un rapport à Rhilder) ou bien s’offrir une petite vengeance personnelles en arrangeant nos décès... Le mien, notamment. Bref."''<br />
<br />
''"J’ai également obtenu de Dorian les noms d’autres agents de Rhilder. L’un ne sera pas une surprise pour vous, c’est le [[Sénéchal Impérial Quentos]]. L’autre, c’est Isias, l’homme qui accompagnait Soashna et Dorian. Figurez-vous que cet Isias a été envoyé notamment pour prendre des nouvelles de l’assassin que Rhilder a envoyé pour vous tuer. Comme vous êtes toujours en vie, Rhilder s’inquiète un peu. L’assassin, Dorian ne savait pas qui c’est, mais selon Soashna c’est [[Brannock]], le nouveau garde du corps d’Adira. Faudra avoir un petit entretien avec lui, à l’occasion..."''<br />
<br />
''"Avec ces découvertes, et les preuves d’implications surnaturelles, on a décidé de faire appel à Herle, car il serait capable de résister à l’influence de Soashna. On a bien fait : alors qu’elle était encore apparemment inconsciente, elle a réussit à suffisamment influencer ce pauvre Eldan pour qu’il attaque Herle. Elle s’est réveillée, m’a pris par surprise, avant que Herle ne la frappe telle la justice implacable - il vous a déjà raconté sa partie. Il a failli me tuer à cette occasion, d’ailleurs, mais bon ce sont les risques du métier, on va dire. Il faut dire que Soashna, pour créer la zizanie entre nous, venait d’annoncer à la cantonade que j’étais un sorcier… Au milieu de tout ça, Vighnu a buté Dorian, il vous expliquera sans doute pourquoi."''<br />
<br />
''"Une fois Soashna sous bonne garde, on a pu discuter. Herle souhaitait la tuer sur place, Soashna a essayé de négocier. Bon… elle a une façon bizarre de négocier. En gros, avec l’épée de Herle écrasant sa poitrine, elle nous l’a joué comme si elle était en position de force. La femme qui peut sauver Tal Endhil. D’ailleurs, il n’y a qu’à cas la regarder maintenant (Andréas jette un coup d’oeil à Soashna), on dirait un coq paradant au milieu du poulailler. Il faut reconnaitre qu’elle semble savoir énormément de choses. Elle a affirme, par exemple, qu’un rapport circonstancié écrit par Dorian a été envoyé à Rhilder. Ce document contient les différents éléments à charge découverts à Tal Endhil. Le rapport est en route, mais serait toujours à Tal Endhil car les portes sont fermées. Je ne sais pas comment ils comptent le sortir, Soashna est certaine de pouvoir le récupérer. Tout aussi grave, elle nous aussi parlé d’une opération de déstabilisation menée par le fameux Isias dont je vous parlé. Il semblerait que certains des enfants emishens qui ont disparu dans les mines soient en sa possession, il veut les tuer et disposer leurs cadavres pour que les Sentinelles les découvrent. Isias vient apparemment de quitter Tal Endhil avec les gamins. Nous allons partir à leur poursuite dès cet entretien terminé et Soashna en sécurité. Cette dernière a probablement d’autres informations dans sa manche, c’est visiblement quelqu’un de très bien renseigné. Elle m’a demandé si vous payiez bien, et si elle pourrait avoir une résidence à Tal Endhil.. Elle semble prête à changer de camp très facilement. Trop facilement, peut-être."'' <br />
<br />
''"J’avoue, Capitaine, ne pas avoir d’opinion bien établie quant à la pertinence de la recruter. Elle est très forte, ça c’est sûr. Elle a aussi visiblement suivi des cours de haut niveau pour arriver à être super prétentieuse et éminemment désagréable - à moins que cela ne soit naturel chez elle. Elle est surtout très dangereuse et je ne sais pas trop comment nous pourrions nous assurer de sa loyauté. Vighnu semble convaincu qu’un contrat à la mode fehnri sera suffisant. Je me demande si une bonne option ne serait pas de faire savoir à Rhilder que désormais elle travaille pour vous. Ca pourrait la dissuader de retourner causer au Prévôt. Il semble moins compréhensif que vous pour les petits écarts de conduite..."''<br />
<br />
''"Pour finir, je ne vais ni plaider en sa faveur, ni contre elle. Elle s’exprimera ensuite, vous constaterez qu’elle se défend très bien elle-même. Elle va sûrement vous faire son petit numéro de victime, en expliquant comment nous avons vilement tenté de l’empoisonner alors qu’elle était tranquillement en train de nous espionner et de réfléchir à comment faire tomber Tal Endhil. Mais c’est le jeu, on peut difficilement lui en vouloir d’espérer sauver ses miches."'' <br />
<br />
''"Voilà, je pense avoir fait le tour... Mes camarades ont-ils des choses à ajouter ?" ''<br />
<br />
<br />
====Le récit d’Eldan====<br />
<br />
Eldan s'avance, ayant préalablement attendu que Vignu et Andreas lui confirment. Il semble embarrassé et s’efforce de tenir sinon son corps, du moins son regard, le plus éloigné possible de la belle et lascive créature.<br />
<br />
''"Mon capitaine, je crois que pour l'ensemble vous avez eu connaissance des éléments importants de cette mission par le récit de mes camarades. Je m'en tiendrais donc à mon avis personnel quant au devenir de la ... Dame. Sa dangerosité ne peut être mise en doute, en témoigne la sérieuse entaille sur l'omoplate d'Herle de Lorune que je lui ai vilement infligé sous l'influence des charmes de la chroniqu.... euh chaman... heu sorcière. Mais pour peu que nos intérêts convergent, elle ferait un allié de poids. Non seulement pour régler nos soucis les plus urgents, c'est à dire récupérer le rapport en partance pour Darverane et risquant de servir à Rhilder votre tête, sauf votre respect mon capitaine, sur un plateau. Sans parler du garde d'Adira Pratesh qui n'a pas encore réussi à trouver une brèche à travers la barrière de vos musculeux hornois mais qui finira par le faire si l'on ne l'arrête pas."''<br />
<br />
Les yeux du moineau s'égarent et on l'imagine se figurant Tal Endhil en flamme, phare de l'humanité, coulant dans les eaux noires de l'oubli, sa bannière arrachée et foulée au sol au milieu des constructions à jamais inachevées du quartier nord... C'est presque avec un sanglot étranglé que le moineau reprend. <br />
<br />
''"Et surtout elle pourrait constituer un agent potentiel pour approcher Rhilder, bien qu'elle n'ait pas été en contact direct avec ce dernier. Ses capacités et ses relations actuelles nous permettrait de savoir ce qui se trame dans les couloirs de la citadelle. Je pense que vous savez tout. Je me fie pleinement à votre jugement et sais que vous saurez prendre la décision la plus à même de nous aider comme vous l'avez toujours fait."'' <br />
<br />
Il n'y a pas une once d'ironie dans la voix du moineau qui, visiblement, semble penser que tout problème amené à la connaissance du clairvoyant Capitaine sera instantanément résolu et que toute décision prise par le Sauveur de Tal Endhil constitue par définition la "bonne" décision. C'est donc avec un soulagement visible qu'il termine sa phrase sachant son destin et celui de sa cité entre les mains de l'homme le plus compétent qu'il ait jamais connu.<br />
<br />
<br />
====Le récit de Vighnu====<br />
<br />
''"Capitaine, notre mission consistait à découvrir ce que deux témoins potentiels savaient de nos opérations et à faire en sorte, avec le moins de vagues possible, qu’ils ne puissent nous nuire."'' Vighnu soupire et continue avec sang-froid sans bafouiller.<br />
<br />
''"Je vous prie de croire que je n’ai jamais perdu de vue ces objectifs. C’est pourquoi je vais me permettre de corriger quelques détails dans les témoignages de mes collègues, notre perception des événements divergeant quelque peu et c’est bien normal. Je vais commencer par un scenario inédit de la soirée, si vous le voulez bien."''<br />
<br />
''"Eldan et moi-même nous sommes rendus en fin de soirée pour boire un verre à la taverne penchée. En arrivant notre sergent et tavernier a annoncé qu’il ne restait plus de bière. Cela a mis sur le départ plusieurs soiffards.'' (Regard en coin a Herle) ''Mais qu’importe nous boirions du vin ! Après nous être installés nous avons remarqué un petit cercle de jeu, Dorian y jouait accompagné de mademoiselle Soashna ici présente.'' (Vighnu s’incline vers la demoiselle) ''Partageant une commune origine nous avons discuté pour nous rappeler le bon vieux temps dans notre langue maternelle. J’ai si peu l’occasion de m’en servir ce fut un plaisir. Eldan poliment nous a laissé et a rejoint la table de Messire Dorian. Il a pu remarquer que celui-ci buvait pas mal. Enfin au bout de d’un moment vaincu par l’alcool il s’est effondré. S’excusant auprès de moi mademoiselle a rejoint son compagnon pendant que le cercle de jeu se dispersait. Du coup avec les clients restant nous avons bu quelques godets au bar. Soashna a remis sur pied Dorian au bout de quelques minutes et ils ont entamé une discussion. Après des échanges à voix basse le ton est monté, visiblement en colère Dorian était très virulent je passerai ses paroles au silence par respect pour mademoiselle ! Néanmoins nous avons compris qu’il s’agissait d’une rupture qui se ne se déroulait pas bien. En effet Soashna désirait mettre fin à sa relation avec Dorian, elle a entamé une tendre relation avec Bragorane de Marale. Dorian a très mal pris la nouvelle et malgré la pudique retenue de mademoiselle il a levé la main sur elle la frappant au visage !'' (Vighnu montre les traces de coups) ''Bien que ne désirant pas faire ingérence nous ne pouvions décemment pas laisser faire. Mes camarades se sont donc calmement interposés, mais Dorian est devenu fou et, les prenant par surprise, les a blessés. Puis il s'est jeté sur Soashna, la blessant elle aussi au bras. Elle ne doit sa survie qu’a un réflexe : en saisissant un couteau de cuisine elle a poignardé en légitime défense son agresseur, le tuant sur le coup. L’amour peut faire faire des choses bien étranges à un homme... Mais voyons le bon côté des choses mademoiselle est vivante et est reconnaissante des soins reçus.'' <br />
<br />
''"Ce récit présente la façon dont je vois l’incident néanmoins il est possible d’arranger quelques détails, mademoiselle peu très bien avoir eu un mauvais geste au final. Ça dépend de vous. Mais maintenant laissez-moi vous présenter le raisonnement qui m’a amené à ce scenario."''<br />
<br />
Vighnu devient alors beaucoup plus sérieux, son regard s’assombrit.<br />
<br />
''"Reprenons. Malgré des difficultés nous avons neutralisé les deux comparses et rapidement réalisé qu’ils n’étaient pas ce que nous avions cru. Suite à mon analyse des tatouages, l’arrivée des plantes et l’expertise d’Andreas nous avons conclu que la dame ici présente était une sorcière. Nous avons décidé de quérir Herle conjointement avec Andreas, car nous étions tous deux épuisés et sans doute possible incapable de la gérer nous-même sans la liquider séance tenante. Car c’est bien le problème : nous avions affaire à beaucoup plus fort que prévu et les neutraliser en suivant le plan d’origine était impossible. Que devions-nous faire alors ? Les tuer tous les deux ? Tenter de récupérer des informations auparavant ? Le choix était difficile. Mais au final nous avions besoin des informations : qui étaient-ils, que savaient-ils etc... Au final n’en déplaise à mes petits camarades avoir fait le choix de ne pas les tuer tous de suite s’est avéré payant."''<br />
<br />
''"Après interrogatoire de Dorian nous avons découverts des informations inestimables notamment qu’il était un espion de Rhilder de longue date. Et qu’il travaillait avec Soashna de manière indépendante comprenez : Rhilder n’a pas recruté la fehnri. Soashna à ce moment a repris conscience s’en est suivi le petit différent entre nous qui mes camarades vous ont déjà décrit."''<br />
<br />
''"Inviter Herle n’a pas été de tous repos. Il a confirmé nos soupçons et nous a permis de neutraliser une deuxième fois Soashna - merci a lui. Mais toute la difficulté a été de l’empêcher de la tuer. Pour quoi l’en empêcher ? Tous simplement parce que la liquider sans savoir qui elle était aurait pu être très dangereux vis-à-vis de la pègre Fehnri et parce que contrairement à Dorian nous n’avions pas pu voir dans sa tê... hum l’interroger. Vous avez pu constater la difficulté de gérer les avis de mes camarades grâce à leur exposé, imaginez sur place je peux vous garantir que ce n’était pas de la tarte. Néanmoins je pense avoir réussi à garder la tête froide. Donc à ce moment de notre aventure j’ai du assommer Eldan qui essayait de tuer Herle, puis j'ai assommé Soashna qui avait pris en otage Andreas. Enfin, j'ai empêché Herle de la clouer au sol sans sommation. L’équation "Dorian-Soashna /éviter un scandale avant l’arrivée du primat" paraissant compromise, j’ai pris une décision : je l’ai simplifiée."''<br />
<br />
''"J’ai éliminé un ennemi identifié, un espion qui nous avait déjà révélé nombre de ses secrets. Et attendu le réveil de son acolyte avant de décider de son sort. Cela m’a permis d’imaginer le scenario que je vous ai présenté en préambule. À son réveil Soashna a constaté la mort de son camarade et, contrairement à la déclaration d’Herle, a réalisé et analysé la situation dans laquelle elle était. Afin de sauver sa vie elle a marchandé. Qui ne l’aurait pas fait ? Enfin elle nous a livré trois informations capitales. Je ne vais pas revenir dessus... et elle en connaît d’autres. Elle connait notamment certaines informations concernant Herle... ce qui fait qu’alors même qu’elle nous livrait des infos à la pelle il m’a fallu intervenir pour détourner sa lame une dernière fois."''<br />
<br />
''"Je ne dis pas ça pour critiquer mes camarades mais il va falloir voir plus loin que vos convictions personnelles messieurs. Nous ne sommes pas des enfants de cœur, ce que nous faisons nous expose nous et tous ceux de Tal Endhil. Car il ne faut pas oublier qu’elle nous assure savoir où se trouve le rapport et comment l’intercepter, rapport qui couterait cher à tous les habitants de la région, les emishem surtout. Ce n'est peut-être rien de moins que la fin de notre projet de société ! J’assume mon choix, j’ai éliminé un espion et je nous offre la possibilité d’en recruter un. En effet, nous pouvons lier Soashna par contrat et elle le respectera tant que celui-ci sera profitable aux deux parties. Elle peut devenir un atout dans notre jeu capitaine. Je suis sûr qu’elle pourra convaincre sans mal les délégués présents à Tal Endhil de l’infamie de Dorian notamment son nouvel amant..."''<br />
<br />
Depuis qu'Andréas lui a ordonné de se taire, la belle Soashna a d'abord soupiré un peu, secoué la tête d'incrédulité devant ''"tant de mauvaise foi"''... puis s'est carrément désintéressée de ce que vous racontiez. Avant que le chroniqueur ait fini de parler, elle s'était assise dans la seule chaise disponible, face au Capitaine, en se tortillant un peu pour s'installer à peu près confortablement malgré ses poignets liés dans le dos. <br />
Puis elle s'est cambrée pour se caler la tête au sommet du dossier -faisant ressortir ses seins et gênant temporairement la concentration de tout le monde : elle a alors fermé les yeux, expiré longuement et sa respiration s'est peu à peu ralentie... au point de quasiment s'arrêter durant le récit de Vighnu.<br />
<br />
Durgaut hoche la tête après ce récit mais peine à contenir sa colère sourde. Il foudroie du regard "l'invitée" avant de fixer Vighnu :<br />
<br />
''"Vous autres, restez ici avec la "dame" que j'entendrai après si toutefois elle a quelque chose d'intéressant à me dire ! Je dois m'entretenir seul à seul avec Vighnu."''<br />
<br />
<br />
====Le récit de Soashna====<br />
<br />
Le Capitaine se retourne et invite par le geste le fehnri à le suivre sur le toit du donjon. Les gardes hornois, n'ayant pas reçu d'instruction contraire, bougent avec lui. Le Capitaine revient très vite après un entretien si bref qu'il ne semble y avoir eu aucun échange. Il fait signe à Herle pour qu'il bouscule un peu Soashna afin de la "réveiller". Mais Herle n'a nul besoin de le faire : dès que Durgaut et Vighnu sont revenus, Soashna prend une bruyante inspiration, se redresse, ouvre les yeux et se tortille à nouveau pour s'étirer. Durgaut tonne alors à son attention :<br />
<br />
''"Soyons brefs. Je n'ai que peu de temps à perdre, alors je veux des réponses précises et sans détour. Premièrement, que fait une Matrone seule à Tal Endhil, si loin de sa Ruche ? Deuxièmement, en dehors de la récupération d'un rapport dommageable à ma réputation, qu'a-t-elle de concret à m'offrir ? Troisièmement, se sent-elle de contracter avec moi aux diverses conditions évoquées ici, tant celles de mon Sergent que celles évoquées par Vighnu ? Enfin, comprend-elle qu'elle n'a que ce choix ou la condamnation pour sorcellerie ?"''<br />
<br />
Soashna se contente alors de sourire à l'assemblée.<br />
<br />
''"C'est à moi ? Très bien... Il est tard, la soirée a été rude et Isias s'éloigne pendant qu'on parle, je vais donc moi aussi aller droit au but. D'où viens-je ? D'Aroche, originellement. La politique interne des ruches n'est pas si amicale qu'elle peut le sembler et lorsque la Reine précédente s'est éteinte il y a 6 ans, la querelle de succession a fait des coups sombres parmi ses matrones-héritières. J'étais jeune, j'avais juste assez de prétention au trône pour que la Matrone Sarratsha m'écartèle mais pas assez d'influence pour lui retourner la faveur, j'ai donc pris... disons "mon indépendance". J'aurais pu rejoindre les Nocturnes de Duriane, évidemment, mais rien ne dit que j'y aurais été mieux accueillie. Je suppose qu'aujourd'hui qu'elle est fermement en place, je ne serais plus une menace pour la Reine mais... je préfère ne pas courir le risque. Et comme les Marches du Nord sont pleines de mâles persuadés de leur supériorité,'' (regard à la ronde) ''les opportunités étaient infinies..."''<br />
<br />
''"Je possède effectivement nombre d'informations dont vous avez besoin urgemment, votre sorcier ne sait pas les extraire de mon esprit et le tortionnaire de service mettrait des jours, si ce n'est des semaines, à me les arracher. D'ici là, il serait trop tard pour vous tous, et si je mourrais dans des circonstances curieuses, c'est au Commandeur Bagoran de Marale que vous auriez à faire. Lui et moi avons d'ailleurs rendez-vous demain, soir : il serait très déçu que je n'y sois pas... Mais ce n'est pas vraiment pour ces renseignements que vous avez besoin de moi : ils ne sont que notre cadeau d'introduction. Votre problème est que vous habitez un village encerclé par les sorciers et les espions et que, sans moi, vous n'avez absolument pas les moyens d'y faire face pour l'instant..."''<br />
<br />
''"Alors non, Capitaine, je ne crois pas n'avoir que le choix de coopérer avec vous ou de mourir. Parce que nous savons tous que vous êtes à peu près obligé de vous décider tout de suite et que, "tout de suite", vous ne pouvez pas raisonnablement vous débarrasser de moi. Sans moi, le rapport de Dorian sur l'attaque du convoi sera transmis au Sénéchal Quentos, qui vous tombera dessus comme la petite vérole sur le bas-clergé dès la huitaine prochaine, en présence de Son Éminence. Mais d'ici là, Isias aura tué deux ou trois gamins emishen et fera porter le chapeau aux Templiers pour vous mettre en porte-à-faux avec les Sentinelles, et vous aurez un tout autre problème. À moins que l'assassin de Rhilder n'arrive à vous atteindre, ou que le troisième agent du prévôt -celui que vous avez imprudemment ramené d'Aroche, si j'ai bien compris les messes-basses de votre quatuor de choc- ne déclenche de son côté une autre catastrophe. Et je suis au regret de vous annoncer que ce n'est pas le Questor que vous avez mis sur notre piste qui y pourrait grand-chose : c'est déjà difficile de maintenir une filature lorsqu'on est seul, mais quadriller la vallée..."''<br />
<br />
''"Vous pourrez sans doute me tuer lorsque vous serez bailli, mais d'ici là, soyons réalistes, ça vous attirerait plus d'ennuis que ça n'en résoudrait. Vous le savez, je le sais et Vighnu Pratesh le sait si bien qu'il est prêt à me laisser vivre alors que je possède une information qui signerait son arrêt de mort. Je ne suis ligotée ici que pour tranquilliser votre butor à grande épée et le petit sorcier qui s'inquiète pour son emploi.''(grand sourire)<br />
''Détachez-moi et nous pourrons parler affaires comme des gens civilisés : vos conditions me semblent acceptables. Je doute de réussir à expliquer pleinement mon art à vos brutes, mais j'admets qu'ils bénéficieraient certainement d'un peu de clarté sur le sujet... D'ailleurs j'ai moi-même quelques clauses à proposer, rien d'extravagant : ma liberté, une maison, des émoluments corrects... Mais Pratesh vous l'a sans doute déjà expliqué : un contrat ne peux pas se signer sous la contrainte. C'est "contraire au protocole" si vous voulez. Et comme je cherche moi-même une terre d'asile où m'établir, il me semble que nous sommes en excellente posture pour négocier."''<br />
<br />
''"Vous n'auriez pas quelque chose à boire, tant qu'à faire ? Rien qui n'ait été épicé par Pratesh, de préférence : ça me rend toute alanguie..."''<br />
<br />
<br />
====La décision du Capitaine====<br />
<br />
La réponse de Durgaut se fait sur un ton peu amène.<br />
<br />
''"Dites-vous bien que malgré votre assurance, feinte ou non, vous exécuter est et demeure une option parfaitement viable ! Vous l'écartez peut-être d'emblée comme une impossibilité liée au contexte, et vous faites erreur. Je peux vous tuer. J'en ai le pouvoir. Et mon Sergent en a envie. Quant aux multiples raisons qui pourraient me pousser à choisir cette issue plutôt qu'une autre, elles sont bien plus complexes que le schéma simpliste que vous vouliez faire gober à mes hommes."''<br />
<br />
Durgaut ne laisse qu'un très bref moment de silence avant d'afficher un rictus et de poursuivre.<br />
<br />
''"Mais puisque vous semblez avoir plus d'attachement à votre liberté qu'à votre vie, nous allons discourir de celle-ci : livrez séance tenante toutes les informations permettant d'arrêter le rapport et son porteur et je vous fais détacher afin que nous puissions effectivement discuter comme des gens civilisés et élaborer ce fameux contrat."''<br />
<br />
Soashna n'a alors plus l'air endormie du tout. Et c'est avec un sourire matois qu'elle répond : ''"Le rapport est à la patte d'un pigeon qui attend l'aube pour décoller, dans votre pigeonnier. Je crois que c'est à l'étage du-dessous... <ref>En effet, depuis que Hadrien Muraille a déménagé le pigeonnier sur la porte nord, l'endroit est accessible directement depuis le premier étage du donjon, en franchissant simplement la courtine au dessus du portail.</ref>"'' <br />
<br />
Et elle se lève de sa chaise pour tendre ses poignets ligotés à Eldan, tandis que Durgaut annonce : ''"Eldan, Vighnu, Andréas, interceptez moi cet oiseau et préparez-vous pour votre mission. Nous avons assez perdu de temps comme ça ! Sergent, détachez-la ! Et pour ce qui est de la boisson, nous verrons plus tard. Confondre mon bureau avec une taverne n'est pas fait pour me mettre dans les meilleures dispositions !"''<br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
<br />
<references/><br />
<br />
<br />
===Intermède===<br />
<br />
Entrent Cassandre et Le Chaman. <br />
<br />
Le Chaman : ''La nuit qui s'achève verra bien des évenèments. Soashna négociera les conditions de sa nouvelle vie avec le Capitaine. Quant à Brannock, il sera réveillé avant l'aube par les hommes du Capitaine venus l'arrêter.'' <br><br />
Cassandre : ''On n'échappe pas à son destin ! Mais que m'importe Brannock : où sont nos héros ? N'ont-ils pas une mission à accomplir ?'' <br><br />
Le Chaman : ''Ne t'impatiente pas trop, car les voici. L'aube est à peine née quand Vighnu, Eldan et Andréas franchissent les portes de Tal Endhil. Ils sont en route vers [[Solerane]], pour accomplir une tache aussi secrète que sanglante. Ils doivent être à Solerane en moins de deux jours et faire la route sans être vus par les [[Rehonil Ghoran]], les Sentinelles de l'Orage qui gardent [[Reishin Ghoran|la zone de paix]]. Car ce que s'apprête à accomplir notre trio s'apparente à un acte de guerre.''<br><br />
Cassandre : ''Ces trois là, des fauteurs de guerre ?''<br><br />
Le Chaman : ''Et oui, les apparences sont parfois trompeuses. N'oublie pas ce que je t'ai dis : les fondations de Tal Endhil baignent dans le sang. En tout cas, les voici ! Regarde, ils marchent d'un bon pas. Les voici qui quittent la route de Tal Endhil à Solerane. Ils vont emprunter le sentier de montagne qui conduit à la [[Mine du Camail]]. C'est un chemin abrupt et la descente s'annonce périlleuse, mais ils éviteront à la fois les patrouilles et le poste de garde qui ferme l'étroite [[Passe de Nilfenan]].''<br><br />
<br />
Cassandre et le Chaman mettent leurs mains en visière et commencent à scruter l'horizon. Cassandre pointe un doigt vers le lointain.<br><br />
<br />
Cassandre : ''Je les vois ! Mais le chroniqueur maigrichon avec son lourd grimoire, jamais il n'arrivera à suivre le rythme !''<br><br />
Le Chaman : ''Mais non, regarde-le ! Il est juste derrière Eldan qui ouvre la voie, et il avance d'un pas sûr et rapide ! N'est-il pas plein de ressources insoupçonnées ?'' <br><br />
Cassandre : ''C'est vrai qu'il m'étonne. Les voilà qui ont déjà atteint le sommet, là où se trouve la mine. Ne vont-il pas se faire repérer par la sentinelle de faction ? Mais non, il sont passés sans problème ! Mais... qu'est-ce que Vighnu tient dans sa main ?'' <br><br />
Le Chaman : ''Je crois que c'est l'en-cas de la sentinelle que Vighnu a subtilisé dans sa cahute. Celui-là est plus discret qu'une ombre ! Mais voici une difficulté qui s'annonce : si la montée fut facile, la descente sera périlleuse. Il leur faudra escalader des falaises et franchir des à-pics.''<br><br />
Cassandre : ''Ils vont se rompre le cou ! Je vois déjà Andréas qui pâlit à la vue du danger !''<br><br />
Le Chaman : ''Pourtant, les voilà qui s'encordent et commencent à descendre. Eldan et Vighnu sont à l'aise, Andréas beaucoup moins. Mais encordé et guidé par ses camarades il parvient à descendre. La première falaise est passée, ils s'attaquent à la deuxième...''<br><br />
Cassandre (se bouchant les yeux) : ''Je ne veux pas voir ça, ils vont mourir !'' <br><br />
Le Chaman : ''Allons ! Non, cela semble bien se passer. Les voilà maintenant qui se cachent et observent, ils ont dû repérer au loin une patrouille des Sentinelles. En tout cas, ils reprennent la descente et le plus dur semble être passé. Ils ont retiré leurs cordes. Mais... quel fait Andréas ? Il se lance en courant dans la pente, ignorant le danger ! Il tombe !''<br><br />
Cassandre (découvrant un œil pour regarder Andréas choir) : ''C'est la fin ! Il va se briser la nuque contre un de ces lourds rochers !''<br><br />
Le Chaman : ''Mais non, regarde ! Andréas se relève en se frottant le coude. Il s'en tire avec quelques bleus. Tous trois sont arrivés au pied du gué de la [[Rivière aux Élans]].'' <br><br />
Cassandre : ''Par les Pères, un ours ! Aaahhh !''<br><br />
<br />
En effet, un ours de bonne taille est entré sur la scène côté cour. Il est occupé à pêcher dans la rivière dont il a déjà extrait plusieurs poissons de bonne taille. Il a l'air assez bonhomme, ce qui n'empêche pas Cassandre de se réfugier derrière le Chaman. Entre alors Eldan, côté jardin. L'ours grogne dans sa direction et Eldan s'arrête brutalement, comme pétrifié par la vue de l'imposant plantigrade.<br><br />
<br />
Cassandre : ''Cette fois ils vont être dévorés tout crus ! Quelle horrible fin !''<br><br />
Le Chaman (chuchotant à l'oreille de Cassandre) : ''Ne t'ai-je point parlé de ressources insoupçonnées ? Regarde !''<br><br />
<br />
C'est alors qu'Eldan se met à courir. Hurlant comme un dément et agitant ses bras à toute vitesse comme s'il essayait de s'envoler, il traverse la scène en direction de l'ours. Ce dernier, d'abord interdit, ramasse ses poissons et sort de scène sans demander son reste. <br><br />
<br />
Le Chaman : ''Et c'est ainsi que l'envol du moineau effraya l'ours !''<br><br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
<br />
<br />
===Troisième acte : Solerane===<br />
<br />
Trois personnages entrent en scène : deux paysans miteux et un baladin vêtu d'un costume très voyant avec des grelots. Les grelots tintent à chaque pas du baladin et sa figure, entièrement peinte de blanc, affiche un rictus sinistre. Il faut quelques instants aux spectateurs pour comprendre que les paysans sont en fait Eldan et Andréas, alors que le baladin à la triste figure n'est autre que Vighnu. Sur scène se trouvent également deux gardes qui font payer le péage d'entrée dans Solerane à une foule bigarrée de marchands et de badauds. Un enfant pointe Vighnu du doigt. <br />
<br />
L'enfant : ''Maman, maman, pourquoi le monsieur il est habillé comme ça ?''<br><br />
La mère : ''Parce que c'est un baladin, il est là pour faire rire les gens.''<br><br />
L'enfant : ''Ben pourquoi il a l'air tout triste alors ?''<br><br />
La mère : ''Chut ! Il pourrait t'entendre !''<br><br />
Vighnu (à Eldan) : ''Je peux te dire que je te la revaudrai celle-là !''<br><br />
Eldan : ''Mais pourquoi dis-tu ça ? Il fallait bien que ta face soit maquillée, sinon on t'aurait reconnu !''<br><br />
Vighnu : ''Et les grelots, c'était obligé ?''<br><br />
Eldan : ''Ben oui, les baladins, ils ont des grelots ! Il faut que tu sois crédible, sinon l'opération pourrait être compromise. Souris un peu bon sang !''<br><br />
Andréas : ''Alors qu'entrer chez Jornil avec des grelots, ça risque pas de compromettre l'opération...''<br><br />
Garde : ''Halte là les pécores, il vous faudra payer votre écot pour entrer en ville. C'est une pièce de cuivre par jambe. ''<br><br />
Eldan : ''Une pièce de cuivre ? Mais c'est qu'on est des pauv' gens nous, on a pas le sou com' les riches marchands là derrière ! On peut avoir un rabais si on entre à cloche-pied ?''<br><br />
Garde : ''Certainement pas ! Encore que... Il est avec vous, le baladin qui tire la tronche, là ? S'il passe le pont-levis en marchant sur les mains, on vous fait un prix !''<br><br />
Soupirant, Vighnu fait une petite pirouette pour s'appuyer sur ses mains. Il esquisse un ou deux pas, avant de s'effondrer lourdement sur le sol - suscitant les rires gras des gardes. <br><br />
Garde : ''Six pièces, les pécores !''<br><br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
<br />
Une fois dans les murs de la ville, les trois compères se répartissent les taches. Andréas et Vighnu vont reconnaître la maison de la famille Cuivré. Ils repèrent en particulier la fenêtre du grenier, et Vighnu dessine dans sa tête une voie d'accès depuis les toits des maisons voisines. Restera à distraire le garde de faction. Pendant ce temps, Eldan se renseigne à la taverne "Le Carafon" sur la présence à Solerane d'un éventuel enquêteur qui pourrait remonter leur piste. <br />
<br />
« Emdal l'émacié est un chasseur de brigand. Sa barbe grisonnante et son visage orné de majestueuses rides pourrait presque faire penser à un sympathique grand-père. Du moins avant que l'on ne croise son regard pénétrant et que l'on ne remarque l'imposante cape qui lui couvre les épaules, qu'il a par ailleurs très larges. Des cheveux coupés cours viennent renforcer l'aspect anguleux de sa mâchoire. Lorsqu'il se lève et dépasse la foule d'une tête, on comprend qu'il s'agit de quelqu'un de pas banal. Le suit de près un homme plus imposant encore, musculeux, aguerri et dont la peau est si marquée que l'on distingue difficilement ce qui relève du tatouage et de la cicatrice. Une lourde épée bâtarde est sanglée entre ses omoplates mais ne semble pas entraver ses mouvements souples. L'équipe est complétée par un jeune homme au cheveux châtains clairs nouées en une longue natte et dont le visage est difficilement mémorisable … un Emishen peut être ? Sa démarche féline rappelle celle de Vignu. »<br />
<br />
Le groupe se reforme, et décide d'aller louer un lit à l'Hostellerie des Moindres. En entrant dans l'établissement bondé, Andréas repère la silhouette de [[Sifenen Arlan]], le palefrenier emishen qui travaille pour [[Mérane "Roulier"]]. Considérant que Mérane est probablement elle-aussi présente à l'Hostellerie, Eldan et Andréas jugent plus prudent de faire demi-tour et d'aller chercher une couche ailleurs. <br />
<br />
Entre temps, les préparatifs pour le grand banquet du soir avancent sur la Grand' Place. Les gens sont déjà attablés et les discours ont commencé. Ceux-ci tournent autour de la situation économique de la ville (qui n'est pas très bonne) et de la venue du Primat. On annonce ainsi une grande messe pour sa venue. Jornil Cuivré fait lui aussi un discours. L'homme accuse clairement le poids des malheurs qui l'ont récemment accablé. Dans son discours, il annonce d'ailleurs qu'il prend sa retraite, laissant sa place à son fils. <br />
<br />
'''''Ou l'on échange vêtements et nourriture'''''<br />
<br />
L'un des paysan renifle dédaigneusement le banquet, y prélève une pâtisserie, la porte précautionneusement à ses lèvres et la repose aussitôt avec une grimace des plus expressives. Pendant ce temps, le second paysan et le baladin sortent de la scène et réapparaissent quelques secondes plus-tard et en ayant échangé leur vêtements. Le nouveau baladin, cette fois-ci souriant, s'attaque au banquet avec un plaisir visible pendant que le paysan, anciennement triste baladin, s'éclipse par l'autre coté de la scène.<br />
<br />
L'enfant : ''Maman, maman, ou il va le monsieur ?''<br><br />
La mère : ''Il va se mettre en place pour accomplir sa sombre besogne …''<br><br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
<br />
Les minutes passent. Soudain l'équipe du chasseur de prime se rassemble. Des mots sont échangés puis ils se séparent : Emdal reste au banquet, la brute part vers l'Est et le jeune vers le Nord. Or la maison de Jornil ou opère Vighnu se trouve au Nord-Est, il faut agir vite. Eldan pris de court n'a pas le temps de penser à une riposte, et propose à Andreas de suivre le massif tandis que lui prendra en charge le plus discret. Par la suite il regrettera beaucoup sa décision et ressassera ce que le Lieutenant Le Cornu aurait fait : « il aurait demandé au Chroniqueur de brouiller l'esprit des enquêteurs en leur faisant croire avoir aperçu Nadine la Moucheuse dans une direction opposée ». Trop tard, le moineau perd de vu sa cible et c'est sur le chroniqueur que le piège se referme finalement, lorsqu'au détour d'une ruelle, les deux enquêteurs lui barrent le chemin. Andreas tente de berner ses adversaires mais en vain. Ceux-ci l'interrogent et malgré leur brutale cruauté, le seul mot qu'ils tirent de lui est « .. baladin ... ». Ensanglanté et affaibli le Chaman du phare de l'humanité est dans une position des plus délicates alors que le guerrier le jette sur son épaule. Dans un dernier effort, Andreas projette son poids vers l'avant, saisit la sphère métallique rouge qui lui avait été confisquée et usant de toute la puissance de sa sorcel… heu de sa volonté, trouble si bien l'esprit de son ravisseur que ce dernier, persuadé d'avoir reçu un coup fatal à la gorge, le libère pour retenir le sang de sa blessure imaginaire. Sans lui laisser le temps de le poursuivre, notre héro s'enfuit et part rejoindre ses camarades.<br />
<br />
'''''Le hussard de Solérane'''''<br />
<br />
Pendant ce temps, perché sur les toits abruptes de la cité, à quelques mètres de la maison Cuivrée, Maître Pratesh attend patiemment. Il met a profit ce délais supplémentaire pour observer la rue et s'introduire dans les soupentes. Il a donc vu toute une foule pénétrer dans la maison. Non seulement, Jornil, Midral et leurs familles respectives mais également d'autres individus parmi lesquels le Sénéchal en personne ainsi que deux chariots dont le contenu à justement été entreposé dans le grenier. Parmi les jarres d'huile et les marchandises diverses … il découvre des cagots remplis de lingots d'argent. C'est une intense bataille intérieure qui prend place dans l'esprit de l’apothicaire ... dans laquelle toutes ses fonctions cognitives s'entrechoquent pour décider ce qui, du vole des lingots ou de l'obéissance au Capitaine Durgaut lui servira au mieux. L'image d'Islinna venant remettre un peu de calme dans le paysage mental de notre protagoniste, une trêve est déclarée le temps de mener la mission à terme. <br />
<br />
Quelques étages plus bas, c'est toute une réunion qui semble se dérouler. C'est du moins ce que va découvrir Andreas. Car ce dernier vient de rejoindre Eldan et explore l'intérieur de la bâtisse grâce à ses dons chamaniques.<br />
...<br />
<br />
Le plan du bâtiment finalement couché sur un parchemin, Andreas le remet au moineau pour que ce dernier le transmette à Vighnu.<br />
<br />
}}<br />
<br />
'''[[19) "La Vallée des Ossements"|<< Épisode Précédent]] | [[21) "Votre Éminence"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Épisodes|<< RETOUR à la liste des Épisodes]]'''<br />
<br />
[[Catégorie:Épisodes]]<br />
[[Catégorie:Comptes-Rendus]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/21)_%22Op%C3%A9ration_Cruchon%2221) "Opération Cruchon"2014-12-20T21:15:50Z<p>Aloun : </p>
<hr />
<div>'''La totalité de l'Épisode 20, "Opération Cruchon", est classé "spoiler"''', autant pour préserver la nécessaire confidentialité de cette opération secrète que pour ménager la dignité de ses participants maladroits.<br />
<br />
Si vous voulez vraiment accéder à cet Épisode, vérifiez que soit un de vos perso y était, soit que le MJ vous en a donné l'autorisation.<br><br />
Tout abus sera illico... pas puni, mais ce serait dommage.<br />
<br />
C'est bon, vous y avez bien pensé ? Vous êtes vraiment sûr ?<br />
<br />
{{Secrets| <br />
<br />
===Objectifs===<br />
<br />
L'Opération Cruchon (qui ne portait encore ce nom là) a été décidée par le Capitaine Durgaut pour mettre fin à deux problèmes.<br />
* Apprendre ce que [[Dorian le Magnifique]] et sa compagne fehnri [[Soashna]] savent exactement de l'opération "le Train de l'Argent", et rectifier leurs souvenirs. Pour cela, l'opération implique le Chroniqueur [[Andréas "Odran"]], dont on espère que les talents dans la modification des esprits lui permettront de réaliser cette performance.<br />
* Se débarrasser une bonne fois pour toute de [[Jornil Cuivré]]. Pour cela, ce sont les compétences de [[Vighnu Pratesh]] qui seront mises à contribution.<br />
<br />
Ce duo de choc est accompagné de [[Eldan "le Moineau"]], toujours là dans les bons coups.<br />
<br />
'''Pour faire honneur aux aventures tragi-comiques de nos protagonistes, cet Épisode sera narré sous la forme d’une pièce de théâtre antique, avec l’intervention d’un Chœur.''' Voici donc ''Opération Cruchon, ou La Fin du Magnifique'', farce tragique en trois actes et en prose.<br />
<br />
Mais, chut ! Les trois coups viennent de résonner et le noir se fait dans l’amphithéâtre… Soit attentif, lecteur, alors que le Chœur entre en scène.<br />
<br />
<br />
===Prologue===<br />
<br />
Entre le Chœur. Il est constitué du Chaman, un vieil homme édenté à l’air emishen fumant une pipe libérant des vapeurs d’Herbe-Nuage et d’une belle jeune femme rousse, Cassandre.<br />
<br />
Cassandre : ''Talendans ! Ce soir, la nuit est propice et nous pouvons lui confier nos secrets. Ecoutez donc comment, dans les temps anciens où notre belle cité n’était encore qu’un village perdu dans la froidure du Nord, agissaient des hommes de l’ombre.''<br><br />
Le Chaman : ''Là où s’établissent les hommes, la violence apparaît. Les racines de vos vergers plongent dans le sang que les pionniers ont fait couler. L’histoire de ce soir est une histoire secrète, l’histoire secrète de Tal Endhil. En ces temps anciens, la survie du village miracle dépendait d’une poignée d’hommes courageux au service du Capitaine Durgaut. Ces hommes devaient identifier les ennemis de Tal Endhil, car la ville grouillait d’espions envoyés par le terrible [[Rhilder le Fou]] !''<br><br />
Cassandre : ''Rhilder le Fou ? Celui qui faisait jeter des enfants du haut des remparts des villes qu’il voulait protéger des Kormes ? Celui dont la légende noire a traversé les années ?''<br><br />
Le Chaman : ''Lui-même. C’est pour cela que Durgaut a envoyé trois de ses hommes, parmi ceux qu’on appelle les Déterrés, enquêter sur les agissements d’un soi-disant marchand et de sa compagne. Vighnu Pratesh, apothicaire et assassin, Eldan le Moineau, mercenaire au service du Capitaine et Andréas Odran, chroniqueur et sorcier, ont mis au point au plan pour confondre les espions et les renvoyer chez eux.''<br><br />
Cassandre : ''A mon avis, cela va mal finir !''<br><br />
Le Chaman : ''Pourquoi donc ? Leur plan est bien ficelé.''<br><br />
Cassandre : ''Je te dis que malgré tout, quelque chose va déraper et que ça va mal finir.''<br><br />
Le Chaman : ''Allons Cassandre, ne soit pas si fataliste !''<br><br />
Cassandre : ''Oublierais-tu que dans ce Chœur, je'' suis ''la Fatalité ?'' <br><br />
Le Chaman : ''Tu as raison, parfois j’oublie l’évidence… Mais notre auditoire s’impatiente et il n’est pas venu pour nous entendre nous chamailler comme un vieux couple. Il est venu pour écouter les légendes et voir des héros. La nuit est tombée sur Tal Endhil et deux silhouettes s’approchent de l’échoppe d’apothicaire tenue par Vighnu Prastesh. Que le rideau se lève sur nos héros !''<br><br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
<br />
<br />
===Premier acte : Gueule de bois à la Taverne Penchée===<br />
<br />
Le rideau se lève sur l'intérieur de l'échoppe de Vighnu Pratesh. C'est la nuit. Entrent Eldan et Andréas, qui viennent discuter de leur plan. Celui-ci, longuement mis au point durant la huitaine précédente, est le suivant. Vighnu a préparé un puissant narcotique hallucinogène qui se présente sous la forme d'un verni dont il a revêtu les parois de deux verres de la Taverne Penchée. Dorian et Soashna fréquentant la [[Taverne Penchée]], Eldan et Vighnu vont essayer de lier connaissance avec eux pendant la soirée. Pendant que leur complice [[Esic "Le Cornu"]] fera sortir le gros des clients de la taverne en prétextant le manque de bière, Eldan sortira une bonne bouteille de vin et tout le monde trinquera. Le poison est supposé non seulement mettre KO Dorian et Soashna, mais aussi les mettre dans un état favorisant la seconde partie du plan, à savoir la manipulation de leurs esprits. En effet, Andréas entrera alors en jeu pour aller inspecter leurs souvenirs à grand coups de chroniquerie, et effacer les parties compromettantes. ''Qu’est-ce qui pourrait bien tourner mal ?''<br><br />
<br />
En arrivant à la taverne, Eldan et Vighnu trouvent une salle à moitié remplie. Là dedans, entres autres, [[Bartolome Sotorine]], Herle, [[Brannock]], ou le barde Alenn le rimeur. Dorian joue aux cartes avec deux marchands, Soashna n’est pas loin. Voyant entrer les deux Déterrés, Le Cornu commence à lancer à la cantonade qu’il n’y a plus de bière, provoquant immédiatement des protestations outrées de la part de Bartolome. Ce dernier finit par se laisser convaincre par Herle d’aller boire ailleurs, et la salle se vide doucement. Eldan ouvre de l’intérieur la porte menant à l’arrière salle, Andréas entre et jette un coup d'oeil à travers les tentures pour constater que la taverne est presque vide. Il peste intérieurement : il comptait sur la foule de la salle pour réaliser un rituel lui permettant de récupérer de l’Énergie sur les convives, ses futures activités risquant d'être très gourmandes. Il s’esquive donc en direction de la Grande Salle des Emishens, toujours bondée à cette heure, pour y réaliser son rituel. <br><br />
<br />
Pendant ce temps, Soashna a repéré Vighnu et s’approche de lui en roulant des hanches, très "femme fatale". Vighnu, bien que troublé, pense très fort à Islinna et réussit à peu près à se tenir. Après les présentations Soashna entame la conversation en fehnri et jette quelques hameçons pour voir si Vighnu va mordre. Eldan les rejoint, tentant de s’intégrer a la conversation. Malheureusement pour lui, Soashna et Vighnu continuent à converser en fehnri. Le pauvre Eldan est donc exclu de fait de la conversation et en est réduit à jouer les pots de fleurs. Visiblement sous pression, Vighnu lâche quelques informations sans grande importance concernant Tal Endhil tout en tentant de garder le contrôle de la conversation. Soashna lui pose des questions sur ses fioles car elle sait qu'il est apothicaire et s’intéresse beaucoup aux activités de la [[Guilde Franche de Tal Endhil|Guilde Marchande]] et des Sotorine. Soashna semble en effet chercher à découvrir l'emplacement et le nombre des comptoirs kerdans ainsi que leur possible approvisionnement en ivoire. De plus, au cours de la conversation, Vighnu et Eldan constatent avec inquiétude qu'une grande partie de la peau de Soashna est tatouée, ce qui indique que cette dernière ne peut être qu'une membre très importante des [[Nocturnes]], la mafia fehnri. Vighnu comprend alors que le plan d'origine de faire table commune avec les deux membres du couple va échouer. Il décide d'inviter Soashna à une discussion en tête à tête avec un bon cru. Avec Eldan il échange donc gobelet et bouteille discrètement au comptoir. Pendant qu'Eldan essaie de s’immiscer dans la partie de cartes où Dorian tente, en grand professionnel, de plumer ses adversaires, Vighnu sert un verre de vin à Soashna. Afin de lui faire ingurgiter sa potion, Vighnu allume sa pipe pour perturber l'odorat de la dame. Eldan fait de même avec Dorian... Et là, c’est le drame. <br><br />
<br />
Soashna semble bien encaisser le narcotique, pendant que Dorian s’affale brutalement sur sa table. Soashna comprend instantanément ce qui se passe. Vighnu ressent alors comme un picotement étrange qu’il reconnait, la sensation d’un sorcier en train d’essayer de lui voler de l’Energie. Soashna n’est pas qu’une Parfumeuse… c’est aussi une Sorcière ! Il parvient à résister au sortilège, mais Soashna lui écrase alors une sorte de pâte sur le visage. Vighnu subit les effets d’un puissant narcotique et se retrouve paralysé sur sa chaise, impuissant. Vighnu mis hors d'état de nuire, Soashna se précipite vers la table de Dorian et d'Eldan. Ce dernier essaie de l’intercepter… pour se retrouver lui aussi sous l’effet d’un des “parfums” de la Fenhri. <br><br />
<br />
C’est à ce moment là qu’Andréas revient pour constater l’étendue des dégâts. Eldan est en train de tomber par terre, tout raide, pendant que Vighnu glisse petit à petit dans l’inconscience et de sa chaise. Andréas entre dans la salle principale et attrape un cruchon vide sur une table avant de se diriger le plus discrètement possible vers Soashna, qui est en train d’agiter une fiole sous le nez de son compagnon. Andréas écrase la cruche d’un coup sec sur le crâne de Soashna… ça ne suffit pas à l’assommer, mais c’est à ce moment que le poison de Vighnu finit par faire effet. Les deux affreux sont enfin à terre, mais Andréas se retrouve nez-à-nez avec un Brannock armé jusqu’au dents. Le Cornu a sorti une hache, et la Poigne un gourdin. Tout le monde se regarde en chiens de faïence… Andréas lance un : ''“Non mais, c’était vraiment une grosse pute, hein !”'' pour essayer de détendre l’atmosphère. Brannock baisse légèrement ses armes et demande si la porte de derrière est toujours ouverte. Comme Andréas confirme, Brannock s’esquive sans demander son reste en lançant ''“Avec les compliments d’Adira Pratesh !”''<br><br />
<br />
Tandis que Vighnu et Eldan reprennent lentement conscience, Andréas tente de pénétrer l’esprit de Soashna, à l’aide du sortilège qu'il a préparé durant les jours précédents en prévision de l’opération. Il sort donc son grimoire et commence à dessiner dessus. Il compte aussi sur la "potion" de Vighnu pour l’aider dans sa tâche. Mais une mauvaise surprise l’attend. L’esprit de Soashna a la forme onirique d’un jardin évoquant les tatouages qui décorent l’essentiel de son corps... et a un gardien. Une créature ressemblant à un léopard garde en effet l’accès à ses souvenirs profonds. Tout au plus Andréas parvient-il à accéder à ses pensées superficielles, pensées qui concernent beaucoup la bagatelle. Andréas ainsi la surprise de découvrir, dans le coin de l’esprit de Soashna qui semble concerner ses amants, une image de [[Bagoran de Marale]]. Mais lorsque Andréas tente de s’enfoncer plus avant, vers les souvenirs profonds, le léopard l’attaque et il se retrouve, tout tremblant, hors de l’esprit de Soashna. C’est une bien maigre moisson d’informations qu'Andréas peut rapporter à ses comparses...<br />
<br />
Andréas, Vighnu et Eldan confèrent alors de la suite à donner aux évènements. Ils font face à une menace complètement imprévue, et Soashna reprend petit à petit conscience. Ils décident d’envoyer Vighnu chercher Herle, qui est probablement parti finir la soirée à l’Auberge du Cygne. En tant que "tueur de sorciers", Herle sera certainement à même de contrer Soashna si elle tente quelque chose. Pendant que Vighnu quitte la Taverne en quête de Herle, Andréas décide de s’attaquer à l’esprit de Dorian le Magnifique, qui babille dans son sommeil drogué. <br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
<br />
Lorsque le rideau se relève, environ deux heures ont passé. Un templier à l’air morose monte la garde devant la porte de la taverne penchée. À l’intérieur tout est calme. Il ne reste dans l’auberge que Dorian le Magnifique. Un léger sourire orne ses lèvres. Il aurait presque l’air bienheureux, si son regard n’était vitreux et si un poignard n’était planté dans sa poitrine. Il baigne dans une mare de sang, paisible.<br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
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<br />
===Intermède===<br />
<br />
Entrent Cassandre et Le Chaman.<br />
<br />
Cassandre : ''Ne t’avais-je point dit, Chaman, que les choses tourneraient mal ? Mais on ne m'écoute jamais !'' <br><br />
Le Chaman : ''La Fatalité t’aveugle, Cassandre. Tu spécules, tu ne sais pas ce qui s’est passé dans cette taverne...'' <br><br />
Cassandre : ''C’est parce que tu fais bien des mystères. Que signifie cette ellipse temporelle ? Pourquoi as-tu cessé de raconter les évènements de cette soirée ? L’Herbe-Nuage a embué ton esprit !''<br><br />
Le Chaman : ''C’est que, vois-tu, les choses ne sont pas si simples. Différentes bouches conteront différents récits. Qui suis-je, moi, pour me faire l'arbitre des vérités, et choisir un récit comme plus vrai que les autres ?'' <br><br />
Cassandre : ''Mais qui a tué Dorian le Magnifique ? Tu le sais bien, non ?'' <br><br />
Le Chaman : ''Je n’en sais rien et je préfère laisser la parole aux protagonistes. Nous laisserons à notre auditoire le soin de retisser la trame des évènements à partir des différents récits, comme dans Rashômon.'' <br><br />
Cassandre : ''Mais qui est ce Rashômon ? Un sorcier ?'' <br><br />
Le Chaman : ''Pas exactement… Disons que [http://fr.wikipedia.org/wiki/Rash%C5%8Dmon_%28film,_1950%29 Rashômon] est un récit fait par un sorcier des images… Mais nous nous égarons. N’entends-tu point que nos héros ont atteint le Donjon de Tal Endhil et qu’ils s’apprêtent à raconter les événements de la nuit au Capitaine Durgaut ?'' <br><br />
Cassandre : ''Oui, ils sont là ! Écoutons-les !'' <br><br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
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<br />
===Deuxième acte : Confrontation au Donjon===<br />
<br />
Le Donjon, la nuit. Une grande table accueille les reliefs d’un repas. Le Capitaine Durgaut y est installé. Il a l’air bonhomme, à moins qu’il ne soit simplement repu – il faut dire qu’il a repris deux fois du ragoût de mouton lors de son repas avec Dario Celsine. Entrent Herle de Lorune, Andréas Odran, Eldan le Moineau et Vighnu Pratesh qui escortent Soashna. Les quatre hommes ont l’air tendus et fatigués. Soashna est solidement ligotée, pieds nus et surtout à peine habillée d'une sorte de robe-tunique qui ferme mal et dévoile des seins splendides, des jambes parfaites et beaucoup de tatouages floraux.<br />
<br />
Herle de Lorune est le premier à s’avancer. Il prend le temps de vérifier que le Capitaine est bien seul avant de prendre la parole. Il se fixe au garde à vous et regarde Durgaut droit dans les yeux.<br />
<br />
====Le récit de Herle de Lorune====<br />
<br />
'' "Mon Capitaine, je vous prie d'excuser cette visite tardive et ma tenue négligée."''<br />
<br />
''"Cette femme est une sorcière.'' (Herle désigne Soashna du regard) ''Mes camarades, agissant sur vos ordres, l'ont démasquée ce soir alors qu'elle tentait d'exercer ses maléfices sur eux. Pratesh a pris sur lui de venir me quérir à l'auberge pour confirmer son intuition première. Lui-même, Eldan et votre "chroniqueur" avaient déjà réussi à s'assurer de sa personne et de celle de Dorian. Il ne m'a pas fallu longtemps pour m'assurer que, oui, cette noiraude dégageait bien une magie suspecte."''<br />
<br />
''"À peine avions-nous commencé à discuter de son sort, plus exactement de comment nous débarrasser de cette engeance sans vous attirer des ennuis, qu'elle se réveillait de son sommeil, sans doute feint, et tentait de s'enfuir. Pour cela, elle s'est emparé de l'esprit de notre jeune compagnon ''(il se tourne vers Eldan)'' pour le pousser à s'interposer, violemment, face à moi. Mon épaule s'en souvient encore, mais Pratesh a réussi à l'assommer. La sorcière en avait profité pour sauter à la gorge du "chroniqueur",'' (on entend les guillemets au ton de Herle) ''lui arracher sa dague et s'en servir de bouclier humain. Fort heureusement, la gueuse n'a pas pu arriver à ses fins et elle aussi a fini au sol, assommée. Pratesh a retenu ma lame alors que je m’apprêtais à en finir."''<br />
<br />
''"Il faut croire que les fehnri n'ont pas les mêmes interdits que nous vis à vis des sorciers. Pratesh était, et est toujours, plus intéressé par ce qu'elle a à dire que par l'insulte à la foi qu'elle représente. Le chroniqueur et lui ont alors commencé à parler longuement avec la sorcière, qui ne s'est pas privée de faire feu de tout bois pour les convaincre de l'épargner. Elle a menacé, promis, révélé de soi-disant secrets, minaudé, reculant encore et toujours l'échéance. Pour pousser son avantage, Pratesh a achevé Dorian avec la propre épingle à cheveux de la noiraude, cette lame empoisonnée qui est ici, parmi ses artifices'' (Herle désigne un ballot, fait à la va vite, avec les objets trouvés sur Soashna). ''La sorcière n'a pas semblé plus troublée que cela, elle a continué à se défendre avec aplomb."''<br />
<br />
''"Ces palabres ont duré bien trop longtemps. Mes camardes vous raconteront vous même leur idée honteuse - proposer un contrat à cette sorcière, sous le très douteux prétexte que l'honneur fehnri l'obligera à l'honorer. Je me permets, mon Capitaine, de vous préciser mon indignation et ma réprobation face à une telle issue. Cette sorcière ne mérite que la mort, comme ses semblables, et même si elle a des informations à nous révéler. Il existe par ailleurs bien d'autres moyens que la négociation polie pour obtenir ces informations. Mais enfin, devant la certitude de Pratesh et du "chroniqueur", j'ai accepté de les suivre jusqu'ici et de retenir mon bras. La décision que vous devez prendre est grave, mon Capitaine, très grave."''<br />
<br />
''"Avant de laisser la parole à ceux qui veulent tant rédiger un contrat, je me porte volontaire pour partir à la rescousse des enfants emishen enlevés par les sbires de Rhilder. D'après cette traînée, ces enfants sont voués à être assassinés et abandonnés de manière à provoquer l'ire des Sentinelles de l'Orage contre nous. Elle dit connaître un homme chargé pour l'heure de nourrir les enfants. Avec quelques informations plus précises qu'elle nous donnera'' (il adresse un sourire sinistre à Soashna), ''quelques hommes et un pisteur talentueux, je pense pouvoir lui mettre la main dessus rapidement et sauver les gamins. Cela rachèterait un peu le fait de laisser vivre cette engeance."''<br />
<br />
Herle semble s'arrêter.<br />
<br />
''"Ah, j'allais oublier. Pratesh a accepté de garantir sur sa vie que la sorcière se tiendrai aux termes du contrat. Lui est un homme de parole, il me semble. Et si vous vous décidez, mon Capitaine, pour cette malheureuse solution, j'aimerai ajouter un paragraphe à ce texte. La damoiselle devra s'engager à me parler, librement et précisément, de la sorcellerie qu'elle utilise. Après tout, ce n'est pas tous les jours que l'on a un sorcier contraint sous la main.'' (il adresse un regard à Andréas) ''Si au moins cette triste affaire pouvait nous apporter quelques unes des connaissances qui nous manquent..."''<br />
<br />
''"Merci mon Capitaine." '' Herle salue et recule d'un pas.<br />
<br />
Pendant le récit de Herle, Soashna a fréquemment roulé des yeux, fait la moue ou secoué légèrement la tête en entendant pareilles énormités (ce qui fait onduler ses cheveux très noirs et quelque peu emmêlés lui tombant jusqu'aux fesses) et, si certaines phrases l'ont vraiment fait sourire, elle a adressé un très léger hochement de tête à la toute dernière demande du chevalier lorunois.<br />
<br />
'' "C'est mon tour ?"'' demande-t-elle quand Herle le Défroqué a fini son récit.<br />
<br />
''"Non, ce n’est pas ton tour. Tu parleras quand on te dira,"'' répond directement Andréas. ''"Voici notre rapport, Capitaine."''<br />
<br />
<br />
<br />
====Le récit d’Andréas Odran====<br />
<br />
'' "Autant vous dire qu’on a pas mal de choses à vous raconter. Par exemple que le nouveau garde du corps d’Adira Pratesh est en réalité un assassin envoyé par Rhilder pour vous tuer. Mais commençons du début."''<br />
<br />
''"L’opération a bien commencé. Nous avons trouvé nos deux perdrix à la taverne penchée, comme prévu. Malheureusement, ils n’étaient pas ensemble à jouer aux cartes comme nous l’espérions. A son entrée, Soashna s’est immédiatement dirigée vers Vighnu et a commencé à tenter de lui soutirer des informations. Et elle a vite repéré qu’on avait essayé de la droguer. Mais bon, la taverne vidée, et avec un peu d’improvisation et l’aide d’un bon coup de cruche sur le haut du crâne, nous avons réussi à les neutraliser. On a ensuite pu commencer l’interrogatoire. Vighnu s’est rendu compte, en examinant les tatouages de la dame, que celle-ci devait une personne très haut placée de [[Nocturnes|la pègre Fehnri]]. Et alors qu’elle était toujours inconsciente, des fleurs se sont mises à pousser autour d’elle, sur le sol de la taverne, d’une façon on ne peut plus… surnaturelle. Je me suis rendu compte que Soashna, même droguée, pouvait résister à un interrogatoire. Tout juste ai-je pu comprendre qu’elle semblait avoir une relation... ahem... rapprochée avec le chef du Temple actuellement en visite à Tal Endhil, [[Bagoran de Marale]]. Le prestige de l’uniforme, sans doute."'' <br />
<br />
''"Je me suis reporté sur Dorian qui s’est révélé bien plus bavard. Dorian vient d’[[Orsane]], c’était un membre de la pègre locale - l’antenne locale de la mafia ondrène, si vous voulez. Il se trouve que le malheureux Dorian s’est fait poirer à [[Darverane]] en train de trafiquer du sel et d'autres choses par des hommes du prévôt Rhilder. Pour éviter de finir à l'échafaud, il a été contraint de travailler pour espion pour le Prévôt. C’est aussi à Darverane qu’il a rencontré Soashna ici présente et que leur association a débuté. C’est dans ce cadre qu’il s’est retrouvé à l’auberge du pont à enquêter sur les attaques de Kormes. Là, il est tombé sur [[8) "Le Train de l'Argent"|notre opération]] et s’est retrouvé involontairement impliqué dans l’extraction des lingots. Malgré nos précautions, il a réussit à remonter à certains indices que nous avions laissés. Par exemple, je ne vais pas vous mentir, le personnage d’Herme de Brasure, que je campais à l’occasion, n’est pas passé inaperçu, et ils ont remonté sa piste. D’autres ont été reconnus : il faut dire que les kormes de deux mètres dix, bon… Au final, ils se sont retrouvés à Tal Endhil, en train d’essayer de nous retrouver. Dorian hésitait franchement entre accomplir sa mission (faire un rapport à Rhilder) ou bien s’offrir une petite vengeance personnelles en arrangeant nos décès... Le mien, notamment. Bref."''<br />
<br />
''"J’ai également obtenu de Dorian les noms d’autres agents de Rhilder. L’un ne sera pas une surprise pour vous, c’est le [[Sénéchal Impérial Quentos]]. L’autre, c’est Isias, l’homme qui accompagnait Soashna et Dorian. Figurez-vous que cet Isias a été envoyé notamment pour prendre des nouvelles de l’assassin que Rhilder a envoyé pour vous tuer. Comme vous êtes toujours en vie, Rhilder s’inquiète un peu. L’assassin, Dorian ne savait pas qui c’est, mais selon Soashna c’est [[Brannock]], le nouveau garde du corps d’Adira. Faudra avoir un petit entretien avec lui, à l’occasion..."''<br />
<br />
''"Avec ces découvertes, et les preuves d’implications surnaturelles, on a décidé de faire appel à Herle, car il serait capable de résister à l’influence de Soashna. On a bien fait : alors qu’elle était encore apparemment inconsciente, elle a réussit à suffisamment influencer ce pauvre Eldan pour qu’il attaque Herle. Elle s’est réveillée, m’a pris par surprise, avant que Herle ne la frappe telle la justice implacable - il vous a déjà raconté sa partie. Il a failli me tuer à cette occasion, d’ailleurs, mais bon ce sont les risques du métier, on va dire. Il faut dire que Soashna, pour créer la zizanie entre nous, venait d’annoncer à la cantonade que j’étais un sorcier… Au milieu de tout ça, Vighnu a buté Dorian, il vous expliquera sans doute pourquoi."''<br />
<br />
''"Une fois Soashna sous bonne garde, on a pu discuter. Herle souhaitait la tuer sur place, Soashna a essayé de négocier. Bon… elle a une façon bizarre de négocier. En gros, avec l’épée de Herle écrasant sa poitrine, elle nous l’a joué comme si elle était en position de force. La femme qui peut sauver Tal Endhil. D’ailleurs, il n’y a qu’à cas la regarder maintenant (Andréas jette un coup d’oeil à Soashna), on dirait un coq paradant au milieu du poulailler. Il faut reconnaitre qu’elle semble savoir énormément de choses. Elle a affirme, par exemple, qu’un rapport circonstancié écrit par Dorian a été envoyé à Rhilder. Ce document contient les différents éléments à charge découverts à Tal Endhil. Le rapport est en route, mais serait toujours à Tal Endhil car les portes sont fermées. Je ne sais pas comment ils comptent le sortir, Soashna est certaine de pouvoir le récupérer. Tout aussi grave, elle nous aussi parlé d’une opération de déstabilisation menée par le fameux Isias dont je vous parlé. Il semblerait que certains des enfants emishens qui ont disparu dans les mines soient en sa possession, il veut les tuer et disposer leurs cadavres pour que les Sentinelles les découvrent. Isias vient apparemment de quitter Tal Endhil avec les gamins. Nous allons partir à leur poursuite dès cet entretien terminé et Soashna en sécurité. Cette dernière a probablement d’autres informations dans sa manche, c’est visiblement quelqu’un de très bien renseigné. Elle m’a demandé si vous payiez bien, et si elle pourrait avoir une résidence à Tal Endhil.. Elle semble prête à changer de camp très facilement. Trop facilement, peut-être."'' <br />
<br />
''"J’avoue, Capitaine, ne pas avoir d’opinion bien établie quant à la pertinence de la recruter. Elle est très forte, ça c’est sûr. Elle a aussi visiblement suivi des cours de haut niveau pour arriver à être super prétentieuse et éminemment désagréable - à moins que cela ne soit naturel chez elle. Elle est surtout très dangereuse et je ne sais pas trop comment nous pourrions nous assurer de sa loyauté. Vighnu semble convaincu qu’un contrat à la mode fehnri sera suffisant. Je me demande si une bonne option ne serait pas de faire savoir à Rhilder que désormais elle travaille pour vous. Ca pourrait la dissuader de retourner causer au Prévôt. Il semble moins compréhensif que vous pour les petits écarts de conduite..."''<br />
<br />
''"Pour finir, je ne vais ni plaider en sa faveur, ni contre elle. Elle s’exprimera ensuite, vous constaterez qu’elle se défend très bien elle-même. Elle va sûrement vous faire son petit numéro de victime, en expliquant comment nous avons vilement tenté de l’empoisonner alors qu’elle était tranquillement en train de nous espionner et de réfléchir à comment faire tomber Tal Endhil. Mais c’est le jeu, on peut difficilement lui en vouloir d’espérer sauver ses miches."'' <br />
<br />
''"Voilà, je pense avoir fait le tour... Mes camarades ont-ils des choses à ajouter ?" ''<br />
<br />
<br />
====Le récit d’Eldan====<br />
<br />
Eldan s'avance, ayant préalablement attendu que Vignu et Andreas lui confirment. Il semble embarrassé et s’efforce de tenir sinon son corps, du moins son regard, le plus éloigné possible de la belle et lascive créature.<br />
<br />
''"Mon capitaine, je crois que pour l'ensemble vous avez eu connaissance des éléments importants de cette mission par le récit de mes camarades. Je m'en tiendrais donc à mon avis personnel quant au devenir de la ... Dame. Sa dangerosité ne peut être mise en doute, en témoigne la sérieuse entaille sur l'omoplate d'Herle de Lorune que je lui ai vilement infligé sous l'influence des charmes de la chroniqu.... euh chaman... heu sorcière. Mais pour peu que nos intérêts convergent, elle ferait un allié de poids. Non seulement pour régler nos soucis les plus urgents, c'est à dire récupérer le rapport en partance pour Darverane et risquant de servir à Rhilder votre tête, sauf votre respect mon capitaine, sur un plateau. Sans parler du garde d'Adira Pratesh qui n'a pas encore réussi à trouver une brèche à travers la barrière de vos musculeux hornois mais qui finira par le faire si l'on ne l'arrête pas."''<br />
<br />
Les yeux du moineau s'égarent et on l'imagine se figurant Tal Endhil en flamme, phare de l'humanité, coulant dans les eaux noires de l'oubli, sa bannière arrachée et foulée au sol au milieu des constructions à jamais inachevées du quartier nord... C'est presque avec un sanglot étranglé que le moineau reprend. <br />
<br />
''"Et surtout elle pourrait constituer un agent potentiel pour approcher Rhilder, bien qu'elle n'ait pas été en contact direct avec ce dernier. Ses capacités et ses relations actuelles nous permettrait de savoir ce qui se trame dans les couloirs de la citadelle. Je pense que vous savez tout. Je me fie pleinement à votre jugement et sais que vous saurez prendre la décision la plus à même de nous aider comme vous l'avez toujours fait."'' <br />
<br />
Il n'y a pas une once d'ironie dans la voix du moineau qui, visiblement, semble penser que tout problème amené à la connaissance du clairvoyant Capitaine sera instantanément résolu et que toute décision prise par le Sauveur de Tal Endhil constitue par définition la "bonne" décision. C'est donc avec un soulagement visible qu'il termine sa phrase sachant son destin et celui de sa cité entre les mains de l'homme le plus compétent qu'il ait jamais connu.<br />
<br />
<br />
====Le récit de Vighnu====<br />
<br />
''"Capitaine, notre mission consistait à découvrir ce que deux témoins potentiels savaient de nos opérations et à faire en sorte, avec le moins de vagues possible, qu’ils ne puissent nous nuire."'' Vighnu soupire et continue avec sang-froid sans bafouiller.<br />
<br />
''"Je vous prie de croire que je n’ai jamais perdu de vue ces objectifs. C’est pourquoi je vais me permettre de corriger quelques détails dans les témoignages de mes collègues, notre perception des événements divergeant quelque peu et c’est bien normal. Je vais commencer par un scenario inédit de la soirée, si vous le voulez bien."''<br />
<br />
''"Eldan et moi-même nous sommes rendus en fin de soirée pour boire un verre à la taverne penchée. En arrivant notre sergent et tavernier a annoncé qu’il ne restait plus de bière. Cela a mis sur le départ plusieurs soiffards.'' (Regard en coin a Herle) ''Mais qu’importe nous boirions du vin ! Après nous être installés nous avons remarqué un petit cercle de jeu, Dorian y jouait accompagné de mademoiselle Soashna ici présente.'' (Vighnu s’incline vers la demoiselle) ''Partageant une commune origine nous avons discuté pour nous rappeler le bon vieux temps dans notre langue maternelle. J’ai si peu l’occasion de m’en servir ce fut un plaisir. Eldan poliment nous a laissé et a rejoint la table de Messire Dorian. Il a pu remarquer que celui-ci buvait pas mal. Enfin au bout de d’un moment vaincu par l’alcool il s’est effondré. S’excusant auprès de moi mademoiselle a rejoint son compagnon pendant que le cercle de jeu se dispersait. Du coup avec les clients restant nous avons bu quelques godets au bar. Soashna a remis sur pied Dorian au bout de quelques minutes et ils ont entamé une discussion. Après des échanges à voix basse le ton est monté, visiblement en colère Dorian était très virulent je passerai ses paroles au silence par respect pour mademoiselle ! Néanmoins nous avons compris qu’il s’agissait d’une rupture qui se ne se déroulait pas bien. En effet Soashna désirait mettre fin à sa relation avec Dorian, elle a entamé une tendre relation avec Bragorane de Marale. Dorian a très mal pris la nouvelle et malgré la pudique retenue de mademoiselle il a levé la main sur elle la frappant au visage !'' (Vighnu montre les traces de coups) ''Bien que ne désirant pas faire ingérence nous ne pouvions décemment pas laisser faire. Mes camarades se sont donc calmement interposés, mais Dorian est devenu fou et, les prenant par surprise, les a blessés. Puis il s'est jeté sur Soashna, la blessant elle aussi au bras. Elle ne doit sa survie qu’a un réflexe : en saisissant un couteau de cuisine elle a poignardé en légitime défense son agresseur, le tuant sur le coup. L’amour peut faire faire des choses bien étranges à un homme... Mais voyons le bon côté des choses mademoiselle est vivante et est reconnaissante des soins reçus.'' <br />
<br />
''"Ce récit présente la façon dont je vois l’incident néanmoins il est possible d’arranger quelques détails, mademoiselle peu très bien avoir eu un mauvais geste au final. Ça dépend de vous. Mais maintenant laissez-moi vous présenter le raisonnement qui m’a amené à ce scenario."''<br />
<br />
Vighnu devient alors beaucoup plus sérieux, son regard s’assombrit.<br />
<br />
''"Reprenons. Malgré des difficultés nous avons neutralisé les deux comparses et rapidement réalisé qu’ils n’étaient pas ce que nous avions cru. Suite à mon analyse des tatouages, l’arrivée des plantes et l’expertise d’Andreas nous avons conclu que la dame ici présente était une sorcière. Nous avons décidé de quérir Herle conjointement avec Andreas, car nous étions tous deux épuisés et sans doute possible incapable de la gérer nous-même sans la liquider séance tenante. Car c’est bien le problème : nous avions affaire à beaucoup plus fort que prévu et les neutraliser en suivant le plan d’origine était impossible. Que devions-nous faire alors ? Les tuer tous les deux ? Tenter de récupérer des informations auparavant ? Le choix était difficile. Mais au final nous avions besoin des informations : qui étaient-ils, que savaient-ils etc... Au final n’en déplaise à mes petits camarades avoir fait le choix de ne pas les tuer tous de suite s’est avéré payant."''<br />
<br />
''"Après interrogatoire de Dorian nous avons découverts des informations inestimables notamment qu’il était un espion de Rhilder de longue date. Et qu’il travaillait avec Soashna de manière indépendante comprenez : Rhilder n’a pas recruté la fehnri. Soashna à ce moment a repris conscience s’en est suivi le petit différent entre nous qui mes camarades vous ont déjà décrit."''<br />
<br />
''"Inviter Herle n’a pas été de tous repos. Il a confirmé nos soupçons et nous a permis de neutraliser une deuxième fois Soashna - merci a lui. Mais toute la difficulté a été de l’empêcher de la tuer. Pour quoi l’en empêcher ? Tous simplement parce que la liquider sans savoir qui elle était aurait pu être très dangereux vis-à-vis de la pègre Fehnri et parce que contrairement à Dorian nous n’avions pas pu voir dans sa tê... hum l’interroger. Vous avez pu constater la difficulté de gérer les avis de mes camarades grâce à leur exposé, imaginez sur place je peux vous garantir que ce n’était pas de la tarte. Néanmoins je pense avoir réussi à garder la tête froide. Donc à ce moment de notre aventure j’ai du assommer Eldan qui essayait de tuer Herle, puis j'ai assommé Soashna qui avait pris en otage Andreas. Enfin, j'ai empêché Herle de la clouer au sol sans sommation. L’équation "Dorian-Soashna /éviter un scandale avant l’arrivée du primat" paraissant compromise, j’ai pris une décision : je l’ai simplifiée."''<br />
<br />
''"J’ai éliminé un ennemi identifié, un espion qui nous avait déjà révélé nombre de ses secrets. Et attendu le réveil de son acolyte avant de décider de son sort. Cela m’a permis d’imaginer le scenario que je vous ai présenté en préambule. À son réveil Soashna a constaté la mort de son camarade et, contrairement à la déclaration d’Herle, a réalisé et analysé la situation dans laquelle elle était. Afin de sauver sa vie elle a marchandé. Qui ne l’aurait pas fait ? Enfin elle nous a livré trois informations capitales. Je ne vais pas revenir dessus... et elle en connaît d’autres. Elle connait notamment certaines informations concernant Herle... ce qui fait qu’alors même qu’elle nous livrait des infos à la pelle il m’a fallu intervenir pour détourner sa lame une dernière fois."''<br />
<br />
''"Je ne dis pas ça pour critiquer mes camarades mais il va falloir voir plus loin que vos convictions personnelles messieurs. Nous ne sommes pas des enfants de cœur, ce que nous faisons nous expose nous et tous ceux de Tal Endhil. Car il ne faut pas oublier qu’elle nous assure savoir où se trouve le rapport et comment l’intercepter, rapport qui couterait cher à tous les habitants de la région, les emishem surtout. Ce n'est peut-être rien de moins que la fin de notre projet de société ! J’assume mon choix, j’ai éliminé un espion et je nous offre la possibilité d’en recruter un. En effet, nous pouvons lier Soashna par contrat et elle le respectera tant que celui-ci sera profitable aux deux parties. Elle peut devenir un atout dans notre jeu capitaine. Je suis sûr qu’elle pourra convaincre sans mal les délégués présents à Tal Endhil de l’infamie de Dorian notamment son nouvel amant..."''<br />
<br />
Depuis qu'Andréas lui a ordonné de se taire, la belle Soashna a d'abord soupiré un peu, secoué la tête d'incrédulité devant ''"tant de mauvaise foi"''... puis s'est carrément désintéressée de ce que vous racontiez. Avant que le chroniqueur ait fini de parler, elle s'était assise dans la seule chaise disponible, face au Capitaine, en se tortillant un peu pour s'installer à peu près confortablement malgré ses poignets liés dans le dos. <br />
Puis elle s'est cambrée pour se caler la tête au sommet du dossier -faisant ressortir ses seins et gênant temporairement la concentration de tout le monde : elle a alors fermé les yeux, expiré longuement et sa respiration s'est peu à peu ralentie... au point de quasiment s'arrêter durant le récit de Vighnu.<br />
<br />
Durgaut hoche la tête après ce récit mais peine à contenir sa colère sourde. Il foudroie du regard "l'invitée" avant de fixer Vighnu :<br />
<br />
''"Vous autres, restez ici avec la "dame" que j'entendrai après si toutefois elle a quelque chose d'intéressant à me dire ! Je dois m'entretenir seul à seul avec Vighnu."''<br />
<br />
<br />
====Le récit de Soashna====<br />
<br />
Le Capitaine se retourne et invite par le geste le fehnri à le suivre sur le toit du donjon. Les gardes hornois, n'ayant pas reçu d'instruction contraire, bougent avec lui. Le Capitaine revient très vite après un entretien si bref qu'il ne semble y avoir eu aucun échange. Il fait signe à Herle pour qu'il bouscule un peu Soashna afin de la "réveiller". Mais Herle n'a nul besoin de le faire : dès que Durgaut et Vighnu sont revenus, Soashna prend une bruyante inspiration, se redresse, ouvre les yeux et se tortille à nouveau pour s'étirer. Durgaut tonne alors à son attention :<br />
<br />
''"Soyons brefs. Je n'ai que peu de temps à perdre, alors je veux des réponses précises et sans détour. Premièrement, que fait une Matrone seule à Tal Endhil, si loin de sa Ruche ? Deuxièmement, en dehors de la récupération d'un rapport dommageable à ma réputation, qu'a-t-elle de concret à m'offrir ? Troisièmement, se sent-elle de contracter avec moi aux diverses conditions évoquées ici, tant celles de mon Sergent que celles évoquées par Vighnu ? Enfin, comprend-elle qu'elle n'a que ce choix ou la condamnation pour sorcellerie ?"''<br />
<br />
Soashna se contente alors de sourire à l'assemblée.<br />
<br />
''"C'est à moi ? Très bien... Il est tard, la soirée a été rude et Isias s'éloigne pendant qu'on parle, je vais donc moi aussi aller droit au but. D'où viens-je ? D'Aroche, originellement. La politique interne des ruches n'est pas si amicale qu'elle peut le sembler et lorsque la Reine précédente s'est éteinte il y a 6 ans, la querelle de succession a fait des coups sombres parmi ses matrones-héritières. J'étais jeune, j'avais juste assez de prétention au trône pour que la Matrone Sarratsha m'écartèle mais pas assez d'influence pour lui retourner la faveur, j'ai donc pris... disons "mon indépendance". J'aurais pu rejoindre les Nocturnes de Duriane, évidemment, mais rien ne dit que j'y aurais été mieux accueillie. Je suppose qu'aujourd'hui qu'elle est fermement en place, je ne serais plus une menace pour la Reine mais... je préfère ne pas courir le risque. Et comme les Marches du Nord sont pleines de mâles persuadés de leur supériorité,'' (regard à la ronde) ''les opportunités étaient infinies..."''<br />
<br />
''"Je possède effectivement nombre d'informations dont vous avez besoin urgemment, votre sorcier ne sait pas les extraire de mon esprit et le tortionnaire de service mettrait des jours, si ce n'est des semaines, à me les arracher. D'ici là, il serait trop tard pour vous tous, et si je mourrais dans des circonstances curieuses, c'est au Commandeur Bagoran de Marale que vous auriez à faire. Lui et moi avons d'ailleurs rendez-vous demain, soir : il serait très déçu que je n'y sois pas... Mais ce n'est pas vraiment pour ces renseignements que vous avez besoin de moi : ils ne sont que notre cadeau d'introduction. Votre problème est que vous habitez un village encerclé par les sorciers et les espions et que, sans moi, vous n'avez absolument pas les moyens d'y faire face pour l'instant..."''<br />
<br />
''"Alors non, Capitaine, je ne crois pas n'avoir que le choix de coopérer avec vous ou de mourir. Parce que nous savons tous que vous êtes à peu près obligé de vous décider tout de suite et que, "tout de suite", vous ne pouvez pas raisonnablement vous débarrasser de moi. Sans moi, le rapport de Dorian sur l'attaque du convoi sera transmis au Sénéchal Quentos, qui vous tombera dessus comme la petite vérole sur le bas-clergé dès la huitaine prochaine, en présence de Son Éminence. Mais d'ici là, Isias aura tué deux ou trois gamins emishen et fera porter le chapeau aux Templiers pour vous mettre en porte-à-faux avec les Sentinelles, et vous aurez un tout autre problème. À moins que l'assassin de Rhilder n'arrive à vous atteindre, ou que le troisième agent du prévôt -celui que vous avez imprudemment ramené d'Aroche, si j'ai bien compris les messes-basses de votre quatuor de choc- ne déclenche de son côté une autre catastrophe. Et je suis au regret de vous annoncer que ce n'est pas le Questor que vous avez mis sur notre piste qui y pourrait grand-chose : c'est déjà difficile de maintenir une filature lorsqu'on est seul, mais quadriller la vallée..."''<br />
<br />
''"Vous pourrez sans doute me tuer lorsque vous serez bailli, mais d'ici là, soyons réalistes, ça vous attirerait plus d'ennuis que ça n'en résoudrait. Vous le savez, je le sais et Vighnu Pratesh le sait si bien qu'il est prêt à me laisser vivre alors que je possède une information qui signerait son arrêt de mort. Je ne suis ligotée ici que pour tranquilliser votre butor à grande épée et le petit sorcier qui s'inquiète pour son emploi.''(grand sourire)<br />
''Détachez-moi et nous pourrons parler affaires comme des gens civilisés : vos conditions me semblent acceptables. Je doute de réussir à expliquer pleinement mon art à vos brutes, mais j'admets qu'ils bénéficieraient certainement d'un peu de clarté sur le sujet... D'ailleurs j'ai moi-même quelques clauses à proposer, rien d'extravagant : ma liberté, une maison, des émoluments corrects... Mais Pratesh vous l'a sans doute déjà expliqué : un contrat ne peux pas se signer sous la contrainte. C'est "contraire au protocole" si vous voulez. Et comme je cherche moi-même une terre d'asile où m'établir, il me semble que nous sommes en excellente posture pour négocier."''<br />
<br />
''"Vous n'auriez pas quelque chose à boire, tant qu'à faire ? Rien qui n'ait été épicé par Pratesh, de préférence : ça me rend toute alanguie..."''<br />
<br />
<br />
====La décision du Capitaine====<br />
<br />
La réponse de Durgaut se fait sur un ton peu amène.<br />
<br />
''"Dites-vous bien que malgré votre assurance, feinte ou non, vous exécuter est et demeure une option parfaitement viable ! Vous l'écartez peut-être d'emblée comme une impossibilité liée au contexte, et vous faites erreur. Je peux vous tuer. J'en ai le pouvoir. Et mon Sergent en a envie. Quant aux multiples raisons qui pourraient me pousser à choisir cette issue plutôt qu'une autre, elles sont bien plus complexes que le schéma simpliste que vous vouliez faire gober à mes hommes."''<br />
<br />
Durgaut ne laisse qu'un très bref moment de silence avant d'afficher un rictus et de poursuivre.<br />
<br />
''"Mais puisque vous semblez avoir plus d'attachement à votre liberté qu'à votre vie, nous allons discourir de celle-ci : livrez séance tenante toutes les informations permettant d'arrêter le rapport et son porteur et je vous fais détacher afin que nous puissions effectivement discuter comme des gens civilisés et élaborer ce fameux contrat."''<br />
<br />
Soashna n'a alors plus l'air endormie du tout. Et c'est avec un sourire matois qu'elle répond : ''"Le rapport est à la patte d'un pigeon qui attend l'aube pour décoller, dans votre pigeonnier. Je crois que c'est à l'étage du-dessous... <ref>En effet, depuis que Hadrien Muraille a déménagé le pigeonnier sur la porte nord, l'endroit est accessible directement depuis le premier étage du donjon, en franchissant simplement la courtine au dessus du portail.</ref>"'' <br />
<br />
Et elle se lève de sa chaise pour tendre ses poignets ligotés à Eldan, tandis que Durgaut annonce : ''"Eldan, Vighnu, Andréas, interceptez moi cet oiseau et préparez-vous pour votre mission. Nous avons assez perdu de temps comme ça ! Sergent, détachez-la ! Et pour ce qui est de la boisson, nous verrons plus tard. Confondre mon bureau avec une taverne n'est pas fait pour me mettre dans les meilleures dispositions !"''<br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
<br />
<references/><br />
<br />
<br />
===Intermède===<br />
<br />
Entrent Cassandre et Le Chaman. <br />
<br />
Le Chaman : ''La nuit qui s'achève verra bien des évenèments. Soashna négociera les conditions de sa nouvelle vie avec le Capitaine. Quant à Brannock, il sera réveillé avant l'aube par les hommes du Capitaine venus l'arrêter.'' <br><br />
Cassandre : ''On n'échappe pas à son destin ! Mais que m'importe Brannock : où sont nos héros ? N'ont-ils pas une mission à accomplir ?'' <br><br />
Le Chaman : ''Ne t'impatiente pas trop, car les voici. L'aube est à peine née quand Vighnu, Eldan et Andréas franchissent les portes de Tal Endhil. Ils sont en route vers [[Solerane]], pour accomplir une tache aussi secrète que sanglante. Ils doivent être à Solerane en moins de deux jours et faire la route sans être vus par les [[Rehonil Ghoran]], les Sentinelles de l'Orage qui gardent [[Reishin Ghoran|la zone de paix]]. Car ce que s'apprête à accomplir notre trio s'apparente à un acte de guerre.''<br><br />
Cassandre : ''Ces trois là, des fauteurs de guerre ?''<br><br />
Le Chaman : ''Et oui, les apparences sont parfois trompeuses. N'oublie pas ce que je t'ai dis : les fondations de Tal Endhil baignent dans le sang. En tout cas, les voici ! Regarde, ils marchent d'un bon pas. Les voici qui quittent la route de Tal Endhil à Solerane. Ils vont emprunter le sentier de montagne qui conduit à la [[Mine du Camail]]. C'est un chemin abrupt et la descente s'annonce périlleuse, mais ils éviteront à la fois les patrouilles et le poste de garde qui ferme l'étroite [[Passe de Nilfenan]].''<br><br />
<br />
Cassandre et le Chaman mettent leurs mains en visière et commencent à scruter l'horizon. Cassandre pointe un doigt vers le lointain.<br><br />
<br />
Cassandre : ''Je les vois ! Mais le chroniqueur maigrichon avec son lourd grimoire, jamais il n'arrivera à suivre le rythme !''<br><br />
Le Chaman : ''Mais non, regarde-le ! Il est juste derrière Eldan qui ouvre la voie, et il avance d'un pas sûr et rapide ! N'est-il pas plein de ressources insoupçonnées ?'' <br><br />
Cassandre : ''C'est vrai qu'il m'étonne. Les voilà qui ont déjà atteint le sommet, là où se trouve la mine. Ne vont-il pas se faire repérer par la sentinelle de faction ? Mais non, il sont passés sans problème ! Mais... qu'est-ce que Vighnu tient dans sa main ?'' <br><br />
Le Chaman : ''Je crois que c'est l'en-cas de la sentinelle que Vighnu a subtilisé dans sa cahute. Celui-là est plus discret qu'une ombre ! Mais voici une difficulté qui s'annonce : si la montée fut facile, la descente sera périlleuse. Il leur faudra escalader des falaises et franchir des à-pics.''<br><br />
Cassandre : ''Ils vont se rompre le cou ! Je vois déjà Andréas qui pâlit à la vue du danger !''<br><br />
Le Chaman : ''Pourtant, les voilà qui s'encordent et commencent à descendre. Eldan et Vighnu sont à l'aise, Andréas beaucoup moins. Mais encordé et guidé par ses camarades il parvient à descendre. La première falaise est passée, ils s'attaquent à la deuxième...''<br><br />
Cassandre (se bouchant les yeux) : ''Je ne veux pas voir ça, ils vont mourir !'' <br><br />
Le Chaman : ''Allons ! Non, cela semble bien se passer. Les voilà maintenant qui se cachent et observent, ils ont dû repérer au loin une patrouille des Sentinelles. En tout cas, ils reprennent la descente et le plus dur semble être passé. Ils ont retiré leurs cordes. Mais... quel fait Andréas ? Il se lance en courant dans la pente, ignorant le danger ! Il tombe !''<br><br />
Cassandre (découvrant un œil pour regarder Andréas choir) : ''C'est la fin ! Il va se briser la nuque contre un de ces lourds rochers !''<br><br />
Le Chaman : ''Mais non, regarde ! Andréas se relève en se frottant le coude. Il s'en tire avec quelques bleus. Tous trois sont arrivés au pied du gué de la [[Rivière aux Élans]].'' <br><br />
Cassandre : ''Par les Pères, un ours ! Aaahhh !''<br><br />
<br />
En effet, un ours de bonne taille est entré sur la scène côté cour. Il est occupé à pêcher dans la rivière dont il a déjà extrait plusieurs poissons de bonne taille. Il a l'air assez bonhomme, ce qui n'empêche pas Cassandre de se réfugier derrière le Chaman. Entre alors Eldan, côté jardin. L'ours grogne dans sa direction et Eldan s'arrête brutalement, comme pétrifié par la vue de l'imposant plantigrade.<br><br />
<br />
Cassandre : ''Cette fois ils vont être dévorés tout crus ! Quelle horrible fin !''<br><br />
Le Chaman (chuchotant à l'oreille de Cassandre) : ''Ne t'ai-je point parlé de ressources insoupçonnées ? Regarde !''<br><br />
<br />
C'est alors qu'Eldan se met à courir. Hurlant comme un dément et agitant ses bras à toute vitesse comme s'il essayait de s'envoler, il traverse la scène en direction de l'ours. Ce dernier, d'abord interdit, ramasse ses poissons et sort de scène sans demander son reste. <br><br />
<br />
Le Chaman : ''Et c'est ainsi que l'envol du moineau effraya l'ours !''<br><br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
<br />
<br />
===Troisième acte : Solerane===<br />
<br />
Trois personnages entrent en scène : deux paysans miteux et un baladin vêtu d'un costume très voyant avec des grelots. Les grelots tintent à chaque pas du baladin et sa figure, entièrement peinte de blanc, affiche un rictus sinistre. Il faut quelques instants aux spectateurs pour comprendre que les paysans sont en fait Eldan et Andréas, alors que le baladin à la triste figure n'est autre que Vighnu. Sur scène se trouvent également deux gardes qui font payer le péage d'entrée dans Solerane à une foule bigarrée de marchands et de badauds. Un enfant pointe Vighnu du doigt. <br />
<br />
L'enfant : ''Maman, maman, pourquoi le monsieur il est habillé comme ça ?''<br><br />
La mère : ''Parce que c'est un baladin, il est là pour faire rire les gens.''<br><br />
L'enfant : ''Ben pourquoi il a l'air tout triste alors ?''<br><br />
La mère : ''Chut ! Il pourrait t'entendre !''<br><br />
Vighnu (à Eldan) : ''Je peux te dire que je te la revaudrai celle-là !''<br><br />
Eldan : ''Mais pourquoi dis-tu ça ? Il fallait bien que ta face soit maquillée, sinon on t'aurait reconnu !''<br><br />
Vighnu : ''Et les grelots, c'était obligé ?''<br><br />
Eldan : ''Ben oui, les baladins, ils ont des grelots ! Il faut que tu sois crédible, sinon l'opération pourrait être compromise. Souris un peu bon sang !''<br><br />
Andréas : ''Alors qu'entrer chez Jornil avec des grelots, ça risque pas de compromettre l'opération...''<br><br />
Garde : ''Halte là les pécores, il vous faudra payer votre écot pour entrer en ville. C'est une pièce de cuivre par jambe. ''<br><br />
Eldan : ''Une pièce de cuivre ? Mais c'est qu'on est des pauv' gens nous, on a pas le sou com' les riches marchands là derrière ! On peut avoir un rabais si on entre à cloche-pied ?''<br><br />
Garde : ''Certainement pas ! Encore que... Il est avec vous, le baladin qui tire la tronche, là ? S'il passe le pont-levis en marchant sur les mains, on vous fait un prix !''<br><br />
Soupirant, Vighnu fait une petite pirouette pour s'appuyer sur ses mains. Il esquisse un ou deux pas, avant de s'effondrer lourdement sur le sol - suscitant les rires gras des gardes. <br><br />
Garde : ''Six pièces, les pécores !''<br><br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
<br />
Une fois dans les murs de la ville, les trois compères se répartissent les taches. Andréas et Vighnu vont reconnaître la maison de la famille Cuivré. Ils repèrent en particulier la fenêtre du grenier, et Vighnu dessine dans sa tête une voie d'accès depuis les toits des maisons voisines. Restera à distraire le garde de faction. Pendant ce temps, Eldan se renseigne à la taverne "Le Carafon" sur la présence à Solerane d'un éventuel enquêteur qui pourrait remonter leur piste. <br />
<br />
« Emdal l'émacié est un chasseur de brigand. Sa barbe grisonnante et son visage orné de majestueuses rides pourrait presque faire penser à un sympathique grand-père. Du moins avant que l'on croise son regard pénétrant et que l'on remarque l'imposante cape qui lui couvre les épaules, qu'il a par ailleurs très larges. Des cheveux coupés cours viennent renforcer l'aspect anguleux de sa mâchoire. Et lorsqu'il se lève et dépasse la foule d'une tête, on comprend qu'on a à faire à quelqu'un. Le suit de près un homme plus imposant encore, musculeux, aguerri et dont la peau est si marquée que l'on distingue difficilement ce qui relève du tatouage et de la cicatrice. Une lourde épée bâtarde est sanglée entre ses omoplates mais ne semble pas entraver ses mouvements souples. L'équipe est complétée par un jeune homme au cheveux châtains clairs nouées en une longue natte et dont le visage est difficilement mémorisable … un Emishen peut être ? Sa démarche féline rappelle celle de Vignu. »<br />
<br />
Le groupe se reforme, et décide d'aller louer un lit à l'Hostellerie des Moindres. En entrant dans l'établissement bondé, Andréas repère la silhouette de [[Sifenen Arlan]], le palefrenier emishen qui travaille pour [[Mérane "Roulier"]]. Considérant que Mérane est probablement elle-aussi présente à l'Hostellerie, Eldan et Andréas jugent plus prudent de faire demi-tour et d'aller chercher une couche ailleurs. <br />
<br />
Entre temps, les préparatifs pour le grand banquet du soir avancent sur la Grand' Place. Les gens sont déjà attablés et les discours ont commencé. Ceux-ci tournent autour de la situation économique de la ville (qui n'est pas très bonne) et de la venue du Primat. On annonce ainsi une grande messe pour sa venue. Jornil Cuivré fait lui aussi un discours. L'homme accuse clairement le poids des malheurs qui l'ont récemment accablé. Dans son discours, il annonce d'ailleurs qu'il prend sa retraite, laissant sa place à son fils. <br />
<br />
'''''Ou l'on échange vêtements et nourriture'''''<br />
<br />
L'un des paysan renifle dédaigneusement le banquet, y prélève une pâtisserie, la porte précautionneusement à ses lèvres et la repose aussitôt avec une grimace des plus expressives. Pendant ce temps, le second paysan et le baladin sortent de la scène et réapparaissent quelques secondes plus-tard et en ayant échangé leur vêtements. Le nouveau baladin, cette fois-ci souriant, s'attaque au banquet avec un plaisir visible pendant que le paysan, anciennement triste baladin, s'éclipse par l'autre coté de la scène.<br />
<br />
L'enfant : ''Maman, maman, ou il va le monsieur ?''<br><br />
La mère : ''Il va se mettre en place pour accomplir sa sombre besogne …''<br><br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
<br />
Les minutes passent. Soudain l'équipe du chasseur de prime se rassemble. Des mots sont échangés puis ils se séparent : Emdal reste au banquet, la brute part vers l'Est et le jeune vers le Nord. Or la maison de Jornil ou opère Vighnu se trouve au Nord-Est, il faut agir vite. Eldan pris de court n'a pas le temps de penser à une riposte, et propose à Andreas de suivre le massif tandis que lui prendra en charge le plus discret. Par la suite il regrettera beaucoup sa décision et ressassera ce que le Lieutenant Le Cornu aurait fait : « il aurait demandé au Chroniqueur de brouiller l'esprit des enquêteurs en leur faisant croire avoir aperçu Nadine la Moucheuse dans une direction opposée ». Trop tard, le moineau perd de vu sa cible et c'est sur le chroniqueur que le piège se referme finalement, lorsqu'au détour d'une ruelle, les deux enquêteurs lui barrent le chemin. Andreas tente de berner ses adversaires mais en vain. Ceux-ci l'interrogent et malgré leur brutale cruauté, le seul mot qu'ils tirent de lui est « .. baladin ... ». Ensanglanté et affaibli le Chaman du phare de l'humanité est dans une position des plus délicates alors que le guerrier le jette sur son épaule. Dans un dernier effort, Andreas projette son poids vers l'avant, saisit la sphère métallique rouge qui lui avait été confisquée et usant de toute la puissance de sa sorcel… heu de sa volonté, trouble si bien l'esprit de son ravisseur que ce dernier, persuadé d'avoir reçu un coup fatal à la gorge, le libère pour retenir le sang de sa blessure imaginaire. Sans lui laisser le temps de le poursuivre, notre héro s'enfuit et part rejoindre ses camarades.<br />
<br />
'''''Le hussard de Solérane'''''<br />
<br />
Pendant ce temps, perché sur les toits abruptes de la cité, à quelques mètres de la maison Cuivrée, Maître Pratesh attend patiemment. Il met a profit ce délais supplémentaire pour observer la rue et s'introduire dans les soupentes. Il a donc vu toute une foule pénétrer dans la maison. Non seulement, Jornil, Midral et leurs familles respectives mais également d'autres individus parmi lesquels le Sénéchal en personne ainsi que deux chariots dont le contenu à justement été entreposé dans le grenier. Parmi les jarres d'huile et les marchandises diverses … il découvre des cagots remplis de lingots d'argent. C'est une intense bataille intérieure qui prend place dans l'esprit de l’apothicaire ... dans laquelle toutes ses fonctions cognitives s'entrechoquent pour décider ce qui, du vole des lingots ou de l'obéissance au Capitaine Durgaut lui servira au mieux. L'image d'Islinna venant remettre un peu de calme dans le paysage mental de notre protagoniste, une trêve est déclarée le temps de mener la mission à terme. <br />
<br />
Quelques étages plus bas, c'est toute une réunion qui semble se dérouler. C'est du moins ce que va découvrir Andreas. Car ce dernier vient de rejoindre Eldan et explore l'intérieur de la bâtisse grâce à ses dons chamaniques.<br />
...<br />
<br />
Le plan du bâtiment finalement couché sur un parchemin, Andreas le remet au moineau pour que ce dernier le transmette à Vighnu.<br />
<br />
}}<br />
<br />
'''[[19) "La Vallée des Ossements"|<< Épisode Précédent]] | [[21) "Votre Éminence"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Épisodes|<< RETOUR à la liste des Épisodes]]'''<br />
<br />
[[Catégorie:Épisodes]]<br />
[[Catégorie:Comptes-Rendus]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/21)_%22Op%C3%A9ration_Cruchon%2221) "Opération Cruchon"2014-12-20T21:04:46Z<p>Aloun : </p>
<hr />
<div>'''La totalité de l'Épisode 20, "Opération Cruchon", est classé "spoiler"''', autant pour préserver la nécessaire confidentialité de cette opération secrète que pour ménager la dignité de ses participants maladroits.<br />
<br />
Si vous voulez vraiment accéder à cet Épisode, vérifiez que soit un de vos perso y était, soit que le MJ vous en a donné l'autorisation.<br><br />
Tout abus sera illico... pas puni, mais ce serait dommage.<br />
<br />
C'est bon, vous y avez bien pensé ? Vous êtes vraiment sûr ?<br />
<br />
{{Secrets| <br />
<br />
===Objectifs===<br />
<br />
L'Opération Cruchon (qui ne portait encore ce nom là) a été décidée par le Capitaine Durgaut pour mettre fin à deux problèmes.<br />
* Apprendre ce que [[Dorian le Magnifique]] et sa compagne fehnri [[Soashna]] savent exactement de l'opération "le Train de l'Argent", et rectifier leurs souvenirs. Pour cela, l'opération implique le Chroniqueur [[Andréas "Odran"]], dont on espère que les talents dans la modification des esprits lui permettront de réaliser cette performance.<br />
* Se débarrasser une bonne fois pour toute de [[Jornil Cuivré]]. Pour cela, ce sont les compétences de [[Vighnu Pratesh]] qui seront mises à contribution.<br />
<br />
Ce duo de choc est accompagné de [[Eldan "le Moineau"]], toujours là dans les bons coups.<br />
<br />
'''Pour faire honneur aux aventures tragi-comiques de nos protagonistes, cet Épisode sera narré sous la forme d’une pièce de théâtre antique, avec l’intervention d’un Chœur.''' Voici donc ''Opération Cruchon, ou La Fin du Magnifique'', farce tragique en trois actes et en prose.<br />
<br />
Mais, chut ! Les trois coups viennent de résonner et le noir se fait dans l’amphithéâtre… Soit attentif, lecteur, alors que le Chœur entre en scène.<br />
<br />
<br />
===Prologue===<br />
<br />
Entre le Chœur. Il est constitué du Chaman, un vieil homme édenté à l’air emishen fumant une pipe libérant des vapeurs d’Herbe-Nuage et d’une belle jeune femme rousse, Cassandre.<br />
<br />
Cassandre : ''Talendans ! Ce soir, la nuit est propice et nous pouvons lui confier nos secrets. Ecoutez donc comment, dans les temps anciens où notre belle cité n’était encore qu’un village perdu dans la froidure du Nord, agissaient des hommes de l’ombre.''<br><br />
Le Chaman : ''Là où s’établissent les hommes, la violence apparaît. Les racines de vos vergers plongent dans le sang que les pionniers ont fait couler. L’histoire de ce soir est une histoire secrète, l’histoire secrète de Tal Endhil. En ces temps anciens, la survie du village miracle dépendait d’une poignée d’hommes courageux au service du Capitaine Durgaut. Ces hommes devaient identifier les ennemis de Tal Endhil, car la ville grouillait d’espions envoyés par le terrible [[Rhilder le Fou]] !''<br><br />
Cassandre : ''Rhilder le Fou ? Celui qui faisait jeter des enfants du haut des remparts des villes qu’il voulait protéger des Kormes ? Celui dont la légende noire a traversé les années ?''<br><br />
Le Chaman : ''Lui-même. C’est pour cela que Durgaut a envoyé trois de ses hommes, parmi ceux qu’on appelle les Déterrés, enquêter sur les agissements d’un soi-disant marchand et de sa compagne. Vighnu Pratesh, apothicaire et assassin, Eldan le Moineau, mercenaire au service du Capitaine et Andréas Odran, chroniqueur et sorcier, ont mis au point au plan pour confondre les espions et les renvoyer chez eux.''<br><br />
Cassandre : ''A mon avis, cela va mal finir !''<br><br />
Le Chaman : ''Pourquoi donc ? Leur plan est bien ficelé.''<br><br />
Cassandre : ''Je te dis que malgré tout, quelque chose va déraper et que ça va mal finir.''<br><br />
Le Chaman : ''Allons Cassandre, ne soit pas si fataliste !''<br><br />
Cassandre : ''Oublierais-tu que dans ce Chœur, je'' suis ''la Fatalité ?'' <br><br />
Le Chaman : ''Tu as raison, parfois j’oublie l’évidence… Mais notre auditoire s’impatiente et il n’est pas venu pour nous entendre nous chamailler comme un vieux couple. Il est venu pour écouter les légendes et voir des héros. La nuit est tombée sur Tal Endhil et deux silhouettes s’approchent de l’échoppe d’apothicaire tenue par Vighnu Prastesh. Que le rideau se lève sur nos héros !''<br><br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
<br />
<br />
===Premier acte : Gueule de bois à la Taverne Penchée===<br />
<br />
Le rideau se lève sur l'intérieur de l'échoppe de Vighnu Pratesh. C'est la nuit. Entrent Eldan et Andréas, qui viennent discuter de leur plan. Celui-ci, longuement mis au point durant la huitaine précédente, est le suivant. Vighnu a préparé un puissant narcotique hallucinogène qui se présente sous la forme d'un verni dont il a revêtu les parois de deux verres de la Taverne Penchée. Dorian et Soashna fréquentant la [[Taverne Penchée]], Eldan et Vighnu vont essayer de lier connaissance avec eux pendant la soirée. Pendant que leur complice [[Esic "Le Cornu"]] fera sortir le gros des clients de la taverne en prétextant le manque de bière, Eldan sortira une bonne bouteille de vin et tout le monde trinquera. Le poison est supposé non seulement mettre KO Dorian et Soashna, mais aussi les mettre dans un état favorisant la seconde partie du plan, à savoir la manipulation de leurs esprits. En effet, Andréas entrera alors en jeu pour aller inspecter leurs souvenirs à grand coups de chroniquerie, et effacer les parties compromettantes. ''Qu’est-ce qui pourrait bien tourner mal ?''<br><br />
<br />
En arrivant à la taverne, Eldan et Vighnu trouvent une salle à moitié remplie. Là dedans, entres autres, [[Bartolome Sotorine]], Herle, [[Brannock]], ou le barde Alenn le rimeur. Dorian joue aux cartes avec deux marchands, Soashna n’est pas loin. Voyant entrer les deux Déterrés, Le Cornu commence à lancer à la cantonade qu’il n’y a plus de bière, provoquant immédiatement des protestations outrées de la part de Bartolome. Ce dernier finit par se laisser convaincre par Herle d’aller boire ailleurs, et la salle se vide doucement. Eldan ouvre de l’intérieur la porte menant à l’arrière salle, Andréas entre et jette un coup d'oeil à travers les tentures pour constater que la taverne est presque vide. Il peste intérieurement : il comptait sur la foule de la salle pour réaliser un rituel lui permettant de récupérer de l’Énergie sur les convives, ses futures activités risquant d'être très gourmandes. Il s’esquive donc en direction de la Grande Salle des Emishens, toujours bondée à cette heure, pour y réaliser son rituel. <br><br />
<br />
Pendant ce temps, Soashna a repéré Vighnu et s’approche de lui en roulant des hanches, très "femme fatale". Vighnu, bien que troublé, pense très fort à Islinna et réussit à peu près à se tenir. Après les présentations Soashna entame la conversation en fehnri et jette quelques hameçons pour voir si Vighnu va mordre. Eldan les rejoint, tentant de s’intégrer a la conversation. Malheureusement pour lui, Soashna et Vighnu continuent à converser en fehnri. Le pauvre Eldan est donc exclu de fait de la conversation et en est réduit à jouer les pots de fleurs. Visiblement sous pression, Vighnu lâche quelques informations sans grande importance concernant Tal Endhil tout en tentant de garder le contrôle de la conversation. Soashna lui pose des questions sur ses fioles car elle sait qu'il est apothicaire et s’intéresse beaucoup aux activités de la [[Guilde Franche de Tal Endhil|Guilde Marchande]] et des Sotorine. Soashna semble en effet chercher à découvrir l'emplacement et le nombre des comptoirs kerdans ainsi que leur possible approvisionnement en ivoire. De plus, au cours de la conversation, Vighnu et Eldan constatent avec inquiétude qu'une grande partie de la peau de Soashna est tatouée, ce qui indique que cette dernière ne peut être qu'une membre très importante des [[Nocturnes]], la mafia fehnri. Vighnu comprend alors que le plan d'origine de faire table commune avec les deux membres du couple va échouer. Il décide d'inviter Soashna à une discussion en tête à tête avec un bon cru. Avec Eldan il échange donc gobelet et bouteille discrètement au comptoir. Pendant qu'Eldan essaie de s’immiscer dans la partie de cartes où Dorian tente, en grand professionnel, de plumer ses adversaires, Vighnu sert un verre de vin à Soashna. Afin de lui faire ingurgiter sa potion, Vighnu allume sa pipe pour perturber l'odorat de la dame. Eldan fait de même avec Dorian... Et là, c’est le drame. <br><br />
<br />
Soashna semble bien encaisser le narcotique, pendant que Dorian s’affale brutalement sur sa table. Soashna comprend instantanément ce qui se passe. Vighnu ressent alors comme un picotement étrange qu’il reconnait, la sensation d’un sorcier en train d’essayer de lui voler de l’Energie. Soashna n’est pas qu’une Parfumeuse… c’est aussi une Sorcière ! Il parvient à résister au sortilège, mais Soashna lui écrase alors une sorte de pâte sur le visage. Vighnu subit les effets d’un puissant narcotique et se retrouve paralysé sur sa chaise, impuissant. Vighnu mis hors d'état de nuire, Soashna se précipite vers la table de Dorian et d'Eldan. Ce dernier essaie de l’intercepter… pour se retrouver lui aussi sous l’effet d’un des “parfums” de la Fenhri. <br><br />
<br />
C’est à ce moment là qu’Andréas revient pour constater l’étendue des dégâts. Eldan est en train de tomber par terre, tout raide, pendant que Vighnu glisse petit à petit dans l’inconscience et de sa chaise. Andréas entre dans la salle principale et attrape un cruchon vide sur une table avant de se diriger le plus discrètement possible vers Soashna, qui est en train d’agiter une fiole sous le nez de son compagnon. Andréas écrase la cruche d’un coup sec sur le crâne de Soashna… ça ne suffit pas à l’assommer, mais c’est à ce moment que le poison de Vighnu finit par faire effet. Les deux affreux sont enfin à terre, mais Andréas se retrouve nez-à-nez avec un Brannock armé jusqu’au dents. Le Cornu a sorti une hache, et la Poigne un gourdin. Tout le monde se regarde en chiens de faïence… Andréas lance un : ''“Non mais, c’était vraiment une grosse pute, hein !”'' pour essayer de détendre l’atmosphère. Brannock baisse légèrement ses armes et demande si la porte de derrière est toujours ouverte. Comme Andréas confirme, Brannock s’esquive sans demander son reste en lançant ''“Avec les compliments d’Adira Pratesh !”''<br><br />
<br />
Tandis que Vighnu et Eldan reprennent lentement conscience, Andréas tente de pénétrer l’esprit de Soashna, à l’aide du sortilège qu'il a préparé durant les jours précédents en prévision de l’opération. Il sort donc son grimoire et commence à dessiner dessus. Il compte aussi sur la "potion" de Vighnu pour l’aider dans sa tâche. Mais une mauvaise surprise l’attend. L’esprit de Soashna a la forme onirique d’un jardin évoquant les tatouages qui décorent l’essentiel de son corps... et a un gardien. Une créature ressemblant à un léopard garde en effet l’accès à ses souvenirs profonds. Tout au plus Andréas parvient-il à accéder à ses pensées superficielles, pensées qui concernent beaucoup la bagatelle. Andréas ainsi la surprise de découvrir, dans le coin de l’esprit de Soashna qui semble concerner ses amants, une image de [[Bagoran de Marale]]. Mais lorsque Andréas tente de s’enfoncer plus avant, vers les souvenirs profonds, le léopard l’attaque et il se retrouve, tout tremblant, hors de l’esprit de Soashna. C’est une bien maigre moisson d’informations qu'Andréas peut rapporter à ses comparses...<br />
<br />
Andréas, Vighnu et Eldan confèrent alors de la suite à donner aux évènements. Ils font face à une menace complètement imprévue, et Soashna reprend petit à petit conscience. Ils décident d’envoyer Vighnu chercher Herle, qui est probablement parti finir la soirée à l’Auberge du Cygne. En tant que "tueur de sorciers", Herle sera certainement à même de contrer Soashna si elle tente quelque chose. Pendant que Vighnu quitte la Taverne en quête de Herle, Andréas décide de s’attaquer à l’esprit de Dorian le Magnifique, qui babille dans son sommeil drogué. <br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
<br />
Lorsque le rideau se relève, environ deux heures ont passé. Un templier à l’air morose monte la garde devant la porte de la taverne penchée. À l’intérieur tout est calme. Il ne reste dans l’auberge que Dorian le Magnifique. Un léger sourire orne ses lèvres. Il aurait presque l’air bienheureux, si son regard n’était vitreux et si un poignard n’était planté dans sa poitrine. Il baigne dans une mare de sang, paisible.<br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
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<br />
===Intermède===<br />
<br />
Entrent Cassandre et Le Chaman.<br />
<br />
Cassandre : ''Ne t’avais-je point dit, Chaman, que les choses tourneraient mal ? Mais on ne m'écoute jamais !'' <br><br />
Le Chaman : ''La Fatalité t’aveugle, Cassandre. Tu spécules, tu ne sais pas ce qui s’est passé dans cette taverne...'' <br><br />
Cassandre : ''C’est parce que tu fais bien des mystères. Que signifie cette ellipse temporelle ? Pourquoi as-tu cessé de raconter les évènements de cette soirée ? L’Herbe-Nuage a embué ton esprit !''<br><br />
Le Chaman : ''C’est que, vois-tu, les choses ne sont pas si simples. Différentes bouches conteront différents récits. Qui suis-je, moi, pour me faire l'arbitre des vérités, et choisir un récit comme plus vrai que les autres ?'' <br><br />
Cassandre : ''Mais qui a tué Dorian le Magnifique ? Tu le sais bien, non ?'' <br><br />
Le Chaman : ''Je n’en sais rien et je préfère laisser la parole aux protagonistes. Nous laisserons à notre auditoire le soin de retisser la trame des évènements à partir des différents récits, comme dans Rashômon.'' <br><br />
Cassandre : ''Mais qui est ce Rashômon ? Un sorcier ?'' <br><br />
Le Chaman : ''Pas exactement… Disons que [http://fr.wikipedia.org/wiki/Rash%C5%8Dmon_%28film,_1950%29 Rashômon] est un récit fait par un sorcier des images… Mais nous nous égarons. N’entends-tu point que nos héros ont atteint le Donjon de Tal Endhil et qu’ils s’apprêtent à raconter les événements de la nuit au Capitaine Durgaut ?'' <br><br />
Cassandre : ''Oui, ils sont là ! Écoutons-les !'' <br><br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
<br />
<br />
===Deuxième acte : Confrontation au Donjon===<br />
<br />
Le Donjon, la nuit. Une grande table accueille les reliefs d’un repas. Le Capitaine Durgaut y est installé. Il a l’air bonhomme, à moins qu’il ne soit simplement repu – il faut dire qu’il a repris deux fois du ragoût de mouton lors de son repas avec Dario Celsine. Entrent Herle de Lorune, Andréas Odran, Eldan le Moineau et Vighnu Pratesh qui escortent Soashna. Les quatre hommes ont l’air tendus et fatigués. Soashna est solidement ligotée, pieds nus et surtout à peine habillée d'une sorte de robe-tunique qui ferme mal et dévoile des seins splendides, des jambes parfaites et beaucoup de tatouages floraux.<br />
<br />
Herle de Lorune est le premier à s’avancer. Il prend le temps de vérifier que le Capitaine est bien seul avant de prendre la parole. Il se fixe au garde à vous et regarde Durgaut droit dans les yeux.<br />
<br />
====Le récit de Herle de Lorune====<br />
<br />
'' "Mon Capitaine, je vous prie d'excuser cette visite tardive et ma tenue négligée."''<br />
<br />
''"Cette femme est une sorcière.'' (Herle désigne Soashna du regard) ''Mes camarades, agissant sur vos ordres, l'ont démasquée ce soir alors qu'elle tentait d'exercer ses maléfices sur eux. Pratesh a pris sur lui de venir me quérir à l'auberge pour confirmer son intuition première. Lui-même, Eldan et votre "chroniqueur" avaient déjà réussi à s'assurer de sa personne et de celle de Dorian. Il ne m'a pas fallu longtemps pour m'assurer que, oui, cette noiraude dégageait bien une magie suspecte."''<br />
<br />
''"À peine avions-nous commencé à discuter de son sort, plus exactement de comment nous débarrasser de cette engeance sans vous attirer des ennuis, qu'elle se réveillait de son sommeil, sans doute feint, et tentait de s'enfuir. Pour cela, elle s'est emparé de l'esprit de notre jeune compagnon ''(il se tourne vers Eldan)'' pour le pousser à s'interposer, violemment, face à moi. Mon épaule s'en souvient encore, mais Pratesh a réussi à l'assommer. La sorcière en avait profité pour sauter à la gorge du "chroniqueur",'' (on entend les guillemets au ton de Herle) ''lui arracher sa dague et s'en servir de bouclier humain. Fort heureusement, la gueuse n'a pas pu arriver à ses fins et elle aussi a fini au sol, assommée. Pratesh a retenu ma lame alors que je m’apprêtais à en finir."''<br />
<br />
''"Il faut croire que les fehnri n'ont pas les mêmes interdits que nous vis à vis des sorciers. Pratesh était, et est toujours, plus intéressé par ce qu'elle a à dire que par l'insulte à la foi qu'elle représente. Le chroniqueur et lui ont alors commencé à parler longuement avec la sorcière, qui ne s'est pas privée de faire feu de tout bois pour les convaincre de l'épargner. Elle a menacé, promis, révélé de soi-disant secrets, minaudé, reculant encore et toujours l'échéance. Pour pousser son avantage, Pratesh a achevé Dorian avec la propre épingle à cheveux de la noiraude, cette lame empoisonnée qui est ici, parmi ses artifices'' (Herle désigne un ballot, fait à la va vite, avec les objets trouvés sur Soashna). ''La sorcière n'a pas semblé plus troublée que cela, elle a continué à se défendre avec aplomb."''<br />
<br />
''"Ces palabres ont duré bien trop longtemps. Mes camardes vous raconteront vous même leur idée honteuse - proposer un contrat à cette sorcière, sous le très douteux prétexte que l'honneur fehnri l'obligera à l'honorer. Je me permets, mon Capitaine, de vous préciser mon indignation et ma réprobation face à une telle issue. Cette sorcière ne mérite que la mort, comme ses semblables, et même si elle a des informations à nous révéler. Il existe par ailleurs bien d'autres moyens que la négociation polie pour obtenir ces informations. Mais enfin, devant la certitude de Pratesh et du "chroniqueur", j'ai accepté de les suivre jusqu'ici et de retenir mon bras. La décision que vous devez prendre est grave, mon Capitaine, très grave."''<br />
<br />
''"Avant de laisser la parole à ceux qui veulent tant rédiger un contrat, je me porte volontaire pour partir à la rescousse des enfants emishen enlevés par les sbires de Rhilder. D'après cette traînée, ces enfants sont voués à être assassinés et abandonnés de manière à provoquer l'ire des Sentinelles de l'Orage contre nous. Elle dit connaître un homme chargé pour l'heure de nourrir les enfants. Avec quelques informations plus précises qu'elle nous donnera'' (il adresse un sourire sinistre à Soashna), ''quelques hommes et un pisteur talentueux, je pense pouvoir lui mettre la main dessus rapidement et sauver les gamins. Cela rachèterait un peu le fait de laisser vivre cette engeance."''<br />
<br />
Herle semble s'arrêter.<br />
<br />
''"Ah, j'allais oublier. Pratesh a accepté de garantir sur sa vie que la sorcière se tiendrai aux termes du contrat. Lui est un homme de parole, il me semble. Et si vous vous décidez, mon Capitaine, pour cette malheureuse solution, j'aimerai ajouter un paragraphe à ce texte. La damoiselle devra s'engager à me parler, librement et précisément, de la sorcellerie qu'elle utilise. Après tout, ce n'est pas tous les jours que l'on a un sorcier contraint sous la main.'' (il adresse un regard à Andréas) ''Si au moins cette triste affaire pouvait nous apporter quelques unes des connaissances qui nous manquent..."''<br />
<br />
''"Merci mon Capitaine." '' Herle salue et recule d'un pas.<br />
<br />
Pendant le récit de Herle, Soashna a fréquemment roulé des yeux, fait la moue ou secoué légèrement la tête en entendant pareilles énormités (ce qui fait onduler ses cheveux très noirs et quelque peu emmêlés lui tombant jusqu'aux fesses) et, si certaines phrases l'ont vraiment fait sourire, elle a adressé un très léger hochement de tête à la toute dernière demande du chevalier lorunois.<br />
<br />
'' "C'est mon tour ?"'' demande-t-elle quand Herle le Défroqué a fini son récit.<br />
<br />
''"Non, ce n’est pas ton tour. Tu parleras quand on te dira,"'' répond directement Andréas. ''"Voici notre rapport, Capitaine."''<br />
<br />
<br />
<br />
====Le récit d’Andréas Odran====<br />
<br />
'' "Autant vous dire qu’on a pas mal de choses à vous raconter. Par exemple que le nouveau garde du corps d’Adira Pratesh est en réalité un assassin envoyé par Rhilder pour vous tuer. Mais commençons du début."''<br />
<br />
''"L’opération a bien commencé. Nous avons trouvé nos deux perdrix à la taverne penchée, comme prévu. Malheureusement, ils n’étaient pas ensemble à jouer aux cartes comme nous l’espérions. A son entrée, Soashna s’est immédiatement dirigée vers Vighnu et a commencé à tenter de lui soutirer des informations. Et elle a vite repéré qu’on avait essayé de la droguer. Mais bon, la taverne vidée, et avec un peu d’improvisation et l’aide d’un bon coup de cruche sur le haut du crâne, nous avons réussi à les neutraliser. On a ensuite pu commencer l’interrogatoire. Vighnu s’est rendu compte, en examinant les tatouages de la dame, que celle-ci devait une personne très haut placée de [[Nocturnes|la pègre Fehnri]]. Et alors qu’elle était toujours inconsciente, des fleurs se sont mises à pousser autour d’elle, sur le sol de la taverne, d’une façon on ne peut plus… surnaturelle. Je me suis rendu compte que Soashna, même droguée, pouvait résister à un interrogatoire. Tout juste ai-je pu comprendre qu’elle semblait avoir une relation... ahem... rapprochée avec le chef du Temple actuellement en visite à Tal Endhil, [[Bagoran de Marale]]. Le prestige de l’uniforme, sans doute."'' <br />
<br />
''"Je me suis reporté sur Dorian qui s’est révélé bien plus bavard. Dorian vient d’[[Orsane]], c’était un membre de la pègre locale - l’antenne locale de la mafia ondrène, si vous voulez. Il se trouve que le malheureux Dorian s’est fait poirer à [[Darverane]] en train de trafiquer du sel et d'autres choses par des hommes du prévôt Rhilder. Pour éviter de finir à l'échafaud, il a été contraint de travailler pour espion pour le Prévôt. C’est aussi à Darverane qu’il a rencontré Soashna ici présente et que leur association a débuté. C’est dans ce cadre qu’il s’est retrouvé à l’auberge du pont à enquêter sur les attaques de Kormes. Là, il est tombé sur [[8) "Le Train de l'Argent"|notre opération]] et s’est retrouvé involontairement impliqué dans l’extraction des lingots. Malgré nos précautions, il a réussit à remonter à certains indices que nous avions laissés. Par exemple, je ne vais pas vous mentir, le personnage d’Herme de Brasure, que je campais à l’occasion, n’est pas passé inaperçu, et ils ont remonté sa piste. D’autres ont été reconnus : il faut dire que les kormes de deux mètres dix, bon… Au final, ils se sont retrouvés à Tal Endhil, en train d’essayer de nous retrouver. Dorian hésitait franchement entre accomplir sa mission (faire un rapport à Rhilder) ou bien s’offrir une petite vengeance personnelles en arrangeant nos décès... Le mien, notamment. Bref."''<br />
<br />
''"J’ai également obtenu de Dorian les noms d’autres agents de Rhilder. L’un ne sera pas une surprise pour vous, c’est le [[Sénéchal Impérial Quentos]]. L’autre, c’est Isias, l’homme qui accompagnait Soashna et Dorian. Figurez-vous que cet Isias a été envoyé notamment pour prendre des nouvelles de l’assassin que Rhilder a envoyé pour vous tuer. Comme vous êtes toujours en vie, Rhilder s’inquiète un peu. L’assassin, Dorian ne savait pas qui c’est, mais selon Soashna c’est [[Brannock]], le nouveau garde du corps d’Adira. Faudra avoir un petit entretien avec lui, à l’occasion..."''<br />
<br />
''"Avec ces découvertes, et les preuves d’implications surnaturelles, on a décidé de faire appel à Herle, car il serait capable de résister à l’influence de Soashna. On a bien fait : alors qu’elle était encore apparemment inconsciente, elle a réussit à suffisamment influencer ce pauvre Eldan pour qu’il attaque Herle. Elle s’est réveillée, m’a pris par surprise, avant que Herle ne la frappe telle la justice implacable - il vous a déjà raconté sa partie. Il a failli me tuer à cette occasion, d’ailleurs, mais bon ce sont les risques du métier, on va dire. Il faut dire que Soashna, pour créer la zizanie entre nous, venait d’annoncer à la cantonade que j’étais un sorcier… Au milieu de tout ça, Vighnu a buté Dorian, il vous expliquera sans doute pourquoi."''<br />
<br />
''"Une fois Soashna sous bonne garde, on a pu discuter. Herle souhaitait la tuer sur place, Soashna a essayé de négocier. Bon… elle a une façon bizarre de négocier. En gros, avec l’épée de Herle écrasant sa poitrine, elle nous l’a joué comme si elle était en position de force. La femme qui peut sauver Tal Endhil. D’ailleurs, il n’y a qu’à cas la regarder maintenant (Andréas jette un coup d’oeil à Soashna), on dirait un coq paradant au milieu du poulailler. Il faut reconnaitre qu’elle semble savoir énormément de choses. Elle a affirme, par exemple, qu’un rapport circonstancié écrit par Dorian a été envoyé à Rhilder. Ce document contient les différents éléments à charge découverts à Tal Endhil. Le rapport est en route, mais serait toujours à Tal Endhil car les portes sont fermées. Je ne sais pas comment ils comptent le sortir, Soashna est certaine de pouvoir le récupérer. Tout aussi grave, elle nous aussi parlé d’une opération de déstabilisation menée par le fameux Isias dont je vous parlé. Il semblerait que certains des enfants emishens qui ont disparu dans les mines soient en sa possession, il veut les tuer et disposer leurs cadavres pour que les Sentinelles les découvrent. Isias vient apparemment de quitter Tal Endhil avec les gamins. Nous allons partir à leur poursuite dès cet entretien terminé et Soashna en sécurité. Cette dernière a probablement d’autres informations dans sa manche, c’est visiblement quelqu’un de très bien renseigné. Elle m’a demandé si vous payiez bien, et si elle pourrait avoir une résidence à Tal Endhil.. Elle semble prête à changer de camp très facilement. Trop facilement, peut-être."'' <br />
<br />
''"J’avoue, Capitaine, ne pas avoir d’opinion bien établie quant à la pertinence de la recruter. Elle est très forte, ça c’est sûr. Elle a aussi visiblement suivi des cours de haut niveau pour arriver à être super prétentieuse et éminemment désagréable - à moins que cela ne soit naturel chez elle. Elle est surtout très dangereuse et je ne sais pas trop comment nous pourrions nous assurer de sa loyauté. Vighnu semble convaincu qu’un contrat à la mode fehnri sera suffisant. Je me demande si une bonne option ne serait pas de faire savoir à Rhilder que désormais elle travaille pour vous. Ca pourrait la dissuader de retourner causer au Prévôt. Il semble moins compréhensif que vous pour les petits écarts de conduite..."''<br />
<br />
''"Pour finir, je ne vais ni plaider en sa faveur, ni contre elle. Elle s’exprimera ensuite, vous constaterez qu’elle se défend très bien elle-même. Elle va sûrement vous faire son petit numéro de victime, en expliquant comment nous avons vilement tenté de l’empoisonner alors qu’elle était tranquillement en train de nous espionner et de réfléchir à comment faire tomber Tal Endhil. Mais c’est le jeu, on peut difficilement lui en vouloir d’espérer sauver ses miches."'' <br />
<br />
''"Voilà, je pense avoir fait le tour... Mes camarades ont-ils des choses à ajouter ?" ''<br />
<br />
<br />
====Le récit d’Eldan====<br />
<br />
Eldan s'avance, ayant préalablement attendu que Vignu et Andreas lui confirment. Il semble embarrassé et s’efforce de tenir sinon son corps, du moins son regard, le plus éloigné possible de la belle et lascive créature.<br />
<br />
''"Mon capitaine, je crois que pour l'ensemble vous avez eu connaissance des éléments importants de cette mission par le récit de mes camarades. Je m'en tiendrais donc à mon avis personnel quant au devenir de la ... Dame. Sa dangerosité ne peut être mise en doute, en témoigne la sérieuse entaille sur l'omoplate d'Herle de Lorune que je lui ai vilement infligé sous l'influence des charmes de la chroniqu.... euh chaman... heu sorcière. Mais pour peu que nos intérêts convergent, elle ferait un allié de poids. Non seulement pour régler nos soucis les plus urgents, c'est à dire récupérer le rapport en partance pour Darverane et risquant de servir à Rhilder votre tête, sauf votre respect mon capitaine, sur un plateau. Sans parler du garde d'Adira Pratesh qui n'a pas encore réussi à trouver une brèche à travers la barrière de vos musculeux hornois mais qui finira par le faire si l'on ne l'arrête pas."''<br />
<br />
Les yeux du moineau s'égarent et on l'imagine se figurant Tal Endhil en flamme, phare de l'humanité, coulant dans les eaux noires de l'oubli, sa bannière arrachée et foulée au sol au milieu des constructions à jamais inachevées du quartier nord... C'est presque avec un sanglot étranglé que le moineau reprend. <br />
<br />
''"Et surtout elle pourrait constituer un agent potentiel pour approcher Rhilder, bien qu'elle n'ait pas été en contact direct avec ce dernier. Ses capacités et ses relations actuelles nous permettrait de savoir ce qui se trame dans les couloirs de la citadelle. Je pense que vous savez tout. Je me fie pleinement à votre jugement et sais que vous saurez prendre la décision la plus à même de nous aider comme vous l'avez toujours fait."'' <br />
<br />
Il n'y a pas une once d'ironie dans la voix du moineau qui, visiblement, semble penser que tout problème amené à la connaissance du clairvoyant Capitaine sera instantanément résolu et que toute décision prise par le Sauveur de Tal Endhil constitue par définition la "bonne" décision. C'est donc avec un soulagement visible qu'il termine sa phrase sachant son destin et celui de sa cité entre les mains de l'homme le plus compétent qu'il ait jamais connu.<br />
<br />
<br />
====Le récit de Vighnu====<br />
<br />
''"Capitaine, notre mission consistait à découvrir ce que deux témoins potentiels savaient de nos opérations et à faire en sorte, avec le moins de vagues possible, qu’ils ne puissent nous nuire."'' Vighnu soupire et continue avec sang-froid sans bafouiller.<br />
<br />
''"Je vous prie de croire que je n’ai jamais perdu de vue ces objectifs. C’est pourquoi je vais me permettre de corriger quelques détails dans les témoignages de mes collègues, notre perception des événements divergeant quelque peu et c’est bien normal. Je vais commencer par un scenario inédit de la soirée, si vous le voulez bien."''<br />
<br />
''"Eldan et moi-même nous sommes rendus en fin de soirée pour boire un verre à la taverne penchée. En arrivant notre sergent et tavernier a annoncé qu’il ne restait plus de bière. Cela a mis sur le départ plusieurs soiffards.'' (Regard en coin a Herle) ''Mais qu’importe nous boirions du vin ! Après nous être installés nous avons remarqué un petit cercle de jeu, Dorian y jouait accompagné de mademoiselle Soashna ici présente.'' (Vighnu s’incline vers la demoiselle) ''Partageant une commune origine nous avons discuté pour nous rappeler le bon vieux temps dans notre langue maternelle. J’ai si peu l’occasion de m’en servir ce fut un plaisir. Eldan poliment nous a laissé et a rejoint la table de Messire Dorian. Il a pu remarquer que celui-ci buvait pas mal. Enfin au bout de d’un moment vaincu par l’alcool il s’est effondré. S’excusant auprès de moi mademoiselle a rejoint son compagnon pendant que le cercle de jeu se dispersait. Du coup avec les clients restant nous avons bu quelques godets au bar. Soashna a remis sur pied Dorian au bout de quelques minutes et ils ont entamé une discussion. Après des échanges à voix basse le ton est monté, visiblement en colère Dorian était très virulent je passerai ses paroles au silence par respect pour mademoiselle ! Néanmoins nous avons compris qu’il s’agissait d’une rupture qui se ne se déroulait pas bien. En effet Soashna désirait mettre fin à sa relation avec Dorian, elle a entamé une tendre relation avec Bragorane de Marale. Dorian a très mal pris la nouvelle et malgré la pudique retenue de mademoiselle il a levé la main sur elle la frappant au visage !'' (Vighnu montre les traces de coups) ''Bien que ne désirant pas faire ingérence nous ne pouvions décemment pas laisser faire. Mes camarades se sont donc calmement interposés, mais Dorian est devenu fou et, les prenant par surprise, les a blessés. Puis il s'est jeté sur Soashna, la blessant elle aussi au bras. Elle ne doit sa survie qu’a un réflexe : en saisissant un couteau de cuisine elle a poignardé en légitime défense son agresseur, le tuant sur le coup. L’amour peut faire faire des choses bien étranges à un homme... Mais voyons le bon côté des choses mademoiselle est vivante et est reconnaissante des soins reçus.'' <br />
<br />
''"Ce récit présente la façon dont je vois l’incident néanmoins il est possible d’arranger quelques détails, mademoiselle peu très bien avoir eu un mauvais geste au final. Ça dépend de vous. Mais maintenant laissez-moi vous présenter le raisonnement qui m’a amené à ce scenario."''<br />
<br />
Vighnu devient alors beaucoup plus sérieux, son regard s’assombrit.<br />
<br />
''"Reprenons. Malgré des difficultés nous avons neutralisé les deux comparses et rapidement réalisé qu’ils n’étaient pas ce que nous avions cru. Suite à mon analyse des tatouages, l’arrivée des plantes et l’expertise d’Andreas nous avons conclu que la dame ici présente était une sorcière. Nous avons décidé de quérir Herle conjointement avec Andreas, car nous étions tous deux épuisés et sans doute possible incapable de la gérer nous-même sans la liquider séance tenante. Car c’est bien le problème : nous avions affaire à beaucoup plus fort que prévu et les neutraliser en suivant le plan d’origine était impossible. Que devions-nous faire alors ? Les tuer tous les deux ? Tenter de récupérer des informations auparavant ? Le choix était difficile. Mais au final nous avions besoin des informations : qui étaient-ils, que savaient-ils etc... Au final n’en déplaise à mes petits camarades avoir fait le choix de ne pas les tuer tous de suite s’est avéré payant."''<br />
<br />
''"Après interrogatoire de Dorian nous avons découverts des informations inestimables notamment qu’il était un espion de Rhilder de longue date. Et qu’il travaillait avec Soashna de manière indépendante comprenez : Rhilder n’a pas recruté la fehnri. Soashna à ce moment a repris conscience s’en est suivi le petit différent entre nous qui mes camarades vous ont déjà décrit."''<br />
<br />
''"Inviter Herle n’a pas été de tous repos. Il a confirmé nos soupçons et nous a permis de neutraliser une deuxième fois Soashna - merci a lui. Mais toute la difficulté a été de l’empêcher de la tuer. Pour quoi l’en empêcher ? Tous simplement parce que la liquider sans savoir qui elle était aurait pu être très dangereux vis-à-vis de la pègre Fehnri et parce que contrairement à Dorian nous n’avions pas pu voir dans sa tê... hum l’interroger. Vous avez pu constater la difficulté de gérer les avis de mes camarades grâce à leur exposé, imaginez sur place je peux vous garantir que ce n’était pas de la tarte. Néanmoins je pense avoir réussi à garder la tête froide. Donc à ce moment de notre aventure j’ai du assommer Eldan qui essayait de tuer Herle, puis j'ai assommé Soashna qui avait pris en otage Andreas. Enfin, j'ai empêché Herle de la clouer au sol sans sommation. L’équation "Dorian-Soashna /éviter un scandale avant l’arrivée du primat" paraissant compromise, j’ai pris une décision : je l’ai simplifiée."''<br />
<br />
''"J’ai éliminé un ennemi identifié, un espion qui nous avait déjà révélé nombre de ses secrets. Et attendu le réveil de son acolyte avant de décider de son sort. Cela m’a permis d’imaginer le scenario que je vous ai présenté en préambule. À son réveil Soashna a constaté la mort de son camarade et, contrairement à la déclaration d’Herle, a réalisé et analysé la situation dans laquelle elle était. Afin de sauver sa vie elle a marchandé. Qui ne l’aurait pas fait ? Enfin elle nous a livré trois informations capitales. Je ne vais pas revenir dessus... et elle en connaît d’autres. Elle connait notamment certaines informations concernant Herle... ce qui fait qu’alors même qu’elle nous livrait des infos à la pelle il m’a fallu intervenir pour détourner sa lame une dernière fois."''<br />
<br />
''"Je ne dis pas ça pour critiquer mes camarades mais il va falloir voir plus loin que vos convictions personnelles messieurs. Nous ne sommes pas des enfants de cœur, ce que nous faisons nous expose nous et tous ceux de Tal Endhil. Car il ne faut pas oublier qu’elle nous assure savoir où se trouve le rapport et comment l’intercepter, rapport qui couterait cher à tous les habitants de la région, les emishem surtout. Ce n'est peut-être rien de moins que la fin de notre projet de société ! J’assume mon choix, j’ai éliminé un espion et je nous offre la possibilité d’en recruter un. En effet, nous pouvons lier Soashna par contrat et elle le respectera tant que celui-ci sera profitable aux deux parties. Elle peut devenir un atout dans notre jeu capitaine. Je suis sûr qu’elle pourra convaincre sans mal les délégués présents à Tal Endhil de l’infamie de Dorian notamment son nouvel amant..."''<br />
<br />
Depuis qu'Andréas lui a ordonné de se taire, la belle Soashna a d'abord soupiré un peu, secoué la tête d'incrédulité devant ''"tant de mauvaise foi"''... puis s'est carrément désintéressée de ce que vous racontiez. Avant que le chroniqueur ait fini de parler, elle s'était assise dans la seule chaise disponible, face au Capitaine, en se tortillant un peu pour s'installer à peu près confortablement malgré ses poignets liés dans le dos. <br />
Puis elle s'est cambrée pour se caler la tête au sommet du dossier -faisant ressortir ses seins et gênant temporairement la concentration de tout le monde : elle a alors fermé les yeux, expiré longuement et sa respiration s'est peu à peu ralentie... au point de quasiment s'arrêter durant le récit de Vighnu.<br />
<br />
Durgaut hoche la tête après ce récit mais peine à contenir sa colère sourde. Il foudroie du regard "l'invitée" avant de fixer Vighnu :<br />
<br />
''"Vous autres, restez ici avec la "dame" que j'entendrai après si toutefois elle a quelque chose d'intéressant à me dire ! Je dois m'entretenir seul à seul avec Vighnu."''<br />
<br />
<br />
====Le récit de Soashna====<br />
<br />
Le Capitaine se retourne et invite par le geste le fehnri à le suivre sur le toit du donjon. Les gardes hornois, n'ayant pas reçu d'instruction contraire, bougent avec lui. Le Capitaine revient très vite après un entretien si bref qu'il ne semble y avoir eu aucun échange. Il fait signe à Herle pour qu'il bouscule un peu Soashna afin de la "réveiller". Mais Herle n'a nul besoin de le faire : dès que Durgaut et Vighnu sont revenus, Soashna prend une bruyante inspiration, se redresse, ouvre les yeux et se tortille à nouveau pour s'étirer. Durgaut tonne alors à son attention :<br />
<br />
''"Soyons brefs. Je n'ai que peu de temps à perdre, alors je veux des réponses précises et sans détour. Premièrement, que fait une Matrone seule à Tal Endhil, si loin de sa Ruche ? Deuxièmement, en dehors de la récupération d'un rapport dommageable à ma réputation, qu'a-t-elle de concret à m'offrir ? Troisièmement, se sent-elle de contracter avec moi aux diverses conditions évoquées ici, tant celles de mon Sergent que celles évoquées par Vighnu ? Enfin, comprend-elle qu'elle n'a que ce choix ou la condamnation pour sorcellerie ?"''<br />
<br />
Soashna se contente alors de sourire à l'assemblée.<br />
<br />
''"C'est à moi ? Très bien... Il est tard, la soirée a été rude et Isias s'éloigne pendant qu'on parle, je vais donc moi aussi aller droit au but. D'où viens-je ? D'Aroche, originellement. La politique interne des ruches n'est pas si amicale qu'elle peut le sembler et lorsque la Reine précédente s'est éteinte il y a 6 ans, la querelle de succession a fait des coups sombres parmi ses matrones-héritières. J'étais jeune, j'avais juste assez de prétention au trône pour que la Matrone Sarratsha m'écartèle mais pas assez d'influence pour lui retourner la faveur, j'ai donc pris... disons "mon indépendance". J'aurais pu rejoindre les Nocturnes de Duriane, évidemment, mais rien ne dit que j'y aurais été mieux accueillie. Je suppose qu'aujourd'hui qu'elle est fermement en place, je ne serais plus une menace pour la Reine mais... je préfère ne pas courir le risque. Et comme les Marches du Nord sont pleines de mâles persuadés de leur supériorité,'' (regard à la ronde) ''les opportunités étaient infinies..."''<br />
<br />
''"Je possède effectivement nombre d'informations dont vous avez besoin urgemment, votre sorcier ne sait pas les extraire de mon esprit et le tortionnaire de service mettrait des jours, si ce n'est des semaines, à me les arracher. D'ici là, il serait trop tard pour vous tous, et si je mourrais dans des circonstances curieuses, c'est au Commandeur Bagoran de Marale que vous auriez à faire. Lui et moi avons d'ailleurs rendez-vous demain, soir : il serait très déçu que je n'y sois pas... Mais ce n'est pas vraiment pour ces renseignements que vous avez besoin de moi : ils ne sont que notre cadeau d'introduction. Votre problème est que vous habitez un village encerclé par les sorciers et les espions et que, sans moi, vous n'avez absolument pas les moyens d'y faire face pour l'instant..."''<br />
<br />
''"Alors non, Capitaine, je ne crois pas n'avoir que le choix de coopérer avec vous ou de mourir. Parce que nous savons tous que vous êtes à peu près obligé de vous décider tout de suite et que, "tout de suite", vous ne pouvez pas raisonnablement vous débarrasser de moi. Sans moi, le rapport de Dorian sur l'attaque du convoi sera transmis au Sénéchal Quentos, qui vous tombera dessus comme la petite vérole sur le bas-clergé dès la huitaine prochaine, en présence de Son Éminence. Mais d'ici là, Isias aura tué deux ou trois gamins emishen et fera porter le chapeau aux Templiers pour vous mettre en porte-à-faux avec les Sentinelles, et vous aurez un tout autre problème. À moins que l'assassin de Rhilder n'arrive à vous atteindre, ou que le troisième agent du prévôt -celui que vous avez imprudemment ramené d'Aroche, si j'ai bien compris les messes-basses de votre quatuor de choc- ne déclenche de son côté une autre catastrophe. Et je suis au regret de vous annoncer que ce n'est pas le Questor que vous avez mis sur notre piste qui y pourrait grand-chose : c'est déjà difficile de maintenir une filature lorsqu'on est seul, mais quadriller la vallée..."''<br />
<br />
''"Vous pourrez sans doute me tuer lorsque vous serez bailli, mais d'ici là, soyons réalistes, ça vous attirerait plus d'ennuis que ça n'en résoudrait. Vous le savez, je le sais et Vighnu Pratesh le sait si bien qu'il est prêt à me laisser vivre alors que je possède une information qui signerait son arrêt de mort. Je ne suis ligotée ici que pour tranquilliser votre butor à grande épée et le petit sorcier qui s'inquiète pour son emploi.''(grand sourire)<br />
''Détachez-moi et nous pourrons parler affaires comme des gens civilisés : vos conditions me semblent acceptables. Je doute de réussir à expliquer pleinement mon art à vos brutes, mais j'admets qu'ils bénéficieraient certainement d'un peu de clarté sur le sujet... D'ailleurs j'ai moi-même quelques clauses à proposer, rien d'extravagant : ma liberté, une maison, des émoluments corrects... Mais Pratesh vous l'a sans doute déjà expliqué : un contrat ne peux pas se signer sous la contrainte. C'est "contraire au protocole" si vous voulez. Et comme je cherche moi-même une terre d'asile où m'établir, il me semble que nous sommes en excellente posture pour négocier."''<br />
<br />
''"Vous n'auriez pas quelque chose à boire, tant qu'à faire ? Rien qui n'ait été épicé par Pratesh, de préférence : ça me rend toute alanguie..."''<br />
<br />
<br />
====La décision du Capitaine====<br />
<br />
La réponse de Durgaut se fait sur un ton peu amène.<br />
<br />
''"Dites-vous bien que malgré votre assurance, feinte ou non, vous exécuter est et demeure une option parfaitement viable ! Vous l'écartez peut-être d'emblée comme une impossibilité liée au contexte, et vous faites erreur. Je peux vous tuer. J'en ai le pouvoir. Et mon Sergent en a envie. Quant aux multiples raisons qui pourraient me pousser à choisir cette issue plutôt qu'une autre, elles sont bien plus complexes que le schéma simpliste que vous vouliez faire gober à mes hommes."''<br />
<br />
Durgaut ne laisse qu'un très bref moment de silence avant d'afficher un rictus et de poursuivre.<br />
<br />
''"Mais puisque vous semblez avoir plus d'attachement à votre liberté qu'à votre vie, nous allons discourir de celle-ci : livrez séance tenante toutes les informations permettant d'arrêter le rapport et son porteur et je vous fais détacher afin que nous puissions effectivement discuter comme des gens civilisés et élaborer ce fameux contrat."''<br />
<br />
Soashna n'a alors plus l'air endormie du tout. Et c'est avec un sourire matois qu'elle répond : ''"Le rapport est à la patte d'un pigeon qui attend l'aube pour décoller, dans votre pigeonnier. Je crois que c'est à l'étage du-dessous... <ref>En effet, depuis que Hadrien Muraille a déménagé le pigeonnier sur la porte nord, l'endroit est accessible directement depuis le premier étage du donjon, en franchissant simplement la courtine au dessus du portail.</ref>"'' <br />
<br />
Et elle se lève de sa chaise pour tendre ses poignets ligotés à Eldan, tandis que Durgaut annonce : ''"Eldan, Vighnu, Andréas, interceptez moi cet oiseau et préparez-vous pour votre mission. Nous avons assez perdu de temps comme ça ! Sergent, détachez-la ! Et pour ce qui est de la boisson, nous verrons plus tard. Confondre mon bureau avec une taverne n'est pas fait pour me mettre dans les meilleures dispositions !"''<br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
<br />
<references/><br />
<br />
<br />
===Intermède===<br />
<br />
Entrent Cassandre et Le Chaman. <br />
<br />
Le Chaman : ''La nuit qui s'achève verra bien des évenèments. Soashna négociera les conditions de sa nouvelle vie avec le Capitaine. Quant à Brannock, il sera réveillé avant l'aube par les hommes du Capitaine venus l'arrêter.'' <br><br />
Cassandre : ''On n'échappe pas à son destin ! Mais que m'importe Brannock : où sont nos héros ? N'ont-ils pas une mission à accomplir ?'' <br><br />
Le Chaman : ''Ne t'impatiente pas trop, car les voici. L'aube est à peine née quand Vighnu, Eldan et Andréas franchissent les portes de Tal Endhil. Ils sont en route vers [[Solerane]], pour accomplir une tache aussi secrète que sanglante. Ils doivent être à Solerane en moins de deux jours et faire la route sans être vus par les [[Rehonil Ghoran]], les Sentinelles de l'Orage qui gardent [[Reishin Ghoran|la zone de paix]]. Car ce que s'apprête à accomplir notre trio s'apparente à un acte de guerre.''<br><br />
Cassandre : ''Ces trois là, des fauteurs de guerre ?''<br><br />
Le Chaman : ''Et oui, les apparences sont parfois trompeuses. N'oublie pas ce que je t'ai dis : les fondations de Tal Endhil baignent dans le sang. En tout cas, les voici ! Regarde, ils marchent d'un bon pas. Les voici qui quittent la route de Tal Endhil à Solerane. Ils vont emprunter le sentier de montagne qui conduit à la [[Mine du Camail]]. C'est un chemin abrupt et la descente s'annonce périlleuse, mais ils éviteront à la fois les patrouilles et le poste de garde qui ferme l'étroite [[Passe de Nilfenan]].''<br><br />
<br />
Cassandre et le Chaman mettent leurs mains en visière et commencent à scruter l'horizon. Cassandre pointe un doigt vers le lointain.<br><br />
<br />
Cassandre : ''Je les vois ! Mais le chroniqueur maigrichon avec son lourd grimoire, jamais il n'arrivera à suivre le rythme !''<br><br />
Le Chaman : ''Mais non, regarde-le ! Il est juste derrière Eldan qui ouvre la voie, et il avance d'un pas sûr et rapide ! N'est-il pas plein de ressources insoupçonnées ?'' <br><br />
Cassandre : ''C'est vrai qu'il m'étonne. Les voilà qui ont déjà atteint le sommet, là où se trouve la mine. Ne vont-il pas se faire repérer par la sentinelle de faction ? Mais non, il sont passés sans problème ! Mais... qu'est-ce que Vighnu tient dans sa main ?'' <br><br />
Le Chaman : ''Je crois que c'est l'en-cas de la sentinelle que Vighnu a subtilisé dans sa cahute. Celui-là est plus discret qu'une ombre ! Mais voici une difficulté qui s'annonce : si la montée fut facile, la descente sera périlleuse. Il leur faudra escalader des falaises et franchir des à-pics.''<br><br />
Cassandre : ''Ils vont se rompre le cou ! Je vois déjà Andréas qui pâlit à la vue du danger !''<br><br />
Le Chaman : ''Pourtant, les voilà qui s'encordent et commencent à descendre. Eldan et Vighnu sont à l'aise, Andréas beaucoup moins. Mais encordé et guidé par ses camarades il parvient à descendre. La première falaise est passée, ils s'attaquent à la deuxième...''<br><br />
Cassandre (se bouchant les yeux) : ''Je ne veux pas voir ça, ils vont mourir !'' <br><br />
Le Chaman : ''Allons ! Non, cela semble bien se passer. Les voilà maintenant qui se cachent et observent, ils ont dû repérer au loin une patrouille des Sentinelles. En tout cas, ils reprennent la descente et le plus dur semble être passé. Ils ont retiré leurs cordes. Mais... quel fait Andréas ? Il se lance en courant dans la pente, ignorant le danger ! Il tombe !''<br><br />
Cassandre (découvrant un œil pour regarder Andréas choir) : ''C'est la fin ! Il va se briser la nuque contre un de ces lourds rochers !''<br><br />
Le Chaman : ''Mais non, regarde ! Andréas se relève en se frottant le coude. Il s'en tire avec quelques bleus. Tous trois sont arrivés au pied du gué de la [[Rivière aux Élans]].'' <br><br />
Cassandre : ''Par les Pères, un ours ! Aaahhh !''<br><br />
<br />
En effet, un ours de bonne taille est entré sur la scène côté cour. Il est occupé à pêcher dans la rivière dont il a déjà extrait plusieurs poissons de bonne taille. Il a l'air assez bonhomme, ce qui n'empêche pas Cassandre de se réfugier derrière le Chaman. Entre alors Eldan, côté jardin. L'ours grogne dans sa direction et Eldan s'arrête brutalement, comme pétrifié par la vue de l'imposant plantigrade.<br><br />
<br />
Cassandre : ''Cette fois ils vont être dévorés tout crus ! Quelle horrible fin !''<br><br />
Le Chaman (chuchotant à l'oreille de Cassandre) : ''Ne t'ai-je point parlé de ressources insoupçonnées ? Regarde !''<br><br />
<br />
C'est alors qu'Eldan se met à courir. Hurlant comme un dément et agitant ses bras à toute vitesse comme s'il essayait de s'envoler, il traverse la scène en direction de l'ours. Ce dernier, d'abord interdit, ramasse ses poissons et sort de scène sans demander son reste. <br><br />
<br />
Le Chaman : ''Et c'est ainsi que l'envol du moineau effraya l'ours !''<br><br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
<br />
<br />
===Troisième acte : Solerane===<br />
<br />
Trois personnages entrent en scène : deux paysans miteux et un baladin vêtu d'un costume très voyant avec des grelots. Les grelots tintent à chaque pas du baladin et sa figure, entièrement peinte de blanc, affiche un rictus sinistre. Il faut quelques instants aux spectateurs pour comprendre que les paysans sont en fait Eldan et Andréas, alors que le baladin à la triste figure n'est autre que Vighnu. Sur scène se trouvent également deux gardes qui font payer le péage d'entrée dans Solerane à une foule bigarrée de marchands et de badauds. Un enfant pointe Vighnu du doigt. <br />
<br />
L'enfant : ''Maman, maman, pourquoi le monsieur il est habillé comme ça ?''<br><br />
La mère : ''Parce que c'est un baladin, il est là pour faire rire les gens.''<br><br />
L'enfant : ''Ben pourquoi il a l'air tout triste alors ?''<br><br />
La mère : ''Chut ! Il pourrait t'entendre !''<br><br />
Vighnu (à Eldan) : ''Je peux te dire que je te la revaudrai celle-là !''<br><br />
Eldan : ''Mais pourquoi dis-tu ça ? Il fallait bien que ta face soit maquillée, sinon on t'aurait reconnu !''<br><br />
Vighnu : ''Et les grelots, c'était obligé ?''<br><br />
Eldan : ''Ben oui, les baladins, ils ont des grelots ! Il faut que tu sois crédible, sinon l'opération pourrait être compromise. Souris un peu bon sang !''<br><br />
Andréas : ''Alors qu'entrer chez Jornil avec des grelots, ça risque pas de compromettre l'opération...''<br><br />
Garde : ''Halte là les pécores, il vous faudra payer votre écot pour entrer en ville. C'est une pièce de cuivre par jambe. ''<br><br />
Eldan : ''Une pièce de cuivre ? Mais c'est qu'on est des pauv' gens nous, on a pas le sou com' les riches marchands là derrière ! On peut avoir un rabais si on entre à cloche-pied ?''<br><br />
Garde : ''Certainement pas ! Encore que... Il est avec vous, le baladin qui tire la tronche, là ? S'il passe le pont-levis en marchant sur les mains, on vous fait un prix !''<br><br />
Soupirant, Vighnu fait une petite pirouette pour s'appuyer sur ses mains. Il esquisse un ou deux pas, avant de s'effondrer lourdement sur le sol - suscitant les rires gras des gardes. <br><br />
Garde : ''Six pièces, les pécores !''<br><br />
<br />
'''''Rideau.'''''<br />
<br />
Une fois dans les murs de la ville, les trois compères se répartissent les taches. Andréas et Vighnu vont reconnaître la maison de la famille Cuivré. Ils repèrent en particulier la fenêtre du grenier, et Vighnu dessine dans sa tête une voie d'accès depuis les toits des maisons voisines. Restera à distraire le garde de faction. Pendant ce temps, Eldan se renseigne à la taverne "Le Carafon" sur la présence à Solerane d'un éventuel enquêteur qui pourrait remonter leur piste. <br />
<br />
« Emdal l'émacié est un chasseur de brigand. Sa barbe grisonnante et son visage orné de majestueuses rides pourrait presque faire penser à un sympathique grand-père. Du moins avant que l'on croise son regard pénétrant et que l'on remarque l'imposante cape qui lui couvre les épaules, qu'il a par ailleurs très larges. Des cheveux coupés cours viennent renforcer l'aspect anguleux de sa mâchoire. Et lorsqu'il se lève et dépasse la foule d'une tête, on comprend qu'on a à faire à quelqu'un. Le suit de près un homme plus imposant encore, musculeux, aguerri et dont la peau est si marquée que l'on distingue difficilement ce qui relève du tatouage et de la cicatrice. Une lourde épée bâtarde est sanglée entre ses omoplates mais ne semble pas entraver ses mouvements souples. L'équipe est complétée par un jeune homme au cheveux châtains clairs nouées en une longue natte et dont le visage est difficilement mémorisable … un Emishen peut être ? Sa démarche féline rappelle celle de Vignu. »<br />
<br />
Le groupe se reforme, et décide d'aller louer un lit à l'Hostellerie des Moindres. En entrant dans l'établissement bondé, Andréas repère la silhouette de [[Sifenen Arlan]], le palefrenier emishen qui travaille pour [[Mérane "Roulier"]]. Considérant que Mérane est probablement elle-aussi présente à l'Hostellerie, Eldan et Andréas jugent plus prudent de faire demi-tour et d'aller chercher une couche ailleurs. <br />
<br />
Entre temps, les préparatifs pour le grand banquet du soir avancent sur la Grand' Place. Les gens sont déjà attablés et les discours ont commencé. Ceux-ci tournent autour de la situation économique de la ville (qui n'est pas très bonne) et de la venue du Primat. On annonce ainsi une grande messe pour sa venue. Jornil Cuivré fait lui aussi un discours. L'homme accuse clairement le poids des malheurs qui l'ont récemment accablé. Dans son discours, il annonce d'ailleurs qu'il prend sa retraite, laissant sa place à son fils. <br />
<br />
L'un des paysan renifle dédaigneusement le banquet, y prélève une patisserie, la porte précautionneusement à ses lèvres et la repose aussitôt avec une grimace des plus expressives. Pendant ce temps, le second paysan et le baladin sortent de la scène et réapparaissent quelques secondes plus-tard et en ayant échangé leur vêtements. Le nouveau baladin, cette fois-ci souriant, s'attaque au banquet avec un plaisir visible pendant que le paysan, anciennement triste baladin, s'éclipse par l'autre coté de la scène.<br />
<br />
L'enfant : ''Maman, maman, ou il va le monsieur ?''<br><br />
La mère : ''Il va se mettre en place pour accomplir sa sombre besogne …''<br><br />
<br />
Les minutes passent. Soudain l'équipe du chasseur de prime se rassemble sans en avoir l'air. Des mots sont échangés puis ils se séparent : Emdal reste au banquet, la brute part vers l'Est et le jeune vers le Nord. Or la maison de Jornil ou opère Vighnu se trouve au Nord-Est, il faut agir vite. Eldan pris de court n'a pas le temps de penser à une riposte intelligente, et propose à Andreas de suivre le massif tandis que lui prendra en charge le plus discret. Par la suite il regrettera beaucoup sa décision et ressassera ce que Le Lieutenant Le Cornu aurait fait : « il aurait demandé au Chroniqueur de brouiller l'esprit des enquêteurs en leur faisant croire avoir aperçu Nadine la Moucheuse dans une direction opposée ». Trop tard, le moineau perd de vu sa cible et c'est sur le chroniqueur que le piège se referme finalement, lorsqu'au détour d'une ruelle, les deux enquêteurs lui barrent le chemin. Andreas tente de berner ses adversaires mais en vain, ceux-ci l'interrogent et malgré leur brutale cruauté, le seul mot qu'ils tirent de lui est « .. baladin ... ». Ensanglanté et affaibli le shaman du phare de l'humanité est dans une position des plus délicates alors que le guerrier le jette sur son épaule. Dans un dernier effort, Andreas projette son poids vers l'avant, saisit la sphère métallique rouge qui lui avait été confisquée et usant de toute la puissance de sa sorcel… heu de sa volonté, trouble si bien l'esprit de son ravisseur que ce dernier, persuadé d'avoir reçu un coup fatal à la gorge, le libère pour retenir le sang de sa blessure imaginaire. Sans lui laisser le temps de le poursuivre, notre héro s'enfuit et part rejoindre ses camarades.<br />
<br />
Pendant ce temps, perché sur les toits abruptes de Solérane, a quelques mètres de la maison cuivrée, Maître Pratesh attend patiemment, il met a profit ce délais supplémentaire pour observer la rue et s'introduire dans les soupentes. Il a donc vu toute une foule pénétrer dans la maison. Non seulement, Jornil, Midral et leurs familles respectives mais également d'autres individus parmis lesquels le Sénéchal en personne ainsi que deux chariots dont le contenu à justement été entreposé dans le grenier. Parmi les jarres d'huile et les marchandises diverse … il découvre des cagots remplis de lingots d'argent. C'est une intense bataille intérieure qui prend place dans l'esprit de l’apothicaire ... dans laquelle toutes ses fonctions cognitives s'entrechoquent pour décider ce qui, du vole des lingots ou de obéissance au Capitaine Durgaut lui servira au mieux. L'image d'Islinna venant remettre un peu de calme dans le paysage mental de notre protagoniste, une trêve est déclarée le temps de réaliser la mission. <br />
Quelques étages plus bas, c'est toute une réunion qui semble se dérouler. C'est du moins ce que va découvrir Andreas. Car ce dernier vient de rejoindre Eldan et explore en esprit l'intérieur de la bâtisse grâce à ses dons shamaniques.<br />
...<br />
<br />
Le plan du bâtiment finalement couché sur un parchemin, Andreas le remet au moineau pour que ce dernier puisse le transmettre à Vighnu.<br />
<br />
}}<br />
<br />
'''[[19) "La Vallée des Ossements"|<< Épisode Précédent]] | [[21) "Votre Éminence"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Épisodes|<< RETOUR à la liste des Épisodes]]'''<br />
<br />
[[Catégorie:Épisodes]]<br />
[[Catégorie:Comptes-Rendus]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/9)_%22Reishin_Ghoran%229) "Reishin Ghoran"2014-09-08T16:52:10Z<p>Aloun : </p>
<hr />
<div><br />
<br />
== Objectifs et renseignements ==<br />
<br />
C'est au début de la [[Huitaine 6|sixième huitaine]] ("après la bataille") que les Talendan ont pour la première fois entendu parler du Reishin Ghoran, la fameuse "[[Frontière de l'Orage]]" conçue par l'Assemblée Tribale.<br />
Lorsque Lel'Liamil profite d'achats de chevaux au [[Cercle des Cascades]] pour se renseigner sur les négociations (et comprends que l'argent qu'il vient de verser pour les canassons va permettre aux [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] de s'armer), il réalise rapidement que ce fin stratège d'Alon Sorhan (chef du clan des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]], "chef de guerre" de toute la tribu des So'Sherkan et tête de file des Emishen bellicistes) est en train de s'approprier le débat en proposant pour la Frontière un tracé englobant presque toute la Marche des Lacs et qui, au lieu de garantir la paix, obligerait les pacifistes à commencer par en chasser les Remans, donc à entrer en guerre. Parallèlement, d'autres Emishen font la promotion d'un tracé "sans les Dirsen" qui limiterait la zone de paix aux plus hautes vallées, excluant notamment Tal Endhil.<br />
Dès que le maquignon lewyllen prévient Durgaut de ce qui se trame, le Capitaine lui parle du rapport stratégique de Bahardabras le Hornois, concernant la défense de la vallée, les cols défendables, les gués et tout ce qu'il leur faudrait de troupes et de fortification pour tenir enfin fermement leur territoire.<br />
Il apparaît très vite que si les Talendan réussissaient à influencer le tracé du Reishin Ghoran pour qu'il corresponde à leur vallée (donc grossièrement aux contours du futur bailliage), ils obtiendraient non seulement d'être inclus dans la zone de paix (ce qui serait extrêmement profitable au commerce) mais d'être désormais carrément défendus par la force d'interposition Emishen, appelée à vite devenir plus nombreuse que les troupes du village, ce qui serait un pas de plus vers une possible indépendance vis à vis de l'Empire (idée qui trotte dans la tête de beaucoup de PJ depuis longtemps). Si en plus l'arrangement de Durgaut avec les [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] pouvait convaincre l'un des rares clans Emishen possédant une expérience minière de venir s'installer chez lui pour exploiter les filons locaux (en l'échange du rachat de leurs frères en esclavage), le Capitaine pourrait rapidement se retrouver à la tête d'une petite mais puissante seigneurie "franche"...<br />
<br />
Lel'Liamil ayant passer le reste de la semaine à identifier les émissaires les plus influents et leur allégeance à l'un des trois tracés (le "grand" d'Alon Sorhan, le "haut" qui exclue les Dirsen et celui des Talendan, largement minoritaire puisque seulement soutenu par leurs alliés directs, [[Kal Feilan]], [[Kal Shemon'Lon]] et [[Tael Shannan]]), il remonte aux Cascades avec une équipe de diplomate emishen composée de son fidèle [[Sifenen Arlan]], [[Islinna|Islinna "Maliam'nid"]], [[Nevel Sholdanan]] et la jeune négociante [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] [[Doma Sholen]] : vue l'avancée des négociations, ils n'ont alors guère plus que 24h pour obtenir un changement drastique de l'opinion avant que tous les "bellicistes" ne quitte l'Assemblée pour partir en guerre dans la Marche des Gemmes, mettant probablement fin au plus gros des débats. Durgaut ayant fait jouer ses contacts auprès des pacifistes, il a obtenu que ses représentants -quoique n'étant pas vraiment des "émissaires tribaux"- puissent au moins présenter leur projet à l'Assemblée.<br />
Ils savent que les principaux arguments en faveur du "grand" tracé sont la quantité de terres arables (pour nourrir les réfugiés, qu'on suppose très nombreux) et les cercles de pierres qui s'y trouvent, historiquement les points de rassemblements et lieux saints des différents clans alors que les quelques émissaires à défendre le tracé "haut" ne le font que par défiance envers les Dirsen en général. <br />
<br />
=== Rappel des différents clans Emishens ===<br />
<br />
Clans appartenants aux '''Si'Olonil''' ("falconidés")<br />
: Les Elloran ("éperviers-pêcheurs")<br />
: Les Liam'Lon ("faucons chanteurs")<br />
: Les Oloden ("gerfauts des rivages")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Lewyllen''' ("corneilles")<br />
: L'Aile du Silond, ("le nord")<br />
: L'Aile de l'Orind, ("le sud")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''So'Sherkan''' ("aigles")<br />
: Les Okhina'en ("aigles royaux")<br />
: Les Edell'Okhil ("aigle des montagnes")<br />
: Les Tallalnen ("harfangs")<br />
: Les Halia'Hetan ("pygargues")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Arkonnelkan''' ("les condors")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Rimdehl''' ("geaies")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Otlalnan''' ("oies")<br />
: Les Barantanen (“bernaches”, qu'on appelait le "clan du printemps" et qui avait une grande importance symbolique chez les Emishen)<br />
: Les Otindhil (“cygnes”)<br />
: Les Eritorden (“pélicans”, réduit à moins de 10.000 parce qu'ils sont les seuls à avoir vraiment résisté)<br />
: Les Eibradon (“eider”)<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Korimlan''' ("vautours")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Del'Ranan''' (sternes")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Larindeln''' ("goélands")<br />
<br />
== Premier jour ==<br />
<br />
[[Fichier:Plan-Cascades.jpg|600px|thumb||Plan du Cercle des Cascades]]<br />
<br />
Accueillis pour dîner chez [[Ethelkaran]] (doyen des [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] du sud, donc "chef" de Lel'liamil) et, bientôt rejoints par le barde [[Tael Shannan]], nos diplomates vont d'abord convaincre le doyen de l'opportunité commerciale qu'il y aurait à se lancer massivement dans l'importation de nourriture et de semences (pour développer l'agriculture locale) afin de pouvoir assurer le ravitaillement des réfugiés : car si Tal Endhil peut assurer des liaisons maritimes vers Aroche et se dote bientôt d'un port fluvial, la seule ville cosmopolite de la zone de paix serait rapidement la plus grande place commerçante de la région.<br />
<br />
=== Kal Kirhan chaman des Tallalnen (5) ===<br />
<br />
Ceci fait, [[Sifenen Arlan]] et [[Nevel]] filent parler à [[Kal Kirhan]], le fameux chaman-lancier des [[Tallalnen]] (qui accompagnait l'Opération Tréfonds) et qui, pressenti pour commander les Gardes-Frontière, a apparemment refusé le poste : s'ils parvenaient à le convaincre d'accepter et le ralliaient à leur tracé, ce serait encore des points de marqués. Lorsqu'ils arrivent au campement des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]], c'est pour découvrir leur ami, le chef du clan Reyil Arkon et sa chamane [[Kal Levayassan]] en grande discussion avec [[Alon Sorhan]] : si les deux chefs guerriers partagent le même avis sur les Dirsen et la frontière, les deux chamans sont beaucoup plus circonspect et même vaguement défiant avec le puissant [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] qui cherche à rallier un maximum de combattant et à se faire nommer "chef de toute la tribu" (donc, en plus de son propre clan, ceux des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] et [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]]). C'est plutôt un dialogue de sourds, dont les PJ réussissent à extraire [[Kal Kirhan]] pour lui mettre le marché en main, mais le chaman explique qu'il en a marre des manigances politiques : tout ça est trop malhonnête pour sa propre conception de la Justice (car avant de devenir chaman sur le tard à la demande expresse de leurs esprits-totems, [[Kal Kirhan|Kirhan]] était "l'exécuteur judiciaire" des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] : c'est un peu Judge Dredd rhabillé en chaman), il est loin de sa famille depuis des semaines, il pense qu'Alon Sorhan va faire capoter tout le projet de frontière et, franchement, n'a lui-même guère confiance dans les Dirsen. [[Nevel]] va alors user de toute son éloquence (limitée) pour faire valoir qu'il est justement le seul espoir de la Frontière, entraîner le chaman dans une longue conversation (alcoolisée) à cœur ouvert en contemplant la cascade... et finalement renvoyer son ami méditer sur ses contradictions, réponse espérée le lendemain.<br />
<br />
=== Rencontre entre Nevel et Alon Sorhan ===<br />
<br />
En regagnant les pentes où devraient camper ses camarades, légèrement éméché, Nevel tombe sur [[Alon Sorhan]] qui veut lui parler : si le chef de guerre veut faire appel à la fougue guerrière qui animait jadis l'éclaireur et qui l'a poussé à attaquer l'occupant il y a 15 ans, déclenchant le sanglant cycle de représailles qui coûta la vie à de nombreux [[:Catégorie:Elloran|Elloran]], à leur chef d'alors (le père de l'actuel) et le fit bannir, [[Nevel]] lui explique posément pourquoi il est aujourd'hui du côté de la paix et de la "Fraternisation", et comment il compte racheter ses fautes passées en défendant les Emishen pacifistes. La discussion s'envenime peu à peu, au point que le chef des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] finisse par traiter l'[[:Catégorie:Elloran|Elloran]] repentant de lâche et le prévienne que leur prochaine rencontre se fera probablement les armes à la main.<br />
Légèrement dégrisé, [[Nevel]] par en quête de ses compagnons...<br />
<br />
=== Malondil chef des Elloran (6) ===<br />
<br />
[[Lel'Liamil]] et [[Islinna]] enchaînent justement avec [[Malondil]], le (trop) jeune chef des [[:Catégorie:Elloran|Elloran]] des Cascades, de plus en plus ouvertement partisan de la guerre (bien que son chaman, [[Kal Feilan]], soit le leader pacifiste : oui, c'est le bordel). En plus d'avoir été presque spolié de son rôle politique ([[Kal Feilan|Feilan]] a derrière lui une nette majorité des [[:Catégorie:Elloran|Elloran]], l'organisation de l'Assemblée s'est faite sur les terres de son clan mais contre son avis...), nos deux PJ comprennent vite que le jeune homme est surtout sous la double influence de sa mère, qui déteste les Dirsen, et du souvenir de son père, Ahndro'shar, ancien chef du clan tué en combattant l'oppresseur. Mais il semble vite aux deux diplomates qu'il y a "quelque chose du défunt" qui se manifeste à travers le jeune [[Malondil]] quand il parle de vengeance, une soudaine fougue et une conviction qui ont certainement fait beaucoup pour son élection comme chef, mais qui aux yeux d'[[Islinna]] pourrait bien avoir une source "surnaturelle". Surpris et foutus dehors, ils se séparent pour leurs visites suivantes...<br />
<br />
=== Tahalien des Rimdehl (7) ===<br />
<br />
[[Lel'Liamil]], lui, va parler aux [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]], la tribu décimée étant représentée sur place par seulement deux bardesses : une vieille malade venue énumérer à l'Assemblée les massacres et les injustices subis par sa tribu à cause du prévôt [[Rhilder]], la seconde n'étant autre que [[Tahalien]], l'évadée de la mine de [[Solerane]] que [[Vighnu]] et [[Andréas]] ont croisé (et aidé) pendant [[8) "Le Train de l'Argent"]]. Si Tahalien -plutôt influente aux Cascades- doit heureusement remplacer sa consœur à l'Assemblée et se dit assez favorable aux Talendan, elle leur propose vite de défendre leur projet pour peu qu'ils lui rendent deux services.<br />
Le premier consiste rien moins qu'à monter l'évasion de tous les esclaves qu'elle a du laisser derrière elle dans la mine de [[Jornil Cuivré]] (les Talendan acceptent d'y parvenir sous 4 semaines, quoiqu'en en sachant pas encore comment leurs collègues pourront bien s'y prendre), le second à trouver une solution pour les enfants sauvés des mines et qui, sans famille, sont actuellement hébergés avec nombre d'autres orphelins par les [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] du sud (la communauté de [[Doma Sholen]], rescapée du massacre du Pic Blanc)... Sauf que ces gamins sans réelle supervision commencent à poser de nombreux problèmes : ils se font nourrir sans participer à aucune des tâches domestiques, ils foutent le souk dans les campements, volent parfois, refusent d'être séparés et renvoyés dans leurs clans respectifs.<br />
<br />
=== Kal Tayvohn chaman des Edell'Okhil (4) ===<br />
<br />
De leur côté, Islinna et Doma Sholen ont pris contact avec [[Kal Tayvohn]], le chaman des [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] qui a récemment aidé Durgaut pour "le Train..." : furieux que le Capitaine n'ait encore rien fait pour tenir sa promesse de racheter les enfants de son clan en esclavage dans la Marche des Gemmes, il fait alors plutôt campagne contre les Dirsen. Les deux demoiselles vont néanmoins parvenir à lui faire comprendre qu'il faut du temps pour préparer la transaction et surtout que la route vers le sud rouvre avant que les Talendan puissent tenir leurs promesses. Ramené à de meilleurs sentiments, le jeune chaman est alors prêt à écouter leurs arguments en faveur du tracé "de Tal Endhil". Et lorsque Lel'Liamil, Nevel et Tahalien arrivent pour leur prêter main-forte, les diplomates le persuadent à son tour : autant pour vérifier leur honnêteté que pour les assister dans leurs tâches, [[Kal Tayvohn|Tayvohn]] leur confiera le lendemain la pétulante Neri'Helin, la dresseuse qui avait permis à l'équipe du "Train" de franchir les montagnes et qu'Islinna a récemment recrutée pour conduire les géants affectés à la Mine Bénie. En effet, celle-ci est prête à vendre ses services pour peu qu'elle n'ait pas à fréquenter [[Adira Pratesh]] (dont la réputation sulfureuse commence à se répandre chez les Emishen) et qu'elle soit payée en monnaie impériale,afin de racheter des esclaves de sa famille.<br />
<br />
=== Soirée nuageuse et herbeuse ===<br />
<br />
La nuit est très avancée lorsque nos PJ et Tael Shannan se regroupent enfin dans la tente de [[Kal Feilan]] pour faire le bilan, prévoir la suite et partager l'herbe-nuage du vieux [[Kal Shemon'Lon]]. Sous l'influence de l'herbe, les langues se délient et un certain nombre de secrets sont révélés, notamment l'implication du célèbre barde dans le trafic d'artefacts et le financement des Kormes ([[Tael Shannan]] jure qu'il a compris son erreur et qu'on ne l'y reprendra plus), mais aussi la présence d'esprits mauvais rôdant autour du Cercle (l'esprit du Chacal qui accompagne [[Etayn-la-Louve]] et l'empêche de trouver [[Urgrand]], le démon affamé qui s'est enfuit de la Mine Bénie après l'intervention des Talendan et sans doute quelques autres forces inféodées à [[Lorkan Elakhendil]]...). [[Islinna]] évoque son père, un [[:Catégorie:Elloran|Elloran]] ayant rejoint le camp des Kormes depuis des années et dont elle n'a plus de nouvelle, [[Nevel]] raconte l'Opération Tréfonds et les récentes menaces d'[[Alon Sorhan]], [[Lel'Liamil]] se plaint de son épouse et tente d'expliquer son "amitié" avec [[Adira]], on fait des hypothèses sur la Porte-sous-la-Montagne, on confirme que [[Malondil]] est certainement "hanté" par son père Ahndro'shar.... Et plus nos héros fument, plus l'ambiance glisse de la complicité à l'intimité, des confessions vers une tendresse "tactile" : on se câline, on se papouille sans y penser vraiment. Quand la nuit menace de tourner à l'orgie, [[Kal Feilan]] réussit tout de même à foutre ces encombrants convives à la porte et, après qu'[[Islinna]] ait repoussé les avances de [[Tael Shannan]] pour entraîner [[Sifenen Arlan|Arlan]] par la main, [[Doma Sholen]] promet de trouver un lit pour [[Nevel]] qui titube et le reste de la soirée se perd dans les brumes de l'herbe-nuage.<br />
<br />
== Deuxième jour ==<br />
<br />
=== Réveils échelonnés ===<br />
<br />
À l'aube, [[Tael Shannan]] a envoyé son garde du corps "semishen" (métis emishen/semi) quérir Andréas Odran au village afin qu'il puisse rencontrer [[Malondil]] et peut-être le défaire du fantôme de son père.<br />
<br />
[[Lel'Liamil]] se réveille le second, dans sa tente familiale (il a apparemment trouvé son chemin jusque là et sa femme se moque joyeusement de sa gueule de bois) : rejoignant rapidement son doyen Ethelkaran et la bardesse Tahalien pour causer politique, leur nouvelle alliée lui fait remarquer que le "tracé haut" soutenu par sa vieille [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]] malade, la chasseresse [[Falawin]] et la vieille chamane nommée Kal Ron Shidalei (ces deux dernières du clan des [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]]) va en lui-même poser des problèmes de subsistance (il n'y a pas grand chose à bouffer dans les hautes vallées et les pics enneigés) et que si les deux Liam'Lon comptent sur leur clan pour ravitailler les réfugiés, il semble qu'elles n'aient en fait pas l'aval de leur clan pour ce faire. Ce qui commence à inspirer au maquignon un plan assez audacieux, consistant à faire capoter le tracé "haut" avant le grand pow-wow du soir afin d'en récupérer les partisans pour leur propre plan...<br />
<br />
C'est le beau soleil de fin de matinée ("c'est le printemps !") qui éveille [[Sifenen Arlan]] et [[Islinna]] en se glissant sous une tente lewyllen. D'abord ravi de sa nuit voluptueuse, le conducteur d'attelage panique en réalisant qu'il vient de coucher avec l'amoureuse de l'assassin [[Vighnu Pratesh]], dont la jalousie commence à être connue chez les Emishen. Il tait néanmoins ses craintes à son amante d'un soir, qui se lève pour rejoindre ses camarades diplomates : informée du plan de Lel'Liamil et effectivement convaincue que c'est pour eux le seul moyen de récupérer assez de voix avant la soirée, elle accompagne le maquignon et la bardesse visiter [[Falnen Be'hemshar]], le jeune chasseur [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] fougueux qui participa à "l'Opération Tréfonds" (avec elle, Nevel et Vighnu, entre autres) et qui, s'il est assez au courant des affaires de chasse de son clan, reste un soutien "pacifiste" et s'est déjà déclaré volontaire comme "garde-Frontière (de l'Orage)".<br />
[[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] confirme volontiers le peu qu'il sait de la politique de son clan (c'est pas vraiment son rayon) et leur apprend que, finalement, les partisans du tracé "haut" se défient surtout des Dirsen à cause de divers préjugés. Comme les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] savent que, quelque soit le tracé, il leur faudra forcément se mettre à l'agriculture pour nourrir les réfugiés (à laquelle ils ne connaissent rien et qui va nécessiter le soutien d'une culture plus "paysanne"... comme les Dirsen, par exemple) et que la position politique de [[Falawin]] reste assez fragile, l'enthousiaste [[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] accepte de leur étendre une invitation pour le dîner "clanique" du soir, où ils ne leur restera qu'à être très éloquents pour peut-être rallier les soutiens nécessaires juste avant la réunion...<br />
<br />
Le soleil a déjà passé son zénith quand [[Nevel]] s'extirpe enfin d'une yourte inconnue... au milieu du camp des "orphelins", qui s'avèrent considérer [[Doma Sholen]] comme une grande sœur. Après que l'[[:Catégorie:Elloran|Elloran]] ait subit les moqueries de tout le monde pour s'être endormi "sans rien faire" (à la déception de [[Doma Sholen]], qui le couvait des yeux depuis des semaines), les deux tourtereaux malchanceux discutent de leur ami [[Oleytan "le Furet"]] (toujours amoureux de Doma), de leur possible couple ([[Nevel]] flippe un peu) et du problème grandissant des orphelins (qu'il va falloir régler puisqu'ils l'ont promis à [[Tahalien]]), avant d'aller quérir la réponse de [[Kal Kirhan]] : après avoir longuement médité, consulté les esprits et discuter avec quelques membres de sa belle-famille, le chaman-lancier admet que s'il veut que les siens soient vraiment en sécurité derrière la Frontière, il lui faudra en assurer la garde lui-même... mais à la condition que Nevel soit son second, ce qu'il accepte en sachant qu'il lui faudra pour cela démissionner du service de [[Durgaut]].<br />
<br />
=== Arrivée d'Andréas et de Shen Silondin ===<br />
<br />
L'après-midi touche à sa fin lorsque Shen Silondin revient de Tal Endhil avec [[Andréas]]... et une récente blessure : les Templiers qui gardaient le donjon l'ont pratiquement attaqué à vue et le guerrier [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] est assez remonté contre les Dirsen. Nos diplomates le calment néanmoins et font le point avec [[Tahalien]] et [[Neri'Helin]], la dresseuse ayant fait le tour des campements pour leur fournir une vue générale des opinions : si le "grand" tracé est encore nettement majoritaire, celui des Talendan a déjà plus que doublé ses partisans et comme le tracé "haut" régresse depuis que les [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] ont annoncé qu'ils ne le soutiendraient pas (et que sans eux la subsistance en altitude sera très difficile), nos PJ peuvent encore revenir à la marque si [[Malondil]] et les 2 émissaires [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] passaient de leur côté dans les quelques heures qui leur restent. Si les orateurs du "tracé talendan" brillaient particulièrement durant leur exposé, ils pourraient même rallier assez d'indécis pour faire la différence, aussi ont-ils préparé intensément leurs arguments et leurs discours avec leurs alliés : ce soir, l'avenir de Tal Endhil dépendra de leur éloquence.<br />
<br />
=== Banquet chez les Liam'Lon (3) ===<br />
<br />
Lorsqu'ils arrivent au grand campement [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] peu avant le banquet qui réunit chaque soir le clan autour de ses émissaires, l'accueille est d'abord un peu frais mais les PJ ont apporté des denrées, [[Lel'Liamil]] comme [[Islinna]] savent se faire des amis, [[Nevel]] bénéficie tant de l'introduction de [[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] que d'une renommée assez flatteuse depuis le duel rituel contre les [[:Catégorie:Arkonnelkan|Arkonnelkan]] et même [[Andréas]] fait des efforts de sociabilité. Aussi, lorsque [[Kal Ron Shidalei]] et [[Falawin]] arrivent du piton rocheux qui forme le village en dur des Cascades et donc le "centre de conférence" de l'Assemblée, nos diplomates sont déjà bien intégrés et la chasseresse renonce à les virer. Et le débat attendu se produit : quand Falawin annonce la part de gibier demandée aux [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] pour ravitailler l'éventuel tracé "haut", les chasseurs font plutôt la gueule et nos héros s'engouffrent dans la brèche en soulignant que les réfugiés se déverseront probablement dans leur territoire aux premiers frimas, qu'ils ne pourront lancer de cultures sans l'aide des Dirsen et mentionnent que, en perdant Tal Endhil, les "Faucons-Chanteurs" seraient privés du commerce des peaux qui leur rapportent jusqu'ici le métal et les chevaux dont ils manquent.<br />
[[Falawin]] rétorque que les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] peuvent encore agrandir leur territoire sur les terres abandonnées par les [[:Catégorie:Del'Ranan|Del'Ranan]] disparus : les PJ entendent pour la première fois la mention de la disparition complète de la tribu la plus nordique du Peuple du Vent, que les Liam'Lon n'ont pas trop ébruité pour s'approprier leur Cercle, puisque le leur est de longue date "envahi par les démons" (nos héros tombent carrément des nues), mais les chasseurs ne sont guère enthousiasmés par ces toundras gelées 8 mois par an. Alors qu'[[Islinna]] quitte le banquet pour intercepter [[Malondil]] avant qu'il ait lui-même fini de dîner (comptant sur le rapport de séduction qu'elle a déjà établi avec lui), [[Andréas_"Odran"|Andréas]] pousse justement la discussion vers les démons et autres exorcismes en expliquant qu'il est une sorte de "chaman dirsen" (déclenchant comme souvent toutes sortes de commentaires sur ses origines, vu son physique nettement "emishen", dont il se défend bien inutilement), [[Lel'Liamil]] insiste sur les bénéfices que les Liam'Lon tirent déjà du négoce avec sa propre tribu et l'apport des Lewyllen au ravitaillement des futurs réfugiés si l'on adoptait le tracé "talendan" pendant que Nevel rappelle que lui-même défend la paix ET la fraternisation, qu'ils ont l'appui de [[Kal Kirhan]], [[Kal Shemon'Lon]], [[Kal Tayvohn]] et de [[Tael Shannan]]...<br />
<br />
L'heure tourne, les émissaires se préparent à remonter au Cercle et les discussions se résument finalement toujours au même point : les Liam'lon ne peuvent pas faire confiance aux Dirsen... à moins que les Talendan n'adoptent à leur tour une partie des coutumes locales, à commencer par la nomination d'un chaman : Andréas manque de s'étouffer sur sa venaison en réalisant que c'est de lui qu'on parle. Mais l'idée de compléter sa formation "mystique" ne lui déplaît pas et, s'il doit être régulièrement en but à des affaires de démons, de spectres et d'esprits totems, autant y être préparé. Il accepte donc de devenir le disciple de [[Kal Ron Shidalei]] et [[Kal Shemon'Lon]], scellant un pacte avec les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]], qui se rallient enfin aux PJ.<br />
<br />
=== Exorcisme ===<br />
<br />
Ce n'est pas trop tôt, parce qu'alors [[Andréas_"Odran"|Andréas]] doit filer chez [[Malondil]], où [[Islinna]] gagnait déjà du temps (et des infos) en évoquant avec le jeune chef et sa mère le tragique décès d'Ahndro'shar. L'arrivée de Lel'Liamil, qui manœuvre pour occuper la veuve, lui permet de lui soumettre enfin la proposition prévue : rencontrer un ami à elle qui pourrait lui donner l'occasion de parler à son défunt père. Le temps d'expliquer que l'ami en question n'est pas exactement un chaman ("Mais il va le devenir !", précise [[Lel'Liamil]]), [[Andréas_"Odran"|Andréas]] les rejoint enfin, essoufflé. Malgré ses limites en Langue des Vents et son peu d'expérience en la matière, Islinna a suffisamment mis la famille en condition pour qu'il réussisse à exécuter le rituel pour évoquer Ahndro'shar, employant pour cela sa sphère première... qui libère soudain un invité surprise : le spectre de Languard ! Avec deux spectres tempêtant soudain dans la hutte sous les yeux effarés de Malondil et de sa mère, les pouvoirs d'Islinna et la présence d'esprit (haha!) de Lel'Limail ne seront pas de trop pour protéger les participants du mobilier qui vole le temps qu'Andréas parviennent à "ré-aspirer" Languard dans la sphère et à stabiliser suffisamment l'image du père pour qu'il adresse un long regard triste à son épouse. Puis, se tournant une dernière fois vers son fils, le fantôme disparaît de sa propre volonté. Profitant du trouble qui règne dans la hutte en désordre, Islinna se dépêche d'interpréter la brève apparition comme le signe qu'Ahndro'shar considère qu'il est temps pour sa femme de lâcher prise et pour son fils de devenir une personne en propre, méritant le titre de chef par ses propres décisions plutôt que par la répétition de celles de son père.<br />
Cette tentative de "thérapie familiale accélérée" ne suffira pas à convaincre Malondil de changer de camp mais, puisqu'il est trop choqué pour participer activement à l'Assemblée, c'est toujours une voix de moins pour Alon Sorhan...<br />
<br />
== Assemblée ==<br />
<br />
Rejoignant précipitamment le Cercle où Tael Shannan s'était lancé dans un splendide "filibuster" pour couvrir leur retard, les exorcistes amateurs prennent leurs places à l'Assemblée et le barde introduit leur exposé. À ce stade, la plupart des présents ont déjà entendu parlé de leur tracé et l'enjeu est maintenant d'en souligner non seulement les avantages, mais l'ampleur des soutiens.<br />
[Comme il était grand temps qu'on finisse cette séance au risque de perturber le planning des parties suivantes, et quoique les Emishen ne prennent pas réellement leurs décisions politiques au vote mais discutent longuement jusqu'à obtenir un consensus global, on a réglé la question en "comptant les points" : j'avais attribué un score "d'Influence" aux différents émissaires et le parti regroupant le plus d'Influence emporterait le morceau sur la longueur. Et comme nos diplomates n'avaient pas l'avantage en début de séance, il leur fallait maintenant cumuler les uns après les autres assez de MR sur des jets de persuasion ou d'éloquence pour non seulement combler l'écart, mais prendre l'ascendant.]<br />
<br />
Chacun leur tour, les partisans du tracé "talendan" vont alors expliquer leurs raisons et démontrer leur force de conviction devant un auditoire manifestement surpris du nombre d'appuis qu'ils ont su rassembler. Ethelkaran et Doma Sholen promettent que les Lewyllen approvisionneront la zone de paix s'ils peuvent commercer à Tal Endhil, Falawin engage de même la parole des Liam'Lon et Islinna celle des Sotorine (avec l'aval réticent de sa mère), Lel'Liamil fait miroiter à tout le monde un formidable développement agraire et Nevel jure de défendre la zone de paix avec Kal Kirhan : bien qu'un tribun franchement médiocre (et échaudé au Cercles des Hautes Pierres), le chaman-lancier renouvelle son serment et accuse carrément Alon Sorhan de manipuler les débats sur le tracé pour entraîner les pacifistes dans une guerre sanglante, concluant par la promesse de le tuer s'il s'en prend à nouveau à l'intégrité de la Frontière (ce qui fait assez forte impression, vu la réputation de "justicier" de Kirhan).<br />
<br />
Il faut alors l'intervention modératrice de Kal Feilan et Falawin pour ramener le calme et laisser [[Kal Tayvohn]] et [[Tahalien]] exprimer leur soutien aux Talendan "parce qu'ils sont les seuls à œuvrer sérieusement pour la libération des esclaves" (les [[:Catégorie:So'Sherkan|So'Sherkan]] et quelques [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]] font des mines dégoûtées). Et lorsque Andréas annonce que, pour démontrer la bonne fois de [[Tal Endhil]], il va en devenir le chaman par l'enseignement de [[Kal Ron Shidalei]], les bellicistes finissent par rompre le protocole pour crier au scandale, permettant ainsi aux organisateurs de sortir de leur (relative) neutralité.<br />
Quand [[Kal Feilan]] menace [[Alon Sorhan]] de l'exclure des pourparlers si ses partisans s'avèrent incapables d'en respecter les usages, le chef de guerre prend la parole pour annoncer d'un ton glacial que cette Assemblée a tourner à la mascarade et qu'il partira dès le lendemain pour mener au combat tous les Emishens assez fiers de leur héritage pour le défendre les armes à la main.<br />
<br />
Derrière lui, la quasi-totalité des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]], la majorité des [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] et plus de la moitié des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] quittent les Cascades le lendemain à l'aube, laissant aux Talendan une victoire de justesse qui leur a coûté bien des promesses et annonce moult complications à venir...<br />
<br />
----<br />
'''[[8) "Le Train de l'Argent"|<< Épisode Précédent]] | [[10) "Nuit Blanche"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Liste des Épisodes|<= retour à la LISTE des ÉPISODES]]'''<br />
<br />
[[Catégorie:Épisodes]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/8)_%22Le_Train_de_l%27Argent%228) "Le Train de l'Argent"2014-09-08T16:51:29Z<p>Aloun : </p>
<hr />
<div>La totalité de l'Épisode 8 : "Le Train de l'Argent" est classée "spoiler".<br />
Si vous voulez vraiment accéder à cet Épisode, vérifiez que soit un de vos perso y était, soit que le MJ vous en a donné l'autorisation.<br />
Tout abus sera illico puni par une grosse perte du plaisir de jeu.<br />
<br />
C'est bon, vous y avez bien pensé ? Vous êtes vraiment sûr ?<br />
<br />
...<br />
<br />
{{Secrets|<br />
== Prologue, rien que pour Eldan et le Capitaine : ==<br />
Durant les [[Huitaines]] précédentes, Durgaut a envoyé ses mercenaires (dont Eldan le Moineau) enquêter du côté de [[Solerane]] sur '''les détournements de fonds commis par le défunt [[Lieutenant Armeld]]''' avec son complice, Maître [[Gaster]] (écroué depuis au donjon), et découvert ainsi l'implication d'un patron-minier, notable influent et principal contrebandier de la région : '''[[Jornil Cuivré]]'''. En dehors de ses opérations "privées", Jornil travaille pour [[Rhilder le Fou]] à détourner le minerai d'argent des mines de la région, théoriquement destiné à l'État-Major, au seul bénéfice du dément Prévôt de la [[Marche des Lacs]]. <br />
<br />
Rhilder n'est vraiment pas quelqu'un avec qui Durgaut peut se permettre d'être en guerre ouverte, puisqu'il est son supérieur direct, un puissant "[[:Catégorie:Seigneurs du Nord|Seigneur du Nord]]" (comme on appelle les impériaux qui se taillent des fiefs dans les Marches) et un putain de psychopathe, notoirement responsable du génocide de la tribu emishen des [[Rimdehl]] (les Geaies).<br><br />
'''Mais notre brave Capitaine est en fait pris à la gorge ''' (en plus d'être très énervé contre le Prévôt qui le ruine par ses magouilles et lui réclame d'envoyer des troupes que [[Tal Endhil]] n'a pas pour participer à la guerre contre les [[Oloden]])... S'il n'envoie pas bientôt '''des lingots d'argent à l'État-Major''' du [[Duc-Gouverneur]] pour couvrir le quota de la [[Mine Bénie]] (apparemment pillée par les [[Kormes]]), Durgaut va sauter.<br><br />
En fait, il n'est encore même pas sûr de pouvoir obtenir le titre de "Bailli de Tal Endhil" vu les exigences du [[Aristame de Gorme|Primat]] en la matière, mais espère bien réussir à l'épater d'ici son arrivée. D'ailleurs, s'il reste en poste et devient bailli, il sait avoir besoin de beaucoup de pognon pour embaucher assez de mercenaires pour enfin contrôler son territoire et développer la région.<br />
<br />
Durgaut a donc conçu un plan audacieux pour régler plusieurs problèmes à la fois : '''braquer le convoi de métaux''' qui va bientôt partir de Solerane pour [[Darverane]], siège de la prévôté harcelé par les troupes de [[Kainen Tahrel]]. Ainsi, il mettra la main sur une véritable fortune (l'argent détourné caché dans des lingots de cuivre, l'argent "officiel" envoyé de Solerane pour l'état-major via Rhilder, du cuivre et de l'étain en quantité...) dont il compte employer une partie à payer son quota au Gouverneur, une autre à racheter des esclaves [[Edell'Okhil]] de la [[Marche des Gemmes]] comme il l'a promis à ses alliés emishen, et le reste à constituer une petite armée.<br><br />
Il en était à mettre au point un plan solide lorsqu'il apprend que la route de Darverane, coupée par les Kormes depuis des semaines, vient apparemment d'être rouverte suite à une contre-offensive de Rhilder : '''le convoi de métal ne devrait plus tarder à partir, il faut agir vite'''. Et comme [[Vighnu Pratesh]] vient de rentrer du [[Cercle des Hautes Pierres]], il décide d'embaucher l'assassin pour courir l'aspect le plus délicat de la mission : assurer le secret.<br />
<br />
{{Secrets|Ce qu'il ignore malheureusement, c'est que Jornil a lui aussi enquêté sur les trois attaques successives qu'il a subi de la part de ruffians non-identifiés : d'abord on a tabassé nombre de petits truands sous les ordres de son fils, [[Jorem Cuivré]], ensuite on s'en est directement pris à deux de ses lieutenants notamment impliqués dans la contrebande d'argent, enfin un éboulement à la mine de cuivre qui s'est révélé être un sabotage (les mercenaires de Durgaut avaient pour instruction de "recruter des mineurs" et n'ont rien trouvé de mieux). <br><br />
Jornil a donc d'abord envoyé un certain '''Worik''' se mêler aux mineurs "responsables de l'éboulement" qu'il a lui-même renvoyé et qui partaient s'engager auprès de Durgaut. Mais son agent, qui s'était mêlé à l'expédition minière menée par [[Mérane "Roulier"]], est mort connement, tué par des Kormes, pendant l'épisode [[5) "Le Pont"]]. Puis le patron-minier a envoyé un messager auprès de son bon ami [[Adira Pratesh]] pour se renseigner sur les mercenaires de Durgaut (Adira étant alors en pleine bisbille avec le Capitaine, il a volontiers informé Jornil) et contacté son autre associé à Tal Endhil, Maître [[Plirune]] (Jornil partage la propriété de la mine de fer du village avec Plirune et Gaster, ce que le Capitaine est sensé savoir mais dont il ne réalise pas l'importance) pour obtenir quelques renseignements de plus (notamment sur les finances de Tal Endhil). Adira l'a ensuite informé de tout ce qu'il avait appris sur l'arrestation de Gaster (notamment que ce n'était pas lié qu'au magouilles de leur [[Guilde]])... Bref : Jornil a compris que Durgaut était après lui et pris des mesures en conséquence.<br><br />
Car s'il ne peut pas se permettre de retarder d'avantage le convoi de métal (Rhilder a besoin de ce fric pour sa guerre perso et il n'est pas câlin quand il s'impatiente), il a conçu une ruse efficace : embaucher des mercenaires de rab' pour l'escorte et, surtout, contacter par un ami de son fils Jorem une "''petite bande de brigands récemment arrivés dans le secteur''", la [[Confrérie du Chacal]]... }}<br />
<br />
<br />
== À la "Taverne Penchée" ==<br />
'''Il fait déjà nuit lorsque la Taverne, récemment rachetée par les mercenaires de Durgaut, ferme ses portes beaucoup plus tôt que d'habitude''' en chassant les soiffards qui comptaient y passer leur soirée en galante compagnie ; les prostituées, récemment rendues à leur autonomie sous l'autorité de la belle [[Garnelle]] (maîtresse occasionnelle du jeune Eldan,) sont également invitées à rentrer chez elles et le quartier lacustre de Tal Endhil est donc rapidement rendu au silence et à la brume nocturne...<br> <br />
'''Pourtant, quelques silhouettes discrètes gagnent bientôt la Taverne apparemment close :'''<br />
* '''l'apothicaire [[Vighnu Pratesh]]''' (Loriel) n'a eu qu'à franchir quelques pontons depuis sa propre échoppe, son matériel d'empoisonneur sous le bras et ses armes dissimulées sous son large manteau reman, où bat un petit cœur sec depuis si longtemps, récemment réveillé et illico brisé par Islinna : les femmes sont cruelles. Déjà en grande partie au courant de la mission, la seule chose qu'il ignore c'est ce qu'ils vont voler. Mais vue la somme promise par le Capitaine, il est trop heureux de ne pas poser de questions.<br />
* '''[[Nadine "la Moucheuse"|Diane Maletudine]]''' (Orlanth) est une Kerdane, quoiqu'elle prétende être une remane originaire de la cité portuaire de Rigorne, embauchée depuis quelques mois dans l'Armée du Nord, suite à des problèmes avec ses compatriotes. Femme dans une armée de macho, elle a bientôt eut d'autres ennuis (décidément) qui l'ont incité à déserter pour rejoindre la petite communauté kerdane de [[Tal Endhil]] sur les conseils de son mentor, le célèbre maître d'armes [[Vasco Sotorine]]. Sauf que [[Ranyella Sotorine|Ranyella]] la pilote ne veut pas d'une renégate dans sa troupe et l'a donc refilée au Capitaine sans lui expliquer les casseroles que trimballe l'arbalétrière...<br />
* '''[[Andréas "Odran"]]''' (Humphrey B) a récemment eut un entretien secret avec le Capitaine qui pourrait se résumer ainsi : "''Je sais que vous êtes un sorcier, mais je suis prêt à fermer les yeux si vous bossez pour moi. _Ça pourrait m'arranger, vu que je suis là pour mettre fin à la dispersion d'artefacts qui commencent à foutre le boxon à [[Duriane]], mais je vais pas m'en sortir tout seul. _Splendide : faudra me neutraliser le machin dans la Mine Bénie. Dans l'intervalle, vous êtes embauché comme espion. Vous commencez demain, rendez-vous à la Taverne Penchée après la fermeture.''" Il arrive donc avec un peu d'avance et pas mal de bagages, dont son précieux grimoire, ses herbes médicinales et un certain objet qu'il a passé presque deux jours à chercher dans le torrent en contrebas de la [[Mine Bénie]].<br />
* '''[[Oleytan "le Furet"]]''' (PNJ), lui, s'est engagé dans les mercenaires de Durgaut dès son retour de "l'Opération Tréfonds" : il se sent désormais un vrai guerrier, veut participer à l'alliance entre les Talendan et les Elloran mais, surtout, il a enfin couché avec le grand amour de sa jeune vie : la jolie négociante lewyllen [[Doma Sholen]]. Celle-ci l'a inexplicablement largué à l'arrivée à Tal Endhil en lui expliquant que "c'était fun, mais t'es juste trop jeune pour moi" (elle court en vain après [[Nevel Sholdanan]] depuis 4 semaines). Après une intense réflexion, le jeune guerrier est arrivé à la seule conclusion "sensée" : s'il veut que la belle marchande le reprenne, il doit lui prouver qu'il est capable de lui assurer le train de vie qu'elle a perdu, et pour ça, il lui faut "des rondelles", comme les Emishen nomment la monnaie impériale. Il ne comprend pas grand-chose à la mission que Durgaut lui a proposé, mais il est bien content puisqu'il va être payé royalement.<br />
* '''[[Eldan "le Moineau"]]''' (Aloun) arrive le dernier, accompagné d'une montagne de muscles habillées de haillons qu'il vient de récupérer dans l'unique geôle du donjon : [[Herle de Lorune]] (Ego'), noble et chevalier du temple récemment défroqué. Lui aussi a des problèmes, parmi lesquels l'alcool, la violence et un sens aigu de la justice qui, après lui avoir coûté sa charge d'inquisiteur lors d'une altercation avec le Primat lui-même, l'ont fait rétrogradé comme simple soldat dans la troupe de [[Bagoran de Marale]] (chargé de le "mater" : échec critique) et récemment conduit à défoncer le portrait d'un connard de Chevalier du Temple (donc un de ses "supérieurs") qui tabassait une gamine emishen. Son séjour en taule auprès du plaintif Gaster s'est terminé lorsque le Sergent LeCornu a jeté son dévolu sur le prisonnier, et convaincu le Capitaine de l'embaucher.<br />
<br />
'''Lorsque tout ce petit monde est attablé''' dans la taverne sur pilotis qui grince et (effectivement) penche sous l'effet de la houle, [[Le Cornu]] qui tenait le comptoir fait entrer deux de ses collègues, le massif imbécile qu'on appelle "La Poigne" et le brigand reconverti au visage marqué par la petite vérole qu'on appelle "Le Grêlé". Comme Eldan et le Sergent, ils ont survécu à tous les combats depuis la [[Bataille de Tal Endhil]] et sont tout dévoués au glorieux chef qui va bientôt faire d'eux la "''garde bailla, bailliagiale...heu... baillique... la garde du bailli, quoi''", et qui lui-même pénètre dans la grande salle inclinée à leur suite, une vaste carte sous le bras :<br><br />
« Bonsoir mademoiselle et messieurs, nous avons peu de temps et je vous demande d'être extrêmement attentifs à l'exposé qui va suivre.» Pendant que Vighnu et Andréas dégagent leurs gobelets pour laisser Durgaut déployer la superbe carte (signée [[Ordano Sotorine]]) sur la table crasseuse, les 6 autres membres de l'équipe s'approchent pour suivre le briefing dans la lumière chiche des chandelles. Le Capitaine enchaîne :<br />
« La mission que j'ai à vous confiée est dangereuse, urgente, secrète, absolument vitale pour Tal Endhil et ''remarquablement bien payée''. Si certains d'entre vous ne s'en sentent pas capables et préfèrent retourner à leurs activités précédentes, qu'ils le disent tout de suite. Car une fois que je vous en aurais exposé les objectifs, Messire Pratesh ici présent sera le garant ''de votre silence''. Tout le monde est motivé et se sent capable de se taire ensuite, en cas d'échec comme de réussite ? Parfait. Sergent, passez-moi les figurines...<br><br />
« Dans les jours qui viennent, peut-être même dès demain, '''un convoi lourdement gardé''' va quitter [[Solerane]] à destination de [[Darverane]] (Durgaut pose une miniature en bois, une espèce de coffre aux pieds vaguement arrondis, sur la carte) : il contient plusieurs coffres très lourds que vous êtes chargés d'intercepter, de préférence avant "l'[[Auberge du Pont]]"... C'est quoi ça, Le Cornu ? demande le Sauveur de Tal Endhil quand son sergent lui passe une espèce de cube prolongé par un jambage tordu.<br><br />
_''C'est l'Auberge du Pont, mon 'Pitaine. C'est La Tortue qu'a fait les sculptures, mais on a pas eu bien l'temps.<br><br />
_''Je vois... À "l'Auberge du Pont", donc, se trouvent actuellement plusieurs dizaines de marchands qui, depuis des semaines, y attendent que les troupes de Rhilder reprennent le contrôle de la route vers Darverane aux Kormes qui harcèlent la prévôté (il pose du côté du [[Mont Grison]] un petit bonhomme chauve et noirâtre) avec l'appui des troupes Emishen de Kainen Tahrel (Vighnu approuve du chef). <br><br />
Si le convoi de Solerane rejoint la première caravane groupée en partance pour Darverane, il sera alors probablement trop entouré pour que vous puissiez tenter quoique ce soit. Vous êtes ici... mais c'est quoi ça ? Un chien ?<br><br />
_''Un ch'val mon 'Pitaine, pour représenter, le commando.<br><br />
_''Vous avez pu leur trouver des chevaux ?<br><br />
_''Ah non mon 'Pitaine : c'est des pirogues, pour quitter le village. Ensuite s'ront à pied. Mais La Tortue, quand il a commencé, i'l'savait pas, pis i' sait pas faire les pirogues, et de toutes façons ça va surtout se faire par voie de terre alors, heu... Vous préférez un bouchon, ou un dé en os ?<br><br />
_''Va pour le chien (soupir)... Donc : vous êtes ici (il pose la figurine sur Tal Endhil), vous partez dès cette nuit pour atteindre Solerane (le "chien" rejoint le "chariot"), où vous serez chargés de repérer le convoi et de surveiller ses préparatifs de départ. Le but est de lui tendre une embuscade dans les deux jours qu'il lui faudra pour effectuer ce parcours (le chariot glisse sur les segments de la route marqués "1, 2, 3, 4, 5"). Si vous pouvez intercepter le chargement sur les berges du [[Lac d'Acier]], il sera plus aisé de le transporter à bord de barges ou de pirogues. <br><br />
Le Moineau connaît la ville et les hommes qui escorteront ce convoi, Messire de Lorune a la charge de l'assister en tout -et de s'assurer qu'aucun d'entre vous n'ait la mauvaise idée d'ouvrir les coffres. Maître Pratesh est chargé de trouver des embarcations pour les chargement et d'assurer le secret de l'opération (Vighnu sourit, pensant aux peintures de guerre Kormes qui n'ont pas servit lors de l'[[Opération Tréfonds]] et à la barge kerdane cachée depuis dans les marais près d'[[Écume 6]]). Vous devrez quitter le village et y rapporter les coffres sans être vus, ni dire à quiconque d'où vous venez ni où vous allez. <br><br />
Car, j'insiste, '''cette opération peut assurer le salut de Tal Endhil si elle réussit, mais sonner notre perte à tous si quelqu'un devait découvrir qui a commandité l'attaque'''. Une prime substantielle versée à notre cher apothicaire en sera la garantie.<br />
<br />
_''Ça veut dire "pas de témoins", demande Diane ?<br><br />
_''Ça veut dire "démerdez-vous pour que personne ne puisse vous reconnaître, suivre votre piste et remonter jusqu'à nous" : je préférerais que vous épargniez les civils, mais Maître Pratesh sera décisionnaire en dernier recours. À part lui, '''vous serez payés chacun 2 pièces d'or pour cette brève mission et votre durable silence''' (la solde mensuelle d'un mercenaire étant de 2 pièces d'argent, ça fait 10 fois plus pour quelques jours de boulot). Des questions ?<br><br />
_''C'est quoi, dans les coffres ? Ça pèse ?<br><br />
_''Le contenu ne vous regarde pas mais, oui : ça pèse. Probablement autour de 200kg en tout.<br><br />
_''C'est qui, qu'on braque ?<br><br />
_''Pas votre problème non plus. Fiez-vous à Eldan, soyez discrets et ça ne devrait pas avoir d'importance.<br><br />
_''Les gars de l'escorte, c'est des pros ?<br><br />
_''Quelques-uns, oui, mais la plupart seront des mercenaires en permission, des cochers endurcis, des coupes-jarrets, des gardes plus habitués à surveiller des esclaves... Le problème, c'est qu'ils doivent se méfier : ils ont eut des ennuis récemment, ils savent que le trajet est dangereux et ils seront sur les dents. Il se peut même que vous soyez déjà attendus à Solerane. J'insiste : '''''méfiez-vous'''''.<br><br />
_''Qu'est-ce qu'on a comme matos ?<br><br />
_''Vous étiez prévenus d'emporter le vôtre, mais Eldan conserve quelque argent pour vos frais de mission, des vivres, un peu de charbon, des flèches, des torches et des cordes vous attendent avec les chev...<br><br />
_''Dans les pirogues, mon 'Pitaine.<br><br />
_''Dans les pirogues, donc. J'ajoute les papiers que m'a demandé monsieur Odran (il confie une petite pochette de cuir à Andréas, contenant du parchemin, des lettres officielles de la main de [[Rhilder]] et son sceau de cire, pour pouvoir si besoin modifier les ordres de mission du convoi) et vous emportez cette carte, annotée par mes soins, en espérant qu'elle puisse vous aider : ne la perdez pas ! ''[Durgaut leur confie par ce biais un de ses précieux point d'Histoire.]'' Autre chose ?<br><br />
_''Y a le Venteux qu'a pas tout compris, vu qui parle pas bien not' langue...<br><br />
_''Messieurs Odran et Pratesh devront donc lui ré-expliquer en ramant. Bonne chance à tous : le destin de Tal Endhil est entre vos mains ! Mais pas les figurines, La Poigne : repose ça ! <br><br />
_''Pardon mon 'Pitaine. »<br />
<br />
[[Fichier:Carte-Carrée.jpg|900px|thumb|left|La carte remise par Durgaut, telle que les joueurs l'ont découverte la première fois...]]<br />
<br />
<br />
<br />
== En route vers Solerane ==<br />
Pendant qu'on roule la carte, LeCornu et Herle déplacent la lourde table, révélant une trappe dans le plancher qui, une fois déverrouillée et ouverte, donne sur une échelle de corde descendant le long d'un pilier de bois, où sont amarrées deux pirogues emishen. Avec quelques difficultés dues à la disparité de poids et d'agilité de ses huit membres comme aux bagages de certains l'équipe embarque et glisse silencieusement sur les eaux couvertes de brouillard :<br><br />
<br />
«_''Attention avec ça, c'est des armes emishen. <br><br />
_''Pourquoi foutre ? <br><br />
_''Pour passer pour des Kormes. <br><br />
_''Pas con. Mais qu'est-ce qu'il fout avec un bouquin, lui ? <br><br />
_''Je suis chroniqueur... <br><br />
_''Et vous allez chroniquer l'opération ''secrète'' ?! <br><br />
_''Houlà non, je... j'ai d'autres talents. Falsifier des sauf-conduit, par exemple. <br><br />
_''Je vois...»<br><br />
<br />
Ils atteignent bientôt la rive sud du Lac Troisième, en amont du campement où dorment les caravaniers lewyllen, sans que les [[Soldats du Temple]] qui gardent actuellement les remparts n'aient rien remarqué.<br />
<br />
Après un conciliabule entrecoupé d'engueulades, un poème (Herle versifie par instant), une tentative de vol et plusieurs menaces physiques pour l'empêcher, les PJ décident de ne pas partir en quête de la barge cachée par Vighnu dans les marais mais de foncer de nuit vers Solerane, à pied, pour atteindre la ville au plus tôt, juste après que Diane ait confié au fleuve un étui flottant contenant 4 pièces d'argent (sur les 20 confiées à Eldan) et un message pour les Kerdans d'[[Écume 6]], leur enjoignant d'envoyer des embarcations vers la presqu'île du [[Lac d'Acier]] ''[le joueur a oublié que son perso n'était plus bien vu chez les bateliers, et Vighnu y a même mis 1pH pour que le message arrive : ce fût bien le cas...]''.<br />
<br />
Abandonnant dans les embarcations tout le matériel trop lourd, les mercenaires se répartissent les vivres, une arme emishen chacun et la longue marche commence. Lorsque l'aube se lève, Diane, Oleytan et Eldan, très en avant des autres, font la course dans la descente après avoir passé le Col de Nilfenan (au sud-ouest de la mine de fer, sur la carte) histoire de défouler leurs tempéraments casse-cou et ombrageux... ce qui vaut d'ailleurs à Eldan de se niquer la cheville dans une belle gamelle : on sent bien, dès que les officiers ne sont plus en vue, que ça va pas être très sérieux comme opération.<br />
<br />
=== Rencontre insolite ===<br />
Pendant que le fort peu sportif Andréas prend des heures de retard sur les autres et que Vighnu reste avec lui autant pour assurer sa protection que pour causer "''chroniquerie''" et politique locale (Vighnu envisage de créer un [[Hospice de Tal Endhil|hospice à Tal Endhil]] !), Oleytan, Diane et Eldan (qui boitille) arrivent en milieu de matinée au gué qui traverse la [[Rivière aux Élans]] (ainsi nommée car elle est sur le point de passage de la migration des grands cervidés, qui commencent d'ailleurs à remonter en cette saison vers les pâturages au nord de la [[Marche des Lacs]])... <br><br />
Ils sont assez surpris d'y trouver un grand costaud, ventru et entièrement chauve, portant des vêtements très vaguement emishen, assis sur un rocher au bord des flots et curant tranquillement au couteau le sang séché qui s'incruste dans les creux de sa lourde masse de bois sculpté. Les trois éclaireurs essoufflés par leur cavalcade repèrent assez vite les discrètes silhouettes déployées dans les bois autour du chemin et, chacun la main sur leur arme favorite, s'approche avec circonspection :<br />
<br />
«_''Bonjour... <br><br />
_''B'jour, répond le gros dans un Reman médiocre, avec un accent typiquement "venteux". Z'êtes avec le noir ? Vigjniou Bratéche ?<br><br />
_''Ben là tout de suite... non. Mais des fois on le croise, quoi. Vous l'attendez ? <br><br />
_''J'ai un message pour lui. <br><br />
_''Vous voulez pas nous le donner ? On le transmettra quand on le verra ce soir... <br><br />
_''Non, d'solé, c'est privé. <br><br />
_''C'est pas un message à coup de masse, au moins ? <br><br />
_''Héhé. Non. Pas cette fois.» <br><br />
<br />
N'ayant qu'à moitié envie de s'avancer dans le gué sous la probable ligne de tir d'archers dissimulés ni même de laisser une embuscade entre eux et le reste du groupe, quoique aussi un peu parce qu'ils ont alors pas loin de 12h de rude marche dans les jambes, Diane, Oleytan et Eldan se posent également près de la rivière, se trempent un peu les pieds (Diane va même s'éloigner pour faire un peu de toilette : par instant, dans ses Réactions, sa "Sensibilité Féminine" ressort), cassent la croûte, font une petite sieste... tout ça en gardant perpétuellement un œil sur les alentours et leurs armes à portée de main. <br />
<br />
Lorsqu'ils sont rejoints par Sire Herle de Lorune, La Poigne et le Grêlé, d'abord très méfiants, Diane qui a entamé un repas et une conversation en [[Langue des Vents]] avec le Gros leur fait signe de ne pas s'inquiéter, et les trois mercenaires finissent par jouer le même jeu que leurs camarades, profitant d'un peu de repos tout en restant sur leurs gardes. <br><br />
Au bout d'une heure de cette halte méfiante, "l'embuscade" se détend tout autant et Eldan repère bientôt un des archers Korme qui, lui aussi, déjeune sur le pouce à son poste de guet. Il le contourne, se cache, est brièvement suivi mais sème le guetteur, échappe ainsi efficacement à l'encerclement... et ne sait finalement plus trop quoi faire : il craint de déclencher un massacre s'il élimine un guetteur, de se faire repérer s'il continue de traîner près des Kormes, de perdre le groupe s'il s'éloigne et d'être trop loin pour intervenir s'il repart en arrière prévenir Vighnu et Andréas. <br><br />
Aussi reste-t-il caché, guettant les guetteurs, jusqu'à ce que, lassé de perdre du temps alors qu'ils sont pressés, Herle donne le signal du départ et franchisse le gué accompagné des 4 autres. <br />
<br />
Après avoir encore hésieé à les rejoindre carrément ou à rester en arrière, Eldan fini par laisser un signe de danger dans l'écorce d'un arbre à destination de Vighnu et décide de contourner pour franchir la rivière plus loin, ne trouve pas d'autre gué, passe à la nage, se paume en aval dans la forêt et mettra plusieurs heures à rejoindre ses camarades, trempé, gelé, épuisé et bientôt vertement engueulé par l'ex-templier ''[Sire de Lorune lui inflige même un tel jet d'intimidation pour lui inculquer la discipline militaire que le jeune éclaireur en sera durablement marqué : 2pts de Trauma !]''.<br />
<br />
Pendant ce temps, Andréas et Vighnu ont atteint le gué sans même remarquer le signe laissé par Eldan et le [[Fehnri]] est assez surpris de reconnaître le gros korme qu'il a déjà rencontré, il y a plusieurs semaines à Écume 6, lorsqu'ils avaient négocié des vivres et les soins de [[Mona Ma'od]] contre la transmission d'un message pour Adira (qui, si vous vous en souvenez, était arrivé au début de l'épisode [[5) "Le Pont"]], tiré avec une flèche sur la roulotte de Maître Pratesh). <br><br />
Quoiqu'il ne connaisse toujours pas son nom, il s'éloigne avec le chef rebelle et un petit conciliabule surréaliste se joue : les Kormes veulent (Vighnu comprend "[[Lashdan]], Roi des Kormes, veut...") l'embaucher pour assassiner un certain "[[Urgrand]]", le Sorcier barbu originaire des [[Marche des Sylves|Sylves]], qui dirigeait justement le détachement korme lors du siège à la [[Mine Bénie]] :<br />
<br />
«_''Tiens donc ?! Mais pourquoi diable, demande l'assassin hilare ? <br><br />
_''On m'a pas dit de te l'dire, et puis il paraît que les tueurs professionnels ne posent pas de questions. <br><br />
_''Lorsqu'on les paye bien, c'est tout à fait exact oui. <br><br />
_''Hé ben voilà pour toi, dis le Korme en lui tendant une grosse bourse de pièces, que le Fehnri s'empresse d'ouvrir avidement. <br><br />
_''Mais... vous vous foutez de ma gueule ?! C'est des pièces de cuivre ! <br><br />
_''Et alors, c'est pas bien ? <br><br />
_''Mais c'est pas du tout assez, enfin ! Je suis un spécialiste, moi ! Je bute pas les gens pour 30 ou 50 pièces de cuivre !<br><br />
_''Ah. Mais c'est tout ce qu'on a nous, même qu'on s'est tous cotisés pour rassembler ça. <br><br />
_''Mais c'est pas possible, vous comprenez rien au commerce, à la fin ! Et il est où, votre Sorcier, d'abord ?<br><br />
_''Ben on sait pas, nous, pourquoi tu crois qu'on s'adresse à toi ? Tu crois pas que je serais foutu de lui coller ma masse sur la gueule moi-même si on savait où il campe ? [[Etayn-la-Louve|La Louve]] dit qu'elle l'a perdu quelque part chez vous, du côté du Premier Lac, mais c'était il y a déjà plusieurs jours.<br><br />
_''Bon, écoute, voilà ce qu'on va faire : dis à ton Roi que je suis d'accord sur le principe, mais que déjà ça va vous coûter 20 pièces ''d'or'' et qu'ensuite, soit vous savez me dire au moins à peu près où il est, soit ça risque de prendre pas loin d'un mois (car Vighnu pense savoir où Urgrand devrait se trouver dans environs trois semaines, héhé...). Dis-lui ça et, quand vous aurez la somme, contactez-moi.<br><br />
_''Mais où tu veux qu'on trouve de l'or, nous ?<br><br />
_''Non mais c'est un prix, vous pouvez aussi bien me ramener 200 pièces d'argent, ou 4 lingots d'argent, par exemple. Vous en avez bien, des p'tites barres en argent, prises dans une certaine mine, hmmm ?<br><br />
_''Mais... non. De quoi tu parles ?<br><br />
_''Oh le con ! Rha merde, il fait vraiment chier ce connard de sorcier !<br><br />
_''C'est bien pour ça qu'on t'embauche, oui.<br><br />
_''Bon alors 20 pièces d'or ou l'équivalent, vous trouverez bien ça quelque part pendant que vous vous battez dans la [[Vallée de Cainil]], hein, je ne m'en fais pas pour vous. Quand vous avez la somme, vous me recontactez, vous versez la moitié d'avance et, moi, je tue votre sorcier.<br><br />
_''J'espère que d'ici là on l'aura trouvé nous-mêmes, mais sinon, on saura bien te joindre, ouais. Et bonne journée.»<br><br />
Et pendant que Vighnu se frotte les mains, les Kormes se dispersent dans la forêt sous le regard médusé d'Andréas.<br />
<br />
<br />
== La Ferme-Relais "[[Le Marchepied]]" ==<br />
<br />
<br />
[[Fichier:Marchepied.jpg|600px|thumb||Le Marchepied]]<br />
Il fait presque nuit noire lorsque les 6 mercenaires fourbus atteignent enfin la ferme-relais qu'on appelle le "Marchepied", au pied de la route montant vers Solerane. Si Oleytan (trop repérable) est laissé avec le matériel dormir à l'extérieur, Diane, Eldan et Herle, bientôt suivis par La Poigne et Le Grêlé (trop crevés pour accepter de se peler le cul à camper dehors), pénètrent les uns après les autres dans l'enceinte de bois où un drôle de type pâle, un albinos efflanqué aux longs cheveux blancs qu'Eldan sait être surnommé "Craie" (chef des gardiens d'esclaves de la mine de cuivre), est en train de passer ses nerfs à coups de fouet sur deux malheureux emishen, une femme et un adolescent enchaînés au puits du milieu de la cour. <br />
<br />
Comptant avec l'albinos un escrimeur tout en noir s'engueulant avec le tavernier (une histoire de chevaux, de halte imprévue et de prix du fourrage) plus 4 soldats portant la livrée du Duc-Gouverneur (donc probablement issus de la garnison de Solerane), et soucieux de sa mission avant tout, Herle tempère ses instincts justiciers et suit la Kerdane dans le corps de ferme transformé en auberge de seconde zone, où il entreprend de noyer sa mauvaise humeur dans la bouteille d'hydromel prise à la Taverne Penchée. Si un jovial marchand de draps nommé [[Teillard]], parti de [[Celanire]] vers le "marché de printemps" de Tal Endhil, tente bien d'engager la conversation avec les voyageurs, Diane l'envoie paître rudement (et nos héros se privent de la seule occasion de se renseigner sur la route qu'ils ont à faire) mais lance une petite partie de dés avec Eldan et Herle pour attirer à eux [[Craie]] et [[Esteval]] (l'escrimeur à l'armure de cuir sombre) et tenter de leur soutirer quelques informations sur l'exploitation des esclaves venteux à Solerane. Justement, les deux gardes-chiourmes, 3 autres collègues et 6 soldats prêtés par la garde sont à la recherche d'une 15aine d'évadés, échappés le matin même de la mine de cuivre. Diane propose bien de participer à la traque contre rétribution, mais Eldan ruine sa tentative d'approche en ne pouvant se retenir d'aller porter un peu d'eau et de pain aux deux malheureux prisonniers. Herle -qui perd aux dés et voit les deux crevures descendre gaiement sa bouteille- semblant se retenir de plus en plus laborieusement d'écraser la tronche de Craie à chaque fois qu'il fait des remarques cruelles sur les "venteux", les voyageurs vont se coucher tôt après un rapide souper et Diane s'arrange assez finement pour que leur propre groupe gagne le contrôle de l'escalier et des 2 rares fenêtres du grenier aménagé en dortoir, qu'ils vont devoir partager avec le binôme d'esclavagiste, les soldats s'installant dans l'étable au dessous.<br />
<br />
=== Rencontre avec des fugitifs ===<br />
<br />
C'est à peu près le moment où, traînant le chroniqueur qui dort debout dans l'obscurité de la route forestière, Vighnu voit soudain jaillir un grand type hirsute de la forêt, qui saute sur le fehnri en tentant de l'étrangler avec la chaîne qui lui lie les poignets : l'assassin pare de justesse avec son [[katara]], une femme armée d'une branche sort à son tour des taillis et Andréas est basculé au sol par une jeune fille qui tente de lui éclater le crâne à coup de pierre, mais il parvient à la repousser de peu (elle est presque aussi épuisée que lui). Reconnaissant une Emishen (et réciproquement) alors qu'il tirait sa dague pour se défendre, l'érudit crie en Langue des Vents "Arrêtez, nous sommes des amis ! Vighnu, ce sont des Emishen !", ce qui suffit à stopper le début de combat et permet à Andréas de proposer de la nourriture et des soins aux esclaves en fuite, finissant de gagner leur confiance. <br />
<br />
Libéré de ses chaînes avec l'aide d'un glaive offert par Vighnu, le trio leur explique avoir réussi à s'échapper des mines de Solerane un peu avant l'aube, grâce à un tunnel vers la surface creusé en secret avec l'aide d'une barde [[rimdehl]] nommée Tahalien. Poursuivis depuis le levé du jour par des cavaliers en armes, ils ont perdu la douzaine d'autres évadés qui les accompagnait, dont des jeunes et des enfants et, loin de leurs régions d'origine (la plupart sont des [[Otlalnan]] de la [[Marche des Lisières]]), ils ont couru un peu au hasard vers le nord et le territoire des [[Liam'Lon]], où aucun Dirsen n'oserait les poursuivre, alors que d'autres avaient préféré tenter leur chance à l'est, vers le Cercle des Hautes-Pierres.<br />
<br />
Les deux Talendan leur expliquent qu'ils sont ici sur le territoire des [[Elloran]] et qu'ils auraient de meilleures chances de filer au nord-ouest vers le Cercle des Cascades et, après avoir longuement hésité à repartir chercher les plus jeunes, les trois fuyards un peu retapés finissent par disparaître vers l'ouest avec quelques remerciements.<br />
<br />
=== Evasion nocturne ===<br />
<br />
Nos deux héros retardataires ne sont donc qu'à moitié surpris lorsqu'ils retrouvent Lerkoren Oleytan en compagnie de 5 autres échappés en haillons, dont Tahalien et un ado sérieusement blessés, plus trois mômes, quoique Vighnu soit un peu atterré par le récit du jeune Elloran.<br />
Car après que leurs compagnons soit entrés à l'auberge du Marchepied, Oleytan, attiré par des cris de douleurs, s'est glissé par-dessus la palissade de rondins et, découvrant les deux prisonniers lacérés à coups de fouet, a attendu la nuit noire pour passer à l'action. Il a malheureusement échoué à assommer proprement la sentinelle de faction dans la cour, mais a par contre réussi à la tuer net avant qu'elle ne crie, puis a traîné le corps du soldat dans une grange. C'est alors qu'il s'acharnait en vain à rompre sans trop de bruit un des maillons de la chaîne que Diane l'a interpellé depuis une des fenêtres du dortoir :<br />
<br />
«_''Psssst ! Mais qu'est-ce que tu branles, merde !? On est pas là pour ça ! <br><br />
_''Je fais mon devoir, tu peux pas comprendre ! <br><br />
_''Mais putain tu va réveiller tout le monde, crétin !». <br><br />
<br />
L'épée à la main, la Kerdane est bientôt descendue le rejoindre pour le convaincre de ficher le camp et, n'y arrivant pas, a fini par l'aider à détordre un maillon en faisant levier avec son épée, histoire qu'il puisse déguerpir avant que quelqu'un ne les entende. Herle s'est réveillé à son tour, lui a ordonné de rentrer se coucher avant de les griller complètement et, la Kerdane disparue dans l'étable en engueulant un soldat qui se réveillait vaguement sur l'air de ''"Quoi ? Keskya, on peut plus pisser tranquille, merde ?"'', Oleytan a sorti discrètement les deux rescapés par là où il était lui-même entré. Apprenant alors qu'ils avaient pu cacher les gosses près de la rivière avant que les cavaliers ne leur tombent dessus, il est ensuite reparti chercher les mouflets de 9 à 12 ans, a nourrit tout le monde et distribué des rations pour le reste du voyage (''"Et donc, là, on a plus de vivres, c'est ça ? Heu... un peu, si..."''). Il se demandait s'il allait abandonner l'opération pour les conduire aux Cascades quand Vighnu et Andréas sont arrivés. <br />
<br />
Renonçant à l'engueuler d'avantage puisqu'il viennent de faire quasiment la même chose, les deux PJ soignent à nouveau les plaies et brisent les chaînes, ré-expliquent la direction du Cercle des Cascades et, recommandant bien aux fuyards d'éviter les routes pour ne pas être repris, ils s'installent pour bivouaquer et s'offrir quelques précieuses heures de sommeil avant l'aube.<br />
<br />
L'aurore pointe à peine lorsque Herle, Diane et les autres se lèvent, déposent quelques pièces de cuivre dans la grande salle et filent sans prendre de petit déjeuner, pendant que Craie et Esteval constatant la disparition de leurs prisonniers commencent à activer les soldats, et que ceux-ci constatent la disparition d'un des leurs. ''"Et vous là, vous avez rien entendu ?!? _Nope : nous on dort sérieusement quand on doit se lever tôt."'' répondent nos héros avant de s'engager, sous la bruine matinale, vers le chemin raide qui monte en lacet vers le nid d'aigle de la cité minière. Rapidement rejoints par Lerkoren Oleytan, Vighnu et Andréas (modérément reposés), ils confèrent sur les évènements de la veille et s'accordent sur un plan : Eldan (puisqu'il connaît Solerane), Andréas (qui compte s'arrêter dans un temple pour se lancer dans l'enchantement d'un document puissamment convaincant pour faire partir le convoi avec une escorte réduite ''"car tout danger est désormais écarté"'') et Diane (qui pense pouvoir s'infiltrer dans la-dite escorte) iront en ville pendant que le gros de la troupe (''"J'suis pas gros j'suis juste un peu envelo _Ta gueule, La Poigne : t'es lourd."'')attendra caché dans la forêt. <br />
<br />
=== Plan d'action ===<br />
<br />
Dès que le convoi sera prêt à partir, les mercenaires partiront devant pour semer des embûches sur sa route afin de le ralentir (comme un sapin ou des rochers ''"décrochés par le dégel"'') : s'ils parviennent à le retenir assez longtemps dans la gorge pentue et traîtresse que les chariots auront de toutes façons du mal à négocier (le segment 2, sur la carte), ils peuvent l'obliger à passer sa première nuit avant le gué sur l'[[Anil'wel]] (milieu du segment 3). Le lendemain, la caravane sera donc obligé de forcer l'allure pour sortir de la forêt qui suit (segment 4) avant le crépuscule : réputée dangereuse (c'est, avec la gorge, le site d'embuscade préféré des Kormes, c'est d'ailleurs là que la colonne de Durgaut s'est faite attaquer au début de l'Épisode 1), le mauvais chemin tortueux y sera en cette saison embourbé par les ruisseaux et, avec un peu de sabotage supplémentaire (en creusant par exemple le lit d'un petit torrent pour former une combe traîtresse), l'escorte arrivera dans la vaste prairie marquant le dernier bout droit (5) en fin d'après-midi, épuisée par deux journées difficiles et fera probablement halte, croyant avoir fait le plus dur... Mais c'est justement là que l'attendra notre commando camouflé et grimé en Kormes, qui lui tombera dessus avant qu'elle ait eut le temps de souffler, laissera filer les non-combattants pour qu'ils puissent témoigner de la culpabilité des rebelles mais massacrera impitoyablement tous ceux qui pourraient les avoir vu de trop près au Marchepied ou à Solerane. En se coordonnant avec Diane pendant qu'elle s'isolera ''"pour pisser"'' le long du parcours, ça devrait marcher très bien (c'te blague).<br />
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Image à rajouter<br />
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<br />
<br />
== Enquête ==<br />
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=== [[Solerane]] (Diane, Andreas, Eldan) ===<br />
<br />
[[Fichier:Solerane-grand.jpg|600px|thumb||Solerane]]<br />
Entrant en ville par la Porte Basse alors que le crachin continue, le trio d'espions improvisés passent devant les vastes écuries où des palefreniers semblent avoir rassemblé au moins une cinquantaine de chevaux, puis remontent les rues pentues et mal pavées, encadrées d'étroites maisons de pierre et d'ardoise, en direction de l'Hostellerie des Moindres, attenante au temple et tenue par les religieux locaux. Traversant au passage la grand'place surmontée d'un vaste marché couvert au bout duquel s'élève le siège de la Guilde Minière locale, ils constatent que des bouviers attèlent ou chargent des chariots sous les halles, alors que des marchands s'assemblent devant le porche du sanctuaire : ça sent le départ...<br />
<br />
Le réfectoire de l'hostellerie est aussi sombre qu'encombré par une bonne 20aine de mercenaires pour la plupart loqueteux, de forestiers et de négociants qui semblent tous attendre qu'un sergent courtaud et obèse s'occupent d'eux : Eldan le connaît sous le nom de "La Boule" comme le membre le plus corrompu de la garde locale, qui offre fréquemment les services de ses hommes à Jornil Cuivré et laisse prospérer les coupes-jarrets qui hantent avec son fils Jorem la boutique d'un marchand de vins, "Le Carafon".<br />
Pendant que Diane réussit à se bouffer le nez avec l'épaisse bonne-sœur qui sert pain et brouet aux clients (c'est une manie), Andréas trouve son chemin vers la sacristie pour demander au prêtre s'il pourrait s'y installer pour "travailler dans le recueillement nécessaire à ses enluminures". [Sur un jet de "Contacts dans la Pègre" réussit], Eldan le brigand repenti avise bientôt un drôle de novice qui accueille les voyageurs dans la cour en semblant éviter la salle, qu'il reconnaît illico comme un croche-bourse du coin, déguisé pour pouvoir "courtoisement débarrasser les voyageurs de leurs bagages" sans se faire trop remarquer des sœurs et des vrais disciples du Culte (et puisque je peine à lui donner un nom, il le baptise "Boule-de-Suif"). Son camarade interpellé en plein travaille lui explique que La Boule est venu sélectionner les meilleurs combattants disponibles pour les intégrer à l'escorte du convoi minier, les autres devant se contenter de la moindre paye offerte à l'escorte d'une caravane marchande qui devait partir ce matin avec un troupeau de chevaux emishen, mais qui a pris du retard malgré les tentatives du Cuivré pour les faire activer, allant même jusqu'à participer à la solde des convoyeurs pour peu que les marchands acceptent d'ouvrir la route en précédant d'une journée ses propres chariots. Bien sûr, quelques piécettes peuvent toujours faire pencher le jugement de l'adipeux sergent. ''"Et sinon, on peut saluer des copains au Carafon ? _Ben non, curieusement, y a quasiment personne depuis hier, déjà : ch'ais pas où ils sont tous passés. Même la bande à Jorem elle y est pu'..." ''<br />
Mais cette "cervelle de moineau" d'Eldan aura tôt fait de perdre l'information.<br />
<br />
Jugeant plutôt minables les guerriers déjà choisis, Diane se porte volontaire et décide de démontrer ses talents à l'arbalète en faisant tinter la haute cloche du temple d'un carreau tiré depuis le fond de la cour, selon un angle de tir particulièrement réduit par les étroites voutes du clocher et dans la visibilité voilée par la pluie et la grisaille : ''"Si une gonzesse y arrive, j'veux bien l'embaucher, tiens !"'' ironise La Boule. Et si Eldan s’éclipse vivement vers le campanile pour faire sonner la cloche du pommeau de sa dague si la Kerdane devait manquer, il n'a pas encore atteint le sommet qu'un trait ricoche sur le bourdon et faisant sonner le bronze avant de retomber côté grand' place. ''"Et sinon, c'est combien la paye ?"'' demande la tireuse d'élite d'un ton narquois, avant d'aller rejoindre la table où attendent déjà les autres vainqueurs, deux étrangers à l'air farouche et une paires de jeunes imbéciles qui se présentent comme ''"[[Trevan de Rigorne]], chevalier errant ! _Et [[Gavin]], son loyal écuyer. _Ah ben putain, si c'est le haut du panier j'ose pas voir le fond..."'' leur décoche Diane, toujours aimable. <br />
<br />
Informé que le convoi va de toutes façons partir le lendemain, que Diane y est embauchée, que l'éclaireur doit aller acheter quelques provisions pour le reste de l'équipe et puisque les religieux sont tous très occupés avec la foule des clients, Andréas profite du reste de sa matinée pour étudier bien tranquillement sa récente trouvaille. <br />
<br />
(Spoiler même pour les joueurs de cet épisode : En examinant les bagues mobiles qui se découpent dans la sphère d'or-rouge héritée de [[Langard]], le mage découvre qu'elle est à la fois un focus capable de stocker de l'Essence magique, un catalyseur qui facilite le transfert d'Énergie vitale pour la chargre plus facilement et un amplificateur doublant la portée de la plupart des sorts : bien qu'il ait du payé 2pH pour la retrouver, Andréas Odran est ravi ! Bien sûr, il ignore encore que le spectre de son défunt propriétaire y a été piégé, et qu'il se manifestera lorsque l'objet sera suffisamment rechargé…)<br />
<br />
=== Interlude Forestier (Vignu, Herle) ===<br />
<br />
Pendant ce temps, Vighnu et Herle se sont éloigné dans la forêt après avoir entendu de lointains aboiements : voulant voir de quoi il retourne, ils découvrent une petite chaumière isolée, où une mère de famille fend du bois avec dextérité pendant que ses deux jeunes enfants jouent en rassemblant les demi-bûches sous l’œil de deux énormes dogues de Marale, des molosses presque aussi hauts que des poneys. En s'approchant sous le vent, les mercenaires réalisent que ce doit être la demeure de Thuril le Brun : un forestier réputé dans la région et qu'Eldan leur a expliqué servir régulièrement de guide aux caravanes, en particulier celles de Jornil Cuivré, de loin son meilleur employeur. Ils envisagent un moment de kidnapper un môme pour forcer la coopération de son père, mais après avoir considéré la maman qui fend les bûches d'un coup de hache expert, l'agitation grandissante des chiens, la taille du chenil trop vaste pour "seulement" deux dogues et les probables galères d'avoir à balader un otage de 5 ou 8 ans, les deux farouches guerriers renoncent.<br />
<br />
En rejoignant leurs camarades, ils aperçoivent les traqueurs d'esclaves qui patrouillent les flancs de la montagne et se dissimulent tous si bien qu'Eldan, sorti de la ville basse pendant que le premier convoi s'y assemblait pour partir enfin, va avoir bien du mal à les retrouver. Déposant les provisions en expliquant que Diane a réussit à intégrer l'escorte, l'éclaireur repart aussitôt pour lui transmettre les derniers détails du plan et une dague empoisonnée par les bons soins de Vighnu, "en cas de besoin". <br />
<br />
«_''Pis ramène le chroniqueur, aussi : on s'arrache dès que la première caravane a fini de descendre la route. <br><br />
_''Mais vous vouliez pas que j'aille jeter un œil à la mine, pour repérer l'autre convoi ? <br><br />
_''Il part demain matin, non ? Qu'est-ce qu'on besoin de savoir d'autre ? Grouille !» <br><br />
<br />
Et ce fût leur deuxième erreur…<br />
<br />
<br />
<br />
== Préparation du terrain ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Sabotage (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
À peine une heure derrière les quelques chariots de marchandises et le troupeau de chevaux qui labourent la route humide devant eux, le commando se met donc en marche en milieu de journée, avançant d'un pas tranquille pour éviter de les rattraper. La fin d'après-midi leur offre une vague éclaircie lorsque, quasiment à mi-pente de la gorge encaissée où les cailloux roulent sous leur pas, ils avisent un sapin qui penche déjà un peu depuis le versant hérissés de rochers du ravin : passant des cordes autour du tronc, Herle, La Poigne, Vighnu (mollement, hein, il est fatigué), Le Grêlé et Oleytan tirent de toutes leurs forces pour finir de le déraciner. Le templier défroqué s'énerve au passage et, quand ses compagnons remarquent que la chute de l'arbre n'a pas l'air très naturelle, il escalade la pente avec La Poigne pour déclencher à eux deux un éboulement susceptible d'expliquer l'accident. Après qu'une coulée de rochers se soient répandus sur la route et que le colosse ait cogné le tronc à coups de pierres pour parfaire la mise en scène et dissimuler les marques de cordages laissées dans l'écorce, l'équipe décide de souffler un peu avant de repartir... et Vighnu remarque alors une silhouette qui les observe de loin, dissimulée parmi les sapins en haut de la crête.<br />
(Si Andréas Odran a tout intérêt à garder le secret de ses talents magiques pour éviter de finir au bûcher, surtout lorsqu'il voyage avec un ex-templier, Hadrien Muraille et Adira Pratesh les ont découvert lorsqu'ils étaient enfermés dans la mine et le fehnri en a évidemment parlé à son cousin : malgré ses craintes instinctives concernant la sorcellerie, Vighnu a abordé le sujet avec Andréas qui s'est montré assez ouvert sur le sujet pour le rassurer...)<br />
<br />
Après avoir discrètement averti le reste de ses camarades de la présence d'un observateur discret et leur avoir recommandé de faire "comme si de rien n'était", Vighnu et Andréas s'éloignent innocemment loin des regard inquisiteurs en pénétrant sous les frondaisons qui bordent la gorge en se donnant vaguement l'air de chercher des plantes : <br><br />
<br />
«_''Tu peux le chroniquer d'ici, demande l'apothicaire dès qu'ils sont loin de Herle ? <br><br />
_''Assieds-toi avec moi et (Andréas sort la sphère première de son sac) pose tes mains là-dessus, là et là. <br><br />
_''Je sens que je vais pas aimer.... <br><br />
_''Sans doute mais j'ai pas l'énergie pour le faire moi-même alors tu participes où il va se tirer." <br><br />
Dès qu'ils ont tous les deux les mains sur la sphère de métal rouge, Vighnu se sent soudain très fatigué [ça lui coûte 4 points de Fatigue, mais ça fait 8pts d'Essence pour alimenter les sorts d'Andréas, qui en a bien besoin vu comme il peine depuis plus de deux jours qu'ils sont en marche] et, les yeux fermés par la concentration, le chroniqueur annonce à son camarade : <br><br />
_''Il n'y a qu'un seul type, mais il s'éloigne vers... un cheval. Plein nord, au sommet de la gorge. Il sait qu'on l'a repéré. Il se dépêche parce que... le sentier qu'il veut prendre rejoint la route un peu plus haut. <br><br />
_''Tu peux le neutraliser ? <br><br />
_''Je vais essayer mais... <br><br />
_''Fais au mieux, je préviens les autres !» <br><br />
<br />
=== Interrogatoire ===<br />
<br />
Quand Vighnu sort des bois tout essoufflé en appelant ses compagnons, il explique brièvement que le guetteur est en train de s'enfuir à cheval, mais qu'ils peuvent tenter de lui couper la route et Oleytan s'élance le premier, remontant la gorge au pas de charge, suivi de près par Eldan, Herle de Lorune et le Grêlé. Ils ont beau courir de toutes leurs jambes sur le chemin rocailleux, le cavalier dévale la pente plusieurs centaines de mètres plus haut qu'eux... et tombe de selle en atteignant la route.<br />
<br />
''"Quand on sait pas monter..."'' grommelle Herle, dégageant l'arc qu'il avait en bandoulière en cavalant de plus belle : son cheval trottant pour s'éloigner des ennuis, le guetteur se relève à peine lorsque Lerkoren Oleytan arrive sur lui le glaive à la main, mais réussit à dégainer sa propre épée en se remettant sur ses pieds, à parer et à lui coller un grand coup de pommeau à la tempe, séchant le jeune Elloran avant qu'Eldan ne soit à portée de lame. Le cavalier esquive le coup mal ajusté du Moineau en bout de course et, voyant arriver d'autres adversaires, dégage vivement sur le versant boisé qui descend vers le torrent. Mais Herle de Lorune a stoppé et décoché une flèche, et malgré la distance elle vole entre les arbres, racle l'écorce d'un boulot et transperce le genou du fuyard [3 pions de Fatigue et 1pH : Ego' voulait vraiment le choper] qui bascule dans dans la pente en rebondissant contre les troncs et les rochers. Un instant soufflé par l'expertise du tir, Oleytan, Eldan et le Grêlé regardent le Défroqué d'un air médusé, celui-ci leur fait signe d'aller chercher leur proie et, s'asseyant pour souffler sur un rocher, débande son arc en déclamant un poème sur la rudesse de la vie au bord des eaux [il faut préciser que pendant qu'on joue sur Rolisteam, Ego' dégotte des poèmes de circonstance qu'il déclame à brûle-pourpoint quand il a besoin de libérer de la Tension : ça fait toujours son petit effet et lui obtient à chaque fois le bonus du public]. Le Grêlé en reste un moment comme deux ronds de flanc, puis l'ex-inquisiteur dégage sa dague et, descendant à la suite d'Eldan avec le mercenaire sur les talons, annonce : ''"Bon, c'pas le tout : au boulot."''<br />
<br />
Et pendant qu'Oleytan s'éloigne pour récupérer le cheval, sous le regard mortifié d'Eldan qui a eu tant de mal à récupérer le blessé dans le torrent, à le traîner sur la berge et à lui faire un garrot, Herle entreprend d'interroger le prisonnier, d'abord en lui expliquant qu'il parlera de toutes façons et que ce n'est qu'une question de temps et de douleur, puis en tournant la flèche dans la plaie pour illustrer son propos. Alors qu'Eldan, dégouté, s'éloigne, le cavalier commence à révéler qu'il n'est que l'éclaireur d'une bande de types chargée de suivre le convoi... lorsqu'il tourne de l’œil, moins à cause de la souffrance que des blessures reçues : ayant rejoint ses camarades depuis quelques instants déjà, Vighnu l'examine et, constatant que le prisonnier cumule un sérieux hématome à la tête et des côtes fracturées à sa blessure au genou, annonce qu'il risque d'avoir un peu de mal à le garder en vie plus de quelques heures. <br><br />
<br />
«_''Et qu'est-ce qu'il a sur la poitrine, demande le chevalier ? <br><br />
_''Tatouage de voleur, explique l'assassin-apothicaire : la Confrérie du Chacal, une espèce de regroupement de brigands, mais j'ai entendu dire qu'ils commençaient à trafiquer des armes dans le coin. <br><br />
_''Non. Ce sont des démonistes ! <br><br />
_''Hein ?! Houlà, non, non, je vous assure messire ils... <br><br />
_''L'étoile à neuf branches est le signe du démon, Maître Pratesh, et cette créature doit être décapitée et brûlée séance tenante. <br> <br />
_''Quoi ?! Mais non, enfin, on allait l'interrog... <br><br />
_''Nous ne tolérerons pas l’œuvre du démon et vous n'en serez pas complice, Maître Pratesh, ou bien vous aurez à faire à moi !» <br><br />
<br />
Malgré les protestations de ses camarades, Sire de Lorune défait le long paquet qu'il a sur le dos depuis le départ et en dégage une lourde épée bâtarde à la lame gravée de runes antiques et dont la garde rougeoyante rappelle à Vighnu une certaine sphère : avant qu'il ne puisse s'interposer, l'épée s'abat et la tête du malheureux tombe, tranchée net, entre ses genoux [oui, Herle vient d'exécuter le "peunj-d'information" pour produire une Réaction à 5]. <br />
<br />
Image<br />
<br />
=== Fuite ===<br />
''"D'autres cavaliers arrivent !"'' les avertit Oleytan depuis le chemin, où il monte maintenant le cheval récupéré. Ne sachant pas s'il s'agit de brigands ou de simples civils et préférant éviter de laisser une "scène de crime" qui mette la puce à l'oreille du convoi, les mercenaires bascule le corps dans le torrent et dégage vers l'aval, histoire de dépasser leur éboulement avant d'être vus. Emportant la tête pour la brûler plus tard, Herle s'élance sur le chemin à la suite de ses camarades. Ce n'est que lorsqu'ils ralentissent au bas de la gorge qu'ils s'avisent qu'ils ont oublié Andréas et La Poigne, à qui Vighnu avait ordonné de rester près du chroniqueur pour le protéger : <br />
<br />
«_''Non mais ils sont pas débiles, non plus, ils auront dégagé en nous voyant passer... <br><br />
_''On parle de La Poigne là : le gars qui reste allongé près de l'arbre les yeux fermés pendant qu'on poursuit un cavalier parce qu'on lui a dit de faire "semblant de rien". <br><br />
_''Bon, Oleytan, tu retournes les chercher à pied en passant par les crêtes, on se retrouvera près du gué.» <br><br />
<br />
Et le matériel chargé sur le cheval, notre commando hautement qualifié repart d'un pas tranquille sous la bruine persistante.<br />
<br />
=== Réflexions ===<br />
Sous les pas des mercenaires, une plaine vallonnée, couverte de hautes herbes et parsemée de bosquets, succède bientôt à la forêt escarpée. Une éclaircie illumine le paysage et, quoiqu'en regardant régulièrement par-dessus leur épaule, les PJ en profitent pour sécher un peu en devisant sur la suite. Ce n'est qu'en arrivant au bord du fleuve que Herle insiste pour faire une pause et observer sérieusement les environs, des fois que les Démonistes (''"Mais c'est juste des petits truands qui se donnent un genre ! _Des dé-mo-nistes !"'') aient posté un autre guetteur ou que la première caravane soit encore à portée de vue. Les abords de l'[[Anil'wel]] ("la Rivière du Passé") sont remarquablement calmes, mais la profondeur des empreintes de chariot laissées sur la berge intrigue le templier : <br />
<br />
«_''Qu'est-ce qu'il y avait exactement dans ces chariots, Eldan ? <br><br />
_''Heu... un de draps et fourrures, un de ferronnerie, chaudrons, ce genre de trucs, et puis un p'tit chariot de matériel, les vivres de l'escorte, tout ça. <br><br />
_''Grand et gros, le chariot de chaudrons ? <br><br />
_''Pas très non, pourquoi ? <br><br />
_''Parce je commence à me dire que si j'étais un maître-contrebandier qui se méfie d'une attaque sur le convoi le plus important de l'année, j'aurais peut-être bien camoufler le vrai chargement dans la première caravane et tendu une embuscade autour de la seconde…» <br><br />
<br />
Après avoir passé le fleuve, et puisque la journée touche à sa fin sous les nuages noirs qui s'accumulent à l'est (''"Gros orage en provenance de la mer, annonce le Moineau. _Trouve-nous un bon site de bivouac, faut qu'on puisse se reposer ce soir."'') le groupe discute toujours de ses soupçons en interrogeant Eldan sur milles détails, puisqu'ils est le seul parmi eux à s'être rendu en ville et à avoir observé les préparatifs de départ. Montant un campement étonnamment confortable à base de branchages installés entre de gros rochers, sur les contreforts des hauts plateaux à l'ouest de la route (en limite de zone 4, sur la carte) et bientôt rejoints par Oleytan suivi d'Andréas juché sur le dos de La Poigne, l'équipe continue de réfléchir à l'idée du Templier.<br />
<br />
Et, à force de se creuser la cervelle, Eldan commence à se remémorer divers détails troublants (les mises en garde du Capitaine ; la désertion du Carafon (d'ordinaire quartier-général des truands et en particulier des séides de Jorem Cuivré) ; Jornil qui pressait le premier convoi de partir au point de payer une partie des frais de l'escorte, finalement un peu excessive pour des marchandises sans grande valeur et comptant assez peu de cavaliers pour que le troupeau de chevaux soit sa principale préoccupation ; les drôles de "barbares" qui trainaient à l'Hostellerie avec Diane), Andréas raconte sa première rencontre avec les Chacals au Cercle des Cascades, Vighnu et Eldan ajoutent leurs connaissances sur la pègre du nord... Il leur faut un moment pour constituer une théorie viable mais, lorsque Herle de Lorune revient de l'incinération de la tête tranchée, ses compagnons se sont rangés à son avis : le butin est caché dans la première caravane (qui n'a que 3 ou 4 heures d'avance sur eux et a du elle aussi s'arrêter pour la nuit), et le deuxième convoi est un piège à leur intention, pour lequel Jornil a embauché les Chacals, originellement venus des Sylves, tout comme [[Urgrand]] le sorcier barbu qui les a mis en relation avec les rebelles.''"Je vous avez bien dit que c'était des démonistes ! Quand on aura fini cette mission, faudra faire la peau à ce sorcier. _Nous en reparlerons certainement, sourit Vighnu."''<br />
<br />
=== Interlude Lointain ===<br />
Pendant ce temps à Tal Endhil, le Capitaine prend [[Ranyella Sotorine]] à part à la fin d'une des nombreuses sessions qui occupent la Guilde depuis le début de la semaine et, alors qu'il voulait lui parler transport nautique et diplomatie locale, la cheffe kerdane lui remet 4 pièces d'argent : ''"À quel titre ? _Une de vos mercenaires a envoyé un message à Écume 6 en demandant qu'on lui envoie une barge au Lac d'Acier. La réponse est que nous avons déjà perdu une barge récemment, que ma famille a autre chose à faire et que la mercenaire en question a perdu le privilège de faire appel à nous : vous seriez gentil de transmettre. _Oh... merde !"'' <br><br />
Et le Capitaine fonce illico au Cercle des Cascades, insiste pour parler urgemment à quelques chamans de sa connaissance et fini par demander à [[Kal Shemon'Lon]] de bien vouloir passer un message à Vighnu et Andréas : ''"Seulement si j'peux mett' un monstre marin. Ça donne du cachet aux visions, les monstres marins. Hihi."''<br />
<br />
<br />
<br />
== Infiltration ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Soirée à Solerane (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
À l'Hostellerie des Moindres, après qu'Eldan soit passé en coup de vent lui déposer une dague empoisonnée (''"T'aurais rien de plus liquide, pour épicer les vivres de l'escorte ? _Ah heu ben non, mais j'vais demander à l'apothicaire."'': jamais revenu), Diane fait connaissance avec ses futurs compagnons de route : si les deux "barbares" au poil noir et à l'air revêche ne font toujours aucun effort pour converser dans la Langue des Pères, elle découvre que le jeune "chevalier errant" Trevan de Rigorne et son fidèle écuyer sont venus au nord "en quête de gloire et d'aventure" et que, malgré leur bref engagement dans les troupes mercenaires (''"parce qu'on y voit plus d'action !"''), l'aventure leur a fait jusqu'ici plutôt défaut : une escorte de caravane vers Celanire (et quelques troubles sur place dus à l'arrivée d'un nouveau prêtre assez radical), mais toujours pas de glorieux combat. Ils comptaient s'engager dans les troupes d'un héros local, le fameux Capitaine Durgaut de Tal Endhil ("Qui ? Non, 'connais pas...") mais comme Trevan est incapable de réduire son train de vie, les voilà pour l'instant fauchés et ils repartent vers Darverane avec le fourgon de métal, dont le jeune chevalier espère bien qu'il sera attaqué (pour se couvrir de gloire), afin de gagner assez d'argent pour un second cheval (Gavin l'écuyer se plaint de courir derrière depuis deux mois).<br />
<br />
Un très bref duel d'entraînement avec lui permet par contre à Diane de constater que Trevan est extrêmement bien entraîné à l'épée, malgré son inexpérience du combat réel et sa rafraichissante "naïveté". Si son écuyer a d'avantage les pieds sur terre, Diane ne doute pas de pouvoir par contre les manipuler (et ne se préoccupe pas plus que ça d'aller jeter un œil au fourgon ou à la mine).<br />
Elle rencontre bientôt Thuril le Brun, le massif forestier accompagné de deux dogues en charge de guider le convoi, qui vient les avertir d'être prêts le lendemain avant l'aube.<br />
<br />
=== Rêves collectifs (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
Pendant qu'elle dort tranquillement à l'Hostellerie, le tumulte de l'orage qui s'abat sur la plaine est bientôt interrompu par un hurlement de frayeur : sous son abri de branchage, Vighnu vient de s’éveiller d'un horrible cauchemar, une histoire de barques irrémédiablement coulés et de monstre marin qui le dévorait. <br><br />
<br />
«_''Ça commençait par un faucon ricanant dans la nuit et finissait par un petit oiseau qui te guidait vers un sentier lumineux dans la montagne, demande Andréas ? <br><br />
_''Heu... oui, mais je t'avoue que je me suis réveillé après le poisson géant. <br><br />
_''C'est drôle, moi j'ai juste vu une espèce de grosse murène rôder dans l'eau, mais à part ça, je pense qu'on a fait le même rêve, envoyé par Kal Shem'... <br><br />
_''C'est important les rêves, coupe Herle de Lorune, ce sont souvent les Ancêtres qui nous les envoient. <br><br />
_''Voilà. <br><br />
_''J'allais le dire. <br><br />
_''Et dis-donc, le Moineau, un chemin dans la montagne, ça te dit quelque chose ? <br><br />
_''Ah heu...oui. Le Capitaine avait prévu une solution de secours si on trouvait pas d'embarcations, c'est au nord de Celanire. <br><br />
_''Et c'est fiable ? <br><br />
_''Les plans du Capitaine sont toujours fiables ! <br><br />
_''Suis-je bête. Bon ben demain on peut s'épargner d'aller voir si les Kerdans sont arrivés à la presqu'île et foncer plein sud dès l'aurore pour rattraper le convoi...» <br><br />
<br />
=== Départ du convoi (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
Et le jour n'est pas encore levé que Diane, Trevan, Gavin et les deux barbares Sylvains dont elle n'a tiré que les noms ([[Rumbold]] et [[Jaromir]]) rejoignent avec Thuril la mine de cuivre, un véritable petit fortin dont sortent bientôt des cavaliers (dont Craie et Esteval, qu'elle reconnaît et qui la reconnaissent, mais aussi un jeune gandin qui s'avèrera vite être Jorem Cuivré, le fils du grand patron), quelques fantassins supplémentaires, un lourd fourgon de chêne fermé par une porte cadenassées et un petit chariot de matériel tiré par des mules. Retraversant la ville vers la porte basse dans le fracas des roues et des bêtes sur le pavé, le convoi descend laborieusement la route vers le Marchepied en brinquebalant (''"Bloumboudoum font les coffres dans le fourgon fermé. _Super : tu fais vachement bien le coffre. _Okaaay... _Ben quoi ?"'') puis oblique plein sud dans le petit matin.<br />
Très vite, l'arbalétrière comprend qu'entre Craie, Thuril et Jorem, il y a deux chefs de trop dans ce convoi, et en profite pour attiser les inimitiés au sein de l'escorte. Dès qu'elle et d'autres piétons sont employés à retenir les chariots dans la route pentue qui serpente le long du torrent, il lui vient une autre idée pour ralentir le convoi : profitant d'un dérapage du fourgon (''"moins lourd qu'il n'y parait... _Ben tant mieux.") ''<br />
<br />
sur la route bourbeuse, alors qu'elle tirait de l'arrière, Diane s'arrange pour que le véhicule passe sur l'un des cochers descendu pour freiner par l'avant, et le conducteur hurle lorsqu'une des roues de bois ferré lui sectionne la jambe à hauteur du genou. Dégager le pauvre gars et lui prodiguer les soins nécessaires, quoique probablement inutiles (le type ne s'en sortira pas sans un bon chirurgien) stoppent le convoi pendant un long moment. Diane en profite d'ailleurs râler sur la paye, semer encore un peu plus la discorde dans l'escorte et monter Trevan de Rigorne contre Craie en proposant de rentrer à Solerane pour repartir du bon pied, mais l'esclavagiste albinos est vite soutenu par Esteval et, à eux deux, ils ramènent un semblant de discipline dans l'équipage qui reprend la route.<br />
<br />
Toujours attentive aux alentours, Diane commence à avoir l'impression distincte que des bruits de sabots suivent le convoi par les crêtes et, lorsqu'elle propose d'aller voir, Craie insiste pour envoyer plutôt Jaromir et Rumbold, les deux Sylvains. <br><br />
<br />
«_''Dis-donc Trevan, demande-t-elle au jeune chevalier, les deux barbares, là, ils ont été sélectionnés comment ? <br><br />
_''Je ne sais pas, Mademoiselle : je ne crois même pas que le gros sergent les ait mis à l'épreuve, ils ont été embauchés tout de suite. <br><br />
_''Tiens donc..." Et bien sûr, lorsque les deux éclaireurs reviennent "sans avoir rien trouvé", Diane et Gavin espionnent leur bref rapport à l'albinos, la Kerdane entendant quelque chose comme "perdu un gars... <br><br />
_''Dis-leur de garder leurs distances, merde !» <br><br />
<br />
Lorsque le jeune chevalier et un des Sylvains, chevauchant tous deux à l'avant-garde, signalent un l'éboulement barrant la route, le convoi s'arrête à nouveau, l'escorte se déploie en position défensive et la Kerdane décide d'escalader le pierrier pour en avoir le cœur net : trouvant les empreintes de deux paires de très grands pieds, elle déduit que l'éboulement est l’œuvre de La Poigne et du Défroqué, mais préfère inquiéter les autres pour perdre encore du temps. Le convoi ne repartant qu'après avoir utilisé les mules pour traîner le sapin tombé hors du chemin, Diane s'installe à côté de Thuril le Brun sur le banc du fourgon et entreprend de lui expliquer qu'il se passe des choses très bizarres autour de ce transport, surtout que les Sylvains et Craie semblent comploter un truc bizarre avec des cavaliers qui les suivent [Réaction de Témérité à 5]. Manifestement surpris (et convaincu), le Brun essaye pourtant de dissiper les soupçons de la Kerdane mais ne parvient qu'à éveiller de nouveaux doutes : le guide serait-il de mèche avec d'autres gars voulant braquer le convoi ?<br />
<br />
=== Fuite meurtrière ===<br />
Avec tout ce temps perdu, il fait déjà presque nuit lorsque la caravane fourbue s'installe pour camper juste avant le gué et que Craie insiste pour envoyer les deux Sylvains et Diane "chercher du bois pour le feu", à bonne distance du camp puisque les premiers bosquets sont à plusieurs centaines de mètres. Méfiante, la Kerdane avertit Gavin et ne suit les deux barbares qu'en traînant les pieds et son arbalète sous le bras, le temps de chercher une solution : elle observe le terrain en détail, évalue les distances... Lorsqu'elle réalise que Craie et Esteval arrive derrière elle depuis le camp alors que les Sylvains la prennent en tenaille par l'ouest, elle se penche pour ramasser une branche morte... et disparaît complètement dans les taillis et le soir qui tombe.<br />
<br />
[À 4 contre 1, Diane est sérieusement dans la mouise, surtout qu'Orlanth refuse d'employer ses pH pour autre chose que progresser. Mais briefé en détail sur les options tactiques d'un sniper et anticipant finement sur ses Mises, il va commencer par un énorme jet de préparation, dégageant 16 pts de bonus temporaires qui ne vont pas être de trop...]<br />
<br />
Transmettant des indications par signes aux deux Sylvains, Craie et Esteval resserrent l'étau autour de la Kerdane... Du moins le croient-ils car, camouflées dans un bosquet à quelques distance, elle se trouve déjà hors de "l'encerclement" et visant soigneusement, elle attend le bon moment pour tirer en comptant sur la fatigue et la tension de ses adversaires. Et lorsque que, croyant avoir vu un buisson bouger, Craie fait claquer son fouet dans le feuillage, l'arbalète claque sans être entendu et Esteval s'écroule sans un râle, un carreau lui ayant perforé le crane par l’œil gauche. Jaromir, l'éclaireur sylvain qui progresse discrètement l'arc tendu, est maintenant la cible la plus excentrée : Diane recharge et lorsque l'albinos -dont les longs cheveux blancs se distinguent nettement malgré le crépuscule- se retourne pour appeler à voix basse son camarade disparu, un second trait claque et se fiche dans la trachée de l'archer, qui s'effondre en gargouillant du sang.<br />
<br />
Immédiatement, Rumbold et Craie comprennent qu'on leur a retourné l'embuscade et cherchent un couvert, mais l'esclavagiste commet l'erreur de vouloir reprendre l'offensive : dégainant son tranchoir et ré-enroulant son fouet, il s'élance en zigzaguant entre les rares bouleaux pour atteindre l'origine du tir... où Diane n'est déjà plus. Et lorsqu'il se retourne pour la chercher du regard, un carreau l'atteint en plein front. <br />
<br />
Alors que des voix commencent à se faire entendre vers le campement, le dernier Sylvain récupère l'arc de son compagnon et, restant prudemment à couvert, scrute le sous-bois en se déplaçant silencieusement vers l'ouest et les profondeurs de la forêt. Rumbold lâche une flèche lorsqu'une ombre se détache brièvement parmi les arbres mais manque de plusieurs coudées, et les deux tireurs continuent leur lente et silencieuse danse parmi les taillis, s'éloignant toujours plus du camp vers la forêt, chacun cherchant à repérer sa cible autant qu'à réduire la distance en restant à couvert... Mais lorsqu'il atteint une longue clairière, le Sylvain doit choisir s'il s'arrête ou s'aventure à découvert et, manifestement décidé à continuer vers l'ouest ou les arbres sont plus dense [et lui permettrons de réduire l'avantage fournit par la portée de l'arbalète], il s'élance soudain au pas de course : il n'a pas fait 10 pas qu'un carreau le cueille en pleine cuisse. Il riposte pourtant, mais manque encore et, étalé dans les hautes herbes, à flèches, il a le réflexe de ne plus bouger et d'attendre que la Kerdane soit obligée de s'approcher : lorsqu'une silhouette blonde apparaît, il se redresse sur un bras pour lancer sa hache mais un dernier carreau lui perce le crâne avant qu'il ait pu finir son geste.<br />
<br />
Accroupie à la lisière des bois, Diane écoute la nuit en reprenant son souffle : s'il lui semble entendre un lointain piétinement de sabots dans la forêt, une chouette ulule à l'ouest quand elle reconnaît le timbre de Trevan approchant par l'est et appelant à mi-voix "Mademoiselle ? Mademoiselle ?". Elle fouille rapidement le corps de Rumbold, récupère le projectile qui saillit de sa jambe et, en plus d'un curieux appeau, d'une solide dague, de quelques pièces de cuivre et d'un lacet d'étrangleur, elle découvre un curieux tatouage sur son sternum, une sorte de loup très mince sur fond d'étoile et de forêt. Soufflant tout bas dans l'instrument, elle émet une sorte de ululement et comprends que d'autres Sylvains appelaient leurs compagnons. <br />
<br />
Quand le jeune chevalier la rejoint enfin, troublé de constater qu'elle vient d'abattre 4 hommes dont leur chef (et qu'il a encore manquer l'action), elle n'a guère le temps de lui expliquer la situation en détail mais, avec l'aide de Gavin qui finissait de fouiller les corps, parvient à le convaincre qu'elle est "la gentille" de l'affaire. Et qu'ils sont tous en danger : il faut fuir, tout de suite, sans repasser par le camp. ''"Mais je ne peux tout de même pas abandonner mon destrier, proteste le "chevalier errant" ! _Et puis j'ai trouvé la clé du fourgon autour du cou de Craie, fait remarquer Gavin : ça vaudrait le coût de jeter un œil..."'' (On pourra pas dire que j'ai pas essayé.) <br />
Diane hésite un instant, car la tentation est forte, mais se ravise et, tirant doucement le chevalier confus par le bras, elle l'entraîne avec son écuyer vers le fleuve, contourne le camp par la rive, trouve le gué malgré la nuit et, alors qu'un fort tumulte et une cavalcade semble agiter le bivouac derrière eux, ils disparaissent dans la nuit et les flots grondant...<br />
<br />
Ils marchent depuis plus d'une heure, que le chevalier a passé à se plaindre de la perte de son cheval, du poids de son pavois et de ses pieds douloureux, lorsque Diane et Gavin réalisent que des cavaliers sont à leurs trousses : quittant le chemin pour tailler à travers bois, le trio sème temporairement ses poursuivants dans l'épaisseur des taillis et tente de prendre un maximum d'avance avant l'aube (passant sans le savoir à peu de distance de l'endroit où, la nuit précédente, ses compagnons ont campé pour s'abriter de l'orage).<br />
<br />
<br />
<br />
== Dernier tronçon ==<br />
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<br />
<br />
=== Sabotage d'un chariot ===<br />
Durant la journée, Vighnu, Andréas sur le cheval, Herle de Lorune, Eldan, Oleytan, le Grêlé et la Poigne ont continué d'avancer à marche forcée sur la route forestière (segment 4 du trajet) détrempée tant par l'orage de la nuit que par les quelques ruisseaux qui s'écoulent vers le lac, grossis des eaux de pluie. Eldan, le plus leste de la bande, a rapidement pris de l'avance sur le reste du groupe en espérant rattraper la caravane assez tôt et trouver moyen de la ralentir jusqu'à ce que ses camarades le rejoignent. Et en effet, lorsque l'après-midi touche à sa fin et que le Moineau émerge de la forêt (début de zone 5), il découvre le troupeau de chevaux paissant tranquillement dans la grande prairie en bordure du Lac d'Acier, près des trois chariots arrêtés au bord du chemin entre lesquels les voyageurs ont allumé un petit feu pour sécher leur paletots. La moitié d'entre eux prennent d'ailleurs le soleil ou nettoie leur vêtements bourbeux sur la berge pendant que les autres cassent la graine et se reposent de la rude journée qu'ils viennent de passer à pousser les carrioles dans le chemin forestier tout à la fois étroit, sinueux, bourbeux, rocailleux et coupé par les crues miniatures (argl).<br />
<br />
Profitant des hautes herbes et de ce que seulement trois sentinelles semblent encore (vaguement) se préoccuper de monter la garde, le Moineau progresse par l'ouest, traverse la route sans être vu et se glisse subrepticement jusqu'au chariot de ferronnerie. Il entreprend alors d'arracher avec sa dague les clous qui maintiennent une des roues arrières sur l'essieu, mais il n'a pas tout à fait le temps de finir que l'arrivée de l'unique sentinelle à cheval, qui commence à réunir les chevaux égayés e vue du départ, l'oblige à se dissimuler sous la carriole. Son mouvement d'ailleurs trop vif et trop peu discret fait se cabrer l'un des chevaux, la sentinelle descend de selle pour voir ce qui se passe alors qu'une autre est descendue du chariot de draps (étrangement le seul où un garde soit resté en faction) : Eldan, bientôt coincé, ne s'échappe qu'en profitant d'un instant d'inattention né du chef de convoi qui bat le rappel de ses compagnons, juste le temps pour lui de retraverser la route et de s'éloigner en rampant dans les hautes herbes. Néanmoins, la roue d'un des chariots ne tient plus que par un clou et l'éclaireur a reconnu l'homme qui gardait le chariot "de draps" : c'est Darjodrahl, le garde du corps/assassin hornois de Jornil Cuivré en personne, et sa seule présence indique qu'ils ont vu juste...<br />
<br />
[Là, vous comprendrez que j'ai un problème spatio-temporel massif : Diane/Orlanth a toujours environs 24h de retard sur les autres joueurs, qui eux sont à moins de 24h de l'objectif réel, et d'ailleurs la caravane va arriver à l'Auberge du Pont. Si je laisse tourner la chronologie normalement, Diane ne rattrapera ses compagnons que bien plus tard, probablement après que l'action soit terminée : c'est vraiment con. Alors comme pour une fois j'ai mes 4 joueurs-combattants ensemble (ça n'a a été le cas que deux séances sur sept), je fais une entorse à mes principes pour mon Orlanth préféré, Diane passe donc à travers une faille temporelle et rejoint ses camarades, qui pour la plupart n'y ont vue que du feu.]<br />
<br />
=== Regroupement et combat (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Trevan, Gavin, Diane) ===<br />
<br />
À la lisière des bois, le reste de la troupe s'est arrêté pour faire une halte après 10h de marche forcée qui lui ont "presque" permis de rattraper le convoi, lorsque Oleytan à l'arrière-garde annonce trois piétons mal en point qui clopinent vers eux : c'est Diane la Kerdane et deux inconnus, dont un sérieusement blessé. Le trio de fuyard a en effet été rejoint par quelques cavaliers-chacals dans la journée et, lorsqu'un bref combat, Diane en a abattu un de plus, Trevan en a blessé un deuxième et le troisième a planté sa lance dans le flanc du pauvre Gavin avant d'être "héroïquement mis en déroute" par le chevalier errant (et donc il s'est barré, quoi). Rapidement mis au courant des mésaventures les uns des autres malgré l'insistance du chevalier qui veut savoir s'ils sont des "malandrins" (''"Ben heu... on est des bandits d'honneur qui volons aux riches pour donner aux pauvres et défendons les petites gens contre l'oppression._Vrai ? Quelle aventure ! Je suis bien content de vous avoir rencontrés et de pouvoir joindre mon épée à votre noble cause ! _C'est qui ce débile, exactement ?"'')<br />
, tous s'accordent à dire que les deux priorités du moment sont qu'ils ont 1) encore une petite heure de retard sur leur objectif et 2) seulement une courte avance sur les 6 ou 7 cavaliers qui poursuivaient encore Diane, Trevan et Gavin. ''"Ça tombe bien, ''fait remarquer Vighnu'' : on va avoir besoin de chevaux."''<br />
<br />
Une fois l'équipe déployée autour de l'appât constitué par Gavin (rapidement rafistolé par Andréas) et Trevan installés au bord de la route, le "combat" est aussi rapide qu'unilatéral : Diane snipe le premier cavalier, le second reçoit une flèche de Herle avant d'être démonté d'un grand coup d'épée par Trevan et si les 4 autres qui les suivaient freinent à bonne distance pour descendre de cheval, ils découvrent vite qu'ils sont encore à porter de tir quand l'arbalète fait une seconde victime et qu'un autre adversaire prend une flèche dans la hanche en descendant de cheval. Les deux derniers, d'abord décidés à profiter du couvert des sous-bois pour arriver au contact voient bientôt le chevalier, le Grêlé, Vighnu et la masse du Templier s'avancer vers eux, et se dispersent dans les taillis dans l'intention manifeste de se carapater. C'était sans compter sur l'inhumaine discrétion de la Poigne, qui éclate à la masse le crâne du malheureux qui avait presque réussi à surprendre l'assassin (longue journée + problèmes de cœur : petite forme, le fehnri) et lorsque ce dernier se met en quête de l'ultime ennemi rescapé, il le trouve affalé sur le ventre et ligoté par le layss d'Oleytan, d'ailleurs assis sur son dos. <br><br />
<br />
«_''Très bien mon gars ! Allez, on le ramène aux autres et... <br><br />
_''Non. <br><br />
_''Je te demande pardon ? <br><br />
_''Non, Vignupratesh : cet homme est mon prisonnier, et il porte un tatouage. Je ne laisserai pas tes cinglés de compagnons massacrer un vaincu. Je comptais le laisser repartir après que nous ayons pris du champ. <br><br />
_''Mais c'est une très mauvaise idée, mon ami : il va rejoindre ses compagnons... <br><br />
_''C'est son droit. <br><br />
_''...les alerter sur notre position. <br><br />
_''Bah je peux lui trancher un mollet, si tu veux : il devra repartir en boitant et ne rejoindra les siens que bien après que nous soyons partis. <br><br />
_''Hem... bon écoute, je vais voir où en sont les autres et je reviens vers toi, d'accord ? <br><br />
_''Chouette : tu peux me ramener à boire ?» <br><br />
<br />
Et leur seul autre prisonnier, blessé à la hanche, est une prise inattendue : Jorem Cuivré, soi-même. Terrifié et enfiévré par la douleur, le propre fils du patron-minier balance tout ce qu'il sait dès que Herle et Diane froncent les sourcils : oui, son père se doutait qu'il serait attaquer et a conçu la ruse des deux convois, oui il a embauché les Chacals à sa demande par l'intermédiaire d'un contact qui trafique du sel et d'autres marchandises "tombées du chariot" entre Darverane et Solerane, oui ils se doutaient bien que le Capitaine Durgaut était derrière tout ça mais son père ne pouvait pas se permettre de faire attendre Rhilder. <br><br />
<br />
«_''Mais pas du tout, mes fringants compagnons et moi-même sommes des bandits d'honneur qui volons aux riches pour... <br><br />
_''Non arrête, Trevan, t'es chiant : on bosse pour Durgaut, en fait. <br><br />
_''Quoi ? Palsambleu mais alors vous m'avez roué ! Quelle aventure ! <br><br />
_''Mais vosu êtes cons, pourquoi vous balancez un truc pareil devant le prisonnier ?! <br><br />
_''Parce qu'il va pas repartir de toutes façons..." explique Vighnu avant de lui trancher la gorge [Réaction Cynisme 5 : ouch !].<br />
Et abandonnant ses compagnons avec le chevalier errant qui fait un scandale, il entraîne Diane vers l'endroit où il a laissé Lerkoren Oleytan en lui expliquant la situation : <br><br />
_''Mais quel chieur ! 'Sont tous comme ça vos venteux ? <br><br />
_''C'est pas la question : je compte sur toi pour abattre le prisonnier après qu'on l'ait "libéré". <br><br />
_''Pas de problème mais faut pas que le môme me repère... <br><br />
_''Je t'aiderai.» <br><br />
<br />
Et, en effet, Vighnu fait assez de boucan en rejoignant son jeune ami pour que l'approche de la Kerdane passe inaperçue : une fois le prisonnier ahuri rendu à la liberté sans arme et avec un talon d'Achille tranché (''"Rhaaaaaaaaa ! _Pis traîne pas mon gars, parce qu'avant la nuit, y aura des loups..."''), Vighnu ramène Oleytan vers leurs compagnons en l'entretenant de ses soucis sentimentaux, que le jeune Elloran ne comprend que trop bien. Cette émouvante confession les empêche d'entendre le claquement d'une arbalète qui vient de mettre fin à une très brève fuite, après quoi Diane rejoint les autres pour récupérer les carreaux qui, ayant atteint des parties molles, peuvent encore être extraits à la dague (faut dire qu'elle n'en a plus que 7, avec tout ça). <br><br />
Le temps de répartir les désormais 9 cavaliers, dont un blessé, sur les 7 chevaux disponibles (_''Quelle malchance : aucun d'entre eux ne montait mon cher destrier ! _Couillon, moraliste et obsédé par son canasson : il est pas venteux votre chevalier, des fois ?"'') et la troupe repart au galop à la poursuite du convoi.<br />
<br />
Eldan, rapidement récupéré et pris en croupe, explique qu'il a pu confirmer que le butin était dans le chariot de draps et saboter la carriole de ferronnerie, mais que la caravane a repris sa marche et qu'elle a encore repris près d'une heure d'avance. Trottant de leur mieux sur leurs chevaux déjà éreintés, les mercenaires fourbus voient s'amenuiser leurs options en même temps que le soleil couchant : s'ils peuvent encore rattraper leur objectif avant l'Auberge fortifiée (d'autant que la roue déclouée peut céder n'importe quand), il leur faudrait encore prendre le temps de se déguiser en Kormes, abandonner pour cela leur matériel le plus avantageux, attaquer en plaine, couper la fuite à quiconque sauterait sur un des 50 chevaux pour donner l'alerte, défaire une quinzaine de "gardes" (dont au moins 4 professionnels dignes de ce nom et Darjodrahl) à seulement 8 combattants, rafler le butin et dégager à travers champs avant que des renforts n'ait pu intervenir depuis le fortin : <br><br />
<br />
«_''C'est pas la peine de se casser le cul à galoper, fait remarquer Vighnu : on est tous trop crevés pour se battre efficacement. Il faut trouver autre chose... par exemple s'introduire à l'Auberge du Pont cette nuit, avant que la caravane ne reparte pour Darverane avec trois ou quatre fois plus de monde. <br><br />
_''C'est ça, on va trimballer 200kg de coffres blindés par-dessus les remparts et tout le monde trouvera ça normal. <br><br />
_''J'ai peut-être une idée, propose Eldan : je sais que le chariot de ferronnerie est destiné à Celanire, alors si on pouvait remplacer discrètement le contenu des coffres par des fers à cheval et d'autres objets en fonte pour planquer le butin sous les chaudrons, on aurait plus qu'à attaquer demain matin un p'tit chariot presque sans escorte allant justement dans la bonne direction. <br><br />
_''Mmmmh... et tu ferais ça comment ? <br><br />
_''Ben on j'pourrais entrer à l'auberge avec Gavin en innocent blessé et l'honorable médecin-érudit Andréas, on repère les lieux et le butin, pis on aide Vighnu, Oleytan et tous ceux qui savent grimper et se faire discrets à passer la muraille, pis on s'introduit là où sont gardés les chariots, on se débrouille pour changer le butin de carriole sans faire trop de bruit, les grimpeurs repartent pis, le lendemain, ni vu ni connu, on braque le transport de chaudrons sur la route de Celanire. <br><br />
_''Mais dis donc, tu sais que si on laisse quelques gars à l'extérieur pour éviter que les gars du deuxième convoi nous tombent dessus à l'improviste ou viennent raconter des âneries à la garnison locale, ça pourrait presque marcher, ton affaire ? <br><br />
_''Très bien, jeune homme : je suis ravi de constater qu'on ne t'a pas emmené pour rien...»'' conclue le Défroqué. <br><br />
<br />
<br />
<br />
== A l'[[Auberge du Pont]] ==<br />
<br />
[[Fichier:Auberge du Pont.jpg|600px|thumb||L'auberge du pont]]<br />
=== Première nuit ===<br />
<br />
Pendant que le reste du groupe se dissimulait avec les chevaux dans un bois, Eldan le Moineau, Gavin l'Écuyer blessé et Andréas, sous l'identité d'un érudit de Brasure, ont précédé la caravane à l'Auberge du Pont pour observer son arrivée et ses mesures de sécurité. Ils y ont découvert que la herse qui barre le fameux pont était baissée suite à des attaques répétées des Kormes sur la route vers Darverane (qu'on leur avait annoncée "rouverte") : les voyageurs et marchandise s'accumulant alors dans l'auberge envahie de tentes, de chariots et de bien plus de résidents qu'elle n'en peut héberger ou même nourrir, et les prix y grimpaient de manière délirante.<br />
<br />
Une fois les hommes de Jornil Cuivré arrivés et le chariot "de draps" (dissimulant les coffres que visent nos vaillants mercenaires) bouclé pour la nuit dans une grange gardée, Eldan observa les lieux pour chercher le meilleur point d'entrée (la garde mercenaire habituelle est doublée d'un contingent de l'armée régulière qui semble obéir à Darjodrahl, le lieutenant hornois du Cuivré), il manqua d'être lynché en accusant publiquement une jeune tire-laine plus charismatique que lui, Andréas fit le tour de l'auberge sur-bondée et récupéra la bourse volée au Moineau, puis Gavin sortit brièvement pour prévenir ses (autres) camarades de la situation avant que les portes ne soient fermées pour la nuit et tous trois se retrouvèrent au spectacle donné par les saltimbanques dans la cour...<br />
<br />
Les autres mercenaires ont d'ailleurs passé un début de soirée tendu, la journée les ayant laissés sur les nerfs. Tout particulièrement Vighnu chez qui les affres sentimentaux s'ajoutaient à la tension et à la fatigue de cette mission [il trimbale toujours ses deux points de "Trauma" (rebaptisés "Marques" depuis la dernière réécriture du système) dus à ses problèmes avec Islinna) et pète donc les plombs beaucoup plus souvent que d'habitude. C'est d'ailleurs d'autant plus intéressant que, sa principale Réaction étant le Cynisme, le fait même qu'il soit fâché avec sa douce parce qu'il est un assassin cynique l'incite à se comporter en assassin cynique. Comme dit souvent mon collègue "Cancrela", «Ça devrait s'appeler "nÉvrotic"...».] Le fehnri était en fait tellement stressé que lorsque Gavin est venu leur annoncé que le chariot était sous clé et qu'Eldan s'était fait gravement repéré en perdant sa bourse et en déclenchant un esclandre, Vighnu a sorti sa dague pour la lui coller sous la gorge en gueulant "Mais vous êtes complètement cons nomdedju, on peut rien vous confier !". Immédiatement, il a senti l'acier froid de l'épée que Trevan de Rigorne lui posait sur la nuque, Herle de Lorune a dégainé son [[Objets Emishen#Armes|nerhil]] pour piquer la pointe sous le diaphragme du chevalier errant, Diane a braqué son arbalète chargée sur l'oreille du précédent et le Grêlé, passant sa lance entre le fehnri et l'écuyer, a finalement demandé de son habituel ton sarcastique si la mission intéressait encore quelqu'un ou s'ils allaient tous s'entretuer à 300m du butin juste parce qu'ils ne savaient pas tenir leur nerfs. L'assassin a donc rengainer son katara et tout le monde a lentement rangé ses armes en échangeant des regards méfiants : folle ambiance...<br />
<br />
Pendant qu'Eldan "sympathise" avec des compatriotes Anguedais ("du Duché d'[[Anguedale]]"), des bergers occupant la tente la plus proche de la porte de la remise (la verte, sur le plan), Gavin tâche d'en déloger la barre qui la ferme de l'intérieur à l'aide d'un cure-pied (une espèce de crochet pour nettoyer les sabots des chevaux) et n'arrive qu'à la déloger en partie ("J'finira 'pu tard !").<br />
<br />
[Tentative rigolote : Gavin, qu'Orlanth incarne désormais pour éviter de ne jouer que son Arbalétrière confinée à l'extérieur, possède une Ressource "Paquetage" qui n'est définie que comme son aptitude à sortir tout et n'importe quoi du fatras accumulé dans son baluchon à force de chapardages, pour peu qu'il réussisse un jet sous le domaine "Voyage" et avec tous les talents appropriés. Le jet est plus ou moins difficile en fonction de ce qu'il espère tirer de son sac à malice, et il peut y miser d'autant plus d'Énergie que l'objet désiré correspond à ses talents...]<br />
<br />
Après avoir profité de l'enthousiasme du public devant la performance des baladins pour remplir en partie son focus, sa bourse elle aussi bien garnie a permis à Andréas d'accéder à la partie de dés qu'organise pour ses amis fortunés un certain Dorian «le Magnifique», marchand reman particulièrement entreprenant puisque, grâce au courtage, au tripot installé dans une des rares chambres privatives et à la prostitution de son époustouflante maîtresse fehnri, [[Sohashna]], il est probablement la seule personne à tirer quelque profit de son séjour à l'Auberge du Pont. C'est surtout, pour nos mercenaires, le seul autre type assez influent sur place pour avoir obtenu que sa propre roulotte soit elle aussi gardée sous clé dans la fameuse grange... Après quelques coups de dés qui lui ont fait gagner un peu de menue monnaie, Andréas se retire du jeu et de la conversation entre puissants négociants pour lancer le sort qu'il a préparé pour glisser dans l'esprit de Dorian et de sa courtisane une certaine idée fixe : "le commerce ne vaut rien ici, la route ne rouvrira pas, autant retourner à Solerane."<br />
<br />
Frôlant le malaise tant il a investi d'énergie dans sa "Chimère", le chroniqueur s'excuse et prend congé, entendant en partant les deux amants discuter de leur départ à l'aube. Comme Gavin et Eldan (mais du côté de l'étable), il s'installe alors pour dormir quelques heures dans la cour, afin de rester aux premières loges en cas de besoin. En attendant la diversion prévue par ses camarades à l'extérieur, il s'endort malgré les protestations fréquentent des campeurs qui râlent chaque fois que quelqu'un les réveille en faisant du bruit dans la cour, rajoutant un peu de merdier à chaque fois...<br />
<br />
=== Extrait des "Chroniques des Marches du Nord" d'Andréas Odran ===<br />
: ''Après avoir réalisé que nous nous étions fait bernés comme des bleus et que le chariot que nous pourchassions n'était qu'un leurre, nous avons quasiment rattrapé le faux chariot de draps. Le plan mis au point par Eldan et Vighnu était d'opérer une substitution entre le coffre que nous recherchons et des ferronneries d'un autre chariot lors de l'arrêt du convoi à l'Auberge du Pont. ''<br />
<br />
: ''J'ai été affecté au groupe d'éclaireurs, en compagnie du brave Eldan et de Gavin, le soi-disant écuyer du soi-disant chevalier errant. Pas mécontent de laisser derrière moi le poète-répurgateur et ses tendances homicides qui me feraient presque regretter feu [[Conrad de Mélanque]], nous avons doublé au large le convoi pour découvrir une auberge absolument bondée, un vaste campement de tentes débordant de ses murs. Moutons et poulets courraient en liberté là au milieu, dans un bazar que d'aucuns auraient trouvé joyeux. Ce n'était pas mieux à l'intérieur, et il me fallu jouer des coudes pour y entrer, tandis qu'Eldan essayait d'interroger des gardes à l'extérieur - comptant sur la camaraderie militaire. Il a rapidement découvert que la route de Darverane n'a jamais réouvert : les quelques marchands qui ont essayé de l'emprunter sont revenus la queue basse et soulagés de leurs biens, et le contingent de gardes de l'auberge s'est vu renforcé. La conversation a ensuite tourné court, pour autant que j'aie bien compris les explications embrouillées d'Eldan : il semblerait que la réputation de la camaraderie militaire soit en fait largement usurpée... ''<br />
<br />
: ''Pendant ce temps, Gavin et moi-même nous frayâmes tant bien que mal un chemin dans la salle de l'auberge bondée, où tout un tas d'individus tentaient d'accéder à un comptoir où l'on servait de la nourriture. Très franchement, les moutons de la cour me parurent plus dignes que cette pitoyable assemblée d'humains se battant pour leur pâtée. Enfin... J'espérais trouver plus de calme à l'étage, il n'en fut rien : l'étage était intégralement couvert de lits et de paillaissades, et la seule zone privative était réservée par un riche marchand et gardée par un mercenaire. J'ai bien tenté d'expliquer à l'un des commis de l'auberge que je ne souhaitais pas partager mes nuits avec une bande de garçons de ferme illettrés, mais celui-ci a pris la mouche (je suppose que c'est un ancien garçon de ferme toujours illettré). Ce serait donc compliqué pour moi d'obtenir un coin tranquille où préparer mes petites diversions...''<br />
<br />
: ''Pendant ce temps, à l'extérieur Eldan assistait à l'arrivée du guerrier hornois escortant la caravane des marchands de draps. Usant d'un subtil mélange de force brute, de regard mauvais et de cette indicible autorité que procure le fait d'être une machine à tuer, le Hornois a rapidement imposé son autorité auprès des gardes, fait entrer le chariot contenant le coffre dans une remise fermée (dont il a conservé la clé), et réquisitionné une chambre et des repas pour ses employeurs. Le reste du convoi, lui, s'installait hors des murs de l'auberge. Et notamment le chariot de ferronneries avec lequel nous comptions faire l'échange. Voilà qui compliquait sérieusement notre affaire. Eldan a aussi appris que la remise en question était occupée par un autre chargement appartenant à un riche et important marchand : des verreries, apparemment. Et ce riche marchand n'était autre que celui qui occupait la grande chambre à l'étage de l'auberge, où parait-il il organise des parties de dés pour tuer le temps en attendant la réouverture de la route. Il aurait déjà plumé certains de ces collègues...''<br />
<br />
: ''Je retrouvai Eldan dans un coin pas trop encombré de l'auberge et nous avons commencé à discuter de nos options. C'est alors qu'Eldan a été bousculé par une jeune fille qui lui subtilisa la bourse confiée par Durgaut. Il l'a arrêtée, mais elle avait déjà passé l'objet du délit à un complice que j'ai pu repérer et suivre. Je l'ai retrouvé dans les latrines où il contemplait le fruit de son forfait. Bien qu'il fut armé d'un méchant coutelas et ait l'air plus costaud que moi, j'ai serré le manche de ma dague en prenant mon air le plus menaçant et je l'ai sommé de me rendre l'argent. De façon incroyable, j'ai dû avoir l'air suffisamment méchant pour qu'il me rende la bourse sans combattre [jet d'Intimidation +1pH !]. Pendant l'intervalle, ce brave Eldan avait accusé publiquement de vol la jeune fille. Celle-ci se lança alors dans un numéro théâtral de fragilité féminine qui aurait bien fait rigoler Diane, et quelques courageux sont intervenus - espérant probablement passer pour des chevaliers blancs et ainsi trousser la donzelle d'ici la nuit. Eldan, pas si brave que cela au final, s'est copieusement fait casser la gueule et je l'ai retrouvé tout ensanglanté dans la cour. Ce fut pour moi l'occasion de m'essayer aux arts dentaires pour réparer la mâchoire du garçon. Je crois que je m'en suis bien tiré, et après tout cette dent cassée lui donne un air aventurier qui devrait plaire à ces dames.''<br />
<br />
: ''C'est alors qu'est advenu l'évènement le plus sidérant de cette soirée : Gavin, le paysan-écuyer, a été pris d'un soudain accès d'initiative et s'est esquivé pour faire un rapport au reste du groupe ! Alors ça ! Que croyait-il le bougre, que nous allions rester sans prévenir nos compagnons ? Je n'en reviens pas, quelle outrecuidance ! Moi qui pensait que les capacités intellectuelles de ce garçon ne dépassaient pas celles de la limace ou du templier, le voilà qui nous donne des leçons d'opérations clandestines. Il va falloir que nous nous reprenions, Eldan et moi. ''<br />
<br />
: ''Au final, nous sommes parvenus au plan suivant : nous restons sur la substitution, et celle-ci s'effectuera directement au sein de la remise, entre le coffre que nous recherchons et le chargement de verreries. De mon côté, je vais essayer d'aller rencontrer le marchant de verreries, probablement au cours d'une partie de dés. Charge à moi de faire usage de toute ma persuasion pour le convaincre de partir le plus rapidement possible vendre sa cargaison à Solerane, où nous l'attendrons sur la route...''<br />
<br />
Notre chroniqueur omet sciemment de préciser que sa fin de soirée fut consacrée à assister au spectacle offert par quelques baladins, dont la jeune fille et l'acrobate ayant subtilisé la bourse d'Eldan, un jeune joueur de vielle à roue et le conteur qui les dirige, un [[Estrani]] nommé Horacio. <br><br />
Le but d'Andréas était moins de se détendre que de profiter des spectateurs assemblés pour effectuer le rituel de "La Sentinelle au Bal" par lequel il peut tirer de l'Essence magique de l'émotion partagée d'une foule, et ainsi recharger son focus récemment acquis.<br />
<br />
<br />
=== L'éclaireur à abattre (Diane, Vighnu, Le Grêlé, Trevan, Herle, La Poigne, Oleytan) ===<br />
Grimés en Kormes après un court débat quant à Diane (''"Les femmes Kormes combattent généralement seins nus mais peinturlurées jusqu'à la taille. _Essaye-voir et tu vas pas retrouver tes doigts. Moi j'aurais des fourrures. _Bon, bon..."''), le chevalier errant Trevan de Rigorne et Herle de Lorune surveillent la route depuis les bois à l'ouest du fortin pendant que l'arbalétrière rampe dans les hautes herbes près de la berge sud, se glissant entre les cavaliers qui surveillent la cinquantaine de chevaux qui n'ont pas pu trouvé asile à l'auberge. Lorsqu'elle en effraie quelques-uns en déclenchant un début de panique dans le troupeau, que les cavaliers doivent alors empêcher de piétiner les tentes plantées à l'extérieur, la plupart des gardes aux créneaux du fortin se tournent vers le sud. C'est le moment qu'attendaient Vighnu, Oleytan, La Poigne et le Grêlé pour s'élancer depuis la lisière des bois au nord-ouest : le fehnri est le premier à franchir le rempart dans l'ombre de la tour ouest, profitant de l'angle mort repéré par Eldan. Le jeune Elloran le rejoint avec aisance et redescend dans la cour sans être vu, pendant que Vighnu place le grappin et la corde qu'ils trimballent depuis Tal Endhil pour faciliter l'escalade des suivants, puis rejoint son camarade au sol et tout deux se cachent un instant sous l'arcade de la chapelle ("Ch") pour observer l'endroit : Andréas dort à poings fermés à quelques pas d'eux, un garde est toujours en faction devant le portail de la grange et, en plus de ceux qui surveillent l'extérieur depuis les deux tours, un autre patrouille la cour. Mais le vrai danger semble venir d'une lucarne à l'étage de l'étable, où se trouve les chambres "de luxe" : derrière un volet, un rai de lumière trahit la présence d'un homme de Darjodrahl surveillant la cour.<br />
<br />
Derrière eux, La Poigne peine à glisser sa panse entre les créneaux, manque d'être repéré mais s'encoigne dans l'angle de la tour ouest avant d'être rejoint par le grêlé... lorsqu'une cavalcade isolée sonne sur la route au dehors et que la sentinelle au-dessus d'eux crie soudain "Qui va là !?".<br />
<br />
En rejoignant Trevan et Herle, Diane avait elle-même repéré le cavalier, reconnu un des hommes de Jornil qui accompagnait le soi-disant "convoi de métal" et tenté de l'abattre à l'arbalète avant qu'il ne puisse s'annoncer à l'Auberge bouclée pour la nuit. Mais son unique tir manqué de tout le scénario s'est perdu loin de la cible sans même être remarqué et, freinant au pied de la tour ouest, le cavalier n'est finalement à portée d'arc que lorsque le garde l'a déjà remarqué : sans savoir où en sont leur camarades ni s'il peut les mettre en danger, le trio hésite à abattre l'arrivant juste le temps qu'un autre membre de la caravane, qui montait la garde à l'extérieur près des tentes des marchands de chevaux, ne le reconnaisse et viennent à sa rencontre... ''"Ouvrez les portes !"'' crie la sentinelle à l'intention de ses collègues.<br />
<br />
Du rempart, le Grêlé indique par signe à Vighnu qu'ils ont un sérieux problème : le reste du commando comprends qu'il leur faut d'urgence neutraliser ce messager nocturne qui pourrait compromettre toute leur opération. Heureusement, près du portail que deux autres gardes s'apprêtent à ouvrir, Gavin qui ne dormait que d'un œil commence à râler : ''"On veut dormir ! N'ouvrez pas la porte ! Si ça se trouve, c'est des Kormes !"''. Les protestations sont bientôt reprises par ses voisins, et Gavin envenime la situation pour gagner du temps, poussant un des nouveaux copains anguedais d'Eldan à aller se plaindre aux deux soldats qui déverrouillent la porte en arguant qu'ils ont payé pour la protection de l'auberge et que le couvre-feu vaut pour tout le monde. Le ton monte bientôt à travers toute la cour lorsque Andréas se joint aux réfugiés mécontents et en convainc une poignée d'aller gueuler auprès des hommes en faction au pied de la grande tour. <br />
<br />
Profitant du merdier, le Grêlé et La Poigne se sont introduits dans la tour ouest, ce dernier a tué la sentinelle et l'autre ouvre maintenant la porte du rez-de-chaussée à Vighnu et Oleytan : pendant que le Grêlé enfile la livrée du soldat pour le remplacer à son poste, les trois autres montent au rempart sud et le longent jusqu'à la petite porte de bois qui donne sur le grenier de la grange. Dégainant sa dague, il travaille alors à en faire sauter la barre...<br />
<br />
Sentant la situation dégénérer à l'intérieur du fortin où des archers sont apparus en haut de la grande tour- et parce que les caravaniers installés à l'extérieur commencent à vouloir se joindre aux deux hommes qui cognent au portail, Diane, Herle et Trevan (toujours déguisés en Kormes et surveillant les événements depuis la lisière des bois) décident de passer à l'action : le plus proche gardien de chevaux est abattu d'un carreau d'arbalète dans la poitrine, deux flèches descendent simultanément un caravanier armé et une sentinelle mal avisée et le trio se rapprochent à couvert des chariots et des tentent qui bordent le chemin vers le pont, bien décidé à réduire le messager au silence avant qu'il n'ait pu parler aux gardes ou à Darjodrahl le Hornois...<br />
<br />
=== Émeute et mort de Darjodrahl (Vighnu, Oleytan, Andreas, Eldan, Gavin, La Poigne) ===<br />
Dans la cour, Andréas voit arriver un garde de plus et l'engueulade devant le portail toujours fermé (et à l'extérieur duquel deux types gueulent ''"Ouvrez ! C'est important ! Un messager de Solerane !"'') tourne bientôt à l'empoignade : un des soldats pointe sa lance sur Gavin, Eldan se tient prêt à agir, l'autre soldat repousse brutalement le berger... et le chroniqueur lance discrètement un sort pour attiser la colère de la foule. Immédiatement, les protestations tournent à l'émeute et plusieurs résidents se jettent sur les soldats sortant de la Grande Tour. Gavin saisit la lance qu'on pointait sur lui et tente de désarmer le garde, écopant d'une méchante estafilade à l'épaule et les deux hommes luttent pour l'arme lorsque Eldan surgit et décapite le soldat par derrière, éclaboussant de sang le pauvre écuyer qui en reste un instant interdit.<br />
<br />
Le second soldat qui s'était précipité pour ouvrir le portail se retourne et n'a que le temps de dégainer son arme avant que le Moineau ne se rue sur lui en brandissant sa lame ensanglantée : le garde esquive une première fois, recule pour éviter un coup de lance de Gavin et le Moineau (très en forme) l'empale contre le portail. Derrière eux, sans armes ni grand talent pour la bagarre, les émeutiers amateurs se font rapidement tailler en pièce par les soldats et mercenaires de plus en plus nombreux à sortir du donjon...<br />
<br />
À peine Vighnu et La Poigne ont-ils fait un pas dans le grenier enfin ouvert que Lerkoren Oleytan arrête le fehnri d'un geste : il lui semble distinguer une silhouette dans le grenier obscur. Repéré, le Hornois jaillit et -avant que quiconque n'ait pu réagir- son épée à deux mains ouvre un profond sillon dans le thorax de La Poigne. Le colosse vaincu n'a pas encore touché le sol que Vighnu a déjà lancé une dague empoisonnée qui croise l'épée s'abattant sur lui : sa parade précipitée au katara aurait été insuffisante si Oleytan n'y avait pas joint son précieux arc à double-courbure, la lame hornoise déviant en tranchant dans le bois. Le fehnri pare une nouvelle attaque avec l'aide de l'Elloran, utilisant la corde de son arc pour lier un des bras de Darjodrahl, et se fend pour planter son katara dans la poitrine du Hornois pendant que, à peine relevé, La Poigne lui abat en chancelant sa masse d'arme sur l'occiput : à la fois empoisonné, poignardé et assommé, l'ennemi s'effondre sans un cri sur le plancher disjoint.<br />
<br />
Dehors, quatre "émeutiers" ayant été tué en un instant, Andréas reflue vers le fond de la cour avec les autres réfugiés vers le maintenant horrifiés de la tournure de leurs protestations. Entre les archers qui pointent maintenant leur flèches vers la cour et les soldats qui ont envahi la cour, Gavin comprend également que leur petite émeute a fait son temps et lâche la lance pour se réfugier dans une tente comme n'importe quel innocent apeuré par les événements. <br />
Eldan n'a pas la même présence d'esprit et, lorsque trois hommes d'armes avancent vers lui, l'adrénaline qui bat dans ses veines le pousse à tenter de leur tenir tête. Deux blessures plus tard, acculé contre la porte de la remise, il ne peut que faire mine de se rendre en posant piteusement le glaive hérité de son père pour se donner le temps de décrocher derrière lui la barre de la porte, déjà à moitié dégagée par Gavin quelques heures plus tôt. Lorsque les gardes avancent pour l'arrêter, Eldan bondit par la porte soudain libérée, claque le battant au nez des soldats et replace la barre avant qu'ils n'aient pu l'en empêcher.<br />
<br />
Lorsqu'un carreau d'arbalète cloue soudain le crâne du messager contre le portail de l'auberge, son compagnon s'arrête net de cogner pour qu'on lui ouvre mais n'a que le temps de pousser un cri avant qu'une flèche de Herle le réduise au silence. Désormais repéré mais toujours déguisé, le Défroqué décide d'exploiter au mieux la situation et s'avance à découvert en hurlant l'un des rares mots de lange des Vents qu'il maîtrise à l'attention des défenseurs : "KOOOORME !" scande-t-il en défiant les hommes aux créneaux, qui lui répondent à coups de flèches.<br />
<br />
=== La Grange (Vignu, Andreas, Le Grêlé, La Poigne, Eldan, Oleytan) ===<br />
S'étant fait ouvrir la porte de la tour ouest par Le Grêlé, Andréas le suit par les remparts jusqu'au grenier où Vighnu tente maladroitement de panser les blessures de La Poigne. Andréas n'obtient guère de meilleurs résultats pendant que ses compagnons descendent dans la grange où Eldan arrivent bientôt par la remise. ''"Les gardes sont à mes trousses"'' explique-t-il bien inutilement puisqu'on les entend marteler la porte barrée. D'autres coups et des voix retentissent bientôt au portail verrouillé de la grange : ''"Darjodrahl ? Un type vient de rentrer par la remise, est-ce que tout va bien ?!"''.<br />
<br />
Nos voleurs échangent des regards atterrés, Le Grêlé colle une taloche à Eldan pour sa peine et le corps sanglant du Hornois continue de goutter un sang poisseux à travers le plancher du grenier pendant que les gardes s'énervent à l'extérieur quand, finalement, Vighnu tente d'imiter le phrasé rogue et guttural de son ami Barbaras :'' "Ouais ! J'l'ai vu mais il s'est tiré ! Tout va bien !" ''répond-il avec son meilleur accent Hornois. Quoiqu'un peu hésitant, le garde de faction finit par répondre ''"Faîtes attention quand-même, hein, on dirait bien que des Kormes sont à nos portes..."'' mais s'éloigne lorsqu'un grognement de hornois met fin à la conversation.<br />
Alors que tous soupirent de soulagement, Oleytan les avertit depuis le grenier d'où il surveillait les alentours par la porte du grenier, ouvrant directement sur la cour : <br><br />
<br />
«_''Pssst, y a des guerriers plein les remparts et c'est la panique dans tout le fortin. Qu'est-ce qu'on fait ? <br><br />
_''Et surtout, qu'est-ce qu'on va faire demain, quand il faudra ouvrir la grange pour laisser partir la roulotte de Dorian et qu'ils trouveront le corps de Darjodrahl ? <br><br />
_''Surtout qu'Eldan est maintenant complètement grillé, pis y a des gars qui risquent de finir par l'identifier... <br><br />
_''Et j'ai perdu le glaive de mon père." ajoute l'intéressé d'un ton chagrin.» <br><br />
<br />
Mais à l'extérieur, les appels redoublent et les soldats commencent à vérifier toutes les portes à la recherche de "l'espion des Kormes" qu'ils croient poursuivre...<br />
<br />
=== Feinte (Le Grêlé, Eldan) ===<br />
Dehors, Trevan a sauté sur un cheval qu'il cabre en brandissant sa lame juste au-delà de la portée des archers, pendant que Diane récupère ses carreaux, aussi précieux que compromettants, sur les corps qui lui sont accessibles. Un cri retentit alors sur le rempart sud : ''"Il est là ! L'espion Korme s'enfuit par l'ouest !"'' Après avoir ainsi ameuté tout le monde dans et hors les murs, Le Grêlé, toujours en livrée de la garde se précipite vers la tour ouest suivi par Eldan. Après s'être barricadé, ils rejoignent bientôt le sommet. ''"Il est là ! Attention ! Il va sauter !"'' hurle le Grêlé alors qu'une silhouette à peine noircie bascule par-dessus le rempart. Au pied de la tour, Herle a également sauté à cheval et puisque les trois "kormes" à l'extérieur ne semblent pas réagir à la ruse, le "garde" s'écrit encore : ''"Ses compagnons viennent le chercher ! Il va s'enfuir, vite !"'' Et de tirer quelques flèches aux buissons, pendant que Trevan et Diane ramassent le compromettant cadavre du garde étranglé plus tôt par La Poigne, et disparaissent au grand galop vers la forêt.<br />
<br />
Soldats et mercenaires envahissant les remparts, Le Grêlé et Eldan se retrouvent vite coincés de toutes part et, utilisant la corde et le grappin à leur disposition, ils descendent le long du rempart sud et disparaissent à leur tour dans les bois sans avoir été remarqués. "Bon, ça nous aura fait gagner un peu de temps, constate Vighnu depuis le grenier, mais on a encore du boulot…"<br />
<br />
=== Dans la grange (Gavin, Vignu, Andreas, La Poigne, Oleytan) ===<br />
Après avoir discrètement permis à Gavin de les rejoindre par la remise, nos cambrioleurs retranchés dans la grange découvrent bientôt sous les linges et couverture du "chariot de draps" quatre gros coffres ferrés, fermés par des cadenas et liés au fond du véhicule par de lourdes chaînes. ''"Bordel, comment est-ce qu'on va ouvrir ça ?"''<br />
Vighnu, peu habituer à la serrurerie malgré ses doigts de fée, casse le seul crochet sorti de la besace de Gavin, l'Écuyer essaye à son tour avec un long clou mais sans plus de succès et Le Grêlé lui-même y épuise ses maigres compétences. <br />
<br />
''"Nan mais c'est pas possible, y en a pas qui sache crocheter dans cette équipe de voleurs ?! _Ben y avait le Moineau... _Et merde !!!". '' <br><br />
Persuadés que la clé des coffres doit se trouver sur l'homme de confiance du cuivré, Vighnu, Andréas et Gavin fouillent et refouillent deux fois le corps du Hornois à sa recherche : rien. ''"Merde ! Merde ! Merde ! _Bon, allez, on reprend du début, c'est forcément là, quelque part et on s'y met tous..."'' Pendant que La Poigne se repose de ses blessures, les armes, l'armure, les bijoux, les vêtements, les bottes, la bourse, les poches et le cadavre de Darjodrahl sont ainsi inventoriés et retournés dans tous les sens par les voleurs au désespoir jusqu'à ce que, finalement, Gavin remarque que son gros médaillon cliquète curieusement quand on le secoue. Vighnu et lui s'acharnent sans résultat sur l'objet, jusqu'à ce que le chroniquer, habitué aux casses-tête, saisisse comment le pendentif peut être dévissé et révèle bientôt la clé tant espérée ! Et dans chacun des quatre coffres qu'on leur avait pourtant défendu d'ouvrir (mais Herle et Eldan ne sont justement plus là pour faire des remarques), nos héros trouvent des douzaines de lingots : argent, cuivre, étain, bronze... Il y a là toute la production que Solerane destine à la prévôté, mais aussi la part des mines d'argent qui revient à l'état-major : en tout, c'est près de 200 lingots et donc quelques 250 kilos de métaux qui s'offrent à leurs yeux ébahis. ''"Gavin, remet illico ce que tu viens de glisser dans ta besace : tout ça est maintenant la propriété de notre Capitaine. _Pfff…"''<br />
<br />
Andréas inspecte ensuite la roulotte de Dorian le Magnifique, occupée aux deux tiers par une épaisse couchette couvertes de coussins, des filets de marchandises pendant du toit et jusque entre les roues, des étagères couvrant tout le tiers arrière : <br><br />
<br />
«_''Ah ben il voyage dans le luxe, le fumier. <br><br />
_''Si j'avais une minette comme la sienne, moi aussi j'passerais les trajets à baiser, tu peux me croire ! <br><br />
_''Oh pis dis-donc : des fioles variées, des épices, de l'argenterie, de la verrerie, des bijoux, de la nacre, des miroirs : il vend que du luxe, le gars ! <br><br />
_''Crénom dîtes, c'que c'est beau ! <br><br />
_''Gavin, repose ça tout de suite : pas question que le Magnifique s'aperçoive qu'on a touché à sa roulotte.» <br />
Andréas jugeant que la caisse du véhicule est assez profonde pour qu'on y étale les lingots en un tapis bien lisse que les occupants de la couchette ne devraient pas trop remarquer, il n'y a plus qu'à attendre la diversion prévue pour commencer le transfert du chariot vers la roulotte…<br />
<br />
=== Diversion (Trevan, Herle, Eldan, Diane) ===<br />
Il ne reste plus qu'une ou deux heures avant l'aube lorsque Trevan, Herle, Eldan, désormais tous maquillés en Kormes, se répartissent autour du fortin et, à l'aide du mélange d'essences et d'huiles piochées au hasard dans la trousse alchimique de Vighnu (fallait pas la laisser à l'extérieur), enflamment des flèches qui produisent des couleurs plus qu'aléatoires avant de siffler au-dessus des bâtiments pour s'écraser sur les toits de chaume humides où tomber dans la cour, n'enflammant que quelques tentes vite éteintes. C'est néanmoins suffisant pour que Diane puisse se faufiler par le sud jusqu'au portail, et récupérer le dernier carreau d'arbalète y clouant encore la tête du messager. <br><br />
''"Les Kormes ! Les Kormes reviennent !"'' crie-t-on bientôt dans tout le fortin.<br />
<br />
Dès que Lerkoren Oleytan a annoncé qu'une drôle de flamme bleuâtre venait de s'écraser dans la cour (''"Rha les saligots !"''), Andréas et Vighnu ont commencé à installer les lingots sous le matelas de la roulotte, pendant que Gavin et La Poigne garnissaient les coffres de fers à cheval, de pierres, d'une enclume et tout ce qui pourrait y simuler le poids et le bruit du butin subtilisé. <br><br />
Et c'est peu avant l'aube, ses compagnons s'étant effondrés de fatigue depuis un moment, qu'Andréas fini seul d'arranger la roulotte pour camoufler avec le plus grand soin son chargement secret...<br />
<br />
== Récupération du trésor et autres péripéties ==<br />
[À partir de là, la fin du scénar à été jouée en "flashbacks" successifs jusqu'au combat final. J'utilisais Herle de Lorune, orphelin de joueur depuis plusieurs séances, pour poser des questions auxquelles les joueurs répondaient pour déclencher un flashback. Chacun avait le droit de d'initier deux scènes : l'une contant comment un de leurs camarades avait réussi un exploit et une autre collant à un autre PJ la responsabilité d'un échec, ce qui nous permettait de ne jouer que les scènes "intéressantes" et de faire un peu de montage alterné. <br />
<br />
Comme la scène "de débriefing" se jouait presque en aveugle, seul Loriel savait dès le départ que son perso, Vighnu Pratesh, avait survécu (mais bon, comme il avait accumulé 7pH, je me doutais qu'il ne mourrait pas dans cet Épisode) et les autres joueurs ignoraient si ce qu'il affirmait était vrai, ou simplement un mensonge pour conforter le templier blessé... Évidemment, chacun commençait son premier flashback avec toutes ses jauges à fond, mais devait ensuite gérer les pertes et les récupérations de scène en scène, et les joueurs ont souvent ajouté des détails pour régénérer de la Tension ou se passer la patate chaude. Ça a été un peu décousu, la règle "un exploit d'autrui et une bourde d'autrui par joueur" n'a pas complètement été respectée mais, globalement, ça a donné un final intéressant à cet Épisode qui commençait à traîner en longueur...] <br />
<br />
=== Réveil de Herle ===<br />
Il fait très froid aux abords du col et l'obscurité règne sous les sapins gelés. Vighnu, transi jusqu'aux os, scrute pourtant les alentours lorsque, quelques mètres en contrebas, Herle bascule du cheval où il l'avait attaché : au contact de la neige, il émerge pour la première fois du sommeil où l'avait plongé l'hémorragie et ses profondes blessures et tend la main vers le fehnri, qui s'empresse à son chevet. <br><br />
<br />
«_''E... Eldan... où est...le Moineau ? <br><br />
_''Il n'est pas loin, il est parti en éclaireur. <br><br />
_''Gnnh. Le butin ? <br><br />
_''Pas loin non plus, en arrière, sur les bêtes. <br><br />
_''On a... on a réussi ? <br><br />
_''Oui, on a réussi. <br><br />
_''Alors putain, d'où ils sortaient ces types ? <br><br />
_''C'est la faute à Eldan, il était en avant lors de l'embuscade, mais il a laissé passé les gars qui descendaient de l'autre convoi par le nord...» <br><br />
<br />
<br />
=== Témoignage d'Eldan ===<br />
Dans la forêt matinale, à une volée de flèche de la route vers Solerane, Eldan est en train de soulager sa vessie contre un arbre lorsqu'il aperçoit une silhouette évoluant à croupetons parmi les buissons. Il n'a que le temps de se jeter derrière un tronc qu'une flèche en racle l'écorce. Pendant que notre éclaireur se rajuste et encoche lui-même un trait dans son arc, l'ennemi tire une deuxième flèche et atteint le cheval du Moineau, qui s'enfuit dans la forêt. ''"Rha zuuuteuh !"''<br />
Eldan riposte, manque, se remet à couvert et commence à manœuvrer pour s'approcher de son adversaire lorsqu'il aperçoit un deuxième homme, s'approchant furtivement depuis la route une hache à la main. Le Moineau tire une nouvelle flèche à l'archer adverse, le blesse légèrement et jette un coup d’œil pour surveiller l'approche du second ennemi : comprenant qu'il est repéré, l'homme à la hache profite de ce que l'éclaireur a décoché pour charger en levant sa hache. Lâchant son arc, Eldan dégaine son fidèle glaive pour le recevoir...'' _Mais tu l'avais paumée, l'arme fétiche héritée de ton père ! Grâce à qui l'as-tu retrouvée ? _Grâce à Gavin, qui l'a ramassée pendant que les soldats tentaient d'enfoncer la porte de la remise après que je m'y sois enfermé !''<br />
<br />
=== Témoignage de Gavin ===<br />
Gavin est en train de cavaler à travers la cour de l'Auberge, l'épée d'Eldan sous le bras. Sur les remparts que l'aube éclaire à peine, c'est la panique et tout le monde hurle ''"Les Kormes ! Les Kormes reviennent ! Tous aux créneaux !"''. Le problème de Gavin, c'est qu'en se levant au matin dans la cour endormie, le beau glaive à la lame gravée (d'une femme nue : ''"Rho chouette !"'' fait Gavin) sous le bras parce qu'il ne voulait pas prendre le risque qu'on le lui vole, il a décidé de pisser derrière un pilier où, par malchance, dormait un garde (vous voyez comment les joueurs ont créé un fil rouge héroïque de scène en scène ? ''"J'étais en train de pisser quand..."''). Éclaboussé et immédiatement réveillé, le soldat a ouvert les yeux pour voir l'écuyer "armé" levé au-dessus de lui et s'est mis à crier ''"Aleeeerte !"''. Coup de bol, c'était vraiment l'alerte puisque c'est le moment qu'ont choisi des dizaines de Kormes pour s'avancer sur le pont...<br />
<br />
Gavin cavale de son mieux entre les dormeurs et les tente, sachant que la plupart des autres sont déjà partis, il cherche une cachette ou un moyen de s'enfuir du fortin, mais le portail est à peine refermé et, en plus du furieux trempé d'urine qui le poursuite avec sa hallebarde, les guerriers commencent à s'accumuler aux remparts. <br />
<br />
''"Heureusement, Herle est venu à la rescousse !"'' précise Orlanth, utilisant son "exploit d'un autre PJ" pour s'en sortir. Bon, là, comme techniquement Herle est un PNJ depuis déjà deux ou trois séances, c'est moi brièvement qui raconte.<br />
<br />
En effet, la porte pas encore barrée craque soudain sous l'impact d'un chariot utilisé comme bélier par trois "Kormes" plus ou moins chevelus : Diane, Trevan et Herle de Lorune sont venus évacuer leurs derniers camarades (et permettre aux vrais Kormes d'investir le fortin, histoire que les dégâts ainsi causés camouflent autant que possible l'intervention du commando). Sous la volée de flèches qui pleut alors autour d'eux, les trois peinturlurés décrochent à toute vitesse, plus ou moins suivi par Gavin qui part dans une direction légèrement différente avec l'air du pauvre hère pris dans la tourmente. Un coup d’œil alentour lui révèle d'ailleurs plusieurs dizaines de Kormes progressant par le pont vers la herse baissée en échangeant des traits avec les défenseurs de la grande tour, et de petits groupes épars traversant le fleuve accrochés à des radeaux : l'écuyer s'enfuit vers l'ouest sans demander son reste, et retrouve bientôt le reste du commando. ''"Hé mais c'est mon épée !"'' s'exclame Eldan en voyant arriver Gavin. ''"Celle-là ? Non, non, j'l'ai trouvé à l'Auberge..._Après que je l'ai lâché devant les gardes, ouais ! Rends-moi ça !_Rho mais-heu…"''<br />
<br />
=== Témoignage d'Eldan ===<br />
Retour dans la forêt : Eldan dégaine donc le précieux glaive hérité de son père puis sauvé par Gavin... et pare le premier coup de hache de son adversaire. Il reste au plus près de l'ennemi pour gêner le tireur qui se rapproche par le nord et, lorsque son opposant trébuche sur une racine [1pH pour éviter d'être gravement blessé par un coup de hache], Eldan le sèche pour le compte d'un grand coup du plat de la lame sur l'oreille, puis roule vivement dans les buissons pour éviter la flèche que l'archer lui décoche une fois son angle de tir dégagé. Bondissant d'arbre en couvert et de tronc en fourré, Eldan se rapproche de lui et, lorsqu'il n'est plus qu'à une 10aine de mètres, le dernier trait décoché à peine rebondit contre l'écorce d'un sapin, le Moineau fonce au contact : l'autre n'a que le temps de tirer sa dague que la lame gravée lui tranche l'épaule, éclatant le trapèze, l'omoplate et la clavicule dans une gerbe de sang. L’hémorragie finit de l'achever pendant que notre éclaireur souffle un peu, découvre le tatouage de la Confrérie du Chacal sur la poitrine de l'archer et lève enfin le nez vers la route quand il entend passer le tonnerre de chevaux aux galop : 6 ou 7 cavaliers foncent à bride abattue vers le sud, d'où monte déjà la clameur d'un combat, puisque l'embuscade y a commencé. ''"Meeeeerdeuh !"'' s'écrie Eldan en repartant vers le sud à toutes jambes.<br />
<br />
=== Herle ===<br />
Serrant son poing massif sur la cape enneigée de Vighnu, Herle de Lorune commence à s'énerver : <br><br />
«_''Mais par les Pères tu vas me dire comment vous avez rattrapé le chariot, à la fin ?". <br><br />
_''C'est grâce à Vighnu, intervient le Moineau qui vient de sortir de l'ombre [puisque là, on peut raisonnablement supposer qu'il n'est pas mort] "Il a réussi à trouver des chevaux, puis à nous guider à travers la campagne pour atteindre la forêt avant la roulotte du Magnifique. Il a été formidable ! <br><br />
_''Mais comment vous avez fait pour sortir le butin de l'Auberge ?!? <br><br />
_''Oh ben ça, c'est grâce aux...heu... talents d'imitateurs d'Andréas…» <br><br />
<br />
=== Témoignage d'Andreas ===<br />
L'aurore pointe à peine sur la cour de l'auberge encore à moitié endormie quand Dorian le Magnifique et sa suite, fraîchement augmentée de plusieurs mercenaires recrutés sur place, exige du Lieutenant [[Sanderen]] (commandant le fortin pour l'Armée du Nord) qu'on ouvre les portes à sa roulotte, parce qu'il refuse de rester plus longtemps dans un relais aussi mal défendu. L'officier ne s'était d'ailleurs pas levé si tôt pour se faire emmerder par des marchands et grimpe sur la margelle du puits pour annoncer d'une voix forte que, le fortin étant assiégé depuis cette nuit, tout ceux qui auraient encore la mauvaise idée de s'en prendre aux défenseurs -pour des raisons de taxe ou d'insatisfaction quant au couchage- seraient considérés comme complices des Kormes et pendus aux murailles !<br />
<br />
Un soldat vient alors cogner à la porte de la grange où Andréas, caché dans la remise, vient juste de finir un splendide dessin de Darjodrahl, assis dans l'ombre dans une attitude aussi distante qu'agressive, qui va lui permettre de concentrer sa magie [il a créé un puissant sort de Chimère sur tout le rez-de-chaussée de la grange, lui permettant d'y animer un personnage d'autant plus crédible dans sa mauvaise humeur qu'il se base sur l'altercation de la veille entre Sanderen et le Hornois]. Évitant de croiser le regard mauvais du guerrier qui les admoneste depuis le coin obscur de la pièce, le marchand et ses hommes se dépêchent de sortir leur carriole, d'y atteler les bœufs et de quitter l'Auberge. Pendant qu'on referme le portail derrière la suite de Dorian, l'agitation et sa vessie tirent bientôt Gavin du sommeil et, dès que l'écuyer se met à cavaler poursuivit par un hallebardier, Andréas profite de la confusion pour quitter la grange sans être remarqué et aller se recoucher dans un coin... Lorsque, évidemment, les Kormes attaquent.<br />
<br />
[Précision rigolote, mais que les PJ ignorent : quand les joueurs on demandé ce qui avait provoqué l'attaque des Kormes, je leur ai expliqué qu'ils surveillaient évidemment depuis des semaines le fortin et le pont contrôlant le passage vers le nord-ouest de la Région des Lacs, et qu'ils ont décidé de passer à l'action quand, cette fameuse nuit, il est devenu manifeste que des "camarades" assiégeaient l'endroit depuis la rive gauche et envoyé des signaux à coups de flammes colorées : le temps de s'organiser, ils ont donc profité de l'occasion pour tenter de prendre la position. ''"Mais c'est notre faute si les Kormes ont attaqué ?!! _Hé, oui : vous êtes très forts.."]<br />
<br />
''"Mais vous... demande Herle, comment vous êtes sortis de là ? _Oh ben nous on a profité d'une corde dégottée par Gavin dans la grange pour se tirer par les remparts comme on était venus, un peu avant l'attaque. Tu t'en souviens pas ? On vous a retrouvé à l'extérieur, avec les chevaux.''<br />
[Les joueurs font quelques jets pour confirmer cette version de l'histoire, et payent 1pH pour cette histoire de chevaux : entre ceux qu'ils ont amenés eux-mêmes et le troupeau dispersé dans la nature, c'était raisonnablement probable d'en trouver pour tout le monde.]<br />
''"On a juste eut quelques ennuis à cause de Diane qui était restée en arrière..."''<br />
<br />
=== Témoignage de Diane ===<br />
Pendant que Herle, Trevan et Gavin évacuent vers l'ouest, l'Arbalétrière s'est en effet arrêtée pour se nettoyer à grande eau (parce que les peintures de guerre, ça colle affreusement dans les cheveux longs). Elle est d'ailleurs en pleine toilette quand une bande de Défunts, trempés d'avoir traversé le fleuve glacé à la nage, prennent pied sur la rive et la considèrent avec circonspection : d'abord parce qu'elle est, sinon jolie, du moins sculpturale [Physique 4, Athlétique 4, Allure 4 : elle ressemble à une héroïne d'Adam Hughes], ensuite parce qu'elle est manifestement en train de se débarrasser de peintures semblables aux leurs, qu'elle revient d'avoir enfoncé le portail du fortin et que les Kormes s'attendaient à trouver des camarades sur cette rive. Sauf que Diane a des cheveux, et ça, c'est pas normal... ''"Ben quoi bande de débiles, leur balance-t-elle alors en Langue des Vents, vous allez rester là à mater ou vous êtes venus pour participer à l'assaut ?!? Bougez-vous le cul merde, on est pas là pour roupiller !"'' [Et de faire une énorme réussite sur son un jet de Social+Langues Étrangères+Allure+Intimidation+Volonté.] Un instant médusés, les Kormes saluent respectueusement cette guerrière étrange qui ne peut être qu'une cheffe influente et vont se joindre au combat, l'un d'eux tendant même un carré de tissu à la Kerdane pour qu'elle finisse de s'essuyer... <br><br />
''"Comme quoi c'est carrément pas ma faute, ajoute l'arbalétrière qui vient de sortir de l'ombre auprès du templier blessé : j'avais même réglé le problème quand ce crétin de Vighnu est venu foutre sa merde !"''<br />
<br />
=== Témoignage de Vighnu ===<br />
[Un jet d'orientation particulièrement raté pour retrouver les autres après avoir rassembler des chevaux vient en effet de basculer une 10aine de pions dans la case de Tension de Vighnu, qui a par ailleurs toujours des pions de Marque psychologique (anciennement appelés "Traumas") suite à sa crise sentimentale avec Islinna (et qu'il essaye d'évacuer depuis 3 séances). Il est donc très largement en Surtension...]<br />
À quelques centaines de mètres à l'ouest du fortin, ses compagnons en train de sauter sur les montures qu'il vient de leur procurer, Vighnu aperçoit à la lisière des arbres encore obscures une jeune et belle jeune fille rousse (il reste de la peinture rouge dans les cheveux de Diane) portant un manteau emishen et entourée d'une 15aine de Kormes... Son sang ne fait qu'un tour (sans passer par le cerveau) et l'assassin s'élance au grand galop en hurlant ''"ISLIIIIINNAAAAAAA ! J'ARRIIIIIIVE !"'' avant que ses camarades n'ait seulement pu songer à le retenir.<br />
<br />
Diane voit alors le Fehnri surgir de la nuit comme un diable, les Kormes qui s'éloignaient déjà ralentissent à l'arrivée de l'intrus et, chargeant toujours, Vighnu bondit de son cheval sur le pauvre gars qui tendaient une serviette à la guerrière et l'égorge d'un grand revers de son katara en beuglant ''"Touche pas à ma copiiiine ! _Mais t'es complètement taré ! J'suis pas ta gonzesse !"'', s'écrie Diane alors que l'assassin halluciné se relève souplement, quoiqu'un peu confus et couvert de sang, pendant que "l'innocent" Korme agonise dans l'herbe haute. Et tous les Kormes alentours de se ruer vers eux en brandissant leurs armes. Sautant à cheval, la Kerdane furieuse et le Fehnri honteux essuient de justesse quelques flèches, javelots et hache de jet mais parviennent à dégager à fond de train avant d'être encerclés.<br />
<br />
Lorsqu'il rejoignent Eldan, Herle, Trevan, Gavin, Le Grêlé, Oleytan et La Poigne maintenant tous en selle, Vighnu ne prend même pas le temps de s'expliquer : ''"Dorian et le butin doive être loin devant nous, maintenant : on va couper la plaine par l'ouest à bride abattue, les doubler avant la forêt et les attendre au premier guet ! _C'est moi ou on aura passé la moitié de cette mission à cavaler derrière des convois ? _''Ferme-la et galope !".''<br />
<br />
«_''Oui heu bon, toi qui a fait vœu de chasteté tu peux pas comprendre mais les femmes, tu vois, ça te mélange tout dans la tête et... <br><br />
_''L'embuscade, par les Pères ! Raconte-moi l'embuscade ! <br><br />
_''Haem donc, comme je te le disais, Diane a organisé une embuscade aux petits oignons, mais on a eu des visiteurs imprévus…» <br><br />
<br />
<br />
<br />
== L'embuscade ==<br />
[Après s'être tous reposés pendant une Scène grâce à l'avance prise dans la course, Diane fait un gros jet de préparation avec le soutien de tous ceux qui ont quelques scores de Tactique, de Camouflage ou d'Embuscade (et dans un groupe de mercenaires du nord, ils sont nombreux) pendant que Vighnu fait un solide jet de camouflage pour tout le groupe : bénéficiant d'un confortable bonus tactique réparti sur plusieurs personnages, d'un excellent point de vue pour la tireuse d'élite et d'une Difficulté de repérage monstrueuse, les PJ et leurs camardes sont prêts à ne faire qu'une bouchée de l'équipage du Magnifique…]<br />
<br />
Le timide soleil matinal jaunit les nuages gris et la pluie qui n'en finit plus de détremper la forêt, gonflant en torrent le ruisseau qui coupe la route de Solerane, juste au pied d'un trio de gros rochers de grès surplombant de leur butte une myriade de petits blocs, le gué et la route. Invisibles derrière les rocs et bosquets alentours, les vaillants mercenaires de Tal Endhil, confiants dans la garde d'Eldan ½km au nord, observent la lente arrivée par le sud de la roulotte fermée et escortée par deux cavaliers et cinq fantassins. <br />
<br />
Image<br />
<br />
Les éclaireurs à cheval de Dorian le Magnifique avancent en effet à pas prudents dans le torrent, pleinement conscients de traverser un splendide site d'embuscade, mais sans parvenir à repérer les guerriers déguisés en Kormes qui attendent le signal de Diane, postée au sommet des rochers, pour les assaillir de quatre côtés. La Kerdane laisse avancer les cavaliers le plus loin possible et, lorsque le premier d'entre eux menace a déjà largement dépassé les rochers et risque d'être bientôt hors de portée de la redoutable arbalétrière, elle l'abat d'un carreau en pleine tête [encore un, il faut dire qu'Orlanth soigne ses jets de tir et mise systématiquement en Visée] dès qu'il échappe à la vue de ses compagnons. Ce n'est que lorsque le garde du corps personnel du marchand commence à donner des signes d'inquiétude, un musclé patibulaire et couturé de cicatrices qui se désaltère au bord du torrent tout en jetant des regards insistants alentours, qu'un deuxième carreau démonte le second cavalier sur la rive nord, déclenchant l'assaut : avant qu'un des éclaireurs ait pu finir de crier ''"Aleeer..."'' des flèches fusent de toutes part, les grands couteaux de jets pris par Vighnu sur le corps du Hornois tournoient dans les feuillages, des guerriers jaillissent de chaque buisson et, en quelques secondes, la majorité de l'escorte agonise sur la terre bourbeuse du chemin. Mais les battants de bois sur le flanc de la roulotte viennent de s'ouvrir, libérant une appétissante fehnri à peine couverte d'une fourrure qui s'enfuit à toutes jambes à travers bois :''"Oh m'am'zelle, reviens ! Faut pas courir toute nue dans les bois comme ça !"'' s'écrit Gavin-le-Korme-du-Terroir (pour récupérer quelques pions de sa Réaction "Plouc") avant de s'élancer à ses trousses, croisant la route du marchand courant à la suite de sa compagne dans son seul pantalon (mais sa cassette sous le bras, emballée dans une couverture)…<br />
<br />
''"Cavaliers au nord !"'' signale alors Diane d'une voix forte, avant de tirer un nouveau carreau sur le premier des hommes qui viennent de croiser Eldan. ''"Soldats au sud !"'' lui répond la voix du Grêlé qui vient de repérer les quelques hommes de Jornil et de Sanderen partis du fortin après avoir repoussé les Kormes (qui n'ont jamais réussit à prendre la grande tour pour ouvrir la herse barrant le pont), découvert le corps de Darjodrahl dans la grange, vérifié le contenu des coffres et s'être lancé "à la poursuite du marchand félon" (et qui viennent de freiner d'un coup en découvrant l'escorte massacrée par les "Kormes", qui sont décidément partout).<br />
<br />
=== Témoignage d'Andreas ===<br />
''"Attendez... et le chroniqueur-à-tout-faire, il était où, là ? _Heu... hé bien figure-toi qu'il y a eut un miracle, une véritable apparition divine, comme récemment à la Mine Bénie : c'est dire si les Pères sont avec nous !"''<br />
Quand une poignée de Kormes franchit le parapet et commence à s'en prendre aux voyageurs piégés dans la cour, Andréas se précipite vers la seule porte qui n'ait pas encore été solidement bouclée, celle de la chapelle, entraînant à sa suite quelques réfugiés paniqués. À peine la porte barrée par un banc, le mage évalue le cheptel à sa disposition, serré comme des sardines dans l'espace exigu entre les piliers sculptés représentants les huit Premiers : il y a là la jeune voleuse, le vieux conteur, le garçonnet à la vielle et l'acrobate-détrousseur (soudain gêné de se découvrir barricadé dans une pièce de 9m² avec "l'intimidant" érudit), un jeune soldat affolé (qui a lâché sa pique au premier signe de danger), une des servantes de l'auberge et une commère serrant une poule dans ses bras tremblants. <br />
<br />
Des cris (et des caquètements) de terreur accueillent les premiers coups de hache qui s'abattent sur la porte, mais Andréas Odran connaît la manœuvre : ''"Prions mes frères, les exhorte-t-il avec toute la force de sa conviction ! Prions que les saints Pères viennent à notre secours ! Chantez-tous avec moi !"'' La chorale improvisée entonne alors un antique où l'angoisse se mêle à la ferveur religieuse. Lorsqu'une cognée d'acier fini par percer entre les planches de chênes, le mage décide d'accélérer le mouvement et sort la Sphère de Pouvoir de son havresac : ''"Mes frères, ceci est une Sainte Relique Première dont la bénédiction nous protégera des ennemis du culte ! Tendez les mains pour la toucher et concentrez-vous sur le chant ! Les Pères sont avec nous !"''.<br />
<br />
Et siphonnant un maximum d'Énergie à ses coreligionnaires sans trop leur demander leur avis (pas plus qu'à la poule), Andréas remplit son focus au maximum pour lancer un sort de Chimère assez puissants pour effrayer les Kormes... lorsqu'il lui semble qu'une forme tout à fait imprévue émerge de la sphère d'or rouge. Le chroniqueur commence même à distinguer une silhouette humanoïde lorsque, son sort se déclenchant en vidant d'un coup toute l'Énergie accumulée dans la sphère, "l'intrus" disparait avec une sorte de cri muet.<br />
<br />
Dans la cour, c'est par contre carrément la stupeur : Herem, Second Fils des Étoiles, Premier Seigneur des Batailles, vient de se matérialiser quelques mètres au dessus du puits, brandissant son épée enflammée sur le fond sombre de cette aurore pluvieuse. La plupart des soldats en restent tétanisés, des réfugiés se jettent à terre en signe de soumission, d'autres prient à genoux sur les pavés et les Kormes, eux, refluent en désordre devant cette apparition divine. <br><br />
Lorsque les choristes de choc émergent de la chapelle dans une sorte de stupeur incrédule, il leur faut plusieurs minutes pour s'apercevoir que le saint érudit et sa relique on déjà disparu par le portail enfoncé de l'auberge…<br />
<br />
=== L'embuscade encerclée ===<br />
Dans la forêt humide se joue une dangereuse partie de cache-cache : après que deux d'entre eux aient été blessés par des carreaux d'arbalète en arrivant du nord à bride abattue, les Chacals lancés à la poursuite de nos héros ont démonté pour se disperser à couvert dans les sous-bois, les soldats et mercenaires arrivant du sud ont pris le maquis en découvrant les cadavres dispersés sur la route et les auteurs de ce carnage se sont pour la plupart dissimulés tout autour de la clairière envahie de rochers, progressant prudemment à la recherche des nouveaux arrivants. <br />
<br />
[Après la phase de "tir au pigeon" de l'embuscade, le groupe vient de passer en Duel global, tous les combattants dispersés à travers la map répartissant leur mise entre le repérage (attaque), la dissimulation (défense) et le déplacement, jusqu'à rencontrer des ennemis et basculer en combat à distance ou tenter de rentrer au corps à corps. Le récent module de calcul des distances de combat a donc beaucoup servi, de même que les Positions tactiques (camouflage de la végétation, couvert des rochers...), la surprise, les charges soudaines, les combats à plusieurs adversaires... Ce fût une belle démonstration tactique (Diane a particulièrement brillé) et une belle scène finale, qui aurait mérité d'être mieux décrite si je n'avais pas eu 5 ou 6 combats à gérer en même temps. Au passage, Humphrey B jouait Herle de Lorune pendant l'absence d'Andréas.]<br />
<br />
Dés le début, Gavin est pris dans une bagarre désordonnée à coups de couverture, de cassette et de poings contre Dorian le Magnifique pendant que la belle fehnri disparaît dans les bois (''"Une courtisane fehnri avec un gros score de discrétion associée à un marchand-escroc ? Tiens donc..."''), Le Grêlé a rejoint la roulotte pour régler son compte à la petite servante qui s'y cachait encore (et "s'amuser un peu" avec elle : ça reste un mercenaire sans scrupule, hein), Eldan essoufflé rejoint le "champ de bataille" par le nord, Vighnu et La Poigne convergent vers les soldats qui contournent par le sud-est, Herle abandonne son arc pour foncer tout seul par le flanc ouest (il faut bien justifier de son état futur en le jouant "imprudemment"), Trevan et Diane quittent discrètement les gros rochers en cherchant à repérer leurs nouveaux adversaires...<br />
<br />
Après quelques instants de louvoiement discrets dans les bois, le premier accrochage intervient quand deux soldats franchissent le ruisseau en aval du gué et sont interceptés par La Poigne et Vighnu : si le gros benêt diminué par ses blessures est vite repéré et pris dans un laborieux corps à corps, l'assassin blesse un de ses adversaires d'une dague de jet avant de surgir derrière lui pour le poignarder, employant le corps du mourant comme bouclier contre les attaques de deux autres soldats qui venaient à son secours. En un instant, Vighnu balance le mort sur ses congénères, éventre l'un et abat l'autre d'une dague de jet dans la gorge, pendant que La Poigne enfin dégagé éclate le crâne du dernier à coups de gourdin.<br />
<br />
Après avoir éclaté le nez du marchand d'un direct bien placé, Gavin lui arrache sa précieuse cassette et, laissant le "Magnifique" sonné assis dans l'herbe, accourt vers la roulotte en entendant les cris d'effroi de la petite servante. N'écoutant que ses élans chevaleresque, il sonne Le Grêlé d'un grand de cassette sur le crâne et, après avoir tenté en vain de calmer la pauvrette (faut dire qu'il est grimé en Korme et qu'elle passe une matinée épouvantable), l'écuyer la laisse s'enfuir dans la forêt et part à la recherche d'une arme plus approprié en voyant se rapprocher les mercenaires du fortin.<br />
<br />
Sur l'autre flanc, Herle (sans arc, donc) s'est fait prendre en tenaille par deux tireurs, a reçu une flèche dans le côté et, pendant qu'il tentait de choper son agresseur au contact, l'autre a surgit de flanc pour lui ouvrir la cuisse à coup de glaive. Blessé et à deux contre un, il encaisse de son mieux lorsque Trevan de Rigorne charge en brandissant son épée, attirant l'attention de Diane qui progressait à croupetons dans le secteur : en une seconde, le premier chacal est décapité et le second s'écroule, un carreau d'arbalète dans l’oreille. Mais ils n'ont guère le temps de souffler car Le Moineau les appelle au secours !<br />
<br />
Déboulant sans s'en apercevoir au milieu des ennemis camouflés, Eldan est immédiatement pris par surprise et blessé. Il parvient néanmoins à faire chuter son adversaire et, roulant avec lui dans les feuilles mortes, les deux éclaireurs échangent coups d'épée, de pied et de poing en s'usant l'un l'autre, pendant qu'un chacal supplémentaire s'approche à pas de loup. Le Moineau le repère au dernier moment, appelle à l'aide, tente vainement de pousser l'ennemi qu'il a blessé dans les jambes de l'arrivant et encaisse une nouvelle blessure (il commence à être franchement mal en point) lorsque Trevan arrive à la rescousse, toujours au pas de charge et toujours couvert par Diane dont l'avant-dernier trait cueille l'ennemi debout juste sous l'omoplate, perçant le poumon.<br />
<br />
''"Laisse-le moi !"'' gueule Eldan au chevalier errant et, donnant tout ce qui lui reste contre un ennemi soudain moins faraud, le Moineau prend finalement sa revanche en clouant son ennemi au sol d'un grand coup d'épée. Avant même que Herle rejoigne en boitant l'éclaireur victorieux, Trevan et Diane sont repartis au pas de course vers le flanc est, où des cris indiquent que Lerkoren Oleytan passe un mauvais quart d'heure.<br />
<br />
Car parti seul au nord pendant que l'on se battait près du ruisseau, le jeune Elloran a abattu le premier des "Chacals" qu'il a rencontré mais s'est ainsi fait repéré par deux autres : après un court échange de flèches en manœuvrant pour rester à couvert, Oleytan s'est fait chargé par les deux ennemis simultanément, a réussi à les entraîner dans un bosquet touffu pour les gêner au maximum mais commence à faiblir sans parvenir à se dégager et, lorsqu'il prend un coup de lance dans le mollet, ça commence à sentir franchement le roussi. "VIGHNUUUU !!!" appelle-t-il alors à pleine voix, pendant que l'intéressé, à plus de 200m de là, achève le dernier soldat qui s'enfuyait d'un magnifique lancé de couteau, qui l'atteint dans le dos à plus de 50 pas.<br />
<br />
Lorsque deux mercenaires ont abordé la roulotte et trouvé Le Grêlé étalé dans l'herbe, Gavin qui venait de cacher son butin dans les buissons a soudain été pris de remords. Ramassant l'épée d'un mort, il revient à pas prudents lorsque le combat éclate : Le Grêlé a laissé le premier adversaire s'approcher pour l'achever, a retourné la dague qui le menaçait dans l'estomac de l'ennemi et roulé sous la roulotte pour échapper aux coups de lance du second militaire. Le Grêlé est néanmoins blessé lorsque l'écuyer arrive alors pour achever d'un grand coup d'estoc le gars qui se tenait le ventre à deux mains et bondit sur le véhicule qui commence à avancer au ralenti, les bœufs n'aimant guère la nouvelle agitation qui secoue leur attelage. Son camarade sort alors de sous le chariot pour éviter de passer sous les roues et, maintenant à deux contre un, Gavin et Le Grêlé ont vite défait le dernier soldat, achevé d'un joli lancer d'épée dans le dos alors qu'il s'enfuyait.<br />
<br />
Trevan, Diane et Vighnu arrivent à quelques secondes d'intervalle au secours d'Oleytan, les deux derniers Chacals étant alors rapidement tués, le premier percé du dernier carreau de la Kerdane et Vighnu égorgeant l'autre après un bref corps à corps, d'abord à deux, puis trois puis quatre contre un.<br />
<br />
=== Fin des combats ===<br />
Essoufflés, les guerriers vainqueurs font brièvement l'appel : <br><br />
«_''La Poigne ? <br><br />
_''Il souffle près du ruisseau, il a pris assez cher. Eldan ? <br><br />
_''De l'autre côté, au nord, mal en point : il s'est mangé l'avant-garde tout seul avant de nous rejoindre, si j'ai bien compris. Herle est avec lui, blessé aussi, il a perdu connaissance. <br><br />
_''Gavin et le Grêlé sont donc seuls avec la roulotte : faudrait pas trop traîner avant qu'ils se fassent des idées malhonnêtes...» <br><br />
<br />
Et pourtant, les deux hommes se réconcilient sur une base financière saine : ils font moitié-moitié sur le contenu de la cassette (''"que c'est pas la peine d'embêté les autres avec des détails"'') et Le Grêlé oubliera qu'un certain écuyer a essayé de l'estourbir avec. A peine ont-ils partagé qu'arrive Andréas Odran sur un cheval fatigué, qui découvrent le massacre au bord du gué : ''"Dîtes-donc mais c'est carrément la guerre ici ! Je croyais que le but de toute l'opération à l'auberge était de pouvoir prendre le butin d'un chariot à peine défendu. _Ouais ben y a eut des invités surprise..."''<br />
<br />
Les valides font le tour du secteur, poussent le chariot hors de la route, rassemblent les camarades blessés pour que Vighnu et Andréas puissent les rafistoler, puis trient les cadavres au nombre desquels semblent se trouver (par la grâce d'1pH) presque tous les hommes du fortin susceptible d'identifier Eldan après ses exploits de la nuit précédente. ''"Alors on est bons, conclut le chroniqueur : j'ai vu les Kormes tuer les deux seuls autres qui nous aient regardé de près."'' <br><br />
<br />
«_''N'empêche que le Magnifique, sa poule et la servante se sont tirés. <br><br />
_''Bah c'pas grave, ils témoigneront qu'ils ont été attaqués par les Kormes. <br><br />
_''Mouais, sauf que Gavin a jugé utile de leur faire la causette. <br><br />
_''Chiotte ! <br><br />
_''Et sinon, d'où ils sortaient tous ces mecs ? <br><br />
_''Ben ceux-là ont du vous poursuivre depuis l'auberge. <br><br />
_''Celui-ci, il était déjà avec l'escorte au départ de Solerane, alors j'imagine que ceux du nord étaient à la recherche du messager qu'on a intercepté cette nuit. <br><br />
_''Les Chacals qui nous attendaient avec le fourgon ont du appeler du renfort après qu'on aie commencé à leur tailler des croupières, parce que je pensais pas qu'il y en avait autant dans le secteur... <br><br />
_''Le premier qu'a tué Herle le jour du départ, Jaromir et Rumbold que tu as dégommés avant de lâcher le convoi, ça fait déjà trois... <br><br />
_''Au moins deux de plus, qu'on a tué avec Trevan et Gavin quand ils nous poursuivaient : ça fait cinq. <br><br />
_''Cinq ou six avec Jorem Cuivré hier, vu qu'on a pas trop fait le détail. Disons 10. <br><br />
_''Et aujourd'hui j'en compte cinq, dont au moins un emishen du clan des Rimdehl, en plus des derniers hommes de Jornil ! <br><br />
_''Tu oublies les trois qui sont morts au Cercle des Cascades au début de la semaine, ça fait donc 18 chacals éliminés en 8 jours. C'est du bon boulot, quand-même ! <br><br />
_''Façon de voir : moi ce qui m'inquiète, c'est qu'on puisse avoir deux dizaines de types armés dans notre secteur et ne nous en apercevoir que maintenant... Il faudra qu'on parle à ce trafiquant de sel que connaît Eldan, celui qui a présenté Jaromir au fils Cuivré : je crains que l'implantation des Chacals soient plus avancé qu'on ne l'imaginait.» <br><br />
<br />
Rassemblés et ayant brièvement le temps de souffler pour la première fois depuis des jours, nos héros en profitent pour échanger enfin les infos recueillies par chacun au cours de leurs aventures et reconstituent ce qu'ils savent de la Confrérie du Chacal :<br />
La Confrérie, originaire des Sylves, semble essaimer en créant des "chapitres" locaux dans différentes régions de l'Empire. Il semble que des membres du chapitre "sylvain" de la Confrérie ait donc fait le déplacement pour "franchiser" des brigands du Nord, et ce sont ceux-là qui dirigent plus ou moins les opérations (les trois mecs tués par Andréas, Adira et Eldan aux cascades étaient vraisemblablement des novices). Aux Sylves, la Confrérie est à la fois une mafia, une secte animiste et le noyau dur de la résistance armée à l'occupant impérial : si Urgrand est lié à ces gars-là et qu'ils commencent à passer des accords avec les Kormes, ça risque de compliqué sérieusement l'Échiquier du Nord. Et si les Chacals semblent être quasiment apparus par génération spontanée en quelques semaines, c'est qu'ils ont trouvé des gens pour les soutenir et les aider dans la région : soit Urgrand est beaucoup mieux connecté qu'il n'y paraissait, soit ils ont d'autres appuis...<br />
<br />
=== Exfiltration ===<br />
"...après quoi on a réparti le butin sur les chevaux, vu qu'on en avait maintenant une bonne quinzaine, on t'a attaché en selle et on s'est tiré vers l'ouest en contournant Celanire par le nord jusqu'au grand menhir où nous attendait Neri'Helin, une des novices du chaman [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] Kal Tayvon, avec des bœufs laineux, des vivres et tout le matériel de montagne : paraît que ton 'Pitaine leur a promis de racheter leurs frères en esclavage. On a ensuite crapahuté par l'ouest pendant trois jours dans les [[Asparren]] puis les [[Monts d'Azur]], en passant par des coins de plus en plus hauts et enneigés pour éviter de croiser quiconque. La p'tite Edell'okhil a même déclenché une avalanche dans le col du Fraisil pour qu'on ne puisse plus nous suivre. On a bien perdu quelques canassons en chemin, mais les lingots sont au complet, le groupe aussi (quoique la demoiselle ait du re-nettoyer les blessures de La Poigne), et nous voilà presque rendus. <br><br />
<br />
«_''Où sommes-nous, exactement ? <br><br />
_''Un peu au sud-ouest de la Mine Bénie : on va contourner par l'autre versant pour éviter de s'y faire voir et la môme va nous faire passer sur la rive nord du Lac Troisième par une espèce de chemin à travers les marais à l'est de Andh Endhil, pas loin du camp abandonné d'Etayn-la-Louve. <br><br />
_''La voie est libre et le jour va se lever, annonce la jeune femme en rejoignant le groupe : ramassez vos affaires, hommes du sud. <br><br />
_''Allez, messire de Lorune, remonte en selle : ce soir, Le Cornu nous attendra avec de la gnôle au camp d'abattage.»<br />
<br />
Et dans le petit matin, les fiers cavaliers de Tal Endhil descendent victorieux vers la Vallée des Lacs en Palier avec, dans leur fonte, un trésor capable de financer les nouveaux projets du Capitaine Durgaut... <br><br />
<br />
<br />
<br />
== ÉPILOGUE (envoyé aux joueurs après coup) ==<br />
C'est au soir du huitième jour après leur départ discret que nos vaillants mercenaires fourbus, gelés, blessés et riches comme Crésus se sont affalés dans une minable hutte au nord du camp de bûcherons de Tal Endhil, déserté chaque nuit en cette saison. Immédiatement repartie avec ses bœufs laineux, sa sœur adolescente et son cousin mutique, la gironde rouquine [[Neri'Helin]] (''"Dis-donc mais... c'pas la p'tite Edell'okhil que t'a réveillée l'autre fois aux cascades, quand on cherchait les Chacals ?_Si, même que Nevel m'a dit que [[Tael Shannan]] se la tape !_Note qu'il se tape toutes les mignonnes, ce fumier de barde._Dîtes, c'est fini d'échanger des potins comme deux vieilles venteuses ?"'') a laissé les hommes de Durgaut fort symboliquement assis sur la terre battue, à 10 pas de l'icône votive qui marque l'extrême frontière nord de l'Empire (mais Le Grêlé a pissé dessus). Ils ont festoyé, pansé leur nombreuses plaies et, d'abord par jeu, ceux qui parmi eux avaient quelques notions de finances ont commencé à calculer combien représentait le chargement encore bâté sur leurs chevaux. <br><br />
<br />
«_''On a pas loin de 250 lingots, dont bien 150 de merdouilles comme du cuivre, du bronze et du fer... <br><br />
_''Des "merdouilles" qui vont se négocier entre 500 et 1000 lunes à la prochaine cité dotée de forges, ducon. <br><br />
_''T'es sûre ?! <br><br />
_''Il est drôle l'aut' : pourquoi qu'tu crois qu'on creuse des mines ? <br><br />
_''Crois-moi, s'il y a bien un truc que les Kerdans savent faire, c'est du commerce... <br><br />
_''Je savais bien que t'étais kerdane malgré ton histoire de "Je suis une innocente remane élevée près de la colonie kerdane de Rigorne, et blablabla"... <br><br />
_''C'est donc bien vrai mademoiselle Diane ? Vous aussi vous êtes de Rigorne ?!? <br><br />
_''Écoute, Trevan : tu es mignon, tu es vaillant mais, putain, ta gueule. <br><br />
(Trevan de Rigorne rougit.) <br><br />
_''On disait donc au moins 500 lunes pour les lingots de "vils métaux", mais on a surtout une petite centaine de lingots d'argent, quoique la moitié soient planqués dans de faux lingots de cuivre. Et ça, ça nous fait... heu... attendez voir... <br><br />
_''Au moins 300 pièces d'or. <br><br />
_''Putain ! <br><br />
_''Quoi ?! <br><br />
_''La Poigne ! Tu sais compter !? <br><br />
_''Ben oui, surtout le métal quoi. J'suis été apprenti forgeron. Mais c'est trop du labeur : j'aime plus mieux taper qu'une bonne fois sur un casque. <br><br />
(La gourde de vin de sureau passe de main en main, chacun avalant une rasade d'un air mi-émerveillé, mi-consterné.)<br />
_''On... on a ramené... 350 pièces d'or ?! Vous croyez que notre bon Capitaine va être content. <br><br />
_''Ah ça, Moineau, il a un peu intérêt à l'être ! <br><br />
_''Dîtes, ch'ais pas si vous vous rendez-compte : c'est p't'être le plus beau brigandage de toute l'histoire des Marches !! <br><br />
_''On est riches les gars ! RICHES ! <br><br />
_''Non, messieurs : Tal Endhil est riche. Par les pères, si l'un de vous commence à concevoir une seule pensée pécheresse... <br><br />
_''Mais quel pisse-vinaigre, le Défroqué, quand il pisse le résiné. <br><br />
_''Héhé. Fais-voir ta balafre, d'ailleurs, Herle : faut changer ton bandage. <br><br />
_''Ma mienne elle est plus grande ! <br><br />
_''Hihi ! <br><br />
_''Nul n'en doute mon cher La Poigne, nul n'en doute... <br><br />
_''Ouais mais la tienne elle a même pas percé ta couche de lard ! <br><br />
_''N'empêche qu'on a tous ben gagné nos 2 pièces d'argent chacun ! <br><br />
_''Plus la prime ! <br><br />
_''Oh oui : vous êtes de vaillants gagne-petit. Mais la prime c'était si on laissait pas de témoins et, là, on a Jornil lui-même, Dorian, sa pute, la servante... <br><br />
_''Toi le Noir tu commences à nous les bris... <br><br />
_''Bon les gars, vos gueules : il est tard. Alors ça pionce, ou je vais commencer à distribuer les baffes. Le Grêlé et Diane prennent le premier tour de garde. Demain, j'vous ramenions tous au village. Et rappelez-vous qu'vous avez promis le secret sur vos têtes ! Si on vous presse vraiment, et seulement dans ce cas-là, vous avez été r'prendre les lingots de la Mine Bénie à une bande de Kormes du côté de la Baie des Langueurs. C'est bien clair, pour tout le monde ? <br><br />
_''Oui mon sergent ! <br><br />
_''Lèche-cul. <br><br />
_''Mon sergent ! Y a Le Grêlé qui dit... <br><br />
_''Foutremerde, tas de corniauds ! Même avec une 'pparition divine, j'conçois point comment qu'une pareille bande de mômes a pu réussir cette mission !» <br><br />
<br />
<br />
<br />
}}<br />
<br />
'''[[7) "Embrouilles en Cascades"|<< Épisode Précédent]] | [[9) "Reishin Ghoran"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Épisodes|<< RETOUR à la liste des Épisodes]]'''<br />
[[Catégorie:Épisodes]]<br />
[[Catégorie:Comptes-Rendus]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/11)_%22Toutes_voiles_dehors_!%2211) "Toutes voiles dehors !"2014-09-08T16:34:27Z<p>Aloun : /* Premier jour de navigation */</p>
<hr />
<div>Pour le bref épisode maritime dont je voulais qu'un maximum de joueurs puissent faire l'expérience (depuis le temps qu'ils préparaient ça), j'avais accepté plus de joueurs que d'ordinaire (de 4 à 6 selon les séances) dont quelques remplacements, puisque pas moins de 8 PJ se sont embarqués ensemble dans cette aventure. En l'occurrence étaient à bord (avec une 15aine de PNJ) :<br />
<br />
_[[Diovire Sotorine]]<br />
<br />
_[[Bartolome Sotorine]]<br />
<br />
_[[Islinna "Maliam'nid" Sotorine]]<br />
<br />
_[[Adira Pratesh]]<br />
<br />
_[[Mérane "Roulier"]]<br />
<br />
_[[Sergent Bahardabras "le Hornois"]]<br />
<br />
_[[Herle de Lorune]]<br />
<br />
_[[Nadine "la Moucheuse"]]<br />
<br />
<br />
<br />
== Départ ==<br />
<br />
=== Une aurore brumeuse se lève sur le Lac Troisième ===<br />
<br />
Lorsque, fatiguée et pressée mais victorieuse, Islinna "Maliamn'id" saute directement de la pirogue qui la ramène du Cercle des Cascades sur un ponton du quartier lacustre où se trouve déjà massée plus de la moitié du village de Tal Endhil, venue saluer le départ des derniers voyageurs en partance pour [[Aroche]]. L'équipage du Coppavento, réduit par les pertes sévères des [[Kerdans]] lors de la bataille, et l'importante cargaison de métaux, de laine fraîchement filée, de teinture, de peaux, de fourrures et de mille autres babioles (''"Et du vin de sureau ! _Non mais ça va pas se vendre, ça... _Qué que t'en sait ?! C'est pas à 'Roche qu'on en trouve du comme ça ! _Hé ben putain, j'espère..."'') les ont précédé la veille pour laisser aux marins le temps de charger.<br />
Le sergent Le Cornu rappelle pour la énième fois ses consignes de prudence et de de bonnes manières aux mercenaires constituant l'escorte (facturée à la guilde au nom du Capitaine :P ), [[Ranyella Sotorine]] confie sa fille au cousin Bartolome, quelques colons ajoutent au dernier moment de nouvelles commandes à la "liste de courses" fournies aux voyageurs et, dans leur coin, les cousins Pratesh s'engueulent au sujet du nouveau garde-du-corps d'Adira, une espèce d'ex-mercenaire pouilleux dénommé [[Brannock]] (''"Mais on sait même pas d'où il sort, ce type ! _Si je dois aller à Aroche sans toi, faut bien que j'ai un peu de protection. _Mais t'as vu sa dégaine ? _Oui bon, je l'ai eut pas cher : il était offert gracieusement avec une certaine affaire, je t'expliquerai à mon retour..."'').<br />
<br />
=== Discours d'adieu === <br />
<br />
Le Capitaine est en train de regarder les derniers préparatifs d'embarquement quand il avise soudain une caisse sur le quai, monte dessus et prend la parole:<br />
<br />
« Mes très chers tous, vous voir vous afférer ainsi, prêt à partir, me serre le coeur tout autant que cela me le remplit de joie et de fierté.<br />
Cela me serre le cœur car je sais que ce voyage ne se fera pas sur une mer d'huile, que lorsque votre voile aura disparu j'aurai ce sentiment de vide provoqué par l'absence de connaissances proches, de compagnons et même d'amis; car aussi cette nef et ce qu'elle transporte, en plus de ceux qu'elle transporte, représentent de nombreux espoirs pour notre communauté de Tal Endhil. Pour pouvoir survivre puis prospérer, nous devons attirer plus de bonne volonté ici, entendre les railleries des artisans sur leur apprentis, les aboiements des chiens autours des troupeaux, les notes de musique que les bardes joueront dans les tavernes, les cris des enfants jouant dans les basses-cours...<br />
Et c'est ce qui me remplit de joie et de fierté: VOUS êtes les porteurs de ces espoirs. Vous qui vous êtes de multiples fois illustrés, vous allez porter haut les couleurs de Tal Endhil à Aroche. Vous êtes nos diplomates, nos émissaires, nos représentants. Soyez courageux et francs, soyez fier d'être Talendan ! Propagez à Aroche cette image de paix, de sérénité et de tolérance ! Et quand vous reviendrez avec matériaux et artisans, la première chose que nous ferons sera de rebâtir notre village lacustre ! »<br />
<br />
Puis, sur un ton plus doux : <br />
« Je compte sur vous.»<br />
<br />
Descendant alors de sa caisse, le Capitaine vient personnellement serrer la main ou adresser un petit personnel à chaque membre en partance. Il attend alors patiemment la fin des préparatifs et au fameux ''"larguez les amarres !"'', il répond ''"Bon vent !"'' et vous regarde vous éloignez lentement.<br />
<br />
=== Préparation === <br />
<br />
Embarqués dans les deux dernières barges kerdanes pour [[Écume 6]], nos héros passent sous le pont de Tal Endhil (où la population s'est massée pour leur lancer des au-revoir et des pétales de fleurs), ils descendent le fleuve pendant une journée jusqu'au comptoir où le ''[[Coppavento]]'' est encore en réparation : après avoir déposé les PJ de l'Opération Tréfonds, il a été poursuivit par un équipage [[Arkonnelkan]] qui a tiré des flèches enflammés dans la voilures et la nef s'est réfugiée au comptoir Écume 7 fondé par Bartolome Sotorine (ce n'est encore qu'une bite d'amarrage à côté d'une hutte en bois dans une crique du territoire des [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]], mais si le commerce des peaux pouvait augmenter...) et un méchant grain a ensuite cassé pas mal de bois dans la mâture affaiblie par le feu lors du retour vers Écume 6. Avec un équipage déjà minimal, un chargement important et une course difficile devant eux, les Kerdans ne peuvent pas se permettre de prendre la mer sur un navire endommagé. Heureusement, Mérane Roulier s'y connaît assez en navigation et en charpenterie pour filer un coup de main décisif aux kerdans et après avoir travaillé une partie de la nuit, le Coppavento est prêt à appareillé comme prévu le lendemain à l'aube [et ces réparations, en le débarrassant de ses derniers pions de Dommages, vont vraiment lui "sauver la Mise"].<br />
<br />
Malgré leurs fréquentes engueulades, le capitaine Diovire (à nouveau joué par Loriel) et son bosco de frère Bartolome dirigent plutôt efficacement leur équipage largement inexpérimenté, composés de plus de bateliers que de marins kerdans, des mercenaires impériaux qui n'ont que de vagues notions maritimes et des marchands plus volontaires que vraiment habiles.<br />
<br />
[Techniquement, on a trois catégories de « marins » à bord :<br />
_'''''les "matelots"''''' qui possèdent effectivement le domaine Marine et les talents qui en découlent représentent chacun un pion d'Énergie pour le navire,<br />
_'''''les "mousses"''''' qui n'ont qu'un vague talent de Navigation (souvent orienté "barques et pirogues") ou des aptitudes physiques assez exceptionnelles pour être utiles : ceux-ci doivent réussir un jet (dont la Difficulté varie avec la situation) pour effectivement fournir 1 pion au navire ; c'est notamment le cas de Bahardabras à la barre ou d'Islinna.<br />
_'''''les "passagers volontaires"''''' qui n'ont aucune capacité dédiée mais sont prêt à filer un coup de main et peuvent fournir un peu de Soutien en cas de coup dur.<br />
Au final, la Mise du ''Coppavento'' alourdi par sa cargaison variera entre 9 et 15 suivant les moments, sachant qu'il est plutôt conçu pour être manœuvré par 20-25 marins...<br />
<br />
== Premier jour de navigation == <br />
<br />
Profitant du courant que lui offre l'embouchure du fleuve, le ''Coppavento'' négocie habilement les marais, gagne la Baie des Langueurs et, dès qu'un puissant vent se lève, manœuvre pour en tirer tout le parti possible, filant bientôt à un impressionnant "10 nœuds à la planche" (car les kerdans emploient des lochs relativement précis pour cet univers). <br />
<br />
Une vitesse que nos navigateurs vont bientôt perdre, reprendre, reperdre... à cause du vent perpétuellement tournant et d'un équipage qui s'habitue peu à peu à travailler ensemble. Le caractère "mysandre" de Mérane s'emmanchant d'ailleurs assez mal avec certains comportements machistes des frères Sotorine ou du barreur Hornois, le premier jour de mer commence avec moult gueulantes, pendant que le malheureux Adira Pratesh vomit tripes et boyaux par-dessus le bastingage [tous les PJ n'ayant aucune expérience maritime ont du faire des jets de résistance physique contre le mal de mer et Adira, de constitution fragile, a beaucoup souffert...]. <br />
<br />
C'est en début d'après-midi que Bartolome repère bientôt un gros paquet de nuages grisâtres poussé par un méchant vent de travers et accompagné par des vagues bien cabrées... Le navire essuie bientôt son premier grain [un "petit", à 15 pions de Mise] : Herle de Lorune et Trevan se joignent courageusement aux marins, Diovire et Bartolome cessent de s'engueuler et, pendant que le pauvre fehnri hurle d'effroi, on déploie la voilure. ( ''"Faudrait pas réduire plutôt, là ? _Non ma petite : chez vous on laisse peut-être passer le gros temps, mais chez les Sotorine, on l'affronte... surtout quand on tire une vitesse de merde depuis des plombes !"'' Réalistement, c'est complètement idiot, hein, mais les joueurs avaient envie de s'amuser, alors...). <br />
<br />
Le Coppavento commence à prendre une méchante gîte, un peu d'eau balaie le pont, le tangage produit quelques gamelles mais la "méthode Sotorine" semble faire ses preuves puisque, rapidement, le "''corsaro''" s'échappe des turbulences... vers une mer étale et un vent presque nul. <br />
''"Mais alors, vraiment, vous, vous basez votre civilisation sur un machin complètement aléatoire et dangereux qui file mal au bide ? Et vous vous enrichissez ? C'est invraisemblable..."'' observe Adira.<br />
<br />
L'après-midi touche à sa fin lorsque le vent permet enfin à la nef d'accélérer un brin et Diovire décide d'en profiter (''"Mais vous aviez pas parlé de brisants, dans ce coin ? _Oui ben on va pas dormir là, hein : y a pas de mouillage avant l'autre côté. Alors on fait un peu gaffe et puis on y va."'') : il fait presque nuit noire quand, grâce à un savant calcul des deux frangins et à leurs carnets, le [[Coppavento]] double le Brise-Langueur comme une fleur, remonte au nord et jette l'encre pour la nuit dans la crique où, quelques semaines plus tôt, Kal Kirhan et Bahardabras avait enterré les Arkonnelkan vaincu. <br />
<br />
Le Hornois profite d'ailleurs du dîner pour mettre l'ambiance en expliquant le "Barad'mohn" (l'enterrement emishen rituel des "vaincus sans honneur", face contre terre pour que leurs âmes ne rejoignent jamais le vent : sic), Islinna raconte les événements de la mission diplomatique autour de la "Frontière de l'Orage" et Adira vérifie une fois de plus l'emballage de ses ballots « de laine » (''"Vous êtes un peu maniaque, vous en fait. _Non, mais je voudrais pas que ça prenne l'eau. _Quelle importance ? C'est pas comme si ça pouvait vraiment pourrir... _Dans un métier commercial, c'est important d'avoir la laine fraîche..."'' Je t'avais prévenu, Kobal, que ce jeu de mots minable serait révélé au monde.).<br />
<br />
On organise une garde minimale pour la nuit et l'on s'endort bientôt, le premier jour en mer ayant déjà été assez éprouvant.<br />
<br />
== Second jour de navigation == <br />
<br />
Le lendemain, l'équipage se lève un peu tard pour devancer la marée et les Sotorine décident d'attendre carrément la fin de la matinée et la mer descendante pour s'attaquer les tourbillons du Détroit des Oubliés... Mais le temps est spécialement mauvais aujourd'hui et après avoir manqué de dessaler carrément au premier essai [merci les pH], le navire doit s'arracher laborieusement au premier tourbillon, changer d'angle d'attaque et y retourner en profitant d'un vent favorable. <br />
<br />
Le second tourbillon secoue le Coppavento dans tous les sens (''"Manmaaaaan ! Je veux pas mouriiiir paaaauuuuvre !"'' pleure Adira) mais nos héros atteignent finalement la Baie des Oubliés dans l'après-midi, fatigués, meurtris et trempés comme des soupes, au point que même Mérane s'étonne :<br><br />
<br />
''"Sérieusement, c'est une vraie voie maritime, ça ?<br><br />
_Ah ben j'dis pas, on la fait que quand on a vraiment une cargaison à vendre, hein, parce que ça secoue un peu...<br><br />
_Ça secoue un peu ? Vous êtes des malades, vous ?! On manqué y rester trois fois en deux jours !<br><br />
_Meuuuh non, on a les choses bien en mains, là. Vous verriez le temps qu'on a quand on arrive pour le Marché de Printemps, avec les tempêtes hivernales et les blocs de glace qui croisent dans les Griffes...<br><br />
_Mais comment on peut espérer faire des liaisons commerciales régulières avec Aroche dans des conditions pareilles ?<br><br />
_Houlà dîtes, hein, moi j'ai rien promis de tel : Ranyella m'a demandé comment je le sentais et je lui ai promis un naufrage la première année, mais il paraît que votre guilde d'andouilles a insisté, alors bon. Notez que, une fois qu'il aura fini de dégobiller sur mon bordé, vous pourrez peut-être demander à Maître Pratesh s'il a changé d'avis, hein..."''<br><br />
<br />
Après avoir tout de même sérieusement envisagé de s'enfiler la baie au plus vite et de s'attaquer le terrible Détroit des Griffes de nuit "pour rattraper le temps perdu" (option abandonnée quand le MJ a répondu : « Pour faire une approximation raisonnable, ça serait comme de rouler sur un chemin de montagne par une nuit d'hiver sur un vélo sans phare, dont on peut pas descendre : la probabilité d'y faire les 22km du détroit est à peu près la même. Maintenant, ajoutez la probabilité bien plus élevée d'une tempête... »), Diovire admet qu'il vaut finalement mieux mouiller à Écume 5 pour la nuit et engage le navire au ralenti parmi les hauts-fonds (''"C'est vraiment une bonne chose qu'Islinna ait pu arranger vos rapports avec les [[Oloden]], quand-même ! _Je ne sais pas si j'irai jusqu'à dire que c'est "arrangé" : disons qu'ils ne nous attaquerons probablement pas à vue, puisque on a retrouvé le droit de remonter éventuellement jusqu'au cercle des Hautes-Pierres, mais je doute qu'ils soient très content de nous voir pour autant..."'').<br />
<br />
Et, de fait, la nef n'a même pas atteint la côte qu'une douzaine de voiles triangulaires apparaissent dans le delta du [[Cainil (fleuve)]] :<br />
<br />
''"Bon, ben ils nous ont vu venir, donc. Tout le monde sourit et on est bien polis, merci.<br><br />
''_Mais, juste pour savoir, s'ils nous attaquaient, on pourrait se défendre ?<br><br />
''_On est bien 12 ou 15 combattants, en face ils sont de 6 à 10 par voile : j'vous laisse compter ma p'tite dame.<br><br />
''_Et repartir, finalement, ce serait pas plus prudent ?<br><br />
''_Vous vous croyez en barque ? Vous savez le temps qu'il faut à un navire pour faire demi-tour ? Surtout que les hauts-fonds, c'est beaucoup plus gênants pour nos 4m de tirant d'eau que pour leurs pirogues à fond plat. Pis qu'on a pas d'autre endroit pour passer la nuit, passque la baie elle restera pas calme longtemps. Ayez confiance en ma nièce, Ma'ame Mérane : elle va nous négocier ça très bien..."<br><br />
<br />
=== Mil'orind ===<br />
<br />
Pendant que le navire, ses voiles orange largement déployées pour contrer le courant du fleuve Cainil (qui à cet endroit fait pas loin de 2km de large), vient à l'appontage contre le quai de bois pourri par les marais qu'on ose appeler "Écume 5", les pirogues aux voiles turquoise-blanc-noir (couleurs des Oloden) mais notamment occupées par quelques Liam'Lon et autres So'Sherkan (ça se reconnait aux fringues et aux coiffures), se déploient tout autour des Talendan. <br />
Visés par au moins une 20aine d'archers et deux fois plus de javelots, l'équipage tente de conserver son calme et d'avoir l'air amical... jusqu'à ce qu'un grand guerrier à la carrure d'athlète bondisse d'une des pirogues en brandissant une lance de 8 pieds, pour atterrir souplement sur le ponton de bois vermoulu : ''"[[Mil'orind]] ! Mil'orind !"'' s'écrie alors Islinna, soudain ravie. Et quand le héros des Oloden retire son casque de bronze pour libérer sa longue chevelure dorée et l'agiter dans le crépuscule, Mérane elle-même ressent un petit frisson : ''"hou le bel animal !"''<br />
<br />
Islinna descend du pont sans que Bahardabras ou Herle de Lorune (officiellement chargés par le Cap' de veiller à la protection des deux diplomatEs) n'ait le temps de l'y précéder et saute au coup de son amant local pour lui claquer un long baiser. Les Talendan, la main sur leurs armes, et les Oloden en formation d'encerclement échangent pendant ce temps des regards circonspects ou compassés devant un salut si peu protocolaire et puis, finalement, décident d'un commun accord que c'est pas encore cette fois qu'ils vont s'entretuer (surtout que les Oloden en ont marre de pagayer contre le courant pour maintenir l'encerclement de pirogues pendant que leur chef lèche la poire des étrangères).<br />
<br />
''"Mais qu'est-ce que tu fais là ?"'' fini par demander Islinna, sa langue une fois libre. Le grand blond lui explique alors volontiers qu'il dirige une force de quelques 500 guerriers (mariniers et cavaliers) déployée le long du littoral pour prévenir une incursion ennemie, depuis qu'on a repéré des navires "dirsen" croisant au nord du Golfe Cinglant. <br />
<br />
À nouveau, les Talendan lui expliquent que ce sont probablement de méchants Arkonnelkan qui naviguent en secret de leurs alliés pour tout un tas de viles opérations clandestines, mais le concept semble laborieux au magnifique guerrier (qui n'a pas inventé l'eau tiède, faut dire) : si c'était le cas, où diable ces navires pourraient-ils bien mouiller dans une région dont les rares havres sont habités par les Oloden ?<br />
<br />
Le dîner qui suit (et qui va consommer une bonne part des réserves gastronomiques Kerdanes : il y a quelques dizaines d'invités) est émaillé de quelques frivolités, potins (dont l'incontournable "avec qui couche le barde Tael Shannan cette semaine") et récits des combats qui embrasent toujours la vallée de Cainil : [[Kainen Tahrel]] ayant été repoussés loin des murs de Darverane, il adopte pour l'instant une stratégie plutôt défensive, jouant la montre en attendant que ses alliés So'Sherkan ouvrent un second front sur les arrières impériaux.<br />
<br />
Pendant que le fier soldat balance sans y penser des secrets militaires aux premiers venus, Mérane entreprend d'avoir une discussion "entre filles" avec son "second", la guerrière Sewil Nilliendin (qui est beaucoup moins cruche et arrêta Nevel et [[Lidel'Agilon]] en pleine nuit sur la lande, toujours lors de "Tréfonds") : ce n'est que lorsque le dîner se termine, Islinna et Mil'orind s'éloignant parmi les joncs pour aller « prendre le dessert », que la négociante s'aperçoit que, mine de rien, la guerrière oloden lui a tiré les vers du nez toute la soirée sur leur expédition commerciale, l'Assemblée Tribale et les forces impériales dans leur secteur...<br />
<br />
== Troisième jour de navigation ==<br />
<br />
Le lendemain à l'aube, Mil'orind est bien triste de regarder partir sa belle, un bon vent gonflant les voiles du Coppavento qui vogue plein nord, pour traverser la baie et avoir franchi le Détroit des Griffes avant le soir. Bien lui en prend parce que le détroit se révèle "un peu agité" à marée descendante, et que le corsaro doit y louvoyer de son mieux, Bartolome secondant la vigie depuis la proue, une sonde en main pour surveiller le fond, pendant que Diovire tente de rester au vent et d'anticiper les manœuvres pour éviter les méchants récifs pointus qui bordent le chenal (ça racle un peu et, sans les carnets de navigation +qq pH, ils eussent fait naufrage).<br />
<br />
Mais c'est en quittant enfin le détroit que le temps se gâte : au tourbillon de nuages noirs qui couvre la crête écumante des vagues venant du large, Bartolome comprend illico que, cette fois, c'est carrément la grosse tempête [de fait : face aux 17 pions du Coppavento, je viens d'aligner une Mise de 30]. Malgré une tentative de contourner par le nord et longeant la côte, le navire malmené par les déferlantes et battu par la pluie doit bientôt s'en éloigner pour éviter d'être drossé sur les falaises de la Baie des Griffes. Sur le pont, ça ne rigole plus du tout : Diovire hurle ses ordres à travers la tourmente, Bartolome mène l'équipage au pas de charge pour abattre une voile qui menace de claquer, Bahardabras peine à tenir la barre sous les coups de butoir de la mer qui tabasse le gouvernail. Soudain, plusieurs mousses manquent d'être emportés par une vague et les matelots perdent le contrôle... [Là, les joueurs comprennent qu'ils vont tous mourir et payent 4pH pour s'en sortir avec un préjudice mineur.]<br />
<br />
Les heures qui suivent sont un enfer : sur le pont lessivé par les trombes d'eau, les Talendan s'accrochent de toutes leurs forces au moindre cordage, la cargaison dansant dans la cale de la nef qui tournoie follement, ballotée comme un bouchon et embarquant des paquets de mer. Cognés contre la coque, rincés et suffoquant, il leur faut un moment pour réaliser qu'ils ont été recrachés presque indemnes par la tempête, et dérivent maintenant vers le sud de la Baie des Griffes. Observant la côte, les frères Sotorine repèrent un possible mouillage entre les îlots qui criblent le littoral et finissent par jeter l'ancre à moins d'un mile des falaises où, lorsque la nuit tombe, l’œil exercé de Bahardabras distingue le probable feu d'un bivouac oloden.<br />
<br />
== Quatrième, Cinquième et Sixième jour de navigation ==<br />
<br />
Le 4° jour se lève sur un temps superbe, le ciel nettoyé à grande eau par la tempête et un bon petit vent frais soufflant bientôt sous un angle idéal : après avoir séché toute la nuit autour des braséros, l'équipage appareille et met cap au nord-ouest. Pour aborder le golfe et son perpétuel tourbillon, Diovire Sotorine a en effet décidé d'un plan assez futé : remonter au vent bien au large de la Pointe d'Arenzio, virer plein sud puis donner toute la voile par vent arrière pour prendre un maximum d'élan et chevaucher le courant de reflux du tourbillon, cap au sud-est.<br />
Et comme le temps se maintient [à partir de là, ils ont plutôt de la veine sur les jets de Vent], c'est à plus de 8 nœuds que le Coppavento croise bientôt les îles Shilorken... d'où surgissent soudain deux formes aux voiles noires : ''"Arkonnelkan !"'' crie la vigie.<br />
<br />
Mais l'agile coursier se moquent des lourdes cogues et, hissant jusqu'au dernier perroquet pour déployer toute la voilure, il laisse bientôt les apprentis pirates peiner en vain sur leurs rames insuffisantes, filant à pleine vitesse vers la Côte de Marbre et la marche des Lisières.<br />
<br />
Maintenant une excellente allure jusqu'au soir, l'équipage ne réduit la voilure que pour continuer sa navigation de nuit (profitant du temps clément et de l'absence de piège dans le secteur), perd un peu de vitesse le lendemain (moins de vent, plus de vague). Croisant de nuit très au large du phare de Grésil, le premier port de pêche sur la côte, le 6° matin trouve le Coppavento au large d'Éclisse.<br />
<br />
Contre toute attente, la rade de ce petit village portuaire se trouve alors encombrée de 2 grandes caraques remanes (à se demander comment elles sont arrivées là) et 4 cogues plus petites, affichant les pavillons des Maisons (nobles) de Lorune, d'Orsane ou de Salviane et manifestement armées pour la guerre. Les Talendan n'aillant pas très envie de voisiner la marine impériale, ils changent de cap et, tant qu'ils ont assez de vent, remontent l'estuaire du puissant fleuve Dramghil jusqu'au port de "l'Ancre", un village de pêcheur accroché à la falaise.<br />
<br />
Bientôt amarrés à l'unique quai (que leur nef envahit à moitié : heureusement que les locaux sont à la pêche), les Talendan débarquent à la taverne du bled, une gargote "lourdement rurale" où la modeste bière fait des heureux pendant que les langues se délient un peu. Le temps de récolter quelques infos sur Aroche, le trafic maritime ou la flotte de guerre qui stagne apparemment à Éclisse depuis une semaine et Diovire rappelle son équipage à grands cris : le vent s'est levé, s'ils veulent en profiter pour tailler contre le courant du fleuve jusqu'à leur destination, il faut que ce soit maintenant !<br />
<br />
== Terre ! ==<br />
<br />
Dans l'après-midi finissant, nos marins doublent bientôt la pointe du Roi et, sous la puissante citadelle qui domine la falaise, découvrent ébahis la grande cité en terrasses descendant vers le plus grand port des Marches : après seulement 6 jours de mer, '''les voilà sains et saufs à [[Aroche]] !'''<br />
<br />
----<br />
'''[[10) "Nuit Blanche"|<< Épisode Précédent]] | [[12) "Ville Basse"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
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<br />
[[Catégorie:Épisodes]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/9)_%22Reishin_Ghoran%229) "Reishin Ghoran"2014-09-08T16:33:31Z<p>Aloun : /* Premier jour */</p>
<hr />
<div><br />
<br />
== Objectifs et renseignements ==<br />
<br />
C'est au début de la [[Huitaine 6|sixième huitaine]] ("après la bataille") que les Talendan ont pour la première fois entendu parler du Reishin Ghoran, la fameuse "[[Frontière de l'Orage]]" conçue par l'Assemblée Tribale.<br />
Lorsque Lel'Liamil profite d'achats de chevaux au [[Cercle des Cascades]] pour se renseigner sur les négociations (et comprends que l'argent qu'il vient de verser pour les canassons va permettre aux [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] de s'armer), il réalise rapidement que ce fin stratège d'Alon Sorhan (chef du clan des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]], "chef de guerre" de toute la tribu des So'Sherkan et tête de file des Emishen bellicistes) est en train de s'approprier le débat en proposant pour la Frontière un tracé englobant presque toute la Marche des Lacs et qui, au lieu de garantir la paix, obligerait les pacifistes à commencer par en chasser les Remans, donc à entrer en guerre. Parallèlement, d'autres Emishen font la promotion d'un tracé "sans les Dirsen" qui limiterait la zone de paix aux plus hautes vallées, excluant notamment Tal Endhil.<br />
Dès que le maquignon lewyllen prévient Durgaut de ce qui se trame, le Capitaine lui parle du rapport stratégique de Bahardabras le Hornois, concernant la défense de la vallée, les cols défendables, les gués et tout ce qu'il leur faudrait de troupes et de fortification pour tenir enfin fermement leur territoire.<br />
Il apparaît très vite que si les Talendan réussissaient à influencer le tracé du Reishin Ghoran pour qu'il corresponde à leur vallée (donc grossièrement aux contours du futur bailliage), ils obtiendraient non seulement d'être inclus dans la zone de paix (ce qui serait extrêmement profitable au commerce) mais d'être désormais carrément défendus par la force d'interposition Emishen, appelée à vite devenir plus nombreuse que les troupes du village, ce qui serait un pas de plus vers une possible indépendance vis à vis de l'Empire (idée qui trotte dans la tête de beaucoup de PJ depuis longtemps). Si en plus l'arrangement de Durgaut avec les [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] pouvait convaincre l'un des rares clans Emishen possédant une expérience minière de venir s'installer chez lui pour exploiter les filons locaux (en l'échange du rachat de leurs frères en esclavage), le Capitaine pourrait rapidement se retrouver à la tête d'une petite mais puissante seigneurie "franche"...<br />
<br />
Lel'Liamil ayant passer le reste de la semaine à identifier les émissaires les plus influents et leur allégeance à l'un des trois tracés (le "grand" d'Alon Sorhan, le "haut" qui exclue les Dirsen et celui des Talendan, largement minoritaire puisque seulement soutenu par leurs alliés directs, [[Kal Feilan]], [[Kal Shemon'Lon]] et [[Tael Shannan]]), il remonte aux Cascades avec une équipe de diplomate emishen composée de son fidèle [[Sifenen Arlan]], [[Islinna|Islinna "Maliam'nid"]], [[Nevel Sholdanan]] et la jeune négociante [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] [[Doma Sholen]] : vue l'avancée des négociations, ils n'ont alors guère plus que 24h pour obtenir un changement drastique de l'opinion avant que tous les "bellicistes" ne quitte l'Assemblée pour partir en guerre dans la Marche des Gemmes, mettant probablement fin au plus gros des débats. Durgaut ayant fait jouer ses contacts auprès des pacifistes, il a obtenu que ses représentants -quoique n'étant pas vraiment des "émissaires tribaux"- puissent au moins présenter leur projet à l'Assemblée.<br />
Ils savent que les principaux arguments en faveur du "grand" tracé sont la quantité de terres arables (pour nourrir les réfugiés, qu'on suppose très nombreux) et les cercles de pierres qui s'y trouvent, historiquement les points de rassemblements et lieux saints des différents clans alors que les quelques émissaires à défendre le tracé "haut" ne le font que par défiance envers les Dirsen en général. <br />
<br />
=== Rappel des différents clans Emishens ===<br />
<br />
Clans appartenants aux '''Si'Olonil''' ("falconidés")<br />
: Les Elloran ("éperviers-pêcheurs")<br />
: Les Liam'Lon ("faucons chanteurs")<br />
: Les Oloden ("gerfauts des rivages")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Lewyllen''' ("corneilles")<br />
: L'Aile du Silond, ("le nord")<br />
: L'Aile de l'Orind, ("le sud")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''So'Sherkan''' ("aigles")<br />
: Les Okhina'en ("aigles royaux")<br />
: Les Edell'Okhil ("aigle des montagnes")<br />
: Les Tallalnen ("harfangs")<br />
: Les Halia'Hetan ("pygargues")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Arkonnelkan''' ("les condors")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Rimdehl''' ("geaies")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Otlalnan''' ("oies")<br />
: Les Barantanen (“bernaches”, qu'on appelait le "clan du printemps" et qui avait une grande importance symbolique chez les Emishen)<br />
: Les Otindhil (“cygnes”)<br />
: Les Eritorden (“pélicans”, réduit à moins de 10.000 parce qu'ils sont les seuls à avoir vraiment résisté)<br />
: Les Eibradon (“eider”)<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Korimlan''' ("vautours")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Del'Ranan''' (sternes")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Larindeln''' ("goélands")<br />
<br />
== Premier jour ==<br />
<br />
[[Fichier:Plan-Cascades.jpg|600px|thumb||Plan du Cercle des Cascades]]<br />
<br />
Accueillis pour dîner chez [[Ethelkaran]] (doyen des [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] du sud, donc "chef" de Lel'liamil) et, bientôt rejoints par le barde [[Tael Shannan]], nos diplomates vont d'abord convaincre le doyen de l'opportunité commerciale qu'il y aurait à se lancer massivement dans l'importation de nourriture et de semences (pour développer l'agriculture locale) afin de pouvoir assurer le ravitaillement des réfugiés : car si Tal Endhil peut assurer des liaisons maritimes vers Aroche et se dote bientôt d'un port fluvial, la seule ville cosmopolite de la zone de paix serait rapidement la plus grande place commerçante de la région.<br />
<br />
=== Kal Kirhan chaman des Tallalnen (5) ===<br />
<br />
Ceci fait, [[Sifenen Arlan]] et [[Nevel]] filent parler à [[Kal Kirhan]], le fameux chaman-lancier des [[Tallalnen]] (qui accompagnait l'Opération Tréfonds) et qui, pressenti pour commander les Gardes-Frontière, a apparemment refusé le poste : s'ils parvenaient à le convaincre d'accepter et le ralliaient à leur tracé, ce serait encore des points de marqués. Lorsqu'ils arrivent au campement des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]], c'est pour découvrir leur ami, le chef du clan Reyil Arkon et sa chamane [[Kal Levayassan]] en grande discussion avec [[Alon Sorhan]] : si les deux chefs guerriers partagent le même avis sur les Dirsen et la frontière, les deux chamans sont beaucoup plus circonspect et même vaguement défiant avec le puissant [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] qui cherche à rallier un maximum de combattant et à se faire nommer "chef de toute la tribu" (donc, en plus de son propre clan, ceux des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] et [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]]). C'est plutôt un dialogue de sourds, dont les PJ réussissent à extraire [[Kal Kirhan]] pour lui mettre le marché en main, mais le chaman explique qu'il en a marre des manigances politiques : tout ça est trop malhonnête pour sa propre conception de la Justice (car avant de devenir chaman sur le tard à la demande expresse de leurs esprits-totems, [[Kal Kirhan|Kirhan]] était "l'exécuteur judiciaire" des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] : c'est un peu Judge Dredd rhabillé en chaman), il est loin de sa famille depuis des semaines, il pense qu'Alon Sorhan va faire capoter tout le projet de frontière et, franchement, n'a lui-même guère confiance dans les Dirsen. [[Nevel]] va alors user de toute son éloquence (limitée) pour faire valoir qu'il est justement le seul espoir de la Frontière, entraîner le chaman dans une longue conversation (alcoolisée) à cœur ouvert en contemplant la cascade... et finalement renvoyer son ami méditer sur ses contradictions, réponse espérée le lendemain.<br />
<br />
=== Rencontre entre Nevel et Alon Sorhan ===<br />
<br />
En regagnant les pentes où devraient camper ses camarades, légèrement éméché, Nevel tombe sur [[Alon Sorhan]] qui veut lui parler : si le chef de guerre veut faire appel à la fougue guerrière qui animait jadis l'éclaireur et qui l'a poussé à attaquer l'occupant il y a 15 ans, déclenchant le sanglant cycle de représailles qui coûta la vie à de nombreux [[:Catégorie:Elloran|Elloran]], à leur chef d'alors (le père de l'actuel) et le fit bannir, [[Nevel]] lui explique posément pourquoi il est aujourd'hui du côté de la paix et de la "Fraternisation", et comment il compte racheter ses fautes passées en défendant les Emishen pacifistes. La discussion s'envenime peu à peu, au point que le chef des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] finisse par traiter l'[[:Catégorie:Elloran|Elloran]] repentant de lâche et le prévienne que leur prochaine rencontre se fera probablement les armes à la main.<br />
Légèrement dégrisé, [[Nevel]] par en quête de ses compagnons...<br />
<br />
=== Malondil chef des Elloran (6) ===<br />
<br />
[[Lel'Liamil]] et [[Islinna]] enchaînent justement avec [[Malondil]], le (trop) jeune chef des [[:Catégorie:Elloran|Elloran]] des Cascades, de plus en plus ouvertement partisan de la guerre (bien que son chaman, [[Kal Feilan]], soit le leader pacifiste : oui, c'est le bordel). En plus d'avoir été presque spolié de son rôle politique ([[Kal Feilan|Feilan]] a derrière lui une nette majorité des [[:Catégorie:Elloran|Elloran]], l'organisation de l'Assemblée s'est faite sur les terres de son clan mais contre son avis...), nos deux PJ comprennent vite que le jeune homme est surtout sous la double influence de sa mère, qui déteste les Dirsen, et du souvenir de son père, Ahndro'shar, ancien chef du clan tué en combattant l'oppresseur. Mais il semble vite aux deux diplomates qu'il y a "quelque chose du défunt" qui se manifeste à travers le jeune [[Malondil]] quand il parle de vengeance, une soudaine fougue et une conviction qui ont certainement fait beaucoup pour son élection comme chef, mais qui aux yeux d'[[Islinna]] pourrait bien avoir une source "surnaturelle". Surpris et foutus dehors, ils se séparent pour leurs visites suivantes...<br />
<br />
=== Tahalien des Rimdehl (7) ===<br />
<br />
[[Lel'Liamil]], lui, va parler aux [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]], la tribu décimée étant représentée sur place par seulement deux bardesses : une vieille malade venue énumérer à l'Assemblée les massacres et les injustices subis par sa tribu à cause du prévôt [[Rhilder]], la seconde n'étant autre que [[Tahalien]], l'évadée de la mine de [[Solerane]] que [[Vighnu]] et [[Andréas]] ont croisé (et aidé) pendant [[8) "Le Train de l'Argent"]]. Si Tahalien -plutôt influente aux Cascades- doit heureusement remplacer sa consœur à l'Assemblée et se dit assez favorable aux Talendan, elle leur propose vite de défendre leur projet pour peu qu'ils lui rendent deux services.<br />
Le premier consiste rien moins qu'à monter l'évasion de tous les esclaves qu'elle a du laisser derrière elle dans la mine de Jornil Cuivré (les Talendan acceptent d'y parvenir sous 4 semaines, quoiqu'en en sachant pas encore comment leurs collègues pourront bien s'y prendre), le second à trouver une solution pour les enfants sauvés des mines et qui, sans famille, sont actuellement hébergés avec nombre d'autres orphelins par les [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] du sud (la communauté de [[Doma Sholen]], rescapée du massacre du Pic Blanc)... Sauf que ces gamins sans réelle supervision commencent à poser de nombreux problèmes : ils se font nourrir sans participer à aucune des tâches domestiques, ils foutent le souk dans les campements, volent parfois, refusent d'être séparés et renvoyés dans leurs clans respectifs.<br />
<br />
=== Kal Tayvohn chaman des Edell'Okhil (4) ===<br />
<br />
De leur côté, Islinna et Doma Sholen ont pris contact avec [[Kal Tayvohn]], le chaman des [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] qui a récemment aidé Durgaut pour "le Train..." : furieux que le Capitaine n'ait encore rien fait pour tenir sa promesse de racheter les enfants de son clan en esclavage dans la Marche des Gemmes, il fait alors plutôt campagne contre les Dirsen. Les deux demoiselles vont néanmoins parvenir à lui faire comprendre qu'il faut du temps pour préparer la transaction et surtout que la route vers le sud rouvre avant que les Talendan puissent tenir leurs promesses. Ramené à de meilleurs sentiments, le jeune chaman est alors prêt à écouter leurs arguments en faveur du tracé "de Tal Endhil". Et lorsque Lel'Liamil, Nevel et Tahalien arrivent pour leur prêter main-forte, les diplomates le persuadent à son tour : autant pour vérifier leur honnêteté que pour les assister dans leurs tâches, [[Kal Tayvohn|Tayvohn]] leur confiera le lendemain la pétulante Neri'Helin, la dresseuse qui avait permis à l'équipe du "Train" de franchir les montagnes et qu'Islinna a récemment recrutée pour conduire les géants affectés à la Mine Bénie. En effet, celle-ci est prête à vendre ses services pour peu qu'elle n'ait pas à fréquenter [[Adira Pratesh]] (dont la réputation sulfureuse commence à se répandre chez les Emishen) et qu'elle soit payée en monnaie impériale,afin de racheter des esclaves de sa famille.<br />
<br />
=== Soirée nuageuse et herbeuse ===<br />
<br />
La nuit est très avancée lorsque nos PJ et Tael Shannan se regroupent enfin dans la tente de [[Kal Feilan]] pour faire le bilan, prévoir la suite et partager l'herbe-nuage du vieux [[Kal Shemon'Lon]]. Sous l'influence de l'herbe, les langues se délient et un certain nombre de secrets sont révélés, notamment l'implication du célèbre barde dans le trafic d'artefacts et le financement des Kormes ([[Tael Shannan]] jure qu'il a compris son erreur et qu'on ne l'y reprendra plus), mais aussi la présence d'esprits mauvais rôdant autour du Cercle (l'esprit du Chacal qui accompagne [[Etayn-la-Louve]] et l'empêche de trouver [[Urgrand]], le démon affamé qui s'est enfuit de la Mine Bénie après l'intervention des Talendan et sans doute quelques autres forces inféodées à [[Lorkan Elakhendil]]...). [[Islinna]] évoque son père, un [[:Catégorie:Elloran|Elloran]] ayant rejoint le camp des Kormes depuis des années et dont elle n'a plus de nouvelle, [[Nevel]] raconte l'Opération Tréfonds et les récentes menaces d'[[Alon Sorhan]], [[Lel'Liamil]] se plaint de son épouse et tente d'expliquer son "amitié" avec [[Adira]], on fait des hypothèses sur la Porte-sous-la-Montagne, on confirme que [[Malondil]] est certainement "hanté" par son père Ahndro'shar.... Et plus nos héros fument, plus l'ambiance glisse de la complicité à l'intimité, des confessions vers une tendresse "tactile" : on se câline, on se papouille sans y penser vraiment. Quand la nuit menace de tourner à l'orgie, [[Kal Feilan]] réussit tout de même à foutre ces encombrants convives à la porte et, après qu'[[Islinna]] ait repoussé les avances de [[Tael Shannan]] pour entraîner [[Sifenen Arlan|Arlan]] par la main, [[Doma Sholen]] promet de trouver un lit pour [[Nevel]] qui titube et le reste de la soirée se perd dans les brumes de l'herbe-nuage.<br />
<br />
== Deuxième jour ==<br />
<br />
=== Réveils échelonnés ===<br />
<br />
À l'aube, [[Tael Shannan]] a envoyé son garde du corps "semishen" (métis emishen/semi) quérir Andréas Odran au village afin qu'il puisse rencontrer [[Malondil]] et peut-être le défaire du fantôme de son père.<br />
<br />
[[Lel'Liamil]] se réveille le second, dans sa tente familiale (il a apparemment trouvé son chemin jusque là et sa femme se moque joyeusement de sa gueule de bois) : rejoignant rapidement son doyen Ethelkaran et la bardesse Tahalien pour causer politique, leur nouvelle alliée lui fait remarquer que le "tracé haut" soutenu par sa vieille [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]] malade, la chasseresse [[Falawin]] et la vieille chamane nommée Kal Ron Shidalei (ces deux dernières du clan des [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]]) va en lui-même poser des problèmes de subsistance (il n'y a pas grand chose à bouffer dans les hautes vallées et les pics enneigés) et que si les deux Liam'Lon comptent sur leur clan pour ravitailler les réfugiés, il semble qu'elles n'aient en fait pas l'aval de leur clan pour ce faire. Ce qui commence à inspirer au maquignon un plan assez audacieux, consistant à faire capoter le tracé "haut" avant le grand pow-wow du soir afin d'en récupérer les partisans pour leur propre plan...<br />
<br />
C'est le beau soleil de fin de matinée ("c'est le printemps !") qui éveille [[Sifenen Arlan]] et [[Islinna]] en se glissant sous une tente lewyllen. D'abord ravi de sa nuit voluptueuse, le conducteur d'attelage panique en réalisant qu'il vient de coucher avec l'amoureuse de l'assassin [[Vighnu Pratesh]], dont la jalousie commence à être connue chez les Emishen. Il tait néanmoins ses craintes à son amante d'un soir, qui se lève pour rejoindre ses camarades diplomates : informée du plan de Lel'Liamil et effectivement convaincue que c'est pour eux le seul moyen de récupérer assez de voix avant la soirée, elle accompagne le maquignon et la bardesse visiter [[Falnen Be'hemshar]], le jeune chasseur [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] fougueux qui participa à "l'Opération Tréfonds" (avec elle, Nevel et Vighnu, entre autres) et qui, s'il est assez au courant des affaires de chasse de son clan, reste un soutien "pacifiste" et s'est déjà déclaré volontaire comme "garde-Frontière (de l'Orage)".<br />
[[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] confirme volontiers le peu qu'il sait de la politique de son clan (c'est pas vraiment son rayon) et leur apprend que, finalement, les partisans du tracé "haut" se défient surtout des Dirsen à cause de divers préjugés. Comme les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] savent que, quelque soit le tracé, il leur faudra forcément se mettre à l'agriculture pour nourrir les réfugiés (à laquelle ils ne connaissent rien et qui va nécessiter le soutien d'une culture plus "paysanne"... comme les Dirsen, par exemple) et que la position politique de [[Falawin]] reste assez fragile, l'enthousiaste [[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] accepte de leur étendre une invitation pour le dîner "clanique" du soir, où ils ne leur restera qu'à être très éloquents pour peut-être rallier les soutiens nécessaires juste avant la réunion...<br />
<br />
Le soleil a déjà passé son zénith quand [[Nevel]] s'extirpe enfin d'une yourte inconnue... au milieu du camp des "orphelins", qui s'avèrent considérer [[Doma Sholen]] comme une grande sœur. Après que l'[[:Catégorie:Elloran|Elloran]] ait subit les moqueries de tout le monde pour s'être endormi "sans rien faire" (à la déception de [[Doma Sholen]], qui le couvait des yeux depuis des semaines), les deux tourtereaux malchanceux discutent de leur ami [[Oleytan "le Furet"]] (toujours amoureux de Doma), de leur possible couple ([[Nevel]] flippe un peu) et du problème grandissant des orphelins (qu'il va falloir régler puisqu'ils l'ont promis à [[Tahalien]]), avant d'aller quérir la réponse de [[Kal Kirhan]] : après avoir longuement médité, consulté les esprits et discuter avec quelques membres de sa belle-famille, le chaman-lancier admet que s'il veut que les siens soient vraiment en sécurité derrière la Frontière, il lui faudra en assurer la garde lui-même... mais à la condition que Nevel soit son second, ce qu'il accepte en sachant qu'il lui faudra pour cela démissionner du service de [[Durgaut]].<br />
<br />
=== Arrivée d'Andréas et de Shen Silondin ===<br />
<br />
L'après-midi touche à sa fin lorsque Shen Silondin revient de Tal Endhil avec [[Andréas]]... et une récente blessure : les Templiers qui gardaient le donjon l'ont pratiquement attaqué à vue et le guerrier [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] est assez remonté contre les Dirsen. Nos diplomates le calment néanmoins et font le point avec [[Tahalien]] et [[Neri'Helin]], la dresseuse ayant fait le tour des campements pour leur fournir une vue générale des opinions : si le "grand" tracé est encore nettement majoritaire, celui des Talendan a déjà plus que doublé ses partisans et comme le tracé "haut" régresse depuis que les [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] ont annoncé qu'ils ne le soutiendraient pas (et que sans eux la subsistance en altitude sera très difficile), nos PJ peuvent encore revenir à la marque si [[Malondil]] et les 2 émissaires [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] passaient de leur côté dans les quelques heures qui leur restent. Si les orateurs du "tracé talendan" brillaient particulièrement durant leur exposé, ils pourraient même rallier assez d'indécis pour faire la différence, aussi ont-ils préparé intensément leurs arguments et leurs discours avec leurs alliés : ce soir, l'avenir de Tal Endhil dépendra de leur éloquence.<br />
<br />
=== Banquet chez les Liam'Lon (3) ===<br />
<br />
Lorsqu'ils arrivent au grand campement [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] peu avant le banquet qui réunit chaque soir le clan autour de ses émissaires, l'accueille est d'abord un peu frais mais les PJ ont apporté des denrées, [[Lel'Liamil]] comme [[Islinna]] savent se faire des amis, [[Nevel]] bénéficie tant de l'introduction de [[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] que d'une renommée assez flatteuse depuis le duel rituel contre les [[:Catégorie:Arkonnelkan|Arkonnelkan]] et même [[Andréas]] fait des efforts de sociabilité. Aussi, lorsque [[Kal Ron Shidalei]] et [[Falawin]] arrivent du piton rocheux qui forme le village en dur des Cascades et donc le "centre de conférence" de l'Assemblée, nos diplomates sont déjà bien intégrés et la chasseresse renonce à les virer. Et le débat attendu se produit : quand Falawin annonce la part de gibier demandée aux [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] pour ravitailler l'éventuel tracé "haut", les chasseurs font plutôt la gueule et nos héros s'engouffrent dans la brèche en soulignant que les réfugiés se déverseront probablement dans leur territoire aux premiers frimas, qu'ils ne pourront lancer de cultures sans l'aide des Dirsen et mentionnent que, en perdant Tal Endhil, les "Faucons-Chanteurs" seraient privés du commerce des peaux qui leur rapportent jusqu'ici le métal et les chevaux dont ils manquent.<br />
[[Falawin]] rétorque que les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] peuvent encore agrandir leur territoire sur les terres abandonnées par les [[:Catégorie:Del'Ranan|Del'Ranan]] disparus : les PJ entendent pour la première fois la mention de la disparition complète de la tribu la plus nordique du Peuple du Vent, que les Liam'Lon n'ont pas trop ébruité pour s'approprier leur Cercle, puisque le leur est de longue date "envahi par les démons" (nos héros tombent carrément des nues), mais les chasseurs ne sont guère enthousiasmés par ces toundras gelées 8 mois par an. Alors qu'[[Islinna]] quitte le banquet pour intercepter [[Malondil]] avant qu'il ait lui-même fini de dîner (comptant sur le rapport de séduction qu'elle a déjà établi avec lui), [[Andréas_"Odran"|Andréas]] pousse justement la discussion vers les démons et autres exorcismes en expliquant qu'il est une sorte de "chaman dirsen" (déclenchant comme souvent toutes sortes de commentaires sur ses origines, vu son physique nettement "emishen", dont il se défend bien inutilement), [[Lel'Liamil]] insiste sur les bénéfices que les Liam'Lon tirent déjà du négoce avec sa propre tribu et l'apport des Lewyllen au ravitaillement des futurs réfugiés si l'on adoptait le tracé "talendan" pendant que Nevel rappelle que lui-même défend la paix ET la fraternisation, qu'ils ont l'appui de [[Kal Kirhan]], [[Kal Shemon'Lon]], [[Kal Tayvohn]] et de [[Tael Shannan]]...<br />
<br />
L'heure tourne, les émissaires se préparent à remonter au Cercle et les discussions se résument finalement toujours au même point : les Liam'lon ne peuvent pas faire confiance aux Dirsen... à moins que les Talendan n'adoptent à leur tour une partie des coutumes locales, à commencer par la nomination d'un chaman : Andréas manque de s'étouffer sur sa venaison en réalisant que c'est de lui qu'on parle. Mais l'idée de compléter sa formation "mystique" ne lui déplaît pas et, s'il doit être régulièrement en but à des affaires de démons, de spectres et d'esprits totems, autant y être préparé. Il accepte donc de devenir le disciple de [[Kal Ron Shidalei]] et [[Kal Shemon'Lon]], scellant un pacte avec les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]], qui se rallient enfin aux PJ.<br />
<br />
=== Exorcisme ===<br />
<br />
Ce n'est pas trop tôt, parce qu'alors [[Andréas_"Odran"|Andréas]] doit filer chez [[Malondil]], où [[Islinna]] gagnait déjà du temps (et des infos) en évoquant avec le jeune chef et sa mère le tragique décès d'Ahndro'shar. L'arrivée de Lel'Liamil, qui manœuvre pour occuper la veuve, lui permet de lui soumettre enfin la proposition prévue : rencontrer un ami à elle qui pourrait lui donner l'occasion de parler à son défunt père. Le temps d'expliquer que l'ami en question n'est pas exactement un chaman ("Mais il va le devenir !", précise [[Lel'Liamil]]), [[Andréas_"Odran"|Andréas]] les rejoint enfin, essoufflé. Malgré ses limites en Langue des Vents et son peu d'expérience en la matière, Islinna a suffisamment mis la famille en condition pour qu'il réussisse à exécuter le rituel pour évoquer Ahndro'shar, employant pour cela sa sphère première... qui libère soudain un invité surprise : le spectre de Languard ! Avec deux spectres tempêtant soudain dans la hutte sous les yeux effarés de Malondil et de sa mère, les pouvoirs d'Islinna et la présence d'esprit (haha!) de Lel'Limail ne seront pas de trop pour protéger les participants du mobilier qui vole le temps qu'Andréas parviennent à "ré-aspirer" Languard dans la sphère et à stabiliser suffisamment l'image du père pour qu'il adresse un long regard triste à son épouse. Puis, se tournant une dernière fois vers son fils, le fantôme disparaît de sa propre volonté. Profitant du trouble qui règne dans la hutte en désordre, Islinna se dépêche d'interpréter la brève apparition comme le signe qu'Ahndro'shar considère qu'il est temps pour sa femme de lâcher prise et pour son fils de devenir une personne en propre, méritant le titre de chef par ses propres décisions plutôt que par la répétition de celles de son père.<br />
Cette tentative de "thérapie familiale accélérée" ne suffira pas à convaincre Malondil de changer de camp mais, puisqu'il est trop choqué pour participer activement à l'Assemblée, c'est toujours une voix de moins pour Alon Sorhan...<br />
<br />
== Assemblée ==<br />
<br />
Rejoignant précipitamment le Cercle où Tael Shannan s'était lancé dans un splendide "filibuster" pour couvrir leur retard, les exorcistes amateurs prennent leurs places à l'Assemblée et le barde introduit leur exposé. À ce stade, la plupart des présents ont déjà entendu parlé de leur tracé et l'enjeu est maintenant d'en souligner non seulement les avantages, mais l'ampleur des soutiens.<br />
[Comme il était grand temps qu'on finisse cette séance au risque de perturber le planning des parties suivantes, et quoique les Emishen ne prennent pas réellement leurs décisions politiques au vote mais discutent longuement jusqu'à obtenir un consensus global, on a réglé la question en "comptant les points" : j'avais attribué un score "d'Influence" aux différents émissaires et le parti regroupant le plus d'Influence emporterait le morceau sur la longueur. Et comme nos diplomates n'avaient pas l'avantage en début de séance, il leur fallait maintenant cumuler les uns après les autres assez de MR sur des jets de persuasion ou d'éloquence pour non seulement combler l'écart, mais prendre l'ascendant.]<br />
<br />
Chacun leur tour, les partisans du tracé "talendan" vont alors expliquer leurs raisons et démontrer leur force de conviction devant un auditoire manifestement surpris du nombre d'appuis qu'ils ont su rassembler. Ethelkaran et Doma Sholen promettent que les Lewyllen approvisionneront la zone de paix s'ils peuvent commercer à Tal Endhil, Falawin engage de même la parole des Liam'Lon et Islinna celle des Sotorine (avec l'aval réticent de sa mère), Lel'Liamil fait miroiter à tout le monde un formidable développement agraire et Nevel jure de défendre la zone de paix avec Kal Kirhan : bien qu'un tribun franchement médiocre (et échaudé au Cercles des Hautes Pierres), le chaman-lancier renouvelle son serment et accuse carrément Alon Sorhan de manipuler les débats sur le tracé pour entraîner les pacifistes dans une guerre sanglante, concluant par la promesse de le tuer s'il s'en prend à nouveau à l'intégrité de la Frontière (ce qui fait assez forte impression, vu la réputation de "justicier" de Kirhan).<br />
<br />
Il faut alors l'intervention modératrice de Kal Feilan et Falawin pour ramener le calme et laisser [[Kal Tayvohn]] et [[Tahalien]] exprimer leur soutien aux Talendan "parce qu'ils sont les seuls à œuvrer sérieusement pour la libération des esclaves" (les [[:Catégorie:So'Sherkan|So'Sherkan]] et quelques [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]] font des mines dégoûtées). Et lorsque Andréas annonce que, pour démontrer la bonne fois de [[Tal Endhil]], il va en devenir le chaman par l'enseignement de [[Kal Ron Shidalei]], les bellicistes finissent par rompre le protocole pour crier au scandale, permettant ainsi aux organisateurs de sortir de leur (relative) neutralité.<br />
Quand [[Kal Feilan]] menace [[Alon Sorhan]] de l'exclure des pourparlers si ses partisans s'avèrent incapables d'en respecter les usages, le chef de guerre prend la parole pour annoncer d'un ton glacial que cette Assemblée a tourner à la mascarade et qu'il partira dès le lendemain pour mener au combat tous les Emishens assez fiers de leur héritage pour le défendre les armes à la main.<br />
<br />
Derrière lui, la quasi-totalité des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]], la majorité des [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] et plus de la moitié des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] quittent les Cascades le lendemain à l'aube, laissant aux Talendan une victoire de justesse qui leur a coûté bien des promesses et annonce moult complications à venir...<br />
<br />
----<br />
'''[[8) "Le Train de l'Argent"|<< Épisode Précédent]] | [[10) "Nuit Blanche"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
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[[Catégorie:Épisodes]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/9)_%22Reishin_Ghoran%229) "Reishin Ghoran"2014-09-08T16:32:08Z<p>Aloun : /* Malondil chef des Elloran (6) */</p>
<hr />
<div><br />
<br />
== Objectifs et renseignements ==<br />
<br />
C'est au début de la [[Huitaine 6|sixième huitaine]] ("après la bataille") que les Talendan ont pour la première fois entendu parler du Reishin Ghoran, la fameuse "[[Frontière de l'Orage]]" conçue par l'Assemblée Tribale.<br />
Lorsque Lel'Liamil profite d'achats de chevaux au [[Cercle des Cascades]] pour se renseigner sur les négociations (et comprends que l'argent qu'il vient de verser pour les canassons va permettre aux [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] de s'armer), il réalise rapidement que ce fin stratège d'Alon Sorhan (chef du clan des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]], "chef de guerre" de toute la tribu des So'Sherkan et tête de file des Emishen bellicistes) est en train de s'approprier le débat en proposant pour la Frontière un tracé englobant presque toute la Marche des Lacs et qui, au lieu de garantir la paix, obligerait les pacifistes à commencer par en chasser les Remans, donc à entrer en guerre. Parallèlement, d'autres Emishen font la promotion d'un tracé "sans les Dirsen" qui limiterait la zone de paix aux plus hautes vallées, excluant notamment Tal Endhil.<br />
Dès que le maquignon lewyllen prévient Durgaut de ce qui se trame, le Capitaine lui parle du rapport stratégique de Bahardabras le Hornois, concernant la défense de la vallée, les cols défendables, les gués et tout ce qu'il leur faudrait de troupes et de fortification pour tenir enfin fermement leur territoire.<br />
Il apparaît très vite que si les Talendan réussissaient à influencer le tracé du Reishin Ghoran pour qu'il corresponde à leur vallée (donc grossièrement aux contours du futur bailliage), ils obtiendraient non seulement d'être inclus dans la zone de paix (ce qui serait extrêmement profitable au commerce) mais d'être désormais carrément défendus par la force d'interposition Emishen, appelée à vite devenir plus nombreuse que les troupes du village, ce qui serait un pas de plus vers une possible indépendance vis à vis de l'Empire (idée qui trotte dans la tête de beaucoup de PJ depuis longtemps). Si en plus l'arrangement de Durgaut avec les [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] pouvait convaincre l'un des rares clans Emishen possédant une expérience minière de venir s'installer chez lui pour exploiter les filons locaux (en l'échange du rachat de leurs frères en esclavage), le Capitaine pourrait rapidement se retrouver à la tête d'une petite mais puissante seigneurie "franche"...<br />
<br />
Lel'Liamil ayant passer le reste de la semaine à identifier les émissaires les plus influents et leur allégeance à l'un des trois tracés (le "grand" d'Alon Sorhan, le "haut" qui exclue les Dirsen et celui des Talendan, largement minoritaire puisque seulement soutenu par leurs alliés directs, [[Kal Feilan]], [[Kal Shemon'Lon]] et [[Tael Shannan]]), il remonte aux Cascades avec une équipe de diplomate emishen composée de son fidèle [[Sifenen Arlan]], [[Islinna|Islinna "Maliam'nid"]], [[Nevel Sholdanan]] et la jeune négociante [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] [[Doma Sholen]] : vue l'avancée des négociations, ils n'ont alors guère plus que 24h pour obtenir un changement drastique de l'opinion avant que tous les "bellicistes" ne quitte l'Assemblée pour partir en guerre dans la Marche des Gemmes, mettant probablement fin au plus gros des débats. Durgaut ayant fait jouer ses contacts auprès des pacifistes, il a obtenu que ses représentants -quoique n'étant pas vraiment des "émissaires tribaux"- puissent au moins présenter leur projet à l'Assemblée.<br />
Ils savent que les principaux arguments en faveur du "grand" tracé sont la quantité de terres arables (pour nourrir les réfugiés, qu'on suppose très nombreux) et les cercles de pierres qui s'y trouvent, historiquement les points de rassemblements et lieux saints des différents clans alors que les quelques émissaires à défendre le tracé "haut" ne le font que par défiance envers les Dirsen en général. <br />
<br />
=== Rappel des différents clans Emishens ===<br />
<br />
Clans appartenants aux '''Si'Olonil''' ("falconidés")<br />
: Les Elloran ("éperviers-pêcheurs")<br />
: Les Liam'Lon ("faucons chanteurs")<br />
: Les Oloden ("gerfauts des rivages")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Lewyllen''' ("corneilles")<br />
: L'Aile du Silond, ("le nord")<br />
: L'Aile de l'Orind, ("le sud")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''So'Sherkan''' ("aigles")<br />
: Les Okhina'en ("aigles royaux")<br />
: Les Edell'Okhil ("aigle des montagnes")<br />
: Les Tallalnen ("harfangs")<br />
: Les Halia'Hetan ("pygargues")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Arkonnelkan''' ("les condors")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Rimdehl''' ("geaies")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Otlalnan''' ("oies")<br />
: Les Barantanen (“bernaches”, qu'on appelait le "clan du printemps" et qui avait une grande importance symbolique chez les Emishen)<br />
: Les Otindhil (“cygnes”)<br />
: Les Eritorden (“pélicans”, réduit à moins de 10.000 parce qu'ils sont les seuls à avoir vraiment résisté)<br />
: Les Eibradon (“eider”)<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Korimlan''' ("vautours")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Del'Ranan''' (sternes")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Larindeln''' ("goélands")<br />
<br />
== Premier jour ==<br />
<br />
[[Fichier:Plan-Cascades.jpg|600px|thumb||Plan du Cercle des Cascades]]<br />
<br />
Accueillis pour dîner chez [[Ethelkaran]] (doyen des [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] du sud, donc "chef" de [[Lel'liamil]]) et, bientôt rejoints par le barde [[Tael Shannan]], nos diplomates vont d'abord convaincre le doyen de l'opportunité commerciale qu'il y aurait à se lancer massivement dans l'importation de nourriture et de semences (pour développer l'agriculture locale) afin de pouvoir assurer le ravitaillement des réfugiés : car si Tal Endhil peut assurer des liaisons maritimes vers Aroche et se dote bientôt d'un port fluvial, la seule ville cosmopolite de la zone de paix serait rapidement la plus grande place commerçante de la région.<br />
<br />
=== Kal Kirhan chaman des Tallalnen (5) ===<br />
<br />
Ceci fait, [[Sifenen Arlan]] et [[Nevel]] filent parler à [[Kal Kirhan]], le fameux chaman-lancier des [[Tallalnen]] (qui accompagnait l'Opération Tréfonds) et qui, pressenti pour commander les Gardes-Frontière, a apparemment refusé le poste : s'ils parvenaient à le convaincre d'accepter et le ralliaient à leur tracé, ce serait encore des points de marqués. Lorsqu'ils arrivent au campement des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]], c'est pour découvrir leur ami, le chef du clan Reyil Arkon et sa chamane [[Kal Levayassan]] en grande discussion avec [[Alon Sorhan]] : si les deux chefs guerriers partagent le même avis sur les Dirsen et la frontière, les deux chamans sont beaucoup plus circonspect et même vaguement défiant avec le puissant [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] qui cherche à rallier un maximum de combattant et à se faire nommer "chef de toute la tribu" (donc, en plus de son propre clan, ceux des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] et [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]]). C'est plutôt un dialogue de sourds, dont les PJ réussissent à extraire [[Kal Kirhan]] pour lui mettre le marché en main, mais le chaman explique qu'il en a marre des manigances politiques : tout ça est trop malhonnête pour sa propre conception de la Justice (car avant de devenir chaman sur le tard à la demande expresse de leurs esprits-totems, [[Kal Kirhan|Kirhan]] était "l'exécuteur judiciaire" des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] : c'est un peu Judge Dredd rhabillé en chaman), il est loin de sa famille depuis des semaines, il pense qu'Alon Sorhan va faire capoter tout le projet de frontière et, franchement, n'a lui-même guère confiance dans les Dirsen. [[Nevel]] va alors user de toute son éloquence (limitée) pour faire valoir qu'il est justement le seul espoir de la Frontière, entraîner le chaman dans une longue conversation (alcoolisée) à cœur ouvert en contemplant la cascade... et finalement renvoyer son ami méditer sur ses contradictions, réponse espérée le lendemain.<br />
<br />
=== Rencontre entre Nevel et Alon Sorhan ===<br />
<br />
En regagnant les pentes où devraient camper ses camarades, légèrement éméché, Nevel tombe sur [[Alon Sorhan]] qui veut lui parler : si le chef de guerre veut faire appel à la fougue guerrière qui animait jadis l'éclaireur et qui l'a poussé à attaquer l'occupant il y a 15 ans, déclenchant le sanglant cycle de représailles qui coûta la vie à de nombreux [[:Catégorie:Elloran|Elloran]], à leur chef d'alors (le père de l'actuel) et le fit bannir, [[Nevel]] lui explique posément pourquoi il est aujourd'hui du côté de la paix et de la "Fraternisation", et comment il compte racheter ses fautes passées en défendant les Emishen pacifistes. La discussion s'envenime peu à peu, au point que le chef des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] finisse par traiter l'[[:Catégorie:Elloran|Elloran]] repentant de lâche et le prévienne que leur prochaine rencontre se fera probablement les armes à la main.<br />
Légèrement dégrisé, [[Nevel]] par en quête de ses compagnons...<br />
<br />
=== Malondil chef des Elloran (6) ===<br />
<br />
[[Lel'Liamil]] et [[Islinna]] enchaînent justement avec [[Malondil]], le (trop) jeune chef des [[:Catégorie:Elloran|Elloran]] des Cascades, de plus en plus ouvertement partisan de la guerre (bien que son chaman, [[Kal Feilan]], soit le leader pacifiste : oui, c'est le bordel). En plus d'avoir été presque spolié de son rôle politique ([[Kal Feilan|Feilan]] a derrière lui une nette majorité des [[:Catégorie:Elloran|Elloran]], l'organisation de l'Assemblée s'est faite sur les terres de son clan mais contre son avis...), nos deux PJ comprennent vite que le jeune homme est surtout sous la double influence de sa mère, qui déteste les Dirsen, et du souvenir de son père, Ahndro'shar, ancien chef du clan tué en combattant l'oppresseur. Mais il semble vite aux deux diplomates qu'il y a "quelque chose du défunt" qui se manifeste à travers le jeune [[Malondil]] quand il parle de vengeance, une soudaine fougue et une conviction qui ont certainement fait beaucoup pour son élection comme chef, mais qui aux yeux d'[[Islinna]] pourrait bien avoir une source "surnaturelle". Surpris et foutus dehors, ils se séparent pour leurs visites suivantes...<br />
<br />
=== Tahalien des Rimdehl (7) ===<br />
<br />
[[Lel'Liamil]], lui, va parler aux [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]], la tribu décimée étant représentée sur place par seulement deux bardesses : une vieille malade venue énumérer à l'Assemblée les massacres et les injustices subis par sa tribu à cause du prévôt [[Rhilder]], la seconde n'étant autre que [[Tahalien]], l'évadée de la mine de [[Solerane]] que [[Vighnu]] et [[Andréas]] ont croisé (et aidé) pendant [[8) "Le Train de l'Argent"]]. Si Tahalien -plutôt influente aux Cascades- doit heureusement remplacer sa consœur à l'Assemblée et se dit assez favorable aux Talendan, elle leur propose vite de défendre leur projet pour peu qu'ils lui rendent deux services.<br />
Le premier consiste rien moins qu'à monter l'évasion de tous les esclaves qu'elle a du laisser derrière elle dans la mine de Jornil Cuivré (les Talendan acceptent d'y parvenir sous 4 semaines, quoiqu'en en sachant pas encore comment leurs collègues pourront bien s'y prendre), le second à trouver une solution pour les enfants sauvés des mines et qui, sans famille, sont actuellement hébergés avec nombre d'autres orphelins par les [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] du sud (la communauté de [[Doma Sholen]], rescapée du massacre du Pic Blanc)... Sauf que ces gamins sans réelle supervision commencent à poser de nombreux problèmes : ils se font nourrir sans participer à aucune des tâches domestiques, ils foutent le souk dans les campements, volent parfois, refusent d'être séparés et renvoyés dans leurs clans respectifs.<br />
<br />
=== Kal Tayvohn chaman des Edell'Okhil (4) ===<br />
<br />
De leur côté, Islinna et Doma Sholen ont pris contact avec [[Kal Tayvohn]], le chaman des [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] qui a récemment aidé Durgaut pour "le Train..." : furieux que le Capitaine n'ait encore rien fait pour tenir sa promesse de racheter les enfants de son clan en esclavage dans la Marche des Gemmes, il fait alors plutôt campagne contre les Dirsen. Les deux demoiselles vont néanmoins parvenir à lui faire comprendre qu'il faut du temps pour préparer la transaction et surtout que la route vers le sud rouvre avant que les Talendan puissent tenir leurs promesses. Ramené à de meilleurs sentiments, le jeune chaman est alors prêt à écouter leurs arguments en faveur du tracé "de Tal Endhil". Et lorsque Lel'Liamil, Nevel et Tahalien arrivent pour leur prêter main-forte, les diplomates le persuadent à son tour : autant pour vérifier leur honnêteté que pour les assister dans leurs tâches, [[Kal Tayvohn|Tayvohn]] leur confiera le lendemain la pétulante Neri'Helin, la dresseuse qui avait permis à l'équipe du "Train" de franchir les montagnes et qu'Islinna a récemment recrutée pour conduire les géants affectés à la Mine Bénie. En effet, celle-ci est prête à vendre ses services pour peu qu'elle n'ait pas à fréquenter [[Adira Pratesh]] (dont la réputation sulfureuse commence à se répandre chez les Emishen) et qu'elle soit payée en monnaie impériale,afin de racheter des esclaves de sa famille.<br />
<br />
=== Soirée nuageuse et herbeuse ===<br />
<br />
La nuit est très avancée lorsque nos PJ et Tael Shannan se regroupent enfin dans la tente de [[Kal Feilan]] pour faire le bilan, prévoir la suite et partager l'herbe-nuage du vieux [[Kal Shemon'Lon]]. Sous l'influence de l'herbe, les langues se délient et un certain nombre de secrets sont révélés, notamment l'implication du célèbre barde dans le trafic d'artefacts et le financement des Kormes ([[Tael Shannan]] jure qu'il a compris son erreur et qu'on ne l'y reprendra plus), mais aussi la présence d'esprits mauvais rôdant autour du Cercle (l'esprit du Chacal qui accompagne [[Etayn-la-Louve]] et l'empêche de trouver [[Urgrand]], le démon affamé qui s'est enfuit de la Mine Bénie après l'intervention des Talendan et sans doute quelques autres forces inféodées à [[Lorkan Elakhendil]]...). [[Islinna]] évoque son père, un [[:Catégorie:Elloran|Elloran]] ayant rejoint le camp des Kormes depuis des années et dont elle n'a plus de nouvelle, [[Nevel]] raconte l'Opération Tréfonds et les récentes menaces d'[[Alon Sorhan]], [[Lel'Liamil]] se plaint de son épouse et tente d'expliquer son "amitié" avec [[Adira]], on fait des hypothèses sur la Porte-sous-la-Montagne, on confirme que [[Malondil]] est certainement "hanté" par son père Ahndro'shar.... Et plus nos héros fument, plus l'ambiance glisse de la complicité à l'intimité, des confessions vers une tendresse "tactile" : on se câline, on se papouille sans y penser vraiment. Quand la nuit menace de tourner à l'orgie, [[Kal Feilan]] réussit tout de même à foutre ces encombrants convives à la porte et, après qu'[[Islinna]] ait repoussé les avances de [[Tael Shannan]] pour entraîner [[Sifenen Arlan|Arlan]] par la main, [[Doma Sholen]] promet de trouver un lit pour [[Nevel]] qui titube et le reste de la soirée se perd dans les brumes de l'herbe-nuage.<br />
<br />
== Deuxième jour ==<br />
<br />
=== Réveils échelonnés ===<br />
<br />
À l'aube, [[Tael Shannan]] a envoyé son garde du corps "semishen" (métis emishen/semi) quérir Andréas Odran au village afin qu'il puisse rencontrer [[Malondil]] et peut-être le défaire du fantôme de son père.<br />
<br />
[[Lel'Liamil]] se réveille le second, dans sa tente familiale (il a apparemment trouvé son chemin jusque là et sa femme se moque joyeusement de sa gueule de bois) : rejoignant rapidement son doyen Ethelkaran et la bardesse Tahalien pour causer politique, leur nouvelle alliée lui fait remarquer que le "tracé haut" soutenu par sa vieille [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]] malade, la chasseresse [[Falawin]] et la vieille chamane nommée Kal Ron Shidalei (ces deux dernières du clan des [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]]) va en lui-même poser des problèmes de subsistance (il n'y a pas grand chose à bouffer dans les hautes vallées et les pics enneigés) et que si les deux Liam'Lon comptent sur leur clan pour ravitailler les réfugiés, il semble qu'elles n'aient en fait pas l'aval de leur clan pour ce faire. Ce qui commence à inspirer au maquignon un plan assez audacieux, consistant à faire capoter le tracé "haut" avant le grand pow-wow du soir afin d'en récupérer les partisans pour leur propre plan...<br />
<br />
C'est le beau soleil de fin de matinée ("c'est le printemps !") qui éveille [[Sifenen Arlan]] et [[Islinna]] en se glissant sous une tente lewyllen. D'abord ravi de sa nuit voluptueuse, le conducteur d'attelage panique en réalisant qu'il vient de coucher avec l'amoureuse de l'assassin [[Vighnu Pratesh]], dont la jalousie commence à être connue chez les Emishen. Il tait néanmoins ses craintes à son amante d'un soir, qui se lève pour rejoindre ses camarades diplomates : informée du plan de Lel'Liamil et effectivement convaincue que c'est pour eux le seul moyen de récupérer assez de voix avant la soirée, elle accompagne le maquignon et la bardesse visiter [[Falnen Be'hemshar]], le jeune chasseur [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] fougueux qui participa à "l'Opération Tréfonds" (avec elle, Nevel et Vighnu, entre autres) et qui, s'il est assez au courant des affaires de chasse de son clan, reste un soutien "pacifiste" et s'est déjà déclaré volontaire comme "garde-Frontière (de l'Orage)".<br />
[[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] confirme volontiers le peu qu'il sait de la politique de son clan (c'est pas vraiment son rayon) et leur apprend que, finalement, les partisans du tracé "haut" se défient surtout des Dirsen à cause de divers préjugés. Comme les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] savent que, quelque soit le tracé, il leur faudra forcément se mettre à l'agriculture pour nourrir les réfugiés (à laquelle ils ne connaissent rien et qui va nécessiter le soutien d'une culture plus "paysanne"... comme les Dirsen, par exemple) et que la position politique de [[Falawin]] reste assez fragile, l'enthousiaste [[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] accepte de leur étendre une invitation pour le dîner "clanique" du soir, où ils ne leur restera qu'à être très éloquents pour peut-être rallier les soutiens nécessaires juste avant la réunion...<br />
<br />
Le soleil a déjà passé son zénith quand [[Nevel]] s'extirpe enfin d'une yourte inconnue... au milieu du camp des "orphelins", qui s'avèrent considérer [[Doma Sholen]] comme une grande sœur. Après que l'[[:Catégorie:Elloran|Elloran]] ait subit les moqueries de tout le monde pour s'être endormi "sans rien faire" (à la déception de [[Doma Sholen]], qui le couvait des yeux depuis des semaines), les deux tourtereaux malchanceux discutent de leur ami [[Oleytan "le Furet"]] (toujours amoureux de Doma), de leur possible couple ([[Nevel]] flippe un peu) et du problème grandissant des orphelins (qu'il va falloir régler puisqu'ils l'ont promis à [[Tahalien]]), avant d'aller quérir la réponse de [[Kal Kirhan]] : après avoir longuement médité, consulté les esprits et discuter avec quelques membres de sa belle-famille, le chaman-lancier admet que s'il veut que les siens soient vraiment en sécurité derrière la Frontière, il lui faudra en assurer la garde lui-même... mais à la condition que Nevel soit son second, ce qu'il accepte en sachant qu'il lui faudra pour cela démissionner du service de [[Durgaut]].<br />
<br />
=== Arrivée d'Andréas et de Shen Silondin ===<br />
<br />
L'après-midi touche à sa fin lorsque Shen Silondin revient de Tal Endhil avec [[Andréas]]... et une récente blessure : les Templiers qui gardaient le donjon l'ont pratiquement attaqué à vue et le guerrier [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] est assez remonté contre les Dirsen. Nos diplomates le calment néanmoins et font le point avec [[Tahalien]] et [[Neri'Helin]], la dresseuse ayant fait le tour des campements pour leur fournir une vue générale des opinions : si le "grand" tracé est encore nettement majoritaire, celui des Talendan a déjà plus que doublé ses partisans et comme le tracé "haut" régresse depuis que les [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] ont annoncé qu'ils ne le soutiendraient pas (et que sans eux la subsistance en altitude sera très difficile), nos PJ peuvent encore revenir à la marque si [[Malondil]] et les 2 émissaires [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] passaient de leur côté dans les quelques heures qui leur restent. Si les orateurs du "tracé talendan" brillaient particulièrement durant leur exposé, ils pourraient même rallier assez d'indécis pour faire la différence, aussi ont-ils préparé intensément leurs arguments et leurs discours avec leurs alliés : ce soir, l'avenir de Tal Endhil dépendra de leur éloquence.<br />
<br />
=== Banquet chez les Liam'Lon (3) ===<br />
<br />
Lorsqu'ils arrivent au grand campement [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] peu avant le banquet qui réunit chaque soir le clan autour de ses émissaires, l'accueille est d'abord un peu frais mais les PJ ont apporté des denrées, [[Lel'Liamil]] comme [[Islinna]] savent se faire des amis, [[Nevel]] bénéficie tant de l'introduction de [[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] que d'une renommée assez flatteuse depuis le duel rituel contre les [[:Catégorie:Arkonnelkan|Arkonnelkan]] et même [[Andréas]] fait des efforts de sociabilité. Aussi, lorsque [[Kal Ron Shidalei]] et [[Falawin]] arrivent du piton rocheux qui forme le village en dur des Cascades et donc le "centre de conférence" de l'Assemblée, nos diplomates sont déjà bien intégrés et la chasseresse renonce à les virer. Et le débat attendu se produit : quand Falawin annonce la part de gibier demandée aux [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] pour ravitailler l'éventuel tracé "haut", les chasseurs font plutôt la gueule et nos héros s'engouffrent dans la brèche en soulignant que les réfugiés se déverseront probablement dans leur territoire aux premiers frimas, qu'ils ne pourront lancer de cultures sans l'aide des Dirsen et mentionnent que, en perdant Tal Endhil, les "Faucons-Chanteurs" seraient privés du commerce des peaux qui leur rapportent jusqu'ici le métal et les chevaux dont ils manquent.<br />
[[Falawin]] rétorque que les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] peuvent encore agrandir leur territoire sur les terres abandonnées par les [[:Catégorie:Del'Ranan|Del'Ranan]] disparus : les PJ entendent pour la première fois la mention de la disparition complète de la tribu la plus nordique du Peuple du Vent, que les Liam'Lon n'ont pas trop ébruité pour s'approprier leur Cercle, puisque le leur est de longue date "envahi par les démons" (nos héros tombent carrément des nues), mais les chasseurs ne sont guère enthousiasmés par ces toundras gelées 8 mois par an. Alors qu'[[Islinna]] quitte le banquet pour intercepter [[Malondil]] avant qu'il ait lui-même fini de dîner (comptant sur le rapport de séduction qu'elle a déjà établi avec lui), [[Andréas_"Odran"|Andréas]] pousse justement la discussion vers les démons et autres exorcismes en expliquant qu'il est une sorte de "chaman dirsen" (déclenchant comme souvent toutes sortes de commentaires sur ses origines, vu son physique nettement "emishen", dont il se défend bien inutilement), [[Lel'Liamil]] insiste sur les bénéfices que les Liam'Lon tirent déjà du négoce avec sa propre tribu et l'apport des Lewyllen au ravitaillement des futurs réfugiés si l'on adoptait le tracé "talendan" pendant que Nevel rappelle que lui-même défend la paix ET la fraternisation, qu'ils ont l'appui de [[Kal Kirhan]], [[Kal Shemon'Lon]], [[Kal Tayvohn]] et de [[Tael Shannan]]...<br />
<br />
L'heure tourne, les émissaires se préparent à remonter au Cercle et les discussions se résument finalement toujours au même point : les Liam'lon ne peuvent pas faire confiance aux Dirsen... à moins que les Talendan n'adoptent à leur tour une partie des coutumes locales, à commencer par la nomination d'un chaman : Andréas manque de s'étouffer sur sa venaison en réalisant que c'est de lui qu'on parle. Mais l'idée de compléter sa formation "mystique" ne lui déplaît pas et, s'il doit être régulièrement en but à des affaires de démons, de spectres et d'esprits totems, autant y être préparé. Il accepte donc de devenir le disciple de [[Kal Ron Shidalei]] et [[Kal Shemon'Lon]], scellant un pacte avec les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]], qui se rallient enfin aux PJ.<br />
<br />
=== Exorcisme ===<br />
<br />
Ce n'est pas trop tôt, parce qu'alors [[Andréas_"Odran"|Andréas]] doit filer chez [[Malondil]], où [[Islinna]] gagnait déjà du temps (et des infos) en évoquant avec le jeune chef et sa mère le tragique décès d'Ahndro'shar. L'arrivée de Lel'Liamil, qui manœuvre pour occuper la veuve, lui permet de lui soumettre enfin la proposition prévue : rencontrer un ami à elle qui pourrait lui donner l'occasion de parler à son défunt père. Le temps d'expliquer que l'ami en question n'est pas exactement un chaman ("Mais il va le devenir !", précise [[Lel'Liamil]]), [[Andréas_"Odran"|Andréas]] les rejoint enfin, essoufflé. Malgré ses limites en Langue des Vents et son peu d'expérience en la matière, Islinna a suffisamment mis la famille en condition pour qu'il réussisse à exécuter le rituel pour évoquer Ahndro'shar, employant pour cela sa sphère première... qui libère soudain un invité surprise : le spectre de Languard ! Avec deux spectres tempêtant soudain dans la hutte sous les yeux effarés de Malondil et de sa mère, les pouvoirs d'Islinna et la présence d'esprit (haha!) de Lel'Limail ne seront pas de trop pour protéger les participants du mobilier qui vole le temps qu'Andréas parviennent à "ré-aspirer" Languard dans la sphère et à stabiliser suffisamment l'image du père pour qu'il adresse un long regard triste à son épouse. Puis, se tournant une dernière fois vers son fils, le fantôme disparaît de sa propre volonté. Profitant du trouble qui règne dans la hutte en désordre, Islinna se dépêche d'interpréter la brève apparition comme le signe qu'Ahndro'shar considère qu'il est temps pour sa femme de lâcher prise et pour son fils de devenir une personne en propre, méritant le titre de chef par ses propres décisions plutôt que par la répétition de celles de son père.<br />
Cette tentative de "thérapie familiale accélérée" ne suffira pas à convaincre Malondil de changer de camp mais, puisqu'il est trop choqué pour participer activement à l'Assemblée, c'est toujours une voix de moins pour Alon Sorhan...<br />
<br />
== Assemblée ==<br />
<br />
Rejoignant précipitamment le Cercle où Tael Shannan s'était lancé dans un splendide "filibuster" pour couvrir leur retard, les exorcistes amateurs prennent leurs places à l'Assemblée et le barde introduit leur exposé. À ce stade, la plupart des présents ont déjà entendu parlé de leur tracé et l'enjeu est maintenant d'en souligner non seulement les avantages, mais l'ampleur des soutiens.<br />
[Comme il était grand temps qu'on finisse cette séance au risque de perturber le planning des parties suivantes, et quoique les Emishen ne prennent pas réellement leurs décisions politiques au vote mais discutent longuement jusqu'à obtenir un consensus global, on a réglé la question en "comptant les points" : j'avais attribué un score "d'Influence" aux différents émissaires et le parti regroupant le plus d'Influence emporterait le morceau sur la longueur. Et comme nos diplomates n'avaient pas l'avantage en début de séance, il leur fallait maintenant cumuler les uns après les autres assez de MR sur des jets de persuasion ou d'éloquence pour non seulement combler l'écart, mais prendre l'ascendant.]<br />
<br />
Chacun leur tour, les partisans du tracé "talendan" vont alors expliquer leurs raisons et démontrer leur force de conviction devant un auditoire manifestement surpris du nombre d'appuis qu'ils ont su rassembler. Ethelkaran et Doma Sholen promettent que les Lewyllen approvisionneront la zone de paix s'ils peuvent commercer à Tal Endhil, Falawin engage de même la parole des Liam'Lon et Islinna celle des Sotorine (avec l'aval réticent de sa mère), Lel'Liamil fait miroiter à tout le monde un formidable développement agraire et Nevel jure de défendre la zone de paix avec Kal Kirhan : bien qu'un tribun franchement médiocre (et échaudé au Cercles des Hautes Pierres), le chaman-lancier renouvelle son serment et accuse carrément Alon Sorhan de manipuler les débats sur le tracé pour entraîner les pacifistes dans une guerre sanglante, concluant par la promesse de le tuer s'il s'en prend à nouveau à l'intégrité de la Frontière (ce qui fait assez forte impression, vu la réputation de "justicier" de Kirhan).<br />
<br />
Il faut alors l'intervention modératrice de Kal Feilan et Falawin pour ramener le calme et laisser [[Kal Tayvohn]] et [[Tahalien]] exprimer leur soutien aux Talendan "parce qu'ils sont les seuls à œuvrer sérieusement pour la libération des esclaves" (les [[:Catégorie:So'Sherkan|So'Sherkan]] et quelques [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]] font des mines dégoûtées). Et lorsque Andréas annonce que, pour démontrer la bonne fois de [[Tal Endhil]], il va en devenir le chaman par l'enseignement de [[Kal Ron Shidalei]], les bellicistes finissent par rompre le protocole pour crier au scandale, permettant ainsi aux organisateurs de sortir de leur (relative) neutralité.<br />
Quand [[Kal Feilan]] menace [[Alon Sorhan]] de l'exclure des pourparlers si ses partisans s'avèrent incapables d'en respecter les usages, le chef de guerre prend la parole pour annoncer d'un ton glacial que cette Assemblée a tourner à la mascarade et qu'il partira dès le lendemain pour mener au combat tous les Emishens assez fiers de leur héritage pour le défendre les armes à la main.<br />
<br />
Derrière lui, la quasi-totalité des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]], la majorité des [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] et plus de la moitié des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] quittent les Cascades le lendemain à l'aube, laissant aux Talendan une victoire de justesse qui leur a coûté bien des promesses et annonce moult complications à venir...<br />
<br />
----<br />
'''[[8) "Le Train de l'Argent"|<< Épisode Précédent]] | [[10) "Nuit Blanche"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Liste des Épisodes|<= retour à la LISTE des ÉPISODES]]'''<br />
<br />
[[Catégorie:Épisodes]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/9)_%22Reishin_Ghoran%229) "Reishin Ghoran"2014-09-08T16:31:34Z<p>Aloun : /* Tahalien des Rimdehl (7) */</p>
<hr />
<div><br />
<br />
== Objectifs et renseignements ==<br />
<br />
C'est au début de la [[Huitaine 6|sixième huitaine]] ("après la bataille") que les Talendan ont pour la première fois entendu parler du Reishin Ghoran, la fameuse "[[Frontière de l'Orage]]" conçue par l'Assemblée Tribale.<br />
Lorsque Lel'Liamil profite d'achats de chevaux au [[Cercle des Cascades]] pour se renseigner sur les négociations (et comprends que l'argent qu'il vient de verser pour les canassons va permettre aux [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] de s'armer), il réalise rapidement que ce fin stratège d'Alon Sorhan (chef du clan des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]], "chef de guerre" de toute la tribu des So'Sherkan et tête de file des Emishen bellicistes) est en train de s'approprier le débat en proposant pour la Frontière un tracé englobant presque toute la Marche des Lacs et qui, au lieu de garantir la paix, obligerait les pacifistes à commencer par en chasser les Remans, donc à entrer en guerre. Parallèlement, d'autres Emishen font la promotion d'un tracé "sans les Dirsen" qui limiterait la zone de paix aux plus hautes vallées, excluant notamment Tal Endhil.<br />
Dès que le maquignon lewyllen prévient Durgaut de ce qui se trame, le Capitaine lui parle du rapport stratégique de Bahardabras le Hornois, concernant la défense de la vallée, les cols défendables, les gués et tout ce qu'il leur faudrait de troupes et de fortification pour tenir enfin fermement leur territoire.<br />
Il apparaît très vite que si les Talendan réussissaient à influencer le tracé du Reishin Ghoran pour qu'il corresponde à leur vallée (donc grossièrement aux contours du futur bailliage), ils obtiendraient non seulement d'être inclus dans la zone de paix (ce qui serait extrêmement profitable au commerce) mais d'être désormais carrément défendus par la force d'interposition Emishen, appelée à vite devenir plus nombreuse que les troupes du village, ce qui serait un pas de plus vers une possible indépendance vis à vis de l'Empire (idée qui trotte dans la tête de beaucoup de PJ depuis longtemps). Si en plus l'arrangement de Durgaut avec les [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] pouvait convaincre l'un des rares clans Emishen possédant une expérience minière de venir s'installer chez lui pour exploiter les filons locaux (en l'échange du rachat de leurs frères en esclavage), le Capitaine pourrait rapidement se retrouver à la tête d'une petite mais puissante seigneurie "franche"...<br />
<br />
Lel'Liamil ayant passer le reste de la semaine à identifier les émissaires les plus influents et leur allégeance à l'un des trois tracés (le "grand" d'Alon Sorhan, le "haut" qui exclue les Dirsen et celui des Talendan, largement minoritaire puisque seulement soutenu par leurs alliés directs, [[Kal Feilan]], [[Kal Shemon'Lon]] et [[Tael Shannan]]), il remonte aux Cascades avec une équipe de diplomate emishen composée de son fidèle [[Sifenen Arlan]], [[Islinna|Islinna "Maliam'nid"]], [[Nevel Sholdanan]] et la jeune négociante [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] [[Doma Sholen]] : vue l'avancée des négociations, ils n'ont alors guère plus que 24h pour obtenir un changement drastique de l'opinion avant que tous les "bellicistes" ne quitte l'Assemblée pour partir en guerre dans la Marche des Gemmes, mettant probablement fin au plus gros des débats. Durgaut ayant fait jouer ses contacts auprès des pacifistes, il a obtenu que ses représentants -quoique n'étant pas vraiment des "émissaires tribaux"- puissent au moins présenter leur projet à l'Assemblée.<br />
Ils savent que les principaux arguments en faveur du "grand" tracé sont la quantité de terres arables (pour nourrir les réfugiés, qu'on suppose très nombreux) et les cercles de pierres qui s'y trouvent, historiquement les points de rassemblements et lieux saints des différents clans alors que les quelques émissaires à défendre le tracé "haut" ne le font que par défiance envers les Dirsen en général. <br />
<br />
=== Rappel des différents clans Emishens ===<br />
<br />
Clans appartenants aux '''Si'Olonil''' ("falconidés")<br />
: Les Elloran ("éperviers-pêcheurs")<br />
: Les Liam'Lon ("faucons chanteurs")<br />
: Les Oloden ("gerfauts des rivages")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Lewyllen''' ("corneilles")<br />
: L'Aile du Silond, ("le nord")<br />
: L'Aile de l'Orind, ("le sud")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''So'Sherkan''' ("aigles")<br />
: Les Okhina'en ("aigles royaux")<br />
: Les Edell'Okhil ("aigle des montagnes")<br />
: Les Tallalnen ("harfangs")<br />
: Les Halia'Hetan ("pygargues")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Arkonnelkan''' ("les condors")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Rimdehl''' ("geaies")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Otlalnan''' ("oies")<br />
: Les Barantanen (“bernaches”, qu'on appelait le "clan du printemps" et qui avait une grande importance symbolique chez les Emishen)<br />
: Les Otindhil (“cygnes”)<br />
: Les Eritorden (“pélicans”, réduit à moins de 10.000 parce qu'ils sont les seuls à avoir vraiment résisté)<br />
: Les Eibradon (“eider”)<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Korimlan''' ("vautours")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Del'Ranan''' (sternes")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Larindeln''' ("goélands")<br />
<br />
== Premier jour ==<br />
<br />
[[Fichier:Plan-Cascades.jpg|600px|thumb||Plan du Cercle des Cascades]]<br />
<br />
Accueillis pour dîner chez [[Ethelkaran]] (doyen des [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] du sud, donc "chef" de [[Lel'liamil]]) et, bientôt rejoints par le barde [[Tael Shannan]], nos diplomates vont d'abord convaincre le doyen de l'opportunité commerciale qu'il y aurait à se lancer massivement dans l'importation de nourriture et de semences (pour développer l'agriculture locale) afin de pouvoir assurer le ravitaillement des réfugiés : car si Tal Endhil peut assurer des liaisons maritimes vers Aroche et se dote bientôt d'un port fluvial, la seule ville cosmopolite de la zone de paix serait rapidement la plus grande place commerçante de la région.<br />
<br />
=== Kal Kirhan chaman des Tallalnen (5) ===<br />
<br />
Ceci fait, [[Sifenen Arlan]] et [[Nevel]] filent parler à [[Kal Kirhan]], le fameux chaman-lancier des [[Tallalnen]] (qui accompagnait l'Opération Tréfonds) et qui, pressenti pour commander les Gardes-Frontière, a apparemment refusé le poste : s'ils parvenaient à le convaincre d'accepter et le ralliaient à leur tracé, ce serait encore des points de marqués. Lorsqu'ils arrivent au campement des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]], c'est pour découvrir leur ami, le chef du clan Reyil Arkon et sa chamane [[Kal Levayassan]] en grande discussion avec [[Alon Sorhan]] : si les deux chefs guerriers partagent le même avis sur les Dirsen et la frontière, les deux chamans sont beaucoup plus circonspect et même vaguement défiant avec le puissant [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] qui cherche à rallier un maximum de combattant et à se faire nommer "chef de toute la tribu" (donc, en plus de son propre clan, ceux des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] et [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]]). C'est plutôt un dialogue de sourds, dont les PJ réussissent à extraire [[Kal Kirhan]] pour lui mettre le marché en main, mais le chaman explique qu'il en a marre des manigances politiques : tout ça est trop malhonnête pour sa propre conception de la Justice (car avant de devenir chaman sur le tard à la demande expresse de leurs esprits-totems, [[Kal Kirhan|Kirhan]] était "l'exécuteur judiciaire" des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] : c'est un peu Judge Dredd rhabillé en chaman), il est loin de sa famille depuis des semaines, il pense qu'Alon Sorhan va faire capoter tout le projet de frontière et, franchement, n'a lui-même guère confiance dans les Dirsen. [[Nevel]] va alors user de toute son éloquence (limitée) pour faire valoir qu'il est justement le seul espoir de la Frontière, entraîner le chaman dans une longue conversation (alcoolisée) à cœur ouvert en contemplant la cascade... et finalement renvoyer son ami méditer sur ses contradictions, réponse espérée le lendemain.<br />
<br />
=== Rencontre entre Nevel et Alon Sorhan ===<br />
<br />
En regagnant les pentes où devraient camper ses camarades, légèrement éméché, Nevel tombe sur [[Alon Sorhan]] qui veut lui parler : si le chef de guerre veut faire appel à la fougue guerrière qui animait jadis l'éclaireur et qui l'a poussé à attaquer l'occupant il y a 15 ans, déclenchant le sanglant cycle de représailles qui coûta la vie à de nombreux [[:Catégorie:Elloran|Elloran]], à leur chef d'alors (le père de l'actuel) et le fit bannir, [[Nevel]] lui explique posément pourquoi il est aujourd'hui du côté de la paix et de la "Fraternisation", et comment il compte racheter ses fautes passées en défendant les Emishen pacifistes. La discussion s'envenime peu à peu, au point que le chef des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] finisse par traiter l'[[:Catégorie:Elloran|Elloran]] repentant de lâche et le prévienne que leur prochaine rencontre se fera probablement les armes à la main.<br />
Légèrement dégrisé, [[Nevel]] par en quête de ses compagnons...<br />
<br />
=== Malondil chef des Elloran (6) ===<br />
<br />
[[Lel'Liamil]] et [[Islinna]] enchaînent justement avec [[Malondil]], le (trop) jeune chef des [[:Catégorie:Elloran|Elloran]] des Cascades, de plus en plus ouvertement partisan de la guerre (bien que son chaman, [[Kal Feilan]], soit le leader pacifiste : oui, c'est le bordel). En plus d'avoir été presque spolié de son rôle politique ([[Kal Feilan|Feilan]] a derrière lui une nette majorité des [[:Catégorie:Elloran|Elloran]], l'organisation de l'Assemblée s'est faite sur les terres de son clan mais contre son avis...), nos deux PJ comprennent vite que le jeune homme est surtout sous la double influence de sa mère, qui déteste les Dirsen, et du souvenir de son père, [[Ahndro'shar]], ancien chef du clan tué en combattant l'oppresseur. Mais il semble vite aux deux diplomates qu'il y a "quelque chose du défunt" qui se manifeste à travers le jeune [[Malondil]] quand il parle de vengeance, une soudaine fougue et une conviction qui ont certainement fait beaucoup pour son élection comme chef, mais qui aux yeux d'[[Islinna]] pourrait bien avoir une source "surnaturelle". Surpris et foutus dehors, ils se séparent pour leurs visites suivantes...<br />
<br />
=== Tahalien des Rimdehl (7) ===<br />
<br />
[[Lel'Liamil]], lui, va parler aux [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]], la tribu décimée étant représentée sur place par seulement deux bardesses : une vieille malade venue énumérer à l'Assemblée les massacres et les injustices subis par sa tribu à cause du prévôt [[Rhilder]], la seconde n'étant autre que [[Tahalien]], l'évadée de la mine de [[Solerane]] que [[Vighnu]] et [[Andréas]] ont croisé (et aidé) pendant [[8) "Le Train de l'Argent"]]. Si Tahalien -plutôt influente aux Cascades- doit heureusement remplacer sa consœur à l'Assemblée et se dit assez favorable aux Talendan, elle leur propose vite de défendre leur projet pour peu qu'ils lui rendent deux services.<br />
Le premier consiste rien moins qu'à monter l'évasion de tous les esclaves qu'elle a du laisser derrière elle dans la mine de Jornil Cuivré (les Talendan acceptent d'y parvenir sous 4 semaines, quoiqu'en en sachant pas encore comment leurs collègues pourront bien s'y prendre), le second à trouver une solution pour les enfants sauvés des mines et qui, sans famille, sont actuellement hébergés avec nombre d'autres orphelins par les [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] du sud (la communauté de [[Doma Sholen]], rescapée du massacre du Pic Blanc)... Sauf que ces gamins sans réelle supervision commencent à poser de nombreux problèmes : ils se font nourrir sans participer à aucune des tâches domestiques, ils foutent le souk dans les campements, volent parfois, refusent d'être séparés et renvoyés dans leurs clans respectifs.<br />
<br />
=== Kal Tayvohn chaman des Edell'Okhil (4) ===<br />
<br />
De leur côté, Islinna et Doma Sholen ont pris contact avec [[Kal Tayvohn]], le chaman des [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] qui a récemment aidé Durgaut pour "le Train..." : furieux que le Capitaine n'ait encore rien fait pour tenir sa promesse de racheter les enfants de son clan en esclavage dans la Marche des Gemmes, il fait alors plutôt campagne contre les Dirsen. Les deux demoiselles vont néanmoins parvenir à lui faire comprendre qu'il faut du temps pour préparer la transaction et surtout que la route vers le sud rouvre avant que les Talendan puissent tenir leurs promesses. Ramené à de meilleurs sentiments, le jeune chaman est alors prêt à écouter leurs arguments en faveur du tracé "de Tal Endhil". Et lorsque Lel'Liamil, Nevel et Tahalien arrivent pour leur prêter main-forte, les diplomates le persuadent à son tour : autant pour vérifier leur honnêteté que pour les assister dans leurs tâches, [[Kal Tayvohn|Tayvohn]] leur confiera le lendemain la pétulante Neri'Helin, la dresseuse qui avait permis à l'équipe du "Train" de franchir les montagnes et qu'Islinna a récemment recrutée pour conduire les géants affectés à la Mine Bénie. En effet, celle-ci est prête à vendre ses services pour peu qu'elle n'ait pas à fréquenter [[Adira Pratesh]] (dont la réputation sulfureuse commence à se répandre chez les Emishen) et qu'elle soit payée en monnaie impériale,afin de racheter des esclaves de sa famille.<br />
<br />
=== Soirée nuageuse et herbeuse ===<br />
<br />
La nuit est très avancée lorsque nos PJ et Tael Shannan se regroupent enfin dans la tente de [[Kal Feilan]] pour faire le bilan, prévoir la suite et partager l'herbe-nuage du vieux [[Kal Shemon'Lon]]. Sous l'influence de l'herbe, les langues se délient et un certain nombre de secrets sont révélés, notamment l'implication du célèbre barde dans le trafic d'artefacts et le financement des Kormes ([[Tael Shannan]] jure qu'il a compris son erreur et qu'on ne l'y reprendra plus), mais aussi la présence d'esprits mauvais rôdant autour du Cercle (l'esprit du Chacal qui accompagne [[Etayn-la-Louve]] et l'empêche de trouver [[Urgrand]], le démon affamé qui s'est enfuit de la Mine Bénie après l'intervention des Talendan et sans doute quelques autres forces inféodées à [[Lorkan Elakhendil]]...). [[Islinna]] évoque son père, un [[:Catégorie:Elloran|Elloran]] ayant rejoint le camp des Kormes depuis des années et dont elle n'a plus de nouvelle, [[Nevel]] raconte l'Opération Tréfonds et les récentes menaces d'[[Alon Sorhan]], [[Lel'Liamil]] se plaint de son épouse et tente d'expliquer son "amitié" avec [[Adira]], on fait des hypothèses sur la Porte-sous-la-Montagne, on confirme que [[Malondil]] est certainement "hanté" par son père Ahndro'shar.... Et plus nos héros fument, plus l'ambiance glisse de la complicité à l'intimité, des confessions vers une tendresse "tactile" : on se câline, on se papouille sans y penser vraiment. Quand la nuit menace de tourner à l'orgie, [[Kal Feilan]] réussit tout de même à foutre ces encombrants convives à la porte et, après qu'[[Islinna]] ait repoussé les avances de [[Tael Shannan]] pour entraîner [[Sifenen Arlan|Arlan]] par la main, [[Doma Sholen]] promet de trouver un lit pour [[Nevel]] qui titube et le reste de la soirée se perd dans les brumes de l'herbe-nuage.<br />
<br />
== Deuxième jour ==<br />
<br />
=== Réveils échelonnés ===<br />
<br />
À l'aube, [[Tael Shannan]] a envoyé son garde du corps "semishen" (métis emishen/semi) quérir Andréas Odran au village afin qu'il puisse rencontrer [[Malondil]] et peut-être le défaire du fantôme de son père.<br />
<br />
[[Lel'Liamil]] se réveille le second, dans sa tente familiale (il a apparemment trouvé son chemin jusque là et sa femme se moque joyeusement de sa gueule de bois) : rejoignant rapidement son doyen Ethelkaran et la bardesse Tahalien pour causer politique, leur nouvelle alliée lui fait remarquer que le "tracé haut" soutenu par sa vieille [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]] malade, la chasseresse [[Falawin]] et la vieille chamane nommée Kal Ron Shidalei (ces deux dernières du clan des [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]]) va en lui-même poser des problèmes de subsistance (il n'y a pas grand chose à bouffer dans les hautes vallées et les pics enneigés) et que si les deux Liam'Lon comptent sur leur clan pour ravitailler les réfugiés, il semble qu'elles n'aient en fait pas l'aval de leur clan pour ce faire. Ce qui commence à inspirer au maquignon un plan assez audacieux, consistant à faire capoter le tracé "haut" avant le grand pow-wow du soir afin d'en récupérer les partisans pour leur propre plan...<br />
<br />
C'est le beau soleil de fin de matinée ("c'est le printemps !") qui éveille [[Sifenen Arlan]] et [[Islinna]] en se glissant sous une tente lewyllen. D'abord ravi de sa nuit voluptueuse, le conducteur d'attelage panique en réalisant qu'il vient de coucher avec l'amoureuse de l'assassin [[Vighnu Pratesh]], dont la jalousie commence à être connue chez les Emishen. Il tait néanmoins ses craintes à son amante d'un soir, qui se lève pour rejoindre ses camarades diplomates : informée du plan de Lel'Liamil et effectivement convaincue que c'est pour eux le seul moyen de récupérer assez de voix avant la soirée, elle accompagne le maquignon et la bardesse visiter [[Falnen Be'hemshar]], le jeune chasseur [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] fougueux qui participa à "l'Opération Tréfonds" (avec elle, Nevel et Vighnu, entre autres) et qui, s'il est assez au courant des affaires de chasse de son clan, reste un soutien "pacifiste" et s'est déjà déclaré volontaire comme "garde-Frontière (de l'Orage)".<br />
[[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] confirme volontiers le peu qu'il sait de la politique de son clan (c'est pas vraiment son rayon) et leur apprend que, finalement, les partisans du tracé "haut" se défient surtout des Dirsen à cause de divers préjugés. Comme les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] savent que, quelque soit le tracé, il leur faudra forcément se mettre à l'agriculture pour nourrir les réfugiés (à laquelle ils ne connaissent rien et qui va nécessiter le soutien d'une culture plus "paysanne"... comme les Dirsen, par exemple) et que la position politique de [[Falawin]] reste assez fragile, l'enthousiaste [[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] accepte de leur étendre une invitation pour le dîner "clanique" du soir, où ils ne leur restera qu'à être très éloquents pour peut-être rallier les soutiens nécessaires juste avant la réunion...<br />
<br />
Le soleil a déjà passé son zénith quand [[Nevel]] s'extirpe enfin d'une yourte inconnue... au milieu du camp des "orphelins", qui s'avèrent considérer [[Doma Sholen]] comme une grande sœur. Après que l'[[:Catégorie:Elloran|Elloran]] ait subit les moqueries de tout le monde pour s'être endormi "sans rien faire" (à la déception de [[Doma Sholen]], qui le couvait des yeux depuis des semaines), les deux tourtereaux malchanceux discutent de leur ami [[Oleytan "le Furet"]] (toujours amoureux de Doma), de leur possible couple ([[Nevel]] flippe un peu) et du problème grandissant des orphelins (qu'il va falloir régler puisqu'ils l'ont promis à [[Tahalien]]), avant d'aller quérir la réponse de [[Kal Kirhan]] : après avoir longuement médité, consulté les esprits et discuter avec quelques membres de sa belle-famille, le chaman-lancier admet que s'il veut que les siens soient vraiment en sécurité derrière la Frontière, il lui faudra en assurer la garde lui-même... mais à la condition que Nevel soit son second, ce qu'il accepte en sachant qu'il lui faudra pour cela démissionner du service de [[Durgaut]].<br />
<br />
=== Arrivée d'Andréas et de Shen Silondin ===<br />
<br />
L'après-midi touche à sa fin lorsque Shen Silondin revient de Tal Endhil avec [[Andréas]]... et une récente blessure : les Templiers qui gardaient le donjon l'ont pratiquement attaqué à vue et le guerrier [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] est assez remonté contre les Dirsen. Nos diplomates le calment néanmoins et font le point avec [[Tahalien]] et [[Neri'Helin]], la dresseuse ayant fait le tour des campements pour leur fournir une vue générale des opinions : si le "grand" tracé est encore nettement majoritaire, celui des Talendan a déjà plus que doublé ses partisans et comme le tracé "haut" régresse depuis que les [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] ont annoncé qu'ils ne le soutiendraient pas (et que sans eux la subsistance en altitude sera très difficile), nos PJ peuvent encore revenir à la marque si [[Malondil]] et les 2 émissaires [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] passaient de leur côté dans les quelques heures qui leur restent. Si les orateurs du "tracé talendan" brillaient particulièrement durant leur exposé, ils pourraient même rallier assez d'indécis pour faire la différence, aussi ont-ils préparé intensément leurs arguments et leurs discours avec leurs alliés : ce soir, l'avenir de Tal Endhil dépendra de leur éloquence.<br />
<br />
=== Banquet chez les Liam'Lon (3) ===<br />
<br />
Lorsqu'ils arrivent au grand campement [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] peu avant le banquet qui réunit chaque soir le clan autour de ses émissaires, l'accueille est d'abord un peu frais mais les PJ ont apporté des denrées, [[Lel'Liamil]] comme [[Islinna]] savent se faire des amis, [[Nevel]] bénéficie tant de l'introduction de [[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] que d'une renommée assez flatteuse depuis le duel rituel contre les [[:Catégorie:Arkonnelkan|Arkonnelkan]] et même [[Andréas]] fait des efforts de sociabilité. Aussi, lorsque [[Kal Ron Shidalei]] et [[Falawin]] arrivent du piton rocheux qui forme le village en dur des Cascades et donc le "centre de conférence" de l'Assemblée, nos diplomates sont déjà bien intégrés et la chasseresse renonce à les virer. Et le débat attendu se produit : quand Falawin annonce la part de gibier demandée aux [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] pour ravitailler l'éventuel tracé "haut", les chasseurs font plutôt la gueule et nos héros s'engouffrent dans la brèche en soulignant que les réfugiés se déverseront probablement dans leur territoire aux premiers frimas, qu'ils ne pourront lancer de cultures sans l'aide des Dirsen et mentionnent que, en perdant Tal Endhil, les "Faucons-Chanteurs" seraient privés du commerce des peaux qui leur rapportent jusqu'ici le métal et les chevaux dont ils manquent.<br />
[[Falawin]] rétorque que les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] peuvent encore agrandir leur territoire sur les terres abandonnées par les [[:Catégorie:Del'Ranan|Del'Ranan]] disparus : les PJ entendent pour la première fois la mention de la disparition complète de la tribu la plus nordique du Peuple du Vent, que les Liam'Lon n'ont pas trop ébruité pour s'approprier leur Cercle, puisque le leur est de longue date "envahi par les démons" (nos héros tombent carrément des nues), mais les chasseurs ne sont guère enthousiasmés par ces toundras gelées 8 mois par an. Alors qu'[[Islinna]] quitte le banquet pour intercepter [[Malondil]] avant qu'il ait lui-même fini de dîner (comptant sur le rapport de séduction qu'elle a déjà établi avec lui), [[Andréas_"Odran"|Andréas]] pousse justement la discussion vers les démons et autres exorcismes en expliquant qu'il est une sorte de "chaman dirsen" (déclenchant comme souvent toutes sortes de commentaires sur ses origines, vu son physique nettement "emishen", dont il se défend bien inutilement), [[Lel'Liamil]] insiste sur les bénéfices que les Liam'Lon tirent déjà du négoce avec sa propre tribu et l'apport des Lewyllen au ravitaillement des futurs réfugiés si l'on adoptait le tracé "talendan" pendant que Nevel rappelle que lui-même défend la paix ET la fraternisation, qu'ils ont l'appui de [[Kal Kirhan]], [[Kal Shemon'Lon]], [[Kal Tayvohn]] et de [[Tael Shannan]]...<br />
<br />
L'heure tourne, les émissaires se préparent à remonter au Cercle et les discussions se résument finalement toujours au même point : les Liam'lon ne peuvent pas faire confiance aux Dirsen... à moins que les Talendan n'adoptent à leur tour une partie des coutumes locales, à commencer par la nomination d'un chaman : Andréas manque de s'étouffer sur sa venaison en réalisant que c'est de lui qu'on parle. Mais l'idée de compléter sa formation "mystique" ne lui déplaît pas et, s'il doit être régulièrement en but à des affaires de démons, de spectres et d'esprits totems, autant y être préparé. Il accepte donc de devenir le disciple de [[Kal Ron Shidalei]] et [[Kal Shemon'Lon]], scellant un pacte avec les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]], qui se rallient enfin aux PJ.<br />
<br />
=== Exorcisme ===<br />
<br />
Ce n'est pas trop tôt, parce qu'alors [[Andréas_"Odran"|Andréas]] doit filer chez [[Malondil]], où [[Islinna]] gagnait déjà du temps (et des infos) en évoquant avec le jeune chef et sa mère le tragique décès d'Ahndro'shar. L'arrivée de Lel'Liamil, qui manœuvre pour occuper la veuve, lui permet de lui soumettre enfin la proposition prévue : rencontrer un ami à elle qui pourrait lui donner l'occasion de parler à son défunt père. Le temps d'expliquer que l'ami en question n'est pas exactement un chaman ("Mais il va le devenir !", précise [[Lel'Liamil]]), [[Andréas_"Odran"|Andréas]] les rejoint enfin, essoufflé. Malgré ses limites en Langue des Vents et son peu d'expérience en la matière, Islinna a suffisamment mis la famille en condition pour qu'il réussisse à exécuter le rituel pour évoquer Ahndro'shar, employant pour cela sa sphère première... qui libère soudain un invité surprise : le spectre de Languard ! Avec deux spectres tempêtant soudain dans la hutte sous les yeux effarés de Malondil et de sa mère, les pouvoirs d'Islinna et la présence d'esprit (haha!) de Lel'Limail ne seront pas de trop pour protéger les participants du mobilier qui vole le temps qu'Andréas parviennent à "ré-aspirer" Languard dans la sphère et à stabiliser suffisamment l'image du père pour qu'il adresse un long regard triste à son épouse. Puis, se tournant une dernière fois vers son fils, le fantôme disparaît de sa propre volonté. Profitant du trouble qui règne dans la hutte en désordre, Islinna se dépêche d'interpréter la brève apparition comme le signe qu'Ahndro'shar considère qu'il est temps pour sa femme de lâcher prise et pour son fils de devenir une personne en propre, méritant le titre de chef par ses propres décisions plutôt que par la répétition de celles de son père.<br />
Cette tentative de "thérapie familiale accélérée" ne suffira pas à convaincre Malondil de changer de camp mais, puisqu'il est trop choqué pour participer activement à l'Assemblée, c'est toujours une voix de moins pour Alon Sorhan...<br />
<br />
== Assemblée ==<br />
<br />
Rejoignant précipitamment le Cercle où Tael Shannan s'était lancé dans un splendide "filibuster" pour couvrir leur retard, les exorcistes amateurs prennent leurs places à l'Assemblée et le barde introduit leur exposé. À ce stade, la plupart des présents ont déjà entendu parlé de leur tracé et l'enjeu est maintenant d'en souligner non seulement les avantages, mais l'ampleur des soutiens.<br />
[Comme il était grand temps qu'on finisse cette séance au risque de perturber le planning des parties suivantes, et quoique les Emishen ne prennent pas réellement leurs décisions politiques au vote mais discutent longuement jusqu'à obtenir un consensus global, on a réglé la question en "comptant les points" : j'avais attribué un score "d'Influence" aux différents émissaires et le parti regroupant le plus d'Influence emporterait le morceau sur la longueur. Et comme nos diplomates n'avaient pas l'avantage en début de séance, il leur fallait maintenant cumuler les uns après les autres assez de MR sur des jets de persuasion ou d'éloquence pour non seulement combler l'écart, mais prendre l'ascendant.]<br />
<br />
Chacun leur tour, les partisans du tracé "talendan" vont alors expliquer leurs raisons et démontrer leur force de conviction devant un auditoire manifestement surpris du nombre d'appuis qu'ils ont su rassembler. Ethelkaran et Doma Sholen promettent que les Lewyllen approvisionneront la zone de paix s'ils peuvent commercer à Tal Endhil, Falawin engage de même la parole des Liam'Lon et Islinna celle des Sotorine (avec l'aval réticent de sa mère), Lel'Liamil fait miroiter à tout le monde un formidable développement agraire et Nevel jure de défendre la zone de paix avec Kal Kirhan : bien qu'un tribun franchement médiocre (et échaudé au Cercles des Hautes Pierres), le chaman-lancier renouvelle son serment et accuse carrément Alon Sorhan de manipuler les débats sur le tracé pour entraîner les pacifistes dans une guerre sanglante, concluant par la promesse de le tuer s'il s'en prend à nouveau à l'intégrité de la Frontière (ce qui fait assez forte impression, vu la réputation de "justicier" de Kirhan).<br />
<br />
Il faut alors l'intervention modératrice de Kal Feilan et Falawin pour ramener le calme et laisser [[Kal Tayvohn]] et [[Tahalien]] exprimer leur soutien aux Talendan "parce qu'ils sont les seuls à œuvrer sérieusement pour la libération des esclaves" (les [[:Catégorie:So'Sherkan|So'Sherkan]] et quelques [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]] font des mines dégoûtées). Et lorsque Andréas annonce que, pour démontrer la bonne fois de [[Tal Endhil]], il va en devenir le chaman par l'enseignement de [[Kal Ron Shidalei]], les bellicistes finissent par rompre le protocole pour crier au scandale, permettant ainsi aux organisateurs de sortir de leur (relative) neutralité.<br />
Quand [[Kal Feilan]] menace [[Alon Sorhan]] de l'exclure des pourparlers si ses partisans s'avèrent incapables d'en respecter les usages, le chef de guerre prend la parole pour annoncer d'un ton glacial que cette Assemblée a tourner à la mascarade et qu'il partira dès le lendemain pour mener au combat tous les Emishens assez fiers de leur héritage pour le défendre les armes à la main.<br />
<br />
Derrière lui, la quasi-totalité des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]], la majorité des [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] et plus de la moitié des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] quittent les Cascades le lendemain à l'aube, laissant aux Talendan une victoire de justesse qui leur a coûté bien des promesses et annonce moult complications à venir...<br />
<br />
----<br />
'''[[8) "Le Train de l'Argent"|<< Épisode Précédent]] | [[10) "Nuit Blanche"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Liste des Épisodes|<= retour à la LISTE des ÉPISODES]]'''<br />
<br />
[[Catégorie:Épisodes]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/9)_%22Reishin_Ghoran%229) "Reishin Ghoran"2014-09-08T16:29:26Z<p>Aloun : /* Soirée nuageuse et herbeuse */</p>
<hr />
<div><br />
<br />
== Objectifs et renseignements ==<br />
<br />
C'est au début de la [[Huitaine 6|sixième huitaine]] ("après la bataille") que les Talendan ont pour la première fois entendu parler du Reishin Ghoran, la fameuse "[[Frontière de l'Orage]]" conçue par l'Assemblée Tribale.<br />
Lorsque Lel'Liamil profite d'achats de chevaux au [[Cercle des Cascades]] pour se renseigner sur les négociations (et comprends que l'argent qu'il vient de verser pour les canassons va permettre aux [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] de s'armer), il réalise rapidement que ce fin stratège d'Alon Sorhan (chef du clan des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]], "chef de guerre" de toute la tribu des So'Sherkan et tête de file des Emishen bellicistes) est en train de s'approprier le débat en proposant pour la Frontière un tracé englobant presque toute la Marche des Lacs et qui, au lieu de garantir la paix, obligerait les pacifistes à commencer par en chasser les Remans, donc à entrer en guerre. Parallèlement, d'autres Emishen font la promotion d'un tracé "sans les Dirsen" qui limiterait la zone de paix aux plus hautes vallées, excluant notamment Tal Endhil.<br />
Dès que le maquignon lewyllen prévient Durgaut de ce qui se trame, le Capitaine lui parle du rapport stratégique de Bahardabras le Hornois, concernant la défense de la vallée, les cols défendables, les gués et tout ce qu'il leur faudrait de troupes et de fortification pour tenir enfin fermement leur territoire.<br />
Il apparaît très vite que si les Talendan réussissaient à influencer le tracé du Reishin Ghoran pour qu'il corresponde à leur vallée (donc grossièrement aux contours du futur bailliage), ils obtiendraient non seulement d'être inclus dans la zone de paix (ce qui serait extrêmement profitable au commerce) mais d'être désormais carrément défendus par la force d'interposition Emishen, appelée à vite devenir plus nombreuse que les troupes du village, ce qui serait un pas de plus vers une possible indépendance vis à vis de l'Empire (idée qui trotte dans la tête de beaucoup de PJ depuis longtemps). Si en plus l'arrangement de Durgaut avec les [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] pouvait convaincre l'un des rares clans Emishen possédant une expérience minière de venir s'installer chez lui pour exploiter les filons locaux (en l'échange du rachat de leurs frères en esclavage), le Capitaine pourrait rapidement se retrouver à la tête d'une petite mais puissante seigneurie "franche"...<br />
<br />
Lel'Liamil ayant passer le reste de la semaine à identifier les émissaires les plus influents et leur allégeance à l'un des trois tracés (le "grand" d'Alon Sorhan, le "haut" qui exclue les Dirsen et celui des Talendan, largement minoritaire puisque seulement soutenu par leurs alliés directs, [[Kal Feilan]], [[Kal Shemon'Lon]] et [[Tael Shannan]]), il remonte aux Cascades avec une équipe de diplomate emishen composée de son fidèle [[Sifenen Arlan]], [[Islinna|Islinna "Maliam'nid"]], [[Nevel Sholdanan]] et la jeune négociante [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] [[Doma Sholen]] : vue l'avancée des négociations, ils n'ont alors guère plus que 24h pour obtenir un changement drastique de l'opinion avant que tous les "bellicistes" ne quitte l'Assemblée pour partir en guerre dans la Marche des Gemmes, mettant probablement fin au plus gros des débats. Durgaut ayant fait jouer ses contacts auprès des pacifistes, il a obtenu que ses représentants -quoique n'étant pas vraiment des "émissaires tribaux"- puissent au moins présenter leur projet à l'Assemblée.<br />
Ils savent que les principaux arguments en faveur du "grand" tracé sont la quantité de terres arables (pour nourrir les réfugiés, qu'on suppose très nombreux) et les cercles de pierres qui s'y trouvent, historiquement les points de rassemblements et lieux saints des différents clans alors que les quelques émissaires à défendre le tracé "haut" ne le font que par défiance envers les Dirsen en général. <br />
<br />
=== Rappel des différents clans Emishens ===<br />
<br />
Clans appartenants aux '''Si'Olonil''' ("falconidés")<br />
: Les Elloran ("éperviers-pêcheurs")<br />
: Les Liam'Lon ("faucons chanteurs")<br />
: Les Oloden ("gerfauts des rivages")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Lewyllen''' ("corneilles")<br />
: L'Aile du Silond, ("le nord")<br />
: L'Aile de l'Orind, ("le sud")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''So'Sherkan''' ("aigles")<br />
: Les Okhina'en ("aigles royaux")<br />
: Les Edell'Okhil ("aigle des montagnes")<br />
: Les Tallalnen ("harfangs")<br />
: Les Halia'Hetan ("pygargues")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Arkonnelkan''' ("les condors")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Rimdehl''' ("geaies")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Otlalnan''' ("oies")<br />
: Les Barantanen (“bernaches”, qu'on appelait le "clan du printemps" et qui avait une grande importance symbolique chez les Emishen)<br />
: Les Otindhil (“cygnes”)<br />
: Les Eritorden (“pélicans”, réduit à moins de 10.000 parce qu'ils sont les seuls à avoir vraiment résisté)<br />
: Les Eibradon (“eider”)<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Korimlan''' ("vautours")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Del'Ranan''' (sternes")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Larindeln''' ("goélands")<br />
<br />
== Premier jour ==<br />
<br />
[[Fichier:Plan-Cascades.jpg|600px|thumb||Plan du Cercle des Cascades]]<br />
<br />
Accueillis pour dîner chez [[Ethelkaran]] (doyen des [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] du sud, donc "chef" de [[Lel'liamil]]) et, bientôt rejoints par le barde [[Tael Shannan]], nos diplomates vont d'abord convaincre le doyen de l'opportunité commerciale qu'il y aurait à se lancer massivement dans l'importation de nourriture et de semences (pour développer l'agriculture locale) afin de pouvoir assurer le ravitaillement des réfugiés : car si Tal Endhil peut assurer des liaisons maritimes vers Aroche et se dote bientôt d'un port fluvial, la seule ville cosmopolite de la zone de paix serait rapidement la plus grande place commerçante de la région.<br />
<br />
=== Kal Kirhan chaman des Tallalnen (5) ===<br />
<br />
Ceci fait, [[Sifenen Arlan]] et [[Nevel]] filent parler à [[Kal Kirhan]], le fameux chaman-lancier des [[Tallalnen]] (qui accompagnait l'Opération Tréfonds) et qui, pressenti pour commander les Gardes-Frontière, a apparemment refusé le poste : s'ils parvenaient à le convaincre d'accepter et le ralliaient à leur tracé, ce serait encore des points de marqués. Lorsqu'ils arrivent au campement des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]], c'est pour découvrir leur ami, le chef du clan Reyil Arkon et sa chamane [[Kal Levayassan]] en grande discussion avec [[Alon Sorhan]] : si les deux chefs guerriers partagent le même avis sur les Dirsen et la frontière, les deux chamans sont beaucoup plus circonspect et même vaguement défiant avec le puissant [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] qui cherche à rallier un maximum de combattant et à se faire nommer "chef de toute la tribu" (donc, en plus de son propre clan, ceux des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] et [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]]). C'est plutôt un dialogue de sourds, dont les PJ réussissent à extraire [[Kal Kirhan]] pour lui mettre le marché en main, mais le chaman explique qu'il en a marre des manigances politiques : tout ça est trop malhonnête pour sa propre conception de la Justice (car avant de devenir chaman sur le tard à la demande expresse de leurs esprits-totems, [[Kal Kirhan|Kirhan]] était "l'exécuteur judiciaire" des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] : c'est un peu Judge Dredd rhabillé en chaman), il est loin de sa famille depuis des semaines, il pense qu'Alon Sorhan va faire capoter tout le projet de frontière et, franchement, n'a lui-même guère confiance dans les Dirsen. [[Nevel]] va alors user de toute son éloquence (limitée) pour faire valoir qu'il est justement le seul espoir de la Frontière, entraîner le chaman dans une longue conversation (alcoolisée) à cœur ouvert en contemplant la cascade... et finalement renvoyer son ami méditer sur ses contradictions, réponse espérée le lendemain.<br />
<br />
=== Rencontre entre Nevel et Alon Sorhan ===<br />
<br />
En regagnant les pentes où devraient camper ses camarades, légèrement éméché, Nevel tombe sur [[Alon Sorhan]] qui veut lui parler : si le chef de guerre veut faire appel à la fougue guerrière qui animait jadis l'éclaireur et qui l'a poussé à attaquer l'occupant il y a 15 ans, déclenchant le sanglant cycle de représailles qui coûta la vie à de nombreux [[:Catégorie:Elloran|Elloran]], à leur chef d'alors (le père de l'actuel) et le fit bannir, [[Nevel]] lui explique posément pourquoi il est aujourd'hui du côté de la paix et de la "Fraternisation", et comment il compte racheter ses fautes passées en défendant les Emishen pacifistes. La discussion s'envenime peu à peu, au point que le chef des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] finisse par traiter l'[[:Catégorie:Elloran|Elloran]] repentant de lâche et le prévienne que leur prochaine rencontre se fera probablement les armes à la main.<br />
Légèrement dégrisé, [[Nevel]] par en quête de ses compagnons...<br />
<br />
=== Malondil chef des Elloran (6) ===<br />
<br />
[[Lel'Liamil]] et [[Islinna]] enchaînent justement avec [[Malondil]], le (trop) jeune chef des [[:Catégorie:Elloran|Elloran]] des Cascades, de plus en plus ouvertement partisan de la guerre (bien que son chaman, [[Kal Feilan]], soit le leader pacifiste : oui, c'est le bordel). En plus d'avoir été presque spolié de son rôle politique ([[Kal Feilan|Feilan]] a derrière lui une nette majorité des [[:Catégorie:Elloran|Elloran]], l'organisation de l'Assemblée s'est faite sur les terres de son clan mais contre son avis...), nos deux PJ comprennent vite que le jeune homme est surtout sous la double influence de sa mère, qui déteste les Dirsen, et du souvenir de son père, [[Ahndro'shar]], ancien chef du clan tué en combattant l'oppresseur. Mais il semble vite aux deux diplomates qu'il y a "quelque chose du défunt" qui se manifeste à travers le jeune [[Malondil]] quand il parle de vengeance, une soudaine fougue et une conviction qui ont certainement fait beaucoup pour son élection comme chef, mais qui aux yeux d'[[Islinna]] pourrait bien avoir une source "surnaturelle". Surpris et foutus dehors, ils se séparent pour leurs visites suivantes...<br />
<br />
=== Tahalien des Rimdehl (7) ===<br />
<br />
[[Lel'Liamil]], lui, va parler aux [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]], la tribu décimée étant représentée sur place par seulement deux bardesses : une vieille malade venue énumérer à l'Assemblée les massacres et les injustices subis par sa tribu à cause du prévôt [[Rhilder]], la seconde n'étant autre que [[Tahalien]], l'évadée de la mine de [[Solerane]] que [[Vighnu]] et [[Andréas]] ont croisé (et aidé) pendant "[[Le Train de l'Argent]]". Si Tahalien -plutôt influente aux Cascades- doit heureusement remplacer sa consœur à l'Assemblée et se dit assez favorable aux Talendan, elle leur propose vite de défendre leur projet pour peu qu'ils lui rendent deux services.<br />
Le premier consiste rien moins qu'à monter l'évasion de tous les esclaves qu'elle a du laisser derrière elle dans la mine de [[Jornil Cuivré]] (les Talendan acceptent d'y parvenir sous 4 semaines, quoiqu'en en sachant pas encore comment leurs collègues pourront bien s'y prendre), le second à trouver une solution pour les enfants sauvés des mines et qui, sans famille, sont actuellement hébergés avec nombre d'autres orphelins par les [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] du sud (la communauté de [[Doma Sholen]], rescapée du massacre du Pic Blanc)... Sauf que ces gamins sans réelle supervision commencent à poser de nombreux problèmes : ils se font nourrir sans participer à aucune des tâches domestiques, ils foutent le souk dans les campements, volent parfois, refusent d'être séparés et renvoyés dans leurs clans respectifs.<br />
<br />
=== Kal Tayvohn chaman des Edell'Okhil (4) ===<br />
<br />
De leur côté, Islinna et Doma Sholen ont pris contact avec [[Kal Tayvohn]], le chaman des [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] qui a récemment aidé Durgaut pour "le Train..." : furieux que le Capitaine n'ait encore rien fait pour tenir sa promesse de racheter les enfants de son clan en esclavage dans la Marche des Gemmes, il fait alors plutôt campagne contre les Dirsen. Les deux demoiselles vont néanmoins parvenir à lui faire comprendre qu'il faut du temps pour préparer la transaction et surtout que la route vers le sud rouvre avant que les Talendan puissent tenir leurs promesses. Ramené à de meilleurs sentiments, le jeune chaman est alors prêt à écouter leurs arguments en faveur du tracé "de Tal Endhil". Et lorsque Lel'Liamil, Nevel et Tahalien arrivent pour leur prêter main-forte, les diplomates le persuadent à son tour : autant pour vérifier leur honnêteté que pour les assister dans leurs tâches, [[Kal Tayvohn|Tayvohn]] leur confiera le lendemain la pétulante Neri'Helin, la dresseuse qui avait permis à l'équipe du "Train" de franchir les montagnes et qu'Islinna a récemment recrutée pour conduire les géants affectés à la Mine Bénie. En effet, celle-ci est prête à vendre ses services pour peu qu'elle n'ait pas à fréquenter [[Adira Pratesh]] (dont la réputation sulfureuse commence à se répandre chez les Emishen) et qu'elle soit payée en monnaie impériale,afin de racheter des esclaves de sa famille.<br />
<br />
=== Soirée nuageuse et herbeuse ===<br />
<br />
La nuit est très avancée lorsque nos PJ et Tael Shannan se regroupent enfin dans la tente de [[Kal Feilan]] pour faire le bilan, prévoir la suite et partager l'herbe-nuage du vieux [[Kal Shemon'Lon]]. Sous l'influence de l'herbe, les langues se délient et un certain nombre de secrets sont révélés, notamment l'implication du célèbre barde dans le trafic d'artefacts et le financement des Kormes ([[Tael Shannan]] jure qu'il a compris son erreur et qu'on ne l'y reprendra plus), mais aussi la présence d'esprits mauvais rôdant autour du Cercle (l'esprit du Chacal qui accompagne [[Etayn-la-Louve]] et l'empêche de trouver [[Urgrand]], le démon affamé qui s'est enfuit de la Mine Bénie après l'intervention des Talendan et sans doute quelques autres forces inféodées à [[Lorkan Elakhendil]]...). [[Islinna]] évoque son père, un [[:Catégorie:Elloran|Elloran]] ayant rejoint le camp des Kormes depuis des années et dont elle n'a plus de nouvelle, [[Nevel]] raconte l'Opération Tréfonds et les récentes menaces d'[[Alon Sorhan]], [[Lel'Liamil]] se plaint de son épouse et tente d'expliquer son "amitié" avec [[Adira]], on fait des hypothèses sur la Porte-sous-la-Montagne, on confirme que [[Malondil]] est certainement "hanté" par son père Ahndro'shar.... Et plus nos héros fument, plus l'ambiance glisse de la complicité à l'intimité, des confessions vers une tendresse "tactile" : on se câline, on se papouille sans y penser vraiment. Quand la nuit menace de tourner à l'orgie, [[Kal Feilan]] réussit tout de même à foutre ces encombrants convives à la porte et, après qu'[[Islinna]] ait repoussé les avances de [[Tael Shannan]] pour entraîner [[Sifenen Arlan|Arlan]] par la main, [[Doma Sholen]] promet de trouver un lit pour [[Nevel]] qui titube et le reste de la soirée se perd dans les brumes de l'herbe-nuage.<br />
<br />
== Deuxième jour ==<br />
<br />
=== Réveils échelonnés ===<br />
<br />
À l'aube, [[Tael Shannan]] a envoyé son garde du corps "semishen" (métis emishen/semi) quérir Andréas Odran au village afin qu'il puisse rencontrer [[Malondil]] et peut-être le défaire du fantôme de son père.<br />
<br />
[[Lel'Liamil]] se réveille le second, dans sa tente familiale (il a apparemment trouvé son chemin jusque là et sa femme se moque joyeusement de sa gueule de bois) : rejoignant rapidement son doyen Ethelkaran et la bardesse Tahalien pour causer politique, leur nouvelle alliée lui fait remarquer que le "tracé haut" soutenu par sa vieille [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]] malade, la chasseresse [[Falawin]] et la vieille chamane nommée Kal Ron Shidalei (ces deux dernières du clan des [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]]) va en lui-même poser des problèmes de subsistance (il n'y a pas grand chose à bouffer dans les hautes vallées et les pics enneigés) et que si les deux Liam'Lon comptent sur leur clan pour ravitailler les réfugiés, il semble qu'elles n'aient en fait pas l'aval de leur clan pour ce faire. Ce qui commence à inspirer au maquignon un plan assez audacieux, consistant à faire capoter le tracé "haut" avant le grand pow-wow du soir afin d'en récupérer les partisans pour leur propre plan...<br />
<br />
C'est le beau soleil de fin de matinée ("c'est le printemps !") qui éveille [[Sifenen Arlan]] et [[Islinna]] en se glissant sous une tente lewyllen. D'abord ravi de sa nuit voluptueuse, le conducteur d'attelage panique en réalisant qu'il vient de coucher avec l'amoureuse de l'assassin [[Vighnu Pratesh]], dont la jalousie commence à être connue chez les Emishen. Il tait néanmoins ses craintes à son amante d'un soir, qui se lève pour rejoindre ses camarades diplomates : informée du plan de Lel'Liamil et effectivement convaincue que c'est pour eux le seul moyen de récupérer assez de voix avant la soirée, elle accompagne le maquignon et la bardesse visiter [[Falnen Be'hemshar]], le jeune chasseur [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] fougueux qui participa à "l'Opération Tréfonds" (avec elle, Nevel et Vighnu, entre autres) et qui, s'il est assez au courant des affaires de chasse de son clan, reste un soutien "pacifiste" et s'est déjà déclaré volontaire comme "garde-Frontière (de l'Orage)".<br />
[[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] confirme volontiers le peu qu'il sait de la politique de son clan (c'est pas vraiment son rayon) et leur apprend que, finalement, les partisans du tracé "haut" se défient surtout des Dirsen à cause de divers préjugés. Comme les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] savent que, quelque soit le tracé, il leur faudra forcément se mettre à l'agriculture pour nourrir les réfugiés (à laquelle ils ne connaissent rien et qui va nécessiter le soutien d'une culture plus "paysanne"... comme les Dirsen, par exemple) et que la position politique de [[Falawin]] reste assez fragile, l'enthousiaste [[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] accepte de leur étendre une invitation pour le dîner "clanique" du soir, où ils ne leur restera qu'à être très éloquents pour peut-être rallier les soutiens nécessaires juste avant la réunion...<br />
<br />
Le soleil a déjà passé son zénith quand [[Nevel]] s'extirpe enfin d'une yourte inconnue... au milieu du camp des "orphelins", qui s'avèrent considérer [[Doma Sholen]] comme une grande sœur. Après que l'[[:Catégorie:Elloran|Elloran]] ait subit les moqueries de tout le monde pour s'être endormi "sans rien faire" (à la déception de [[Doma Sholen]], qui le couvait des yeux depuis des semaines), les deux tourtereaux malchanceux discutent de leur ami [[Oleytan "le Furet"]] (toujours amoureux de Doma), de leur possible couple ([[Nevel]] flippe un peu) et du problème grandissant des orphelins (qu'il va falloir régler puisqu'ils l'ont promis à [[Tahalien]]), avant d'aller quérir la réponse de [[Kal Kirhan]] : après avoir longuement médité, consulté les esprits et discuter avec quelques membres de sa belle-famille, le chaman-lancier admet que s'il veut que les siens soient vraiment en sécurité derrière la Frontière, il lui faudra en assurer la garde lui-même... mais à la condition que Nevel soit son second, ce qu'il accepte en sachant qu'il lui faudra pour cela démissionner du service de [[Durgaut]].<br />
<br />
=== Arrivée d'Andréas et de Shen Silondin ===<br />
<br />
L'après-midi touche à sa fin lorsque Shen Silondin revient de Tal Endhil avec [[Andréas]]... et une récente blessure : les Templiers qui gardaient le donjon l'ont pratiquement attaqué à vue et le guerrier [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] est assez remonté contre les Dirsen. Nos diplomates le calment néanmoins et font le point avec [[Tahalien]] et [[Neri'Helin]], la dresseuse ayant fait le tour des campements pour leur fournir une vue générale des opinions : si le "grand" tracé est encore nettement majoritaire, celui des Talendan a déjà plus que doublé ses partisans et comme le tracé "haut" régresse depuis que les [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] ont annoncé qu'ils ne le soutiendraient pas (et que sans eux la subsistance en altitude sera très difficile), nos PJ peuvent encore revenir à la marque si [[Malondil]] et les 2 émissaires [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] passaient de leur côté dans les quelques heures qui leur restent. Si les orateurs du "tracé talendan" brillaient particulièrement durant leur exposé, ils pourraient même rallier assez d'indécis pour faire la différence, aussi ont-ils préparé intensément leurs arguments et leurs discours avec leurs alliés : ce soir, l'avenir de Tal Endhil dépendra de leur éloquence.<br />
<br />
=== Banquet chez les Liam'Lon (3) ===<br />
<br />
Lorsqu'ils arrivent au grand campement [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] peu avant le banquet qui réunit chaque soir le clan autour de ses émissaires, l'accueille est d'abord un peu frais mais les PJ ont apporté des denrées, [[Lel'Liamil]] comme [[Islinna]] savent se faire des amis, [[Nevel]] bénéficie tant de l'introduction de [[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] que d'une renommée assez flatteuse depuis le duel rituel contre les [[:Catégorie:Arkonnelkan|Arkonnelkan]] et même [[Andréas]] fait des efforts de sociabilité. Aussi, lorsque [[Kal Ron Shidalei]] et [[Falawin]] arrivent du piton rocheux qui forme le village en dur des Cascades et donc le "centre de conférence" de l'Assemblée, nos diplomates sont déjà bien intégrés et la chasseresse renonce à les virer. Et le débat attendu se produit : quand Falawin annonce la part de gibier demandée aux [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] pour ravitailler l'éventuel tracé "haut", les chasseurs font plutôt la gueule et nos héros s'engouffrent dans la brèche en soulignant que les réfugiés se déverseront probablement dans leur territoire aux premiers frimas, qu'ils ne pourront lancer de cultures sans l'aide des Dirsen et mentionnent que, en perdant Tal Endhil, les "Faucons-Chanteurs" seraient privés du commerce des peaux qui leur rapportent jusqu'ici le métal et les chevaux dont ils manquent.<br />
[[Falawin]] rétorque que les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] peuvent encore agrandir leur territoire sur les terres abandonnées par les [[:Catégorie:Del'Ranan|Del'Ranan]] disparus : les PJ entendent pour la première fois la mention de la disparition complète de la tribu la plus nordique du Peuple du Vent, que les Liam'Lon n'ont pas trop ébruité pour s'approprier leur Cercle, puisque le leur est de longue date "envahi par les démons" (nos héros tombent carrément des nues), mais les chasseurs ne sont guère enthousiasmés par ces toundras gelées 8 mois par an. Alors qu'[[Islinna]] quitte le banquet pour intercepter [[Malondil]] avant qu'il ait lui-même fini de dîner (comptant sur le rapport de séduction qu'elle a déjà établi avec lui), [[Andréas_"Odran"|Andréas]] pousse justement la discussion vers les démons et autres exorcismes en expliquant qu'il est une sorte de "chaman dirsen" (déclenchant comme souvent toutes sortes de commentaires sur ses origines, vu son physique nettement "emishen", dont il se défend bien inutilement), [[Lel'Liamil]] insiste sur les bénéfices que les Liam'Lon tirent déjà du négoce avec sa propre tribu et l'apport des Lewyllen au ravitaillement des futurs réfugiés si l'on adoptait le tracé "talendan" pendant que Nevel rappelle que lui-même défend la paix ET la fraternisation, qu'ils ont l'appui de [[Kal Kirhan]], [[Kal Shemon'Lon]], [[Kal Tayvohn]] et de [[Tael Shannan]]...<br />
<br />
L'heure tourne, les émissaires se préparent à remonter au Cercle et les discussions se résument finalement toujours au même point : les Liam'lon ne peuvent pas faire confiance aux Dirsen... à moins que les Talendan n'adoptent à leur tour une partie des coutumes locales, à commencer par la nomination d'un chaman : Andréas manque de s'étouffer sur sa venaison en réalisant que c'est de lui qu'on parle. Mais l'idée de compléter sa formation "mystique" ne lui déplaît pas et, s'il doit être régulièrement en but à des affaires de démons, de spectres et d'esprits totems, autant y être préparé. Il accepte donc de devenir le disciple de [[Kal Ron Shidalei]] et [[Kal Shemon'Lon]], scellant un pacte avec les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]], qui se rallient enfin aux PJ.<br />
<br />
=== Exorcisme ===<br />
<br />
Ce n'est pas trop tôt, parce qu'alors [[Andréas_"Odran"|Andréas]] doit filer chez [[Malondil]], où [[Islinna]] gagnait déjà du temps (et des infos) en évoquant avec le jeune chef et sa mère le tragique décès d'Ahndro'shar. L'arrivée de Lel'Liamil, qui manœuvre pour occuper la veuve, lui permet de lui soumettre enfin la proposition prévue : rencontrer un ami à elle qui pourrait lui donner l'occasion de parler à son défunt père. Le temps d'expliquer que l'ami en question n'est pas exactement un chaman ("Mais il va le devenir !", précise [[Lel'Liamil]]), [[Andréas_"Odran"|Andréas]] les rejoint enfin, essoufflé. Malgré ses limites en Langue des Vents et son peu d'expérience en la matière, Islinna a suffisamment mis la famille en condition pour qu'il réussisse à exécuter le rituel pour évoquer Ahndro'shar, employant pour cela sa sphère première... qui libère soudain un invité surprise : le spectre de Languard ! Avec deux spectres tempêtant soudain dans la hutte sous les yeux effarés de Malondil et de sa mère, les pouvoirs d'Islinna et la présence d'esprit (haha!) de Lel'Limail ne seront pas de trop pour protéger les participants du mobilier qui vole le temps qu'Andréas parviennent à "ré-aspirer" Languard dans la sphère et à stabiliser suffisamment l'image du père pour qu'il adresse un long regard triste à son épouse. Puis, se tournant une dernière fois vers son fils, le fantôme disparaît de sa propre volonté. Profitant du trouble qui règne dans la hutte en désordre, Islinna se dépêche d'interpréter la brève apparition comme le signe qu'Ahndro'shar considère qu'il est temps pour sa femme de lâcher prise et pour son fils de devenir une personne en propre, méritant le titre de chef par ses propres décisions plutôt que par la répétition de celles de son père.<br />
Cette tentative de "thérapie familiale accélérée" ne suffira pas à convaincre Malondil de changer de camp mais, puisqu'il est trop choqué pour participer activement à l'Assemblée, c'est toujours une voix de moins pour Alon Sorhan...<br />
<br />
== Assemblée ==<br />
<br />
Rejoignant précipitamment le Cercle où Tael Shannan s'était lancé dans un splendide "filibuster" pour couvrir leur retard, les exorcistes amateurs prennent leurs places à l'Assemblée et le barde introduit leur exposé. À ce stade, la plupart des présents ont déjà entendu parlé de leur tracé et l'enjeu est maintenant d'en souligner non seulement les avantages, mais l'ampleur des soutiens.<br />
[Comme il était grand temps qu'on finisse cette séance au risque de perturber le planning des parties suivantes, et quoique les Emishen ne prennent pas réellement leurs décisions politiques au vote mais discutent longuement jusqu'à obtenir un consensus global, on a réglé la question en "comptant les points" : j'avais attribué un score "d'Influence" aux différents émissaires et le parti regroupant le plus d'Influence emporterait le morceau sur la longueur. Et comme nos diplomates n'avaient pas l'avantage en début de séance, il leur fallait maintenant cumuler les uns après les autres assez de MR sur des jets de persuasion ou d'éloquence pour non seulement combler l'écart, mais prendre l'ascendant.]<br />
<br />
Chacun leur tour, les partisans du tracé "talendan" vont alors expliquer leurs raisons et démontrer leur force de conviction devant un auditoire manifestement surpris du nombre d'appuis qu'ils ont su rassembler. Ethelkaran et Doma Sholen promettent que les Lewyllen approvisionneront la zone de paix s'ils peuvent commercer à Tal Endhil, Falawin engage de même la parole des Liam'Lon et Islinna celle des Sotorine (avec l'aval réticent de sa mère), Lel'Liamil fait miroiter à tout le monde un formidable développement agraire et Nevel jure de défendre la zone de paix avec Kal Kirhan : bien qu'un tribun franchement médiocre (et échaudé au Cercles des Hautes Pierres), le chaman-lancier renouvelle son serment et accuse carrément Alon Sorhan de manipuler les débats sur le tracé pour entraîner les pacifistes dans une guerre sanglante, concluant par la promesse de le tuer s'il s'en prend à nouveau à l'intégrité de la Frontière (ce qui fait assez forte impression, vu la réputation de "justicier" de Kirhan).<br />
<br />
Il faut alors l'intervention modératrice de Kal Feilan et Falawin pour ramener le calme et laisser [[Kal Tayvohn]] et [[Tahalien]] exprimer leur soutien aux Talendan "parce qu'ils sont les seuls à œuvrer sérieusement pour la libération des esclaves" (les [[:Catégorie:So'Sherkan|So'Sherkan]] et quelques [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]] font des mines dégoûtées). Et lorsque Andréas annonce que, pour démontrer la bonne fois de [[Tal Endhil]], il va en devenir le chaman par l'enseignement de [[Kal Ron Shidalei]], les bellicistes finissent par rompre le protocole pour crier au scandale, permettant ainsi aux organisateurs de sortir de leur (relative) neutralité.<br />
Quand [[Kal Feilan]] menace [[Alon Sorhan]] de l'exclure des pourparlers si ses partisans s'avèrent incapables d'en respecter les usages, le chef de guerre prend la parole pour annoncer d'un ton glacial que cette Assemblée a tourner à la mascarade et qu'il partira dès le lendemain pour mener au combat tous les Emishens assez fiers de leur héritage pour le défendre les armes à la main.<br />
<br />
Derrière lui, la quasi-totalité des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]], la majorité des [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] et plus de la moitié des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] quittent les Cascades le lendemain à l'aube, laissant aux Talendan une victoire de justesse qui leur a coûté bien des promesses et annonce moult complications à venir...<br />
<br />
----<br />
'''[[8) "Le Train de l'Argent"|<< Épisode Précédent]] | [[10) "Nuit Blanche"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Liste des Épisodes|<= retour à la LISTE des ÉPISODES]]'''<br />
<br />
[[Catégorie:Épisodes]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/9)_%22Reishin_Ghoran%229) "Reishin Ghoran"2014-09-08T16:28:54Z<p>Aloun : /* Réveils échelonnés */</p>
<hr />
<div><br />
<br />
== Objectifs et renseignements ==<br />
<br />
C'est au début de la [[Huitaine 6|sixième huitaine]] ("après la bataille") que les Talendan ont pour la première fois entendu parler du Reishin Ghoran, la fameuse "[[Frontière de l'Orage]]" conçue par l'Assemblée Tribale.<br />
Lorsque Lel'Liamil profite d'achats de chevaux au [[Cercle des Cascades]] pour se renseigner sur les négociations (et comprends que l'argent qu'il vient de verser pour les canassons va permettre aux [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] de s'armer), il réalise rapidement que ce fin stratège d'Alon Sorhan (chef du clan des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]], "chef de guerre" de toute la tribu des So'Sherkan et tête de file des Emishen bellicistes) est en train de s'approprier le débat en proposant pour la Frontière un tracé englobant presque toute la Marche des Lacs et qui, au lieu de garantir la paix, obligerait les pacifistes à commencer par en chasser les Remans, donc à entrer en guerre. Parallèlement, d'autres Emishen font la promotion d'un tracé "sans les Dirsen" qui limiterait la zone de paix aux plus hautes vallées, excluant notamment Tal Endhil.<br />
Dès que le maquignon lewyllen prévient Durgaut de ce qui se trame, le Capitaine lui parle du rapport stratégique de Bahardabras le Hornois, concernant la défense de la vallée, les cols défendables, les gués et tout ce qu'il leur faudrait de troupes et de fortification pour tenir enfin fermement leur territoire.<br />
Il apparaît très vite que si les Talendan réussissaient à influencer le tracé du Reishin Ghoran pour qu'il corresponde à leur vallée (donc grossièrement aux contours du futur bailliage), ils obtiendraient non seulement d'être inclus dans la zone de paix (ce qui serait extrêmement profitable au commerce) mais d'être désormais carrément défendus par la force d'interposition Emishen, appelée à vite devenir plus nombreuse que les troupes du village, ce qui serait un pas de plus vers une possible indépendance vis à vis de l'Empire (idée qui trotte dans la tête de beaucoup de PJ depuis longtemps). Si en plus l'arrangement de Durgaut avec les [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] pouvait convaincre l'un des rares clans Emishen possédant une expérience minière de venir s'installer chez lui pour exploiter les filons locaux (en l'échange du rachat de leurs frères en esclavage), le Capitaine pourrait rapidement se retrouver à la tête d'une petite mais puissante seigneurie "franche"...<br />
<br />
Lel'Liamil ayant passer le reste de la semaine à identifier les émissaires les plus influents et leur allégeance à l'un des trois tracés (le "grand" d'Alon Sorhan, le "haut" qui exclue les Dirsen et celui des Talendan, largement minoritaire puisque seulement soutenu par leurs alliés directs, [[Kal Feilan]], [[Kal Shemon'Lon]] et [[Tael Shannan]]), il remonte aux Cascades avec une équipe de diplomate emishen composée de son fidèle [[Sifenen Arlan]], [[Islinna|Islinna "Maliam'nid"]], [[Nevel Sholdanan]] et la jeune négociante [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] [[Doma Sholen]] : vue l'avancée des négociations, ils n'ont alors guère plus que 24h pour obtenir un changement drastique de l'opinion avant que tous les "bellicistes" ne quitte l'Assemblée pour partir en guerre dans la Marche des Gemmes, mettant probablement fin au plus gros des débats. Durgaut ayant fait jouer ses contacts auprès des pacifistes, il a obtenu que ses représentants -quoique n'étant pas vraiment des "émissaires tribaux"- puissent au moins présenter leur projet à l'Assemblée.<br />
Ils savent que les principaux arguments en faveur du "grand" tracé sont la quantité de terres arables (pour nourrir les réfugiés, qu'on suppose très nombreux) et les cercles de pierres qui s'y trouvent, historiquement les points de rassemblements et lieux saints des différents clans alors que les quelques émissaires à défendre le tracé "haut" ne le font que par défiance envers les Dirsen en général. <br />
<br />
=== Rappel des différents clans Emishens ===<br />
<br />
Clans appartenants aux '''Si'Olonil''' ("falconidés")<br />
: Les Elloran ("éperviers-pêcheurs")<br />
: Les Liam'Lon ("faucons chanteurs")<br />
: Les Oloden ("gerfauts des rivages")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Lewyllen''' ("corneilles")<br />
: L'Aile du Silond, ("le nord")<br />
: L'Aile de l'Orind, ("le sud")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''So'Sherkan''' ("aigles")<br />
: Les Okhina'en ("aigles royaux")<br />
: Les Edell'Okhil ("aigle des montagnes")<br />
: Les Tallalnen ("harfangs")<br />
: Les Halia'Hetan ("pygargues")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Arkonnelkan''' ("les condors")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Rimdehl''' ("geaies")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Otlalnan''' ("oies")<br />
: Les Barantanen (“bernaches”, qu'on appelait le "clan du printemps" et qui avait une grande importance symbolique chez les Emishen)<br />
: Les Otindhil (“cygnes”)<br />
: Les Eritorden (“pélicans”, réduit à moins de 10.000 parce qu'ils sont les seuls à avoir vraiment résisté)<br />
: Les Eibradon (“eider”)<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Korimlan''' ("vautours")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Del'Ranan''' (sternes")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Larindeln''' ("goélands")<br />
<br />
== Premier jour ==<br />
<br />
[[Fichier:Plan-Cascades.jpg|600px|thumb||Plan du Cercle des Cascades]]<br />
<br />
Accueillis pour dîner chez [[Ethelkaran]] (doyen des [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] du sud, donc "chef" de [[Lel'liamil]]) et, bientôt rejoints par le barde [[Tael Shannan]], nos diplomates vont d'abord convaincre le doyen de l'opportunité commerciale qu'il y aurait à se lancer massivement dans l'importation de nourriture et de semences (pour développer l'agriculture locale) afin de pouvoir assurer le ravitaillement des réfugiés : car si Tal Endhil peut assurer des liaisons maritimes vers Aroche et se dote bientôt d'un port fluvial, la seule ville cosmopolite de la zone de paix serait rapidement la plus grande place commerçante de la région.<br />
<br />
=== Kal Kirhan chaman des Tallalnen (5) ===<br />
<br />
Ceci fait, [[Sifenen Arlan]] et [[Nevel]] filent parler à [[Kal Kirhan]], le fameux chaman-lancier des [[Tallalnen]] (qui accompagnait l'Opération Tréfonds) et qui, pressenti pour commander les Gardes-Frontière, a apparemment refusé le poste : s'ils parvenaient à le convaincre d'accepter et le ralliaient à leur tracé, ce serait encore des points de marqués. Lorsqu'ils arrivent au campement des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]], c'est pour découvrir leur ami, le chef du clan Reyil Arkon et sa chamane [[Kal Levayassan]] en grande discussion avec [[Alon Sorhan]] : si les deux chefs guerriers partagent le même avis sur les Dirsen et la frontière, les deux chamans sont beaucoup plus circonspect et même vaguement défiant avec le puissant [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] qui cherche à rallier un maximum de combattant et à se faire nommer "chef de toute la tribu" (donc, en plus de son propre clan, ceux des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] et [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]]). C'est plutôt un dialogue de sourds, dont les PJ réussissent à extraire [[Kal Kirhan]] pour lui mettre le marché en main, mais le chaman explique qu'il en a marre des manigances politiques : tout ça est trop malhonnête pour sa propre conception de la Justice (car avant de devenir chaman sur le tard à la demande expresse de leurs esprits-totems, [[Kal Kirhan|Kirhan]] était "l'exécuteur judiciaire" des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] : c'est un peu Judge Dredd rhabillé en chaman), il est loin de sa famille depuis des semaines, il pense qu'Alon Sorhan va faire capoter tout le projet de frontière et, franchement, n'a lui-même guère confiance dans les Dirsen. [[Nevel]] va alors user de toute son éloquence (limitée) pour faire valoir qu'il est justement le seul espoir de la Frontière, entraîner le chaman dans une longue conversation (alcoolisée) à cœur ouvert en contemplant la cascade... et finalement renvoyer son ami méditer sur ses contradictions, réponse espérée le lendemain.<br />
<br />
=== Rencontre entre Nevel et Alon Sorhan ===<br />
<br />
En regagnant les pentes où devraient camper ses camarades, légèrement éméché, Nevel tombe sur [[Alon Sorhan]] qui veut lui parler : si le chef de guerre veut faire appel à la fougue guerrière qui animait jadis l'éclaireur et qui l'a poussé à attaquer l'occupant il y a 15 ans, déclenchant le sanglant cycle de représailles qui coûta la vie à de nombreux [[:Catégorie:Elloran|Elloran]], à leur chef d'alors (le père de l'actuel) et le fit bannir, [[Nevel]] lui explique posément pourquoi il est aujourd'hui du côté de la paix et de la "Fraternisation", et comment il compte racheter ses fautes passées en défendant les Emishen pacifistes. La discussion s'envenime peu à peu, au point que le chef des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] finisse par traiter l'[[:Catégorie:Elloran|Elloran]] repentant de lâche et le prévienne que leur prochaine rencontre se fera probablement les armes à la main.<br />
Légèrement dégrisé, [[Nevel]] par en quête de ses compagnons...<br />
<br />
=== Malondil chef des Elloran (6) ===<br />
<br />
[[Lel'Liamil]] et [[Islinna]] enchaînent justement avec [[Malondil]], le (trop) jeune chef des [[:Catégorie:Elloran|Elloran]] des Cascades, de plus en plus ouvertement partisan de la guerre (bien que son chaman, [[Kal Feilan]], soit le leader pacifiste : oui, c'est le bordel). En plus d'avoir été presque spolié de son rôle politique ([[Kal Feilan|Feilan]] a derrière lui une nette majorité des [[:Catégorie:Elloran|Elloran]], l'organisation de l'Assemblée s'est faite sur les terres de son clan mais contre son avis...), nos deux PJ comprennent vite que le jeune homme est surtout sous la double influence de sa mère, qui déteste les Dirsen, et du souvenir de son père, [[Ahndro'shar]], ancien chef du clan tué en combattant l'oppresseur. Mais il semble vite aux deux diplomates qu'il y a "quelque chose du défunt" qui se manifeste à travers le jeune [[Malondil]] quand il parle de vengeance, une soudaine fougue et une conviction qui ont certainement fait beaucoup pour son élection comme chef, mais qui aux yeux d'[[Islinna]] pourrait bien avoir une source "surnaturelle". Surpris et foutus dehors, ils se séparent pour leurs visites suivantes...<br />
<br />
=== Tahalien des Rimdehl (7) ===<br />
<br />
[[Lel'Liamil]], lui, va parler aux [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]], la tribu décimée étant représentée sur place par seulement deux bardesses : une vieille malade venue énumérer à l'Assemblée les massacres et les injustices subis par sa tribu à cause du prévôt [[Rhilder]], la seconde n'étant autre que [[Tahalien]], l'évadée de la mine de [[Solerane]] que [[Vighnu]] et [[Andréas]] ont croisé (et aidé) pendant "[[Le Train de l'Argent]]". Si Tahalien -plutôt influente aux Cascades- doit heureusement remplacer sa consœur à l'Assemblée et se dit assez favorable aux Talendan, elle leur propose vite de défendre leur projet pour peu qu'ils lui rendent deux services.<br />
Le premier consiste rien moins qu'à monter l'évasion de tous les esclaves qu'elle a du laisser derrière elle dans la mine de [[Jornil Cuivré]] (les Talendan acceptent d'y parvenir sous 4 semaines, quoiqu'en en sachant pas encore comment leurs collègues pourront bien s'y prendre), le second à trouver une solution pour les enfants sauvés des mines et qui, sans famille, sont actuellement hébergés avec nombre d'autres orphelins par les [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] du sud (la communauté de [[Doma Sholen]], rescapée du massacre du Pic Blanc)... Sauf que ces gamins sans réelle supervision commencent à poser de nombreux problèmes : ils se font nourrir sans participer à aucune des tâches domestiques, ils foutent le souk dans les campements, volent parfois, refusent d'être séparés et renvoyés dans leurs clans respectifs.<br />
<br />
=== Kal Tayvohn chaman des Edell'Okhil (4) ===<br />
<br />
De leur côté, Islinna et Doma Sholen ont pris contact avec [[Kal Tayvohn]], le chaman des [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] qui a récemment aidé Durgaut pour "le Train..." : furieux que le Capitaine n'ait encore rien fait pour tenir sa promesse de racheter les enfants de son clan en esclavage dans la Marche des Gemmes, il fait alors plutôt campagne contre les Dirsen. Les deux demoiselles vont néanmoins parvenir à lui faire comprendre qu'il faut du temps pour préparer la transaction et surtout que la route vers le sud rouvre avant que les Talendan puissent tenir leurs promesses. Ramené à de meilleurs sentiments, le jeune chaman est alors prêt à écouter leurs arguments en faveur du tracé "de Tal Endhil". Et lorsque Lel'Liamil, Nevel et Tahalien arrivent pour leur prêter main-forte, les diplomates le persuadent à son tour : autant pour vérifier leur honnêteté que pour les assister dans leurs tâches, [[Kal Tayvohn|Tayvohn]] leur confiera le lendemain la pétulante Neri'Helin, la dresseuse qui avait permis à l'équipe du "Train" de franchir les montagnes et qu'Islinna a récemment recrutée pour conduire les géants affectés à la Mine Bénie. En effet, celle-ci est prête à vendre ses services pour peu qu'elle n'ait pas à fréquenter [[Adira Pratesh]] (dont la réputation sulfureuse commence à se répandre chez les Emishen) et qu'elle soit payée en monnaie impériale,afin de racheter des esclaves de sa famille.<br />
<br />
=== Soirée nuageuse et herbeuse ===<br />
<br />
La nuit est très avancée lorsque nos PJ et Tael Shannan se regroupent enfin dans la tente de [[Kal Feilan]] pour faire le bilan, prévoir la suite et partager l'herbe-nuage du vieux [[Kal Shemon'Lon]]. Sous l'influence de l'herbe, les langues se délient et un certain nombre de secrets sont révélés, notamment l'implication du célèbre barde dans le trafic d'artefacts et le financement des Kormes ([[Tael Shannan]] jure qu'il a compris son erreur et qu'on ne l'y reprendra plus), mais aussi la présence d'esprits mauvais rôdant autour du Cercle (l'esprit du Chacal qui accompagne [[Etayn-la-Louve]] et l'empêche de trouver [[Urgrand]], le démon affamé qui s'est enfuit de la Mine Bénie après l'intervention des Talendan et sans doute quelques autres forces inféodées à [[Lorkan Elakhendil]]...). [[Islinna]] évoque son père, un [[:Catégorie:Elloran|Elloran]] ayant rejoint le camp des Kormes depuis des années et dont elle n'a plus de nouvelle, [[Nevel]] raconte l'Opération Tréfonds et les récentes menaces d'[[Alon Sorhan]], [[Lel'Liamil]] se plaint de son épouse et tente d'expliquer son "amitié" avec [[Adira]], on fait des hypothèses sur la Porte-sous-la-Montagne, on confirme que [[Malondil]] est certainement "hanté" par son père Ahndro'shar.... Et plus nos héros fument, plus l'ambiance glisse de la complicité à l'intimité, des confessions vers une tendresse "tactile" : on se câline, on se papouille sans y penser vraiment. Quand la nuit menace de tourner à l'orgie, [[Kal Feilan]] réussit tout de même à foutre ces encombrants convives à la porte et, après qu'[[Islinna]] ait repoussé les avances de [[Tael Shannan]] pour entraîner [[Sifenen Arlan|Arlan]] par la main, [[Doma]] promet de trouver un lit pour [[Nevel]] qui titube et le reste de la soirée se perd dans les brumes de l'herbe-nuage.<br />
<br />
== Deuxième jour ==<br />
<br />
=== Réveils échelonnés ===<br />
<br />
À l'aube, [[Tael Shannan]] a envoyé son garde du corps "semishen" (métis emishen/semi) quérir Andréas Odran au village afin qu'il puisse rencontrer [[Malondil]] et peut-être le défaire du fantôme de son père.<br />
<br />
[[Lel'Liamil]] se réveille le second, dans sa tente familiale (il a apparemment trouvé son chemin jusque là et sa femme se moque joyeusement de sa gueule de bois) : rejoignant rapidement son doyen Ethelkaran et la bardesse Tahalien pour causer politique, leur nouvelle alliée lui fait remarquer que le "tracé haut" soutenu par sa vieille [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]] malade, la chasseresse [[Falawin]] et la vieille chamane nommée Kal Ron Shidalei (ces deux dernières du clan des [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]]) va en lui-même poser des problèmes de subsistance (il n'y a pas grand chose à bouffer dans les hautes vallées et les pics enneigés) et que si les deux Liam'Lon comptent sur leur clan pour ravitailler les réfugiés, il semble qu'elles n'aient en fait pas l'aval de leur clan pour ce faire. Ce qui commence à inspirer au maquignon un plan assez audacieux, consistant à faire capoter le tracé "haut" avant le grand pow-wow du soir afin d'en récupérer les partisans pour leur propre plan...<br />
<br />
C'est le beau soleil de fin de matinée ("c'est le printemps !") qui éveille [[Sifenen Arlan]] et [[Islinna]] en se glissant sous une tente lewyllen. D'abord ravi de sa nuit voluptueuse, le conducteur d'attelage panique en réalisant qu'il vient de coucher avec l'amoureuse de l'assassin [[Vighnu Pratesh]], dont la jalousie commence à être connue chez les Emishen. Il tait néanmoins ses craintes à son amante d'un soir, qui se lève pour rejoindre ses camarades diplomates : informée du plan de Lel'Liamil et effectivement convaincue que c'est pour eux le seul moyen de récupérer assez de voix avant la soirée, elle accompagne le maquignon et la bardesse visiter [[Falnen Be'hemshar]], le jeune chasseur [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] fougueux qui participa à "l'Opération Tréfonds" (avec elle, Nevel et Vighnu, entre autres) et qui, s'il est assez au courant des affaires de chasse de son clan, reste un soutien "pacifiste" et s'est déjà déclaré volontaire comme "garde-Frontière (de l'Orage)".<br />
[[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] confirme volontiers le peu qu'il sait de la politique de son clan (c'est pas vraiment son rayon) et leur apprend que, finalement, les partisans du tracé "haut" se défient surtout des Dirsen à cause de divers préjugés. Comme les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] savent que, quelque soit le tracé, il leur faudra forcément se mettre à l'agriculture pour nourrir les réfugiés (à laquelle ils ne connaissent rien et qui va nécessiter le soutien d'une culture plus "paysanne"... comme les Dirsen, par exemple) et que la position politique de [[Falawin]] reste assez fragile, l'enthousiaste [[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] accepte de leur étendre une invitation pour le dîner "clanique" du soir, où ils ne leur restera qu'à être très éloquents pour peut-être rallier les soutiens nécessaires juste avant la réunion...<br />
<br />
Le soleil a déjà passé son zénith quand [[Nevel]] s'extirpe enfin d'une yourte inconnue... au milieu du camp des "orphelins", qui s'avèrent considérer [[Doma Sholen]] comme une grande sœur. Après que l'[[:Catégorie:Elloran|Elloran]] ait subit les moqueries de tout le monde pour s'être endormi "sans rien faire" (à la déception de [[Doma Sholen]], qui le couvait des yeux depuis des semaines), les deux tourtereaux malchanceux discutent de leur ami [[Oleytan "le Furet"]] (toujours amoureux de Doma), de leur possible couple ([[Nevel]] flippe un peu) et du problème grandissant des orphelins (qu'il va falloir régler puisqu'ils l'ont promis à [[Tahalien]]), avant d'aller quérir la réponse de [[Kal Kirhan]] : après avoir longuement médité, consulté les esprits et discuter avec quelques membres de sa belle-famille, le chaman-lancier admet que s'il veut que les siens soient vraiment en sécurité derrière la Frontière, il lui faudra en assurer la garde lui-même... mais à la condition que Nevel soit son second, ce qu'il accepte en sachant qu'il lui faudra pour cela démissionner du service de [[Durgaut]].<br />
<br />
=== Arrivée d'Andréas et de Shen Silondin ===<br />
<br />
L'après-midi touche à sa fin lorsque Shen Silondin revient de Tal Endhil avec [[Andréas]]... et une récente blessure : les Templiers qui gardaient le donjon l'ont pratiquement attaqué à vue et le guerrier [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] est assez remonté contre les Dirsen. Nos diplomates le calment néanmoins et font le point avec [[Tahalien]] et [[Neri'Helin]], la dresseuse ayant fait le tour des campements pour leur fournir une vue générale des opinions : si le "grand" tracé est encore nettement majoritaire, celui des Talendan a déjà plus que doublé ses partisans et comme le tracé "haut" régresse depuis que les [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] ont annoncé qu'ils ne le soutiendraient pas (et que sans eux la subsistance en altitude sera très difficile), nos PJ peuvent encore revenir à la marque si [[Malondil]] et les 2 émissaires [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] passaient de leur côté dans les quelques heures qui leur restent. Si les orateurs du "tracé talendan" brillaient particulièrement durant leur exposé, ils pourraient même rallier assez d'indécis pour faire la différence, aussi ont-ils préparé intensément leurs arguments et leurs discours avec leurs alliés : ce soir, l'avenir de Tal Endhil dépendra de leur éloquence.<br />
<br />
=== Banquet chez les Liam'Lon (3) ===<br />
<br />
Lorsqu'ils arrivent au grand campement [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] peu avant le banquet qui réunit chaque soir le clan autour de ses émissaires, l'accueille est d'abord un peu frais mais les PJ ont apporté des denrées, [[Lel'Liamil]] comme [[Islinna]] savent se faire des amis, [[Nevel]] bénéficie tant de l'introduction de [[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] que d'une renommée assez flatteuse depuis le duel rituel contre les [[:Catégorie:Arkonnelkan|Arkonnelkan]] et même [[Andréas]] fait des efforts de sociabilité. Aussi, lorsque [[Kal Ron Shidalei]] et [[Falawin]] arrivent du piton rocheux qui forme le village en dur des Cascades et donc le "centre de conférence" de l'Assemblée, nos diplomates sont déjà bien intégrés et la chasseresse renonce à les virer. Et le débat attendu se produit : quand Falawin annonce la part de gibier demandée aux [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] pour ravitailler l'éventuel tracé "haut", les chasseurs font plutôt la gueule et nos héros s'engouffrent dans la brèche en soulignant que les réfugiés se déverseront probablement dans leur territoire aux premiers frimas, qu'ils ne pourront lancer de cultures sans l'aide des Dirsen et mentionnent que, en perdant Tal Endhil, les "Faucons-Chanteurs" seraient privés du commerce des peaux qui leur rapportent jusqu'ici le métal et les chevaux dont ils manquent.<br />
[[Falawin]] rétorque que les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] peuvent encore agrandir leur territoire sur les terres abandonnées par les [[:Catégorie:Del'Ranan|Del'Ranan]] disparus : les PJ entendent pour la première fois la mention de la disparition complète de la tribu la plus nordique du Peuple du Vent, que les Liam'Lon n'ont pas trop ébruité pour s'approprier leur Cercle, puisque le leur est de longue date "envahi par les démons" (nos héros tombent carrément des nues), mais les chasseurs ne sont guère enthousiasmés par ces toundras gelées 8 mois par an. Alors qu'[[Islinna]] quitte le banquet pour intercepter [[Malondil]] avant qu'il ait lui-même fini de dîner (comptant sur le rapport de séduction qu'elle a déjà établi avec lui), [[Andréas_"Odran"|Andréas]] pousse justement la discussion vers les démons et autres exorcismes en expliquant qu'il est une sorte de "chaman dirsen" (déclenchant comme souvent toutes sortes de commentaires sur ses origines, vu son physique nettement "emishen", dont il se défend bien inutilement), [[Lel'Liamil]] insiste sur les bénéfices que les Liam'Lon tirent déjà du négoce avec sa propre tribu et l'apport des Lewyllen au ravitaillement des futurs réfugiés si l'on adoptait le tracé "talendan" pendant que Nevel rappelle que lui-même défend la paix ET la fraternisation, qu'ils ont l'appui de [[Kal Kirhan]], [[Kal Shemon'Lon]], [[Kal Tayvohn]] et de [[Tael Shannan]]...<br />
<br />
L'heure tourne, les émissaires se préparent à remonter au Cercle et les discussions se résument finalement toujours au même point : les Liam'lon ne peuvent pas faire confiance aux Dirsen... à moins que les Talendan n'adoptent à leur tour une partie des coutumes locales, à commencer par la nomination d'un chaman : Andréas manque de s'étouffer sur sa venaison en réalisant que c'est de lui qu'on parle. Mais l'idée de compléter sa formation "mystique" ne lui déplaît pas et, s'il doit être régulièrement en but à des affaires de démons, de spectres et d'esprits totems, autant y être préparé. Il accepte donc de devenir le disciple de [[Kal Ron Shidalei]] et [[Kal Shemon'Lon]], scellant un pacte avec les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]], qui se rallient enfin aux PJ.<br />
<br />
=== Exorcisme ===<br />
<br />
Ce n'est pas trop tôt, parce qu'alors [[Andréas_"Odran"|Andréas]] doit filer chez [[Malondil]], où [[Islinna]] gagnait déjà du temps (et des infos) en évoquant avec le jeune chef et sa mère le tragique décès d'Ahndro'shar. L'arrivée de Lel'Liamil, qui manœuvre pour occuper la veuve, lui permet de lui soumettre enfin la proposition prévue : rencontrer un ami à elle qui pourrait lui donner l'occasion de parler à son défunt père. Le temps d'expliquer que l'ami en question n'est pas exactement un chaman ("Mais il va le devenir !", précise [[Lel'Liamil]]), [[Andréas_"Odran"|Andréas]] les rejoint enfin, essoufflé. Malgré ses limites en Langue des Vents et son peu d'expérience en la matière, Islinna a suffisamment mis la famille en condition pour qu'il réussisse à exécuter le rituel pour évoquer Ahndro'shar, employant pour cela sa sphère première... qui libère soudain un invité surprise : le spectre de Languard ! Avec deux spectres tempêtant soudain dans la hutte sous les yeux effarés de Malondil et de sa mère, les pouvoirs d'Islinna et la présence d'esprit (haha!) de Lel'Limail ne seront pas de trop pour protéger les participants du mobilier qui vole le temps qu'Andréas parviennent à "ré-aspirer" Languard dans la sphère et à stabiliser suffisamment l'image du père pour qu'il adresse un long regard triste à son épouse. Puis, se tournant une dernière fois vers son fils, le fantôme disparaît de sa propre volonté. Profitant du trouble qui règne dans la hutte en désordre, Islinna se dépêche d'interpréter la brève apparition comme le signe qu'Ahndro'shar considère qu'il est temps pour sa femme de lâcher prise et pour son fils de devenir une personne en propre, méritant le titre de chef par ses propres décisions plutôt que par la répétition de celles de son père.<br />
Cette tentative de "thérapie familiale accélérée" ne suffira pas à convaincre Malondil de changer de camp mais, puisqu'il est trop choqué pour participer activement à l'Assemblée, c'est toujours une voix de moins pour Alon Sorhan...<br />
<br />
== Assemblée ==<br />
<br />
Rejoignant précipitamment le Cercle où Tael Shannan s'était lancé dans un splendide "filibuster" pour couvrir leur retard, les exorcistes amateurs prennent leurs places à l'Assemblée et le barde introduit leur exposé. À ce stade, la plupart des présents ont déjà entendu parlé de leur tracé et l'enjeu est maintenant d'en souligner non seulement les avantages, mais l'ampleur des soutiens.<br />
[Comme il était grand temps qu'on finisse cette séance au risque de perturber le planning des parties suivantes, et quoique les Emishen ne prennent pas réellement leurs décisions politiques au vote mais discutent longuement jusqu'à obtenir un consensus global, on a réglé la question en "comptant les points" : j'avais attribué un score "d'Influence" aux différents émissaires et le parti regroupant le plus d'Influence emporterait le morceau sur la longueur. Et comme nos diplomates n'avaient pas l'avantage en début de séance, il leur fallait maintenant cumuler les uns après les autres assez de MR sur des jets de persuasion ou d'éloquence pour non seulement combler l'écart, mais prendre l'ascendant.]<br />
<br />
Chacun leur tour, les partisans du tracé "talendan" vont alors expliquer leurs raisons et démontrer leur force de conviction devant un auditoire manifestement surpris du nombre d'appuis qu'ils ont su rassembler. Ethelkaran et Doma Sholen promettent que les Lewyllen approvisionneront la zone de paix s'ils peuvent commercer à Tal Endhil, Falawin engage de même la parole des Liam'Lon et Islinna celle des Sotorine (avec l'aval réticent de sa mère), Lel'Liamil fait miroiter à tout le monde un formidable développement agraire et Nevel jure de défendre la zone de paix avec Kal Kirhan : bien qu'un tribun franchement médiocre (et échaudé au Cercles des Hautes Pierres), le chaman-lancier renouvelle son serment et accuse carrément Alon Sorhan de manipuler les débats sur le tracé pour entraîner les pacifistes dans une guerre sanglante, concluant par la promesse de le tuer s'il s'en prend à nouveau à l'intégrité de la Frontière (ce qui fait assez forte impression, vu la réputation de "justicier" de Kirhan).<br />
<br />
Il faut alors l'intervention modératrice de Kal Feilan et Falawin pour ramener le calme et laisser [[Kal Tayvohn]] et [[Tahalien]] exprimer leur soutien aux Talendan "parce qu'ils sont les seuls à œuvrer sérieusement pour la libération des esclaves" (les [[:Catégorie:So'Sherkan|So'Sherkan]] et quelques [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]] font des mines dégoûtées). Et lorsque Andréas annonce que, pour démontrer la bonne fois de [[Tal Endhil]], il va en devenir le chaman par l'enseignement de [[Kal Ron Shidalei]], les bellicistes finissent par rompre le protocole pour crier au scandale, permettant ainsi aux organisateurs de sortir de leur (relative) neutralité.<br />
Quand [[Kal Feilan]] menace [[Alon Sorhan]] de l'exclure des pourparlers si ses partisans s'avèrent incapables d'en respecter les usages, le chef de guerre prend la parole pour annoncer d'un ton glacial que cette Assemblée a tourner à la mascarade et qu'il partira dès le lendemain pour mener au combat tous les Emishens assez fiers de leur héritage pour le défendre les armes à la main.<br />
<br />
Derrière lui, la quasi-totalité des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]], la majorité des [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] et plus de la moitié des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] quittent les Cascades le lendemain à l'aube, laissant aux Talendan une victoire de justesse qui leur a coûté bien des promesses et annonce moult complications à venir...<br />
<br />
----<br />
'''[[8) "Le Train de l'Argent"|<< Épisode Précédent]] | [[10) "Nuit Blanche"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
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<br />
[[Catégorie:Épisodes]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/9)_%22Reishin_Ghoran%229) "Reishin Ghoran"2014-09-08T16:27:48Z<p>Aloun : /* Arrivée d'Andréas et de Shen Silondin */</p>
<hr />
<div><br />
<br />
== Objectifs et renseignements ==<br />
<br />
C'est au début de la [[Huitaine 6|sixième huitaine]] ("après la bataille") que les Talendan ont pour la première fois entendu parler du Reishin Ghoran, la fameuse "[[Frontière de l'Orage]]" conçue par l'Assemblée Tribale.<br />
Lorsque Lel'Liamil profite d'achats de chevaux au [[Cercle des Cascades]] pour se renseigner sur les négociations (et comprends que l'argent qu'il vient de verser pour les canassons va permettre aux [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] de s'armer), il réalise rapidement que ce fin stratège d'Alon Sorhan (chef du clan des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]], "chef de guerre" de toute la tribu des So'Sherkan et tête de file des Emishen bellicistes) est en train de s'approprier le débat en proposant pour la Frontière un tracé englobant presque toute la Marche des Lacs et qui, au lieu de garantir la paix, obligerait les pacifistes à commencer par en chasser les Remans, donc à entrer en guerre. Parallèlement, d'autres Emishen font la promotion d'un tracé "sans les Dirsen" qui limiterait la zone de paix aux plus hautes vallées, excluant notamment Tal Endhil.<br />
Dès que le maquignon lewyllen prévient Durgaut de ce qui se trame, le Capitaine lui parle du rapport stratégique de Bahardabras le Hornois, concernant la défense de la vallée, les cols défendables, les gués et tout ce qu'il leur faudrait de troupes et de fortification pour tenir enfin fermement leur territoire.<br />
Il apparaît très vite que si les Talendan réussissaient à influencer le tracé du Reishin Ghoran pour qu'il corresponde à leur vallée (donc grossièrement aux contours du futur bailliage), ils obtiendraient non seulement d'être inclus dans la zone de paix (ce qui serait extrêmement profitable au commerce) mais d'être désormais carrément défendus par la force d'interposition Emishen, appelée à vite devenir plus nombreuse que les troupes du village, ce qui serait un pas de plus vers une possible indépendance vis à vis de l'Empire (idée qui trotte dans la tête de beaucoup de PJ depuis longtemps). Si en plus l'arrangement de Durgaut avec les [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] pouvait convaincre l'un des rares clans Emishen possédant une expérience minière de venir s'installer chez lui pour exploiter les filons locaux (en l'échange du rachat de leurs frères en esclavage), le Capitaine pourrait rapidement se retrouver à la tête d'une petite mais puissante seigneurie "franche"...<br />
<br />
Lel'Liamil ayant passer le reste de la semaine à identifier les émissaires les plus influents et leur allégeance à l'un des trois tracés (le "grand" d'Alon Sorhan, le "haut" qui exclue les Dirsen et celui des Talendan, largement minoritaire puisque seulement soutenu par leurs alliés directs, [[Kal Feilan]], [[Kal Shemon'Lon]] et [[Tael Shannan]]), il remonte aux Cascades avec une équipe de diplomate emishen composée de son fidèle [[Sifenen Arlan]], [[Islinna|Islinna "Maliam'nid"]], [[Nevel Sholdanan]] et la jeune négociante [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] [[Doma Sholen]] : vue l'avancée des négociations, ils n'ont alors guère plus que 24h pour obtenir un changement drastique de l'opinion avant que tous les "bellicistes" ne quitte l'Assemblée pour partir en guerre dans la Marche des Gemmes, mettant probablement fin au plus gros des débats. Durgaut ayant fait jouer ses contacts auprès des pacifistes, il a obtenu que ses représentants -quoique n'étant pas vraiment des "émissaires tribaux"- puissent au moins présenter leur projet à l'Assemblée.<br />
Ils savent que les principaux arguments en faveur du "grand" tracé sont la quantité de terres arables (pour nourrir les réfugiés, qu'on suppose très nombreux) et les cercles de pierres qui s'y trouvent, historiquement les points de rassemblements et lieux saints des différents clans alors que les quelques émissaires à défendre le tracé "haut" ne le font que par défiance envers les Dirsen en général. <br />
<br />
=== Rappel des différents clans Emishens ===<br />
<br />
Clans appartenants aux '''Si'Olonil''' ("falconidés")<br />
: Les Elloran ("éperviers-pêcheurs")<br />
: Les Liam'Lon ("faucons chanteurs")<br />
: Les Oloden ("gerfauts des rivages")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Lewyllen''' ("corneilles")<br />
: L'Aile du Silond, ("le nord")<br />
: L'Aile de l'Orind, ("le sud")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''So'Sherkan''' ("aigles")<br />
: Les Okhina'en ("aigles royaux")<br />
: Les Edell'Okhil ("aigle des montagnes")<br />
: Les Tallalnen ("harfangs")<br />
: Les Halia'Hetan ("pygargues")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Arkonnelkan''' ("les condors")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Rimdehl''' ("geaies")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Otlalnan''' ("oies")<br />
: Les Barantanen (“bernaches”, qu'on appelait le "clan du printemps" et qui avait une grande importance symbolique chez les Emishen)<br />
: Les Otindhil (“cygnes”)<br />
: Les Eritorden (“pélicans”, réduit à moins de 10.000 parce qu'ils sont les seuls à avoir vraiment résisté)<br />
: Les Eibradon (“eider”)<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Korimlan''' ("vautours")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Del'Ranan''' (sternes")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Larindeln''' ("goélands")<br />
<br />
== Premier jour ==<br />
<br />
[[Fichier:Plan-Cascades.jpg|600px|thumb||Plan du Cercle des Cascades]]<br />
<br />
Accueillis pour dîner chez [[Ethelkaran]] (doyen des [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] du sud, donc "chef" de [[Lel'liamil]]) et, bientôt rejoints par le barde [[Tael Shannan]], nos diplomates vont d'abord convaincre le doyen de l'opportunité commerciale qu'il y aurait à se lancer massivement dans l'importation de nourriture et de semences (pour développer l'agriculture locale) afin de pouvoir assurer le ravitaillement des réfugiés : car si Tal Endhil peut assurer des liaisons maritimes vers Aroche et se dote bientôt d'un port fluvial, la seule ville cosmopolite de la zone de paix serait rapidement la plus grande place commerçante de la région.<br />
<br />
=== Kal Kirhan chaman des Tallalnen (5) ===<br />
<br />
Ceci fait, [[Sifenen Arlan]] et [[Nevel]] filent parler à [[Kal Kirhan]], le fameux chaman-lancier des [[Tallalnen]] (qui accompagnait l'Opération Tréfonds) et qui, pressenti pour commander les Gardes-Frontière, a apparemment refusé le poste : s'ils parvenaient à le convaincre d'accepter et le ralliaient à leur tracé, ce serait encore des points de marqués. Lorsqu'ils arrivent au campement des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]], c'est pour découvrir leur ami, le chef du clan Reyil Arkon et sa chamane [[Kal Levayassan]] en grande discussion avec [[Alon Sorhan]] : si les deux chefs guerriers partagent le même avis sur les Dirsen et la frontière, les deux chamans sont beaucoup plus circonspect et même vaguement défiant avec le puissant [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] qui cherche à rallier un maximum de combattant et à se faire nommer "chef de toute la tribu" (donc, en plus de son propre clan, ceux des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] et [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]]). C'est plutôt un dialogue de sourds, dont les PJ réussissent à extraire [[Kal Kirhan]] pour lui mettre le marché en main, mais le chaman explique qu'il en a marre des manigances politiques : tout ça est trop malhonnête pour sa propre conception de la Justice (car avant de devenir chaman sur le tard à la demande expresse de leurs esprits-totems, [[Kal Kirhan|Kirhan]] était "l'exécuteur judiciaire" des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] : c'est un peu Judge Dredd rhabillé en chaman), il est loin de sa famille depuis des semaines, il pense qu'Alon Sorhan va faire capoter tout le projet de frontière et, franchement, n'a lui-même guère confiance dans les Dirsen. [[Nevel]] va alors user de toute son éloquence (limitée) pour faire valoir qu'il est justement le seul espoir de la Frontière, entraîner le chaman dans une longue conversation (alcoolisée) à cœur ouvert en contemplant la cascade... et finalement renvoyer son ami méditer sur ses contradictions, réponse espérée le lendemain.<br />
<br />
=== Rencontre entre Nevel et Alon Sorhan ===<br />
<br />
En regagnant les pentes où devraient camper ses camarades, légèrement éméché, Nevel tombe sur [[Alon Sorhan]] qui veut lui parler : si le chef de guerre veut faire appel à la fougue guerrière qui animait jadis l'éclaireur et qui l'a poussé à attaquer l'occupant il y a 15 ans, déclenchant le sanglant cycle de représailles qui coûta la vie à de nombreux [[:Catégorie:Elloran|Elloran]], à leur chef d'alors (le père de l'actuel) et le fit bannir, [[Nevel]] lui explique posément pourquoi il est aujourd'hui du côté de la paix et de la "Fraternisation", et comment il compte racheter ses fautes passées en défendant les Emishen pacifistes. La discussion s'envenime peu à peu, au point que le chef des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] finisse par traiter l'[[:Catégorie:Elloran|Elloran]] repentant de lâche et le prévienne que leur prochaine rencontre se fera probablement les armes à la main.<br />
Légèrement dégrisé, [[Nevel]] par en quête de ses compagnons...<br />
<br />
=== Malondil chef des Elloran (6) ===<br />
<br />
[[Lel'Liamil]] et [[Islinna]] enchaînent justement avec [[Malondil]], le (trop) jeune chef des [[:Catégorie:Elloran|Elloran]] des Cascades, de plus en plus ouvertement partisan de la guerre (bien que son chaman, [[Kal Feilan]], soit le leader pacifiste : oui, c'est le bordel). En plus d'avoir été presque spolié de son rôle politique ([[Kal Feilan|Feilan]] a derrière lui une nette majorité des [[:Catégorie:Elloran|Elloran]], l'organisation de l'Assemblée s'est faite sur les terres de son clan mais contre son avis...), nos deux PJ comprennent vite que le jeune homme est surtout sous la double influence de sa mère, qui déteste les Dirsen, et du souvenir de son père, [[Ahndro'shar]], ancien chef du clan tué en combattant l'oppresseur. Mais il semble vite aux deux diplomates qu'il y a "quelque chose du défunt" qui se manifeste à travers le jeune [[Malondil]] quand il parle de vengeance, une soudaine fougue et une conviction qui ont certainement fait beaucoup pour son élection comme chef, mais qui aux yeux d'[[Islinna]] pourrait bien avoir une source "surnaturelle". Surpris et foutus dehors, ils se séparent pour leurs visites suivantes...<br />
<br />
=== Tahalien des Rimdehl (7) ===<br />
<br />
[[Lel'Liamil]], lui, va parler aux [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]], la tribu décimée étant représentée sur place par seulement deux bardesses : une vieille malade venue énumérer à l'Assemblée les massacres et les injustices subis par sa tribu à cause du prévôt [[Rhilder]], la seconde n'étant autre que [[Tahalien]], l'évadée de la mine de [[Solerane]] que [[Vighnu]] et [[Andréas]] ont croisé (et aidé) pendant "[[Le Train de l'Argent]]". Si Tahalien -plutôt influente aux Cascades- doit heureusement remplacer sa consœur à l'Assemblée et se dit assez favorable aux Talendan, elle leur propose vite de défendre leur projet pour peu qu'ils lui rendent deux services.<br />
Le premier consiste rien moins qu'à monter l'évasion de tous les esclaves qu'elle a du laisser derrière elle dans la mine de [[Jornil Cuivré]] (les Talendan acceptent d'y parvenir sous 4 semaines, quoiqu'en en sachant pas encore comment leurs collègues pourront bien s'y prendre), le second à trouver une solution pour les enfants sauvés des mines et qui, sans famille, sont actuellement hébergés avec nombre d'autres orphelins par les [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] du sud (la communauté de [[Doma Sholen]], rescapée du massacre du Pic Blanc)... Sauf que ces gamins sans réelle supervision commencent à poser de nombreux problèmes : ils se font nourrir sans participer à aucune des tâches domestiques, ils foutent le souk dans les campements, volent parfois, refusent d'être séparés et renvoyés dans leurs clans respectifs.<br />
<br />
=== Kal Tayvohn chaman des Edell'Okhil (4) ===<br />
<br />
De leur côté, Islinna et Doma Sholen ont pris contact avec [[Kal Tayvohn]], le chaman des [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] qui a récemment aidé Durgaut pour "le Train..." : furieux que le Capitaine n'ait encore rien fait pour tenir sa promesse de racheter les enfants de son clan en esclavage dans la Marche des Gemmes, il fait alors plutôt campagne contre les Dirsen. Les deux demoiselles vont néanmoins parvenir à lui faire comprendre qu'il faut du temps pour préparer la transaction et surtout que la route vers le sud rouvre avant que les Talendan puissent tenir leurs promesses. Ramené à de meilleurs sentiments, le jeune chaman est alors prêt à écouter leurs arguments en faveur du tracé "de Tal Endhil". Et lorsque Lel'Liamil, Nevel et Tahalien arrivent pour leur prêter main-forte, les diplomates le persuadent à son tour : autant pour vérifier leur honnêteté que pour les assister dans leurs tâches, [[Kal Tayvohn|Tayvohn]] leur confiera le lendemain la pétulante Neri'Helin, la dresseuse qui avait permis à l'équipe du "Train" de franchir les montagnes et qu'Islinna a récemment recrutée pour conduire les géants affectés à la Mine Bénie. En effet, celle-ci est prête à vendre ses services pour peu qu'elle n'ait pas à fréquenter [[Adira Pratesh]] (dont la réputation sulfureuse commence à se répandre chez les Emishen) et qu'elle soit payée en monnaie impériale,afin de racheter des esclaves de sa famille.<br />
<br />
=== Soirée nuageuse et herbeuse ===<br />
<br />
La nuit est très avancée lorsque nos PJ et Tael Shannan se regroupent enfin dans la tente de [[Kal Feilan]] pour faire le bilan, prévoir la suite et partager l'herbe-nuage du vieux [[Kal Shemon'Lon]]. Sous l'influence de l'herbe, les langues se délient et un certain nombre de secrets sont révélés, notamment l'implication du célèbre barde dans le trafic d'artefacts et le financement des Kormes ([[Tael Shannan]] jure qu'il a compris son erreur et qu'on ne l'y reprendra plus), mais aussi la présence d'esprits mauvais rôdant autour du Cercle (l'esprit du Chacal qui accompagne [[Etayn-la-Louve]] et l'empêche de trouver [[Urgrand]], le démon affamé qui s'est enfuit de la Mine Bénie après l'intervention des Talendan et sans doute quelques autres forces inféodées à [[Lorkan Elakhendil]]...). [[Islinna]] évoque son père, un [[:Catégorie:Elloran|Elloran]] ayant rejoint le camp des Kormes depuis des années et dont elle n'a plus de nouvelle, [[Nevel]] raconte l'Opération Tréfonds et les récentes menaces d'[[Alon Sorhan]], [[Lel'Liamil]] se plaint de son épouse et tente d'expliquer son "amitié" avec [[Adira]], on fait des hypothèses sur la Porte-sous-la-Montagne, on confirme que [[Malondil]] est certainement "hanté" par son père Ahndro'shar.... Et plus nos héros fument, plus l'ambiance glisse de la complicité à l'intimité, des confessions vers une tendresse "tactile" : on se câline, on se papouille sans y penser vraiment. Quand la nuit menace de tourner à l'orgie, [[Kal Feilan]] réussit tout de même à foutre ces encombrants convives à la porte et, après qu'[[Islinna]] ait repoussé les avances de [[Tael Shannan]] pour entraîner [[Sifenen Arlan|Arlan]] par la main, [[Doma]] promet de trouver un lit pour [[Nevel]] qui titube et le reste de la soirée se perd dans les brumes de l'herbe-nuage.<br />
<br />
== Deuxième jour ==<br />
<br />
=== Réveils échelonnés ===<br />
<br />
À l'aube, [[Tael Shannan]] a envoyé son garde du corps "semishen" (métis emishen/semi) quérir Andréas Odran au village afin qu'il puisse rencontrer [[Malondil]] et peut-être le défaire du fantôme de son père.<br />
<br />
[[Lel'Liamil]] se réveille le second, dans sa tente familiale (il a apparemment trouvé son chemin jusque là et sa femme se moque joyeusement de sa gueule de bois) : rejoignant rapidement son doyen Ethelkaran et la bardesse Tahalien pour causer politique, leur nouvelle alliée lui fait remarquer que le "tracé haut" soutenu par sa vieille [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]] malade, la chasseresse [[Falawin]] et la vieille chamane nommée Kal Ron Shidalei (ces deux dernières du clan des [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]]) va en lui-même poser des problèmes de subsistance (il n'y a pas grand chose à bouffer dans les hautes vallées et les pics enneigés) et que si les deux Liam'Lon comptent sur leur clan pour ravitailler les réfugiés, il semble qu'elles n'aient en fait pas l'aval de leur clan pour ce faire. Ce qui commence à inspirer au maquignon un plan assez audacieux, consistant à faire capoter le tracé "haut" avant le grand pow-wow du soir afin d'en récupérer les partisans pour leur propre plan...<br />
<br />
C'est le beau soleil de fin de matinée ("c'est le printemps !") qui éveille [[Sifenen Arlan]] et [[Islinna]] en se glissant sous une tente lewyllen. D'abord ravi de sa nuit voluptueuse, le conducteur d'attelage panique en réalisant qu'il vient de coucher avec l'amoureuse de l'assassin [[Vighnu Pratesh]], dont la jalousie commence à être connue chez les Emishen. Il tait néanmoins ses craintes à son amante d'un soir, qui se lève pour rejoindre ses camarades diplomates : informée du plan de Lel'Liamil et effectivement convaincue que c'est pour eux le seul moyen de récupérer assez de voix avant la soirée, elle accompagne le maquignon et la bardesse visiter [[Falnen Be'hemshar]], le jeune chasseur [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] fougueux qui participa à "l'Opération Tréfonds" (avec elle, Nevel et Vighnu, entre autres) et qui, s'il est assez au courant des affaires de chasse de son clan, reste un soutien "pacifiste" et s'est déjà déclaré volontaire comme "garde-Frontière (de l'Orage)".<br />
[[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] confirme volontiers le peu qu'il sait de la politique de son clan (c'est pas vraiment son rayon) et leur apprend que, finalement, les partisans du tracé "haut" se défient surtout des Dirsen à cause de divers préjugés. Comme les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] savent que, quelque soit le tracé, il leur faudra forcément se mettre à l'agriculture pour nourrir les réfugiés (à laquelle ils ne connaissent rien et qui va nécessiter le soutien d'une culture plus "paysanne"... comme les Dirsen, par exemple) et que la position politique de [[Falawin]] reste assez fragile, l'enthousiaste [[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] accepte de leur étendre une invitation pour le dîner "clanique" du soir, où ils ne leur restera qu'à être très éloquents pour peut-être rallier les soutiens nécessaires juste avant la réunion...<br />
<br />
Le soleil a déjà passé son zénith quand [[Nevel]] s'extirpe enfin d'une yourte inconnue... au milieu du camp des "orphelins", qui s'avèrent considérer [[Doma Sholen]] comme une grande sœur. Après que l'[[:Catégorie:Elloran|Elloran]] ait subit les moqueries de tout le monde pour s'être endormi "sans rien faire" (à la déception de [[Doma Sholen]], qui le couvait des yeux depuis des semaines), les deux tourtereaux malchanceux discutent de leur ami [[Lerkoren Oleytan]] (toujours amoureux de Doma), de leur possible couple ([[Nevel]] flippe un peu) et du problème grandissant des orphelins (qu'il va falloir régler puisqu'ils l'ont promis à [[Tahalien]]), avant d'aller quérir la réponse de [[Kal Kirhan]] : après avoir longuement médité, consulté les esprits et discuter avec quelques membres de sa belle-famille, le chaman-lancier admet que s'il veut que les siens soient vraiment en sécurité derrière la Frontière, il lui faudra en assurer la garde lui-même... mais à la condition que Nevel soit son second, ce qu'il accepte en sachant qu'il lui faudra pour cela démissionner du service de [[Durgaut]].<br />
<br />
=== Arrivée d'Andréas et de Shen Silondin ===<br />
<br />
L'après-midi touche à sa fin lorsque Shen Silondin revient de Tal Endhil avec [[Andréas]]... et une récente blessure : les Templiers qui gardaient le donjon l'ont pratiquement attaqué à vue et le guerrier [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] est assez remonté contre les Dirsen. Nos diplomates le calment néanmoins et font le point avec [[Tahalien]] et [[Neri'Helin]], la dresseuse ayant fait le tour des campements pour leur fournir une vue générale des opinions : si le "grand" tracé est encore nettement majoritaire, celui des Talendan a déjà plus que doublé ses partisans et comme le tracé "haut" régresse depuis que les [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] ont annoncé qu'ils ne le soutiendraient pas (et que sans eux la subsistance en altitude sera très difficile), nos PJ peuvent encore revenir à la marque si [[Malondil]] et les 2 émissaires [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] passaient de leur côté dans les quelques heures qui leur restent. Si les orateurs du "tracé talendan" brillaient particulièrement durant leur exposé, ils pourraient même rallier assez d'indécis pour faire la différence, aussi ont-ils préparé intensément leurs arguments et leurs discours avec leurs alliés : ce soir, l'avenir de Tal Endhil dépendra de leur éloquence.<br />
<br />
=== Banquet chez les Liam'Lon (3) ===<br />
<br />
Lorsqu'ils arrivent au grand campement [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] peu avant le banquet qui réunit chaque soir le clan autour de ses émissaires, l'accueille est d'abord un peu frais mais les PJ ont apporté des denrées, [[Lel'Liamil]] comme [[Islinna]] savent se faire des amis, [[Nevel]] bénéficie tant de l'introduction de [[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] que d'une renommée assez flatteuse depuis le duel rituel contre les [[:Catégorie:Arkonnelkan|Arkonnelkan]] et même [[Andréas]] fait des efforts de sociabilité. Aussi, lorsque [[Kal Ron Shidalei]] et [[Falawin]] arrivent du piton rocheux qui forme le village en dur des Cascades et donc le "centre de conférence" de l'Assemblée, nos diplomates sont déjà bien intégrés et la chasseresse renonce à les virer. Et le débat attendu se produit : quand Falawin annonce la part de gibier demandée aux [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] pour ravitailler l'éventuel tracé "haut", les chasseurs font plutôt la gueule et nos héros s'engouffrent dans la brèche en soulignant que les réfugiés se déverseront probablement dans leur territoire aux premiers frimas, qu'ils ne pourront lancer de cultures sans l'aide des Dirsen et mentionnent que, en perdant Tal Endhil, les "Faucons-Chanteurs" seraient privés du commerce des peaux qui leur rapportent jusqu'ici le métal et les chevaux dont ils manquent.<br />
[[Falawin]] rétorque que les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] peuvent encore agrandir leur territoire sur les terres abandonnées par les [[:Catégorie:Del'Ranan|Del'Ranan]] disparus : les PJ entendent pour la première fois la mention de la disparition complète de la tribu la plus nordique du Peuple du Vent, que les Liam'Lon n'ont pas trop ébruité pour s'approprier leur Cercle, puisque le leur est de longue date "envahi par les démons" (nos héros tombent carrément des nues), mais les chasseurs ne sont guère enthousiasmés par ces toundras gelées 8 mois par an. Alors qu'[[Islinna]] quitte le banquet pour intercepter [[Malondil]] avant qu'il ait lui-même fini de dîner (comptant sur le rapport de séduction qu'elle a déjà établi avec lui), [[Andréas_"Odran"|Andréas]] pousse justement la discussion vers les démons et autres exorcismes en expliquant qu'il est une sorte de "chaman dirsen" (déclenchant comme souvent toutes sortes de commentaires sur ses origines, vu son physique nettement "emishen", dont il se défend bien inutilement), [[Lel'Liamil]] insiste sur les bénéfices que les Liam'Lon tirent déjà du négoce avec sa propre tribu et l'apport des Lewyllen au ravitaillement des futurs réfugiés si l'on adoptait le tracé "talendan" pendant que Nevel rappelle que lui-même défend la paix ET la fraternisation, qu'ils ont l'appui de [[Kal Kirhan]], [[Kal Shemon'Lon]], [[Kal Tayvohn]] et de [[Tael Shannan]]...<br />
<br />
L'heure tourne, les émissaires se préparent à remonter au Cercle et les discussions se résument finalement toujours au même point : les Liam'lon ne peuvent pas faire confiance aux Dirsen... à moins que les Talendan n'adoptent à leur tour une partie des coutumes locales, à commencer par la nomination d'un chaman : Andréas manque de s'étouffer sur sa venaison en réalisant que c'est de lui qu'on parle. Mais l'idée de compléter sa formation "mystique" ne lui déplaît pas et, s'il doit être régulièrement en but à des affaires de démons, de spectres et d'esprits totems, autant y être préparé. Il accepte donc de devenir le disciple de [[Kal Ron Shidalei]] et [[Kal Shemon'Lon]], scellant un pacte avec les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]], qui se rallient enfin aux PJ.<br />
<br />
=== Exorcisme ===<br />
<br />
Ce n'est pas trop tôt, parce qu'alors [[Andréas_"Odran"|Andréas]] doit filer chez [[Malondil]], où [[Islinna]] gagnait déjà du temps (et des infos) en évoquant avec le jeune chef et sa mère le tragique décès d'Ahndro'shar. L'arrivée de Lel'Liamil, qui manœuvre pour occuper la veuve, lui permet de lui soumettre enfin la proposition prévue : rencontrer un ami à elle qui pourrait lui donner l'occasion de parler à son défunt père. Le temps d'expliquer que l'ami en question n'est pas exactement un chaman ("Mais il va le devenir !", précise [[Lel'Liamil]]), [[Andréas_"Odran"|Andréas]] les rejoint enfin, essoufflé. Malgré ses limites en Langue des Vents et son peu d'expérience en la matière, Islinna a suffisamment mis la famille en condition pour qu'il réussisse à exécuter le rituel pour évoquer Ahndro'shar, employant pour cela sa sphère première... qui libère soudain un invité surprise : le spectre de Languard ! Avec deux spectres tempêtant soudain dans la hutte sous les yeux effarés de Malondil et de sa mère, les pouvoirs d'Islinna et la présence d'esprit (haha!) de Lel'Limail ne seront pas de trop pour protéger les participants du mobilier qui vole le temps qu'Andréas parviennent à "ré-aspirer" Languard dans la sphère et à stabiliser suffisamment l'image du père pour qu'il adresse un long regard triste à son épouse. Puis, se tournant une dernière fois vers son fils, le fantôme disparaît de sa propre volonté. Profitant du trouble qui règne dans la hutte en désordre, Islinna se dépêche d'interpréter la brève apparition comme le signe qu'Ahndro'shar considère qu'il est temps pour sa femme de lâcher prise et pour son fils de devenir une personne en propre, méritant le titre de chef par ses propres décisions plutôt que par la répétition de celles de son père.<br />
Cette tentative de "thérapie familiale accélérée" ne suffira pas à convaincre Malondil de changer de camp mais, puisqu'il est trop choqué pour participer activement à l'Assemblée, c'est toujours une voix de moins pour Alon Sorhan...<br />
<br />
== Assemblée ==<br />
<br />
Rejoignant précipitamment le Cercle où Tael Shannan s'était lancé dans un splendide "filibuster" pour couvrir leur retard, les exorcistes amateurs prennent leurs places à l'Assemblée et le barde introduit leur exposé. À ce stade, la plupart des présents ont déjà entendu parlé de leur tracé et l'enjeu est maintenant d'en souligner non seulement les avantages, mais l'ampleur des soutiens.<br />
[Comme il était grand temps qu'on finisse cette séance au risque de perturber le planning des parties suivantes, et quoique les Emishen ne prennent pas réellement leurs décisions politiques au vote mais discutent longuement jusqu'à obtenir un consensus global, on a réglé la question en "comptant les points" : j'avais attribué un score "d'Influence" aux différents émissaires et le parti regroupant le plus d'Influence emporterait le morceau sur la longueur. Et comme nos diplomates n'avaient pas l'avantage en début de séance, il leur fallait maintenant cumuler les uns après les autres assez de MR sur des jets de persuasion ou d'éloquence pour non seulement combler l'écart, mais prendre l'ascendant.]<br />
<br />
Chacun leur tour, les partisans du tracé "talendan" vont alors expliquer leurs raisons et démontrer leur force de conviction devant un auditoire manifestement surpris du nombre d'appuis qu'ils ont su rassembler. Ethelkaran et Doma Sholen promettent que les Lewyllen approvisionneront la zone de paix s'ils peuvent commercer à Tal Endhil, Falawin engage de même la parole des Liam'Lon et Islinna celle des Sotorine (avec l'aval réticent de sa mère), Lel'Liamil fait miroiter à tout le monde un formidable développement agraire et Nevel jure de défendre la zone de paix avec Kal Kirhan : bien qu'un tribun franchement médiocre (et échaudé au Cercles des Hautes Pierres), le chaman-lancier renouvelle son serment et accuse carrément Alon Sorhan de manipuler les débats sur le tracé pour entraîner les pacifistes dans une guerre sanglante, concluant par la promesse de le tuer s'il s'en prend à nouveau à l'intégrité de la Frontière (ce qui fait assez forte impression, vu la réputation de "justicier" de Kirhan).<br />
<br />
Il faut alors l'intervention modératrice de Kal Feilan et Falawin pour ramener le calme et laisser [[Kal Tayvohn]] et [[Tahalien]] exprimer leur soutien aux Talendan "parce qu'ils sont les seuls à œuvrer sérieusement pour la libération des esclaves" (les [[:Catégorie:So'Sherkan|So'Sherkan]] et quelques [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]] font des mines dégoûtées). Et lorsque Andréas annonce que, pour démontrer la bonne fois de [[Tal Endhil]], il va en devenir le chaman par l'enseignement de [[Kal Ron Shidalei]], les bellicistes finissent par rompre le protocole pour crier au scandale, permettant ainsi aux organisateurs de sortir de leur (relative) neutralité.<br />
Quand [[Kal Feilan]] menace [[Alon Sorhan]] de l'exclure des pourparlers si ses partisans s'avèrent incapables d'en respecter les usages, le chef de guerre prend la parole pour annoncer d'un ton glacial que cette Assemblée a tourner à la mascarade et qu'il partira dès le lendemain pour mener au combat tous les Emishens assez fiers de leur héritage pour le défendre les armes à la main.<br />
<br />
Derrière lui, la quasi-totalité des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]], la majorité des [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] et plus de la moitié des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] quittent les Cascades le lendemain à l'aube, laissant aux Talendan une victoire de justesse qui leur a coûté bien des promesses et annonce moult complications à venir...<br />
<br />
----<br />
'''[[8) "Le Train de l'Argent"|<< Épisode Précédent]] | [[10) "Nuit Blanche"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Liste des Épisodes|<= retour à la LISTE des ÉPISODES]]'''<br />
<br />
[[Catégorie:Épisodes]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/9)_%22Reishin_Ghoran%229) "Reishin Ghoran"2014-09-08T16:26:41Z<p>Aloun : /* Soirée nuageuse et herbeuse */</p>
<hr />
<div><br />
<br />
== Objectifs et renseignements ==<br />
<br />
C'est au début de la [[Huitaine 6|sixième huitaine]] ("après la bataille") que les Talendan ont pour la première fois entendu parler du Reishin Ghoran, la fameuse "[[Frontière de l'Orage]]" conçue par l'Assemblée Tribale.<br />
Lorsque Lel'Liamil profite d'achats de chevaux au [[Cercle des Cascades]] pour se renseigner sur les négociations (et comprends que l'argent qu'il vient de verser pour les canassons va permettre aux [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] de s'armer), il réalise rapidement que ce fin stratège d'Alon Sorhan (chef du clan des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]], "chef de guerre" de toute la tribu des So'Sherkan et tête de file des Emishen bellicistes) est en train de s'approprier le débat en proposant pour la Frontière un tracé englobant presque toute la Marche des Lacs et qui, au lieu de garantir la paix, obligerait les pacifistes à commencer par en chasser les Remans, donc à entrer en guerre. Parallèlement, d'autres Emishen font la promotion d'un tracé "sans les Dirsen" qui limiterait la zone de paix aux plus hautes vallées, excluant notamment Tal Endhil.<br />
Dès que le maquignon lewyllen prévient Durgaut de ce qui se trame, le Capitaine lui parle du rapport stratégique de Bahardabras le Hornois, concernant la défense de la vallée, les cols défendables, les gués et tout ce qu'il leur faudrait de troupes et de fortification pour tenir enfin fermement leur territoire.<br />
Il apparaît très vite que si les Talendan réussissaient à influencer le tracé du Reishin Ghoran pour qu'il corresponde à leur vallée (donc grossièrement aux contours du futur bailliage), ils obtiendraient non seulement d'être inclus dans la zone de paix (ce qui serait extrêmement profitable au commerce) mais d'être désormais carrément défendus par la force d'interposition Emishen, appelée à vite devenir plus nombreuse que les troupes du village, ce qui serait un pas de plus vers une possible indépendance vis à vis de l'Empire (idée qui trotte dans la tête de beaucoup de PJ depuis longtemps). Si en plus l'arrangement de Durgaut avec les [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] pouvait convaincre l'un des rares clans Emishen possédant une expérience minière de venir s'installer chez lui pour exploiter les filons locaux (en l'échange du rachat de leurs frères en esclavage), le Capitaine pourrait rapidement se retrouver à la tête d'une petite mais puissante seigneurie "franche"...<br />
<br />
Lel'Liamil ayant passer le reste de la semaine à identifier les émissaires les plus influents et leur allégeance à l'un des trois tracés (le "grand" d'Alon Sorhan, le "haut" qui exclue les Dirsen et celui des Talendan, largement minoritaire puisque seulement soutenu par leurs alliés directs, [[Kal Feilan]], [[Kal Shemon'Lon]] et [[Tael Shannan]]), il remonte aux Cascades avec une équipe de diplomate emishen composée de son fidèle [[Sifenen Arlan]], [[Islinna|Islinna "Maliam'nid"]], [[Nevel Sholdanan]] et la jeune négociante [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] [[Doma Sholen]] : vue l'avancée des négociations, ils n'ont alors guère plus que 24h pour obtenir un changement drastique de l'opinion avant que tous les "bellicistes" ne quitte l'Assemblée pour partir en guerre dans la Marche des Gemmes, mettant probablement fin au plus gros des débats. Durgaut ayant fait jouer ses contacts auprès des pacifistes, il a obtenu que ses représentants -quoique n'étant pas vraiment des "émissaires tribaux"- puissent au moins présenter leur projet à l'Assemblée.<br />
Ils savent que les principaux arguments en faveur du "grand" tracé sont la quantité de terres arables (pour nourrir les réfugiés, qu'on suppose très nombreux) et les cercles de pierres qui s'y trouvent, historiquement les points de rassemblements et lieux saints des différents clans alors que les quelques émissaires à défendre le tracé "haut" ne le font que par défiance envers les Dirsen en général. <br />
<br />
=== Rappel des différents clans Emishens ===<br />
<br />
Clans appartenants aux '''Si'Olonil''' ("falconidés")<br />
: Les Elloran ("éperviers-pêcheurs")<br />
: Les Liam'Lon ("faucons chanteurs")<br />
: Les Oloden ("gerfauts des rivages")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Lewyllen''' ("corneilles")<br />
: L'Aile du Silond, ("le nord")<br />
: L'Aile de l'Orind, ("le sud")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''So'Sherkan''' ("aigles")<br />
: Les Okhina'en ("aigles royaux")<br />
: Les Edell'Okhil ("aigle des montagnes")<br />
: Les Tallalnen ("harfangs")<br />
: Les Halia'Hetan ("pygargues")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Arkonnelkan''' ("les condors")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Rimdehl''' ("geaies")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Otlalnan''' ("oies")<br />
: Les Barantanen (“bernaches”, qu'on appelait le "clan du printemps" et qui avait une grande importance symbolique chez les Emishen)<br />
: Les Otindhil (“cygnes”)<br />
: Les Eritorden (“pélicans”, réduit à moins de 10.000 parce qu'ils sont les seuls à avoir vraiment résisté)<br />
: Les Eibradon (“eider”)<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Korimlan''' ("vautours")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Del'Ranan''' (sternes")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Larindeln''' ("goélands")<br />
<br />
== Premier jour ==<br />
<br />
[[Fichier:Plan-Cascades.jpg|600px|thumb||Plan du Cercle des Cascades]]<br />
<br />
Accueillis pour dîner chez [[Ethelkaran]] (doyen des [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] du sud, donc "chef" de [[Lel'liamil]]) et, bientôt rejoints par le barde [[Tael Shannan]], nos diplomates vont d'abord convaincre le doyen de l'opportunité commerciale qu'il y aurait à se lancer massivement dans l'importation de nourriture et de semences (pour développer l'agriculture locale) afin de pouvoir assurer le ravitaillement des réfugiés : car si Tal Endhil peut assurer des liaisons maritimes vers Aroche et se dote bientôt d'un port fluvial, la seule ville cosmopolite de la zone de paix serait rapidement la plus grande place commerçante de la région.<br />
<br />
=== Kal Kirhan chaman des Tallalnen (5) ===<br />
<br />
Ceci fait, [[Sifenen Arlan]] et [[Nevel]] filent parler à [[Kal Kirhan]], le fameux chaman-lancier des [[Tallalnen]] (qui accompagnait l'Opération Tréfonds) et qui, pressenti pour commander les Gardes-Frontière, a apparemment refusé le poste : s'ils parvenaient à le convaincre d'accepter et le ralliaient à leur tracé, ce serait encore des points de marqués. Lorsqu'ils arrivent au campement des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]], c'est pour découvrir leur ami, le chef du clan Reyil Arkon et sa chamane [[Kal Levayassan]] en grande discussion avec [[Alon Sorhan]] : si les deux chefs guerriers partagent le même avis sur les Dirsen et la frontière, les deux chamans sont beaucoup plus circonspect et même vaguement défiant avec le puissant [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] qui cherche à rallier un maximum de combattant et à se faire nommer "chef de toute la tribu" (donc, en plus de son propre clan, ceux des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] et [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]]). C'est plutôt un dialogue de sourds, dont les PJ réussissent à extraire [[Kal Kirhan]] pour lui mettre le marché en main, mais le chaman explique qu'il en a marre des manigances politiques : tout ça est trop malhonnête pour sa propre conception de la Justice (car avant de devenir chaman sur le tard à la demande expresse de leurs esprits-totems, [[Kal Kirhan|Kirhan]] était "l'exécuteur judiciaire" des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] : c'est un peu Judge Dredd rhabillé en chaman), il est loin de sa famille depuis des semaines, il pense qu'Alon Sorhan va faire capoter tout le projet de frontière et, franchement, n'a lui-même guère confiance dans les Dirsen. [[Nevel]] va alors user de toute son éloquence (limitée) pour faire valoir qu'il est justement le seul espoir de la Frontière, entraîner le chaman dans une longue conversation (alcoolisée) à cœur ouvert en contemplant la cascade... et finalement renvoyer son ami méditer sur ses contradictions, réponse espérée le lendemain.<br />
<br />
=== Rencontre entre Nevel et Alon Sorhan ===<br />
<br />
En regagnant les pentes où devraient camper ses camarades, légèrement éméché, Nevel tombe sur [[Alon Sorhan]] qui veut lui parler : si le chef de guerre veut faire appel à la fougue guerrière qui animait jadis l'éclaireur et qui l'a poussé à attaquer l'occupant il y a 15 ans, déclenchant le sanglant cycle de représailles qui coûta la vie à de nombreux [[:Catégorie:Elloran|Elloran]], à leur chef d'alors (le père de l'actuel) et le fit bannir, [[Nevel]] lui explique posément pourquoi il est aujourd'hui du côté de la paix et de la "Fraternisation", et comment il compte racheter ses fautes passées en défendant les Emishen pacifistes. La discussion s'envenime peu à peu, au point que le chef des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] finisse par traiter l'[[:Catégorie:Elloran|Elloran]] repentant de lâche et le prévienne que leur prochaine rencontre se fera probablement les armes à la main.<br />
Légèrement dégrisé, [[Nevel]] par en quête de ses compagnons...<br />
<br />
=== Malondil chef des Elloran (6) ===<br />
<br />
[[Lel'Liamil]] et [[Islinna]] enchaînent justement avec [[Malondil]], le (trop) jeune chef des [[:Catégorie:Elloran|Elloran]] des Cascades, de plus en plus ouvertement partisan de la guerre (bien que son chaman, [[Kal Feilan]], soit le leader pacifiste : oui, c'est le bordel). En plus d'avoir été presque spolié de son rôle politique ([[Kal Feilan|Feilan]] a derrière lui une nette majorité des [[:Catégorie:Elloran|Elloran]], l'organisation de l'Assemblée s'est faite sur les terres de son clan mais contre son avis...), nos deux PJ comprennent vite que le jeune homme est surtout sous la double influence de sa mère, qui déteste les Dirsen, et du souvenir de son père, [[Ahndro'shar]], ancien chef du clan tué en combattant l'oppresseur. Mais il semble vite aux deux diplomates qu'il y a "quelque chose du défunt" qui se manifeste à travers le jeune [[Malondil]] quand il parle de vengeance, une soudaine fougue et une conviction qui ont certainement fait beaucoup pour son élection comme chef, mais qui aux yeux d'[[Islinna]] pourrait bien avoir une source "surnaturelle". Surpris et foutus dehors, ils se séparent pour leurs visites suivantes...<br />
<br />
=== Tahalien des Rimdehl (7) ===<br />
<br />
[[Lel'Liamil]], lui, va parler aux [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]], la tribu décimée étant représentée sur place par seulement deux bardesses : une vieille malade venue énumérer à l'Assemblée les massacres et les injustices subis par sa tribu à cause du prévôt [[Rhilder]], la seconde n'étant autre que [[Tahalien]], l'évadée de la mine de [[Solerane]] que [[Vighnu]] et [[Andréas]] ont croisé (et aidé) pendant "[[Le Train de l'Argent]]". Si Tahalien -plutôt influente aux Cascades- doit heureusement remplacer sa consœur à l'Assemblée et se dit assez favorable aux Talendan, elle leur propose vite de défendre leur projet pour peu qu'ils lui rendent deux services.<br />
Le premier consiste rien moins qu'à monter l'évasion de tous les esclaves qu'elle a du laisser derrière elle dans la mine de [[Jornil Cuivré]] (les Talendan acceptent d'y parvenir sous 4 semaines, quoiqu'en en sachant pas encore comment leurs collègues pourront bien s'y prendre), le second à trouver une solution pour les enfants sauvés des mines et qui, sans famille, sont actuellement hébergés avec nombre d'autres orphelins par les [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] du sud (la communauté de [[Doma Sholen]], rescapée du massacre du Pic Blanc)... Sauf que ces gamins sans réelle supervision commencent à poser de nombreux problèmes : ils se font nourrir sans participer à aucune des tâches domestiques, ils foutent le souk dans les campements, volent parfois, refusent d'être séparés et renvoyés dans leurs clans respectifs.<br />
<br />
=== Kal Tayvohn chaman des Edell'Okhil (4) ===<br />
<br />
De leur côté, Islinna et Doma Sholen ont pris contact avec [[Kal Tayvohn]], le chaman des [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] qui a récemment aidé Durgaut pour "le Train..." : furieux que le Capitaine n'ait encore rien fait pour tenir sa promesse de racheter les enfants de son clan en esclavage dans la Marche des Gemmes, il fait alors plutôt campagne contre les Dirsen. Les deux demoiselles vont néanmoins parvenir à lui faire comprendre qu'il faut du temps pour préparer la transaction et surtout que la route vers le sud rouvre avant que les Talendan puissent tenir leurs promesses. Ramené à de meilleurs sentiments, le jeune chaman est alors prêt à écouter leurs arguments en faveur du tracé "de Tal Endhil". Et lorsque Lel'Liamil, Nevel et Tahalien arrivent pour leur prêter main-forte, les diplomates le persuadent à son tour : autant pour vérifier leur honnêteté que pour les assister dans leurs tâches, [[Kal Tayvohn|Tayvohn]] leur confiera le lendemain la pétulante Neri'Helin, la dresseuse qui avait permis à l'équipe du "Train" de franchir les montagnes et qu'Islinna a récemment recrutée pour conduire les géants affectés à la Mine Bénie. En effet, celle-ci est prête à vendre ses services pour peu qu'elle n'ait pas à fréquenter [[Adira Pratesh]] (dont la réputation sulfureuse commence à se répandre chez les Emishen) et qu'elle soit payée en monnaie impériale,afin de racheter des esclaves de sa famille.<br />
<br />
=== Soirée nuageuse et herbeuse ===<br />
<br />
La nuit est très avancée lorsque nos PJ et Tael Shannan se regroupent enfin dans la tente de [[Kal Feilan]] pour faire le bilan, prévoir la suite et partager l'herbe-nuage du vieux [[Kal Shemon'Lon]]. Sous l'influence de l'herbe, les langues se délient et un certain nombre de secrets sont révélés, notamment l'implication du célèbre barde dans le trafic d'artefacts et le financement des Kormes ([[Tael Shannan]] jure qu'il a compris son erreur et qu'on ne l'y reprendra plus), mais aussi la présence d'esprits mauvais rôdant autour du Cercle (l'esprit du Chacal qui accompagne [[Etayn-la-Louve]] et l'empêche de trouver [[Urgrand]], le démon affamé qui s'est enfuit de la Mine Bénie après l'intervention des Talendan et sans doute quelques autres forces inféodées à [[Lorkan Elakhendil]]...). [[Islinna]] évoque son père, un [[:Catégorie:Elloran|Elloran]] ayant rejoint le camp des Kormes depuis des années et dont elle n'a plus de nouvelle, [[Nevel]] raconte l'Opération Tréfonds et les récentes menaces d'[[Alon Sorhan]], [[Lel'Liamil]] se plaint de son épouse et tente d'expliquer son "amitié" avec [[Adira]], on fait des hypothèses sur la Porte-sous-la-Montagne, on confirme que [[Malondil]] est certainement "hanté" par son père Ahndro'shar.... Et plus nos héros fument, plus l'ambiance glisse de la complicité à l'intimité, des confessions vers une tendresse "tactile" : on se câline, on se papouille sans y penser vraiment. Quand la nuit menace de tourner à l'orgie, [[Kal Feilan]] réussit tout de même à foutre ces encombrants convives à la porte et, après qu'[[Islinna]] ait repoussé les avances de [[Tael Shannan]] pour entraîner [[Sifenen Arlan|Arlan]] par la main, [[Doma]] promet de trouver un lit pour [[Nevel]] qui titube et le reste de la soirée se perd dans les brumes de l'herbe-nuage.<br />
<br />
== Deuxième jour ==<br />
<br />
=== Réveils échelonnés ===<br />
<br />
À l'aube, [[Tael Shannan]] a envoyé son garde du corps "semishen" (métis emishen/semi) quérir Andréas Odran au village afin qu'il puisse rencontrer [[Malondil]] et peut-être le défaire du fantôme de son père.<br />
<br />
[[Lel'Liamil]] se réveille le second, dans sa tente familiale (il a apparemment trouvé son chemin jusque là et sa femme se moque joyeusement de sa gueule de bois) : rejoignant rapidement son doyen Ethelkaran et la bardesse Tahalien pour causer politique, leur nouvelle alliée lui fait remarquer que le "tracé haut" soutenu par sa vieille [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]] malade, la chasseresse [[Falawin]] et la vieille chamane nommée Kal Ron Shidalei (ces deux dernières du clan des [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]]) va en lui-même poser des problèmes de subsistance (il n'y a pas grand chose à bouffer dans les hautes vallées et les pics enneigés) et que si les deux Liam'Lon comptent sur leur clan pour ravitailler les réfugiés, il semble qu'elles n'aient en fait pas l'aval de leur clan pour ce faire. Ce qui commence à inspirer au maquignon un plan assez audacieux, consistant à faire capoter le tracé "haut" avant le grand pow-wow du soir afin d'en récupérer les partisans pour leur propre plan...<br />
<br />
C'est le beau soleil de fin de matinée ("c'est le printemps !") qui éveille [[Sifenen Arlan]] et [[Islinna]] en se glissant sous une tente lewyllen. D'abord ravi de sa nuit voluptueuse, le conducteur d'attelage panique en réalisant qu'il vient de coucher avec l'amoureuse de l'assassin [[Vighnu Pratesh]], dont la jalousie commence à être connue chez les Emishen. Il tait néanmoins ses craintes à son amante d'un soir, qui se lève pour rejoindre ses camarades diplomates : informée du plan de Lel'Liamil et effectivement convaincue que c'est pour eux le seul moyen de récupérer assez de voix avant la soirée, elle accompagne le maquignon et la bardesse visiter [[Falnen Be'hemshar]], le jeune chasseur [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] fougueux qui participa à "l'Opération Tréfonds" (avec elle, Nevel et Vighnu, entre autres) et qui, s'il est assez au courant des affaires de chasse de son clan, reste un soutien "pacifiste" et s'est déjà déclaré volontaire comme "garde-Frontière (de l'Orage)".<br />
[[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] confirme volontiers le peu qu'il sait de la politique de son clan (c'est pas vraiment son rayon) et leur apprend que, finalement, les partisans du tracé "haut" se défient surtout des Dirsen à cause de divers préjugés. Comme les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] savent que, quelque soit le tracé, il leur faudra forcément se mettre à l'agriculture pour nourrir les réfugiés (à laquelle ils ne connaissent rien et qui va nécessiter le soutien d'une culture plus "paysanne"... comme les Dirsen, par exemple) et que la position politique de [[Falawin]] reste assez fragile, l'enthousiaste [[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] accepte de leur étendre une invitation pour le dîner "clanique" du soir, où ils ne leur restera qu'à être très éloquents pour peut-être rallier les soutiens nécessaires juste avant la réunion...<br />
<br />
Le soleil a déjà passé son zénith quand [[Nevel]] s'extirpe enfin d'une yourte inconnue... au milieu du camp des "orphelins", qui s'avèrent considérer [[Doma Sholen]] comme une grande sœur. Après que l'[[:Catégorie:Elloran|Elloran]] ait subit les moqueries de tout le monde pour s'être endormi "sans rien faire" (à la déception de [[Doma Sholen]], qui le couvait des yeux depuis des semaines), les deux tourtereaux malchanceux discutent de leur ami [[Lerkoren Oleytan]] (toujours amoureux de Doma), de leur possible couple ([[Nevel]] flippe un peu) et du problème grandissant des orphelins (qu'il va falloir régler puisqu'ils l'ont promis à [[Tahalien]]), avant d'aller quérir la réponse de [[Kal Kirhan]] : après avoir longuement médité, consulté les esprits et discuter avec quelques membres de sa belle-famille, le chaman-lancier admet que s'il veut que les siens soient vraiment en sécurité derrière la Frontière, il lui faudra en assurer la garde lui-même... mais à la condition que Nevel soit son second, ce qu'il accepte en sachant qu'il lui faudra pour cela démissionner du service de [[Durgaut]].<br />
<br />
=== Arrivée d'Andréas et de Shen Silondin ===<br />
<br />
L'après-midi touche à sa fin lorsque [[Shen Silondin]] revient de Tal Endhil avec [[Andréas]]... et une récente blessure : les Templiers qui gardaient le donjon l'ont pratiquement attaqué à vue et le guerrier [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] est assez remonté contre les Dirsen. Nos diplomates le calment néanmoins et font le point avec [[Tahalien]] et [[Neri'Helin]], la dresseuse ayant fait le tour des campements pour leur fournir une vue générale des opinions : si le "grand" tracé est encore nettement majoritaire, celui des Talendan a déjà plus que doublé ses partisans et comme le tracé "haut" régresse depuis que les [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] ont annoncé qu'ils ne le soutiendraient pas (et que sans eux la subsistance en altitude sera très difficile), nos PJ peuvent encore revenir à la marque si [[Malondil]] et les 2 émissaires [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] passaient de leur côté dans les quelques heures qui leur restent. Si les orateurs du "tracé talendan" brillaient particulièrement durant leur exposé, ils pourraient même rallier assez d'indécis pour faire la différence, aussi ont-ils préparé intensément leurs arguments et leurs discours avec leurs alliés : ce soir, l'avenir de Tal Endhil dépendra de leur éloquence.<br />
<br />
=== Banquet chez les Liam'Lon (3) ===<br />
<br />
Lorsqu'ils arrivent au grand campement [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] peu avant le banquet qui réunit chaque soir le clan autour de ses émissaires, l'accueille est d'abord un peu frais mais les PJ ont apporté des denrées, [[Lel'Liamil]] comme [[Islinna]] savent se faire des amis, [[Nevel]] bénéficie tant de l'introduction de [[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] que d'une renommée assez flatteuse depuis le duel rituel contre les [[:Catégorie:Arkonnelkan|Arkonnelkan]] et même [[Andréas]] fait des efforts de sociabilité. Aussi, lorsque [[Kal Ron Shidalei]] et [[Falawin]] arrivent du piton rocheux qui forme le village en dur des Cascades et donc le "centre de conférence" de l'Assemblée, nos diplomates sont déjà bien intégrés et la chasseresse renonce à les virer. Et le débat attendu se produit : quand Falawin annonce la part de gibier demandée aux [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] pour ravitailler l'éventuel tracé "haut", les chasseurs font plutôt la gueule et nos héros s'engouffrent dans la brèche en soulignant que les réfugiés se déverseront probablement dans leur territoire aux premiers frimas, qu'ils ne pourront lancer de cultures sans l'aide des Dirsen et mentionnent que, en perdant Tal Endhil, les "Faucons-Chanteurs" seraient privés du commerce des peaux qui leur rapportent jusqu'ici le métal et les chevaux dont ils manquent.<br />
[[Falawin]] rétorque que les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] peuvent encore agrandir leur territoire sur les terres abandonnées par les [[:Catégorie:Del'Ranan|Del'Ranan]] disparus : les PJ entendent pour la première fois la mention de la disparition complète de la tribu la plus nordique du Peuple du Vent, que les Liam'Lon n'ont pas trop ébruité pour s'approprier leur Cercle, puisque le leur est de longue date "envahi par les démons" (nos héros tombent carrément des nues), mais les chasseurs ne sont guère enthousiasmés par ces toundras gelées 8 mois par an. Alors qu'[[Islinna]] quitte le banquet pour intercepter [[Malondil]] avant qu'il ait lui-même fini de dîner (comptant sur le rapport de séduction qu'elle a déjà établi avec lui), [[Andréas_"Odran"|Andréas]] pousse justement la discussion vers les démons et autres exorcismes en expliquant qu'il est une sorte de "chaman dirsen" (déclenchant comme souvent toutes sortes de commentaires sur ses origines, vu son physique nettement "emishen", dont il se défend bien inutilement), [[Lel'Liamil]] insiste sur les bénéfices que les Liam'Lon tirent déjà du négoce avec sa propre tribu et l'apport des Lewyllen au ravitaillement des futurs réfugiés si l'on adoptait le tracé "talendan" pendant que Nevel rappelle que lui-même défend la paix ET la fraternisation, qu'ils ont l'appui de [[Kal Kirhan]], [[Kal Shemon'Lon]], [[Kal Tayvohn]] et de [[Tael Shannan]]...<br />
<br />
L'heure tourne, les émissaires se préparent à remonter au Cercle et les discussions se résument finalement toujours au même point : les Liam'lon ne peuvent pas faire confiance aux Dirsen... à moins que les Talendan n'adoptent à leur tour une partie des coutumes locales, à commencer par la nomination d'un chaman : Andréas manque de s'étouffer sur sa venaison en réalisant que c'est de lui qu'on parle. Mais l'idée de compléter sa formation "mystique" ne lui déplaît pas et, s'il doit être régulièrement en but à des affaires de démons, de spectres et d'esprits totems, autant y être préparé. Il accepte donc de devenir le disciple de [[Kal Ron Shidalei]] et [[Kal Shemon'Lon]], scellant un pacte avec les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]], qui se rallient enfin aux PJ.<br />
<br />
=== Exorcisme ===<br />
<br />
Ce n'est pas trop tôt, parce qu'alors [[Andréas_"Odran"|Andréas]] doit filer chez [[Malondil]], où [[Islinna]] gagnait déjà du temps (et des infos) en évoquant avec le jeune chef et sa mère le tragique décès d'Ahndro'shar. L'arrivée de Lel'Liamil, qui manœuvre pour occuper la veuve, lui permet de lui soumettre enfin la proposition prévue : rencontrer un ami à elle qui pourrait lui donner l'occasion de parler à son défunt père. Le temps d'expliquer que l'ami en question n'est pas exactement un chaman ("Mais il va le devenir !", précise [[Lel'Liamil]]), [[Andréas_"Odran"|Andréas]] les rejoint enfin, essoufflé. Malgré ses limites en Langue des Vents et son peu d'expérience en la matière, Islinna a suffisamment mis la famille en condition pour qu'il réussisse à exécuter le rituel pour évoquer Ahndro'shar, employant pour cela sa sphère première... qui libère soudain un invité surprise : le spectre de Languard ! Avec deux spectres tempêtant soudain dans la hutte sous les yeux effarés de Malondil et de sa mère, les pouvoirs d'Islinna et la présence d'esprit (haha!) de Lel'Limail ne seront pas de trop pour protéger les participants du mobilier qui vole le temps qu'Andréas parviennent à "ré-aspirer" Languard dans la sphère et à stabiliser suffisamment l'image du père pour qu'il adresse un long regard triste à son épouse. Puis, se tournant une dernière fois vers son fils, le fantôme disparaît de sa propre volonté. Profitant du trouble qui règne dans la hutte en désordre, Islinna se dépêche d'interpréter la brève apparition comme le signe qu'Ahndro'shar considère qu'il est temps pour sa femme de lâcher prise et pour son fils de devenir une personne en propre, méritant le titre de chef par ses propres décisions plutôt que par la répétition de celles de son père.<br />
Cette tentative de "thérapie familiale accélérée" ne suffira pas à convaincre Malondil de changer de camp mais, puisqu'il est trop choqué pour participer activement à l'Assemblée, c'est toujours une voix de moins pour Alon Sorhan...<br />
<br />
== Assemblée ==<br />
<br />
Rejoignant précipitamment le Cercle où Tael Shannan s'était lancé dans un splendide "filibuster" pour couvrir leur retard, les exorcistes amateurs prennent leurs places à l'Assemblée et le barde introduit leur exposé. À ce stade, la plupart des présents ont déjà entendu parlé de leur tracé et l'enjeu est maintenant d'en souligner non seulement les avantages, mais l'ampleur des soutiens.<br />
[Comme il était grand temps qu'on finisse cette séance au risque de perturber le planning des parties suivantes, et quoique les Emishen ne prennent pas réellement leurs décisions politiques au vote mais discutent longuement jusqu'à obtenir un consensus global, on a réglé la question en "comptant les points" : j'avais attribué un score "d'Influence" aux différents émissaires et le parti regroupant le plus d'Influence emporterait le morceau sur la longueur. Et comme nos diplomates n'avaient pas l'avantage en début de séance, il leur fallait maintenant cumuler les uns après les autres assez de MR sur des jets de persuasion ou d'éloquence pour non seulement combler l'écart, mais prendre l'ascendant.]<br />
<br />
Chacun leur tour, les partisans du tracé "talendan" vont alors expliquer leurs raisons et démontrer leur force de conviction devant un auditoire manifestement surpris du nombre d'appuis qu'ils ont su rassembler. Ethelkaran et Doma Sholen promettent que les Lewyllen approvisionneront la zone de paix s'ils peuvent commercer à Tal Endhil, Falawin engage de même la parole des Liam'Lon et Islinna celle des Sotorine (avec l'aval réticent de sa mère), Lel'Liamil fait miroiter à tout le monde un formidable développement agraire et Nevel jure de défendre la zone de paix avec Kal Kirhan : bien qu'un tribun franchement médiocre (et échaudé au Cercles des Hautes Pierres), le chaman-lancier renouvelle son serment et accuse carrément Alon Sorhan de manipuler les débats sur le tracé pour entraîner les pacifistes dans une guerre sanglante, concluant par la promesse de le tuer s'il s'en prend à nouveau à l'intégrité de la Frontière (ce qui fait assez forte impression, vu la réputation de "justicier" de Kirhan).<br />
<br />
Il faut alors l'intervention modératrice de Kal Feilan et Falawin pour ramener le calme et laisser [[Kal Tayvohn]] et [[Tahalien]] exprimer leur soutien aux Talendan "parce qu'ils sont les seuls à œuvrer sérieusement pour la libération des esclaves" (les [[:Catégorie:So'Sherkan|So'Sherkan]] et quelques [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]] font des mines dégoûtées). Et lorsque Andréas annonce que, pour démontrer la bonne fois de [[Tal Endhil]], il va en devenir le chaman par l'enseignement de [[Kal Ron Shidalei]], les bellicistes finissent par rompre le protocole pour crier au scandale, permettant ainsi aux organisateurs de sortir de leur (relative) neutralité.<br />
Quand [[Kal Feilan]] menace [[Alon Sorhan]] de l'exclure des pourparlers si ses partisans s'avèrent incapables d'en respecter les usages, le chef de guerre prend la parole pour annoncer d'un ton glacial que cette Assemblée a tourner à la mascarade et qu'il partira dès le lendemain pour mener au combat tous les Emishens assez fiers de leur héritage pour le défendre les armes à la main.<br />
<br />
Derrière lui, la quasi-totalité des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]], la majorité des [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] et plus de la moitié des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] quittent les Cascades le lendemain à l'aube, laissant aux Talendan une victoire de justesse qui leur a coûté bien des promesses et annonce moult complications à venir...<br />
<br />
----<br />
'''[[8) "Le Train de l'Argent"|<< Épisode Précédent]] | [[10) "Nuit Blanche"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Liste des Épisodes|<= retour à la LISTE des ÉPISODES]]'''<br />
<br />
[[Catégorie:Épisodes]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/10)_%22Nuit_Blanche%2210) "Nuit Blanche"2014-09-08T16:25:15Z<p>Aloun : /* Epilogue */</p>
<hr />
<div><br />
== Ordre de mission ==<br />
<br />
''Après avoir embêté plusieurs PJ ([[Hadrien "Muraille"]], le [[Capitaine Liméric Durgaut]] et [[Lel'Liamil]]) avec des événements étranges autour de la [[Mine Bénie]], est arrivé le moment où Durgaut a cons[[ulté Vighnu (son assassin) et Andréas (son consultant en sorcellerie et autres choses surnaturelles) pour voir ce qu'on pouvait faire concernant la rumeur tenace d'un rôdeur au chantier. Si cette petite intrigue devait initialement se régler "par mail", un heureux hasard a voulu que Vighnu réclame un pisteur pour l'assister dans une possible traque au moment où, entre deux expatriations professionnelles, Aloun était disponible pour jouer. On a donc saisi l'opportunité d'en faire un court Épisode par table virtuelle (et j'ai modifié l'identité du "rôdeur" pour leur mettre une réelle adversité), histoire de jouer une dernière fois avec lui avant qu'il ne change de continent. Pas de bol : il n'a pu jouer qu'une séance sur les deux, mais XO l'a remplacé au pied levé.''<br />
<br />
'''Protagonistes :'''<br />
* [[Andréas]] "Odran"<br />
* [[Vighnu Pratesh]]<br />
* [[Eldan]] le Moineau (joué d'abord par Aloun, puis XO)<br />
<br />
== Prologue ==<br />
<br />
[[Hadrien "Muraille"]], sa famille et les géants menés par [[Neri'Helin]] passaient la sixième semaine à faire surgir des gravats de la Mine Bénie une tour de quatre étages dotées d'une herse, d'un fanal, de montes-charges et même d'une chapelle au Premier Seigneur des Batailles, Herem (apparu sur le site dans toute sa divine grandeur pour sauver les Talendan des assiégeants [[Kormes]] deux semaines auparavant), lorsque la dresseuse et les mercenaires chargés de protéger le chantier (et son précieux contenu : le fameux "sarcophage de résurrection" récupéré lors de Terrain Minier) s'avisèrent qu'un "intrus" rôdait dans les parages. Il était à la fois trop discret pour que les guetteurs les plus habiles puissent le surprendre, assez "léger" (ou doué) pour ne point laisser d'empreintes derrière lui mais assez "corporel" pour faire bouger les branches de sapins sur son passage et assez "surnaturel" pour inquiéter les géants peureux.<br />
Averti par Lel'Liamil venu visiter le chantier, notre sémillant Capitaine convoqua son expert en surnaturel, le chroniqueur Andréas "Odran" : si ce n'était ni le spectre d'un des (nombreux) trépassés lors des événements ayant conduit à l’effondrement de la mine, ni un guetteur korme ni [[Etayn-la-Louve]] (trop habile avec les bêtes pour inquiéter des géants), ce pouvait encore bien être un membre de la [[Confrérie du Chacal]] ou, pire, un vilain sorcier, peut-être même [[Urgrand]]. Auquel cas, il fallait enquêter et prendre des précautions...<br />
<br />
== La planque ==<br />
'''Au début de la [[Huitaine 7|7° huitaine]] après la bataille''', peu après le départ de la nef pour [[Aroche]], Andréas et Vighnu Pratesh se rendirent donc sur place, le second dans le vague espoir de toucher la prime mise sur la tête du sorcier par les Kormes, et y retrouvèrent Eldan le Moineau, resté à la tour après sa garde d'une semaine pour continuer à surveiller avec la dresseuse intriguée et [[Totor]], le géant à son papa [[Adira]] (parti pour Aroche), demeurant sur place jusqu'à ce que soit guéri un gros bobo à sa papatte.<br><br />
Les 3 malheureux mineurs -rescapés de "Terrain Minier" et logés sur place dans la [[Mine Bénie]] en attendant du renfort pour se mettre à extraire le minerai d'argent- étaient presque aussi inquiets que le géant et accablèrent les arrivants de maintes légendes idiotes, mais comme il semblait bien que l'intrus vint presque chaque nuit, nos trois chasseurs mirent au point un signal avec les deux mercenaires ([[Gavin "la Fouille"]] et Sigwald "le Grêlé") et deux templiers qui garderaient l'endroit pendant la nuit, puis allèrent s'embusquer un peu avant le crépuscule dans les pentes rocailleuses que formaient les montagnes alentour.<br />
<br />
Ils restèrent ainsi, presque sans bouger ni parler, pendant de longues heures glacées, à surveiller le moindre mouvement parmi les rares sapins enténébrés, la moindre ombre sur la neige maculée de boue gelée... jusqu'à ce que Vighnu distingue une forme floue glissant parmi quelques broussailles étiques et expirant par moment un nuage de vapeur. Ses compagnons, une fois avertis à voix basse, se crevaient néanmoins les yeux sans rien voir. Aussi le "chroniqueur" entreprit-il de projeter son esprit dans la direction indiquée par le Fehnri pour y découvrir... une silhouette floue et sans visage. D'abord surpris, il réalisa vite que l'intrus employait sans doute une sorte de camouflage magique ou un sort de dissimulation, et notre mage en conclut qu'ils avaient affaire à un sorcier. Précautionneux, nos chasseurs décidèrent donc de ne pas prendre de risque et Eldan banda son arc pour l'abattre d'une flèche dans le dos, comme ça, sans même dire "bonsoir". <br><br />
Eldan avait-il méjugé de la distance à cause de l'obscurité, l'intrus portait-il une armure ? Toujours est-il que, après une exclamation de douleur, loin de s'étaler dans son sang, la silhouette s'élança à toutes jambes dans le versant irrégulier de la montagne, Vighnu et Eldan cavalant bientôt derrière elle pendant qu'Andréas appelait l'hallali, rameutant les guerriers à l'affût dans la tour.<br />
<br />
== Chasse aux sorciers ==<br />
<br />
Plus agile en montagne et ses sens plus aiguisés, Eldan distança bientôt le fehnri dans la poursuite de l'intrus invisible en se guidant sur les seuls le bruits de course, ses occasionnelles empreintes dans les dernières plaques de neige, les branches mouvantes de sapin ou son ombre intermittente sur les rochers.<br />
Quoiqu'il perdit fréquemment du terrain pour chercher sa proie, le jeune éclaireur avait suffisamment repéré les environs pour savoir que, s'il continuait de longer les pentes vers le sud, l'Invisible atteindrait bientôt un fort torrent, puis une élévation abrupte et, au-delà, une faille infranchissable... ''(Les 3 PJ avaient en effet commencé la séance par un gros jet de préparation commun, ils avaient donc du bonus en stock pour la séquence "embuscade" de leur plan, même s'il est parti en sucette au premier tir...)''<br />
Eldan dévala donc la pente vers l'unique gué sur le torrent, persuadé de pouvoir y intercepter le fugitif : manquant plusieurs fois de se blesser en bondissant comme un cabri parmi les buissons rabougris et les blocs rocailleux, il atteignit bientôt la large plate-forme rocheuse au bord de laquelle le courant, après avoir buté sur un rebord de pierres, se déversait en une courte chute d'eau vers un bassin en contrebas. L'arc bandé, attentif au moindre bruit discernable malgré le roulement des flots, scrutant la nuit à la pointe de sa flèche, il attendit. Un raclement de cailloux lui fit tourner la tête et, soudain, il discerna l'ombre indistincte que l'être translucide projetait sur les rochers dans la faible clarté des deux lunes, et décocha au jugé : le trait effleura la cible pour se perdre vers les rares sapins de l'autre rive, mais une soudaine gerbe d'eau trahit l'Indistinct : il venait de plonger dans le torrent.<br />
À quelques 100aines de mètres derrière lui et maintenant complètement semé, Vighnu vit alors arrivé Neri'Helin juchée sur un Totor galopant et lui fit signe de chercher à l'ouest, vers l'aval, pendant que lui-même presserait au sud en longeant les crêtes. Ils progressaient prudemment, attentifs au moindre souffle de vent dans les broussailles lorsque l'appel d'Eldan leur parvint : l'intrus fuyait par l'étang.<br />
<br />
Après avoir vu passé la dresseuse indigène sur son lourdaud de géant et s'être fait doublé par le Grêlé, galopant à sa suite la lance à la main, Andréas (décidément peu fait pour la course à pied), avait été rejoint par Gavin la Fouille et, le temps de reprendre son souffle, utilisa la sphère alourdissant son havresac pour projeter son esprit par-dessus les pentes rocheuses et les fourrés, repérant bientôt Totor, sa cavalière, Vighnu et Eldan : ''"Ils sont au bassin !"'' expliqua-t-il à l'écuyer qui, sans trop se demander comment le chroniqueur pouvait bien le savoir, s'élança à son tour. Andréas regardait son dernier compagnon s'éloigner au pas de charge... quand une francisque jaillie d'un bosquet frappa l'apprenti guerrier en pleine course, enfonçant son thorax et le basculant dans la rocaille.<br />
Atterré, Andréas vit alors un barbu aux longs cheveux noirs sortir des sapins et s'avancer d'un pas heurté, traînant la patte et un épais bandage couvrant sa main gauche : ''"Hé bien, nous voilà enfin seuls ! Donne-moi ce sac, magicien de cabaret, et je te laisserais probablement vivre."'' Reconnaissant alors le fameux Urgrand, Andréas tira sa dague… et se mit à crier à l'aide.<br />
<br />
À force de scruter la surface de l'eau à travers la légère brume, notre éclaireur finit par distinguer une sorte de perturbation dans les vaguelettes du lac et tira une nouvelle flèche, sans grand résultat. Mais comment trouver un type invisible dans un lac la nuit ? Eldan s'énervait lorsque Vighnu, la dresseuse et le géant déboulèrent des contreforts pour se joindre à la traque, commençant à contourner l'étang pour que leur proie ne s'échappe pas par l'autre côté, guettant un mouvement dans l'eau... sans grand résultat. <br><br />
<br />
''"Ça fait combien de temps qu'il est sous l'eau, là ? <br><br />
''_C'est à dire que s'il est invisible, il peut facilement sortir la tête pour respirer sans qu'on le voit. <br><br />
''_Oui mais ça caille, là : il va finir par geler, le gars. <br><br />
''_Mais ça peut prendre un moment. <br><br />
''_Et si on avançait dans l'eau ? C'est pas très profond, on pourrait sans doute le débusquer à nous trois, plus Totor..."''.<br><br />
Mais un cri venant des hauteurs interrompit leurs réflexions : <br><br />
''"C'était quoi, ça ? <br><br />
''_Chut, j'écoute !... Merde, je crois que c'est Andréas... <br><br />
''_Et qu'est-ce qu'il crie ? <br><br />
''_Je ne sais pas, mais je vais aller voir." <br><br />
<br />
Et soudain, derrière eux, l'eau remua : ''"Là, il est là"'' cria Eldan, ''"cette fois je vais me le faire !"'' Et, jetant son arc sur la rive, il tira son épée pour foncer dans l'eau [et une Réaction à 5, une !]. Vighnu hésita une seconde à lui porter assistance mais, lorsqu'un nouveau hurlement retentit au loin, fonça vers les crêtes.<br />
<br />
== Face au danger ==<br />
<br />
Andréas, la besace posée derrière-lui dans les buissons, fit bravement face au sorcier qui s'approchait en claudiquant d'un pas irrégulier mais tranquille, dégainant lentement une épée : <br><br />
<br />
''"Sois raisonnable : donne-moi ce sac ou je vais devoir te saigner comme un porc pour le prendre. <br><br />
''_Tu... tu as tué [[Horen Rohanan]] ! <br><br />
''_Qui ?" <br><br />
<br />
Plus que les insultes, les menaces ou sa suprême arrogance, c'est ce dédain pour l'ami dont il avait brisé les vertèbres qui fit gronder la rage dans les veines du chroniqueur : hurlant comme un possédé, Andréas chargea la dague à la main. La lame pénétra la veste de cuir et s'enfonça dans le flanc du Sylvain surpris : le jeune mage allait frapper une seconde fois quand il vit la blessure se cicatriser sous ses yeux et sentit une intense douleur envahir ses entrailles. Le Talendan connaissait déjà cette sensation et, bandant sa volonté contre celle du Sorcier, l'étonna à nouveau en repoussant le sort.<br />
<br />
Mais l'effort vidait son énergie et, bientôt, Andréas plia le genou devant l'ennemi, qui lui décocha un grand coup de pommeau dans le front et l'envoya bouler dans les fourrés. ''"Alors comme ça on résiste, hein ? Qu'est-ce tu crois pauv'merde, que tu peux m'arrêter avec tes tours de passe-passe et ton couteau minable ? Tsss..."''<br />
<br />
Son flegme maintenant disparu, le sorcier boitait en râlant pour ramasser le précieux sac quand une lourde lance lui transperça l'abdomen sans prévenir : le Sylvain n'avait pas vu arriver le Grêlé, alerté par les appels du chroniqueur.<br />
Mais au lieu de s'effondrer, le sorcier transpercé de part en part poussa un cri inhumain qui figea les deux Talendan : les aiguilles de pin tombèrent en pluie partout autour d'eux et, saisissant la hampe à pleines mains, Urgrand l'arracha d'une seule traction en répandant son sang aux alentours. Les buissons et les herbes folles, à peine reverdis par le printemps, se racornissaient tout autour du Sylvain, séchant et craquant au fur et à mesure que sa large plaie au ventre se refermait sous les yeux terrifiés du mercenaire. Sigwald le Grêlé, quoique tremblant, ne faiblit pas : tirant son épée, il franchit au pas de charge les quelques mètres qui le séparaient du sorcier sanglant et attaqua de toutes ses forces. Urgrand esquiva au dernier moment et rabattit le manche de la lance dans les côtes du mercenaire qui se fracturèrent sous l'impact, projetant les 80 kilos du guerrier à plusieurs mètres dans les sous-bois. Et quand Andréas en profita pour lui planter sa dague dans le dos, le sorcier commença vraiment à s'énerver...<br />
<br />
=== Interlude glacé ===<br />
<br />
Entré dans l'eau glaciale jusqu'à la ceinture et son ardeur illico refroidie (surtout quand il réalisa que ses compagnons le laissait seul avec un ennemi invisible), Eldan serrait la poignée de son épée fétiche en guettant la moindre ridule ou le moindre clapotis dans l'eau. Un remous lui permit de se retourner juste à temps pour voir soudain jaillir de l'étang une forme indistincte, comme une silhouette de verre partiellement ouverte sur une armure de cuir cloutée, un visage hirsute et un bras brandissant un poignard (parfaitement opaques, eux)... qui l'assaillit immédiatement. Le poignard aurait sans doute perforé le thorax de l'éclaireur s'il n'avait alors trébuché sur les galets tapissant le bassin et esquivé miraculeusement ''(1 pH)'' : aussitôt rétabli, Eldan attaqua de taille et d'estoc en profitant de l'allonge supérieure de sa propre lame, mais son adversaire se révéla tout aussi habile à l'esquive, parvenant au passage à dégainer un second poignard. Malgré l'étrangeté d'un combat contre un type dégoulinant dont la tête, dénudée de sa capuche dans le combat, les mains et parfois le ventre apparaissaient seuls tangibles aux limites d'un drapé invisible, l'éclaireur tenait courageusement tête au Sylvain et, feintant pour rentrer dans la garde de son adversaire, parvint à lui entailler profondément le flanc d'un revers d'épée avant de lui arracher la cape, brisant le fermoir qui en tenait le col. La lourde capeline apparaissant soudain de drap noir et détrempé au bras du Moineau, et lui-même étant maintenant complètement visible, le brigand plongea dans les profondeurs de l'étang et ne réapparu qu'après une longue brasse, s'échappant à la nage.<br />
<br />
=== Entre feu et loup ===<br />
<br />
Sous les yeux d'Andréas, les pupilles d'Urgrand avaient soudain jaunit et, sa mâchoire s'ouvrant jusqu'à se déboîter sur un hurlement bestial, ses articulations avaient claqué les unes après les autres, sa colonne vertébrale semblant s'affaisser vers l'avant alors que les doigts de sa main libre s'allongeaient en une patte griffue, l'autre perçant le pansement pour révéler une épaisse touffe de poils noirs. Et lorsque cette fourrure commença à recouvrir le cou et les pommettes du sorcier, son visage s'allongeant dans une suite de craquements hideux alors que ses canines poussaient, le chroniqueur compris qu'il allait y passer à moins d'une idée de génie... Il saisit sa dague pour tracer à toute vitesse des flammes dans la terre couverte de plantes mortes, jeta toutes ses forces dans son sort. Alors le monstre qu'était devenu Urgrand vit ses vêtements en loques crépiter et prendre feu, les cruelles flammèches l'entourèrent bientôt, montant autour de lui jusqu'à l'aveugler, gagnant sa fourrure et brûlant sa chaire, bientôt tremblante de la panique atavique du loup face au feu !<br />
''(Oh le beau sort d'illusion, oh la belle idée ! Andréas y a illico gagné 1pH.)''<br />
<br />
=== Les chasseurs pris en chasse ===<br />
<br />
Courant à la rescousse, Vighnu et [[Neri'Helin]] tombèrent bientôt sur Gavin la Fouille, baignant dans son sang mais toujours vivant après une longue dégringolade dans la pente hérissées de rochers, et malgré la profonde plaie ouverte dans son thorax par la francisque du sorcier. Mais Vighnu n'avait ni le matériel ni le temps pour soigner l'écuyer car, en haut de la pente, la rumeur du combat s'amplifiait. Ils chargèrent donc le blessé sur l'épaule velue de Totor (malgré les protestation du géant) et reprirent leur ascension précipitée pour découvrir bientôt un spectacle qui dépassait l'entendement :<br />
au milieu d'une large zone de végétation séchée et noircie comme par un soudain incendie, une forme à peine humaine semblait se disloquer en s'agitant follement, s'arrachant des poils et des lambeaux de vêtements avec des grognements furieux et des jappements plaintifs. À quelques pas de lui, Andréas tuméfié et en nage, se relevait péniblement, rampant et trébuchant pour s'éloigner du monstre devenu fou. ''"COURS !"'' lui cria Vighnu, à la fois blême et électrisé par l'adrénaline, ''"COURS BON SANG !"''. Le chroniqueur, d'abord trébuchant, saisit son sac par la sangle et s'éloigna bientôt d'un trot freiné par ses halètements, alors que la silhouette du sorcier reprenait peu à peu forme humaine dans ses vêtements déchiquetés, d'où perçait une main gauche déformée et velue.<br />
<br />
Urgrand jeta à peine un regard au géant terrifié qu'encadraient le Fehnri et la dresseuse, tous trois figés à 40 pas de lui, et clopina vers la forme affaissée du Grêlé en marmonnant : ''"Ah le sale petit fils de pute... le sale petit merdeux... je vais le peler comme une pomme, je vais le noyer dans son sang, je vais le..."''. Mais quand le mercenaire se releva soudain, l'épée à la main, le Sorcier le saisit à bras le corps avec un cri de joie, bientôt couvert par le hurlement de souffrance du guerrier, un hurlement qui se fit bientôt plus rauque, presque chevrotant, et mourut dans un râle indistinct.<br />
Quand il laissa le corps s'écrouler parmi les buissons pétrifiés, le Sorcier avait retrouvé sa stature et son énergie et, quoiqu'il traîna encore un peu la jambe et que son bras gauche sembla toujours coincé entre les formes humaine et lupine, c'est avec une joie féroce que le sorcier cria vers les sapins où disparaissait le chroniqueur : ''"COURS ! COURS, PETIT LAPIN ! PARCE QUE LE MÉCHANT LOUP VA TE TROUVER ET TE aouch !"''. La flèche de Neri'Helin lui ayant griffé la jambe, le Sorcier se retourna vivement, outré, et ramassa la lance du Grêlé pour la jeter à l'Emishen : il la rata de plusieurs mètres et ne toucha qu'un sapin, mais l'impact fut si violent que la hampe vola en éclats, le fer presque entièrement enfoncé à travers l'écorce. ''"Oh putain !"'' lâcha Vighnu, planqué derrière un (autre) tronc et atterré par la force du sorcier, alors que Totor s'enfuyait en hurlant, Gavin la Fouille toujours sanglé sur son épaule. <br><br />
''"Tire encore ! Il faut l'attirer à nous pour permettre à Andréas de rejoindre la tour ! <br><br />
''_J'avais qu'une seule flèche : le carquois est au dos d'Eldan ! <br><br />
''_Et meeerde... rattrape le géant, je vais tenter quelque chose !"<br><br />
<br />
Et alors qu'Urgrand repartait à grands pas saccadés aux trousses du jeune mage en chantonnant ''"Petiiit laaaapin ! Viens voir par là, petit laaaaapin ! On va s'amuser, toi et moi !"'', l'assassin pris le risque insensé de s'approcher de lui à moins de 30 pas pour lui lancer un de ses grands couteaux de jets hornois : la lourde lame en feuille de laurier se planta avec un bruit mat dans l'omoplate du sorcier, qui se retourna, l'arracha d'une main en beuglant ''"Non mais c'est fini, oui ?!"'' et la renvoya avec tant d'élan que, Vighnu s'étant jeté à terre pour esquiver, l'acier se tordit en cognant sur un rocher.<br />
Urgrand clopinait à nouveau en direction de la tour et le Fehnri, constatant que le poison dont il avait enduit son arme ne semblait pas tellement affecter le Sylvain, s'approcha du Grêlé pour voir s'il pouvait encore l'aider : il lui fallu quelques secondes pour comprendre que le petit vieillard squelettique nageant dans une armure trop grande, déjà froid, racorni et presque momifié, était le corps du mercenaire. ''"Putain, putain, putain !"''<br />
Pas pressé d'aller affronter le sorcier au corps à corps et confiant dans la protection que la tour offrirait à Andréas, Vighnu récupéra son couteau tordu et s'élança derrière Neri'Helin, à la poursuite du géant et du blessé.<br />
<br />
=== Une étrange cape ===<br />
<br />
Au bas de la pente, Eldan n'était pas assez idiot pour poursuivre un type à la nage avec son armure, son baudrier et son épée, surtout que le Sylvain semblait nager comme un poisson et que ses poignards l'avantageraient nettement si le Moineau venait à le rattraper dans l'eau. Il gagna donc la rive à grands pas et, grelottant dans la nuit glaciale, fonça vers son arc pour découvrir qu'il avait disparu : après une bordée de jurons, évaluant la distance que le Sylvain avait encore à nager, Eldan jeta la cape dans un buisson et s'élança au pas de course pour contourner le lac, espérant être assez rapide pour choper le fuyard au bord du bassin.<br />
Et, justement, le brigand détrempé atteignait la rive lorsqu'il entendit les pas rapides d'une course dans les galets : au delà de l’étroit cours d'eau par lequel l'étang se déversait dans les gorges encaissées pour rejoindre le torrent furieux qu'on entendait gronder en contrebas, le tenace éclaireur arrivait au pas de charge, dégainant son épée.<br />
Mais le Moineau aussi surveillait le brigand et, captant le geste vif et l'éclair métallique, se coucha en dérapant dans les galets pour éviter le poignard que l'autre lui avait jeté. Le temps de se relever et le Sylvain disparaissait à l'orée de la forêt toute proche ; le temps de franchir le courant qui lui arrivait à mi-cuisse et voulait l'entraîner dans le canyon, la silhouette du fuyard avait disparu.<br />
Renonçant bientôt à pister un forestier manifestement habile dans un bois inconnu en pleine nuit, Eldan revint sur ses pas et récupéra la cape au fermoir brisé. Il constata que son poids venait du maillage métallique qui en doublait l'intérieur, le bord inférieur étant prolongé par un liseré de fourrure épaisse et sombre, dont la saleté indiquait qu'elle devait servir à balayer les traces du porteur et, sa curiosité satisfaite pour l'instant, il se la jeta sur l'épaule et repartit vers la mine à petites foulées, sa course moins motivée par l'urgence que par le besoin de se réchauffer.<br />
Là-haut, près des crêtes, quelqu'un venait d'allumer le fanal de la tour.<br />
<br />
=== La herse ===<br />
<br />
Hors d'haleine et trébuchant, Andréas dévala le surplomb couvert de sapins qui bordait le glacis dégagé autour de la mine fortifiée et, voyant venir du secours, s'effondra dans les bras des deux templiers qui couraient à sa rencontre : <br><br />
<br />
''"Mais bon sang, qu'est-ce qui se passe, dehors ? <br><br />
''_HHHUrg... Hhhurgrand... hhh... le sorcier...<br><br />
''_Mettez-vous à l'abri, mon vieux : on va s'en occuper ! <br><br />
''_Non...hhh... non... attendez... il est trop... <br><br />
''_Rentrez et fermez la herse !"'' lui cria le plus jeune des deux templiers qui, armes à la main, partaient déjà en courant vers la silhouette sombre apparue entre les arbres. Trottinant de son mieux vers la protection de la tour, le chroniqueur ne put s'empêcher de se retourner lorsqu'un cri plaintif retentit, et vit le premier templier s'effondrer, sa propre épée plantée de biaisdans son lourd casque d'acier. Il n'attendit pas que le second tombe à son tour pour franchir enfin le grand portail de bois par le vantail entr'ouvert, claquer la porte derrière lui, barrer la porte et s'affaler au sol pour reprendre son souffle. ''"Mais qu'est-ce qui se passe, à la fin ?"'' lui demanda alors un mineur moustachu, armé d'une pioche et manifestement inquiet. <br><br />
''"Hhh... hhher... herse. <br><br />
''_La herse ? Quoi, la herse ?<br><br />
''_Fermez...la herse. <br><br />
''_Fermer la herse ?! Mais enfin il y a encore tous vos amis dehors et... <br><br />
''_FERME-LA PUTAIN DE HERSE, DUCON, LE SORCIER ARRIVE !" <br><br />
<br />
Et tandis que le mineur effrayé gagnait l'étage supérieur en criant à ses camarades ''"On est attaqués ! On est attaqués ! Allumez le fanal !"'', Andréas claudiqua hors du couloir d'entrée, escalada à quatre pattes l'escalier à vis qui sentait encore le ciment frais et atteignit la salle de garde obscure surplombant l'assommoir, où les meurtrières dominant le portail laissaient entrer la pâle lueur des deux lunes et de lointains hurlements de souffrance. Malgré sa terreur, le scribe redescendit en haletant pour trouver une torche allumée, remonter péniblement et en éclairer la salle de garde, découvrant les énormes rouages du treuil retenant la herse. Du dehors, lui parvint un appel sarcastique, tout proche : ''"Tu es là-dedans, petit lapin ? Et tu crois que c'est assez solide pour m'empêcher d'entrer ? Attends voir..."''<br />
<br />
Un choc monstrueux ébranla le portail, effrayant la seule mule qui occupât l'écurie du rez-de-chaussée. Après avoir essayé plusieurs leviers en vain, Andréas domina la panique qui le gagnait à chacun des coups de boutoir qui résonnaient dans la tour et parvint enfin à libérer l'engrenage qui se mit à tournoyer, entraîné par le poids de la lourde grille de chêne et d'acier qui tombait au ralenti vers le sol. Un craquement terrible précéda les bruits de rebonds métalliques et le chroniqueur compris que le portail cédait : encore deux coups et il entendit le raclement des portes disjointes s'ouvrant sur le sol de terre battue.<br />
Puis les pas, irréguliers mais toujours tranquilles, qui s'avançaient dans le couloir, juste sous les genoux tremblants d'Andréas, s'efforçant de ne faire aucun bruit en poussant le madrier verrouillant la herse : ''"Tu es là mon petit lapin ! Je te sens ! Dis-donc, il a bien bossé votre vioque, là. Sincèrement, je suis épaté. Mon gars et moi, on regardait le chantier se monter, l'autre jour, et je lui disais justement : c'est pourtant vrai qu'ils bossent vite, tu vas voir que ça va bien me prendre une heure pour raser tout ça. Mais justement, je suis pressé, alors donne-moi la sphère et je m'en irai. Je te le promets, petit lapin : passe-moi l'artefact que l'autre croulant m'a volé et je renonce à t'écorcher vif. Tiens, tu vois la petite trappe au milieu de la pièce ? Regarde donc, c'est pas loin de tes pieds. Tu ouvres la petite trappe, tu y laisses tomber la sphère et c'est fini, je te jure que je vous laisserait vivre tous les 4, les autres creuses-misère et toi. Qu'est-ce que tu en dis, mon p'tit lapin ? Tu veux me faire plaisir ? Tu veux vivre encore un peu ? Ou je vais devoir vous tuer un par un, comme j'ai déjà massacré tous les autres corniauds, là-dehors ?"''<br />
<br />
Recroquevillé autour de la précieuse sphère dans son havresac, serrant les dents de peur et de rage, Andréas ne lâchait pas un son. ''"Bon tu te dépêches ? File-moi la boule !"'' appelait la voix d'Urgrand, de plus en plus tendue et amplifiée par le couloir voûté, 5 mètres plus bas. ''"J'ai pas que ça à foutre, non plus ! Donne-moi la putain de boule ou je vais tout péter dans cette tour de merde ! Ça suffit maintenant !"'' Le chroniqueur ne put retenir un gémissement lorsque Urgrand entreprit de soulever la herse, dont le cadre heurta bientôt le madrier servant de loquet, et retomba avec un bruit sourd.<br />
''"Han...ah la vacherie, c'est lourd... Allez, là j'en ai marre ! (un grand coup dans la herse fit tinter les pierres de la tour : blang !) Ouvre-moi, avorton de pute ! (blang ! blang !) Ouvre-moi, sale merdeux ! (blang !) Ouvre-moi ou je te jure que je vais t'arracher les yeux (blang !) pour te les faire bouffer ! (blang !)"'' Un cri de rage, de nouveaux coups, un craquement de bois quand le sorcier passa ses nerfs sur les débris du portail... et puis plus rien.<br />
<br />
== Silence ==<br />
<br />
Eldan grimpait agilement, toujours au trot : il coupa par le lit d'un ruisseau, escalada l'autre versant et ralentit prudemment en arrivant au dernier bosquet avant le glacis. Il n'entendait plus de cri ni aucune sorte de bruit et ne voyait rien d'autre en bas de la tour que le portail béant, mais il commença par se rapprocher de la falaise par le nord-est, restant à la lisière des sapins afin de vérifier qu'aucune menace ne restait tapie dans l'ombre de la crête rocheuse. C'est ainsi qu'il trébucha soudain sur les jambes brisées d'un templier, assis, cloué par sa propre lance au fût d'un sapin, les mains broyées et sanglantes, respirant à peine. L'éclaireur croisa son regard suppliant et, après avoir vérifié qu'ils étaient bien seuls, pris appui sur le tronc pour extraire la lance, coucher doucement le templier sur le flanc et panser brièvement sa blessure à l'abdomen, la seule pour laquelle il put quelque chose : <br><br />
<br />
''"Ss...cier. <br><br />
''_Du calme, ça va aller. Où est-il ?<br> <br />
''_...t...our... <br><br />
''_Il faut que j'aille voir ce qui se passe, mais je vais revenir. <br><br />
''_Hhg...hh.. <br><br />
''_Tenez bon, je reviendrai vous chercher."<br><br />
<br />
Il s'éloigna alors d'un pas souple, longea la falaise par l'est, atteignit la tour, rasa le mur silencieusement et, très prudemment, jeta un œil par le portail défoncé : personne. Il s'avança jusqu'à la herse toujours baissée, nota les traces de coups marquées dans le bois et le métal, voulu la secouer pour vérifier sa solidité et ne parvint pas à la faire broncher d'un millimètre. Il ressortit, vérifia encore les alentours et revint pour appeler : <br><br />
''"Hoho !? C'est Eldan ! Tout le monde va bien ? Youhou ? Qu'est-ce qui a enfoncé le portail ? Totor ?"<br><br />
Après un instant, la trappe de l'assommoir s'ouvrit, Andréas vérifia qu'il avait bien affaire au Moineau et répondit :<br><br />
''"Urgrand nous est tombé dessus, et il a attaqué la tour. Je... je crois qu'il a tué... tous les autres. <br><br />
''_J'ai trouvé les templiers mais pas... attends : quelqu'un arrive."<br><br />
Collé au mur, l'épée au clair, l'éclaireur passa la tête à l'extérieur et vit Totor descendre la colline boisée en portant un corps inanimé, Neri'Helin le menant doucement par la main et Vighnu penché sur quelque chose d'indiscernable dans la pente (le corps de l'autre templier).<br />
<br />
Quand ils furent certains qu'Urgrand était parti et tous rassemblés dans la tour, Eldan, Neri'Helin et Totor retournèrent chercher le templier agonisant pendant qu'on installait Gavin sur une table au premier étage : le Fehnri avait fait de son mieux pour maintenir l'écuyer en vie jusque là, mais ils allaient maintenant devoir opérer pour tenter de le sauver. Andréas et lui se répartirent les tâches, Eldan étant aussitôt promu infirmier. Un travail dont il s'acquitta avec excellence, faisant bouillir de l'eau et des linges, passant les bons instruments et les bons onguents aux bons moments. Les deux "toubibs" s'affairaient ensemble, l'assassin-apothicaire formé à la chirurgie et le mage-herboriste-médecin se complétant fort bien, et après une longue et sanglante opération, ils bandèrent la plaie et se penchèrent sur le cas du templier. Les jambes étaient fracturées en trop d'endroits pour les sauver, et les deux médecins s'accordèrent pour amputer, mais purent sauver la vie du cul de jatte.<br />
Après des heures d'opérations, rompus de fatigue, ils s'assirent finalement avec Eldan dans la lumière jaune que l'aube poussait par les meurtrières : les deux patients vivraient.<br><br />
<br />
''"La vache... Quelle nuit !<br><br />
''_J'ai bien cru y rester.<br><br />
''_J'suis désolé d'avoir laissé l'autre Sylvain s'enfuir...<br><br />
''_Écoute, on est vivants : si comme nous t'avais vu ce qui reste du Grêlé, ça te suffirait.<br><br />
''_Ah... il est vraiment mort ?<br><br />
''_Très.<br><br />
''_Désolé, Messire le Moineau.<br><br />
''_Ben... il était pas sympa, mais on est plus bien nombreux de notre patrouille... J'ai ramené la cape au fait, mais elle marche plus. Y a une espèce de treillis de métal, dedans, mais j'ai cassé le fermoir et...<br><br />
''_Donne-moi ça, j'y jetterais un œil plus tard. Dîtes-donc, Eldan, allez donc éteindre le phare s'il-vous-plait, là-haut : je ne crois pas que ça serve de le laisser brûler toute la journée."<br><br />
Et quand l'éclaireur fut parti, Vighnu demanda : ''"J'ai rien compris : qu'est-ce qu'il te voulait l'autre malade ?''<br><br />
''_Je crois qu'il voulait la sphère de Langard. Je suppose que son tueur et lui trainaient exprès ici, sachant que si une espèce de fantôme inquiétait la mine, on m'enverrait forcément enquêter et que j'aurais la sphère avec moi. Il nous a donc attendus...<br><br />
''_Et piégés, séparés... et massacrés. Je ne sais pas encore quand ni comment, mais il faudra trouver un moyen de l'éliminer, ce fumier-là. Qu'est-ce qu'il peut en faire, de cette boule ?<br><br />
''_Des tas de choses ! Elle démultiplie la portée des sorts, déjà, et à mon avis c'est ce qui l'intéressait : avec elle, il pensait pouvoir accéder magiquement au sarcophage et peut-être soigner les blessures qu'il conserve de l'effondrement de la falaise.<br><br />
''_Mais... il est plus là, le sarcophage, non ?<br><br />
''_Non, il est parti hier avec les Muraille. Mais je ne crois pas qu'il l'ait compris avant de m'avoir poursuivi ici. Peut-être qu'il a gouté l'eau qui s'écoule vers la chapelle, peut-être qu'une fois calmé il a pensé être maintenant assez près, tenté de repérer l'artefact juste "senti" qu'il n'était plus là... Alors il est parti.<br><br />
''_Merde ! Mais alors les Muraille et leur chariot...<br><br />
''_Ils devaient déjà être à Tal Endhil quand Urgrand nous est tombés dessus. C'est à une journée de marche, ils ont un jour d'avance : c'est pas en courant derrière eux qu'on pourra quoi que ce soit. Allumer le feu d'alerte a du suffire : notre fier Capitaine doit être aux aguets, il les protégera.<br><br />
''_Et tu dis qu'il était blessé, là ?<br><br />
''_Oh oui : il boitait, il avait le visage un peu "tordu" et puis il y avait sa main, toute disloquée et couverte de poils...<br><br />
''_Oui, oui, j'ai vu : brrrr. Mais putain, qu'est-ce que ce sera s'il nous tombe dessus en pleine forme !<br><br />
''_C'est bien le problème : on le reverra.<br><br />
''_Il t'a dit ça ?<br><br />
''_Non mais s'il avait pu se soigner seul, par la Porte-sous-la-Montagne ou ailleurs, il l'aurait déjà fait : si la seule solution qui lui reste c'est le sarcophage, il n'abandonnera pas de sitôt."<br><br />
<br />
== Epilogue ==<br />
<br />
Le lendemain soir, Eldan, Andréas, Vignu et Neri'Helin atteignirent le village avec le corps des templiers et du Grêlé attachés sur une mule, Totor portant toujours Gavin. Ils firent leur rapport au Capitaine, présentèrent la cape (''"À première vue, on dirait qu'elle utilise une maille de fils d'argent pour transmettre l'énergie du porteur vers l'extérieur, et activer le sortilège d'occultation inscrit dans le fermoir. _Et on peut la réparer ? _Je n'en sais rien, je suppose qu'il faudrait plus qu'un orfèvre..."''), furent tous rassurés sur le sort du sarcophage (''"C'est réglé, je ne veux plus un mot à ce sujet."'') et envoyés se reposer avec ses remerciements.<br />
Après leur départ, Durgaut s'installa au parapet du donjon et soupira : la Fouille alité pour des semaines, le Grêlé mort d'horrible manière, deux templiers perdus... en comptant ceux que le commandeur [[Bagoran de Marale]] avait laisser pour protéger l'abbé [[Dolomire]], la démission de [[Nevel Sholdanan]] et les six mercenaires expédiés à Aroche, il lui restait 12 hommes pour défendre le village d'un sorcier psychotique et d'un truand revanchard, mener ses projets et tenir la [[Passe de Nilfenan]] selon le traité conclu avec les Emishen : en attendant que [[Bahardabras]] reviennent avec des mercenaires hornois, les prochaines semaines allaient lui sembler longues...<br />
<br />
<br />
'''[[9) "Reishin Ghoran"|<< Épisode Précédent]] | [[11) "Toutes voiles dehors !"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Liste des Épisodes|<= retour à la LISTE des ÉPISODES]]'''<br />
<br />
[[Catégorie:Épisodes]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/10)_%22Nuit_Blanche%2210) "Nuit Blanche"2014-09-08T16:24:24Z<p>Aloun : /* Face au danger */</p>
<hr />
<div><br />
== Ordre de mission ==<br />
<br />
''Après avoir embêté plusieurs PJ ([[Hadrien "Muraille"]], le [[Capitaine Liméric Durgaut]] et [[Lel'Liamil]]) avec des événements étranges autour de la [[Mine Bénie]], est arrivé le moment où Durgaut a cons[[ulté Vighnu (son assassin) et Andréas (son consultant en sorcellerie et autres choses surnaturelles) pour voir ce qu'on pouvait faire concernant la rumeur tenace d'un rôdeur au chantier. Si cette petite intrigue devait initialement se régler "par mail", un heureux hasard a voulu que Vighnu réclame un pisteur pour l'assister dans une possible traque au moment où, entre deux expatriations professionnelles, Aloun était disponible pour jouer. On a donc saisi l'opportunité d'en faire un court Épisode par table virtuelle (et j'ai modifié l'identité du "rôdeur" pour leur mettre une réelle adversité), histoire de jouer une dernière fois avec lui avant qu'il ne change de continent. Pas de bol : il n'a pu jouer qu'une séance sur les deux, mais XO l'a remplacé au pied levé.''<br />
<br />
'''Protagonistes :'''<br />
* [[Andréas]] "Odran"<br />
* [[Vighnu Pratesh]]<br />
* [[Eldan]] le Moineau (joué d'abord par Aloun, puis XO)<br />
<br />
== Prologue ==<br />
<br />
[[Hadrien "Muraille"]], sa famille et les géants menés par [[Neri'Helin]] passaient la sixième semaine à faire surgir des gravats de la Mine Bénie une tour de quatre étages dotées d'une herse, d'un fanal, de montes-charges et même d'une chapelle au Premier Seigneur des Batailles, Herem (apparu sur le site dans toute sa divine grandeur pour sauver les Talendan des assiégeants [[Kormes]] deux semaines auparavant), lorsque la dresseuse et les mercenaires chargés de protéger le chantier (et son précieux contenu : le fameux "sarcophage de résurrection" récupéré lors de Terrain Minier) s'avisèrent qu'un "intrus" rôdait dans les parages. Il était à la fois trop discret pour que les guetteurs les plus habiles puissent le surprendre, assez "léger" (ou doué) pour ne point laisser d'empreintes derrière lui mais assez "corporel" pour faire bouger les branches de sapins sur son passage et assez "surnaturel" pour inquiéter les géants peureux.<br />
Averti par Lel'Liamil venu visiter le chantier, notre sémillant Capitaine convoqua son expert en surnaturel, le chroniqueur Andréas "Odran" : si ce n'était ni le spectre d'un des (nombreux) trépassés lors des événements ayant conduit à l’effondrement de la mine, ni un guetteur korme ni [[Etayn-la-Louve]] (trop habile avec les bêtes pour inquiéter des géants), ce pouvait encore bien être un membre de la [[Confrérie du Chacal]] ou, pire, un vilain sorcier, peut-être même [[Urgrand]]. Auquel cas, il fallait enquêter et prendre des précautions...<br />
<br />
== La planque ==<br />
'''Au début de la [[Huitaine 7|7° huitaine]] après la bataille''', peu après le départ de la nef pour [[Aroche]], Andréas et Vighnu Pratesh se rendirent donc sur place, le second dans le vague espoir de toucher la prime mise sur la tête du sorcier par les Kormes, et y retrouvèrent Eldan le Moineau, resté à la tour après sa garde d'une semaine pour continuer à surveiller avec la dresseuse intriguée et [[Totor]], le géant à son papa [[Adira]] (parti pour Aroche), demeurant sur place jusqu'à ce que soit guéri un gros bobo à sa papatte.<br><br />
Les 3 malheureux mineurs -rescapés de "Terrain Minier" et logés sur place dans la [[Mine Bénie]] en attendant du renfort pour se mettre à extraire le minerai d'argent- étaient presque aussi inquiets que le géant et accablèrent les arrivants de maintes légendes idiotes, mais comme il semblait bien que l'intrus vint presque chaque nuit, nos trois chasseurs mirent au point un signal avec les deux mercenaires ([[Gavin "la Fouille"]] et Sigwald "le Grêlé") et deux templiers qui garderaient l'endroit pendant la nuit, puis allèrent s'embusquer un peu avant le crépuscule dans les pentes rocailleuses que formaient les montagnes alentour.<br />
<br />
Ils restèrent ainsi, presque sans bouger ni parler, pendant de longues heures glacées, à surveiller le moindre mouvement parmi les rares sapins enténébrés, la moindre ombre sur la neige maculée de boue gelée... jusqu'à ce que Vighnu distingue une forme floue glissant parmi quelques broussailles étiques et expirant par moment un nuage de vapeur. Ses compagnons, une fois avertis à voix basse, se crevaient néanmoins les yeux sans rien voir. Aussi le "chroniqueur" entreprit-il de projeter son esprit dans la direction indiquée par le Fehnri pour y découvrir... une silhouette floue et sans visage. D'abord surpris, il réalisa vite que l'intrus employait sans doute une sorte de camouflage magique ou un sort de dissimulation, et notre mage en conclut qu'ils avaient affaire à un sorcier. Précautionneux, nos chasseurs décidèrent donc de ne pas prendre de risque et Eldan banda son arc pour l'abattre d'une flèche dans le dos, comme ça, sans même dire "bonsoir". <br><br />
Eldan avait-il méjugé de la distance à cause de l'obscurité, l'intrus portait-il une armure ? Toujours est-il que, après une exclamation de douleur, loin de s'étaler dans son sang, la silhouette s'élança à toutes jambes dans le versant irrégulier de la montagne, Vighnu et Eldan cavalant bientôt derrière elle pendant qu'Andréas appelait l'hallali, rameutant les guerriers à l'affût dans la tour.<br />
<br />
== Chasse aux sorciers ==<br />
<br />
Plus agile en montagne et ses sens plus aiguisés, Eldan distança bientôt le fehnri dans la poursuite de l'intrus invisible en se guidant sur les seuls le bruits de course, ses occasionnelles empreintes dans les dernières plaques de neige, les branches mouvantes de sapin ou son ombre intermittente sur les rochers.<br />
Quoiqu'il perdit fréquemment du terrain pour chercher sa proie, le jeune éclaireur avait suffisamment repéré les environs pour savoir que, s'il continuait de longer les pentes vers le sud, l'Invisible atteindrait bientôt un fort torrent, puis une élévation abrupte et, au-delà, une faille infranchissable... ''(Les 3 PJ avaient en effet commencé la séance par un gros jet de préparation commun, ils avaient donc du bonus en stock pour la séquence "embuscade" de leur plan, même s'il est parti en sucette au premier tir...)''<br />
Eldan dévala donc la pente vers l'unique gué sur le torrent, persuadé de pouvoir y intercepter le fugitif : manquant plusieurs fois de se blesser en bondissant comme un cabri parmi les buissons rabougris et les blocs rocailleux, il atteignit bientôt la large plate-forme rocheuse au bord de laquelle le courant, après avoir buté sur un rebord de pierres, se déversait en une courte chute d'eau vers un bassin en contrebas. L'arc bandé, attentif au moindre bruit discernable malgré le roulement des flots, scrutant la nuit à la pointe de sa flèche, il attendit. Un raclement de cailloux lui fit tourner la tête et, soudain, il discerna l'ombre indistincte que l'être translucide projetait sur les rochers dans la faible clarté des deux lunes, et décocha au jugé : le trait effleura la cible pour se perdre vers les rares sapins de l'autre rive, mais une soudaine gerbe d'eau trahit l'Indistinct : il venait de plonger dans le torrent.<br />
À quelques 100aines de mètres derrière lui et maintenant complètement semé, Vighnu vit alors arrivé Neri'Helin juchée sur un Totor galopant et lui fit signe de chercher à l'ouest, vers l'aval, pendant que lui-même presserait au sud en longeant les crêtes. Ils progressaient prudemment, attentifs au moindre souffle de vent dans les broussailles lorsque l'appel d'Eldan leur parvint : l'intrus fuyait par l'étang.<br />
<br />
Après avoir vu passé la dresseuse indigène sur son lourdaud de géant et s'être fait doublé par le Grêlé, galopant à sa suite la lance à la main, Andréas (décidément peu fait pour la course à pied), avait été rejoint par Gavin la Fouille et, le temps de reprendre son souffle, utilisa la sphère alourdissant son havresac pour projeter son esprit par-dessus les pentes rocheuses et les fourrés, repérant bientôt Totor, sa cavalière, Vighnu et Eldan : ''"Ils sont au bassin !"'' expliqua-t-il à l'écuyer qui, sans trop se demander comment le chroniqueur pouvait bien le savoir, s'élança à son tour. Andréas regardait son dernier compagnon s'éloigner au pas de charge... quand une francisque jaillie d'un bosquet frappa l'apprenti guerrier en pleine course, enfonçant son thorax et le basculant dans la rocaille.<br />
Atterré, Andréas vit alors un barbu aux longs cheveux noirs sortir des sapins et s'avancer d'un pas heurté, traînant la patte et un épais bandage couvrant sa main gauche : ''"Hé bien, nous voilà enfin seuls ! Donne-moi ce sac, magicien de cabaret, et je te laisserais probablement vivre."'' Reconnaissant alors le fameux Urgrand, Andréas tira sa dague… et se mit à crier à l'aide.<br />
<br />
À force de scruter la surface de l'eau à travers la légère brume, notre éclaireur finit par distinguer une sorte de perturbation dans les vaguelettes du lac et tira une nouvelle flèche, sans grand résultat. Mais comment trouver un type invisible dans un lac la nuit ? Eldan s'énervait lorsque Vighnu, la dresseuse et le géant déboulèrent des contreforts pour se joindre à la traque, commençant à contourner l'étang pour que leur proie ne s'échappe pas par l'autre côté, guettant un mouvement dans l'eau... sans grand résultat. <br><br />
<br />
''"Ça fait combien de temps qu'il est sous l'eau, là ? <br><br />
''_C'est à dire que s'il est invisible, il peut facilement sortir la tête pour respirer sans qu'on le voit. <br><br />
''_Oui mais ça caille, là : il va finir par geler, le gars. <br><br />
''_Mais ça peut prendre un moment. <br><br />
''_Et si on avançait dans l'eau ? C'est pas très profond, on pourrait sans doute le débusquer à nous trois, plus Totor..."''.<br><br />
Mais un cri venant des hauteurs interrompit leurs réflexions : <br><br />
''"C'était quoi, ça ? <br><br />
''_Chut, j'écoute !... Merde, je crois que c'est Andréas... <br><br />
''_Et qu'est-ce qu'il crie ? <br><br />
''_Je ne sais pas, mais je vais aller voir." <br><br />
<br />
Et soudain, derrière eux, l'eau remua : ''"Là, il est là"'' cria Eldan, ''"cette fois je vais me le faire !"'' Et, jetant son arc sur la rive, il tira son épée pour foncer dans l'eau [et une Réaction à 5, une !]. Vighnu hésita une seconde à lui porter assistance mais, lorsqu'un nouveau hurlement retentit au loin, fonça vers les crêtes.<br />
<br />
== Face au danger ==<br />
<br />
Andréas, la besace posée derrière-lui dans les buissons, fit bravement face au sorcier qui s'approchait en claudiquant d'un pas irrégulier mais tranquille, dégainant lentement une épée : <br><br />
<br />
''"Sois raisonnable : donne-moi ce sac ou je vais devoir te saigner comme un porc pour le prendre. <br><br />
''_Tu... tu as tué [[Horen Rohanan]] ! <br><br />
''_Qui ?" <br><br />
<br />
Plus que les insultes, les menaces ou sa suprême arrogance, c'est ce dédain pour l'ami dont il avait brisé les vertèbres qui fit gronder la rage dans les veines du chroniqueur : hurlant comme un possédé, Andréas chargea la dague à la main. La lame pénétra la veste de cuir et s'enfonça dans le flanc du Sylvain surpris : le jeune mage allait frapper une seconde fois quand il vit la blessure se cicatriser sous ses yeux et sentit une intense douleur envahir ses entrailles. Le Talendan connaissait déjà cette sensation et, bandant sa volonté contre celle du Sorcier, l'étonna à nouveau en repoussant le sort.<br />
<br />
Mais l'effort vidait son énergie et, bientôt, Andréas plia le genou devant l'ennemi, qui lui décocha un grand coup de pommeau dans le front et l'envoya bouler dans les fourrés. ''"Alors comme ça on résiste, hein ? Qu'est-ce tu crois pauv'merde, que tu peux m'arrêter avec tes tours de passe-passe et ton couteau minable ? Tsss..."''<br />
<br />
Son flegme maintenant disparu, le sorcier boitait en râlant pour ramasser le précieux sac quand une lourde lance lui transperça l'abdomen sans prévenir : le Sylvain n'avait pas vu arriver le Grêlé, alerté par les appels du chroniqueur.<br />
Mais au lieu de s'effondrer, le sorcier transpercé de part en part poussa un cri inhumain qui figea les deux Talendan : les aiguilles de pin tombèrent en pluie partout autour d'eux et, saisissant la hampe à pleines mains, Urgrand l'arracha d'une seule traction en répandant son sang aux alentours. Les buissons et les herbes folles, à peine reverdis par le printemps, se racornissaient tout autour du Sylvain, séchant et craquant au fur et à mesure que sa large plaie au ventre se refermait sous les yeux terrifiés du mercenaire. Sigwald le Grêlé, quoique tremblant, ne faiblit pas : tirant son épée, il franchit au pas de charge les quelques mètres qui le séparaient du sorcier sanglant et attaqua de toutes ses forces. Urgrand esquiva au dernier moment et rabattit le manche de la lance dans les côtes du mercenaire qui se fracturèrent sous l'impact, projetant les 80 kilos du guerrier à plusieurs mètres dans les sous-bois. Et quand Andréas en profita pour lui planter sa dague dans le dos, le sorcier commença vraiment à s'énerver...<br />
<br />
=== Interlude glacé ===<br />
<br />
Entré dans l'eau glaciale jusqu'à la ceinture et son ardeur illico refroidie (surtout quand il réalisa que ses compagnons le laissait seul avec un ennemi invisible), Eldan serrait la poignée de son épée fétiche en guettant la moindre ridule ou le moindre clapotis dans l'eau. Un remous lui permit de se retourner juste à temps pour voir soudain jaillir de l'étang une forme indistincte, comme une silhouette de verre partiellement ouverte sur une armure de cuir cloutée, un visage hirsute et un bras brandissant un poignard (parfaitement opaques, eux)... qui l'assaillit immédiatement. Le poignard aurait sans doute perforé le thorax de l'éclaireur s'il n'avait alors trébuché sur les galets tapissant le bassin et esquivé miraculeusement ''(1 pH)'' : aussitôt rétabli, Eldan attaqua de taille et d'estoc en profitant de l'allonge supérieure de sa propre lame, mais son adversaire se révéla tout aussi habile à l'esquive, parvenant au passage à dégainer un second poignard. Malgré l'étrangeté d'un combat contre un type dégoulinant dont la tête, dénudée de sa capuche dans le combat, les mains et parfois le ventre apparaissaient seuls tangibles aux limites d'un drapé invisible, l'éclaireur tenait courageusement tête au Sylvain et, feintant pour rentrer dans la garde de son adversaire, parvint à lui entailler profondément le flanc d'un revers d'épée avant de lui arracher la cape, brisant le fermoir qui en tenait le col. La lourde capeline apparaissant soudain de drap noir et détrempé au bras du Moineau, et lui-même étant maintenant complètement visible, le brigand plongea dans les profondeurs de l'étang et ne réapparu qu'après une longue brasse, s'échappant à la nage.<br />
<br />
=== Entre feu et loup ===<br />
<br />
Sous les yeux d'Andréas, les pupilles d'Urgrand avaient soudain jaunit et, sa mâchoire s'ouvrant jusqu'à se déboîter sur un hurlement bestial, ses articulations avaient claqué les unes après les autres, sa colonne vertébrale semblant s'affaisser vers l'avant alors que les doigts de sa main libre s'allongeaient en une patte griffue, l'autre perçant le pansement pour révéler une épaisse touffe de poils noirs. Et lorsque cette fourrure commença à recouvrir le cou et les pommettes du sorcier, son visage s'allongeant dans une suite de craquements hideux alors que ses canines poussaient, le chroniqueur compris qu'il allait y passer à moins d'une idée de génie... Il saisit sa dague pour tracer à toute vitesse des flammes dans la terre couverte de plantes mortes, jeta toutes ses forces dans son sort. Alors le monstre qu'était devenu Urgrand vit ses vêtements en loques crépiter et prendre feu, les cruelles flammèches l'entourèrent bientôt, montant autour de lui jusqu'à l'aveugler, gagnant sa fourrure et brûlant sa chaire, bientôt tremblante de la panique atavique du loup face au feu !<br />
''(Oh le beau sort d'illusion, oh la belle idée ! Andréas y a illico gagné 1pH.)''<br />
<br />
=== Les chasseurs pris en chasse ===<br />
<br />
Courant à la rescousse, Vighnu et [[Neri'Helin]] tombèrent bientôt sur Gavin la Fouille, baignant dans son sang mais toujours vivant après une longue dégringolade dans la pente hérissées de rochers, et malgré la profonde plaie ouverte dans son thorax par la francisque du sorcier. Mais Vighnu n'avait ni le matériel ni le temps pour soigner l'écuyer car, en haut de la pente, la rumeur du combat s'amplifiait. Ils chargèrent donc le blessé sur l'épaule velue de Totor (malgré les protestation du géant) et reprirent leur ascension précipitée pour découvrir bientôt un spectacle qui dépassait l'entendement :<br />
au milieu d'une large zone de végétation séchée et noircie comme par un soudain incendie, une forme à peine humaine semblait se disloquer en s'agitant follement, s'arrachant des poils et des lambeaux de vêtements avec des grognements furieux et des jappements plaintifs. À quelques pas de lui, Andréas tuméfié et en nage, se relevait péniblement, rampant et trébuchant pour s'éloigner du monstre devenu fou. ''"COURS !"'' lui cria Vighnu, à la fois blême et électrisé par l'adrénaline, ''"COURS BON SANG !"''. Le chroniqueur, d'abord trébuchant, saisit son sac par la sangle et s'éloigna bientôt d'un trot freiné par ses halètements, alors que la silhouette du sorcier reprenait peu à peu forme humaine dans ses vêtements déchiquetés, d'où perçait une main gauche déformée et velue.<br />
<br />
Urgrand jeta à peine un regard au géant terrifié qu'encadraient le Fehnri et la dresseuse, tous trois figés à 40 pas de lui, et clopina vers la forme affaissée du Grêlé en marmonnant : ''"Ah le sale petit fils de pute... le sale petit merdeux... je vais le peler comme une pomme, je vais le noyer dans son sang, je vais le..."''. Mais quand le mercenaire se releva soudain, l'épée à la main, le Sorcier le saisit à bras le corps avec un cri de joie, bientôt couvert par le hurlement de souffrance du guerrier, un hurlement qui se fit bientôt plus rauque, presque chevrotant, et mourut dans un râle indistinct.<br />
Quand il laissa le corps s'écrouler parmi les buissons pétrifiés, le Sorcier avait retrouvé sa stature et son énergie et, quoiqu'il traîna encore un peu la jambe et que son bras gauche sembla toujours coincé entre les formes humaine et lupine, c'est avec une joie féroce que le sorcier cria vers les sapins où disparaissait le chroniqueur : ''"COURS ! COURS, PETIT LAPIN ! PARCE QUE LE MÉCHANT LOUP VA TE TROUVER ET TE aouch !"''. La flèche de Neri'Helin lui ayant griffé la jambe, le Sorcier se retourna vivement, outré, et ramassa la lance du Grêlé pour la jeter à l'Emishen : il la rata de plusieurs mètres et ne toucha qu'un sapin, mais l'impact fut si violent que la hampe vola en éclats, le fer presque entièrement enfoncé à travers l'écorce. ''"Oh putain !"'' lâcha Vighnu, planqué derrière un (autre) tronc et atterré par la force du sorcier, alors que Totor s'enfuyait en hurlant, Gavin la Fouille toujours sanglé sur son épaule. <br><br />
''"Tire encore ! Il faut l'attirer à nous pour permettre à Andréas de rejoindre la tour ! <br><br />
''_J'avais qu'une seule flèche : le carquois est au dos d'Eldan ! <br><br />
''_Et meeerde... rattrape le géant, je vais tenter quelque chose !"<br><br />
<br />
Et alors qu'Urgrand repartait à grands pas saccadés aux trousses du jeune mage en chantonnant ''"Petiiit laaaapin ! Viens voir par là, petit laaaaapin ! On va s'amuser, toi et moi !"'', l'assassin pris le risque insensé de s'approcher de lui à moins de 30 pas pour lui lancer un de ses grands couteaux de jets hornois : la lourde lame en feuille de laurier se planta avec un bruit mat dans l'omoplate du sorcier, qui se retourna, l'arracha d'une main en beuglant ''"Non mais c'est fini, oui ?!"'' et la renvoya avec tant d'élan que, Vighnu s'étant jeté à terre pour esquiver, l'acier se tordit en cognant sur un rocher.<br />
Urgrand clopinait à nouveau en direction de la tour et le Fehnri, constatant que le poison dont il avait enduit son arme ne semblait pas tellement affecter le Sylvain, s'approcha du Grêlé pour voir s'il pouvait encore l'aider : il lui fallu quelques secondes pour comprendre que le petit vieillard squelettique nageant dans une armure trop grande, déjà froid, racorni et presque momifié, était le corps du mercenaire. ''"Putain, putain, putain !"''<br />
Pas pressé d'aller affronter le sorcier au corps à corps et confiant dans la protection que la tour offrirait à Andréas, Vighnu récupéra son couteau tordu et s'élança derrière Neri'Helin, à la poursuite du géant et du blessé.<br />
<br />
=== Une étrange cape ===<br />
<br />
Au bas de la pente, Eldan n'était pas assez idiot pour poursuivre un type à la nage avec son armure, son baudrier et son épée, surtout que le Sylvain semblait nager comme un poisson et que ses poignards l'avantageraient nettement si le Moineau venait à le rattraper dans l'eau. Il gagna donc la rive à grands pas et, grelottant dans la nuit glaciale, fonça vers son arc pour découvrir qu'il avait disparu : après une bordée de jurons, évaluant la distance que le Sylvain avait encore à nager, Eldan jeta la cape dans un buisson et s'élança au pas de course pour contourner le lac, espérant être assez rapide pour choper le fuyard au bord du bassin.<br />
Et, justement, le brigand détrempé atteignait la rive lorsqu'il entendit les pas rapides d'une course dans les galets : au delà de l’étroit cours d'eau par lequel l'étang se déversait dans les gorges encaissées pour rejoindre le torrent furieux qu'on entendait gronder en contrebas, le tenace éclaireur arrivait au pas de charge, dégainant son épée.<br />
Mais le Moineau aussi surveillait le brigand et, captant le geste vif et l'éclair métallique, se coucha en dérapant dans les galets pour éviter le poignard que l'autre lui avait jeté. Le temps de se relever et le Sylvain disparaissait à l'orée de la forêt toute proche ; le temps de franchir le courant qui lui arrivait à mi-cuisse et voulait l'entraîner dans le canyon, la silhouette du fuyard avait disparu.<br />
Renonçant bientôt à pister un forestier manifestement habile dans un bois inconnu en pleine nuit, Eldan revint sur ses pas et récupéra la cape au fermoir brisé. Il constata que son poids venait du maillage métallique qui en doublait l'intérieur, le bord inférieur étant prolongé par un liseré de fourrure épaisse et sombre, dont la saleté indiquait qu'elle devait servir à balayer les traces du porteur et, sa curiosité satisfaite pour l'instant, il se la jeta sur l'épaule et repartit vers la mine à petites foulées, sa course moins motivée par l'urgence que par le besoin de se réchauffer.<br />
Là-haut, près des crêtes, quelqu'un venait d'allumer le fanal de la tour.<br />
<br />
=== La herse ===<br />
<br />
Hors d'haleine et trébuchant, Andréas dévala le surplomb couvert de sapins qui bordait le glacis dégagé autour de la mine fortifiée et, voyant venir du secours, s'effondra dans les bras des deux templiers qui couraient à sa rencontre : <br><br />
<br />
''"Mais bon sang, qu'est-ce qui se passe, dehors ? <br><br />
''_HHHUrg... Hhhurgrand... hhh... le sorcier...<br><br />
''_Mettez-vous à l'abri, mon vieux : on va s'en occuper ! <br><br />
''_Non...hhh... non... attendez... il est trop... <br><br />
''_Rentrez et fermez la herse !"'' lui cria le plus jeune des deux templiers qui, armes à la main, partaient déjà en courant vers la silhouette sombre apparue entre les arbres. Trottinant de son mieux vers la protection de la tour, le chroniqueur ne put s'empêcher de se retourner lorsqu'un cri plaintif retentit, et vit le premier templier s'effondrer, sa propre épée plantée de biaisdans son lourd casque d'acier. Il n'attendit pas que le second tombe à son tour pour franchir enfin le grand portail de bois par le vantail entr'ouvert, claquer la porte derrière lui, barrer la porte et s'affaler au sol pour reprendre son souffle. ''"Mais qu'est-ce qui se passe, à la fin ?"'' lui demanda alors un mineur moustachu, armé d'une pioche et manifestement inquiet. <br><br />
''"Hhh... hhher... herse. <br><br />
''_La herse ? Quoi, la herse ?<br><br />
''_Fermez...la herse. <br><br />
''_Fermer la herse ?! Mais enfin il y a encore tous vos amis dehors et... <br><br />
''_FERME-LA PUTAIN DE HERSE, DUCON, LE SORCIER ARRIVE !" <br><br />
<br />
Et tandis que le mineur effrayé gagnait l'étage supérieur en criant à ses camarades ''"On est attaqués ! On est attaqués ! Allumez le fanal !"'', Andréas claudiqua hors du couloir d'entrée, escalada à quatre pattes l'escalier à vis qui sentait encore le ciment frais et atteignit la salle de garde obscure surplombant l'assommoir, où les meurtrières dominant le portail laissaient entrer la pâle lueur des deux lunes et de lointains hurlements de souffrance. Malgré sa terreur, le scribe redescendit en haletant pour trouver une torche allumée, remonter péniblement et en éclairer la salle de garde, découvrant les énormes rouages du treuil retenant la herse. Du dehors, lui parvint un appel sarcastique, tout proche : ''"Tu es là-dedans, petit lapin ? Et tu crois que c'est assez solide pour m'empêcher d'entrer ? Attends voir..."''<br />
<br />
Un choc monstrueux ébranla le portail, effrayant la seule mule qui occupât l'écurie du rez-de-chaussée. Après avoir essayé plusieurs leviers en vain, Andréas domina la panique qui le gagnait à chacun des coups de boutoir qui résonnaient dans la tour et parvint enfin à libérer l'engrenage qui se mit à tournoyer, entraîné par le poids de la lourde grille de chêne et d'acier qui tombait au ralenti vers le sol. Un craquement terrible précéda les bruits de rebonds métalliques et le chroniqueur compris que le portail cédait : encore deux coups et il entendit le raclement des portes disjointes s'ouvrant sur le sol de terre battue.<br />
Puis les pas, irréguliers mais toujours tranquilles, qui s'avançaient dans le couloir, juste sous les genoux tremblants d'Andréas, s'efforçant de ne faire aucun bruit en poussant le madrier verrouillant la herse : ''"Tu es là mon petit lapin ! Je te sens ! Dis-donc, il a bien bossé votre vioque, là. Sincèrement, je suis épaté. Mon gars et moi, on regardait le chantier se monter, l'autre jour, et je lui disais justement : c'est pourtant vrai qu'ils bossent vite, tu vas voir que ça va bien me prendre une heure pour raser tout ça. Mais justement, je suis pressé, alors donne-moi la sphère et je m'en irai. Je te le promets, petit lapin : passe-moi l'artefact que l'autre croulant m'a volé et je renonce à t'écorcher vif. Tiens, tu vois la petite trappe au milieu de la pièce ? Regarde donc, c'est pas loin de tes pieds. Tu ouvres la petite trappe, tu y laisses tomber la sphère et c'est fini, je te jure que je vous laisserait vivre tous les 4, les autres creuses-misère et toi. Qu'est-ce que tu en dis, mon p'tit lapin ? Tu veux me faire plaisir ? Tu veux vivre encore un peu ? Ou je vais devoir vous tuer un par un, comme j'ai déjà massacré tous les autres corniauds, là-dehors ?"''<br />
<br />
Recroquevillé autour de la précieuse sphère dans son havresac, serrant les dents de peur et de rage, Andréas ne lâchait pas un son. ''"Bon tu te dépêches ? File-moi la boule !"'' appelait la voix d'Urgrand, de plus en plus tendue et amplifiée par le couloir voûté, 5 mètres plus bas. ''"J'ai pas que ça à foutre, non plus ! Donne-moi la putain de boule ou je vais tout péter dans cette tour de merde ! Ça suffit maintenant !"'' Le chroniqueur ne put retenir un gémissement lorsque Urgrand entreprit de soulever la herse, dont le cadre heurta bientôt le madrier servant de loquet, et retomba avec un bruit sourd.<br />
''"Han...ah la vacherie, c'est lourd... Allez, là j'en ai marre ! (un grand coup dans la herse fit tinter les pierres de la tour : blang !) Ouvre-moi, avorton de pute ! (blang ! blang !) Ouvre-moi, sale merdeux ! (blang !) Ouvre-moi ou je te jure que je vais t'arracher les yeux (blang !) pour te les faire bouffer ! (blang !)"'' Un cri de rage, de nouveaux coups, un craquement de bois quand le sorcier passa ses nerfs sur les débris du portail... et puis plus rien.<br />
<br />
== Silence ==<br />
<br />
Eldan grimpait agilement, toujours au trot : il coupa par le lit d'un ruisseau, escalada l'autre versant et ralentit prudemment en arrivant au dernier bosquet avant le glacis. Il n'entendait plus de cri ni aucune sorte de bruit et ne voyait rien d'autre en bas de la tour que le portail béant, mais il commença par se rapprocher de la falaise par le nord-est, restant à la lisière des sapins afin de vérifier qu'aucune menace ne restait tapie dans l'ombre de la crête rocheuse. C'est ainsi qu'il trébucha soudain sur les jambes brisées d'un templier, assis, cloué par sa propre lance au fût d'un sapin, les mains broyées et sanglantes, respirant à peine. L'éclaireur croisa son regard suppliant et, après avoir vérifié qu'ils étaient bien seuls, pris appui sur le tronc pour extraire la lance, coucher doucement le templier sur le flanc et panser brièvement sa blessure à l'abdomen, la seule pour laquelle il put quelque chose : <br><br />
<br />
''"Ss...cier. <br><br />
''_Du calme, ça va aller. Où est-il ?<br> <br />
''_...t...our... <br><br />
''_Il faut que j'aille voir ce qui se passe, mais je vais revenir. <br><br />
''_Hhg...hh.. <br><br />
''_Tenez bon, je reviendrai vous chercher."<br><br />
<br />
Il s'éloigna alors d'un pas souple, longea la falaise par l'est, atteignit la tour, rasa le mur silencieusement et, très prudemment, jeta un œil par le portail défoncé : personne. Il s'avança jusqu'à la herse toujours baissée, nota les traces de coups marquées dans le bois et le métal, voulu la secouer pour vérifier sa solidité et ne parvint pas à la faire broncher d'un millimètre. Il ressortit, vérifia encore les alentours et revint pour appeler : <br><br />
''"Hoho !? C'est Eldan ! Tout le monde va bien ? Youhou ? Qu'est-ce qui a enfoncé le portail ? Totor ?"<br><br />
Après un instant, la trappe de l'assommoir s'ouvrit, Andréas vérifia qu'il avait bien affaire au Moineau et répondit :<br><br />
''"Urgrand nous est tombé dessus, et il a attaqué la tour. Je... je crois qu'il a tué... tous les autres. <br><br />
''_J'ai trouvé les templiers mais pas... attends : quelqu'un arrive."<br><br />
Collé au mur, l'épée au clair, l'éclaireur passa la tête à l'extérieur et vit Totor descendre la colline boisée en portant un corps inanimé, Neri'Helin le menant doucement par la main et Vighnu penché sur quelque chose d'indiscernable dans la pente (le corps de l'autre templier).<br />
<br />
Quand ils furent certains qu'Urgrand était parti et tous rassemblés dans la tour, Eldan, Neri'Helin et Totor retournèrent chercher le templier agonisant pendant qu'on installait Gavin sur une table au premier étage : le Fehnri avait fait de son mieux pour maintenir l'écuyer en vie jusque là, mais ils allaient maintenant devoir opérer pour tenter de le sauver. Andréas et lui se répartirent les tâches, Eldan étant aussitôt promu infirmier. Un travail dont il s'acquitta avec excellence, faisant bouillir de l'eau et des linges, passant les bons instruments et les bons onguents aux bons moments. Les deux "toubibs" s'affairaient ensemble, l'assassin-apothicaire formé à la chirurgie et le mage-herboriste-médecin se complétant fort bien, et après une longue et sanglante opération, ils bandèrent la plaie et se penchèrent sur le cas du templier. Les jambes étaient fracturées en trop d'endroits pour les sauver, et les deux médecins s'accordèrent pour amputer, mais purent sauver la vie du cul de jatte.<br />
Après des heures d'opérations, rompus de fatigue, ils s'assirent finalement avec Eldan dans la lumière jaune que l'aube poussait par les meurtrières : les deux patients vivraient.<br><br />
<br />
''"La vache... Quelle nuit !<br><br />
''_J'ai bien cru y rester.<br><br />
''_J'suis désolé d'avoir laissé l'autre Sylvain s'enfuir...<br><br />
''_Écoute, on est vivants : si comme nous t'avais vu ce qui reste du Grêlé, ça te suffirait.<br><br />
''_Ah... il est vraiment mort ?<br><br />
''_Très.<br><br />
''_Désolé, Messire le Moineau.<br><br />
''_Ben... il était pas sympa, mais on est plus bien nombreux de notre patrouille... J'ai ramené la cape au fait, mais elle marche plus. Y a une espèce de treillis de métal, dedans, mais j'ai cassé le fermoir et...<br><br />
''_Donne-moi ça, j'y jetterais un œil plus tard. Dîtes-donc, Eldan, allez donc éteindre le phare s'il-vous-plait, là-haut : je ne crois pas que ça serve de le laisser brûler toute la journée."<br><br />
Et quand l'éclaireur fut parti, Vighnu demanda : ''"J'ai rien compris : qu'est-ce qu'il te voulait l'autre malade ?''<br><br />
''_Je crois qu'il voulait la sphère de Langard. Je suppose que son tueur et lui trainaient exprès ici, sachant que si une espèce de fantôme inquiétait la mine, on m'enverrait forcément enquêter et que j'aurais la sphère avec moi. Il nous a donc attendus...<br><br />
''_Et piégés, séparés... et massacrés. Je ne sais pas encore quand ni comment, mais il faudra trouver un moyen de l'éliminer, ce fumier-là. Qu'est-ce qu'il peut en faire, de cette boule ?<br><br />
''_Des tas de choses ! Elle démultiplie la portée des sorts, déjà, et à mon avis c'est ce qui l'intéressait : avec elle, il pensait pouvoir accéder magiquement au sarcophage et peut-être soigner les blessures qu'il conserve de l'effondrement de la falaise.<br><br />
''_Mais... il est plus là, le sarcophage, non ?<br><br />
''_Non, il est parti hier avec les Muraille. Mais je ne crois pas qu'il l'ait compris avant de m'avoir poursuivi ici. Peut-être qu'il a gouté l'eau qui s'écoule vers la chapelle, peut-être qu'une fois calmé il a pensé être maintenant assez près, tenté de repérer l'artefact juste "senti" qu'il n'était plus là... Alors il est parti.<br><br />
''_Merde ! Mais alors les Muraille et leur chariot...<br><br />
''_Ils devaient déjà être à Tal Endhil quand Urgrand nous est tombés dessus. C'est à une journée de marche, ils ont un jour d'avance : c'est pas en courant derrière eux qu'on pourra quoi que ce soit. Allumer le feu d'alerte a du suffire : notre fier Capitaine doit être aux aguets, il les protégera.<br><br />
''_Et tu dis qu'il était blessé, là ?<br><br />
''_Oh oui : il boitait, il avait le visage un peu "tordu" et puis il y avait sa main, toute disloquée et couverte de poils...<br><br />
''_Oui, oui, j'ai vu : brrrr. Mais putain, qu'est-ce que ce sera s'il nous tombe dessus en pleine forme !<br><br />
''_C'est bien le problème : on le reverra.<br><br />
''_Il t'a dit ça ?<br><br />
''_Non mais s'il avait pu se soigner seul, par la Porte-sous-la-Montagne ou ailleurs, il l'aurait déjà fait : si la seule solution qui lui reste c'est le sarcophage, il n'abandonnera pas de sitôt."<br><br />
<br />
== Epilogue ==<br />
<br />
Le lendemain soir, Eldan, Andréas, Vignu et Neri'Helin atteignirent le village avec le corps des templiers et du Grêlé attachés sur une mule, Totor portant toujours Gavin. Ils firent leur rapport au Capitaine, présentèrent la cape (''"À première vue, on dirait qu'elle utilise une maille de fils d'argent pour transmettre l'énergie du porteur vers l'extérieur, et activer le sortilège d'occultation inscrit dans le fermoir. _Et on peut la réparer ? _Je n'en sais rien, je suppose qu'il faudrait plus qu'un orfèvre..."''), furent tous rassurés sur le sort du sarcophage (''"C'est réglé, je ne veux plus un mot à ce sujet."'') et envoyés se reposer avec ses remerciements.<br />
Après leur départ, Durgaut s'installa au parapet du donjon et soupira : la Fouille alité pour des semaines, le Grêlé mort d'horrible manière, deux templiers perdus... en comptant ceux que le commandeur [[Bagoran de Marale]] avait laisser pour protéger l'abbé [[Dolomire]], la démission de [[Nevel Sholdanan]] et les six mercenaires expédiés à Aroche, il lui restait 12 hommes pour défendre le village d'un sorcier psychotique et d'un truand revanchard, mener ses projets et tenir la passe de [[Nilfenan]] selon le traité conclu avec les Emishen : en attendant que [[Bahardabras]] reviennent avec des mercenaires hornois, les prochaines semaines allaient lui sembler longues...<br />
<br />
<br />
'''[[9) "Reishin Ghoran"|<< Épisode Précédent]] | [[11) "Toutes voiles dehors !"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Liste des Épisodes|<= retour à la LISTE des ÉPISODES]]'''<br />
<br />
[[Catégorie:Épisodes]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/10)_%22Nuit_Blanche%2210) "Nuit Blanche"2014-09-08T16:22:40Z<p>Aloun : /* La planque */</p>
<hr />
<div><br />
== Ordre de mission ==<br />
<br />
''Après avoir embêté plusieurs PJ ([[Hadrien "Muraille"]], le [[Capitaine Liméric Durgaut]] et [[Lel'Liamil]]) avec des événements étranges autour de la [[Mine Bénie]], est arrivé le moment où Durgaut a cons[[ulté Vighnu (son assassin) et Andréas (son consultant en sorcellerie et autres choses surnaturelles) pour voir ce qu'on pouvait faire concernant la rumeur tenace d'un rôdeur au chantier. Si cette petite intrigue devait initialement se régler "par mail", un heureux hasard a voulu que Vighnu réclame un pisteur pour l'assister dans une possible traque au moment où, entre deux expatriations professionnelles, Aloun était disponible pour jouer. On a donc saisi l'opportunité d'en faire un court Épisode par table virtuelle (et j'ai modifié l'identité du "rôdeur" pour leur mettre une réelle adversité), histoire de jouer une dernière fois avec lui avant qu'il ne change de continent. Pas de bol : il n'a pu jouer qu'une séance sur les deux, mais XO l'a remplacé au pied levé.''<br />
<br />
'''Protagonistes :'''<br />
* [[Andréas]] "Odran"<br />
* [[Vighnu Pratesh]]<br />
* [[Eldan]] le Moineau (joué d'abord par Aloun, puis XO)<br />
<br />
== Prologue ==<br />
<br />
[[Hadrien "Muraille"]], sa famille et les géants menés par [[Neri'Helin]] passaient la sixième semaine à faire surgir des gravats de la Mine Bénie une tour de quatre étages dotées d'une herse, d'un fanal, de montes-charges et même d'une chapelle au Premier Seigneur des Batailles, Herem (apparu sur le site dans toute sa divine grandeur pour sauver les Talendan des assiégeants [[Kormes]] deux semaines auparavant), lorsque la dresseuse et les mercenaires chargés de protéger le chantier (et son précieux contenu : le fameux "sarcophage de résurrection" récupéré lors de Terrain Minier) s'avisèrent qu'un "intrus" rôdait dans les parages. Il était à la fois trop discret pour que les guetteurs les plus habiles puissent le surprendre, assez "léger" (ou doué) pour ne point laisser d'empreintes derrière lui mais assez "corporel" pour faire bouger les branches de sapins sur son passage et assez "surnaturel" pour inquiéter les géants peureux.<br />
Averti par Lel'Liamil venu visiter le chantier, notre sémillant Capitaine convoqua son expert en surnaturel, le chroniqueur Andréas "Odran" : si ce n'était ni le spectre d'un des (nombreux) trépassés lors des événements ayant conduit à l’effondrement de la mine, ni un guetteur korme ni [[Etayn-la-Louve]] (trop habile avec les bêtes pour inquiéter des géants), ce pouvait encore bien être un membre de la [[Confrérie du Chacal]] ou, pire, un vilain sorcier, peut-être même [[Urgrand]]. Auquel cas, il fallait enquêter et prendre des précautions...<br />
<br />
== La planque ==<br />
'''Au début de la [[Huitaine 7|7° huitaine]] après la bataille''', peu après le départ de la nef pour [[Aroche]], Andréas et Vighnu Pratesh se rendirent donc sur place, le second dans le vague espoir de toucher la prime mise sur la tête du sorcier par les Kormes, et y retrouvèrent Eldan le Moineau, resté à la tour après sa garde d'une semaine pour continuer à surveiller avec la dresseuse intriguée et [[Totor]], le géant à son papa [[Adira]] (parti pour Aroche), demeurant sur place jusqu'à ce que soit guéri un gros bobo à sa papatte.<br><br />
Les 3 malheureux mineurs -rescapés de "Terrain Minier" et logés sur place dans la [[Mine Bénie]] en attendant du renfort pour se mettre à extraire le minerai d'argent- étaient presque aussi inquiets que le géant et accablèrent les arrivants de maintes légendes idiotes, mais comme il semblait bien que l'intrus vint presque chaque nuit, nos trois chasseurs mirent au point un signal avec les deux mercenaires ([[Gavin "la Fouille"]] et Sigwald "le Grêlé") et deux templiers qui garderaient l'endroit pendant la nuit, puis allèrent s'embusquer un peu avant le crépuscule dans les pentes rocailleuses que formaient les montagnes alentour.<br />
<br />
Ils restèrent ainsi, presque sans bouger ni parler, pendant de longues heures glacées, à surveiller le moindre mouvement parmi les rares sapins enténébrés, la moindre ombre sur la neige maculée de boue gelée... jusqu'à ce que Vighnu distingue une forme floue glissant parmi quelques broussailles étiques et expirant par moment un nuage de vapeur. Ses compagnons, une fois avertis à voix basse, se crevaient néanmoins les yeux sans rien voir. Aussi le "chroniqueur" entreprit-il de projeter son esprit dans la direction indiquée par le Fehnri pour y découvrir... une silhouette floue et sans visage. D'abord surpris, il réalisa vite que l'intrus employait sans doute une sorte de camouflage magique ou un sort de dissimulation, et notre mage en conclut qu'ils avaient affaire à un sorcier. Précautionneux, nos chasseurs décidèrent donc de ne pas prendre de risque et Eldan banda son arc pour l'abattre d'une flèche dans le dos, comme ça, sans même dire "bonsoir". <br><br />
Eldan avait-il méjugé de la distance à cause de l'obscurité, l'intrus portait-il une armure ? Toujours est-il que, après une exclamation de douleur, loin de s'étaler dans son sang, la silhouette s'élança à toutes jambes dans le versant irrégulier de la montagne, Vighnu et Eldan cavalant bientôt derrière elle pendant qu'Andréas appelait l'hallali, rameutant les guerriers à l'affût dans la tour.<br />
<br />
== Chasse aux sorciers ==<br />
<br />
Plus agile en montagne et ses sens plus aiguisés, Eldan distança bientôt le fehnri dans la poursuite de l'intrus invisible en se guidant sur les seuls le bruits de course, ses occasionnelles empreintes dans les dernières plaques de neige, les branches mouvantes de sapin ou son ombre intermittente sur les rochers.<br />
Quoiqu'il perdit fréquemment du terrain pour chercher sa proie, le jeune éclaireur avait suffisamment repéré les environs pour savoir que, s'il continuait de longer les pentes vers le sud, l'Invisible atteindrait bientôt un fort torrent, puis une élévation abrupte et, au-delà, une faille infranchissable... ''(Les 3 PJ avaient en effet commencé la séance par un gros jet de préparation commun, ils avaient donc du bonus en stock pour la séquence "embuscade" de leur plan, même s'il est parti en sucette au premier tir...)''<br />
Eldan dévala donc la pente vers l'unique gué sur le torrent, persuadé de pouvoir y intercepter le fugitif : manquant plusieurs fois de se blesser en bondissant comme un cabri parmi les buissons rabougris et les blocs rocailleux, il atteignit bientôt la large plate-forme rocheuse au bord de laquelle le courant, après avoir buté sur un rebord de pierres, se déversait en une courte chute d'eau vers un bassin en contrebas. L'arc bandé, attentif au moindre bruit discernable malgré le roulement des flots, scrutant la nuit à la pointe de sa flèche, il attendit. Un raclement de cailloux lui fit tourner la tête et, soudain, il discerna l'ombre indistincte que l'être translucide projetait sur les rochers dans la faible clarté des deux lunes, et décocha au jugé : le trait effleura la cible pour se perdre vers les rares sapins de l'autre rive, mais une soudaine gerbe d'eau trahit l'Indistinct : il venait de plonger dans le torrent.<br />
À quelques 100aines de mètres derrière lui et maintenant complètement semé, Vighnu vit alors arrivé Neri'Helin juchée sur un Totor galopant et lui fit signe de chercher à l'ouest, vers l'aval, pendant que lui-même presserait au sud en longeant les crêtes. Ils progressaient prudemment, attentifs au moindre souffle de vent dans les broussailles lorsque l'appel d'Eldan leur parvint : l'intrus fuyait par l'étang.<br />
<br />
Après avoir vu passé la dresseuse indigène sur son lourdaud de géant et s'être fait doublé par le Grêlé, galopant à sa suite la lance à la main, Andréas (décidément peu fait pour la course à pied), avait été rejoint par Gavin la Fouille et, le temps de reprendre son souffle, utilisa la sphère alourdissant son havresac pour projeter son esprit par-dessus les pentes rocheuses et les fourrés, repérant bientôt Totor, sa cavalière, Vighnu et Eldan : ''"Ils sont au bassin !"'' expliqua-t-il à l'écuyer qui, sans trop se demander comment le chroniqueur pouvait bien le savoir, s'élança à son tour. Andréas regardait son dernier compagnon s'éloigner au pas de charge... quand une francisque jaillie d'un bosquet frappa l'apprenti guerrier en pleine course, enfonçant son thorax et le basculant dans la rocaille.<br />
Atterré, Andréas vit alors un barbu aux longs cheveux noirs sortir des sapins et s'avancer d'un pas heurté, traînant la patte et un épais bandage couvrant sa main gauche : ''"Hé bien, nous voilà enfin seuls ! Donne-moi ce sac, magicien de cabaret, et je te laisserais probablement vivre."'' Reconnaissant alors le fameux Urgrand, Andréas tira sa dague… et se mit à crier à l'aide.<br />
<br />
À force de scruter la surface de l'eau à travers la légère brume, notre éclaireur finit par distinguer une sorte de perturbation dans les vaguelettes du lac et tira une nouvelle flèche, sans grand résultat. Mais comment trouver un type invisible dans un lac la nuit ? Eldan s'énervait lorsque Vighnu, la dresseuse et le géant déboulèrent des contreforts pour se joindre à la traque, commençant à contourner l'étang pour que leur proie ne s'échappe pas par l'autre côté, guettant un mouvement dans l'eau... sans grand résultat. <br><br />
<br />
''"Ça fait combien de temps qu'il est sous l'eau, là ? <br><br />
''_C'est à dire que s'il est invisible, il peut facilement sortir la tête pour respirer sans qu'on le voit. <br><br />
''_Oui mais ça caille, là : il va finir par geler, le gars. <br><br />
''_Mais ça peut prendre un moment. <br><br />
''_Et si on avançait dans l'eau ? C'est pas très profond, on pourrait sans doute le débusquer à nous trois, plus Totor..."''.<br><br />
Mais un cri venant des hauteurs interrompit leurs réflexions : <br><br />
''"C'était quoi, ça ? <br><br />
''_Chut, j'écoute !... Merde, je crois que c'est Andréas... <br><br />
''_Et qu'est-ce qu'il crie ? <br><br />
''_Je ne sais pas, mais je vais aller voir." <br><br />
<br />
Et soudain, derrière eux, l'eau remua : ''"Là, il est là"'' cria Eldan, ''"cette fois je vais me le faire !"'' Et, jetant son arc sur la rive, il tira son épée pour foncer dans l'eau [et une Réaction à 5, une !]. Vighnu hésita une seconde à lui porter assistance mais, lorsqu'un nouveau hurlement retentit au loin, fonça vers les crêtes.<br />
<br />
== Face au danger ==<br />
<br />
Andréas, la besace posée derrière-lui dans les buissons, fit bravement face au sorcier qui s'approchait en claudiquant d'un pas irrégulier mais tranquille, dégainant lentement une épée : <br><br />
<br />
''"Sois raisonnable : donne-moi ce sac ou je vais devoir te saigner comme un porc pour le prendre. <br><br />
''_Tu... tu as tué [[Rohanan]] ! <br><br />
''_Qui ?" <br><br />
<br />
Plus que les insultes, les menaces ou sa suprême arrogance, c'est ce dédain pour l'ami dont il avait brisé les vertèbres qui fit gronder la rage dans les veines du chroniqueur : hurlant comme un possédé, Andréas chargea la dague à la main. La lame pénétra la veste de cuir et s'enfonça dans le flanc du Sylvain surpris : le jeune mage allait frapper une seconde fois quand il vit la blessure se cicatriser sous ses yeux et sentit une intense douleur envahir ses entrailles. Le Talendan connaissait déjà cette sensation et, bandant sa volonté contre celle du Sorcier, l'étonna à nouveau en repoussant le sort.<br />
<br />
Mais l'effort vidait son énergie et, bientôt, Andréas plia le genou devant l'ennemi, qui lui décocha un grand coup de pommeau dans le front et l'envoya bouler dans les fourrés. ''"Alors comme ça on résiste, hein ? Qu'est-ce tu crois pauv'merde, que tu peux m'arrêter avec tes tours de passe-passe et ton couteau minable ? Tsss..."''<br />
<br />
Son flegme maintenant disparu, le sorcier boitait en râlant pour ramasser le précieux sac quand une lourde lance lui transperça l'abdomen sans prévenir : le Sylvain n'avait pas vu arriver le Grêlé, alerté par les appels du chroniqueur.<br />
Mais au lieu de s'effondrer, le sorcier transpercé de part en part poussa un cri inhumain qui figea les deux Talendan : les aiguilles de pin tombèrent en pluie partout autour d'eux et, saisissant la hampe à pleines mains, Urgrand l'arracha d'une seule traction en répandant son sang aux alentours. Les buissons et les herbes folles, à peine reverdis par le printemps, se racornissaient tout autour du Sylvain, séchant et craquant au fur et à mesure que sa large plaie au ventre se refermait sous les yeux terrifiés du mercenaire. Sigwald le Grêlé, quoique tremblant, ne faiblit pas : tirant son épée, il franchit au pas de charge les quelques mètres qui le séparaient du sorcier sanglant et attaqua de toutes ses forces. Urgrand esquiva au dernier moment et rabattit le manche de la lance dans les côtes du mercenaire qui se fracturèrent sous l'impact, projetant les 80 kilos du guerrier à plusieurs mètres dans les sous-bois. Et quand Andréas en profita pour lui planter sa dague dans le dos, le sorcier commença vraiment à s'énerver...<br />
<br />
=== Interlude glacé ===<br />
<br />
Entré dans l'eau glaciale jusqu'à la ceinture et son ardeur illico refroidie (surtout quand il réalisa que ses compagnons le laissait seul avec un ennemi invisible), Eldan serrait la poignée de son épée fétiche en guettant la moindre ridule ou le moindre clapotis dans l'eau. Un remous lui permit de se retourner juste à temps pour voir soudain jaillir de l'étang une forme indistincte, comme une silhouette de verre partiellement ouverte sur une armure de cuir cloutée, un visage hirsute et un bras brandissant un poignard (parfaitement opaques, eux)... qui l'assaillit immédiatement. Le poignard aurait sans doute perforé le thorax de l'éclaireur s'il n'avait alors trébuché sur les galets tapissant le bassin et esquivé miraculeusement ''(1 pH)'' : aussitôt rétabli, Eldan attaqua de taille et d'estoc en profitant de l'allonge supérieure de sa propre lame, mais son adversaire se révéla tout aussi habile à l'esquive, parvenant au passage à dégainer un second poignard. Malgré l'étrangeté d'un combat contre un type dégoulinant dont la tête, dénudée de sa capuche dans le combat, les mains et parfois le ventre apparaissaient seuls tangibles aux limites d'un drapé invisible, l'éclaireur tenait courageusement tête au Sylvain et, feintant pour rentrer dans la garde de son adversaire, parvint à lui entailler profondément le flanc d'un revers d'épée avant de lui arracher la cape, brisant le fermoir qui en tenait le col. La lourde capeline apparaissant soudain de drap noir et détrempé au bras du Moineau, et lui-même étant maintenant complètement visible, le brigand plongea dans les profondeurs de l'étang et ne réapparu qu'après une longue brasse, s'échappant à la nage.<br />
<br />
=== Entre feu et loup ===<br />
<br />
Sous les yeux d'Andréas, les pupilles d'Urgrand avaient soudain jaunit et, sa mâchoire s'ouvrant jusqu'à se déboîter sur un hurlement bestial, ses articulations avaient claqué les unes après les autres, sa colonne vertébrale semblant s'affaisser vers l'avant alors que les doigts de sa main libre s'allongeaient en une patte griffue, l'autre perçant le pansement pour révéler une épaisse touffe de poils noirs. Et lorsque cette fourrure commença à recouvrir le cou et les pommettes du sorcier, son visage s'allongeant dans une suite de craquements hideux alors que ses canines poussaient, le chroniqueur compris qu'il allait y passer à moins d'une idée de génie... Il saisit sa dague pour tracer à toute vitesse des flammes dans la terre couverte de plantes mortes, jeta toutes ses forces dans son sort. Alors le monstre qu'était devenu Urgrand vit ses vêtements en loques crépiter et prendre feu, les cruelles flammèches l'entourèrent bientôt, montant autour de lui jusqu'à l'aveugler, gagnant sa fourrure et brûlant sa chaire, bientôt tremblante de la panique atavique du loup face au feu !<br />
''(Oh le beau sort d'illusion, oh la belle idée ! Andréas y a illico gagné 1pH.)''<br />
<br />
=== Les chasseurs pris en chasse ===<br />
<br />
Courant à la rescousse, Vighnu et [[Neri'Helin]] tombèrent bientôt sur Gavin la Fouille, baignant dans son sang mais toujours vivant après une longue dégringolade dans la pente hérissées de rochers, et malgré la profonde plaie ouverte dans son thorax par la francisque du sorcier. Mais Vighnu n'avait ni le matériel ni le temps pour soigner l'écuyer car, en haut de la pente, la rumeur du combat s'amplifiait. Ils chargèrent donc le blessé sur l'épaule velue de Totor (malgré les protestation du géant) et reprirent leur ascension précipitée pour découvrir bientôt un spectacle qui dépassait l'entendement :<br />
au milieu d'une large zone de végétation séchée et noircie comme par un soudain incendie, une forme à peine humaine semblait se disloquer en s'agitant follement, s'arrachant des poils et des lambeaux de vêtements avec des grognements furieux et des jappements plaintifs. À quelques pas de lui, Andréas tuméfié et en nage, se relevait péniblement, rampant et trébuchant pour s'éloigner du monstre devenu fou. ''"COURS !"'' lui cria Vighnu, à la fois blême et électrisé par l'adrénaline, ''"COURS BON SANG !"''. Le chroniqueur, d'abord trébuchant, saisit son sac par la sangle et s'éloigna bientôt d'un trot freiné par ses halètements, alors que la silhouette du sorcier reprenait peu à peu forme humaine dans ses vêtements déchiquetés, d'où perçait une main gauche déformée et velue.<br />
<br />
Urgrand jeta à peine un regard au géant terrifié qu'encadraient le Fehnri et la dresseuse, tous trois figés à 40 pas de lui, et clopina vers la forme affaissée du Grêlé en marmonnant : ''"Ah le sale petit fils de pute... le sale petit merdeux... je vais le peler comme une pomme, je vais le noyer dans son sang, je vais le..."''. Mais quand le mercenaire se releva soudain, l'épée à la main, le Sorcier le saisit à bras le corps avec un cri de joie, bientôt couvert par le hurlement de souffrance du guerrier, un hurlement qui se fit bientôt plus rauque, presque chevrotant, et mourut dans un râle indistinct.<br />
Quand il laissa le corps s'écrouler parmi les buissons pétrifiés, le Sorcier avait retrouvé sa stature et son énergie et, quoiqu'il traîna encore un peu la jambe et que son bras gauche sembla toujours coincé entre les formes humaine et lupine, c'est avec une joie féroce que le sorcier cria vers les sapins où disparaissait le chroniqueur : ''"COURS ! COURS, PETIT LAPIN ! PARCE QUE LE MÉCHANT LOUP VA TE TROUVER ET TE aouch !"''. La flèche de Neri'Helin lui ayant griffé la jambe, le Sorcier se retourna vivement, outré, et ramassa la lance du Grêlé pour la jeter à l'Emishen : il la rata de plusieurs mètres et ne toucha qu'un sapin, mais l'impact fut si violent que la hampe vola en éclats, le fer presque entièrement enfoncé à travers l'écorce. ''"Oh putain !"'' lâcha Vighnu, planqué derrière un (autre) tronc et atterré par la force du sorcier, alors que Totor s'enfuyait en hurlant, Gavin la Fouille toujours sanglé sur son épaule. <br><br />
''"Tire encore ! Il faut l'attirer à nous pour permettre à Andréas de rejoindre la tour ! <br><br />
''_J'avais qu'une seule flèche : le carquois est au dos d'Eldan ! <br><br />
''_Et meeerde... rattrape le géant, je vais tenter quelque chose !"<br><br />
<br />
Et alors qu'Urgrand repartait à grands pas saccadés aux trousses du jeune mage en chantonnant ''"Petiiit laaaapin ! Viens voir par là, petit laaaaapin ! On va s'amuser, toi et moi !"'', l'assassin pris le risque insensé de s'approcher de lui à moins de 30 pas pour lui lancer un de ses grands couteaux de jets hornois : la lourde lame en feuille de laurier se planta avec un bruit mat dans l'omoplate du sorcier, qui se retourna, l'arracha d'une main en beuglant ''"Non mais c'est fini, oui ?!"'' et la renvoya avec tant d'élan que, Vighnu s'étant jeté à terre pour esquiver, l'acier se tordit en cognant sur un rocher.<br />
Urgrand clopinait à nouveau en direction de la tour et le Fehnri, constatant que le poison dont il avait enduit son arme ne semblait pas tellement affecter le Sylvain, s'approcha du Grêlé pour voir s'il pouvait encore l'aider : il lui fallu quelques secondes pour comprendre que le petit vieillard squelettique nageant dans une armure trop grande, déjà froid, racorni et presque momifié, était le corps du mercenaire. ''"Putain, putain, putain !"''<br />
Pas pressé d'aller affronter le sorcier au corps à corps et confiant dans la protection que la tour offrirait à Andréas, Vighnu récupéra son couteau tordu et s'élança derrière Neri'Helin, à la poursuite du géant et du blessé.<br />
<br />
=== Une étrange cape ===<br />
<br />
Au bas de la pente, Eldan n'était pas assez idiot pour poursuivre un type à la nage avec son armure, son baudrier et son épée, surtout que le Sylvain semblait nager comme un poisson et que ses poignards l'avantageraient nettement si le Moineau venait à le rattraper dans l'eau. Il gagna donc la rive à grands pas et, grelottant dans la nuit glaciale, fonça vers son arc pour découvrir qu'il avait disparu : après une bordée de jurons, évaluant la distance que le Sylvain avait encore à nager, Eldan jeta la cape dans un buisson et s'élança au pas de course pour contourner le lac, espérant être assez rapide pour choper le fuyard au bord du bassin.<br />
Et, justement, le brigand détrempé atteignait la rive lorsqu'il entendit les pas rapides d'une course dans les galets : au delà de l’étroit cours d'eau par lequel l'étang se déversait dans les gorges encaissées pour rejoindre le torrent furieux qu'on entendait gronder en contrebas, le tenace éclaireur arrivait au pas de charge, dégainant son épée.<br />
Mais le Moineau aussi surveillait le brigand et, captant le geste vif et l'éclair métallique, se coucha en dérapant dans les galets pour éviter le poignard que l'autre lui avait jeté. Le temps de se relever et le Sylvain disparaissait à l'orée de la forêt toute proche ; le temps de franchir le courant qui lui arrivait à mi-cuisse et voulait l'entraîner dans le canyon, la silhouette du fuyard avait disparu.<br />
Renonçant bientôt à pister un forestier manifestement habile dans un bois inconnu en pleine nuit, Eldan revint sur ses pas et récupéra la cape au fermoir brisé. Il constata que son poids venait du maillage métallique qui en doublait l'intérieur, le bord inférieur étant prolongé par un liseré de fourrure épaisse et sombre, dont la saleté indiquait qu'elle devait servir à balayer les traces du porteur et, sa curiosité satisfaite pour l'instant, il se la jeta sur l'épaule et repartit vers la mine à petites foulées, sa course moins motivée par l'urgence que par le besoin de se réchauffer.<br />
Là-haut, près des crêtes, quelqu'un venait d'allumer le fanal de la tour.<br />
<br />
=== La herse ===<br />
<br />
Hors d'haleine et trébuchant, Andréas dévala le surplomb couvert de sapins qui bordait le glacis dégagé autour de la mine fortifiée et, voyant venir du secours, s'effondra dans les bras des deux templiers qui couraient à sa rencontre : <br><br />
<br />
''"Mais bon sang, qu'est-ce qui se passe, dehors ? <br><br />
''_HHHUrg... Hhhurgrand... hhh... le sorcier...<br><br />
''_Mettez-vous à l'abri, mon vieux : on va s'en occuper ! <br><br />
''_Non...hhh... non... attendez... il est trop... <br><br />
''_Rentrez et fermez la herse !"'' lui cria le plus jeune des deux templiers qui, armes à la main, partaient déjà en courant vers la silhouette sombre apparue entre les arbres. Trottinant de son mieux vers la protection de la tour, le chroniqueur ne put s'empêcher de se retourner lorsqu'un cri plaintif retentit, et vit le premier templier s'effondrer, sa propre épée plantée de biaisdans son lourd casque d'acier. Il n'attendit pas que le second tombe à son tour pour franchir enfin le grand portail de bois par le vantail entr'ouvert, claquer la porte derrière lui, barrer la porte et s'affaler au sol pour reprendre son souffle. ''"Mais qu'est-ce qui se passe, à la fin ?"'' lui demanda alors un mineur moustachu, armé d'une pioche et manifestement inquiet. <br><br />
''"Hhh... hhher... herse. <br><br />
''_La herse ? Quoi, la herse ?<br><br />
''_Fermez...la herse. <br><br />
''_Fermer la herse ?! Mais enfin il y a encore tous vos amis dehors et... <br><br />
''_FERME-LA PUTAIN DE HERSE, DUCON, LE SORCIER ARRIVE !" <br><br />
<br />
Et tandis que le mineur effrayé gagnait l'étage supérieur en criant à ses camarades ''"On est attaqués ! On est attaqués ! Allumez le fanal !"'', Andréas claudiqua hors du couloir d'entrée, escalada à quatre pattes l'escalier à vis qui sentait encore le ciment frais et atteignit la salle de garde obscure surplombant l'assommoir, où les meurtrières dominant le portail laissaient entrer la pâle lueur des deux lunes et de lointains hurlements de souffrance. Malgré sa terreur, le scribe redescendit en haletant pour trouver une torche allumée, remonter péniblement et en éclairer la salle de garde, découvrant les énormes rouages du treuil retenant la herse. Du dehors, lui parvint un appel sarcastique, tout proche : ''"Tu es là-dedans, petit lapin ? Et tu crois que c'est assez solide pour m'empêcher d'entrer ? Attends voir..."''<br />
<br />
Un choc monstrueux ébranla le portail, effrayant la seule mule qui occupât l'écurie du rez-de-chaussée. Après avoir essayé plusieurs leviers en vain, Andréas domina la panique qui le gagnait à chacun des coups de boutoir qui résonnaient dans la tour et parvint enfin à libérer l'engrenage qui se mit à tournoyer, entraîné par le poids de la lourde grille de chêne et d'acier qui tombait au ralenti vers le sol. Un craquement terrible précéda les bruits de rebonds métalliques et le chroniqueur compris que le portail cédait : encore deux coups et il entendit le raclement des portes disjointes s'ouvrant sur le sol de terre battue.<br />
Puis les pas, irréguliers mais toujours tranquilles, qui s'avançaient dans le couloir, juste sous les genoux tremblants d'Andréas, s'efforçant de ne faire aucun bruit en poussant le madrier verrouillant la herse : ''"Tu es là mon petit lapin ! Je te sens ! Dis-donc, il a bien bossé votre vioque, là. Sincèrement, je suis épaté. Mon gars et moi, on regardait le chantier se monter, l'autre jour, et je lui disais justement : c'est pourtant vrai qu'ils bossent vite, tu vas voir que ça va bien me prendre une heure pour raser tout ça. Mais justement, je suis pressé, alors donne-moi la sphère et je m'en irai. Je te le promets, petit lapin : passe-moi l'artefact que l'autre croulant m'a volé et je renonce à t'écorcher vif. Tiens, tu vois la petite trappe au milieu de la pièce ? Regarde donc, c'est pas loin de tes pieds. Tu ouvres la petite trappe, tu y laisses tomber la sphère et c'est fini, je te jure que je vous laisserait vivre tous les 4, les autres creuses-misère et toi. Qu'est-ce que tu en dis, mon p'tit lapin ? Tu veux me faire plaisir ? Tu veux vivre encore un peu ? Ou je vais devoir vous tuer un par un, comme j'ai déjà massacré tous les autres corniauds, là-dehors ?"''<br />
<br />
Recroquevillé autour de la précieuse sphère dans son havresac, serrant les dents de peur et de rage, Andréas ne lâchait pas un son. ''"Bon tu te dépêches ? File-moi la boule !"'' appelait la voix d'Urgrand, de plus en plus tendue et amplifiée par le couloir voûté, 5 mètres plus bas. ''"J'ai pas que ça à foutre, non plus ! Donne-moi la putain de boule ou je vais tout péter dans cette tour de merde ! Ça suffit maintenant !"'' Le chroniqueur ne put retenir un gémissement lorsque Urgrand entreprit de soulever la herse, dont le cadre heurta bientôt le madrier servant de loquet, et retomba avec un bruit sourd.<br />
''"Han...ah la vacherie, c'est lourd... Allez, là j'en ai marre ! (un grand coup dans la herse fit tinter les pierres de la tour : blang !) Ouvre-moi, avorton de pute ! (blang ! blang !) Ouvre-moi, sale merdeux ! (blang !) Ouvre-moi ou je te jure que je vais t'arracher les yeux (blang !) pour te les faire bouffer ! (blang !)"'' Un cri de rage, de nouveaux coups, un craquement de bois quand le sorcier passa ses nerfs sur les débris du portail... et puis plus rien.<br />
<br />
== Silence ==<br />
<br />
Eldan grimpait agilement, toujours au trot : il coupa par le lit d'un ruisseau, escalada l'autre versant et ralentit prudemment en arrivant au dernier bosquet avant le glacis. Il n'entendait plus de cri ni aucune sorte de bruit et ne voyait rien d'autre en bas de la tour que le portail béant, mais il commença par se rapprocher de la falaise par le nord-est, restant à la lisière des sapins afin de vérifier qu'aucune menace ne restait tapie dans l'ombre de la crête rocheuse. C'est ainsi qu'il trébucha soudain sur les jambes brisées d'un templier, assis, cloué par sa propre lance au fût d'un sapin, les mains broyées et sanglantes, respirant à peine. L'éclaireur croisa son regard suppliant et, après avoir vérifié qu'ils étaient bien seuls, pris appui sur le tronc pour extraire la lance, coucher doucement le templier sur le flanc et panser brièvement sa blessure à l'abdomen, la seule pour laquelle il put quelque chose : <br><br />
<br />
''"Ss...cier. <br><br />
''_Du calme, ça va aller. Où est-il ?<br> <br />
''_...t...our... <br><br />
''_Il faut que j'aille voir ce qui se passe, mais je vais revenir. <br><br />
''_Hhg...hh.. <br><br />
''_Tenez bon, je reviendrai vous chercher."<br><br />
<br />
Il s'éloigna alors d'un pas souple, longea la falaise par l'est, atteignit la tour, rasa le mur silencieusement et, très prudemment, jeta un œil par le portail défoncé : personne. Il s'avança jusqu'à la herse toujours baissée, nota les traces de coups marquées dans le bois et le métal, voulu la secouer pour vérifier sa solidité et ne parvint pas à la faire broncher d'un millimètre. Il ressortit, vérifia encore les alentours et revint pour appeler : <br><br />
''"Hoho !? C'est Eldan ! Tout le monde va bien ? Youhou ? Qu'est-ce qui a enfoncé le portail ? Totor ?"<br><br />
Après un instant, la trappe de l'assommoir s'ouvrit, Andréas vérifia qu'il avait bien affaire au Moineau et répondit :<br><br />
''"Urgrand nous est tombé dessus, et il a attaqué la tour. Je... je crois qu'il a tué... tous les autres. <br><br />
''_J'ai trouvé les templiers mais pas... attends : quelqu'un arrive."<br><br />
Collé au mur, l'épée au clair, l'éclaireur passa la tête à l'extérieur et vit Totor descendre la colline boisée en portant un corps inanimé, Neri'Helin le menant doucement par la main et Vighnu penché sur quelque chose d'indiscernable dans la pente (le corps de l'autre templier).<br />
<br />
Quand ils furent certains qu'Urgrand était parti et tous rassemblés dans la tour, Eldan, Neri'Helin et Totor retournèrent chercher le templier agonisant pendant qu'on installait Gavin sur une table au premier étage : le Fehnri avait fait de son mieux pour maintenir l'écuyer en vie jusque là, mais ils allaient maintenant devoir opérer pour tenter de le sauver. Andréas et lui se répartirent les tâches, Eldan étant aussitôt promu infirmier. Un travail dont il s'acquitta avec excellence, faisant bouillir de l'eau et des linges, passant les bons instruments et les bons onguents aux bons moments. Les deux "toubibs" s'affairaient ensemble, l'assassin-apothicaire formé à la chirurgie et le mage-herboriste-médecin se complétant fort bien, et après une longue et sanglante opération, ils bandèrent la plaie et se penchèrent sur le cas du templier. Les jambes étaient fracturées en trop d'endroits pour les sauver, et les deux médecins s'accordèrent pour amputer, mais purent sauver la vie du cul de jatte.<br />
Après des heures d'opérations, rompus de fatigue, ils s'assirent finalement avec Eldan dans la lumière jaune que l'aube poussait par les meurtrières : les deux patients vivraient.<br><br />
<br />
''"La vache... Quelle nuit !<br><br />
''_J'ai bien cru y rester.<br><br />
''_J'suis désolé d'avoir laissé l'autre Sylvain s'enfuir...<br><br />
''_Écoute, on est vivants : si comme nous t'avais vu ce qui reste du Grêlé, ça te suffirait.<br><br />
''_Ah... il est vraiment mort ?<br><br />
''_Très.<br><br />
''_Désolé, Messire le Moineau.<br><br />
''_Ben... il était pas sympa, mais on est plus bien nombreux de notre patrouille... J'ai ramené la cape au fait, mais elle marche plus. Y a une espèce de treillis de métal, dedans, mais j'ai cassé le fermoir et...<br><br />
''_Donne-moi ça, j'y jetterais un œil plus tard. Dîtes-donc, Eldan, allez donc éteindre le phare s'il-vous-plait, là-haut : je ne crois pas que ça serve de le laisser brûler toute la journée."<br><br />
Et quand l'éclaireur fut parti, Vighnu demanda : ''"J'ai rien compris : qu'est-ce qu'il te voulait l'autre malade ?''<br><br />
''_Je crois qu'il voulait la sphère de Langard. Je suppose que son tueur et lui trainaient exprès ici, sachant que si une espèce de fantôme inquiétait la mine, on m'enverrait forcément enquêter et que j'aurais la sphère avec moi. Il nous a donc attendus...<br><br />
''_Et piégés, séparés... et massacrés. Je ne sais pas encore quand ni comment, mais il faudra trouver un moyen de l'éliminer, ce fumier-là. Qu'est-ce qu'il peut en faire, de cette boule ?<br><br />
''_Des tas de choses ! Elle démultiplie la portée des sorts, déjà, et à mon avis c'est ce qui l'intéressait : avec elle, il pensait pouvoir accéder magiquement au sarcophage et peut-être soigner les blessures qu'il conserve de l'effondrement de la falaise.<br><br />
''_Mais... il est plus là, le sarcophage, non ?<br><br />
''_Non, il est parti hier avec les Muraille. Mais je ne crois pas qu'il l'ait compris avant de m'avoir poursuivi ici. Peut-être qu'il a gouté l'eau qui s'écoule vers la chapelle, peut-être qu'une fois calmé il a pensé être maintenant assez près, tenté de repérer l'artefact juste "senti" qu'il n'était plus là... Alors il est parti.<br><br />
''_Merde ! Mais alors les Muraille et leur chariot...<br><br />
''_Ils devaient déjà être à Tal Endhil quand Urgrand nous est tombés dessus. C'est à une journée de marche, ils ont un jour d'avance : c'est pas en courant derrière eux qu'on pourra quoi que ce soit. Allumer le feu d'alerte a du suffire : notre fier Capitaine doit être aux aguets, il les protégera.<br><br />
''_Et tu dis qu'il était blessé, là ?<br><br />
''_Oh oui : il boitait, il avait le visage un peu "tordu" et puis il y avait sa main, toute disloquée et couverte de poils...<br><br />
''_Oui, oui, j'ai vu : brrrr. Mais putain, qu'est-ce que ce sera s'il nous tombe dessus en pleine forme !<br><br />
''_C'est bien le problème : on le reverra.<br><br />
''_Il t'a dit ça ?<br><br />
''_Non mais s'il avait pu se soigner seul, par la Porte-sous-la-Montagne ou ailleurs, il l'aurait déjà fait : si la seule solution qui lui reste c'est le sarcophage, il n'abandonnera pas de sitôt."<br><br />
<br />
== Epilogue ==<br />
<br />
Le lendemain soir, Eldan, Andréas, Vignu et Neri'Helin atteignirent le village avec le corps des templiers et du Grêlé attachés sur une mule, Totor portant toujours Gavin. Ils firent leur rapport au Capitaine, présentèrent la cape (''"À première vue, on dirait qu'elle utilise une maille de fils d'argent pour transmettre l'énergie du porteur vers l'extérieur, et activer le sortilège d'occultation inscrit dans le fermoir. _Et on peut la réparer ? _Je n'en sais rien, je suppose qu'il faudrait plus qu'un orfèvre..."''), furent tous rassurés sur le sort du sarcophage (''"C'est réglé, je ne veux plus un mot à ce sujet."'') et envoyés se reposer avec ses remerciements.<br />
Après leur départ, Durgaut s'installa au parapet du donjon et soupira : la Fouille alité pour des semaines, le Grêlé mort d'horrible manière, deux templiers perdus... en comptant ceux que le commandeur [[Bagoran de Marale]] avait laisser pour protéger l'abbé [[Dolomire]], la démission de [[Nevel Sholdanan]] et les six mercenaires expédiés à Aroche, il lui restait 12 hommes pour défendre le village d'un sorcier psychotique et d'un truand revanchard, mener ses projets et tenir la passe de [[Nilfenan]] selon le traité conclu avec les Emishen : en attendant que [[Bahardabras]] reviennent avec des mercenaires hornois, les prochaines semaines allaient lui sembler longues...<br />
<br />
<br />
'''[[9) "Reishin Ghoran"|<< Épisode Précédent]] | [[11) "Toutes voiles dehors !"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Liste des Épisodes|<= retour à la LISTE des ÉPISODES]]'''<br />
<br />
[[Catégorie:Épisodes]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/10)_%22Nuit_Blanche%2210) "Nuit Blanche"2014-09-08T16:21:36Z<p>Aloun : /* Prologue */</p>
<hr />
<div><br />
== Ordre de mission ==<br />
<br />
''Après avoir embêté plusieurs PJ ([[Hadrien "Muraille"]], le [[Capitaine Liméric Durgaut]] et [[Lel'Liamil]]) avec des événements étranges autour de la [[Mine Bénie]], est arrivé le moment où Durgaut a cons[[ulté Vighnu (son assassin) et Andréas (son consultant en sorcellerie et autres choses surnaturelles) pour voir ce qu'on pouvait faire concernant la rumeur tenace d'un rôdeur au chantier. Si cette petite intrigue devait initialement se régler "par mail", un heureux hasard a voulu que Vighnu réclame un pisteur pour l'assister dans une possible traque au moment où, entre deux expatriations professionnelles, Aloun était disponible pour jouer. On a donc saisi l'opportunité d'en faire un court Épisode par table virtuelle (et j'ai modifié l'identité du "rôdeur" pour leur mettre une réelle adversité), histoire de jouer une dernière fois avec lui avant qu'il ne change de continent. Pas de bol : il n'a pu jouer qu'une séance sur les deux, mais XO l'a remplacé au pied levé.''<br />
<br />
'''Protagonistes :'''<br />
* [[Andréas]] "Odran"<br />
* [[Vighnu Pratesh]]<br />
* [[Eldan]] le Moineau (joué d'abord par Aloun, puis XO)<br />
<br />
== Prologue ==<br />
<br />
[[Hadrien "Muraille"]], sa famille et les géants menés par [[Neri'Helin]] passaient la sixième semaine à faire surgir des gravats de la Mine Bénie une tour de quatre étages dotées d'une herse, d'un fanal, de montes-charges et même d'une chapelle au Premier Seigneur des Batailles, Herem (apparu sur le site dans toute sa divine grandeur pour sauver les Talendan des assiégeants [[Kormes]] deux semaines auparavant), lorsque la dresseuse et les mercenaires chargés de protéger le chantier (et son précieux contenu : le fameux "sarcophage de résurrection" récupéré lors de Terrain Minier) s'avisèrent qu'un "intrus" rôdait dans les parages. Il était à la fois trop discret pour que les guetteurs les plus habiles puissent le surprendre, assez "léger" (ou doué) pour ne point laisser d'empreintes derrière lui mais assez "corporel" pour faire bouger les branches de sapins sur son passage et assez "surnaturel" pour inquiéter les géants peureux.<br />
Averti par Lel'Liamil venu visiter le chantier, notre sémillant Capitaine convoqua son expert en surnaturel, le chroniqueur Andréas "Odran" : si ce n'était ni le spectre d'un des (nombreux) trépassés lors des événements ayant conduit à l’effondrement de la mine, ni un guetteur korme ni [[Etayn-la-Louve]] (trop habile avec les bêtes pour inquiéter des géants), ce pouvait encore bien être un membre de la [[Confrérie du Chacal]] ou, pire, un vilain sorcier, peut-être même [[Urgrand]]. Auquel cas, il fallait enquêter et prendre des précautions...<br />
<br />
== La planque ==<br />
'''Au début de la [[Huitaine 7|7° huitaine]] après la bataille''', peu après le départ de la nef pour [[Aroche]], Andréas et Vighnu Pratesh se rendirent donc sur place, le second dans le vague espoir de toucher la prime mise sur la tête du sorcier par les Kormes, et y retrouvèrent Eldan le Moineau, resté à la tour après sa garde d'une semaine pour continuer à surveiller avec la dresseuse intriguée et [[Totor]], le géant à son papa [[Adira]] (parti pour Aroche), demeurant sur place jusqu'à ce que soit guéri un gros bobo à sa papatte.<br><br />
Les 3 malheureux mineurs -rescapés de "[[Terrain Minier]]" et logés sur place dans la [[Mine Bénie]] en attendant du renfort pour se mettre à extraire le minerai d'argent- étaient presque aussi inquiets que le géant et accablèrent les arrivants de maintes légendes idiotes, mais comme il semblait bien que l'intrus vint presque chaque nuit, nos trois chasseurs mirent au point un signal avec les deux mercenaires ([[Gavin "la Fouille"]] et [[Sigwald "le Grêlé"]]) et deux templiers qui garderaient l'endroit pendant la nuit, puis allèrent s'embusquer un peu avant le crépuscule dans les pentes rocailleuses que formaient les montagnes alentour.<br />
<br />
Ils restèrent ainsi, presque sans bouger ni parler, pendant de longues heures glacées, à surveiller le moindre mouvement parmi les rares sapins enténébrés, la moindre ombre sur la neige maculée de boue gelée... jusqu'à ce que Vighnu distingue une forme floue glissant parmi quelques broussailles étiques et expirant par moment un nuage de vapeur. Ses compagnons, une fois avertis à voix basse, se crevaient néanmoins les yeux sans rien voir. Aussi le "chroniqueur" entreprit-il de projeter son esprit dans la direction indiquée par le Fehnri pour y découvrir... une silhouette floue et sans visage. D'abord surpris, il réalisa vite que l'intrus employait sans doute une sorte de camouflage magique ou un sort de dissimulation, et notre mage en conclut qu'ils avaient affaire à un sorcier. Précautionneux, nos chasseurs décidèrent donc de ne pas prendre de risque et Eldan banda son arc pour l'abattre d'une flèche dans le dos, comme ça, sans même dire "bonsoir". <br><br />
Eldan avait-il méjugé de la distance à cause de l'obscurité, l'intrus portait-il une armure ? Toujours est-il que, après une exclamation de douleur, loin de s'étaler dans son sang, la silhouette s'élança à toutes jambes dans le versant irrégulier de la montagne, Vighnu et Eldan cavalant bientôt derrière elle pendant qu'Andréas appelait l'hallali, rameutant les guerriers à l'affût dans la tour.<br />
<br />
== Chasse aux sorciers ==<br />
<br />
Plus agile en montagne et ses sens plus aiguisés, Eldan distança bientôt le fehnri dans la poursuite de l'intrus invisible en se guidant sur les seuls le bruits de course, ses occasionnelles empreintes dans les dernières plaques de neige, les branches mouvantes de sapin ou son ombre intermittente sur les rochers.<br />
Quoiqu'il perdit fréquemment du terrain pour chercher sa proie, le jeune éclaireur avait suffisamment repéré les environs pour savoir que, s'il continuait de longer les pentes vers le sud, l'Invisible atteindrait bientôt un fort torrent, puis une élévation abrupte et, au-delà, une faille infranchissable... ''(Les 3 PJ avaient en effet commencé la séance par un gros jet de préparation commun, ils avaient donc du bonus en stock pour la séquence "embuscade" de leur plan, même s'il est parti en sucette au premier tir...)''<br />
Eldan dévala donc la pente vers l'unique gué sur le torrent, persuadé de pouvoir y intercepter le fugitif : manquant plusieurs fois de se blesser en bondissant comme un cabri parmi les buissons rabougris et les blocs rocailleux, il atteignit bientôt la large plate-forme rocheuse au bord de laquelle le courant, après avoir buté sur un rebord de pierres, se déversait en une courte chute d'eau vers un bassin en contrebas. L'arc bandé, attentif au moindre bruit discernable malgré le roulement des flots, scrutant la nuit à la pointe de sa flèche, il attendit. Un raclement de cailloux lui fit tourner la tête et, soudain, il discerna l'ombre indistincte que l'être translucide projetait sur les rochers dans la faible clarté des deux lunes, et décocha au jugé : le trait effleura la cible pour se perdre vers les rares sapins de l'autre rive, mais une soudaine gerbe d'eau trahit l'Indistinct : il venait de plonger dans le torrent.<br />
À quelques 100aines de mètres derrière lui et maintenant complètement semé, Vighnu vit alors arrivé Neri'Helin juchée sur un Totor galopant et lui fit signe de chercher à l'ouest, vers l'aval, pendant que lui-même presserait au sud en longeant les crêtes. Ils progressaient prudemment, attentifs au moindre souffle de vent dans les broussailles lorsque l'appel d'Eldan leur parvint : l'intrus fuyait par l'étang.<br />
<br />
Après avoir vu passé la dresseuse indigène sur son lourdaud de géant et s'être fait doublé par le Grêlé, galopant à sa suite la lance à la main, Andréas (décidément peu fait pour la course à pied), avait été rejoint par Gavin la Fouille et, le temps de reprendre son souffle, utilisa la sphère alourdissant son havresac pour projeter son esprit par-dessus les pentes rocheuses et les fourrés, repérant bientôt Totor, sa cavalière, Vighnu et Eldan : ''"Ils sont au bassin !"'' expliqua-t-il à l'écuyer qui, sans trop se demander comment le chroniqueur pouvait bien le savoir, s'élança à son tour. Andréas regardait son dernier compagnon s'éloigner au pas de charge... quand une francisque jaillie d'un bosquet frappa l'apprenti guerrier en pleine course, enfonçant son thorax et le basculant dans la rocaille.<br />
Atterré, Andréas vit alors un barbu aux longs cheveux noirs sortir des sapins et s'avancer d'un pas heurté, traînant la patte et un épais bandage couvrant sa main gauche : ''"Hé bien, nous voilà enfin seuls ! Donne-moi ce sac, magicien de cabaret, et je te laisserais probablement vivre."'' Reconnaissant alors le fameux Urgrand, Andréas tira sa dague… et se mit à crier à l'aide.<br />
<br />
À force de scruter la surface de l'eau à travers la légère brume, notre éclaireur finit par distinguer une sorte de perturbation dans les vaguelettes du lac et tira une nouvelle flèche, sans grand résultat. Mais comment trouver un type invisible dans un lac la nuit ? Eldan s'énervait lorsque Vighnu, la dresseuse et le géant déboulèrent des contreforts pour se joindre à la traque, commençant à contourner l'étang pour que leur proie ne s'échappe pas par l'autre côté, guettant un mouvement dans l'eau... sans grand résultat. <br><br />
<br />
''"Ça fait combien de temps qu'il est sous l'eau, là ? <br><br />
''_C'est à dire que s'il est invisible, il peut facilement sortir la tête pour respirer sans qu'on le voit. <br><br />
''_Oui mais ça caille, là : il va finir par geler, le gars. <br><br />
''_Mais ça peut prendre un moment. <br><br />
''_Et si on avançait dans l'eau ? C'est pas très profond, on pourrait sans doute le débusquer à nous trois, plus Totor..."''.<br><br />
Mais un cri venant des hauteurs interrompit leurs réflexions : <br><br />
''"C'était quoi, ça ? <br><br />
''_Chut, j'écoute !... Merde, je crois que c'est Andréas... <br><br />
''_Et qu'est-ce qu'il crie ? <br><br />
''_Je ne sais pas, mais je vais aller voir." <br><br />
<br />
Et soudain, derrière eux, l'eau remua : ''"Là, il est là"'' cria Eldan, ''"cette fois je vais me le faire !"'' Et, jetant son arc sur la rive, il tira son épée pour foncer dans l'eau [et une Réaction à 5, une !]. Vighnu hésita une seconde à lui porter assistance mais, lorsqu'un nouveau hurlement retentit au loin, fonça vers les crêtes.<br />
<br />
== Face au danger ==<br />
<br />
Andréas, la besace posée derrière-lui dans les buissons, fit bravement face au sorcier qui s'approchait en claudiquant d'un pas irrégulier mais tranquille, dégainant lentement une épée : <br><br />
<br />
''"Sois raisonnable : donne-moi ce sac ou je vais devoir te saigner comme un porc pour le prendre. <br><br />
''_Tu... tu as tué [[Rohanan]] ! <br><br />
''_Qui ?" <br><br />
<br />
Plus que les insultes, les menaces ou sa suprême arrogance, c'est ce dédain pour l'ami dont il avait brisé les vertèbres qui fit gronder la rage dans les veines du chroniqueur : hurlant comme un possédé, Andréas chargea la dague à la main. La lame pénétra la veste de cuir et s'enfonça dans le flanc du Sylvain surpris : le jeune mage allait frapper une seconde fois quand il vit la blessure se cicatriser sous ses yeux et sentit une intense douleur envahir ses entrailles. Le Talendan connaissait déjà cette sensation et, bandant sa volonté contre celle du Sorcier, l'étonna à nouveau en repoussant le sort.<br />
<br />
Mais l'effort vidait son énergie et, bientôt, Andréas plia le genou devant l'ennemi, qui lui décocha un grand coup de pommeau dans le front et l'envoya bouler dans les fourrés. ''"Alors comme ça on résiste, hein ? Qu'est-ce tu crois pauv'merde, que tu peux m'arrêter avec tes tours de passe-passe et ton couteau minable ? Tsss..."''<br />
<br />
Son flegme maintenant disparu, le sorcier boitait en râlant pour ramasser le précieux sac quand une lourde lance lui transperça l'abdomen sans prévenir : le Sylvain n'avait pas vu arriver le Grêlé, alerté par les appels du chroniqueur.<br />
Mais au lieu de s'effondrer, le sorcier transpercé de part en part poussa un cri inhumain qui figea les deux Talendan : les aiguilles de pin tombèrent en pluie partout autour d'eux et, saisissant la hampe à pleines mains, Urgrand l'arracha d'une seule traction en répandant son sang aux alentours. Les buissons et les herbes folles, à peine reverdis par le printemps, se racornissaient tout autour du Sylvain, séchant et craquant au fur et à mesure que sa large plaie au ventre se refermait sous les yeux terrifiés du mercenaire. Sigwald le Grêlé, quoique tremblant, ne faiblit pas : tirant son épée, il franchit au pas de charge les quelques mètres qui le séparaient du sorcier sanglant et attaqua de toutes ses forces. Urgrand esquiva au dernier moment et rabattit le manche de la lance dans les côtes du mercenaire qui se fracturèrent sous l'impact, projetant les 80 kilos du guerrier à plusieurs mètres dans les sous-bois. Et quand Andréas en profita pour lui planter sa dague dans le dos, le sorcier commença vraiment à s'énerver...<br />
<br />
=== Interlude glacé ===<br />
<br />
Entré dans l'eau glaciale jusqu'à la ceinture et son ardeur illico refroidie (surtout quand il réalisa que ses compagnons le laissait seul avec un ennemi invisible), Eldan serrait la poignée de son épée fétiche en guettant la moindre ridule ou le moindre clapotis dans l'eau. Un remous lui permit de se retourner juste à temps pour voir soudain jaillir de l'étang une forme indistincte, comme une silhouette de verre partiellement ouverte sur une armure de cuir cloutée, un visage hirsute et un bras brandissant un poignard (parfaitement opaques, eux)... qui l'assaillit immédiatement. Le poignard aurait sans doute perforé le thorax de l'éclaireur s'il n'avait alors trébuché sur les galets tapissant le bassin et esquivé miraculeusement ''(1 pH)'' : aussitôt rétabli, Eldan attaqua de taille et d'estoc en profitant de l'allonge supérieure de sa propre lame, mais son adversaire se révéla tout aussi habile à l'esquive, parvenant au passage à dégainer un second poignard. Malgré l'étrangeté d'un combat contre un type dégoulinant dont la tête, dénudée de sa capuche dans le combat, les mains et parfois le ventre apparaissaient seuls tangibles aux limites d'un drapé invisible, l'éclaireur tenait courageusement tête au Sylvain et, feintant pour rentrer dans la garde de son adversaire, parvint à lui entailler profondément le flanc d'un revers d'épée avant de lui arracher la cape, brisant le fermoir qui en tenait le col. La lourde capeline apparaissant soudain de drap noir et détrempé au bras du Moineau, et lui-même étant maintenant complètement visible, le brigand plongea dans les profondeurs de l'étang et ne réapparu qu'après une longue brasse, s'échappant à la nage.<br />
<br />
=== Entre feu et loup ===<br />
<br />
Sous les yeux d'Andréas, les pupilles d'Urgrand avaient soudain jaunit et, sa mâchoire s'ouvrant jusqu'à se déboîter sur un hurlement bestial, ses articulations avaient claqué les unes après les autres, sa colonne vertébrale semblant s'affaisser vers l'avant alors que les doigts de sa main libre s'allongeaient en une patte griffue, l'autre perçant le pansement pour révéler une épaisse touffe de poils noirs. Et lorsque cette fourrure commença à recouvrir le cou et les pommettes du sorcier, son visage s'allongeant dans une suite de craquements hideux alors que ses canines poussaient, le chroniqueur compris qu'il allait y passer à moins d'une idée de génie... Il saisit sa dague pour tracer à toute vitesse des flammes dans la terre couverte de plantes mortes, jeta toutes ses forces dans son sort. Alors le monstre qu'était devenu Urgrand vit ses vêtements en loques crépiter et prendre feu, les cruelles flammèches l'entourèrent bientôt, montant autour de lui jusqu'à l'aveugler, gagnant sa fourrure et brûlant sa chaire, bientôt tremblante de la panique atavique du loup face au feu !<br />
''(Oh le beau sort d'illusion, oh la belle idée ! Andréas y a illico gagné 1pH.)''<br />
<br />
=== Les chasseurs pris en chasse ===<br />
<br />
Courant à la rescousse, Vighnu et [[Neri'Helin]] tombèrent bientôt sur Gavin la Fouille, baignant dans son sang mais toujours vivant après une longue dégringolade dans la pente hérissées de rochers, et malgré la profonde plaie ouverte dans son thorax par la francisque du sorcier. Mais Vighnu n'avait ni le matériel ni le temps pour soigner l'écuyer car, en haut de la pente, la rumeur du combat s'amplifiait. Ils chargèrent donc le blessé sur l'épaule velue de Totor (malgré les protestation du géant) et reprirent leur ascension précipitée pour découvrir bientôt un spectacle qui dépassait l'entendement :<br />
au milieu d'une large zone de végétation séchée et noircie comme par un soudain incendie, une forme à peine humaine semblait se disloquer en s'agitant follement, s'arrachant des poils et des lambeaux de vêtements avec des grognements furieux et des jappements plaintifs. À quelques pas de lui, Andréas tuméfié et en nage, se relevait péniblement, rampant et trébuchant pour s'éloigner du monstre devenu fou. ''"COURS !"'' lui cria Vighnu, à la fois blême et électrisé par l'adrénaline, ''"COURS BON SANG !"''. Le chroniqueur, d'abord trébuchant, saisit son sac par la sangle et s'éloigna bientôt d'un trot freiné par ses halètements, alors que la silhouette du sorcier reprenait peu à peu forme humaine dans ses vêtements déchiquetés, d'où perçait une main gauche déformée et velue.<br />
<br />
Urgrand jeta à peine un regard au géant terrifié qu'encadraient le Fehnri et la dresseuse, tous trois figés à 40 pas de lui, et clopina vers la forme affaissée du Grêlé en marmonnant : ''"Ah le sale petit fils de pute... le sale petit merdeux... je vais le peler comme une pomme, je vais le noyer dans son sang, je vais le..."''. Mais quand le mercenaire se releva soudain, l'épée à la main, le Sorcier le saisit à bras le corps avec un cri de joie, bientôt couvert par le hurlement de souffrance du guerrier, un hurlement qui se fit bientôt plus rauque, presque chevrotant, et mourut dans un râle indistinct.<br />
Quand il laissa le corps s'écrouler parmi les buissons pétrifiés, le Sorcier avait retrouvé sa stature et son énergie et, quoiqu'il traîna encore un peu la jambe et que son bras gauche sembla toujours coincé entre les formes humaine et lupine, c'est avec une joie féroce que le sorcier cria vers les sapins où disparaissait le chroniqueur : ''"COURS ! COURS, PETIT LAPIN ! PARCE QUE LE MÉCHANT LOUP VA TE TROUVER ET TE aouch !"''. La flèche de Neri'Helin lui ayant griffé la jambe, le Sorcier se retourna vivement, outré, et ramassa la lance du Grêlé pour la jeter à l'Emishen : il la rata de plusieurs mètres et ne toucha qu'un sapin, mais l'impact fut si violent que la hampe vola en éclats, le fer presque entièrement enfoncé à travers l'écorce. ''"Oh putain !"'' lâcha Vighnu, planqué derrière un (autre) tronc et atterré par la force du sorcier, alors que Totor s'enfuyait en hurlant, Gavin la Fouille toujours sanglé sur son épaule. <br><br />
''"Tire encore ! Il faut l'attirer à nous pour permettre à Andréas de rejoindre la tour ! <br><br />
''_J'avais qu'une seule flèche : le carquois est au dos d'Eldan ! <br><br />
''_Et meeerde... rattrape le géant, je vais tenter quelque chose !"<br><br />
<br />
Et alors qu'Urgrand repartait à grands pas saccadés aux trousses du jeune mage en chantonnant ''"Petiiit laaaapin ! Viens voir par là, petit laaaaapin ! On va s'amuser, toi et moi !"'', l'assassin pris le risque insensé de s'approcher de lui à moins de 30 pas pour lui lancer un de ses grands couteaux de jets hornois : la lourde lame en feuille de laurier se planta avec un bruit mat dans l'omoplate du sorcier, qui se retourna, l'arracha d'une main en beuglant ''"Non mais c'est fini, oui ?!"'' et la renvoya avec tant d'élan que, Vighnu s'étant jeté à terre pour esquiver, l'acier se tordit en cognant sur un rocher.<br />
Urgrand clopinait à nouveau en direction de la tour et le Fehnri, constatant que le poison dont il avait enduit son arme ne semblait pas tellement affecter le Sylvain, s'approcha du Grêlé pour voir s'il pouvait encore l'aider : il lui fallu quelques secondes pour comprendre que le petit vieillard squelettique nageant dans une armure trop grande, déjà froid, racorni et presque momifié, était le corps du mercenaire. ''"Putain, putain, putain !"''<br />
Pas pressé d'aller affronter le sorcier au corps à corps et confiant dans la protection que la tour offrirait à Andréas, Vighnu récupéra son couteau tordu et s'élança derrière Neri'Helin, à la poursuite du géant et du blessé.<br />
<br />
=== Une étrange cape ===<br />
<br />
Au bas de la pente, Eldan n'était pas assez idiot pour poursuivre un type à la nage avec son armure, son baudrier et son épée, surtout que le Sylvain semblait nager comme un poisson et que ses poignards l'avantageraient nettement si le Moineau venait à le rattraper dans l'eau. Il gagna donc la rive à grands pas et, grelottant dans la nuit glaciale, fonça vers son arc pour découvrir qu'il avait disparu : après une bordée de jurons, évaluant la distance que le Sylvain avait encore à nager, Eldan jeta la cape dans un buisson et s'élança au pas de course pour contourner le lac, espérant être assez rapide pour choper le fuyard au bord du bassin.<br />
Et, justement, le brigand détrempé atteignait la rive lorsqu'il entendit les pas rapides d'une course dans les galets : au delà de l’étroit cours d'eau par lequel l'étang se déversait dans les gorges encaissées pour rejoindre le torrent furieux qu'on entendait gronder en contrebas, le tenace éclaireur arrivait au pas de charge, dégainant son épée.<br />
Mais le Moineau aussi surveillait le brigand et, captant le geste vif et l'éclair métallique, se coucha en dérapant dans les galets pour éviter le poignard que l'autre lui avait jeté. Le temps de se relever et le Sylvain disparaissait à l'orée de la forêt toute proche ; le temps de franchir le courant qui lui arrivait à mi-cuisse et voulait l'entraîner dans le canyon, la silhouette du fuyard avait disparu.<br />
Renonçant bientôt à pister un forestier manifestement habile dans un bois inconnu en pleine nuit, Eldan revint sur ses pas et récupéra la cape au fermoir brisé. Il constata que son poids venait du maillage métallique qui en doublait l'intérieur, le bord inférieur étant prolongé par un liseré de fourrure épaisse et sombre, dont la saleté indiquait qu'elle devait servir à balayer les traces du porteur et, sa curiosité satisfaite pour l'instant, il se la jeta sur l'épaule et repartit vers la mine à petites foulées, sa course moins motivée par l'urgence que par le besoin de se réchauffer.<br />
Là-haut, près des crêtes, quelqu'un venait d'allumer le fanal de la tour.<br />
<br />
=== La herse ===<br />
<br />
Hors d'haleine et trébuchant, Andréas dévala le surplomb couvert de sapins qui bordait le glacis dégagé autour de la mine fortifiée et, voyant venir du secours, s'effondra dans les bras des deux templiers qui couraient à sa rencontre : <br><br />
<br />
''"Mais bon sang, qu'est-ce qui se passe, dehors ? <br><br />
''_HHHUrg... Hhhurgrand... hhh... le sorcier...<br><br />
''_Mettez-vous à l'abri, mon vieux : on va s'en occuper ! <br><br />
''_Non...hhh... non... attendez... il est trop... <br><br />
''_Rentrez et fermez la herse !"'' lui cria le plus jeune des deux templiers qui, armes à la main, partaient déjà en courant vers la silhouette sombre apparue entre les arbres. Trottinant de son mieux vers la protection de la tour, le chroniqueur ne put s'empêcher de se retourner lorsqu'un cri plaintif retentit, et vit le premier templier s'effondrer, sa propre épée plantée de biaisdans son lourd casque d'acier. Il n'attendit pas que le second tombe à son tour pour franchir enfin le grand portail de bois par le vantail entr'ouvert, claquer la porte derrière lui, barrer la porte et s'affaler au sol pour reprendre son souffle. ''"Mais qu'est-ce qui se passe, à la fin ?"'' lui demanda alors un mineur moustachu, armé d'une pioche et manifestement inquiet. <br><br />
''"Hhh... hhher... herse. <br><br />
''_La herse ? Quoi, la herse ?<br><br />
''_Fermez...la herse. <br><br />
''_Fermer la herse ?! Mais enfin il y a encore tous vos amis dehors et... <br><br />
''_FERME-LA PUTAIN DE HERSE, DUCON, LE SORCIER ARRIVE !" <br><br />
<br />
Et tandis que le mineur effrayé gagnait l'étage supérieur en criant à ses camarades ''"On est attaqués ! On est attaqués ! Allumez le fanal !"'', Andréas claudiqua hors du couloir d'entrée, escalada à quatre pattes l'escalier à vis qui sentait encore le ciment frais et atteignit la salle de garde obscure surplombant l'assommoir, où les meurtrières dominant le portail laissaient entrer la pâle lueur des deux lunes et de lointains hurlements de souffrance. Malgré sa terreur, le scribe redescendit en haletant pour trouver une torche allumée, remonter péniblement et en éclairer la salle de garde, découvrant les énormes rouages du treuil retenant la herse. Du dehors, lui parvint un appel sarcastique, tout proche : ''"Tu es là-dedans, petit lapin ? Et tu crois que c'est assez solide pour m'empêcher d'entrer ? Attends voir..."''<br />
<br />
Un choc monstrueux ébranla le portail, effrayant la seule mule qui occupât l'écurie du rez-de-chaussée. Après avoir essayé plusieurs leviers en vain, Andréas domina la panique qui le gagnait à chacun des coups de boutoir qui résonnaient dans la tour et parvint enfin à libérer l'engrenage qui se mit à tournoyer, entraîné par le poids de la lourde grille de chêne et d'acier qui tombait au ralenti vers le sol. Un craquement terrible précéda les bruits de rebonds métalliques et le chroniqueur compris que le portail cédait : encore deux coups et il entendit le raclement des portes disjointes s'ouvrant sur le sol de terre battue.<br />
Puis les pas, irréguliers mais toujours tranquilles, qui s'avançaient dans le couloir, juste sous les genoux tremblants d'Andréas, s'efforçant de ne faire aucun bruit en poussant le madrier verrouillant la herse : ''"Tu es là mon petit lapin ! Je te sens ! Dis-donc, il a bien bossé votre vioque, là. Sincèrement, je suis épaté. Mon gars et moi, on regardait le chantier se monter, l'autre jour, et je lui disais justement : c'est pourtant vrai qu'ils bossent vite, tu vas voir que ça va bien me prendre une heure pour raser tout ça. Mais justement, je suis pressé, alors donne-moi la sphère et je m'en irai. Je te le promets, petit lapin : passe-moi l'artefact que l'autre croulant m'a volé et je renonce à t'écorcher vif. Tiens, tu vois la petite trappe au milieu de la pièce ? Regarde donc, c'est pas loin de tes pieds. Tu ouvres la petite trappe, tu y laisses tomber la sphère et c'est fini, je te jure que je vous laisserait vivre tous les 4, les autres creuses-misère et toi. Qu'est-ce que tu en dis, mon p'tit lapin ? Tu veux me faire plaisir ? Tu veux vivre encore un peu ? Ou je vais devoir vous tuer un par un, comme j'ai déjà massacré tous les autres corniauds, là-dehors ?"''<br />
<br />
Recroquevillé autour de la précieuse sphère dans son havresac, serrant les dents de peur et de rage, Andréas ne lâchait pas un son. ''"Bon tu te dépêches ? File-moi la boule !"'' appelait la voix d'Urgrand, de plus en plus tendue et amplifiée par le couloir voûté, 5 mètres plus bas. ''"J'ai pas que ça à foutre, non plus ! Donne-moi la putain de boule ou je vais tout péter dans cette tour de merde ! Ça suffit maintenant !"'' Le chroniqueur ne put retenir un gémissement lorsque Urgrand entreprit de soulever la herse, dont le cadre heurta bientôt le madrier servant de loquet, et retomba avec un bruit sourd.<br />
''"Han...ah la vacherie, c'est lourd... Allez, là j'en ai marre ! (un grand coup dans la herse fit tinter les pierres de la tour : blang !) Ouvre-moi, avorton de pute ! (blang ! blang !) Ouvre-moi, sale merdeux ! (blang !) Ouvre-moi ou je te jure que je vais t'arracher les yeux (blang !) pour te les faire bouffer ! (blang !)"'' Un cri de rage, de nouveaux coups, un craquement de bois quand le sorcier passa ses nerfs sur les débris du portail... et puis plus rien.<br />
<br />
== Silence ==<br />
<br />
Eldan grimpait agilement, toujours au trot : il coupa par le lit d'un ruisseau, escalada l'autre versant et ralentit prudemment en arrivant au dernier bosquet avant le glacis. Il n'entendait plus de cri ni aucune sorte de bruit et ne voyait rien d'autre en bas de la tour que le portail béant, mais il commença par se rapprocher de la falaise par le nord-est, restant à la lisière des sapins afin de vérifier qu'aucune menace ne restait tapie dans l'ombre de la crête rocheuse. C'est ainsi qu'il trébucha soudain sur les jambes brisées d'un templier, assis, cloué par sa propre lance au fût d'un sapin, les mains broyées et sanglantes, respirant à peine. L'éclaireur croisa son regard suppliant et, après avoir vérifié qu'ils étaient bien seuls, pris appui sur le tronc pour extraire la lance, coucher doucement le templier sur le flanc et panser brièvement sa blessure à l'abdomen, la seule pour laquelle il put quelque chose : <br><br />
<br />
''"Ss...cier. <br><br />
''_Du calme, ça va aller. Où est-il ?<br> <br />
''_...t...our... <br><br />
''_Il faut que j'aille voir ce qui se passe, mais je vais revenir. <br><br />
''_Hhg...hh.. <br><br />
''_Tenez bon, je reviendrai vous chercher."<br><br />
<br />
Il s'éloigna alors d'un pas souple, longea la falaise par l'est, atteignit la tour, rasa le mur silencieusement et, très prudemment, jeta un œil par le portail défoncé : personne. Il s'avança jusqu'à la herse toujours baissée, nota les traces de coups marquées dans le bois et le métal, voulu la secouer pour vérifier sa solidité et ne parvint pas à la faire broncher d'un millimètre. Il ressortit, vérifia encore les alentours et revint pour appeler : <br><br />
''"Hoho !? C'est Eldan ! Tout le monde va bien ? Youhou ? Qu'est-ce qui a enfoncé le portail ? Totor ?"<br><br />
Après un instant, la trappe de l'assommoir s'ouvrit, Andréas vérifia qu'il avait bien affaire au Moineau et répondit :<br><br />
''"Urgrand nous est tombé dessus, et il a attaqué la tour. Je... je crois qu'il a tué... tous les autres. <br><br />
''_J'ai trouvé les templiers mais pas... attends : quelqu'un arrive."<br><br />
Collé au mur, l'épée au clair, l'éclaireur passa la tête à l'extérieur et vit Totor descendre la colline boisée en portant un corps inanimé, Neri'Helin le menant doucement par la main et Vighnu penché sur quelque chose d'indiscernable dans la pente (le corps de l'autre templier).<br />
<br />
Quand ils furent certains qu'Urgrand était parti et tous rassemblés dans la tour, Eldan, Neri'Helin et Totor retournèrent chercher le templier agonisant pendant qu'on installait Gavin sur une table au premier étage : le Fehnri avait fait de son mieux pour maintenir l'écuyer en vie jusque là, mais ils allaient maintenant devoir opérer pour tenter de le sauver. Andréas et lui se répartirent les tâches, Eldan étant aussitôt promu infirmier. Un travail dont il s'acquitta avec excellence, faisant bouillir de l'eau et des linges, passant les bons instruments et les bons onguents aux bons moments. Les deux "toubibs" s'affairaient ensemble, l'assassin-apothicaire formé à la chirurgie et le mage-herboriste-médecin se complétant fort bien, et après une longue et sanglante opération, ils bandèrent la plaie et se penchèrent sur le cas du templier. Les jambes étaient fracturées en trop d'endroits pour les sauver, et les deux médecins s'accordèrent pour amputer, mais purent sauver la vie du cul de jatte.<br />
Après des heures d'opérations, rompus de fatigue, ils s'assirent finalement avec Eldan dans la lumière jaune que l'aube poussait par les meurtrières : les deux patients vivraient.<br><br />
<br />
''"La vache... Quelle nuit !<br><br />
''_J'ai bien cru y rester.<br><br />
''_J'suis désolé d'avoir laissé l'autre Sylvain s'enfuir...<br><br />
''_Écoute, on est vivants : si comme nous t'avais vu ce qui reste du Grêlé, ça te suffirait.<br><br />
''_Ah... il est vraiment mort ?<br><br />
''_Très.<br><br />
''_Désolé, Messire le Moineau.<br><br />
''_Ben... il était pas sympa, mais on est plus bien nombreux de notre patrouille... J'ai ramené la cape au fait, mais elle marche plus. Y a une espèce de treillis de métal, dedans, mais j'ai cassé le fermoir et...<br><br />
''_Donne-moi ça, j'y jetterais un œil plus tard. Dîtes-donc, Eldan, allez donc éteindre le phare s'il-vous-plait, là-haut : je ne crois pas que ça serve de le laisser brûler toute la journée."<br><br />
Et quand l'éclaireur fut parti, Vighnu demanda : ''"J'ai rien compris : qu'est-ce qu'il te voulait l'autre malade ?''<br><br />
''_Je crois qu'il voulait la sphère de Langard. Je suppose que son tueur et lui trainaient exprès ici, sachant que si une espèce de fantôme inquiétait la mine, on m'enverrait forcément enquêter et que j'aurais la sphère avec moi. Il nous a donc attendus...<br><br />
''_Et piégés, séparés... et massacrés. Je ne sais pas encore quand ni comment, mais il faudra trouver un moyen de l'éliminer, ce fumier-là. Qu'est-ce qu'il peut en faire, de cette boule ?<br><br />
''_Des tas de choses ! Elle démultiplie la portée des sorts, déjà, et à mon avis c'est ce qui l'intéressait : avec elle, il pensait pouvoir accéder magiquement au sarcophage et peut-être soigner les blessures qu'il conserve de l'effondrement de la falaise.<br><br />
''_Mais... il est plus là, le sarcophage, non ?<br><br />
''_Non, il est parti hier avec les Muraille. Mais je ne crois pas qu'il l'ait compris avant de m'avoir poursuivi ici. Peut-être qu'il a gouté l'eau qui s'écoule vers la chapelle, peut-être qu'une fois calmé il a pensé être maintenant assez près, tenté de repérer l'artefact juste "senti" qu'il n'était plus là... Alors il est parti.<br><br />
''_Merde ! Mais alors les Muraille et leur chariot...<br><br />
''_Ils devaient déjà être à Tal Endhil quand Urgrand nous est tombés dessus. C'est à une journée de marche, ils ont un jour d'avance : c'est pas en courant derrière eux qu'on pourra quoi que ce soit. Allumer le feu d'alerte a du suffire : notre fier Capitaine doit être aux aguets, il les protégera.<br><br />
''_Et tu dis qu'il était blessé, là ?<br><br />
''_Oh oui : il boitait, il avait le visage un peu "tordu" et puis il y avait sa main, toute disloquée et couverte de poils...<br><br />
''_Oui, oui, j'ai vu : brrrr. Mais putain, qu'est-ce que ce sera s'il nous tombe dessus en pleine forme !<br><br />
''_C'est bien le problème : on le reverra.<br><br />
''_Il t'a dit ça ?<br><br />
''_Non mais s'il avait pu se soigner seul, par la Porte-sous-la-Montagne ou ailleurs, il l'aurait déjà fait : si la seule solution qui lui reste c'est le sarcophage, il n'abandonnera pas de sitôt."<br><br />
<br />
== Epilogue ==<br />
<br />
Le lendemain soir, Eldan, Andréas, Vignu et Neri'Helin atteignirent le village avec le corps des templiers et du Grêlé attachés sur une mule, Totor portant toujours Gavin. Ils firent leur rapport au Capitaine, présentèrent la cape (''"À première vue, on dirait qu'elle utilise une maille de fils d'argent pour transmettre l'énergie du porteur vers l'extérieur, et activer le sortilège d'occultation inscrit dans le fermoir. _Et on peut la réparer ? _Je n'en sais rien, je suppose qu'il faudrait plus qu'un orfèvre..."''), furent tous rassurés sur le sort du sarcophage (''"C'est réglé, je ne veux plus un mot à ce sujet."'') et envoyés se reposer avec ses remerciements.<br />
Après leur départ, Durgaut s'installa au parapet du donjon et soupira : la Fouille alité pour des semaines, le Grêlé mort d'horrible manière, deux templiers perdus... en comptant ceux que le commandeur [[Bagoran de Marale]] avait laisser pour protéger l'abbé [[Dolomire]], la démission de [[Nevel Sholdanan]] et les six mercenaires expédiés à Aroche, il lui restait 12 hommes pour défendre le village d'un sorcier psychotique et d'un truand revanchard, mener ses projets et tenir la passe de [[Nilfenan]] selon le traité conclu avec les Emishen : en attendant que [[Bahardabras]] reviennent avec des mercenaires hornois, les prochaines semaines allaient lui sembler longues...<br />
<br />
<br />
'''[[9) "Reishin Ghoran"|<< Épisode Précédent]] | [[11) "Toutes voiles dehors !"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Liste des Épisodes|<= retour à la LISTE des ÉPISODES]]'''<br />
<br />
[[Catégorie:Épisodes]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/10)_%22Nuit_Blanche%2210) "Nuit Blanche"2014-09-08T16:20:31Z<p>Aloun : /* Ordre de mission */</p>
<hr />
<div><br />
== Ordre de mission ==<br />
<br />
''Après avoir embêté plusieurs PJ ([[Hadrien "Muraille"]], le [[Capitaine Liméric Durgaut]] et [[Lel'Liamil]]) avec des événements étranges autour de la [[Mine Bénie]], est arrivé le moment où Durgaut a cons[[ulté Vighnu (son assassin) et Andréas (son consultant en sorcellerie et autres choses surnaturelles) pour voir ce qu'on pouvait faire concernant la rumeur tenace d'un rôdeur au chantier. Si cette petite intrigue devait initialement se régler "par mail", un heureux hasard a voulu que Vighnu réclame un pisteur pour l'assister dans une possible traque au moment où, entre deux expatriations professionnelles, Aloun était disponible pour jouer. On a donc saisi l'opportunité d'en faire un court Épisode par table virtuelle (et j'ai modifié l'identité du "rôdeur" pour leur mettre une réelle adversité), histoire de jouer une dernière fois avec lui avant qu'il ne change de continent. Pas de bol : il n'a pu jouer qu'une séance sur les deux, mais XO l'a remplacé au pied levé.''<br />
<br />
'''Protagonistes :'''<br />
* [[Andréas]] "Odran"<br />
* [[Vighnu Pratesh]]<br />
* [[Eldan]] le Moineau (joué d'abord par Aloun, puis XO)<br />
<br />
== Prologue ==<br />
<br />
[[Hadrien "Muraille"]], sa famille et les géants menés par [[Neri'Helin]] passaient la sixième semaine à faire surgir des gravats de la Mine Bénie une tour de quatre étages dotées d'une herse, d'un fanal, de montes-charges et même d'une chapelle au Premier Seigneur des Batailles, [[Herem]] (apparu sur le site dans toute sa divine grandeur pour sauver les Talendan des assiégeants [[Kormes]] deux semaines auparavant), lorsque la dresseuse et les mercenaires chargés de protéger le chantier (et son précieux contenu : le fameux "sarcophage de résurrection" récupéré lors de Terrain Minier) s'avisèrent qu'un "intrus" rôdait dans les parages. Il était à la fois trop discret pour que les guetteurs les plus habiles puissent le surprendre, assez "léger" (ou doué) pour ne point laisser d'empreintes derrière lui mais assez "corporel" pour faire bouger les branches de sapins sur son passage et assez "surnaturel" pour inquiéter les géants peureux.<br />
Averti par Lel'Liamil venu visiter le chantier, notre sémillant Capitaine convoqua son expert en surnaturel, le chroniqueur Andréas "Odran" : si ce n'était ni le spectre d'un des (nombreux) trépassés lors des événements ayant conduit à l’effondrement de la mine, ni un guetteur korme ni [[Etayn-la-Louve]] (trop habile avec les bêtes pour inquiéter des géants), ce pouvait encore bien être un membre de la [[Confrérie du Chacal]] ou, pire, un vilain sorcier, peut-être même [[Urgrand]]. Auquel cas, il fallait enquêter et prendre des précautions...<br />
<br />
== La planque ==<br />
'''Au début de la [[Huitaine 7|7° huitaine]] après la bataille''', peu après le départ de la nef pour [[Aroche]], Andréas et Vighnu Pratesh se rendirent donc sur place, le second dans le vague espoir de toucher la prime mise sur la tête du sorcier par les Kormes, et y retrouvèrent Eldan le Moineau, resté à la tour après sa garde d'une semaine pour continuer à surveiller avec la dresseuse intriguée et [[Totor]], le géant à son papa [[Adira]] (parti pour Aroche), demeurant sur place jusqu'à ce que soit guéri un gros bobo à sa papatte.<br><br />
Les 3 malheureux mineurs -rescapés de "[[Terrain Minier]]" et logés sur place dans la [[Mine Bénie]] en attendant du renfort pour se mettre à extraire le minerai d'argent- étaient presque aussi inquiets que le géant et accablèrent les arrivants de maintes légendes idiotes, mais comme il semblait bien que l'intrus vint presque chaque nuit, nos trois chasseurs mirent au point un signal avec les deux mercenaires ([[Gavin "la Fouille"]] et [[Sigwald "le Grêlé"]]) et deux templiers qui garderaient l'endroit pendant la nuit, puis allèrent s'embusquer un peu avant le crépuscule dans les pentes rocailleuses que formaient les montagnes alentour.<br />
<br />
Ils restèrent ainsi, presque sans bouger ni parler, pendant de longues heures glacées, à surveiller le moindre mouvement parmi les rares sapins enténébrés, la moindre ombre sur la neige maculée de boue gelée... jusqu'à ce que Vighnu distingue une forme floue glissant parmi quelques broussailles étiques et expirant par moment un nuage de vapeur. Ses compagnons, une fois avertis à voix basse, se crevaient néanmoins les yeux sans rien voir. Aussi le "chroniqueur" entreprit-il de projeter son esprit dans la direction indiquée par le Fehnri pour y découvrir... une silhouette floue et sans visage. D'abord surpris, il réalisa vite que l'intrus employait sans doute une sorte de camouflage magique ou un sort de dissimulation, et notre mage en conclut qu'ils avaient affaire à un sorcier. Précautionneux, nos chasseurs décidèrent donc de ne pas prendre de risque et Eldan banda son arc pour l'abattre d'une flèche dans le dos, comme ça, sans même dire "bonsoir". <br><br />
Eldan avait-il méjugé de la distance à cause de l'obscurité, l'intrus portait-il une armure ? Toujours est-il que, après une exclamation de douleur, loin de s'étaler dans son sang, la silhouette s'élança à toutes jambes dans le versant irrégulier de la montagne, Vighnu et Eldan cavalant bientôt derrière elle pendant qu'Andréas appelait l'hallali, rameutant les guerriers à l'affût dans la tour.<br />
<br />
== Chasse aux sorciers ==<br />
<br />
Plus agile en montagne et ses sens plus aiguisés, Eldan distança bientôt le fehnri dans la poursuite de l'intrus invisible en se guidant sur les seuls le bruits de course, ses occasionnelles empreintes dans les dernières plaques de neige, les branches mouvantes de sapin ou son ombre intermittente sur les rochers.<br />
Quoiqu'il perdit fréquemment du terrain pour chercher sa proie, le jeune éclaireur avait suffisamment repéré les environs pour savoir que, s'il continuait de longer les pentes vers le sud, l'Invisible atteindrait bientôt un fort torrent, puis une élévation abrupte et, au-delà, une faille infranchissable... ''(Les 3 PJ avaient en effet commencé la séance par un gros jet de préparation commun, ils avaient donc du bonus en stock pour la séquence "embuscade" de leur plan, même s'il est parti en sucette au premier tir...)''<br />
Eldan dévala donc la pente vers l'unique gué sur le torrent, persuadé de pouvoir y intercepter le fugitif : manquant plusieurs fois de se blesser en bondissant comme un cabri parmi les buissons rabougris et les blocs rocailleux, il atteignit bientôt la large plate-forme rocheuse au bord de laquelle le courant, après avoir buté sur un rebord de pierres, se déversait en une courte chute d'eau vers un bassin en contrebas. L'arc bandé, attentif au moindre bruit discernable malgré le roulement des flots, scrutant la nuit à la pointe de sa flèche, il attendit. Un raclement de cailloux lui fit tourner la tête et, soudain, il discerna l'ombre indistincte que l'être translucide projetait sur les rochers dans la faible clarté des deux lunes, et décocha au jugé : le trait effleura la cible pour se perdre vers les rares sapins de l'autre rive, mais une soudaine gerbe d'eau trahit l'Indistinct : il venait de plonger dans le torrent.<br />
À quelques 100aines de mètres derrière lui et maintenant complètement semé, Vighnu vit alors arrivé Neri'Helin juchée sur un Totor galopant et lui fit signe de chercher à l'ouest, vers l'aval, pendant que lui-même presserait au sud en longeant les crêtes. Ils progressaient prudemment, attentifs au moindre souffle de vent dans les broussailles lorsque l'appel d'Eldan leur parvint : l'intrus fuyait par l'étang.<br />
<br />
Après avoir vu passé la dresseuse indigène sur son lourdaud de géant et s'être fait doublé par le Grêlé, galopant à sa suite la lance à la main, Andréas (décidément peu fait pour la course à pied), avait été rejoint par Gavin la Fouille et, le temps de reprendre son souffle, utilisa la sphère alourdissant son havresac pour projeter son esprit par-dessus les pentes rocheuses et les fourrés, repérant bientôt Totor, sa cavalière, Vighnu et Eldan : ''"Ils sont au bassin !"'' expliqua-t-il à l'écuyer qui, sans trop se demander comment le chroniqueur pouvait bien le savoir, s'élança à son tour. Andréas regardait son dernier compagnon s'éloigner au pas de charge... quand une francisque jaillie d'un bosquet frappa l'apprenti guerrier en pleine course, enfonçant son thorax et le basculant dans la rocaille.<br />
Atterré, Andréas vit alors un barbu aux longs cheveux noirs sortir des sapins et s'avancer d'un pas heurté, traînant la patte et un épais bandage couvrant sa main gauche : ''"Hé bien, nous voilà enfin seuls ! Donne-moi ce sac, magicien de cabaret, et je te laisserais probablement vivre."'' Reconnaissant alors le fameux Urgrand, Andréas tira sa dague… et se mit à crier à l'aide.<br />
<br />
À force de scruter la surface de l'eau à travers la légère brume, notre éclaireur finit par distinguer une sorte de perturbation dans les vaguelettes du lac et tira une nouvelle flèche, sans grand résultat. Mais comment trouver un type invisible dans un lac la nuit ? Eldan s'énervait lorsque Vighnu, la dresseuse et le géant déboulèrent des contreforts pour se joindre à la traque, commençant à contourner l'étang pour que leur proie ne s'échappe pas par l'autre côté, guettant un mouvement dans l'eau... sans grand résultat. <br><br />
<br />
''"Ça fait combien de temps qu'il est sous l'eau, là ? <br><br />
''_C'est à dire que s'il est invisible, il peut facilement sortir la tête pour respirer sans qu'on le voit. <br><br />
''_Oui mais ça caille, là : il va finir par geler, le gars. <br><br />
''_Mais ça peut prendre un moment. <br><br />
''_Et si on avançait dans l'eau ? C'est pas très profond, on pourrait sans doute le débusquer à nous trois, plus Totor..."''.<br><br />
Mais un cri venant des hauteurs interrompit leurs réflexions : <br><br />
''"C'était quoi, ça ? <br><br />
''_Chut, j'écoute !... Merde, je crois que c'est Andréas... <br><br />
''_Et qu'est-ce qu'il crie ? <br><br />
''_Je ne sais pas, mais je vais aller voir." <br><br />
<br />
Et soudain, derrière eux, l'eau remua : ''"Là, il est là"'' cria Eldan, ''"cette fois je vais me le faire !"'' Et, jetant son arc sur la rive, il tira son épée pour foncer dans l'eau [et une Réaction à 5, une !]. Vighnu hésita une seconde à lui porter assistance mais, lorsqu'un nouveau hurlement retentit au loin, fonça vers les crêtes.<br />
<br />
== Face au danger ==<br />
<br />
Andréas, la besace posée derrière-lui dans les buissons, fit bravement face au sorcier qui s'approchait en claudiquant d'un pas irrégulier mais tranquille, dégainant lentement une épée : <br><br />
<br />
''"Sois raisonnable : donne-moi ce sac ou je vais devoir te saigner comme un porc pour le prendre. <br><br />
''_Tu... tu as tué [[Rohanan]] ! <br><br />
''_Qui ?" <br><br />
<br />
Plus que les insultes, les menaces ou sa suprême arrogance, c'est ce dédain pour l'ami dont il avait brisé les vertèbres qui fit gronder la rage dans les veines du chroniqueur : hurlant comme un possédé, Andréas chargea la dague à la main. La lame pénétra la veste de cuir et s'enfonça dans le flanc du Sylvain surpris : le jeune mage allait frapper une seconde fois quand il vit la blessure se cicatriser sous ses yeux et sentit une intense douleur envahir ses entrailles. Le Talendan connaissait déjà cette sensation et, bandant sa volonté contre celle du Sorcier, l'étonna à nouveau en repoussant le sort.<br />
<br />
Mais l'effort vidait son énergie et, bientôt, Andréas plia le genou devant l'ennemi, qui lui décocha un grand coup de pommeau dans le front et l'envoya bouler dans les fourrés. ''"Alors comme ça on résiste, hein ? Qu'est-ce tu crois pauv'merde, que tu peux m'arrêter avec tes tours de passe-passe et ton couteau minable ? Tsss..."''<br />
<br />
Son flegme maintenant disparu, le sorcier boitait en râlant pour ramasser le précieux sac quand une lourde lance lui transperça l'abdomen sans prévenir : le Sylvain n'avait pas vu arriver le Grêlé, alerté par les appels du chroniqueur.<br />
Mais au lieu de s'effondrer, le sorcier transpercé de part en part poussa un cri inhumain qui figea les deux Talendan : les aiguilles de pin tombèrent en pluie partout autour d'eux et, saisissant la hampe à pleines mains, Urgrand l'arracha d'une seule traction en répandant son sang aux alentours. Les buissons et les herbes folles, à peine reverdis par le printemps, se racornissaient tout autour du Sylvain, séchant et craquant au fur et à mesure que sa large plaie au ventre se refermait sous les yeux terrifiés du mercenaire. Sigwald le Grêlé, quoique tremblant, ne faiblit pas : tirant son épée, il franchit au pas de charge les quelques mètres qui le séparaient du sorcier sanglant et attaqua de toutes ses forces. Urgrand esquiva au dernier moment et rabattit le manche de la lance dans les côtes du mercenaire qui se fracturèrent sous l'impact, projetant les 80 kilos du guerrier à plusieurs mètres dans les sous-bois. Et quand Andréas en profita pour lui planter sa dague dans le dos, le sorcier commença vraiment à s'énerver...<br />
<br />
=== Interlude glacé ===<br />
<br />
Entré dans l'eau glaciale jusqu'à la ceinture et son ardeur illico refroidie (surtout quand il réalisa que ses compagnons le laissait seul avec un ennemi invisible), Eldan serrait la poignée de son épée fétiche en guettant la moindre ridule ou le moindre clapotis dans l'eau. Un remous lui permit de se retourner juste à temps pour voir soudain jaillir de l'étang une forme indistincte, comme une silhouette de verre partiellement ouverte sur une armure de cuir cloutée, un visage hirsute et un bras brandissant un poignard (parfaitement opaques, eux)... qui l'assaillit immédiatement. Le poignard aurait sans doute perforé le thorax de l'éclaireur s'il n'avait alors trébuché sur les galets tapissant le bassin et esquivé miraculeusement ''(1 pH)'' : aussitôt rétabli, Eldan attaqua de taille et d'estoc en profitant de l'allonge supérieure de sa propre lame, mais son adversaire se révéla tout aussi habile à l'esquive, parvenant au passage à dégainer un second poignard. Malgré l'étrangeté d'un combat contre un type dégoulinant dont la tête, dénudée de sa capuche dans le combat, les mains et parfois le ventre apparaissaient seuls tangibles aux limites d'un drapé invisible, l'éclaireur tenait courageusement tête au Sylvain et, feintant pour rentrer dans la garde de son adversaire, parvint à lui entailler profondément le flanc d'un revers d'épée avant de lui arracher la cape, brisant le fermoir qui en tenait le col. La lourde capeline apparaissant soudain de drap noir et détrempé au bras du Moineau, et lui-même étant maintenant complètement visible, le brigand plongea dans les profondeurs de l'étang et ne réapparu qu'après une longue brasse, s'échappant à la nage.<br />
<br />
=== Entre feu et loup ===<br />
<br />
Sous les yeux d'Andréas, les pupilles d'Urgrand avaient soudain jaunit et, sa mâchoire s'ouvrant jusqu'à se déboîter sur un hurlement bestial, ses articulations avaient claqué les unes après les autres, sa colonne vertébrale semblant s'affaisser vers l'avant alors que les doigts de sa main libre s'allongeaient en une patte griffue, l'autre perçant le pansement pour révéler une épaisse touffe de poils noirs. Et lorsque cette fourrure commença à recouvrir le cou et les pommettes du sorcier, son visage s'allongeant dans une suite de craquements hideux alors que ses canines poussaient, le chroniqueur compris qu'il allait y passer à moins d'une idée de génie... Il saisit sa dague pour tracer à toute vitesse des flammes dans la terre couverte de plantes mortes, jeta toutes ses forces dans son sort. Alors le monstre qu'était devenu Urgrand vit ses vêtements en loques crépiter et prendre feu, les cruelles flammèches l'entourèrent bientôt, montant autour de lui jusqu'à l'aveugler, gagnant sa fourrure et brûlant sa chaire, bientôt tremblante de la panique atavique du loup face au feu !<br />
''(Oh le beau sort d'illusion, oh la belle idée ! Andréas y a illico gagné 1pH.)''<br />
<br />
=== Les chasseurs pris en chasse ===<br />
<br />
Courant à la rescousse, Vighnu et [[Neri'Helin]] tombèrent bientôt sur Gavin la Fouille, baignant dans son sang mais toujours vivant après une longue dégringolade dans la pente hérissées de rochers, et malgré la profonde plaie ouverte dans son thorax par la francisque du sorcier. Mais Vighnu n'avait ni le matériel ni le temps pour soigner l'écuyer car, en haut de la pente, la rumeur du combat s'amplifiait. Ils chargèrent donc le blessé sur l'épaule velue de Totor (malgré les protestation du géant) et reprirent leur ascension précipitée pour découvrir bientôt un spectacle qui dépassait l'entendement :<br />
au milieu d'une large zone de végétation séchée et noircie comme par un soudain incendie, une forme à peine humaine semblait se disloquer en s'agitant follement, s'arrachant des poils et des lambeaux de vêtements avec des grognements furieux et des jappements plaintifs. À quelques pas de lui, Andréas tuméfié et en nage, se relevait péniblement, rampant et trébuchant pour s'éloigner du monstre devenu fou. ''"COURS !"'' lui cria Vighnu, à la fois blême et électrisé par l'adrénaline, ''"COURS BON SANG !"''. Le chroniqueur, d'abord trébuchant, saisit son sac par la sangle et s'éloigna bientôt d'un trot freiné par ses halètements, alors que la silhouette du sorcier reprenait peu à peu forme humaine dans ses vêtements déchiquetés, d'où perçait une main gauche déformée et velue.<br />
<br />
Urgrand jeta à peine un regard au géant terrifié qu'encadraient le Fehnri et la dresseuse, tous trois figés à 40 pas de lui, et clopina vers la forme affaissée du Grêlé en marmonnant : ''"Ah le sale petit fils de pute... le sale petit merdeux... je vais le peler comme une pomme, je vais le noyer dans son sang, je vais le..."''. Mais quand le mercenaire se releva soudain, l'épée à la main, le Sorcier le saisit à bras le corps avec un cri de joie, bientôt couvert par le hurlement de souffrance du guerrier, un hurlement qui se fit bientôt plus rauque, presque chevrotant, et mourut dans un râle indistinct.<br />
Quand il laissa le corps s'écrouler parmi les buissons pétrifiés, le Sorcier avait retrouvé sa stature et son énergie et, quoiqu'il traîna encore un peu la jambe et que son bras gauche sembla toujours coincé entre les formes humaine et lupine, c'est avec une joie féroce que le sorcier cria vers les sapins où disparaissait le chroniqueur : ''"COURS ! COURS, PETIT LAPIN ! PARCE QUE LE MÉCHANT LOUP VA TE TROUVER ET TE aouch !"''. La flèche de Neri'Helin lui ayant griffé la jambe, le Sorcier se retourna vivement, outré, et ramassa la lance du Grêlé pour la jeter à l'Emishen : il la rata de plusieurs mètres et ne toucha qu'un sapin, mais l'impact fut si violent que la hampe vola en éclats, le fer presque entièrement enfoncé à travers l'écorce. ''"Oh putain !"'' lâcha Vighnu, planqué derrière un (autre) tronc et atterré par la force du sorcier, alors que Totor s'enfuyait en hurlant, Gavin la Fouille toujours sanglé sur son épaule. <br><br />
''"Tire encore ! Il faut l'attirer à nous pour permettre à Andréas de rejoindre la tour ! <br><br />
''_J'avais qu'une seule flèche : le carquois est au dos d'Eldan ! <br><br />
''_Et meeerde... rattrape le géant, je vais tenter quelque chose !"<br><br />
<br />
Et alors qu'Urgrand repartait à grands pas saccadés aux trousses du jeune mage en chantonnant ''"Petiiit laaaapin ! Viens voir par là, petit laaaaapin ! On va s'amuser, toi et moi !"'', l'assassin pris le risque insensé de s'approcher de lui à moins de 30 pas pour lui lancer un de ses grands couteaux de jets hornois : la lourde lame en feuille de laurier se planta avec un bruit mat dans l'omoplate du sorcier, qui se retourna, l'arracha d'une main en beuglant ''"Non mais c'est fini, oui ?!"'' et la renvoya avec tant d'élan que, Vighnu s'étant jeté à terre pour esquiver, l'acier se tordit en cognant sur un rocher.<br />
Urgrand clopinait à nouveau en direction de la tour et le Fehnri, constatant que le poison dont il avait enduit son arme ne semblait pas tellement affecter le Sylvain, s'approcha du Grêlé pour voir s'il pouvait encore l'aider : il lui fallu quelques secondes pour comprendre que le petit vieillard squelettique nageant dans une armure trop grande, déjà froid, racorni et presque momifié, était le corps du mercenaire. ''"Putain, putain, putain !"''<br />
Pas pressé d'aller affronter le sorcier au corps à corps et confiant dans la protection que la tour offrirait à Andréas, Vighnu récupéra son couteau tordu et s'élança derrière Neri'Helin, à la poursuite du géant et du blessé.<br />
<br />
=== Une étrange cape ===<br />
<br />
Au bas de la pente, Eldan n'était pas assez idiot pour poursuivre un type à la nage avec son armure, son baudrier et son épée, surtout que le Sylvain semblait nager comme un poisson et que ses poignards l'avantageraient nettement si le Moineau venait à le rattraper dans l'eau. Il gagna donc la rive à grands pas et, grelottant dans la nuit glaciale, fonça vers son arc pour découvrir qu'il avait disparu : après une bordée de jurons, évaluant la distance que le Sylvain avait encore à nager, Eldan jeta la cape dans un buisson et s'élança au pas de course pour contourner le lac, espérant être assez rapide pour choper le fuyard au bord du bassin.<br />
Et, justement, le brigand détrempé atteignait la rive lorsqu'il entendit les pas rapides d'une course dans les galets : au delà de l’étroit cours d'eau par lequel l'étang se déversait dans les gorges encaissées pour rejoindre le torrent furieux qu'on entendait gronder en contrebas, le tenace éclaireur arrivait au pas de charge, dégainant son épée.<br />
Mais le Moineau aussi surveillait le brigand et, captant le geste vif et l'éclair métallique, se coucha en dérapant dans les galets pour éviter le poignard que l'autre lui avait jeté. Le temps de se relever et le Sylvain disparaissait à l'orée de la forêt toute proche ; le temps de franchir le courant qui lui arrivait à mi-cuisse et voulait l'entraîner dans le canyon, la silhouette du fuyard avait disparu.<br />
Renonçant bientôt à pister un forestier manifestement habile dans un bois inconnu en pleine nuit, Eldan revint sur ses pas et récupéra la cape au fermoir brisé. Il constata que son poids venait du maillage métallique qui en doublait l'intérieur, le bord inférieur étant prolongé par un liseré de fourrure épaisse et sombre, dont la saleté indiquait qu'elle devait servir à balayer les traces du porteur et, sa curiosité satisfaite pour l'instant, il se la jeta sur l'épaule et repartit vers la mine à petites foulées, sa course moins motivée par l'urgence que par le besoin de se réchauffer.<br />
Là-haut, près des crêtes, quelqu'un venait d'allumer le fanal de la tour.<br />
<br />
=== La herse ===<br />
<br />
Hors d'haleine et trébuchant, Andréas dévala le surplomb couvert de sapins qui bordait le glacis dégagé autour de la mine fortifiée et, voyant venir du secours, s'effondra dans les bras des deux templiers qui couraient à sa rencontre : <br><br />
<br />
''"Mais bon sang, qu'est-ce qui se passe, dehors ? <br><br />
''_HHHUrg... Hhhurgrand... hhh... le sorcier...<br><br />
''_Mettez-vous à l'abri, mon vieux : on va s'en occuper ! <br><br />
''_Non...hhh... non... attendez... il est trop... <br><br />
''_Rentrez et fermez la herse !"'' lui cria le plus jeune des deux templiers qui, armes à la main, partaient déjà en courant vers la silhouette sombre apparue entre les arbres. Trottinant de son mieux vers la protection de la tour, le chroniqueur ne put s'empêcher de se retourner lorsqu'un cri plaintif retentit, et vit le premier templier s'effondrer, sa propre épée plantée de biaisdans son lourd casque d'acier. Il n'attendit pas que le second tombe à son tour pour franchir enfin le grand portail de bois par le vantail entr'ouvert, claquer la porte derrière lui, barrer la porte et s'affaler au sol pour reprendre son souffle. ''"Mais qu'est-ce qui se passe, à la fin ?"'' lui demanda alors un mineur moustachu, armé d'une pioche et manifestement inquiet. <br><br />
''"Hhh... hhher... herse. <br><br />
''_La herse ? Quoi, la herse ?<br><br />
''_Fermez...la herse. <br><br />
''_Fermer la herse ?! Mais enfin il y a encore tous vos amis dehors et... <br><br />
''_FERME-LA PUTAIN DE HERSE, DUCON, LE SORCIER ARRIVE !" <br><br />
<br />
Et tandis que le mineur effrayé gagnait l'étage supérieur en criant à ses camarades ''"On est attaqués ! On est attaqués ! Allumez le fanal !"'', Andréas claudiqua hors du couloir d'entrée, escalada à quatre pattes l'escalier à vis qui sentait encore le ciment frais et atteignit la salle de garde obscure surplombant l'assommoir, où les meurtrières dominant le portail laissaient entrer la pâle lueur des deux lunes et de lointains hurlements de souffrance. Malgré sa terreur, le scribe redescendit en haletant pour trouver une torche allumée, remonter péniblement et en éclairer la salle de garde, découvrant les énormes rouages du treuil retenant la herse. Du dehors, lui parvint un appel sarcastique, tout proche : ''"Tu es là-dedans, petit lapin ? Et tu crois que c'est assez solide pour m'empêcher d'entrer ? Attends voir..."''<br />
<br />
Un choc monstrueux ébranla le portail, effrayant la seule mule qui occupât l'écurie du rez-de-chaussée. Après avoir essayé plusieurs leviers en vain, Andréas domina la panique qui le gagnait à chacun des coups de boutoir qui résonnaient dans la tour et parvint enfin à libérer l'engrenage qui se mit à tournoyer, entraîné par le poids de la lourde grille de chêne et d'acier qui tombait au ralenti vers le sol. Un craquement terrible précéda les bruits de rebonds métalliques et le chroniqueur compris que le portail cédait : encore deux coups et il entendit le raclement des portes disjointes s'ouvrant sur le sol de terre battue.<br />
Puis les pas, irréguliers mais toujours tranquilles, qui s'avançaient dans le couloir, juste sous les genoux tremblants d'Andréas, s'efforçant de ne faire aucun bruit en poussant le madrier verrouillant la herse : ''"Tu es là mon petit lapin ! Je te sens ! Dis-donc, il a bien bossé votre vioque, là. Sincèrement, je suis épaté. Mon gars et moi, on regardait le chantier se monter, l'autre jour, et je lui disais justement : c'est pourtant vrai qu'ils bossent vite, tu vas voir que ça va bien me prendre une heure pour raser tout ça. Mais justement, je suis pressé, alors donne-moi la sphère et je m'en irai. Je te le promets, petit lapin : passe-moi l'artefact que l'autre croulant m'a volé et je renonce à t'écorcher vif. Tiens, tu vois la petite trappe au milieu de la pièce ? Regarde donc, c'est pas loin de tes pieds. Tu ouvres la petite trappe, tu y laisses tomber la sphère et c'est fini, je te jure que je vous laisserait vivre tous les 4, les autres creuses-misère et toi. Qu'est-ce que tu en dis, mon p'tit lapin ? Tu veux me faire plaisir ? Tu veux vivre encore un peu ? Ou je vais devoir vous tuer un par un, comme j'ai déjà massacré tous les autres corniauds, là-dehors ?"''<br />
<br />
Recroquevillé autour de la précieuse sphère dans son havresac, serrant les dents de peur et de rage, Andréas ne lâchait pas un son. ''"Bon tu te dépêches ? File-moi la boule !"'' appelait la voix d'Urgrand, de plus en plus tendue et amplifiée par le couloir voûté, 5 mètres plus bas. ''"J'ai pas que ça à foutre, non plus ! Donne-moi la putain de boule ou je vais tout péter dans cette tour de merde ! Ça suffit maintenant !"'' Le chroniqueur ne put retenir un gémissement lorsque Urgrand entreprit de soulever la herse, dont le cadre heurta bientôt le madrier servant de loquet, et retomba avec un bruit sourd.<br />
''"Han...ah la vacherie, c'est lourd... Allez, là j'en ai marre ! (un grand coup dans la herse fit tinter les pierres de la tour : blang !) Ouvre-moi, avorton de pute ! (blang ! blang !) Ouvre-moi, sale merdeux ! (blang !) Ouvre-moi ou je te jure que je vais t'arracher les yeux (blang !) pour te les faire bouffer ! (blang !)"'' Un cri de rage, de nouveaux coups, un craquement de bois quand le sorcier passa ses nerfs sur les débris du portail... et puis plus rien.<br />
<br />
== Silence ==<br />
<br />
Eldan grimpait agilement, toujours au trot : il coupa par le lit d'un ruisseau, escalada l'autre versant et ralentit prudemment en arrivant au dernier bosquet avant le glacis. Il n'entendait plus de cri ni aucune sorte de bruit et ne voyait rien d'autre en bas de la tour que le portail béant, mais il commença par se rapprocher de la falaise par le nord-est, restant à la lisière des sapins afin de vérifier qu'aucune menace ne restait tapie dans l'ombre de la crête rocheuse. C'est ainsi qu'il trébucha soudain sur les jambes brisées d'un templier, assis, cloué par sa propre lance au fût d'un sapin, les mains broyées et sanglantes, respirant à peine. L'éclaireur croisa son regard suppliant et, après avoir vérifié qu'ils étaient bien seuls, pris appui sur le tronc pour extraire la lance, coucher doucement le templier sur le flanc et panser brièvement sa blessure à l'abdomen, la seule pour laquelle il put quelque chose : <br><br />
<br />
''"Ss...cier. <br><br />
''_Du calme, ça va aller. Où est-il ?<br> <br />
''_...t...our... <br><br />
''_Il faut que j'aille voir ce qui se passe, mais je vais revenir. <br><br />
''_Hhg...hh.. <br><br />
''_Tenez bon, je reviendrai vous chercher."<br><br />
<br />
Il s'éloigna alors d'un pas souple, longea la falaise par l'est, atteignit la tour, rasa le mur silencieusement et, très prudemment, jeta un œil par le portail défoncé : personne. Il s'avança jusqu'à la herse toujours baissée, nota les traces de coups marquées dans le bois et le métal, voulu la secouer pour vérifier sa solidité et ne parvint pas à la faire broncher d'un millimètre. Il ressortit, vérifia encore les alentours et revint pour appeler : <br><br />
''"Hoho !? C'est Eldan ! Tout le monde va bien ? Youhou ? Qu'est-ce qui a enfoncé le portail ? Totor ?"<br><br />
Après un instant, la trappe de l'assommoir s'ouvrit, Andréas vérifia qu'il avait bien affaire au Moineau et répondit :<br><br />
''"Urgrand nous est tombé dessus, et il a attaqué la tour. Je... je crois qu'il a tué... tous les autres. <br><br />
''_J'ai trouvé les templiers mais pas... attends : quelqu'un arrive."<br><br />
Collé au mur, l'épée au clair, l'éclaireur passa la tête à l'extérieur et vit Totor descendre la colline boisée en portant un corps inanimé, Neri'Helin le menant doucement par la main et Vighnu penché sur quelque chose d'indiscernable dans la pente (le corps de l'autre templier).<br />
<br />
Quand ils furent certains qu'Urgrand était parti et tous rassemblés dans la tour, Eldan, Neri'Helin et Totor retournèrent chercher le templier agonisant pendant qu'on installait Gavin sur une table au premier étage : le Fehnri avait fait de son mieux pour maintenir l'écuyer en vie jusque là, mais ils allaient maintenant devoir opérer pour tenter de le sauver. Andréas et lui se répartirent les tâches, Eldan étant aussitôt promu infirmier. Un travail dont il s'acquitta avec excellence, faisant bouillir de l'eau et des linges, passant les bons instruments et les bons onguents aux bons moments. Les deux "toubibs" s'affairaient ensemble, l'assassin-apothicaire formé à la chirurgie et le mage-herboriste-médecin se complétant fort bien, et après une longue et sanglante opération, ils bandèrent la plaie et se penchèrent sur le cas du templier. Les jambes étaient fracturées en trop d'endroits pour les sauver, et les deux médecins s'accordèrent pour amputer, mais purent sauver la vie du cul de jatte.<br />
Après des heures d'opérations, rompus de fatigue, ils s'assirent finalement avec Eldan dans la lumière jaune que l'aube poussait par les meurtrières : les deux patients vivraient.<br><br />
<br />
''"La vache... Quelle nuit !<br><br />
''_J'ai bien cru y rester.<br><br />
''_J'suis désolé d'avoir laissé l'autre Sylvain s'enfuir...<br><br />
''_Écoute, on est vivants : si comme nous t'avais vu ce qui reste du Grêlé, ça te suffirait.<br><br />
''_Ah... il est vraiment mort ?<br><br />
''_Très.<br><br />
''_Désolé, Messire le Moineau.<br><br />
''_Ben... il était pas sympa, mais on est plus bien nombreux de notre patrouille... J'ai ramené la cape au fait, mais elle marche plus. Y a une espèce de treillis de métal, dedans, mais j'ai cassé le fermoir et...<br><br />
''_Donne-moi ça, j'y jetterais un œil plus tard. Dîtes-donc, Eldan, allez donc éteindre le phare s'il-vous-plait, là-haut : je ne crois pas que ça serve de le laisser brûler toute la journée."<br><br />
Et quand l'éclaireur fut parti, Vighnu demanda : ''"J'ai rien compris : qu'est-ce qu'il te voulait l'autre malade ?''<br><br />
''_Je crois qu'il voulait la sphère de Langard. Je suppose que son tueur et lui trainaient exprès ici, sachant que si une espèce de fantôme inquiétait la mine, on m'enverrait forcément enquêter et que j'aurais la sphère avec moi. Il nous a donc attendus...<br><br />
''_Et piégés, séparés... et massacrés. Je ne sais pas encore quand ni comment, mais il faudra trouver un moyen de l'éliminer, ce fumier-là. Qu'est-ce qu'il peut en faire, de cette boule ?<br><br />
''_Des tas de choses ! Elle démultiplie la portée des sorts, déjà, et à mon avis c'est ce qui l'intéressait : avec elle, il pensait pouvoir accéder magiquement au sarcophage et peut-être soigner les blessures qu'il conserve de l'effondrement de la falaise.<br><br />
''_Mais... il est plus là, le sarcophage, non ?<br><br />
''_Non, il est parti hier avec les Muraille. Mais je ne crois pas qu'il l'ait compris avant de m'avoir poursuivi ici. Peut-être qu'il a gouté l'eau qui s'écoule vers la chapelle, peut-être qu'une fois calmé il a pensé être maintenant assez près, tenté de repérer l'artefact juste "senti" qu'il n'était plus là... Alors il est parti.<br><br />
''_Merde ! Mais alors les Muraille et leur chariot...<br><br />
''_Ils devaient déjà être à Tal Endhil quand Urgrand nous est tombés dessus. C'est à une journée de marche, ils ont un jour d'avance : c'est pas en courant derrière eux qu'on pourra quoi que ce soit. Allumer le feu d'alerte a du suffire : notre fier Capitaine doit être aux aguets, il les protégera.<br><br />
''_Et tu dis qu'il était blessé, là ?<br><br />
''_Oh oui : il boitait, il avait le visage un peu "tordu" et puis il y avait sa main, toute disloquée et couverte de poils...<br><br />
''_Oui, oui, j'ai vu : brrrr. Mais putain, qu'est-ce que ce sera s'il nous tombe dessus en pleine forme !<br><br />
''_C'est bien le problème : on le reverra.<br><br />
''_Il t'a dit ça ?<br><br />
''_Non mais s'il avait pu se soigner seul, par la Porte-sous-la-Montagne ou ailleurs, il l'aurait déjà fait : si la seule solution qui lui reste c'est le sarcophage, il n'abandonnera pas de sitôt."<br><br />
<br />
== Epilogue ==<br />
<br />
Le lendemain soir, Eldan, Andréas, Vignu et Neri'Helin atteignirent le village avec le corps des templiers et du Grêlé attachés sur une mule, Totor portant toujours Gavin. Ils firent leur rapport au Capitaine, présentèrent la cape (''"À première vue, on dirait qu'elle utilise une maille de fils d'argent pour transmettre l'énergie du porteur vers l'extérieur, et activer le sortilège d'occultation inscrit dans le fermoir. _Et on peut la réparer ? _Je n'en sais rien, je suppose qu'il faudrait plus qu'un orfèvre..."''), furent tous rassurés sur le sort du sarcophage (''"C'est réglé, je ne veux plus un mot à ce sujet."'') et envoyés se reposer avec ses remerciements.<br />
Après leur départ, Durgaut s'installa au parapet du donjon et soupira : la Fouille alité pour des semaines, le Grêlé mort d'horrible manière, deux templiers perdus... en comptant ceux que le commandeur [[Bagoran de Marale]] avait laisser pour protéger l'abbé [[Dolomire]], la démission de [[Nevel Sholdanan]] et les six mercenaires expédiés à Aroche, il lui restait 12 hommes pour défendre le village d'un sorcier psychotique et d'un truand revanchard, mener ses projets et tenir la passe de [[Nilfenan]] selon le traité conclu avec les Emishen : en attendant que [[Bahardabras]] reviennent avec des mercenaires hornois, les prochaines semaines allaient lui sembler longues...<br />
<br />
<br />
'''[[9) "Reishin Ghoran"|<< Épisode Précédent]] | [[11) "Toutes voiles dehors !"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
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<br />
[[Catégorie:Épisodes]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/10)_%22Nuit_Blanche%2210) "Nuit Blanche"2014-09-08T16:18:02Z<p>Aloun : /* Ordre de mission */</p>
<hr />
<div><br />
== Ordre de mission ==<br />
<br />
''Après avoir embêté plusieurs PJ (Hadrien Muraille, le Capitaine et [[Lel'Liamil]]) avec des événements étranges autour de la [[Mine Bénie]], est arrivé le moment où Durgaut a consulté Vighnu (son assassin) et Andréas (son consultant en sorcellerie et autres choses surnaturelles) pour voir ce qu'on pouvait faire concernant la rumeur tenace d'un rôdeur au chantier. Si cette petite intrigue devait initialement se régler "par mail", un heureux hasard a voulu que Vighnu réclame un pisteur pour l'assister dans une possible traque au moment où, entre deux expatriations professionnelles, Aloun était disponible pour jouer. On a donc saisi l'opportunité d'en faire un court Épisode par table virtuelle (et j'ai modifié l'identité du "rôdeur" pour leur mettre une réelle adversité), histoire de jouer une dernière fois avec lui avant qu'il ne change de continent. Pas de bol : il n'a pu jouer qu'une séance sur les deux, mais XO l'a remplacé au pied levé.''<br />
<br />
'''Protagonistes :'''<br />
* Andréas "Odran"<br />
* Vighnu Pratesh<br />
* Eldan le Moineau (joué d'abord par Aloun, puis XO)<br />
<br />
== Prologue ==<br />
<br />
[[Hadrien "Muraille"]], sa famille et les géants menés par [[Neri'Helin]] passaient la sixième semaine à faire surgir des gravats de la Mine Bénie une tour de quatre étages dotées d'une herse, d'un fanal, de montes-charges et même d'une chapelle au Premier Seigneur des Batailles, [[Herem]] (apparu sur le site dans toute sa divine grandeur pour sauver les Talendan des assiégeants [[Kormes]] deux semaines auparavant), lorsque la dresseuse et les mercenaires chargés de protéger le chantier (et son précieux contenu : le fameux "sarcophage de résurrection" récupéré lors de Terrain Minier) s'avisèrent qu'un "intrus" rôdait dans les parages. Il était à la fois trop discret pour que les guetteurs les plus habiles puissent le surprendre, assez "léger" (ou doué) pour ne point laisser d'empreintes derrière lui mais assez "corporel" pour faire bouger les branches de sapins sur son passage et assez "surnaturel" pour inquiéter les géants peureux.<br />
Averti par Lel'Liamil venu visiter le chantier, notre sémillant Capitaine convoqua son expert en surnaturel, le chroniqueur Andréas "Odran" : si ce n'était ni le spectre d'un des (nombreux) trépassés lors des événements ayant conduit à l’effondrement de la mine, ni un guetteur korme ni [[Etayn-la-Louve]] (trop habile avec les bêtes pour inquiéter des géants), ce pouvait encore bien être un membre de la [[Confrérie du Chacal]] ou, pire, un vilain sorcier, peut-être même [[Urgrand]]. Auquel cas, il fallait enquêter et prendre des précautions...<br />
<br />
== La planque ==<br />
'''Au début de la [[Huitaine 7|7° huitaine]] après la bataille''', peu après le départ de la nef pour [[Aroche]], Andréas et Vighnu Pratesh se rendirent donc sur place, le second dans le vague espoir de toucher la prime mise sur la tête du sorcier par les Kormes, et y retrouvèrent Eldan le Moineau, resté à la tour après sa garde d'une semaine pour continuer à surveiller avec la dresseuse intriguée et [[Totor]], le géant à son papa [[Adira]] (parti pour Aroche), demeurant sur place jusqu'à ce que soit guéri un gros bobo à sa papatte.<br><br />
Les 3 malheureux mineurs -rescapés de "[[Terrain Minier]]" et logés sur place dans la [[Mine Bénie]] en attendant du renfort pour se mettre à extraire le minerai d'argent- étaient presque aussi inquiets que le géant et accablèrent les arrivants de maintes légendes idiotes, mais comme il semblait bien que l'intrus vint presque chaque nuit, nos trois chasseurs mirent au point un signal avec les deux mercenaires ([[Gavin "la Fouille"]] et [[Sigwald "le Grêlé"]]) et deux templiers qui garderaient l'endroit pendant la nuit, puis allèrent s'embusquer un peu avant le crépuscule dans les pentes rocailleuses que formaient les montagnes alentour.<br />
<br />
Ils restèrent ainsi, presque sans bouger ni parler, pendant de longues heures glacées, à surveiller le moindre mouvement parmi les rares sapins enténébrés, la moindre ombre sur la neige maculée de boue gelée... jusqu'à ce que Vighnu distingue une forme floue glissant parmi quelques broussailles étiques et expirant par moment un nuage de vapeur. Ses compagnons, une fois avertis à voix basse, se crevaient néanmoins les yeux sans rien voir. Aussi le "chroniqueur" entreprit-il de projeter son esprit dans la direction indiquée par le Fehnri pour y découvrir... une silhouette floue et sans visage. D'abord surpris, il réalisa vite que l'intrus employait sans doute une sorte de camouflage magique ou un sort de dissimulation, et notre mage en conclut qu'ils avaient affaire à un sorcier. Précautionneux, nos chasseurs décidèrent donc de ne pas prendre de risque et Eldan banda son arc pour l'abattre d'une flèche dans le dos, comme ça, sans même dire "bonsoir". <br><br />
Eldan avait-il méjugé de la distance à cause de l'obscurité, l'intrus portait-il une armure ? Toujours est-il que, après une exclamation de douleur, loin de s'étaler dans son sang, la silhouette s'élança à toutes jambes dans le versant irrégulier de la montagne, Vighnu et Eldan cavalant bientôt derrière elle pendant qu'Andréas appelait l'hallali, rameutant les guerriers à l'affût dans la tour.<br />
<br />
== Chasse aux sorciers ==<br />
<br />
Plus agile en montagne et ses sens plus aiguisés, Eldan distança bientôt le fehnri dans la poursuite de l'intrus invisible en se guidant sur les seuls le bruits de course, ses occasionnelles empreintes dans les dernières plaques de neige, les branches mouvantes de sapin ou son ombre intermittente sur les rochers.<br />
Quoiqu'il perdit fréquemment du terrain pour chercher sa proie, le jeune éclaireur avait suffisamment repéré les environs pour savoir que, s'il continuait de longer les pentes vers le sud, l'Invisible atteindrait bientôt un fort torrent, puis une élévation abrupte et, au-delà, une faille infranchissable... ''(Les 3 PJ avaient en effet commencé la séance par un gros jet de préparation commun, ils avaient donc du bonus en stock pour la séquence "embuscade" de leur plan, même s'il est parti en sucette au premier tir...)''<br />
Eldan dévala donc la pente vers l'unique gué sur le torrent, persuadé de pouvoir y intercepter le fugitif : manquant plusieurs fois de se blesser en bondissant comme un cabri parmi les buissons rabougris et les blocs rocailleux, il atteignit bientôt la large plate-forme rocheuse au bord de laquelle le courant, après avoir buté sur un rebord de pierres, se déversait en une courte chute d'eau vers un bassin en contrebas. L'arc bandé, attentif au moindre bruit discernable malgré le roulement des flots, scrutant la nuit à la pointe de sa flèche, il attendit. Un raclement de cailloux lui fit tourner la tête et, soudain, il discerna l'ombre indistincte que l'être translucide projetait sur les rochers dans la faible clarté des deux lunes, et décocha au jugé : le trait effleura la cible pour se perdre vers les rares sapins de l'autre rive, mais une soudaine gerbe d'eau trahit l'Indistinct : il venait de plonger dans le torrent.<br />
À quelques 100aines de mètres derrière lui et maintenant complètement semé, Vighnu vit alors arrivé Neri'Helin juchée sur un Totor galopant et lui fit signe de chercher à l'ouest, vers l'aval, pendant que lui-même presserait au sud en longeant les crêtes. Ils progressaient prudemment, attentifs au moindre souffle de vent dans les broussailles lorsque l'appel d'Eldan leur parvint : l'intrus fuyait par l'étang.<br />
<br />
Après avoir vu passé la dresseuse indigène sur son lourdaud de géant et s'être fait doublé par le Grêlé, galopant à sa suite la lance à la main, Andréas (décidément peu fait pour la course à pied), avait été rejoint par Gavin la Fouille et, le temps de reprendre son souffle, utilisa la sphère alourdissant son havresac pour projeter son esprit par-dessus les pentes rocheuses et les fourrés, repérant bientôt Totor, sa cavalière, Vighnu et Eldan : ''"Ils sont au bassin !"'' expliqua-t-il à l'écuyer qui, sans trop se demander comment le chroniqueur pouvait bien le savoir, s'élança à son tour. Andréas regardait son dernier compagnon s'éloigner au pas de charge... quand une francisque jaillie d'un bosquet frappa l'apprenti guerrier en pleine course, enfonçant son thorax et le basculant dans la rocaille.<br />
Atterré, Andréas vit alors un barbu aux longs cheveux noirs sortir des sapins et s'avancer d'un pas heurté, traînant la patte et un épais bandage couvrant sa main gauche : ''"Hé bien, nous voilà enfin seuls ! Donne-moi ce sac, magicien de cabaret, et je te laisserais probablement vivre."'' Reconnaissant alors le fameux Urgrand, Andréas tira sa dague… et se mit à crier à l'aide.<br />
<br />
À force de scruter la surface de l'eau à travers la légère brume, notre éclaireur finit par distinguer une sorte de perturbation dans les vaguelettes du lac et tira une nouvelle flèche, sans grand résultat. Mais comment trouver un type invisible dans un lac la nuit ? Eldan s'énervait lorsque Vighnu, la dresseuse et le géant déboulèrent des contreforts pour se joindre à la traque, commençant à contourner l'étang pour que leur proie ne s'échappe pas par l'autre côté, guettant un mouvement dans l'eau... sans grand résultat. <br><br />
<br />
''"Ça fait combien de temps qu'il est sous l'eau, là ? <br><br />
''_C'est à dire que s'il est invisible, il peut facilement sortir la tête pour respirer sans qu'on le voit. <br><br />
''_Oui mais ça caille, là : il va finir par geler, le gars. <br><br />
''_Mais ça peut prendre un moment. <br><br />
''_Et si on avançait dans l'eau ? C'est pas très profond, on pourrait sans doute le débusquer à nous trois, plus Totor..."''.<br><br />
Mais un cri venant des hauteurs interrompit leurs réflexions : <br><br />
''"C'était quoi, ça ? <br><br />
''_Chut, j'écoute !... Merde, je crois que c'est Andréas... <br><br />
''_Et qu'est-ce qu'il crie ? <br><br />
''_Je ne sais pas, mais je vais aller voir." <br><br />
<br />
Et soudain, derrière eux, l'eau remua : ''"Là, il est là"'' cria Eldan, ''"cette fois je vais me le faire !"'' Et, jetant son arc sur la rive, il tira son épée pour foncer dans l'eau [et une Réaction à 5, une !]. Vighnu hésita une seconde à lui porter assistance mais, lorsqu'un nouveau hurlement retentit au loin, fonça vers les crêtes.<br />
<br />
== Face au danger ==<br />
<br />
Andréas, la besace posée derrière-lui dans les buissons, fit bravement face au sorcier qui s'approchait en claudiquant d'un pas irrégulier mais tranquille, dégainant lentement une épée : <br><br />
<br />
''"Sois raisonnable : donne-moi ce sac ou je vais devoir te saigner comme un porc pour le prendre. <br><br />
''_Tu... tu as tué [[Rohanan]] ! <br><br />
''_Qui ?" <br><br />
<br />
Plus que les insultes, les menaces ou sa suprême arrogance, c'est ce dédain pour l'ami dont il avait brisé les vertèbres qui fit gronder la rage dans les veines du chroniqueur : hurlant comme un possédé, Andréas chargea la dague à la main. La lame pénétra la veste de cuir et s'enfonça dans le flanc du Sylvain surpris : le jeune mage allait frapper une seconde fois quand il vit la blessure se cicatriser sous ses yeux et sentit une intense douleur envahir ses entrailles. Le Talendan connaissait déjà cette sensation et, bandant sa volonté contre celle du Sorcier, l'étonna à nouveau en repoussant le sort.<br />
<br />
Mais l'effort vidait son énergie et, bientôt, Andréas plia le genou devant l'ennemi, qui lui décocha un grand coup de pommeau dans le front et l'envoya bouler dans les fourrés. ''"Alors comme ça on résiste, hein ? Qu'est-ce tu crois pauv'merde, que tu peux m'arrêter avec tes tours de passe-passe et ton couteau minable ? Tsss..."''<br />
<br />
Son flegme maintenant disparu, le sorcier boitait en râlant pour ramasser le précieux sac quand une lourde lance lui transperça l'abdomen sans prévenir : le Sylvain n'avait pas vu arriver le Grêlé, alerté par les appels du chroniqueur.<br />
Mais au lieu de s'effondrer, le sorcier transpercé de part en part poussa un cri inhumain qui figea les deux Talendan : les aiguilles de pin tombèrent en pluie partout autour d'eux et, saisissant la hampe à pleines mains, Urgrand l'arracha d'une seule traction en répandant son sang aux alentours. Les buissons et les herbes folles, à peine reverdis par le printemps, se racornissaient tout autour du Sylvain, séchant et craquant au fur et à mesure que sa large plaie au ventre se refermait sous les yeux terrifiés du mercenaire. Sigwald le Grêlé, quoique tremblant, ne faiblit pas : tirant son épée, il franchit au pas de charge les quelques mètres qui le séparaient du sorcier sanglant et attaqua de toutes ses forces. Urgrand esquiva au dernier moment et rabattit le manche de la lance dans les côtes du mercenaire qui se fracturèrent sous l'impact, projetant les 80 kilos du guerrier à plusieurs mètres dans les sous-bois. Et quand Andréas en profita pour lui planter sa dague dans le dos, le sorcier commença vraiment à s'énerver...<br />
<br />
=== Interlude glacé ===<br />
<br />
Entré dans l'eau glaciale jusqu'à la ceinture et son ardeur illico refroidie (surtout quand il réalisa que ses compagnons le laissait seul avec un ennemi invisible), Eldan serrait la poignée de son épée fétiche en guettant la moindre ridule ou le moindre clapotis dans l'eau. Un remous lui permit de se retourner juste à temps pour voir soudain jaillir de l'étang une forme indistincte, comme une silhouette de verre partiellement ouverte sur une armure de cuir cloutée, un visage hirsute et un bras brandissant un poignard (parfaitement opaques, eux)... qui l'assaillit immédiatement. Le poignard aurait sans doute perforé le thorax de l'éclaireur s'il n'avait alors trébuché sur les galets tapissant le bassin et esquivé miraculeusement ''(1 pH)'' : aussitôt rétabli, Eldan attaqua de taille et d'estoc en profitant de l'allonge supérieure de sa propre lame, mais son adversaire se révéla tout aussi habile à l'esquive, parvenant au passage à dégainer un second poignard. Malgré l'étrangeté d'un combat contre un type dégoulinant dont la tête, dénudée de sa capuche dans le combat, les mains et parfois le ventre apparaissaient seuls tangibles aux limites d'un drapé invisible, l'éclaireur tenait courageusement tête au Sylvain et, feintant pour rentrer dans la garde de son adversaire, parvint à lui entailler profondément le flanc d'un revers d'épée avant de lui arracher la cape, brisant le fermoir qui en tenait le col. La lourde capeline apparaissant soudain de drap noir et détrempé au bras du Moineau, et lui-même étant maintenant complètement visible, le brigand plongea dans les profondeurs de l'étang et ne réapparu qu'après une longue brasse, s'échappant à la nage.<br />
<br />
=== Entre feu et loup ===<br />
<br />
Sous les yeux d'Andréas, les pupilles d'Urgrand avaient soudain jaunit et, sa mâchoire s'ouvrant jusqu'à se déboîter sur un hurlement bestial, ses articulations avaient claqué les unes après les autres, sa colonne vertébrale semblant s'affaisser vers l'avant alors que les doigts de sa main libre s'allongeaient en une patte griffue, l'autre perçant le pansement pour révéler une épaisse touffe de poils noirs. Et lorsque cette fourrure commença à recouvrir le cou et les pommettes du sorcier, son visage s'allongeant dans une suite de craquements hideux alors que ses canines poussaient, le chroniqueur compris qu'il allait y passer à moins d'une idée de génie... Il saisit sa dague pour tracer à toute vitesse des flammes dans la terre couverte de plantes mortes, jeta toutes ses forces dans son sort. Alors le monstre qu'était devenu Urgrand vit ses vêtements en loques crépiter et prendre feu, les cruelles flammèches l'entourèrent bientôt, montant autour de lui jusqu'à l'aveugler, gagnant sa fourrure et brûlant sa chaire, bientôt tremblante de la panique atavique du loup face au feu !<br />
''(Oh le beau sort d'illusion, oh la belle idée ! Andréas y a illico gagné 1pH.)''<br />
<br />
=== Les chasseurs pris en chasse ===<br />
<br />
Courant à la rescousse, Vighnu et [[Neri'Helin]] tombèrent bientôt sur Gavin la Fouille, baignant dans son sang mais toujours vivant après une longue dégringolade dans la pente hérissées de rochers, et malgré la profonde plaie ouverte dans son thorax par la francisque du sorcier. Mais Vighnu n'avait ni le matériel ni le temps pour soigner l'écuyer car, en haut de la pente, la rumeur du combat s'amplifiait. Ils chargèrent donc le blessé sur l'épaule velue de Totor (malgré les protestation du géant) et reprirent leur ascension précipitée pour découvrir bientôt un spectacle qui dépassait l'entendement :<br />
au milieu d'une large zone de végétation séchée et noircie comme par un soudain incendie, une forme à peine humaine semblait se disloquer en s'agitant follement, s'arrachant des poils et des lambeaux de vêtements avec des grognements furieux et des jappements plaintifs. À quelques pas de lui, Andréas tuméfié et en nage, se relevait péniblement, rampant et trébuchant pour s'éloigner du monstre devenu fou. ''"COURS !"'' lui cria Vighnu, à la fois blême et électrisé par l'adrénaline, ''"COURS BON SANG !"''. Le chroniqueur, d'abord trébuchant, saisit son sac par la sangle et s'éloigna bientôt d'un trot freiné par ses halètements, alors que la silhouette du sorcier reprenait peu à peu forme humaine dans ses vêtements déchiquetés, d'où perçait une main gauche déformée et velue.<br />
<br />
Urgrand jeta à peine un regard au géant terrifié qu'encadraient le Fehnri et la dresseuse, tous trois figés à 40 pas de lui, et clopina vers la forme affaissée du Grêlé en marmonnant : ''"Ah le sale petit fils de pute... le sale petit merdeux... je vais le peler comme une pomme, je vais le noyer dans son sang, je vais le..."''. Mais quand le mercenaire se releva soudain, l'épée à la main, le Sorcier le saisit à bras le corps avec un cri de joie, bientôt couvert par le hurlement de souffrance du guerrier, un hurlement qui se fit bientôt plus rauque, presque chevrotant, et mourut dans un râle indistinct.<br />
Quand il laissa le corps s'écrouler parmi les buissons pétrifiés, le Sorcier avait retrouvé sa stature et son énergie et, quoiqu'il traîna encore un peu la jambe et que son bras gauche sembla toujours coincé entre les formes humaine et lupine, c'est avec une joie féroce que le sorcier cria vers les sapins où disparaissait le chroniqueur : ''"COURS ! COURS, PETIT LAPIN ! PARCE QUE LE MÉCHANT LOUP VA TE TROUVER ET TE aouch !"''. La flèche de Neri'Helin lui ayant griffé la jambe, le Sorcier se retourna vivement, outré, et ramassa la lance du Grêlé pour la jeter à l'Emishen : il la rata de plusieurs mètres et ne toucha qu'un sapin, mais l'impact fut si violent que la hampe vola en éclats, le fer presque entièrement enfoncé à travers l'écorce. ''"Oh putain !"'' lâcha Vighnu, planqué derrière un (autre) tronc et atterré par la force du sorcier, alors que Totor s'enfuyait en hurlant, Gavin la Fouille toujours sanglé sur son épaule. <br><br />
''"Tire encore ! Il faut l'attirer à nous pour permettre à Andréas de rejoindre la tour ! <br><br />
''_J'avais qu'une seule flèche : le carquois est au dos d'Eldan ! <br><br />
''_Et meeerde... rattrape le géant, je vais tenter quelque chose !"<br><br />
<br />
Et alors qu'Urgrand repartait à grands pas saccadés aux trousses du jeune mage en chantonnant ''"Petiiit laaaapin ! Viens voir par là, petit laaaaapin ! On va s'amuser, toi et moi !"'', l'assassin pris le risque insensé de s'approcher de lui à moins de 30 pas pour lui lancer un de ses grands couteaux de jets hornois : la lourde lame en feuille de laurier se planta avec un bruit mat dans l'omoplate du sorcier, qui se retourna, l'arracha d'une main en beuglant ''"Non mais c'est fini, oui ?!"'' et la renvoya avec tant d'élan que, Vighnu s'étant jeté à terre pour esquiver, l'acier se tordit en cognant sur un rocher.<br />
Urgrand clopinait à nouveau en direction de la tour et le Fehnri, constatant que le poison dont il avait enduit son arme ne semblait pas tellement affecter le Sylvain, s'approcha du Grêlé pour voir s'il pouvait encore l'aider : il lui fallu quelques secondes pour comprendre que le petit vieillard squelettique nageant dans une armure trop grande, déjà froid, racorni et presque momifié, était le corps du mercenaire. ''"Putain, putain, putain !"''<br />
Pas pressé d'aller affronter le sorcier au corps à corps et confiant dans la protection que la tour offrirait à Andréas, Vighnu récupéra son couteau tordu et s'élança derrière Neri'Helin, à la poursuite du géant et du blessé.<br />
<br />
=== Une étrange cape ===<br />
<br />
Au bas de la pente, Eldan n'était pas assez idiot pour poursuivre un type à la nage avec son armure, son baudrier et son épée, surtout que le Sylvain semblait nager comme un poisson et que ses poignards l'avantageraient nettement si le Moineau venait à le rattraper dans l'eau. Il gagna donc la rive à grands pas et, grelottant dans la nuit glaciale, fonça vers son arc pour découvrir qu'il avait disparu : après une bordée de jurons, évaluant la distance que le Sylvain avait encore à nager, Eldan jeta la cape dans un buisson et s'élança au pas de course pour contourner le lac, espérant être assez rapide pour choper le fuyard au bord du bassin.<br />
Et, justement, le brigand détrempé atteignait la rive lorsqu'il entendit les pas rapides d'une course dans les galets : au delà de l’étroit cours d'eau par lequel l'étang se déversait dans les gorges encaissées pour rejoindre le torrent furieux qu'on entendait gronder en contrebas, le tenace éclaireur arrivait au pas de charge, dégainant son épée.<br />
Mais le Moineau aussi surveillait le brigand et, captant le geste vif et l'éclair métallique, se coucha en dérapant dans les galets pour éviter le poignard que l'autre lui avait jeté. Le temps de se relever et le Sylvain disparaissait à l'orée de la forêt toute proche ; le temps de franchir le courant qui lui arrivait à mi-cuisse et voulait l'entraîner dans le canyon, la silhouette du fuyard avait disparu.<br />
Renonçant bientôt à pister un forestier manifestement habile dans un bois inconnu en pleine nuit, Eldan revint sur ses pas et récupéra la cape au fermoir brisé. Il constata que son poids venait du maillage métallique qui en doublait l'intérieur, le bord inférieur étant prolongé par un liseré de fourrure épaisse et sombre, dont la saleté indiquait qu'elle devait servir à balayer les traces du porteur et, sa curiosité satisfaite pour l'instant, il se la jeta sur l'épaule et repartit vers la mine à petites foulées, sa course moins motivée par l'urgence que par le besoin de se réchauffer.<br />
Là-haut, près des crêtes, quelqu'un venait d'allumer le fanal de la tour.<br />
<br />
=== La herse ===<br />
<br />
Hors d'haleine et trébuchant, Andréas dévala le surplomb couvert de sapins qui bordait le glacis dégagé autour de la mine fortifiée et, voyant venir du secours, s'effondra dans les bras des deux templiers qui couraient à sa rencontre : <br><br />
<br />
''"Mais bon sang, qu'est-ce qui se passe, dehors ? <br><br />
''_HHHUrg... Hhhurgrand... hhh... le sorcier...<br><br />
''_Mettez-vous à l'abri, mon vieux : on va s'en occuper ! <br><br />
''_Non...hhh... non... attendez... il est trop... <br><br />
''_Rentrez et fermez la herse !"'' lui cria le plus jeune des deux templiers qui, armes à la main, partaient déjà en courant vers la silhouette sombre apparue entre les arbres. Trottinant de son mieux vers la protection de la tour, le chroniqueur ne put s'empêcher de se retourner lorsqu'un cri plaintif retentit, et vit le premier templier s'effondrer, sa propre épée plantée de biaisdans son lourd casque d'acier. Il n'attendit pas que le second tombe à son tour pour franchir enfin le grand portail de bois par le vantail entr'ouvert, claquer la porte derrière lui, barrer la porte et s'affaler au sol pour reprendre son souffle. ''"Mais qu'est-ce qui se passe, à la fin ?"'' lui demanda alors un mineur moustachu, armé d'une pioche et manifestement inquiet. <br><br />
''"Hhh... hhher... herse. <br><br />
''_La herse ? Quoi, la herse ?<br><br />
''_Fermez...la herse. <br><br />
''_Fermer la herse ?! Mais enfin il y a encore tous vos amis dehors et... <br><br />
''_FERME-LA PUTAIN DE HERSE, DUCON, LE SORCIER ARRIVE !" <br><br />
<br />
Et tandis que le mineur effrayé gagnait l'étage supérieur en criant à ses camarades ''"On est attaqués ! On est attaqués ! Allumez le fanal !"'', Andréas claudiqua hors du couloir d'entrée, escalada à quatre pattes l'escalier à vis qui sentait encore le ciment frais et atteignit la salle de garde obscure surplombant l'assommoir, où les meurtrières dominant le portail laissaient entrer la pâle lueur des deux lunes et de lointains hurlements de souffrance. Malgré sa terreur, le scribe redescendit en haletant pour trouver une torche allumée, remonter péniblement et en éclairer la salle de garde, découvrant les énormes rouages du treuil retenant la herse. Du dehors, lui parvint un appel sarcastique, tout proche : ''"Tu es là-dedans, petit lapin ? Et tu crois que c'est assez solide pour m'empêcher d'entrer ? Attends voir..."''<br />
<br />
Un choc monstrueux ébranla le portail, effrayant la seule mule qui occupât l'écurie du rez-de-chaussée. Après avoir essayé plusieurs leviers en vain, Andréas domina la panique qui le gagnait à chacun des coups de boutoir qui résonnaient dans la tour et parvint enfin à libérer l'engrenage qui se mit à tournoyer, entraîné par le poids de la lourde grille de chêne et d'acier qui tombait au ralenti vers le sol. Un craquement terrible précéda les bruits de rebonds métalliques et le chroniqueur compris que le portail cédait : encore deux coups et il entendit le raclement des portes disjointes s'ouvrant sur le sol de terre battue.<br />
Puis les pas, irréguliers mais toujours tranquilles, qui s'avançaient dans le couloir, juste sous les genoux tremblants d'Andréas, s'efforçant de ne faire aucun bruit en poussant le madrier verrouillant la herse : ''"Tu es là mon petit lapin ! Je te sens ! Dis-donc, il a bien bossé votre vioque, là. Sincèrement, je suis épaté. Mon gars et moi, on regardait le chantier se monter, l'autre jour, et je lui disais justement : c'est pourtant vrai qu'ils bossent vite, tu vas voir que ça va bien me prendre une heure pour raser tout ça. Mais justement, je suis pressé, alors donne-moi la sphère et je m'en irai. Je te le promets, petit lapin : passe-moi l'artefact que l'autre croulant m'a volé et je renonce à t'écorcher vif. Tiens, tu vois la petite trappe au milieu de la pièce ? Regarde donc, c'est pas loin de tes pieds. Tu ouvres la petite trappe, tu y laisses tomber la sphère et c'est fini, je te jure que je vous laisserait vivre tous les 4, les autres creuses-misère et toi. Qu'est-ce que tu en dis, mon p'tit lapin ? Tu veux me faire plaisir ? Tu veux vivre encore un peu ? Ou je vais devoir vous tuer un par un, comme j'ai déjà massacré tous les autres corniauds, là-dehors ?"''<br />
<br />
Recroquevillé autour de la précieuse sphère dans son havresac, serrant les dents de peur et de rage, Andréas ne lâchait pas un son. ''"Bon tu te dépêches ? File-moi la boule !"'' appelait la voix d'Urgrand, de plus en plus tendue et amplifiée par le couloir voûté, 5 mètres plus bas. ''"J'ai pas que ça à foutre, non plus ! Donne-moi la putain de boule ou je vais tout péter dans cette tour de merde ! Ça suffit maintenant !"'' Le chroniqueur ne put retenir un gémissement lorsque Urgrand entreprit de soulever la herse, dont le cadre heurta bientôt le madrier servant de loquet, et retomba avec un bruit sourd.<br />
''"Han...ah la vacherie, c'est lourd... Allez, là j'en ai marre ! (un grand coup dans la herse fit tinter les pierres de la tour : blang !) Ouvre-moi, avorton de pute ! (blang ! blang !) Ouvre-moi, sale merdeux ! (blang !) Ouvre-moi ou je te jure que je vais t'arracher les yeux (blang !) pour te les faire bouffer ! (blang !)"'' Un cri de rage, de nouveaux coups, un craquement de bois quand le sorcier passa ses nerfs sur les débris du portail... et puis plus rien.<br />
<br />
== Silence ==<br />
<br />
Eldan grimpait agilement, toujours au trot : il coupa par le lit d'un ruisseau, escalada l'autre versant et ralentit prudemment en arrivant au dernier bosquet avant le glacis. Il n'entendait plus de cri ni aucune sorte de bruit et ne voyait rien d'autre en bas de la tour que le portail béant, mais il commença par se rapprocher de la falaise par le nord-est, restant à la lisière des sapins afin de vérifier qu'aucune menace ne restait tapie dans l'ombre de la crête rocheuse. C'est ainsi qu'il trébucha soudain sur les jambes brisées d'un templier, assis, cloué par sa propre lance au fût d'un sapin, les mains broyées et sanglantes, respirant à peine. L'éclaireur croisa son regard suppliant et, après avoir vérifié qu'ils étaient bien seuls, pris appui sur le tronc pour extraire la lance, coucher doucement le templier sur le flanc et panser brièvement sa blessure à l'abdomen, la seule pour laquelle il put quelque chose : <br><br />
<br />
''"Ss...cier. <br><br />
''_Du calme, ça va aller. Où est-il ?<br> <br />
''_...t...our... <br><br />
''_Il faut que j'aille voir ce qui se passe, mais je vais revenir. <br><br />
''_Hhg...hh.. <br><br />
''_Tenez bon, je reviendrai vous chercher."<br><br />
<br />
Il s'éloigna alors d'un pas souple, longea la falaise par l'est, atteignit la tour, rasa le mur silencieusement et, très prudemment, jeta un œil par le portail défoncé : personne. Il s'avança jusqu'à la herse toujours baissée, nota les traces de coups marquées dans le bois et le métal, voulu la secouer pour vérifier sa solidité et ne parvint pas à la faire broncher d'un millimètre. Il ressortit, vérifia encore les alentours et revint pour appeler : <br><br />
''"Hoho !? C'est Eldan ! Tout le monde va bien ? Youhou ? Qu'est-ce qui a enfoncé le portail ? Totor ?"<br><br />
Après un instant, la trappe de l'assommoir s'ouvrit, Andréas vérifia qu'il avait bien affaire au Moineau et répondit :<br><br />
''"Urgrand nous est tombé dessus, et il a attaqué la tour. Je... je crois qu'il a tué... tous les autres. <br><br />
''_J'ai trouvé les templiers mais pas... attends : quelqu'un arrive."<br><br />
Collé au mur, l'épée au clair, l'éclaireur passa la tête à l'extérieur et vit Totor descendre la colline boisée en portant un corps inanimé, Neri'Helin le menant doucement par la main et Vighnu penché sur quelque chose d'indiscernable dans la pente (le corps de l'autre templier).<br />
<br />
Quand ils furent certains qu'Urgrand était parti et tous rassemblés dans la tour, Eldan, Neri'Helin et Totor retournèrent chercher le templier agonisant pendant qu'on installait Gavin sur une table au premier étage : le Fehnri avait fait de son mieux pour maintenir l'écuyer en vie jusque là, mais ils allaient maintenant devoir opérer pour tenter de le sauver. Andréas et lui se répartirent les tâches, Eldan étant aussitôt promu infirmier. Un travail dont il s'acquitta avec excellence, faisant bouillir de l'eau et des linges, passant les bons instruments et les bons onguents aux bons moments. Les deux "toubibs" s'affairaient ensemble, l'assassin-apothicaire formé à la chirurgie et le mage-herboriste-médecin se complétant fort bien, et après une longue et sanglante opération, ils bandèrent la plaie et se penchèrent sur le cas du templier. Les jambes étaient fracturées en trop d'endroits pour les sauver, et les deux médecins s'accordèrent pour amputer, mais purent sauver la vie du cul de jatte.<br />
Après des heures d'opérations, rompus de fatigue, ils s'assirent finalement avec Eldan dans la lumière jaune que l'aube poussait par les meurtrières : les deux patients vivraient.<br><br />
<br />
''"La vache... Quelle nuit !<br><br />
''_J'ai bien cru y rester.<br><br />
''_J'suis désolé d'avoir laissé l'autre Sylvain s'enfuir...<br><br />
''_Écoute, on est vivants : si comme nous t'avais vu ce qui reste du Grêlé, ça te suffirait.<br><br />
''_Ah... il est vraiment mort ?<br><br />
''_Très.<br><br />
''_Désolé, Messire le Moineau.<br><br />
''_Ben... il était pas sympa, mais on est plus bien nombreux de notre patrouille... J'ai ramené la cape au fait, mais elle marche plus. Y a une espèce de treillis de métal, dedans, mais j'ai cassé le fermoir et...<br><br />
''_Donne-moi ça, j'y jetterais un œil plus tard. Dîtes-donc, Eldan, allez donc éteindre le phare s'il-vous-plait, là-haut : je ne crois pas que ça serve de le laisser brûler toute la journée."<br><br />
Et quand l'éclaireur fut parti, Vighnu demanda : ''"J'ai rien compris : qu'est-ce qu'il te voulait l'autre malade ?''<br><br />
''_Je crois qu'il voulait la sphère de Langard. Je suppose que son tueur et lui trainaient exprès ici, sachant que si une espèce de fantôme inquiétait la mine, on m'enverrait forcément enquêter et que j'aurais la sphère avec moi. Il nous a donc attendus...<br><br />
''_Et piégés, séparés... et massacrés. Je ne sais pas encore quand ni comment, mais il faudra trouver un moyen de l'éliminer, ce fumier-là. Qu'est-ce qu'il peut en faire, de cette boule ?<br><br />
''_Des tas de choses ! Elle démultiplie la portée des sorts, déjà, et à mon avis c'est ce qui l'intéressait : avec elle, il pensait pouvoir accéder magiquement au sarcophage et peut-être soigner les blessures qu'il conserve de l'effondrement de la falaise.<br><br />
''_Mais... il est plus là, le sarcophage, non ?<br><br />
''_Non, il est parti hier avec les Muraille. Mais je ne crois pas qu'il l'ait compris avant de m'avoir poursuivi ici. Peut-être qu'il a gouté l'eau qui s'écoule vers la chapelle, peut-être qu'une fois calmé il a pensé être maintenant assez près, tenté de repérer l'artefact juste "senti" qu'il n'était plus là... Alors il est parti.<br><br />
''_Merde ! Mais alors les Muraille et leur chariot...<br><br />
''_Ils devaient déjà être à Tal Endhil quand Urgrand nous est tombés dessus. C'est à une journée de marche, ils ont un jour d'avance : c'est pas en courant derrière eux qu'on pourra quoi que ce soit. Allumer le feu d'alerte a du suffire : notre fier Capitaine doit être aux aguets, il les protégera.<br><br />
''_Et tu dis qu'il était blessé, là ?<br><br />
''_Oh oui : il boitait, il avait le visage un peu "tordu" et puis il y avait sa main, toute disloquée et couverte de poils...<br><br />
''_Oui, oui, j'ai vu : brrrr. Mais putain, qu'est-ce que ce sera s'il nous tombe dessus en pleine forme !<br><br />
''_C'est bien le problème : on le reverra.<br><br />
''_Il t'a dit ça ?<br><br />
''_Non mais s'il avait pu se soigner seul, par la Porte-sous-la-Montagne ou ailleurs, il l'aurait déjà fait : si la seule solution qui lui reste c'est le sarcophage, il n'abandonnera pas de sitôt."<br><br />
<br />
== Epilogue ==<br />
<br />
Le lendemain soir, Eldan, Andréas, Vignu et Neri'Helin atteignirent le village avec le corps des templiers et du Grêlé attachés sur une mule, Totor portant toujours Gavin. Ils firent leur rapport au Capitaine, présentèrent la cape (''"À première vue, on dirait qu'elle utilise une maille de fils d'argent pour transmettre l'énergie du porteur vers l'extérieur, et activer le sortilège d'occultation inscrit dans le fermoir. _Et on peut la réparer ? _Je n'en sais rien, je suppose qu'il faudrait plus qu'un orfèvre..."''), furent tous rassurés sur le sort du sarcophage (''"C'est réglé, je ne veux plus un mot à ce sujet."'') et envoyés se reposer avec ses remerciements.<br />
Après leur départ, Durgaut s'installa au parapet du donjon et soupira : la Fouille alité pour des semaines, le Grêlé mort d'horrible manière, deux templiers perdus... en comptant ceux que le commandeur [[Bagoran de Marale]] avait laisser pour protéger l'abbé [[Dolomire]], la démission de [[Nevel Sholdanan]] et les six mercenaires expédiés à Aroche, il lui restait 12 hommes pour défendre le village d'un sorcier psychotique et d'un truand revanchard, mener ses projets et tenir la passe de [[Nilfenan]] selon le traité conclu avec les Emishen : en attendant que [[Bahardabras]] reviennent avec des mercenaires hornois, les prochaines semaines allaient lui sembler longues...<br />
<br />
<br />
'''[[9) "Reishin Ghoran"|<< Épisode Précédent]] | [[11) "Toutes voiles dehors !"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Liste des Épisodes|<= retour à la LISTE des ÉPISODES]]'''<br />
<br />
[[Catégorie:Épisodes]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/11)_%22Toutes_voiles_dehors_!%2211) "Toutes voiles dehors !"2014-09-08T16:16:36Z<p>Aloun : /* Second jour de navigation */</p>
<hr />
<div>Pour le bref épisode maritime dont je voulais qu'un maximum de joueurs puissent faire l'expérience (depuis le temps qu'ils préparaient ça), j'avais accepté plus de joueurs que d'ordinaire (de 4 à 6 selon les séances) dont quelques remplacements, puisque pas moins de 8 PJ se sont embarqués ensemble dans cette aventure. En l'occurrence étaient à bord (avec une 15aine de PNJ) :<br />
<br />
_[[Diovire Sotorine]]<br />
<br />
_[[Bartolome Sotorine]]<br />
<br />
_[[Islinna "Maliam'nid" Sotorine]]<br />
<br />
_[[Adira Pratesh]]<br />
<br />
_[[Mérane "Roulier"]]<br />
<br />
_[[Sergent Bahardabras "le Hornois"]]<br />
<br />
_[[Herle de Lorune]]<br />
<br />
_[[Nadine "la Moucheuse"]]<br />
<br />
<br />
<br />
== Départ ==<br />
<br />
=== Une aurore brumeuse se lève sur le Lac Troisième ===<br />
<br />
Lorsque, fatiguée et pressée mais victorieuse, Islinna "Maliamn'id" saute directement de la pirogue qui la ramène du Cercle des Cascades sur un ponton du quartier lacustre où se trouve déjà massée plus de la moitié du village de Tal Endhil, venue saluer le départ des derniers voyageurs en partance pour [[Aroche]]. L'équipage du Coppavento, réduit par les pertes sévères des [[Kerdans]] lors de la bataille, et l'importante cargaison de métaux, de laine fraîchement filée, de teinture, de peaux, de fourrures et de mille autres babioles (''"Et du vin de sureau ! _Non mais ça va pas se vendre, ça... _Qué que t'en sait ?! C'est pas à 'Roche qu'on en trouve du comme ça ! _Hé ben putain, j'espère..."'') les ont précédé la veille pour laisser aux marins le temps de charger.<br />
Le sergent Le Cornu rappelle pour la énième fois ses consignes de prudence et de de bonnes manières aux mercenaires constituant l'escorte (facturée à la guilde au nom du Capitaine :P ), [[Ranyella Sotorine]] confie sa fille au cousin Bartolome, quelques colons ajoutent au dernier moment de nouvelles commandes à la "liste de courses" fournies aux voyageurs et, dans leur coin, les cousins Pratesh s'engueulent au sujet du nouveau garde-du-corps d'Adira, une espèce d'ex-mercenaire pouilleux dénommé [[Brannock]] (''"Mais on sait même pas d'où il sort, ce type ! _Si je dois aller à Aroche sans toi, faut bien que j'ai un peu de protection. _Mais t'as vu sa dégaine ? _Oui bon, je l'ai eut pas cher : il était offert gracieusement avec une certaine affaire, je t'expliquerai à mon retour..."'').<br />
<br />
=== Discours d'adieu === <br />
<br />
Le Capitaine est en train de regarder les derniers préparatifs d'embarquement quand il avise soudain une caisse sur le quai, monte dessus et prend la parole:<br />
<br />
« Mes très chers tous, vous voir vous afférer ainsi, prêt à partir, me serre le coeur tout autant que cela me le remplit de joie et de fierté.<br />
Cela me serre le cœur car je sais que ce voyage ne se fera pas sur une mer d'huile, que lorsque votre voile aura disparu j'aurai ce sentiment de vide provoqué par l'absence de connaissances proches, de compagnons et même d'amis; car aussi cette nef et ce qu'elle transporte, en plus de ceux qu'elle transporte, représentent de nombreux espoirs pour notre communauté de Tal Endhil. Pour pouvoir survivre puis prospérer, nous devons attirer plus de bonne volonté ici, entendre les railleries des artisans sur leur apprentis, les aboiements des chiens autours des troupeaux, les notes de musique que les bardes joueront dans les tavernes, les cris des enfants jouant dans les basses-cours...<br />
Et c'est ce qui me remplit de joie et de fierté: VOUS êtes les porteurs de ces espoirs. Vous qui vous êtes de multiples fois illustrés, vous allez porter haut les couleurs de Tal Endhil à Aroche. Vous êtes nos diplomates, nos émissaires, nos représentants. Soyez courageux et francs, soyez fier d'être Talendan ! Propagez à Aroche cette image de paix, de sérénité et de tolérance ! Et quand vous reviendrez avec matériaux et artisans, la première chose que nous ferons sera de rebâtir notre village lacustre ! »<br />
<br />
Puis, sur un ton plus doux : <br />
« Je compte sur vous.»<br />
<br />
Descendant alors de sa caisse, le Capitaine vient personnellement serrer la main ou adresser un petit personnel à chaque membre en partance. Il attend alors patiemment la fin des préparatifs et au fameux ''"larguez les amarres !"'', il répond ''"Bon vent !"'' et vous regarde vous éloignez lentement.<br />
<br />
=== Préparation === <br />
<br />
Embarqués dans les deux dernières barges kerdanes pour [[Écume 6]], nos héros passent sous le pont de Tal Endhil (où la population s'est massée pour leur lancer des au-revoir et des pétales de fleurs), ils descendent le fleuve pendant une journée jusqu'au comptoir où le ''[[Coppavento]]'' est encore en réparation : après avoir déposé les PJ de l'Opération Tréfonds, il a été poursuivit par un équipage [[Arkonnelkan]] qui a tiré des flèches enflammés dans la voilures et la nef s'est réfugiée au comptoir Écume 7 fondé par Bartolome Sotorine (ce n'est encore qu'une bite d'amarrage à côté d'une hutte en bois dans une crique du territoire des [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]], mais si le commerce des peaux pouvait augmenter...) et un méchant grain a ensuite cassé pas mal de bois dans la mâture affaiblie par le feu lors du retour vers Écume 6. Avec un équipage déjà minimal, un chargement important et une course difficile devant eux, les Kerdans ne peuvent pas se permettre de prendre la mer sur un navire endommagé. Heureusement, Mérane Roulier s'y connaît assez en navigation et en charpenterie pour filer un coup de main décisif aux kerdans et après avoir travaillé une partie de la nuit, le Coppavento est prêt à appareillé comme prévu le lendemain à l'aube [et ces réparations, en le débarrassant de ses derniers pions de Dommages, vont vraiment lui "sauver la Mise"].<br />
<br />
Malgré leurs fréquentes engueulades, le capitaine Diovire (à nouveau joué par Loriel) et son bosco de frère Bartolome dirigent plutôt efficacement leur équipage largement inexpérimenté, composés de plus de bateliers que de marins kerdans, des mercenaires impériaux qui n'ont que de vagues notions maritimes et des marchands plus volontaires que vraiment habiles.<br />
<br />
[Techniquement, on a trois catégories de « marins » à bord :<br />
_'''''les "matelots"''''' qui possèdent effectivement le domaine Marine et les talents qui en découlent représentent chacun un pion d'Énergie pour le navire,<br />
_'''''les "mousses"''''' qui n'ont qu'un vague talent de Navigation (souvent orienté "barques et pirogues") ou des aptitudes physiques assez exceptionnelles pour être utiles : ceux-ci doivent réussir un jet (dont la Difficulté varie avec la situation) pour effectivement fournir 1 pion au navire ; c'est notamment le cas de Bahardabras à la barre ou d'Islinna.<br />
_'''''les "passagers volontaires"''''' qui n'ont aucune capacité dédiée mais sont prêt à filer un coup de main et peuvent fournir un peu de Soutien en cas de coup dur.<br />
Au final, la Mise du ''Coppavento'' alourdi par sa cargaison variera entre 9 et 15 suivant les moments, sachant qu'il est plutôt conçu pour être manœuvré par 20-25 marins...<br />
<br />
== Premier jour de navigation == <br />
<br />
Profitant du courant que lui offre l'embouchure du fleuve, le ''Coppavento'' négocie habilement les marais, gagne la Baie des Langueurs et, dès qu'un puissant vent se lève, manœuvre pour en tirer tout le parti possible, filant bientôt à un impressionnant "10 nœuds à la planche" (car les kerdans emploient des lochs relativement précis pour cet univers). <br />
<br />
Une vitesse que nos navigateurs vont bientôt perdre, reprendre, reperdre... à cause du vent perpétuellement tournant et d'un équipage qui s'habitue peu à peu à travailler ensemble. Le caractère "mysandre" de Mérane s'emmanchant d'ailleurs assez mal avec certains comportements machistes des frères Sotorine ou du barreur Hornois, le premier jour de mer commence avec moult gueulantes, pendant que le malheureux Adira Pratesh vomit tripes et boyaux par-dessus le bastingage [tous les PJ n'ayant aucune expérience maritime ont du faire des jets de résistance physique contre le mal de mer et Adira, de constitution fragile, a beaucoup souffert...]. <br />
<br />
C'est en début d'après-midi que Bartolome repère bientôt un gros paquet de nuages grisâtres poussé par un méchant vent de travers et accompagné par des vagues bien cabrées... Le navire essuie bientôt son premier grain [un "petit", à 15 pions de Mise] : Herle de Lorune et Trevan se joignent courageusement aux marins, Diovire et Bartolome cessent de s'engueuler et, pendant que le pauvre fehnri hurle d'effroi, on déploie la voilure. ( ''"Faudrait pas réduire plutôt, là ? _Non ma petite : chez vous on laisse peut-être passer le gros temps, mais chez les Sotorine, on l'affronte... surtout quand on tire une vitesse de merde depuis des plombes !"'' Réalistement, c'est complètement idiot, hein, mais les joueurs avaient envie de s'amuser, alors...). <br />
<br />
Le Coppavento commence à prendre une méchante gîte, un peu d'eau balaie le pont, le tangage produit quelques gamelles mais la "méthode Sotorine" semble faire ses preuves puisque, rapidement, le "''corsaro''" s'échappe des turbulences... vers une mer étale et un vent presque nul. <br />
''"Mais alors, vraiment, vous, vous basez votre civilisation sur un machin complètement aléatoire et dangereux qui file mal au bide ? Et vous vous enrichissez ? C'est invraisemblable..."'' observe Adira.<br />
<br />
L'après-midi touche à sa fin lorsque le vent permet enfin à la nef d'accélérer un brin et Diovire décide d'en profiter (''"Mais vous aviez pas parlé de brisants, dans ce coin ? _Oui ben on va pas dormir là, hein : y a pas de mouillage avant l'autre côté. Alors on fait un peu gaffe et puis on y va."'') : il fait presque nuit noire quand, grâce à un savant calcul des deux frangins et à leurs carnets, le [[Coppavento]] double le Brise-Langueur comme une fleur, remonte au nord et jette l'encre pour la nuit dans la crique où, quelques semaines plus tôt, Kal Kirhan et Bahardabras avait enterré les Arkonnelkan vaincu. <br />
<br />
Le Hornois profite d'ailleurs du dîner pour mettre l'ambiance en expliquant le "[[Barad'mohn]]" (l'enterrement emishen rituel des "vaincus sans honneur", face contre terre pour que leurs âmes ne rejoignent jamais le vent : sic), Islinna raconte les événements de la mission diplomatique autour de la "Frontière de l'Orage" et Adira vérifie une fois de plus l'emballage de ses ballots « de laine » (''"Vous êtes un peu maniaque, vous en fait. _Non, mais je voudrais pas que ça prenne l'eau. _Quelle importance ? C'est pas comme si ça pouvait vraiment pourrir... _Dans un métier commercial, c'est important d'avoir la laine fraîche..."'' Je t'avais prévenu, Kobal, que ce jeu de mots minable serait révélé au monde.).<br />
<br />
On organise une garde minimale pour la nuit et l'on s'endort bientôt, le premier jour en mer ayant déjà été assez éprouvant.<br />
<br />
== Second jour de navigation == <br />
<br />
Le lendemain, l'équipage se lève un peu tard pour devancer la marée et les Sotorine décident d'attendre carrément la fin de la matinée et la mer descendante pour s'attaquer les tourbillons du Détroit des Oubliés... Mais le temps est spécialement mauvais aujourd'hui et après avoir manqué de dessaler carrément au premier essai [merci les pH], le navire doit s'arracher laborieusement au premier tourbillon, changer d'angle d'attaque et y retourner en profitant d'un vent favorable. <br />
<br />
Le second tourbillon secoue le Coppavento dans tous les sens (''"Manmaaaaan ! Je veux pas mouriiiir paaaauuuuvre !"'' pleure Adira) mais nos héros atteignent finalement la Baie des Oubliés dans l'après-midi, fatigués, meurtris et trempés comme des soupes, au point que même Mérane s'étonne :<br><br />
<br />
''"Sérieusement, c'est une vraie voie maritime, ça ?<br><br />
_Ah ben j'dis pas, on la fait que quand on a vraiment une cargaison à vendre, hein, parce que ça secoue un peu...<br><br />
_Ça secoue un peu ? Vous êtes des malades, vous ?! On manqué y rester trois fois en deux jours !<br><br />
_Meuuuh non, on a les choses bien en mains, là. Vous verriez le temps qu'on a quand on arrive pour le Marché de Printemps, avec les tempêtes hivernales et les blocs de glace qui croisent dans les Griffes...<br><br />
_Mais comment on peut espérer faire des liaisons commerciales régulières avec Aroche dans des conditions pareilles ?<br><br />
_Houlà dîtes, hein, moi j'ai rien promis de tel : Ranyella m'a demandé comment je le sentais et je lui ai promis un naufrage la première année, mais il paraît que votre guilde d'andouilles a insisté, alors bon. Notez que, une fois qu'il aura fini de dégobiller sur mon bordé, vous pourrez peut-être demander à Maître Pratesh s'il a changé d'avis, hein..."''<br><br />
<br />
Après avoir tout de même sérieusement envisagé de s'enfiler la baie au plus vite et de s'attaquer le terrible Détroit des Griffes de nuit "pour rattraper le temps perdu" (option abandonnée quand le MJ a répondu : « Pour faire une approximation raisonnable, ça serait comme de rouler sur un chemin de montagne par une nuit d'hiver sur un vélo sans phare, dont on peut pas descendre : la probabilité d'y faire les 22km du détroit est à peu près la même. Maintenant, ajoutez la probabilité bien plus élevée d'une tempête... »), Diovire admet qu'il vaut finalement mieux mouiller à Écume 5 pour la nuit et engage le navire au ralenti parmi les hauts-fonds (''"C'est vraiment une bonne chose qu'Islinna ait pu arranger vos rapports avec les [[Oloden]], quand-même ! _Je ne sais pas si j'irai jusqu'à dire que c'est "arrangé" : disons qu'ils ne nous attaquerons probablement pas à vue, puisque on a retrouvé le droit de remonter éventuellement jusqu'au cercle des Hautes-Pierres, mais je doute qu'ils soient très content de nous voir pour autant..."'').<br />
<br />
Et, de fait, la nef n'a même pas atteint la côte qu'une douzaine de voiles triangulaires apparaissent dans le delta du [[Cainil (fleuve)]] :<br />
<br />
''"Bon, ben ils nous ont vu venir, donc. Tout le monde sourit et on est bien polis, merci.<br><br />
''_Mais, juste pour savoir, s'ils nous attaquaient, on pourrait se défendre ?<br><br />
''_On est bien 12 ou 15 combattants, en face ils sont de 6 à 10 par voile : j'vous laisse compter ma p'tite dame.<br><br />
''_Et repartir, finalement, ce serait pas plus prudent ?<br><br />
''_Vous vous croyez en barque ? Vous savez le temps qu'il faut à un navire pour faire demi-tour ? Surtout que les hauts-fonds, c'est beaucoup plus gênants pour nos 4m de tirant d'eau que pour leurs pirogues à fond plat. Pis qu'on a pas d'autre endroit pour passer la nuit, passque la baie elle restera pas calme longtemps. Ayez confiance en ma nièce, Ma'ame Mérane : elle va nous négocier ça très bien..."<br><br />
<br />
=== Mil'orind ===<br />
<br />
Pendant que le navire, ses voiles orange largement déployées pour contrer le courant du fleuve Cainil (qui à cet endroit fait pas loin de 2km de large), vient à l'appontage contre le quai de bois pourri par les marais qu'on ose appeler "Écume 5", les pirogues aux voiles turquoise-blanc-noir (couleurs des Oloden) mais notamment occupées par quelques Liam'Lon et autres So'Sherkan (ça se reconnait aux fringues et aux coiffures), se déploient tout autour des Talendan. <br />
Visés par au moins une 20aine d'archers et deux fois plus de javelots, l'équipage tente de conserver son calme et d'avoir l'air amical... jusqu'à ce qu'un grand guerrier à la carrure d'athlète bondisse d'une des pirogues en brandissant une lance de 8 pieds, pour atterrir souplement sur le ponton de bois vermoulu : ''"[[Mil'orind]] ! Mil'orind !"'' s'écrie alors Islinna, soudain ravie. Et quand le héros des Oloden retire son casque de bronze pour libérer sa longue chevelure dorée et l'agiter dans le crépuscule, Mérane elle-même ressent un petit frisson : ''"hou le bel animal !"''<br />
<br />
Islinna descend du pont sans que Bahardabras ou Herle de Lorune (officiellement chargés par le Cap' de veiller à la protection des deux diplomatEs) n'ait le temps de l'y précéder et saute au coup de son amant local pour lui claquer un long baiser. Les Talendan, la main sur leurs armes, et les Oloden en formation d'encerclement échangent pendant ce temps des regards circonspects ou compassés devant un salut si peu protocolaire et puis, finalement, décident d'un commun accord que c'est pas encore cette fois qu'ils vont s'entretuer (surtout que les Oloden en ont marre de pagayer contre le courant pour maintenir l'encerclement de pirogues pendant que leur chef lèche la poire des étrangères).<br />
<br />
''"Mais qu'est-ce que tu fais là ?"'' fini par demander Islinna, sa langue une fois libre. Le grand blond lui explique alors volontiers qu'il dirige une force de quelques 500 guerriers (mariniers et cavaliers) déployée le long du littoral pour prévenir une incursion ennemie, depuis qu'on a repéré des navires "dirsen" croisant au nord du Golfe Cinglant. <br />
<br />
À nouveau, les Talendan lui expliquent que ce sont probablement de méchants Arkonnelkan qui naviguent en secret de leurs alliés pour tout un tas de viles opérations clandestines, mais le concept semble laborieux au magnifique guerrier (qui n'a pas inventé l'eau tiède, faut dire) : si c'était le cas, où diable ces navires pourraient-ils bien mouiller dans une région dont les rares havres sont habités par les Oloden ?<br />
<br />
Le dîner qui suit (et qui va consommer une bonne part des réserves gastronomiques Kerdanes : il y a quelques dizaines d'invités) est émaillé de quelques frivolités, potins (dont l'incontournable "avec qui couche le barde Tael Shannan cette semaine") et récits des combats qui embrasent toujours la vallée de Cainil : [[Kainen Tahrel]] ayant été repoussés loin des murs de Darverane, il adopte pour l'instant une stratégie plutôt défensive, jouant la montre en attendant que ses alliés So'Sherkan ouvrent un second front sur les arrières impériaux.<br />
<br />
Pendant que le fier soldat balance sans y penser des secrets militaires aux premiers venus, Mérane entreprend d'avoir une discussion "entre filles" avec son "second", la guerrière Sewil Nilliendin (qui est beaucoup moins cruche et arrêta Nevel et [[Lidel'Agilon]] en pleine nuit sur la lande, toujours lors de "Tréfonds") : ce n'est que lorsque le dîner se termine, Islinna et Mil'orind s'éloignant parmi les joncs pour aller « prendre le dessert », que la négociante s'aperçoit que, mine de rien, la guerrière oloden lui a tiré les vers du nez toute la soirée sur leur expédition commerciale, l'Assemblée Tribale et les forces impériales dans leur secteur...<br />
<br />
== Troisième jour de navigation ==<br />
<br />
Le lendemain à l'aube, Mil'orind est bien triste de regarder partir sa belle, un bon vent gonflant les voiles du Coppavento qui vogue plein nord, pour traverser la baie et avoir franchi le Détroit des Griffes avant le soir. Bien lui en prend parce que le détroit se révèle "un peu agité" à marée descendante, et que le corsaro doit y louvoyer de son mieux, Bartolome secondant la vigie depuis la proue, une sonde en main pour surveiller le fond, pendant que Diovire tente de rester au vent et d'anticiper les manœuvres pour éviter les méchants récifs pointus qui bordent le chenal (ça racle un peu et, sans les carnets de navigation +qq pH, ils eussent fait naufrage).<br />
<br />
Mais c'est en quittant enfin le détroit que le temps se gâte : au tourbillon de nuages noirs qui couvre la crête écumante des vagues venant du large, Bartolome comprend illico que, cette fois, c'est carrément la grosse tempête [de fait : face aux 17 pions du Coppavento, je viens d'aligner une Mise de 30]. Malgré une tentative de contourner par le nord et longeant la côte, le navire malmené par les déferlantes et battu par la pluie doit bientôt s'en éloigner pour éviter d'être drossé sur les falaises de la Baie des Griffes. Sur le pont, ça ne rigole plus du tout : Diovire hurle ses ordres à travers la tourmente, Bartolome mène l'équipage au pas de charge pour abattre une voile qui menace de claquer, Bahardabras peine à tenir la barre sous les coups de butoir de la mer qui tabasse le gouvernail. Soudain, plusieurs mousses manquent d'être emportés par une vague et les matelots perdent le contrôle... [Là, les joueurs comprennent qu'ils vont tous mourir et payent 4pH pour s'en sortir avec un préjudice mineur.]<br />
<br />
Les heures qui suivent sont un enfer : sur le pont lessivé par les trombes d'eau, les Talendan s'accrochent de toutes leurs forces au moindre cordage, la cargaison dansant dans la cale de la nef qui tournoie follement, ballotée comme un bouchon et embarquant des paquets de mer. Cognés contre la coque, rincés et suffoquant, il leur faut un moment pour réaliser qu'ils ont été recrachés presque indemnes par la tempête, et dérivent maintenant vers le sud de la Baie des Griffes. Observant la côte, les frères Sotorine repèrent un possible mouillage entre les îlots qui criblent le littoral et finissent par jeter l'ancre à moins d'un mile des falaises où, lorsque la nuit tombe, l’œil exercé de Bahardabras distingue le probable feu d'un bivouac oloden.<br />
<br />
== Quatrième, Cinquième et Sixième jour de navigation ==<br />
<br />
Le 4° jour se lève sur un temps superbe, le ciel nettoyé à grande eau par la tempête et un bon petit vent frais soufflant bientôt sous un angle idéal : après avoir séché toute la nuit autour des braséros, l'équipage appareille et met cap au nord-ouest. Pour aborder le golfe et son perpétuel tourbillon, Diovire Sotorine a en effet décidé d'un plan assez futé : remonter au vent bien au large de la Pointe d'Arenzio, virer plein sud puis donner toute la voile par vent arrière pour prendre un maximum d'élan et chevaucher le courant de reflux du tourbillon, cap au sud-est.<br />
Et comme le temps se maintient [à partir de là, ils ont plutôt de la veine sur les jets de Vent], c'est à plus de 8 nœuds que le Coppavento croise bientôt les îles Shilorken... d'où surgissent soudain deux formes aux voiles noires : ''"Arkonnelkan !"'' crie la vigie.<br />
<br />
Mais l'agile coursier se moquent des lourdes cogues et, hissant jusqu'au dernier perroquet pour déployer toute la voilure, il laisse bientôt les apprentis pirates peiner en vain sur leurs rames insuffisantes, filant à pleine vitesse vers la Côte de Marbre et la marche des Lisières.<br />
<br />
Maintenant une excellente allure jusqu'au soir, l'équipage ne réduit la voilure que pour continuer sa navigation de nuit (profitant du temps clément et de l'absence de piège dans le secteur), perd un peu de vitesse le lendemain (moins de vent, plus de vague). Croisant de nuit très au large du phare de Grésil, le premier port de pêche sur la côte, le 6° matin trouve le Coppavento au large d'Éclisse.<br />
<br />
Contre toute attente, la rade de ce petit village portuaire se trouve alors encombrée de 2 grandes caraques remanes (à se demander comment elles sont arrivées là) et 4 cogues plus petites, affichant les pavillons des Maisons (nobles) de Lorune, d'Orsane ou de Salviane et manifestement armées pour la guerre. Les Talendan n'aillant pas très envie de voisiner la marine impériale, ils changent de cap et, tant qu'ils ont assez de vent, remontent l'estuaire du puissant fleuve Dramghil jusqu'au port de "l'Ancre", un village de pêcheur accroché à la falaise.<br />
<br />
Bientôt amarrés à l'unique quai (que leur nef envahit à moitié : heureusement que les locaux sont à la pêche), les Talendan débarquent à la taverne du bled, une gargote "lourdement rurale" où la modeste bière fait des heureux pendant que les langues se délient un peu. Le temps de récolter quelques infos sur Aroche, le trafic maritime ou la flotte de guerre qui stagne apparemment à Éclisse depuis une semaine et Diovire rappelle son équipage à grands cris : le vent s'est levé, s'ils veulent en profiter pour tailler contre le courant du fleuve jusqu'à leur destination, il faut que ce soit maintenant !<br />
<br />
== Terre ! ==<br />
<br />
Dans l'après-midi finissant, nos marins doublent bientôt la pointe du Roi et, sous la puissante citadelle qui domine la falaise, découvrent ébahis la grande cité en terrasses descendant vers le plus grand port des Marches : après seulement 6 jours de mer, '''les voilà sains et saufs à [[Aroche]] !'''<br />
<br />
----<br />
'''[[10) "Nuit Blanche"|<< Épisode Précédent]] | [[12) "Ville Basse"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Liste des Épisodes|<= retour à la LISTE des ÉPISODES]]'''<br />
<br />
[[Catégorie:Épisodes]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/11)_%22Toutes_voiles_dehors_!%2211) "Toutes voiles dehors !"2014-09-08T16:16:07Z<p>Aloun : /* Second jour de navigation */</p>
<hr />
<div>Pour le bref épisode maritime dont je voulais qu'un maximum de joueurs puissent faire l'expérience (depuis le temps qu'ils préparaient ça), j'avais accepté plus de joueurs que d'ordinaire (de 4 à 6 selon les séances) dont quelques remplacements, puisque pas moins de 8 PJ se sont embarqués ensemble dans cette aventure. En l'occurrence étaient à bord (avec une 15aine de PNJ) :<br />
<br />
_[[Diovire Sotorine]]<br />
<br />
_[[Bartolome Sotorine]]<br />
<br />
_[[Islinna "Maliam'nid" Sotorine]]<br />
<br />
_[[Adira Pratesh]]<br />
<br />
_[[Mérane "Roulier"]]<br />
<br />
_[[Sergent Bahardabras "le Hornois"]]<br />
<br />
_[[Herle de Lorune]]<br />
<br />
_[[Nadine "la Moucheuse"]]<br />
<br />
<br />
<br />
== Départ ==<br />
<br />
=== Une aurore brumeuse se lève sur le Lac Troisième ===<br />
<br />
Lorsque, fatiguée et pressée mais victorieuse, Islinna "Maliamn'id" saute directement de la pirogue qui la ramène du Cercle des Cascades sur un ponton du quartier lacustre où se trouve déjà massée plus de la moitié du village de Tal Endhil, venue saluer le départ des derniers voyageurs en partance pour [[Aroche]]. L'équipage du Coppavento, réduit par les pertes sévères des [[Kerdans]] lors de la bataille, et l'importante cargaison de métaux, de laine fraîchement filée, de teinture, de peaux, de fourrures et de mille autres babioles (''"Et du vin de sureau ! _Non mais ça va pas se vendre, ça... _Qué que t'en sait ?! C'est pas à 'Roche qu'on en trouve du comme ça ! _Hé ben putain, j'espère..."'') les ont précédé la veille pour laisser aux marins le temps de charger.<br />
Le sergent Le Cornu rappelle pour la énième fois ses consignes de prudence et de de bonnes manières aux mercenaires constituant l'escorte (facturée à la guilde au nom du Capitaine :P ), [[Ranyella Sotorine]] confie sa fille au cousin Bartolome, quelques colons ajoutent au dernier moment de nouvelles commandes à la "liste de courses" fournies aux voyageurs et, dans leur coin, les cousins Pratesh s'engueulent au sujet du nouveau garde-du-corps d'Adira, une espèce d'ex-mercenaire pouilleux dénommé [[Brannock]] (''"Mais on sait même pas d'où il sort, ce type ! _Si je dois aller à Aroche sans toi, faut bien que j'ai un peu de protection. _Mais t'as vu sa dégaine ? _Oui bon, je l'ai eut pas cher : il était offert gracieusement avec une certaine affaire, je t'expliquerai à mon retour..."'').<br />
<br />
=== Discours d'adieu === <br />
<br />
Le Capitaine est en train de regarder les derniers préparatifs d'embarquement quand il avise soudain une caisse sur le quai, monte dessus et prend la parole:<br />
<br />
« Mes très chers tous, vous voir vous afférer ainsi, prêt à partir, me serre le coeur tout autant que cela me le remplit de joie et de fierté.<br />
Cela me serre le cœur car je sais que ce voyage ne se fera pas sur une mer d'huile, que lorsque votre voile aura disparu j'aurai ce sentiment de vide provoqué par l'absence de connaissances proches, de compagnons et même d'amis; car aussi cette nef et ce qu'elle transporte, en plus de ceux qu'elle transporte, représentent de nombreux espoirs pour notre communauté de Tal Endhil. Pour pouvoir survivre puis prospérer, nous devons attirer plus de bonne volonté ici, entendre les railleries des artisans sur leur apprentis, les aboiements des chiens autours des troupeaux, les notes de musique que les bardes joueront dans les tavernes, les cris des enfants jouant dans les basses-cours...<br />
Et c'est ce qui me remplit de joie et de fierté: VOUS êtes les porteurs de ces espoirs. Vous qui vous êtes de multiples fois illustrés, vous allez porter haut les couleurs de Tal Endhil à Aroche. Vous êtes nos diplomates, nos émissaires, nos représentants. Soyez courageux et francs, soyez fier d'être Talendan ! Propagez à Aroche cette image de paix, de sérénité et de tolérance ! Et quand vous reviendrez avec matériaux et artisans, la première chose que nous ferons sera de rebâtir notre village lacustre ! »<br />
<br />
Puis, sur un ton plus doux : <br />
« Je compte sur vous.»<br />
<br />
Descendant alors de sa caisse, le Capitaine vient personnellement serrer la main ou adresser un petit personnel à chaque membre en partance. Il attend alors patiemment la fin des préparatifs et au fameux ''"larguez les amarres !"'', il répond ''"Bon vent !"'' et vous regarde vous éloignez lentement.<br />
<br />
=== Préparation === <br />
<br />
Embarqués dans les deux dernières barges kerdanes pour [[Écume 6]], nos héros passent sous le pont de Tal Endhil (où la population s'est massée pour leur lancer des au-revoir et des pétales de fleurs), ils descendent le fleuve pendant une journée jusqu'au comptoir où le ''[[Coppavento]]'' est encore en réparation : après avoir déposé les PJ de l'Opération Tréfonds, il a été poursuivit par un équipage [[Arkonnelkan]] qui a tiré des flèches enflammés dans la voilures et la nef s'est réfugiée au comptoir Écume 7 fondé par Bartolome Sotorine (ce n'est encore qu'une bite d'amarrage à côté d'une hutte en bois dans une crique du territoire des [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]], mais si le commerce des peaux pouvait augmenter...) et un méchant grain a ensuite cassé pas mal de bois dans la mâture affaiblie par le feu lors du retour vers Écume 6. Avec un équipage déjà minimal, un chargement important et une course difficile devant eux, les Kerdans ne peuvent pas se permettre de prendre la mer sur un navire endommagé. Heureusement, Mérane Roulier s'y connaît assez en navigation et en charpenterie pour filer un coup de main décisif aux kerdans et après avoir travaillé une partie de la nuit, le Coppavento est prêt à appareillé comme prévu le lendemain à l'aube [et ces réparations, en le débarrassant de ses derniers pions de Dommages, vont vraiment lui "sauver la Mise"].<br />
<br />
Malgré leurs fréquentes engueulades, le capitaine Diovire (à nouveau joué par Loriel) et son bosco de frère Bartolome dirigent plutôt efficacement leur équipage largement inexpérimenté, composés de plus de bateliers que de marins kerdans, des mercenaires impériaux qui n'ont que de vagues notions maritimes et des marchands plus volontaires que vraiment habiles.<br />
<br />
[Techniquement, on a trois catégories de « marins » à bord :<br />
_'''''les "matelots"''''' qui possèdent effectivement le domaine Marine et les talents qui en découlent représentent chacun un pion d'Énergie pour le navire,<br />
_'''''les "mousses"''''' qui n'ont qu'un vague talent de Navigation (souvent orienté "barques et pirogues") ou des aptitudes physiques assez exceptionnelles pour être utiles : ceux-ci doivent réussir un jet (dont la Difficulté varie avec la situation) pour effectivement fournir 1 pion au navire ; c'est notamment le cas de Bahardabras à la barre ou d'Islinna.<br />
_'''''les "passagers volontaires"''''' qui n'ont aucune capacité dédiée mais sont prêt à filer un coup de main et peuvent fournir un peu de Soutien en cas de coup dur.<br />
Au final, la Mise du ''Coppavento'' alourdi par sa cargaison variera entre 9 et 15 suivant les moments, sachant qu'il est plutôt conçu pour être manœuvré par 20-25 marins...<br />
<br />
== Premier jour de navigation == <br />
<br />
Profitant du courant que lui offre l'embouchure du fleuve, le ''Coppavento'' négocie habilement les marais, gagne la Baie des Langueurs et, dès qu'un puissant vent se lève, manœuvre pour en tirer tout le parti possible, filant bientôt à un impressionnant "10 nœuds à la planche" (car les kerdans emploient des lochs relativement précis pour cet univers). <br />
<br />
Une vitesse que nos navigateurs vont bientôt perdre, reprendre, reperdre... à cause du vent perpétuellement tournant et d'un équipage qui s'habitue peu à peu à travailler ensemble. Le caractère "mysandre" de Mérane s'emmanchant d'ailleurs assez mal avec certains comportements machistes des frères Sotorine ou du barreur Hornois, le premier jour de mer commence avec moult gueulantes, pendant que le malheureux Adira Pratesh vomit tripes et boyaux par-dessus le bastingage [tous les PJ n'ayant aucune expérience maritime ont du faire des jets de résistance physique contre le mal de mer et Adira, de constitution fragile, a beaucoup souffert...]. <br />
<br />
C'est en début d'après-midi que Bartolome repère bientôt un gros paquet de nuages grisâtres poussé par un méchant vent de travers et accompagné par des vagues bien cabrées... Le navire essuie bientôt son premier grain [un "petit", à 15 pions de Mise] : Herle de Lorune et Trevan se joignent courageusement aux marins, Diovire et Bartolome cessent de s'engueuler et, pendant que le pauvre fehnri hurle d'effroi, on déploie la voilure. ( ''"Faudrait pas réduire plutôt, là ? _Non ma petite : chez vous on laisse peut-être passer le gros temps, mais chez les Sotorine, on l'affronte... surtout quand on tire une vitesse de merde depuis des plombes !"'' Réalistement, c'est complètement idiot, hein, mais les joueurs avaient envie de s'amuser, alors...). <br />
<br />
Le Coppavento commence à prendre une méchante gîte, un peu d'eau balaie le pont, le tangage produit quelques gamelles mais la "méthode Sotorine" semble faire ses preuves puisque, rapidement, le "''corsaro''" s'échappe des turbulences... vers une mer étale et un vent presque nul. <br />
''"Mais alors, vraiment, vous, vous basez votre civilisation sur un machin complètement aléatoire et dangereux qui file mal au bide ? Et vous vous enrichissez ? C'est invraisemblable..."'' observe Adira.<br />
<br />
L'après-midi touche à sa fin lorsque le vent permet enfin à la nef d'accélérer un brin et Diovire décide d'en profiter (''"Mais vous aviez pas parlé de brisants, dans ce coin ? _Oui ben on va pas dormir là, hein : y a pas de mouillage avant l'autre côté. Alors on fait un peu gaffe et puis on y va."'') : il fait presque nuit noire quand, grâce à un savant calcul des deux frangins et à leurs carnets, le [[Coppavento]] double le Brise-Langueur comme une fleur, remonte au nord et jette l'encre pour la nuit dans la crique où, quelques semaines plus tôt, Kal Kirhan et Bahardabras avait enterré les Arkonnelkan vaincu. <br />
<br />
Le Hornois profite d'ailleurs du dîner pour mettre l'ambiance en expliquant le "[[Barad'mohn]]" (l'enterrement emishen rituel des "vaincus sans honneur", face contre terre pour que leurs âmes ne rejoignent jamais le vent : sic), Islinna raconte les événements de la mission diplomatique autour de la "Frontière de l'Orage" et Adira vérifie une fois de plus l'emballage de ses ballots « de laine » (''"Vous êtes un peu maniaque, vous en fait. _Non, mais je voudrais pas que ça prenne l'eau. _Quelle importance ? C'est pas comme si ça pouvait vraiment pourrir... _Dans un métier commercial, c'est important d'avoir la laine fraîche..."'' Je t'avais prévenu, Kobal, que ce jeu de mots minable serait révélé au monde.).<br />
<br />
On organise une garde minimale pour la nuit et l'on s'endort bientôt, le premier jour en mer ayant déjà été assez éprouvant.<br />
<br />
== Second jour de navigation == <br />
<br />
Le lendemain, l'équipage se lève un peu tard pour devancer la marée et les Sotorine décident d'attendre carrément la fin de la matinée et la mer descendante pour s'attaquer les tourbillons du Détroit des Oubliés... Mais le temps est spécialement mauvais aujourd'hui et après avoir manqué de dessaler carrément au premier essai [merci les pH], le navire doit s'arracher laborieusement au premier tourbillon, changer d'angle d'attaque et y retourner en profitant d'un vent favorable. <br />
<br />
Le second tourbillon secoue le Coppavento dans tous les sens (''"Manmaaaaan ! Je veux pas mouriiiir paaaauuuuvre !"'' pleure Adira) mais nos héros atteignent finalement la Baie des Oubliés dans l'après-midi, fatigués, meurtris et trempés comme des soupes, au point que même Mérane s'étonne :<br><br />
<br />
''"Sérieusement, c'est une vraie voie maritime, ça ?<br><br />
_Ah ben j'dis pas, on la fait que quand on a vraiment une cargaison à vendre, hein, parce que ça secoue un peu...<br><br />
_Ça secoue un peu ? Vous êtes des malades, vous ?! On manqué y rester trois fois en deux jours !<br><br />
_Meuuuh non, on a les choses bien en mains, là. Vous verriez le temps qu'on a quand on arrive pour le Marché de Printemps, avec les tempêtes hivernales et les blocs de glace qui croisent dans les Griffes...<br><br />
_Mais comment on peut espérer faire des liaisons commerciales régulières avec Aroche dans des conditions pareilles ?<br><br />
_Houlà dîtes, hein, moi j'ai rien promis de tel : Ranyella m'a demandé comment je le sentais et je lui ai promis un naufrage la première année, mais il paraît que votre guilde d'andouilles a insisté, alors bon. Notez que, une fois qu'il aura fini de dégobiller sur mon bordé, vous pourrez peut-être demander à Maître Pratesh s'il a changé d'avis, hein..."''<br><br />
<br />
Après avoir tout de même sérieusement envisagé de s'enfiler la baie au plus vite et de s'attaquer le terrible Détroit des Griffes de nuit "pour rattraper le temps perdu" (option abandonnée quand le MJ a répondu : « Pour faire une approximation raisonnable, ça serait comme de rouler sur un chemin de montagne par une nuit d'hiver sur un vélo sans phare, dont on peut pas descendre : la probabilité d'y faire les 22km du détroit est à peu près la même. Maintenant, ajoutez la probabilité bien plus élevée d'une tempête... »), Diovire admet qu'il vaut finalement mieux mouiller à Écume 5 pour la nuit et engage le navire au ralenti parmi les hauts-fonds (''"C'est vraiment une bonne chose qu'Islinna ait pu arranger vos rapports avec les [[Oloden]], quand-même ! _Je ne sais pas si j'irai jusqu'à dire que c'est "arrangé" : disons qu'ils ne nous attaquerons probablement pas à vue, puisque on a retrouvé le droit de remonter éventuellement jusqu'au cercle des Hautes-Pierres, mais je doute qu'ils soient très content de nous voir pour autant..."'').<br />
<br />
Et, de fait, la nef n'a même pas atteint la côte qu'une douzaine de voiles triangulaires apparaissent dans le delta du fleuve [[Cainil (fleuve)]] :<br />
<br />
''"Bon, ben ils nous ont vu venir, donc. Tout le monde sourit et on est bien polis, merci.<br><br />
''_Mais, juste pour savoir, s'ils nous attaquaient, on pourrait se défendre ?<br><br />
''_On est bien 12 ou 15 combattants, en face ils sont de 6 à 10 par voile : j'vous laisse compter ma p'tite dame.<br><br />
''_Et repartir, finalement, ce serait pas plus prudent ?<br><br />
''_Vous vous croyez en barque ? Vous savez le temps qu'il faut à un navire pour faire demi-tour ? Surtout que les hauts-fonds, c'est beaucoup plus gênants pour nos 4m de tirant d'eau que pour leurs pirogues à fond plat. Pis qu'on a pas d'autre endroit pour passer la nuit, passque la baie elle restera pas calme longtemps. Ayez confiance en ma nièce, Ma'ame Mérane : elle va nous négocier ça très bien..."<br><br />
<br />
=== Mil'orind ===<br />
<br />
Pendant que le navire, ses voiles orange largement déployées pour contrer le courant du fleuve Cainil (qui à cet endroit fait pas loin de 2km de large), vient à l'appontage contre le quai de bois pourri par les marais qu'on ose appeler "Écume 5", les pirogues aux voiles turquoise-blanc-noir (couleurs des Oloden) mais notamment occupées par quelques Liam'Lon et autres So'Sherkan (ça se reconnait aux fringues et aux coiffures), se déploient tout autour des Talendan. <br />
Visés par au moins une 20aine d'archers et deux fois plus de javelots, l'équipage tente de conserver son calme et d'avoir l'air amical... jusqu'à ce qu'un grand guerrier à la carrure d'athlète bondisse d'une des pirogues en brandissant une lance de 8 pieds, pour atterrir souplement sur le ponton de bois vermoulu : ''"[[Mil'orind]] ! Mil'orind !"'' s'écrie alors Islinna, soudain ravie. Et quand le héros des Oloden retire son casque de bronze pour libérer sa longue chevelure dorée et l'agiter dans le crépuscule, Mérane elle-même ressent un petit frisson : ''"hou le bel animal !"''<br />
<br />
Islinna descend du pont sans que Bahardabras ou Herle de Lorune (officiellement chargés par le Cap' de veiller à la protection des deux diplomatEs) n'ait le temps de l'y précéder et saute au coup de son amant local pour lui claquer un long baiser. Les Talendan, la main sur leurs armes, et les Oloden en formation d'encerclement échangent pendant ce temps des regards circonspects ou compassés devant un salut si peu protocolaire et puis, finalement, décident d'un commun accord que c'est pas encore cette fois qu'ils vont s'entretuer (surtout que les Oloden en ont marre de pagayer contre le courant pour maintenir l'encerclement de pirogues pendant que leur chef lèche la poire des étrangères).<br />
<br />
''"Mais qu'est-ce que tu fais là ?"'' fini par demander Islinna, sa langue une fois libre. Le grand blond lui explique alors volontiers qu'il dirige une force de quelques 500 guerriers (mariniers et cavaliers) déployée le long du littoral pour prévenir une incursion ennemie, depuis qu'on a repéré des navires "dirsen" croisant au nord du Golfe Cinglant. <br />
<br />
À nouveau, les Talendan lui expliquent que ce sont probablement de méchants Arkonnelkan qui naviguent en secret de leurs alliés pour tout un tas de viles opérations clandestines, mais le concept semble laborieux au magnifique guerrier (qui n'a pas inventé l'eau tiède, faut dire) : si c'était le cas, où diable ces navires pourraient-ils bien mouiller dans une région dont les rares havres sont habités par les Oloden ?<br />
<br />
Le dîner qui suit (et qui va consommer une bonne part des réserves gastronomiques Kerdanes : il y a quelques dizaines d'invités) est émaillé de quelques frivolités, potins (dont l'incontournable "avec qui couche le barde Tael Shannan cette semaine") et récits des combats qui embrasent toujours la vallée de Cainil : [[Kainen Tahrel]] ayant été repoussés loin des murs de Darverane, il adopte pour l'instant une stratégie plutôt défensive, jouant la montre en attendant que ses alliés So'Sherkan ouvrent un second front sur les arrières impériaux.<br />
<br />
Pendant que le fier soldat balance sans y penser des secrets militaires aux premiers venus, Mérane entreprend d'avoir une discussion "entre filles" avec son "second", la guerrière Sewil Nilliendin (qui est beaucoup moins cruche et arrêta Nevel et [[Lidel'Agilon]] en pleine nuit sur la lande, toujours lors de "Tréfonds") : ce n'est que lorsque le dîner se termine, Islinna et Mil'orind s'éloignant parmi les joncs pour aller « prendre le dessert », que la négociante s'aperçoit que, mine de rien, la guerrière oloden lui a tiré les vers du nez toute la soirée sur leur expédition commerciale, l'Assemblée Tribale et les forces impériales dans leur secteur...<br />
<br />
== Troisième jour de navigation ==<br />
<br />
Le lendemain à l'aube, Mil'orind est bien triste de regarder partir sa belle, un bon vent gonflant les voiles du Coppavento qui vogue plein nord, pour traverser la baie et avoir franchi le Détroit des Griffes avant le soir. Bien lui en prend parce que le détroit se révèle "un peu agité" à marée descendante, et que le corsaro doit y louvoyer de son mieux, Bartolome secondant la vigie depuis la proue, une sonde en main pour surveiller le fond, pendant que Diovire tente de rester au vent et d'anticiper les manœuvres pour éviter les méchants récifs pointus qui bordent le chenal (ça racle un peu et, sans les carnets de navigation +qq pH, ils eussent fait naufrage).<br />
<br />
Mais c'est en quittant enfin le détroit que le temps se gâte : au tourbillon de nuages noirs qui couvre la crête écumante des vagues venant du large, Bartolome comprend illico que, cette fois, c'est carrément la grosse tempête [de fait : face aux 17 pions du Coppavento, je viens d'aligner une Mise de 30]. Malgré une tentative de contourner par le nord et longeant la côte, le navire malmené par les déferlantes et battu par la pluie doit bientôt s'en éloigner pour éviter d'être drossé sur les falaises de la Baie des Griffes. Sur le pont, ça ne rigole plus du tout : Diovire hurle ses ordres à travers la tourmente, Bartolome mène l'équipage au pas de charge pour abattre une voile qui menace de claquer, Bahardabras peine à tenir la barre sous les coups de butoir de la mer qui tabasse le gouvernail. Soudain, plusieurs mousses manquent d'être emportés par une vague et les matelots perdent le contrôle... [Là, les joueurs comprennent qu'ils vont tous mourir et payent 4pH pour s'en sortir avec un préjudice mineur.]<br />
<br />
Les heures qui suivent sont un enfer : sur le pont lessivé par les trombes d'eau, les Talendan s'accrochent de toutes leurs forces au moindre cordage, la cargaison dansant dans la cale de la nef qui tournoie follement, ballotée comme un bouchon et embarquant des paquets de mer. Cognés contre la coque, rincés et suffoquant, il leur faut un moment pour réaliser qu'ils ont été recrachés presque indemnes par la tempête, et dérivent maintenant vers le sud de la Baie des Griffes. Observant la côte, les frères Sotorine repèrent un possible mouillage entre les îlots qui criblent le littoral et finissent par jeter l'ancre à moins d'un mile des falaises où, lorsque la nuit tombe, l’œil exercé de Bahardabras distingue le probable feu d'un bivouac oloden.<br />
<br />
== Quatrième, Cinquième et Sixième jour de navigation ==<br />
<br />
Le 4° jour se lève sur un temps superbe, le ciel nettoyé à grande eau par la tempête et un bon petit vent frais soufflant bientôt sous un angle idéal : après avoir séché toute la nuit autour des braséros, l'équipage appareille et met cap au nord-ouest. Pour aborder le golfe et son perpétuel tourbillon, Diovire Sotorine a en effet décidé d'un plan assez futé : remonter au vent bien au large de la Pointe d'Arenzio, virer plein sud puis donner toute la voile par vent arrière pour prendre un maximum d'élan et chevaucher le courant de reflux du tourbillon, cap au sud-est.<br />
Et comme le temps se maintient [à partir de là, ils ont plutôt de la veine sur les jets de Vent], c'est à plus de 8 nœuds que le Coppavento croise bientôt les îles Shilorken... d'où surgissent soudain deux formes aux voiles noires : ''"Arkonnelkan !"'' crie la vigie.<br />
<br />
Mais l'agile coursier se moquent des lourdes cogues et, hissant jusqu'au dernier perroquet pour déployer toute la voilure, il laisse bientôt les apprentis pirates peiner en vain sur leurs rames insuffisantes, filant à pleine vitesse vers la Côte de Marbre et la marche des Lisières.<br />
<br />
Maintenant une excellente allure jusqu'au soir, l'équipage ne réduit la voilure que pour continuer sa navigation de nuit (profitant du temps clément et de l'absence de piège dans le secteur), perd un peu de vitesse le lendemain (moins de vent, plus de vague). Croisant de nuit très au large du phare de Grésil, le premier port de pêche sur la côte, le 6° matin trouve le Coppavento au large d'Éclisse.<br />
<br />
Contre toute attente, la rade de ce petit village portuaire se trouve alors encombrée de 2 grandes caraques remanes (à se demander comment elles sont arrivées là) et 4 cogues plus petites, affichant les pavillons des Maisons (nobles) de Lorune, d'Orsane ou de Salviane et manifestement armées pour la guerre. Les Talendan n'aillant pas très envie de voisiner la marine impériale, ils changent de cap et, tant qu'ils ont assez de vent, remontent l'estuaire du puissant fleuve Dramghil jusqu'au port de "l'Ancre", un village de pêcheur accroché à la falaise.<br />
<br />
Bientôt amarrés à l'unique quai (que leur nef envahit à moitié : heureusement que les locaux sont à la pêche), les Talendan débarquent à la taverne du bled, une gargote "lourdement rurale" où la modeste bière fait des heureux pendant que les langues se délient un peu. Le temps de récolter quelques infos sur Aroche, le trafic maritime ou la flotte de guerre qui stagne apparemment à Éclisse depuis une semaine et Diovire rappelle son équipage à grands cris : le vent s'est levé, s'ils veulent en profiter pour tailler contre le courant du fleuve jusqu'à leur destination, il faut que ce soit maintenant !<br />
<br />
== Terre ! ==<br />
<br />
Dans l'après-midi finissant, nos marins doublent bientôt la pointe du Roi et, sous la puissante citadelle qui domine la falaise, découvrent ébahis la grande cité en terrasses descendant vers le plus grand port des Marches : après seulement 6 jours de mer, '''les voilà sains et saufs à [[Aroche]] !'''<br />
<br />
----<br />
'''[[10) "Nuit Blanche"|<< Épisode Précédent]] | [[12) "Ville Basse"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Liste des Épisodes|<= retour à la LISTE des ÉPISODES]]'''<br />
<br />
[[Catégorie:Épisodes]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/11)_%22Toutes_voiles_dehors_!%2211) "Toutes voiles dehors !"2014-09-08T16:15:01Z<p>Aloun : /* Préparation */</p>
<hr />
<div>Pour le bref épisode maritime dont je voulais qu'un maximum de joueurs puissent faire l'expérience (depuis le temps qu'ils préparaient ça), j'avais accepté plus de joueurs que d'ordinaire (de 4 à 6 selon les séances) dont quelques remplacements, puisque pas moins de 8 PJ se sont embarqués ensemble dans cette aventure. En l'occurrence étaient à bord (avec une 15aine de PNJ) :<br />
<br />
_[[Diovire Sotorine]]<br />
<br />
_[[Bartolome Sotorine]]<br />
<br />
_[[Islinna "Maliam'nid" Sotorine]]<br />
<br />
_[[Adira Pratesh]]<br />
<br />
_[[Mérane "Roulier"]]<br />
<br />
_[[Sergent Bahardabras "le Hornois"]]<br />
<br />
_[[Herle de Lorune]]<br />
<br />
_[[Nadine "la Moucheuse"]]<br />
<br />
<br />
<br />
== Départ ==<br />
<br />
=== Une aurore brumeuse se lève sur le Lac Troisième ===<br />
<br />
Lorsque, fatiguée et pressée mais victorieuse, Islinna "Maliamn'id" saute directement de la pirogue qui la ramène du Cercle des Cascades sur un ponton du quartier lacustre où se trouve déjà massée plus de la moitié du village de Tal Endhil, venue saluer le départ des derniers voyageurs en partance pour [[Aroche]]. L'équipage du Coppavento, réduit par les pertes sévères des [[Kerdans]] lors de la bataille, et l'importante cargaison de métaux, de laine fraîchement filée, de teinture, de peaux, de fourrures et de mille autres babioles (''"Et du vin de sureau ! _Non mais ça va pas se vendre, ça... _Qué que t'en sait ?! C'est pas à 'Roche qu'on en trouve du comme ça ! _Hé ben putain, j'espère..."'') les ont précédé la veille pour laisser aux marins le temps de charger.<br />
Le sergent Le Cornu rappelle pour la énième fois ses consignes de prudence et de de bonnes manières aux mercenaires constituant l'escorte (facturée à la guilde au nom du Capitaine :P ), [[Ranyella Sotorine]] confie sa fille au cousin Bartolome, quelques colons ajoutent au dernier moment de nouvelles commandes à la "liste de courses" fournies aux voyageurs et, dans leur coin, les cousins Pratesh s'engueulent au sujet du nouveau garde-du-corps d'Adira, une espèce d'ex-mercenaire pouilleux dénommé [[Brannock]] (''"Mais on sait même pas d'où il sort, ce type ! _Si je dois aller à Aroche sans toi, faut bien que j'ai un peu de protection. _Mais t'as vu sa dégaine ? _Oui bon, je l'ai eut pas cher : il était offert gracieusement avec une certaine affaire, je t'expliquerai à mon retour..."'').<br />
<br />
=== Discours d'adieu === <br />
<br />
Le Capitaine est en train de regarder les derniers préparatifs d'embarquement quand il avise soudain une caisse sur le quai, monte dessus et prend la parole:<br />
<br />
« Mes très chers tous, vous voir vous afférer ainsi, prêt à partir, me serre le coeur tout autant que cela me le remplit de joie et de fierté.<br />
Cela me serre le cœur car je sais que ce voyage ne se fera pas sur une mer d'huile, que lorsque votre voile aura disparu j'aurai ce sentiment de vide provoqué par l'absence de connaissances proches, de compagnons et même d'amis; car aussi cette nef et ce qu'elle transporte, en plus de ceux qu'elle transporte, représentent de nombreux espoirs pour notre communauté de Tal Endhil. Pour pouvoir survivre puis prospérer, nous devons attirer plus de bonne volonté ici, entendre les railleries des artisans sur leur apprentis, les aboiements des chiens autours des troupeaux, les notes de musique que les bardes joueront dans les tavernes, les cris des enfants jouant dans les basses-cours...<br />
Et c'est ce qui me remplit de joie et de fierté: VOUS êtes les porteurs de ces espoirs. Vous qui vous êtes de multiples fois illustrés, vous allez porter haut les couleurs de Tal Endhil à Aroche. Vous êtes nos diplomates, nos émissaires, nos représentants. Soyez courageux et francs, soyez fier d'être Talendan ! Propagez à Aroche cette image de paix, de sérénité et de tolérance ! Et quand vous reviendrez avec matériaux et artisans, la première chose que nous ferons sera de rebâtir notre village lacustre ! »<br />
<br />
Puis, sur un ton plus doux : <br />
« Je compte sur vous.»<br />
<br />
Descendant alors de sa caisse, le Capitaine vient personnellement serrer la main ou adresser un petit personnel à chaque membre en partance. Il attend alors patiemment la fin des préparatifs et au fameux ''"larguez les amarres !"'', il répond ''"Bon vent !"'' et vous regarde vous éloignez lentement.<br />
<br />
=== Préparation === <br />
<br />
Embarqués dans les deux dernières barges kerdanes pour [[Écume 6]], nos héros passent sous le pont de Tal Endhil (où la population s'est massée pour leur lancer des au-revoir et des pétales de fleurs), ils descendent le fleuve pendant une journée jusqu'au comptoir où le ''[[Coppavento]]'' est encore en réparation : après avoir déposé les PJ de l'Opération Tréfonds, il a été poursuivit par un équipage [[Arkonnelkan]] qui a tiré des flèches enflammés dans la voilures et la nef s'est réfugiée au comptoir Écume 7 fondé par Bartolome Sotorine (ce n'est encore qu'une bite d'amarrage à côté d'une hutte en bois dans une crique du territoire des [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]], mais si le commerce des peaux pouvait augmenter...) et un méchant grain a ensuite cassé pas mal de bois dans la mâture affaiblie par le feu lors du retour vers Écume 6. Avec un équipage déjà minimal, un chargement important et une course difficile devant eux, les Kerdans ne peuvent pas se permettre de prendre la mer sur un navire endommagé. Heureusement, Mérane Roulier s'y connaît assez en navigation et en charpenterie pour filer un coup de main décisif aux kerdans et après avoir travaillé une partie de la nuit, le Coppavento est prêt à appareillé comme prévu le lendemain à l'aube [et ces réparations, en le débarrassant de ses derniers pions de Dommages, vont vraiment lui "sauver la Mise"].<br />
<br />
Malgré leurs fréquentes engueulades, le capitaine Diovire (à nouveau joué par Loriel) et son bosco de frère Bartolome dirigent plutôt efficacement leur équipage largement inexpérimenté, composés de plus de bateliers que de marins kerdans, des mercenaires impériaux qui n'ont que de vagues notions maritimes et des marchands plus volontaires que vraiment habiles.<br />
<br />
[Techniquement, on a trois catégories de « marins » à bord :<br />
_'''''les "matelots"''''' qui possèdent effectivement le domaine Marine et les talents qui en découlent représentent chacun un pion d'Énergie pour le navire,<br />
_'''''les "mousses"''''' qui n'ont qu'un vague talent de Navigation (souvent orienté "barques et pirogues") ou des aptitudes physiques assez exceptionnelles pour être utiles : ceux-ci doivent réussir un jet (dont la Difficulté varie avec la situation) pour effectivement fournir 1 pion au navire ; c'est notamment le cas de Bahardabras à la barre ou d'Islinna.<br />
_'''''les "passagers volontaires"''''' qui n'ont aucune capacité dédiée mais sont prêt à filer un coup de main et peuvent fournir un peu de Soutien en cas de coup dur.<br />
Au final, la Mise du ''Coppavento'' alourdi par sa cargaison variera entre 9 et 15 suivant les moments, sachant qu'il est plutôt conçu pour être manœuvré par 20-25 marins...<br />
<br />
== Premier jour de navigation == <br />
<br />
Profitant du courant que lui offre l'embouchure du fleuve, le ''Coppavento'' négocie habilement les marais, gagne la Baie des Langueurs et, dès qu'un puissant vent se lève, manœuvre pour en tirer tout le parti possible, filant bientôt à un impressionnant "10 nœuds à la planche" (car les kerdans emploient des lochs relativement précis pour cet univers). <br />
<br />
Une vitesse que nos navigateurs vont bientôt perdre, reprendre, reperdre... à cause du vent perpétuellement tournant et d'un équipage qui s'habitue peu à peu à travailler ensemble. Le caractère "mysandre" de Mérane s'emmanchant d'ailleurs assez mal avec certains comportements machistes des frères Sotorine ou du barreur Hornois, le premier jour de mer commence avec moult gueulantes, pendant que le malheureux Adira Pratesh vomit tripes et boyaux par-dessus le bastingage [tous les PJ n'ayant aucune expérience maritime ont du faire des jets de résistance physique contre le mal de mer et Adira, de constitution fragile, a beaucoup souffert...]. <br />
<br />
C'est en début d'après-midi que Bartolome repère bientôt un gros paquet de nuages grisâtres poussé par un méchant vent de travers et accompagné par des vagues bien cabrées... Le navire essuie bientôt son premier grain [un "petit", à 15 pions de Mise] : Herle de Lorune et Trevan se joignent courageusement aux marins, Diovire et Bartolome cessent de s'engueuler et, pendant que le pauvre fehnri hurle d'effroi, on déploie la voilure. ( ''"Faudrait pas réduire plutôt, là ? _Non ma petite : chez vous on laisse peut-être passer le gros temps, mais chez les Sotorine, on l'affronte... surtout quand on tire une vitesse de merde depuis des plombes !"'' Réalistement, c'est complètement idiot, hein, mais les joueurs avaient envie de s'amuser, alors...). <br />
<br />
Le Coppavento commence à prendre une méchante gîte, un peu d'eau balaie le pont, le tangage produit quelques gamelles mais la "méthode Sotorine" semble faire ses preuves puisque, rapidement, le "''corsaro''" s'échappe des turbulences... vers une mer étale et un vent presque nul. <br />
''"Mais alors, vraiment, vous, vous basez votre civilisation sur un machin complètement aléatoire et dangereux qui file mal au bide ? Et vous vous enrichissez ? C'est invraisemblable..."'' observe Adira.<br />
<br />
L'après-midi touche à sa fin lorsque le vent permet enfin à la nef d'accélérer un brin et Diovire décide d'en profiter (''"Mais vous aviez pas parlé de brisants, dans ce coin ? _Oui ben on va pas dormir là, hein : y a pas de mouillage avant l'autre côté. Alors on fait un peu gaffe et puis on y va."'') : il fait presque nuit noire quand, grâce à un savant calcul des deux frangins et à leurs carnets, le [[Coppavento]] double le Brise-Langueur comme une fleur, remonte au nord et jette l'encre pour la nuit dans la crique où, quelques semaines plus tôt, Kal Kirhan et Bahardabras avait enterré les Arkonnelkan vaincu. <br />
<br />
Le Hornois profite d'ailleurs du dîner pour mettre l'ambiance en expliquant le "[[Barad'mohn]]" (l'enterrement emishen rituel des "vaincus sans honneur", face contre terre pour que leurs âmes ne rejoignent jamais le vent : sic), Islinna raconte les événements de la mission diplomatique autour de la "Frontière de l'Orage" et Adira vérifie une fois de plus l'emballage de ses ballots « de laine » (''"Vous êtes un peu maniaque, vous en fait. _Non, mais je voudrais pas que ça prenne l'eau. _Quelle importance ? C'est pas comme si ça pouvait vraiment pourrir... _Dans un métier commercial, c'est important d'avoir la laine fraîche..."'' Je t'avais prévenu, Kobal, que ce jeu de mots minable serait révélé au monde.).<br />
<br />
On organise une garde minimale pour la nuit et l'on s'endort bientôt, le premier jour en mer ayant déjà été assez éprouvant.<br />
<br />
== Second jour de navigation == <br />
<br />
Le lendemain, l'équipage se lève un peu tard pour devancer la marée et les Sotorine décident d'attendre carrément la fin de la matinée et la mer descendante pour s'attaquer les tourbillons du Détroit des Oubliés... Mais le temps est spécialement mauvais aujourd'hui et après avoir manqué de dessaler carrément au premier essai [merci les pH], le navire doit s'arracher laborieusement au premier tourbillon, changer d'angle d'attaque et y retourner en profitant d'un vent favorable. <br />
<br />
Le second tourbillon secoue le Coppavento dans tous les sens (''"Manmaaaaan ! Je veux pas mouriiiir paaaauuuuvre !"'' pleure Adira) mais nos héros atteignent finalement la Baie des Oubliés dans l'après-midi, fatigués, meurtris et trempés comme des soupes, au point que même Mérane s'étonne :<br><br />
<br />
''"Sérieusement, c'est une vraie voie maritime, ça ?<br><br />
_Ah ben j'dis pas, on la fait que quand on a vraiment une cargaison à vendre, hein, parce que ça secoue un peu...<br><br />
_Ça secoue un peu ? Vous êtes des malades, vous ?! On manqué y rester trois fois en deux jours !<br><br />
_Meuuuh non, on a les choses bien en mains, là. Vous verriez le temps qu'on a quand on arrive pour le Marché de Printemps, avec les tempêtes hivernales et les blocs de glace qui croisent dans les Griffes...<br><br />
_Mais comment on peut espérer faire des liaisons commerciales régulières avec Aroche dans des conditions pareilles ?<br><br />
_Houlà dîtes, hein, moi j'ai rien promis de tel : Ranyella m'a demandé comment je le sentais et je lui ai promis un naufrage la première année, mais il paraît que votre guilde d'andouilles a insisté, alors bon. Notez que, une fois qu'il aura fini de dégobiller sur mon bordé, vous pourrez peut-être demander à Maître Pratesh s'il a changé d'avis, hein..."''<br><br />
<br />
Après avoir tout de même sérieusement envisagé de s'enfiler la baie au plus vite et de s'attaquer le terrible Détroit des Griffes de nuit "pour rattraper le temps perdu" (option abandonnée quand le MJ a répondu : « Pour faire une approximation raisonnable, ça serait comme de rouler sur un chemin de montagne par une nuit d'hiver sur un vélo sans phare, dont on peut pas descendre : la probabilité d'y faire les 22km du détroit est à peu près la même. Maintenant, ajoutez la probabilité bien plus élevée d'une tempête... »), Diovire admet qu'il vaut finalement mieux mouiller à Écume 5 pour la nuit et engage le navire au ralenti parmi les hauts-fonds (''"C'est vraiment une bonne chose qu'Islinna ait pu arranger vos rapports avec les [[Oloden]], quand-même ! _Je ne sais pas si j'irai jusqu'à dire que c'est "arrangé" : disons qu'ils ne nous attaquerons probablement pas à vue, puisque on a retrouvé le droit de remonter éventuellement jusqu'au cercle des Hautes-Pierres, mais je doute qu'ils soient très content de nous voir pour autant..."'').<br />
<br />
Et, de fait, la nef n'a même pas atteint la côte qu'une douzaine de voiles triangulaires apparaissent dans le delta du fleuve [[Cainil]] :<br />
<br />
''"Bon, ben ils nous ont vu venir, donc. Tout le monde sourit et on est bien polis, merci.<br><br />
''_Mais, juste pour savoir, s'ils nous attaquaient, on pourrait se défendre ?<br><br />
''_On est bien 12 ou 15 combattants, en face ils sont de 6 à 10 par voile : j'vous laisse compter ma p'tite dame.<br><br />
''_Et repartir, finalement, ce serait pas plus prudent ?<br><br />
''_Vous vous croyez en barque ? Vous savez le temps qu'il faut à un navire pour faire demi-tour ? Surtout que les hauts-fonds, c'est beaucoup plus gênants pour nos 4m de tirant d'eau que pour leurs pirogues à fond plat. Pis qu'on a pas d'autre endroit pour passer la nuit, passque la baie elle restera pas calme longtemps. Ayez confiance en ma nièce, Ma'ame Mérane : elle va nous négocier ça très bien..."<br><br />
<br />
=== Mil'orind ===<br />
<br />
Pendant que le navire, ses voiles orange largement déployées pour contrer le courant du fleuve Cainil (qui à cet endroit fait pas loin de 2km de large), vient à l'appontage contre le quai de bois pourri par les marais qu'on ose appeler "Écume 5", les pirogues aux voiles turquoise-blanc-noir (couleurs des Oloden) mais notamment occupées par quelques Liam'Lon et autres So'Sherkan (ça se reconnait aux fringues et aux coiffures), se déploient tout autour des Talendan. <br />
Visés par au moins une 20aine d'archers et deux fois plus de javelots, l'équipage tente de conserver son calme et d'avoir l'air amical... jusqu'à ce qu'un grand guerrier à la carrure d'athlète bondisse d'une des pirogues en brandissant une lance de 8 pieds, pour atterrir souplement sur le ponton de bois vermoulu : ''"[[Mil'orind]] ! Mil'orind !"'' s'écrie alors Islinna, soudain ravie. Et quand le héros des Oloden retire son casque de bronze pour libérer sa longue chevelure dorée et l'agiter dans le crépuscule, Mérane elle-même ressent un petit frisson : ''"hou le bel animal !"''<br />
<br />
Islinna descend du pont sans que Bahardabras ou Herle de Lorune (officiellement chargés par le Cap' de veiller à la protection des deux diplomatEs) n'ait le temps de l'y précéder et saute au coup de son amant local pour lui claquer un long baiser. Les Talendan, la main sur leurs armes, et les Oloden en formation d'encerclement échangent pendant ce temps des regards circonspects ou compassés devant un salut si peu protocolaire et puis, finalement, décident d'un commun accord que c'est pas encore cette fois qu'ils vont s'entretuer (surtout que les Oloden en ont marre de pagayer contre le courant pour maintenir l'encerclement de pirogues pendant que leur chef lèche la poire des étrangères).<br />
<br />
''"Mais qu'est-ce que tu fais là ?"'' fini par demander Islinna, sa langue une fois libre. Le grand blond lui explique alors volontiers qu'il dirige une force de quelques 500 guerriers (mariniers et cavaliers) déployée le long du littoral pour prévenir une incursion ennemie, depuis qu'on a repéré des navires "dirsen" croisant au nord du Golfe Cinglant. <br />
<br />
À nouveau, les Talendan lui expliquent que ce sont probablement de méchants Arkonnelkan qui naviguent en secret de leurs alliés pour tout un tas de viles opérations clandestines, mais le concept semble laborieux au magnifique guerrier (qui n'a pas inventé l'eau tiède, faut dire) : si c'était le cas, où diable ces navires pourraient-ils bien mouiller dans une région dont les rares havres sont habités par les Oloden ?<br />
<br />
Le dîner qui suit (et qui va consommer une bonne part des réserves gastronomiques Kerdanes : il y a quelques dizaines d'invités) est émaillé de quelques frivolités, potins (dont l'incontournable "avec qui couche le barde Tael Shannan cette semaine") et récits des combats qui embrasent toujours la vallée de Cainil : [[Kainen Tahrel]] ayant été repoussés loin des murs de Darverane, il adopte pour l'instant une stratégie plutôt défensive, jouant la montre en attendant que ses alliés So'Sherkan ouvrent un second front sur les arrières impériaux.<br />
<br />
Pendant que le fier soldat balance sans y penser des secrets militaires aux premiers venus, Mérane entreprend d'avoir une discussion "entre filles" avec son "second", la guerrière Sewil Nilliendin (qui est beaucoup moins cruche et arrêta Nevel et [[Lidel'Agilon]] en pleine nuit sur la lande, toujours lors de "Tréfonds") : ce n'est que lorsque le dîner se termine, Islinna et Mil'orind s'éloignant parmi les joncs pour aller « prendre le dessert », que la négociante s'aperçoit que, mine de rien, la guerrière oloden lui a tiré les vers du nez toute la soirée sur leur expédition commerciale, l'Assemblée Tribale et les forces impériales dans leur secteur...<br />
<br />
== Troisième jour de navigation ==<br />
<br />
Le lendemain à l'aube, Mil'orind est bien triste de regarder partir sa belle, un bon vent gonflant les voiles du Coppavento qui vogue plein nord, pour traverser la baie et avoir franchi le Détroit des Griffes avant le soir. Bien lui en prend parce que le détroit se révèle "un peu agité" à marée descendante, et que le corsaro doit y louvoyer de son mieux, Bartolome secondant la vigie depuis la proue, une sonde en main pour surveiller le fond, pendant que Diovire tente de rester au vent et d'anticiper les manœuvres pour éviter les méchants récifs pointus qui bordent le chenal (ça racle un peu et, sans les carnets de navigation +qq pH, ils eussent fait naufrage).<br />
<br />
Mais c'est en quittant enfin le détroit que le temps se gâte : au tourbillon de nuages noirs qui couvre la crête écumante des vagues venant du large, Bartolome comprend illico que, cette fois, c'est carrément la grosse tempête [de fait : face aux 17 pions du Coppavento, je viens d'aligner une Mise de 30]. Malgré une tentative de contourner par le nord et longeant la côte, le navire malmené par les déferlantes et battu par la pluie doit bientôt s'en éloigner pour éviter d'être drossé sur les falaises de la Baie des Griffes. Sur le pont, ça ne rigole plus du tout : Diovire hurle ses ordres à travers la tourmente, Bartolome mène l'équipage au pas de charge pour abattre une voile qui menace de claquer, Bahardabras peine à tenir la barre sous les coups de butoir de la mer qui tabasse le gouvernail. Soudain, plusieurs mousses manquent d'être emportés par une vague et les matelots perdent le contrôle... [Là, les joueurs comprennent qu'ils vont tous mourir et payent 4pH pour s'en sortir avec un préjudice mineur.]<br />
<br />
Les heures qui suivent sont un enfer : sur le pont lessivé par les trombes d'eau, les Talendan s'accrochent de toutes leurs forces au moindre cordage, la cargaison dansant dans la cale de la nef qui tournoie follement, ballotée comme un bouchon et embarquant des paquets de mer. Cognés contre la coque, rincés et suffoquant, il leur faut un moment pour réaliser qu'ils ont été recrachés presque indemnes par la tempête, et dérivent maintenant vers le sud de la Baie des Griffes. Observant la côte, les frères Sotorine repèrent un possible mouillage entre les îlots qui criblent le littoral et finissent par jeter l'ancre à moins d'un mile des falaises où, lorsque la nuit tombe, l’œil exercé de Bahardabras distingue le probable feu d'un bivouac oloden.<br />
<br />
== Quatrième, Cinquième et Sixième jour de navigation ==<br />
<br />
Le 4° jour se lève sur un temps superbe, le ciel nettoyé à grande eau par la tempête et un bon petit vent frais soufflant bientôt sous un angle idéal : après avoir séché toute la nuit autour des braséros, l'équipage appareille et met cap au nord-ouest. Pour aborder le golfe et son perpétuel tourbillon, Diovire Sotorine a en effet décidé d'un plan assez futé : remonter au vent bien au large de la Pointe d'Arenzio, virer plein sud puis donner toute la voile par vent arrière pour prendre un maximum d'élan et chevaucher le courant de reflux du tourbillon, cap au sud-est.<br />
Et comme le temps se maintient [à partir de là, ils ont plutôt de la veine sur les jets de Vent], c'est à plus de 8 nœuds que le Coppavento croise bientôt les îles Shilorken... d'où surgissent soudain deux formes aux voiles noires : ''"Arkonnelkan !"'' crie la vigie.<br />
<br />
Mais l'agile coursier se moquent des lourdes cogues et, hissant jusqu'au dernier perroquet pour déployer toute la voilure, il laisse bientôt les apprentis pirates peiner en vain sur leurs rames insuffisantes, filant à pleine vitesse vers la Côte de Marbre et la marche des Lisières.<br />
<br />
Maintenant une excellente allure jusqu'au soir, l'équipage ne réduit la voilure que pour continuer sa navigation de nuit (profitant du temps clément et de l'absence de piège dans le secteur), perd un peu de vitesse le lendemain (moins de vent, plus de vague). Croisant de nuit très au large du phare de Grésil, le premier port de pêche sur la côte, le 6° matin trouve le Coppavento au large d'Éclisse.<br />
<br />
Contre toute attente, la rade de ce petit village portuaire se trouve alors encombrée de 2 grandes caraques remanes (à se demander comment elles sont arrivées là) et 4 cogues plus petites, affichant les pavillons des Maisons (nobles) de Lorune, d'Orsane ou de Salviane et manifestement armées pour la guerre. Les Talendan n'aillant pas très envie de voisiner la marine impériale, ils changent de cap et, tant qu'ils ont assez de vent, remontent l'estuaire du puissant fleuve Dramghil jusqu'au port de "l'Ancre", un village de pêcheur accroché à la falaise.<br />
<br />
Bientôt amarrés à l'unique quai (que leur nef envahit à moitié : heureusement que les locaux sont à la pêche), les Talendan débarquent à la taverne du bled, une gargote "lourdement rurale" où la modeste bière fait des heureux pendant que les langues se délient un peu. Le temps de récolter quelques infos sur Aroche, le trafic maritime ou la flotte de guerre qui stagne apparemment à Éclisse depuis une semaine et Diovire rappelle son équipage à grands cris : le vent s'est levé, s'ils veulent en profiter pour tailler contre le courant du fleuve jusqu'à leur destination, il faut que ce soit maintenant !<br />
<br />
== Terre ! ==<br />
<br />
Dans l'après-midi finissant, nos marins doublent bientôt la pointe du Roi et, sous la puissante citadelle qui domine la falaise, découvrent ébahis la grande cité en terrasses descendant vers le plus grand port des Marches : après seulement 6 jours de mer, '''les voilà sains et saufs à [[Aroche]] !'''<br />
<br />
----<br />
'''[[10) "Nuit Blanche"|<< Épisode Précédent]] | [[12) "Ville Basse"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Liste des Épisodes|<= retour à la LISTE des ÉPISODES]]'''<br />
<br />
[[Catégorie:Épisodes]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/11)_%22Toutes_voiles_dehors_!%2211) "Toutes voiles dehors !"2014-09-08T16:11:42Z<p>Aloun : /* Une aurore brumeuse se lève sur le Lac Troisième */</p>
<hr />
<div>Pour le bref épisode maritime dont je voulais qu'un maximum de joueurs puissent faire l'expérience (depuis le temps qu'ils préparaient ça), j'avais accepté plus de joueurs que d'ordinaire (de 4 à 6 selon les séances) dont quelques remplacements, puisque pas moins de 8 PJ se sont embarqués ensemble dans cette aventure. En l'occurrence étaient à bord (avec une 15aine de PNJ) :<br />
<br />
_[[Diovire Sotorine]]<br />
<br />
_[[Bartolome Sotorine]]<br />
<br />
_[[Islinna "Maliam'nid" Sotorine]]<br />
<br />
_[[Adira Pratesh]]<br />
<br />
_[[Mérane "Roulier"]]<br />
<br />
_[[Sergent Bahardabras "le Hornois"]]<br />
<br />
_[[Herle de Lorune]]<br />
<br />
_[[Nadine "la Moucheuse"]]<br />
<br />
<br />
<br />
== Départ ==<br />
<br />
=== Une aurore brumeuse se lève sur le Lac Troisième ===<br />
<br />
Lorsque, fatiguée et pressée mais victorieuse, Islinna "Maliamn'id" saute directement de la pirogue qui la ramène du Cercle des Cascades sur un ponton du quartier lacustre où se trouve déjà massée plus de la moitié du village de Tal Endhil, venue saluer le départ des derniers voyageurs en partance pour [[Aroche]]. L'équipage du Coppavento, réduit par les pertes sévères des [[Kerdans]] lors de la bataille, et l'importante cargaison de métaux, de laine fraîchement filée, de teinture, de peaux, de fourrures et de mille autres babioles (''"Et du vin de sureau ! _Non mais ça va pas se vendre, ça... _Qué que t'en sait ?! C'est pas à 'Roche qu'on en trouve du comme ça ! _Hé ben putain, j'espère..."'') les ont précédé la veille pour laisser aux marins le temps de charger.<br />
Le sergent Le Cornu rappelle pour la énième fois ses consignes de prudence et de de bonnes manières aux mercenaires constituant l'escorte (facturée à la guilde au nom du Capitaine :P ), [[Ranyella Sotorine]] confie sa fille au cousin Bartolome, quelques colons ajoutent au dernier moment de nouvelles commandes à la "liste de courses" fournies aux voyageurs et, dans leur coin, les cousins Pratesh s'engueulent au sujet du nouveau garde-du-corps d'Adira, une espèce d'ex-mercenaire pouilleux dénommé [[Brannock]] (''"Mais on sait même pas d'où il sort, ce type ! _Si je dois aller à Aroche sans toi, faut bien que j'ai un peu de protection. _Mais t'as vu sa dégaine ? _Oui bon, je l'ai eut pas cher : il était offert gracieusement avec une certaine affaire, je t'expliquerai à mon retour..."'').<br />
<br />
=== Discours d'adieu === <br />
<br />
Le Capitaine est en train de regarder les derniers préparatifs d'embarquement quand il avise soudain une caisse sur le quai, monte dessus et prend la parole:<br />
<br />
« Mes très chers tous, vous voir vous afférer ainsi, prêt à partir, me serre le coeur tout autant que cela me le remplit de joie et de fierté.<br />
Cela me serre le cœur car je sais que ce voyage ne se fera pas sur une mer d'huile, que lorsque votre voile aura disparu j'aurai ce sentiment de vide provoqué par l'absence de connaissances proches, de compagnons et même d'amis; car aussi cette nef et ce qu'elle transporte, en plus de ceux qu'elle transporte, représentent de nombreux espoirs pour notre communauté de Tal Endhil. Pour pouvoir survivre puis prospérer, nous devons attirer plus de bonne volonté ici, entendre les railleries des artisans sur leur apprentis, les aboiements des chiens autours des troupeaux, les notes de musique que les bardes joueront dans les tavernes, les cris des enfants jouant dans les basses-cours...<br />
Et c'est ce qui me remplit de joie et de fierté: VOUS êtes les porteurs de ces espoirs. Vous qui vous êtes de multiples fois illustrés, vous allez porter haut les couleurs de Tal Endhil à Aroche. Vous êtes nos diplomates, nos émissaires, nos représentants. Soyez courageux et francs, soyez fier d'être Talendan ! Propagez à Aroche cette image de paix, de sérénité et de tolérance ! Et quand vous reviendrez avec matériaux et artisans, la première chose que nous ferons sera de rebâtir notre village lacustre ! »<br />
<br />
Puis, sur un ton plus doux : <br />
« Je compte sur vous.»<br />
<br />
Descendant alors de sa caisse, le Capitaine vient personnellement serrer la main ou adresser un petit personnel à chaque membre en partance. Il attend alors patiemment la fin des préparatifs et au fameux ''"larguez les amarres !"'', il répond ''"Bon vent !"'' et vous regarde vous éloignez lentement.<br />
<br />
=== Préparation === <br />
<br />
Embarqués dans les deux dernières barges kerdanes pour [[Écume 6]], nos héros passent sous le pont de Tal Endhil (où la population s'est massée pour leur lancer des au-revoir et des pétales de fleurs), ils descendent le fleuve pendant une journée jusqu'au comptoir où [[le ''Coppavento'']] est encore en réparation : après avoir déposé les PJ de l'Opération Tréfonds, il a été poursuivit par un équipage [[Arkonnelkan]] qui a tiré des flèches enflammés dans la voilures et la nef s'est réfugiée au comptoir Écume 7 fondé par Bartolome Sotorine (ce n'est encore qu'une bite d'amarrage à côté d'une hutte en bois dans une crique du territoire des [[Liam'lon]], mais si le commerce des peaux pouvait augmenter...) et un méchant grain a ensuite cassé pas mal de bois dans la mâture affaiblie par le feu lors du retour vers Écume 6. Avec un équipage déjà minimal, un chargement important et une course difficile devant eux, les Kerdans ne peuvent pas se permettre de prendre la mer sur un navire endommagé. Heureusement, Mérane Roulier s'y connaît assez en navigation et en charpenterie pour filer un coup de main décisif aux kerdans et après avoir travaillé une partie de la nuit, le Coppavento est prêt à appareillé comme prévu le lendemain à l'aube [et ces réparations, en le débarrassant de ses derniers pions de Dommages, vont vraiment lui "sauver la Mise"].<br />
<br />
Malgré leurs fréquentes engueulades, le capitaine Diovire (à nouveau joué par Loriel) et son bosco de frère Bartolome dirigent plutôt efficacement leur équipage largement inexpérimenté, composés de plus de bateliers que de marins kerdans, des mercenaires impériaux qui n'ont que de vagues notions maritimes et des marchands plus volontaires que vraiment habiles.<br />
<br />
[Techniquement, on a trois catégories de « marins » à bord :<br />
_'''''les "matelots"''''' qui possèdent effectivement le domaine Marine et les talents qui en découlent représentent chacun un pion d'Énergie pour le navire,<br />
_'''''les "mousses"''''' qui n'ont qu'un vague talent de Navigation (souvent orienté "barques et pirogues") ou des aptitudes physiques assez exceptionnelles pour être utiles : ceux-ci doivent réussir un jet (dont la Difficulté varie avec la situation) pour effectivement fournir 1 pion au navire ; c'est notamment le cas de Bahardabras à la barre ou d'Islinna.<br />
_'''''les "passagers volontaires"''''' qui n'ont aucune capacité dédiée mais sont prêt à filer un coup de main et peuvent fournir un peu de Soutien en cas de coup dur.<br />
Au final, la Mise du ''Coppavento'' alourdi par sa cargaison variera entre 9 et 15 suivant les moments, sachant qu'il est plutôt conçu pour être manœuvré par 20-25 marins...<br />
<br />
== Premier jour de navigation == <br />
<br />
Profitant du courant que lui offre l'embouchure du fleuve, le ''Coppavento'' négocie habilement les marais, gagne la Baie des Langueurs et, dès qu'un puissant vent se lève, manœuvre pour en tirer tout le parti possible, filant bientôt à un impressionnant "10 nœuds à la planche" (car les kerdans emploient des lochs relativement précis pour cet univers). <br />
<br />
Une vitesse que nos navigateurs vont bientôt perdre, reprendre, reperdre... à cause du vent perpétuellement tournant et d'un équipage qui s'habitue peu à peu à travailler ensemble. Le caractère "mysandre" de Mérane s'emmanchant d'ailleurs assez mal avec certains comportements machistes des frères Sotorine ou du barreur Hornois, le premier jour de mer commence avec moult gueulantes, pendant que le malheureux Adira Pratesh vomit tripes et boyaux par-dessus le bastingage [tous les PJ n'ayant aucune expérience maritime ont du faire des jets de résistance physique contre le mal de mer et Adira, de constitution fragile, a beaucoup souffert...]. <br />
<br />
C'est en début d'après-midi que Bartolome repère bientôt un gros paquet de nuages grisâtres poussé par un méchant vent de travers et accompagné par des vagues bien cabrées... Le navire essuie bientôt son premier grain [un "petit", à 15 pions de Mise] : Herle de Lorune et Trevan se joignent courageusement aux marins, Diovire et Bartolome cessent de s'engueuler et, pendant que le pauvre fehnri hurle d'effroi, on déploie la voilure. ( ''"Faudrait pas réduire plutôt, là ? _Non ma petite : chez vous on laisse peut-être passer le gros temps, mais chez les Sotorine, on l'affronte... surtout quand on tire une vitesse de merde depuis des plombes !"'' Réalistement, c'est complètement idiot, hein, mais les joueurs avaient envie de s'amuser, alors...). <br />
<br />
Le Coppavento commence à prendre une méchante gîte, un peu d'eau balaie le pont, le tangage produit quelques gamelles mais la "méthode Sotorine" semble faire ses preuves puisque, rapidement, le "''corsaro''" s'échappe des turbulences... vers une mer étale et un vent presque nul. <br />
''"Mais alors, vraiment, vous, vous basez votre civilisation sur un machin complètement aléatoire et dangereux qui file mal au bide ? Et vous vous enrichissez ? C'est invraisemblable..."'' observe Adira.<br />
<br />
L'après-midi touche à sa fin lorsque le vent permet enfin à la nef d'accélérer un brin et Diovire décide d'en profiter (''"Mais vous aviez pas parlé de brisants, dans ce coin ? _Oui ben on va pas dormir là, hein : y a pas de mouillage avant l'autre côté. Alors on fait un peu gaffe et puis on y va."'') : il fait presque nuit noire quand, grâce à un savant calcul des deux frangins et à leurs carnets, le [[Coppavento]] double le Brise-Langueur comme une fleur, remonte au nord et jette l'encre pour la nuit dans la crique où, quelques semaines plus tôt, Kal Kirhan et Bahardabras avait enterré les Arkonnelkan vaincu. <br />
<br />
Le Hornois profite d'ailleurs du dîner pour mettre l'ambiance en expliquant le "[[Barad'mohn]]" (l'enterrement emishen rituel des "vaincus sans honneur", face contre terre pour que leurs âmes ne rejoignent jamais le vent : sic), Islinna raconte les événements de la mission diplomatique autour de la "Frontière de l'Orage" et Adira vérifie une fois de plus l'emballage de ses ballots « de laine » (''"Vous êtes un peu maniaque, vous en fait. _Non, mais je voudrais pas que ça prenne l'eau. _Quelle importance ? C'est pas comme si ça pouvait vraiment pourrir... _Dans un métier commercial, c'est important d'avoir la laine fraîche..."'' Je t'avais prévenu, Kobal, que ce jeu de mots minable serait révélé au monde.).<br />
<br />
On organise une garde minimale pour la nuit et l'on s'endort bientôt, le premier jour en mer ayant déjà été assez éprouvant.<br />
<br />
== Second jour de navigation == <br />
<br />
Le lendemain, l'équipage se lève un peu tard pour devancer la marée et les Sotorine décident d'attendre carrément la fin de la matinée et la mer descendante pour s'attaquer les tourbillons du Détroit des Oubliés... Mais le temps est spécialement mauvais aujourd'hui et après avoir manqué de dessaler carrément au premier essai [merci les pH], le navire doit s'arracher laborieusement au premier tourbillon, changer d'angle d'attaque et y retourner en profitant d'un vent favorable. <br />
<br />
Le second tourbillon secoue le Coppavento dans tous les sens (''"Manmaaaaan ! Je veux pas mouriiiir paaaauuuuvre !"'' pleure Adira) mais nos héros atteignent finalement la Baie des Oubliés dans l'après-midi, fatigués, meurtris et trempés comme des soupes, au point que même Mérane s'étonne :<br><br />
<br />
''"Sérieusement, c'est une vraie voie maritime, ça ?<br><br />
_Ah ben j'dis pas, on la fait que quand on a vraiment une cargaison à vendre, hein, parce que ça secoue un peu...<br><br />
_Ça secoue un peu ? Vous êtes des malades, vous ?! On manqué y rester trois fois en deux jours !<br><br />
_Meuuuh non, on a les choses bien en mains, là. Vous verriez le temps qu'on a quand on arrive pour le Marché de Printemps, avec les tempêtes hivernales et les blocs de glace qui croisent dans les Griffes...<br><br />
_Mais comment on peut espérer faire des liaisons commerciales régulières avec Aroche dans des conditions pareilles ?<br><br />
_Houlà dîtes, hein, moi j'ai rien promis de tel : Ranyella m'a demandé comment je le sentais et je lui ai promis un naufrage la première année, mais il paraît que votre guilde d'andouilles a insisté, alors bon. Notez que, une fois qu'il aura fini de dégobiller sur mon bordé, vous pourrez peut-être demander à Maître Pratesh s'il a changé d'avis, hein..."''<br><br />
<br />
Après avoir tout de même sérieusement envisagé de s'enfiler la baie au plus vite et de s'attaquer le terrible Détroit des Griffes de nuit "pour rattraper le temps perdu" (option abandonnée quand le MJ a répondu : « Pour faire une approximation raisonnable, ça serait comme de rouler sur un chemin de montagne par une nuit d'hiver sur un vélo sans phare, dont on peut pas descendre : la probabilité d'y faire les 22km du détroit est à peu près la même. Maintenant, ajoutez la probabilité bien plus élevée d'une tempête... »), Diovire admet qu'il vaut finalement mieux mouiller à Écume 5 pour la nuit et engage le navire au ralenti parmi les hauts-fonds (''"C'est vraiment une bonne chose qu'Islinna ait pu arranger vos rapports avec les [[Oloden]], quand-même ! _Je ne sais pas si j'irai jusqu'à dire que c'est "arrangé" : disons qu'ils ne nous attaquerons probablement pas à vue, puisque on a retrouvé le droit de remonter éventuellement jusqu'au cercle des Hautes-Pierres, mais je doute qu'ils soient très content de nous voir pour autant..."'').<br />
<br />
Et, de fait, la nef n'a même pas atteint la côte qu'une douzaine de voiles triangulaires apparaissent dans le delta du fleuve [[Cainil]] :<br />
<br />
''"Bon, ben ils nous ont vu venir, donc. Tout le monde sourit et on est bien polis, merci.<br><br />
''_Mais, juste pour savoir, s'ils nous attaquaient, on pourrait se défendre ?<br><br />
''_On est bien 12 ou 15 combattants, en face ils sont de 6 à 10 par voile : j'vous laisse compter ma p'tite dame.<br><br />
''_Et repartir, finalement, ce serait pas plus prudent ?<br><br />
''_Vous vous croyez en barque ? Vous savez le temps qu'il faut à un navire pour faire demi-tour ? Surtout que les hauts-fonds, c'est beaucoup plus gênants pour nos 4m de tirant d'eau que pour leurs pirogues à fond plat. Pis qu'on a pas d'autre endroit pour passer la nuit, passque la baie elle restera pas calme longtemps. Ayez confiance en ma nièce, Ma'ame Mérane : elle va nous négocier ça très bien..."<br><br />
<br />
=== Mil'orind ===<br />
<br />
Pendant que le navire, ses voiles orange largement déployées pour contrer le courant du fleuve Cainil (qui à cet endroit fait pas loin de 2km de large), vient à l'appontage contre le quai de bois pourri par les marais qu'on ose appeler "Écume 5", les pirogues aux voiles turquoise-blanc-noir (couleurs des Oloden) mais notamment occupées par quelques Liam'Lon et autres So'Sherkan (ça se reconnait aux fringues et aux coiffures), se déploient tout autour des Talendan. <br />
Visés par au moins une 20aine d'archers et deux fois plus de javelots, l'équipage tente de conserver son calme et d'avoir l'air amical... jusqu'à ce qu'un grand guerrier à la carrure d'athlète bondisse d'une des pirogues en brandissant une lance de 8 pieds, pour atterrir souplement sur le ponton de bois vermoulu : ''"[[Mil'orind]] ! Mil'orind !"'' s'écrie alors Islinna, soudain ravie. Et quand le héros des Oloden retire son casque de bronze pour libérer sa longue chevelure dorée et l'agiter dans le crépuscule, Mérane elle-même ressent un petit frisson : ''"hou le bel animal !"''<br />
<br />
Islinna descend du pont sans que Bahardabras ou Herle de Lorune (officiellement chargés par le Cap' de veiller à la protection des deux diplomatEs) n'ait le temps de l'y précéder et saute au coup de son amant local pour lui claquer un long baiser. Les Talendan, la main sur leurs armes, et les Oloden en formation d'encerclement échangent pendant ce temps des regards circonspects ou compassés devant un salut si peu protocolaire et puis, finalement, décident d'un commun accord que c'est pas encore cette fois qu'ils vont s'entretuer (surtout que les Oloden en ont marre de pagayer contre le courant pour maintenir l'encerclement de pirogues pendant que leur chef lèche la poire des étrangères).<br />
<br />
''"Mais qu'est-ce que tu fais là ?"'' fini par demander Islinna, sa langue une fois libre. Le grand blond lui explique alors volontiers qu'il dirige une force de quelques 500 guerriers (mariniers et cavaliers) déployée le long du littoral pour prévenir une incursion ennemie, depuis qu'on a repéré des navires "dirsen" croisant au nord du Golfe Cinglant. <br />
<br />
À nouveau, les Talendan lui expliquent que ce sont probablement de méchants Arkonnelkan qui naviguent en secret de leurs alliés pour tout un tas de viles opérations clandestines, mais le concept semble laborieux au magnifique guerrier (qui n'a pas inventé l'eau tiède, faut dire) : si c'était le cas, où diable ces navires pourraient-ils bien mouiller dans une région dont les rares havres sont habités par les Oloden ?<br />
<br />
Le dîner qui suit (et qui va consommer une bonne part des réserves gastronomiques Kerdanes : il y a quelques dizaines d'invités) est émaillé de quelques frivolités, potins (dont l'incontournable "avec qui couche le barde Tael Shannan cette semaine") et récits des combats qui embrasent toujours la vallée de Cainil : [[Kainen Tahrel]] ayant été repoussés loin des murs de Darverane, il adopte pour l'instant une stratégie plutôt défensive, jouant la montre en attendant que ses alliés So'Sherkan ouvrent un second front sur les arrières impériaux.<br />
<br />
Pendant que le fier soldat balance sans y penser des secrets militaires aux premiers venus, Mérane entreprend d'avoir une discussion "entre filles" avec son "second", la guerrière Sewil Nilliendin (qui est beaucoup moins cruche et arrêta Nevel et [[Lidel'Agilon]] en pleine nuit sur la lande, toujours lors de "Tréfonds") : ce n'est que lorsque le dîner se termine, Islinna et Mil'orind s'éloignant parmi les joncs pour aller « prendre le dessert », que la négociante s'aperçoit que, mine de rien, la guerrière oloden lui a tiré les vers du nez toute la soirée sur leur expédition commerciale, l'Assemblée Tribale et les forces impériales dans leur secteur...<br />
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== Troisième jour de navigation ==<br />
<br />
Le lendemain à l'aube, Mil'orind est bien triste de regarder partir sa belle, un bon vent gonflant les voiles du Coppavento qui vogue plein nord, pour traverser la baie et avoir franchi le Détroit des Griffes avant le soir. Bien lui en prend parce que le détroit se révèle "un peu agité" à marée descendante, et que le corsaro doit y louvoyer de son mieux, Bartolome secondant la vigie depuis la proue, une sonde en main pour surveiller le fond, pendant que Diovire tente de rester au vent et d'anticiper les manœuvres pour éviter les méchants récifs pointus qui bordent le chenal (ça racle un peu et, sans les carnets de navigation +qq pH, ils eussent fait naufrage).<br />
<br />
Mais c'est en quittant enfin le détroit que le temps se gâte : au tourbillon de nuages noirs qui couvre la crête écumante des vagues venant du large, Bartolome comprend illico que, cette fois, c'est carrément la grosse tempête [de fait : face aux 17 pions du Coppavento, je viens d'aligner une Mise de 30]. Malgré une tentative de contourner par le nord et longeant la côte, le navire malmené par les déferlantes et battu par la pluie doit bientôt s'en éloigner pour éviter d'être drossé sur les falaises de la Baie des Griffes. Sur le pont, ça ne rigole plus du tout : Diovire hurle ses ordres à travers la tourmente, Bartolome mène l'équipage au pas de charge pour abattre une voile qui menace de claquer, Bahardabras peine à tenir la barre sous les coups de butoir de la mer qui tabasse le gouvernail. Soudain, plusieurs mousses manquent d'être emportés par une vague et les matelots perdent le contrôle... [Là, les joueurs comprennent qu'ils vont tous mourir et payent 4pH pour s'en sortir avec un préjudice mineur.]<br />
<br />
Les heures qui suivent sont un enfer : sur le pont lessivé par les trombes d'eau, les Talendan s'accrochent de toutes leurs forces au moindre cordage, la cargaison dansant dans la cale de la nef qui tournoie follement, ballotée comme un bouchon et embarquant des paquets de mer. Cognés contre la coque, rincés et suffoquant, il leur faut un moment pour réaliser qu'ils ont été recrachés presque indemnes par la tempête, et dérivent maintenant vers le sud de la Baie des Griffes. Observant la côte, les frères Sotorine repèrent un possible mouillage entre les îlots qui criblent le littoral et finissent par jeter l'ancre à moins d'un mile des falaises où, lorsque la nuit tombe, l’œil exercé de Bahardabras distingue le probable feu d'un bivouac oloden.<br />
<br />
== Quatrième, Cinquième et Sixième jour de navigation ==<br />
<br />
Le 4° jour se lève sur un temps superbe, le ciel nettoyé à grande eau par la tempête et un bon petit vent frais soufflant bientôt sous un angle idéal : après avoir séché toute la nuit autour des braséros, l'équipage appareille et met cap au nord-ouest. Pour aborder le golfe et son perpétuel tourbillon, Diovire Sotorine a en effet décidé d'un plan assez futé : remonter au vent bien au large de la Pointe d'Arenzio, virer plein sud puis donner toute la voile par vent arrière pour prendre un maximum d'élan et chevaucher le courant de reflux du tourbillon, cap au sud-est.<br />
Et comme le temps se maintient [à partir de là, ils ont plutôt de la veine sur les jets de Vent], c'est à plus de 8 nœuds que le Coppavento croise bientôt les îles Shilorken... d'où surgissent soudain deux formes aux voiles noires : ''"Arkonnelkan !"'' crie la vigie.<br />
<br />
Mais l'agile coursier se moquent des lourdes cogues et, hissant jusqu'au dernier perroquet pour déployer toute la voilure, il laisse bientôt les apprentis pirates peiner en vain sur leurs rames insuffisantes, filant à pleine vitesse vers la Côte de Marbre et la marche des Lisières.<br />
<br />
Maintenant une excellente allure jusqu'au soir, l'équipage ne réduit la voilure que pour continuer sa navigation de nuit (profitant du temps clément et de l'absence de piège dans le secteur), perd un peu de vitesse le lendemain (moins de vent, plus de vague). Croisant de nuit très au large du phare de Grésil, le premier port de pêche sur la côte, le 6° matin trouve le Coppavento au large d'Éclisse.<br />
<br />
Contre toute attente, la rade de ce petit village portuaire se trouve alors encombrée de 2 grandes caraques remanes (à se demander comment elles sont arrivées là) et 4 cogues plus petites, affichant les pavillons des Maisons (nobles) de Lorune, d'Orsane ou de Salviane et manifestement armées pour la guerre. Les Talendan n'aillant pas très envie de voisiner la marine impériale, ils changent de cap et, tant qu'ils ont assez de vent, remontent l'estuaire du puissant fleuve Dramghil jusqu'au port de "l'Ancre", un village de pêcheur accroché à la falaise.<br />
<br />
Bientôt amarrés à l'unique quai (que leur nef envahit à moitié : heureusement que les locaux sont à la pêche), les Talendan débarquent à la taverne du bled, une gargote "lourdement rurale" où la modeste bière fait des heureux pendant que les langues se délient un peu. Le temps de récolter quelques infos sur Aroche, le trafic maritime ou la flotte de guerre qui stagne apparemment à Éclisse depuis une semaine et Diovire rappelle son équipage à grands cris : le vent s'est levé, s'ils veulent en profiter pour tailler contre le courant du fleuve jusqu'à leur destination, il faut que ce soit maintenant !<br />
<br />
== Terre ! ==<br />
<br />
Dans l'après-midi finissant, nos marins doublent bientôt la pointe du Roi et, sous la puissante citadelle qui domine la falaise, découvrent ébahis la grande cité en terrasses descendant vers le plus grand port des Marches : après seulement 6 jours de mer, '''les voilà sains et saufs à [[Aroche]] !'''<br />
<br />
----<br />
'''[[10) "Nuit Blanche"|<< Épisode Précédent]] | [[12) "Ville Basse"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Liste des Épisodes|<= retour à la LISTE des ÉPISODES]]'''<br />
<br />
[[Catégorie:Épisodes]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/11)_%22Toutes_voiles_dehors_!%2211) "Toutes voiles dehors !"2014-09-08T16:09:54Z<p>Aloun : </p>
<hr />
<div>Pour le bref épisode maritime dont je voulais qu'un maximum de joueurs puissent faire l'expérience (depuis le temps qu'ils préparaient ça), j'avais accepté plus de joueurs que d'ordinaire (de 4 à 6 selon les séances) dont quelques remplacements, puisque pas moins de 8 PJ se sont embarqués ensemble dans cette aventure. En l'occurrence étaient à bord (avec une 15aine de PNJ) :<br />
<br />
_[[Diovire Sotorine]]<br />
<br />
_[[Bartolome Sotorine]]<br />
<br />
_[[Islinna "Maliam'nid" Sotorine]]<br />
<br />
_[[Adira Pratesh]]<br />
<br />
_[[Mérane "Roulier"]]<br />
<br />
_[[Sergent Bahardabras "le Hornois"]]<br />
<br />
_[[Herle de Lorune]]<br />
<br />
_[[Nadine "la Moucheuse"]]<br />
<br />
<br />
<br />
== Départ ==<br />
<br />
=== Une aurore brumeuse se lève sur le Lac Troisième ===<br />
<br />
Lorsque, fatiguée et pressée mais victorieuse, Islinna "Maliamn'id" saute directement de la pirogue qui la ramène du Cercle des Cascades sur un ponton du quartier lacustre où se trouve déjà massée plus de la moitié du village de Tal Endhil, venue saluer le départ des derniers voyageurs en partance pour [[Aroche]]. L'équipage du Coppavento, réduit par les sévères pertes [[kerdanes]] lors de la bataille, et l'importante cargaison de métaux, de laine fraîchement filée, de teinture, de peaux, de fourrures et de mille autres babioles (''"Et du vin de sureau ! _Non mais ça va pas se vendre, ça... _Qué que t'en sait ?! C'est pas à 'Roche qu'on en trouve du comme ça ! _Hé ben putain, j'espère..."'') les ont précédé la veille pour laisser aux marins le temps de charger.<br />
Le sergent Le Cornu rappelle pour la énième fois ses consignes de prudence et de de bonnes manières aux mercenaires constituant l'escorte (facturée à la guilde au nom du Capitaine :P ), [[Ranyella Sotorine]] confie sa fille au cousin Bartolome, quelques colons ajoutent au dernier moment de nouvelles commandes à la "liste de courses" fournies aux voyageurs et, dans leur coin, les cousins Pratesh s'engueulent au sujet du nouveau garde-du-corps d'Adira, une espèce d'ex-mercenaire pouilleux dénommé [[Brannock]] (''"Mais on sait même pas d'où il sort, ce type ! _Si je dois aller à Aroche sans toi, faut bien que j'ai un peu de protection. _Mais t'as vu sa dégaine ? _Oui bon, je l'ai eut pas cher : il était offert gracieusement avec une certaine affaire, je t'expliquerai à mon retour..."'').<br />
<br />
=== Discours d'adieu === <br />
<br />
Le Capitaine est en train de regarder les derniers préparatifs d'embarquement quand il avise soudain une caisse sur le quai, monte dessus et prend la parole:<br />
<br />
« Mes très chers tous, vous voir vous afférer ainsi, prêt à partir, me serre le coeur tout autant que cela me le remplit de joie et de fierté.<br />
Cela me serre le cœur car je sais que ce voyage ne se fera pas sur une mer d'huile, que lorsque votre voile aura disparu j'aurai ce sentiment de vide provoqué par l'absence de connaissances proches, de compagnons et même d'amis; car aussi cette nef et ce qu'elle transporte, en plus de ceux qu'elle transporte, représentent de nombreux espoirs pour notre communauté de Tal Endhil. Pour pouvoir survivre puis prospérer, nous devons attirer plus de bonne volonté ici, entendre les railleries des artisans sur leur apprentis, les aboiements des chiens autours des troupeaux, les notes de musique que les bardes joueront dans les tavernes, les cris des enfants jouant dans les basses-cours...<br />
Et c'est ce qui me remplit de joie et de fierté: VOUS êtes les porteurs de ces espoirs. Vous qui vous êtes de multiples fois illustrés, vous allez porter haut les couleurs de Tal Endhil à Aroche. Vous êtes nos diplomates, nos émissaires, nos représentants. Soyez courageux et francs, soyez fier d'être Talendan ! Propagez à Aroche cette image de paix, de sérénité et de tolérance ! Et quand vous reviendrez avec matériaux et artisans, la première chose que nous ferons sera de rebâtir notre village lacustre ! »<br />
<br />
Puis, sur un ton plus doux : <br />
« Je compte sur vous.»<br />
<br />
Descendant alors de sa caisse, le Capitaine vient personnellement serrer la main ou adresser un petit personnel à chaque membre en partance. Il attend alors patiemment la fin des préparatifs et au fameux ''"larguez les amarres !"'', il répond ''"Bon vent !"'' et vous regarde vous éloignez lentement.<br />
<br />
=== Préparation === <br />
<br />
Embarqués dans les deux dernières barges kerdanes pour [[Écume 6]], nos héros passent sous le pont de Tal Endhil (où la population s'est massée pour leur lancer des au-revoir et des pétales de fleurs), ils descendent le fleuve pendant une journée jusqu'au comptoir où [[le ''Coppavento'']] est encore en réparation : après avoir déposé les PJ de l'Opération Tréfonds, il a été poursuivit par un équipage [[Arkonnelkan]] qui a tiré des flèches enflammés dans la voilures et la nef s'est réfugiée au comptoir Écume 7 fondé par Bartolome Sotorine (ce n'est encore qu'une bite d'amarrage à côté d'une hutte en bois dans une crique du territoire des [[Liam'lon]], mais si le commerce des peaux pouvait augmenter...) et un méchant grain a ensuite cassé pas mal de bois dans la mâture affaiblie par le feu lors du retour vers Écume 6. Avec un équipage déjà minimal, un chargement important et une course difficile devant eux, les Kerdans ne peuvent pas se permettre de prendre la mer sur un navire endommagé. Heureusement, Mérane Roulier s'y connaît assez en navigation et en charpenterie pour filer un coup de main décisif aux kerdans et après avoir travaillé une partie de la nuit, le Coppavento est prêt à appareillé comme prévu le lendemain à l'aube [et ces réparations, en le débarrassant de ses derniers pions de Dommages, vont vraiment lui "sauver la Mise"].<br />
<br />
Malgré leurs fréquentes engueulades, le capitaine Diovire (à nouveau joué par Loriel) et son bosco de frère Bartolome dirigent plutôt efficacement leur équipage largement inexpérimenté, composés de plus de bateliers que de marins kerdans, des mercenaires impériaux qui n'ont que de vagues notions maritimes et des marchands plus volontaires que vraiment habiles.<br />
<br />
[Techniquement, on a trois catégories de « marins » à bord :<br />
_'''''les "matelots"''''' qui possèdent effectivement le domaine Marine et les talents qui en découlent représentent chacun un pion d'Énergie pour le navire,<br />
_'''''les "mousses"''''' qui n'ont qu'un vague talent de Navigation (souvent orienté "barques et pirogues") ou des aptitudes physiques assez exceptionnelles pour être utiles : ceux-ci doivent réussir un jet (dont la Difficulté varie avec la situation) pour effectivement fournir 1 pion au navire ; c'est notamment le cas de Bahardabras à la barre ou d'Islinna.<br />
_'''''les "passagers volontaires"''''' qui n'ont aucune capacité dédiée mais sont prêt à filer un coup de main et peuvent fournir un peu de Soutien en cas de coup dur.<br />
Au final, la Mise du ''Coppavento'' alourdi par sa cargaison variera entre 9 et 15 suivant les moments, sachant qu'il est plutôt conçu pour être manœuvré par 20-25 marins...<br />
<br />
== Premier jour de navigation == <br />
<br />
Profitant du courant que lui offre l'embouchure du fleuve, le ''Coppavento'' négocie habilement les marais, gagne la Baie des Langueurs et, dès qu'un puissant vent se lève, manœuvre pour en tirer tout le parti possible, filant bientôt à un impressionnant "10 nœuds à la planche" (car les kerdans emploient des lochs relativement précis pour cet univers). <br />
<br />
Une vitesse que nos navigateurs vont bientôt perdre, reprendre, reperdre... à cause du vent perpétuellement tournant et d'un équipage qui s'habitue peu à peu à travailler ensemble. Le caractère "mysandre" de Mérane s'emmanchant d'ailleurs assez mal avec certains comportements machistes des frères Sotorine ou du barreur Hornois, le premier jour de mer commence avec moult gueulantes, pendant que le malheureux Adira Pratesh vomit tripes et boyaux par-dessus le bastingage [tous les PJ n'ayant aucune expérience maritime ont du faire des jets de résistance physique contre le mal de mer et Adira, de constitution fragile, a beaucoup souffert...]. <br />
<br />
C'est en début d'après-midi que Bartolome repère bientôt un gros paquet de nuages grisâtres poussé par un méchant vent de travers et accompagné par des vagues bien cabrées... Le navire essuie bientôt son premier grain [un "petit", à 15 pions de Mise] : Herle de Lorune et Trevan se joignent courageusement aux marins, Diovire et Bartolome cessent de s'engueuler et, pendant que le pauvre fehnri hurle d'effroi, on déploie la voilure. ( ''"Faudrait pas réduire plutôt, là ? _Non ma petite : chez vous on laisse peut-être passer le gros temps, mais chez les Sotorine, on l'affronte... surtout quand on tire une vitesse de merde depuis des plombes !"'' Réalistement, c'est complètement idiot, hein, mais les joueurs avaient envie de s'amuser, alors...). <br />
<br />
Le Coppavento commence à prendre une méchante gîte, un peu d'eau balaie le pont, le tangage produit quelques gamelles mais la "méthode Sotorine" semble faire ses preuves puisque, rapidement, le "''corsaro''" s'échappe des turbulences... vers une mer étale et un vent presque nul. <br />
''"Mais alors, vraiment, vous, vous basez votre civilisation sur un machin complètement aléatoire et dangereux qui file mal au bide ? Et vous vous enrichissez ? C'est invraisemblable..."'' observe Adira.<br />
<br />
L'après-midi touche à sa fin lorsque le vent permet enfin à la nef d'accélérer un brin et Diovire décide d'en profiter (''"Mais vous aviez pas parlé de brisants, dans ce coin ? _Oui ben on va pas dormir là, hein : y a pas de mouillage avant l'autre côté. Alors on fait un peu gaffe et puis on y va."'') : il fait presque nuit noire quand, grâce à un savant calcul des deux frangins et à leurs carnets, le [[Coppavento]] double le Brise-Langueur comme une fleur, remonte au nord et jette l'encre pour la nuit dans la crique où, quelques semaines plus tôt, Kal Kirhan et Bahardabras avait enterré les Arkonnelkan vaincu. <br />
<br />
Le Hornois profite d'ailleurs du dîner pour mettre l'ambiance en expliquant le "[[Barad'mohn]]" (l'enterrement emishen rituel des "vaincus sans honneur", face contre terre pour que leurs âmes ne rejoignent jamais le vent : sic), Islinna raconte les événements de la mission diplomatique autour de la "Frontière de l'Orage" et Adira vérifie une fois de plus l'emballage de ses ballots « de laine » (''"Vous êtes un peu maniaque, vous en fait. _Non, mais je voudrais pas que ça prenne l'eau. _Quelle importance ? C'est pas comme si ça pouvait vraiment pourrir... _Dans un métier commercial, c'est important d'avoir la laine fraîche..."'' Je t'avais prévenu, Kobal, que ce jeu de mots minable serait révélé au monde.).<br />
<br />
On organise une garde minimale pour la nuit et l'on s'endort bientôt, le premier jour en mer ayant déjà été assez éprouvant.<br />
<br />
== Second jour de navigation == <br />
<br />
Le lendemain, l'équipage se lève un peu tard pour devancer la marée et les Sotorine décident d'attendre carrément la fin de la matinée et la mer descendante pour s'attaquer les tourbillons du Détroit des Oubliés... Mais le temps est spécialement mauvais aujourd'hui et après avoir manqué de dessaler carrément au premier essai [merci les pH], le navire doit s'arracher laborieusement au premier tourbillon, changer d'angle d'attaque et y retourner en profitant d'un vent favorable. <br />
<br />
Le second tourbillon secoue le Coppavento dans tous les sens (''"Manmaaaaan ! Je veux pas mouriiiir paaaauuuuvre !"'' pleure Adira) mais nos héros atteignent finalement la Baie des Oubliés dans l'après-midi, fatigués, meurtris et trempés comme des soupes, au point que même Mérane s'étonne :<br><br />
<br />
''"Sérieusement, c'est une vraie voie maritime, ça ?<br><br />
_Ah ben j'dis pas, on la fait que quand on a vraiment une cargaison à vendre, hein, parce que ça secoue un peu...<br><br />
_Ça secoue un peu ? Vous êtes des malades, vous ?! On manqué y rester trois fois en deux jours !<br><br />
_Meuuuh non, on a les choses bien en mains, là. Vous verriez le temps qu'on a quand on arrive pour le Marché de Printemps, avec les tempêtes hivernales et les blocs de glace qui croisent dans les Griffes...<br><br />
_Mais comment on peut espérer faire des liaisons commerciales régulières avec Aroche dans des conditions pareilles ?<br><br />
_Houlà dîtes, hein, moi j'ai rien promis de tel : Ranyella m'a demandé comment je le sentais et je lui ai promis un naufrage la première année, mais il paraît que votre guilde d'andouilles a insisté, alors bon. Notez que, une fois qu'il aura fini de dégobiller sur mon bordé, vous pourrez peut-être demander à Maître Pratesh s'il a changé d'avis, hein..."''<br><br />
<br />
Après avoir tout de même sérieusement envisagé de s'enfiler la baie au plus vite et de s'attaquer le terrible Détroit des Griffes de nuit "pour rattraper le temps perdu" (option abandonnée quand le MJ a répondu : « Pour faire une approximation raisonnable, ça serait comme de rouler sur un chemin de montagne par une nuit d'hiver sur un vélo sans phare, dont on peut pas descendre : la probabilité d'y faire les 22km du détroit est à peu près la même. Maintenant, ajoutez la probabilité bien plus élevée d'une tempête... »), Diovire admet qu'il vaut finalement mieux mouiller à Écume 5 pour la nuit et engage le navire au ralenti parmi les hauts-fonds (''"C'est vraiment une bonne chose qu'Islinna ait pu arranger vos rapports avec les [[Oloden]], quand-même ! _Je ne sais pas si j'irai jusqu'à dire que c'est "arrangé" : disons qu'ils ne nous attaquerons probablement pas à vue, puisque on a retrouvé le droit de remonter éventuellement jusqu'au cercle des Hautes-Pierres, mais je doute qu'ils soient très content de nous voir pour autant..."'').<br />
<br />
Et, de fait, la nef n'a même pas atteint la côte qu'une douzaine de voiles triangulaires apparaissent dans le delta du fleuve [[Cainil]] :<br />
<br />
''"Bon, ben ils nous ont vu venir, donc. Tout le monde sourit et on est bien polis, merci.<br><br />
''_Mais, juste pour savoir, s'ils nous attaquaient, on pourrait se défendre ?<br><br />
''_On est bien 12 ou 15 combattants, en face ils sont de 6 à 10 par voile : j'vous laisse compter ma p'tite dame.<br><br />
''_Et repartir, finalement, ce serait pas plus prudent ?<br><br />
''_Vous vous croyez en barque ? Vous savez le temps qu'il faut à un navire pour faire demi-tour ? Surtout que les hauts-fonds, c'est beaucoup plus gênants pour nos 4m de tirant d'eau que pour leurs pirogues à fond plat. Pis qu'on a pas d'autre endroit pour passer la nuit, passque la baie elle restera pas calme longtemps. Ayez confiance en ma nièce, Ma'ame Mérane : elle va nous négocier ça très bien..."<br><br />
<br />
=== Mil'orind ===<br />
<br />
Pendant que le navire, ses voiles orange largement déployées pour contrer le courant du fleuve Cainil (qui à cet endroit fait pas loin de 2km de large), vient à l'appontage contre le quai de bois pourri par les marais qu'on ose appeler "Écume 5", les pirogues aux voiles turquoise-blanc-noir (couleurs des Oloden) mais notamment occupées par quelques Liam'Lon et autres So'Sherkan (ça se reconnait aux fringues et aux coiffures), se déploient tout autour des Talendan. <br />
Visés par au moins une 20aine d'archers et deux fois plus de javelots, l'équipage tente de conserver son calme et d'avoir l'air amical... jusqu'à ce qu'un grand guerrier à la carrure d'athlète bondisse d'une des pirogues en brandissant une lance de 8 pieds, pour atterrir souplement sur le ponton de bois vermoulu : ''"[[Mil'orind]] ! Mil'orind !"'' s'écrie alors Islinna, soudain ravie. Et quand le héros des Oloden retire son casque de bronze pour libérer sa longue chevelure dorée et l'agiter dans le crépuscule, Mérane elle-même ressent un petit frisson : ''"hou le bel animal !"''<br />
<br />
Islinna descend du pont sans que Bahardabras ou Herle de Lorune (officiellement chargés par le Cap' de veiller à la protection des deux diplomatEs) n'ait le temps de l'y précéder et saute au coup de son amant local pour lui claquer un long baiser. Les Talendan, la main sur leurs armes, et les Oloden en formation d'encerclement échangent pendant ce temps des regards circonspects ou compassés devant un salut si peu protocolaire et puis, finalement, décident d'un commun accord que c'est pas encore cette fois qu'ils vont s'entretuer (surtout que les Oloden en ont marre de pagayer contre le courant pour maintenir l'encerclement de pirogues pendant que leur chef lèche la poire des étrangères).<br />
<br />
''"Mais qu'est-ce que tu fais là ?"'' fini par demander Islinna, sa langue une fois libre. Le grand blond lui explique alors volontiers qu'il dirige une force de quelques 500 guerriers (mariniers et cavaliers) déployée le long du littoral pour prévenir une incursion ennemie, depuis qu'on a repéré des navires "dirsen" croisant au nord du Golfe Cinglant. <br />
<br />
À nouveau, les Talendan lui expliquent que ce sont probablement de méchants Arkonnelkan qui naviguent en secret de leurs alliés pour tout un tas de viles opérations clandestines, mais le concept semble laborieux au magnifique guerrier (qui n'a pas inventé l'eau tiède, faut dire) : si c'était le cas, où diable ces navires pourraient-ils bien mouiller dans une région dont les rares havres sont habités par les Oloden ?<br />
<br />
Le dîner qui suit (et qui va consommer une bonne part des réserves gastronomiques Kerdanes : il y a quelques dizaines d'invités) est émaillé de quelques frivolités, potins (dont l'incontournable "avec qui couche le barde Tael Shannan cette semaine") et récits des combats qui embrasent toujours la vallée de Cainil : [[Kainen Tahrel]] ayant été repoussés loin des murs de Darverane, il adopte pour l'instant une stratégie plutôt défensive, jouant la montre en attendant que ses alliés So'Sherkan ouvrent un second front sur les arrières impériaux.<br />
<br />
Pendant que le fier soldat balance sans y penser des secrets militaires aux premiers venus, Mérane entreprend d'avoir une discussion "entre filles" avec son "second", la guerrière Sewil Nilliendin (qui est beaucoup moins cruche et arrêta Nevel et [[Lidel'Agilon]] en pleine nuit sur la lande, toujours lors de "Tréfonds") : ce n'est que lorsque le dîner se termine, Islinna et Mil'orind s'éloignant parmi les joncs pour aller « prendre le dessert », que la négociante s'aperçoit que, mine de rien, la guerrière oloden lui a tiré les vers du nez toute la soirée sur leur expédition commerciale, l'Assemblée Tribale et les forces impériales dans leur secteur...<br />
<br />
== Troisième jour de navigation ==<br />
<br />
Le lendemain à l'aube, Mil'orind est bien triste de regarder partir sa belle, un bon vent gonflant les voiles du Coppavento qui vogue plein nord, pour traverser la baie et avoir franchi le Détroit des Griffes avant le soir. Bien lui en prend parce que le détroit se révèle "un peu agité" à marée descendante, et que le corsaro doit y louvoyer de son mieux, Bartolome secondant la vigie depuis la proue, une sonde en main pour surveiller le fond, pendant que Diovire tente de rester au vent et d'anticiper les manœuvres pour éviter les méchants récifs pointus qui bordent le chenal (ça racle un peu et, sans les carnets de navigation +qq pH, ils eussent fait naufrage).<br />
<br />
Mais c'est en quittant enfin le détroit que le temps se gâte : au tourbillon de nuages noirs qui couvre la crête écumante des vagues venant du large, Bartolome comprend illico que, cette fois, c'est carrément la grosse tempête [de fait : face aux 17 pions du Coppavento, je viens d'aligner une Mise de 30]. Malgré une tentative de contourner par le nord et longeant la côte, le navire malmené par les déferlantes et battu par la pluie doit bientôt s'en éloigner pour éviter d'être drossé sur les falaises de la Baie des Griffes. Sur le pont, ça ne rigole plus du tout : Diovire hurle ses ordres à travers la tourmente, Bartolome mène l'équipage au pas de charge pour abattre une voile qui menace de claquer, Bahardabras peine à tenir la barre sous les coups de butoir de la mer qui tabasse le gouvernail. Soudain, plusieurs mousses manquent d'être emportés par une vague et les matelots perdent le contrôle... [Là, les joueurs comprennent qu'ils vont tous mourir et payent 4pH pour s'en sortir avec un préjudice mineur.]<br />
<br />
Les heures qui suivent sont un enfer : sur le pont lessivé par les trombes d'eau, les Talendan s'accrochent de toutes leurs forces au moindre cordage, la cargaison dansant dans la cale de la nef qui tournoie follement, ballotée comme un bouchon et embarquant des paquets de mer. Cognés contre la coque, rincés et suffoquant, il leur faut un moment pour réaliser qu'ils ont été recrachés presque indemnes par la tempête, et dérivent maintenant vers le sud de la Baie des Griffes. Observant la côte, les frères Sotorine repèrent un possible mouillage entre les îlots qui criblent le littoral et finissent par jeter l'ancre à moins d'un mile des falaises où, lorsque la nuit tombe, l’œil exercé de Bahardabras distingue le probable feu d'un bivouac oloden.<br />
<br />
== Quatrième, Cinquième et Sixième jour de navigation ==<br />
<br />
Le 4° jour se lève sur un temps superbe, le ciel nettoyé à grande eau par la tempête et un bon petit vent frais soufflant bientôt sous un angle idéal : après avoir séché toute la nuit autour des braséros, l'équipage appareille et met cap au nord-ouest. Pour aborder le golfe et son perpétuel tourbillon, Diovire Sotorine a en effet décidé d'un plan assez futé : remonter au vent bien au large de la Pointe d'Arenzio, virer plein sud puis donner toute la voile par vent arrière pour prendre un maximum d'élan et chevaucher le courant de reflux du tourbillon, cap au sud-est.<br />
Et comme le temps se maintient [à partir de là, ils ont plutôt de la veine sur les jets de Vent], c'est à plus de 8 nœuds que le Coppavento croise bientôt les îles Shilorken... d'où surgissent soudain deux formes aux voiles noires : ''"Arkonnelkan !"'' crie la vigie.<br />
<br />
Mais l'agile coursier se moquent des lourdes cogues et, hissant jusqu'au dernier perroquet pour déployer toute la voilure, il laisse bientôt les apprentis pirates peiner en vain sur leurs rames insuffisantes, filant à pleine vitesse vers la Côte de Marbre et la marche des Lisières.<br />
<br />
Maintenant une excellente allure jusqu'au soir, l'équipage ne réduit la voilure que pour continuer sa navigation de nuit (profitant du temps clément et de l'absence de piège dans le secteur), perd un peu de vitesse le lendemain (moins de vent, plus de vague). Croisant de nuit très au large du phare de Grésil, le premier port de pêche sur la côte, le 6° matin trouve le Coppavento au large d'Éclisse.<br />
<br />
Contre toute attente, la rade de ce petit village portuaire se trouve alors encombrée de 2 grandes caraques remanes (à se demander comment elles sont arrivées là) et 4 cogues plus petites, affichant les pavillons des Maisons (nobles) de Lorune, d'Orsane ou de Salviane et manifestement armées pour la guerre. Les Talendan n'aillant pas très envie de voisiner la marine impériale, ils changent de cap et, tant qu'ils ont assez de vent, remontent l'estuaire du puissant fleuve Dramghil jusqu'au port de "l'Ancre", un village de pêcheur accroché à la falaise.<br />
<br />
Bientôt amarrés à l'unique quai (que leur nef envahit à moitié : heureusement que les locaux sont à la pêche), les Talendan débarquent à la taverne du bled, une gargote "lourdement rurale" où la modeste bière fait des heureux pendant que les langues se délient un peu. Le temps de récolter quelques infos sur Aroche, le trafic maritime ou la flotte de guerre qui stagne apparemment à Éclisse depuis une semaine et Diovire rappelle son équipage à grands cris : le vent s'est levé, s'ils veulent en profiter pour tailler contre le courant du fleuve jusqu'à leur destination, il faut que ce soit maintenant !<br />
<br />
== Terre ! ==<br />
<br />
Dans l'après-midi finissant, nos marins doublent bientôt la pointe du Roi et, sous la puissante citadelle qui domine la falaise, découvrent ébahis la grande cité en terrasses descendant vers le plus grand port des Marches : après seulement 6 jours de mer, '''les voilà sains et saufs à [[Aroche]] !'''<br />
<br />
----<br />
'''[[10) "Nuit Blanche"|<< Épisode Précédent]] | [[12) "Ville Basse"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Liste des Épisodes|<= retour à la LISTE des ÉPISODES]]'''<br />
<br />
[[Catégorie:Épisodes]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/10)_%22Nuit_Blanche%2210) "Nuit Blanche"2014-09-08T15:53:31Z<p>Aloun : </p>
<hr />
<div><br />
== Ordre de mission ==<br />
<br />
''Après avoir embêté plusieurs PJ (Hadrien Muraille, le [[Capitaine]] et [[Lel'Liamil]]) avec des événements étranges autour de la [[Mine Bénie]], est arrivé le moment où Durgaut a consulté Vighnu (son assassin) et Andréas (son consultant en sorcellerie et autres choses surnaturelles) pour voir ce qu'on pouvait faire concernant la rumeur tenace d'un rôdeur au chantier. Si cette petite intrigue devait initialement se régler "par mail", un heureux hasard a voulu que Vighnu réclame un pisteur pour l'assister dans une possible traque au moment où, entre deux expatriations professionnelles, Aloun était disponible pour jouer. On a donc saisi l'opportunité d'en faire un court Épisode par table virtuelle (et j'ai modifié l'identité du "rôdeur" pour leur mettre une réelle adversité), histoire de jouer une dernière fois avec lui avant qu'il ne change de continent. Pas de bol : il n'a pu jouer qu'une séance sur les deux, mais XO l'a remplacé au pied levé.''<br />
<br />
'''Protagonistes :'''<br />
* Andréas "Odran"<br />
* Vighnu Pratesh<br />
* Eldan le Moineau (joué d'abord par Aloun, puis XO)<br />
<br />
== Prologue ==<br />
<br />
[[Hadrien "Muraille"]], sa famille et les géants menés par [[Neri'Helin]] passaient la sixième semaine à faire surgir des gravats de la Mine Bénie une tour de quatre étages dotées d'une herse, d'un fanal, de montes-charges et même d'une chapelle au Premier Seigneur des Batailles, [[Herem]] (apparu sur le site dans toute sa divine grandeur pour sauver les Talendan des assiégeants [[Kormes]] deux semaines auparavant), lorsque la dresseuse et les mercenaires chargés de protéger le chantier (et son précieux contenu : le fameux "sarcophage de résurrection" récupéré lors de Terrain Minier) s'avisèrent qu'un "intrus" rôdait dans les parages. Il était à la fois trop discret pour que les guetteurs les plus habiles puissent le surprendre, assez "léger" (ou doué) pour ne point laisser d'empreintes derrière lui mais assez "corporel" pour faire bouger les branches de sapins sur son passage et assez "surnaturel" pour inquiéter les géants peureux.<br />
Averti par Lel'Liamil venu visiter le chantier, notre sémillant Capitaine convoqua son expert en surnaturel, le chroniqueur Andréas "Odran" : si ce n'était ni le spectre d'un des (nombreux) trépassés lors des événements ayant conduit à l’effondrement de la mine, ni un guetteur korme ni [[Etayn-la-Louve]] (trop habile avec les bêtes pour inquiéter des géants), ce pouvait encore bien être un membre de la [[Confrérie du Chacal]] ou, pire, un vilain sorcier, peut-être même [[Urgrand]]. Auquel cas, il fallait enquêter et prendre des précautions...<br />
<br />
== La planque ==<br />
'''Au début de la [[Huitaine 7|7° huitaine]] après la bataille''', peu après le départ de la nef pour [[Aroche]], Andréas et Vighnu Pratesh se rendirent donc sur place, le second dans le vague espoir de toucher la prime mise sur la tête du sorcier par les Kormes, et y retrouvèrent Eldan le Moineau, resté à la tour après sa garde d'une semaine pour continuer à surveiller avec la dresseuse intriguée et [[Totor]], le géant à son papa [[Adira]] (parti pour Aroche), demeurant sur place jusqu'à ce que soit guéri un gros bobo à sa papatte.<br><br />
Les 3 malheureux mineurs -rescapés de "[[Terrain Minier]]" et logés sur place dans la [[Mine Bénie]] en attendant du renfort pour se mettre à extraire le minerai d'argent- étaient presque aussi inquiets que le géant et accablèrent les arrivants de maintes légendes idiotes, mais comme il semblait bien que l'intrus vint presque chaque nuit, nos trois chasseurs mirent au point un signal avec les deux mercenaires ([[Gavin "la Fouille"]] et [[Sigwald "le Grêlé"]]) et deux templiers qui garderaient l'endroit pendant la nuit, puis allèrent s'embusquer un peu avant le crépuscule dans les pentes rocailleuses que formaient les montagnes alentour.<br />
<br />
Ils restèrent ainsi, presque sans bouger ni parler, pendant de longues heures glacées, à surveiller le moindre mouvement parmi les rares sapins enténébrés, la moindre ombre sur la neige maculée de boue gelée... jusqu'à ce que Vighnu distingue une forme floue glissant parmi quelques broussailles étiques et expirant par moment un nuage de vapeur. Ses compagnons, une fois avertis à voix basse, se crevaient néanmoins les yeux sans rien voir. Aussi le "chroniqueur" entreprit-il de projeter son esprit dans la direction indiquée par le Fehnri pour y découvrir... une silhouette floue et sans visage. D'abord surpris, il réalisa vite que l'intrus employait sans doute une sorte de camouflage magique ou un sort de dissimulation, et notre mage en conclut qu'ils avaient affaire à un sorcier. Précautionneux, nos chasseurs décidèrent donc de ne pas prendre de risque et Eldan banda son arc pour l'abattre d'une flèche dans le dos, comme ça, sans même dire "bonsoir". <br><br />
Eldan avait-il méjugé de la distance à cause de l'obscurité, l'intrus portait-il une armure ? Toujours est-il que, après une exclamation de douleur, loin de s'étaler dans son sang, la silhouette s'élança à toutes jambes dans le versant irrégulier de la montagne, Vighnu et Eldan cavalant bientôt derrière elle pendant qu'Andréas appelait l'hallali, rameutant les guerriers à l'affût dans la tour.<br />
<br />
== Chasse aux sorciers ==<br />
<br />
Plus agile en montagne et ses sens plus aiguisés, Eldan distança bientôt le fehnri dans la poursuite de l'intrus invisible en se guidant sur les seuls le bruits de course, ses occasionnelles empreintes dans les dernières plaques de neige, les branches mouvantes de sapin ou son ombre intermittente sur les rochers.<br />
Quoiqu'il perdit fréquemment du terrain pour chercher sa proie, le jeune éclaireur avait suffisamment repéré les environs pour savoir que, s'il continuait de longer les pentes vers le sud, l'Invisible atteindrait bientôt un fort torrent, puis une élévation abrupte et, au-delà, une faille infranchissable... ''(Les 3 PJ avaient en effet commencé la séance par un gros jet de préparation commun, ils avaient donc du bonus en stock pour la séquence "embuscade" de leur plan, même s'il est parti en sucette au premier tir...)''<br />
Eldan dévala donc la pente vers l'unique gué sur le torrent, persuadé de pouvoir y intercepter le fugitif : manquant plusieurs fois de se blesser en bondissant comme un cabri parmi les buissons rabougris et les blocs rocailleux, il atteignit bientôt la large plate-forme rocheuse au bord de laquelle le courant, après avoir buté sur un rebord de pierres, se déversait en une courte chute d'eau vers un bassin en contrebas. L'arc bandé, attentif au moindre bruit discernable malgré le roulement des flots, scrutant la nuit à la pointe de sa flèche, il attendit. Un raclement de cailloux lui fit tourner la tête et, soudain, il discerna l'ombre indistincte que l'être translucide projetait sur les rochers dans la faible clarté des deux lunes, et décocha au jugé : le trait effleura la cible pour se perdre vers les rares sapins de l'autre rive, mais une soudaine gerbe d'eau trahit l'Indistinct : il venait de plonger dans le torrent.<br />
À quelques 100aines de mètres derrière lui et maintenant complètement semé, Vighnu vit alors arrivé Neri'Helin juchée sur un Totor galopant et lui fit signe de chercher à l'ouest, vers l'aval, pendant que lui-même presserait au sud en longeant les crêtes. Ils progressaient prudemment, attentifs au moindre souffle de vent dans les broussailles lorsque l'appel d'Eldan leur parvint : l'intrus fuyait par l'étang.<br />
<br />
Après avoir vu passé la dresseuse indigène sur son lourdaud de géant et s'être fait doublé par le Grêlé, galopant à sa suite la lance à la main, Andréas (décidément peu fait pour la course à pied), avait été rejoint par Gavin la Fouille et, le temps de reprendre son souffle, utilisa la sphère alourdissant son havresac pour projeter son esprit par-dessus les pentes rocheuses et les fourrés, repérant bientôt Totor, sa cavalière, Vighnu et Eldan : ''"Ils sont au bassin !"'' expliqua-t-il à l'écuyer qui, sans trop se demander comment le chroniqueur pouvait bien le savoir, s'élança à son tour. Andréas regardait son dernier compagnon s'éloigner au pas de charge... quand une francisque jaillie d'un bosquet frappa l'apprenti guerrier en pleine course, enfonçant son thorax et le basculant dans la rocaille.<br />
Atterré, Andréas vit alors un barbu aux longs cheveux noirs sortir des sapins et s'avancer d'un pas heurté, traînant la patte et un épais bandage couvrant sa main gauche : ''"Hé bien, nous voilà enfin seuls ! Donne-moi ce sac, magicien de cabaret, et je te laisserais probablement vivre."'' Reconnaissant alors le fameux Urgrand, Andréas tira sa dague… et se mit à crier à l'aide.<br />
<br />
À force de scruter la surface de l'eau à travers la légère brume, notre éclaireur finit par distinguer une sorte de perturbation dans les vaguelettes du lac et tira une nouvelle flèche, sans grand résultat. Mais comment trouver un type invisible dans un lac la nuit ? Eldan s'énervait lorsque Vighnu, la dresseuse et le géant déboulèrent des contreforts pour se joindre à la traque, commençant à contourner l'étang pour que leur proie ne s'échappe pas par l'autre côté, guettant un mouvement dans l'eau... sans grand résultat. <br><br />
<br />
''"Ça fait combien de temps qu'il est sous l'eau, là ? <br><br />
''_C'est à dire que s'il est invisible, il peut facilement sortir la tête pour respirer sans qu'on le voit. <br><br />
''_Oui mais ça caille, là : il va finir par geler, le gars. <br><br />
''_Mais ça peut prendre un moment. <br><br />
''_Et si on avançait dans l'eau ? C'est pas très profond, on pourrait sans doute le débusquer à nous trois, plus Totor..."''.<br><br />
Mais un cri venant des hauteurs interrompit leurs réflexions : <br><br />
''"C'était quoi, ça ? <br><br />
''_Chut, j'écoute !... Merde, je crois que c'est Andréas... <br><br />
''_Et qu'est-ce qu'il crie ? <br><br />
''_Je ne sais pas, mais je vais aller voir." <br><br />
<br />
Et soudain, derrière eux, l'eau remua : ''"Là, il est là"'' cria Eldan, ''"cette fois je vais me le faire !"'' Et, jetant son arc sur la rive, il tira son épée pour foncer dans l'eau [et une Réaction à 5, une !]. Vighnu hésita une seconde à lui porter assistance mais, lorsqu'un nouveau hurlement retentit au loin, fonça vers les crêtes.<br />
<br />
== Face au danger ==<br />
<br />
Andréas, la besace posée derrière-lui dans les buissons, fit bravement face au sorcier qui s'approchait en claudiquant d'un pas irrégulier mais tranquille, dégainant lentement une épée : <br><br />
<br />
''"Sois raisonnable : donne-moi ce sac ou je vais devoir te saigner comme un porc pour le prendre. <br><br />
''_Tu... tu as tué [[Rohanan]] ! <br><br />
''_Qui ?" <br><br />
<br />
Plus que les insultes, les menaces ou sa suprême arrogance, c'est ce dédain pour l'ami dont il avait brisé les vertèbres qui fit gronder la rage dans les veines du chroniqueur : hurlant comme un possédé, Andréas chargea la dague à la main. La lame pénétra la veste de cuir et s'enfonça dans le flanc du Sylvain surpris : le jeune mage allait frapper une seconde fois quand il vit la blessure se cicatriser sous ses yeux et sentit une intense douleur envahir ses entrailles. Le Talendan connaissait déjà cette sensation et, bandant sa volonté contre celle du Sorcier, l'étonna à nouveau en repoussant le sort.<br />
<br />
Mais l'effort vidait son énergie et, bientôt, Andréas plia le genou devant l'ennemi, qui lui décocha un grand coup de pommeau dans le front et l'envoya bouler dans les fourrés. ''"Alors comme ça on résiste, hein ? Qu'est-ce tu crois pauv'merde, que tu peux m'arrêter avec tes tours de passe-passe et ton couteau minable ? Tsss..."''<br />
<br />
Son flegme maintenant disparu, le sorcier boitait en râlant pour ramasser le précieux sac quand une lourde lance lui transperça l'abdomen sans prévenir : le Sylvain n'avait pas vu arriver le Grêlé, alerté par les appels du chroniqueur.<br />
Mais au lieu de s'effondrer, le sorcier transpercé de part en part poussa un cri inhumain qui figea les deux Talendan : les aiguilles de pin tombèrent en pluie partout autour d'eux et, saisissant la hampe à pleines mains, Urgrand l'arracha d'une seule traction en répandant son sang aux alentours. Les buissons et les herbes folles, à peine reverdis par le printemps, se racornissaient tout autour du Sylvain, séchant et craquant au fur et à mesure que sa large plaie au ventre se refermait sous les yeux terrifiés du mercenaire. Sigwald le Grêlé, quoique tremblant, ne faiblit pas : tirant son épée, il franchit au pas de charge les quelques mètres qui le séparaient du sorcier sanglant et attaqua de toutes ses forces. Urgrand esquiva au dernier moment et rabattit le manche de la lance dans les côtes du mercenaire qui se fracturèrent sous l'impact, projetant les 80 kilos du guerrier à plusieurs mètres dans les sous-bois. Et quand Andréas en profita pour lui planter sa dague dans le dos, le sorcier commença vraiment à s'énerver...<br />
<br />
=== Interlude glacé ===<br />
<br />
Entré dans l'eau glaciale jusqu'à la ceinture et son ardeur illico refroidie (surtout quand il réalisa que ses compagnons le laissait seul avec un ennemi invisible), Eldan serrait la poignée de son épée fétiche en guettant la moindre ridule ou le moindre clapotis dans l'eau. Un remous lui permit de se retourner juste à temps pour voir soudain jaillir de l'étang une forme indistincte, comme une silhouette de verre partiellement ouverte sur une armure de cuir cloutée, un visage hirsute et un bras brandissant un poignard (parfaitement opaques, eux)... qui l'assaillit immédiatement. Le poignard aurait sans doute perforé le thorax de l'éclaireur s'il n'avait alors trébuché sur les galets tapissant le bassin et esquivé miraculeusement ''(1 pH)'' : aussitôt rétabli, Eldan attaqua de taille et d'estoc en profitant de l'allonge supérieure de sa propre lame, mais son adversaire se révéla tout aussi habile à l'esquive, parvenant au passage à dégainer un second poignard. Malgré l'étrangeté d'un combat contre un type dégoulinant dont la tête, dénudée de sa capuche dans le combat, les mains et parfois le ventre apparaissaient seuls tangibles aux limites d'un drapé invisible, l'éclaireur tenait courageusement tête au Sylvain et, feintant pour rentrer dans la garde de son adversaire, parvint à lui entailler profondément le flanc d'un revers d'épée avant de lui arracher la cape, brisant le fermoir qui en tenait le col. La lourde capeline apparaissant soudain de drap noir et détrempé au bras du Moineau, et lui-même étant maintenant complètement visible, le brigand plongea dans les profondeurs de l'étang et ne réapparu qu'après une longue brasse, s'échappant à la nage.<br />
<br />
=== Entre feu et loup ===<br />
<br />
Sous les yeux d'Andréas, les pupilles d'Urgrand avaient soudain jaunit et, sa mâchoire s'ouvrant jusqu'à se déboîter sur un hurlement bestial, ses articulations avaient claqué les unes après les autres, sa colonne vertébrale semblant s'affaisser vers l'avant alors que les doigts de sa main libre s'allongeaient en une patte griffue, l'autre perçant le pansement pour révéler une épaisse touffe de poils noirs. Et lorsque cette fourrure commença à recouvrir le cou et les pommettes du sorcier, son visage s'allongeant dans une suite de craquements hideux alors que ses canines poussaient, le chroniqueur compris qu'il allait y passer à moins d'une idée de génie... Il saisit sa dague pour tracer à toute vitesse des flammes dans la terre couverte de plantes mortes, jeta toutes ses forces dans son sort. Alors le monstre qu'était devenu Urgrand vit ses vêtements en loques crépiter et prendre feu, les cruelles flammèches l'entourèrent bientôt, montant autour de lui jusqu'à l'aveugler, gagnant sa fourrure et brûlant sa chaire, bientôt tremblante de la panique atavique du loup face au feu !<br />
''(Oh le beau sort d'illusion, oh la belle idée ! Andréas y a illico gagné 1pH.)''<br />
<br />
=== Les chasseurs pris en chasse ===<br />
<br />
Courant à la rescousse, Vighnu et [[Neri'Helin]] tombèrent bientôt sur Gavin la Fouille, baignant dans son sang mais toujours vivant après une longue dégringolade dans la pente hérissées de rochers, et malgré la profonde plaie ouverte dans son thorax par la francisque du sorcier. Mais Vighnu n'avait ni le matériel ni le temps pour soigner l'écuyer car, en haut de la pente, la rumeur du combat s'amplifiait. Ils chargèrent donc le blessé sur l'épaule velue de Totor (malgré les protestation du géant) et reprirent leur ascension précipitée pour découvrir bientôt un spectacle qui dépassait l'entendement :<br />
au milieu d'une large zone de végétation séchée et noircie comme par un soudain incendie, une forme à peine humaine semblait se disloquer en s'agitant follement, s'arrachant des poils et des lambeaux de vêtements avec des grognements furieux et des jappements plaintifs. À quelques pas de lui, Andréas tuméfié et en nage, se relevait péniblement, rampant et trébuchant pour s'éloigner du monstre devenu fou. ''"COURS !"'' lui cria Vighnu, à la fois blême et électrisé par l'adrénaline, ''"COURS BON SANG !"''. Le chroniqueur, d'abord trébuchant, saisit son sac par la sangle et s'éloigna bientôt d'un trot freiné par ses halètements, alors que la silhouette du sorcier reprenait peu à peu forme humaine dans ses vêtements déchiquetés, d'où perçait une main gauche déformée et velue.<br />
<br />
Urgrand jeta à peine un regard au géant terrifié qu'encadraient le Fehnri et la dresseuse, tous trois figés à 40 pas de lui, et clopina vers la forme affaissée du Grêlé en marmonnant : ''"Ah le sale petit fils de pute... le sale petit merdeux... je vais le peler comme une pomme, je vais le noyer dans son sang, je vais le..."''. Mais quand le mercenaire se releva soudain, l'épée à la main, le Sorcier le saisit à bras le corps avec un cri de joie, bientôt couvert par le hurlement de souffrance du guerrier, un hurlement qui se fit bientôt plus rauque, presque chevrotant, et mourut dans un râle indistinct.<br />
Quand il laissa le corps s'écrouler parmi les buissons pétrifiés, le Sorcier avait retrouvé sa stature et son énergie et, quoiqu'il traîna encore un peu la jambe et que son bras gauche sembla toujours coincé entre les formes humaine et lupine, c'est avec une joie féroce que le sorcier cria vers les sapins où disparaissait le chroniqueur : ''"COURS ! COURS, PETIT LAPIN ! PARCE QUE LE MÉCHANT LOUP VA TE TROUVER ET TE aouch !"''. La flèche de Neri'Helin lui ayant griffé la jambe, le Sorcier se retourna vivement, outré, et ramassa la lance du Grêlé pour la jeter à l'Emishen : il la rata de plusieurs mètres et ne toucha qu'un sapin, mais l'impact fut si violent que la hampe vola en éclats, le fer presque entièrement enfoncé à travers l'écorce. ''"Oh putain !"'' lâcha Vighnu, planqué derrière un (autre) tronc et atterré par la force du sorcier, alors que Totor s'enfuyait en hurlant, Gavin la Fouille toujours sanglé sur son épaule. <br><br />
''"Tire encore ! Il faut l'attirer à nous pour permettre à Andréas de rejoindre la tour ! <br><br />
''_J'avais qu'une seule flèche : le carquois est au dos d'Eldan ! <br><br />
''_Et meeerde... rattrape le géant, je vais tenter quelque chose !"<br><br />
<br />
Et alors qu'Urgrand repartait à grands pas saccadés aux trousses du jeune mage en chantonnant ''"Petiiit laaaapin ! Viens voir par là, petit laaaaapin ! On va s'amuser, toi et moi !"'', l'assassin pris le risque insensé de s'approcher de lui à moins de 30 pas pour lui lancer un de ses grands couteaux de jets hornois : la lourde lame en feuille de laurier se planta avec un bruit mat dans l'omoplate du sorcier, qui se retourna, l'arracha d'une main en beuglant ''"Non mais c'est fini, oui ?!"'' et la renvoya avec tant d'élan que, Vighnu s'étant jeté à terre pour esquiver, l'acier se tordit en cognant sur un rocher.<br />
Urgrand clopinait à nouveau en direction de la tour et le Fehnri, constatant que le poison dont il avait enduit son arme ne semblait pas tellement affecter le Sylvain, s'approcha du Grêlé pour voir s'il pouvait encore l'aider : il lui fallu quelques secondes pour comprendre que le petit vieillard squelettique nageant dans une armure trop grande, déjà froid, racorni et presque momifié, était le corps du mercenaire. ''"Putain, putain, putain !"''<br />
Pas pressé d'aller affronter le sorcier au corps à corps et confiant dans la protection que la tour offrirait à Andréas, Vighnu récupéra son couteau tordu et s'élança derrière Neri'Helin, à la poursuite du géant et du blessé.<br />
<br />
=== Une étrange cape ===<br />
<br />
Au bas de la pente, Eldan n'était pas assez idiot pour poursuivre un type à la nage avec son armure, son baudrier et son épée, surtout que le Sylvain semblait nager comme un poisson et que ses poignards l'avantageraient nettement si le Moineau venait à le rattraper dans l'eau. Il gagna donc la rive à grands pas et, grelottant dans la nuit glaciale, fonça vers son arc pour découvrir qu'il avait disparu : après une bordée de jurons, évaluant la distance que le Sylvain avait encore à nager, Eldan jeta la cape dans un buisson et s'élança au pas de course pour contourner le lac, espérant être assez rapide pour choper le fuyard au bord du bassin.<br />
Et, justement, le brigand détrempé atteignait la rive lorsqu'il entendit les pas rapides d'une course dans les galets : au delà de l’étroit cours d'eau par lequel l'étang se déversait dans les gorges encaissées pour rejoindre le torrent furieux qu'on entendait gronder en contrebas, le tenace éclaireur arrivait au pas de charge, dégainant son épée.<br />
Mais le Moineau aussi surveillait le brigand et, captant le geste vif et l'éclair métallique, se coucha en dérapant dans les galets pour éviter le poignard que l'autre lui avait jeté. Le temps de se relever et le Sylvain disparaissait à l'orée de la forêt toute proche ; le temps de franchir le courant qui lui arrivait à mi-cuisse et voulait l'entraîner dans le canyon, la silhouette du fuyard avait disparu.<br />
Renonçant bientôt à pister un forestier manifestement habile dans un bois inconnu en pleine nuit, Eldan revint sur ses pas et récupéra la cape au fermoir brisé. Il constata que son poids venait du maillage métallique qui en doublait l'intérieur, le bord inférieur étant prolongé par un liseré de fourrure épaisse et sombre, dont la saleté indiquait qu'elle devait servir à balayer les traces du porteur et, sa curiosité satisfaite pour l'instant, il se la jeta sur l'épaule et repartit vers la mine à petites foulées, sa course moins motivée par l'urgence que par le besoin de se réchauffer.<br />
Là-haut, près des crêtes, quelqu'un venait d'allumer le fanal de la tour.<br />
<br />
=== La herse ===<br />
<br />
Hors d'haleine et trébuchant, Andréas dévala le surplomb couvert de sapins qui bordait le glacis dégagé autour de la mine fortifiée et, voyant venir du secours, s'effondra dans les bras des deux templiers qui couraient à sa rencontre : <br><br />
<br />
''"Mais bon sang, qu'est-ce qui se passe, dehors ? <br><br />
''_HHHUrg... Hhhurgrand... hhh... le sorcier...<br><br />
''_Mettez-vous à l'abri, mon vieux : on va s'en occuper ! <br><br />
''_Non...hhh... non... attendez... il est trop... <br><br />
''_Rentrez et fermez la herse !"'' lui cria le plus jeune des deux templiers qui, armes à la main, partaient déjà en courant vers la silhouette sombre apparue entre les arbres. Trottinant de son mieux vers la protection de la tour, le chroniqueur ne put s'empêcher de se retourner lorsqu'un cri plaintif retentit, et vit le premier templier s'effondrer, sa propre épée plantée de biaisdans son lourd casque d'acier. Il n'attendit pas que le second tombe à son tour pour franchir enfin le grand portail de bois par le vantail entr'ouvert, claquer la porte derrière lui, barrer la porte et s'affaler au sol pour reprendre son souffle. ''"Mais qu'est-ce qui se passe, à la fin ?"'' lui demanda alors un mineur moustachu, armé d'une pioche et manifestement inquiet. <br><br />
''"Hhh... hhher... herse. <br><br />
''_La herse ? Quoi, la herse ?<br><br />
''_Fermez...la herse. <br><br />
''_Fermer la herse ?! Mais enfin il y a encore tous vos amis dehors et... <br><br />
''_FERME-LA PUTAIN DE HERSE, DUCON, LE SORCIER ARRIVE !" <br><br />
<br />
Et tandis que le mineur effrayé gagnait l'étage supérieur en criant à ses camarades ''"On est attaqués ! On est attaqués ! Allumez le fanal !"'', Andréas claudiqua hors du couloir d'entrée, escalada à quatre pattes l'escalier à vis qui sentait encore le ciment frais et atteignit la salle de garde obscure surplombant l'assommoir, où les meurtrières dominant le portail laissaient entrer la pâle lueur des deux lunes et de lointains hurlements de souffrance. Malgré sa terreur, le scribe redescendit en haletant pour trouver une torche allumée, remonter péniblement et en éclairer la salle de garde, découvrant les énormes rouages du treuil retenant la herse. Du dehors, lui parvint un appel sarcastique, tout proche : ''"Tu es là-dedans, petit lapin ? Et tu crois que c'est assez solide pour m'empêcher d'entrer ? Attends voir..."''<br />
<br />
Un choc monstrueux ébranla le portail, effrayant la seule mule qui occupât l'écurie du rez-de-chaussée. Après avoir essayé plusieurs leviers en vain, Andréas domina la panique qui le gagnait à chacun des coups de boutoir qui résonnaient dans la tour et parvint enfin à libérer l'engrenage qui se mit à tournoyer, entraîné par le poids de la lourde grille de chêne et d'acier qui tombait au ralenti vers le sol. Un craquement terrible précéda les bruits de rebonds métalliques et le chroniqueur compris que le portail cédait : encore deux coups et il entendit le raclement des portes disjointes s'ouvrant sur le sol de terre battue.<br />
Puis les pas, irréguliers mais toujours tranquilles, qui s'avançaient dans le couloir, juste sous les genoux tremblants d'Andréas, s'efforçant de ne faire aucun bruit en poussant le madrier verrouillant la herse : ''"Tu es là mon petit lapin ! Je te sens ! Dis-donc, il a bien bossé votre vioque, là. Sincèrement, je suis épaté. Mon gars et moi, on regardait le chantier se monter, l'autre jour, et je lui disais justement : c'est pourtant vrai qu'ils bossent vite, tu vas voir que ça va bien me prendre une heure pour raser tout ça. Mais justement, je suis pressé, alors donne-moi la sphère et je m'en irai. Je te le promets, petit lapin : passe-moi l'artefact que l'autre croulant m'a volé et je renonce à t'écorcher vif. Tiens, tu vois la petite trappe au milieu de la pièce ? Regarde donc, c'est pas loin de tes pieds. Tu ouvres la petite trappe, tu y laisses tomber la sphère et c'est fini, je te jure que je vous laisserait vivre tous les 4, les autres creuses-misère et toi. Qu'est-ce que tu en dis, mon p'tit lapin ? Tu veux me faire plaisir ? Tu veux vivre encore un peu ? Ou je vais devoir vous tuer un par un, comme j'ai déjà massacré tous les autres corniauds, là-dehors ?"''<br />
<br />
Recroquevillé autour de la précieuse sphère dans son havresac, serrant les dents de peur et de rage, Andréas ne lâchait pas un son. ''"Bon tu te dépêches ? File-moi la boule !"'' appelait la voix d'Urgrand, de plus en plus tendue et amplifiée par le couloir voûté, 5 mètres plus bas. ''"J'ai pas que ça à foutre, non plus ! Donne-moi la putain de boule ou je vais tout péter dans cette tour de merde ! Ça suffit maintenant !"'' Le chroniqueur ne put retenir un gémissement lorsque Urgrand entreprit de soulever la herse, dont le cadre heurta bientôt le madrier servant de loquet, et retomba avec un bruit sourd.<br />
''"Han...ah la vacherie, c'est lourd... Allez, là j'en ai marre ! (un grand coup dans la herse fit tinter les pierres de la tour : blang !) Ouvre-moi, avorton de pute ! (blang ! blang !) Ouvre-moi, sale merdeux ! (blang !) Ouvre-moi ou je te jure que je vais t'arracher les yeux (blang !) pour te les faire bouffer ! (blang !)"'' Un cri de rage, de nouveaux coups, un craquement de bois quand le sorcier passa ses nerfs sur les débris du portail... et puis plus rien.<br />
<br />
== Silence ==<br />
<br />
Eldan grimpait agilement, toujours au trot : il coupa par le lit d'un ruisseau, escalada l'autre versant et ralentit prudemment en arrivant au dernier bosquet avant le glacis. Il n'entendait plus de cri ni aucune sorte de bruit et ne voyait rien d'autre en bas de la tour que le portail béant, mais il commença par se rapprocher de la falaise par le nord-est, restant à la lisière des sapins afin de vérifier qu'aucune menace ne restait tapie dans l'ombre de la crête rocheuse. C'est ainsi qu'il trébucha soudain sur les jambes brisées d'un templier, assis, cloué par sa propre lance au fût d'un sapin, les mains broyées et sanglantes, respirant à peine. L'éclaireur croisa son regard suppliant et, après avoir vérifié qu'ils étaient bien seuls, pris appui sur le tronc pour extraire la lance, coucher doucement le templier sur le flanc et panser brièvement sa blessure à l'abdomen, la seule pour laquelle il put quelque chose : <br><br />
<br />
''"Ss...cier. <br><br />
''_Du calme, ça va aller. Où est-il ?<br> <br />
''_...t...our... <br><br />
''_Il faut que j'aille voir ce qui se passe, mais je vais revenir. <br><br />
''_Hhg...hh.. <br><br />
''_Tenez bon, je reviendrai vous chercher."<br><br />
<br />
Il s'éloigna alors d'un pas souple, longea la falaise par l'est, atteignit la tour, rasa le mur silencieusement et, très prudemment, jeta un œil par le portail défoncé : personne. Il s'avança jusqu'à la herse toujours baissée, nota les traces de coups marquées dans le bois et le métal, voulu la secouer pour vérifier sa solidité et ne parvint pas à la faire broncher d'un millimètre. Il ressortit, vérifia encore les alentours et revint pour appeler : <br><br />
''"Hoho !? C'est Eldan ! Tout le monde va bien ? Youhou ? Qu'est-ce qui a enfoncé le portail ? Totor ?"<br><br />
Après un instant, la trappe de l'assommoir s'ouvrit, Andréas vérifia qu'il avait bien affaire au Moineau et répondit :<br><br />
''"Urgrand nous est tombé dessus, et il a attaqué la tour. Je... je crois qu'il a tué... tous les autres. <br><br />
''_J'ai trouvé les templiers mais pas... attends : quelqu'un arrive."<br><br />
Collé au mur, l'épée au clair, l'éclaireur passa la tête à l'extérieur et vit Totor descendre la colline boisée en portant un corps inanimé, Neri'Helin le menant doucement par la main et Vighnu penché sur quelque chose d'indiscernable dans la pente (le corps de l'autre templier).<br />
<br />
Quand ils furent certains qu'Urgrand était parti et tous rassemblés dans la tour, Eldan, Neri'Helin et Totor retournèrent chercher le templier agonisant pendant qu'on installait Gavin sur une table au premier étage : le Fehnri avait fait de son mieux pour maintenir l'écuyer en vie jusque là, mais ils allaient maintenant devoir opérer pour tenter de le sauver. Andréas et lui se répartirent les tâches, Eldan étant aussitôt promu infirmier. Un travail dont il s'acquitta avec excellence, faisant bouillir de l'eau et des linges, passant les bons instruments et les bons onguents aux bons moments. Les deux "toubibs" s'affairaient ensemble, l'assassin-apothicaire formé à la chirurgie et le mage-herboriste-médecin se complétant fort bien, et après une longue et sanglante opération, ils bandèrent la plaie et se penchèrent sur le cas du templier. Les jambes étaient fracturées en trop d'endroits pour les sauver, et les deux médecins s'accordèrent pour amputer, mais purent sauver la vie du cul de jatte.<br />
Après des heures d'opérations, rompus de fatigue, ils s'assirent finalement avec Eldan dans la lumière jaune que l'aube poussait par les meurtrières : les deux patients vivraient.<br><br />
<br />
''"La vache... Quelle nuit !<br><br />
''_J'ai bien cru y rester.<br><br />
''_J'suis désolé d'avoir laissé l'autre Sylvain s'enfuir...<br><br />
''_Écoute, on est vivants : si comme nous t'avais vu ce qui reste du Grêlé, ça te suffirait.<br><br />
''_Ah... il est vraiment mort ?<br><br />
''_Très.<br><br />
''_Désolé, Messire le Moineau.<br><br />
''_Ben... il était pas sympa, mais on est plus bien nombreux de notre patrouille... J'ai ramené la cape au fait, mais elle marche plus. Y a une espèce de treillis de métal, dedans, mais j'ai cassé le fermoir et...<br><br />
''_Donne-moi ça, j'y jetterais un œil plus tard. Dîtes-donc, Eldan, allez donc éteindre le phare s'il-vous-plait, là-haut : je ne crois pas que ça serve de le laisser brûler toute la journée."<br><br />
Et quand l'éclaireur fut parti, Vighnu demanda : ''"J'ai rien compris : qu'est-ce qu'il te voulait l'autre malade ?''<br><br />
''_Je crois qu'il voulait la sphère de Langard. Je suppose que son tueur et lui trainaient exprès ici, sachant que si une espèce de fantôme inquiétait la mine, on m'enverrait forcément enquêter et que j'aurais la sphère avec moi. Il nous a donc attendus...<br><br />
''_Et piégés, séparés... et massacrés. Je ne sais pas encore quand ni comment, mais il faudra trouver un moyen de l'éliminer, ce fumier-là. Qu'est-ce qu'il peut en faire, de cette boule ?<br><br />
''_Des tas de choses ! Elle démultiplie la portée des sorts, déjà, et à mon avis c'est ce qui l'intéressait : avec elle, il pensait pouvoir accéder magiquement au sarcophage et peut-être soigner les blessures qu'il conserve de l'effondrement de la falaise.<br><br />
''_Mais... il est plus là, le sarcophage, non ?<br><br />
''_Non, il est parti hier avec les Muraille. Mais je ne crois pas qu'il l'ait compris avant de m'avoir poursuivi ici. Peut-être qu'il a gouté l'eau qui s'écoule vers la chapelle, peut-être qu'une fois calmé il a pensé être maintenant assez près, tenté de repérer l'artefact juste "senti" qu'il n'était plus là... Alors il est parti.<br><br />
''_Merde ! Mais alors les Muraille et leur chariot...<br><br />
''_Ils devaient déjà être à Tal Endhil quand Urgrand nous est tombés dessus. C'est à une journée de marche, ils ont un jour d'avance : c'est pas en courant derrière eux qu'on pourra quoi que ce soit. Allumer le feu d'alerte a du suffire : notre fier Capitaine doit être aux aguets, il les protégera.<br><br />
''_Et tu dis qu'il était blessé, là ?<br><br />
''_Oh oui : il boitait, il avait le visage un peu "tordu" et puis il y avait sa main, toute disloquée et couverte de poils...<br><br />
''_Oui, oui, j'ai vu : brrrr. Mais putain, qu'est-ce que ce sera s'il nous tombe dessus en pleine forme !<br><br />
''_C'est bien le problème : on le reverra.<br><br />
''_Il t'a dit ça ?<br><br />
''_Non mais s'il avait pu se soigner seul, par la Porte-sous-la-Montagne ou ailleurs, il l'aurait déjà fait : si la seule solution qui lui reste c'est le sarcophage, il n'abandonnera pas de sitôt."<br><br />
<br />
== Epilogue ==<br />
<br />
Le lendemain soir, Eldan, Andréas, Vignu et Neri'Helin atteignirent le village avec le corps des templiers et du Grêlé attachés sur une mule, Totor portant toujours Gavin. Ils firent leur rapport au Capitaine, présentèrent la cape (''"À première vue, on dirait qu'elle utilise une maille de fils d'argent pour transmettre l'énergie du porteur vers l'extérieur, et activer le sortilège d'occultation inscrit dans le fermoir. _Et on peut la réparer ? _Je n'en sais rien, je suppose qu'il faudrait plus qu'un orfèvre..."''), furent tous rassurés sur le sort du sarcophage (''"C'est réglé, je ne veux plus un mot à ce sujet."'') et envoyés se reposer avec ses remerciements.<br />
Après leur départ, Durgaut s'installa au parapet du donjon et soupira : la Fouille alité pour des semaines, le Grêlé mort d'horrible manière, deux templiers perdus... en comptant ceux que le commandeur [[Bagoran de Marale]] avait laisser pour protéger l'abbé [[Dolomire]], la démission de [[Nevel Sholdanan]] et les six mercenaires expédiés à Aroche, il lui restait 12 hommes pour défendre le village d'un sorcier psychotique et d'un truand revanchard, mener ses projets et tenir la passe de [[Nilfenan]] selon le traité conclu avec les Emishen : en attendant que [[Bahardabras]] reviennent avec des mercenaires hornois, les prochaines semaines allaient lui sembler longues...<br />
<br />
<br />
'''[[9) "Reishin Ghoran"|<< Épisode Précédent]] | [[11) "Toutes voiles dehors !"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Liste des Épisodes|<= retour à la LISTE des ÉPISODES]]'''<br />
<br />
[[Catégorie:Épisodes]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/10)_%22Nuit_Blanche%2210) "Nuit Blanche"2014-09-08T15:39:34Z<p>Aloun : /* La planque */</p>
<hr />
<div><br />
== Ordre de mission ==<br />
<br />
''Après avoir embêté plusieurs PJ (Hadrien Muraille, le Capitaine et [[Lel'Liamil]]) avec des événements étranges autour de la Mine Bénie, est arrivé le moment où [[Durgaut]] a consulté [[Vighnu]] (son assassin) et [[Andréas]] (son consultant en magie et autres choses surnaturelles) pour voir ce qu'on pouvait faire concernant la rumeur tenace d'un rôdeur au chantier. Si cette petite intrigue devait initialement se régler "par mail", un heureux hasard a voulu que Vighnu réclame un pisteur pour l'assister dans une possible traque au moment où, entre deux expatriations professionnelles, Aloun était disponible pour jouer. On a donc saisi l'opportunité d'en faire un court Épisode par Rolisteam (et j'ai modifié l'identité du "rôdeur" pour leur mettre une réelle adversité), histoire de jouer une dernière fois avec lui avant qu'il ne change de continent. Pas de bol : il n'a pu jouer qu'une séance sur les deux, mais XO l'a remplacé au pied levé.''<br />
<br />
'''Protagonistes :'''<br />
<br />
''_Andréas "Odran" (Humphrey B)<br />
<br />
''_Vighnu Pratesh (Loriel)<br />
<br />
''_Eldan le Moineau (Aloun, puis XO)<br />
<br />
<br />
<br />
== Prologue ==<br />
<br />
[[Hadrien Muraille]], sa famille et les géants menés par [[Neri'Helin]] passaient la sixième semaine à faire surgir des gravats de la Mine Bénie une tour de quatre étages dotées d'une herse, d'un fanal, de montes-charges et même d'une chapelle au Premier Seigneur des Batailles, [[Herem]] (apparu sur le site dans toute sa divine grandeur pour sauver les Talendan des assiégeants Kormes deux semaines auparavant), lorsque la dresseuse et les mercenaires chargés de protéger le chantier (et son précieux contenu : le fameux "sarcophage de résurrection" récupéré lors de Terrain Minier) s'avisèrent qu'un "intrus" rôdait dans les parages. Il était à la fois trop discret pour que les guetteurs les plus habiles puissent le surprendre, assez "léger" (ou doué) pour ne point laisser d'empreintes derrière lui mais assez "corporel" pour faire bouger les branches de sapins sur son passage et assez "surnaturel" pour inquiéter les géants peureux.<br />
Averti par Lel'Limail venu visiter le chantier, notre sémillant Capitaine convoqua son expert en surnaturel, le chroniqueur Andréas Odran : si ce n'était ni le spectre d'un des (nombreux) trépassés lors de "Terrain Minier", ni un guetteur korme ni [[Etayn-la-Louve]] (trop habile avec les bêtes pour inquiéter des géants), ce pouvait encore bien être un membre de la Confrérie du Chacal ou, pire, un vilain sorcier, peut-être même [[Urgrand]]. Auquel cas, il fallait enquêter et prendre des précautions...<br />
<br />
== La planque ==<br />
<br />
Au début de la 7° semaine depuis la bataille, peu après le départ de la nef pour [[Aroche]], Andréas et Vighnu Pratesh se rendirent donc sur place, le second dans le vague espoir de toucher la prime mise sur la tête du sorcier par les Kormes, et y retrouvèrent [[Eldan-le-Moineau]], resté à la tour après sa garde d'une semaine pour continuer à surveiller avec la dresseuse intriguée et Totor, le géant à son papa [[Adira]] (parti pour Aroche), demeurant sur place jusqu'à ce que soit guéri un gros bobo à sa papatte.<br />
Les 3 malheureux mineurs -rescapés de "[[Terrain Minier]]" et logés sur place dans la [[Mine Bénie]] en attendant du renfort pour se mettre à extraire le minerai d'argent- étaient presque aussi inquiets que le géant et accablèrent les arrivants de maintes légendes idiotes, mais comme il semblait bien que l'intrus vint presque chaque nuit, nos trois chasseurs mirent au point un signal avec les deux mercenaires ([[Gavin la Fouille]] et [[Sigwald le Grêlé]]) et deux templiers qui garderaient l'endroit pendant la nuit, puis allèrent s'embusquer un peu avant le crépuscule dans les pentes rocailleuses que formaient les montagnes alentour.<br />
<br />
<br />
[[fichier:Terrain minier 3.jpeg|600 px|thumb|left|Mine Bénie]]<br />
<br />
<br />
Ils restèrent ainsi, presque sans bouger ni parler, pendant de longues heures glacées, à surveiller le moindre mouvement parmi les rares sapins enténébrés, la moindre ombre sur la neige maculée de boue gelée... jusqu'à ce que Vighnu distingue une forme floue glissant parmi quelques broussailles étiques et expirant par moment un nuage de vapeur. Ses compagnons, une fois avertis à voix basse, se crevaient néanmoins les yeux sans rien voir. Aussi le "chroniqueur" entreprit-il de projeter son esprit dans la direction indiquée par le Fehnri pour y découvrir... une silhouette floue et sans visage. D'abord surpris, il réalisa vite que l'intrus employait sans doute une sorte de camouflage magique ou un sort de dissimulation, et notre mage en conclut qu'ils avaient affaire à un sorcier. Précautionneux, nos chasseurs décidèrent donc de ne pas prendre de risque et Eldan banda son arc pour l'abattre d'une flèche dans le dos, comme ça, sans même dire "bonsoir".<br />
Eldan avait-il méjugé de la distance à cause de l'obscurité, l'intrus portait-il une armure ? Toujours est-il que, après une exclamation de douleur, loin de s'étaler dans son sang, la silhouette s'élança à toutes jambes dans le versant irrégulier de la montagne, Vighnu et Eldan cavalant bientôt derrière elle pendant qu'Andréas appelait l'hallali, rameutant les guerriers à l'affût dans la tour. <br><br><br><br><br><br />
<br />
== Chasse aux sorciers ==<br />
<br />
Plus agile en montagne et ses sens plus aiguisés, Eldan distança bientôt le fehnri dans la poursuite de l'intrus invisible en se guidant sur les seuls le bruits de course, ses occasionnelles empreintes dans les dernières plaques de neige, les branches mouvantes de sapin ou son ombre intermittente sur les rochers.<br />
Quoiqu'il perdit fréquemment du terrain pour chercher sa proie, le jeune éclaireur avait suffisamment repéré les environs pour savoir que, s'il continuait de longer les pentes vers le sud, l'Invisible atteindrait bientôt un fort torrent, puis une élévation abrupte et, au-delà, une faille infranchissable... ''(Les 3 PJ avaient en effet commencé la séance par un gros jet de préparation commun, ils avaient donc du bonus en stock pour la séquence "embuscade" de leur plan, même s'il est parti en sucette au premier tir...)''<br />
Eldan dévala donc la pente vers l'unique gué sur le torrent, persuadé de pouvoir y intercepter le fugitif : manquant plusieurs fois de se blesser en bondissant comme un cabri parmi les buissons rabougris et les blocs rocailleux, il atteignit bientôt la large plate-forme rocheuse au bord de laquelle le courant, après avoir buté sur un rebord de pierres, se déversait en une courte chute d'eau vers un bassin en contrebas. L'arc bandé, attentif au moindre bruit discernable malgré le roulement des flots, scrutant la nuit à la pointe de sa flèche, il attendit. Un raclement de cailloux lui fit tourner la tête et, soudain, il discerna l'ombre indistincte que l'être translucide projetait sur les rochers dans la faible clarté des deux lunes, et décocha au jugé : le trait effleura la cible pour se perdre vers les rares sapins de l'autre rive, mais une soudaine gerbe d'eau trahit l'Indistinct : il venait de plonger dans le torrent.<br />
À quelques 100aines de mètres derrière lui et maintenant complètement semé, Vighnu vit alors arrivé Neri'Helin juchée sur un Totor galopant et lui fit signe de chercher à l'ouest, vers l'aval, pendant que lui-même presserait au sud en longeant les crêtes. Ils progressaient prudemment, attentifs au moindre souffle de vent dans les broussailles lorsque l'appel d'Eldan leur parvint : l'intrus fuyait par l'étang.<br />
<br />
Après avoir vu passé la dresseuse indigène sur son lourdaud de géant et s'être fait doublé par le Grêlé, galopant à sa suite la lance à la main, Andréas (décidément peu fait pour la course à pied), avait été rejoint par Gavin la Fouille et, le temps de reprendre son souffle, utilisa la sphère alourdissant son havresac pour projeter son esprit par-dessus les pentes rocheuses et les fourrés, repérant bientôt Totor, sa cavalière, Vighnu et Eldan : ''<span style="color:#00008B">"Ils sont au bassin !"</span>'' expliqua-t-il à l'écuyer qui, sans trop se demander comment le chroniqueur pouvait bien le savoir, s'élança à son tour. Andréas regardait son dernier compagnon s'éloigner au pas de charge... quand une francisque jaillie d'un bosquet frappa l'apprenti guerrier en pleine course, enfonçant son thorax et le basculant dans la rocaille.<br />
Atterré, Andréas vit alors un barbu aux longs cheveux noirs sortir des sapins et s'avancer d'un pas heurté, traînant la patte et un épais bandage couvrant sa main gauche : ''<span style="color:#00008B">"Hé bien, nous voilà enfin seuls ! Donne-moi ce sac, magicien de cabaret, et je te laisserais probablement vivre."</span>'' Reconnaissant alors le fameux Urgrand, Andréas tira sa dague… et se mit à crier à l'aide.<br />
<br />
À force de scruter la surface de l'eau à travers la légère brume, notre éclaireur finit par distinguer une sorte de perturbation dans les vaguelettes du lac et tira une nouvelle flèche, sans grand résultat. Mais comment trouver un type invisible dans un lac la nuit ? Eldan s'énervait lorsque Vighnu, la dresseuse et le géant déboulèrent des contreforts pour se joindre à la traque, commençant à contourner l'étang pour que leur proie ne s'échappe pas par l'autre côté, guettant un mouvement dans l'eau... sans grand résultat. <br><br />
<br />
''<span style="color:#00008B">"Ça fait combien de temps qu'il est sous l'eau, là ? <br><br />
''<span style="color:#00008B">_C'est à dire que s'il est invisible, il peut facilement sortir la tête pour respirer sans qu'on le voit. <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Oui mais ça caille, là : il va finir par geler, le gars. <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Mais ça peut prendre un moment. <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Et si on avançait dans l'eau ? C'est pas très profond, on pourrait sans doute le débusquer à nous trois, plus Totor..."</span>''.<br><br />
Mais un cri venant des hauteurs interrompit leurs réflexions : <br><br />
''<span style="color:#00008B">"C'était quoi, ça ? <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Chut, j'écoute !... Merde, je crois que c'est Andréas... <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Et qu'est-ce qu'il crie ? <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Je ne sais pas, mais je vais aller voir."</span> <br><br />
<br />
Et soudain, derrière eux, l'eau remua : ''<span style="color:#00008B">"Là, il est là"</span>'' cria Eldan, ''<span style="color:#00008B">"cette fois je vais me le faire !"</span>'' Et, jetant son arc sur la rive, il tira son épée pour foncer dans l'eau [et une Réaction à 5, une !]. Vighnu hésita une seconde à lui porter assistance mais, lorsqu'un nouveau hurlement retentit au loin, fonça vers les crêtes.<br />
<br />
== Face au danger ==<br />
<br />
Andréas, la besace posée derrière-lui dans les buissons, fit bravement face au sorcier qui s'approchait en claudiquant d'un pas irrégulier mais tranquille, dégainant lentement une épée : <br><br />
<br />
''<span style="color:#00008B">"Sois raisonnable : donne-moi ce sac ou je vais devoir te saigner comme un porc pour le prendre. <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Tu... tu as tué [[Rohanan]] ! <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Qui ?"</span> <br><br />
<br />
Plus que les insultes, les menaces ou sa suprême arrogance, c'est ce dédain pour l'ami dont il avait brisé les vertèbres qui fit gronder la rage dans les veines du chroniqueur : hurlant comme un possédé, Andréas chargea la dague à la main. La lame pénétra la veste de cuir et s'enfonça dans le flanc du Sylvain surpris : le jeune mage allait frapper une seconde fois quand il vit la blessure se cicatriser sous ses yeux et sentit une intense douleur envahir ses entrailles. Le Talendan connaissait déjà cette sensation et, bandant sa volonté contre celle du Sorcier, l'étonna à nouveau en repoussant le sort.<br />
<br />
Mais l'effort vidait son énergie et, bientôt, Andréas plia le genou devant l'ennemi, qui lui décocha un grand coup de pommeau dans le front et l'envoya bouler dans les fourrés. ''<span style="color:#00008B">"Alors comme ça on résiste, hein ? Qu'est-ce tu crois pauv'merde, que tu peux m'arrêter avec tes tours de passe-passe et ton couteau minable ? Tsss..."</span>''<br />
<br />
Son flegme maintenant disparu, le sorcier boitait en râlant pour ramasser le précieux sac quand une lourde lance lui transperça l'abdomen sans prévenir : le Sylvain n'avait pas vu arriver le Grêlé, alerté par les appels du chroniqueur.<br />
Mais au lieu de s'effondrer, le sorcier transpercé de part en part poussa un cri inhumain qui figea les deux Talendan : les aiguilles de pin tombèrent en pluie partout autour d'eux et, saisissant la hampe à pleines mains, Urgrand l'arracha d'une seule traction en répandant son sang aux alentours. Les buissons et les herbes folles, à peine reverdis par le printemps, se racornissaient tout autour du Sylvain, séchant et craquant au fur et à mesure que sa large plaie au ventre se refermait sous les yeux terrifiés du mercenaire. Sigwald le Grêlé, quoique tremblant, ne faiblit pas : tirant son épée, il franchit au pas de charge les quelques mètres qui le séparaient du sorcier sanglant et attaqua de toutes ses forces. Urgrand esquiva au dernier moment et rabattit le manche de la lance dans les côtes du mercenaire qui se fracturèrent sous l'impact, projetant les 80 kilos du guerrier à plusieurs mètres dans les sous-bois. Et quand Andréas en profita pour lui planter sa dague dans le dos, le sorcier commença vraiment à s'énerver...<br />
<br />
=== Interlude glacé ===<br />
<br />
Entré dans l'eau glaciale jusqu'à la ceinture et son ardeur illico refroidie (surtout quand il réalisa que ses compagnons le laissait seul avec un ennemi invisible), Eldan serrait la poignée de son épée fétiche en guettant la moindre ridule ou le moindre clapotis dans l'eau. Un remous lui permit de se retourner juste à temps pour voir soudain jaillir de l'étang une forme indistincte, comme une silhouette de verre partiellement ouverte sur une armure de cuir cloutée, un visage hirsute et un bras brandissant un poignard (parfaitement opaques, eux)... qui l'assaillit immédiatement. Le poignard aurait sans doute perforé le thorax de l'éclaireur s'il n'avait alors trébuché sur les galets tapissant le bassin et esquivé miraculeusement ''(1 pH)'' : aussitôt rétabli, Eldan attaqua de taille et d'estoc en profitant de l'allonge supérieure de sa propre lame, mais son adversaire se révéla tout aussi habile à l'esquive, parvenant au passage à dégainer un second poignard. Malgré l'étrangeté d'un combat contre un type dégoulinant dont la tête, dénudée de sa capuche dans le combat, les mains et parfois le ventre apparaissaient seuls tangibles aux limites d'un drapé invisible, l'éclaireur tenait courageusement tête au Sylvain et, feintant pour rentrer dans la garde de son adversaire, parvint à lui entailler profondément le flanc d'un revers d'épée avant de lui arracher la cape, brisant le fermoir qui en tenait le col. La lourde capeline apparaissant soudain de drap noir et détrempé au bras du Moineau, et lui-même étant maintenant complètement visible, le brigand plongea dans les profondeurs de l'étang et ne réapparu qu'après une longue brasse, s'échappant à la nage.<br />
<br />
=== Entre feu et loup ===<br />
<br />
Sous les yeux d'Andréas, les pupilles d'Urgrand avaient soudain jaunit et, sa mâchoire s'ouvrant jusqu'à se déboîter sur un hurlement bestial, ses articulations avaient claqué les unes après les autres, sa colonne vertébrale semblant s'affaisser vers l'avant alors que les doigts de sa main libre s'allongeaient en une patte griffue, l'autre perçant le pansement pour révéler une épaisse touffe de poils noirs. Et lorsque cette fourrure commença à recouvrir le cou et les pommettes du sorcier, son visage s'allongeant dans une suite de craquements hideux alors que ses canines poussaient, le chroniqueur compris qu'il allait y passer à moins d'une idée de génie... Il saisit sa dague pour tracer à toute vitesse des flammes dans la terre couverte de plantes mortes, jeta toutes ses forces dans son sort. Alors le monstre qu'était devenu Urgrand vit ses vêtements en loques crépiter et prendre feu, les cruelles flammèches l'entourèrent bientôt, montant autour de lui jusqu'à l'aveugler, gagnant sa fourrure et brûlant sa chaire, bientôt tremblante de la panique atavique du loup face au feu !<br />
''(Oh le beau sort d'illusion, oh la belle idée ! Andréas y a illico gagné 1pH.)''<br />
<br />
=== Les chasseurs pris en chasse ===<br />
<br />
Courant à la rescousse, Vighnu et [[Neri'Helin]] tombèrent bientôt sur Gavin la Fouille, baignant dans son sang mais toujours vivant après une longue dégringolade dans la pente hérissées de rochers, et malgré la profonde plaie ouverte dans son thorax par la francisque du sorcier. Mais Vighnu n'avait ni le matériel ni le temps pour soigner l'écuyer car, en haut de la pente, la rumeur du combat s'amplifiait. Ils chargèrent donc le blessé sur l'épaule velue de Totor (malgré les protestation du géant) et reprirent leur ascension précipitée pour découvrir bientôt un spectacle qui dépassait l'entendement :<br />
au milieu d'une large zone de végétation séchée et noircie comme par un soudain incendie, une forme à peine humaine semblait se disloquer en s'agitant follement, s'arrachant des poils et des lambeaux de vêtements avec des grognements furieux et des jappements plaintifs. À quelques pas de lui, Andréas tuméfié et en nage, se relevait péniblement, rampant et trébuchant pour s'éloigner du monstre devenu fou. ''<span style="color:#00008B">"COURS !"</span>'' lui cria Vighnu, à la fois blême et électrisé par l'adrénaline, ''<span style="color:#00008B">"COURS BON SANG !"</span>''. Le chroniqueur, d'abord trébuchant, saisit son sac par la sangle et s'éloigna bientôt d'un trot freiné par ses halètements, alors que la silhouette du sorcier reprenait peu à peu forme humaine dans ses vêtements déchiquetés, d'où perçait une main gauche déformée et velue.<br />
<br />
Urgrand jeta à peine un regard au géant terrifié qu'encadraient le Fehnri et la dresseuse, tous trois figés à 40 pas de lui, et clopina vers la forme affaissée du Grêlé en marmonnant : ''<span style="color:#00008B">"Ah le sale petit fils de pute... le sale petit merdeux... je vais le peler comme une pomme, je vais le noyer dans son sang, je vais le..."</span>''. Mais quand le mercenaire se releva soudain, l'épée à la main, le Sorcier le saisit à bras le corps avec un cri de joie, bientôt couvert par le hurlement de souffrance du guerrier, un hurlement qui se fit bientôt plus rauque, presque chevrotant, et mourut dans un râle indistinct.<br />
Quand il laissa le corps s'écrouler parmi les buissons pétrifiés, le Sorcier avait retrouvé sa stature et son énergie et, quoiqu'il traîna encore un peu la jambe et que son bras gauche sembla toujours coincé entre les formes humaine et lupine, c'est avec une joie féroce que le sorcier cria vers les sapins où disparaissait le chroniqueur : ''<span style="color:#00008B">"COURS ! COURS, PETIT LAPIN ! PARCE QUE LE MÉCHANT LOUP VA TE TROUVER ET TE aouch !"</span>''. La flèche de Neri'Helin lui ayant griffé la jambe, le Sorcier se retourna vivement, outré, et ramassa la lance du Grêlé pour la jeter à l'Emishen : il la rata de plusieurs mètres et ne toucha qu'un sapin, mais l'impact fut si violent que la hampe vola en éclats, le fer presque entièrement enfoncé à travers l'écorce. ''<span style="color:#00008B">"Oh putain !"</span>'' lâcha Vighnu, planqué derrière un (autre) tronc et atterré par la force du sorcier, alors que Totor s'enfuyait en hurlant, Gavin la Fouille toujours sanglé sur son épaule. <br><br />
''<span style="color:#00008B">"Tire encore ! Il faut l'attirer à nous pour permettre à Andréas de rejoindre la tour ! <br><br />
''<span style="color:#00008B">_J'avais qu'une seule flèche : le carquois est au dos d'Eldan ! <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Et meeerde... rattrape le géant, je vais tenter quelque chose !"</span><br><br />
<br />
Et alors qu'Urgrand repartait à grands pas saccadés aux trousses du jeune mage en chantonnant ''<span style="color:#00008B">"Petiiit laaaapin ! Viens voir par là, petit laaaaapin ! On va s'amuser, toi et moi !"</span>'', l'assassin pris le risque insensé de s'approcher de lui à moins de 30 pas pour lui lancer un de ses grands couteaux de jets hornois : la lourde lame en feuille de laurier se planta avec un bruit mat dans l'omoplate du sorcier, qui se retourna, l'arracha d'une main en beuglant ''<span style="color:#00008B">"Non mais c'est fini, oui ?!"</span>'' et la renvoya avec tant d'élan que, Vighnu s'étant jeté à terre pour esquiver, l'acier se tordit en cognant sur un rocher.<br />
Urgrand clopinait à nouveau en direction de la tour et le Fehnri, constatant que le poison dont il avait enduit son arme ne semblait pas tellement affecter le Sylvain, s'approcha du Grêlé pour voir s'il pouvait encore l'aider : il lui fallu quelques secondes pour comprendre que le petit vieillard squelettique nageant dans une armure trop grande, déjà froid, racorni et presque momifié, était le corps du mercenaire. ''<span style="color:#00008B">"Putain, putain, putain !"</span>''<br />
Pas pressé d'aller affronter le sorcier au corps à corps et confiant dans la protection que la tour offrirait à Andréas, Vighnu récupéra son couteau tordu et s'élança derrière Neri'Helin, à la poursuite du géant et du blessé.<br />
<br />
=== Une étrange cape ===<br />
<br />
Au bas de la pente, Eldan n'était pas assez idiot pour poursuivre un type à la nage avec son armure, son baudrier et son épée, surtout que le Sylvain semblait nager comme un poisson et que ses poignards l'avantageraient nettement si le Moineau venait à le rattraper dans l'eau. Il gagna donc la rive à grands pas et, grelottant dans la nuit glaciale, fonça vers son arc pour découvrir qu'il avait disparu : après une bordée de jurons, évaluant la distance que le Sylvain avait encore à nager, Eldan jeta la cape dans un buisson et s'élança au pas de course pour contourner le lac, espérant être assez rapide pour choper le fuyard au bord du bassin.<br />
Et, justement, le brigand détrempé atteignait la rive lorsqu'il entendit les pas rapides d'une course dans les galets : au delà de l’étroit cours d'eau par lequel l'étang se déversait dans les gorges encaissées pour rejoindre le torrent furieux qu'on entendait gronder en contrebas, le tenace éclaireur arrivait au pas de charge, dégainant son épée.<br />
Mais le Moineau aussi surveillait le brigand et, captant le geste vif et l'éclair métallique, se coucha en dérapant dans les galets pour éviter le poignard que l'autre lui avait jeté. Le temps de se relever et le Sylvain disparaissait à l'orée de la forêt toute proche ; le temps de franchir le courant qui lui arrivait à mi-cuisse et voulait l'entraîner dans le canyon, la silhouette du fuyard avait disparu.<br />
Renonçant bientôt à pister un forestier manifestement habile dans un bois inconnu en pleine nuit, Eldan revint sur ses pas et récupéra la cape au fermoir brisé. Il constata que son poids venait du maillage métallique qui en doublait l'intérieur, le bord inférieur étant prolongé par un liseré de fourrure épaisse et sombre, dont la saleté indiquait qu'elle devait servir à balayer les traces du porteur et, sa curiosité satisfaite pour l'instant, il se la jeta sur l'épaule et repartit vers la mine à petites foulées, sa course moins motivée par l'urgence que par le besoin de se réchauffer.<br />
Là-haut, près des crêtes, quelqu'un venait d'allumer le fanal de la tour.<br />
<br />
=== La herse ===<br />
<br />
Hors d'haleine et trébuchant, Andréas dévala le surplomb couvert de sapins qui bordait le glacis dégagé autour de la mine fortifiée et, voyant venir du secours, s'effondra dans les bras des deux templiers qui couraient à sa rencontre : <br><br />
<br />
''<span style="color:#00008B">"Mais bon sang, qu'est-ce qui se passe, dehors ? <br><br />
''<span style="color:#00008B">_HHHUrg... Hhhurgrand... hhh... le sorcier...<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Mettez-vous à l'abri, mon vieux : on va s'en occuper ! <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Non...hhh... non... attendez... il est trop... <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Rentrez et fermez la herse !"</span>'' lui cria le plus jeune des deux templiers qui, armes à la main, partaient déjà en courant vers la silhouette sombre apparue entre les arbres. Trottinant de son mieux vers la protection de la tour, le chroniqueur ne put s'empêcher de se retourner lorsqu'un cri plaintif retentit, et vit le premier templier s'effondrer, sa propre épée plantée de biaisdans son lourd casque d'acier. Il n'attendit pas que le second tombe à son tour pour franchir enfin le grand portail de bois par le vantail entr'ouvert, claquer la porte derrière lui, barrer la porte et s'affaler au sol pour reprendre son souffle. ''<span style="color:#00008B">"Mais qu'est-ce qui se passe, à la fin ?"</span>'' lui demanda alors un mineur moustachu, armé d'une pioche et manifestement inquiet. <br><br />
''<span style="color:#00008B">"Hhh... hhher... herse. <br><br />
''<span style="color:#00008B">_La herse ? Quoi, la herse ?<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Fermez...la herse. <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Fermer la herse ?! Mais enfin il y a encore tous vos amis dehors et... <br><br />
''<span style="color:#00008B">_FERME-LA PUTAIN DE HERSE, DUCON, LE SORCIER ARRIVE !"</span> <br><br />
<br />
Et tandis que le mineur effrayé gagnait l'étage supérieur en criant à ses camarades ''<span style="color:#00008B">"On est attaqués ! On est attaqués ! Allumez le fanal !"</span>'', Andréas claudiqua hors du couloir d'entrée, escalada à quatre pattes l'escalier à vis qui sentait encore le ciment frais et atteignit la salle de garde obscure surplombant l'assommoir, où les meurtrières dominant le portail laissaient entrer la pâle lueur des deux lunes et de lointains hurlements de souffrance. Malgré sa terreur, le scribe redescendit en haletant pour trouver une torche allumée, remonter péniblement et en éclairer la salle de garde, découvrant les énormes rouages du treuil retenant la herse. Du dehors, lui parvint un appel sarcastique, tout proche : ''<span style="color:#00008B">"Tu es là-dedans, petit lapin ? Et tu crois que c'est assez solide pour m'empêcher d'entrer ? Attends voir..."</span>''<br />
<br />
Un choc monstrueux ébranla le portail, effrayant la seule mule qui occupât l'écurie du rez-de-chaussée. Après avoir essayé plusieurs leviers en vain, Andréas domina la panique qui le gagnait à chacun des coups de boutoir qui résonnaient dans la tour et parvint enfin à libérer l'engrenage qui se mit à tournoyer, entraîné par le poids de la lourde grille de chêne et d'acier qui tombait au ralenti vers le sol. Un craquement terrible précéda les bruits de rebonds métalliques et le chroniqueur compris que le portail cédait : encore deux coups et il entendit le raclement des portes disjointes s'ouvrant sur le sol de terre battue.<br />
Puis les pas, irréguliers mais toujours tranquilles, qui s'avançaient dans le couloir, juste sous les genoux tremblants d'Andréas, s'efforçant de ne faire aucun bruit en poussant le madrier verrouillant la herse : ''<span style="color:#00008B">"Tu es là mon petit lapin ! Je te sens ! Dis-donc, il a bien bossé votre vioque, là. Sincèrement, je suis épaté. Mon gars et moi, on regardait le chantier se monter, l'autre jour, et je lui disais justement : c'est pourtant vrai qu'ils bossent vite, tu vas voir que ça va bien me prendre une heure pour raser tout ça. Mais justement, je suis pressé, alors donne-moi la sphère et je m'en irai. Je te le promets, petit lapin : passe-moi l'artefact que l'autre croulant m'a volé et je renonce à t'écorcher vif. Tiens, tu vois la petite trappe au milieu de la pièce ? Regarde donc, c'est pas loin de tes pieds. Tu ouvres la petite trappe, tu y laisses tomber la sphère et c'est fini, je te jure que je vous laisserait vivre tous les 4, les autres creuses-misère et toi. Qu'est-ce que tu en dis, mon p'tit lapin ? Tu veux me faire plaisir ? Tu veux vivre encore un peu ? Ou je vais devoir vous tuer un par un, comme j'ai déjà massacré tous les autres corniauds, là-dehors ?"</span>''<br />
<br />
Recroquevillé autour de la précieuse sphère dans son havresac, serrant les dents de peur et de rage, Andréas ne lâchait pas un son. ''<span style="color:#00008B">"Bon tu te dépêches ? File-moi la boule !"</span>'' appelait la voix d'Urgrand, de plus en plus tendue et amplifiée par le couloir voûté, 5 mètres plus bas. ''<span style="color:#00008B">"J'ai pas que ça à foutre, non plus ! Donne-moi la putain de boule ou je vais tout péter dans cette tour de merde ! Ça suffit maintenant !"</span>'' Le chroniqueur ne put retenir un gémissement lorsque Urgrand entreprit de soulever la herse, dont le cadre heurta bientôt le madrier servant de loquet, et retomba avec un bruit sourd.<br />
''<span style="color:#00008B">"Han...ah la vacherie, c'est lourd... Allez, là j'en ai marre ! (un grand coup dans la herse fit tinter les pierres de la tour : blang !) Ouvre-moi, avorton de pute ! (blang ! blang !) Ouvre-moi, sale merdeux ! (blang !) Ouvre-moi ou je te jure que je vais t'arracher les yeux (blang !) pour te les faire bouffer ! (blang !)"</span>'' Un cri de rage, de nouveaux coups, un craquement de bois quand le sorcier passa ses nerfs sur les débris du portail... et puis plus rien.<br />
<br />
== Silence ==<br />
<br />
Eldan grimpait agilement, toujours au trot : il coupa par le lit d'un ruisseau, escalada l'autre versant et ralentit prudemment en arrivant au dernier bosquet avant le glacis. Il n'entendait plus de cri ni aucune sorte de bruit et ne voyait rien d'autre en bas de la tour que le portail béant, mais il commença par se rapprocher de la falaise par le nord-est, restant à la lisière des sapins afin de vérifier qu'aucune menace ne restait tapie dans l'ombre de la crête rocheuse. C'est ainsi qu'il trébucha soudain sur les jambes brisées d'un templier, assis, cloué par sa propre lance au fût d'un sapin, les mains broyées et sanglantes, respirant à peine. L'éclaireur croisa son regard suppliant et, après avoir vérifié qu'ils étaient bien seuls, pris appui sur le tronc pour extraire la lance, coucher doucement le templier sur le flanc et panser brièvement sa blessure à l'abdomen, la seule pour laquelle il put quelque chose : <br><br />
<br />
''<span style="color:#00008B">"Ss...cier. <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Du calme, ça va aller. Où est-il ?<br> <br />
''<span style="color:#00008B">_...t...our... <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Il faut que j'aille voir ce qui se passe, mais je vais revenir. <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Hhg...hh.. <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Tenez bon, je reviendrai vous chercher."</span><br><br />
<br />
Il s'éloigna alors d'un pas souple, longea la falaise par l'est, atteignit la tour, rasa le mur silencieusement et, très prudemment, jeta un œil par le portail défoncé : personne. Il s'avança jusqu'à la herse toujours baissée, nota les traces de coups marquées dans le bois et le métal, voulu la secouer pour vérifier sa solidité et ne parvint pas à la faire broncher d'un millimètre. Il ressortit, vérifia encore les alentours et revint pour appeler : <br><br />
''<span style="color:#00008B">"Hoho !? C'est Eldan ! Tout le monde va bien ? Youhou ? Qu'est-ce qui a enfoncé le portail ? Totor ?"<br><br />
Après un instant, la trappe de l'assommoir s'ouvrit, Andréas vérifia qu'il avait bien affaire au Moineau et répondit :<br><br />
''<span style="color:#00008B">"Urgrand nous est tombé dessus, et il a attaqué la tour. Je... je crois qu'il a tué... tous les autres. <br><br />
''<span style="color:#00008B">_J'ai trouvé les templiers mais pas... attends : quelqu'un arrive."</span><br><br />
Collé au mur, l'épée au clair, l'éclaireur passa la tête à l'extérieur et vit Totor descendre la colline boisée en portant un corps inanimé, Neri'Helin le menant doucement par la main et Vighnu penché sur quelque chose d'indiscernable dans la pente (le corps de l'autre templier).<br />
<br />
Quand ils furent certains qu'Urgrand était parti et tous rassemblés dans la tour, Eldan, Neri'Helin et Totor retournèrent chercher le templier agonisant pendant qu'on installait Gavin sur une table au premier étage : le Fehnri avait fait de son mieux pour maintenir l'écuyer en vie jusque là, mais ils allaient maintenant devoir opérer pour tenter de le sauver. Andréas et lui se répartirent les tâches, Eldan étant aussitôt promu infirmier. Un travail dont il s'acquitta avec excellence, faisant bouillir de l'eau et des linges, passant les bons instruments et les bons onguents aux bons moments. Les deux "toubibs" s'affairaient ensemble, l'assassin-apothicaire formé à la chirurgie et le mage-herboriste-médecin se complétant fort bien, et après une longue et sanglante opération, ils bandèrent la plaie et se penchèrent sur le cas du templier. Les jambes étaient fracturées en trop d'endroits pour les sauver, et les deux médecins s'accordèrent pour amputer, mais purent sauver la vie du cul de jatte.<br />
Après des heures d'opérations, rompus de fatigue, ils s'assirent finalement avec Eldan dans la lumière jaune que l'aube poussait par les meurtrières : les deux patients vivraient.<br><br />
<br />
''<span style="color:#00008B">"La vache... Quelle nuit !<br><br />
''<span style="color:#00008B">_J'ai bien cru y rester.<br><br />
''<span style="color:#00008B">_J'suis désolé d'avoir laissé l'autre Sylvain s'enfuir...<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Écoute, on est vivants : si comme nous t'avais vu ce qui reste du Grêlé, ça te suffirait.<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Ah... il est vraiment mort ?<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Très.<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Désolé, Messire le Moineau.<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Ben... il était pas sympa, mais on est plus bien nombreux de notre patrouille... J'ai ramené la cape au fait, mais elle marche plus. Y a une espèce de treillis de métal, dedans, mais j'ai cassé le fermoir et...<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Donne-moi ça, j'y jetterais un œil plus tard. Dîtes-donc, Eldan, allez donc éteindre le phare s'il-vous-plait, là-haut : je ne crois pas que ça serve de le laisser brûler toute la journée."</span><br><br />
Et quand l'éclaireur fut parti, Vighnu demanda : ''<span style="color:#00008B">"J'ai rien compris : qu'est-ce qu'il te voulait l'autre malade ?''<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Je crois qu'il voulait la sphère de Langard. Je suppose que son tueur et lui trainaient exprès ici, sachant que si une espèce de fantôme inquiétait la mine, on m'enverrait forcément enquêter et que j'aurais la sphère avec moi. Il nous a donc attendus...<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Et piégés, séparés... et massacrés. Je ne sais pas encore quand ni comment, mais il faudra trouver un moyen de l'éliminer, ce fumier-là. Qu'est-ce qu'il peut en faire, de cette boule ?<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Des tas de choses ! Elle démultiplie la portée des sorts, déjà, et à mon avis c'est ce qui l'intéressait : avec elle, il pensait pouvoir accéder magiquement au sarcophage et peut-être soigner les blessures qu'il conserve de l'effondrement de la falaise.<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Mais... il est plus là, le sarcophage, non ?<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Non, il est parti hier avec les Muraille. Mais je ne crois pas qu'il l'ait compris avant de m'avoir poursuivi ici. Peut-être qu'il a gouté l'eau qui s'écoule vers la chapelle, peut-être qu'une fois calmé il a pensé être maintenant assez près, tenté de repérer l'artefact juste "senti" qu'il n'était plus là... Alors il est parti.<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Merde ! Mais alors les Muraille et leur chariot...<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Ils devaient déjà être à Tal Endhil quand Urgrand nous est tombés dessus. C'est à une journée de marche, ils ont un jour d'avance : c'est pas en courant derrière eux qu'on pourra quoi que ce soit. Allumer le feu d'alerte a du suffire : notre fier Capitaine doit être aux aguets, il les protégera.<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Et tu dis qu'il était blessé, là ?<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Oh oui : il boitait, il avait le visage un peu "tordu" et puis il y avait sa main, toute disloquée et couverte de poils...<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Oui, oui, j'ai vu : brrrr. Mais putain, qu'est-ce que ce sera s'il nous tombe dessus en pleine forme !<br><br />
''<span style="color:#00008B">_C'est bien le problème : on le reverra.<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Il t'a dit ça ?<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Non mais s'il avait pu se soigner seul, par la Porte-sous-la-Montagne ou ailleurs, il l'aurait déjà fait : si la seule solution qui lui reste c'est le sarcophage, il n'abandonnera pas de sitôt."</span><br><br />
<br />
== Epilogue ==<br />
<br />
Le lendemain soir, Eldan, Andréas, Vignu et Neri'Helin atteignirent le village avec le corps des templiers et du Grêlé attachés sur une mule, Totor portant toujours Gavin. Ils firent leur rapport au Capitaine, présentèrent la cape (''<span style="color:#00008B">"À première vue, on dirait qu'elle utilise une maille de fils d'argent pour transmettre l'énergie du porteur vers l'extérieur, et activer le sortilège d'occultation inscrit dans le fermoir. _Et on peut la réparer ? _Je n'en sais rien, je suppose qu'il faudrait plus qu'un orfèvre..."</span>''), furent tous rassurés sur le sort du sarcophage (''<span style="color:#00008B">"C'est réglé, je ne veux plus un mot à ce sujet."</span>'') et envoyés se reposer avec ses remerciements.<br />
Après leur départ, Durgaut s'installa au parapet du donjon et soupira : la Fouille alité pour des semaines, le Grêlé mort d'horrible manière, deux templiers perdus... en comptant ceux que le commandeur [[Bagoran de Marale]] avait laisser pour protéger l'abbé [[Dolomire]], la démission de [[Nevel Sholdanan]] et les six mercenaires expédiés à Aroche, il lui restait 12 hommes pour défendre le village d'un sorcier psychotique et d'un truand revanchard, mener ses projets et tenir la passe de [[Nilfenan]] selon le traité conclu avec les Emishen : en attendant que [[Bahardabras]] reviennent avec des mercenaires hornois, les prochaines semaines allaient lui sembler longues...<br />
<br />
<br />
'''[[9) "Reishin Ghoran"|<< Épisode Précédent]] | [[11) "Toutes voiles dehors !"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Liste des Épisodes|<= retour à la LISTE des ÉPISODES]]'''<br />
<br />
[[Catégorie:Épisodes]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/10)_%22Nuit_Blanche%2210) "Nuit Blanche"2014-09-08T15:39:01Z<p>Aloun : /* La planque */</p>
<hr />
<div><br />
== Ordre de mission ==<br />
<br />
''Après avoir embêté plusieurs PJ (Hadrien Muraille, le Capitaine et [[Lel'Liamil]]) avec des événements étranges autour de la Mine Bénie, est arrivé le moment où [[Durgaut]] a consulté [[Vighnu]] (son assassin) et [[Andréas]] (son consultant en magie et autres choses surnaturelles) pour voir ce qu'on pouvait faire concernant la rumeur tenace d'un rôdeur au chantier. Si cette petite intrigue devait initialement se régler "par mail", un heureux hasard a voulu que Vighnu réclame un pisteur pour l'assister dans une possible traque au moment où, entre deux expatriations professionnelles, Aloun était disponible pour jouer. On a donc saisi l'opportunité d'en faire un court Épisode par Rolisteam (et j'ai modifié l'identité du "rôdeur" pour leur mettre une réelle adversité), histoire de jouer une dernière fois avec lui avant qu'il ne change de continent. Pas de bol : il n'a pu jouer qu'une séance sur les deux, mais XO l'a remplacé au pied levé.''<br />
<br />
'''Protagonistes :'''<br />
<br />
''_Andréas "Odran" (Humphrey B)<br />
<br />
''_Vighnu Pratesh (Loriel)<br />
<br />
''_Eldan le Moineau (Aloun, puis XO)<br />
<br />
<br />
<br />
== Prologue ==<br />
<br />
[[Hadrien Muraille]], sa famille et les géants menés par [[Neri'Helin]] passaient la sixième semaine à faire surgir des gravats de la Mine Bénie une tour de quatre étages dotées d'une herse, d'un fanal, de montes-charges et même d'une chapelle au Premier Seigneur des Batailles, [[Herem]] (apparu sur le site dans toute sa divine grandeur pour sauver les Talendan des assiégeants Kormes deux semaines auparavant), lorsque la dresseuse et les mercenaires chargés de protéger le chantier (et son précieux contenu : le fameux "sarcophage de résurrection" récupéré lors de Terrain Minier) s'avisèrent qu'un "intrus" rôdait dans les parages. Il était à la fois trop discret pour que les guetteurs les plus habiles puissent le surprendre, assez "léger" (ou doué) pour ne point laisser d'empreintes derrière lui mais assez "corporel" pour faire bouger les branches de sapins sur son passage et assez "surnaturel" pour inquiéter les géants peureux.<br />
Averti par Lel'Limail venu visiter le chantier, notre sémillant Capitaine convoqua son expert en surnaturel, le chroniqueur Andréas Odran : si ce n'était ni le spectre d'un des (nombreux) trépassés lors de "Terrain Minier", ni un guetteur korme ni [[Etayn-la-Louve]] (trop habile avec les bêtes pour inquiéter des géants), ce pouvait encore bien être un membre de la Confrérie du Chacal ou, pire, un vilain sorcier, peut-être même [[Urgrand]]. Auquel cas, il fallait enquêter et prendre des précautions...<br />
<br />
== La planque ==<br />
<br />
Au début de la 7° semaine depuis la bataille, peu après le départ de la nef pour [[Aroche]], Andréas et Vighnu Pratesh se rendirent donc sur place, le second dans le vague espoir de toucher la prime mise sur la tête du sorcier par les Kormes, et y retrouvèrent [[Eldan-le-Moineau]], resté à la tour après sa garde d'une semaine pour continuer à surveiller avec la dresseuse intriguée et Totor, le géant à son papa [[Adira]] (parti pour Aroche), demeurant sur place jusqu'à ce que soit guéri un gros bobo à sa papatte.<br />
Les 3 malheureux mineurs -rescapés de "[[Terrain Minier]]" et logés sur place dans la [[Mine Bénie]] en attendant du renfort pour se mettre à extraire le minerai d'argent- étaient presque aussi inquiets que le géant et accablèrent les arrivants de maintes légendes idiotes, mais comme il semblait bien que l'intrus vint presque chaque nuit, nos trois chasseurs mirent au point un signal avec les deux mercenaires ([[Gavin la Fouille]] et [[Sigwald le Grêlé]]) et deux templiers qui garderaient l'endroit pendant la nuit, puis allèrent s'embusquer un peu avant le crépuscule dans les pentes rocailleuses que formaient les montagnes alentour.<br />
<br />
<br />
[[fichier:Terrain minier 3.jpeg|600 px|thumb|left|Mine Bénie]]<br />
<br />
<br />
Ils restèrent ainsi, presque sans bouger ni parler, pendant de longues heures glacées, à surveiller le moindre mouvement parmi les rares sapins enténébrés, la moindre ombre sur la neige maculée de boue gelée... jusqu'à ce que Vighnu distingue une forme floue glissant parmi quelques broussailles étiques et expirant par moment un nuage de vapeur. Ses compagnons, une fois avertis à voix basse, se crevaient néanmoins les yeux sans rien voir. Aussi le "chroniqueur" entreprit-il de projeter son esprit dans la direction indiquée par le Fehnri pour y découvrir... une silhouette floue et sans visage. D'abord surpris, il réalisa vite que l'intrus employait sans doute une sorte de camouflage magique ou un sort de dissimulation, et notre mage en conclut qu'ils avaient affaire à un sorcier. Précautionneux, nos chasseurs décidèrent donc de ne pas prendre de risque et Eldan banda son arc pour l'abattre d'une flèche dans le dos, comme ça, sans même dire "bonsoir".<br />
Eldan avait-il méjugé de la distance à cause de l'obscurité, l'intrus portait-il une armure ? Toujours est-il que, après une exclamation de douleur, loin de s'étaler dans son sang, la silhouette s'élança à toutes jambes dans le versant irrégulier de la montagne, Vighnu et Eldan cavalant bientôt derrière elle pendant qu'Andréas appelait l'hallali, rameutant les guerriers à l'affût dans la tour.<br />
<br />
== Chasse aux sorciers ==<br />
<br />
Plus agile en montagne et ses sens plus aiguisés, Eldan distança bientôt le fehnri dans la poursuite de l'intrus invisible en se guidant sur les seuls le bruits de course, ses occasionnelles empreintes dans les dernières plaques de neige, les branches mouvantes de sapin ou son ombre intermittente sur les rochers.<br />
Quoiqu'il perdit fréquemment du terrain pour chercher sa proie, le jeune éclaireur avait suffisamment repéré les environs pour savoir que, s'il continuait de longer les pentes vers le sud, l'Invisible atteindrait bientôt un fort torrent, puis une élévation abrupte et, au-delà, une faille infranchissable... ''(Les 3 PJ avaient en effet commencé la séance par un gros jet de préparation commun, ils avaient donc du bonus en stock pour la séquence "embuscade" de leur plan, même s'il est parti en sucette au premier tir...)''<br />
Eldan dévala donc la pente vers l'unique gué sur le torrent, persuadé de pouvoir y intercepter le fugitif : manquant plusieurs fois de se blesser en bondissant comme un cabri parmi les buissons rabougris et les blocs rocailleux, il atteignit bientôt la large plate-forme rocheuse au bord de laquelle le courant, après avoir buté sur un rebord de pierres, se déversait en une courte chute d'eau vers un bassin en contrebas. L'arc bandé, attentif au moindre bruit discernable malgré le roulement des flots, scrutant la nuit à la pointe de sa flèche, il attendit. Un raclement de cailloux lui fit tourner la tête et, soudain, il discerna l'ombre indistincte que l'être translucide projetait sur les rochers dans la faible clarté des deux lunes, et décocha au jugé : le trait effleura la cible pour se perdre vers les rares sapins de l'autre rive, mais une soudaine gerbe d'eau trahit l'Indistinct : il venait de plonger dans le torrent.<br />
À quelques 100aines de mètres derrière lui et maintenant complètement semé, Vighnu vit alors arrivé Neri'Helin juchée sur un Totor galopant et lui fit signe de chercher à l'ouest, vers l'aval, pendant que lui-même presserait au sud en longeant les crêtes. Ils progressaient prudemment, attentifs au moindre souffle de vent dans les broussailles lorsque l'appel d'Eldan leur parvint : l'intrus fuyait par l'étang.<br />
<br />
Après avoir vu passé la dresseuse indigène sur son lourdaud de géant et s'être fait doublé par le Grêlé, galopant à sa suite la lance à la main, Andréas (décidément peu fait pour la course à pied), avait été rejoint par Gavin la Fouille et, le temps de reprendre son souffle, utilisa la sphère alourdissant son havresac pour projeter son esprit par-dessus les pentes rocheuses et les fourrés, repérant bientôt Totor, sa cavalière, Vighnu et Eldan : ''<span style="color:#00008B">"Ils sont au bassin !"</span>'' expliqua-t-il à l'écuyer qui, sans trop se demander comment le chroniqueur pouvait bien le savoir, s'élança à son tour. Andréas regardait son dernier compagnon s'éloigner au pas de charge... quand une francisque jaillie d'un bosquet frappa l'apprenti guerrier en pleine course, enfonçant son thorax et le basculant dans la rocaille.<br />
Atterré, Andréas vit alors un barbu aux longs cheveux noirs sortir des sapins et s'avancer d'un pas heurté, traînant la patte et un épais bandage couvrant sa main gauche : ''<span style="color:#00008B">"Hé bien, nous voilà enfin seuls ! Donne-moi ce sac, magicien de cabaret, et je te laisserais probablement vivre."</span>'' Reconnaissant alors le fameux Urgrand, Andréas tira sa dague… et se mit à crier à l'aide.<br />
<br />
À force de scruter la surface de l'eau à travers la légère brume, notre éclaireur finit par distinguer une sorte de perturbation dans les vaguelettes du lac et tira une nouvelle flèche, sans grand résultat. Mais comment trouver un type invisible dans un lac la nuit ? Eldan s'énervait lorsque Vighnu, la dresseuse et le géant déboulèrent des contreforts pour se joindre à la traque, commençant à contourner l'étang pour que leur proie ne s'échappe pas par l'autre côté, guettant un mouvement dans l'eau... sans grand résultat. <br><br />
<br />
''<span style="color:#00008B">"Ça fait combien de temps qu'il est sous l'eau, là ? <br><br />
''<span style="color:#00008B">_C'est à dire que s'il est invisible, il peut facilement sortir la tête pour respirer sans qu'on le voit. <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Oui mais ça caille, là : il va finir par geler, le gars. <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Mais ça peut prendre un moment. <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Et si on avançait dans l'eau ? C'est pas très profond, on pourrait sans doute le débusquer à nous trois, plus Totor..."</span>''.<br><br />
Mais un cri venant des hauteurs interrompit leurs réflexions : <br><br />
''<span style="color:#00008B">"C'était quoi, ça ? <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Chut, j'écoute !... Merde, je crois que c'est Andréas... <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Et qu'est-ce qu'il crie ? <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Je ne sais pas, mais je vais aller voir."</span> <br><br />
<br />
Et soudain, derrière eux, l'eau remua : ''<span style="color:#00008B">"Là, il est là"</span>'' cria Eldan, ''<span style="color:#00008B">"cette fois je vais me le faire !"</span>'' Et, jetant son arc sur la rive, il tira son épée pour foncer dans l'eau [et une Réaction à 5, une !]. Vighnu hésita une seconde à lui porter assistance mais, lorsqu'un nouveau hurlement retentit au loin, fonça vers les crêtes.<br />
<br />
== Face au danger ==<br />
<br />
Andréas, la besace posée derrière-lui dans les buissons, fit bravement face au sorcier qui s'approchait en claudiquant d'un pas irrégulier mais tranquille, dégainant lentement une épée : <br><br />
<br />
''<span style="color:#00008B">"Sois raisonnable : donne-moi ce sac ou je vais devoir te saigner comme un porc pour le prendre. <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Tu... tu as tué [[Rohanan]] ! <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Qui ?"</span> <br><br />
<br />
Plus que les insultes, les menaces ou sa suprême arrogance, c'est ce dédain pour l'ami dont il avait brisé les vertèbres qui fit gronder la rage dans les veines du chroniqueur : hurlant comme un possédé, Andréas chargea la dague à la main. La lame pénétra la veste de cuir et s'enfonça dans le flanc du Sylvain surpris : le jeune mage allait frapper une seconde fois quand il vit la blessure se cicatriser sous ses yeux et sentit une intense douleur envahir ses entrailles. Le Talendan connaissait déjà cette sensation et, bandant sa volonté contre celle du Sorcier, l'étonna à nouveau en repoussant le sort.<br />
<br />
Mais l'effort vidait son énergie et, bientôt, Andréas plia le genou devant l'ennemi, qui lui décocha un grand coup de pommeau dans le front et l'envoya bouler dans les fourrés. ''<span style="color:#00008B">"Alors comme ça on résiste, hein ? Qu'est-ce tu crois pauv'merde, que tu peux m'arrêter avec tes tours de passe-passe et ton couteau minable ? Tsss..."</span>''<br />
<br />
Son flegme maintenant disparu, le sorcier boitait en râlant pour ramasser le précieux sac quand une lourde lance lui transperça l'abdomen sans prévenir : le Sylvain n'avait pas vu arriver le Grêlé, alerté par les appels du chroniqueur.<br />
Mais au lieu de s'effondrer, le sorcier transpercé de part en part poussa un cri inhumain qui figea les deux Talendan : les aiguilles de pin tombèrent en pluie partout autour d'eux et, saisissant la hampe à pleines mains, Urgrand l'arracha d'une seule traction en répandant son sang aux alentours. Les buissons et les herbes folles, à peine reverdis par le printemps, se racornissaient tout autour du Sylvain, séchant et craquant au fur et à mesure que sa large plaie au ventre se refermait sous les yeux terrifiés du mercenaire. Sigwald le Grêlé, quoique tremblant, ne faiblit pas : tirant son épée, il franchit au pas de charge les quelques mètres qui le séparaient du sorcier sanglant et attaqua de toutes ses forces. Urgrand esquiva au dernier moment et rabattit le manche de la lance dans les côtes du mercenaire qui se fracturèrent sous l'impact, projetant les 80 kilos du guerrier à plusieurs mètres dans les sous-bois. Et quand Andréas en profita pour lui planter sa dague dans le dos, le sorcier commença vraiment à s'énerver...<br />
<br />
=== Interlude glacé ===<br />
<br />
Entré dans l'eau glaciale jusqu'à la ceinture et son ardeur illico refroidie (surtout quand il réalisa que ses compagnons le laissait seul avec un ennemi invisible), Eldan serrait la poignée de son épée fétiche en guettant la moindre ridule ou le moindre clapotis dans l'eau. Un remous lui permit de se retourner juste à temps pour voir soudain jaillir de l'étang une forme indistincte, comme une silhouette de verre partiellement ouverte sur une armure de cuir cloutée, un visage hirsute et un bras brandissant un poignard (parfaitement opaques, eux)... qui l'assaillit immédiatement. Le poignard aurait sans doute perforé le thorax de l'éclaireur s'il n'avait alors trébuché sur les galets tapissant le bassin et esquivé miraculeusement ''(1 pH)'' : aussitôt rétabli, Eldan attaqua de taille et d'estoc en profitant de l'allonge supérieure de sa propre lame, mais son adversaire se révéla tout aussi habile à l'esquive, parvenant au passage à dégainer un second poignard. Malgré l'étrangeté d'un combat contre un type dégoulinant dont la tête, dénudée de sa capuche dans le combat, les mains et parfois le ventre apparaissaient seuls tangibles aux limites d'un drapé invisible, l'éclaireur tenait courageusement tête au Sylvain et, feintant pour rentrer dans la garde de son adversaire, parvint à lui entailler profondément le flanc d'un revers d'épée avant de lui arracher la cape, brisant le fermoir qui en tenait le col. La lourde capeline apparaissant soudain de drap noir et détrempé au bras du Moineau, et lui-même étant maintenant complètement visible, le brigand plongea dans les profondeurs de l'étang et ne réapparu qu'après une longue brasse, s'échappant à la nage.<br />
<br />
=== Entre feu et loup ===<br />
<br />
Sous les yeux d'Andréas, les pupilles d'Urgrand avaient soudain jaunit et, sa mâchoire s'ouvrant jusqu'à se déboîter sur un hurlement bestial, ses articulations avaient claqué les unes après les autres, sa colonne vertébrale semblant s'affaisser vers l'avant alors que les doigts de sa main libre s'allongeaient en une patte griffue, l'autre perçant le pansement pour révéler une épaisse touffe de poils noirs. Et lorsque cette fourrure commença à recouvrir le cou et les pommettes du sorcier, son visage s'allongeant dans une suite de craquements hideux alors que ses canines poussaient, le chroniqueur compris qu'il allait y passer à moins d'une idée de génie... Il saisit sa dague pour tracer à toute vitesse des flammes dans la terre couverte de plantes mortes, jeta toutes ses forces dans son sort. Alors le monstre qu'était devenu Urgrand vit ses vêtements en loques crépiter et prendre feu, les cruelles flammèches l'entourèrent bientôt, montant autour de lui jusqu'à l'aveugler, gagnant sa fourrure et brûlant sa chaire, bientôt tremblante de la panique atavique du loup face au feu !<br />
''(Oh le beau sort d'illusion, oh la belle idée ! Andréas y a illico gagné 1pH.)''<br />
<br />
=== Les chasseurs pris en chasse ===<br />
<br />
Courant à la rescousse, Vighnu et [[Neri'Helin]] tombèrent bientôt sur Gavin la Fouille, baignant dans son sang mais toujours vivant après une longue dégringolade dans la pente hérissées de rochers, et malgré la profonde plaie ouverte dans son thorax par la francisque du sorcier. Mais Vighnu n'avait ni le matériel ni le temps pour soigner l'écuyer car, en haut de la pente, la rumeur du combat s'amplifiait. Ils chargèrent donc le blessé sur l'épaule velue de Totor (malgré les protestation du géant) et reprirent leur ascension précipitée pour découvrir bientôt un spectacle qui dépassait l'entendement :<br />
au milieu d'une large zone de végétation séchée et noircie comme par un soudain incendie, une forme à peine humaine semblait se disloquer en s'agitant follement, s'arrachant des poils et des lambeaux de vêtements avec des grognements furieux et des jappements plaintifs. À quelques pas de lui, Andréas tuméfié et en nage, se relevait péniblement, rampant et trébuchant pour s'éloigner du monstre devenu fou. ''<span style="color:#00008B">"COURS !"</span>'' lui cria Vighnu, à la fois blême et électrisé par l'adrénaline, ''<span style="color:#00008B">"COURS BON SANG !"</span>''. Le chroniqueur, d'abord trébuchant, saisit son sac par la sangle et s'éloigna bientôt d'un trot freiné par ses halètements, alors que la silhouette du sorcier reprenait peu à peu forme humaine dans ses vêtements déchiquetés, d'où perçait une main gauche déformée et velue.<br />
<br />
Urgrand jeta à peine un regard au géant terrifié qu'encadraient le Fehnri et la dresseuse, tous trois figés à 40 pas de lui, et clopina vers la forme affaissée du Grêlé en marmonnant : ''<span style="color:#00008B">"Ah le sale petit fils de pute... le sale petit merdeux... je vais le peler comme une pomme, je vais le noyer dans son sang, je vais le..."</span>''. Mais quand le mercenaire se releva soudain, l'épée à la main, le Sorcier le saisit à bras le corps avec un cri de joie, bientôt couvert par le hurlement de souffrance du guerrier, un hurlement qui se fit bientôt plus rauque, presque chevrotant, et mourut dans un râle indistinct.<br />
Quand il laissa le corps s'écrouler parmi les buissons pétrifiés, le Sorcier avait retrouvé sa stature et son énergie et, quoiqu'il traîna encore un peu la jambe et que son bras gauche sembla toujours coincé entre les formes humaine et lupine, c'est avec une joie féroce que le sorcier cria vers les sapins où disparaissait le chroniqueur : ''<span style="color:#00008B">"COURS ! COURS, PETIT LAPIN ! PARCE QUE LE MÉCHANT LOUP VA TE TROUVER ET TE aouch !"</span>''. La flèche de Neri'Helin lui ayant griffé la jambe, le Sorcier se retourna vivement, outré, et ramassa la lance du Grêlé pour la jeter à l'Emishen : il la rata de plusieurs mètres et ne toucha qu'un sapin, mais l'impact fut si violent que la hampe vola en éclats, le fer presque entièrement enfoncé à travers l'écorce. ''<span style="color:#00008B">"Oh putain !"</span>'' lâcha Vighnu, planqué derrière un (autre) tronc et atterré par la force du sorcier, alors que Totor s'enfuyait en hurlant, Gavin la Fouille toujours sanglé sur son épaule. <br><br />
''<span style="color:#00008B">"Tire encore ! Il faut l'attirer à nous pour permettre à Andréas de rejoindre la tour ! <br><br />
''<span style="color:#00008B">_J'avais qu'une seule flèche : le carquois est au dos d'Eldan ! <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Et meeerde... rattrape le géant, je vais tenter quelque chose !"</span><br><br />
<br />
Et alors qu'Urgrand repartait à grands pas saccadés aux trousses du jeune mage en chantonnant ''<span style="color:#00008B">"Petiiit laaaapin ! Viens voir par là, petit laaaaapin ! On va s'amuser, toi et moi !"</span>'', l'assassin pris le risque insensé de s'approcher de lui à moins de 30 pas pour lui lancer un de ses grands couteaux de jets hornois : la lourde lame en feuille de laurier se planta avec un bruit mat dans l'omoplate du sorcier, qui se retourna, l'arracha d'une main en beuglant ''<span style="color:#00008B">"Non mais c'est fini, oui ?!"</span>'' et la renvoya avec tant d'élan que, Vighnu s'étant jeté à terre pour esquiver, l'acier se tordit en cognant sur un rocher.<br />
Urgrand clopinait à nouveau en direction de la tour et le Fehnri, constatant que le poison dont il avait enduit son arme ne semblait pas tellement affecter le Sylvain, s'approcha du Grêlé pour voir s'il pouvait encore l'aider : il lui fallu quelques secondes pour comprendre que le petit vieillard squelettique nageant dans une armure trop grande, déjà froid, racorni et presque momifié, était le corps du mercenaire. ''<span style="color:#00008B">"Putain, putain, putain !"</span>''<br />
Pas pressé d'aller affronter le sorcier au corps à corps et confiant dans la protection que la tour offrirait à Andréas, Vighnu récupéra son couteau tordu et s'élança derrière Neri'Helin, à la poursuite du géant et du blessé.<br />
<br />
=== Une étrange cape ===<br />
<br />
Au bas de la pente, Eldan n'était pas assez idiot pour poursuivre un type à la nage avec son armure, son baudrier et son épée, surtout que le Sylvain semblait nager comme un poisson et que ses poignards l'avantageraient nettement si le Moineau venait à le rattraper dans l'eau. Il gagna donc la rive à grands pas et, grelottant dans la nuit glaciale, fonça vers son arc pour découvrir qu'il avait disparu : après une bordée de jurons, évaluant la distance que le Sylvain avait encore à nager, Eldan jeta la cape dans un buisson et s'élança au pas de course pour contourner le lac, espérant être assez rapide pour choper le fuyard au bord du bassin.<br />
Et, justement, le brigand détrempé atteignait la rive lorsqu'il entendit les pas rapides d'une course dans les galets : au delà de l’étroit cours d'eau par lequel l'étang se déversait dans les gorges encaissées pour rejoindre le torrent furieux qu'on entendait gronder en contrebas, le tenace éclaireur arrivait au pas de charge, dégainant son épée.<br />
Mais le Moineau aussi surveillait le brigand et, captant le geste vif et l'éclair métallique, se coucha en dérapant dans les galets pour éviter le poignard que l'autre lui avait jeté. Le temps de se relever et le Sylvain disparaissait à l'orée de la forêt toute proche ; le temps de franchir le courant qui lui arrivait à mi-cuisse et voulait l'entraîner dans le canyon, la silhouette du fuyard avait disparu.<br />
Renonçant bientôt à pister un forestier manifestement habile dans un bois inconnu en pleine nuit, Eldan revint sur ses pas et récupéra la cape au fermoir brisé. Il constata que son poids venait du maillage métallique qui en doublait l'intérieur, le bord inférieur étant prolongé par un liseré de fourrure épaisse et sombre, dont la saleté indiquait qu'elle devait servir à balayer les traces du porteur et, sa curiosité satisfaite pour l'instant, il se la jeta sur l'épaule et repartit vers la mine à petites foulées, sa course moins motivée par l'urgence que par le besoin de se réchauffer.<br />
Là-haut, près des crêtes, quelqu'un venait d'allumer le fanal de la tour.<br />
<br />
=== La herse ===<br />
<br />
Hors d'haleine et trébuchant, Andréas dévala le surplomb couvert de sapins qui bordait le glacis dégagé autour de la mine fortifiée et, voyant venir du secours, s'effondra dans les bras des deux templiers qui couraient à sa rencontre : <br><br />
<br />
''<span style="color:#00008B">"Mais bon sang, qu'est-ce qui se passe, dehors ? <br><br />
''<span style="color:#00008B">_HHHUrg... Hhhurgrand... hhh... le sorcier...<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Mettez-vous à l'abri, mon vieux : on va s'en occuper ! <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Non...hhh... non... attendez... il est trop... <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Rentrez et fermez la herse !"</span>'' lui cria le plus jeune des deux templiers qui, armes à la main, partaient déjà en courant vers la silhouette sombre apparue entre les arbres. Trottinant de son mieux vers la protection de la tour, le chroniqueur ne put s'empêcher de se retourner lorsqu'un cri plaintif retentit, et vit le premier templier s'effondrer, sa propre épée plantée de biaisdans son lourd casque d'acier. Il n'attendit pas que le second tombe à son tour pour franchir enfin le grand portail de bois par le vantail entr'ouvert, claquer la porte derrière lui, barrer la porte et s'affaler au sol pour reprendre son souffle. ''<span style="color:#00008B">"Mais qu'est-ce qui se passe, à la fin ?"</span>'' lui demanda alors un mineur moustachu, armé d'une pioche et manifestement inquiet. <br><br />
''<span style="color:#00008B">"Hhh... hhher... herse. <br><br />
''<span style="color:#00008B">_La herse ? Quoi, la herse ?<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Fermez...la herse. <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Fermer la herse ?! Mais enfin il y a encore tous vos amis dehors et... <br><br />
''<span style="color:#00008B">_FERME-LA PUTAIN DE HERSE, DUCON, LE SORCIER ARRIVE !"</span> <br><br />
<br />
Et tandis que le mineur effrayé gagnait l'étage supérieur en criant à ses camarades ''<span style="color:#00008B">"On est attaqués ! On est attaqués ! Allumez le fanal !"</span>'', Andréas claudiqua hors du couloir d'entrée, escalada à quatre pattes l'escalier à vis qui sentait encore le ciment frais et atteignit la salle de garde obscure surplombant l'assommoir, où les meurtrières dominant le portail laissaient entrer la pâle lueur des deux lunes et de lointains hurlements de souffrance. Malgré sa terreur, le scribe redescendit en haletant pour trouver une torche allumée, remonter péniblement et en éclairer la salle de garde, découvrant les énormes rouages du treuil retenant la herse. Du dehors, lui parvint un appel sarcastique, tout proche : ''<span style="color:#00008B">"Tu es là-dedans, petit lapin ? Et tu crois que c'est assez solide pour m'empêcher d'entrer ? Attends voir..."</span>''<br />
<br />
Un choc monstrueux ébranla le portail, effrayant la seule mule qui occupât l'écurie du rez-de-chaussée. Après avoir essayé plusieurs leviers en vain, Andréas domina la panique qui le gagnait à chacun des coups de boutoir qui résonnaient dans la tour et parvint enfin à libérer l'engrenage qui se mit à tournoyer, entraîné par le poids de la lourde grille de chêne et d'acier qui tombait au ralenti vers le sol. Un craquement terrible précéda les bruits de rebonds métalliques et le chroniqueur compris que le portail cédait : encore deux coups et il entendit le raclement des portes disjointes s'ouvrant sur le sol de terre battue.<br />
Puis les pas, irréguliers mais toujours tranquilles, qui s'avançaient dans le couloir, juste sous les genoux tremblants d'Andréas, s'efforçant de ne faire aucun bruit en poussant le madrier verrouillant la herse : ''<span style="color:#00008B">"Tu es là mon petit lapin ! Je te sens ! Dis-donc, il a bien bossé votre vioque, là. Sincèrement, je suis épaté. Mon gars et moi, on regardait le chantier se monter, l'autre jour, et je lui disais justement : c'est pourtant vrai qu'ils bossent vite, tu vas voir que ça va bien me prendre une heure pour raser tout ça. Mais justement, je suis pressé, alors donne-moi la sphère et je m'en irai. Je te le promets, petit lapin : passe-moi l'artefact que l'autre croulant m'a volé et je renonce à t'écorcher vif. Tiens, tu vois la petite trappe au milieu de la pièce ? Regarde donc, c'est pas loin de tes pieds. Tu ouvres la petite trappe, tu y laisses tomber la sphère et c'est fini, je te jure que je vous laisserait vivre tous les 4, les autres creuses-misère et toi. Qu'est-ce que tu en dis, mon p'tit lapin ? Tu veux me faire plaisir ? Tu veux vivre encore un peu ? Ou je vais devoir vous tuer un par un, comme j'ai déjà massacré tous les autres corniauds, là-dehors ?"</span>''<br />
<br />
Recroquevillé autour de la précieuse sphère dans son havresac, serrant les dents de peur et de rage, Andréas ne lâchait pas un son. ''<span style="color:#00008B">"Bon tu te dépêches ? File-moi la boule !"</span>'' appelait la voix d'Urgrand, de plus en plus tendue et amplifiée par le couloir voûté, 5 mètres plus bas. ''<span style="color:#00008B">"J'ai pas que ça à foutre, non plus ! Donne-moi la putain de boule ou je vais tout péter dans cette tour de merde ! Ça suffit maintenant !"</span>'' Le chroniqueur ne put retenir un gémissement lorsque Urgrand entreprit de soulever la herse, dont le cadre heurta bientôt le madrier servant de loquet, et retomba avec un bruit sourd.<br />
''<span style="color:#00008B">"Han...ah la vacherie, c'est lourd... Allez, là j'en ai marre ! (un grand coup dans la herse fit tinter les pierres de la tour : blang !) Ouvre-moi, avorton de pute ! (blang ! blang !) Ouvre-moi, sale merdeux ! (blang !) Ouvre-moi ou je te jure que je vais t'arracher les yeux (blang !) pour te les faire bouffer ! (blang !)"</span>'' Un cri de rage, de nouveaux coups, un craquement de bois quand le sorcier passa ses nerfs sur les débris du portail... et puis plus rien.<br />
<br />
== Silence ==<br />
<br />
Eldan grimpait agilement, toujours au trot : il coupa par le lit d'un ruisseau, escalada l'autre versant et ralentit prudemment en arrivant au dernier bosquet avant le glacis. Il n'entendait plus de cri ni aucune sorte de bruit et ne voyait rien d'autre en bas de la tour que le portail béant, mais il commença par se rapprocher de la falaise par le nord-est, restant à la lisière des sapins afin de vérifier qu'aucune menace ne restait tapie dans l'ombre de la crête rocheuse. C'est ainsi qu'il trébucha soudain sur les jambes brisées d'un templier, assis, cloué par sa propre lance au fût d'un sapin, les mains broyées et sanglantes, respirant à peine. L'éclaireur croisa son regard suppliant et, après avoir vérifié qu'ils étaient bien seuls, pris appui sur le tronc pour extraire la lance, coucher doucement le templier sur le flanc et panser brièvement sa blessure à l'abdomen, la seule pour laquelle il put quelque chose : <br><br />
<br />
''<span style="color:#00008B">"Ss...cier. <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Du calme, ça va aller. Où est-il ?<br> <br />
''<span style="color:#00008B">_...t...our... <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Il faut que j'aille voir ce qui se passe, mais je vais revenir. <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Hhg...hh.. <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Tenez bon, je reviendrai vous chercher."</span><br><br />
<br />
Il s'éloigna alors d'un pas souple, longea la falaise par l'est, atteignit la tour, rasa le mur silencieusement et, très prudemment, jeta un œil par le portail défoncé : personne. Il s'avança jusqu'à la herse toujours baissée, nota les traces de coups marquées dans le bois et le métal, voulu la secouer pour vérifier sa solidité et ne parvint pas à la faire broncher d'un millimètre. Il ressortit, vérifia encore les alentours et revint pour appeler : <br><br />
''<span style="color:#00008B">"Hoho !? C'est Eldan ! Tout le monde va bien ? Youhou ? Qu'est-ce qui a enfoncé le portail ? Totor ?"<br><br />
Après un instant, la trappe de l'assommoir s'ouvrit, Andréas vérifia qu'il avait bien affaire au Moineau et répondit :<br><br />
''<span style="color:#00008B">"Urgrand nous est tombé dessus, et il a attaqué la tour. Je... je crois qu'il a tué... tous les autres. <br><br />
''<span style="color:#00008B">_J'ai trouvé les templiers mais pas... attends : quelqu'un arrive."</span><br><br />
Collé au mur, l'épée au clair, l'éclaireur passa la tête à l'extérieur et vit Totor descendre la colline boisée en portant un corps inanimé, Neri'Helin le menant doucement par la main et Vighnu penché sur quelque chose d'indiscernable dans la pente (le corps de l'autre templier).<br />
<br />
Quand ils furent certains qu'Urgrand était parti et tous rassemblés dans la tour, Eldan, Neri'Helin et Totor retournèrent chercher le templier agonisant pendant qu'on installait Gavin sur une table au premier étage : le Fehnri avait fait de son mieux pour maintenir l'écuyer en vie jusque là, mais ils allaient maintenant devoir opérer pour tenter de le sauver. Andréas et lui se répartirent les tâches, Eldan étant aussitôt promu infirmier. Un travail dont il s'acquitta avec excellence, faisant bouillir de l'eau et des linges, passant les bons instruments et les bons onguents aux bons moments. Les deux "toubibs" s'affairaient ensemble, l'assassin-apothicaire formé à la chirurgie et le mage-herboriste-médecin se complétant fort bien, et après une longue et sanglante opération, ils bandèrent la plaie et se penchèrent sur le cas du templier. Les jambes étaient fracturées en trop d'endroits pour les sauver, et les deux médecins s'accordèrent pour amputer, mais purent sauver la vie du cul de jatte.<br />
Après des heures d'opérations, rompus de fatigue, ils s'assirent finalement avec Eldan dans la lumière jaune que l'aube poussait par les meurtrières : les deux patients vivraient.<br><br />
<br />
''<span style="color:#00008B">"La vache... Quelle nuit !<br><br />
''<span style="color:#00008B">_J'ai bien cru y rester.<br><br />
''<span style="color:#00008B">_J'suis désolé d'avoir laissé l'autre Sylvain s'enfuir...<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Écoute, on est vivants : si comme nous t'avais vu ce qui reste du Grêlé, ça te suffirait.<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Ah... il est vraiment mort ?<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Très.<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Désolé, Messire le Moineau.<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Ben... il était pas sympa, mais on est plus bien nombreux de notre patrouille... J'ai ramené la cape au fait, mais elle marche plus. Y a une espèce de treillis de métal, dedans, mais j'ai cassé le fermoir et...<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Donne-moi ça, j'y jetterais un œil plus tard. Dîtes-donc, Eldan, allez donc éteindre le phare s'il-vous-plait, là-haut : je ne crois pas que ça serve de le laisser brûler toute la journée."</span><br><br />
Et quand l'éclaireur fut parti, Vighnu demanda : ''<span style="color:#00008B">"J'ai rien compris : qu'est-ce qu'il te voulait l'autre malade ?''<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Je crois qu'il voulait la sphère de Langard. Je suppose que son tueur et lui trainaient exprès ici, sachant que si une espèce de fantôme inquiétait la mine, on m'enverrait forcément enquêter et que j'aurais la sphère avec moi. Il nous a donc attendus...<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Et piégés, séparés... et massacrés. Je ne sais pas encore quand ni comment, mais il faudra trouver un moyen de l'éliminer, ce fumier-là. Qu'est-ce qu'il peut en faire, de cette boule ?<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Des tas de choses ! Elle démultiplie la portée des sorts, déjà, et à mon avis c'est ce qui l'intéressait : avec elle, il pensait pouvoir accéder magiquement au sarcophage et peut-être soigner les blessures qu'il conserve de l'effondrement de la falaise.<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Mais... il est plus là, le sarcophage, non ?<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Non, il est parti hier avec les Muraille. Mais je ne crois pas qu'il l'ait compris avant de m'avoir poursuivi ici. Peut-être qu'il a gouté l'eau qui s'écoule vers la chapelle, peut-être qu'une fois calmé il a pensé être maintenant assez près, tenté de repérer l'artefact juste "senti" qu'il n'était plus là... Alors il est parti.<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Merde ! Mais alors les Muraille et leur chariot...<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Ils devaient déjà être à Tal Endhil quand Urgrand nous est tombés dessus. C'est à une journée de marche, ils ont un jour d'avance : c'est pas en courant derrière eux qu'on pourra quoi que ce soit. Allumer le feu d'alerte a du suffire : notre fier Capitaine doit être aux aguets, il les protégera.<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Et tu dis qu'il était blessé, là ?<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Oh oui : il boitait, il avait le visage un peu "tordu" et puis il y avait sa main, toute disloquée et couverte de poils...<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Oui, oui, j'ai vu : brrrr. Mais putain, qu'est-ce que ce sera s'il nous tombe dessus en pleine forme !<br><br />
''<span style="color:#00008B">_C'est bien le problème : on le reverra.<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Il t'a dit ça ?<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Non mais s'il avait pu se soigner seul, par la Porte-sous-la-Montagne ou ailleurs, il l'aurait déjà fait : si la seule solution qui lui reste c'est le sarcophage, il n'abandonnera pas de sitôt."</span><br><br />
<br />
== Epilogue ==<br />
<br />
Le lendemain soir, Eldan, Andréas, Vignu et Neri'Helin atteignirent le village avec le corps des templiers et du Grêlé attachés sur une mule, Totor portant toujours Gavin. Ils firent leur rapport au Capitaine, présentèrent la cape (''<span style="color:#00008B">"À première vue, on dirait qu'elle utilise une maille de fils d'argent pour transmettre l'énergie du porteur vers l'extérieur, et activer le sortilège d'occultation inscrit dans le fermoir. _Et on peut la réparer ? _Je n'en sais rien, je suppose qu'il faudrait plus qu'un orfèvre..."</span>''), furent tous rassurés sur le sort du sarcophage (''<span style="color:#00008B">"C'est réglé, je ne veux plus un mot à ce sujet."</span>'') et envoyés se reposer avec ses remerciements.<br />
Après leur départ, Durgaut s'installa au parapet du donjon et soupira : la Fouille alité pour des semaines, le Grêlé mort d'horrible manière, deux templiers perdus... en comptant ceux que le commandeur [[Bagoran de Marale]] avait laisser pour protéger l'abbé [[Dolomire]], la démission de [[Nevel Sholdanan]] et les six mercenaires expédiés à Aroche, il lui restait 12 hommes pour défendre le village d'un sorcier psychotique et d'un truand revanchard, mener ses projets et tenir la passe de [[Nilfenan]] selon le traité conclu avec les Emishen : en attendant que [[Bahardabras]] reviennent avec des mercenaires hornois, les prochaines semaines allaient lui sembler longues...<br />
<br />
<br />
'''[[9) "Reishin Ghoran"|<< Épisode Précédent]] | [[11) "Toutes voiles dehors !"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Liste des Épisodes|<= retour à la LISTE des ÉPISODES]]'''<br />
<br />
[[Catégorie:Épisodes]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/Mine_B%C3%A9nieMine Bénie2014-09-08T15:35:40Z<p>Aloun : Ajout image</p>
<hr />
<div>La "Mine Bénie", ainsi surnommée depuis une apparition divine qui y a sauvé [[6) "La Mine"|les Talendan assiégés par des Kormes]], est '''une mine d'argent''' ouverte en l'an 23 (il y a 14 ans) et exploitée depuis le village de [[Tal Endhil]], dont elle est la '''principale source de richesse'''.<br><br />
Le chef de ce village, actuellement le [[Capitaine Durgaut]], a toute autorité pour gérer l'extraction de minerai tant que l'état-major de Bragone reçoit la moitié de la production (comme pour tout les [[monopoles impériaux]]).<br />
<br />
[[fichier:Terrain minier 3.jpeg]]<br />
<br />
A = Ateliers (n'en reste quasiment que les fondations)<br />
B = probablement une sorte de cuisine ou de boulangerie<br />
E = Entrepôt (quelques outils, paniers et amphores sévèrement brûlés)<br />
F = forge, seule la cheminée du haut-fourneau tient encore debout<br />
h = habitations des mineurs<br />
H = sans doute une maison commune<br />
H 1 = logement individuel, sans doute du contremaître<br />
M = entrée de la mine, autrefois couverte<br />
P = Poste de garde, doté d'un étage (pas trop abîmé)<br />
Le sentier vers l'est conduit au site d'abattage, la "route" vers le sud est celle par laquelle les PJ sont arrivés (elle rejoint Tal Endhil, au nord-ouest, après avoir en contourné les crêtes.<br />
<br />
<br />
== Avant la campagne ==<br />
Située en altitude, dans les contreforts des [[Monts d'Azur]], elle se trouve à une grosse journée de voyage au sud-ouest de Tal Endhil, par un mauvais sentier pentu et rocailleux. L'installation s'est longtemps résumée à quelques huttes et une petite forge, protégée par une palissade de rondins et accueillant jusqu'à une quarantaine de travailleurs (mineurs, fondeurs, charpentiers et contremaîtres). Ceux-ci exploitaient la mine des premiers jours du printemps jusqu'aux tout début du rigoureux hiver nordique (selon l'expression consacrée "[[Calendrier|des Bourgeons aux Charbons]]"), abandonnant leur fortin avant que les neiges ne coupent la route pour passer l'hiver dans le (relatif) confort du village...<br />
<br />
Mais tout a changé depuis la [[Bataille de Tal Endhil]], au printemps 37 : avant même de s'attaquer au village proprement dit ou aux fermes de la vallée, les [[Kormes]] de [[Lashdan]] ont assailli la place et les mineurs qui n'y étaient revenus que depuis deux huitaines. Les rebelles ont ainsi massacré tout le monde, pillé l'outillage et le début de production d'argent, avant d'incendier l'endroit et d'attendre (pour d'étranges raisons) la première malheureuse patrouille à monter jusque là voir ce qui produisait tant de fumée...<br />
<br />
''Premier niveau de secret, accessible à quiconque possède des talents de minage, de prospection ou ou ont accès à la comptabilité de Tal Endhil.''<br />
{{Secrets|Si on en croit les quota établis l'année précédente par le Sénéchal [[Quentos]], la Mine Bénie devait alors produire quelques '''72kg d'argent (7.200 lunes !)''' et en envoyer 36kg à Bragone chaque année.<br><br />
Ça nous fait 6kg par mois, donc 3kg mensuels (300 lunes) pour l'Empire : c'est pas énorme étant donnée la taille de l'exploitation, et c'est l'une des raisons pour laquelle Durgaut a bientôt soupçonné un odieux détournement orchestré par son prédécesseur, le [[Lieutenant Armeld]]...}}<br />
<br />
== Depuis la bataille ==<br />
Suite à l'arrivée du [[Capitaine Durgaut]] et [[2) "Le Siège"|sa victoire sur les Kormes]], l'entreprenante [[Mérane "Roulier"]] a monté une première expédition pour rouvrir l'exploitation, principale source de richesse du village, avec une petite escorte, un plein convoi d'équipement, quelques ouvriers courageux et l'aide précieuse de [[Hadrien "Muraille"]] et d'[[Adira Pratesh]] (accompagné de son géant [[Totor]]). <br />
<br />
Après que le convoi se fut arrêté pour bâtir '''un magnifique pont''' à mi-chemin du sommet (et faciliter ainsi les futurs transports de minerais), '''l'entreprise faillit tourner au carnage''' lorsqu'il s'est avéré que des rebelles rôdaient encore dans le coin (voir les Épisodes [[5) "Le Pont"]] et [[6) "La Mine"]]).<br><br />
Non contents d'avoir harcelé les pauvres Talendan durant l'ascension, les maraudeurs menés par [[Urgrand]] et [[Etayn-la-Louve]] attaquèrent le campement à peine dressé sur le site de la mine incendiée. Alors que tout semblait perdu, et que les Talendan assiégés avaient du se retrancher dans les galeries de la mine, '''Herem, Premier Seigneurs des Batailles''' est soudain apparu dans le ciel nocturne pour mettre les assaillants en fuite et une falaise s'est alors effondrée sur la mine (!?).<br />
<br />
Fort heureusement, les secours promptement lancés depuis Tal Endhil parvinrent à dégager l'éboulement et découvrir que, malgré la destruction quasi-totale des équipements (outils, matériaux, chariots et même la roulotte d'Adira), la majorité des Talendan avaient survécu, terrés dans les galeries.<br />
<br />
== Reconstruction ==<br />
Depuis ces terribles événements, Mérane a monté un second convoi pour grimper là-haut son ami l'architecte, l'équipement et les ouvriers nécessaires à la réouverture de la précieuse mine d'argent durant la [[Huitaine 6|huitaine naissante des Semailles]] (juste avant que la caravanière ne [[11) "Toutes voiles dehors !"|parte pour Aroche]]).<br />
<br />
Le terrain effondré a été dégagé et '''une solide tour fortifiée''' y a été érigée pour défendre l'entrée des galeries.<br />
En plus d''''une petite chapelle dédiée à Herem''' (et dont on a un moment cru que l'eau pouvait guérir tous les maux), Hadrien Muraille a doté l'endroit d''''une petite écurie''', de '''quartiers d'habitation''' pour une 30aine de mineurs, d'un '''haut-fourneau''' à [[http://fr.wikipedia.org/wiki/Hypocauste hypocauste]] pour chauffer le tout et permettre aux mineurs de travailler même au plus froid de l'hiver nordique et même d''''un fanal d'alerte visible depuis Tal Endhil''' (il fut allumé pour la première fois lors de l'[[10) "Nuit Blanche"|Épisode 10]]).<br />
<br />
Tous ces travaux n'ont été possibles que grâce aux [[Géants]] de [[la Guilde]] (achetés avec les finances communes par [[Adira Pratesh]] afin de constituer un élevage), cornaqués depuis sur tous les chantiers d'Hadrien par une dresseuse du clan [[Edell'Okhil]], la charmante (mais ombrageuse) [[Neri'Helin]]. La considérable force de travail déployée par les grands primates, dont c'était la première réalisation, et coordonnée par leur dresseuse a ainsi permis de '''construire l'édifice en à peine plus d'une huitaine !'''<br />
<br />
[[Catégorie:géographie]]<br />
[[Catégorie:Marche des Lacs]]<br />
[[Catégorie:Économie]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/10)_%22Nuit_Blanche%2210) "Nuit Blanche"2014-09-08T15:28:32Z<p>Aloun : </p>
<hr />
<div><br />
== Ordre de mission ==<br />
<br />
''Après avoir embêté plusieurs PJ (Hadrien Muraille, le Capitaine et [[Lel'Liamil]]) avec des événements étranges autour de la Mine Bénie, est arrivé le moment où [[Durgaut]] a consulté [[Vighnu]] (son assassin) et [[Andréas]] (son consultant en magie et autres choses surnaturelles) pour voir ce qu'on pouvait faire concernant la rumeur tenace d'un rôdeur au chantier. Si cette petite intrigue devait initialement se régler "par mail", un heureux hasard a voulu que Vighnu réclame un pisteur pour l'assister dans une possible traque au moment où, entre deux expatriations professionnelles, Aloun était disponible pour jouer. On a donc saisi l'opportunité d'en faire un court Épisode par Rolisteam (et j'ai modifié l'identité du "rôdeur" pour leur mettre une réelle adversité), histoire de jouer une dernière fois avec lui avant qu'il ne change de continent. Pas de bol : il n'a pu jouer qu'une séance sur les deux, mais XO l'a remplacé au pied levé.''<br />
<br />
'''Protagonistes :'''<br />
<br />
''_Andréas "Odran" (Humphrey B)<br />
<br />
''_Vighnu Pratesh (Loriel)<br />
<br />
''_Eldan le Moineau (Aloun, puis XO)<br />
<br />
<br />
<br />
== Prologue ==<br />
<br />
[[Hadrien Muraille]], sa famille et les géants menés par [[Neri'Helin]] passaient la sixième semaine à faire surgir des gravats de la Mine Bénie une tour de quatre étages dotées d'une herse, d'un fanal, de montes-charges et même d'une chapelle au Premier Seigneur des Batailles, [[Herem]] (apparu sur le site dans toute sa divine grandeur pour sauver les Talendan des assiégeants Kormes deux semaines auparavant), lorsque la dresseuse et les mercenaires chargés de protéger le chantier (et son précieux contenu : le fameux "sarcophage de résurrection" récupéré lors de Terrain Minier) s'avisèrent qu'un "intrus" rôdait dans les parages. Il était à la fois trop discret pour que les guetteurs les plus habiles puissent le surprendre, assez "léger" (ou doué) pour ne point laisser d'empreintes derrière lui mais assez "corporel" pour faire bouger les branches de sapins sur son passage et assez "surnaturel" pour inquiéter les géants peureux.<br />
Averti par Lel'Limail venu visiter le chantier, notre sémillant Capitaine convoqua son expert en surnaturel, le chroniqueur Andréas Odran : si ce n'était ni le spectre d'un des (nombreux) trépassés lors de "Terrain Minier", ni un guetteur korme ni [[Etayn-la-Louve]] (trop habile avec les bêtes pour inquiéter des géants), ce pouvait encore bien être un membre de la Confrérie du Chacal ou, pire, un vilain sorcier, peut-être même [[Urgrand]]. Auquel cas, il fallait enquêter et prendre des précautions...<br />
<br />
== La planque ==<br />
<br />
'''Au début de la 7° semaine depuis la bataille''', peu après le départ de la nef pour [[Aroche]], Andréas et Vighnu Pratesh se rendirent donc sur place, le second dans le vague espoir de toucher la prime mise sur la tête du sorcier par les Kormes, et y retrouvèrent [[Eldan-le-Moineau]], resté à la tour après sa garde d'une semaine pour continuer à surveiller avec la dresseuse intriguée et Totor, le géant à son papa [[Adira]] (parti pour Aroche), demeurant sur place jusqu'à ce que soit guéri un gros bobo à sa papatte.<br />
Les 3 malheureux mineurs -rescapés de "[[Terrain Minier]]" et logés sur place en attendant du renfort pour se mettre à extraire le minerai d'argent- étaient presque aussi inquiets que le géant et accablèrent les arrivants de maintes légendes idiotes, mais comme il semblait bien que l'intrus vint presque chaque nuit, nos trois chasseurs mirent au point un signal avec les deux mercenaires ([[Gavin la Fouille]] et [[Sigwald le Grêlé]]) et deux templiers qui garderaient l'endroit pendant la nuit, puis allèrent s'embusquer un peu avant le crépuscule dans les pentes rocailleuses que formaient les montagnes alentour.<br />
<br />
Ils restèrent ainsi, presque sans bouger ni parler, pendant de longues heures glacées, à surveiller le moindre mouvement parmi les rares sapins enténébrés, la moindre ombre sur la neige maculée de boue gelée... jusqu'à ce que Vighnu distingue une forme floue glissant parmi quelques broussailles étiques et expirant par moment un nuage de vapeur. Ses compagnons, une fois avertis à voix basse, se crevaient néanmoins les yeux sans rien voir. Aussi le "chroniqueur" entreprit-il de projeter son esprit dans la direction indiquée par le Fehnri pour y découvrir... une silhouette floue et sans visage. D'abord surpris, il réalisa vite que l'intrus employait sans doute une sorte de camouflage magique ou un sort de dissimulation, et notre mage en conclut qu'ils avaient affaire à un sorcier. Précautionneux, nos chasseurs décidèrent donc de ne pas prendre de risque et Eldan banda son arc pour l'abattre d'une flèche dans le dos, comme ça, sans même dire "bonsoir".<br />
Eldan avait-il méjugé de la distance à cause de l'obscurité, l'intrus portait-il une armure ? Toujours est-il que, après une exclamation de douleur, loin de s'étaler dans son sang, la silhouette s'élança à toutes jambes dans le versant irrégulier de la montagne, Vighnu et Eldan cavalant bientôt derrière elle pendant qu'Andréas appelait l'hallali, rameutant les guerriers à l'affût dans la tour.<br />
<br />
== Chasse aux sorciers ==<br />
<br />
Plus agile en montagne et ses sens plus aiguisés, Eldan distança bientôt le fehnri dans la poursuite de l'intrus invisible en se guidant sur les seuls le bruits de course, ses occasionnelles empreintes dans les dernières plaques de neige, les branches mouvantes de sapin ou son ombre intermittente sur les rochers.<br />
Quoiqu'il perdit fréquemment du terrain pour chercher sa proie, le jeune éclaireur avait suffisamment repéré les environs pour savoir que, s'il continuait de longer les pentes vers le sud, l'Invisible atteindrait bientôt un fort torrent, puis une élévation abrupte et, au-delà, une faille infranchissable... ''(Les 3 PJ avaient en effet commencé la séance par un gros jet de préparation commun, ils avaient donc du bonus en stock pour la séquence "embuscade" de leur plan, même s'il est parti en sucette au premier tir...)''<br />
Eldan dévala donc la pente vers l'unique gué sur le torrent, persuadé de pouvoir y intercepter le fugitif : manquant plusieurs fois de se blesser en bondissant comme un cabri parmi les buissons rabougris et les blocs rocailleux, il atteignit bientôt la large plate-forme rocheuse au bord de laquelle le courant, après avoir buté sur un rebord de pierres, se déversait en une courte chute d'eau vers un bassin en contrebas. L'arc bandé, attentif au moindre bruit discernable malgré le roulement des flots, scrutant la nuit à la pointe de sa flèche, il attendit. Un raclement de cailloux lui fit tourner la tête et, soudain, il discerna l'ombre indistincte que l'être translucide projetait sur les rochers dans la faible clarté des deux lunes, et décocha au jugé : le trait effleura la cible pour se perdre vers les rares sapins de l'autre rive, mais une soudaine gerbe d'eau trahit l'Indistinct : il venait de plonger dans le torrent.<br />
À quelques 100aines de mètres derrière lui et maintenant complètement semé, Vighnu vit alors arrivé Neri'Helin juchée sur un Totor galopant et lui fit signe de chercher à l'ouest, vers l'aval, pendant que lui-même presserait au sud en longeant les crêtes. Ils progressaient prudemment, attentifs au moindre souffle de vent dans les broussailles lorsque l'appel d'Eldan leur parvint : l'intrus fuyait par l'étang.<br />
<br />
Après avoir vu passé la dresseuse indigène sur son lourdaud de géant et s'être fait doublé par le Grêlé, galopant à sa suite la lance à la main, Andréas (décidément peu fait pour la course à pied), avait été rejoint par Gavin la Fouille et, le temps de reprendre son souffle, utilisa la sphère alourdissant son havresac pour projeter son esprit par-dessus les pentes rocheuses et les fourrés, repérant bientôt Totor, sa cavalière, Vighnu et Eldan : ''<span style="color:#00008B">"Ils sont au bassin !"</span>'' expliqua-t-il à l'écuyer qui, sans trop se demander comment le chroniqueur pouvait bien le savoir, s'élança à son tour. Andréas regardait son dernier compagnon s'éloigner au pas de charge... quand une francisque jaillie d'un bosquet frappa l'apprenti guerrier en pleine course, enfonçant son thorax et le basculant dans la rocaille.<br />
Atterré, Andréas vit alors un barbu aux longs cheveux noirs sortir des sapins et s'avancer d'un pas heurté, traînant la patte et un épais bandage couvrant sa main gauche : ''<span style="color:#00008B">"Hé bien, nous voilà enfin seuls ! Donne-moi ce sac, magicien de cabaret, et je te laisserais probablement vivre."</span>'' Reconnaissant alors le fameux Urgrand, Andréas tira sa dague… et se mit à crier à l'aide.<br />
<br />
À force de scruter la surface de l'eau à travers la légère brume, notre éclaireur finit par distinguer une sorte de perturbation dans les vaguelettes du lac et tira une nouvelle flèche, sans grand résultat. Mais comment trouver un type invisible dans un lac la nuit ? Eldan s'énervait lorsque Vighnu, la dresseuse et le géant déboulèrent des contreforts pour se joindre à la traque, commençant à contourner l'étang pour que leur proie ne s'échappe pas par l'autre côté, guettant un mouvement dans l'eau... sans grand résultat. <br><br />
<br />
''<span style="color:#00008B">"Ça fait combien de temps qu'il est sous l'eau, là ? <br><br />
''<span style="color:#00008B">_C'est à dire que s'il est invisible, il peut facilement sortir la tête pour respirer sans qu'on le voit. <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Oui mais ça caille, là : il va finir par geler, le gars. <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Mais ça peut prendre un moment. <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Et si on avançait dans l'eau ? C'est pas très profond, on pourrait sans doute le débusquer à nous trois, plus Totor..."</span>''.<br><br />
Mais un cri venant des hauteurs interrompit leurs réflexions : <br><br />
''<span style="color:#00008B">"C'était quoi, ça ? <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Chut, j'écoute !... Merde, je crois que c'est Andréas... <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Et qu'est-ce qu'il crie ? <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Je ne sais pas, mais je vais aller voir."</span> <br><br />
<br />
Et soudain, derrière eux, l'eau remua : ''<span style="color:#00008B">"Là, il est là"</span>'' cria Eldan, ''<span style="color:#00008B">"cette fois je vais me le faire !"</span>'' Et, jetant son arc sur la rive, il tira son épée pour foncer dans l'eau [et une Réaction à 5, une !]. Vighnu hésita une seconde à lui porter assistance mais, lorsqu'un nouveau hurlement retentit au loin, fonça vers les crêtes.<br />
<br />
== Face au danger ==<br />
<br />
Andréas, la besace posée derrière-lui dans les buissons, fit bravement face au sorcier qui s'approchait en claudiquant d'un pas irrégulier mais tranquille, dégainant lentement une épée : <br><br />
<br />
''<span style="color:#00008B">"Sois raisonnable : donne-moi ce sac ou je vais devoir te saigner comme un porc pour le prendre. <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Tu... tu as tué [[Rohanan]] ! <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Qui ?"</span> <br><br />
<br />
Plus que les insultes, les menaces ou sa suprême arrogance, c'est ce dédain pour l'ami dont il avait brisé les vertèbres qui fit gronder la rage dans les veines du chroniqueur : hurlant comme un possédé, Andréas chargea la dague à la main. La lame pénétra la veste de cuir et s'enfonça dans le flanc du Sylvain surpris : le jeune mage allait frapper une seconde fois quand il vit la blessure se cicatriser sous ses yeux et sentit une intense douleur envahir ses entrailles. Le Talendan connaissait déjà cette sensation et, bandant sa volonté contre celle du Sorcier, l'étonna à nouveau en repoussant le sort.<br />
<br />
Mais l'effort vidait son énergie et, bientôt, Andréas plia le genou devant l'ennemi, qui lui décocha un grand coup de pommeau dans le front et l'envoya bouler dans les fourrés. ''<span style="color:#00008B">"Alors comme ça on résiste, hein ? Qu'est-ce tu crois pauv'merde, que tu peux m'arrêter avec tes tours de passe-passe et ton couteau minable ? Tsss..."</span>''<br />
<br />
Son flegme maintenant disparu, le sorcier boitait en râlant pour ramasser le précieux sac quand une lourde lance lui transperça l'abdomen sans prévenir : le Sylvain n'avait pas vu arriver le Grêlé, alerté par les appels du chroniqueur.<br />
Mais au lieu de s'effondrer, le sorcier transpercé de part en part poussa un cri inhumain qui figea les deux Talendan : les aiguilles de pin tombèrent en pluie partout autour d'eux et, saisissant la hampe à pleines mains, Urgrand l'arracha d'une seule traction en répandant son sang aux alentours. Les buissons et les herbes folles, à peine reverdis par le printemps, se racornissaient tout autour du Sylvain, séchant et craquant au fur et à mesure que sa large plaie au ventre se refermait sous les yeux terrifiés du mercenaire. Sigwald le Grêlé, quoique tremblant, ne faiblit pas : tirant son épée, il franchit au pas de charge les quelques mètres qui le séparaient du sorcier sanglant et attaqua de toutes ses forces. Urgrand esquiva au dernier moment et rabattit le manche de la lance dans les côtes du mercenaire qui se fracturèrent sous l'impact, projetant les 80 kilos du guerrier à plusieurs mètres dans les sous-bois. Et quand Andréas en profita pour lui planter sa dague dans le dos, le sorcier commença vraiment à s'énerver...<br />
<br />
=== Interlude glacé ===<br />
<br />
Entré dans l'eau glaciale jusqu'à la ceinture et son ardeur illico refroidie (surtout quand il réalisa que ses compagnons le laissait seul avec un ennemi invisible), Eldan serrait la poignée de son épée fétiche en guettant la moindre ridule ou le moindre clapotis dans l'eau. Un remous lui permit de se retourner juste à temps pour voir soudain jaillir de l'étang une forme indistincte, comme une silhouette de verre partiellement ouverte sur une armure de cuir cloutée, un visage hirsute et un bras brandissant un poignard (parfaitement opaques, eux)... qui l'assaillit immédiatement. Le poignard aurait sans doute perforé le thorax de l'éclaireur s'il n'avait alors trébuché sur les galets tapissant le bassin et esquivé miraculeusement ''(1 pH)'' : aussitôt rétabli, Eldan attaqua de taille et d'estoc en profitant de l'allonge supérieure de sa propre lame, mais son adversaire se révéla tout aussi habile à l'esquive, parvenant au passage à dégainer un second poignard. Malgré l'étrangeté d'un combat contre un type dégoulinant dont la tête, dénudée de sa capuche dans le combat, les mains et parfois le ventre apparaissaient seuls tangibles aux limites d'un drapé invisible, l'éclaireur tenait courageusement tête au Sylvain et, feintant pour rentrer dans la garde de son adversaire, parvint à lui entailler profondément le flanc d'un revers d'épée avant de lui arracher la cape, brisant le fermoir qui en tenait le col. La lourde capeline apparaissant soudain de drap noir et détrempé au bras du Moineau, et lui-même étant maintenant complètement visible, le brigand plongea dans les profondeurs de l'étang et ne réapparu qu'après une longue brasse, s'échappant à la nage.<br />
<br />
=== Entre feu et loup ===<br />
<br />
Sous les yeux d'Andréas, les pupilles d'Urgrand avaient soudain jaunit et, sa mâchoire s'ouvrant jusqu'à se déboîter sur un hurlement bestial, ses articulations avaient claqué les unes après les autres, sa colonne vertébrale semblant s'affaisser vers l'avant alors que les doigts de sa main libre s'allongeaient en une patte griffue, l'autre perçant le pansement pour révéler une épaisse touffe de poils noirs. Et lorsque cette fourrure commença à recouvrir le cou et les pommettes du sorcier, son visage s'allongeant dans une suite de craquements hideux alors que ses canines poussaient, le chroniqueur compris qu'il allait y passer à moins d'une idée de génie... Il saisit sa dague pour tracer à toute vitesse des flammes dans la terre couverte de plantes mortes, jeta toutes ses forces dans son sort. Alors le monstre qu'était devenu Urgrand vit ses vêtements en loques crépiter et prendre feu, les cruelles flammèches l'entourèrent bientôt, montant autour de lui jusqu'à l'aveugler, gagnant sa fourrure et brûlant sa chaire, bientôt tremblante de la panique atavique du loup face au feu !<br />
''(Oh le beau sort d'illusion, oh la belle idée ! Andréas y a illico gagné 1pH.)''<br />
<br />
=== Les chasseurs pris en chasse ===<br />
<br />
Courant à la rescousse, Vighnu et [[Neri'Helin]] tombèrent bientôt sur Gavin la Fouille, baignant dans son sang mais toujours vivant après une longue dégringolade dans la pente hérissées de rochers, et malgré la profonde plaie ouverte dans son thorax par la francisque du sorcier. Mais Vighnu n'avait ni le matériel ni le temps pour soigner l'écuyer car, en haut de la pente, la rumeur du combat s'amplifiait. Ils chargèrent donc le blessé sur l'épaule velue de Totor (malgré les protestation du géant) et reprirent leur ascension précipitée pour découvrir bientôt un spectacle qui dépassait l'entendement :<br />
au milieu d'une large zone de végétation séchée et noircie comme par un soudain incendie, une forme à peine humaine semblait se disloquer en s'agitant follement, s'arrachant des poils et des lambeaux de vêtements avec des grognements furieux et des jappements plaintifs. À quelques pas de lui, Andréas tuméfié et en nage, se relevait péniblement, rampant et trébuchant pour s'éloigner du monstre devenu fou. ''<span style="color:#00008B">"COURS !"</span>'' lui cria Vighnu, à la fois blême et électrisé par l'adrénaline, ''<span style="color:#00008B">"COURS BON SANG !"</span>''. Le chroniqueur, d'abord trébuchant, saisit son sac par la sangle et s'éloigna bientôt d'un trot freiné par ses halètements, alors que la silhouette du sorcier reprenait peu à peu forme humaine dans ses vêtements déchiquetés, d'où perçait une main gauche déformée et velue.<br />
<br />
Urgrand jeta à peine un regard au géant terrifié qu'encadraient le Fehnri et la dresseuse, tous trois figés à 40 pas de lui, et clopina vers la forme affaissée du Grêlé en marmonnant : ''<span style="color:#00008B">"Ah le sale petit fils de pute... le sale petit merdeux... je vais le peler comme une pomme, je vais le noyer dans son sang, je vais le..."</span>''. Mais quand le mercenaire se releva soudain, l'épée à la main, le Sorcier le saisit à bras le corps avec un cri de joie, bientôt couvert par le hurlement de souffrance du guerrier, un hurlement qui se fit bientôt plus rauque, presque chevrotant, et mourut dans un râle indistinct.<br />
Quand il laissa le corps s'écrouler parmi les buissons pétrifiés, le Sorcier avait retrouvé sa stature et son énergie et, quoiqu'il traîna encore un peu la jambe et que son bras gauche sembla toujours coincé entre les formes humaine et lupine, c'est avec une joie féroce que le sorcier cria vers les sapins où disparaissait le chroniqueur : ''<span style="color:#00008B">"COURS ! COURS, PETIT LAPIN ! PARCE QUE LE MÉCHANT LOUP VA TE TROUVER ET TE aouch !"</span>''. La flèche de Neri'Helin lui ayant griffé la jambe, le Sorcier se retourna vivement, outré, et ramassa la lance du Grêlé pour la jeter à l'Emishen : il la rata de plusieurs mètres et ne toucha qu'un sapin, mais l'impact fut si violent que la hampe vola en éclats, le fer presque entièrement enfoncé à travers l'écorce. ''<span style="color:#00008B">"Oh putain !"</span>'' lâcha Vighnu, planqué derrière un (autre) tronc et atterré par la force du sorcier, alors que Totor s'enfuyait en hurlant, Gavin la Fouille toujours sanglé sur son épaule. <br><br />
''<span style="color:#00008B">"Tire encore ! Il faut l'attirer à nous pour permettre à Andréas de rejoindre la tour ! <br><br />
''<span style="color:#00008B">_J'avais qu'une seule flèche : le carquois est au dos d'Eldan ! <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Et meeerde... rattrape le géant, je vais tenter quelque chose !"</span><br><br />
<br />
Et alors qu'Urgrand repartait à grands pas saccadés aux trousses du jeune mage en chantonnant ''<span style="color:#00008B">"Petiiit laaaapin ! Viens voir par là, petit laaaaapin ! On va s'amuser, toi et moi !"</span>'', l'assassin pris le risque insensé de s'approcher de lui à moins de 30 pas pour lui lancer un de ses grands couteaux de jets hornois : la lourde lame en feuille de laurier se planta avec un bruit mat dans l'omoplate du sorcier, qui se retourna, l'arracha d'une main en beuglant ''<span style="color:#00008B">"Non mais c'est fini, oui ?!"</span>'' et la renvoya avec tant d'élan que, Vighnu s'étant jeté à terre pour esquiver, l'acier se tordit en cognant sur un rocher.<br />
Urgrand clopinait à nouveau en direction de la tour et le Fehnri, constatant que le poison dont il avait enduit son arme ne semblait pas tellement affecter le Sylvain, s'approcha du Grêlé pour voir s'il pouvait encore l'aider : il lui fallu quelques secondes pour comprendre que le petit vieillard squelettique nageant dans une armure trop grande, déjà froid, racorni et presque momifié, était le corps du mercenaire. ''<span style="color:#00008B">"Putain, putain, putain !"</span>''<br />
Pas pressé d'aller affronter le sorcier au corps à corps et confiant dans la protection que la tour offrirait à Andréas, Vighnu récupéra son couteau tordu et s'élança derrière Neri'Helin, à la poursuite du géant et du blessé.<br />
<br />
=== Une étrange cape ===<br />
<br />
Au bas de la pente, Eldan n'était pas assez idiot pour poursuivre un type à la nage avec son armure, son baudrier et son épée, surtout que le Sylvain semblait nager comme un poisson et que ses poignards l'avantageraient nettement si le Moineau venait à le rattraper dans l'eau. Il gagna donc la rive à grands pas et, grelottant dans la nuit glaciale, fonça vers son arc pour découvrir qu'il avait disparu : après une bordée de jurons, évaluant la distance que le Sylvain avait encore à nager, Eldan jeta la cape dans un buisson et s'élança au pas de course pour contourner le lac, espérant être assez rapide pour choper le fuyard au bord du bassin.<br />
Et, justement, le brigand détrempé atteignait la rive lorsqu'il entendit les pas rapides d'une course dans les galets : au delà de l’étroit cours d'eau par lequel l'étang se déversait dans les gorges encaissées pour rejoindre le torrent furieux qu'on entendait gronder en contrebas, le tenace éclaireur arrivait au pas de charge, dégainant son épée.<br />
Mais le Moineau aussi surveillait le brigand et, captant le geste vif et l'éclair métallique, se coucha en dérapant dans les galets pour éviter le poignard que l'autre lui avait jeté. Le temps de se relever et le Sylvain disparaissait à l'orée de la forêt toute proche ; le temps de franchir le courant qui lui arrivait à mi-cuisse et voulait l'entraîner dans le canyon, la silhouette du fuyard avait disparu.<br />
Renonçant bientôt à pister un forestier manifestement habile dans un bois inconnu en pleine nuit, Eldan revint sur ses pas et récupéra la cape au fermoir brisé. Il constata que son poids venait du maillage métallique qui en doublait l'intérieur, le bord inférieur étant prolongé par un liseré de fourrure épaisse et sombre, dont la saleté indiquait qu'elle devait servir à balayer les traces du porteur et, sa curiosité satisfaite pour l'instant, il se la jeta sur l'épaule et repartit vers la mine à petites foulées, sa course moins motivée par l'urgence que par le besoin de se réchauffer.<br />
Là-haut, près des crêtes, quelqu'un venait d'allumer le fanal de la tour.<br />
<br />
=== La herse ===<br />
<br />
Hors d'haleine et trébuchant, Andréas dévala le surplomb couvert de sapins qui bordait le glacis dégagé autour de la mine fortifiée et, voyant venir du secours, s'effondra dans les bras des deux templiers qui couraient à sa rencontre : <br><br />
<br />
''<span style="color:#00008B">"Mais bon sang, qu'est-ce qui se passe, dehors ? <br><br />
''<span style="color:#00008B">_HHHUrg... Hhhurgrand... hhh... le sorcier...<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Mettez-vous à l'abri, mon vieux : on va s'en occuper ! <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Non...hhh... non... attendez... il est trop... <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Rentrez et fermez la herse !"</span>'' lui cria le plus jeune des deux templiers qui, armes à la main, partaient déjà en courant vers la silhouette sombre apparue entre les arbres. Trottinant de son mieux vers la protection de la tour, le chroniqueur ne put s'empêcher de se retourner lorsqu'un cri plaintif retentit, et vit le premier templier s'effondrer, sa propre épée plantée de biaisdans son lourd casque d'acier. Il n'attendit pas que le second tombe à son tour pour franchir enfin le grand portail de bois par le vantail entr'ouvert, claquer la porte derrière lui, barrer la porte et s'affaler au sol pour reprendre son souffle. ''<span style="color:#00008B">"Mais qu'est-ce qui se passe, à la fin ?"</span>'' lui demanda alors un mineur moustachu, armé d'une pioche et manifestement inquiet. <br><br />
''<span style="color:#00008B">"Hhh... hhher... herse. <br><br />
''<span style="color:#00008B">_La herse ? Quoi, la herse ?<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Fermez...la herse. <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Fermer la herse ?! Mais enfin il y a encore tous vos amis dehors et... <br><br />
''<span style="color:#00008B">_FERME-LA PUTAIN DE HERSE, DUCON, LE SORCIER ARRIVE !"</span> <br><br />
<br />
Et tandis que le mineur effrayé gagnait l'étage supérieur en criant à ses camarades ''<span style="color:#00008B">"On est attaqués ! On est attaqués ! Allumez le fanal !"</span>'', Andréas claudiqua hors du couloir d'entrée, escalada à quatre pattes l'escalier à vis qui sentait encore le ciment frais et atteignit la salle de garde obscure surplombant l'assommoir, où les meurtrières dominant le portail laissaient entrer la pâle lueur des deux lunes et de lointains hurlements de souffrance. Malgré sa terreur, le scribe redescendit en haletant pour trouver une torche allumée, remonter péniblement et en éclairer la salle de garde, découvrant les énormes rouages du treuil retenant la herse. Du dehors, lui parvint un appel sarcastique, tout proche : ''<span style="color:#00008B">"Tu es là-dedans, petit lapin ? Et tu crois que c'est assez solide pour m'empêcher d'entrer ? Attends voir..."</span>''<br />
<br />
Un choc monstrueux ébranla le portail, effrayant la seule mule qui occupât l'écurie du rez-de-chaussée. Après avoir essayé plusieurs leviers en vain, Andréas domina la panique qui le gagnait à chacun des coups de boutoir qui résonnaient dans la tour et parvint enfin à libérer l'engrenage qui se mit à tournoyer, entraîné par le poids de la lourde grille de chêne et d'acier qui tombait au ralenti vers le sol. Un craquement terrible précéda les bruits de rebonds métalliques et le chroniqueur compris que le portail cédait : encore deux coups et il entendit le raclement des portes disjointes s'ouvrant sur le sol de terre battue.<br />
Puis les pas, irréguliers mais toujours tranquilles, qui s'avançaient dans le couloir, juste sous les genoux tremblants d'Andréas, s'efforçant de ne faire aucun bruit en poussant le madrier verrouillant la herse : ''<span style="color:#00008B">"Tu es là mon petit lapin ! Je te sens ! Dis-donc, il a bien bossé votre vioque, là. Sincèrement, je suis épaté. Mon gars et moi, on regardait le chantier se monter, l'autre jour, et je lui disais justement : c'est pourtant vrai qu'ils bossent vite, tu vas voir que ça va bien me prendre une heure pour raser tout ça. Mais justement, je suis pressé, alors donne-moi la sphère et je m'en irai. Je te le promets, petit lapin : passe-moi l'artefact que l'autre croulant m'a volé et je renonce à t'écorcher vif. Tiens, tu vois la petite trappe au milieu de la pièce ? Regarde donc, c'est pas loin de tes pieds. Tu ouvres la petite trappe, tu y laisses tomber la sphère et c'est fini, je te jure que je vous laisserait vivre tous les 4, les autres creuses-misère et toi. Qu'est-ce que tu en dis, mon p'tit lapin ? Tu veux me faire plaisir ? Tu veux vivre encore un peu ? Ou je vais devoir vous tuer un par un, comme j'ai déjà massacré tous les autres corniauds, là-dehors ?"</span>''<br />
<br />
Recroquevillé autour de la précieuse sphère dans son havresac, serrant les dents de peur et de rage, Andréas ne lâchait pas un son. ''<span style="color:#00008B">"Bon tu te dépêches ? File-moi la boule !"</span>'' appelait la voix d'Urgrand, de plus en plus tendue et amplifiée par le couloir voûté, 5 mètres plus bas. ''<span style="color:#00008B">"J'ai pas que ça à foutre, non plus ! Donne-moi la putain de boule ou je vais tout péter dans cette tour de merde ! Ça suffit maintenant !"</span>'' Le chroniqueur ne put retenir un gémissement lorsque Urgrand entreprit de soulever la herse, dont le cadre heurta bientôt le madrier servant de loquet, et retomba avec un bruit sourd.<br />
''<span style="color:#00008B">"Han...ah la vacherie, c'est lourd... Allez, là j'en ai marre ! (un grand coup dans la herse fit tinter les pierres de la tour : blang !) Ouvre-moi, avorton de pute ! (blang ! blang !) Ouvre-moi, sale merdeux ! (blang !) Ouvre-moi ou je te jure que je vais t'arracher les yeux (blang !) pour te les faire bouffer ! (blang !)"</span>'' Un cri de rage, de nouveaux coups, un craquement de bois quand le sorcier passa ses nerfs sur les débris du portail... et puis plus rien.<br />
<br />
== Silence ==<br />
<br />
Eldan grimpait agilement, toujours au trot : il coupa par le lit d'un ruisseau, escalada l'autre versant et ralentit prudemment en arrivant au dernier bosquet avant le glacis. Il n'entendait plus de cri ni aucune sorte de bruit et ne voyait rien d'autre en bas de la tour que le portail béant, mais il commença par se rapprocher de la falaise par le nord-est, restant à la lisière des sapins afin de vérifier qu'aucune menace ne restait tapie dans l'ombre de la crête rocheuse. C'est ainsi qu'il trébucha soudain sur les jambes brisées d'un templier, assis, cloué par sa propre lance au fût d'un sapin, les mains broyées et sanglantes, respirant à peine. L'éclaireur croisa son regard suppliant et, après avoir vérifié qu'ils étaient bien seuls, pris appui sur le tronc pour extraire la lance, coucher doucement le templier sur le flanc et panser brièvement sa blessure à l'abdomen, la seule pour laquelle il put quelque chose : <br><br />
<br />
''<span style="color:#00008B">"Ss...cier. <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Du calme, ça va aller. Où est-il ?<br> <br />
''<span style="color:#00008B">_...t...our... <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Il faut que j'aille voir ce qui se passe, mais je vais revenir. <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Hhg...hh.. <br><br />
''<span style="color:#00008B">_Tenez bon, je reviendrai vous chercher."</span><br><br />
<br />
Il s'éloigna alors d'un pas souple, longea la falaise par l'est, atteignit la tour, rasa le mur silencieusement et, très prudemment, jeta un œil par le portail défoncé : personne. Il s'avança jusqu'à la herse toujours baissée, nota les traces de coups marquées dans le bois et le métal, voulu la secouer pour vérifier sa solidité et ne parvint pas à la faire broncher d'un millimètre. Il ressortit, vérifia encore les alentours et revint pour appeler : <br><br />
''<span style="color:#00008B">"Hoho !? C'est Eldan ! Tout le monde va bien ? Youhou ? Qu'est-ce qui a enfoncé le portail ? Totor ?"<br><br />
Après un instant, la trappe de l'assommoir s'ouvrit, Andréas vérifia qu'il avait bien affaire au Moineau et répondit :<br><br />
''<span style="color:#00008B">"Urgrand nous est tombé dessus, et il a attaqué la tour. Je... je crois qu'il a tué... tous les autres. <br><br />
''<span style="color:#00008B">_J'ai trouvé les templiers mais pas... attends : quelqu'un arrive."</span><br><br />
Collé au mur, l'épée au clair, l'éclaireur passa la tête à l'extérieur et vit Totor descendre la colline boisée en portant un corps inanimé, Neri'Helin le menant doucement par la main et Vighnu penché sur quelque chose d'indiscernable dans la pente (le corps de l'autre templier).<br />
<br />
Quand ils furent certains qu'Urgrand était parti et tous rassemblés dans la tour, Eldan, Neri'Helin et Totor retournèrent chercher le templier agonisant pendant qu'on installait Gavin sur une table au premier étage : le Fehnri avait fait de son mieux pour maintenir l'écuyer en vie jusque là, mais ils allaient maintenant devoir opérer pour tenter de le sauver. Andréas et lui se répartirent les tâches, Eldan étant aussitôt promu infirmier. Un travail dont il s'acquitta avec excellence, faisant bouillir de l'eau et des linges, passant les bons instruments et les bons onguents aux bons moments. Les deux "toubibs" s'affairaient ensemble, l'assassin-apothicaire formé à la chirurgie et le mage-herboriste-médecin se complétant fort bien, et après une longue et sanglante opération, ils bandèrent la plaie et se penchèrent sur le cas du templier. Les jambes étaient fracturées en trop d'endroits pour les sauver, et les deux médecins s'accordèrent pour amputer, mais purent sauver la vie du cul de jatte.<br />
Après des heures d'opérations, rompus de fatigue, ils s'assirent finalement avec Eldan dans la lumière jaune que l'aube poussait par les meurtrières : les deux patients vivraient.<br><br />
<br />
''<span style="color:#00008B">"La vache... Quelle nuit !<br><br />
''<span style="color:#00008B">_J'ai bien cru y rester.<br><br />
''<span style="color:#00008B">_J'suis désolé d'avoir laissé l'autre Sylvain s'enfuir...<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Écoute, on est vivants : si comme nous t'avais vu ce qui reste du Grêlé, ça te suffirait.<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Ah... il est vraiment mort ?<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Très.<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Désolé, Messire le Moineau.<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Ben... il était pas sympa, mais on est plus bien nombreux de notre patrouille... J'ai ramené la cape au fait, mais elle marche plus. Y a une espèce de treillis de métal, dedans, mais j'ai cassé le fermoir et...<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Donne-moi ça, j'y jetterais un œil plus tard. Dîtes-donc, Eldan, allez donc éteindre le phare s'il-vous-plait, là-haut : je ne crois pas que ça serve de le laisser brûler toute la journée."</span><br><br />
Et quand l'éclaireur fut parti, Vighnu demanda : ''<span style="color:#00008B">"J'ai rien compris : qu'est-ce qu'il te voulait l'autre malade ?''<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Je crois qu'il voulait la sphère de Langard. Je suppose que son tueur et lui trainaient exprès ici, sachant que si une espèce de fantôme inquiétait la mine, on m'enverrait forcément enquêter et que j'aurais la sphère avec moi. Il nous a donc attendus...<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Et piégés, séparés... et massacrés. Je ne sais pas encore quand ni comment, mais il faudra trouver un moyen de l'éliminer, ce fumier-là. Qu'est-ce qu'il peut en faire, de cette boule ?<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Des tas de choses ! Elle démultiplie la portée des sorts, déjà, et à mon avis c'est ce qui l'intéressait : avec elle, il pensait pouvoir accéder magiquement au sarcophage et peut-être soigner les blessures qu'il conserve de l'effondrement de la falaise.<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Mais... il est plus là, le sarcophage, non ?<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Non, il est parti hier avec les Muraille. Mais je ne crois pas qu'il l'ait compris avant de m'avoir poursuivi ici. Peut-être qu'il a gouté l'eau qui s'écoule vers la chapelle, peut-être qu'une fois calmé il a pensé être maintenant assez près, tenté de repérer l'artefact juste "senti" qu'il n'était plus là... Alors il est parti.<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Merde ! Mais alors les Muraille et leur chariot...<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Ils devaient déjà être à Tal Endhil quand Urgrand nous est tombés dessus. C'est à une journée de marche, ils ont un jour d'avance : c'est pas en courant derrière eux qu'on pourra quoi que ce soit. Allumer le feu d'alerte a du suffire : notre fier Capitaine doit être aux aguets, il les protégera.<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Et tu dis qu'il était blessé, là ?<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Oh oui : il boitait, il avait le visage un peu "tordu" et puis il y avait sa main, toute disloquée et couverte de poils...<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Oui, oui, j'ai vu : brrrr. Mais putain, qu'est-ce que ce sera s'il nous tombe dessus en pleine forme !<br><br />
''<span style="color:#00008B">_C'est bien le problème : on le reverra.<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Il t'a dit ça ?<br><br />
''<span style="color:#00008B">_Non mais s'il avait pu se soigner seul, par la Porte-sous-la-Montagne ou ailleurs, il l'aurait déjà fait : si la seule solution qui lui reste c'est le sarcophage, il n'abandonnera pas de sitôt."</span><br><br />
<br />
== Epilogue ==<br />
<br />
Le lendemain soir, Eldan, Andréas, Vignu et Neri'Helin atteignirent le village avec le corps des templiers et du Grêlé attachés sur une mule, Totor portant toujours Gavin. Ils firent leur rapport au Capitaine, présentèrent la cape (''<span style="color:#00008B">"À première vue, on dirait qu'elle utilise une maille de fils d'argent pour transmettre l'énergie du porteur vers l'extérieur, et activer le sortilège d'occultation inscrit dans le fermoir. _Et on peut la réparer ? _Je n'en sais rien, je suppose qu'il faudrait plus qu'un orfèvre..."</span>''), furent tous rassurés sur le sort du sarcophage (''<span style="color:#00008B">"C'est réglé, je ne veux plus un mot à ce sujet."</span>'') et envoyés se reposer avec ses remerciements.<br />
Après leur départ, Durgaut s'installa au parapet du donjon et soupira : la Fouille alité pour des semaines, le Grêlé mort d'horrible manière, deux templiers perdus... en comptant ceux que le commandeur [[Bagoran de Marale]] avait laisser pour protéger l'abbé [[Dolomire]], la démission de [[Nevel Sholdanan]] et les six mercenaires expédiés à Aroche, il lui restait 12 hommes pour défendre le village d'un sorcier psychotique et d'un truand revanchard, mener ses projets et tenir la passe de [[Nilfenan]] selon le traité conclu avec les Emishen : en attendant que [[Bahardabras]] reviennent avec des mercenaires hornois, les prochaines semaines allaient lui sembler longues...<br />
<br />
<br />
'''[[9) "Reishin Ghoran"|<< Épisode Précédent]] | [[11) "Toutes voiles dehors !"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Liste des Épisodes|<= retour à la LISTE des ÉPISODES]]'''<br />
<br />
[[Catégorie:Épisodes]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/10)_%22Nuit_Blanche%2210) "Nuit Blanche"2014-09-08T15:15:47Z<p>Aloun : </p>
<hr />
<div><br />
== Ordre de mission ==<br />
<br />
''Après avoir embêté plusieurs PJ (Hadrien Muraille, le Capitaine et [[Lel'Liamil]]) avec des événements étranges autour de la Mine Bénie, est arrivé le moment où [[Durgaut]] a consulté [[Vighnu]] (son assassin) et [[Andréas]] (son consultant en magie et autres choses surnaturelles) pour voir ce qu'on pouvait faire concernant la rumeur tenace d'un rôdeur au chantier. Si cette petite intrigue devait initialement se régler "par mail", un heureux hasard a voulu que Vighnu réclame un pisteur pour l'assister dans une possible traque au moment où, entre deux expatriations professionnelles, Aloun était disponible pour jouer. On a donc saisi l'opportunité d'en faire un court Épisode par Rolisteam (et j'ai modifié l'identité du "rôdeur" pour leur mettre une réelle adversité), histoire de jouer une dernière fois avec lui avant qu'il ne change de continent. Pas de bol : il n'a pu jouer qu'une séance sur les deux, mais XO l'a remplacé au pied levé.''<br />
<br />
'''Protagonistes :'''<br />
<br />
''_Andréas "Odran" (Humphrey B)<br />
<br />
''_Vighnu Pratesh (Loriel)<br />
<br />
''_Eldan le Moineau (Aloun, puis XO)<br />
<br />
<br />
<br />
== Prologue ==<br />
<br />
[[Hadrien Muraille]], sa famille et les géants menés par [[Neri'Helin]] passaient la sixième semaine à faire surgir des gravats de la Mine Bénie une tour de quatre étages dotées d'une herse, d'un fanal, de montes-charges et même d'une chapelle au Premier Seigneur des Batailles, [[Herem]] (apparu sur le site dans toute sa divine grandeur pour sauver les Talendan des assiégeants Kormes deux semaines auparavant), lorsque la dresseuse et les mercenaires chargés de protéger le chantier (et son précieux contenu : le fameux "sarcophage de résurrection" récupéré lors de Terrain Minier) s'avisèrent qu'un "intrus" rôdait dans les parages. Il était à la fois trop discret pour que les guetteurs les plus habiles puissent le surprendre, assez "léger" (ou doué) pour ne point laisser d'empreintes derrière lui mais assez "corporel" pour faire bouger les branches de sapins sur son passage et assez "surnaturel" pour inquiéter les géants peureux.<br />
Averti par Lel'Limail venu visiter le chantier, notre sémillant Capitaine convoqua son expert en surnaturel, le chroniqueur Andréas Odran : si ce n'était ni le spectre d'un des (nombreux) trépassés lors de "Terrain Minier", ni un guetteur korme ni [[Etayn-la-Louve]] (trop habile avec les bêtes pour inquiéter des géants), ce pouvait encore bien être un membre de la Confrérie du Chacal ou, pire, un vilain sorcier, peut-être même [[Urgrand]]. Auquel cas, il fallait enquêter et prendre des précautions...<br />
<br />
== La planque ==<br />
<br />
'''Au début de la 7° semaine depuis la bataille''', peu après le départ de la nef pour [[Aroche]], Andréas et Vighnu Pratesh se rendirent donc sur place, le second dans le vague espoir de toucher la prime mise sur la tête du sorcier par les Kormes, et y retrouvèrent [[Eldan-le-Moineau]], resté à la tour après sa garde d'une semaine pour continuer à surveiller avec la dresseuse intriguée et Totor, le géant à son papa [[Adira]] (parti pour Aroche), demeurant sur place jusqu'à ce que soit guéri un gros bobo à sa papatte.<br />
Les 3 malheureux mineurs -rescapés de "[[Terrain Minier]]" et logés sur place en attendant du renfort pour se mettre à extraire le minerai d'argent- étaient presque aussi inquiets que le géant et accablèrent les arrivants de maintes légendes idiotes, mais comme il semblait bien que l'intrus vint presque chaque nuit, nos trois chasseurs mirent au point un signal avec les deux mercenaires ([[Gavin la Fouille]] et [[Sigwald le Grêlé]]) et deux templiers qui garderaient l'endroit pendant la nuit, puis allèrent s'embusquer un peu avant le crépuscule dans les pentes rocailleuses que formaient les montagnes alentour.<br />
<br />
Ils restèrent ainsi, presque sans bouger ni parler, pendant de longues heures glacées, à surveiller le moindre mouvement parmi les rares sapins enténébrés, la moindre ombre sur la neige maculée de boue gelée... jusqu'à ce que Vighnu distingue une forme floue glissant parmi quelques broussailles étiques et expirant par moment un nuage de vapeur. Ses compagnons, une fois avertis à voix basse, se crevaient néanmoins les yeux sans rien voir. Aussi le "chroniqueur" entreprit-il de projeter son esprit dans la direction indiquée par le Fehnri pour y découvrir... une silhouette floue et sans visage. D'abord surpris, il réalisa vite que l'intrus employait sans doute une sorte de camouflage magique ou un sort de dissimulation, et notre mage en conclut qu'ils avaient affaire à un sorcier. Précautionneux, nos chasseurs décidèrent donc de ne pas prendre de risque et Eldan banda son arc pour l'abattre d'une flèche dans le dos, comme ça, sans même dire "bonsoir".<br />
Eldan avait-il méjugé de la distance à cause de l'obscurité, l'intrus portait-il une armure ? Toujours est-il que, après une exclamation de douleur, loin de s'étaler dans son sang, la silhouette s'élança à toutes jambes dans le versant irrégulier de la montagne, Vighnu et Eldan cavalant bientôt derrière elle pendant qu'Andréas appelait l'hallali, rameutant les guerriers à l'affût dans la tour.<br />
<br />
== Chasse aux sorciers ==<br />
<br />
Plus agile en montagne et ses sens plus aiguisés, Eldan distança bientôt le fehnri dans la poursuite de l'intrus invisible en se guidant sur les seuls le bruits de course, ses occasionnelles empreintes dans les dernières plaques de neige, les branches mouvantes de sapin ou son ombre intermittente sur les rochers.<br />
Quoiqu'il perdit fréquemment du terrain pour chercher sa proie, le jeune éclaireur avait suffisamment repéré les environs pour savoir que, s'il continuait de longer les pentes vers le sud, l'Invisible atteindrait bientôt un fort torrent, puis une élévation abrupte et, au-delà, une faille infranchissable... ''(Les 3 PJ avaient en effet commencé la séance par un gros jet de préparation commun, ils avaient donc du bonus en stock pour la séquence "embuscade" de leur plan, même s'il est parti en sucette au premier tir...)''<br />
Eldan dévala donc la pente vers l'unique gué sur le torrent, persuadé de pouvoir y intercepter le fugitif : manquant plusieurs fois de se blesser en bondissant comme un cabri parmi les buissons rabougris et les blocs rocailleux, il atteignit bientôt la large plate-forme rocheuse au bord de laquelle le courant, après avoir buté sur un rebord de pierres, se déversait en une courte chute d'eau vers un bassin en contrebas. L'arc bandé, attentif au moindre bruit discernable malgré le roulement des flots, scrutant la nuit à la pointe de sa flèche, il attendit. Un raclement de cailloux lui fit tourner la tête et, soudain, il discerna l'ombre indistincte que l'être translucide projetait sur les rochers dans la faible clarté des deux lunes, et décocha au jugé : le trait effleura la cible pour se perdre vers les rares sapins de l'autre rive, mais une soudaine gerbe d'eau trahit l'Indistinct : il venait de plonger dans le torrent.<br />
À quelques 100aines de mètres derrière lui et maintenant complètement semé, Vighnu vit alors arrivé Neri'Helin juchée sur un Totor galopant et lui fit signe de chercher à l'ouest, vers l'aval, pendant que lui-même presserait au sud en longeant les crêtes. Ils progressaient prudemment, attentifs au moindre souffle de vent dans les broussailles lorsque l'appel d'Eldan leur parvint : l'intrus fuyait par l'étang.<br />
<br />
Après avoir vu passé la dresseuse indigène sur son lourdaud de géant et s'être fait doublé par le Grêlé, galopant à sa suite la lance à la main, Andréas (décidément peu fait pour la course à pied), avait été rejoint par Gavin la Fouille et, le temps de reprendre son souffle, utilisa la sphère alourdissant son havresac pour projeter son esprit par-dessus les pentes rocheuses et les fourrés, repérant bientôt Totor, sa cavalière, Vighnu et Eldan : ''"Ils sont au bassin !"'' expliqua-t-il à l'écuyer qui, sans trop se demander comment le chroniqueur pouvait bien le savoir, s'élança à son tour. Andréas regardait son dernier compagnon s'éloigner au pas de charge... quand une francisque jaillie d'un bosquet frappa l'apprenti guerrier en pleine course, enfonçant son thorax et le basculant dans la rocaille.<br />
Atterré, Andréas vit alors un barbu aux longs cheveux noirs sortir des sapins et s'avancer d'un pas heurté, traînant la patte et un épais bandage couvrant sa main gauche : ''"Hé bien, nous voilà enfin seuls ! Donne-moi ce sac, magicien de cabaret, et je te laisserais probablement vivre."'' Reconnaissant alors le fameux Urgrand, Andréas tira sa dague… et se mit à crier à l'aide.<br />
<br />
À force de scruter la surface de l'eau à travers la légère brume, notre éclaireur finit par distinguer une sorte de perturbation dans les vaguelettes du lac et tira une nouvelle flèche, sans grand résultat. Mais comment trouver un type invisible dans un lac la nuit ? Eldan s'énervait lorsque Vighnu, la dresseuse et le géant déboulèrent des contreforts pour se joindre à la traque, commençant à contourner l'étang pour que leur proie ne s'échappe pas par l'autre côté, guettant un mouvement dans l'eau... sans grand résultat. <br><br />
<br />
''"Ça fait combien de temps qu'il est sous l'eau, là ? <br><br />
''_C'est à dire que s'il est invisible, il peut facilement sortir la tête pour respirer sans qu'on le voit. <br><br />
''_Oui mais ça caille, là : il va finir par geler, le gars. <br><br />
''_Mais ça peut prendre un moment. <br><br />
''_Et si on avançait dans l'eau ? C'est pas très profond, on pourrait sans doute le débusquer à nous trois, plus Totor..."''.<br><br />
Mais un cri venant des hauteurs interrompit leurs réflexions : <br><br />
''"C'était quoi, ça ? <br><br />
''_Chut, j'écoute !... Merde, je crois que c'est Andréas... <br><br />
''_Et qu'est-ce qu'il crie ? <br><br />
''_Je ne sais pas, mais je vais aller voir." <br><br />
<br />
Et soudain, derrière eux, l'eau remua : ''"Là, il est là"'' cria Eldan, ''"cette fois je vais me le faire !"'' Et, jetant son arc sur la rive, il tira son épée pour foncer dans l'eau [et une Réaction à 5, une !]. Vighnu hésita une seconde à lui porter assistance mais, lorsqu'un nouveau hurlement retentit au loin, fonça vers les crêtes.<br />
<br />
== Face au danger ==<br />
<br />
Andréas, la besace posée derrière-lui dans les buissons, fit bravement face au sorcier qui s'approchait en claudiquant d'un pas irrégulier mais tranquille, dégainant lentement une épée : <br><br />
<br />
''"Sois raisonnable : donne-moi ce sac ou je vais devoir te saigner comme un porc pour le prendre. <br><br />
''_Tu... tu as tué [[Rohanan]] ! <br><br />
''_Qui ?" <br><br />
<br />
Plus que les insultes, les menaces ou sa suprême arrogance, c'est ce dédain pour l'ami dont il avait brisé les vertèbres qui fit gronder la rage dans les veines du chroniqueur : hurlant comme un possédé, Andréas chargea la dague à la main. La lame pénétra la veste de cuir et s'enfonça dans le flanc du Sylvain surpris : le jeune mage allait frapper une seconde fois quand il vit la blessure se cicatriser sous ses yeux et sentit une intense douleur envahir ses entrailles. Le Talendan connaissait déjà cette sensation et, bandant sa volonté contre celle du Sorcier, l'étonna à nouveau en repoussant le sort.<br />
<br />
Mais l'effort vidait son énergie et, bientôt, Andréas plia le genou devant l'ennemi, qui lui décocha un grand coup de pommeau dans le front et l'envoya bouler dans les fourrés. ''"Alors comme ça on résiste, hein ? Qu'est-ce tu crois pauv'merde, que tu peux m'arrêter avec tes tours de passe-passe et ton couteau minable ? Tsss..."''<br />
<br />
Son flegme maintenant disparu, le sorcier boitait en râlant pour ramasser le précieux sac quand une lourde lance lui transperça l'abdomen sans prévenir : le Sylvain n'avait pas vu arriver le Grêlé, alerté par les appels du chroniqueur.<br />
Mais au lieu de s'effondrer, le sorcier transpercé de part en part poussa un cri inhumain qui figea les deux Talendan : les aiguilles de pin tombèrent en pluie partout autour d'eux et, saisissant la hampe à pleines mains, Urgrand l'arracha d'une seule traction en répandant son sang aux alentours. Les buissons et les herbes folles, à peine reverdis par le printemps, se racornissaient tout autour du Sylvain, séchant et craquant au fur et à mesure que sa large plaie au ventre se refermait sous les yeux terrifiés du mercenaire. Sigwald le Grêlé, quoique tremblant, ne faiblit pas : tirant son épée, il franchit au pas de charge les quelques mètres qui le séparaient du sorcier sanglant et attaqua de toutes ses forces. Urgrand esquiva au dernier moment et rabattit le manche de la lance dans les côtes du mercenaire qui se fracturèrent sous l'impact, projetant les 80 kilos du guerrier à plusieurs mètres dans les sous-bois. Et quand Andréas en profita pour lui planter sa dague dans le dos, le sorcier commença vraiment à s'énerver...<br />
<br />
=== Interlude glacé ===<br />
<br />
Entré dans l'eau glaciale jusqu'à la ceinture et son ardeur illico refroidie (surtout quand il réalisa que ses compagnons le laissait seul avec un ennemi invisible), Eldan serrait la poignée de son épée fétiche en guettant la moindre ridule ou le moindre clapotis dans l'eau. Un remous lui permit de se retourner juste à temps pour voir soudain jaillir de l'étang une forme indistincte, comme une silhouette de verre partiellement ouverte sur une armure de cuir cloutée, un visage hirsute et un bras brandissant un poignard (parfaitement opaques, eux)... qui l'assaillit immédiatement. Le poignard aurait sans doute perforé le thorax de l'éclaireur s'il n'avait alors trébuché sur les galets tapissant le bassin et esquivé miraculeusement ''(1 pH)'' : aussitôt rétabli, Eldan attaqua de taille et d'estoc en profitant de l'allonge supérieure de sa propre lame, mais son adversaire se révéla tout aussi habile à l'esquive, parvenant au passage à dégainer un second poignard. Malgré l'étrangeté d'un combat contre un type dégoulinant dont la tête, dénudée de sa capuche dans le combat, les mains et parfois le ventre apparaissaient seuls tangibles aux limites d'un drapé invisible, l'éclaireur tenait courageusement tête au Sylvain et, feintant pour rentrer dans la garde de son adversaire, parvint à lui entailler profondément le flanc d'un revers d'épée avant de lui arracher la cape, brisant le fermoir qui en tenait le col. La lourde capeline apparaissant soudain de drap noir et détrempé au bras du Moineau, et lui-même étant maintenant complètement visible, le brigand plongea dans les profondeurs de l'étang et ne réapparu qu'après une longue brasse, s'échappant à la nage.<br />
<br />
=== Entre feu et loup ===<br />
<br />
Sous les yeux d'Andréas, les pupilles d'Urgrand avaient soudain jaunit et, sa mâchoire s'ouvrant jusqu'à se déboîter sur un hurlement bestial, ses articulations avaient claqué les unes après les autres, sa colonne vertébrale semblant s'affaisser vers l'avant alors que les doigts de sa main libre s'allongeaient en une patte griffue, l'autre perçant le pansement pour révéler une épaisse touffe de poils noirs. Et lorsque cette fourrure commença à recouvrir le cou et les pommettes du sorcier, son visage s'allongeant dans une suite de craquements hideux alors que ses canines poussaient, le chroniqueur compris qu'il allait y passer à moins d'une idée de génie... Il saisit sa dague pour tracer à toute vitesse des flammes dans la terre couverte de plantes mortes, jeta toutes ses forces dans son sort. Alors le monstre qu'était devenu Urgrand vit ses vêtements en loques crépiter et prendre feu, les cruelles flammèches l'entourèrent bientôt, montant autour de lui jusqu'à l'aveugler, gagnant sa fourrure et brûlant sa chaire, bientôt tremblante de la panique atavique du loup face au feu !<br />
''(Oh le beau sort d'illusion, oh la belle idée ! Andréas y a illico gagné 1pH.)''<br />
<br />
=== Les chasseurs pris en chasse ===<br />
<br />
Courant à la rescousse, Vighnu et [[Neri'Helin]] tombèrent bientôt sur Gavin la Fouille, baignant dans son sang mais toujours vivant après une longue dégringolade dans la pente hérissées de rochers, et malgré la profonde plaie ouverte dans son thorax par la francisque du sorcier. Mais Vighnu n'avait ni le matériel ni le temps pour soigner l'écuyer car, en haut de la pente, la rumeur du combat s'amplifiait. Ils chargèrent donc le blessé sur l'épaule velue de Totor (malgré les protestation du géant) et reprirent leur ascension précipitée pour découvrir bientôt un spectacle qui dépassait l'entendement :<br />
au milieu d'une large zone de végétation séchée et noircie comme par un soudain incendie, une forme à peine humaine semblait se disloquer en s'agitant follement, s'arrachant des poils et des lambeaux de vêtements avec des grognements furieux et des jappements plaintifs. À quelques pas de lui, Andréas tuméfié et en nage, se relevait péniblement, rampant et trébuchant pour s'éloigner du monstre devenu fou. ''"COURS !"'' lui cria Vighnu, à la fois blême et électrisé par l'adrénaline, ''"COURS BON SANG !"''. Le chroniqueur, d'abord trébuchant, saisit son sac par la sangle et s'éloigna bientôt d'un trot freiné par ses halètements, alors que la silhouette du sorcier reprenait peu à peu forme humaine dans ses vêtements déchiquetés, d'où perçait une main gauche déformée et velue.<br />
<br />
Urgrand jeta à peine un regard au géant terrifié qu'encadraient le Fehnri et la dresseuse, tous trois figés à 40 pas de lui, et clopina vers la forme affaissée du Grêlé en marmonnant : ''"Ah le sale petit fils de pute... le sale petit merdeux... je vais le peler comme une pomme, je vais le noyer dans son sang, je vais le..."''. Mais quand le mercenaire se releva soudain, l'épée à la main, le Sorcier le saisit à bras le corps avec un cri de joie, bientôt couvert par le hurlement de souffrance du guerrier, un hurlement qui se fit bientôt plus rauque, presque chevrotant, et mourut dans un râle indistinct.<br />
Quand il laissa le corps s'écrouler parmi les buissons pétrifiés, le Sorcier avait retrouvé sa stature et son énergie et, quoiqu'il traîna encore un peu la jambe et que son bras gauche sembla toujours coincé entre les formes humaine et lupine, c'est avec une joie féroce que le sorcier cria vers les sapins où disparaissait le chroniqueur : ''"COURS ! COURS, PETIT LAPIN ! PARCE QUE LE MÉCHANT LOUP VA TE TROUVER ET TE aouch !"''. La flèche de Neri'Helin lui ayant griffé la jambe, le Sorcier se retourna vivement, outré, et ramassa la lance du Grêlé pour la jeter à l'Emishen : il la rata de plusieurs mètres et ne toucha qu'un sapin, mais l'impact fut si violent que la hampe vola en éclats, le fer presque entièrement enfoncé à travers l'écorce. ''"Oh putain !"'' lâcha Vighnu, planqué derrière un (autre) tronc et atterré par la force du sorcier, alors que Totor s'enfuyait en hurlant, Gavin la Fouille toujours sanglé sur son épaule. <br><br />
''"Tire encore ! Il faut l'attirer à nous pour permettre à Andréas de rejoindre la tour ! <br><br />
''_J'avais qu'une seule flèche : le carquois est au dos d'Eldan ! <br><br />
''_Et meeerde... rattrape le géant, je vais tenter quelque chose !"<br><br />
<br />
Et alors qu'Urgrand repartait à grands pas saccadés aux trousses du jeune mage en chantonnant ''"Petiiit laaaapin ! Viens voir par là, petit laaaaapin ! On va s'amuser, toi et moi !"'', l'assassin pris le risque insensé de s'approcher de lui à moins de 30 pas pour lui lancer un de ses grands couteaux de jets hornois : la lourde lame en feuille de laurier se planta avec un bruit mat dans l'omoplate du sorcier, qui se retourna, l'arracha d'une main en beuglant ''"Non mais c'est fini, oui ?!"'' et la renvoya avec tant d'élan que, Vighnu s'étant jeté à terre pour esquiver, l'acier se tordit en cognant sur un rocher.<br />
Urgrand clopinait à nouveau en direction de la tour et le Fehnri, constatant que le poison dont il avait enduit son arme ne semblait pas tellement affecter le Sylvain, s'approcha du Grêlé pour voir s'il pouvait encore l'aider : il lui fallu quelques secondes pour comprendre que le petit vieillard squelettique nageant dans une armure trop grande, déjà froid, racorni et presque momifié, était le corps du mercenaire. ''"Putain, putain, putain !"''<br />
Pas pressé d'aller affronter le sorcier au corps à corps et confiant dans la protection que la tour offrirait à Andréas, Vighnu récupéra son couteau tordu et s'élança derrière Neri'Helin, à la poursuite du géant et du blessé.<br />
<br />
=== Une étrange cape ===<br />
<br />
Au bas de la pente, Eldan n'était pas assez idiot pour poursuivre un type à la nage avec son armure, son baudrier et son épée, surtout que le Sylvain semblait nager comme un poisson et que ses poignards l'avantageraient nettement si le Moineau venait à le rattraper dans l'eau. Il gagna donc la rive à grands pas et, grelottant dans la nuit glaciale, fonça vers son arc pour découvrir qu'il avait disparu : après une bordée de jurons, évaluant la distance que le Sylvain avait encore à nager, Eldan jeta la cape dans un buisson et s'élança au pas de course pour contourner le lac, espérant être assez rapide pour choper le fuyard au bord du bassin.<br />
Et, justement, le brigand détrempé atteignait la rive lorsqu'il entendit les pas rapides d'une course dans les galets : au delà de l’étroit cours d'eau par lequel l'étang se déversait dans les gorges encaissées pour rejoindre le torrent furieux qu'on entendait gronder en contrebas, le tenace éclaireur arrivait au pas de charge, dégainant son épée.<br />
Mais le Moineau aussi surveillait le brigand et, captant le geste vif et l'éclair métallique, se coucha en dérapant dans les galets pour éviter le poignard que l'autre lui avait jeté. Le temps de se relever et le Sylvain disparaissait à l'orée de la forêt toute proche ; le temps de franchir le courant qui lui arrivait à mi-cuisse et voulait l'entraîner dans le canyon, la silhouette du fuyard avait disparu.<br />
Renonçant bientôt à pister un forestier manifestement habile dans un bois inconnu en pleine nuit, Eldan revint sur ses pas et récupéra la cape au fermoir brisé. Il constata que son poids venait du maillage métallique qui en doublait l'intérieur, le bord inférieur étant prolongé par un liseré de fourrure épaisse et sombre, dont la saleté indiquait qu'elle devait servir à balayer les traces du porteur et, sa curiosité satisfaite pour l'instant, il se la jeta sur l'épaule et repartit vers la mine à petites foulées, sa course moins motivée par l'urgence que par le besoin de se réchauffer.<br />
Là-haut, près des crêtes, quelqu'un venait d'allumer le fanal de la tour.<br />
<br />
=== La herse ===<br />
<br />
Hors d'haleine et trébuchant, Andréas dévala le surplomb couvert de sapins qui bordait le glacis dégagé autour de la mine fortifiée et, voyant venir du secours, s'effondra dans les bras des deux templiers qui couraient à sa rencontre : <br><br />
<br />
''"Mais bon sang, qu'est-ce qui se passe, dehors ? <br><br />
''_HHHUrg... Hhhurgrand... hhh... le sorcier...<br><br />
''_Mettez-vous à l'abri, mon vieux : on va s'en occuper ! <br><br />
''_Non...hhh... non... attendez... il est trop... <br><br />
''_Rentrez et fermez la herse !"'' lui cria le plus jeune des deux templiers qui, armes à la main, partaient déjà en courant vers la silhouette sombre apparue entre les arbres. Trottinant de son mieux vers la protection de la tour, le chroniqueur ne put s'empêcher de se retourner lorsqu'un cri plaintif retentit, et vit le premier templier s'effondrer, sa propre épée plantée de biaisdans son lourd casque d'acier. Il n'attendit pas que le second tombe à son tour pour franchir enfin le grand portail de bois par le vantail entr'ouvert, claquer la porte derrière lui, barrer la porte et s'affaler au sol pour reprendre son souffle. ''"Mais qu'est-ce qui se passe, à la fin ?"'' lui demanda alors un mineur moustachu, armé d'une pioche et manifestement inquiet. <br><br />
''"Hhh... hhher... herse. <br><br />
''_La herse ? Quoi, la herse ?<br><br />
''_Fermez...la herse. <br><br />
''_Fermer la herse ?! Mais enfin il y a encore tous vos amis dehors et... <br><br />
''_FERME-LA PUTAIN DE HERSE, DUCON, LE SORCIER ARRIVE !" <br><br />
<br />
Et tandis que le mineur effrayé gagnait l'étage supérieur en criant à ses camarades ''"On est attaqués ! On est attaqués ! Allumez le fanal !"'', Andréas claudiqua hors du couloir d'entrée, escalada à quatre pattes l'escalier à vis qui sentait encore le ciment frais et atteignit la salle de garde obscure surplombant l'assommoir, où les meurtrières dominant le portail laissaient entrer la pâle lueur des deux lunes et de lointains hurlements de souffrance. Malgré sa terreur, le scribe redescendit en haletant pour trouver une torche allumée, remonter péniblement et en éclairer la salle de garde, découvrant les énormes rouages du treuil retenant la herse. Du dehors, lui parvint un appel sarcastique, tout proche : ''"Tu es là-dedans, petit lapin ? Et tu crois que c'est assez solide pour m'empêcher d'entrer ? Attends voir..."''<br />
<br />
Un choc monstrueux ébranla le portail, effrayant la seule mule qui occupât l'écurie du rez-de-chaussée. Après avoir essayé plusieurs leviers en vain, Andréas domina la panique qui le gagnait à chacun des coups de boutoir qui résonnaient dans la tour et parvint enfin à libérer l'engrenage qui se mit à tournoyer, entraîné par le poids de la lourde grille de chêne et d'acier qui tombait au ralenti vers le sol. Un craquement terrible précéda les bruits de rebonds métalliques et le chroniqueur compris que le portail cédait : encore deux coups et il entendit le raclement des portes disjointes s'ouvrant sur le sol de terre battue.<br />
Puis les pas, irréguliers mais toujours tranquilles, qui s'avançaient dans le couloir, juste sous les genoux tremblants d'Andréas, s'efforçant de ne faire aucun bruit en poussant le madrier verrouillant la herse : ''"Tu es là mon petit lapin ! Je te sens ! Dis-donc, il a bien bossé votre vioque, là. Sincèrement, je suis épaté. Mon gars et moi, on regardait le chantier se monter, l'autre jour, et je lui disais justement : c'est pourtant vrai qu'ils bossent vite, tu vas voir que ça va bien me prendre une heure pour raser tout ça. Mais justement, je suis pressé, alors donne-moi la sphère et je m'en irai. Je te le promets, petit lapin : passe-moi l'artefact que l'autre croulant m'a volé et je renonce à t'écorcher vif. Tiens, tu vois la petite trappe au milieu de la pièce ? Regarde donc, c'est pas loin de tes pieds. Tu ouvres la petite trappe, tu y laisses tomber la sphère et c'est fini, je te jure que je vous laisserait vivre tous les 4, les autres creuses-misère et toi. Qu'est-ce que tu en dis, mon p'tit lapin ? Tu veux me faire plaisir ? Tu veux vivre encore un peu ? Ou je vais devoir vous tuer un par un, comme j'ai déjà massacré tous les autres corniauds, là-dehors ?"''<br />
<br />
Recroquevillé autour de la précieuse sphère dans son havresac, serrant les dents de peur et de rage, Andréas ne lâchait pas un son. ''"Bon tu te dépêches ? File-moi la boule !"'' appelait la voix d'Urgrand, de plus en plus tendue et amplifiée par le couloir voûté, 5 mètres plus bas. ''"J'ai pas que ça à foutre, non plus ! Donne-moi la putain de boule ou je vais tout péter dans cette tour de merde ! Ça suffit maintenant !"'' Le chroniqueur ne put retenir un gémissement lorsque Urgrand entreprit de soulever la herse, dont le cadre heurta bientôt le madrier servant de loquet, et retomba avec un bruit sourd.<br />
''"Han...ah la vacherie, c'est lourd... Allez, là j'en ai marre ! (un grand coup dans la herse fit tinter les pierres de la tour : blang !) Ouvre-moi, avorton de pute ! (blang ! blang !) Ouvre-moi, sale merdeux ! (blang !) Ouvre-moi ou je te jure que je vais t'arracher les yeux (blang !) pour te les faire bouffer ! (blang !)"'' Un cri de rage, de nouveaux coups, un craquement de bois quand le sorcier passa ses nerfs sur les débris du portail... et puis plus rien.<br />
<br />
== Silence ==<br />
<br />
Eldan grimpait agilement, toujours au trot : il coupa par le lit d'un ruisseau, escalada l'autre versant et ralentit prudemment en arrivant au dernier bosquet avant le glacis. Il n'entendait plus de cri ni aucune sorte de bruit et ne voyait rien d'autre en bas de la tour que le portail béant, mais il commença par se rapprocher de la falaise par le nord-est, restant à la lisière des sapins afin de vérifier qu'aucune menace ne restait tapie dans l'ombre de la crête rocheuse. C'est ainsi qu'il trébucha soudain sur les jambes brisées d'un templier, assis, cloué par sa propre lance au fût d'un sapin, les mains broyées et sanglantes, respirant à peine. L'éclaireur croisa son regard suppliant et, après avoir vérifié qu'ils étaient bien seuls, pris appui sur le tronc pour extraire la lance, coucher doucement le templier sur le flanc et panser brièvement sa blessure à l'abdomen, la seule pour laquelle il put quelque chose : <br><br />
<br />
''"Ss...cier. <br><br />
''_Du calme, ça va aller. Où est-il ?<br> <br />
''_...t...our... <br><br />
''_Il faut que j'aille voir ce qui se passe, mais je vais revenir. <br><br />
''_Hhg...hh.. <br><br />
''_Tenez bon, je reviendrai vous chercher."<br><br />
<br />
Il s'éloigna alors d'un pas souple, longea la falaise par l'est, atteignit la tour, rasa le mur silencieusement et, très prudemment, jeta un œil par le portail défoncé : personne. Il s'avança jusqu'à la herse toujours baissée, nota les traces de coups marquées dans le bois et le métal, voulu la secouer pour vérifier sa solidité et ne parvint pas à la faire broncher d'un millimètre. Il ressortit, vérifia encore les alentours et revint pour appeler : <br><br />
''"Hoho !? C'est Eldan ! Tout le monde va bien ? Youhou ? Qu'est-ce qui a enfoncé le portail ? Totor ?"<br><br />
Après un instant, la trappe de l'assommoir s'ouvrit, Andréas vérifia qu'il avait bien affaire au Moineau et répondit :<br><br />
''"Urgrand nous est tombé dessus, et il a attaqué la tour. Je... je crois qu'il a tué... tous les autres. <br><br />
''_J'ai trouvé les templiers mais pas... attends : quelqu'un arrive."<br><br />
Collé au mur, l'épée au clair, l'éclaireur passa la tête à l'extérieur et vit Totor descendre la colline boisée en portant un corps inanimé, Neri'Helin le menant doucement par la main et Vighnu penché sur quelque chose d'indiscernable dans la pente (le corps de l'autre templier).<br />
<br />
Quand ils furent certains qu'Urgrand était parti et tous rassemblés dans la tour, Eldan, Neri'Helin et Totor retournèrent chercher le templier agonisant pendant qu'on installait Gavin sur une table au premier étage : le Fehnri avait fait de son mieux pour maintenir l'écuyer en vie jusque là, mais ils allaient maintenant devoir opérer pour tenter de le sauver. Andréas et lui se répartirent les tâches, Eldan étant aussitôt promu infirmier. Un travail dont il s'acquitta avec excellence, faisant bouillir de l'eau et des linges, passant les bons instruments et les bons onguents aux bons moments. Les deux "toubibs" s'affairaient ensemble, l'assassin-apothicaire formé à la chirurgie et le mage-herboriste-médecin se complétant fort bien, et après une longue et sanglante opération, ils bandèrent la plaie et se penchèrent sur le cas du templier. Les jambes étaient fracturées en trop d'endroits pour les sauver, et les deux médecins s'accordèrent pour amputer, mais purent sauver la vie du cul de jatte.<br />
Après des heures d'opérations, rompus de fatigue, ils s'assirent finalement avec Eldan dans la lumière jaune que l'aube poussait par les meurtrières : les deux patients vivraient.<br><br />
<br />
''"La vache... Quelle nuit !<br><br />
''_J'ai bien cru y rester.<br><br />
''_J'suis désolé d'avoir laissé l'autre Sylvain s'enfuir...<br><br />
''_Écoute, on est vivants : si comme nous t'avais vu ce qui reste du Grêlé, ça te suffirait.<br><br />
''_Ah... il est vraiment mort ?<br><br />
''_Très.<br><br />
''_Désolé, Messire le Moineau.<br><br />
''_Ben... il était pas sympa, mais on est plus bien nombreux de notre patrouille... J'ai ramené la cape au fait, mais elle marche plus. Y a une espèce de treillis de métal, dedans, mais j'ai cassé le fermoir et...<br><br />
''_Donne-moi ça, j'y jetterais un œil plus tard. Dîtes-donc, Eldan, allez donc éteindre le phare s'il-vous-plait, là-haut : je ne crois pas que ça serve de le laisser brûler toute la journée."<br><br />
Et quand l'éclaireur fut parti, Vighnu demanda : ''"J'ai rien compris : qu'est-ce qu'il te voulait l'autre malade ?''<br><br />
''_Je crois qu'il voulait la sphère de Langard. Je suppose que son tueur et lui trainaient exprès ici, sachant que si une espèce de fantôme inquiétait la mine, on m'enverrait forcément enquêter et que j'aurais la sphère avec moi. Il nous a donc attendus...<br><br />
''_Et piégés, séparés... et massacrés. Je ne sais pas encore quand ni comment, mais il faudra trouver un moyen de l'éliminer, ce fumier-là. Qu'est-ce qu'il peut en faire, de cette boule ?<br><br />
''_Des tas de choses ! Elle démultiplie la portée des sorts, déjà, et à mon avis c'est ce qui l'intéressait : avec elle, il pensait pouvoir accéder magiquement au sarcophage et peut-être soigner les blessures qu'il conserve de l'effondrement de la falaise.<br><br />
''_Mais... il est plus là, le sarcophage, non ?<br><br />
''_Non, il est parti hier avec les Muraille. Mais je ne crois pas qu'il l'ait compris avant de m'avoir poursuivi ici. Peut-être qu'il a gouté l'eau qui s'écoule vers la chapelle, peut-être qu'une fois calmé il a pensé être maintenant assez près, tenté de repérer l'artefact juste "senti" qu'il n'était plus là... Alors il est parti.<br><br />
''_Merde ! Mais alors les Muraille et leur chariot...<br><br />
''_Ils devaient déjà être à Tal Endhil quand Urgrand nous est tombés dessus. C'est à une journée de marche, ils ont un jour d'avance : c'est pas en courant derrière eux qu'on pourra quoi que ce soit. Allumer le feu d'alerte a du suffire : notre fier Capitaine doit être aux aguets, il les protégera.<br><br />
''_Et tu dis qu'il était blessé, là ?<br><br />
''_Oh oui : il boitait, il avait le visage un peu "tordu" et puis il y avait sa main, toute disloquée et couverte de poils...<br><br />
''_Oui, oui, j'ai vu : brrrr. Mais putain, qu'est-ce que ce sera s'il nous tombe dessus en pleine forme !<br><br />
''_C'est bien le problème : on le reverra.<br><br />
''_Il t'a dit ça ?<br><br />
''_Non mais s'il avait pu se soigner seul, par la Porte-sous-la-Montagne ou ailleurs, il l'aurait déjà fait : si la seule solution qui lui reste c'est le sarcophage, il n'abandonnera pas de sitôt."<br><br />
<br />
== Epilogue ==<br />
<br />
Le lendemain soir, Eldan, Andréas, Vignu et Neri'Helin atteignirent le village avec le corps des templiers et du Grêlé attachés sur une mule, Totor portant toujours Gavin. Ils firent leur rapport au Capitaine, présentèrent la cape (''"À première vue, on dirait qu'elle utilise une maille de fils d'argent pour transmettre l'énergie du porteur vers l'extérieur, et activer le sortilège d'occultation inscrit dans le fermoir. _Et on peut la réparer ? _Je n'en sais rien, je suppose qu'il faudrait plus qu'un orfèvre..."''), furent tous rassurés sur le sort du sarcophage (''"C'est réglé, je ne veux plus un mot à ce sujet."'') et envoyés se reposer avec ses remerciements.<br />
Après leur départ, Durgaut s'installa au parapet du donjon et soupira : la Fouille alité pour des semaines, le Grêlé mort d'horrible manière, deux templiers perdus... en comptant ceux que le commandeur [[Bagoran de Marale]] avait laisser pour protéger l'abbé [[Dolomire]], la démission de [[Nevel Sholdanan]] et les six mercenaires expédiés à Aroche, il lui restait 12 hommes pour défendre le village d'un sorcier psychotique et d'un truand revanchard, mener ses projets et tenir la passe de [[Nilfenan]] selon le traité conclu avec les Emishen : en attendant que [[Bahardabras]] reviennent avec des mercenaires hornois, les prochaines semaines allaient lui sembler longues...<br />
<br />
<br />
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<br />
[[Catégorie:Épisodes]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/9)_%22Reishin_Ghoran%229) "Reishin Ghoran"2014-09-08T14:47:43Z<p>Aloun : </p>
<hr />
<div><br />
<br />
== Objectifs et renseignements ==<br />
<br />
C'est au début de la [[Huitaine 6|sixième huitaine]] ("après la bataille") que les Talendan ont pour la première fois entendu parler du Reishin Ghoran, la fameuse "[[Frontière de l'Orage]]" conçue par l'Assemblée Tribale.<br />
Lorsque Lel'Liamil profite d'achats de chevaux au [[Cercle des Cascades]] pour se renseigner sur les négociations (et comprends que l'argent qu'il vient de verser pour les canassons va permettre aux [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] de s'armer), il réalise rapidement que ce fin stratège d'Alon Sorhan (chef du clan des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]], "chef de guerre" de toute la tribu des So'Sherkan et tête de file des Emishen bellicistes) est en train de s'approprier le débat en proposant pour la Frontière un tracé englobant presque toute la Marche des Lacs et qui, au lieu de garantir la paix, obligerait les pacifistes à commencer par en chasser les Remans, donc à entrer en guerre. Parallèlement, d'autres Emishen font la promotion d'un tracé "sans les Dirsen" qui limiterait la zone de paix aux plus hautes vallées, excluant notamment Tal Endhil.<br />
Dès que le maquignon lewyllen prévient Durgaut de ce qui se trame, le Capitaine lui parle du rapport stratégique de Bahardabras le Hornois, concernant la défense de la vallée, les cols défendables, les gués et tout ce qu'il leur faudrait de troupes et de fortification pour tenir enfin fermement leur territoire.<br />
Il apparaît très vite que si les Talendan réussissaient à influencer le tracé du Reishin Ghoran pour qu'il corresponde à leur vallée (donc grossièrement aux contours du futur bailliage), ils obtiendraient non seulement d'être inclus dans la zone de paix (ce qui serait extrêmement profitable au commerce) mais d'être désormais carrément défendus par la force d'interposition Emishen, appelée à vite devenir plus nombreuse que les troupes du village, ce qui serait un pas de plus vers une possible indépendance vis à vis de l'Empire (idée qui trotte dans la tête de beaucoup de PJ depuis longtemps). Si en plus l'arrangement de Durgaut avec les [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] pouvait convaincre l'un des rares clans Emishen possédant une expérience minière de venir s'installer chez lui pour exploiter les filons locaux (en l'échange du rachat de leurs frères en esclavage), le Capitaine pourrait rapidement se retrouver à la tête d'une petite mais puissante seigneurie "franche"...<br />
<br />
Lel'Liamil ayant passer le reste de la semaine à identifier les émissaires les plus influents et leur allégeance à l'un des trois tracés (le "grand" d'Alon Sorhan, le "haut" qui exclue les Dirsen et celui des Talendan, largement minoritaire puisque seulement soutenu par leurs alliés directs, [[Kal Feilan]], [[Kal Shemon'Lon]] et [[Tael Shannan]]), il remonte aux Cascades avec une équipe de diplomate emishen composée de son fidèle [[Sifenen Arlan]], [[Islinna|Islinna "Maliam'nid"]], [[Nevel Sholdanan]] et la jeune négociante [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] [[Doma Sholen]] : vue l'avancée des négociations, ils n'ont alors guère plus que 24h pour obtenir un changement drastique de l'opinion avant que tous les "bellicistes" ne quitte l'Assemblée pour partir en guerre dans la Marche des Gemmes, mettant probablement fin au plus gros des débats. Durgaut ayant fait jouer ses contacts auprès des pacifistes, il a obtenu que ses représentants -quoique n'étant pas vraiment des "émissaires tribaux"- puissent au moins présenter leur projet à l'Assemblée.<br />
Ils savent que les principaux arguments en faveur du "grand" tracé sont la quantité de terres arables (pour nourrir les réfugiés, qu'on suppose très nombreux) et les cercles de pierres qui s'y trouvent, historiquement les points de rassemblements et lieux saints des différents clans alors que les quelques émissaires à défendre le tracé "haut" ne le font que par défiance envers les Dirsen en général. <br />
<br />
=== Rappel des différents clans Emishens ===<br />
<br />
Clans appartenants aux '''Si'Olonil''' ("falconidés")<br />
: Les Elloran ("éperviers-pêcheurs")<br />
: Les Liam'Lon ("faucons chanteurs")<br />
: Les Oloden ("gerfauts des rivages")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Lewyllen''' ("corneilles")<br />
: L'Aile du Silond, ("le nord")<br />
: L'Aile de l'Orind, ("le sud")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''So'Sherkan''' ("aigles")<br />
: Les Okhina'en ("aigles royaux")<br />
: Les Edell'Okhil ("aigle des montagnes")<br />
: Les Tallalnen ("harfangs")<br />
: Les Halia'Hetan ("pygargues")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Arkonnelkan''' ("les condors")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Rimdehl''' ("geaies")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Otlalnan''' ("oies")<br />
: Les Barantanen (“bernaches”, qu'on appelait le "clan du printemps" et qui avait une grande importance symbolique chez les Emishen)<br />
: Les Otindhil (“cygnes”)<br />
: Les Eritorden (“pélicans”, réduit à moins de 10.000 parce qu'ils sont les seuls à avoir vraiment résisté)<br />
: Les Eibradon (“eider”)<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Korimlan''' ("vautours")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Del'Ranan''' (sternes")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Larindeln''' ("goélands")<br />
<br />
== Premier jour ==<br />
<br />
[[Fichier:Plan-Cascades.jpg|600px|thumb||Plan du Cercle des Cascades]]<br />
<br />
Accueillis pour dîner chez [[Ethelkaran]] (doyen des [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] du sud, donc "chef" de [[Lel'liamil]]) et, bientôt rejoints par le barde [[Tael Shannan]], nos diplomates vont d'abord convaincre le doyen de l'opportunité commerciale qu'il y aurait à se lancer massivement dans l'importation de nourriture et de semences (pour développer l'agriculture locale) afin de pouvoir assurer le ravitaillement des réfugiés : car si Tal Endhil peut assurer des liaisons maritimes vers Aroche et se dote bientôt d'un port fluvial, la seule ville cosmopolite de la zone de paix serait rapidement la plus grande place commerçante de la région.<br />
<br />
=== Kal Kirhan chaman des Tallalnen (5) ===<br />
<br />
Ceci fait, [[Sifenen Arlan]] et [[Nevel]] filent parler à [[Kal Kirhan]], le fameux chaman-lancier des [[Tallalnen]] (qui accompagnait l'Opération Tréfonds) et qui, pressenti pour commander les Gardes-Frontière, a apparemment refusé le poste : s'ils parvenaient à le convaincre d'accepter et le ralliaient à leur tracé, ce serait encore des points de marqués. Lorsqu'ils arrivent au campement des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]], c'est pour découvrir leur ami, le chef du clan Reyil Arkon et sa chamane [[Kal Levayassan]] en grande discussion avec [[Alon Sorhan]] : si les deux chefs guerriers partagent le même avis sur les Dirsen et la frontière, les deux chamans sont beaucoup plus circonspect et même vaguement défiant avec le puissant [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] qui cherche à rallier un maximum de combattant et à se faire nommer "chef de toute la tribu" (donc, en plus de son propre clan, ceux des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] et [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]]). C'est plutôt un dialogue de sourds, dont les PJ réussissent à extraire [[Kal Kirhan]] pour lui mettre le marché en main, mais le chaman explique qu'il en a marre des manigances politiques : tout ça est trop malhonnête pour sa propre conception de la Justice (car avant de devenir chaman sur le tard à la demande expresse de leurs esprits-totems, [[Kal Kirhan|Kirhan]] était "l'exécuteur judiciaire" des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] : c'est un peu Judge Dredd rhabillé en chaman), il est loin de sa famille depuis des semaines, il pense qu'Alon Sorhan va faire capoter tout le projet de frontière et, franchement, n'a lui-même guère confiance dans les Dirsen. [[Nevel]] va alors user de toute son éloquence (limitée) pour faire valoir qu'il est justement le seul espoir de la Frontière, entraîner le chaman dans une longue conversation (alcoolisée) à cœur ouvert en contemplant la cascade... et finalement renvoyer son ami méditer sur ses contradictions, réponse espérée le lendemain.<br />
<br />
=== Rencontre entre Nevel et Alon Sorhan ===<br />
<br />
En regagnant les pentes où devraient camper ses camarades, légèrement éméché, Nevel tombe sur [[Alon Sorhan]] qui veut lui parler : si le chef de guerre veut faire appel à la fougue guerrière qui animait jadis l'éclaireur et qui l'a poussé à attaquer l'occupant il y a 15 ans, déclenchant le sanglant cycle de représailles qui coûta la vie à de nombreux [[:Catégorie:Elloran|Elloran]], à leur chef d'alors (le père de l'actuel) et le fit bannir, [[Nevel]] lui explique posément pourquoi il est aujourd'hui du côté de la paix et de la "Fraternisation", et comment il compte racheter ses fautes passées en défendant les Emishen pacifistes. La discussion s'envenime peu à peu, au point que le chef des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] finisse par traiter l'[[:Catégorie:Elloran|Elloran]] repentant de lâche et le prévienne que leur prochaine rencontre se fera probablement les armes à la main.<br />
Légèrement dégrisé, [[Nevel]] par en quête de ses compagnons...<br />
<br />
=== Malondil chef des Elloran (6) ===<br />
<br />
[[Lel'Liamil]] et [[Islinna]] enchaînent justement avec [[Malondil]], le (trop) jeune chef des [[:Catégorie:Elloran|Elloran]] des Cascades, de plus en plus ouvertement partisan de la guerre (bien que son chaman, [[Kal Feilan]], soit le leader pacifiste : oui, c'est le bordel). En plus d'avoir été presque spolié de son rôle politique ([[Kal Feilan|Feilan]] a derrière lui une nette majorité des [[:Catégorie:Elloran|Elloran]], l'organisation de l'Assemblée s'est faite sur les terres de son clan mais contre son avis...), nos deux PJ comprennent vite que le jeune homme est surtout sous la double influence de sa mère, qui déteste les Dirsen, et du souvenir de son père, [[Ahndro'shar]], ancien chef du clan tué en combattant l'oppresseur. Mais il semble vite aux deux diplomates qu'il y a "quelque chose du défunt" qui se manifeste à travers le jeune [[Malondil]] quand il parle de vengeance, une soudaine fougue et une conviction qui ont certainement fait beaucoup pour son élection comme chef, mais qui aux yeux d'[[Islinna]] pourrait bien avoir une source "surnaturelle". Surpris et foutus dehors, ils se séparent pour leurs visites suivantes...<br />
<br />
=== Tahalien des Rimdehl (7) ===<br />
<br />
[[Lel'Liamil]], lui, va parler aux [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]], la tribu décimée étant représentée sur place par seulement deux bardesses : une vieille malade venue énumérer à l'Assemblée les massacres et les injustices subis par sa tribu à cause du prévôt [[Rhilder]], la seconde n'étant autre que [[Tahalien]], l'évadée de la mine de [[Solerane]] que [[Vighnu]] et [[Andréas]] ont croisé (et aidé) pendant "[[Le Train de l'Argent]]". Si Tahalien -plutôt influente aux Cascades- doit heureusement remplacer sa consœur à l'Assemblée et se dit assez favorable aux Talendan, elle leur propose vite de défendre leur projet pour peu qu'ils lui rendent deux services.<br />
Le premier consiste rien moins qu'à monter l'évasion de tous les esclaves qu'elle a du laisser derrière elle dans la mine de [[Jornil Cuivré]] (les Talendan acceptent d'y parvenir sous 4 semaines, quoiqu'en en sachant pas encore comment leurs collègues pourront bien s'y prendre), le second à trouver une solution pour les enfants sauvés des mines et qui, sans famille, sont actuellement hébergés avec nombre d'autres orphelins par les [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] du sud (la communauté de [[Doma Sholen]], rescapée du massacre du Pic Blanc)... Sauf que ces gamins sans réelle supervision commencent à poser de nombreux problèmes : ils se font nourrir sans participer à aucune des tâches domestiques, ils foutent le souk dans les campements, volent parfois, refusent d'être séparés et renvoyés dans leurs clans respectifs.<br />
<br />
=== Kal Tayvohn chaman des Edell'Okhil (4) ===<br />
<br />
De leur côté, Islinna et Doma Sholen ont pris contact avec [[Kal Tayvohn]], le chaman des [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] qui a récemment aidé Durgaut pour "le Train..." : furieux que le Capitaine n'ait encore rien fait pour tenir sa promesse de racheter les enfants de son clan en esclavage dans la Marche des Gemmes, il fait alors plutôt campagne contre les Dirsen. Les deux demoiselles vont néanmoins parvenir à lui faire comprendre qu'il faut du temps pour préparer la transaction et surtout que la route vers le sud rouvre avant que les Talendan puissent tenir leurs promesses. Ramené à de meilleurs sentiments, le jeune chaman est alors prêt à écouter leurs arguments en faveur du tracé "de Tal Endhil". Et lorsque Lel'Liamil, Nevel et Tahalien arrivent pour leur prêter main-forte, les diplomates le persuadent à son tour : autant pour vérifier leur honnêteté que pour les assister dans leurs tâches, [[Kal Tayvohn|Tayvohn]] leur confiera le lendemain la pétulante Neri'Helin, la dresseuse qui avait permis à l'équipe du "Train" de franchir les montagnes et qu'Islinna a récemment recrutée pour conduire les géants affectés à la Mine Bénie. En effet, celle-ci est prête à vendre ses services pour peu qu'elle n'ait pas à fréquenter [[Adira Pratesh]] (dont la réputation sulfureuse commence à se répandre chez les Emishen) et qu'elle soit payée en monnaie impériale,afin de racheter des esclaves de sa famille.<br />
<br />
=== Soirée nuageuse et herbeuse ===<br />
<br />
La nuit est très avancée lorsque nos PJ et Tael Shannan se regroupent enfin dans la tente de [[Kal Feilan]] pour faire le bilan, prévoir la suite et partager l'herbe-nuage du vieux [[Kal Shemon'Lon]]. Sous l'influence de l'herbe, les langues se délient et un certain nombre de secrets sont révélés, notamment l'implication du célèbre barde dans le trafic d'artefacts et le financement des Kormes ([[Tael Shannan]] jure qu'il a compris son erreur et qu'on ne l'y reprendra plus), mais aussi la présence d'esprits mauvais rôdant autour du Cercle (l'esprit du Chacal qui accompagne [[Etayn-la-Louve]] et l'empêche de trouver [[Urgrand]], le démon affamé qui s'est enfuit de la Mine Bénie après l'intervention des Talendan et sans doute quelques autres forces inféodées à [[Lorkan Elakhendil]]...). [[Islinna]] évoque son père, un [[:Catégorie:Elloran|Elloran]] ayant rejoint le camp des Kormes depuis des années et dont elle n'a plus de nouvelle, [[Nevel]] raconte l'Opération Tréfonds et les récentes menaces d'[[Alon Sorhan]], [[Lel'Liamil]] se plaint de son épouse et tente d'expliquer son "amitié" avec [[Adira]], on fait des hypothèses sur la Porte-sous-la-Montagne, on confirme que [[Malondil]] est certainement "hanté" par son père [[Ahndro'shar]].... Et plus nos héros fument, plus l'ambiance glisse de la complicité à l'intimité, des confessions vers une tendresse "tactile" : on se câline, on se papouille sans y penser vraiment. Quand la nuit menace de tourner à l'orgie, [[Kal Feilan]] réussit tout de même à foutre ces encombrants convives à la porte et, après qu'[[Islinna]] ait repoussé les avances de [[Tael Shannan]] pour entraîner [[Sifenen Arlan|Arlan]] par la main, [[Doma]] promet de trouver un lit pour [[Nevel]] qui titube et le reste de la soirée se perd dans les brumes de l'herbe-nuage.<br />
<br />
== Deuxième jour ==<br />
<br />
=== Réveils échelonnés ===<br />
<br />
À l'aube, [[Tael Shannan]] a envoyé son garde du corps "semishen" (métis emishen/semi) quérir Andréas Odran au village afin qu'il puisse rencontrer [[Malondil]] et peut-être le défaire du fantôme de son père.<br />
<br />
[[Lel'Liamil]] se réveille le second, dans sa tente familiale (il a apparemment trouvé son chemin jusque là et sa femme se moque joyeusement de sa gueule de bois) : rejoignant rapidement son doyen Ethelkaran et la bardesse Tahalien pour causer politique, leur nouvelle alliée lui fait remarquer que le "tracé haut" soutenu par sa vieille [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]] malade, la chasseresse [[Falawin]] et la vieille chamane nommée Kal Ron Shidalei (ces deux dernières du clan des [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]]) va en lui-même poser des problèmes de subsistance (il n'y a pas grand chose à bouffer dans les hautes vallées et les pics enneigés) et que si les deux Liam'Lon comptent sur leur clan pour ravitailler les réfugiés, il semble qu'elles n'aient en fait pas l'aval de leur clan pour ce faire. Ce qui commence à inspirer au maquignon un plan assez audacieux, consistant à faire capoter le tracé "haut" avant le grand pow-wow du soir afin d'en récupérer les partisans pour leur propre plan...<br />
<br />
C'est le beau soleil de fin de matinée ("c'est le printemps !") qui éveille [[Sifenen Arlan]] et [[Islinna]] en se glissant sous une tente lewyllen. D'abord ravi de sa nuit voluptueuse, le conducteur d'attelage panique en réalisant qu'il vient de coucher avec l'amoureuse de l'assassin [[Vighnu Pratesh]], dont la jalousie commence à être connue chez les Emishen. Il tait néanmoins ses craintes à son amante d'un soir, qui se lève pour rejoindre ses camarades diplomates : informée du plan de Lel'Liamil et effectivement convaincue que c'est pour eux le seul moyen de récupérer assez de voix avant la soirée, elle accompagne le maquignon et la bardesse visiter [[Falnen Be'hemshar]], le jeune chasseur [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] fougueux qui participa à "l'Opération Tréfonds" (avec elle, Nevel et Vighnu, entre autres) et qui, s'il est assez au courant des affaires de chasse de son clan, reste un soutien "pacifiste" et s'est déjà déclaré volontaire comme "garde-Frontière (de l'Orage)".<br />
[[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] confirme volontiers le peu qu'il sait de la politique de son clan (c'est pas vraiment son rayon) et leur apprend que, finalement, les partisans du tracé "haut" se défient surtout des Dirsen à cause de divers préjugés. Comme les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] savent que, quelque soit le tracé, il leur faudra forcément se mettre à l'agriculture pour nourrir les réfugiés (à laquelle ils ne connaissent rien et qui va nécessiter le soutien d'une culture plus "paysanne"... comme les Dirsen, par exemple) et que la position politique de [[Falawin]] reste assez fragile, l'enthousiaste [[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] accepte de leur étendre une invitation pour le dîner "clanique" du soir, où ils ne leur restera qu'à être très éloquents pour peut-être rallier les soutiens nécessaires juste avant la réunion...<br />
<br />
Le soleil a déjà passé son zénith quand [[Nevel]] s'extirpe enfin d'une yourte inconnue... au milieu du camp des "orphelins", qui s'avèrent considérer [[Doma Sholen]] comme une grande sœur. Après que l'[[:Catégorie:Elloran|Elloran]] ait subit les moqueries de tout le monde pour s'être endormi "sans rien faire" (à la déception de [[Doma Sholen]], qui le couvait des yeux depuis des semaines), les deux tourtereaux malchanceux discutent de leur ami [[Lerkoren Oleytan]] (toujours amoureux de Doma), de leur possible couple ([[Nevel]] flippe un peu) et du problème grandissant des orphelins (qu'il va falloir régler puisqu'ils l'ont promis à [[Tahalien]]), avant d'aller quérir la réponse de [[Kal Kirhan]] : après avoir longuement médité, consulté les esprits et discuter avec quelques membres de sa belle-famille, le chaman-lancier admet que s'il veut que les siens soient vraiment en sécurité derrière la Frontière, il lui faudra en assurer la garde lui-même... mais à la condition que Nevel soit son second, ce qu'il accepte en sachant qu'il lui faudra pour cela démissionner du service de [[Durgaut]].<br />
<br />
=== Arrivée d'Andréas et de Shen Silondin ===<br />
<br />
L'après-midi touche à sa fin lorsque [[Shen Silondin]] revient de Tal Endhil avec [[Andréas]]... et une récente blessure : les Templiers qui gardaient le donjon l'ont pratiquement attaqué à vue et le guerrier [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] est assez remonté contre les Dirsen. Nos diplomates le calment néanmoins et font le point avec [[Tahalien]] et [[Neri'Helin]], la dresseuse ayant fait le tour des campements pour leur fournir une vue générale des opinions : si le "grand" tracé est encore nettement majoritaire, celui des Talendan a déjà plus que doublé ses partisans et comme le tracé "haut" régresse depuis que les [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] ont annoncé qu'ils ne le soutiendraient pas (et que sans eux la subsistance en altitude sera très difficile), nos PJ peuvent encore revenir à la marque si [[Malondil]] et les 2 émissaires [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] passaient de leur côté dans les quelques heures qui leur restent. Si les orateurs du "tracé talendan" brillaient particulièrement durant leur exposé, ils pourraient même rallier assez d'indécis pour faire la différence, aussi ont-ils préparé intensément leurs arguments et leurs discours avec leurs alliés : ce soir, l'avenir de Tal Endhil dépendra de leur éloquence.<br />
<br />
=== Banquet chez les Liam'Lon (3) ===<br />
<br />
Lorsqu'ils arrivent au grand campement [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] peu avant le banquet qui réunit chaque soir le clan autour de ses émissaires, l'accueille est d'abord un peu frais mais les PJ ont apporté des denrées, [[Lel'Liamil]] comme [[Islinna]] savent se faire des amis, [[Nevel]] bénéficie tant de l'introduction de [[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] que d'une renommée assez flatteuse depuis le duel rituel contre les [[:Catégorie:Arkonnelkan|Arkonnelkan]] et même [[Andréas]] fait des efforts de sociabilité. Aussi, lorsque [[Kal Ron Shidalei]] et [[Falawin]] arrivent du piton rocheux qui forme le village en dur des Cascades et donc le "centre de conférence" de l'Assemblée, nos diplomates sont déjà bien intégrés et la chasseresse renonce à les virer. Et le débat attendu se produit : quand Falawin annonce la part de gibier demandée aux [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] pour ravitailler l'éventuel tracé "haut", les chasseurs font plutôt la gueule et nos héros s'engouffrent dans la brèche en soulignant que les réfugiés se déverseront probablement dans leur territoire aux premiers frimas, qu'ils ne pourront lancer de cultures sans l'aide des Dirsen et mentionnent que, en perdant Tal Endhil, les "Faucons-Chanteurs" seraient privés du commerce des peaux qui leur rapportent jusqu'ici le métal et les chevaux dont ils manquent.<br />
[[Falawin]] rétorque que les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] peuvent encore agrandir leur territoire sur les terres abandonnées par les [[:Catégorie:Del'Ranan|Del'Ranan]] disparus : les PJ entendent pour la première fois la mention de la disparition complète de la tribu la plus nordique du Peuple du Vent, que les Liam'Lon n'ont pas trop ébruité pour s'approprier leur Cercle, puisque le leur est de longue date "envahi par les démons" (nos héros tombent carrément des nues), mais les chasseurs ne sont guère enthousiasmés par ces toundras gelées 8 mois par an. Alors qu'[[Islinna]] quitte le banquet pour intercepter [[Malondil]] avant qu'il ait lui-même fini de dîner (comptant sur le rapport de séduction qu'elle a déjà établi avec lui), [[Andréas_"Odran"|Andréas]] pousse justement la discussion vers les démons et autres exorcismes en expliquant qu'il est une sorte de "chaman dirsen" (déclenchant comme souvent toutes sortes de commentaires sur ses origines, vu son physique nettement "emishen", dont il se défend bien inutilement), [[Lel'Liamil]] insiste sur les bénéfices que les Liam'Lon tirent déjà du négoce avec sa propre tribu et l'apport des Lewyllen au ravitaillement des futurs réfugiés si l'on adoptait le tracé "talendan" pendant que Nevel rappelle que lui-même défend la paix ET la fraternisation, qu'ils ont l'appui de [[Kal Kirhan]], [[Kal Shemon'Lon]], [[Kal Tayvohn]] et de [[Tael Shannan]]...<br />
<br />
L'heure tourne, les émissaires se préparent à remonter au Cercle et les discussions se résument finalement toujours au même point : les Liam'lon ne peuvent pas faire confiance aux Dirsen... à moins que les Talendan n'adoptent à leur tour une partie des coutumes locales, à commencer par la nomination d'un chaman : Andréas manque de s'étouffer sur sa venaison en réalisant que c'est de lui qu'on parle. Mais l'idée de compléter sa formation "mystique" ne lui déplaît pas et, s'il doit être régulièrement en but à des affaires de démons, de spectres et d'esprits totems, autant y être préparé. Il accepte donc de devenir le disciple de [[Kal Ron Shidalei]] et [[Kal Shemon'Lon]], scellant un pacte avec les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]], qui se rallient enfin aux PJ.<br />
<br />
=== Exorcisme ===<br />
<br />
Ce n'est pas trop tôt, parce qu'alors [[Andréas_"Odran"|Andréas]] doit filer chez [[Malondil]], où [[Islinna]] gagnait déjà du temps (et des infos) en évoquant avec le jeune chef et sa mère le tragique décès d'Ahndro'shar. L'arrivée de Lel'Liamil, qui manœuvre pour occuper la veuve, lui permet de lui soumettre enfin la proposition prévue : rencontrer un ami à elle qui pourrait lui donner l'occasion de parler à son défunt père. Le temps d'expliquer que l'ami en question n'est pas exactement un chaman ("Mais il va le devenir !", précise [[Lel'Liamil]]), [[Andréas_"Odran"|Andréas]] les rejoint enfin, essoufflé. Malgré ses limites en Langue des Vents et son peu d'expérience en la matière, Islinna a suffisamment mis la famille en condition pour qu'il réussisse à exécuter le rituel pour évoquer Ahndro'shar, employant pour cela sa sphère première... qui libère soudain un invité surprise : le spectre de Languard ! Avec deux spectres tempêtant soudain dans la hutte sous les yeux effarés de Malondil et de sa mère, les pouvoirs d'Islinna et la présence d'esprit (haha!) de Lel'Limail ne seront pas de trop pour protéger les participants du mobilier qui vole le temps qu'Andréas parviennent à "ré-aspirer" Languard dans la sphère et à stabiliser suffisamment l'image du père pour qu'il adresse un long regard triste à son épouse. Puis, se tournant une dernière fois vers son fils, le fantôme disparaît de sa propre volonté. Profitant du trouble qui règne dans la hutte en désordre, Islinna se dépêche d'interpréter la brève apparition comme le signe qu'Ahndro'shar considère qu'il est temps pour sa femme de lâcher prise et pour son fils de devenir une personne en propre, méritant le titre de chef par ses propres décisions plutôt que par la répétition de celles de son père.<br />
Cette tentative de "thérapie familiale accélérée" ne suffira pas à convaincre Malondil de changer de camp mais, puisqu'il est trop choqué pour participer activement à l'Assemblée, c'est toujours une voix de moins pour Alon Sorhan...<br />
<br />
== Assemblée ==<br />
<br />
Rejoignant précipitamment le Cercle où Tael Shannan s'était lancé dans un splendide "filibuster" pour couvrir leur retard, les exorcistes amateurs prennent leurs places à l'Assemblée et le barde introduit leur exposé. À ce stade, la plupart des présents ont déjà entendu parlé de leur tracé et l'enjeu est maintenant d'en souligner non seulement les avantages, mais l'ampleur des soutiens.<br />
[Comme il était grand temps qu'on finisse cette séance au risque de perturber le planning des parties suivantes, et quoique les Emishen ne prennent pas réellement leurs décisions politiques au vote mais discutent longuement jusqu'à obtenir un consensus global, on a réglé la question en "comptant les points" : j'avais attribué un score "d'Influence" aux différents émissaires et le parti regroupant le plus d'Influence emporterait le morceau sur la longueur. Et comme nos diplomates n'avaient pas l'avantage en début de séance, il leur fallait maintenant cumuler les uns après les autres assez de MR sur des jets de persuasion ou d'éloquence pour non seulement combler l'écart, mais prendre l'ascendant.]<br />
<br />
Chacun leur tour, les partisans du tracé "talendan" vont alors expliquer leurs raisons et démontrer leur force de conviction devant un auditoire manifestement surpris du nombre d'appuis qu'ils ont su rassembler. Ethelkaran et Doma Sholen promettent que les Lewyllen approvisionneront la zone de paix s'ils peuvent commercer à Tal Endhil, Falawin engage de même la parole des Liam'Lon et Islinna celle des Sotorine (avec l'aval réticent de sa mère), Lel'Liamil fait miroiter à tout le monde un formidable développement agraire et Nevel jure de défendre la zone de paix avec Kal Kirhan : bien qu'un tribun franchement médiocre (et échaudé au Cercles des Hautes Pierres), le chaman-lancier renouvelle son serment et accuse carrément Alon Sorhan de manipuler les débats sur le tracé pour entraîner les pacifistes dans une guerre sanglante, concluant par la promesse de le tuer s'il s'en prend à nouveau à l'intégrité de la Frontière (ce qui fait assez forte impression, vu la réputation de "justicier" de Kirhan).<br />
<br />
Il faut alors l'intervention modératrice de Kal Feilan et Falawin pour ramener le calme et laisser [[Kal Tayvohn]] et [[Tahalien]] exprimer leur soutien aux Talendan "parce qu'ils sont les seuls à œuvrer sérieusement pour la libération des esclaves" (les [[:Catégorie:So'Sherkan|So'Sherkan]] et quelques [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]] font des mines dégoûtées). Et lorsque Andréas annonce que, pour démontrer la bonne fois de [[Tal Endhil]], il va en devenir le chaman par l'enseignement de [[Kal Ron Shidalei]], les bellicistes finissent par rompre le protocole pour crier au scandale, permettant ainsi aux organisateurs de sortir de leur (relative) neutralité.<br />
Quand [[Kal Feilan]] menace [[Alon Sorhan]] de l'exclure des pourparlers si ses partisans s'avèrent incapables d'en respecter les usages, le chef de guerre prend la parole pour annoncer d'un ton glacial que cette Assemblée a tourner à la mascarade et qu'il partira dès le lendemain pour mener au combat tous les Emishens assez fiers de leur héritage pour le défendre les armes à la main.<br />
<br />
Derrière lui, la quasi-totalité des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]], la majorité des [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] et plus de la moitié des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] quittent les Cascades le lendemain à l'aube, laissant aux Talendan une victoire de justesse qui leur a coûté bien des promesses et annonce moult complications à venir...<br />
<br />
----<br />
'''[[8) "Le Train de l'Argent"|<< Épisode Précédent]] | [[10) "Nuit Blanche"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
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<br />
[[Catégorie:Épisodes]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/9)_%22Reishin_Ghoran%229) "Reishin Ghoran"2014-09-08T14:37:04Z<p>Aloun : </p>
<hr />
<div><br />
<br />
== Objectifs et renseignements ==<br />
<br />
C'est au début de la sixième semaine (<span style="color:#999999">"après la Bataille"</span>) que les Talendan ont pour la première fois entendu parler du Reishin Ghoran, la fameuse "[[Frontière de l'Orage]]" conçue par l'Assemblée Tribale.<br />
Lorsque Lel'Liamil profite d'achats de chevaux au [[Cercle des Cascades]] pour se renseigner sur les négociations (<span style="color:#999999">et comprends que l'argent qu'il vient de verser pour les canassons va permettre aux [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] de s'armer</span>), il réalise rapidement que ce fin stratège d'Alon Sorhan (<span style="color:#999999">chef du clan des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]], "chef de guerre" de toute la tribu des So'Sherkan et tête de file des Emishen bellicistes</span>) est en train de s'approprier le débat en proposant pour la Frontière un tracé englobant presque toute la Marche des Lacs et qui, au lieu de garantir la paix, obligerait les pacifistes à commencer par en chasser les Remans, donc à entrer en guerre. Parallèlement, d'autres Emishen font la promotion d'un tracé "sans les Dirsen" qui limiterait la zone de paix aux plus hautes vallées, excluant notamment Tal Endhil.<br />
Dès que le maquignon lewyllen prévient Durgaut de ce qui se trame, le Capitaine lui parle du rapport stratégique de Bahardabras le Hornois, concernant la défense de la vallée, les cols défendables, les gués et tout ce qu'il leur faudrait de troupes et de fortification pour tenir enfin fermement leur territoire.<br />
Il apparaît très vite que si les Talendan réussissaient à influencer le tracé du Reishin Ghoran pour qu'il corresponde à leur vallée (<span style="color:#999999">donc grossièrement aux contours du futur bailliage</span>), ils obtiendraient non seulement d'être inclus dans la zone de paix (<span style="color:#999999">ce qui serait extrêmement profitable au commerce</span>) mais d'être désormais carrément défendus par la force d'interposition Emishen, appelée à vite devenir plus nombreuse que les troupes du village, ce qui serait un pas de plus vers une possible indépendance vis à vis de l'Empire (<span style="color:#999999">idée qui trotte dans la tête de beaucoup de PJ depuis longtemps</span>). Si en plus l'arrangement de Durgaut avec les [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] pouvait convaincre l'un des rares clans Emishen possédant une expérience minière de venir s'installer chez lui pour exploiter les filons locaux (<span style="color:#999999">en l'échange du rachat de leurs frères en esclavage</span>), le Capitaine pourrait rapidement se retrouver à la tête d'une petite mais puissante seigneurie "franche"...<br />
<br />
Lel'Liamil ayant passer le reste de la semaine à identifier les émissaires les plus influents et leur allégeance à l'un des trois tracés (<span style="color:#999999">le "grand" d'Alon Sorhan, le "haut" qui exclue les Dirsen et celui des Talendan, largement minoritaire puisque seulement soutenu par leurs alliés directs, [[Kal Feilan]], [[Kal Shemon'Lon]] et [[Tael Shannan]]</span>), il remonte aux Cascades avec une équipe de diplomate emishen composée de son fidèle [[Sifenen Arlan]], [[Islinna|Islinna "Maliam'nid"]], [[Nevel Sholdanan]] et la jeune négociante [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] [[Doma Sholen]] : vue l'avancée des négociations, ils n'ont alors guère plus que 24h pour obtenir un changement drastique de l'opinion avant que tous les "bellicistes" ne quitte l'Assemblée pour partir en guerre dans la Marche des Gemmes, mettant probablement fin au plus gros des débats. Durgaut ayant fait jouer ses contacts auprès des pacifistes, il a obtenu que ses représentants -quoique n'étant pas vraiment des "émissaires tribaux"- puissent au moins présenter leur projet à l'Assemblée.<br />
Ils savent que les principaux arguments en faveur du "grand" tracé sont la quantité de terres arables (<span style="color:#999999">pour nourrir les réfugiés, qu'on suppose très nombreux</span>) et les cercles de pierres qui s'y trouvent, historiquement les points de rassemblements et lieux saints des différents clans alors que les quelques émissaires à défendre le tracé "haut" ne le font que par défiance envers les Dirsen en général. <br />
<br />
=== Rappel des différents clans Emishens ===<br />
<br />
Clans appartenants aux '''Si'Olonil''' (<span style="color:#999999">"falconidés"</span>)<br />
: Les Elloran (<span style="color:#999999">"éperviers-pêcheurs"</span>)<br />
: Les Liam'Lon (<span style="color:#999999">"faucons chanteurs"</span>)<br />
: Les Oloden (<span style="color:#999999">"gerfauts des rivages"</span>)<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Lewyllen''' (<span style="color:#999999">"corneilles"</span>)<br />
: L'Aile du Silond, (<span style="color:#999999">"le nord"</span>)<br />
: L'Aile de l'Orind, (<span style="color:#999999">"le sud"</span>)<br />
<br />
Clans appartenant aux '''So'Sherkan''' (<span style="color:#999999">"aigles"</span>)<br />
: Les Okhina'en (<span style="color:#999999">"aigles royaux"</span>)<br />
: Les Edell'Okhil (<span style="color:#999999">"aigle des montagnes"</span>)<br />
: Les Tallalnen (<span style="color:#999999">"harfangs"</span>)<br />
: Les Halia'Hetan (<span style="color:#999999">"pygargues"</span>)<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Arkonnelkan''' (<span style="color:#999999">"les condors"</span>)<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Rimdehl''' (<span style="color:#999999">"geaies"</span>)<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Otlalnan''' (<span style="color:#999999">"oies"</span>)<br />
: Les Barantanen (<span style="color:#999999">“bernaches”, qu'on appelait le "clan du printemps" et qui avait une grande importance symbolique chez les Emishen</span>)<br />
: Les Otindhil (<span style="color:#999999">“cygnes”</span>)<br />
: Les Eritorden (<span style="color:#999999">“pélicans”, réduit à moins de 10.000 parce qu'ils sont les seuls à avoir vraiment résisté</span>)<br />
: Les Eibradon (<span style="color:#999999">“eider”</span>)<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Korimlan''' (<span style="color:#999999">"vautours"</span>)<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Del'Ranan''' (<span style="color:#999999">sternes"</span>)<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Larindeln''' (<span style="color:#999999">"goélands"</span>)<br />
<br />
== Premier jour ==<br />
<br />
[[Fichier:Plan-Cascades.jpg|600px|thumb||Plan du Cercle des Cascades]]<br />
<br />
Accueillis pour dîner chez [[Ethelkaran]] (<span style="color:#999999">doyen des [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] du sud, donc "chef" de [[Lel'liamil]]</span>) et, bientôt rejoints par le barde [[Tael Shannan]], nos diplomates vont d'abord convaincre le doyen de l'opportunité commerciale qu'il y aurait à se lancer massivement dans l'importation de nourriture et de semences (<span style="color:#999999">pour développer l'agriculture locale</span>) afin de pouvoir assurer le ravitaillement des réfugiés : car si Tal Endhil peut assurer des liaisons maritimes vers Aroche et se dote bientôt d'un port fluvial, la seule ville cosmopolite de la zone de paix serait rapidement la plus grande place commerçante de la région.<br />
<br />
=== Kal Kirhan chaman des Tallalnen (<span style="color:#999999">5</span>) ===<br />
<br />
Ceci fait, [[Sifenen Arlan]] et [[Nevel]] filent parler à [[Kal Kirhan]], le fameux chaman-lancier des [[Tallalnen]] (<span style="color:#999999">qui accompagnait l'Opération Tréfonds</span>) et qui, pressenti pour commander les Gardes-Frontière, a apparemment refusé le poste : s'ils parvenaient à le convaincre d'accepter et le ralliaient à leur tracé, ce serait encore des points de marqués. Lorsqu'ils arrivent au campement des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]], c'est pour découvrir leur ami, le chef du clan Reyil Arkon et sa chamane [[Kal Levayassan]] en grande discussion avec [[Alon Sorhan]] : si les deux chefs guerriers partagent le même avis sur les Dirsen et la frontière, les deux chamans sont beaucoup plus circonspect et même vaguement défiant avec le puissant [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] qui cherche à rallier un maximum de combattant et à se faire nommer "chef de toute la tribu" (<span style="color:#999999">donc, en plus de son propre clan, ceux des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] et [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]]</span>). C'est plutôt un dialogue de sourds, dont les PJ réussissent à extraire [[Kal Kirhan]] pour lui mettre le marché en main, mais le chaman explique qu'il en a marre des manigances politiques : tout ça est trop malhonnête pour sa propre conception de la Justice (<span style="color:#999999">car avant de devenir chaman sur le tard à la demande expresse de leurs esprits-totems, [[Kal Kirhan|Kirhan]] était "l'exécuteur judiciaire" des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] : c'est un peu Judge Dredd rhabillé en chaman</span>), il est loin de sa famille depuis des semaines, il pense qu'Alon Sorhan va faire capoter tout le projet de frontière et, franchement, n'a lui-même guère confiance dans les Dirsen. [[Nevel]] va alors user de toute son éloquence (<span style="color:#999999">limitée</span>) pour faire valoir qu'il est justement le seul espoir de la Frontière, entraîner le chaman dans une longue conversation (<span style="color:#999999">alcoolisée</span>) à cœur ouvert en contemplant la cascade... et finalement renvoyer son ami méditer sur ses contradictions, réponse espérée le lendemain.<br />
<br />
=== Rencontre entre Nevel et Alon Sorhan ===<br />
<br />
En regagnant les pentes où devraient camper ses camarades, légèrement éméché, Nevel tombe sur [[Alon Sorhan]] qui veut lui parler : si le chef de guerre veut faire appel à la fougue guerrière qui animait jadis l'éclaireur et qui l'a poussé à attaquer l'occupant il y a 15 ans, déclenchant le sanglant cycle de représailles qui coûta la vie à de nombreux [[:Catégorie:Elloran|Elloran]], à leur chef d'alors (<span style="color:#999999">le père de l'actuel</span>) et le fit bannir, [[Nevel]] lui explique posément pourquoi il est aujourd'hui du côté de la paix et de la "Fraternisation", et comment il compte racheter ses fautes passées en défendant les Emishen pacifistes. La discussion s'envenime peu à peu, au point que le chef des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] finisse par traiter l'[[:Catégorie:Elloran|Elloran]] repentant de lâche et le prévienne que leur prochaine rencontre se fera probablement les armes à la main.<br />
Légèrement dégrisé, [[Nevel]] par en quête de ses compagnons...<br />
<br />
=== Malondil chef des Elloran (<span style="color:#999999">6</span>) ===<br />
<br />
[[Lel'Liamil]] et [[Islinna]] enchaînent justement avec [[Malondil]], le (<span style="color:#999999">trop</span>) jeune chef des [[:Catégorie:Elloran|Elloran]] des Cascades, de plus en plus ouvertement partisan de la guerre (<span style="color:#999999">bien que son chaman, [[Kal Feilan]], soit le leader pacifiste : oui, c'est le bordel</span>). En plus d'avoir été presque spolié de son rôle politique (<span style="color:#999999">[[Kal Feilan|Feilan]] a derrière lui une nette majorité des [[:Catégorie:Elloran|Elloran]], l'organisation de l'Assemblée s'est faite sur les terres de son clan mais contre son avis...</span>), nos deux PJ comprennent vite que le jeune homme est surtout sous la double influence de sa mère, qui déteste les Dirsen, et du souvenir de son père, [[Ahndro'shar]], ancien chef du clan tué en combattant l'oppresseur. Mais il semble vite aux deux diplomates qu'il y a "quelque chose du défunt" qui se manifeste à travers le jeune [[Malondil]] quand il parle de vengeance, une soudaine fougue et une conviction qui ont certainement fait beaucoup pour son élection comme chef, mais qui aux yeux d'[[Islinna]] pourrait bien avoir une source "surnaturelle". Surpris et foutus dehors, ils se séparent pour leurs visites suivantes...<br />
<br />
=== Tahalien des Rimdehl (<span style="color:#999999">7</span>) ===<br />
<br />
[[Lel'Liamil]], lui, va parler aux [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]], la tribu décimée étant représentée sur place par seulement deux bardesses : une vieille malade venue énumérer à l'Assemblée les massacres et les injustices subis par sa tribu à cause du prévôt [[Rhilder]], la seconde n'étant autre que [[Tahalien]], l'évadée de la mine de [[Solerane]] que [[Vighnu]] et [[Andréas]] ont croisé (<span style="color:#999999">et aidé</span>) pendant "[[Le Train de l'Argent]]". Si Tahalien -plutôt influente aux Cascades- doit heureusement remplacer sa consœur à l'Assemblée et se dit assez favorable aux Talendan, elle leur propose vite de défendre leur projet pour peu qu'ils lui rendent deux services.<br />
Le premier consiste rien moins qu'à monter l'évasion de tous les esclaves qu'elle a du laisser derrière elle dans la mine de [[Jornil Cuivré]] (<span style="color:#999999">les Talendan acceptent d'y parvenir sous 4 semaines, quoiqu'en en sachant pas encore comment leurs collègues pourront bien s'y prendre</span>), le second à trouver une solution pour les enfants sauvés des mines et qui, sans famille, sont actuellement hébergés avec nombre d'autres orphelins par les [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] du sud (<span style="color:#999999">la communauté de [[Doma Sholen]], rescapée du massacre du Pic Blanc</span>)... Sauf que ces gamins sans réelle supervision commencent à poser de nombreux problèmes : ils se font nourrir sans participer à aucune des tâches domestiques, ils foutent le souk dans les campements, volent parfois, refusent d'être séparés et renvoyés dans leurs clans respectifs.<br />
<br />
=== Kal Tayvohn chaman des Edell'Okhil (<span style="color:#999999">4</span>) ===<br />
<br />
De leur côté, Islinna et Doma Sholen ont pris contact avec [[Kal Tayvohn]], le chaman des [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] qui a récemment aidé Durgaut pour "le Train..." : furieux que le Capitaine n'ait encore rien fait pour tenir sa promesse de racheter les enfants de son clan en esclavage dans la Marche des Gemmes, il fait alors plutôt campagne contre les Dirsen. Les deux demoiselles vont néanmoins parvenir à lui faire comprendre qu'il faut du temps pour préparer la transaction et surtout que la route vers le sud rouvre avant que les Talendan puissent tenir leurs promesses. Ramené à de meilleurs sentiments, le jeune chaman est alors prêt à écouter leurs arguments en faveur du tracé "de Tal Endhil". Et lorsque Lel'Liamil, Nevel et Tahalien arrivent pour leur prêter main-forte, les diplomates le persuadent à son tour : autant pour vérifier leur honnêteté que pour les assister dans leurs tâches, [[Kal Tayvohn|Tayvohn]] leur confiera le lendemain la pétulante Neri'Helin, la dresseuse qui avait permis à l'équipe du "Train" de franchir les montagnes et qu'Islinna a récemment recrutée pour conduire les géants affectés à la Mine Bénie. En effet, celle-ci est prête à vendre ses services pour peu qu'elle n'ait pas à fréquenter [[Adira Pratesh]] (<span style="color:#999999">dont la réputation sulfureuse commence à se répandre chez les Emishen</span>) et qu'elle soit payée en monnaie impériale,afin de racheter des esclaves de sa famille.<br />
<br />
=== Soirée nuageuse et herbeuse ===<br />
<br />
La nuit est très avancée lorsque nos PJ et Tael Shannan se regroupent enfin dans la tente de [[Kal Feilan]] pour faire le bilan, prévoir la suite et partager l'herbe-nuage du vieux [[Kal Shemon'Lon]]. Sous l'influence de l'herbe, les langues se délient et un certain nombre de secrets sont révélés, notamment l'implication du célèbre barde dans le trafic d'artefacts et le financement des Kormes (<span style="color:#999999">[[Tael Shannan]] jure qu'il a compris son erreur et qu'on ne l'y reprendra plus</span>), mais aussi la présence d'esprits mauvais rôdant autour du Cercle (<span style="color:#999999">l'esprit du Chacal qui accompagne [[Etayn-la-Louve]] et l'empêche de trouver [[Urgrand]], le démon affamé qui s'est enfuit de la Mine Bénie après l'intervention des Talendan et sans doute quelques autres forces inféodées à [[Lorkan Elakhendil]]...</span>). [[Islinna]] évoque son père, un [[:Catégorie:Elloran|Elloran]] ayant rejoint le camp des Kormes depuis des années et dont elle n'a plus de nouvelle, [[Nevel]] raconte l'Opération Tréfonds et les récentes menaces d'[[Alon Sorhan]], [[Lel'Liamil]] se plaint de son épouse et tente d'expliquer son "amitié" avec [[Adira]], on fait des hypothèses sur la Porte-sous-la-Montagne, on confirme que [[Malondil]] est certainement "hanté" par son père [[Ahndro'shar]].... Et plus nos héros fument, plus l'ambiance glisse de la complicité à l'intimité, des confessions vers une tendresse "tactile" : on se câline, on se papouille sans y penser vraiment. Quand la nuit menace de tourner à l'orgie, [[Kal Feilan]] réussit tout de même à foutre ces encombrants convives à la porte et, après qu'[[Islinna]] ait repoussé les avances de [[Tael Shannan]] pour entraîner [[Sifenen Arlan|Arlan]] par la main, [[Doma]] promet de trouver un lit pour [[Nevel]] qui titube et le reste de la soirée se perd dans les brumes de l'herbe-nuage.<br />
<br />
== Deuxième jour ==<br />
<br />
=== Réveils échelonnés ===<br />
<br />
À l'aube, [[Tael Shannan]] a envoyé son garde du corps "semishen" (<span style="color:#999999">métis emishen/semi</span>) quérir Andréas Odran au village afin qu'il puisse rencontrer [[Malondil]] et peut-être le défaire du fantôme de son père.<br />
<br />
[[Lel'Liamil]] se réveille le second, dans sa tente familiale (<span style="color:#999999">il a apparemment trouvé son chemin jusque là et sa femme se moque joyeusement de sa gueule de bois</span>) : rejoignant rapidement son doyen Ethelkaran et la bardesse Tahalien pour causer politique, leur nouvelle alliée lui fait remarquer que le "tracé haut" soutenu par sa vieille [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]] malade, la chasseresse [[Falawin]] et la vieille chamane nommée Kal Ron Shidalei (<span style="color:#999999">ces deux dernières du clan des [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]]</span>) va en lui-même poser des problèmes de subsistance (<span style="color:#999999">il n'y a pas grand chose à bouffer dans les hautes vallées et les pics enneigés</span>) et que si les deux Liam'Lon comptent sur leur clan pour ravitailler les réfugiés, il semble qu'elles n'aient en fait pas l'aval de leur clan pour ce faire. Ce qui commence à inspirer au maquignon un plan assez audacieux, consistant à faire capoter le tracé "haut" avant le grand pow-wow du soir afin d'en récupérer les partisans pour leur propre plan...<br />
<br />
C'est le beau soleil de fin de matinée (<span style="color:#999999">"c'est le printemps !"</span>) qui éveille [[Sifenen Arlan]] et [[Islinna]] en se glissant sous une tente lewyllen. D'abord ravi de sa nuit voluptueuse, le conducteur d'attelage panique en réalisant qu'il vient de coucher avec l'amoureuse de l'assassin [[Vighnu Pratesh]], dont la jalousie commence à être connue chez les Emishen. Il tait néanmoins ses craintes à son amante d'un soir, qui se lève pour rejoindre ses camarades diplomates : informée du plan de Lel'Liamil et effectivement convaincue que c'est pour eux le seul moyen de récupérer assez de voix avant la soirée, elle accompagne le maquignon et la bardesse visiter [[Falnen Be'hemshar]], le jeune chasseur [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] fougueux qui participa à "l'Opération Tréfonds" (<span style="color:#999999">avec elle, Nevel et Vighnu, entre autres</span>) et qui, s'il est assez au courant des affaires de chasse de son clan, reste un soutien "pacifiste" et s'est déjà déclaré volontaire comme "garde-Frontière (<span style="color:#999999">de l'Orage</span>)".<br />
[[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] confirme volontiers le peu qu'il sait de la politique de son clan (<span style="color:#999999">c'est pas vraiment son rayon</span>) et leur apprend que, finalement, les partisans du tracé "haut" se défient surtout des Dirsen à cause de divers préjugés. Comme les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] savent que, quelque soit le tracé, il leur faudra forcément se mettre à l'agriculture pour nourrir les réfugiés (<span style="color:#999999">à laquelle ils ne connaissent rien et qui va nécessiter le soutien d'une culture plus "paysanne"... comme les Dirsen, par exemple</span>) et que la position politique de [[Falawin]] reste assez fragile, l'enthousiaste [[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] accepte de leur étendre une invitation pour le dîner "clanique" du soir, où ils ne leur restera qu'à être très éloquents pour peut-être rallier les soutiens nécessaires juste avant la réunion...<br />
<br />
Le soleil a déjà passé son zénith quand [[Nevel]] s'extirpe enfin d'une yourte inconnue... au milieu du camp des "orphelins", qui s'avèrent considérer [[Doma Sholen]] comme une grande sœur. Après que l'[[:Catégorie:Elloran|Elloran]] ait subit les moqueries de tout le monde pour s'être endormi "sans rien faire" (<span style="color:#999999">à la déception de [[Doma Sholen]], qui le couvait des yeux depuis des semaines</span>), les deux tourtereaux malchanceux discutent de leur ami [[Lerkoren Oleytan]] (<span style="color:#999999">toujours amoureux de Doma</span>), de leur possible couple (<span style="color:#999999">[[Nevel]] flippe un peu</span>) et du problème grandissant des orphelins (<span style="color:#999999">qu'il va falloir régler puisqu'ils l'ont promis à [[Tahalien]]</span>), avant d'aller quérir la réponse de [[Kal Kirhan]] : après avoir longuement médité, consulté les esprits et discuter avec quelques membres de sa belle-famille, le chaman-lancier admet que s'il veut que les siens soient vraiment en sécurité derrière la Frontière, il lui faudra en assurer la garde lui-même... mais à la condition que Nevel soit son second, ce qu'il accepte en sachant qu'il lui faudra pour cela démissionner du service de [[Durgaut]].<br />
<br />
=== Arrivée d'Andréas et de Shen Silondin ===<br />
<br />
L'après-midi touche à sa fin lorsque [[Shen Silondin]] revient de Tal Endhil avec [[Andréas]]... et une récente blessure : les Templiers qui gardaient le donjon l'ont pratiquement attaqué à vue et le guerrier [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] est assez remonté contre les Dirsen. Nos diplomates le calment néanmoins et font le point avec [[Tahalien]] et [[Neri'Helin]], la dresseuse ayant fait le tour des campements pour leur fournir une vue générale des opinions : si le "grand" tracé est encore nettement majoritaire, celui des Talendan a déjà plus que doublé ses partisans et comme le tracé "haut" régresse depuis que les [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] ont annoncé qu'ils ne le soutiendraient pas (<span style="color:#999999">et que sans eux la subsistance en altitude sera très difficile</span>), nos PJ peuvent encore revenir à la marque si [[Malondil]] et les 2 émissaires [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] passaient de leur côté dans les quelques heures qui leur restent. Si les orateurs du "tracé talendan" brillaient particulièrement durant leur exposé, ils pourraient même rallier assez d'indécis pour faire la différence, aussi ont-ils préparé intensément leurs arguments et leurs discours avec leurs alliés : ce soir, l'avenir de Tal Endhil dépendra de leur éloquence.<br />
<br />
=== Banquet chez les Liam'Lon (<span style="color:#999999">3</span>) ===<br />
<br />
Lorsqu'ils arrivent au grand campement [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] peu avant le banquet qui réunit chaque soir le clan autour de ses émissaires, l'accueille est d'abord un peu frais mais les PJ ont apporté des denrées, [[Lel'Liamil]] comme [[Islinna]] savent se faire des amis, [[Nevel]] bénéficie tant de l'introduction de [[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] que d'une renommée assez flatteuse depuis le duel rituel contre les [[:Catégorie:Arkonnelkan|Arkonnelkan]] et même [[Andréas]] fait des efforts de sociabilité. Aussi, lorsque [[Kal Ron Shidalei]] et [[Falawin]] arrivent du piton rocheux qui forme le village en dur des Cascades et donc le "centre de conférence" de l'Assemblée, nos diplomates sont déjà bien intégrés et la chasseresse renonce à les virer. Et le débat attendu se produit : quand Falawin annonce la part de gibier demandée aux [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] pour ravitailler l'éventuel tracé "haut", les chasseurs font plutôt la gueule et nos héros s'engouffrent dans la brèche en soulignant que les réfugiés se déverseront probablement dans leur territoire aux premiers frimas, qu'ils ne pourront lancer de cultures sans l'aide des Dirsen et mentionnent que, en perdant Tal Endhil, les "Faucons-Chanteurs" seraient privés du commerce des peaux qui leur rapportent jusqu'ici le métal et les chevaux dont ils manquent.<br />
[[Falawin]] rétorque que les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] peuvent encore agrandir leur territoire sur les terres abandonnées par les [[:Catégorie:Del'Ranan|Del'Ranan]] disparus : les PJ entendent pour la première fois la mention de la disparition complète de la tribu la plus nordique du Peuple du Vent, que les Liam'Lon n'ont pas trop ébruité pour s'approprier leur Cercle, puisque le leur est de longue date "envahi par les démons" (<span style="color:#999999">nos héros tombent carrément des nues</span>), mais les chasseurs ne sont guère enthousiasmés par ces toundras gelées 8 mois par an. Alors qu'[[Islinna]] quitte le banquet pour intercepter [[Malondil]] avant qu'il ait lui-même fini de dîner (<span style="color:#999999">comptant sur le rapport de séduction qu'elle a déjà établi avec lui</span>), [[Andréas_"Odran"|Andréas]] pousse justement la discussion vers les démons et autres exorcismes en expliquant qu'il est une sorte de "chaman dirsen" (<span style="color:#999999">déclenchant comme souvent toutes sortes de commentaires sur ses origines, vu son physique nettement "emishen", dont il se défend bien inutilement</span>), [[Lel'Liamil]] insiste sur les bénéfices que les Liam'Lon tirent déjà du négoce avec sa propre tribu et l'apport des Lewyllen au ravitaillement des futurs réfugiés si l'on adoptait le tracé "talendan" pendant que Nevel rappelle que lui-même défend la paix ET la fraternisation, qu'ils ont l'appui de [[Kal Kirhan]], [[Kal Shemon'Lon]], [[Kal Tayvohn]] et de [[Tael Shannan]]...<br />
<br />
L'heure tourne, les émissaires se préparent à remonter au Cercle et les discussions se résument finalement toujours au même point : les Liam'lon ne peuvent pas faire confiance aux Dirsen... à moins que les Talendan n'adoptent à leur tour une partie des coutumes locales, à commencer par la nomination d'un chaman : Andréas manque de s'étouffer sur sa venaison en réalisant que c'est de lui qu'on parle. Mais l'idée de compléter sa formation "mystique" ne lui déplaît pas et, s'il doit être régulièrement en but à des affaires de démons, de spectres et d'esprits totems, autant y être préparé. Il accepte donc de devenir le disciple de [[Kal Ron Shidalei]] et [[Kal Shemon'Lon]], scellant un pacte avec les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]], qui se rallient enfin aux PJ.<br />
<br />
=== Exorcisme ===<br />
<br />
Ce n'est pas trop tôt, parce qu'alors [[Andréas_"Odran"|Andréas]] doit filer chez [[Malondil]], où [[Islinna]] gagnait déjà du temps (<span style="color:#999999">et des infos</span>) en évoquant avec le jeune chef et sa mère le tragique décès d'Ahndro'shar. L'arrivée de Lel'Liamil, qui manœuvre pour occuper la veuve, lui permet de lui soumettre enfin la proposition prévue : rencontrer un ami à elle qui pourrait lui donner l'occasion de parler à son défunt père. Le temps d'expliquer que l'ami en question n'est pas exactement un chaman (<span style="color:#999999">"Mais il va le devenir !", précise [[Lel'Liamil]]</span>), [[Andréas_"Odran"|Andréas]] les rejoint enfin, essoufflé. Malgré ses limites en Langue des Vents et son peu d'expérience en la matière, Islinna a suffisamment mis la famille en condition pour qu'il réussisse à exécuter le rituel pour évoquer Ahndro'shar, employant pour cela sa sphère première... qui libère soudain un invité surprise : le spectre de Languard ! Avec deux spectres tempêtant soudain dans la hutte sous les yeux effarés de Malondil et de sa mère, les pouvoirs d'Islinna et la présence d'esprit (<span style="color:#999999">haha!</span>) de Lel'Limail ne seront pas de trop pour protéger les participants du mobilier qui vole le temps qu'Andréas parviennent à "ré-aspirer" Languard dans la sphère et à stabiliser suffisamment l'image du père pour qu'il adresse un long regard triste à son épouse. Puis, se tournant une dernière fois vers son fils, le fantôme disparaît de sa propre volonté. Profitant du trouble qui règne dans la hutte en désordre, Islinna se dépêche d'interpréter la brève apparition comme le signe qu'Ahndro'shar considère qu'il est temps pour sa femme de lâcher prise et pour son fils de devenir une personne en propre, méritant le titre de chef par ses propres décisions plutôt que par la répétition de celles de son père.<br />
Cette tentative de "thérapie familiale accélérée" ne suffira pas à convaincre Malondil de changer de camp mais, puisqu'il est trop choqué pour participer activement à l'Assemblée, c'est toujours une voix de moins pour Alon Sorhan...<br />
<br />
== Assemblée ==<br />
<br />
Rejoignant précipitamment le Cercle où Tael Shannan s'était lancé dans un splendide "filibuster" pour couvrir leur retard, les exorcistes amateurs prennent leurs places à l'Assemblée et le barde introduit leur exposé. À ce stade, la plupart des présents ont déjà entendu parlé de leur tracé et l'enjeu est maintenant d'en souligner non seulement les avantages, mais l'ampleur des soutiens.<br />
[Comme il était grand temps qu'on finisse cette séance au risque de perturber le planning des parties suivantes, et quoique les Emishen ne prennent pas réellement leurs décisions politiques au vote mais discutent longuement jusqu'à obtenir un consensus global, on a réglé la question en "comptant les points" : j'avais attribué un score "d'Influence" aux différents émissaires et le parti regroupant le plus d'Influence emporterait le morceau sur la longueur. Et comme nos diplomates n'avaient pas l'avantage en début de séance, il leur fallait maintenant cumuler les uns après les autres assez de MR sur des jets de persuasion ou d'éloquence pour non seulement combler l'écart, mais prendre l'ascendant.]<br />
<br />
Chacun leur tour, les partisans du tracé "talendan" vont alors expliquer leurs raisons et démontrer leur force de conviction devant un auditoire manifestement surpris du nombre d'appuis qu'ils ont su rassembler. Ethelkaran et Doma Sholen promettent que les Lewyllen approvisionneront la zone de paix s'ils peuvent commercer à Tal Endhil, Falawin engage de même la parole des Liam'Lon et Islinna celle des Sotorine (<span style="color:#999999">avec l'aval réticent de sa mère</span>), Lel'Liamil fait miroiter à tout le monde un formidable développement agraire et Nevel jure de défendre la zone de paix avec Kal Kirhan : bien qu'un tribun franchement médiocre (<span style="color:#999999">et échaudé au Cercles des Hautes Pierres</span>), le chaman-lancier renouvelle son serment et accuse carrément Alon Sorhan de manipuler les débats sur le tracé pour entraîner les pacifistes dans une guerre sanglante, concluant par la promesse de le tuer s'il s'en prend à nouveau à l'intégrité de la Frontière (<span style="color:#999999">ce qui fait assez forte impression, vu la réputation de "justicier" de Kirhan</span>).<br />
<br />
Il faut alors l'intervention modératrice de Kal Feilan et Falawin pour ramener le calme et laisser [[Kal Tayvohn]] et [[Tahalien]] exprimer leur soutien aux Talendan "parce qu'ils sont les seuls à œuvrer sérieusement pour la libération des esclaves" (<span style="color:#999999">les [[:Catégorie:So'Sherkan|So'Sherkan]] et quelques [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]] font des mines dégoûtées</span>). Et lorsque Andréas annonce que, pour démontrer la bonne fois de [[Tal Endhil]], il va en devenir le chaman par l'enseignement de [[Kal Ron Shidalei]], les bellicistes finissent par rompre le protocole pour crier au scandale, permettant ainsi aux organisateurs de sortir de leur (<span style="color:#999999">relative</span>) neutralité.<br />
Quand [[Kal Feilan]] menace [[Alon Sorhan]] de l'exclure des pourparlers si ses partisans s'avèrent incapables d'en respecter les usages, le chef de guerre prend la parole pour annoncer d'un ton glacial que cette Assemblée a tourner à la mascarade et qu'il partira dès le lendemain pour mener au combat tous les Emishens assez fiers de leur héritage pour le défendre les armes à la main.<br />
<br />
Derrière lui, la quasi-totalité des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]], la majorité des [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] et plus de la moitié des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] quittent les Cascades le lendemain à l'aube, laissant aux Talendan une victoire de justesse qui leur a coûté bien des promesses et annonce moult complications à venir...<br />
<br />
----<br />
'''[[8</span>) "Le Train de l'Argent"|<< Épisode Précédent]] | [[10</span>) "Nuit Blanche"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
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<br />
[[Catégorie:Épisodes]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/9)_%22Reishin_Ghoran%229) "Reishin Ghoran"2014-09-08T14:31:34Z<p>Aloun : </p>
<hr />
<div><br />
<br />
== Objectifs et renseignements ==<br />
<br />
C'est au début de la sixième semaine ("après la Bataille") que les Talendan ont pour la première fois entendu parler du Reishin Ghoran, la fameuse "[[Frontière de l'Orage]]" conçue par l'Assemblée Tribale.<br />
Lorsque Lel'Liamil profite d'achats de chevaux au [[Cercle des Cascades]] pour se renseigner sur les négociations (et comprends que l'argent qu'il vient de verser pour les canassons va permettre aux [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] de s'armer), il réalise rapidement que ce fin stratège d'Alon Sorhan (chef du clan des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]], "chef de guerre" de toute la tribu des So'Sherkan et tête de file des Emishen bellicistes) est en train de s'approprier le débat en proposant pour la Frontière un tracé englobant presque toute la Marche des Lacs et qui, au lieu de garantir la paix, obligerait les pacifistes à commencer par en chasser les Remans, donc à entrer en guerre. Parallèlement, d'autres Emishen font la promotion d'un tracé "sans les Dirsen" qui limiterait la zone de paix aux plus hautes vallées, excluant notamment Tal Endhil.<br />
Dès que le maquignon lewyllen prévient Durgaut de ce qui se trame, le Capitaine lui parle du rapport stratégique de Bahardabras le Hornois, concernant la défense de la vallée, les cols défendables, les gués et tout ce qu'il leur faudrait de troupes et de fortification pour tenir enfin fermement leur territoire.<br />
Il apparaît très vite que si les Talendan réussissaient à influencer le tracé du Reishin Ghoran pour qu'il corresponde à leur vallée (donc grossièrement aux contours du futur bailliage), ils obtiendraient non seulement d'être inclus dans la zone de paix (ce qui serait extrêmement profitable au commerce) mais d'être désormais carrément défendus par la force d'interposition Emishen, appelée à vite devenir plus nombreuse que les troupes du village, ce qui serait un pas de plus vers une possible indépendance vis à vis de l'Empire (idée qui trotte dans la tête de beaucoup de PJ depuis longtemps). Si en plus l'arrangement de Durgaut avec les [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] pouvait convaincre l'un des rares clans Emishen possédant une expérience minière de venir s'installer chez lui pour exploiter les filons locaux (en l'échange du rachat de leurs frères en esclavage), le Capitaine pourrait rapidement se retrouver à la tête d'une petite mais puissante seigneurie "franche"...<br />
<br />
Lel'Liamil ayant passer le reste de la semaine à identifier les émissaires les plus influents et leur allégeance à l'un des trois tracés (le "grand" d'Alon Sorhan, le "haut" qui exclue les Dirsen et celui des Talendan, largement minoritaire puisque seulement soutenu par leurs alliés directs, [[Kal Feilan]], [[Kal Shemon'Lon]] et [[Tael Shannan]]), il remonte aux Cascades avec une équipe de diplomate emishen composée de son fidèle [[Sifenen Arlan]], [[Islinna|Islinna "Maliam'nid"]], [[Nevel Sholdanan]] et la jeune négociante [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] [[Doma Sholen]] : vue l'avancée des négociations, ils n'ont alors guère plus que 24h pour obtenir un changement drastique de l'opinion avant que tous les "bellicistes" ne quitte l'Assemblée pour partir en guerre dans la Marche des Gemmes, mettant probablement fin au plus gros des débats. Durgaut ayant fait jouer ses contacts auprès des pacifistes, il a obtenu que ses représentants -quoique n'étant pas vraiment des "émissaires tribaux"- puissent au moins présenter leur projet à l'Assemblée.<br />
Ils savent que les principaux arguments en faveur du "grand" tracé sont la quantité de terres arables (pour nourrir les réfugiés, qu'on suppose très nombreux) et les cercles de pierres qui s'y trouvent, historiquement les points de rassemblements et lieux saints des différents clans alors que les quelques émissaires à défendre le tracé "haut" ne le font que par défiance envers les Dirsen en général. <br />
<br />
=== Rappel des différents clans Emishens ===<br />
<br />
Clans appartenants aux '''Si'Olonil''' ("falconidés")<br />
: Les Elloran ("éperviers-pêcheurs")<br />
: Les Liam'Lon ("faucons chanteurs")<br />
: Les Oloden ("gerfauts des rivages")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Lewyllen''' ("corneilles")<br />
: L'Aile du Silond, ("le nord")<br />
: L'Aile de l'Orind, ("le sud")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''So'Sherkan''' ("aigles")<br />
: Les Okhina'en ("aigles royaux")<br />
: Les Edell'Okhil ("aigle des montagnes")<br />
: Les Tallalnen ("harfangs")<br />
: Les Halia'Hetan ("pygargues")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Arkonnelkan''' ("les condors")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Rimdehl''' ("geaies")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Otlalnan''' ("oies")<br />
: Les Barantanen (“bernaches”, qu'on appelait le "clan du printemps" et qui avait une grande importance symbolique chez les Emishen)<br />
: Les Otindhil (“cygnes”)<br />
: Les Eritorden (“pélicans”, réduit à moins de 10.000 parce qu'ils sont les seuls à avoir vraiment résisté)<br />
: Les Eibradon (“eider”)<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Korimlan''' ("vautours")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Del'Ranan''' (sternes")<br />
<br />
Clans appartenant aux '''Larindeln''' ("goélands")<br />
<br />
== Premier jour ==<br />
<br />
[[Fichier:Plan-Cascades.jpg|600px|thumb||Plan du Cercle des Cascades]]<br />
<br />
Accueillis pour dîner chez [[Ethelkaran]] (doyen des [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] du sud, donc "chef" de [[Lel'liamil]]) et, bientôt rejoints par le barde [[Tael Shannan]], nos diplomates vont d'abord convaincre le doyen de l'opportunité commerciale qu'il y aurait à se lancer massivement dans l'importation de nourriture et de semences (pour développer l'agriculture locale) afin de pouvoir assurer le ravitaillement des réfugiés : car si Tal Endhil peut assurer des liaisons maritimes vers Aroche et se dote bientôt d'un port fluvial, la seule ville cosmopolite de la zone de paix serait rapidement la plus grande place commerçante de la région.<br />
<br />
=== Kal Kirhan chaman des Tallalnen (5) ===<br />
<br />
Ceci fait, [[Sifenen Arlan]] et [[Nevel]] filent parler à [[Kal Kirhan]], le fameux chaman-lancier des [[Tallalnen]] (qui accompagnait l'Opération Tréfonds) et qui, pressenti pour commander les Gardes-Frontière, a apparemment refusé le poste : s'ils parvenaient à le convaincre d'accepter et le ralliaient à leur tracé, ce serait encore des points de marqués. Lorsqu'ils arrivent au campement des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]], c'est pour découvrir leur ami, le chef du clan Reyil Arkon et sa chamane [[Kal Levayassan]] en grande discussion avec [[Alon Sorhan]] : si les deux chefs guerriers partagent le même avis sur les Dirsen et la frontière, les deux chamans sont beaucoup plus circonspect et même vaguement défiant avec le puissant [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] qui cherche à rallier un maximum de combattant et à se faire nommer "chef de toute la tribu" (donc, en plus de son propre clan, ceux des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] et [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]]). C'est plutôt un dialogue de sourds, dont les PJ réussissent à extraire [[Kal Kirhan]] pour lui mettre le marché en main, mais le chaman explique qu'il en a marre des manigances politiques : tout ça est trop malhonnête pour sa propre conception de la Justice (car avant de devenir chaman sur le tard à la demande expresse de leurs esprits-totems, [[Kal Kirhan|Kirhan]] était "l'exécuteur judiciaire" des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] : c'est un peu Judge Dredd rhabillé en chaman), il est loin de sa famille depuis des semaines, il pense qu'Alon Sorhan va faire capoter tout le projet de frontière et, franchement, n'a lui-même guère confiance dans les Dirsen. [[Nevel]] va alors user de toute son éloquence (limitée) pour faire valoir qu'il est justement le seul espoir de la Frontière, entraîner le chaman dans une longue conversation (alcoolisée) à cœur ouvert en contemplant la cascade... et finalement renvoyer son ami méditer sur ses contradictions, réponse espérée le lendemain.<br />
<br />
=== Rencontre entre Nevel et Alon Sorhan ===<br />
<br />
En regagnant les pentes où devraient camper ses camarades, légèrement éméché, Nevel tombe sur [[Alon Sorhan]] qui veut lui parler : si le chef de guerre veut faire appel à la fougue guerrière qui animait jadis l'éclaireur et qui l'a poussé à attaquer l'occupant il y a 15 ans, déclenchant le sanglant cycle de représailles qui coûta la vie à de nombreux [[:Catégorie:Elloran|Elloran]], à leur chef d'alors (le père de l'actuel) et le fit bannir, [[Nevel]] lui explique posément pourquoi il est aujourd'hui du côté de la paix et de la "Fraternisation", et comment il compte racheter ses fautes passées en défendant les Emishen pacifistes. La discussion s'envenime peu à peu, au point que le chef des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]] finisse par traiter l'[[:Catégorie:Elloran|Elloran]] repentant de lâche et le prévienne que leur prochaine rencontre se fera probablement les armes à la main.<br />
Légèrement dégrisé, [[Nevel]] par en quête de ses compagnons...<br />
<br />
=== Malondil chef des Elloran (6) ===<br />
<br />
[[Lel'Liamil]] et [[Islinna]] enchaînent justement avec [[Malondil]], le (trop) jeune chef des [[:Catégorie:Elloran|Elloran]] des Cascades, de plus en plus ouvertement partisan de la guerre (bien que son chaman, [[Kal Feilan]], soit le leader pacifiste : oui, c'est le bordel). En plus d'avoir été presque spolié de son rôle politique ([[Kal Feilan|Feilan]] a derrière lui une nette majorité des [[:Catégorie:Elloran|Elloran]], l'organisation de l'Assemblée s'est faite sur les terres de son clan mais contre son avis...), nos deux PJ comprennent vite que le jeune homme est surtout sous la double influence de sa mère, qui déteste les Dirsen, et du souvenir de son père, [[Ahndro'shar]], ancien chef du clan tué en combattant l'oppresseur. Mais il semble vite aux deux diplomates qu'il y a "quelque chose du défunt" qui se manifeste à travers le jeune [[Malondil]] quand il parle de vengeance, une soudaine fougue et une conviction qui ont certainement fait beaucoup pour son élection comme chef, mais qui aux yeux d'[[Islinna]] pourrait bien avoir une source "surnaturelle". Surpris et foutus dehors, ils se séparent pour leurs visites suivantes...<br />
<br />
=== Tahalien des Rimdehl (7) ===<br />
<br />
[[Lel'Liamil]], lui, va parler aux [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]], la tribu décimée étant représentée sur place par seulement deux bardesses : une vieille malade venue énumérer à l'Assemblée les massacres et les injustices subis par sa tribu à cause du prévôt [[Rhilder]], la seconde n'étant autre que [[Tahalien]], l'évadée de la mine de [[Solerane]] que [[Vighnu]] et [[Andréas]] ont croisé (et aidé) pendant "[[Le Train de l'Argent]]". Si Tahalien -plutôt influente aux Cascades- doit heureusement remplacer sa consœur à l'Assemblée et se dit assez favorable aux Talendan, elle leur propose vite de défendre leur projet pour peu qu'ils lui rendent deux services.<br />
Le premier consiste rien moins qu'à monter l'évasion de tous les esclaves qu'elle a du laisser derrière elle dans la mine de [[Jornil Cuivré]] (les Talendan acceptent d'y parvenir sous 4 semaines, quoiqu'en en sachant pas encore comment leurs collègues pourront bien s'y prendre), le second à trouver une solution pour les enfants sauvés des mines et qui, sans famille, sont actuellement hébergés avec nombre d'autres orphelins par les [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] du sud (la communauté de [[Doma Sholen]], rescapée du massacre du Pic Blanc)... Sauf que ces gamins sans réelle supervision commencent à poser de nombreux problèmes : ils se font nourrir sans participer à aucune des tâches domestiques, ils foutent le souk dans les campements, volent parfois, refusent d'être séparés et renvoyés dans leurs clans respectifs.<br />
<br />
=== Kal Tayvohn chaman des Edell'Okhil (4) ===<br />
<br />
De leur côté, Islinna et Doma Sholen ont pris contact avec [[Kal Tayvohn]], le chaman des [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] qui a récemment aidé Durgaut pour "le Train..." : furieux que le Capitaine n'ait encore rien fait pour tenir sa promesse de racheter les enfants de son clan en esclavage dans la Marche des Gemmes, il fait alors plutôt campagne contre les Dirsen. Les deux demoiselles vont néanmoins parvenir à lui faire comprendre qu'il faut du temps pour préparer la transaction et surtout que la route vers le sud rouvre avant que les Talendan puissent tenir leurs promesses. Ramené à de meilleurs sentiments, le jeune chaman est alors prêt à écouter leurs arguments en faveur du tracé "de Tal Endhil". Et lorsque Lel'Liamil, Nevel et Tahalien arrivent pour leur prêter main-forte, les diplomates le persuadent à son tour : autant pour vérifier leur honnêteté que pour les assister dans leurs tâches, [[Kal Tayvohn|Tayvohn]] leur confiera le lendemain la pétulante Neri'Helin, la dresseuse qui avait permis à l'équipe du "Train" de franchir les montagnes et qu'Islinna a récemment recrutée pour conduire les géants affectés à la Mine Bénie. En effet, celle-ci est prête à vendre ses services pour peu qu'elle n'ait pas à fréquenter [[Adira Pratesh]] (dont la réputation sulfureuse commence à se répandre chez les Emishen) et qu'elle soit payée en monnaie impériale,afin de racheter des esclaves de sa famille.<br />
<br />
=== Soirée nuageuse et herbeuse ===<br />
<br />
La nuit est très avancée lorsque nos PJ et Tael Shannan se regroupent enfin dans la tente de [[Kal Feilan]] pour faire le bilan, prévoir la suite et partager l'herbe-nuage du vieux [[Kal Shemon'Lon]]. Sous l'influence de l'herbe, les langues se délient et un certain nombre de secrets sont révélés, notamment l'implication du célèbre barde dans le trafic d'artefacts et le financement des Kormes ([[Tael Shannan]] jure qu'il a compris son erreur et qu'on ne l'y reprendra plus), mais aussi la présence d'esprits mauvais rôdant autour du Cercle (l'esprit du Chacal qui accompagne [[Etayn-la-Louve]] et l'empêche de trouver [[Urgrand]], le démon affamé qui s'est enfuit de la Mine Bénie après l'intervention des Talendan et sans doute quelques autres forces inféodées à [[Lorkan Elakhendil]]...). [[Islinna]] évoque son père, un [[:Catégorie:Elloran|Elloran]] ayant rejoint le camp des Kormes depuis des années et dont elle n'a plus de nouvelle, [[Nevel]] raconte l'Opération Tréfonds et les récentes menaces d'[[Alon Sorhan]], [[Lel'Liamil]] se plaint de son épouse et tente d'expliquer son "amitié" avec [[Adira]], on fait des hypothèses sur la Porte-sous-la-Montagne, on confirme que [[Malondil]] est certainement "hanté" par son père [[Ahndro'shar]].... Et plus nos héros fument, plus l'ambiance glisse de la complicité à l'intimité, des confessions vers une tendresse "tactile" : on se câline, on se papouille sans y penser vraiment. Quand la nuit menace de tourner à l'orgie, [[Kal Feilan]] réussit tout de même à foutre ces encombrants convives à la porte et, après qu'[[Islinna]] ait repoussé les avances de [[Tael Shannan]] pour entraîner [[Sifenen Arlan|Arlan]] par la main, [[Doma]] promet de trouver un lit pour [[Nevel]] qui titube et le reste de la soirée se perd dans les brumes de l'herbe-nuage.<br />
<br />
== Deuxième jour ==<br />
<br />
=== Réveils échelonnés ===<br />
<br />
À l'aube, [[Tael Shannan]] a envoyé son garde du corps "semishen" (métis emishen/semi) quérir Andréas Odran au village afin qu'il puisse rencontrer [[Malondil]] et peut-être le défaire du fantôme de son père.<br />
<br />
[[Lel'Liamil]] se réveille le second, dans sa tente familiale (il a apparemment trouvé son chemin jusque là et sa femme se moque joyeusement de sa gueule de bois) : rejoignant rapidement son doyen Ethelkaran et la bardesse Tahalien pour causer politique, leur nouvelle alliée lui fait remarquer que le "tracé haut" soutenu par sa vieille [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]] malade, la chasseresse [[Falawin]] et la vieille chamane nommée Kal Ron Shidalei (ces deux dernières du clan des [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]]) va en lui-même poser des problèmes de subsistance (il n'y a pas grand chose à bouffer dans les hautes vallées et les pics enneigés) et que si les deux Liam'Lon comptent sur leur clan pour ravitailler les réfugiés, il semble qu'elles n'aient en fait pas l'aval de leur clan pour ce faire. Ce qui commence à inspirer au maquignon un plan assez audacieux, consistant à faire capoter le tracé "haut" avant le grand pow-wow du soir afin d'en récupérer les partisans pour leur propre plan...<br />
<br />
C'est le beau soleil de fin de matinée ("c'est le printemps !") qui éveille [[Sifenen Arlan]] et [[Islinna]] en se glissant sous une tente lewyllen. D'abord ravi de sa nuit voluptueuse, le conducteur d'attelage panique en réalisant qu'il vient de coucher avec l'amoureuse de l'assassin [[Vighnu Pratesh]], dont la jalousie commence à être connue chez les Emishen. Il tait néanmoins ses craintes à son amante d'un soir, qui se lève pour rejoindre ses camarades diplomates : informée du plan de Lel'Liamil et effectivement convaincue que c'est pour eux le seul moyen de récupérer assez de voix avant la soirée, elle accompagne le maquignon et la bardesse visiter [[Falnen Be'hemshar]], le jeune chasseur [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] fougueux qui participa à "l'Opération Tréfonds" (avec elle, Nevel et Vighnu, entre autres) et qui, s'il est assez au courant des affaires de chasse de son clan, reste un soutien "pacifiste" et s'est déjà déclaré volontaire comme "garde-Frontière (de l'Orage)".<br />
[[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] confirme volontiers le peu qu'il sait de la politique de son clan (c'est pas vraiment son rayon) et leur apprend que, finalement, les partisans du tracé "haut" se défient surtout des Dirsen à cause de divers préjugés. Comme les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] savent que, quelque soit le tracé, il leur faudra forcément se mettre à l'agriculture pour nourrir les réfugiés (à laquelle ils ne connaissent rien et qui va nécessiter le soutien d'une culture plus "paysanne"... comme les Dirsen, par exemple) et que la position politique de [[Falawin]] reste assez fragile, l'enthousiaste [[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] accepte de leur étendre une invitation pour le dîner "clanique" du soir, où ils ne leur restera qu'à être très éloquents pour peut-être rallier les soutiens nécessaires juste avant la réunion...<br />
<br />
Le soleil a déjà passé son zénith quand [[Nevel]] s'extirpe enfin d'une yourte inconnue... au milieu du camp des "orphelins", qui s'avèrent considérer [[Doma Sholen]] comme une grande sœur. Après que l'[[:Catégorie:Elloran|Elloran]] ait subit les moqueries de tout le monde pour s'être endormi "sans rien faire" (à la déception de [[Doma Sholen]], qui le couvait des yeux depuis des semaines), les deux tourtereaux malchanceux discutent de leur ami [[Lerkoren Oleytan]] (toujours amoureux de Doma), de leur possible couple ([[Nevel]] flippe un peu) et du problème grandissant des orphelins (qu'il va falloir régler puisqu'ils l'ont promis à [[Tahalien]]), avant d'aller quérir la réponse de [[Kal Kirhan]] : après avoir longuement médité, consulté les esprits et discuter avec quelques membres de sa belle-famille, le chaman-lancier admet que s'il veut que les siens soient vraiment en sécurité derrière la Frontière, il lui faudra en assurer la garde lui-même... mais à la condition que Nevel soit son second, ce qu'il accepte en sachant qu'il lui faudra pour cela démissionner du service de [[Durgaut]].<br />
<br />
=== Arrivée d'Andréas et de Shen Silondin ===<br />
<br />
L'après-midi touche à sa fin lorsque [[Shen Silondin]] revient de Tal Endhil avec [[Andréas]]... et une récente blessure : les Templiers qui gardaient le donjon l'ont pratiquement attaqué à vue et le guerrier [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] est assez remonté contre les Dirsen. Nos diplomates le calment néanmoins et font le point avec [[Tahalien]] et [[Neri'Helin]], la dresseuse ayant fait le tour des campements pour leur fournir une vue générale des opinions : si le "grand" tracé est encore nettement majoritaire, celui des Talendan a déjà plus que doublé ses partisans et comme le tracé "haut" régresse depuis que les [[:Catégorie:Lewyllen|Lewyllen]] ont annoncé qu'ils ne le soutiendraient pas (et que sans eux la subsistance en altitude sera très difficile), nos PJ peuvent encore revenir à la marque si [[Malondil]] et les 2 émissaires [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] passaient de leur côté dans les quelques heures qui leur restent. Si les orateurs du "tracé talendan" brillaient particulièrement durant leur exposé, ils pourraient même rallier assez d'indécis pour faire la différence, aussi ont-ils préparé intensément leurs arguments et leurs discours avec leurs alliés : ce soir, l'avenir de Tal Endhil dépendra de leur éloquence.<br />
<br />
=== Banquet chez les Liam'Lon (3) ===<br />
<br />
Lorsqu'ils arrivent au grand campement [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] peu avant le banquet qui réunit chaque soir le clan autour de ses émissaires, l'accueille est d'abord un peu frais mais les PJ ont apporté des denrées, [[Lel'Liamil]] comme [[Islinna]] savent se faire des amis, [[Nevel]] bénéficie tant de l'introduction de [[Falnen_Be'hemshar|Falnen]] que d'une renommée assez flatteuse depuis le duel rituel contre les [[:Catégorie:Arkonnelkan|Arkonnelkan]] et même [[Andréas]] fait des efforts de sociabilité. Aussi, lorsque [[Kal Ron Shidalei]] et [[Falawin]] arrivent du piton rocheux qui forme le village en dur des Cascades et donc le "centre de conférence" de l'Assemblée, nos diplomates sont déjà bien intégrés et la chasseresse renonce à les virer. Et le débat attendu se produit : quand Falawin annonce la part de gibier demandée aux [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] pour ravitailler l'éventuel tracé "haut", les chasseurs font plutôt la gueule et nos héros s'engouffrent dans la brèche en soulignant que les réfugiés se déverseront probablement dans leur territoire aux premiers frimas, qu'ils ne pourront lancer de cultures sans l'aide des Dirsen et mentionnent que, en perdant Tal Endhil, les "Faucons-Chanteurs" seraient privés du commerce des peaux qui leur rapportent jusqu'ici le métal et les chevaux dont ils manquent.<br />
[[Falawin]] rétorque que les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]] peuvent encore agrandir leur territoire sur les terres abandonnées par les [[:Catégorie:Del'Ranan|Del'Ranan]] disparus : les PJ entendent pour la première fois la mention de la disparition complète de la tribu la plus nordique du Peuple du Vent, que les Liam'Lon n'ont pas trop ébruité pour s'approprier leur Cercle, puisque le leur est de longue date "envahi par les démons" (nos héros tombent carrément des nues), mais les chasseurs ne sont guère enthousiasmés par ces toundras gelées 8 mois par an. Alors qu'[[Islinna]] quitte le banquet pour intercepter [[Malondil]] avant qu'il ait lui-même fini de dîner (comptant sur le rapport de séduction qu'elle a déjà établi avec lui), [[Andréas_"Odran"|Andréas]] pousse justement la discussion vers les démons et autres exorcismes en expliquant qu'il est une sorte de "chaman dirsen" (déclenchant comme souvent toutes sortes de commentaires sur ses origines, vu son physique nettement "emishen", dont il se défend bien inutilement), [[Lel'Liamil]] insiste sur les bénéfices que les Liam'Lon tirent déjà du négoce avec sa propre tribu et l'apport des Lewyllen au ravitaillement des futurs réfugiés si l'on adoptait le tracé "talendan" pendant que Nevel rappelle que lui-même défend la paix ET la fraternisation, qu'ils ont l'appui de [[Kal Kirhan]], [[Kal Shemon'Lon]], [[Kal Tayvohn]] et de [[Tael Shannan]]...<br />
<br />
L'heure tourne, les émissaires se préparent à remonter au Cercle et les discussions se résument finalement toujours au même point : les Liam'lon ne peuvent pas faire confiance aux Dirsen... à moins que les Talendan n'adoptent à leur tour une partie des coutumes locales, à commencer par la nomination d'un chaman : Andréas manque de s'étouffer sur sa venaison en réalisant que c'est de lui qu'on parle. Mais l'idée de compléter sa formation "mystique" ne lui déplaît pas et, s'il doit être régulièrement en but à des affaires de démons, de spectres et d'esprits totems, autant y être préparé. Il accepte donc de devenir le disciple de [[Kal Ron Shidalei]] et [[Kal Shemon'Lon]], scellant un pacte avec les [[:Catégorie:Liam'Lon|Liam'Lon]], qui se rallient enfin aux PJ.<br />
<br />
=== Exorcisme ===<br />
<br />
Ce n'est pas trop tôt, parce qu'alors [[Andréas_"Odran"|Andréas]] doit filer chez [[Malondil]], où [[Islinna]] gagnait déjà du temps (et des infos) en évoquant avec le jeune chef et sa mère le tragique décès d'Ahndro'shar. L'arrivée de Lel'Liamil, qui manœuvre pour occuper la veuve, lui permet de lui soumettre enfin la proposition prévue : rencontrer un ami à elle qui pourrait lui donner l'occasion de parler à son défunt père. Le temps d'expliquer que l'ami en question n'est pas exactement un chaman ("Mais il va le devenir !", précise [[Lel'Liamil]]), [[Andréas_"Odran"|Andréas]] les rejoint enfin, essoufflé. Malgré ses limites en Langue des Vents et son peu d'expérience en la matière, Islinna a suffisamment mis la famille en condition pour qu'il réussisse à exécuter le rituel pour évoquer Ahndro'shar, employant pour cela sa sphère première... qui libère soudain un invité surprise : le spectre de Languard ! Avec deux spectres tempêtant soudain dans la hutte sous les yeux effarés de Malondil et de sa mère, les pouvoirs d'Islinna et la présence d'esprit (haha!) de Lel'Limail ne seront pas de trop pour protéger les participants du mobilier qui vole le temps qu'Andréas parviennent à "ré-aspirer" Languard dans la sphère et à stabiliser suffisamment l'image du père pour qu'il adresse un long regard triste à son épouse. Puis, se tournant une dernière fois vers son fils, le fantôme disparaît de sa propre volonté. Profitant du trouble qui règne dans la hutte en désordre, Islinna se dépêche d'interpréter la brève apparition comme le signe qu'Ahndro'shar considère qu'il est temps pour sa femme de lâcher prise et pour son fils de devenir une personne en propre, méritant le titre de chef par ses propres décisions plutôt que par la répétition de celles de son père.<br />
Cette tentative de "thérapie familiale accélérée" ne suffira pas à convaincre Malondil de changer de camp mais, puisqu'il est trop choqué pour participer activement à l'Assemblée, c'est toujours une voix de moins pour Alon Sorhan...<br />
<br />
== Assemblée ==<br />
<br />
Rejoignant précipitamment le Cercle où Tael Shannan s'était lancé dans un splendide "filibuster" pour couvrir leur retard, les exorcistes amateurs prennent leurs places à l'Assemblée et le barde introduit leur exposé. À ce stade, la plupart des présents ont déjà entendu parlé de leur tracé et l'enjeu est maintenant d'en souligner non seulement les avantages, mais l'ampleur des soutiens.<br />
[Comme il était grand temps qu'on finisse cette séance au risque de perturber le planning des parties suivantes, et quoique les Emishen ne prennent pas réellement leurs décisions politiques au vote mais discutent longuement jusqu'à obtenir un consensus global, on a réglé la question en "comptant les points" : j'avais attribué un score "d'Influence" aux différents émissaires et le parti regroupant le plus d'Influence emporterait le morceau sur la longueur. Et comme nos diplomates n'avaient pas l'avantage en début de séance, il leur fallait maintenant cumuler les uns après les autres assez de MR sur des jets de persuasion ou d'éloquence pour non seulement combler l'écart, mais prendre l'ascendant.]<br />
<br />
Chacun leur tour, les partisans du tracé "talendan" vont alors expliquer leurs raisons et démontrer leur force de conviction devant un auditoire manifestement surpris du nombre d'appuis qu'ils ont su rassembler. Ethelkaran et Doma Sholen promettent que les Lewyllen approvisionneront la zone de paix s'ils peuvent commercer à Tal Endhil, Falawin engage de même la parole des Liam'Lon et Islinna celle des Sotorine (avec l'aval réticent de sa mère), Lel'Liamil fait miroiter à tout le monde un formidable développement agraire et Nevel jure de défendre la zone de paix avec Kal Kirhan : bien qu'un tribun franchement médiocre (et échaudé au Cercles des Hautes Pierres), le chaman-lancier renouvelle son serment et accuse carrément Alon Sorhan de manipuler les débats sur le tracé pour entraîner les pacifistes dans une guerre sanglante, concluant par la promesse de le tuer s'il s'en prend à nouveau à l'intégrité de la Frontière (ce qui fait assez forte impression, vu la réputation de "justicier" de Kirhan).<br />
<br />
Il faut alors l'intervention modératrice de Kal Feilan et Falawin pour ramener le calme et laisser [[Kal Tayvohn]] et [[Tahalien]] exprimer leur soutien aux Talendan "parce qu'ils sont les seuls à œuvrer sérieusement pour la libération des esclaves" (les [[:Catégorie:So'Sherkan|So'Sherkan]] et quelques [[:Catégorie:Rimdehl|Rimdehl]] font des mines dégoûtées). Et lorsque Andréas annonce que, pour démontrer la bonne fois de [[Tal Endhil]], il va en devenir le chaman par l'enseignement de [[Kal Ron Shidalei]], les bellicistes finissent par rompre le protocole pour crier au scandale, permettant ainsi aux organisateurs de sortir de leur (relative) neutralité.<br />
Quand [[Kal Feilan]] menace [[Alon Sorhan]] de l'exclure des pourparlers si ses partisans s'avèrent incapables d'en respecter les usages, le chef de guerre prend la parole pour annoncer d'un ton glacial que cette Assemblée a tourner à la mascarade et qu'il partira dès le lendemain pour mener au combat tous les Emishens assez fiers de leur héritage pour le défendre les armes à la main.<br />
<br />
Derrière lui, la quasi-totalité des [[:Catégorie:Okhina'en|Okhina'en]], la majorité des [[:Catégorie:Edell'Okhil|Edell'Okhil]] et plus de la moitié des [[:Catégorie:Tallalnen|Tallalnen]] quittent les Cascades le lendemain à l'aube, laissant aux Talendan une victoire de justesse qui leur a coûté bien des promesses et annonce moult complications à venir...<br />
<br />
----<br />
'''[[8) "Le Train de l'Argent"|<< Épisode Précédent]] | [[10) "Nuit Blanche"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Liste des Épisodes|<= retour à la LISTE des ÉPISODES]]'''<br />
<br />
[[Catégorie:Épisodes]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/8)_%22Le_Train_de_l%27Argent%228) "Le Train de l'Argent"2014-09-08T13:28:43Z<p>Aloun : </p>
<hr />
<div>La totalité de l'Épisode 8 : "Le Train de l'Argent" est classée "spoiler".<br />
Si vous voulez vraiment accéder à cet Épisode, vérifiez que soit un de vos perso y était, soit que le MJ vous en a donné l'autorisation.<br />
Tout abus sera illico puni par une grosse perte du plaisir de jeu.<br />
<br />
C'est bon, vous y avez bien pensé ? Vous êtes vraiment sûr ?<br />
<br />
...<br />
<br />
{{Secrets|<br />
== Prologue, rien que pour Eldan et le Capitaine : ==<br />
Durant les [[Huitaines]] précédentes, Durgaut a envoyé ses mercenaires (dont Eldan le Moineau) enquêter du côté de [[Solerane]] sur '''les détournements de fonds commis par le défunt [[Lieutenant Armeld]]''' avec son complice, Maître [[Gaster]] (écroué depuis au donjon), et découvert ainsi l'implication d'un patron-minier, notable influent et principal contrebandier de la région : '''[[Jornil Cuivré]]'''. En dehors de ses opérations "privées", Jornil travaille pour [[Rhilder le Fou]] à détourner le minerai d'argent des mines de la région, théoriquement destiné à l'État-Major, au seul bénéfice du dément Prévôt de la [[Marche des Lacs]]. <br />
<br />
Rhilder n'est vraiment pas quelqu'un avec qui Durgaut peut se permettre d'être en guerre ouverte, puisqu'il est son supérieur direct, un puissant "[[:Catégorie:Seigneurs du Nord|Seigneur du Nord]]" (comme on appelle les impériaux qui se taillent des fiefs dans les Marches) et un putain de psychopathe, notoirement responsable du génocide de la tribu emishen des [[Rimdehl]] (les Geaies).<br><br />
'''Mais notre brave Capitaine est en fait pris à la gorge ''' (en plus d'être très énervé contre le Prévôt qui le ruine par ses magouilles et lui réclame d'envoyer des troupes que [[Tal Endhil]] n'a pas pour participer à la guerre contre les [[Oloden]])... S'il n'envoie pas bientôt '''des lingots d'argent à l'État-Major''' du [[Duc-Gouverneur]] pour couvrir le quota de la [[Mine Bénie]] (apparemment pillée par les [[Kormes]]), Durgaut va sauter.<br><br />
En fait, il n'est encore même pas sûr de pouvoir obtenir le titre de "Bailli de Tal Endhil" vu les exigences du [[Aristame de Gorme|Primat]] en la matière, mais espère bien réussir à l'épater d'ici son arrivée. D'ailleurs, s'il reste en poste et devient bailli, il sait avoir besoin de beaucoup de pognon pour embaucher assez de mercenaires pour enfin contrôler son territoire et développer la région.<br />
<br />
Durgaut a donc conçu un plan audacieux pour régler plusieurs problèmes à la fois : '''braquer le convoi de métaux''' qui va bientôt partir de Solerane pour [[Darverane]], siège de la prévôté harcelé par les troupes de [[Kainen Tahrel]]. Ainsi, il mettra la main sur une véritable fortune (l'argent détourné caché dans des lingots de cuivre, l'argent "officiel" envoyé de Solerane pour l'état-major via Rhilder, du cuivre et de l'étain en quantité...) dont il compte employer une partie à payer son quota au Gouverneur, une autre à racheter des esclaves [[Edell'Okhil]] de la [[Marche des Gemmes]] comme il l'a promis à ses alliés emishen, et le reste à constituer une petite armée.<br><br />
Il en était à mettre au point un plan solide lorsqu'il apprend que la route de Darverane, coupée par les Kormes depuis des semaines, vient apparemment d'être rouverte suite à une contre-offensive de Rhilder : '''le convoi de métal ne devrait plus tarder à partir, il faut agir vite'''. Et comme [[Vighnu Pratesh]] vient de rentrer du [[Cercle des Hautes Pierres]], il décide d'embaucher l'assassin pour courir l'aspect le plus délicat de la mission : assurer le secret.<br />
<br />
{{Secrets|Ce qu'il ignore malheureusement, c'est que Jornil a lui aussi enquêté sur les trois attaques successives qu'il a subi de la part de ruffians non-identifiés : d'abord on a tabassé nombre de petits truands sous les ordres de son fils, [[Jorem Cuivré]], ensuite on s'en est directement pris à deux de ses lieutenants notamment impliqués dans la contrebande d'argent, enfin un éboulement à la mine de cuivre qui s'est révélé être un sabotage (les mercenaires de Durgaut avaient pour instruction de "recruter des mineurs" et n'ont rien trouvé de mieux). <br><br />
Jornil a donc d'abord envoyé un certain '''Worik''' se mêler aux mineurs "responsables de l'éboulement" qu'il a lui-même renvoyé et qui partaient s'engager auprès de Durgaut. Mais son agent, qui s'était mêlé à l'expédition minière menée par [[Mérane "Roulier"]], est mort connement, tué par des Kormes, pendant l'épisode [[5) "Le Pont"]]. Puis le patron-minier a envoyé un messager auprès de son bon ami [[Adira Pratesh]] pour se renseigner sur les mercenaires de Durgaut (Adira étant alors en pleine bisbille avec le Capitaine, il a volontiers informé Jornil) et contacté son autre associé à Tal Endhil, Maître [[Plirune]] (Jornil partage la propriété de la mine de fer du village avec Plirune et Gaster, ce que le Capitaine est sensé savoir mais dont il ne réalise pas l'importance) pour obtenir quelques renseignements de plus (notamment sur les finances de Tal Endhil). Adira l'a ensuite informé de tout ce qu'il avait appris sur l'arrestation de Gaster (notamment que ce n'était pas lié qu'au magouilles de leur [[Guilde]])... Bref : Jornil a compris que Durgaut était après lui et pris des mesures en conséquence.<br><br />
Car s'il ne peut pas se permettre de retarder d'avantage le convoi de métal (Rhilder a besoin de ce fric pour sa guerre perso et il n'est pas câlin quand il s'impatiente), il a conçu une ruse efficace : embaucher des mercenaires de rab' pour l'escorte et, surtout, contacter par un ami de son fils Jorem une "''petite bande de brigands récemment arrivés dans le secteur''", la [[Confrérie du Chacal]]... }}<br />
<br />
<br />
== À la "Taverne Penchée" ==<br />
'''Il fait déjà nuit lorsque la Taverne, récemment rachetée par les mercenaires de Durgaut, ferme ses portes beaucoup plus tôt que d'habitude''' en chassant les soiffards qui comptaient y passer leur soirée en galante compagnie ; les prostituées, récemment rendues à leur autonomie sous l'autorité de la belle [[Garnelle]] (maîtresse occasionnelle du jeune Eldan,) sont également invitées à rentrer chez elles et le quartier lacustre de Tal Endhil est donc rapidement rendu au silence et à la brume nocturne...<br> <br />
'''Pourtant, quelques silhouettes discrètes gagnent bientôt la Taverne apparemment close :'''<br />
* '''l'apothicaire [[Vighnu Pratesh]]''' (Loriel) n'a eu qu'à franchir quelques pontons depuis sa propre échoppe, son matériel d'empoisonneur sous le bras et ses armes dissimulées sous son large manteau reman, où bat un petit cœur sec depuis si longtemps, récemment réveillé et illico brisé par Islinna : les femmes sont cruelles. Déjà en grande partie au courant de la mission, la seule chose qu'il ignore c'est ce qu'ils vont voler. Mais vue la somme promise par le Capitaine, il est trop heureux de ne pas poser de questions.<br />
* '''[[Nadine "la Moucheuse"|Diane Maletudine]]''' (Orlanth) est une Kerdane, quoiqu'elle prétende être une remane originaire de la cité portuaire de Rigorne, embauchée depuis quelques mois dans l'Armée du Nord, suite à des problèmes avec ses compatriotes. Femme dans une armée de macho, elle a bientôt eut d'autres ennuis (décidément) qui l'ont incité à déserter pour rejoindre la petite communauté kerdane de [[Tal Endhil]] sur les conseils de son mentor, le célèbre maître d'armes [[Vasco Sotorine]]. Sauf que [[Ranyella Sotorine|Ranyella]] la pilote ne veut pas d'une renégate dans sa troupe et l'a donc refilée au Capitaine sans lui expliquer les casseroles que trimballe l'arbalétrière...<br />
* '''[[Andréas "Odran"]]''' (Humphrey B) a récemment eut un entretien secret avec le Capitaine qui pourrait se résumer ainsi : "''Je sais que vous êtes un sorcier, mais je suis prêt à fermer les yeux si vous bossez pour moi. _Ça pourrait m'arranger, vu que je suis là pour mettre fin à la dispersion d'artefacts qui commencent à foutre le boxon à [[Duriane]], mais je vais pas m'en sortir tout seul. _Splendide : faudra me neutraliser le machin dans la Mine Bénie. Dans l'intervalle, vous êtes embauché comme espion. Vous commencez demain, rendez-vous à la Taverne Penchée après la fermeture.''" Il arrive donc avec un peu d'avance et pas mal de bagages, dont son précieux grimoire, ses herbes médicinales et un certain objet qu'il a passé presque deux jours à chercher dans le torrent en contrebas de la [[Mine Bénie]].<br />
* '''[[Oleytan "le Furet"]]''' (PNJ), lui, s'est engagé dans les mercenaires de Durgaut dès son retour de "l'Opération Tréfonds" : il se sent désormais un vrai guerrier, veut participer à l'alliance entre les Talendan et les Elloran mais, surtout, il a enfin couché avec le grand amour de sa jeune vie : la jolie négociante lewyllen [[Doma Sholen]]. Celle-ci l'a inexplicablement largué à l'arrivée à Tal Endhil en lui expliquant que "c'était fun, mais t'es juste trop jeune pour moi" (elle court en vain après [[Nevel Sholdanan]] depuis 4 semaines). Après une intense réflexion, le jeune guerrier est arrivé à la seule conclusion "sensée" : s'il veut que la belle marchande le reprenne, il doit lui prouver qu'il est capable de lui assurer le train de vie qu'elle a perdu, et pour ça, il lui faut "des rondelles", comme les Emishen nomment la monnaie impériale. Il ne comprend pas grand-chose à la mission que Durgaut lui a proposé, mais il est bien content puisqu'il va être payé royalement.<br />
* '''[[Eldan "le Moineau"]]''' (Aloun) arrive le dernier, accompagné d'une montagne de muscles habillées de haillons qu'il vient de récupérer dans l'unique geôle du donjon : [[Herle de Lorune]] (Ego'), noble et chevalier du temple récemment défroqué. Lui aussi a des problèmes, parmi lesquels l'alcool, la violence et un sens aigu de la justice qui, après lui avoir coûté sa charge d'inquisiteur lors d'une altercation avec le Primat lui-même, l'ont fait rétrogradé comme simple soldat dans la troupe de [[Bagoran de Marale]] (chargé de le "mater" : échec critique) et récemment conduit à défoncer le portrait d'un connard de Chevalier du Temple (donc un de ses "supérieurs") qui tabassait une gamine emishen. Son séjour en taule auprès du plaintif Gaster s'est terminé lorsque le Sergent LeCornu a jeté son dévolu sur le prisonnier, et convaincu le Capitaine de l'embaucher.<br />
<br />
'''Lorsque tout ce petit monde est attablé''' dans la taverne sur pilotis qui grince et (effectivement) penche sous l'effet de la houle, [[Le Cornu]] qui tenait le comptoir fait entrer deux de ses collègues, le massif imbécile qu'on appelle "La Poigne" et le brigand reconverti au visage marqué par la petite vérole qu'on appelle "Le Grêlé". Comme Eldan et le Sergent, ils ont survécu à tous les combats depuis la [[Bataille de Tal Endhil]] et sont tout dévoués au glorieux chef qui va bientôt faire d'eux la "''garde bailla, bailliagiale...heu... baillique... la garde du bailli, quoi''", et qui lui-même pénètre dans la grande salle inclinée à leur suite, une vaste carte sous le bras :<br><br />
« Bonsoir mademoiselle et messieurs, nous avons peu de temps et je vous demande d'être extrêmement attentifs à l'exposé qui va suivre.» Pendant que Vighnu et Andréas dégagent leurs gobelets pour laisser Durgaut déployer la superbe carte (signée [[Ordano Sotorine]]) sur la table crasseuse, les 6 autres membres de l'équipe s'approchent pour suivre le briefing dans la lumière chiche des chandelles. Le Capitaine enchaîne :<br />
« La mission que j'ai à vous confiée est dangereuse, urgente, secrète, absolument vitale pour Tal Endhil et ''remarquablement bien payée''. Si certains d'entre vous ne s'en sentent pas capables et préfèrent retourner à leurs activités précédentes, qu'ils le disent tout de suite. Car une fois que je vous en aurais exposé les objectifs, Messire Pratesh ici présent sera le garant ''de votre silence''. Tout le monde est motivé et se sent capable de se taire ensuite, en cas d'échec comme de réussite ? Parfait. Sergent, passez-moi les figurines...<br><br />
« Dans les jours qui viennent, peut-être même dès demain, '''un convoi lourdement gardé''' va quitter [[Solerane]] à destination de [[Darverane]] (Durgaut pose une miniature en bois, une espèce de coffre aux pieds vaguement arrondis, sur la carte) : il contient plusieurs coffres très lourds que vous êtes chargés d'intercepter, de préférence avant "l'[[Auberge du Pont]]"... C'est quoi ça, Le Cornu ? demande le Sauveur de Tal Endhil quand son sergent lui passe une espèce de cube prolongé par un jambage tordu.<br><br />
_''C'est l'Auberge du Pont, mon 'Pitaine. C'est La Tortue qu'a fait les sculptures, mais on a pas eu bien l'temps.<br><br />
_''Je vois... À "l'Auberge du Pont", donc, se trouvent actuellement plusieurs dizaines de marchands qui, depuis des semaines, y attendent que les troupes de Rhilder reprennent le contrôle de la route vers Darverane aux Kormes qui harcèlent la prévôté (il pose du côté du [[Mont Grison]] un petit bonhomme chauve et noirâtre) avec l'appui des troupes Emishen de Kainen Tahrel (Vighnu approuve du chef). <br><br />
Si le convoi de Solerane rejoint la première caravane groupée en partance pour Darverane, il sera alors probablement trop entouré pour que vous puissiez tenter quoique ce soit. Vous êtes ici... mais c'est quoi ça ? Un chien ?<br><br />
_''Un ch'val mon 'Pitaine, pour représenter, le commando.<br><br />
_''Vous avez pu leur trouver des chevaux ?<br><br />
_''Ah non mon 'Pitaine : c'est des pirogues, pour quitter le village. Ensuite s'ront à pied. Mais La Tortue, quand il a commencé, i'l'savait pas, pis i' sait pas faire les pirogues, et de toutes façons ça va surtout se faire par voie de terre alors, heu... Vous préférez un bouchon, ou un dé en os ?<br><br />
_''Va pour le chien (soupir)... Donc : vous êtes ici (il pose la figurine sur Tal Endhil), vous partez dès cette nuit pour atteindre Solerane (le "chien" rejoint le "chariot"), où vous serez chargés de repérer le convoi et de surveiller ses préparatifs de départ. Le but est de lui tendre une embuscade dans les deux jours qu'il lui faudra pour effectuer ce parcours (le chariot glisse sur les segments de la route marqués "1, 2, 3, 4, 5"). Si vous pouvez intercepter le chargement sur les berges du [[Lac d'Acier]], il sera plus aisé de le transporter à bord de barges ou de pirogues. <br><br />
Le Moineau connaît la ville et les hommes qui escorteront ce convoi, Messire de Lorune a la charge de l'assister en tout -et de s'assurer qu'aucun d'entre vous n'ait la mauvaise idée d'ouvrir les coffres. Maître Pratesh est chargé de trouver des embarcations pour les chargement et d'assurer le secret de l'opération (Vighnu sourit, pensant aux peintures de guerre Kormes qui n'ont pas servit lors de l'[[Opération Tréfonds]] et à la barge kerdane cachée depuis dans les marais près d'[[Écume 6]]). Vous devrez quitter le village et y rapporter les coffres sans être vus, ni dire à quiconque d'où vous venez ni où vous allez. <br><br />
Car, j'insiste, '''cette opération peut assurer le salut de Tal Endhil si elle réussit, mais sonner notre perte à tous si quelqu'un devait découvrir qui a commandité l'attaque'''. Une prime substantielle versée à notre cher apothicaire en sera la garantie.<br />
<br />
_''Ça veut dire "pas de témoins", demande Diane ?<br><br />
_''Ça veut dire "démerdez-vous pour que personne ne puisse vous reconnaître, suivre votre piste et remonter jusqu'à nous" : je préférerais que vous épargniez les civils, mais Maître Pratesh sera décisionnaire en dernier recours. À part lui, '''vous serez payés chacun 2 pièces d'or pour cette brève mission et votre durable silence''' (la solde mensuelle d'un mercenaire étant de 2 pièces d'argent, ça fait 10 fois plus pour quelques jours de boulot). Des questions ?<br><br />
_''C'est quoi, dans les coffres ? Ça pèse ?<br><br />
_''Le contenu ne vous regarde pas mais, oui : ça pèse. Probablement autour de 200kg en tout.<br><br />
_''C'est qui, qu'on braque ?<br><br />
_''Pas votre problème non plus. Fiez-vous à Eldan, soyez discrets et ça ne devrait pas avoir d'importance.<br><br />
_''Les gars de l'escorte, c'est des pros ?<br><br />
_''Quelques-uns, oui, mais la plupart seront des mercenaires en permission, des cochers endurcis, des coupes-jarrets, des gardes plus habitués à surveiller des esclaves... Le problème, c'est qu'ils doivent se méfier : ils ont eut des ennuis récemment, ils savent que le trajet est dangereux et ils seront sur les dents. Il se peut même que vous soyez déjà attendus à Solerane. J'insiste : '''''méfiez-vous'''''.<br><br />
_''Qu'est-ce qu'on a comme matos ?<br><br />
_''Vous étiez prévenus d'emporter le vôtre, mais Eldan conserve quelque argent pour vos frais de mission, des vivres, un peu de charbon, des flèches, des torches et des cordes vous attendent avec les chev...<br><br />
_''Dans les pirogues, mon 'Pitaine.<br><br />
_''Dans les pirogues, donc. J'ajoute les papiers que m'a demandé monsieur Odran (il confie une petite pochette de cuir à Andréas, contenant du parchemin, des lettres officielles de la main de [[Rhilder]] et son sceau de cire, pour pouvoir si besoin modifier les ordres de mission du convoi) et vous emportez cette carte, annotée par mes soins, en espérant qu'elle puisse vous aider : ne la perdez pas ! ''[Durgaut leur confie par ce biais un de ses précieux point d'Histoire.]'' Autre chose ?<br><br />
_''Y a le Venteux qu'a pas tout compris, vu qui parle pas bien not' langue...<br><br />
_''Messieurs Odran et Pratesh devront donc lui ré-expliquer en ramant. Bonne chance à tous : le destin de Tal Endhil est entre vos mains ! Mais pas les figurines, La Poigne : repose ça ! <br><br />
_''Pardon mon 'Pitaine. »<br />
<br />
[[Fichier:Carte-Carrée.jpg|900px|thumb|left|La carte remise par Durgaut, telle que les joueurs l'ont découverte la première fois...]]<br />
<br />
<br />
<br />
== En route vers Solerane ==<br />
Pendant qu'on roule la carte, LeCornu et Herle déplacent la lourde table, révélant une trappe dans le plancher qui, une fois déverrouillée et ouverte, donne sur une échelle de corde descendant le long d'un pilier de bois, où sont amarrées deux pirogues emishen. Avec quelques difficultés dues à la disparité de poids et d'agilité de ses huit membres comme aux bagages de certains l'équipe embarque et glisse silencieusement sur les eaux couvertes de brouillard :<br><br />
<br />
«_''Attention avec ça, c'est des armes emishen. <br><br />
_''Pourquoi foutre ? <br><br />
_''Pour passer pour des Kormes. <br><br />
_''Pas con. Mais qu'est-ce qu'il fout avec un bouquin, lui ? <br><br />
_''Je suis chroniqueur... <br><br />
_''Et vous allez chroniquer l'opération ''secrète'' ?! <br><br />
_''Houlà non, je... j'ai d'autres talents. Falsifier des sauf-conduit, par exemple. <br><br />
_''Je vois...»<br><br />
<br />
Ils atteignent bientôt la rive sud du Lac Troisième, en amont du campement où dorment les caravaniers lewyllen, sans que les [[Soldats du Temple]] qui gardent actuellement les remparts n'aient rien remarqué.<br />
<br />
Après un conciliabule entrecoupé d'engueulades, un poème (Herle versifie par instant), une tentative de vol et plusieurs menaces physiques pour l'empêcher, les PJ décident de ne pas partir en quête de la barge cachée par Vighnu dans les marais mais de foncer de nuit vers Solerane, à pied, pour atteindre la ville au plus tôt, juste après que Diane ait confié au fleuve un étui flottant contenant 4 pièces d'argent (sur les 20 confiées à Eldan) et un message pour les Kerdans d'[[Écume 6]], leur enjoignant d'envoyer des embarcations vers la presqu'île du [[Lac d'Acier]] ''[le joueur a oublié que son perso n'était plus bien vu chez les bateliers, et Vighnu y a même mis 1pH pour que le message arrive : ce fût bien le cas...]''.<br />
<br />
Abandonnant dans les embarcations tout le matériel trop lourd, les mercenaires se répartissent les vivres, une arme emishen chacun et la longue marche commence. Lorsque l'aube se lève, Diane, Oleytan et Eldan, très en avant des autres, font la course dans la descente après avoir passé le Col de Nilfenan (au sud-ouest de la mine de fer, sur la carte) histoire de défouler leurs tempéraments casse-cou et ombrageux... ce qui vaut d'ailleurs à Eldan de se niquer la cheville dans une belle gamelle : on sent bien, dès que les officiers ne sont plus en vue, que ça va pas être très sérieux comme opération.<br />
<br />
=== Rencontre insolite ===<br />
Pendant que le fort peu sportif Andréas prend des heures de retard sur les autres et que Vighnu reste avec lui autant pour assurer sa protection que pour causer "''chroniquerie''" et politique locale (Vighnu envisage de créer un [[Hospice de Tal Endhil|hospice à Tal Endhil]] !), Oleytan, Diane et Eldan (qui boitille) arrivent en milieu de matinée au gué qui traverse la [[Rivière aux Élans]] (ainsi nommée car elle est sur le point de passage de la migration des grands cervidés, qui commencent d'ailleurs à remonter en cette saison vers les pâturages au nord de la [[Marche des Lacs]])... <br><br />
Ils sont assez surpris d'y trouver un grand costaud, ventru et entièrement chauve, portant des vêtements très vaguement emishen, assis sur un rocher au bord des flots et curant tranquillement au couteau le sang séché qui s'incruste dans les creux de sa lourde masse de bois sculpté. Les trois éclaireurs essoufflés par leur cavalcade repèrent assez vite les discrètes silhouettes déployées dans les bois autour du chemin et, chacun la main sur leur arme favorite, s'approche avec circonspection :<br />
<br />
«_''Bonjour... <br><br />
_''B'jour, répond le gros dans un Reman médiocre, avec un accent typiquement "venteux". Z'êtes avec le noir ? Vigjniou Bratéche ?<br><br />
_''Ben là tout de suite... non. Mais des fois on le croise, quoi. Vous l'attendez ? <br><br />
_''J'ai un message pour lui. <br><br />
_''Vous voulez pas nous le donner ? On le transmettra quand on le verra ce soir... <br><br />
_''Non, d'solé, c'est privé. <br><br />
_''C'est pas un message à coup de masse, au moins ? <br><br />
_''Héhé. Non. Pas cette fois.» <br><br />
<br />
N'ayant qu'à moitié envie de s'avancer dans le gué sous la probable ligne de tir d'archers dissimulés ni même de laisser une embuscade entre eux et le reste du groupe, quoique aussi un peu parce qu'ils ont alors pas loin de 12h de rude marche dans les jambes, Diane, Oleytan et Eldan se posent également près de la rivière, se trempent un peu les pieds (Diane va même s'éloigner pour faire un peu de toilette : par instant, dans ses Réactions, sa "Sensibilité Féminine" ressort), cassent la croûte, font une petite sieste... tout ça en gardant perpétuellement un œil sur les alentours et leurs armes à portée de main. <br />
<br />
Lorsqu'ils sont rejoints par Sire Herle de Lorune, La Poigne et le Grêlé, d'abord très méfiants, Diane qui a entamé un repas et une conversation en [[Langue des Vents]] avec le Gros leur fait signe de ne pas s'inquiéter, et les trois mercenaires finissent par jouer le même jeu que leurs camarades, profitant d'un peu de repos tout en restant sur leurs gardes. <br><br />
Au bout d'une heure de cette halte méfiante, "l'embuscade" se détend tout autant et Eldan repère bientôt un des archers Korme qui, lui aussi, déjeune sur le pouce à son poste de guet. Il le contourne, se cache, est brièvement suivi mais sème le guetteur, échappe ainsi efficacement à l'encerclement... et ne sait finalement plus trop quoi faire : il craint de déclencher un massacre s'il élimine un guetteur, de se faire repérer s'il continue de traîner près des Kormes, de perdre le groupe s'il s'éloigne et d'être trop loin pour intervenir s'il repart en arrière prévenir Vighnu et Andréas. <br><br />
Aussi reste-t-il caché, guettant les guetteurs, jusqu'à ce que, lassé de perdre du temps alors qu'ils sont pressés, Herle donne le signal du départ et franchisse le gué accompagné des 4 autres. <br />
<br />
Après avoir encore hésieé à les rejoindre carrément ou à rester en arrière, Eldan fini par laisser un signe de danger dans l'écorce d'un arbre à destination de Vighnu et décide de contourner pour franchir la rivière plus loin, ne trouve pas d'autre gué, passe à la nage, se paume en aval dans la forêt et mettra plusieurs heures à rejoindre ses camarades, trempé, gelé, épuisé et bientôt vertement engueulé par l'ex-templier ''[Sire de Lorune lui inflige même un tel jet d'intimidation pour lui inculquer la discipline militaire que le jeune éclaireur en sera durablement marqué : 2pts de Trauma !]''.<br />
<br />
Pendant ce temps, Andréas et Vighnu ont atteint le gué sans même remarquer le signe laissé par Eldan et le [[Fehnri]] est assez surpris de reconnaître le gros korme qu'il a déjà rencontré, il y a plusieurs semaines à Écume 6, lorsqu'ils avaient négocié des vivres et les soins de [[Mona Ma'od]] contre la transmission d'un message pour Adira (qui, si vous vous en souvenez, était arrivé au début de l'épisode [[5) "Le Pont"]], tiré avec une flèche sur la roulotte de Maître Pratesh). <br><br />
Quoiqu'il ne connaisse toujours pas son nom, il s'éloigne avec le chef rebelle et un petit conciliabule surréaliste se joue : les Kormes veulent (Vighnu comprend "[[Lashdan]], Roi des Kormes, veut...") l'embaucher pour assassiner un certain "[[Urgrand]]", le Sorcier barbu originaire des [[Marche des Sylves|Sylves]], qui dirigeait justement le détachement korme lors du siège à la [[Mine Bénie]] :<br />
<br />
«_''Tiens donc ?! Mais pourquoi diable, demande l'assassin hilare ? <br><br />
_''On m'a pas dit de te l'dire, et puis il paraît que les tueurs professionnels ne posent pas de questions. <br><br />
_''Lorsqu'on les paye bien, c'est tout à fait exact oui. <br><br />
_''Hé ben voilà pour toi, dis le Korme en lui tendant une grosse bourse de pièces, que le Fehnri s'empresse d'ouvrir avidement. <br><br />
_''Mais... vous vous foutez de ma gueule ?! C'est des pièces de cuivre ! <br><br />
_''Et alors, c'est pas bien ? <br><br />
_''Mais c'est pas du tout assez, enfin ! Je suis un spécialiste, moi ! Je bute pas les gens pour 30 ou 50 pièces de cuivre !<br><br />
_''Ah. Mais c'est tout ce qu'on a nous, même qu'on s'est tous cotisés pour rassembler ça. <br><br />
_''Mais c'est pas possible, vous comprenez rien au commerce, à la fin ! Et il est où, votre Sorcier, d'abord ?<br><br />
_''Ben on sait pas, nous, pourquoi tu crois qu'on s'adresse à toi ? Tu crois pas que je serais foutu de lui coller ma masse sur la gueule moi-même si on savait où il campe ? [[Etayn-la-Louve|La Louve]] dit qu'elle l'a perdu quelque part chez vous, du côté du Premier Lac, mais c'était il y a déjà plusieurs jours.<br><br />
_''Bon, écoute, voilà ce qu'on va faire : dis à ton Roi que je suis d'accord sur le principe, mais que déjà ça va vous coûter 20 pièces ''d'or'' et qu'ensuite, soit vous savez me dire au moins à peu près où il est, soit ça risque de prendre pas loin d'un mois (car Vighnu pense savoir où Urgrand devrait se trouver dans environs trois semaines, héhé...). Dis-lui ça et, quand vous aurez la somme, contactez-moi.<br><br />
_''Mais où tu veux qu'on trouve de l'or, nous ?<br><br />
_''Non mais c'est un prix, vous pouvez aussi bien me ramener 200 pièces d'argent, ou 4 lingots d'argent, par exemple. Vous en avez bien, des p'tites barres en argent, prises dans une certaine mine, hmmm ?<br><br />
_''Mais... non. De quoi tu parles ?<br><br />
_''Oh le con ! Rha merde, il fait vraiment chier ce connard de sorcier !<br><br />
_''C'est bien pour ça qu'on t'embauche, oui.<br><br />
_''Bon alors 20 pièces d'or ou l'équivalent, vous trouverez bien ça quelque part pendant que vous vous battez dans la [[Vallée de Cainil]], hein, je ne m'en fais pas pour vous. Quand vous avez la somme, vous me recontactez, vous versez la moitié d'avance et, moi, je tue votre sorcier.<br><br />
_''J'espère que d'ici là on l'aura trouvé nous-mêmes, mais sinon, on saura bien te joindre, ouais. Et bonne journée.»<br><br />
Et pendant que Vighnu se frotte les mains, les Kormes se dispersent dans la forêt sous le regard médusé d'Andréas.<br />
<br />
<br />
== La Ferme-Relais "[[Le Marchepied]]" ==<br />
<br />
<br />
[[Fichier:Marchepied.jpg|600px|thumb||Le Marchepied]]<br />
Il fait presque nuit noire lorsque les 6 mercenaires fourbus atteignent enfin la ferme-relais qu'on appelle le "Marchepied", au pied de la route montant vers Solerane. Si Oleytan (trop repérable) est laissé avec le matériel dormir à l'extérieur, Diane, Eldan et Herle, bientôt suivis par La Poigne et Le Grêlé (trop crevés pour accepter de se peler le cul à camper dehors), pénètrent les uns après les autres dans l'enceinte de bois où un drôle de type pâle, un albinos efflanqué aux longs cheveux blancs qu'Eldan sait être surnommé "Craie" (chef des gardiens d'esclaves de la mine de cuivre), est en train de passer ses nerfs à coups de fouet sur deux malheureux emishen, une femme et un adolescent enchaînés au puits du milieu de la cour. <br />
<br />
Comptant avec l'albinos un escrimeur tout en noir s'engueulant avec le tavernier (une histoire de chevaux, de halte imprévue et de prix du fourrage) plus 4 soldats portant la livrée du Duc-Gouverneur (donc probablement issus de la garnison de Solerane), et soucieux de sa mission avant tout, Herle tempère ses instincts justiciers et suit la Kerdane dans le corps de ferme transformé en auberge de seconde zone, où il entreprend de noyer sa mauvaise humeur dans la bouteille d'hydromel prise à la Taverne Penchée. Si un jovial marchand de draps nommé [[Teillard]], parti de [[Celanire]] vers le "marché de printemps" de Tal Endhil, tente bien d'engager la conversation avec les voyageurs, Diane l'envoie paître rudement (et nos héros se privent de la seule occasion de se renseigner sur la route qu'ils ont à faire) mais lance une petite partie de dés avec Eldan et Herle pour attirer à eux [[Craie]] et [[Esteval]] (l'escrimeur à l'armure de cuir sombre) et tenter de leur soutirer quelques informations sur l'exploitation des esclaves venteux à Solerane. Justement, les deux gardes-chiourmes, 3 autres collègues et 6 soldats prêtés par la garde sont à la recherche d'une 15aine d'évadés, échappés le matin même de la mine de cuivre. Diane propose bien de participer à la traque contre rétribution, mais Eldan ruine sa tentative d'approche en ne pouvant se retenir d'aller porter un peu d'eau et de pain aux deux malheureux prisonniers. Herle -qui perd aux dés et voit les deux crevures descendre gaiement sa bouteille- semblant se retenir de plus en plus laborieusement d'écraser la tronche de Craie à chaque fois qu'il fait des remarques cruelles sur les "venteux", les voyageurs vont se coucher tôt après un rapide souper et Diane s'arrange assez finement pour que leur propre groupe gagne le contrôle de l'escalier et des 2 rares fenêtres du grenier aménagé en dortoir, qu'ils vont devoir partager avec le binôme d'esclavagiste, les soldats s'installant dans l'étable au dessous.<br />
<br />
=== Rencontre avec des fugitifs ===<br />
<br />
C'est à peu près le moment où, traînant le chroniqueur qui dort debout dans l'obscurité de la route forestière, Vighnu voit soudain jaillir un grand type hirsute de la forêt, qui saute sur le fehnri en tentant de l'étrangler avec la chaîne qui lui lie les poignets : l'assassin pare de justesse avec son [[katara]], une femme armée d'une branche sort à son tour des taillis et Andréas est basculé au sol par une jeune fille qui tente de lui éclater le crâne à coup de pierre, mais il parvient à la repousser de peu (elle est presque aussi épuisée que lui). Reconnaissant une Emishen (et réciproquement) alors qu'il tirait sa dague pour se défendre, l'érudit crie en Langue des Vents "Arrêtez, nous sommes des amis ! Vighnu, ce sont des Emishen !", ce qui suffit à stopper le début de combat et permet à Andréas de proposer de la nourriture et des soins aux esclaves en fuite, finissant de gagner leur confiance. <br />
<br />
Libéré de ses chaînes avec l'aide d'un glaive offert par Vighnu, le trio leur explique avoir réussi à s'échapper des mines de Solerane un peu avant l'aube, grâce à un tunnel vers la surface creusé en secret avec l'aide d'une barde [[rimdehl]] nommée Tahalien. Poursuivis depuis le levé du jour par des cavaliers en armes, ils ont perdu la douzaine d'autres évadés qui les accompagnait, dont des jeunes et des enfants et, loin de leurs régions d'origine (la plupart sont des [[Otlalnan]] de la [[Marche des Lisières]]), ils ont couru un peu au hasard vers le nord et le territoire des [[Liam'Lon]], où aucun Dirsen n'oserait les poursuivre, alors que d'autres avaient préféré tenter leur chance à l'est, vers le Cercle des Hautes-Pierres.<br />
<br />
Les deux Talendan leur expliquent qu'ils sont ici sur le territoire des [[Elloran]] et qu'ils auraient de meilleures chances de filer au nord-ouest vers le Cercle des Cascades et, après avoir longuement hésité à repartir chercher les plus jeunes, les trois fuyards un peu retapés finissent par disparaître vers l'ouest avec quelques remerciements.<br />
<br />
=== Evasion nocturne ===<br />
<br />
Nos deux héros retardataires ne sont donc qu'à moitié surpris lorsqu'ils retrouvent Lerkoren Oleytan en compagnie de 5 autres échappés en haillons, dont Tahalien et un ado sérieusement blessés, plus trois mômes, quoique Vighnu soit un peu atterré par le récit du jeune Elloran.<br />
Car après que leurs compagnons soit entrés à l'auberge du Marchepied, Oleytan, attiré par des cris de douleurs, s'est glissé par-dessus la palissade de rondins et, découvrant les deux prisonniers lacérés à coups de fouet, a attendu la nuit noire pour passer à l'action. Il a malheureusement échoué à assommer proprement la sentinelle de faction dans la cour, mais a par contre réussi à la tuer net avant qu'elle ne crie, puis a traîné le corps du soldat dans une grange. C'est alors qu'il s'acharnait en vain à rompre sans trop de bruit un des maillons de la chaîne que Diane l'a interpellé depuis une des fenêtres du dortoir :<br />
<br />
«_''Psssst ! Mais qu'est-ce que tu branles, merde !? On est pas là pour ça ! <br><br />
_''Je fais mon devoir, tu peux pas comprendre ! <br><br />
_''Mais putain tu va réveiller tout le monde, crétin !». <br><br />
<br />
L'épée à la main, la Kerdane est bientôt descendue le rejoindre pour le convaincre de ficher le camp et, n'y arrivant pas, a fini par l'aider à détordre un maillon en faisant levier avec son épée, histoire qu'il puisse déguerpir avant que quelqu'un ne les entende. Herle s'est réveillé à son tour, lui a ordonné de rentrer se coucher avant de les griller complètement et, la Kerdane disparue dans l'étable en engueulant un soldat qui se réveillait vaguement sur l'air de ''"Quoi ? Keskya, on peut plus pisser tranquille, merde ?"'', Oleytan a sorti discrètement les deux rescapés par là où il était lui-même entré. Apprenant alors qu'ils avaient pu cacher les gosses près de la rivière avant que les cavaliers ne leur tombent dessus, il est ensuite reparti chercher les mouflets de 9 à 12 ans, a nourrit tout le monde et distribué des rations pour le reste du voyage (''"Et donc, là, on a plus de vivres, c'est ça ? Heu... un peu, si..."''). Il se demandait s'il allait abandonner l'opération pour les conduire aux Cascades quand Vighnu et Andréas sont arrivés. <br />
<br />
Renonçant à l'engueuler d'avantage puisqu'il viennent de faire quasiment la même chose, les deux PJ soignent à nouveau les plaies et brisent les chaînes, ré-expliquent la direction du Cercle des Cascades et, recommandant bien aux fuyards d'éviter les routes pour ne pas être repris, ils s'installent pour bivouaquer et s'offrir quelques précieuses heures de sommeil avant l'aube.<br />
<br />
L'aurore pointe à peine lorsque Herle, Diane et les autres se lèvent, déposent quelques pièces de cuivre dans la grande salle et filent sans prendre de petit déjeuner, pendant que Craie et Esteval constatant la disparition de leurs prisonniers commencent à activer les soldats, et que ceux-ci constatent la disparition d'un des leurs. ''"Et vous là, vous avez rien entendu ?!? _Nope : nous on dort sérieusement quand on doit se lever tôt."'' répondent nos héros avant de s'engager, sous la bruine matinale, vers le chemin raide qui monte en lacet vers le nid d'aigle de la cité minière. Rapidement rejoints par Lerkoren Oleytan, Vighnu et Andréas (modérément reposés), ils confèrent sur les évènements de la veille et s'accordent sur un plan : Eldan (puisqu'il connaît Solerane), Andréas (qui compte s'arrêter dans un temple pour se lancer dans l'enchantement d'un document puissamment convaincant pour faire partir le convoi avec une escorte réduite ''"car tout danger est désormais écarté"'') et Diane (qui pense pouvoir s'infiltrer dans la-dite escorte) iront en ville pendant que le gros de la troupe (''"J'suis pas gros j'suis juste un peu envelo _Ta gueule, La Poigne : t'es lourd."'')attendra caché dans la forêt. <br />
<br />
=== Plan d'action ===<br />
<br />
Dès que le convoi sera prêt à partir, les mercenaires partiront devant pour semer des embûches sur sa route afin de le ralentir (comme un sapin ou des rochers ''"décrochés par le dégel"'') : s'ils parviennent à le retenir assez longtemps dans la gorge pentue et traîtresse que les chariots auront de toutes façons du mal à négocier (le segment 2, sur la carte), ils peuvent l'obliger à passer sa première nuit avant le gué sur l'[[Anil'wel]] (milieu du segment 3). Le lendemain, la caravane sera donc obligé de forcer l'allure pour sortir de la forêt qui suit (segment 4) avant le crépuscule : réputée dangereuse (c'est, avec la gorge, le site d'embuscade préféré des Kormes, c'est d'ailleurs là que la colonne de Durgaut s'est faite attaquer au début de l'Épisode 1), le mauvais chemin tortueux y sera en cette saison embourbé par les ruisseaux et, avec un peu de sabotage supplémentaire (en creusant par exemple le lit d'un petit torrent pour former une combe traîtresse), l'escorte arrivera dans la vaste prairie marquant le dernier bout droit (5) en fin d'après-midi, épuisée par deux journées difficiles et fera probablement halte, croyant avoir fait le plus dur... Mais c'est justement là que l'attendra notre commando camouflé et grimé en Kormes, qui lui tombera dessus avant qu'elle ait eut le temps de souffler, laissera filer les non-combattants pour qu'ils puissent témoigner de la culpabilité des rebelles mais massacrera impitoyablement tous ceux qui pourraient les avoir vu de trop près au Marchepied ou à Solerane. En se coordonnant avec Diane pendant qu'elle s'isolera ''"pour pisser"'' le long du parcours, ça devrait marcher très bien (c'te blague).<br />
<br />
Image à rajouter<br />
<br />
<br />
<br />
== Enquête ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== [[Solerane]] (Diane, Andreas, Eldan) ===<br />
<br />
[[Fichier:Solerane-grand.jpg|600px|thumb||Solerane]]<br />
Entrant en ville par la Porte Basse alors que le crachin continue, le trio d'espions improvisés passent devant les vastes écuries où des palefreniers semblent avoir rassemblé au moins une cinquantaine de chevaux, puis remontent les rues pentues et mal pavées, encadrées d'étroites maisons de pierre et d'ardoise, en direction de l'Hostellerie des Moindres, attenante au temple et tenue par les religieux locaux. Traversant au passage la grand'place surmontée d'un vaste marché couvert au bout duquel s'élève le siège de la Guilde Minière locale, ils constatent que des bouviers attèlent ou chargent des chariots sous les halles, alors que des marchands s'assemblent devant le porche du sanctuaire : ça sent le départ...<br />
<br />
Le réfectoire de l'hostellerie est aussi sombre qu'encombré par une bonne 20aine de mercenaires pour la plupart loqueteux, de forestiers et de négociants qui semblent tous attendre qu'un sergent courtaud et obèse s'occupent d'eux : Eldan le connaît sous le nom de "La Boule" comme le membre le plus corrompu de la garde locale, qui offre fréquemment les services de ses hommes à Jornil Cuivré et laisse prospérer les coupes-jarrets qui hantent avec son fils [[Jorem]] la boutique d'un marchand de vins, "Le Carafon".<br />
Pendant que Diane réussit à se bouffer le nez avec l'épaisse bonne-sœur qui sert pain et brouet aux clients (c'est une manie), Andréas trouve son chemin vers la sacristie pour demander au prêtre s'il pourrait s'y installer pour "travailler dans le recueillement nécessaire à ses enluminures". [Sur un jet de "Contacts dans la Pègre" réussit], Eldan le brigand repenti avise bientôt un drôle de novice qui accueille les voyageurs dans la cour en semblant éviter la salle, qu'il reconnaît illico comme un croche-bourse du coin, déguisé pour pouvoir "courtoisement débarrasser les voyageurs de leurs bagages" sans se faire trop remarquer des sœurs et des vrais disciples du Culte (et puisque je peine à lui donner un nom, il le baptise "Boule-de-Suif"). Son camarade interpellé en plein travaille lui explique que La Boule est venu sélectionner les meilleurs combattants disponibles pour les intégrer à l'escorte du convoi minier, les autres devant se contenter de la moindre paye offerte à l'escorte d'une caravane marchande qui devait partir ce matin avec un troupeau de chevaux emishen, mais qui a pris du retard malgré les tentatives du Cuivré pour les faire activer, allant même jusqu'à participer à la solde des convoyeurs pour peu que les marchands acceptent d'ouvrir la route en précédant d'une journée ses propres chariots. Bien sûr, quelques piécettes peuvent toujours faire pencher le jugement de l'adipeux sergent. ''"Et sinon, on peut saluer des copains au Carafon ? _Ben non, curieusement, y a quasiment personne depuis hier, déjà : ch'ais pas où ils sont tous passés. Même la bande à Jorem elle y est pu'..." ''<br />
Mais cette "cervelle de moineau" d'Eldan aura tôt fait de perdre l'information.<br />
<br />
Jugeant plutôt minables les guerriers déjà choisis, Diane se porte volontaire et décide de démontrer ses talents à l'arbalète en faisant tinter la haute cloche du temple d'un carreau tiré depuis le fond de la cour, selon un angle de tir particulièrement réduit par les étroites voutes du clocher et dans la visibilité voilée par la pluie et la grisaille : ''"Si une gonzesse y arrive, j'veux bien l'embaucher, tiens !"'' ironise La Boule. Et si Eldan s’éclipse vivement vers le campanile pour faire sonner la cloche du pommeau de sa dague si la Kerdane devait manquer, il n'a pas encore atteint le sommet qu'un trait ricoche sur le bourdon et faisant sonner le bronze avant de retomber côté grand' place. ''"Et sinon, c'est combien la paye ?"'' demande la tireuse d'élite d'un ton narquois, avant d'aller rejoindre la table où attendent déjà les autres vainqueurs, deux étrangers à l'air farouche et une paires de jeunes imbéciles qui se présentent comme ''"[[Trevan de Rigorne]], chevalier errant ! _Et [[Gavin]], son loyal écuyer. _Ah ben putain, si c'est le haut du panier j'ose pas voir le fond..."'' leur décoche Diane, toujours aimable. <br />
<br />
Informé que le convoi va de toutes façons partir le lendemain, que Diane y est embauchée, que l'éclaireur doit aller acheter quelques provisions pour le reste de l'équipe et puisque les religieux sont tous très occupés avec la foule des clients, Andréas profite du reste de sa matinée pour étudier bien tranquillement sa récente trouvaille. <br />
<br />
(Spoiler même pour les joueurs de cet épisode : En examinant les bagues mobiles qui se découpent dans la sphère d'or-rouge héritée de [[Langard]], le mage découvre qu'elle est à la fois un focus capable de stocker de l'Essence magique, un catalyseur qui facilite le transfert d'Énergie vitale pour la chargre plus facilement et un amplificateur doublant la portée de la plupart des sorts : bien qu'il ait du payé 2pH pour la retrouver, Andréas Odran est ravi ! Bien sûr, il ignore encore que le spectre de son défunt propriétaire y a été piégé, et qu'il se manifestera lorsque l'objet sera suffisamment rechargé…)<br />
<br />
=== Interlude Forestier (Vignu, Herle) ===<br />
<br />
Pendant ce temps, Vighnu et Herle se sont éloigné dans la forêt après avoir entendu de lointains aboiements : voulant voir de quoi il retourne, ils découvrent une petite chaumière isolée, où une mère de famille fend du bois avec dextérité pendant que ses deux jeunes enfants jouent en rassemblant les demi-bûches sous l’œil de deux énormes [[dogues de Marale]], des molosses presque aussi hauts que des poneys. En s'approchant sous le vent, les mercenaires réalisent que ce doit être la demeure de Thuril le Brun : un forestier réputé dans la région et qu'Eldan leur a expliqué servir régulièrement de guide aux caravanes, en particulier celles de Jornil Cuivré, de loin son meilleur employeur. Ils envisagent un moment de kidnapper un môme pour forcer la coopération de son père, mais après avoir considéré la maman qui fend les bûches d'un coup de hache expert, l'agitation grandissante des chiens, la taille du chenil trop vaste pour "seulement" deux dogues et les probables galères d'avoir à balader un otage de 5 ou 8 ans, les deux farouches guerriers renoncent.<br />
<br />
En rejoignant leurs camarades, ils aperçoivent les traqueurs d'esclaves qui patrouillent les flancs de la montagne et se dissimulent tous si bien qu'Eldan, sorti de la ville basse pendant que le premier convoi s'y assemblait pour partir enfin, va avoir bien du mal à les retrouver. Déposant les provisions en expliquant que Diane a réussit à intégrer l'escorte, l'éclaireur repart aussitôt pour lui transmettre les derniers détails du plan et une dague empoisonnée par les bons soins de Vighnu, "en cas de besoin". <br />
<br />
«_''Pis ramène le chroniqueur, aussi : on s'arrache dès que la première caravane a fini de descendre la route. <br><br />
_''Mais vous vouliez pas que j'aille jeter un œil à la mine, pour repérer l'autre convoi ? <br><br />
_''Il part demain matin, non ? Qu'est-ce qu'on besoin de savoir d'autre ? Grouille !» <br><br />
<br />
Et ce fût leur deuxième erreur…<br />
<br />
<br />
<br />
== Préparation du terrain ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Sabotage (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
À peine une heure derrière les quelques chariots de marchandises et le troupeau de chevaux qui labourent la route humide devant eux, le commando se met donc en marche en milieu de journée, avançant d'un pas tranquille pour éviter de les rattraper. La fin d'après-midi leur offre une vague éclaircie lorsque, quasiment à mi-pente de la gorge encaissée où les cailloux roulent sous leur pas, ils avisent un sapin qui penche déjà un peu depuis le versant hérissés de rochers du ravin : passant des cordes autour du tronc, Herle, La Poigne, Vighnu (mollement, hein, il est fatigué), Le Grêlé et Oleytan tirent de toutes leurs forces pour finir de le déraciner. Le templier défroqué s'énerve au passage et, quand ses compagnons remarquent que la chute de l'arbre n'a pas l'air très naturelle, il escalade la pente avec La Poigne pour déclencher à eux deux un éboulement susceptible d'expliquer l'accident. Après qu'une coulée de rochers se soient répandus sur la route et que le colosse ait cogné le tronc à coups de pierres pour parfaire la mise en scène et dissimuler les marques de cordages laissées dans l'écorce, l'équipe décide de souffler un peu avant de repartir... et Vighnu remarque alors une silhouette qui les observe de loin, dissimulée parmi les sapins en haut de la crête.<br />
(Si Andréas Odran a tout intérêt à garder le secret de ses talents magiques pour éviter de finir au bûcher, surtout lorsqu'il voyage avec un ex-templier, Hadrien Muraille et Adira Pratesh les ont découvert lorsqu'ils étaient enfermés dans la mine et le fehnri en a évidemment parlé à son cousin : malgré ses craintes instinctives concernant la sorcellerie, Vighnu a abordé le sujet avec Andréas qui s'est montré assez ouvert sur le sujet pour le rassurer...)<br />
<br />
Après avoir discrètement averti le reste de ses camarades de la présence d'un observateur discret et leur avoir recommandé de faire "comme si de rien n'était", Vighnu et Andréas s'éloignent innocemment loin des regard inquisiteurs en pénétrant sous les frondaisons qui bordent la gorge en se donnant vaguement l'air de chercher des plantes : <br><br />
<br />
«_''Tu peux le chroniquer d'ici, demande l'apothicaire dès qu'ils sont loin de Herle ? <br><br />
_''Assieds-toi avec moi et (Andréas sort la sphère première de son sac) pose tes mains là-dessus, là et là. <br><br />
_''Je sens que je vais pas aimer.... <br><br />
_''Sans doute mais j'ai pas l'énergie pour le faire moi-même alors tu participes où il va se tirer." <br><br />
Dès qu'ils ont tous les deux les mains sur la sphère de métal rouge, Vighnu se sent soudain très fatigué [ça lui coûte 4 points de Fatigue, mais ça fait 8pts d'Essence pour alimenter les sorts d'Andréas, qui en a bien besoin vu comme il peine depuis plus de deux jours qu'ils sont en marche] et, les yeux fermés par la concentration, le chroniqueur annonce à son camarade : <br><br />
_''Il n'y a qu'un seul type, mais il s'éloigne vers... un cheval. Plein nord, au sommet de la gorge. Il sait qu'on l'a repéré. Il se dépêche parce que... le sentier qu'il veut prendre rejoint la route un peu plus haut. <br><br />
_''Tu peux le neutraliser ? <br><br />
_''Je vais essayer mais... <br><br />
_''Fais au mieux, je préviens les autres !» <br><br />
<br />
=== Interrogatoire ===<br />
<br />
Quand Vighnu sort des bois tout essoufflé en appelant ses compagnons, il explique brièvement que le guetteur est en train de s'enfuir à cheval, mais qu'ils peuvent tenter de lui couper la route et Oleytan s'élance le premier, remontant la gorge au pas de charge, suivi de près par Eldan, Herle de Lorune et le Grêlé. Ils ont beau courir de toutes leurs jambes sur le chemin rocailleux, le cavalier dévale la pente plusieurs centaines de mètres plus haut qu'eux... et tombe de selle en atteignant la route.<br />
<br />
''"Quand on sait pas monter..."'' grommelle Herle, dégageant l'arc qu'il avait en bandoulière en cavalant de plus belle : son cheval trottant pour s'éloigner des ennuis, le guetteur se relève à peine lorsque Lerkoren Oleytan arrive sur lui le glaive à la main, mais réussit à dégainer sa propre épée en se remettant sur ses pieds, à parer et à lui coller un grand coup de pommeau à la tempe, séchant le jeune Elloran avant qu'Eldan ne soit à portée de lame. Le cavalier esquive le coup mal ajusté du Moineau en bout de course et, voyant arriver d'autres adversaires, dégage vivement sur le versant boisé qui descend vers le torrent. Mais Herle de Lorune a stoppé et décoché une flèche, et malgré la distance elle vole entre les arbres, racle l'écorce d'un boulot et transperce le genou du fuyard [3 pions de Fatigue et 1pH : Ego' voulait vraiment le choper] qui bascule dans dans la pente en rebondissant contre les troncs et les rochers. Un instant soufflé par l'expertise du tir, Oleytan, Eldan et le Grêlé regardent le Défroqué d'un air médusé, celui-ci leur fait signe d'aller chercher leur proie et, s'asseyant pour souffler sur un rocher, débande son arc en déclamant un poème sur la rudesse de la vie au bord des eaux [il faut préciser que pendant qu'on joue sur Rolisteam, Ego' dégotte des poèmes de circonstance qu'il déclame à brûle-pourpoint quand il a besoin de libérer de la Tension : ça fait toujours son petit effet et lui obtient à chaque fois le bonus du public]. Le Grêlé en reste un moment comme deux ronds de flanc, puis l'ex-inquisiteur dégage sa dague et, descendant à la suite d'Eldan avec le mercenaire sur les talons, annonce : ''"Bon, c'pas le tout : au boulot."''<br />
<br />
Et pendant qu'Oleytan s'éloigne pour récupérer le cheval, sous le regard mortifié d'Eldan qui a eu tant de mal à récupérer le blessé dans le torrent, à le traîner sur la berge et à lui faire un garrot, Herle entreprend d'interroger le prisonnier, d'abord en lui expliquant qu'il parlera de toutes façons et que ce n'est qu'une question de temps et de douleur, puis en tournant la flèche dans la plaie pour illustrer son propos. Alors qu'Eldan, dégouté, s'éloigne, le cavalier commence à révéler qu'il n'est que l'éclaireur d'une bande de types chargée de suivre le convoi... lorsqu'il tourne de l’œil, moins à cause de la souffrance que des blessures reçues : ayant rejoint ses camarades depuis quelques instants déjà, Vighnu l'examine et, constatant que le prisonnier cumule un sérieux hématome à la tête et des côtes fracturées à sa blessure au genou, annonce qu'il risque d'avoir un peu de mal à le garder en vie plus de quelques heures. <br><br />
<br />
«_''Et qu'est-ce qu'il a sur la poitrine, demande le chevalier ? <br><br />
_''Tatouage de voleur, explique l'assassin-apothicaire : la Confrérie du Chacal, une espèce de regroupement de brigands, mais j'ai entendu dire qu'ils commençaient à trafiquer des armes dans le coin. <br><br />
_''Non. Ce sont des démonistes ! <br><br />
_''Hein ?! Houlà, non, non, je vous assure messire ils... <br><br />
_''L'étoile à neuf branches est le signe du démon, Maître Pratesh, et cette créature doit être décapitée et brûlée séance tenante. <br> <br />
_''Quoi ?! Mais non, enfin, on allait l'interrog... <br><br />
_''Nous ne tolérerons pas l’œuvre du démon et vous n'en serez pas complice, Maître Pratesh, ou bien vous aurez à faire à moi !» <br><br />
<br />
Malgré les protestations de ses camarades, Sire de Lorune défait le long paquet qu'il a sur le dos depuis le départ et en dégage une lourde épée bâtarde à la lame gravée de runes antiques et dont la garde rougeoyante rappelle à Vighnu une certaine sphère : avant qu'il ne puisse s'interposer, l'épée s'abat et la tête du malheureux tombe, tranchée net, entre ses genoux [oui, Herle vient d'exécuter le "peunj-d'information" pour produire une Réaction à 5]. <br />
<br />
Image<br />
<br />
=== Fuite ===<br />
<br />
''"D'autres cavaliers arrivent !"'' les avertit Oleytan depuis le chemin, où il monte maintenant le cheval récupéré. Ne sachant pas s'il s'agit de brigands ou de simples civils et préférant éviter de laisser une "scène de crime" qui mette la puce à l'oreille du convoi, les mercenaires bascule le corps dans le torrent et dégage vers l'aval, histoire de dépasser leur éboulement avant d'être vus. Emportant la tête pour la brûler plus tard, Herle s'élance sur le chemin à la suite de ses camarades. Ce n'est que lorsqu'ils ralentissent au bas de la gorge qu'ils s'avisent qu'ils ont oublié Andréas et La Poigne, à qui Vighnu avait ordonné de rester près du chroniqueur pour le protéger : <br />
<br />
«_''Non mais ils sont pas débiles, non plus, ils auront dégagé en nous voyant passer... <br><br />
_''On parle de La Poigne là : le gars qui reste allongé près de l'arbre les yeux fermés pendant qu'on poursuit un cavalier parce qu'on lui a dit de faire "semblant de rien". <br><br />
_''Bon, Oleytan, tu retournes les chercher à pied en passant par les crêtes, on se retrouvera près du gué.» <br><br />
<br />
Et le matériel chargé sur le cheval, notre commando hautement qualifié repart d'un pas tranquille sous la bruine persistante.<br />
<br />
=== Reflexions ===<br />
<br />
Sous les pas des mercenaires, une plaine vallonnée, couverte de hautes herbes et parsemée de bosquets, succède bientôt à la forêt escarpée. Une éclaircie illumine le paysage et, quoiqu'en regardant régulièrement par-dessus leur épaule, les PJ en profitent pour sécher un peu en devisant sur la suite. Ce n'est qu'en arrivant au bord du fleuve que Herle insiste pour faire une pause et observer sérieusement les environs, des fois que les Démonistes (''"Mais c'est juste des petits truands qui se donnent un genre ! _Des dé-mo-nistes !"'') aient posté un autre guetteur ou que la première caravane soit encore à portée de vue. Les abords de l'[[Anil'wel]] ("la Rivière du Passé") sont remarquablement calmes, mais la profondeur des empreintes de chariot laissées sur la berge intrigue le templier : <br />
<br />
«_''Qu'est-ce qu'il y avait exactement dans ces chariots, Eldan ? <br><br />
_''Heu... un de draps et fourrures, un de ferronnerie, chaudrons, ce genre de trucs, et puis un p'tit chariot de matériel, les vivres de l'escorte, tout ça. <br><br />
_''Grand et gros, le chariot de chaudrons ? <br><br />
_''Pas très non, pourquoi ? <br><br />
_''Parce je commence à me dire que si j'étais un maître-contrebandier qui se méfie d'une attaque sur le convoi le plus important de l'année, j'aurais peut-être bien camoufler le vrai chargement dans la première caravane et tendu une embuscade autour de la seconde…» <br><br />
<br />
Après avoir passé le fleuve, et puisque la journée touche à sa fin sous les nuages noirs qui s'accumulent à l'est (''"Gros orage en provenance de la mer, annonce le Moineau. _Trouve-nous un bon site de bivouac, faut qu'on puisse se reposer ce soir."'') le groupe discute toujours de ses soupçons en interrogeant Eldan sur milles détails, puisqu'ils est le seul parmi eux à s'être rendu en ville et à avoir observé les préparatifs de départ. Montant un campement étonnamment confortable à base de branchages installés entre de gros rochers, sur les contreforts des hauts plateaux à l'ouest de la route (en limite de zone 4, sur la carte) et bientôt rejoints par Oleytan suivi d'Andréas juché sur le dos de La Poigne, l'équipe continue de réfléchir à l'idée du Templier.<br />
<br />
Et, à force de se creuser la cervelle, Eldan commence à se remémorer divers détails troublants (les mises en garde du Capitaine ; la désertion du Carafon (d'ordinaire quartier-général des truands et en particulier des séides de Jorem Cuivré) ; Jornil qui pressait le premier convoi de partir au point de payer une partie des frais de l'escorte, finalement un peu excessive pour des marchandises sans grande valeur et comptant assez peu de cavaliers pour que le troupeau de chevaux soit sa principale préoccupation ; les drôles de "barbares" qui trainaient à l'Hostellerie avec Diane), Andréas raconte sa première rencontre avec les Chacals au Cercle des Cascades, Vighnu et Eldan ajoutent leurs connaissances sur la pègre du nord... Il leur faut un moment pour constituer une théorie viable mais, lorsque Herle de Lorune revient de l'incinération de la tête tranchée, ses compagnons se sont rangés à son avis : le butin est caché dans la première caravane (qui n'a que 3 ou 4 heures d'avance sur eux et a du elle aussi s'arrêter pour la nuit), et le deuxième convoi est un piège à leur intention, pour lequel Jornil a embauché les Chacals, originellement venus des Sylves, tout comme [[Urgrand]] le sorcier barbu qui les a mis en relation avec les rebelles.''"Je vous avez bien dit que c'était des démonistes ! Quand on aura fini cette mission, faudra faire la peau à ce sorcier. _Nous en reparlerons certainement, sourit Vighnu."''<br />
<br />
=== Interlude Lointain ===<br />
<br />
Pendant ce temps à Tal Endhil, le Capitaine prend [[Ranyella Sotorine]] à part à la fin d'une des nombreuses sessions qui occupent la Guilde depuis le début de la semaine et, alors qu'il voulait lui parler transport nautique et diplomatie locale, la cheffe kerdane lui remet 4 pièces d'argent : ''"À quel titre ? _Une de vos mercenaires a envoyé un message à Écume 6 en demandant qu'on lui envoie une barge au Lac d'Acier. La réponse est que nous avons déjà perdu une barge récemment, que ma famille a autre chose à faire et que la mercenaire en question a perdu le privilège de faire appel à nous : vous seriez gentil de transmettre. _Oh... merde !"'' <br><br />
Et le Capitaine fonce illico au Cercle des Cascades, insiste pour parler urgemment à quelques chamans de sa connaissance et fini par demander à [[Kal Shemon'Lon]] de bien vouloir passer un message à Vighnu et Andréas : ''"Seulement si j'peux mett' un monstre marin. Ça donne du cachet aux visions, les monstres marins. Hihi."''<br />
<br />
<br />
<br />
== Infiltration ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Soirée à Solerane (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
À l'Hostellerie des Moindres, après qu'Eldan soit passé en coup de vent lui déposer une dague empoisonnée (''"T'aurais rien de plus liquide, pour épicer les vivres de l'escorte ? _Ah heu ben non, mais j'vais demander à l'apothicaire."'': jamais revenu), Diane fait connaissance avec ses futurs compagnons de route : si les deux "barbares" au poil noir et à l'air revêche ne font toujours aucun effort pour converser dans la Langue des Pères, elle découvre que le jeune "chevalier errant" Trevan de Rigorne et son fidèle écuyer sont venus au nord "en quête de gloire et d'aventure" et que, malgré leur bref engagement dans les troupes mercenaires (''"parce qu'on y voit plus d'action !"''), l'aventure leur a fait jusqu'ici plutôt défaut : une escorte de caravane vers Celanire (et quelques troubles sur place dus à l'arrivée d'un nouveau prêtre assez radical), mais toujours pas de glorieux combat. Ils comptaient s'engager dans les troupes d'un héros local, le fameux Capitaine Durgaut de Tal Endhil ("Qui ? Non, 'connais pas...") mais comme Trevan est incapable de réduire son train de vie, les voilà pour l'instant fauchés et ils repartent vers Darverane avec le fourgon de métal, dont le jeune chevalier espère bien qu'il sera attaqué (pour se couvrir de gloire), afin de gagner assez d'argent pour un second cheval (Gavin l'écuyer se plaint de courir derrière depuis deux mois).<br />
<br />
Un très bref duel d'entraînement avec lui permet par contre à Diane de constater que Trevan est extrêmement bien entraîné à l'épée, malgré son inexpérience du combat réel et sa rafraichissante "naïveté". Si son écuyer a d'avantage les pieds sur terre, Diane ne doute pas de pouvoir par contre les manipuler (et ne se préoccupe pas plus que ça d'aller jeter un œil au fourgon ou à la mine).<br />
Elle rencontre bientôt [[Thuril le Brun]], le massif forestier accompagné de deux dogues en charge de guider le convoi, qui vient les avertir d'être prêts le lendemain avant l'aube.<br />
<br />
=== Rêves collectifs (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
Pendant qu'elle dort tranquillement à l'Hostellerie, le tumulte de l'orage qui s'abat sur la plaine est bientôt interrompu par un hurlement de frayeur : sous son abri de branchage, Vighnu vient de s’éveiller d'un horrible cauchemar, une histoire de barques irrémédiablement coulés et de monstre marin qui le dévorait. <br><br />
<br />
«_''Ça commençait par un faucon ricanant dans la nuit et finissait par un petit oiseau qui te guidait vers un sentier lumineux dans la montagne, demande Andréas ? <br><br />
_''Heu... oui, mais je t'avoue que je me suis réveillé après le poisson géant. <br><br />
_''C'est drôle, moi j'ai juste vu une espèce de grosse murène rôder dans l'eau, mais à part ça, je pense qu'on a fait le même rêve, envoyé par Kal Shem'... <br><br />
_''C'est important les rêves, coupe Herle de Lorune, ce sont souvent les Ancêtres qui nous les envoient. <br><br />
_''Voilà. <br><br />
_''J'allais le dire. <br><br />
_''Et dis-donc, le Moineau, un chemin dans la montagne, ça te dit quelque chose ? <br><br />
_''Ah heu...oui. Le Capitaine avait prévu une solution de secours si on trouvait pas d'embarcations, c'est au nord de Celanire. <br><br />
_''Et c'est fiable ? <br><br />
_''Les plans du Capitaine sont toujours fiables ! <br><br />
_''Suis-je bête. Bon ben demain on peut s'épargner d'aller voir si les Kerdans sont arrivés à la presqu'île et foncer plein sud dès l'aurore pour rattraper le convoi...» <br><br />
<br />
=== Départ du convoi (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
Et le jour n'est pas encore levé que Diane, Trevan, Gavin et les deux barbares Sylvains dont elle n'a tiré que les noms ([[Rumbold]] et [[Jaromir]]) rejoignent avec Thuril la mine de cuivre, un véritable petit fortin dont sortent bientôt des cavaliers (dont Craie et Esteval, qu'elle reconnaît et qui la reconnaissent, mais aussi un jeune gandin qui s'avèrera vite être Jorem Cuivré, le fils du grand patron), quelques fantassins supplémentaires, un lourd fourgon de chêne fermé par une porte cadenassées et un petit chariot de matériel tiré par des mules. Retraversant la ville vers la porte basse dans le fracas des roues et des bêtes sur le pavé, le convoi descend laborieusement la route vers le Marchepied en brinquebalant (''"Bloumboudoum font les coffres dans le fourgon fermé. _Super : tu fais vachement bien le coffre. _Okaaay... _Ben quoi ?"'') puis oblique plein sud dans le petit matin.<br />
Très vite, l'arbalétrière comprend qu'entre Craie, Thuril et Jorem, il y a deux chefs de trop dans ce convoi, et en profite pour attiser les inimitiés au sein de l'escorte. Dès qu'elle et d'autres piétons sont employés à retenir les chariots dans la route pentue qui serpente le long du torrent, il lui vient une autre idée pour ralentir le convoi : profitant d'un dérapage du fourgon (''"moins lourd qu'il n'y parait... _Ben tant mieux.") ''<br />
<br />
sur la route bourbeuse, alors qu'elle tirait de l'arrière, Diane s'arrange pour que le véhicule passe sur l'un des cochers descendu pour freiner par l'avant, et le conducteur hurle lorsqu'une des roues de bois ferré lui sectionne la jambe à hauteur du genou. Dégager le pauvre gars et lui prodiguer les soins nécessaires, quoique probablement inutiles (le type ne s'en sortira pas sans un bon chirurgien) stoppent le convoi pendant un long moment. Diane en profite d'ailleurs râler sur la paye, semer encore un peu plus la discorde dans l'escorte et monter Trevan de Rigorne contre Craie en proposant de rentrer à Solerane pour repartir du bon pied, mais l'esclavagiste albinos est vite soutenu par Esteval et, à eux deux, ils ramènent un semblant de discipline dans l'équipage qui reprend la route.<br />
<br />
Toujours attentive aux alentours, Diane commence à avoir l'impression distincte que des bruits de sabots suivent le convoi par les crêtes et, lorsqu'elle propose d'aller voir, Craie insiste pour envoyer plutôt Jaromir et Rumbold, les deux Sylvains. <br><br />
<br />
«_''Dis-donc Trevan, demande-t-elle au jeune chevalier, les deux barbares, là, ils ont été sélectionnés comment ? <br><br />
_''Je ne sais pas, Mademoiselle : je ne crois même pas que le gros sergent les ait mis à l'épreuve, ils ont été embauchés tout de suite. <br><br />
_''Tiens donc..." Et bien sûr, lorsque les deux éclaireurs reviennent "sans avoir rien trouvé", Diane et Gavin espionnent leur bref rapport à l'albinos, la Kerdane entendant quelque chose comme "perdu un gars... <br><br />
_''Dis-leur de garder leurs distances, merde !» <br><br />
<br />
Lorsque le jeune chevalier et un des Sylvains, chevauchant tous deux à l'avant-garde, signalent un l'éboulement barrant la route, le convoi s'arrête à nouveau, l'escorte se déploie en position défensive et la Kerdane décide d'escalader le pierrier pour en avoir le cœur net : trouvant les empreintes de deux paires de très grands pieds, elle déduit que l'éboulement est l’œuvre de La Poigne et du Défroqué, mais préfère inquiéter les autres pour perdre encore du temps. Le convoi ne repartant qu'après avoir utilisé les mules pour traîner le sapin tombé hors du chemin, Diane s'installe à côté de Thuril le Brun sur le banc du fourgon et entreprend de lui expliquer qu'il se passe des choses très bizarres autour de ce transport, surtout que les Sylvains et Craie semblent comploter un truc bizarre avec des cavaliers qui les suivent [Réaction de Témérité à 5]. Manifestement surpris (et convaincu), le Brun essaye pourtant de dissiper les soupçons de la Kerdane mais ne parvient qu'à éveiller de nouveaux doutes : le guide serait-il de mèche avec d'autres gars voulant braquer le convoi ?<br />
<br />
=== Fuite meurtrière ===<br />
<br />
Avec tout ce temps perdu, il fait déjà presque nuit lorsque la caravane fourbue s'installe pour camper juste avant le gué et que Craie insiste pour envoyer les deux Sylvains et Diane "chercher du bois pour le feu", à bonne distance du camp puisque les premiers bosquets sont à plusieurs centaines de mètres. Méfiante, la Kerdane avertit Gavin et ne suit les deux barbares qu'en traînant les pieds et son arbalète sous le bras, le temps de chercher une solution : elle observe le terrain en détail, évalue les distances... Lorsqu'elle réalise que Craie et Esteval arrive derrière elle depuis le camp alors que les Sylvains la prennent en tenaille par l'ouest, elle se penche pour ramasser une branche morte... et disparaît complètement dans les taillis et le soir qui tombe.<br />
<br />
[À 4 contre 1, Diane est sérieusement dans la mouise, surtout qu'Orlanth refuse d'employer ses pH pour autre chose que progresser. Mais briefé en détail sur les options tactiques d'un sniper et anticipant finement sur ses Mises, il va commencer par un énorme jet de préparation, dégageant 16 pts de bonus temporaires qui ne vont pas être de trop...]<br />
<br />
Transmettant des indications par signes aux deux Sylvains, Craie et Esteval resserrent l'étau autour de la Kerdane... Du moins le croient-ils car, camouflées dans un bosquet à quelques distance, elle se trouve déjà hors de "l'encerclement" et visant soigneusement, elle attend le bon moment pour tirer en comptant sur la fatigue et la tension de ses adversaires. Et lorsque que, croyant avoir vu un buisson bouger, Craie fait claquer son fouet dans le feuillage, l'arbalète claque sans être entendu et Esteval s'écroule sans un râle, un carreau lui ayant perforé le crane par l’œil gauche. Jaromir, l'éclaireur sylvain qui progresse discrètement l'arc tendu, est maintenant la cible la plus excentrée : Diane recharge et lorsque l'albinos -dont les longs cheveux blancs se distinguent nettement malgré le crépuscule- se retourne pour appeler à voix basse son camarade disparu, un second trait claque et se fiche dans la trachée de l'archer, qui s'effondre en gargouillant du sang.<br />
<br />
Immédiatement, Rumbold et Craie comprennent qu'on leur a retourné l'embuscade et cherchent un couvert, mais l'esclavagiste commet l'erreur de vouloir reprendre l'offensive : dégainant son tranchoir et ré-enroulant son fouet, il s'élance en zigzaguant entre les rares bouleaux pour atteindre l'origine du tir... où Diane n'est déjà plus. Et lorsqu'il se retourne pour la chercher du regard, un carreau l'atteint en plein front. <br />
<br />
Alors que des voix commencent à se faire entendre vers le campement, le dernier Sylvain récupère l'arc de son compagnon et, restant prudemment à couvert, scrute le sous-bois en se déplaçant silencieusement vers l'ouest et les profondeurs de la forêt. Rumbold lâche une flèche lorsqu'une ombre se détache brièvement parmi les arbres mais manque de plusieurs coudées, et les deux tireurs continuent leur lente et silencieuse danse parmi les taillis, s'éloignant toujours plus du camp vers la forêt, chacun cherchant à repérer sa cible autant qu'à réduire la distance en restant à couvert... Mais lorsqu'il atteint une longue clairière, le Sylvain doit choisir s'il s'arrête ou s'aventure à découvert et, manifestement décidé à continuer vers l'ouest ou les arbres sont plus dense [et lui permettrons de réduire l'avantage fournit par la portée de l'arbalète], il s'élance soudain au pas de course : il n'a pas fait 10 pas qu'un carreau le cueille en pleine cuisse. Il riposte pourtant, mais manque encore et, étalé dans les hautes herbes, à flèches, il a le réflexe de ne plus bouger et d'attendre que la Kerdane soit obligée de s'approcher : lorsqu'une silhouette blonde apparaît, il se redresse sur un bras pour lancer sa hache mais un dernier carreau lui perce le crâne avant qu'il ait pu finir son geste.<br />
<br />
Accroupie à la lisière des bois, Diane écoute la nuit en reprenant son souffle : s'il lui semble entendre un lointain piétinement de sabots dans la forêt, une chouette ulule à l'ouest quand elle reconnaît le timbre de Trevan approchant par l'est et appelant à mi-voix "Mademoiselle ? Mademoiselle ?". Elle fouille rapidement le corps de Rumbold, récupère le projectile qui saillit de sa jambe et, en plus d'un curieux appeau, d'une solide dague, de quelques pièces de cuivre et d'un lacet d'étrangleur, elle découvre un curieux tatouage sur son sternum, une sorte de loup très mince sur fond d'étoile et de forêt. Soufflant tout bas dans l'instrument, elle émet une sorte de ululement et comprends que d'autres Sylvains appelaient leurs compagnons. <br />
<br />
Quand le jeune chevalier la rejoint enfin, troublé de constater qu'elle vient d'abattre 4 hommes dont leur chef (et qu'il a encore manquer l'action), elle n'a guère le temps de lui expliquer la situation en détail mais, avec l'aide de Gavin qui finissait de fouiller les corps, parvient à le convaincre qu'elle est "la gentille" de l'affaire. Et qu'ils sont tous en danger : il faut fuir, tout de suite, sans repasser par le camp. ''"Mais je ne peux tout de même pas abandonner mon destrier, proteste le "chevalier errant" ! _Et puis j'ai trouvé la clé du fourgon autour du cou de Craie, fait remarquer Gavin : ça vaudrait le coût de jeter un œil..."'' (On pourra pas dire que j'ai pas essayé.) <br />
Diane hésite un instant, car la tentation est forte, mais se ravise et, tirant doucement le chevalier confus par le bras, elle l'entraîne avec son écuyer vers le fleuve, contourne le camp par la rive, trouve le gué malgré la nuit et, alors qu'un fort tumulte et une cavalcade semble agiter le bivouac derrière eux, ils disparaissent dans la nuit et les flots grondant...<br />
<br />
Ils marchent depuis plus d'une heure, que le chevalier a passé à se plaindre de la perte de son cheval, du poids de son pavois et de ses pieds douloureux, lorsque Diane et Gavin réalisent que des cavaliers sont à leurs trousses : quittant le chemin pour tailler à travers bois, le trio sème temporairement ses poursuivants dans l'épaisseur des taillis et tente de prendre un maximum d'avance avant l'aube (passant sans le savoir à peu de distance de l'endroit où, la nuit précédente, ses compagnons ont campé pour s'abriter de l'orage).<br />
<br />
<br />
<br />
== Dernier tronçon ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Sabotage d'un chariot ===<br />
<br />
Durant la journée, Vighnu, Andréas sur le cheval, Herle de Lorune, Eldan, Oleytan, le Grêlé et la Poigne ont continué d'avancer à marche forcée sur la route forestière (segment 4 du trajet) détrempée tant par l'orage de la nuit que par les quelques ruisseaux qui s'écoulent vers le lac, grossis des eaux de pluie. Eldan, le plus leste de la bande, a rapidement pris de l'avance sur le reste du groupe en espérant rattraper la caravane assez tôt et trouver moyen de la ralentir jusqu'à ce que ses camarades le rejoignent. Et en effet, lorsque l'après-midi touche à sa fin et que le Moineau émerge de la forêt (début de zone 5), il découvre le troupeau de chevaux paissant tranquillement dans la grande prairie en bordure du Lac d'Acier, près des trois chariots arrêtés au bord du chemin entre lesquels les voyageurs ont allumé un petit feu pour sécher leur paletots. La moitié d'entre eux prennent d'ailleurs le soleil ou nettoie leur vêtements bourbeux sur la berge pendant que les autres cassent la graine et se reposent de la rude journée qu'ils viennent de passer à pousser les carrioles dans le chemin forestier tout à la fois étroit, sinueux, bourbeux, rocailleux et coupé par les crues miniatures (argl).<br />
<br />
Profitant des hautes herbes et de ce que seulement trois sentinelles semblent encore (vaguement) se préoccuper de monter la garde, le Moineau progresse par l'ouest, traverse la route sans être vu et se glisse subrepticement jusqu'au chariot de ferronnerie. Il entreprend alors d'arracher avec sa dague les clous qui maintiennent une des roues arrières sur l'essieu, mais il n'a pas tout à fait le temps de finir que l'arrivée de l'unique sentinelle à cheval, qui commence à réunir les chevaux égayés e vue du départ, l'oblige à se dissimuler sous la carriole. Son mouvement d'ailleurs trop vif et trop peu discret fait se cabrer l'un des chevaux, la sentinelle descend de selle pour voir ce qui se passe alors qu'une autre est descendue du chariot de draps (étrangement le seul où un garde soit resté en faction) : Eldan, bientôt coincé, ne s'échappe qu'en profitant d'un instant d'inattention né du chef de convoi qui bat le rappel de ses compagnons, juste le temps pour lui de retraverser la route et de s'éloigner en rampant dans les hautes herbes. Néanmoins, la roue d'un des chariots ne tient plus que par un clou et l'éclaireur a reconnu l'homme qui gardait le chariot "de draps" : c'est [[Darjodrahl]], le garde du corps/assassin hornois de Jornil Cuivré en personne, et sa seule présence indique qu'ils ont vu juste...<br />
<br />
[Là, vous comprendrez que j'ai un problème spatio-temporel massif : Diane/Orlanth a toujours environs 24h de retard sur les autres joueurs, qui eux sont à moins de 24h de l'objectif réel, et d'ailleurs la caravane va arriver à l'Auberge du Pont. Si je laisse tourner la chronologie normalement, Diane ne rattrapera ses compagnons que bien plus tard, probablement après que l'action soit terminée : c'est vraiment con. Alors comme pour une fois j'ai mes 4 joueurs-combattants ensemble (ça n'a a été le cas que deux séances sur sept), je fais une entorse à mes principes pour mon Orlanth préféré, Diane passe donc à travers une faille temporelle et rejoint ses camarades, qui pour la plupart n'y ont vue que du feu.]<br />
<br />
=== Regroupement et combat (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Trevan, Gavin, Diane) ===<br />
<br />
À la lisière des bois, le reste de la troupe s'est arrêté pour faire une halte après 10h de marche forcée qui lui ont "presque" permis de rattraper le convoi, lorsque Oleytan à l'arrière-garde annonce trois piétons mal en point qui clopinent vers eux : c'est Diane la Kerdane et deux inconnus, dont un sérieusement blessé. Le trio de fuyard a en effet été rejoint par quelques cavaliers-chacals dans la journée et, lorsqu'un bref combat, Diane en a abattu un de plus, Trevan en a blessé un deuxième et le troisième a planté sa lance dans le flanc du pauvre Gavin avant d'être "héroïquement mis en déroute" par le chevalier errant (et donc il s'est barré, quoi). Rapidement mis au courant des mésaventures les uns des autres malgré l'insistance du chevalier qui veut savoir s'ils sont des "malandrins" (''"Ben heu... on est des bandits d'honneur qui volons aux riches pour donner aux pauvres et défendons les petites gens contre l'oppression._Vrai ? Quelle aventure ! Je suis bien content de vous avoir rencontrés et de pouvoir joindre mon épée à votre noble cause ! _C'est qui ce débile, exactement ?"'')<br />
, tous s'accordent à dire que les deux priorités du moment sont qu'ils ont 1) encore une petite heure de retard sur leur objectif et 2) seulement une courte avance sur les 6 ou 7 cavaliers qui poursuivaient encore Diane, Trevan et Gavin. ''"Ça tombe bien, ''fait remarquer Vighnu'' : on va avoir besoin de chevaux."''<br />
<br />
Une fois l'équipe déployée autour de l'appât constitué par Gavin (rapidement rafistolé par Andréas) et Trevan installés au bord de la route, le "combat" est aussi rapide qu'unilatéral : Diane snipe le premier cavalier, le second reçoit une flèche de Herle avant d'être démonté d'un grand coup d'épée par Trevan et si les 4 autres qui les suivaient freinent à bonne distance pour descendre de cheval, ils découvrent vite qu'ils sont encore à porter de tir quand l'arbalète fait une seconde victime et qu'un autre adversaire prend une flèche dans la hanche en descendant de cheval. Les deux derniers, d'abord décidés à profiter du couvert des sous-bois pour arriver au contact voient bientôt le chevalier, le Grêlé, Vighnu et la masse du Templier s'avancer vers eux, et se dispersent dans les taillis dans l'intention manifeste de se carapater. C'était sans compter sur l'inhumaine discrétion de la Poigne, qui éclate à la masse le crâne du malheureux qui avait presque réussi à surprendre l'assassin (longue journée + problèmes de cœur : petite forme, le fehnri) et lorsque ce dernier se met en quête de l'ultime ennemi rescapé, il le trouve affalé sur le ventre et ligoté par le layss d'Oleytan, d'ailleurs assis sur son dos. <br><br />
<br />
«_''Très bien mon gars ! Allez, on le ramène aux autres et... <br><br />
_''Non. <br><br />
_''Je te demande pardon ? <br><br />
_''Non, Vignupratesh : cet homme est mon prisonnier, et il porte un tatouage. Je ne laisserai pas tes cinglés de compagnons massacrer un vaincu. Je comptais le laisser repartir après que nous ayons pris du champ. <br><br />
_''Mais c'est une très mauvaise idée, mon ami : il va rejoindre ses compagnons... <br><br />
_''C'est son droit. <br><br />
_''...les alerter sur notre position. <br><br />
_''Bah je peux lui trancher un mollet, si tu veux : il devra repartir en boitant et ne rejoindra les siens que bien après que nous soyons partis. <br><br />
_''Hem... bon écoute, je vais voir où en sont les autres et je reviens vers toi, d'accord ? <br><br />
_''Chouette : tu peux me ramener à boire ?» <br><br />
<br />
Et leur seul autre prisonnier, blessé à la hanche, est une prise inattendue : Jorem Cuivré, soi-même. Terrifié et enfiévré par la douleur, le propre fils du patron-minier balance tout ce qu'il sait dès que Herle et Diane froncent les sourcils : oui, son père se doutait qu'il serait attaquer et a conçu la ruse des deux convois, oui il a embauché les Chacals à sa demande par l'intermédiaire d'un contact qui trafique du sel et d'autres marchandises "tombées du chariot" entre Darverane et Solerane, oui ils se doutaient bien que le Capitaine Durgaut était derrière tout ça mais son père ne pouvait pas se permettre de faire attendre Rhilder. <br><br />
<br />
«_''Mais pas du tout, mes fringants compagnons et moi-même sommes des bandits d'honneur qui volons aux riches pour... <br><br />
_''Non arrête, Trevan, t'es chiant : on bosse pour Durgaut, en fait. <br><br />
_''Quoi ? Palsambleu mais alors vous m'avez roué ! Quelle aventure ! <br><br />
_''Mais vosu êtes cons, pourquoi vous balancez un truc pareil devant le prisonnier ?! <br><br />
_''Parce qu'il va pas repartir de toutes façons..." explique Vighnu avant de lui trancher la gorge [Réaction Cynisme 5 : ouch !].<br />
Et abandonnant ses compagnons avec le chevalier errant qui fait un scandale, il entraîne Diane vers l'endroit où il a laissé Lerkoren Oleytan en lui expliquant la situation : <br><br />
_''Mais quel chieur ! 'Sont tous comme ça vos venteux ? <br><br />
_''C'est pas la question : je compte sur toi pour abattre le prisonnier après qu'on l'ait "libéré". <br><br />
_''Pas de problème mais faut pas que le môme me repère... <br><br />
_''Je t'aiderai.» <br><br />
<br />
Et, en effet, Vighnu fait assez de boucan en rejoignant son jeune ami pour que l'approche de la Kerdane passe inaperçue : une fois le prisonnier ahuri rendu à la liberté sans arme et avec un talon d'Achille tranché (''"Rhaaaaaaaaa ! _Pis traîne pas mon gars, parce qu'avant la nuit, y aura des loups..."''), Vighnu ramène Oleytan vers leurs compagnons en l'entretenant de ses soucis sentimentaux, que le jeune Elloran ne comprend que trop bien. Cette émouvante confession les empêche d'entendre le claquement d'une arbalète qui vient de mettre fin à une très brève fuite, après quoi Diane rejoint les autres pour récupérer les carreaux qui, ayant atteint des parties molles, peuvent encore être extraits à la dague (faut dire qu'elle n'en a plus que 7, avec tout ça). <br><br />
Le temps de répartir les désormais 9 cavaliers, dont un blessé, sur les 7 chevaux disponibles (_''Quelle malchance : aucun d'entre eux ne montait mon cher destrier ! _Couillon, moraliste et obsédé par son canasson : il est pas venteux votre chevalier, des fois ?"'') et la troupe repart au galop à la poursuite du convoi.<br />
<br />
Eldan, rapidement récupéré et pris en croupe, explique qu'il a pu confirmer que le butin était dans le chariot de draps et saboter la carriole de ferronnerie, mais que la caravane a repris sa marche et qu'elle a encore repris près d'une heure d'avance. Trottant de leur mieux sur leurs chevaux déjà éreintés, les mercenaires fourbus voient s'amenuiser leurs options en même temps que le soleil couchant : s'ils peuvent encore rattraper leur objectif avant l'Auberge fortifiée (d'autant que la roue déclouée peut céder n'importe quand), il leur faudrait encore prendre le temps de se déguiser en Kormes, abandonner pour cela leur matériel le plus avantageux, attaquer en plaine, couper la fuite à quiconque sauterait sur un des 50 chevaux pour donner l'alerte, défaire une quinzaine de "gardes" (dont au moins 4 professionnels dignes de ce nom et Darjodrahl) à seulement 8 combattants, rafler le butin et dégager à travers champs avant que des renforts n'ait pu intervenir depuis le fortin : <br><br />
<br />
«_''C'est pas la peine de se casser le cul à galoper, fait remarquer Vighnu : on est tous trop crevés pour se battre efficacement. Il faut trouver autre chose... par exemple s'introduire à l'Auberge du Pont cette nuit, avant que la caravane ne reparte pour Darverane avec trois ou quatre fois plus de monde. <br><br />
_''C'est ça, on va trimballer 200kg de coffres blindés par-dessus les remparts et tout le monde trouvera ça normal. <br><br />
_''J'ai peut-être une idée, propose Eldan : je sais que le chariot de ferronnerie est destiné à Celanire, alors si on pouvait remplacer discrètement le contenu des coffres par des fers à cheval et d'autres objets en fonte pour planquer le butin sous les chaudrons, on aurait plus qu'à attaquer demain matin un p'tit chariot presque sans escorte allant justement dans la bonne direction. <br><br />
_''Mmmmh... et tu ferais ça comment ? <br><br />
_''Ben on j'pourrais entrer à l'auberge avec Gavin en innocent blessé et l'honorable médecin-érudit Andréas, on repère les lieux et le butin, pis on aide Vighnu, Oleytan et tous ceux qui savent grimper et se faire discrets à passer la muraille, pis on s'introduit là où sont gardés les chariots, on se débrouille pour changer le butin de carriole sans faire trop de bruit, les grimpeurs repartent pis, le lendemain, ni vu ni connu, on braque le transport de chaudrons sur la route de Celanire. <br><br />
_''Mais dis donc, tu sais que si on laisse quelques gars à l'extérieur pour éviter que les gars du deuxième convoi nous tombent dessus à l'improviste ou viennent raconter des âneries à la garnison locale, ça pourrait presque marcher, ton affaire ? <br><br />
_''Très bien, jeune homme : je suis ravi de constater qu'on ne t'a pas emmené pour rien...»'' conclue le Défroqué. <br><br />
<br />
<br />
<br />
== A l'[[Auberge du Pont]] ==<br />
<br />
[[Fichier:Auberge du Pont.jpg|600px|thumb||L'auberge du pont]]<br />
=== Première nuit ===<br />
<br />
Pendant que le reste du groupe se dissimulait avec les chevaux dans un bois, Eldan le Moineau, Gavin l'Écuyer blessé et Andréas, sous l'identité d'un érudit de Brasure, ont précédé la caravane à l'Auberge du Pont pour observer son arrivée et ses mesures de sécurité. Ils y ont découvert que la herse qui barre le fameux pont était baissée suite à des attaques répétées des Kormes sur la route vers Darverane (qu'on leur avait annoncée "rouverte") : les voyageurs et marchandise s'accumulant alors dans l'auberge envahie de tentes, de chariots et de bien plus de résidents qu'elle n'en peut héberger ou même nourrir, et les prix y grimpaient de manière délirante.<br />
<br />
Une fois les hommes de Jornil Cuivré arrivés et le chariot "de draps" (dissimulant les coffres que visent nos vaillants mercenaires) bouclé pour la nuit dans une grange gardée, Eldan observa les lieux pour chercher le meilleur point d'entrée (la garde mercenaire habituelle est doublée d'un contingent de l'armée régulière qui semble obéir à Darjodrahl, le lieutenant hornois du Cuivré), il manqua d'être lynché en accusant publiquement une jeune tire-laine plus charismatique que lui, Andréas fit le tour de l'auberge sur-bondée et récupéra la bourse volée au Moineau, puis Gavin sortit brièvement pour prévenir ses (autres) camarades de la situation avant que les portes ne soient fermées pour la nuit et tous trois se retrouvèrent au spectacle donné par les saltimbanques dans la cour...<br />
<br />
Les autres mercenaires ont d'ailleurs passé un début de soirée tendu, la journée les ayant laissés sur les nerfs. Tout particulièrement Vighnu chez qui les affres sentimentaux s'ajoutaient à la tension et à la fatigue de cette mission [il trimbale toujours ses deux points de "Trauma" (rebaptisés "Marques" depuis la dernière réécriture du système) dus à ses problèmes avec Islinna) et pète donc les plombs beaucoup plus souvent que d'habitude. C'est d'ailleurs d'autant plus intéressant que, sa principale Réaction étant le Cynisme, le fait même qu'il soit fâché avec sa douce parce qu'il est un assassin cynique l'incite à se comporter en assassin cynique. Comme dit souvent mon collègue "Cancrela", «Ça devrait s'appeler "nÉvrotic"...».] Le fehnri était en fait tellement stressé que lorsque Gavin est venu leur annoncé que le chariot était sous clé et qu'Eldan s'était fait gravement repéré en perdant sa bourse et en déclenchant un esclandre, Vighnu a sorti sa dague pour la lui coller sous la gorge en gueulant "Mais vous êtes complètement cons nomdedju, on peut rien vous confier !". Immédiatement, il a senti l'acier froid de l'épée que Trevan de Rigorne lui posait sur la nuque, Herle de Lorune a dégainé son [[nerhil]] pour piquer la pointe sous le diaphragme du chevalier errant, Diane a braqué son arbalète chargée sur l'oreille du précédent et le Grêlé, passant sa lance entre le fehnri et l'écuyer, a finalement demandé de son habituel ton sarcastique si la mission intéressait encore quelqu'un ou s'ils allaient tous s'entretuer à 300m du butin juste parce qu'ils ne savaient pas tenir leur nerfs. L'assassin a donc rengainer son katara et tout le monde a lentement rangé ses armes en échangeant des regards méfiants : folle ambiance...<br />
<br />
Pendant qu'Eldan "sympathise" avec des compatriotes Anguedais ("du Duché d'[[Anguedale]]"), des bergers occupant la tente la plus proche de la porte de la remise (la verte, sur le plan), Gavin tâche d'en déloger la barre qui la ferme de l'intérieur à l'aide d'un cure-pied (une espèce de crochet pour nettoyer les sabots des chevaux) et n'arrive qu'à la déloger en partie ("J'finira 'pu tard !").<br />
<br />
[Tentative rigolote : Gavin, qu'Orlanth incarne désormais pour éviter de ne jouer que son Arbalétrière confinée à l'extérieur, possède une Ressource "Paquetage" qui n'est définie que comme son aptitude à sortir tout et n'importe quoi du fatras accumulé dans son baluchon à force de chapardages, pour peu qu'il réussisse un jet sous le domaine "Voyage" et avec tous les talents appropriés. Le jet est plus ou moins difficile en fonction de ce qu'il espère tirer de son sac à malice, et il peut y miser d'autant plus d'Énergie que l'objet désiré correspond à ses talents...]<br />
<br />
Après avoir profité de l'enthousiasme du public devant la performance des baladins pour remplir en partie son focus, sa bourse elle aussi bien garnie a permis à Andréas d'accéder à la partie de dés qu'organise pour ses amis fortunés un certain Dorian «le Magnifique», marchand reman particulièrement entreprenant puisque, grâce au courtage, au tripot installé dans une des rares chambres privatives et à la prostitution de son époustouflante maîtresse fehnri, [[Sohashna]], il est probablement la seule personne à tirer quelque profit de son séjour à l'Auberge du Pont. C'est surtout, pour nos mercenaires, le seul autre type assez influent sur place pour avoir obtenu que sa propre roulotte soit elle aussi gardée sous clé dans la fameuse grange... Après quelques coups de dés qui lui ont fait gagner un peu de menue monnaie, Andréas se retire du jeu et de la conversation entre puissants négociants pour lancer le sort qu'il a préparé pour glisser dans l'esprit de Dorian et de sa courtisane une certaine idée fixe : "le commerce ne vaut rien ici, la route ne rouvrira pas, autant retourner à Solerane."<br />
<br />
Frôlant le malaise tant il a investi d'énergie dans sa "Chimère", le chroniqueur s'excuse et prend congé, entendant en partant les deux amants discuter de leur départ à l'aube. Comme Gavin et Eldan (mais du côté de l'étable), il s'installe alors pour dormir quelques heures dans la cour, afin de rester aux premières loges en cas de besoin. En attendant la diversion prévue par ses camarades à l'extérieur, il s'endort malgré les protestations fréquentent des campeurs qui râlent chaque fois que quelqu'un les réveille en faisant du bruit dans la cour, rajoutant un peu de merdier à chaque fois...<br />
<br />
=== Extrait des Chroniques des Marches du Nord d'Andréas Odran ===<br />
<br />
: ''Après avoir réalisé que nous nous étions fait bernés comme des bleus et que le chariot que nous pourchassions n'était qu'un leurre, nous avons quasiment rattrapé le faux chariot de draps. Le plan mis au point par Eldan et Vighnu était d'opérer une substitution entre le coffre que nous recherchons et des ferronneries d'un autre chariot lors de l'arrêt du convoi à l'Auberge du Pont. ''<br />
<br />
: ''J'ai été affecté au groupe d'éclaireurs, en compagnie du brave Eldan et de Gavin, le soi-disant écuyer du soi-disant chevalier errant. Pas mécontent de laisser derrière moi le poète-répurgateur et ses tendances homicides qui me feraient presque regretter feu [[Conrad de Mélanque]], nous avons doublé au large le convoi pour découvrir une auberge absolument bondée, un vaste campement de tentes débordant de ses murs. Moutons et poulets courraient en liberté là au milieu, dans un bazar que d'aucuns auraient trouvé joyeux. Ce n'était pas mieux à l'intérieur, et il me fallu jouer des coudes pour y entrer, tandis qu'Eldan essayait d'interroger des gardes à l'extérieur - comptant sur la camaraderie militaire. Il a rapidement découvert que la route de Darverane n'a jamais réouvert : les quelques marchands qui ont essayé de l'emprunter sont revenus la queue basse et soulagés de leurs biens, et le contingent de gardes de l'auberge s'est vu renforcé. La conversation a ensuite tourné court, pour autant que j'aie bien compris les explications embrouillées d'Eldan : il semblerait que la réputation de la camaraderie militaire soit en fait largement usurpée... ''<br />
<br />
: ''Pendant ce temps, Gavin et moi-même nous frayâmes tant bien que mal un chemin dans la salle de l'auberge bondée, où tout un tas d'individus tentaient d'accéder à un comptoir où l'on servait de la nourriture. Très franchement, les moutons de la cour me parurent plus dignes que cette pitoyable assemblée d'humains se battant pour leur pâtée. Enfin... J'espérais trouver plus de calme à l'étage, il n'en fut rien : l'étage était intégralement couvert de lits et de paillaissades, et la seule zone privative était réservée par un riche marchand et gardée par un mercenaire. J'ai bien tenté d'expliquer à l'un des commis de l'auberge que je ne souhaitais pas partager mes nuits avec une bande de garçons de ferme illettrés, mais celui-ci a pris la mouche (je suppose que c'est un ancien garçon de ferme toujours illettré). Ce serait donc compliqué pour moi d'obtenir un coin tranquille où préparer mes petites diversions...''<br />
<br />
: ''Pendant ce temps, à l'extérieur Eldan assistait à l'arrivée du guerrier hornois escortant la caravane des marchands de draps. Usant d'un subtil mélange de force brute, de regard mauvais et de cette indicible autorité que procure le fait d'être une machine à tuer, le Hornois a rapidement imposé son autorité auprès des gardes, fait entrer le chariot contenant le coffre dans une remise fermée (dont il a conservé la clé), et réquisitionné une chambre et des repas pour ses employeurs. Le reste du convoi, lui, s'installait hors des murs de l'auberge. Et notamment le chariot de ferronneries avec lequel nous comptions faire l'échange. Voilà qui compliquait sérieusement notre affaire. Eldan a aussi appris que la remise en question était occupée par un autre chargement appartenant à un riche et important marchand : des verreries, apparemment. Et ce riche marchand n'était autre que celui qui occupait la grande chambre à l'étage de l'auberge, où parait-il il organise des parties de dés pour tuer le temps en attendant la réouverture de la route. Il aurait déjà plumé certains de ces collègues...''<br />
<br />
: ''Je retrouvai Eldan dans un coin pas trop encombré de l'auberge et nous avons commencé à discuter de nos options. C'est alors qu'Eldan a été bousculé par une jeune fille qui lui subtilisa la bourse confiée par Durgaut. Il l'a arrêtée, mais elle avait déjà passé l'objet du délit à un complice que j'ai pu repérer et suivre. Je l'ai retrouvé dans les latrines où il contemplait le fruit de son forfait. Bien qu'il fut armé d'un méchant coutelas et ait l'air plus costaud que moi, j'ai serré le manche de ma dague en prenant mon air le plus menaçant et je l'ai sommé de me rendre l'argent. De façon incroyable, j'ai dû avoir l'air suffisamment méchant pour qu'il me rende la bourse sans combattre [jet d'Intimidation +1pH !]. Pendant l'intervalle, ce brave Eldan avait accusé publiquement de vol la jeune fille. Celle-ci se lança alors dans un numéro théâtral de fragilité féminine qui aurait bien fait rigoler Diane, et quelques courageux sont intervenus - espérant probablement passer pour des chevaliers blancs et ainsi trousser la donzelle d'ici la nuit. Eldan, pas si brave que cela au final, s'est copieusement fait casser la gueule et je l'ai retrouvé tout ensanglanté dans la cour. Ce fut pour moi l'occasion de m'essayer aux arts dentaires pour réparer la mâchoire du garçon. Je crois que je m'en suis bien tiré, et après tout cette dent cassée lui donne un air aventurier qui devrait plaire à ces dames.''<br />
<br />
: ''C'est alors qu'est advenu l'évènement le plus sidérant de cette soirée : Gavin, le paysan-écuyer, a été pris d'un soudain accès d'initiative et s'est esquivé pour faire un rapport au reste du groupe ! Alors ça ! Que croyait-il le bougre, que nous allions rester sans prévenir nos compagnons ? Je n'en reviens pas, quelle outrecuidance ! Moi qui pensait que les capacités intellectuelles de ce garçon ne dépassaient pas celles de la limace ou du templier, le voilà qui nous donne des leçons d'opérations clandestines. Il va falloir que nous nous reprenions, Eldan et moi. ''<br />
<br />
: ''Au final, nous sommes parvenus au plan suivant : nous restons sur la substitution, et celle-ci s'effectuera directement au sein de la remise, entre le coffre que nous recherchons et le chargement de verreries. De mon côté, je vais essayer d'aller rencontrer le marchant de verreries, probablement au cours d'une partie de dés. Charge à moi de faire usage de toute ma persuasion pour le convaincre de partir le plus rapidement possible vendre sa cargaison à Solerane, où nous l'attendrons sur la route...''<br />
<br />
Notre chroniqueur omet sciemment de préciser que sa fin de soirée fut consacrée à assister au spectacle offert par quelques baladins, dont la jeune fille et l'acrobate ayant subtilisé la bourse d'Eldan, un jeune joueur de vielle à roue et le conteur qui les dirige, un [[Estrani]] nommé [[Horacio]]. <br><br />
Le but d'Andréas était moins de se détendre que de profiter des spectateurs assemblés pour effectuer le rituel de "La Sentinelle au Bal" par lequel il peut tirer de l'Essence magique de l'émotion partagée d'une foule, et ainsi recharger son focus récemment acquis.<br />
<br />
<br />
=== L'éclaireur à abattre (Diane, Vighnu, Le Grêlé, Trevan, Herle, La Poigne, Oleytan) ===<br />
<br />
Grimés en Kormes après un court débat quant à Diane (''"Les femmes Kormes combattent généralement seins nus mais peinturlurées jusqu'à la taille. _Essaye-voir et tu vas pas retrouver tes doigts. Moi j'aurais des fourrures. _Bon, bon..."''), le chevalier errant Trevan de Rigorne et Herle de Lorune surveillent la route depuis les bois à l'ouest du fortin pendant que l'arbalétrière rampe dans les hautes herbes près de la berge sud, se glissant entre les cavaliers qui surveillent la cinquantaine de chevaux qui n'ont pas pu trouvé asile à l'auberge. Lorsqu'elle en effraie quelques-uns en déclenchant un début de panique dans le troupeau, que les cavaliers doivent alors empêcher de piétiner les tentes plantées à l'extérieur, la plupart des gardes aux créneaux du fortin se tournent vers le sud. C'est le moment qu'attendaient Vighnu, Oleytan, La Poigne et le Grêlé pour s'élancer depuis la lisière des bois au nord-ouest : le fehnri est le premier à franchir le rempart dans l'ombre de la tour ouest, profitant de l'angle mort repéré par Eldan. Le jeune Elloran le rejoint avec aisance et redescend dans la cour sans être vu, pendant que Vighnu place le grappin et la corde qu'ils trimballent depuis Tal Endhil pour faciliter l'escalade des suivants, puis rejoint son camarade au sol et tout deux se cachent un instant sous l'arcade de la chapelle ("Ch") pour observer l'endroit : Andréas dort à poings fermés à quelques pas d'eux, un garde est toujours en faction devant le portail de la grange et, en plus de ceux qui surveillent l'extérieur depuis les deux tours, un autre patrouille la cour. Mais le vrai danger semble venir d'une lucarne à l'étage de l'étable, où se trouve les chambres "de luxe" : derrière un volet, un rai de lumière trahit la présence d'un homme de Darjodrahl surveillant la cour.<br />
<br />
Derrière eux, La Poigne peine à glisser sa panse entre les créneaux, manque d'être repéré mais s'encoigne dans l'angle de la tour ouest avant d'être rejoint par le grêlé... lorsqu'une cavalcade isolée sonne sur la route au dehors et que la sentinelle au-dessus d'eux crie soudain "Qui va là !?".<br />
<br />
En rejoignant Trevan et Herle, Diane avait elle-même repéré le cavalier, reconnu un des hommes de Jornil qui accompagnait le soi-disant "convoi de métal" et tenté de l'abattre à l'arbalète avant qu'il ne puisse s'annoncer à l'Auberge bouclée pour la nuit. Mais son unique tir manqué de tout le scénario s'est perdu loin de la cible sans même être remarqué et, freinant au pied de la tour ouest, le cavalier n'est finalement à portée d'arc que lorsque le garde l'a déjà remarqué : sans savoir où en sont leur camarades ni s'il peut les mettre en danger, le trio hésite à abattre l'arrivant juste le temps qu'un autre membre de la caravane, qui montait la garde à l'extérieur près des tentes des marchands de chevaux, ne le reconnaisse et viennent à sa rencontre... ''"Ouvrez les portes !"'' crie la sentinelle à l'intention de ses collègues.<br />
<br />
Du rempart, le Grêlé indique par signe à Vighnu qu'ils ont un sérieux problème : le reste du commando comprends qu'il leur faut d'urgence neutraliser ce messager nocturne qui pourrait compromettre toute leur opération. Heureusement, près du portail que deux autres gardes s'apprêtent à ouvrir, Gavin qui ne dormait que d'un œil commence à râler : ''"On veut dormir ! N'ouvrez pas la porte ! Si ça se trouve, c'est des Kormes !"''. Les protestations sont bientôt reprises par ses voisins, et Gavin envenime la situation pour gagner du temps, poussant un des nouveaux copains anguedais d'Eldan à aller se plaindre aux deux soldats qui déverrouillent la porte en arguant qu'ils ont payé pour la protection de l'auberge et que le couvre-feu vaut pour tout le monde. Le ton monte bientôt à travers toute la cour lorsque Andréas se joint aux réfugiés mécontents et en convainc une poignée d'aller gueuler auprès des hommes en faction au pied de la grande tour. <br />
<br />
Profitant du merdier, le Grêlé et La Poigne se sont introduits dans la tour ouest, ce dernier a tué la sentinelle et l'autre ouvre maintenant la porte du rez-de-chaussée à Vighnu et Oleytan : pendant que le Grêlé enfile la livrée du soldat pour le remplacer à son poste, les trois autres montent au rempart sud et le longent jusqu'à la petite porte de bois qui donne sur le grenier de la grange. Dégainant sa dague, il travaille alors à en faire sauter la barre...<br />
<br />
Sentant la situation dégénérer à l'intérieur du fortin où des archers sont apparus en haut de la grande tour- et parce que les caravaniers installés à l'extérieur commencent à vouloir se joindre aux deux hommes qui cognent au portail, Diane, Herle et Trevan (toujours déguisés en Kormes et surveillant les événements depuis la lisière des bois) décident de passer à l'action : le plus proche gardien de chevaux est abattu d'un carreau d'arbalète dans la poitrine, deux flèches descendent simultanément un caravanier armé et une sentinelle mal avisée et le trio se rapprochent à couvert des chariots et des tentent qui bordent le chemin vers le pont, bien décidé à réduire le messager au silence avant qu'il n'ait pu parler aux gardes ou à Darjodrahl le Hornois...<br />
<br />
=== Emeute et mort de Darjodrahl (Vighnu, Oleytan, Andreas, Eldan, Gavin, La Poigne) ===<br />
<br />
Dans la cour, Andréas voit arriver un garde de plus et l'engueulade devant le portail toujours fermé (et à l'extérieur duquel deux types gueulent ''"Ouvrez ! C'est important ! Un messager de Solerane !"'') tourne bientôt à l'empoignade : un des soldats pointe sa lance sur Gavin, Eldan se tient prêt à agir, l'autre soldat repousse brutalement le berger... et le chroniqueur lance discrètement un sort pour attiser la colère de la foule. Immédiatement, les protestations tournent à l'émeute et plusieurs résidents se jettent sur les soldats sortant de la Grande Tour. Gavin saisit la lance qu'on pointait sur lui et tente de désarmer le garde, écopant d'une méchante estafilade à l'épaule et les deux hommes luttent pour l'arme lorsque Eldan surgit et décapite le soldat par derrière, éclaboussant de sang le pauvre écuyer qui en reste un instant interdit.<br />
<br />
Le second soldat qui s'était précipité pour ouvrir le portail se retourne et n'a que le temps de dégainer son arme avant que le Moineau ne se rue sur lui en brandissant sa lame ensanglantée : le garde esquive une première fois, recule pour éviter un coup de lance de Gavin et le Moineau (très en forme) l'empale contre le portail. Derrière eux, sans armes ni grand talent pour la bagarre, les émeutiers amateurs se font rapidement tailler en pièce par les soldats et mercenaires de plus en plus nombreux à sortir du donjon...<br />
<br />
À peine Vighnu et La Poigne ont-ils fait un pas dans le grenier enfin ouvert que Lerkoren Oleytan arrête le fehnri d'un geste : il lui semble distinguer une silhouette dans le grenier obscur. Repéré, le Hornois jaillit et -avant que quiconque n'ait pu réagir- son épée à deux mains ouvre un profond sillon dans le thorax de La Poigne. Le colosse vaincu n'a pas encore touché le sol que Vighnu a déjà lancé une dague empoisonnée qui croise l'épée s'abattant sur lui : sa parade précipitée au katara aurait été insuffisante si Oleytan n'y avait pas joint son précieux arc à double-courbure, la lame hornoise déviant en tranchant dans le bois. Le fehnri pare une nouvelle attaque avec l'aide de l'Elloran, utilisant la corde de son arc pour lier un des bras de Darjodrahl, et se fend pour planter son katara dans la poitrine du Hornois pendant que, à peine relevé, La Poigne lui abat en chancelant sa masse d'arme sur l'occiput : à la fois empoisonné, poignardé et assommé, l'ennemi s'effondre sans un cri sur le plancher disjoint.<br />
<br />
Dehors, quatre "émeutiers" ayant été tué en un instant, Andréas reflue vers le fond de la cour avec les autres réfugiés vers le maintenant horrifiés de la tournure de leurs protestations. Entre les archers qui pointent maintenant leur flèches vers la cour et les soldats qui ont envahi la cour, Gavin comprend également que leur petite émeute a fait son temps et lâche la lance pour se réfugier dans une tente comme n'importe quel innocent apeuré par les événements. <br />
Eldan n'a pas la même présence d'esprit et, lorsque trois hommes d'armes avancent vers lui, l'adrénaline qui bat dans ses veines le pousse à tenter de leur tenir tête. Deux blessures plus tard, acculé contre la porte de la remise, il ne peut que faire mine de se rendre en posant piteusement le glaive hérité de son père pour se donner le temps de décrocher derrière lui la barre de la porte, déjà à moitié dégagée par Gavin quelques heures plus tôt. Lorsque les gardes avancent pour l'arrêter, Eldan bondit par la porte soudain libérée, claque le battant au nez des soldats et replace la barre avant qu'ils n'aient pu l'en empêcher.<br />
<br />
Lorsqu'un carreau d'arbalète cloue soudain le crâne du messager contre le portail de l'auberge, son compagnon s'arrête net de cogner pour qu'on lui ouvre mais n'a que le temps de pousser un cri avant qu'une flèche de Herle le réduise au silence. Désormais repéré mais toujours déguisé, le Défroqué décide d'exploiter au mieux la situation et s'avance à découvert en hurlant l'un des rares mots de lange des Vents qu'il maîtrise à l'attention des défenseurs : "KOOOORME !" scande-t-il en défiant les hommes aux créneaux, qui lui répondent à coups de flèches.<br />
<br />
=== La Grange (Vignu, Andreas, Le Grêlé, La Poigne, Eldan, Oleytan) ===<br />
<br />
S'étant fait ouvrir la porte de la tour ouest par Le Grêlé, Andréas le suit par les remparts jusqu'au grenier où Vighnu tente maladroitement de panser les blessures de La Poigne. Andréas n'obtient guère de meilleurs résultats pendant que ses compagnons descendent dans la grange où Eldan arrivent bientôt par la remise. ''"Les gardes sont à mes trousses"'' explique-t-il bien inutilement puisqu'on les entend marteler la porte barrée. D'autres coups et des voix retentissent bientôt au portail verrouillé de la grange : ''"Darjodrahl ? Un type vient de rentrer par la remise, est-ce que tout va bien ?!"''.<br />
<br />
Nos voleurs échangent des regards atterrés, Le Grêlé colle une taloche à Eldan pour sa peine et le corps sanglant du Hornois continue de goutter un sang poisseux à travers le plancher du grenier pendant que les gardes s'énervent à l'extérieur quand, finalement, Vighnu tente d'imiter le phrasé rogue et guttural de son ami Barbaras :'' "Ouais ! J'l'ai vu mais il s'est tiré ! Tout va bien !" ''répond-il avec son meilleur accent Hornois. Quoiqu'un peu hésitant, le garde de faction finit par répondre ''"Faîtes attention quand-même, hein, on dirait bien que des Kormes sont à nos portes..."'' mais s'éloigne lorsqu'un grognement de hornois met fin à la conversation.<br />
Alors que tous soupirent de soulagement, Oleytan les avertit depuis le grenier d'où il surveillait les alentours par la porte du grenier, ouvrant directement sur la cour : <br><br />
<br />
«_''Pssst, y a des guerriers plein les remparts et c'est la panique dans tout le fortin. Qu'est-ce qu'on fait ? <br><br />
_''Et surtout, qu'est-ce qu'on va faire demain, quand il faudra ouvrir la grange pour laisser partir la roulotte de Dorian et qu'ils trouveront le corps de Darjodrahl ? <br><br />
_''Surtout qu'Eldan est maintenant complètement grillé, pis y a des gars qui risquent de finir par l'identifier... <br><br />
_''Et j'ai perdu le glaive de mon père." ajoute l'intéressé d'un ton chagrin.» <br><br />
<br />
Mais à l'extérieur, les appels redoublent et les soldats commencent à vérifier toutes les portes à la recherche de "l'espion des Kormes" qu'ils croient poursuivre...<br />
<br />
=== Feinte (Le Grêlé, Eldan) ===<br />
<br />
Dehors, Trevan a sauté sur un cheval qu'il cabre en brandissant sa lame juste au-delà de la portée des archers, pendant que Diane récupère ses carreaux, aussi précieux que compromettants, sur les corps qui lui sont accessibles. Un cri retentit alors sur le rempart sud : ''"Il est là ! L'espion Korme s'enfuit par l'ouest !"'' Après avoir ainsi ameuté tout le monde dans et hors les murs, Le Grêlé, toujours en livrée de la garde se précipite vers la tour ouest suivi par Eldan. Après s'être barricadé, ils rejoignent bientôt le sommet. ''"Il est là ! Attention ! Il va sauter !"'' hurle le Grêlé alors qu'une silhouette à peine noircie bascule par-dessus le rempart. Au pied de la tour, Herle a également sauté à cheval et puisque les trois "kormes" à l'extérieur ne semblent pas réagir à la ruse, le "garde" s'écrit encore : ''"Ses compagnons viennent le chercher ! Il va s'enfuir, vite !"'' Et de tirer quelques flèches aux buissons, pendant que Trevan et Diane ramassent le compromettant cadavre du garde étranglé plus tôt par La Poigne, et disparaissent au grand galop vers la forêt.<br />
<br />
Soldats et mercenaires envahissant les remparts, Le Grêlé et Eldan se retrouvent vite coincés de toutes part et, utilisant la corde et le grappin à leur disposition, ils descendent le long du rempart sud et disparaissent à leur tour dans les bois sans avoir été remarqués. "Bon, ça nous aura fait gagner un peu de temps, constate Vighnu depuis le grenier, mais on a encore du boulot…"<br />
<br />
=== Dans la grange (Gavin, Vignu, Andreas, La Poigne, Oleytan) ===<br />
<br />
Après avoir discrètement permis à Gavin de les rejoindre par la remise, nos cambrioleurs retranchés dans la grange découvrent bientôt sous les linges et couverture du "chariot de draps" quatre gros coffres ferrés, fermés par des cadenas et liés au fond du véhicule par de lourdes chaînes. ''"Bordel, comment est-ce qu'on va ouvrir ça ?"''<br />
Vighnu, peu habituer à la serrurerie malgré ses doigts de fée, casse le seul crochet sorti de la besace de Gavin, l'Écuyer essaye à son tour avec un long clou mais sans plus de succès et Le Grêlé lui-même y épuise ses maigres compétences. <br />
<br />
''"Nan mais c'est pas possible, y en a pas qui sache crocheter dans cette équipe de voleurs ?! _Ben y avait le Moineau... _Et merde !!!". '' <br><br />
Persuadés que la clé des coffres doit se trouver sur l'homme de confiance du cuivré, Vighnu, Andréas et Gavin fouillent et refouillent deux fois le corps du Hornois à sa recherche : rien. ''"Merde ! Merde ! Merde ! _Bon, allez, on reprend du début, c'est forcément là, quelque part et on s'y met tous..."'' Pendant que La Poigne se repose de ses blessures, les armes, l'armure, les bijoux, les vêtements, les bottes, la bourse, les poches et le cadavre de Darjodrahl sont ainsi inventoriés et retournés dans tous les sens par les voleurs au désespoir jusqu'à ce que, finalement, Gavin remarque que son gros médaillon cliquète curieusement quand on le secoue. Vighnu et lui s'acharnent sans résultat sur l'objet, jusqu'à ce que le chroniquer, habitué aux casses-tête, saisisse comment le pendentif peut être dévissé et révèle bientôt la clé tant espérée ! Et dans chacun des quatre coffres qu'on leur avait pourtant défendu d'ouvrir (mais Herle et Eldan ne sont justement plus là pour faire des remarques), nos héros trouvent des douzaines de lingots : argent, cuivre, étain, bronze... Il y a là toute la production que Solerane destine à la prévôté, mais aussi la part des mines d'argent qui revient à l'état-major : en tout, c'est près de 200 lingots et donc quelques 250 kilos de métaux qui s'offrent à leurs yeux ébahis. ''"Gavin, remet illico ce que tu viens de glisser dans ta besace : tout ça est maintenant la propriété de notre Capitaine. _Pfff…"''<br />
<br />
Andréas inspecte ensuite la roulotte de Dorian le Magnifique, occupée aux deux tiers par une épaisse couchette couvertes de coussins, des filets de marchandises pendant du toit et jusque entre les roues, des étagères couvrant tout le tiers arrière : <br><br />
<br />
«_''Ah ben il voyage dans le luxe, le fumier. <br><br />
_''Si j'avais une minette comme la sienne, moi aussi j'passerais les trajets à baiser, tu peux me croire ! <br><br />
_''Oh pis dis-donc : des fioles variées, des épices, de l'argenterie, de la verrerie, des bijoux, de la nacre, des miroirs : il vend que du luxe, le gars ! <br><br />
_''Crénom dîtes, c'que c'est beau ! <br><br />
_''Gavin, repose ça tout de suite : pas question que le Magnifique s'aperçoive qu'on a touché à sa roulotte.» <br />
Andréas jugeant que la caisse du véhicule est assez profonde pour qu'on y étale les lingots en un tapis bien lisse que les occupants de la couchette ne devraient pas trop remarquer, il n'y a plus qu'à attendre la diversion prévue pour commencer le transfert du chariot vers la roulotte…<br />
<br />
=== Diversion (Trevan, Herle, Eldan, Diane) ===<br />
<br />
Il ne reste plus qu'une ou deux heures avant l'aube lorsque Trevan, Herle, Eldan, désormais tous maquillés en Kormes, se répartissent autour du fortin et, à l'aide du mélange d'essences et d'huiles piochées au hasard dans la trousse alchimique de Vighnu (fallait pas la laisser à l'extérieur), enflamment des flèches qui produisent des couleurs plus qu'aléatoires avant de siffler au-dessus des bâtiments pour s'écraser sur les toits de chaume humides où tomber dans la cour, n'enflammant que quelques tentes vite éteintes. C'est néanmoins suffisant pour que Diane puisse se faufiler par le sud jusqu'au portail, et récupérer le dernier carreau d'arbalète y clouant encore la tête du messager. <br><br />
''"Les Kormes ! Les Kormes reviennent !"'' crie-t-on bientôt dans tout le fortin.<br />
<br />
Dès que Lerkoren Oleytan a annoncé qu'une drôle de flamme bleuâtre venait de s'écraser dans la cour (''"Rha les saligots !"''), Andréas et Vighnu ont commencé à installer les lingots sous le matelas de la roulotte, pendant que Gavin et La Poigne garnissaient les coffres de fers à cheval, de pierres, d'une enclume et tout ce qui pourrait y simuler le poids et le bruit du butin subtilisé. <br><br />
Et c'est peu avant l'aube, ses compagnons s'étant effondrés de fatigue depuis un moment, qu'Andréas fini seul d'arranger la roulotte pour camoufler avec le plus grand soin son chargement secret...<br />
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== Récupération du trésor et autres péripéties ==<br />
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[À partir de là, la fin du scénar à été jouée en "flashbacks" successifs jusqu'au combat final. J'utilisais Herle de Lorune, orphelin de joueur depuis plusieurs séances, pour poser des questions auxquelles les joueurs répondaient pour déclencher un flashback. Chacun avait le droit de d'initier deux scènes : l'une contant comment un de leurs camarades avait réussi un exploit et une autre collant à un autre PJ la responsabilité d'un échec, ce qui nous permettait de ne jouer que les scènes "intéressantes" et de faire un peu de montage alterné. <br />
<br />
Comme la scène "de débriefing" se jouait presque en aveugle, seul Loriel savait dès le départ que son perso, Vighnu Pratesh, avait survécu (mais bon, comme il avait accumulé 7pH, je me doutais qu'il ne mourrait pas dans cet Épisode) et les autres joueurs ignoraient si ce qu'il affirmait était vrai, ou simplement un mensonge pour conforter le templier blessé... Évidemment, chacun commençait son premier flashback avec toutes ses jauges à fond, mais devait ensuite gérer les pertes et les récupérations de scène en scène, et les joueurs ont souvent ajouté des détails pour régénérer de la Tension ou se passer la patate chaude. Ça a été un peu décousu, la règle "un exploit d'autrui et une bourde d'autrui par joueur" n'a pas complètement été respectée mais, globalement, ça a donné un final intéressant à cet Épisode qui commençait à traîner en longueur...] <br />
<br />
=== Réveil de Herle ===<br />
<br />
Il fait très froid aux abords du col et l'obscurité règne sous les sapins gelés. Vighnu, transi jusqu'aux os, scrute pourtant les alentours lorsque, quelques mètres en contrebas, Herle bascule du cheval où il l'avait attaché : au contact de la neige, il émerge pour la première fois du sommeil où l'avait plongé l'hémorragie et ses profondes blessures et tend la main vers le fehnri, qui s'empresse à son chevet. <br><br />
<br />
«_''E... Eldan... où est...le Moineau ? <br><br />
_''Il n'est pas loin, il est parti en éclaireur. <br><br />
_''Gnnh. Le butin ? <br><br />
_''Pas loin non plus, en arrière, sur les bêtes. <br><br />
_''On a... on a réussi ? <br><br />
_''Oui, on a réussi. <br><br />
_''Alors putain, d'où ils sortaient ces types ? <br><br />
_''C'est la faute à Eldan, il était en avant lors de l'embuscade, mais il a laissé passé les gars qui descendaient de l'autre convoi par le nord...» <br><br />
<br />
<br />
=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Dans la forêt matinale, à une volée de flèche de la route vers Solerane, Eldan est en train de soulager sa vessie contre un arbre lorsqu'il aperçoit une silhouette évoluant à croupetons parmi les buissons. Il n'a que le temps de se jeter derrière un tronc qu'une flèche en racle l'écorce. Pendant que notre éclaireur se rajuste et encoche lui-même un trait dans son arc, l'ennemi tire une deuxième flèche et atteint le cheval du Moineau, qui s'enfuit dans la forêt. ''"Rha zuuuteuh !"''<br />
Eldan riposte, manque, se remet à couvert et commence à manœuvrer pour s'approcher de son adversaire lorsqu'il aperçoit un deuxième homme, s'approchant furtivement depuis la route une hache à la main. Le Moineau tire une nouvelle flèche à l'archer adverse, le blesse légèrement et jette un coup d’œil pour surveiller l'approche du second ennemi : comprenant qu'il est repéré, l'homme à la hache profite de ce que l'éclaireur a décoché pour charger en levant sa hache. Lâchant son arc, Eldan dégaine son fidèle glaive pour le recevoir...'' _Mais tu l'avais paumée, l'arme fétiche héritée de ton père ! Grâce à qui l'as-tu retrouvée ? _Grâce à Gavin, qui l'a ramassée pendant que les soldats tentaient d'enfoncer la porte de la remise après que je m'y sois enfermé !''<br />
<br />
=== Témoignage de Gavin ===<br />
<br />
Gavin est en train de cavaler à travers la cour de l'Auberge, l'épée d'Eldan sous le bras. Sur les remparts que l'aube éclaire à peine, c'est la panique et tout le monde hurle ''"Les Kormes ! Les Kormes reviennent ! Tous aux créneaux !"''. Le problème de Gavin, c'est qu'en se levant au matin dans la cour endormie, le beau glaive à la lame gravée (d'une femme nue : ''"Rho chouette !"'' fait Gavin) sous le bras parce qu'il ne voulait pas prendre le risque qu'on le lui vole, il a décidé de pisser derrière un pilier où, par malchance, dormait un garde (vous voyez comment les joueurs ont créé un fil rouge héroïque de scène en scène ? ''"J'étais en train de pisser quand..."''). Éclaboussé et immédiatement réveillé, le soldat a ouvert les yeux pour voir l'écuyer "armé" levé au-dessus de lui et s'est mis à crier ''"Aleeeerte !"''. Coup de bol, c'était vraiment l'alerte puisque c'est le moment qu'ont choisi des dizaines de Kormes pour s'avancer sur le pont...<br />
<br />
Gavin cavale de son mieux entre les dormeurs et les tente, sachant que la plupart des autres sont déjà partis, il cherche une cachette ou un moyen de s'enfuir du fortin, mais le portail est à peine refermé et, en plus du furieux trempé d'urine qui le poursuite avec sa hallebarde, les guerriers commencent à s'accumuler aux remparts. <br />
<br />
''"Heureusement, Herle est venu à la rescousse !"'' précise Orlanth, utilisant son "exploit d'un autre PJ" pour s'en sortir. Bon, là, comme techniquement Herle est un PNJ depuis déjà deux ou trois séances, c'est moi brièvement qui raconte.<br />
<br />
En effet, la porte pas encore barrée craque soudain sous l'impact d'un chariot utilisé comme bélier par trois "Kormes" plus ou moins chevelus : Diane, Trevan et Herle de Lorune sont venus évacuer leurs derniers camarades (et permettre aux vrais Kormes d'investir le fortin, histoire que les dégâts ainsi causés camouflent autant que possible l'intervention du commando). Sous la volée de flèches qui pleut alors autour d'eux, les trois peinturlurés décrochent à toute vitesse, plus ou moins suivi par Gavin qui part dans une direction légèrement différente avec l'air du pauvre hère pris dans la tourmente. Un coup d’œil alentour lui révèle d'ailleurs plusieurs dizaines de Kormes progressant par le pont vers la herse baissée en échangeant des traits avec les défenseurs de la grande tour, et de petits groupes épars traversant le fleuve accrochés à des radeaux : l'écuyer s'enfuit vers l'ouest sans demander son reste, et retrouve bientôt le reste du commando. ''"Hé mais c'est mon épée !"'' s'exclame Eldan en voyant arriver Gavin. ''"Celle-là ? Non, non, j'l'ai trouvé à l'Auberge..._Après que je l'ai lâché devant les gardes, ouais ! Rends-moi ça !_Rho mais-heu…"''<br />
<br />
=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Retour dans la forêt : Eldan dégaine donc le précieux glaive hérité de son père puis sauvé par Gavin... et pare le premier coup de hache de son adversaire. Il reste au plus près de l'ennemi pour gêner le tireur qui se rapproche par le nord et, lorsque son opposant trébuche sur une racine [1pH pour éviter d'être gravement blessé par un coup de hache], Eldan le sèche pour le compte d'un grand coup du plat de la lame sur l'oreille, puis roule vivement dans les buissons pour éviter la flèche que l'archer lui décoche une fois son angle de tir dégagé. Bondissant d'arbre en couvert et de tronc en fourré, Eldan se rapproche de lui et, lorsqu'il n'est plus qu'à une 10aine de mètres, le dernier trait décoché à peine rebondit contre l'écorce d'un sapin, le Moineau fonce au contact : l'autre n'a que le temps de tirer sa dague que la lame gravée lui tranche l'épaule, éclatant le trapèze, l'omoplate et la clavicule dans une gerbe de sang. L’hémorragie finit de l'achever pendant que notre éclaireur souffle un peu, découvre le tatouage de la Confrérie du Chacal sur la poitrine de l'archer et lève enfin le nez vers la route quand il entend passer le tonnerre de chevaux aux galop : 6 ou 7 cavaliers foncent à bride abattue vers le sud, d'où monte déjà la clameur d'un combat, puisque l'embuscade y a commencé. ''"Meeeeerdeuh !"'' s'écrie Eldan en repartant vers le sud à toutes jambes.<br />
<br />
=== Herle ===<br />
<br />
Serrant son poing massif sur la cape enneigée de Vighnu, Herle de Lorune commence à s'énerver : <br><br />
<br />
«_''Mais par les Pères tu vas me dire comment vous avez rattrapé le chariot, à la fin ?". <br><br />
_''C'est grâce à Vighnu, intervient le Moineau qui vient de sortir de l'ombre [puisque là, on peut raisonnablement supposer qu'il n'est pas mort] "Il a réussi à trouver des chevaux, puis à nous guider à travers la campagne pour atteindre la forêt avant la roulotte du Magnifique. Il a été formidable ! <br><br />
_''Mais comment vous avez fait pour sortir le butin de l'Auberge ?!? <br><br />
_''Oh ben ça, c'est grâce aux...heu... talents d'imitateurs d'Andréas…» <br><br />
<br />
=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
L'aurore pointe à peine sur la cour de l'auberge encore à moitié endormie quand Dorian le Magnifique et sa suite, fraîchement augmentée de plusieurs mercenaires recrutés sur place, exige du Lieutenant [[Sanderen]] (commandant le fortin pour l'Armée du Nord) qu'on ouvre les portes à sa roulotte, parce qu'il refuse de rester plus longtemps dans un relais aussi mal défendu. L'officier ne s'était d'ailleurs pas levé si tôt pour se faire emmerder par des marchands et grimpe sur la margelle du puits pour annoncer d'une voix forte que, le fortin étant assiégé depuis cette nuit, tout ceux qui auraient encore la mauvaise idée de s'en prendre aux défenseurs -pour des raisons de taxe ou d'insatisfaction quant au couchage- seraient considérés comme complices des Kormes et pendus aux murailles !<br />
<br />
Un soldat vient alors cogner à la porte de la grange où Andréas, caché dans la remise, vient juste de finir un splendide dessin de Darjodrahl, assis dans l'ombre dans une attitude aussi distante qu'agressive, qui va lui permettre de concentrer sa magie [il a créé un puissant sort de Chimère sur tout le rez-de-chaussée de la grange, lui permettant d'y animer un personnage d'autant plus crédible dans sa mauvaise humeur qu'il se base sur l'altercation de la veille entre Sanderen et le Hornois]. Évitant de croiser le regard mauvais du guerrier qui les admoneste depuis le coin obscur de la pièce, le marchand et ses hommes se dépêchent de sortir leur carriole, d'y atteler les bœufs et de quitter l'Auberge. Pendant qu'on referme le portail derrière la suite de Dorian, l'agitation et sa vessie tirent bientôt Gavin du sommeil et, dès que l'écuyer se met à cavaler poursuivit par un hallebardier, Andréas profite de la confusion pour quitter la grange sans être remarqué et aller se recoucher dans un coin... Lorsque, évidemment, les Kormes attaquent.<br />
<br />
[Précision rigolote, mais que les PJ ignorent : quand les joueurs on demandé ce qui avait provoqué l'attaque des Kormes, je leur ai expliqué qu'ils surveillaient évidemment depuis des semaines le fortin et le pont contrôlant le passage vers le nord-ouest de la Région des Lacs, et qu'ils ont décidé de passer à l'action quand, cette fameuse nuit, il est devenu manifeste que des "camarades" assiégeaient l'endroit depuis la rive gauche et envoyé des signaux à coups de flammes colorées : le temps de s'organiser, ils ont donc profité de l'occasion pour tenter de prendre la position. ''"Mais c'est notre faute si les Kormes ont attaqué ?!! _Hé, oui : vous êtes très forts.."]<br />
<br />
''"Mais vous... demande Herle, comment vous êtes sortis de là ? _Oh ben nous on a profité d'une corde dégottée par Gavin dans la grange pour se tirer par les remparts comme on était venus, un peu avant l'attaque. Tu t'en souviens pas ? On vous a retrouvé à l'extérieur, avec les chevaux.''<br />
[Les joueurs font quelques jets pour confirmer cette version de l'histoire, et payent 1pH pour cette histoire de chevaux : entre ceux qu'ils ont amenés eux-mêmes et le troupeau dispersé dans la nature, c'était raisonnablement probable d'en trouver pour tout le monde.]<br />
''"On a juste eut quelques ennuis à cause de Diane qui était restée en arrière..."''<br />
<br />
=== Témoignage de Diane ===<br />
<br />
Pendant que Herle, Trevan et Gavin évacuent vers l'ouest, l'Arbalétrière s'est en effet arrêtée pour se nettoyer à grande eau (parce que les peintures de guerre, ça colle affreusement dans les cheveux longs). Elle est d'ailleurs en pleine toilette quand une bande de Défunts, trempés d'avoir traversé le fleuve glacé à la nage, prennent pied sur la rive et la considèrent avec circonspection : d'abord parce qu'elle est, sinon jolie, du moins sculpturale [Physique 4, Athlétique 4, Allure 4 : elle ressemble à une héroïne d'Adam Hughes], ensuite parce qu'elle est manifestement en train de se débarrasser de peintures semblables aux leurs, qu'elle revient d'avoir enfoncé le portail du fortin et que les Kormes s'attendaient à trouver des camarades sur cette rive. Sauf que Diane a des cheveux, et ça, c'est pas normal... ''"Ben quoi bande de débiles, leur balance-t-elle alors en Langue des Vents, vous allez rester là à mater ou vous êtes venus pour participer à l'assaut ?!? Bougez-vous le cul merde, on est pas là pour roupiller !"'' [Et de faire une énorme réussite sur son un jet de Social+Langues Étrangères+Allure+Intimidation+Volonté.] Un instant médusés, les Kormes saluent respectueusement cette guerrière étrange qui ne peut être qu'une cheffe influente et vont se joindre au combat, l'un d'eux tendant même un carré de tissu à la Kerdane pour qu'elle finisse de s'essuyer... <br><br />
''"Comme quoi c'est carrément pas ma faute, ajoute l'arbalétrière qui vient de sortir de l'ombre auprès du templier blessé : j'avais même réglé le problème quand ce crétin de Vighnu est venu foutre sa merde !"''<br />
<br />
=== Témoignage de Vighnu ===<br />
<br />
[Un jet d'orientation particulièrement raté pour retrouver les autres après avoir rassembler des chevaux vient en effet de basculer une 10aine de pions dans la case de Tension de Vighnu, qui a par ailleurs toujours des pions de Marque psychologique (anciennement appelés "Traumas") suite à sa crise sentimentale avec Islinna (et qu'il essaye d'évacuer depuis 3 séances). Il est donc très largement en Surtension...]<br />
À quelques centaines de mètres à l'ouest du fortin, ses compagnons en train de sauter sur les montures qu'il vient de leur procurer, Vighnu aperçoit à la lisière des arbres encore obscures une jeune et belle jeune fille rousse (il reste de la peinture rouge dans les cheveux de Diane) portant un manteau emishen et entourée d'une 15aine de Kormes... Son sang ne fait qu'un tour (sans passer par le cerveau) et l'assassin s'élance au grand galop en hurlant ''"ISLIIIIINNAAAAAAA ! J'ARRIIIIIIVE !"'' avant que ses camarades n'ait seulement pu songer à le retenir.<br />
<br />
Diane voit alors le Fehnri surgir de la nuit comme un diable, les Kormes qui s'éloignaient déjà ralentissent à l'arrivée de l'intrus et, chargeant toujours, Vighnu bondit de son cheval sur le pauvre gars qui tendaient une serviette à la guerrière et l'égorge d'un grand revers de son katara en beuglant ''"Touche pas à ma copiiiine ! _Mais t'es complètement taré ! J'suis pas ta gonzesse !"'', s'écrie Diane alors que l'assassin halluciné se relève souplement, quoiqu'un peu confus et couvert de sang, pendant que "l'innocent" Korme agonise dans l'herbe haute. Et tous les Kormes alentours de se ruer vers eux en brandissant leurs armes. Sautant à cheval, la Kerdane furieuse et le Fehnri honteux essuient de justesse quelques flèches, javelots et hache de jet mais parviennent à dégager à fond de train avant d'être encerclés.<br />
<br />
Lorsqu'il rejoignent Eldan, Herle, Trevan, Gavin, Le Grêlé, Oleytan et La Poigne maintenant tous en selle, Vighnu ne prend même pas le temps de s'expliquer : ''"Dorian et le butin doive être loin devant nous, maintenant : on va couper la plaine par l'ouest à bride abattue, les doubler avant la forêt et les attendre au premier guet ! _C'est moi ou on aura passé la moitié de cette mission à cavaler derrière des convois ? _''Ferme-la et galope !".''<br />
<br />
«_''Oui heu bon, toi qui a fait vœu de chasteté tu peux pas comprendre mais les femmes, tu vois, ça te mélange tout dans la tête et... <br><br />
_''L'embuscade, par les Pères ! Raconte-moi l'embuscade ! <br><br />
_''Haem donc, comme je te le disais, Diane a organisé une embuscade aux petits oignons, mais on a eu des visiteurs imprévus…» <br><br />
<br />
<br />
<br />
== L'embuscade ==<br />
<br />
<br />
<br />
[Après s'être tous reposés pendant une Scène grâce à l'avance prise dans la course, Diane fait un gros jet de préparation avec le soutien de tous ceux qui ont quelques scores de Tactique, de Camouflage ou d'Embuscade (et dans un groupe de mercenaires du nord, ils sont nombreux) pendant que Vighnu fait un solide jet de camouflage pour tout le groupe : bénéficiant d'un confortable bonus tactique réparti sur plusieurs personnages, d'un excellent point de vue pour la tireuse d'élite et d'une Difficulté de repérage monstrueuse, les PJ et leurs camardes sont prêts à ne faire qu'une bouchée de l'équipage du Magnifique…]<br />
<br />
Le timide soleil matinal jaunit les nuages gris et la pluie qui n'en finit plus de détremper la forêt, gonflant en torrent le ruisseau qui coupe la route de Solerane, juste au pied d'un trio de gros rochers de grès surplombant de leur butte une myriade de petits blocs, le gué et la route. Invisibles derrière les rocs et bosquets alentours, les vaillants mercenaires de Tal Endhil, confiants dans la garde d'Eldan ½km au nord, observent la lente arrivée par le sud de la roulotte fermée et escortée par deux cavaliers et cinq fantassins. <br />
<br />
Image<br />
<br />
Les éclaireurs à cheval de Dorian le Magnifique avancent en effet à pas prudents dans le torrent, pleinement conscients de traverser un splendide site d'embuscade, mais sans parvenir à repérer les guerriers déguisés en Kormes qui attendent le signal de Diane, postée au sommet des rochers, pour les assaillir de quatre côtés. La Kerdane laisse avancer les cavaliers le plus loin possible et, lorsque le premier d'entre eux menace a déjà largement dépassé les rochers et risque d'être bientôt hors de portée de la redoutable arbalétrière, elle l'abat d'un carreau en pleine tête [encore un, il faut dire qu'Orlanth soigne ses jets de tir et mise systématiquement en Visée] dès qu'il échappe à la vue de ses compagnons. Ce n'est que lorsque le garde du corps personnel du marchand commence à donner des signes d'inquiétude, un musclé patibulaire et couturé de cicatrices qui se désaltère au bord du torrent tout en jetant des regards insistants alentours, qu'un deuxième carreau démonte le second cavalier sur la rive nord, déclenchant l'assaut : avant qu'un des éclaireurs ait pu finir de crier ''"Aleeer..."'' des flèches fusent de toutes part, les grands couteaux de jets pris par Vighnu sur le corps du Hornois tournoient dans les feuillages, des guerriers jaillissent de chaque buisson et, en quelques secondes, la majorité de l'escorte agonise sur la terre bourbeuse du chemin. Mais les battants de bois sur le flanc de la roulotte viennent de s'ouvrir, libérant une appétissante fehnri à peine couverte d'une fourrure qui s'enfuit à toutes jambes à travers bois :''"Oh m'am'zelle, reviens ! Faut pas courir toute nue dans les bois comme ça !"'' s'écrit Gavin-le-Korme-du-Terroir (pour récupérer quelques pions de sa Réaction "Plouc") avant de s'élancer à ses trousses, croisant la route du marchand courant à la suite de sa compagne dans son seul pantalon (mais sa cassette sous le bras, emballée dans une couverture)…<br />
<br />
''"Cavaliers au nord !"'' signale alors Diane d'une voix forte, avant de tirer un nouveau carreau sur le premier des hommes qui viennent de croiser Eldan. ''"Soldats au sud !"'' lui répond la voix du Grêlé qui vient de repérer les quelques hommes de Jornil et de Sanderen partis du fortin après avoir repoussé les Kormes (qui n'ont jamais réussit à prendre la grande tour pour ouvrir la herse barrant le pont), découvert le corps de Darjodrahl dans la grange, vérifié le contenu des coffres et s'être lancé "à la poursuite du marchand félon" (et qui viennent de freiner d'un coup en découvrant l'escorte massacrée par les "Kormes", qui sont décidément partout).<br />
<br />
=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
''"Attendez... et le chroniqueur-à-tout-faire, il était où, là ? _Heu... hé bien figure-toi qu'il y a eut un miracle, une véritable apparition divine, comme récemment à la Mine Bénie : c'est dire si les Pères sont avec nous !"''<br />
Quand une poignée de Kormes franchit le parapet et commence à s'en prendre aux voyageurs piégés dans la cour, Andréas se précipite vers la seule porte qui n'ait pas encore été solidement bouclée, celle de la chapelle, entraînant à sa suite quelques réfugiés paniqués. À peine la porte barrée par un banc, le mage évalue le cheptel à sa disposition, serré comme des sardines dans l'espace exigu entre les piliers sculptés représentants les huit Premiers : il y a là la jeune voleuse, le vieux conteur, le garçonnet à la vielle et l'acrobate-détrousseur (soudain gêné de se découvrir barricadé dans une pièce de 9m² avec "l'intimidant" érudit), un jeune soldat affolé (qui a lâché sa pique au premier signe de danger), une des servantes de l'auberge et une commère serrant une poule dans ses bras tremblants. <br />
<br />
Des cris (et des caquètements) de terreur accueillent les premiers coups de hache qui s'abattent sur la porte, mais Andréas Odran connaît la manœuvre : ''"Prions mes frères, les exhorte-t-il avec toute la force de sa conviction ! Prions que les saints Pères viennent à notre secours ! Chantez-tous avec moi !"'' La chorale improvisée entonne alors un antique où l'angoisse se mêle à la ferveur religieuse. Lorsqu'une cognée d'acier fini par percer entre les planches de chênes, le mage décide d'accélérer le mouvement et sort la Sphère de Pouvoir de son havresac : ''"Mes frères, ceci est une Sainte Relique Première dont la bénédiction nous protégera des ennemis du culte ! Tendez les mains pour la toucher et concentrez-vous sur le chant ! Les Pères sont avec nous !"''.<br />
<br />
Et siphonnant un maximum d'Énergie à ses coreligionnaires sans trop leur demander leur avis (pas plus qu'à la poule), Andréas remplit son focus au maximum pour lancer un sort de Chimère assez puissants pour effrayer les Kormes... lorsqu'il lui semble qu'une forme tout à fait imprévue émerge de la sphère d'or rouge. Le chroniqueur commence même à distinguer une silhouette humanoïde lorsque, son sort se déclenchant en vidant d'un coup toute l'Énergie accumulée dans la sphère, "l'intrus" disparait avec une sorte de cri muet.<br />
<br />
Dans la cour, c'est par contre carrément la stupeur : Herem, Second Fils des Étoiles, Premier Seigneur des Batailles, vient de se matérialiser quelques mètres au dessus du puits, brandissant son épée enflammée sur le fond sombre de cette aurore pluvieuse. La plupart des soldats en restent tétanisés, des réfugiés se jettent à terre en signe de soumission, d'autres prient à genoux sur les pavés et les Kormes, eux, refluent en désordre devant cette apparition divine. <br><br />
Lorsque les choristes de choc émergent de la chapelle dans une sorte de stupeur incrédule, il leur faut plusieurs minutes pour s'apercevoir que le saint érudit et sa relique on déjà disparu par le portail enfoncé de l'auberge…<br />
<br />
=== L'embuscade encerclée ===<br />
<br />
Dans la forêt humide se joue une dangereuse partie de cache-cache : après que deux d'entre eux aient été blessés par des carreaux d'arbalète en arrivant du nord à bride abattue, les Chacals lancés à la poursuite de nos héros ont démonté pour se disperser à couvert dans les sous-bois, les soldats et mercenaires arrivant du sud ont pris le maquis en découvrant les cadavres dispersés sur la route et les auteurs de ce carnage se sont pour la plupart dissimulés tout autour de la clairière envahie de rochers, progressant prudemment à la recherche des nouveaux arrivants. <br />
<br />
[Après la phase de "tir au pigeon" de l'embuscade, le groupe vient de passer en Duel global, tous les combattants dispersés à travers la map répartissant leur mise entre le repérage (attaque), la dissimulation (défense) et le déplacement, jusqu'à rencontrer des ennemis et basculer en combat à distance ou tenter de rentrer au corps à corps. Le récent module de calcul des distances de combat a donc beaucoup servi, de même que les Positions tactiques (camouflage de la végétation, couvert des rochers...), la surprise, les charges soudaines, les combats à plusieurs adversaires... Ce fût une belle démonstration tactique (Diane a particulièrement brillé) et une belle scène finale, qui aurait mérité d'être mieux décrite si je n'avais pas eu 5 ou 6 combats à gérer en même temps. Au passage, Humphrey B jouait Herle de Lorune pendant l'absence d'Andréas.]<br />
<br />
Dés le début, Gavin est pris dans une bagarre désordonnée à coups de couverture, de cassette et de poings contre Dorian le Magnifique pendant que la belle fehnri disparaît dans les bois (''"Une courtisane fehnri avec un gros score de discrétion associée à un marchand-escroc ? Tiens donc..."''), Le Grêlé a rejoint la roulotte pour régler son compte à la petite servante qui s'y cachait encore (et "s'amuser un peu" avec elle : ça reste un mercenaire sans scrupule, hein), Eldan essoufflé rejoint le "champ de bataille" par le nord, Vighnu et La Poigne convergent vers les soldats qui contournent par le sud-est, Herle abandonne son arc pour foncer tout seul par le flanc ouest (il faut bien justifier de son état futur en le jouant "imprudemment"), Trevan et Diane quittent discrètement les gros rochers en cherchant à repérer leurs nouveaux adversaires...<br />
<br />
Après quelques instants de louvoiement discrets dans les bois, le premier accrochage intervient quand deux soldats franchissent le ruisseau en aval du gué et sont interceptés par La Poigne et Vighnu : si le gros benêt diminué par ses blessures est vite repéré et pris dans un laborieux corps à corps, l'assassin blesse un de ses adversaires d'une dague de jet avant de surgir derrière lui pour le poignarder, employant le corps du mourant comme bouclier contre les attaques de deux autres soldats qui venaient à son secours. En un instant, Vighnu balance le mort sur ses congénères, éventre l'un et abat l'autre d'une dague de jet dans la gorge, pendant que La Poigne enfin dégagé éclate le crâne du dernier à coups de gourdin.<br />
<br />
Après avoir éclaté le nez du marchand d'un direct bien placé, Gavin lui arrache sa précieuse cassette et, laissant le "Magnifique" sonné assis dans l'herbe, accourt vers la roulotte en entendant les cris d'effroi de la petite servante. N'écoutant que ses élans chevaleresque, il sonne Le Grêlé d'un grand de cassette sur le crâne et, après avoir tenté en vain de calmer la pauvrette (faut dire qu'il est grimé en Korme et qu'elle passe une matinée épouvantable), l'écuyer la laisse s'enfuir dans la forêt et part à la recherche d'une arme plus approprié en voyant se rapprocher les mercenaires du fortin.<br />
<br />
Sur l'autre flanc, Herle (sans arc, donc) s'est fait prendre en tenaille par deux tireurs, a reçu une flèche dans le côté et, pendant qu'il tentait de choper son agresseur au contact, l'autre a surgit de flanc pour lui ouvrir la cuisse à coup de glaive. Blessé et à deux contre un, il encaisse de son mieux lorsque Trevan de Rigorne charge en brandissant son épée, attirant l'attention de Diane qui progressait à croupetons dans le secteur : en une seconde, le premier chacal est décapité et le second s'écroule, un carreau d'arbalète dans l’oreille. Mais ils n'ont guère le temps de souffler car Le Moineau les appelle au secours !<br />
<br />
Déboulant sans s'en apercevoir au milieu des ennemis camouflés, Eldan est immédiatement pris par surprise et blessé. Il parvient néanmoins à faire chuter son adversaire et, roulant avec lui dans les feuilles mortes, les deux éclaireurs échangent coups d'épée, de pied et de poing en s'usant l'un l'autre, pendant qu'un chacal supplémentaire s'approche à pas de loup. Le Moineau le repère au dernier moment, appelle à l'aide, tente vainement de pousser l'ennemi qu'il a blessé dans les jambes de l'arrivant et encaisse une nouvelle blessure (il commence à être franchement mal en point) lorsque Trevan arrive à la rescousse, toujours au pas de charge et toujours couvert par Diane dont l'avant-dernier trait cueille l'ennemi debout juste sous l'omoplate, perçant le poumon.<br />
<br />
''"Laisse-le moi !"'' gueule Eldan au chevalier errant et, donnant tout ce qui lui reste contre un ennemi soudain moins faraud, le Moineau prend finalement sa revanche en clouant son ennemi au sol d'un grand coup d'épée. Avant même que Herle rejoigne en boitant l'éclaireur victorieux, Trevan et Diane sont repartis au pas de course vers le flanc est, où des cris indiquent que Lerkoren Oleytan passe un mauvais quart d'heure.<br />
<br />
Car parti seul au nord pendant que l'on se battait près du ruisseau, le jeune Elloran a abattu le premier des "Chacals" qu'il a rencontré mais s'est ainsi fait repéré par deux autres : après un court échange de flèches en manœuvrant pour rester à couvert, Oleytan s'est fait chargé par les deux ennemis simultanément, a réussi à les entraîner dans un bosquet touffu pour les gêner au maximum mais commence à faiblir sans parvenir à se dégager et, lorsqu'il prend un coup de lance dans le mollet, ça commence à sentir franchement le roussi. "VIGHNUUUU !!!" appelle-t-il alors à pleine voix, pendant que l'intéressé, à plus de 200m de là, achève le dernier soldat qui s'enfuyait d'un magnifique lancé de couteau, qui l'atteint dans le dos à plus de 50 pas.<br />
<br />
Lorsque deux mercenaires ont abordé la roulotte et trouvé Le Grêlé étalé dans l'herbe, Gavin qui venait de cacher son butin dans les buissons a soudain été pris de remords. Ramassant l'épée d'un mort, il revient à pas prudents lorsque le combat éclate : Le Grêlé a laissé le premier adversaire s'approcher pour l'achever, a retourné la dague qui le menaçait dans l'estomac de l'ennemi et roulé sous la roulotte pour échapper aux coups de lance du second militaire. Le Grêlé est néanmoins blessé lorsque l'écuyer arrive alors pour achever d'un grand coup d'estoc le gars qui se tenait le ventre à deux mains et bondit sur le véhicule qui commence à avancer au ralenti, les bœufs n'aimant guère la nouvelle agitation qui secoue leur attelage. Son camarade sort alors de sous le chariot pour éviter de passer sous les roues et, maintenant à deux contre un, Gavin et Le Grêlé ont vite défait le dernier soldat, achevé d'un joli lancer d'épée dans le dos alors qu'il s'enfuyait.<br />
<br />
Trevan, Diane et Vighnu arrivent à quelques secondes d'intervalle au secours d'Oleytan, les deux derniers Chacals étant alors rapidement tués, le premier percé du dernier carreau de la Kerdane et Vighnu égorgeant l'autre après un bref corps à corps, d'abord à deux, puis trois puis quatre contre un.<br />
<br />
=== Fin des combats ===<br />
<br />
Essoufflés, les guerriers vainqueurs font brièvement l'appel : <br><br />
<br />
«_''La Poigne ? <br><br />
_''Il souffle près du ruisseau, il a pris assez cher. Eldan ? <br><br />
_''De l'autre côté, au nord, mal en point : il s'est mangé l'avant-garde tout seul avant de nous rejoindre, si j'ai bien compris. Herle est avec lui, blessé aussi, il a perdu connaissance. <br><br />
_''Gavin et le Grêlé sont donc seuls avec la roulotte : faudrait pas trop traîner avant qu'ils se fassent des idées malhonnêtes...» <br><br />
<br />
Et pourtant, les deux hommes se réconcilient sur une base financière saine : ils font moitié-moitié sur le contenu de la cassette (''"que c'est pas la peine d'embêté les autres avec des détails"'') et Le Grêlé oubliera qu'un certain écuyer a essayé de l'estourbir avec. A peine ont-ils partagé qu'arrive Andréas Odran sur un cheval fatigué, qui découvrent le massacre au bord du gué : ''"Dîtes-donc mais c'est carrément la guerre ici ! Je croyais que le but de toute l'opération à l'auberge était de pouvoir prendre le butin d'un chariot à peine défendu. _Ouais ben y a eut des invités surprise..."''<br />
<br />
Les valides font le tour du secteur, poussent le chariot hors de la route, rassemblent les camarades blessés pour que Vighnu et Andréas puissent les rafistoler, puis trient les cadavres au nombre desquels semblent se trouver (par la grâce d'1pH) presque tous les hommes du fortin susceptible d'identifier Eldan après ses exploits de la nuit précédente. ''"Alors on est bons, conclut le chroniqueur : j'ai vu les Kormes tuer les deux seuls autres qui nous aient regardé de près."'' <br><br />
<br />
«_''N'empêche que le Magnifique, sa poule et la servante se sont tirés. <br><br />
_''Bah c'pas grave, ils témoigneront qu'ils ont été attaqués par les Kormes. <br><br />
_''Mouais, sauf que Gavin a jugé utile de leur faire la causette. <br><br />
_''Chiotte ! <br><br />
_''Et sinon, d'où ils sortaient tous ces mecs ? <br><br />
_''Ben ceux-là ont du vous poursuivre depuis l'auberge. <br><br />
_''Celui-ci, il était déjà avec l'escorte au départ de Solerane, alors j'imagine que ceux du nord étaient à la recherche du messager qu'on a intercepté cette nuit. <br><br />
_''Les Chacals qui nous attendaient avec le fourgon ont du appeler du renfort après qu'on aie commencé à leur tailler des croupières, parce que je pensais pas qu'il y en avait autant dans le secteur... <br><br />
_''Le premier qu'a tué Herle le jour du départ, Jaromir et Rumbold que tu as dégommés avant de lâcher le convoi, ça fait déjà trois... <br><br />
_''Au moins deux de plus, qu'on a tué avec Trevan et Gavin quand ils nous poursuivaient : ça fait cinq. <br><br />
_''Cinq ou six avec Jorem Cuivré hier, vu qu'on a pas trop fait le détail. Disons 10. <br><br />
_''Et aujourd'hui j'en compte cinq, dont au moins un emishen du clan des Rimdehl, en plus des derniers hommes de Jornil ! <br><br />
_''Tu oublies les trois qui sont morts au Cercle des Cascades au début de la semaine, ça fait donc 18 chacals éliminés en 8 jours. C'est du bon boulot, quand-même ! <br><br />
_''Façon de voir : moi ce qui m'inquiète, c'est qu'on puisse avoir deux dizaines de types armés dans notre secteur et ne nous en apercevoir que maintenant... Il faudra qu'on parle à ce trafiquant de sel que connaît Eldan, celui qui a présenté Jaromir au fils Cuivré : je crains que l'implantation des Chacals soient plus avancé qu'on ne l'imaginait.» <br><br />
<br />
Rassemblés et ayant brièvement le temps de souffler pour la première fois depuis des jours, nos héros en profitent pour échanger enfin les infos recueillies par chacun au cours de leurs aventures et reconstituent ce qu'ils savent de la Confrérie du Chacal :<br />
La Confrérie, originaire des Sylves, semble essaimer en créant des "chapitres" locaux dans différentes régions de l'Empire. Il semble que des membres du chapitre "sylvain" de la Confrérie ait donc fait le déplacement pour "franchiser" des brigands du Nord, et ce sont ceux-là qui dirigent plus ou moins les opérations (les trois mecs tués par Andréas, Adira et Eldan aux cascades étaient vraisemblablement des novices). Aux Sylves, la Confrérie est à la fois une mafia, une secte animiste et le noyau dur de la résistance armée à l'occupant impérial : si Urgrand est lié à ces gars-là et qu'ils commencent à passer des accords avec les Kormes, ça risque de compliqué sérieusement l'Échiquier du Nord. Et si les Chacals semblent être quasiment apparus par génération spontanée en quelques semaines, c'est qu'ils ont trouvé des gens pour les soutenir et les aider dans la région : soit Urgrand est beaucoup mieux connecté qu'il n'y paraissait, soit ils ont d'autres appuis...<br />
<br />
=== Exfiltration ===<br />
<br />
"...après quoi on a réparti le butin sur les chevaux, vu qu'on en avait maintenant une bonne quinzaine, on t'a attaché en selle et on s'est tiré vers l'ouest en contournant Celanire par le nord jusqu'au grand menhir où nous attendait Neri'Helin, une des novices du chaman [[edell'okhil]] [[Kal Tayvon]], avec des bœufs laineux, des vivres et tout le matériel de montagne : paraît que ton 'Pitaine leur a promis de racheter leurs frères en esclavage. On a ensuite crapahuté par l'ouest pendant trois jours dans les [[Asparren]] puis les [[Monts d'Azur]], en passant par des coins de plus en plus hauts et enneigés pour éviter de croiser quiconque. La p'tite Edell'okhil a même déclenché une avalanche dans le col du Fraisil pour qu'on ne puisse plus nous suivre. On a bien perdu quelques canassons en chemin, mais les lingots sont au complet, le groupe aussi (quoique la demoiselle ait du re-nettoyer les blessures de La Poigne), et nous voilà presque rendus. <br><br />
<br />
«_''Où sommes-nous, exactement ? <br><br />
_''Un peu au sud-ouest de la Mine Bénie : on va contourner par l'autre versant pour éviter de s'y faire voir et la môme va nous faire passer sur la rive nord du Lac Troisième par une espèce de chemin à travers les marais à l'est de Andh Endhil, pas loin du camp abandonné d'Etayn-la-Louve. <br><br />
_''La voie est libre et le jour va se lever, annonce la jeune femme en rejoignant le groupe : ramassez vos affaires, hommes du sud. <br><br />
_''Allez, messire de Lorune, remonte en selle : ce soir, Le Cornu nous attendra avec de la gnôle au camp d'abattage.»<br />
<br />
Et dans le petit matin, les fiers cavaliers de Tal Endhil descendent victorieux vers la Vallée des Lacs en Palier avec, dans leur fonte, un trésor capable de financer les nouveaux projets du Capitaine Durgaut... <br><br />
<br />
<br />
<br />
== ÉPILOGUE (envoyé aux joueurs après coup) ==<br />
<br />
<br />
<br />
C'est au soir du huitième jour après leur départ discret que nos vaillants mercenaires fourbus, gelés, blessés et riches comme Crésus se sont affalés dans une minable hutte au nord du camp de bûcherons de Tal Endhil, déserté chaque nuit en cette saison. Immédiatement repartie avec ses bœufs laineux, sa sœur adolescente et son cousin mutique, la gironde rouquine [[Neri'Helin]] (''"Dis-donc mais... c'pas la p'tite Edell'okhil que t'a réveillée l'autre fois aux cascades, quand on cherchait les Chacals ?_Si, même que Nevel m'a dit que [[Tael Shannan]] se la tape !_Note qu'il se tape toutes les mignonnes, ce fumier de barde._Dîtes, c'est fini d'échanger des potins comme deux vieilles venteuses ?"'') a laissé les hommes de Durgaut fort symboliquement assis sur la terre battue, à 10 pas de l'icône votive qui marque l'extrême frontière nord de l'Empire (mais Le Grêlé a pissé dessus). Ils ont festoyé, pansé leur nombreuses plaies et, d'abord par jeu, ceux qui parmi eux avaient quelques notions de finances ont commencé à calculer combien représentait le chargement encore bâté sur leurs chevaux. <br><br />
<br />
«_''On a pas loin de 250 lingots, dont bien 150 de merdouilles comme du cuivre, du bronze et du fer... <br><br />
_''Des "merdouilles" qui vont se négocier entre 500 et 1000 lunes à la prochaine cité dotée de forges, ducon. <br><br />
_''T'es sûre ?! <br><br />
_''Il est drôle l'aut' : pourquoi qu'tu crois qu'on creuse des mines ? <br><br />
_''Crois-moi, s'il y a bien un truc que les Kerdans savent faire, c'est du commerce... <br><br />
_''Je savais bien que t'étais kerdane malgré ton histoire de "Je suis une innocente remane élevée près de la colonie kerdane de Rigorne, et blablabla"... <br><br />
_''C'est donc bien vrai mademoiselle Diane ? Vous aussi vous êtes de Rigorne ?!? <br><br />
_''Écoute, Trevan : tu es mignon, tu es vaillant mais, putain, ta gueule. <br><br />
(Trevan de Rigorne rougit.) <br><br />
_''On disait donc au moins 500 lunes pour les lingots de "vils métaux", mais on a surtout une petite centaine de lingots d'argent, quoique la moitié soient planqués dans de faux lingots de cuivre. Et ça, ça nous fait... heu... attendez voir... <br><br />
_''Au moins 300 pièces d'or. <br><br />
_''Putain ! <br><br />
_''Quoi ?! <br><br />
_''La Poigne ! Tu sais compter !? <br><br />
_''Ben oui, surtout le métal quoi. J'suis été apprenti forgeron. Mais c'est trop du labeur : j'aime plus mieux taper qu'une bonne fois sur un casque. <br><br />
(La gourde de vin de sureau passe de main en main, chacun avalant une rasade d'un air mi-émerveillé, mi-consterné.)<br />
_''On... on a ramené... 350 pièces d'or ?! Vous croyez que notre bon Capitaine va être content. <br><br />
_''Ah ça, Moineau, il a un peu intérêt à l'être ! <br><br />
_''Dîtes, ch'ais pas si vous vous rendez-compte : c'est p't'être le plus beau brigandage de toute l'histoire des Marches !! <br><br />
_''On est riches les gars ! RICHES ! <br><br />
_''Non, messieurs : Tal Endhil est riche. Par les pères, si l'un de vous commence à concevoir une seule pensée pécheresse... <br><br />
_''Mais quel pisse-vinaigre, le Défroqué, quand il pisse le résiné. <br><br />
_''Héhé. Fais-voir ta balafre, d'ailleurs, Herle : faut changer ton bandage. <br><br />
_''Ma mienne elle est plus grande ! <br><br />
_''Hihi ! <br><br />
_''Nul n'en doute mon cher La Poigne, nul n'en doute... <br><br />
_''Ouais mais la tienne elle a même pas percé ta couche de lard ! <br><br />
_''N'empêche qu'on a tous ben gagné nos 2 pièces d'argent chacun ! <br><br />
_''Plus la prime ! <br><br />
_''Oh oui : vous êtes de vaillants gagne-petit. Mais la prime c'était si on laissait pas de témoins et, là, on a Jornil lui-même, Dorian, sa pute, la servante... <br><br />
_''Toi le Noir tu commences à nous les bris... <br><br />
_''Bon les gars, vos gueules : il est tard. Alors ça pionce, ou je vais commencer à distribuer les baffes. Le Grêlé et Diane prennent le premier tour de garde. Demain, j'vous ramenions tous au village. Et rappelez-vous qu'vous avez promis le secret sur vos têtes ! Si on vous presse vraiment, et seulement dans ce cas-là, vous avez été r'prendre les lingots de la Mine Bénie à une bande de Kormes du côté de la Baie des Langueurs. C'est bien clair, pour tout le monde ? <br><br />
_''Oui mon sergent ! <br><br />
_''Lèche-cul. <br><br />
_''Mon sergent ! Y a Le Grêlé qui dit... <br><br />
_''Foutremerde, tas de corniauds ! Même avec une 'pparition divine, j'conçois point comment qu'une pareille bande de mômes a pu réussir cette mission !» <br><br />
<br />
<br />
<br />
}}<br />
<br />
'''[[7) "Embrouilles en Cascades"|<< Épisode Précédent]] | [[9) "Reishin Ghoran"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Épisodes|<< RETOUR à la liste des Épisodes]]'''<br />
[[Catégorie:Épisodes]]<br />
[[Catégorie:Comptes-Rendus]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/8)_%22Le_Train_de_l%27Argent%228) "Le Train de l'Argent"2014-09-08T13:21:38Z<p>Aloun : </p>
<hr />
<div>La totalité de l'Épisode 8 : "Le Train de l'Argent" est classée "spoiler".<br />
Si vous voulez vraiment accéder à cet Épisode, vérifiez que soit un de vos perso y était, soit que le MJ vous en a donné l'autorisation.<br />
Tout abus sera illico puni par une grosse perte du plaisir de jeu.<br />
<br />
C'est bon, vous y avez bien pensé ? Vous êtes vraiment sûr ?<br />
<br />
...<br />
<br />
{{Secrets|<br />
== Prologue, rien que pour Eldan et le Capitaine : ==<br />
Durant les [[Huitaines]] précédentes, Durgaut a envoyé ses mercenaires (dont Eldan le Moineau) enquêter du côté de [[Solerane]] sur '''les détournements de fonds commis par le défunt [[Lieutenant Armeld]]''' avec son complice, Maître [[Gaster]] (écroué depuis au donjon), et découvert ainsi l'implication d'un patron-minier, notable influent et principal contrebandier de la région : '''[[Jornil Cuivré]]'''. En dehors de ses opérations "privées", Jornil travaille pour [[Rhilder le Fou]] à détourner le minerai d'argent des mines de la région, théoriquement destiné à l'État-Major, au seul bénéfice du dément Prévôt de la [[Marche des Lacs]]. <br />
<br />
Rhilder n'est vraiment pas quelqu'un avec qui Durgaut peut se permettre d'être en guerre ouverte, puisqu'il est son supérieur direct, un puissant "[[:Catégorie:Seigneurs du Nord|Seigneur du Nord]]" (comme on appelle les impériaux qui se taillent des fiefs dans les Marches) et un putain de psychopathe, notoirement responsable du génocide de la tribu emishen des [[Rimdehl]] (les Geaies).<br><br />
'''Mais notre brave Capitaine est en fait pris à la gorge ''' (en plus d'être très énervé contre le Prévôt qui le ruine par ses magouilles et lui réclame d'envoyer des troupes que [[Tal Endhil]] n'a pas pour participer à la guerre contre les [[Oloden]])... S'il n'envoie pas bientôt '''des lingots d'argent à l'État-Major''' du [[Duc-Gouverneur]] pour couvrir le quota de la [[Mine Bénie]] (apparemment pillée par les [[Kormes]]), Durgaut va sauter.<br><br />
En fait, il n'est encore même pas sûr de pouvoir obtenir le titre de "Bailli de Tal Endhil" vu les exigences du [[Aristame de Gorme|Primat]] en la matière, mais espère bien réussir à l'épater d'ici son arrivée. D'ailleurs, s'il reste en poste et devient bailli, il sait avoir besoin de beaucoup de pognon pour embaucher assez de mercenaires pour enfin contrôler son territoire et développer la région.<br />
<br />
Durgaut a donc conçu un plan audacieux pour régler plusieurs problèmes à la fois : '''braquer le convoi de métaux''' qui va bientôt partir de Solerane pour [[Darverane]], siège de la prévôté harcelé par les troupes de [[Kainen Tahrel]]. Ainsi, il mettra la main sur une véritable fortune (l'argent détourné caché dans des lingots de cuivre, l'argent "officiel" envoyé de Solerane pour l'état-major via Rhilder, du cuivre et de l'étain en quantité...) dont il compte employer une partie à payer son quota au Gouverneur, une autre à racheter des esclaves [[Edell'Okhil]] de la [[Marche des Gemmes]] comme il l'a promis à ses alliés emishen, et le reste à constituer une petite armée.<br><br />
Il en était à mettre au point un plan solide lorsqu'il apprend que la route de Darverane, coupée par les Kormes depuis des semaines, vient apparemment d'être rouverte suite à une contre-offensive de Rhilder : '''le convoi de métal ne devrait plus tarder à partir, il faut agir vite'''. Et comme [[Vighnu Pratesh]] vient de rentrer du [[Cercle des Hautes Pierres]], il décide d'embaucher l'assassin pour courir l'aspect le plus délicat de la mission : assurer le secret.<br />
<br />
{{Secrets|Ce qu'il ignore malheureusement, c'est que Jornil a lui aussi enquêté sur les trois attaques successives qu'il a subi de la part de ruffians non-identifiés : d'abord on a tabassé nombre de petits truands sous les ordres de son fils, [[Jorem Cuivré]], ensuite on s'en est directement pris à deux de ses lieutenants notamment impliqués dans la contrebande d'argent, enfin un éboulement à la mine de cuivre qui s'est révélé être un sabotage (les mercenaires de Durgaut avaient pour instruction de "recruter des mineurs" et n'ont rien trouvé de mieux). <br><br />
Jornil a donc d'abord envoyé un certain '''Worik''' se mêler aux mineurs "responsables de l'éboulement" qu'il a lui-même renvoyé et qui partaient s'engager auprès de Durgaut. Mais son agent, qui s'était mêlé à l'expédition minière menée par [[Mérane "Roulier"]], est mort connement, tué par des Kormes, pendant l'épisode [[5) "Le Pont"]]. Puis le patron-minier a envoyé un messager auprès de son bon ami [[Adira Pratesh]] pour se renseigner sur les mercenaires de Durgaut (Adira étant alors en pleine bisbille avec le Capitaine, il a volontiers informé Jornil) et contacté son autre associé à Tal Endhil, Maître [[Plirune]] (Jornil partage la propriété de la mine de fer du village avec Plirune et Gaster, ce que le Capitaine est sensé savoir mais dont il ne réalise pas l'importance) pour obtenir quelques renseignements de plus (notamment sur les finances de Tal Endhil). Adira l'a ensuite informé de tout ce qu'il avait appris sur l'arrestation de Gaster (notamment que ce n'était pas lié qu'au magouilles de leur [[Guilde]])... Bref : Jornil a compris que Durgaut était après lui et pris des mesures en conséquence.<br><br />
Car s'il ne peut pas se permettre de retarder d'avantage le convoi de métal (Rhilder a besoin de ce fric pour sa guerre perso et il n'est pas câlin quand il s'impatiente), il a conçu une ruse efficace : embaucher des mercenaires de rab' pour l'escorte et, surtout, contacter par un ami de son fils Jorem une "''petite bande de brigands récemment arrivés dans le secteur''", la [[Confrérie du Chacal]]... }}<br />
<br />
<br />
== À la "Taverne Penchée" ==<br />
'''Il fait déjà nuit lorsque la Taverne, récemment rachetée par les mercenaires de Durgaut, ferme ses portes beaucoup plus tôt que d'habitude''' en chassant les soiffards qui comptaient y passer leur soirée en galante compagnie ; les prostituées, récemment rendues à leur autonomie sous l'autorité de la belle [[Garnelle]] (maîtresse occasionnelle du jeune Eldan,) sont également invitées à rentrer chez elles et le quartier lacustre de Tal Endhil est donc rapidement rendu au silence et à la brume nocturne...<br> <br />
'''Pourtant, quelques silhouettes discrètes gagnent bientôt la Taverne apparemment close :'''<br />
* '''l'apothicaire [[Vighnu Pratesh]]''' (Loriel) n'a eu qu'à franchir quelques pontons depuis sa propre échoppe, son matériel d'empoisonneur sous le bras et ses armes dissimulées sous son large manteau reman, où bat un petit cœur sec depuis si longtemps, récemment réveillé et illico brisé par Islinna : les femmes sont cruelles. Déjà en grande partie au courant de la mission, la seule chose qu'il ignore c'est ce qu'ils vont voler. Mais vue la somme promise par le Capitaine, il est trop heureux de ne pas poser de questions.<br />
* '''[[Nadine "la Moucheuse"|Diane Maletudine]]''' (Orlanth) est une Kerdane, quoiqu'elle prétende être une remane originaire de la cité portuaire de Rigorne, embauchée depuis quelques mois dans l'Armée du Nord, suite à des problèmes avec ses compatriotes. Femme dans une armée de macho, elle a bientôt eut d'autres ennuis (décidément) qui l'ont incité à déserter pour rejoindre la petite communauté kerdane de [[Tal Endhil]] sur les conseils de son mentor, le célèbre maître d'armes [[Vasco Sotorine]]. Sauf que [[Ranyella Sotorine|Ranyella]] la pilote ne veut pas d'une renégate dans sa troupe et l'a donc refilée au Capitaine sans lui expliquer les casseroles que trimballe l'arbalétrière...<br />
* '''[[Andréas "Odran"]]''' (Humphrey B) a récemment eut un entretien secret avec le Capitaine qui pourrait se résumer ainsi : "''Je sais que vous êtes un sorcier, mais je suis prêt à fermer les yeux si vous bossez pour moi. _Ça pourrait m'arranger, vu que je suis là pour mettre fin à la dispersion d'artefacts qui commencent à foutre le boxon à [[Duriane]], mais je vais pas m'en sortir tout seul. _Splendide : faudra me neutraliser le machin dans la Mine Bénie. Dans l'intervalle, vous êtes embauché comme espion. Vous commencez demain, rendez-vous à la Taverne Penchée après la fermeture.''" Il arrive donc avec un peu d'avance et pas mal de bagages, dont son précieux grimoire, ses herbes médicinales et un certain objet qu'il a passé presque deux jours à chercher dans le torrent en contrebas de la [[Mine Bénie]].<br />
* '''[[Oleytan "le Furet"]]''' (PNJ), lui, s'est engagé dans les mercenaires de Durgaut dès son retour de "l'Opération Tréfonds" : il se sent désormais un vrai guerrier, veut participer à l'alliance entre les Talendan et les Elloran mais, surtout, il a enfin couché avec le grand amour de sa jeune vie : la jolie négociante lewyllen [[Doma Sholen]]. Celle-ci l'a inexplicablement largué à l'arrivée à Tal Endhil en lui expliquant que "c'était fun, mais t'es juste trop jeune pour moi" (elle court en vain après [[Nevel Sholdanan]] depuis 4 semaines). Après une intense réflexion, le jeune guerrier est arrivé à la seule conclusion "sensée" : s'il veut que la belle marchande le reprenne, il doit lui prouver qu'il est capable de lui assurer le train de vie qu'elle a perdu, et pour ça, il lui faut "des rondelles", comme les Emishen nomment la monnaie impériale. Il ne comprend pas grand-chose à la mission que Durgaut lui a proposé, mais il est bien content puisqu'il va être payé royalement.<br />
* '''[[Eldan "le Moineau"]]''' (Aloun) arrive le dernier, accompagné d'une montagne de muscles habillées de haillons qu'il vient de récupérer dans l'unique geôle du donjon : [[Herle de Lorune]] (Ego'), noble et chevalier du temple récemment défroqué. Lui aussi a des problèmes, parmi lesquels l'alcool, la violence et un sens aigu de la justice qui, après lui avoir coûté sa charge d'inquisiteur lors d'une altercation avec le Primat lui-même, l'ont fait rétrogradé comme simple soldat dans la troupe de [[Bagoran de Marale]] (chargé de le "mater" : échec critique) et récemment conduit à défoncer le portrait d'un connard de Chevalier du Temple (donc un de ses "supérieurs") qui tabassait une gamine emishen. Son séjour en taule auprès du plaintif Gaster s'est terminé lorsque le Sergent LeCornu a jeté son dévolu sur le prisonnier, et convaincu le Capitaine de l'embaucher.<br />
<br />
'''Lorsque tout ce petit monde est attablé''' dans la taverne sur pilotis qui grince et (effectivement) penche sous l'effet de la houle, [[Le Cornu]] qui tenait le comptoir fait entrer deux de ses collègues, le massif imbécile qu'on appelle "La Poigne" et le brigand reconverti au visage marqué par la petite vérole qu'on appelle "Le Grêlé". Comme Eldan et le Sergent, ils ont survécu à tous les combats depuis la [[Bataille de Tal Endhil]] et sont tout dévoués au glorieux chef qui va bientôt faire d'eux la "''garde bailla, bailliagiale...heu... baillique... la garde du bailli, quoi''", et qui lui-même pénètre dans la grande salle inclinée à leur suite, une vaste carte sous le bras :<br><br />
« Bonsoir mademoiselle et messieurs, nous avons peu de temps et je vous demande d'être extrêmement attentifs à l'exposé qui va suivre.» Pendant que Vighnu et Andréas dégagent leurs gobelets pour laisser Durgaut déployer la superbe carte (signée [[Ordano Sotorine]]) sur la table crasseuse, les 6 autres membres de l'équipe s'approchent pour suivre le briefing dans la lumière chiche des chandelles. Le Capitaine enchaîne :<br />
« La mission que j'ai à vous confiée est dangereuse, urgente, secrète, absolument vitale pour Tal Endhil et ''remarquablement bien payée''. Si certains d'entre vous ne s'en sentent pas capables et préfèrent retourner à leurs activités précédentes, qu'ils le disent tout de suite. Car une fois que je vous en aurais exposé les objectifs, Messire Pratesh ici présent sera le garant ''de votre silence''. Tout le monde est motivé et se sent capable de se taire ensuite, en cas d'échec comme de réussite ? Parfait. Sergent, passez-moi les figurines...<br><br />
« Dans les jours qui viennent, peut-être même dès demain, '''un convoi lourdement gardé''' va quitter [[Solerane]] à destination de [[Darverane]] (Durgaut pose une miniature en bois, une espèce de coffre aux pieds vaguement arrondis, sur la carte) : il contient plusieurs coffres très lourds que vous êtes chargés d'intercepter, de préférence avant "l'[[Auberge du Pont]]"... C'est quoi ça, Le Cornu ? demande le Sauveur de Tal Endhil quand son sergent lui passe une espèce de cube prolongé par un jambage tordu.<br><br />
_''C'est l'Auberge du Pont, mon 'Pitaine. C'est La Tortue qu'a fait les sculptures, mais on a pas eu bien l'temps.<br><br />
_''Je vois... À "l'Auberge du Pont", donc, se trouvent actuellement plusieurs dizaines de marchands qui, depuis des semaines, y attendent que les troupes de Rhilder reprennent le contrôle de la route vers Darverane aux Kormes qui harcèlent la prévôté (il pose du côté du [[Mont Grison]] un petit bonhomme chauve et noirâtre) avec l'appui des troupes Emishen de Kainen Tahrel (Vighnu approuve du chef). <br><br />
Si le convoi de Solerane rejoint la première caravane groupée en partance pour Darverane, il sera alors probablement trop entouré pour que vous puissiez tenter quoique ce soit. Vous êtes ici... mais c'est quoi ça ? Un chien ?<br><br />
_''Un ch'val mon 'Pitaine, pour représenter, le commando.<br><br />
_''Vous avez pu leur trouver des chevaux ?<br><br />
_''Ah non mon 'Pitaine : c'est des pirogues, pour quitter le village. Ensuite s'ront à pied. Mais La Tortue, quand il a commencé, i'l'savait pas, pis i' sait pas faire les pirogues, et de toutes façons ça va surtout se faire par voie de terre alors, heu... Vous préférez un bouchon, ou un dé en os ?<br><br />
_''Va pour le chien (soupir)... Donc : vous êtes ici (il pose la figurine sur Tal Endhil), vous partez dès cette nuit pour atteindre Solerane (le "chien" rejoint le "chariot"), où vous serez chargés de repérer le convoi et de surveiller ses préparatifs de départ. Le but est de lui tendre une embuscade dans les deux jours qu'il lui faudra pour effectuer ce parcours (le chariot glisse sur les segments de la route marqués "1, 2, 3, 4, 5"). Si vous pouvez intercepter le chargement sur les berges du [[Lac d'Acier]], il sera plus aisé de le transporter à bord de barges ou de pirogues. <br><br />
Le Moineau connaît la ville et les hommes qui escorteront ce convoi, Messire de Lorune a la charge de l'assister en tout -et de s'assurer qu'aucun d'entre vous n'ait la mauvaise idée d'ouvrir les coffres. Maître Pratesh est chargé de trouver des embarcations pour les chargement et d'assurer le secret de l'opération (Vighnu sourit, pensant aux peintures de guerre Kormes qui n'ont pas servit lors de l'[[Opération Tréfonds]] et à la barge kerdane cachée depuis dans les marais près d'[[Écume 6]]). Vous devrez quitter le village et y rapporter les coffres sans être vus, ni dire à quiconque d'où vous venez ni où vous allez. <br><br />
Car, j'insiste, '''cette opération peut assurer le salut de Tal Endhil si elle réussit, mais sonner notre perte à tous si quelqu'un devait découvrir qui a commandité l'attaque'''. Une prime substantielle versée à notre cher apothicaire en sera la garantie.<br />
<br />
_''Ça veut dire "pas de témoins", demande Diane ?<br><br />
_''Ça veut dire "démerdez-vous pour que personne ne puisse vous reconnaître, suivre votre piste et remonter jusqu'à nous" : je préférerais que vous épargniez les civils, mais Maître Pratesh sera décisionnaire en dernier recours. À part lui, '''vous serez payés chacun 2 pièces d'or pour cette brève mission et votre durable silence''' (la solde mensuelle d'un mercenaire étant de 2 pièces d'argent, ça fait 10 fois plus pour quelques jours de boulot). Des questions ?<br><br />
_''C'est quoi, dans les coffres ? Ça pèse ?<br><br />
_''Le contenu ne vous regarde pas mais, oui : ça pèse. Probablement autour de 200kg en tout.<br><br />
_''C'est qui, qu'on braque ?<br><br />
_''Pas votre problème non plus. Fiez-vous à Eldan, soyez discrets et ça ne devrait pas avoir d'importance.<br><br />
_''Les gars de l'escorte, c'est des pros ?<br><br />
_''Quelques-uns, oui, mais la plupart seront des mercenaires en permission, des cochers endurcis, des coupes-jarrets, des gardes plus habitués à surveiller des esclaves... Le problème, c'est qu'ils doivent se méfier : ils ont eut des ennuis récemment, ils savent que le trajet est dangereux et ils seront sur les dents. Il se peut même que vous soyez déjà attendus à Solerane. J'insiste : '''''méfiez-vous'''''.<br><br />
_''Qu'est-ce qu'on a comme matos ?<br><br />
_''Vous étiez prévenus d'emporter le vôtre, mais Eldan conserve quelque argent pour vos frais de mission, des vivres, un peu de charbon, des flèches, des torches et des cordes vous attendent avec les chev...<br><br />
_''Dans les pirogues, mon 'Pitaine.<br><br />
_''Dans les pirogues, donc. J'ajoute les papiers que m'a demandé monsieur Odran (il confie une petite pochette de cuir à Andréas, contenant du parchemin, des lettres officielles de la main de [[Rhilder]] et son sceau de cire, pour pouvoir si besoin modifier les ordres de mission du convoi) et vous emportez cette carte, annotée par mes soins, en espérant qu'elle puisse vous aider : ne la perdez pas ! ''[Durgaut leur confie par ce biais un de ses précieux point d'Histoire.]'' Autre chose ?<br><br />
_''Y a le Venteux qu'a pas tout compris, vu qui parle pas bien not' langue...<br><br />
_''Messieurs Odran et Pratesh devront donc lui ré-expliquer en ramant. Bonne chance à tous : le destin de Tal Endhil est entre vos mains ! Mais pas les figurines, La Poigne : repose ça ! <br><br />
_''Pardon mon 'Pitaine. »<br />
<br />
[[Fichier:Carte-Carrée.jpg|900px|thumb|left|La carte remise par Durgaut, telle que les joueurs l'ont découverte la première fois...]]<br />
<br />
<br />
<br />
== En route vers Solerane ==<br />
Pendant qu'on roule la carte, LeCornu et Herle déplacent la lourde table, révélant une trappe dans le plancher qui, une fois déverrouillée et ouverte, donne sur une échelle de corde descendant le long d'un pilier de bois, où sont amarrées deux pirogues emishen. Avec quelques difficultés dues à la disparité de poids et d'agilité de ses huit membres comme aux bagages de certains l'équipe embarque et glisse silencieusement sur les eaux couvertes de brouillard :<br><br />
<br />
«_''Attention avec ça, c'est des armes emishen. <br><br />
_''Pourquoi foutre ? <br><br />
_''Pour passer pour des Kormes. <br><br />
_''Pas con. Mais qu'est-ce qu'il fout avec un bouquin, lui ? <br><br />
_''Je suis chroniqueur... <br><br />
_''Et vous allez chroniquer l'opération ''secrète'' ?! <br><br />
_''Houlà non, je... j'ai d'autres talents. Falsifier des sauf-conduit, par exemple. <br><br />
_''Je vois...»<br><br />
<br />
Ils atteignent bientôt la rive sud du Lac Troisième, en amont du campement où dorment les caravaniers lewyllen, sans que les [[Soldats du Temple]] qui gardent actuellement les remparts n'aient rien remarqué.<br />
<br />
Après un conciliabule entrecoupé d'engueulades, un poème (Herle versifie par instant), une tentative de vol et plusieurs menaces physiques pour l'empêcher, les PJ décident de ne pas partir en quête de la barge cachée par Vighnu dans les marais mais de foncer de nuit vers Solerane, à pied, pour atteindre la ville au plus tôt, juste après que Diane ait confié au fleuve un étui flottant contenant 4 pièces d'argent (sur les 20 confiées à Eldan) et un message pour les Kerdans d'[[Écume 6]], leur enjoignant d'envoyer des embarcations vers la presqu'île du [[Lac d'Acier]] ''[le joueur a oublié que son perso n'était plus bien vu chez les bateliers, et Vighnu y a même mis 1pH pour que le message arrive : ce fût bien le cas...]''.<br />
<br />
Abandonnant dans les embarcations tout le matériel trop lourd, les mercenaires se répartissent les vivres, une arme emishen chacun et la longue marche commence. Lorsque l'aube se lève, Diane, Oleytan et Eldan, très en avant des autres, font la course dans la descente après avoir passé le Col de Nilfenan (au sud-ouest de la mine de fer, sur la carte) histoire de défouler leurs tempéraments casse-cou et ombrageux... ce qui vaut d'ailleurs à Eldan de se niquer la cheville dans une belle gamelle : on sent bien, dès que les officiers ne sont plus en vue, que ça va pas être très sérieux comme opération.<br />
<br />
=== Rencontre insolite ===<br />
Pendant que le fort peu sportif Andréas prend des heures de retard sur les autres et que Vighnu reste avec lui autant pour assurer sa protection que pour causer "''chroniquerie''" et politique locale (Vighnu envisage de créer un [[Hospice de Tal Endhil|hospice à Tal Endhil]] !), Oleytan, Diane et Eldan (qui boitille) arrivent en milieu de matinée au gué qui traverse la [[Rivière aux Élans]] (ainsi nommée car elle est sur le point de passage de la migration des grands cervidés, qui commencent d'ailleurs à remonter en cette saison vers les pâturages au nord de la [[Marche des Lacs]])... <br><br />
Ils sont assez surpris d'y trouver un grand costaud, ventru et entièrement chauve, portant des vêtements très vaguement emishen, assis sur un rocher au bord des flots et curant tranquillement au couteau le sang séché qui s'incruste dans les creux de sa lourde masse de bois sculpté. Les trois éclaireurs essoufflés par leur cavalcade repèrent assez vite les discrètes silhouettes déployées dans les bois autour du chemin et, chacun la main sur leur arme favorite, s'approche avec circonspection :<br />
<br />
«_''Bonjour... <br><br />
_''B'jour, répond le gros dans un Reman médiocre, avec un accent typiquement "venteux". Z'êtes avec le noir ? Vigjniou Bratéche ?<br><br />
_''Ben là tout de suite... non. Mais des fois on le croise, quoi. Vous l'attendez ? <br><br />
_''J'ai un message pour lui. <br><br />
_''Vous voulez pas nous le donner ? On le transmettra quand on le verra ce soir... <br><br />
_''Non, d'solé, c'est privé. <br><br />
_''C'est pas un message à coup de masse, au moins ? <br><br />
_''Héhé. Non. Pas cette fois.» <br><br />
<br />
N'ayant qu'à moitié envie de s'avancer dans le gué sous la probable ligne de tir d'archers dissimulés ni même de laisser une embuscade entre eux et le reste du groupe, quoique aussi un peu parce qu'ils ont alors pas loin de 12h de rude marche dans les jambes, Diane, Oleytan et Eldan se posent également près de la rivière, se trempent un peu les pieds (Diane va même s'éloigner pour faire un peu de toilette : par instant, dans ses Réactions, sa "Sensibilité Féminine" ressort), cassent la croûte, font une petite sieste... tout ça en gardant perpétuellement un œil sur les alentours et leurs armes à portée de main. <br />
<br />
Lorsqu'ils sont rejoints par Sire Herle de Lorune, La Poigne et le Grêlé, d'abord très méfiants, Diane qui a entamé un repas et une conversation en [[Langue des Vents]] avec le Gros leur fait signe de ne pas s'inquiéter, et les trois mercenaires finissent par jouer le même jeu que leurs camarades, profitant d'un peu de repos tout en restant sur leurs gardes. <br><br />
Au bout d'une heure de cette halte méfiante, "l'embuscade" se détend tout autant et Eldan repère bientôt un des archers Korme qui, lui aussi, déjeune sur le pouce à son poste de guet. Il le contourne, se cache, est brièvement suivi mais sème le guetteur, échappe ainsi efficacement à l'encerclement... et ne sait finalement plus trop quoi faire : il craint de déclencher un massacre s'il élimine un guetteur, de se faire repérer s'il continue de traîner près des Kormes, de perdre le groupe s'il s'éloigne et d'être trop loin pour intervenir s'il repart en arrière prévenir Vighnu et Andréas. <br><br />
Aussi reste-t-il caché, guettant les guetteurs, jusqu'à ce que, lassé de perdre du temps alors qu'ils sont pressés, Herle donne le signal du départ et franchisse le gué accompagné des 4 autres. <br />
<br />
Après avoir encore hésieé à les rejoindre carrément ou à rester en arrière, Eldan fini par laisser un signe de danger dans l'écorce d'un arbre à destination de Vighnu et décide de contourner pour franchir la rivière plus loin, ne trouve pas d'autre gué, passe à la nage, se paume en aval dans la forêt et mettra plusieurs heures à rejoindre ses camarades, trempé, gelé, épuisé et bientôt vertement engueulé par l'ex-templier ''[Sire de Lorune lui inflige même un tel jet d'intimidation pour lui inculquer la discipline militaire que le jeune éclaireur en sera durablement marqué : 2pts de Trauma !]''.<br />
<br />
Pendant ce temps, Andréas et Vighnu ont atteint le gué sans même remarquer le signe laissé par Eldan et le [[Fehnri]] est assez surpris de reconnaître le gros korme qu'il a déjà rencontré, il y a plusieurs semaines à Écume 6, lorsqu'ils avaient négocié des vivres et les soins de [[Mona Ma'od]] contre la transmission d'un message pour Adira (qui, si vous vous en souvenez, était arrivé au début de l'épisode [[5) "Le Pont"]], tiré avec une flèche sur la roulotte de Maître Pratesh). <br><br />
Quoiqu'il ne connaisse toujours pas son nom, il s'éloigne avec le chef rebelle et un petit conciliabule surréaliste se joue : les Kormes veulent (Vighnu comprend "[[Lashdan]], Roi des Kormes, veut...") l'embaucher pour assassiner un certain "[[Urgrand]]", le Sorcier barbu originaire des [[Marche des Sylves|Sylves]], qui dirigeait justement le détachement korme lors du siège à la [[Mine Bénie]] :<br />
<br />
«_''Tiens donc ?! Mais pourquoi diable, demande l'assassin hilare ? <br><br />
_''On m'a pas dit de te l'dire, et puis il paraît que les tueurs professionnels ne posent pas de questions. <br><br />
_''Lorsqu'on les paye bien, c'est tout à fait exact oui. <br><br />
_''Hé ben voilà pour toi, dis le Korme en lui tendant une grosse bourse de pièces, que le Fehnri s'empresse d'ouvrir avidement. <br><br />
_''Mais... vous vous foutez de ma gueule ?! C'est des pièces de cuivre ! <br><br />
_''Et alors, c'est pas bien ? <br><br />
_''Mais c'est pas du tout assez, enfin ! Je suis un spécialiste, moi ! Je bute pas les gens pour 30 ou 50 pièces de cuivre !<br><br />
_''Ah. Mais c'est tout ce qu'on a nous, même qu'on s'est tous cotisés pour rassembler ça. <br><br />
_''Mais c'est pas possible, vous comprenez rien au commerce, à la fin ! Et il est où, votre Sorcier, d'abord ?<br><br />
_''Ben on sait pas, nous, pourquoi tu crois qu'on s'adresse à toi ? Tu crois pas que je serais foutu de lui coller ma masse sur la gueule moi-même si on savait où il campe ? [[Etayn-la-Louve|La Louve]] dit qu'elle l'a perdu quelque part chez vous, du côté du Premier Lac, mais c'était il y a déjà plusieurs jours.<br><br />
_''Bon, écoute, voilà ce qu'on va faire : dis à ton Roi que je suis d'accord sur le principe, mais que déjà ça va vous coûter 20 pièces ''d'or'' et qu'ensuite, soit vous savez me dire au moins à peu près où il est, soit ça risque de prendre pas loin d'un mois (car Vighnu pense savoir où Urgrand devrait se trouver dans environs trois semaines, héhé...). Dis-lui ça et, quand vous aurez la somme, contactez-moi.<br><br />
_''Mais où tu veux qu'on trouve de l'or, nous ?<br><br />
_''Non mais c'est un prix, vous pouvez aussi bien me ramener 200 pièces d'argent, ou 4 lingots d'argent, par exemple. Vous en avez bien, des p'tites barres en argent, prises dans une certaine mine, hmmm ?<br><br />
_''Mais... non. De quoi tu parles ?<br><br />
_''Oh le con ! Rha merde, il fait vraiment chier ce connard de sorcier !<br><br />
_''C'est bien pour ça qu'on t'embauche, oui.<br><br />
_''Bon alors 20 pièces d'or ou l'équivalent, vous trouverez bien ça quelque part pendant que vous vous battez dans la [[Vallée de Cainil]], hein, je ne m'en fais pas pour vous. Quand vous avez la somme, vous me recontactez, vous versez la moitié d'avance et, moi, je tue votre sorcier.<br><br />
_''J'espère que d'ici là on l'aura trouvé nous-mêmes, mais sinon, on saura bien te joindre, ouais. Et bonne journée.»<br><br />
Et pendant que Vighnu se frotte les mains, les Kormes se dispersent dans la forêt sous le regard médusé d'Andréas.<br />
<br />
<br />
== La Ferme-Relais "[[Le Marchepied]]" ==<br />
<br />
<br />
[[Fichier:Marchepied.jpg|900px|thumb|left|Le Marchepied]]<br />
<br />
<br />
Il fait presque nuit noire lorsque les 6 mercenaires fourbus atteignent enfin la ferme-relais qu'on appelle le "Marchepied", au pied de la route montant vers Solerane. Si Oleytan (trop repérable) est laissé avec le matériel dormir à l'extérieur, Diane, Eldan et Herle, bientôt suivis par La Poigne et Le Grêlé (trop crevés pour accepter de se peler le cul à camper dehors), pénètrent les uns après les autres dans l'enceinte de bois où un drôle de type pâle, un albinos efflanqué aux longs cheveux blancs qu'Eldan sait être surnommé "Craie" (chef des gardiens d'esclaves de la mine de cuivre), est en train de passer ses nerfs à coups de fouet sur deux malheureux emishen, une femme et un adolescent enchaînés au puits du milieu de la cour. <br />
<br />
Comptant avec l'albinos un escrimeur tout en noir s'engueulant avec le tavernier (une histoire de chevaux, de halte imprévue et de prix du fourrage) plus 4 soldats portant la livrée du Duc-Gouverneur (donc probablement issus de la garnison de Solerane), et soucieux de sa mission avant tout, Herle tempère ses instincts justiciers et suit la Kerdane dans le corps de ferme transformé en auberge de seconde zone, où il entreprend de noyer sa mauvaise humeur dans la bouteille d'hydromel prise à la Taverne Penchée. Si un jovial marchand de draps nommé [[Teillard]], parti de [[Celanire]] vers le "marché de printemps" de Tal Endhil, tente bien d'engager la conversation avec les voyageurs, Diane l'envoie paître rudement (et nos héros se privent de la seule occasion de se renseigner sur la route qu'ils ont à faire) mais lance une petite partie de dés avec Eldan et Herle pour attirer à eux [[Craie]] et [[Esteval]] (l'escrimeur à l'armure de cuir sombre) et tenter de leur soutirer quelques informations sur l'exploitation des esclaves venteux à Solerane. Justement, les deux gardes-chiourmes, 3 autres collègues et 6 soldats prêtés par la garde sont à la recherche d'une 15aine d'évadés, échappés le matin même de la mine de cuivre. Diane propose bien de participer à la traque contre rétribution, mais Eldan ruine sa tentative d'approche en ne pouvant se retenir d'aller porter un peu d'eau et de pain aux deux malheureux prisonniers. Herle -qui perd aux dés et voit les deux crevures descendre gaiement sa bouteille- semblant se retenir de plus en plus laborieusement d'écraser la tronche de Craie à chaque fois qu'il fait des remarques cruelles sur les "venteux", les voyageurs vont se coucher tôt après un rapide souper et Diane s'arrange assez finement pour que leur propre groupe gagne le contrôle de l'escalier et des 2 rares fenêtres du grenier aménagé en dortoir, qu'ils vont devoir partager avec le binôme d'esclavagiste, les soldats s'installant dans l'étable au dessous.<br />
<br />
=== Rencontre avec des fugitifs ===<br />
<br />
C'est à peu près le moment où, traînant le chroniqueur qui dort debout dans l'obscurité de la route forestière, Vighnu voit soudain jaillir un grand type hirsute de la forêt, qui saute sur le fehnri en tentant de l'étrangler avec la chaîne qui lui lie les poignets : l'assassin pare de justesse avec son [[katara]], une femme armée d'une branche sort à son tour des taillis et Andréas est basculé au sol par une jeune fille qui tente de lui éclater le crâne à coup de pierre, mais il parvient à la repousser de peu (elle est presque aussi épuisée que lui). Reconnaissant une Emishen (et réciproquement) alors qu'il tirait sa dague pour se défendre, l'érudit crie en Langue des Vents "Arrêtez, nous sommes des amis ! Vighnu, ce sont des Emishen !", ce qui suffit à stopper le début de combat et permet à Andréas de proposer de la nourriture et des soins aux esclaves en fuite, finissant de gagner leur confiance. <br />
<br />
Libéré de ses chaînes avec l'aide d'un glaive offert par Vighnu, le trio leur explique avoir réussi à s'échapper des mines de Solerane un peu avant l'aube, grâce à un tunnel vers la surface creusé en secret avec l'aide d'une barde [[rimdehl]] nommée Tahalien. Poursuivis depuis le levé du jour par des cavaliers en armes, ils ont perdu la douzaine d'autres évadés qui les accompagnait, dont des jeunes et des enfants et, loin de leurs régions d'origine (la plupart sont des [[Otlalnan]] de la [[Marche des Lisières]]), ils ont couru un peu au hasard vers le nord et le territoire des [[Liam'Lon]], où aucun Dirsen n'oserait les poursuivre, alors que d'autres avaient préféré tenter leur chance à l'est, vers le Cercle des Hautes-Pierres.<br />
<br />
Les deux Talendan leur expliquent qu'ils sont ici sur le territoire des [[Elloran]] et qu'ils auraient de meilleures chances de filer au nord-ouest vers le Cercle des Cascades et, après avoir longuement hésité à repartir chercher les plus jeunes, les trois fuyards un peu retapés finissent par disparaître vers l'ouest avec quelques remerciements.<br />
<br />
=== Evasion nocturne ===<br />
<br />
Nos deux héros retardataires ne sont donc qu'à moitié surpris lorsqu'ils retrouvent Lerkoren Oleytan en compagnie de 5 autres échappés en haillons, dont Tahalien et un ado sérieusement blessés, plus trois mômes, quoique Vighnu soit un peu atterré par le récit du jeune Elloran.<br />
Car après que leurs compagnons soit entrés à l'auberge du Marchepied, Oleytan, attiré par des cris de douleurs, s'est glissé par-dessus la palissade de rondins et, découvrant les deux prisonniers lacérés à coups de fouet, a attendu la nuit noire pour passer à l'action. Il a malheureusement échoué à assommer proprement la sentinelle de faction dans la cour, mais a par contre réussi à la tuer net avant qu'elle ne crie, puis a traîné le corps du soldat dans une grange. C'est alors qu'il s'acharnait en vain à rompre sans trop de bruit un des maillons de la chaîne que Diane l'a interpellé depuis une des fenêtres du dortoir :<br />
<br />
«_''Psssst ! Mais qu'est-ce que tu branles, merde !? On est pas là pour ça ! <br><br />
_''Je fais mon devoir, tu peux pas comprendre ! <br><br />
_''Mais putain tu va réveiller tout le monde, crétin !». <br><br />
<br />
L'épée à la main, la Kerdane est bientôt descendue le rejoindre pour le convaincre de ficher le camp et, n'y arrivant pas, a fini par l'aider à détordre un maillon en faisant levier avec son épée, histoire qu'il puisse déguerpir avant que quelqu'un ne les entende. Herle s'est réveillé à son tour, lui a ordonné de rentrer se coucher avant de les griller complètement et, la Kerdane disparue dans l'étable en engueulant un soldat qui se réveillait vaguement sur l'air de ''"Quoi ? Keskya, on peut plus pisser tranquille, merde ?"'', Oleytan a sorti discrètement les deux rescapés par là où il était lui-même entré. Apprenant alors qu'ils avaient pu cacher les gosses près de la rivière avant que les cavaliers ne leur tombent dessus, il est ensuite reparti chercher les mouflets de 9 à 12 ans, a nourrit tout le monde et distribué des rations pour le reste du voyage (''"Et donc, là, on a plus de vivres, c'est ça ? Heu... un peu, si..."''). Il se demandait s'il allait abandonner l'opération pour les conduire aux Cascades quand Vighnu et Andréas sont arrivés. <br />
<br />
Renonçant à l'engueuler d'avantage puisqu'il viennent de faire quasiment la même chose, les deux PJ soignent à nouveau les plaies et brisent les chaînes, ré-expliquent la direction du Cercle des Cascades et, recommandant bien aux fuyards d'éviter les routes pour ne pas être repris, ils s'installent pour bivouaquer et s'offrir quelques précieuses heures de sommeil avant l'aube.<br />
<br />
L'aurore pointe à peine lorsque Herle, Diane et les autres se lèvent, déposent quelques pièces de cuivre dans la grande salle et filent sans prendre de petit déjeuner, pendant que Craie et Esteval constatant la disparition de leurs prisonniers commencent à activer les soldats, et que ceux-ci constatent la disparition d'un des leurs. ''"Et vous là, vous avez rien entendu ?!? _Nope : nous on dort sérieusement quand on doit se lever tôt."'' répondent nos héros avant de s'engager, sous la bruine matinale, vers le chemin raide qui monte en lacet vers le nid d'aigle de la cité minière. Rapidement rejoints par Lerkoren Oleytan, Vighnu et Andréas (modérément reposés), ils confèrent sur les évènements de la veille et s'accordent sur un plan : Eldan (puisqu'il connaît Solerane), Andréas (qui compte s'arrêter dans un temple pour se lancer dans l'enchantement d'un document puissamment convaincant pour faire partir le convoi avec une escorte réduite ''"car tout danger est désormais écarté"'') et Diane (qui pense pouvoir s'infiltrer dans la-dite escorte) iront en ville pendant que le gros de la troupe (''"J'suis pas gros j'suis juste un peu envelo _Ta gueule, La Poigne : t'es lourd."'')attendra caché dans la forêt. <br />
<br />
=== Plan d'action ===<br />
<br />
Dès que le convoi sera prêt à partir, les mercenaires partiront devant pour semer des embûches sur sa route afin de le ralentir (comme un sapin ou des rochers ''"décrochés par le dégel"'') : s'ils parviennent à le retenir assez longtemps dans la gorge pentue et traîtresse que les chariots auront de toutes façons du mal à négocier (le segment 2, sur la carte), ils peuvent l'obliger à passer sa première nuit avant le gué sur l'[[Anil'wel]] (milieu du segment 3). Le lendemain, la caravane sera donc obligé de forcer l'allure pour sortir de la forêt qui suit (segment 4) avant le crépuscule : réputée dangereuse (c'est, avec la gorge, le site d'embuscade préféré des Kormes, c'est d'ailleurs là que la colonne de Durgaut s'est faite attaquer au début de l'Épisode 1), le mauvais chemin tortueux y sera en cette saison embourbé par les ruisseaux et, avec un peu de sabotage supplémentaire (en creusant par exemple le lit d'un petit torrent pour former une combe traîtresse), l'escorte arrivera dans la vaste prairie marquant le dernier bout droit (5) en fin d'après-midi, épuisée par deux journées difficiles et fera probablement halte, croyant avoir fait le plus dur... Mais c'est justement là que l'attendra notre commando camouflé et grimé en Kormes, qui lui tombera dessus avant qu'elle ait eut le temps de souffler, laissera filer les non-combattants pour qu'ils puissent témoigner de la culpabilité des rebelles mais massacrera impitoyablement tous ceux qui pourraient les avoir vu de trop près au Marchepied ou à Solerane. En se coordonnant avec Diane pendant qu'elle s'isolera ''"pour pisser"'' le long du parcours, ça devrait marcher très bien (c'te blague).<br />
<br />
Image à rajouter<br />
<br />
<br />
<br />
== Enquête ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== [[Solerane]] (Diane, Andreas, Eldan) ===<br />
<br />
[[Fichier:Solerane-grand.jpg|900px|thumb|left|Solerane]]<br />
<br />
Entrant en ville par la Porte Basse alors que le crachin continue, le trio d'espions improvisés passent devant les vastes écuries où des palefreniers semblent avoir rassemblé au moins une cinquantaine de chevaux, puis remontent les rues pentues et mal pavées, encadrées d'étroites maisons de pierre et d'ardoise, en direction de l'Hostellerie des Moindres, attenante au temple et tenue par les religieux locaux. Traversant au passage la grand'place surmontée d'un vaste marché couvert au bout duquel s'élève le siège de la Guilde Minière locale, ils constatent que des bouviers attèlent ou chargent des chariots sous les halles, alors que des marchands s'assemblent devant le porche du sanctuaire : ça sent le départ...<br />
<br />
Le réfectoire de l'hostellerie est aussi sombre qu'encombré par une bonne 20aine de mercenaires pour la plupart loqueteux, de forestiers et de négociants qui semblent tous attendre qu'un sergent courtaud et obèse s'occupent d'eux : Eldan le connaît sous le nom de "La Boule" comme le membre le plus corrompu de la garde locale, qui offre fréquemment les services de ses hommes à Jornil Cuivré et laisse prospérer les coupes-jarrets qui hantent avec son fils [[Jorem]] la boutique d'un marchand de vins, "Le Carafon".<br />
Pendant que Diane réussit à se bouffer le nez avec l'épaisse bonne-sœur qui sert pain et brouet aux clients (c'est une manie), Andréas trouve son chemin vers la sacristie pour demander au prêtre s'il pourrait s'y installer pour "travailler dans le recueillement nécessaire à ses enluminures". [Sur un jet de "Contacts dans la Pègre" réussit], Eldan le brigand repenti avise bientôt un drôle de novice qui accueille les voyageurs dans la cour en semblant éviter la salle, qu'il reconnaît illico comme un croche-bourse du coin, déguisé pour pouvoir "courtoisement débarrasser les voyageurs de leurs bagages" sans se faire trop remarquer des sœurs et des vrais disciples du Culte (et puisque je peine à lui donner un nom, il le baptise "Boule-de-Suif"). Son camarade interpellé en plein travaille lui explique que La Boule est venu sélectionner les meilleurs combattants disponibles pour les intégrer à l'escorte du convoi minier, les autres devant se contenter de la moindre paye offerte à l'escorte d'une caravane marchande qui devait partir ce matin avec un troupeau de chevaux emishen, mais qui a pris du retard malgré les tentatives du Cuivré pour les faire activer, allant même jusqu'à participer à la solde des convoyeurs pour peu que les marchands acceptent d'ouvrir la route en précédant d'une journée ses propres chariots. Bien sûr, quelques piécettes peuvent toujours faire pencher le jugement de l'adipeux sergent. ''"Et sinon, on peut saluer des copains au Carafon ? _Ben non, curieusement, y a quasiment personne depuis hier, déjà : ch'ais pas où ils sont tous passés. Même la bande à Jorem elle y est pu'..." ''<br />
Mais cette "cervelle de moineau" d'Eldan aura tôt fait de perdre l'information.<br />
<br />
Jugeant plutôt minables les guerriers déjà choisis, Diane se porte volontaire et décide de démontrer ses talents à l'arbalète en faisant tinter la haute cloche du temple d'un carreau tiré depuis le fond de la cour, selon un angle de tir particulièrement réduit par les étroites voutes du clocher et dans la visibilité voilée par la pluie et la grisaille : ''"Si une gonzesse y arrive, j'veux bien l'embaucher, tiens !"'' ironise La Boule. Et si Eldan s’éclipse vivement vers le campanile pour faire sonner la cloche du pommeau de sa dague si la Kerdane devait manquer, il n'a pas encore atteint le sommet qu'un trait ricoche sur le bourdon et faisant sonner le bronze avant de retomber côté grand' place. ''"Et sinon, c'est combien la paye ?"'' demande la tireuse d'élite d'un ton narquois, avant d'aller rejoindre la table où attendent déjà les autres vainqueurs, deux étrangers à l'air farouche et une paires de jeunes imbéciles qui se présentent comme ''"[[Trevan de Rigorne]], chevalier errant ! _Et [[Gavin]], son loyal écuyer. _Ah ben putain, si c'est le haut du panier j'ose pas voir le fond..."'' leur décoche Diane, toujours aimable. <br />
<br />
Informé que le convoi va de toutes façons partir le lendemain, que Diane y est embauchée, que l'éclaireur doit aller acheter quelques provisions pour le reste de l'équipe et puisque les religieux sont tous très occupés avec la foule des clients, Andréas profite du reste de sa matinée pour étudier bien tranquillement sa récente trouvaille. <br />
<br />
(Spoiler même pour les joueurs de cet épisode : En examinant les bagues mobiles qui se découpent dans la sphère d'or-rouge héritée de [[Langard]], le mage découvre qu'elle est à la fois un focus capable de stocker de l'Essence magique, un catalyseur qui facilite le transfert d'Énergie vitale pour la chargre plus facilement et un amplificateur doublant la portée de la plupart des sorts : bien qu'il ait du payé 2pH pour la retrouver, Andréas Odran est ravi ! Bien sûr, il ignore encore que le spectre de son défunt propriétaire y a été piégé, et qu'il se manifestera lorsque l'objet sera suffisamment rechargé…)<br />
<br />
=== Interlude Forestier (Vignu, Herle) ===<br />
<br />
Pendant ce temps, Vighnu et Herle se sont éloigné dans la forêt après avoir entendu de lointains aboiements : voulant voir de quoi il retourne, ils découvrent une petite chaumière isolée, où une mère de famille fend du bois avec dextérité pendant que ses deux jeunes enfants jouent en rassemblant les demi-bûches sous l’œil de deux énormes [[dogues de Marale]], des molosses presque aussi hauts que des poneys. En s'approchant sous le vent, les mercenaires réalisent que ce doit être la demeure de Thuril le Brun : un forestier réputé dans la région et qu'Eldan leur a expliqué servir régulièrement de guide aux caravanes, en particulier celles de Jornil Cuivré, de loin son meilleur employeur. Ils envisagent un moment de kidnapper un môme pour forcer la coopération de son père, mais après avoir considéré la maman qui fend les bûches d'un coup de hache expert, l'agitation grandissante des chiens, la taille du chenil trop vaste pour "seulement" deux dogues et les probables galères d'avoir à balader un otage de 5 ou 8 ans, les deux farouches guerriers renoncent.<br />
<br />
En rejoignant leurs camarades, ils aperçoivent les traqueurs d'esclaves qui patrouillent les flancs de la montagne et se dissimulent tous si bien qu'Eldan, sorti de la ville basse pendant que le premier convoi s'y assemblait pour partir enfin, va avoir bien du mal à les retrouver. Déposant les provisions en expliquant que Diane a réussit à intégrer l'escorte, l'éclaireur repart aussitôt pour lui transmettre les derniers détails du plan et une dague empoisonnée par les bons soins de Vighnu, "en cas de besoin". <br />
<br />
«_''Pis ramène le chroniqueur, aussi : on s'arrache dès que la première caravane a fini de descendre la route. <br><br />
_''Mais vous vouliez pas que j'aille jeter un œil à la mine, pour repérer l'autre convoi ? <br><br />
_''Il part demain matin, non ? Qu'est-ce qu'on besoin de savoir d'autre ? Grouille !» <br><br />
<br />
Et ce fût leur deuxième erreur…<br />
<br />
<br />
<br />
== Préparation du terrain ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Sabotage (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
À peine une heure derrière les quelques chariots de marchandises et le troupeau de chevaux qui labourent la route humide devant eux, le commando se met donc en marche en milieu de journée, avançant d'un pas tranquille pour éviter de les rattraper. La fin d'après-midi leur offre une vague éclaircie lorsque, quasiment à mi-pente de la gorge encaissée où les cailloux roulent sous leur pas, ils avisent un sapin qui penche déjà un peu depuis le versant hérissés de rochers du ravin : passant des cordes autour du tronc, Herle, La Poigne, Vighnu (mollement, hein, il est fatigué), Le Grêlé et Oleytan tirent de toutes leurs forces pour finir de le déraciner. Le templier défroqué s'énerve au passage et, quand ses compagnons remarquent que la chute de l'arbre n'a pas l'air très naturelle, il escalade la pente avec La Poigne pour déclencher à eux deux un éboulement susceptible d'expliquer l'accident. Après qu'une coulée de rochers se soient répandus sur la route et que le colosse ait cogné le tronc à coups de pierres pour parfaire la mise en scène et dissimuler les marques de cordages laissées dans l'écorce, l'équipe décide de souffler un peu avant de repartir... et Vighnu remarque alors une silhouette qui les observe de loin, dissimulée parmi les sapins en haut de la crête.<br />
(Si Andréas Odran a tout intérêt à garder le secret de ses talents magiques pour éviter de finir au bûcher, surtout lorsqu'il voyage avec un ex-templier, Hadrien Muraille et Adira Pratesh les ont découvert lorsqu'ils étaient enfermés dans la mine et le fehnri en a évidemment parlé à son cousin : malgré ses craintes instinctives concernant la sorcellerie, Vighnu a abordé le sujet avec Andréas qui s'est montré assez ouvert sur le sujet pour le rassurer...)<br />
<br />
Après avoir discrètement averti le reste de ses camarades de la présence d'un observateur discret et leur avoir recommandé de faire "comme si de rien n'était", Vighnu et Andréas s'éloignent innocemment loin des regard inquisiteurs en pénétrant sous les frondaisons qui bordent la gorge en se donnant vaguement l'air de chercher des plantes : <br><br />
<br />
«_''Tu peux le chroniquer d'ici, demande l'apothicaire dès qu'ils sont loin de Herle ? <br><br />
_''Assieds-toi avec moi et (Andréas sort la sphère première de son sac) pose tes mains là-dessus, là et là. <br><br />
_''Je sens que je vais pas aimer.... <br><br />
_''Sans doute mais j'ai pas l'énergie pour le faire moi-même alors tu participes où il va se tirer." <br><br />
Dès qu'ils ont tous les deux les mains sur la sphère de métal rouge, Vighnu se sent soudain très fatigué [ça lui coûte 4 points de Fatigue, mais ça fait 8pts d'Essence pour alimenter les sorts d'Andréas, qui en a bien besoin vu comme il peine depuis plus de deux jours qu'ils sont en marche] et, les yeux fermés par la concentration, le chroniqueur annonce à son camarade : <br><br />
_''Il n'y a qu'un seul type, mais il s'éloigne vers... un cheval. Plein nord, au sommet de la gorge. Il sait qu'on l'a repéré. Il se dépêche parce que... le sentier qu'il veut prendre rejoint la route un peu plus haut. <br><br />
_''Tu peux le neutraliser ? <br><br />
_''Je vais essayer mais... <br><br />
_''Fais au mieux, je préviens les autres !» <br><br />
<br />
=== Interrogatoire ===<br />
<br />
Quand Vighnu sort des bois tout essoufflé en appelant ses compagnons, il explique brièvement que le guetteur est en train de s'enfuir à cheval, mais qu'ils peuvent tenter de lui couper la route et Oleytan s'élance le premier, remontant la gorge au pas de charge, suivi de près par Eldan, Herle de Lorune et le Grêlé. Ils ont beau courir de toutes leurs jambes sur le chemin rocailleux, le cavalier dévale la pente plusieurs centaines de mètres plus haut qu'eux... et tombe de selle en atteignant la route.<br />
<br />
''"Quand on sait pas monter..."'' grommelle Herle, dégageant l'arc qu'il avait en bandoulière en cavalant de plus belle : son cheval trottant pour s'éloigner des ennuis, le guetteur se relève à peine lorsque Lerkoren Oleytan arrive sur lui le glaive à la main, mais réussit à dégainer sa propre épée en se remettant sur ses pieds, à parer et à lui coller un grand coup de pommeau à la tempe, séchant le jeune Elloran avant qu'Eldan ne soit à portée de lame. Le cavalier esquive le coup mal ajusté du Moineau en bout de course et, voyant arriver d'autres adversaires, dégage vivement sur le versant boisé qui descend vers le torrent. Mais Herle de Lorune a stoppé et décoché une flèche, et malgré la distance elle vole entre les arbres, racle l'écorce d'un boulot et transperce le genou du fuyard [3 pions de Fatigue et 1pH : Ego' voulait vraiment le choper] qui bascule dans dans la pente en rebondissant contre les troncs et les rochers. Un instant soufflé par l'expertise du tir, Oleytan, Eldan et le Grêlé regardent le Défroqué d'un air médusé, celui-ci leur fait signe d'aller chercher leur proie et, s'asseyant pour souffler sur un rocher, débande son arc en déclamant un poème sur la rudesse de la vie au bord des eaux [il faut préciser que pendant qu'on joue sur Rolisteam, Ego' dégotte des poèmes de circonstance qu'il déclame à brûle-pourpoint quand il a besoin de libérer de la Tension : ça fait toujours son petit effet et lui obtient à chaque fois le bonus du public]. Le Grêlé en reste un moment comme deux ronds de flanc, puis l'ex-inquisiteur dégage sa dague et, descendant à la suite d'Eldan avec le mercenaire sur les talons, annonce : ''"Bon, c'pas le tout : au boulot."''<br />
<br />
Et pendant qu'Oleytan s'éloigne pour récupérer le cheval, sous le regard mortifié d'Eldan qui a eu tant de mal à récupérer le blessé dans le torrent, à le traîner sur la berge et à lui faire un garrot, Herle entreprend d'interroger le prisonnier, d'abord en lui expliquant qu'il parlera de toutes façons et que ce n'est qu'une question de temps et de douleur, puis en tournant la flèche dans la plaie pour illustrer son propos. Alors qu'Eldan, dégouté, s'éloigne, le cavalier commence à révéler qu'il n'est que l'éclaireur d'une bande de types chargée de suivre le convoi... lorsqu'il tourne de l’œil, moins à cause de la souffrance que des blessures reçues : ayant rejoint ses camarades depuis quelques instants déjà, Vighnu l'examine et, constatant que le prisonnier cumule un sérieux hématome à la tête et des côtes fracturées à sa blessure au genou, annonce qu'il risque d'avoir un peu de mal à le garder en vie plus de quelques heures. <br><br />
<br />
«_''Et qu'est-ce qu'il a sur la poitrine, demande le chevalier ? <br><br />
_''Tatouage de voleur, explique l'assassin-apothicaire : la Confrérie du Chacal, une espèce de regroupement de brigands, mais j'ai entendu dire qu'ils commençaient à trafiquer des armes dans le coin. <br><br />
_''Non. Ce sont des démonistes ! <br><br />
_''Hein ?! Houlà, non, non, je vous assure messire ils... <br><br />
_''L'étoile à neuf branches est le signe du démon, Maître Pratesh, et cette créature doit être décapitée et brûlée séance tenante. <br> <br />
_''Quoi ?! Mais non, enfin, on allait l'interrog... <br><br />
_''Nous ne tolérerons pas l’œuvre du démon et vous n'en serez pas complice, Maître Pratesh, ou bien vous aurez à faire à moi !» <br><br />
<br />
Malgré les protestations de ses camarades, Sire de Lorune défait le long paquet qu'il a sur le dos depuis le départ et en dégage une lourde épée bâtarde à la lame gravée de runes antiques et dont la garde rougeoyante rappelle à Vighnu une certaine sphère : avant qu'il ne puisse s'interposer, l'épée s'abat et la tête du malheureux tombe, tranchée net, entre ses genoux [oui, Herle vient d'exécuter le "peunj-d'information" pour produire une Réaction à 5]. <br />
<br />
Image<br />
<br />
=== Fuite ===<br />
<br />
''"D'autres cavaliers arrivent !"'' les avertit Oleytan depuis le chemin, où il monte maintenant le cheval récupéré. Ne sachant pas s'il s'agit de brigands ou de simples civils et préférant éviter de laisser une "scène de crime" qui mette la puce à l'oreille du convoi, les mercenaires bascule le corps dans le torrent et dégage vers l'aval, histoire de dépasser leur éboulement avant d'être vus. Emportant la tête pour la brûler plus tard, Herle s'élance sur le chemin à la suite de ses camarades. Ce n'est que lorsqu'ils ralentissent au bas de la gorge qu'ils s'avisent qu'ils ont oublié Andréas et La Poigne, à qui Vighnu avait ordonné de rester près du chroniqueur pour le protéger : <br />
<br />
«_''Non mais ils sont pas débiles, non plus, ils auront dégagé en nous voyant passer... <br><br />
_''On parle de La Poigne là : le gars qui reste allongé près de l'arbre les yeux fermés pendant qu'on poursuit un cavalier parce qu'on lui a dit de faire "semblant de rien". <br><br />
_''Bon, Oleytan, tu retournes les chercher à pied en passant par les crêtes, on se retrouvera près du gué.» <br><br />
<br />
Et le matériel chargé sur le cheval, notre commando hautement qualifié repart d'un pas tranquille sous la bruine persistante.<br />
<br />
=== Reflexions ===<br />
<br />
Sous les pas des mercenaires, une plaine vallonnée, couverte de hautes herbes et parsemée de bosquets, succède bientôt à la forêt escarpée. Une éclaircie illumine le paysage et, quoiqu'en regardant régulièrement par-dessus leur épaule, les PJ en profitent pour sécher un peu en devisant sur la suite. Ce n'est qu'en arrivant au bord du fleuve que Herle insiste pour faire une pause et observer sérieusement les environs, des fois que les Démonistes (''"Mais c'est juste des petits truands qui se donnent un genre ! _Des dé-mo-nistes !"'') aient posté un autre guetteur ou que la première caravane soit encore à portée de vue. Les abords de l'[[Anil'wel]] ("la Rivière du Passé") sont remarquablement calmes, mais la profondeur des empreintes de chariot laissées sur la berge intrigue le templier : <br />
<br />
«_''Qu'est-ce qu'il y avait exactement dans ces chariots, Eldan ? <br><br />
_''Heu... un de draps et fourrures, un de ferronnerie, chaudrons, ce genre de trucs, et puis un p'tit chariot de matériel, les vivres de l'escorte, tout ça. <br><br />
_''Grand et gros, le chariot de chaudrons ? <br><br />
_''Pas très non, pourquoi ? <br><br />
_''Parce je commence à me dire que si j'étais un maître-contrebandier qui se méfie d'une attaque sur le convoi le plus important de l'année, j'aurais peut-être bien camoufler le vrai chargement dans la première caravane et tendu une embuscade autour de la seconde…» <br><br />
<br />
Après avoir passé le fleuve, et puisque la journée touche à sa fin sous les nuages noirs qui s'accumulent à l'est (''"Gros orage en provenance de la mer, annonce le Moineau. _Trouve-nous un bon site de bivouac, faut qu'on puisse se reposer ce soir."'') le groupe discute toujours de ses soupçons en interrogeant Eldan sur milles détails, puisqu'ils est le seul parmi eux à s'être rendu en ville et à avoir observé les préparatifs de départ. Montant un campement étonnamment confortable à base de branchages installés entre de gros rochers, sur les contreforts des hauts plateaux à l'ouest de la route (en limite de zone 4, sur la carte) et bientôt rejoints par Oleytan suivi d'Andréas juché sur le dos de La Poigne, l'équipe continue de réfléchir à l'idée du Templier.<br />
<br />
Et, à force de se creuser la cervelle, Eldan commence à se remémorer divers détails troublants (les mises en garde du Capitaine ; la désertion du Carafon (d'ordinaire quartier-général des truands et en particulier des séides de Jorem Cuivré) ; Jornil qui pressait le premier convoi de partir au point de payer une partie des frais de l'escorte, finalement un peu excessive pour des marchandises sans grande valeur et comptant assez peu de cavaliers pour que le troupeau de chevaux soit sa principale préoccupation ; les drôles de "barbares" qui trainaient à l'Hostellerie avec Diane), Andréas raconte sa première rencontre avec les Chacals au Cercle des Cascades, Vighnu et Eldan ajoutent leurs connaissances sur la pègre du nord... Il leur faut un moment pour constituer une théorie viable mais, lorsque Herle de Lorune revient de l'incinération de la tête tranchée, ses compagnons se sont rangés à son avis : le butin est caché dans la première caravane (qui n'a que 3 ou 4 heures d'avance sur eux et a du elle aussi s'arrêter pour la nuit), et le deuxième convoi est un piège à leur intention, pour lequel Jornil a embauché les Chacals, originellement venus des Sylves, tout comme [[Urgrand]] le sorcier barbu qui les a mis en relation avec les rebelles.''"Je vous avez bien dit que c'était des démonistes ! Quand on aura fini cette mission, faudra faire la peau à ce sorcier. _Nous en reparlerons certainement, sourit Vighnu."''<br />
<br />
=== Interlude Lointain ===<br />
<br />
Pendant ce temps à Tal Endhil, le Capitaine prend [[Ranyella Sotorine]] à part à la fin d'une des nombreuses sessions qui occupent la Guilde depuis le début de la semaine et, alors qu'il voulait lui parler transport nautique et diplomatie locale, la cheffe kerdane lui remet 4 pièces d'argent : ''"À quel titre ? _Une de vos mercenaires a envoyé un message à Écume 6 en demandant qu'on lui envoie une barge au Lac d'Acier. La réponse est que nous avons déjà perdu une barge récemment, que ma famille a autre chose à faire et que la mercenaire en question a perdu le privilège de faire appel à nous : vous seriez gentil de transmettre. _Oh... merde !"'' <br><br />
Et le Capitaine fonce illico au Cercle des Cascades, insiste pour parler urgemment à quelques chamans de sa connaissance et fini par demander à [[Kal Shemon'Lon]] de bien vouloir passer un message à Vighnu et Andréas : ''"Seulement si j'peux mett' un monstre marin. Ça donne du cachet aux visions, les monstres marins. Hihi."''<br />
<br />
<br />
<br />
== Infiltration ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Soirée à Solerane (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
À l'Hostellerie des Moindres, après qu'Eldan soit passé en coup de vent lui déposer une dague empoisonnée (''"T'aurais rien de plus liquide, pour épicer les vivres de l'escorte ? _Ah heu ben non, mais j'vais demander à l'apothicaire."'': jamais revenu), Diane fait connaissance avec ses futurs compagnons de route : si les deux "barbares" au poil noir et à l'air revêche ne font toujours aucun effort pour converser dans la Langue des Pères, elle découvre que le jeune "chevalier errant" Trevan de Rigorne et son fidèle écuyer sont venus au nord "en quête de gloire et d'aventure" et que, malgré leur bref engagement dans les troupes mercenaires (''"parce qu'on y voit plus d'action !"''), l'aventure leur a fait jusqu'ici plutôt défaut : une escorte de caravane vers Celanire (et quelques troubles sur place dus à l'arrivée d'un nouveau prêtre assez radical), mais toujours pas de glorieux combat. Ils comptaient s'engager dans les troupes d'un héros local, le fameux Capitaine Durgaut de Tal Endhil ("Qui ? Non, 'connais pas...") mais comme Trevan est incapable de réduire son train de vie, les voilà pour l'instant fauchés et ils repartent vers Darverane avec le fourgon de métal, dont le jeune chevalier espère bien qu'il sera attaqué (pour se couvrir de gloire), afin de gagner assez d'argent pour un second cheval (Gavin l'écuyer se plaint de courir derrière depuis deux mois).<br />
<br />
Un très bref duel d'entraînement avec lui permet par contre à Diane de constater que Trevan est extrêmement bien entraîné à l'épée, malgré son inexpérience du combat réel et sa rafraichissante "naïveté". Si son écuyer a d'avantage les pieds sur terre, Diane ne doute pas de pouvoir par contre les manipuler (et ne se préoccupe pas plus que ça d'aller jeter un œil au fourgon ou à la mine).<br />
Elle rencontre bientôt [[Thuril le Brun]], le massif forestier accompagné de deux dogues en charge de guider le convoi, qui vient les avertir d'être prêts le lendemain avant l'aube.<br />
<br />
=== Rêves collectifs (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
Pendant qu'elle dort tranquillement à l'Hostellerie, le tumulte de l'orage qui s'abat sur la plaine est bientôt interrompu par un hurlement de frayeur : sous son abri de branchage, Vighnu vient de s’éveiller d'un horrible cauchemar, une histoire de barques irrémédiablement coulés et de monstre marin qui le dévorait. <br><br />
<br />
«_''Ça commençait par un faucon ricanant dans la nuit et finissait par un petit oiseau qui te guidait vers un sentier lumineux dans la montagne, demande Andréas ? <br><br />
_''Heu... oui, mais je t'avoue que je me suis réveillé après le poisson géant. <br><br />
_''C'est drôle, moi j'ai juste vu une espèce de grosse murène rôder dans l'eau, mais à part ça, je pense qu'on a fait le même rêve, envoyé par Kal Shem'... <br><br />
_''C'est important les rêves, coupe Herle de Lorune, ce sont souvent les Ancêtres qui nous les envoient. <br><br />
_''Voilà. <br><br />
_''J'allais le dire. <br><br />
_''Et dis-donc, le Moineau, un chemin dans la montagne, ça te dit quelque chose ? <br><br />
_''Ah heu...oui. Le Capitaine avait prévu une solution de secours si on trouvait pas d'embarcations, c'est au nord de Celanire. <br><br />
_''Et c'est fiable ? <br><br />
_''Les plans du Capitaine sont toujours fiables ! <br><br />
_''Suis-je bête. Bon ben demain on peut s'épargner d'aller voir si les Kerdans sont arrivés à la presqu'île et foncer plein sud dès l'aurore pour rattraper le convoi...» <br><br />
<br />
=== Départ du convoi (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
Et le jour n'est pas encore levé que Diane, Trevan, Gavin et les deux barbares Sylvains dont elle n'a tiré que les noms ([[Rumbold]] et [[Jaromir]]) rejoignent avec Thuril la mine de cuivre, un véritable petit fortin dont sortent bientôt des cavaliers (dont Craie et Esteval, qu'elle reconnaît et qui la reconnaissent, mais aussi un jeune gandin qui s'avèrera vite être Jorem Cuivré, le fils du grand patron), quelques fantassins supplémentaires, un lourd fourgon de chêne fermé par une porte cadenassées et un petit chariot de matériel tiré par des mules. Retraversant la ville vers la porte basse dans le fracas des roues et des bêtes sur le pavé, le convoi descend laborieusement la route vers le Marchepied en brinquebalant (''"Bloumboudoum font les coffres dans le fourgon fermé. _Super : tu fais vachement bien le coffre. _Okaaay... _Ben quoi ?"'') puis oblique plein sud dans le petit matin.<br />
Très vite, l'arbalétrière comprend qu'entre Craie, Thuril et Jorem, il y a deux chefs de trop dans ce convoi, et en profite pour attiser les inimitiés au sein de l'escorte. Dès qu'elle et d'autres piétons sont employés à retenir les chariots dans la route pentue qui serpente le long du torrent, il lui vient une autre idée pour ralentir le convoi : profitant d'un dérapage du fourgon (''"moins lourd qu'il n'y parait... _Ben tant mieux.") ''<br />
<br />
sur la route bourbeuse, alors qu'elle tirait de l'arrière, Diane s'arrange pour que le véhicule passe sur l'un des cochers descendu pour freiner par l'avant, et le conducteur hurle lorsqu'une des roues de bois ferré lui sectionne la jambe à hauteur du genou. Dégager le pauvre gars et lui prodiguer les soins nécessaires, quoique probablement inutiles (le type ne s'en sortira pas sans un bon chirurgien) stoppent le convoi pendant un long moment. Diane en profite d'ailleurs râler sur la paye, semer encore un peu plus la discorde dans l'escorte et monter Trevan de Rigorne contre Craie en proposant de rentrer à Solerane pour repartir du bon pied, mais l'esclavagiste albinos est vite soutenu par Esteval et, à eux deux, ils ramènent un semblant de discipline dans l'équipage qui reprend la route.<br />
<br />
Toujours attentive aux alentours, Diane commence à avoir l'impression distincte que des bruits de sabots suivent le convoi par les crêtes et, lorsqu'elle propose d'aller voir, Craie insiste pour envoyer plutôt Jaromir et Rumbold, les deux Sylvains. <br><br />
<br />
«_''Dis-donc Trevan, demande-t-elle au jeune chevalier, les deux barbares, là, ils ont été sélectionnés comment ? <br><br />
_''Je ne sais pas, Mademoiselle : je ne crois même pas que le gros sergent les ait mis à l'épreuve, ils ont été embauchés tout de suite. <br><br />
_''Tiens donc..." Et bien sûr, lorsque les deux éclaireurs reviennent "sans avoir rien trouvé", Diane et Gavin espionnent leur bref rapport à l'albinos, la Kerdane entendant quelque chose comme "perdu un gars... <br><br />
_''Dis-leur de garder leurs distances, merde !» <br><br />
<br />
Lorsque le jeune chevalier et un des Sylvains, chevauchant tous deux à l'avant-garde, signalent un l'éboulement barrant la route, le convoi s'arrête à nouveau, l'escorte se déploie en position défensive et la Kerdane décide d'escalader le pierrier pour en avoir le cœur net : trouvant les empreintes de deux paires de très grands pieds, elle déduit que l'éboulement est l’œuvre de La Poigne et du Défroqué, mais préfère inquiéter les autres pour perdre encore du temps. Le convoi ne repartant qu'après avoir utilisé les mules pour traîner le sapin tombé hors du chemin, Diane s'installe à côté de Thuril le Brun sur le banc du fourgon et entreprend de lui expliquer qu'il se passe des choses très bizarres autour de ce transport, surtout que les Sylvains et Craie semblent comploter un truc bizarre avec des cavaliers qui les suivent [Réaction de Témérité à 5]. Manifestement surpris (et convaincu), le Brun essaye pourtant de dissiper les soupçons de la Kerdane mais ne parvient qu'à éveiller de nouveaux doutes : le guide serait-il de mèche avec d'autres gars voulant braquer le convoi ?<br />
<br />
=== Fuite meurtrière ===<br />
<br />
Avec tout ce temps perdu, il fait déjà presque nuit lorsque la caravane fourbue s'installe pour camper juste avant le gué et que Craie insiste pour envoyer les deux Sylvains et Diane "chercher du bois pour le feu", à bonne distance du camp puisque les premiers bosquets sont à plusieurs centaines de mètres. Méfiante, la Kerdane avertit Gavin et ne suit les deux barbares qu'en traînant les pieds et son arbalète sous le bras, le temps de chercher une solution : elle observe le terrain en détail, évalue les distances... Lorsqu'elle réalise que Craie et Esteval arrive derrière elle depuis le camp alors que les Sylvains la prennent en tenaille par l'ouest, elle se penche pour ramasser une branche morte... et disparaît complètement dans les taillis et le soir qui tombe.<br />
<br />
[À 4 contre 1, Diane est sérieusement dans la mouise, surtout qu'Orlanth refuse d'employer ses pH pour autre chose que progresser. Mais briefé en détail sur les options tactiques d'un sniper et anticipant finement sur ses Mises, il va commencer par un énorme jet de préparation, dégageant 16 pts de bonus temporaires qui ne vont pas être de trop...]<br />
<br />
Transmettant des indications par signes aux deux Sylvains, Craie et Esteval resserrent l'étau autour de la Kerdane... Du moins le croient-ils car, camouflées dans un bosquet à quelques distance, elle se trouve déjà hors de "l'encerclement" et visant soigneusement, elle attend le bon moment pour tirer en comptant sur la fatigue et la tension de ses adversaires. Et lorsque que, croyant avoir vu un buisson bouger, Craie fait claquer son fouet dans le feuillage, l'arbalète claque sans être entendu et Esteval s'écroule sans un râle, un carreau lui ayant perforé le crane par l’œil gauche. Jaromir, l'éclaireur sylvain qui progresse discrètement l'arc tendu, est maintenant la cible la plus excentrée : Diane recharge et lorsque l'albinos -dont les longs cheveux blancs se distinguent nettement malgré le crépuscule- se retourne pour appeler à voix basse son camarade disparu, un second trait claque et se fiche dans la trachée de l'archer, qui s'effondre en gargouillant du sang.<br />
<br />
Immédiatement, Rumbold et Craie comprennent qu'on leur a retourné l'embuscade et cherchent un couvert, mais l'esclavagiste commet l'erreur de vouloir reprendre l'offensive : dégainant son tranchoir et ré-enroulant son fouet, il s'élance en zigzaguant entre les rares bouleaux pour atteindre l'origine du tir... où Diane n'est déjà plus. Et lorsqu'il se retourne pour la chercher du regard, un carreau l'atteint en plein front. <br />
<br />
Alors que des voix commencent à se faire entendre vers le campement, le dernier Sylvain récupère l'arc de son compagnon et, restant prudemment à couvert, scrute le sous-bois en se déplaçant silencieusement vers l'ouest et les profondeurs de la forêt. Rumbold lâche une flèche lorsqu'une ombre se détache brièvement parmi les arbres mais manque de plusieurs coudées, et les deux tireurs continuent leur lente et silencieuse danse parmi les taillis, s'éloignant toujours plus du camp vers la forêt, chacun cherchant à repérer sa cible autant qu'à réduire la distance en restant à couvert... Mais lorsqu'il atteint une longue clairière, le Sylvain doit choisir s'il s'arrête ou s'aventure à découvert et, manifestement décidé à continuer vers l'ouest ou les arbres sont plus dense [et lui permettrons de réduire l'avantage fournit par la portée de l'arbalète], il s'élance soudain au pas de course : il n'a pas fait 10 pas qu'un carreau le cueille en pleine cuisse. Il riposte pourtant, mais manque encore et, étalé dans les hautes herbes, à flèches, il a le réflexe de ne plus bouger et d'attendre que la Kerdane soit obligée de s'approcher : lorsqu'une silhouette blonde apparaît, il se redresse sur un bras pour lancer sa hache mais un dernier carreau lui perce le crâne avant qu'il ait pu finir son geste.<br />
<br />
Accroupie à la lisière des bois, Diane écoute la nuit en reprenant son souffle : s'il lui semble entendre un lointain piétinement de sabots dans la forêt, une chouette ulule à l'ouest quand elle reconnaît le timbre de Trevan approchant par l'est et appelant à mi-voix "Mademoiselle ? Mademoiselle ?". Elle fouille rapidement le corps de Rumbold, récupère le projectile qui saillit de sa jambe et, en plus d'un curieux appeau, d'une solide dague, de quelques pièces de cuivre et d'un lacet d'étrangleur, elle découvre un curieux tatouage sur son sternum, une sorte de loup très mince sur fond d'étoile et de forêt. Soufflant tout bas dans l'instrument, elle émet une sorte de ululement et comprends que d'autres Sylvains appelaient leurs compagnons. <br />
<br />
Quand le jeune chevalier la rejoint enfin, troublé de constater qu'elle vient d'abattre 4 hommes dont leur chef (et qu'il a encore manquer l'action), elle n'a guère le temps de lui expliquer la situation en détail mais, avec l'aide de Gavin qui finissait de fouiller les corps, parvient à le convaincre qu'elle est "la gentille" de l'affaire. Et qu'ils sont tous en danger : il faut fuir, tout de suite, sans repasser par le camp. ''"Mais je ne peux tout de même pas abandonner mon destrier, proteste le "chevalier errant" ! _Et puis j'ai trouvé la clé du fourgon autour du cou de Craie, fait remarquer Gavin : ça vaudrait le coût de jeter un œil..."'' (On pourra pas dire que j'ai pas essayé.) <br />
Diane hésite un instant, car la tentation est forte, mais se ravise et, tirant doucement le chevalier confus par le bras, elle l'entraîne avec son écuyer vers le fleuve, contourne le camp par la rive, trouve le gué malgré la nuit et, alors qu'un fort tumulte et une cavalcade semble agiter le bivouac derrière eux, ils disparaissent dans la nuit et les flots grondant...<br />
<br />
Ils marchent depuis plus d'une heure, que le chevalier a passé à se plaindre de la perte de son cheval, du poids de son pavois et de ses pieds douloureux, lorsque Diane et Gavin réalisent que des cavaliers sont à leurs trousses : quittant le chemin pour tailler à travers bois, le trio sème temporairement ses poursuivants dans l'épaisseur des taillis et tente de prendre un maximum d'avance avant l'aube (passant sans le savoir à peu de distance de l'endroit où, la nuit précédente, ses compagnons ont campé pour s'abriter de l'orage).<br />
<br />
<br />
<br />
== Dernier tronçon ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Sabotage d'un chariot ===<br />
<br />
Durant la journée, Vighnu, Andréas sur le cheval, Herle de Lorune, Eldan, Oleytan, le Grêlé et la Poigne ont continué d'avancer à marche forcée sur la route forestière (segment 4 du trajet) détrempée tant par l'orage de la nuit que par les quelques ruisseaux qui s'écoulent vers le lac, grossis des eaux de pluie. Eldan, le plus leste de la bande, a rapidement pris de l'avance sur le reste du groupe en espérant rattraper la caravane assez tôt et trouver moyen de la ralentir jusqu'à ce que ses camarades le rejoignent. Et en effet, lorsque l'après-midi touche à sa fin et que le Moineau émerge de la forêt (début de zone 5), il découvre le troupeau de chevaux paissant tranquillement dans la grande prairie en bordure du Lac d'Acier, près des trois chariots arrêtés au bord du chemin entre lesquels les voyageurs ont allumé un petit feu pour sécher leur paletots. La moitié d'entre eux prennent d'ailleurs le soleil ou nettoie leur vêtements bourbeux sur la berge pendant que les autres cassent la graine et se reposent de la rude journée qu'ils viennent de passer à pousser les carrioles dans le chemin forestier tout à la fois étroit, sinueux, bourbeux, rocailleux et coupé par les crues miniatures (argl).<br />
<br />
Profitant des hautes herbes et de ce que seulement trois sentinelles semblent encore (vaguement) se préoccuper de monter la garde, le Moineau progresse par l'ouest, traverse la route sans être vu et se glisse subrepticement jusqu'au chariot de ferronnerie. Il entreprend alors d'arracher avec sa dague les clous qui maintiennent une des roues arrières sur l'essieu, mais il n'a pas tout à fait le temps de finir que l'arrivée de l'unique sentinelle à cheval, qui commence à réunir les chevaux égayés e vue du départ, l'oblige à se dissimuler sous la carriole. Son mouvement d'ailleurs trop vif et trop peu discret fait se cabrer l'un des chevaux, la sentinelle descend de selle pour voir ce qui se passe alors qu'une autre est descendue du chariot de draps (étrangement le seul où un garde soit resté en faction) : Eldan, bientôt coincé, ne s'échappe qu'en profitant d'un instant d'inattention né du chef de convoi qui bat le rappel de ses compagnons, juste le temps pour lui de retraverser la route et de s'éloigner en rampant dans les hautes herbes. Néanmoins, la roue d'un des chariots ne tient plus que par un clou et l'éclaireur a reconnu l'homme qui gardait le chariot "de draps" : c'est [[Darjodrahl]], le garde du corps/assassin hornois de Jornil Cuivré en personne, et sa seule présence indique qu'ils ont vu juste...<br />
<br />
[Là, vous comprendrez que j'ai un problème spatio-temporel massif : Diane/Orlanth a toujours environs 24h de retard sur les autres joueurs, qui eux sont à moins de 24h de l'objectif réel, et d'ailleurs la caravane va arriver à l'Auberge du Pont. Si je laisse tourner la chronologie normalement, Diane ne rattrapera ses compagnons que bien plus tard, probablement après que l'action soit terminée : c'est vraiment con. Alors comme pour une fois j'ai mes 4 joueurs-combattants ensemble (ça n'a a été le cas que deux séances sur sept), je fais une entorse à mes principes pour mon Orlanth préféré, Diane passe donc à travers une faille temporelle et rejoint ses camarades, qui pour la plupart n'y ont vue que du feu.]<br />
<br />
=== Regroupement et combat (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Trevan, Gavin, Diane) ===<br />
<br />
À la lisière des bois, le reste de la troupe s'est arrêté pour faire une halte après 10h de marche forcée qui lui ont "presque" permis de rattraper le convoi, lorsque Oleytan à l'arrière-garde annonce trois piétons mal en point qui clopinent vers eux : c'est Diane la Kerdane et deux inconnus, dont un sérieusement blessé. Le trio de fuyard a en effet été rejoint par quelques cavaliers-chacals dans la journée et, lorsqu'un bref combat, Diane en a abattu un de plus, Trevan en a blessé un deuxième et le troisième a planté sa lance dans le flanc du pauvre Gavin avant d'être "héroïquement mis en déroute" par le chevalier errant (et donc il s'est barré, quoi). Rapidement mis au courant des mésaventures les uns des autres malgré l'insistance du chevalier qui veut savoir s'ils sont des "malandrins" (''"Ben heu... on est des bandits d'honneur qui volons aux riches pour donner aux pauvres et défendons les petites gens contre l'oppression._Vrai ? Quelle aventure ! Je suis bien content de vous avoir rencontrés et de pouvoir joindre mon épée à votre noble cause ! _C'est qui ce débile, exactement ?"'')<br />
, tous s'accordent à dire que les deux priorités du moment sont qu'ils ont 1) encore une petite heure de retard sur leur objectif et 2) seulement une courte avance sur les 6 ou 7 cavaliers qui poursuivaient encore Diane, Trevan et Gavin. ''"Ça tombe bien, ''fait remarquer Vighnu'' : on va avoir besoin de chevaux."''<br />
<br />
Une fois l'équipe déployée autour de l'appât constitué par Gavin (rapidement rafistolé par Andréas) et Trevan installés au bord de la route, le "combat" est aussi rapide qu'unilatéral : Diane snipe le premier cavalier, le second reçoit une flèche de Herle avant d'être démonté d'un grand coup d'épée par Trevan et si les 4 autres qui les suivaient freinent à bonne distance pour descendre de cheval, ils découvrent vite qu'ils sont encore à porter de tir quand l'arbalète fait une seconde victime et qu'un autre adversaire prend une flèche dans la hanche en descendant de cheval. Les deux derniers, d'abord décidés à profiter du couvert des sous-bois pour arriver au contact voient bientôt le chevalier, le Grêlé, Vighnu et la masse du Templier s'avancer vers eux, et se dispersent dans les taillis dans l'intention manifeste de se carapater. C'était sans compter sur l'inhumaine discrétion de la Poigne, qui éclate à la masse le crâne du malheureux qui avait presque réussi à surprendre l'assassin (longue journée + problèmes de cœur : petite forme, le fehnri) et lorsque ce dernier se met en quête de l'ultime ennemi rescapé, il le trouve affalé sur le ventre et ligoté par le layss d'Oleytan, d'ailleurs assis sur son dos. <br><br />
<br />
«_''Très bien mon gars ! Allez, on le ramène aux autres et... <br><br />
_''Non. <br><br />
_''Je te demande pardon ? <br><br />
_''Non, Vignupratesh : cet homme est mon prisonnier, et il porte un tatouage. Je ne laisserai pas tes cinglés de compagnons massacrer un vaincu. Je comptais le laisser repartir après que nous ayons pris du champ. <br><br />
_''Mais c'est une très mauvaise idée, mon ami : il va rejoindre ses compagnons... <br><br />
_''C'est son droit. <br><br />
_''...les alerter sur notre position. <br><br />
_''Bah je peux lui trancher un mollet, si tu veux : il devra repartir en boitant et ne rejoindra les siens que bien après que nous soyons partis. <br><br />
_''Hem... bon écoute, je vais voir où en sont les autres et je reviens vers toi, d'accord ? <br><br />
_''Chouette : tu peux me ramener à boire ?» <br><br />
<br />
Et leur seul autre prisonnier, blessé à la hanche, est une prise inattendue : Jorem Cuivré, soi-même. Terrifié et enfiévré par la douleur, le propre fils du patron-minier balance tout ce qu'il sait dès que Herle et Diane froncent les sourcils : oui, son père se doutait qu'il serait attaquer et a conçu la ruse des deux convois, oui il a embauché les Chacals à sa demande par l'intermédiaire d'un contact qui trafique du sel et d'autres marchandises "tombées du chariot" entre Darverane et Solerane, oui ils se doutaient bien que le Capitaine Durgaut était derrière tout ça mais son père ne pouvait pas se permettre de faire attendre Rhilder. <br><br />
<br />
«_''Mais pas du tout, mes fringants compagnons et moi-même sommes des bandits d'honneur qui volons aux riches pour... <br><br />
_''Non arrête, Trevan, t'es chiant : on bosse pour Durgaut, en fait. <br><br />
_''Quoi ? Palsambleu mais alors vous m'avez roué ! Quelle aventure ! <br><br />
_''Mais vosu êtes cons, pourquoi vous balancez un truc pareil devant le prisonnier ?! <br><br />
_''Parce qu'il va pas repartir de toutes façons..." explique Vighnu avant de lui trancher la gorge [Réaction Cynisme 5 : ouch !].<br />
Et abandonnant ses compagnons avec le chevalier errant qui fait un scandale, il entraîne Diane vers l'endroit où il a laissé Lerkoren Oleytan en lui expliquant la situation : <br><br />
_''Mais quel chieur ! 'Sont tous comme ça vos venteux ? <br><br />
_''C'est pas la question : je compte sur toi pour abattre le prisonnier après qu'on l'ait "libéré". <br><br />
_''Pas de problème mais faut pas que le môme me repère... <br><br />
_''Je t'aiderai.» <br><br />
<br />
Et, en effet, Vighnu fait assez de boucan en rejoignant son jeune ami pour que l'approche de la Kerdane passe inaperçue : une fois le prisonnier ahuri rendu à la liberté sans arme et avec un talon d'Achille tranché (''"Rhaaaaaaaaa ! _Pis traîne pas mon gars, parce qu'avant la nuit, y aura des loups..."''), Vighnu ramène Oleytan vers leurs compagnons en l'entretenant de ses soucis sentimentaux, que le jeune Elloran ne comprend que trop bien. Cette émouvante confession les empêche d'entendre le claquement d'une arbalète qui vient de mettre fin à une très brève fuite, après quoi Diane rejoint les autres pour récupérer les carreaux qui, ayant atteint des parties molles, peuvent encore être extraits à la dague (faut dire qu'elle n'en a plus que 7, avec tout ça). <br><br />
Le temps de répartir les désormais 9 cavaliers, dont un blessé, sur les 7 chevaux disponibles (_''Quelle malchance : aucun d'entre eux ne montait mon cher destrier ! _Couillon, moraliste et obsédé par son canasson : il est pas venteux votre chevalier, des fois ?"'') et la troupe repart au galop à la poursuite du convoi.<br />
<br />
Eldan, rapidement récupéré et pris en croupe, explique qu'il a pu confirmer que le butin était dans le chariot de draps et saboter la carriole de ferronnerie, mais que la caravane a repris sa marche et qu'elle a encore repris près d'une heure d'avance. Trottant de leur mieux sur leurs chevaux déjà éreintés, les mercenaires fourbus voient s'amenuiser leurs options en même temps que le soleil couchant : s'ils peuvent encore rattraper leur objectif avant l'Auberge fortifiée (d'autant que la roue déclouée peut céder n'importe quand), il leur faudrait encore prendre le temps de se déguiser en Kormes, abandonner pour cela leur matériel le plus avantageux, attaquer en plaine, couper la fuite à quiconque sauterait sur un des 50 chevaux pour donner l'alerte, défaire une quinzaine de "gardes" (dont au moins 4 professionnels dignes de ce nom et Darjodrahl) à seulement 8 combattants, rafler le butin et dégager à travers champs avant que des renforts n'ait pu intervenir depuis le fortin : <br><br />
<br />
«_''C'est pas la peine de se casser le cul à galoper, fait remarquer Vighnu : on est tous trop crevés pour se battre efficacement. Il faut trouver autre chose... par exemple s'introduire à l'Auberge du Pont cette nuit, avant que la caravane ne reparte pour Darverane avec trois ou quatre fois plus de monde. <br><br />
_''C'est ça, on va trimballer 200kg de coffres blindés par-dessus les remparts et tout le monde trouvera ça normal. <br><br />
_''J'ai peut-être une idée, propose Eldan : je sais que le chariot de ferronnerie est destiné à Celanire, alors si on pouvait remplacer discrètement le contenu des coffres par des fers à cheval et d'autres objets en fonte pour planquer le butin sous les chaudrons, on aurait plus qu'à attaquer demain matin un p'tit chariot presque sans escorte allant justement dans la bonne direction. <br><br />
_''Mmmmh... et tu ferais ça comment ? <br><br />
_''Ben on j'pourrais entrer à l'auberge avec Gavin en innocent blessé et l'honorable médecin-érudit Andréas, on repère les lieux et le butin, pis on aide Vighnu, Oleytan et tous ceux qui savent grimper et se faire discrets à passer la muraille, pis on s'introduit là où sont gardés les chariots, on se débrouille pour changer le butin de carriole sans faire trop de bruit, les grimpeurs repartent pis, le lendemain, ni vu ni connu, on braque le transport de chaudrons sur la route de Celanire. <br><br />
_''Mais dis donc, tu sais que si on laisse quelques gars à l'extérieur pour éviter que les gars du deuxième convoi nous tombent dessus à l'improviste ou viennent raconter des âneries à la garnison locale, ça pourrait presque marcher, ton affaire ? <br><br />
_''Très bien, jeune homme : je suis ravi de constater qu'on ne t'a pas emmené pour rien...»'' conclue le Défroqué. <br><br />
<br />
<br />
<br />
== A l'[[Auberge du Pont]] ==<br />
<br />
[[Fichier:Auberge du Pont.jpg|900px|thumb|left|L'auberge du pont]]<br />
<br />
=== Première nuit ===<br />
<br />
Pendant que le reste du groupe se dissimulait avec les chevaux dans un bois, Eldan le Moineau, Gavin l'Écuyer blessé et Andréas, sous l'identité d'un érudit de Brasure, ont précédé la caravane à l'Auberge du Pont pour observer son arrivée et ses mesures de sécurité. Ils y ont découvert que la herse qui barre le fameux pont était baissée suite à des attaques répétées des Kormes sur la route vers Darverane (qu'on leur avait annoncée "rouverte") : les voyageurs et marchandise s'accumulant alors dans l'auberge envahie de tentes, de chariots et de bien plus de résidents qu'elle n'en peut héberger ou même nourrir, et les prix y grimpaient de manière délirante.<br />
<br />
Une fois les hommes de Jornil Cuivré arrivés et le chariot "de draps" (dissimulant les coffres que visent nos vaillants mercenaires) bouclé pour la nuit dans une grange gardée, Eldan observa les lieux pour chercher le meilleur point d'entrée (la garde mercenaire habituelle est doublée d'un contingent de l'armée régulière qui semble obéir à Darjodrahl, le lieutenant hornois du Cuivré), il manqua d'être lynché en accusant publiquement une jeune tire-laine plus charismatique que lui, Andréas fit le tour de l'auberge sur-bondée et récupéra la bourse volée au Moineau, puis Gavin sortit brièvement pour prévenir ses (autres) camarades de la situation avant que les portes ne soient fermées pour la nuit et tous trois se retrouvèrent au spectacle donné par les saltimbanques dans la cour...<br />
<br />
Les autres mercenaires ont d'ailleurs passé un début de soirée tendu, la journée les ayant laissés sur les nerfs. Tout particulièrement Vighnu chez qui les affres sentimentaux s'ajoutaient à la tension et à la fatigue de cette mission [il trimbale toujours ses deux points de "Trauma" (rebaptisés "Marques" depuis la dernière réécriture du système) dus à ses problèmes avec Islinna) et pète donc les plombs beaucoup plus souvent que d'habitude. C'est d'ailleurs d'autant plus intéressant que, sa principale Réaction étant le Cynisme, le fait même qu'il soit fâché avec sa douce parce qu'il est un assassin cynique l'incite à se comporter en assassin cynique. Comme dit souvent mon collègue "Cancrela", «Ça devrait s'appeler "nÉvrotic"...».] Le fehnri était en fait tellement stressé que lorsque Gavin est venu leur annoncé que le chariot était sous clé et qu'Eldan s'était fait gravement repéré en perdant sa bourse et en déclenchant un esclandre, Vighnu a sorti sa dague pour la lui coller sous la gorge en gueulant "Mais vous êtes complètement cons nomdedju, on peut rien vous confier !". Immédiatement, il a senti l'acier froid de l'épée que Trevan de Rigorne lui posait sur la nuque, Herle de Lorune a dégainé son [[nerhil]] pour piquer la pointe sous le diaphragme du chevalier errant, Diane a braqué son arbalète chargée sur l'oreille du précédent et le Grêlé, passant sa lance entre le fehnri et l'écuyer, a finalement demandé de son habituel ton sarcastique si la mission intéressait encore quelqu'un ou s'ils allaient tous s'entretuer à 300m du butin juste parce qu'ils ne savaient pas tenir leur nerfs. L'assassin a donc rengainer son katara et tout le monde a lentement rangé ses armes en échangeant des regards méfiants : folle ambiance...<br />
<br />
Pendant qu'Eldan "sympathise" avec des compatriotes Anguedais ("du Duché d'[[Anguedale]]"), des bergers occupant la tente la plus proche de la porte de la remise (la verte, sur le plan), Gavin tâche d'en déloger la barre qui la ferme de l'intérieur à l'aide d'un cure-pied (une espèce de crochet pour nettoyer les sabots des chevaux) et n'arrive qu'à la déloger en partie ("J'finira 'pu tard !").<br />
<br />
[Tentative rigolote : Gavin, qu'Orlanth incarne désormais pour éviter de ne jouer que son Arbalétrière confinée à l'extérieur, possède une Ressource "Paquetage" qui n'est définie que comme son aptitude à sortir tout et n'importe quoi du fatras accumulé dans son baluchon à force de chapardages, pour peu qu'il réussisse un jet sous le domaine "Voyage" et avec tous les talents appropriés. Le jet est plus ou moins difficile en fonction de ce qu'il espère tirer de son sac à malice, et il peut y miser d'autant plus d'Énergie que l'objet désiré correspond à ses talents...]<br />
<br />
Après avoir profité de l'enthousiasme du public devant la performance des baladins pour remplir en partie son focus, sa bourse elle aussi bien garnie a permis à Andréas d'accéder à la partie de dés qu'organise pour ses amis fortunés un certain Dorian «le Magnifique», marchand reman particulièrement entreprenant puisque, grâce au courtage, au tripot installé dans une des rares chambres privatives et à la prostitution de son époustouflante maîtresse fehnri, [[Sohashna]], il est probablement la seule personne à tirer quelque profit de son séjour à l'Auberge du Pont. C'est surtout, pour nos mercenaires, le seul autre type assez influent sur place pour avoir obtenu que sa propre roulotte soit elle aussi gardée sous clé dans la fameuse grange... Après quelques coups de dés qui lui ont fait gagner un peu de menue monnaie, Andréas se retire du jeu et de la conversation entre puissants négociants pour lancer le sort qu'il a préparé pour glisser dans l'esprit de Dorian et de sa courtisane une certaine idée fixe : "le commerce ne vaut rien ici, la route ne rouvrira pas, autant retourner à Solerane."<br />
<br />
Frôlant le malaise tant il a investi d'énergie dans sa "Chimère", le chroniqueur s'excuse et prend congé, entendant en partant les deux amants discuter de leur départ à l'aube. Comme Gavin et Eldan (mais du côté de l'étable), il s'installe alors pour dormir quelques heures dans la cour, afin de rester aux premières loges en cas de besoin. En attendant la diversion prévue par ses camarades à l'extérieur, il s'endort malgré les protestations fréquentent des campeurs qui râlent chaque fois que quelqu'un les réveille en faisant du bruit dans la cour, rajoutant un peu de merdier à chaque fois...<br />
<br />
=== Extrait des Chroniques des Marches du Nord d'Andréas Odran ===<br />
<br />
: ''Après avoir réalisé que nous nous étions fait bernés comme des bleus et que le chariot que nous pourchassions n'était qu'un leurre, nous avons quasiment rattrapé le faux chariot de draps. Le plan mis au point par Eldan et Vighnu était d'opérer une substitution entre le coffre que nous recherchons et des ferronneries d'un autre chariot lors de l'arrêt du convoi à l'Auberge du Pont. ''<br />
<br />
: ''J'ai été affecté au groupe d'éclaireurs, en compagnie du brave Eldan et de Gavin, le soi-disant écuyer du soi-disant chevalier errant. Pas mécontent de laisser derrière moi le poète-répurgateur et ses tendances homicides qui me feraient presque regretter feu [[Conrad de Mélanque]], nous avons doublé au large le convoi pour découvrir une auberge absolument bondée, un vaste campement de tentes débordant de ses murs. Moutons et poulets courraient en liberté là au milieu, dans un bazar que d'aucuns auraient trouvé joyeux. Ce n'était pas mieux à l'intérieur, et il me fallu jouer des coudes pour y entrer, tandis qu'Eldan essayait d'interroger des gardes à l'extérieur - comptant sur la camaraderie militaire. Il a rapidement découvert que la route de Darverane n'a jamais réouvert : les quelques marchands qui ont essayé de l'emprunter sont revenus la queue basse et soulagés de leurs biens, et le contingent de gardes de l'auberge s'est vu renforcé. La conversation a ensuite tourné court, pour autant que j'aie bien compris les explications embrouillées d'Eldan : il semblerait que la réputation de la camaraderie militaire soit en fait largement usurpée... ''<br />
<br />
: ''Pendant ce temps, Gavin et moi-même nous frayâmes tant bien que mal un chemin dans la salle de l'auberge bondée, où tout un tas d'individus tentaient d'accéder à un comptoir où l'on servait de la nourriture. Très franchement, les moutons de la cour me parurent plus dignes que cette pitoyable assemblée d'humains se battant pour leur pâtée. Enfin... J'espérais trouver plus de calme à l'étage, il n'en fut rien : l'étage était intégralement couvert de lits et de paillaissades, et la seule zone privative était réservée par un riche marchand et gardée par un mercenaire. J'ai bien tenté d'expliquer à l'un des commis de l'auberge que je ne souhaitais pas partager mes nuits avec une bande de garçons de ferme illettrés, mais celui-ci a pris la mouche (je suppose que c'est un ancien garçon de ferme toujours illettré). Ce serait donc compliqué pour moi d'obtenir un coin tranquille où préparer mes petites diversions...''<br />
<br />
: ''Pendant ce temps, à l'extérieur Eldan assistait à l'arrivée du guerrier hornois escortant la caravane des marchands de draps. Usant d'un subtil mélange de force brute, de regard mauvais et de cette indicible autorité que procure le fait d'être une machine à tuer, le Hornois a rapidement imposé son autorité auprès des gardes, fait entrer le chariot contenant le coffre dans une remise fermée (dont il a conservé la clé), et réquisitionné une chambre et des repas pour ses employeurs. Le reste du convoi, lui, s'installait hors des murs de l'auberge. Et notamment le chariot de ferronneries avec lequel nous comptions faire l'échange. Voilà qui compliquait sérieusement notre affaire. Eldan a aussi appris que la remise en question était occupée par un autre chargement appartenant à un riche et important marchand : des verreries, apparemment. Et ce riche marchand n'était autre que celui qui occupait la grande chambre à l'étage de l'auberge, où parait-il il organise des parties de dés pour tuer le temps en attendant la réouverture de la route. Il aurait déjà plumé certains de ces collègues...''<br />
<br />
: ''Je retrouvai Eldan dans un coin pas trop encombré de l'auberge et nous avons commencé à discuter de nos options. C'est alors qu'Eldan a été bousculé par une jeune fille qui lui subtilisa la bourse confiée par Durgaut. Il l'a arrêtée, mais elle avait déjà passé l'objet du délit à un complice que j'ai pu repérer et suivre. Je l'ai retrouvé dans les latrines où il contemplait le fruit de son forfait. Bien qu'il fut armé d'un méchant coutelas et ait l'air plus costaud que moi, j'ai serré le manche de ma dague en prenant mon air le plus menaçant et je l'ai sommé de me rendre l'argent. De façon incroyable, j'ai dû avoir l'air suffisamment méchant pour qu'il me rende la bourse sans combattre [jet d'Intimidation +1pH !]. Pendant l'intervalle, ce brave Eldan avait accusé publiquement de vol la jeune fille. Celle-ci se lança alors dans un numéro théâtral de fragilité féminine qui aurait bien fait rigoler Diane, et quelques courageux sont intervenus - espérant probablement passer pour des chevaliers blancs et ainsi trousser la donzelle d'ici la nuit. Eldan, pas si brave que cela au final, s'est copieusement fait casser la gueule et je l'ai retrouvé tout ensanglanté dans la cour. Ce fut pour moi l'occasion de m'essayer aux arts dentaires pour réparer la mâchoire du garçon. Je crois que je m'en suis bien tiré, et après tout cette dent cassée lui donne un air aventurier qui devrait plaire à ces dames.''<br />
<br />
: ''C'est alors qu'est advenu l'évènement le plus sidérant de cette soirée : Gavin, le paysan-écuyer, a été pris d'un soudain accès d'initiative et s'est esquivé pour faire un rapport au reste du groupe ! Alors ça ! Que croyait-il le bougre, que nous allions rester sans prévenir nos compagnons ? Je n'en reviens pas, quelle outrecuidance ! Moi qui pensait que les capacités intellectuelles de ce garçon ne dépassaient pas celles de la limace ou du templier, le voilà qui nous donne des leçons d'opérations clandestines. Il va falloir que nous nous reprenions, Eldan et moi. ''<br />
<br />
: ''Au final, nous sommes parvenus au plan suivant : nous restons sur la substitution, et celle-ci s'effectuera directement au sein de la remise, entre le coffre que nous recherchons et le chargement de verreries. De mon côté, je vais essayer d'aller rencontrer le marchant de verreries, probablement au cours d'une partie de dés. Charge à moi de faire usage de toute ma persuasion pour le convaincre de partir le plus rapidement possible vendre sa cargaison à Solerane, où nous l'attendrons sur la route...''<br />
<br />
Notre chroniqueur omet sciemment de préciser que sa fin de soirée fut consacrée à assister au spectacle offert par quelques baladins, dont la jeune fille et l'acrobate ayant subtilisé la bourse d'Eldan, un jeune joueur de vielle à roue et le conteur qui les dirige, un [[Estrani]] nommé [[Horacio]]. <br><br />
Le but d'Andréas était moins de se détendre que de profiter des spectateurs assemblés pour effectuer le rituel de "La Sentinelle au Bal" par lequel il peut tirer de l'Essence magique de l'émotion partagée d'une foule, et ainsi recharger son focus récemment acquis.<br />
<br />
<br />
=== L'éclaireur à abattre (Diane, Vighnu, Le Grêlé, Trevan, Herle, La Poigne, Oleytan) ===<br />
<br />
Grimés en Kormes après un court débat quant à Diane (''"Les femmes Kormes combattent généralement seins nus mais peinturlurées jusqu'à la taille. _Essaye-voir et tu vas pas retrouver tes doigts. Moi j'aurais des fourrures. _Bon, bon..."''), le chevalier errant Trevan de Rigorne et Herle de Lorune surveillent la route depuis les bois à l'ouest du fortin pendant que l'arbalétrière rampe dans les hautes herbes près de la berge sud, se glissant entre les cavaliers qui surveillent la cinquantaine de chevaux qui n'ont pas pu trouvé asile à l'auberge. Lorsqu'elle en effraie quelques-uns en déclenchant un début de panique dans le troupeau, que les cavaliers doivent alors empêcher de piétiner les tentes plantées à l'extérieur, la plupart des gardes aux créneaux du fortin se tournent vers le sud. C'est le moment qu'attendaient Vighnu, Oleytan, La Poigne et le Grêlé pour s'élancer depuis la lisière des bois au nord-ouest : le fehnri est le premier à franchir le rempart dans l'ombre de la tour ouest, profitant de l'angle mort repéré par Eldan. Le jeune Elloran le rejoint avec aisance et redescend dans la cour sans être vu, pendant que Vighnu place le grappin et la corde qu'ils trimballent depuis Tal Endhil pour faciliter l'escalade des suivants, puis rejoint son camarade au sol et tout deux se cachent un instant sous l'arcade de la chapelle ("Ch") pour observer l'endroit : Andréas dort à poings fermés à quelques pas d'eux, un garde est toujours en faction devant le portail de la grange et, en plus de ceux qui surveillent l'extérieur depuis les deux tours, un autre patrouille la cour. Mais le vrai danger semble venir d'une lucarne à l'étage de l'étable, où se trouve les chambres "de luxe" : derrière un volet, un rai de lumière trahit la présence d'un homme de Darjodrahl surveillant la cour.<br />
<br />
Derrière eux, La Poigne peine à glisser sa panse entre les créneaux, manque d'être repéré mais s'encoigne dans l'angle de la tour ouest avant d'être rejoint par le grêlé... lorsqu'une cavalcade isolée sonne sur la route au dehors et que la sentinelle au-dessus d'eux crie soudain "Qui va là !?".<br />
<br />
En rejoignant Trevan et Herle, Diane avait elle-même repéré le cavalier, reconnu un des hommes de Jornil qui accompagnait le soi-disant "convoi de métal" et tenté de l'abattre à l'arbalète avant qu'il ne puisse s'annoncer à l'Auberge bouclée pour la nuit. Mais son unique tir manqué de tout le scénario s'est perdu loin de la cible sans même être remarqué et, freinant au pied de la tour ouest, le cavalier n'est finalement à portée d'arc que lorsque le garde l'a déjà remarqué : sans savoir où en sont leur camarades ni s'il peut les mettre en danger, le trio hésite à abattre l'arrivant juste le temps qu'un autre membre de la caravane, qui montait la garde à l'extérieur près des tentes des marchands de chevaux, ne le reconnaisse et viennent à sa rencontre... ''"Ouvrez les portes !"'' crie la sentinelle à l'intention de ses collègues.<br />
<br />
Du rempart, le Grêlé indique par signe à Vighnu qu'ils ont un sérieux problème : le reste du commando comprends qu'il leur faut d'urgence neutraliser ce messager nocturne qui pourrait compromettre toute leur opération. Heureusement, près du portail que deux autres gardes s'apprêtent à ouvrir, Gavin qui ne dormait que d'un œil commence à râler : ''"On veut dormir ! N'ouvrez pas la porte ! Si ça se trouve, c'est des Kormes !"''. Les protestations sont bientôt reprises par ses voisins, et Gavin envenime la situation pour gagner du temps, poussant un des nouveaux copains anguedais d'Eldan à aller se plaindre aux deux soldats qui déverrouillent la porte en arguant qu'ils ont payé pour la protection de l'auberge et que le couvre-feu vaut pour tout le monde. Le ton monte bientôt à travers toute la cour lorsque Andréas se joint aux réfugiés mécontents et en convainc une poignée d'aller gueuler auprès des hommes en faction au pied de la grande tour. <br />
<br />
Profitant du merdier, le Grêlé et La Poigne se sont introduits dans la tour ouest, ce dernier a tué la sentinelle et l'autre ouvre maintenant la porte du rez-de-chaussée à Vighnu et Oleytan : pendant que le Grêlé enfile la livrée du soldat pour le remplacer à son poste, les trois autres montent au rempart sud et le longent jusqu'à la petite porte de bois qui donne sur le grenier de la grange. Dégainant sa dague, il travaille alors à en faire sauter la barre...<br />
<br />
Sentant la situation dégénérer à l'intérieur du fortin où des archers sont apparus en haut de la grande tour- et parce que les caravaniers installés à l'extérieur commencent à vouloir se joindre aux deux hommes qui cognent au portail, Diane, Herle et Trevan (toujours déguisés en Kormes et surveillant les événements depuis la lisière des bois) décident de passer à l'action : le plus proche gardien de chevaux est abattu d'un carreau d'arbalète dans la poitrine, deux flèches descendent simultanément un caravanier armé et une sentinelle mal avisée et le trio se rapprochent à couvert des chariots et des tentent qui bordent le chemin vers le pont, bien décidé à réduire le messager au silence avant qu'il n'ait pu parler aux gardes ou à Darjodrahl le Hornois...<br />
<br />
=== Emeute et mort de Darjodrahl (Vighnu, Oleytan, Andreas, Eldan, Gavin, La Poigne) ===<br />
<br />
Dans la cour, Andréas voit arriver un garde de plus et l'engueulade devant le portail toujours fermé (et à l'extérieur duquel deux types gueulent ''"Ouvrez ! C'est important ! Un messager de Solerane !"'') tourne bientôt à l'empoignade : un des soldats pointe sa lance sur Gavin, Eldan se tient prêt à agir, l'autre soldat repousse brutalement le berger... et le chroniqueur lance discrètement un sort pour attiser la colère de la foule. Immédiatement, les protestations tournent à l'émeute et plusieurs résidents se jettent sur les soldats sortant de la Grande Tour. Gavin saisit la lance qu'on pointait sur lui et tente de désarmer le garde, écopant d'une méchante estafilade à l'épaule et les deux hommes luttent pour l'arme lorsque Eldan surgit et décapite le soldat par derrière, éclaboussant de sang le pauvre écuyer qui en reste un instant interdit.<br />
<br />
Le second soldat qui s'était précipité pour ouvrir le portail se retourne et n'a que le temps de dégainer son arme avant que le Moineau ne se rue sur lui en brandissant sa lame ensanglantée : le garde esquive une première fois, recule pour éviter un coup de lance de Gavin et le Moineau (très en forme) l'empale contre le portail. Derrière eux, sans armes ni grand talent pour la bagarre, les émeutiers amateurs se font rapidement tailler en pièce par les soldats et mercenaires de plus en plus nombreux à sortir du donjon...<br />
<br />
À peine Vighnu et La Poigne ont-ils fait un pas dans le grenier enfin ouvert que Lerkoren Oleytan arrête le fehnri d'un geste : il lui semble distinguer une silhouette dans le grenier obscur. Repéré, le Hornois jaillit et -avant que quiconque n'ait pu réagir- son épée à deux mains ouvre un profond sillon dans le thorax de La Poigne. Le colosse vaincu n'a pas encore touché le sol que Vighnu a déjà lancé une dague empoisonnée qui croise l'épée s'abattant sur lui : sa parade précipitée au katara aurait été insuffisante si Oleytan n'y avait pas joint son précieux arc à double-courbure, la lame hornoise déviant en tranchant dans le bois. Le fehnri pare une nouvelle attaque avec l'aide de l'Elloran, utilisant la corde de son arc pour lier un des bras de Darjodrahl, et se fend pour planter son katara dans la poitrine du Hornois pendant que, à peine relevé, La Poigne lui abat en chancelant sa masse d'arme sur l'occiput : à la fois empoisonné, poignardé et assommé, l'ennemi s'effondre sans un cri sur le plancher disjoint.<br />
<br />
Dehors, quatre "émeutiers" ayant été tué en un instant, Andréas reflue vers le fond de la cour avec les autres réfugiés vers le maintenant horrifiés de la tournure de leurs protestations. Entre les archers qui pointent maintenant leur flèches vers la cour et les soldats qui ont envahi la cour, Gavin comprend également que leur petite émeute a fait son temps et lâche la lance pour se réfugier dans une tente comme n'importe quel innocent apeuré par les événements. <br />
Eldan n'a pas la même présence d'esprit et, lorsque trois hommes d'armes avancent vers lui, l'adrénaline qui bat dans ses veines le pousse à tenter de leur tenir tête. Deux blessures plus tard, acculé contre la porte de la remise, il ne peut que faire mine de se rendre en posant piteusement le glaive hérité de son père pour se donner le temps de décrocher derrière lui la barre de la porte, déjà à moitié dégagée par Gavin quelques heures plus tôt. Lorsque les gardes avancent pour l'arrêter, Eldan bondit par la porte soudain libérée, claque le battant au nez des soldats et replace la barre avant qu'ils n'aient pu l'en empêcher.<br />
<br />
Lorsqu'un carreau d'arbalète cloue soudain le crâne du messager contre le portail de l'auberge, son compagnon s'arrête net de cogner pour qu'on lui ouvre mais n'a que le temps de pousser un cri avant qu'une flèche de Herle le réduise au silence. Désormais repéré mais toujours déguisé, le Défroqué décide d'exploiter au mieux la situation et s'avance à découvert en hurlant l'un des rares mots de lange des Vents qu'il maîtrise à l'attention des défenseurs : "KOOOORME !" scande-t-il en défiant les hommes aux créneaux, qui lui répondent à coups de flèches.<br />
<br />
=== La Grange (Vignu, Andreas, Le Grêlé, La Poigne, Eldan, Oleytan) ===<br />
<br />
S'étant fait ouvrir la porte de la tour ouest par Le Grêlé, Andréas le suit par les remparts jusqu'au grenier où Vighnu tente maladroitement de panser les blessures de La Poigne. Andréas n'obtient guère de meilleurs résultats pendant que ses compagnons descendent dans la grange où Eldan arrivent bientôt par la remise. ''"Les gardes sont à mes trousses"'' explique-t-il bien inutilement puisqu'on les entend marteler la porte barrée. D'autres coups et des voix retentissent bientôt au portail verrouillé de la grange : ''"Darjodrahl ? Un type vient de rentrer par la remise, est-ce que tout va bien ?!"''.<br />
<br />
Nos voleurs échangent des regards atterrés, Le Grêlé colle une taloche à Eldan pour sa peine et le corps sanglant du Hornois continue de goutter un sang poisseux à travers le plancher du grenier pendant que les gardes s'énervent à l'extérieur quand, finalement, Vighnu tente d'imiter le phrasé rogue et guttural de son ami Barbaras :'' "Ouais ! J'l'ai vu mais il s'est tiré ! Tout va bien !" ''répond-il avec son meilleur accent Hornois. Quoiqu'un peu hésitant, le garde de faction finit par répondre ''"Faîtes attention quand-même, hein, on dirait bien que des Kormes sont à nos portes..."'' mais s'éloigne lorsqu'un grognement de hornois met fin à la conversation.<br />
Alors que tous soupirent de soulagement, Oleytan les avertit depuis le grenier d'où il surveillait les alentours par la porte du grenier, ouvrant directement sur la cour : <br><br />
<br />
«_''Pssst, y a des guerriers plein les remparts et c'est la panique dans tout le fortin. Qu'est-ce qu'on fait ? <br><br />
_''Et surtout, qu'est-ce qu'on va faire demain, quand il faudra ouvrir la grange pour laisser partir la roulotte de Dorian et qu'ils trouveront le corps de Darjodrahl ? <br><br />
_''Surtout qu'Eldan est maintenant complètement grillé, pis y a des gars qui risquent de finir par l'identifier... <br><br />
_''Et j'ai perdu le glaive de mon père." ajoute l'intéressé d'un ton chagrin.» <br><br />
<br />
Mais à l'extérieur, les appels redoublent et les soldats commencent à vérifier toutes les portes à la recherche de "l'espion des Kormes" qu'ils croient poursuivre...<br />
<br />
=== Feinte (Le Grêlé, Eldan) ===<br />
<br />
Dehors, Trevan a sauté sur un cheval qu'il cabre en brandissant sa lame juste au-delà de la portée des archers, pendant que Diane récupère ses carreaux, aussi précieux que compromettants, sur les corps qui lui sont accessibles. Un cri retentit alors sur le rempart sud : ''"Il est là ! L'espion Korme s'enfuit par l'ouest !"'' Après avoir ainsi ameuté tout le monde dans et hors les murs, Le Grêlé, toujours en livrée de la garde se précipite vers la tour ouest suivi par Eldan. Après s'être barricadé, ils rejoignent bientôt le sommet. ''"Il est là ! Attention ! Il va sauter !"'' hurle le Grêlé alors qu'une silhouette à peine noircie bascule par-dessus le rempart. Au pied de la tour, Herle a également sauté à cheval et puisque les trois "kormes" à l'extérieur ne semblent pas réagir à la ruse, le "garde" s'écrit encore : ''"Ses compagnons viennent le chercher ! Il va s'enfuir, vite !"'' Et de tirer quelques flèches aux buissons, pendant que Trevan et Diane ramassent le compromettant cadavre du garde étranglé plus tôt par La Poigne, et disparaissent au grand galop vers la forêt.<br />
<br />
Soldats et mercenaires envahissant les remparts, Le Grêlé et Eldan se retrouvent vite coincés de toutes part et, utilisant la corde et le grappin à leur disposition, ils descendent le long du rempart sud et disparaissent à leur tour dans les bois sans avoir été remarqués. "Bon, ça nous aura fait gagner un peu de temps, constate Vighnu depuis le grenier, mais on a encore du boulot…"<br />
<br />
=== Dans la grange (Gavin, Vignu, Andreas, La Poigne, Oleytan) ===<br />
<br />
Après avoir discrètement permis à Gavin de les rejoindre par la remise, nos cambrioleurs retranchés dans la grange découvrent bientôt sous les linges et couverture du "chariot de draps" quatre gros coffres ferrés, fermés par des cadenas et liés au fond du véhicule par de lourdes chaînes. ''"Bordel, comment est-ce qu'on va ouvrir ça ?"''<br />
Vighnu, peu habituer à la serrurerie malgré ses doigts de fée, casse le seul crochet sorti de la besace de Gavin, l'Écuyer essaye à son tour avec un long clou mais sans plus de succès et Le Grêlé lui-même y épuise ses maigres compétences. <br />
<br />
''"Nan mais c'est pas possible, y en a pas qui sache crocheter dans cette équipe de voleurs ?! _Ben y avait le Moineau... _Et merde !!!". '' <br><br />
Persuadés que la clé des coffres doit se trouver sur l'homme de confiance du cuivré, Vighnu, Andréas et Gavin fouillent et refouillent deux fois le corps du Hornois à sa recherche : rien. ''"Merde ! Merde ! Merde ! _Bon, allez, on reprend du début, c'est forcément là, quelque part et on s'y met tous..."'' Pendant que La Poigne se repose de ses blessures, les armes, l'armure, les bijoux, les vêtements, les bottes, la bourse, les poches et le cadavre de Darjodrahl sont ainsi inventoriés et retournés dans tous les sens par les voleurs au désespoir jusqu'à ce que, finalement, Gavin remarque que son gros médaillon cliquète curieusement quand on le secoue. Vighnu et lui s'acharnent sans résultat sur l'objet, jusqu'à ce que le chroniquer, habitué aux casses-tête, saisisse comment le pendentif peut être dévissé et révèle bientôt la clé tant espérée ! Et dans chacun des quatre coffres qu'on leur avait pourtant défendu d'ouvrir (mais Herle et Eldan ne sont justement plus là pour faire des remarques), nos héros trouvent des douzaines de lingots : argent, cuivre, étain, bronze... Il y a là toute la production que Solerane destine à la prévôté, mais aussi la part des mines d'argent qui revient à l'état-major : en tout, c'est près de 200 lingots et donc quelques 250 kilos de métaux qui s'offrent à leurs yeux ébahis. ''"Gavin, remet illico ce que tu viens de glisser dans ta besace : tout ça est maintenant la propriété de notre Capitaine. _Pfff…"''<br />
<br />
Andréas inspecte ensuite la roulotte de Dorian le Magnifique, occupée aux deux tiers par une épaisse couchette couvertes de coussins, des filets de marchandises pendant du toit et jusque entre les roues, des étagères couvrant tout le tiers arrière : <br><br />
<br />
«_''Ah ben il voyage dans le luxe, le fumier. <br><br />
_''Si j'avais une minette comme la sienne, moi aussi j'passerais les trajets à baiser, tu peux me croire ! <br><br />
_''Oh pis dis-donc : des fioles variées, des épices, de l'argenterie, de la verrerie, des bijoux, de la nacre, des miroirs : il vend que du luxe, le gars ! <br><br />
_''Crénom dîtes, c'que c'est beau ! <br><br />
_''Gavin, repose ça tout de suite : pas question que le Magnifique s'aperçoive qu'on a touché à sa roulotte.» <br />
Andréas jugeant que la caisse du véhicule est assez profonde pour qu'on y étale les lingots en un tapis bien lisse que les occupants de la couchette ne devraient pas trop remarquer, il n'y a plus qu'à attendre la diversion prévue pour commencer le transfert du chariot vers la roulotte…<br />
<br />
=== Diversion (Trevan, Herle, Eldan, Diane) ===<br />
<br />
Il ne reste plus qu'une ou deux heures avant l'aube lorsque Trevan, Herle, Eldan, désormais tous maquillés en Kormes, se répartissent autour du fortin et, à l'aide du mélange d'essences et d'huiles piochées au hasard dans la trousse alchimique de Vighnu (fallait pas la laisser à l'extérieur), enflamment des flèches qui produisent des couleurs plus qu'aléatoires avant de siffler au-dessus des bâtiments pour s'écraser sur les toits de chaume humides où tomber dans la cour, n'enflammant que quelques tentes vite éteintes. C'est néanmoins suffisant pour que Diane puisse se faufiler par le sud jusqu'au portail, et récupérer le dernier carreau d'arbalète y clouant encore la tête du messager. <br><br />
''"Les Kormes ! Les Kormes reviennent !"'' crie-t-on bientôt dans tout le fortin.<br />
<br />
Dès que Lerkoren Oleytan a annoncé qu'une drôle de flamme bleuâtre venait de s'écraser dans la cour (''"Rha les saligots !"''), Andréas et Vighnu ont commencé à installer les lingots sous le matelas de la roulotte, pendant que Gavin et La Poigne garnissaient les coffres de fers à cheval, de pierres, d'une enclume et tout ce qui pourrait y simuler le poids et le bruit du butin subtilisé. <br><br />
Et c'est peu avant l'aube, ses compagnons s'étant effondrés de fatigue depuis un moment, qu'Andréas fini seul d'arranger la roulotte pour camoufler avec le plus grand soin son chargement secret...<br />
<br />
<br />
<br />
== Récupération du trésor et autres péripéties ==<br />
<br />
<br />
<br />
[À partir de là, la fin du scénar à été jouée en "flashbacks" successifs jusqu'au combat final. J'utilisais Herle de Lorune, orphelin de joueur depuis plusieurs séances, pour poser des questions auxquelles les joueurs répondaient pour déclencher un flashback. Chacun avait le droit de d'initier deux scènes : l'une contant comment un de leurs camarades avait réussi un exploit et une autre collant à un autre PJ la responsabilité d'un échec, ce qui nous permettait de ne jouer que les scènes "intéressantes" et de faire un peu de montage alterné. <br />
<br />
Comme la scène "de débriefing" se jouait presque en aveugle, seul Loriel savait dès le départ que son perso, Vighnu Pratesh, avait survécu (mais bon, comme il avait accumulé 7pH, je me doutais qu'il ne mourrait pas dans cet Épisode) et les autres joueurs ignoraient si ce qu'il affirmait était vrai, ou simplement un mensonge pour conforter le templier blessé... Évidemment, chacun commençait son premier flashback avec toutes ses jauges à fond, mais devait ensuite gérer les pertes et les récupérations de scène en scène, et les joueurs ont souvent ajouté des détails pour régénérer de la Tension ou se passer la patate chaude. Ça a été un peu décousu, la règle "un exploit d'autrui et une bourde d'autrui par joueur" n'a pas complètement été respectée mais, globalement, ça a donné un final intéressant à cet Épisode qui commençait à traîner en longueur...] <br />
<br />
=== Réveil de Herle ===<br />
<br />
Il fait très froid aux abords du col et l'obscurité règne sous les sapins gelés. Vighnu, transi jusqu'aux os, scrute pourtant les alentours lorsque, quelques mètres en contrebas, Herle bascule du cheval où il l'avait attaché : au contact de la neige, il émerge pour la première fois du sommeil où l'avait plongé l'hémorragie et ses profondes blessures et tend la main vers le fehnri, qui s'empresse à son chevet. <br><br />
<br />
«_''E... Eldan... où est...le Moineau ? <br><br />
_''Il n'est pas loin, il est parti en éclaireur. <br><br />
_''Gnnh. Le butin ? <br><br />
_''Pas loin non plus, en arrière, sur les bêtes. <br><br />
_''On a... on a réussi ? <br><br />
_''Oui, on a réussi. <br><br />
_''Alors putain, d'où ils sortaient ces types ? <br><br />
_''C'est la faute à Eldan, il était en avant lors de l'embuscade, mais il a laissé passé les gars qui descendaient de l'autre convoi par le nord...» <br><br />
<br />
<br />
=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Dans la forêt matinale, à une volée de flèche de la route vers Solerane, Eldan est en train de soulager sa vessie contre un arbre lorsqu'il aperçoit une silhouette évoluant à croupetons parmi les buissons. Il n'a que le temps de se jeter derrière un tronc qu'une flèche en racle l'écorce. Pendant que notre éclaireur se rajuste et encoche lui-même un trait dans son arc, l'ennemi tire une deuxième flèche et atteint le cheval du Moineau, qui s'enfuit dans la forêt. ''"Rha zuuuteuh !"''<br />
Eldan riposte, manque, se remet à couvert et commence à manœuvrer pour s'approcher de son adversaire lorsqu'il aperçoit un deuxième homme, s'approchant furtivement depuis la route une hache à la main. Le Moineau tire une nouvelle flèche à l'archer adverse, le blesse légèrement et jette un coup d’œil pour surveiller l'approche du second ennemi : comprenant qu'il est repéré, l'homme à la hache profite de ce que l'éclaireur a décoché pour charger en levant sa hache. Lâchant son arc, Eldan dégaine son fidèle glaive pour le recevoir...'' _Mais tu l'avais paumée, l'arme fétiche héritée de ton père ! Grâce à qui l'as-tu retrouvée ? _Grâce à Gavin, qui l'a ramassée pendant que les soldats tentaient d'enfoncer la porte de la remise après que je m'y sois enfermé !''<br />
<br />
=== Témoignage de Gavin ===<br />
<br />
Gavin est en train de cavaler à travers la cour de l'Auberge, l'épée d'Eldan sous le bras. Sur les remparts que l'aube éclaire à peine, c'est la panique et tout le monde hurle ''"Les Kormes ! Les Kormes reviennent ! Tous aux créneaux !"''. Le problème de Gavin, c'est qu'en se levant au matin dans la cour endormie, le beau glaive à la lame gravée (d'une femme nue : ''"Rho chouette !"'' fait Gavin) sous le bras parce qu'il ne voulait pas prendre le risque qu'on le lui vole, il a décidé de pisser derrière un pilier où, par malchance, dormait un garde (vous voyez comment les joueurs ont créé un fil rouge héroïque de scène en scène ? ''"J'étais en train de pisser quand..."''). Éclaboussé et immédiatement réveillé, le soldat a ouvert les yeux pour voir l'écuyer "armé" levé au-dessus de lui et s'est mis à crier ''"Aleeeerte !"''. Coup de bol, c'était vraiment l'alerte puisque c'est le moment qu'ont choisi des dizaines de Kormes pour s'avancer sur le pont...<br />
<br />
Gavin cavale de son mieux entre les dormeurs et les tente, sachant que la plupart des autres sont déjà partis, il cherche une cachette ou un moyen de s'enfuir du fortin, mais le portail est à peine refermé et, en plus du furieux trempé d'urine qui le poursuite avec sa hallebarde, les guerriers commencent à s'accumuler aux remparts. <br />
<br />
''"Heureusement, Herle est venu à la rescousse !"'' précise Orlanth, utilisant son "exploit d'un autre PJ" pour s'en sortir. Bon, là, comme techniquement Herle est un PNJ depuis déjà deux ou trois séances, c'est moi brièvement qui raconte.<br />
<br />
En effet, la porte pas encore barrée craque soudain sous l'impact d'un chariot utilisé comme bélier par trois "Kormes" plus ou moins chevelus : Diane, Trevan et Herle de Lorune sont venus évacuer leurs derniers camarades (et permettre aux vrais Kormes d'investir le fortin, histoire que les dégâts ainsi causés camouflent autant que possible l'intervention du commando). Sous la volée de flèches qui pleut alors autour d'eux, les trois peinturlurés décrochent à toute vitesse, plus ou moins suivi par Gavin qui part dans une direction légèrement différente avec l'air du pauvre hère pris dans la tourmente. Un coup d’œil alentour lui révèle d'ailleurs plusieurs dizaines de Kormes progressant par le pont vers la herse baissée en échangeant des traits avec les défenseurs de la grande tour, et de petits groupes épars traversant le fleuve accrochés à des radeaux : l'écuyer s'enfuit vers l'ouest sans demander son reste, et retrouve bientôt le reste du commando. ''"Hé mais c'est mon épée !"'' s'exclame Eldan en voyant arriver Gavin. ''"Celle-là ? Non, non, j'l'ai trouvé à l'Auberge..._Après que je l'ai lâché devant les gardes, ouais ! Rends-moi ça !_Rho mais-heu…"''<br />
<br />
=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Retour dans la forêt : Eldan dégaine donc le précieux glaive hérité de son père puis sauvé par Gavin... et pare le premier coup de hache de son adversaire. Il reste au plus près de l'ennemi pour gêner le tireur qui se rapproche par le nord et, lorsque son opposant trébuche sur une racine [1pH pour éviter d'être gravement blessé par un coup de hache], Eldan le sèche pour le compte d'un grand coup du plat de la lame sur l'oreille, puis roule vivement dans les buissons pour éviter la flèche que l'archer lui décoche une fois son angle de tir dégagé. Bondissant d'arbre en couvert et de tronc en fourré, Eldan se rapproche de lui et, lorsqu'il n'est plus qu'à une 10aine de mètres, le dernier trait décoché à peine rebondit contre l'écorce d'un sapin, le Moineau fonce au contact : l'autre n'a que le temps de tirer sa dague que la lame gravée lui tranche l'épaule, éclatant le trapèze, l'omoplate et la clavicule dans une gerbe de sang. L’hémorragie finit de l'achever pendant que notre éclaireur souffle un peu, découvre le tatouage de la Confrérie du Chacal sur la poitrine de l'archer et lève enfin le nez vers la route quand il entend passer le tonnerre de chevaux aux galop : 6 ou 7 cavaliers foncent à bride abattue vers le sud, d'où monte déjà la clameur d'un combat, puisque l'embuscade y a commencé. ''"Meeeeerdeuh !"'' s'écrie Eldan en repartant vers le sud à toutes jambes.<br />
<br />
=== Herle ===<br />
<br />
Serrant son poing massif sur la cape enneigée de Vighnu, Herle de Lorune commence à s'énerver : <br><br />
<br />
«_''Mais par les Pères tu vas me dire comment vous avez rattrapé le chariot, à la fin ?". <br><br />
_''C'est grâce à Vighnu, intervient le Moineau qui vient de sortir de l'ombre [puisque là, on peut raisonnablement supposer qu'il n'est pas mort] "Il a réussi à trouver des chevaux, puis à nous guider à travers la campagne pour atteindre la forêt avant la roulotte du Magnifique. Il a été formidable ! <br><br />
_''Mais comment vous avez fait pour sortir le butin de l'Auberge ?!? <br><br />
_''Oh ben ça, c'est grâce aux...heu... talents d'imitateurs d'Andréas…» <br><br />
<br />
=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
L'aurore pointe à peine sur la cour de l'auberge encore à moitié endormie quand Dorian le Magnifique et sa suite, fraîchement augmentée de plusieurs mercenaires recrutés sur place, exige du Lieutenant [[Sanderen]] (commandant le fortin pour l'Armée du Nord) qu'on ouvre les portes à sa roulotte, parce qu'il refuse de rester plus longtemps dans un relais aussi mal défendu. L'officier ne s'était d'ailleurs pas levé si tôt pour se faire emmerder par des marchands et grimpe sur la margelle du puits pour annoncer d'une voix forte que, le fortin étant assiégé depuis cette nuit, tout ceux qui auraient encore la mauvaise idée de s'en prendre aux défenseurs -pour des raisons de taxe ou d'insatisfaction quant au couchage- seraient considérés comme complices des Kormes et pendus aux murailles !<br />
<br />
Un soldat vient alors cogner à la porte de la grange où Andréas, caché dans la remise, vient juste de finir un splendide dessin de Darjodrahl, assis dans l'ombre dans une attitude aussi distante qu'agressive, qui va lui permettre de concentrer sa magie [il a créé un puissant sort de Chimère sur tout le rez-de-chaussée de la grange, lui permettant d'y animer un personnage d'autant plus crédible dans sa mauvaise humeur qu'il se base sur l'altercation de la veille entre Sanderen et le Hornois]. Évitant de croiser le regard mauvais du guerrier qui les admoneste depuis le coin obscur de la pièce, le marchand et ses hommes se dépêchent de sortir leur carriole, d'y atteler les bœufs et de quitter l'Auberge. Pendant qu'on referme le portail derrière la suite de Dorian, l'agitation et sa vessie tirent bientôt Gavin du sommeil et, dès que l'écuyer se met à cavaler poursuivit par un hallebardier, Andréas profite de la confusion pour quitter la grange sans être remarqué et aller se recoucher dans un coin... Lorsque, évidemment, les Kormes attaquent.<br />
<br />
[Précision rigolote, mais que les PJ ignorent : quand les joueurs on demandé ce qui avait provoqué l'attaque des Kormes, je leur ai expliqué qu'ils surveillaient évidemment depuis des semaines le fortin et le pont contrôlant le passage vers le nord-ouest de la Région des Lacs, et qu'ils ont décidé de passer à l'action quand, cette fameuse nuit, il est devenu manifeste que des "camarades" assiégeaient l'endroit depuis la rive gauche et envoyé des signaux à coups de flammes colorées : le temps de s'organiser, ils ont donc profité de l'occasion pour tenter de prendre la position. ''"Mais c'est notre faute si les Kormes ont attaqué ?!! _Hé, oui : vous êtes très forts.."]<br />
<br />
''"Mais vous... demande Herle, comment vous êtes sortis de là ? _Oh ben nous on a profité d'une corde dégottée par Gavin dans la grange pour se tirer par les remparts comme on était venus, un peu avant l'attaque. Tu t'en souviens pas ? On vous a retrouvé à l'extérieur, avec les chevaux.''<br />
[Les joueurs font quelques jets pour confirmer cette version de l'histoire, et payent 1pH pour cette histoire de chevaux : entre ceux qu'ils ont amenés eux-mêmes et le troupeau dispersé dans la nature, c'était raisonnablement probable d'en trouver pour tout le monde.]<br />
''"On a juste eut quelques ennuis à cause de Diane qui était restée en arrière..."''<br />
<br />
=== Témoignage de Diane ===<br />
<br />
Pendant que Herle, Trevan et Gavin évacuent vers l'ouest, l'Arbalétrière s'est en effet arrêtée pour se nettoyer à grande eau (parce que les peintures de guerre, ça colle affreusement dans les cheveux longs). Elle est d'ailleurs en pleine toilette quand une bande de Défunts, trempés d'avoir traversé le fleuve glacé à la nage, prennent pied sur la rive et la considèrent avec circonspection : d'abord parce qu'elle est, sinon jolie, du moins sculpturale [Physique 4, Athlétique 4, Allure 4 : elle ressemble à une héroïne d'Adam Hughes], ensuite parce qu'elle est manifestement en train de se débarrasser de peintures semblables aux leurs, qu'elle revient d'avoir enfoncé le portail du fortin et que les Kormes s'attendaient à trouver des camarades sur cette rive. Sauf que Diane a des cheveux, et ça, c'est pas normal... ''"Ben quoi bande de débiles, leur balance-t-elle alors en Langue des Vents, vous allez rester là à mater ou vous êtes venus pour participer à l'assaut ?!? Bougez-vous le cul merde, on est pas là pour roupiller !"'' [Et de faire une énorme réussite sur son un jet de Social+Langues Étrangères+Allure+Intimidation+Volonté.] Un instant médusés, les Kormes saluent respectueusement cette guerrière étrange qui ne peut être qu'une cheffe influente et vont se joindre au combat, l'un d'eux tendant même un carré de tissu à la Kerdane pour qu'elle finisse de s'essuyer... <br><br />
''"Comme quoi c'est carrément pas ma faute, ajoute l'arbalétrière qui vient de sortir de l'ombre auprès du templier blessé : j'avais même réglé le problème quand ce crétin de Vighnu est venu foutre sa merde !"''<br />
<br />
=== Témoignage de Vighnu ===<br />
<br />
[Un jet d'orientation particulièrement raté pour retrouver les autres après avoir rassembler des chevaux vient en effet de basculer une 10aine de pions dans la case de Tension de Vighnu, qui a par ailleurs toujours des pions de Marque psychologique (anciennement appelés "Traumas") suite à sa crise sentimentale avec Islinna (et qu'il essaye d'évacuer depuis 3 séances). Il est donc très largement en Surtension...]<br />
À quelques centaines de mètres à l'ouest du fortin, ses compagnons en train de sauter sur les montures qu'il vient de leur procurer, Vighnu aperçoit à la lisière des arbres encore obscures une jeune et belle jeune fille rousse (il reste de la peinture rouge dans les cheveux de Diane) portant un manteau emishen et entourée d'une 15aine de Kormes... Son sang ne fait qu'un tour (sans passer par le cerveau) et l'assassin s'élance au grand galop en hurlant ''"ISLIIIIINNAAAAAAA ! J'ARRIIIIIIVE !"'' avant que ses camarades n'ait seulement pu songer à le retenir.<br />
<br />
Diane voit alors le Fehnri surgir de la nuit comme un diable, les Kormes qui s'éloignaient déjà ralentissent à l'arrivée de l'intrus et, chargeant toujours, Vighnu bondit de son cheval sur le pauvre gars qui tendaient une serviette à la guerrière et l'égorge d'un grand revers de son katara en beuglant ''"Touche pas à ma copiiiine ! _Mais t'es complètement taré ! J'suis pas ta gonzesse !"'', s'écrie Diane alors que l'assassin halluciné se relève souplement, quoiqu'un peu confus et couvert de sang, pendant que "l'innocent" Korme agonise dans l'herbe haute. Et tous les Kormes alentours de se ruer vers eux en brandissant leurs armes. Sautant à cheval, la Kerdane furieuse et le Fehnri honteux essuient de justesse quelques flèches, javelots et hache de jet mais parviennent à dégager à fond de train avant d'être encerclés.<br />
<br />
Lorsqu'il rejoignent Eldan, Herle, Trevan, Gavin, Le Grêlé, Oleytan et La Poigne maintenant tous en selle, Vighnu ne prend même pas le temps de s'expliquer : ''"Dorian et le butin doive être loin devant nous, maintenant : on va couper la plaine par l'ouest à bride abattue, les doubler avant la forêt et les attendre au premier guet ! _C'est moi ou on aura passé la moitié de cette mission à cavaler derrière des convois ? _''Ferme-la et galope !".''<br />
<br />
«_''Oui heu bon, toi qui a fait vœu de chasteté tu peux pas comprendre mais les femmes, tu vois, ça te mélange tout dans la tête et... <br><br />
_''L'embuscade, par les Pères ! Raconte-moi l'embuscade ! <br><br />
_''Haem donc, comme je te le disais, Diane a organisé une embuscade aux petits oignons, mais on a eu des visiteurs imprévus…» <br><br />
<br />
<br />
<br />
== L'embuscade ==<br />
<br />
<br />
<br />
[Après s'être tous reposés pendant une Scène grâce à l'avance prise dans la course, Diane fait un gros jet de préparation avec le soutien de tous ceux qui ont quelques scores de Tactique, de Camouflage ou d'Embuscade (et dans un groupe de mercenaires du nord, ils sont nombreux) pendant que Vighnu fait un solide jet de camouflage pour tout le groupe : bénéficiant d'un confortable bonus tactique réparti sur plusieurs personnages, d'un excellent point de vue pour la tireuse d'élite et d'une Difficulté de repérage monstrueuse, les PJ et leurs camardes sont prêts à ne faire qu'une bouchée de l'équipage du Magnifique…]<br />
<br />
Le timide soleil matinal jaunit les nuages gris et la pluie qui n'en finit plus de détremper la forêt, gonflant en torrent le ruisseau qui coupe la route de Solerane, juste au pied d'un trio de gros rochers de grès surplombant de leur butte une myriade de petits blocs, le gué et la route. Invisibles derrière les rocs et bosquets alentours, les vaillants mercenaires de Tal Endhil, confiants dans la garde d'Eldan ½km au nord, observent la lente arrivée par le sud de la roulotte fermée et escortée par deux cavaliers et cinq fantassins. <br />
<br />
Image<br />
<br />
Les éclaireurs à cheval de Dorian le Magnifique avancent en effet à pas prudents dans le torrent, pleinement conscients de traverser un splendide site d'embuscade, mais sans parvenir à repérer les guerriers déguisés en Kormes qui attendent le signal de Diane, postée au sommet des rochers, pour les assaillir de quatre côtés. La Kerdane laisse avancer les cavaliers le plus loin possible et, lorsque le premier d'entre eux menace a déjà largement dépassé les rochers et risque d'être bientôt hors de portée de la redoutable arbalétrière, elle l'abat d'un carreau en pleine tête [encore un, il faut dire qu'Orlanth soigne ses jets de tir et mise systématiquement en Visée] dès qu'il échappe à la vue de ses compagnons. Ce n'est que lorsque le garde du corps personnel du marchand commence à donner des signes d'inquiétude, un musclé patibulaire et couturé de cicatrices qui se désaltère au bord du torrent tout en jetant des regards insistants alentours, qu'un deuxième carreau démonte le second cavalier sur la rive nord, déclenchant l'assaut : avant qu'un des éclaireurs ait pu finir de crier ''"Aleeer..."'' des flèches fusent de toutes part, les grands couteaux de jets pris par Vighnu sur le corps du Hornois tournoient dans les feuillages, des guerriers jaillissent de chaque buisson et, en quelques secondes, la majorité de l'escorte agonise sur la terre bourbeuse du chemin. Mais les battants de bois sur le flanc de la roulotte viennent de s'ouvrir, libérant une appétissante fehnri à peine couverte d'une fourrure qui s'enfuit à toutes jambes à travers bois :''"Oh m'am'zelle, reviens ! Faut pas courir toute nue dans les bois comme ça !"'' s'écrit Gavin-le-Korme-du-Terroir (pour récupérer quelques pions de sa Réaction "Plouc") avant de s'élancer à ses trousses, croisant la route du marchand courant à la suite de sa compagne dans son seul pantalon (mais sa cassette sous le bras, emballée dans une couverture)…<br />
<br />
''"Cavaliers au nord !"'' signale alors Diane d'une voix forte, avant de tirer un nouveau carreau sur le premier des hommes qui viennent de croiser Eldan. ''"Soldats au sud !"'' lui répond la voix du Grêlé qui vient de repérer les quelques hommes de Jornil et de Sanderen partis du fortin après avoir repoussé les Kormes (qui n'ont jamais réussit à prendre la grande tour pour ouvrir la herse barrant le pont), découvert le corps de Darjodrahl dans la grange, vérifié le contenu des coffres et s'être lancé "à la poursuite du marchand félon" (et qui viennent de freiner d'un coup en découvrant l'escorte massacrée par les "Kormes", qui sont décidément partout).<br />
<br />
=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
''"Attendez... et le chroniqueur-à-tout-faire, il était où, là ? _Heu... hé bien figure-toi qu'il y a eut un miracle, une véritable apparition divine, comme récemment à la Mine Bénie : c'est dire si les Pères sont avec nous !"''<br />
Quand une poignée de Kormes franchit le parapet et commence à s'en prendre aux voyageurs piégés dans la cour, Andréas se précipite vers la seule porte qui n'ait pas encore été solidement bouclée, celle de la chapelle, entraînant à sa suite quelques réfugiés paniqués. À peine la porte barrée par un banc, le mage évalue le cheptel à sa disposition, serré comme des sardines dans l'espace exigu entre les piliers sculptés représentants les huit Premiers : il y a là la jeune voleuse, le vieux conteur, le garçonnet à la vielle et l'acrobate-détrousseur (soudain gêné de se découvrir barricadé dans une pièce de 9m² avec "l'intimidant" érudit), un jeune soldat affolé (qui a lâché sa pique au premier signe de danger), une des servantes de l'auberge et une commère serrant une poule dans ses bras tremblants. <br />
<br />
Des cris (et des caquètements) de terreur accueillent les premiers coups de hache qui s'abattent sur la porte, mais Andréas Odran connaît la manœuvre : ''"Prions mes frères, les exhorte-t-il avec toute la force de sa conviction ! Prions que les saints Pères viennent à notre secours ! Chantez-tous avec moi !"'' La chorale improvisée entonne alors un antique où l'angoisse se mêle à la ferveur religieuse. Lorsqu'une cognée d'acier fini par percer entre les planches de chênes, le mage décide d'accélérer le mouvement et sort la Sphère de Pouvoir de son havresac : ''"Mes frères, ceci est une Sainte Relique Première dont la bénédiction nous protégera des ennemis du culte ! Tendez les mains pour la toucher et concentrez-vous sur le chant ! Les Pères sont avec nous !"''.<br />
<br />
Et siphonnant un maximum d'Énergie à ses coreligionnaires sans trop leur demander leur avis (pas plus qu'à la poule), Andréas remplit son focus au maximum pour lancer un sort de Chimère assez puissants pour effrayer les Kormes... lorsqu'il lui semble qu'une forme tout à fait imprévue émerge de la sphère d'or rouge. Le chroniqueur commence même à distinguer une silhouette humanoïde lorsque, son sort se déclenchant en vidant d'un coup toute l'Énergie accumulée dans la sphère, "l'intrus" disparait avec une sorte de cri muet.<br />
<br />
Dans la cour, c'est par contre carrément la stupeur : Herem, Second Fils des Étoiles, Premier Seigneur des Batailles, vient de se matérialiser quelques mètres au dessus du puits, brandissant son épée enflammée sur le fond sombre de cette aurore pluvieuse. La plupart des soldats en restent tétanisés, des réfugiés se jettent à terre en signe de soumission, d'autres prient à genoux sur les pavés et les Kormes, eux, refluent en désordre devant cette apparition divine. <br><br />
Lorsque les choristes de choc émergent de la chapelle dans une sorte de stupeur incrédule, il leur faut plusieurs minutes pour s'apercevoir que le saint érudit et sa relique on déjà disparu par le portail enfoncé de l'auberge…<br />
<br />
=== L'embuscade encerclée ===<br />
<br />
Dans la forêt humide se joue une dangereuse partie de cache-cache : après que deux d'entre eux aient été blessés par des carreaux d'arbalète en arrivant du nord à bride abattue, les Chacals lancés à la poursuite de nos héros ont démonté pour se disperser à couvert dans les sous-bois, les soldats et mercenaires arrivant du sud ont pris le maquis en découvrant les cadavres dispersés sur la route et les auteurs de ce carnage se sont pour la plupart dissimulés tout autour de la clairière envahie de rochers, progressant prudemment à la recherche des nouveaux arrivants. <br />
<br />
[Après la phase de "tir au pigeon" de l'embuscade, le groupe vient de passer en Duel global, tous les combattants dispersés à travers la map répartissant leur mise entre le repérage (attaque), la dissimulation (défense) et le déplacement, jusqu'à rencontrer des ennemis et basculer en combat à distance ou tenter de rentrer au corps à corps. Le récent module de calcul des distances de combat a donc beaucoup servi, de même que les Positions tactiques (camouflage de la végétation, couvert des rochers...), la surprise, les charges soudaines, les combats à plusieurs adversaires... Ce fût une belle démonstration tactique (Diane a particulièrement brillé) et une belle scène finale, qui aurait mérité d'être mieux décrite si je n'avais pas eu 5 ou 6 combats à gérer en même temps. Au passage, Humphrey B jouait Herle de Lorune pendant l'absence d'Andréas.]<br />
<br />
Dés le début, Gavin est pris dans une bagarre désordonnée à coups de couverture, de cassette et de poings contre Dorian le Magnifique pendant que la belle fehnri disparaît dans les bois (''"Une courtisane fehnri avec un gros score de discrétion associée à un marchand-escroc ? Tiens donc..."''), Le Grêlé a rejoint la roulotte pour régler son compte à la petite servante qui s'y cachait encore (et "s'amuser un peu" avec elle : ça reste un mercenaire sans scrupule, hein), Eldan essoufflé rejoint le "champ de bataille" par le nord, Vighnu et La Poigne convergent vers les soldats qui contournent par le sud-est, Herle abandonne son arc pour foncer tout seul par le flanc ouest (il faut bien justifier de son état futur en le jouant "imprudemment"), Trevan et Diane quittent discrètement les gros rochers en cherchant à repérer leurs nouveaux adversaires...<br />
<br />
Après quelques instants de louvoiement discrets dans les bois, le premier accrochage intervient quand deux soldats franchissent le ruisseau en aval du gué et sont interceptés par La Poigne et Vighnu : si le gros benêt diminué par ses blessures est vite repéré et pris dans un laborieux corps à corps, l'assassin blesse un de ses adversaires d'une dague de jet avant de surgir derrière lui pour le poignarder, employant le corps du mourant comme bouclier contre les attaques de deux autres soldats qui venaient à son secours. En un instant, Vighnu balance le mort sur ses congénères, éventre l'un et abat l'autre d'une dague de jet dans la gorge, pendant que La Poigne enfin dégagé éclate le crâne du dernier à coups de gourdin.<br />
<br />
Après avoir éclaté le nez du marchand d'un direct bien placé, Gavin lui arrache sa précieuse cassette et, laissant le "Magnifique" sonné assis dans l'herbe, accourt vers la roulotte en entendant les cris d'effroi de la petite servante. N'écoutant que ses élans chevaleresque, il sonne Le Grêlé d'un grand de cassette sur le crâne et, après avoir tenté en vain de calmer la pauvrette (faut dire qu'il est grimé en Korme et qu'elle passe une matinée épouvantable), l'écuyer la laisse s'enfuir dans la forêt et part à la recherche d'une arme plus approprié en voyant se rapprocher les mercenaires du fortin.<br />
<br />
Sur l'autre flanc, Herle (sans arc, donc) s'est fait prendre en tenaille par deux tireurs, a reçu une flèche dans le côté et, pendant qu'il tentait de choper son agresseur au contact, l'autre a surgit de flanc pour lui ouvrir la cuisse à coup de glaive. Blessé et à deux contre un, il encaisse de son mieux lorsque Trevan de Rigorne charge en brandissant son épée, attirant l'attention de Diane qui progressait à croupetons dans le secteur : en une seconde, le premier chacal est décapité et le second s'écroule, un carreau d'arbalète dans l’oreille. Mais ils n'ont guère le temps de souffler car Le Moineau les appelle au secours !<br />
<br />
Déboulant sans s'en apercevoir au milieu des ennemis camouflés, Eldan est immédiatement pris par surprise et blessé. Il parvient néanmoins à faire chuter son adversaire et, roulant avec lui dans les feuilles mortes, les deux éclaireurs échangent coups d'épée, de pied et de poing en s'usant l'un l'autre, pendant qu'un chacal supplémentaire s'approche à pas de loup. Le Moineau le repère au dernier moment, appelle à l'aide, tente vainement de pousser l'ennemi qu'il a blessé dans les jambes de l'arrivant et encaisse une nouvelle blessure (il commence à être franchement mal en point) lorsque Trevan arrive à la rescousse, toujours au pas de charge et toujours couvert par Diane dont l'avant-dernier trait cueille l'ennemi debout juste sous l'omoplate, perçant le poumon.<br />
<br />
''"Laisse-le moi !"'' gueule Eldan au chevalier errant et, donnant tout ce qui lui reste contre un ennemi soudain moins faraud, le Moineau prend finalement sa revanche en clouant son ennemi au sol d'un grand coup d'épée. Avant même que Herle rejoigne en boitant l'éclaireur victorieux, Trevan et Diane sont repartis au pas de course vers le flanc est, où des cris indiquent que Lerkoren Oleytan passe un mauvais quart d'heure.<br />
<br />
Car parti seul au nord pendant que l'on se battait près du ruisseau, le jeune Elloran a abattu le premier des "Chacals" qu'il a rencontré mais s'est ainsi fait repéré par deux autres : après un court échange de flèches en manœuvrant pour rester à couvert, Oleytan s'est fait chargé par les deux ennemis simultanément, a réussi à les entraîner dans un bosquet touffu pour les gêner au maximum mais commence à faiblir sans parvenir à se dégager et, lorsqu'il prend un coup de lance dans le mollet, ça commence à sentir franchement le roussi. "VIGHNUUUU !!!" appelle-t-il alors à pleine voix, pendant que l'intéressé, à plus de 200m de là, achève le dernier soldat qui s'enfuyait d'un magnifique lancé de couteau, qui l'atteint dans le dos à plus de 50 pas.<br />
<br />
Lorsque deux mercenaires ont abordé la roulotte et trouvé Le Grêlé étalé dans l'herbe, Gavin qui venait de cacher son butin dans les buissons a soudain été pris de remords. Ramassant l'épée d'un mort, il revient à pas prudents lorsque le combat éclate : Le Grêlé a laissé le premier adversaire s'approcher pour l'achever, a retourné la dague qui le menaçait dans l'estomac de l'ennemi et roulé sous la roulotte pour échapper aux coups de lance du second militaire. Le Grêlé est néanmoins blessé lorsque l'écuyer arrive alors pour achever d'un grand coup d'estoc le gars qui se tenait le ventre à deux mains et bondit sur le véhicule qui commence à avancer au ralenti, les bœufs n'aimant guère la nouvelle agitation qui secoue leur attelage. Son camarade sort alors de sous le chariot pour éviter de passer sous les roues et, maintenant à deux contre un, Gavin et Le Grêlé ont vite défait le dernier soldat, achevé d'un joli lancer d'épée dans le dos alors qu'il s'enfuyait.<br />
<br />
Trevan, Diane et Vighnu arrivent à quelques secondes d'intervalle au secours d'Oleytan, les deux derniers Chacals étant alors rapidement tués, le premier percé du dernier carreau de la Kerdane et Vighnu égorgeant l'autre après un bref corps à corps, d'abord à deux, puis trois puis quatre contre un.<br />
<br />
=== Fin des combats ===<br />
<br />
Essoufflés, les guerriers vainqueurs font brièvement l'appel : <br><br />
<br />
«_''La Poigne ? <br><br />
_''Il souffle près du ruisseau, il a pris assez cher. Eldan ? <br><br />
_''De l'autre côté, au nord, mal en point : il s'est mangé l'avant-garde tout seul avant de nous rejoindre, si j'ai bien compris. Herle est avec lui, blessé aussi, il a perdu connaissance. <br><br />
_''Gavin et le Grêlé sont donc seuls avec la roulotte : faudrait pas trop traîner avant qu'ils se fassent des idées malhonnêtes...» <br><br />
<br />
Et pourtant, les deux hommes se réconcilient sur une base financière saine : ils font moitié-moitié sur le contenu de la cassette (''"que c'est pas la peine d'embêté les autres avec des détails"'') et Le Grêlé oubliera qu'un certain écuyer a essayé de l'estourbir avec. A peine ont-ils partagé qu'arrive Andréas Odran sur un cheval fatigué, qui découvrent le massacre au bord du gué : ''"Dîtes-donc mais c'est carrément la guerre ici ! Je croyais que le but de toute l'opération à l'auberge était de pouvoir prendre le butin d'un chariot à peine défendu. _Ouais ben y a eut des invités surprise..."''<br />
<br />
Les valides font le tour du secteur, poussent le chariot hors de la route, rassemblent les camarades blessés pour que Vighnu et Andréas puissent les rafistoler, puis trient les cadavres au nombre desquels semblent se trouver (par la grâce d'1pH) presque tous les hommes du fortin susceptible d'identifier Eldan après ses exploits de la nuit précédente. ''"Alors on est bons, conclut le chroniqueur : j'ai vu les Kormes tuer les deux seuls autres qui nous aient regardé de près."'' <br><br />
<br />
«_''N'empêche que le Magnifique, sa poule et la servante se sont tirés. <br><br />
_''Bah c'pas grave, ils témoigneront qu'ils ont été attaqués par les Kormes. <br><br />
_''Mouais, sauf que Gavin a jugé utile de leur faire la causette. <br><br />
_''Chiotte ! <br><br />
_''Et sinon, d'où ils sortaient tous ces mecs ? <br><br />
_''Ben ceux-là ont du vous poursuivre depuis l'auberge. <br><br />
_''Celui-ci, il était déjà avec l'escorte au départ de Solerane, alors j'imagine que ceux du nord étaient à la recherche du messager qu'on a intercepté cette nuit. <br><br />
_''Les Chacals qui nous attendaient avec le fourgon ont du appeler du renfort après qu'on aie commencé à leur tailler des croupières, parce que je pensais pas qu'il y en avait autant dans le secteur... <br><br />
_''Le premier qu'a tué Herle le jour du départ, Jaromir et Rumbold que tu as dégommés avant de lâcher le convoi, ça fait déjà trois... <br><br />
_''Au moins deux de plus, qu'on a tué avec Trevan et Gavin quand ils nous poursuivaient : ça fait cinq. <br><br />
_''Cinq ou six avec Jorem Cuivré hier, vu qu'on a pas trop fait le détail. Disons 10. <br><br />
_''Et aujourd'hui j'en compte cinq, dont au moins un emishen du clan des Rimdehl, en plus des derniers hommes de Jornil ! <br><br />
_''Tu oublies les trois qui sont morts au Cercle des Cascades au début de la semaine, ça fait donc 18 chacals éliminés en 8 jours. C'est du bon boulot, quand-même ! <br><br />
_''Façon de voir : moi ce qui m'inquiète, c'est qu'on puisse avoir deux dizaines de types armés dans notre secteur et ne nous en apercevoir que maintenant... Il faudra qu'on parle à ce trafiquant de sel que connaît Eldan, celui qui a présenté Jaromir au fils Cuivré : je crains que l'implantation des Chacals soient plus avancé qu'on ne l'imaginait.» <br><br />
<br />
Rassemblés et ayant brièvement le temps de souffler pour la première fois depuis des jours, nos héros en profitent pour échanger enfin les infos recueillies par chacun au cours de leurs aventures et reconstituent ce qu'ils savent de la Confrérie du Chacal :<br />
La Confrérie, originaire des Sylves, semble essaimer en créant des "chapitres" locaux dans différentes régions de l'Empire. Il semble que des membres du chapitre "sylvain" de la Confrérie ait donc fait le déplacement pour "franchiser" des brigands du Nord, et ce sont ceux-là qui dirigent plus ou moins les opérations (les trois mecs tués par Andréas, Adira et Eldan aux cascades étaient vraisemblablement des novices). Aux Sylves, la Confrérie est à la fois une mafia, une secte animiste et le noyau dur de la résistance armée à l'occupant impérial : si Urgrand est lié à ces gars-là et qu'ils commencent à passer des accords avec les Kormes, ça risque de compliqué sérieusement l'Échiquier du Nord. Et si les Chacals semblent être quasiment apparus par génération spontanée en quelques semaines, c'est qu'ils ont trouvé des gens pour les soutenir et les aider dans la région : soit Urgrand est beaucoup mieux connecté qu'il n'y paraissait, soit ils ont d'autres appuis...<br />
<br />
=== Exfiltration ===<br />
<br />
"...après quoi on a réparti le butin sur les chevaux, vu qu'on en avait maintenant une bonne quinzaine, on t'a attaché en selle et on s'est tiré vers l'ouest en contournant Celanire par le nord jusqu'au grand menhir où nous attendait Neri'Helin, une des novices du chaman [[edell'okhil]] [[Kal Tayvon]], avec des bœufs laineux, des vivres et tout le matériel de montagne : paraît que ton 'Pitaine leur a promis de racheter leurs frères en esclavage. On a ensuite crapahuté par l'ouest pendant trois jours dans les [[Asparren]] puis les [[Monts d'Azur]], en passant par des coins de plus en plus hauts et enneigés pour éviter de croiser quiconque. La p'tite Edell'okhil a même déclenché une avalanche dans le col du Fraisil pour qu'on ne puisse plus nous suivre. On a bien perdu quelques canassons en chemin, mais les lingots sont au complet, le groupe aussi (quoique la demoiselle ait du re-nettoyer les blessures de La Poigne), et nous voilà presque rendus. <br><br />
<br />
«_''Où sommes-nous, exactement ? <br><br />
_''Un peu au sud-ouest de la Mine Bénie : on va contourner par l'autre versant pour éviter de s'y faire voir et la môme va nous faire passer sur la rive nord du Lac Troisième par une espèce de chemin à travers les marais à l'est de Andh Endhil, pas loin du camp abandonné d'Etayn-la-Louve. <br><br />
_''La voie est libre et le jour va se lever, annonce la jeune femme en rejoignant le groupe : ramassez vos affaires, hommes du sud. <br><br />
_''Allez, messire de Lorune, remonte en selle : ce soir, Le Cornu nous attendra avec de la gnôle au camp d'abattage.»<br />
<br />
Et dans le petit matin, les fiers cavaliers de Tal Endhil descendent victorieux vers la Vallée des Lacs en Palier avec, dans leur fonte, un trésor capable de financer les nouveaux projets du Capitaine Durgaut... <br><br />
<br />
<br />
<br />
== ÉPILOGUE (envoyé aux joueurs après coup) ==<br />
<br />
<br />
<br />
C'est au soir du huitième jour après leur départ discret que nos vaillants mercenaires fourbus, gelés, blessés et riches comme Crésus se sont affalés dans une minable hutte au nord du camp de bûcherons de Tal Endhil, déserté chaque nuit en cette saison. Immédiatement repartie avec ses bœufs laineux, sa sœur adolescente et son cousin mutique, la gironde rouquine [[Neri'Helin]] (''"Dis-donc mais... c'pas la p'tite Edell'okhil que t'a réveillée l'autre fois aux cascades, quand on cherchait les Chacals ?_Si, même que Nevel m'a dit que [[Tael Shannan]] se la tape !_Note qu'il se tape toutes les mignonnes, ce fumier de barde._Dîtes, c'est fini d'échanger des potins comme deux vieilles venteuses ?"'') a laissé les hommes de Durgaut fort symboliquement assis sur la terre battue, à 10 pas de l'icône votive qui marque l'extrême frontière nord de l'Empire (mais Le Grêlé a pissé dessus). Ils ont festoyé, pansé leur nombreuses plaies et, d'abord par jeu, ceux qui parmi eux avaient quelques notions de finances ont commencé à calculer combien représentait le chargement encore bâté sur leurs chevaux. <br><br />
<br />
«_''On a pas loin de 250 lingots, dont bien 150 de merdouilles comme du cuivre, du bronze et du fer... <br><br />
_''Des "merdouilles" qui vont se négocier entre 500 et 1000 lunes à la prochaine cité dotée de forges, ducon. <br><br />
_''T'es sûre ?! <br><br />
_''Il est drôle l'aut' : pourquoi qu'tu crois qu'on creuse des mines ? <br><br />
_''Crois-moi, s'il y a bien un truc que les Kerdans savent faire, c'est du commerce... <br><br />
_''Je savais bien que t'étais kerdane malgré ton histoire de "Je suis une innocente remane élevée près de la colonie kerdane de Rigorne, et blablabla"... <br><br />
_''C'est donc bien vrai mademoiselle Diane ? Vous aussi vous êtes de Rigorne ?!? <br><br />
_''Écoute, Trevan : tu es mignon, tu es vaillant mais, putain, ta gueule. <br><br />
(Trevan de Rigorne rougit.) <br><br />
_''On disait donc au moins 500 lunes pour les lingots de "vils métaux", mais on a surtout une petite centaine de lingots d'argent, quoique la moitié soient planqués dans de faux lingots de cuivre. Et ça, ça nous fait... heu... attendez voir... <br><br />
_''Au moins 300 pièces d'or. <br><br />
_''Putain ! <br><br />
_''Quoi ?! <br><br />
_''La Poigne ! Tu sais compter !? <br><br />
_''Ben oui, surtout le métal quoi. J'suis été apprenti forgeron. Mais c'est trop du labeur : j'aime plus mieux taper qu'une bonne fois sur un casque. <br><br />
(La gourde de vin de sureau passe de main en main, chacun avalant une rasade d'un air mi-émerveillé, mi-consterné.)<br />
_''On... on a ramené... 350 pièces d'or ?! Vous croyez que notre bon Capitaine va être content. <br><br />
_''Ah ça, Moineau, il a un peu intérêt à l'être ! <br><br />
_''Dîtes, ch'ais pas si vous vous rendez-compte : c'est p't'être le plus beau brigandage de toute l'histoire des Marches !! <br><br />
_''On est riches les gars ! RICHES ! <br><br />
_''Non, messieurs : Tal Endhil est riche. Par les pères, si l'un de vous commence à concevoir une seule pensée pécheresse... <br><br />
_''Mais quel pisse-vinaigre, le Défroqué, quand il pisse le résiné. <br><br />
_''Héhé. Fais-voir ta balafre, d'ailleurs, Herle : faut changer ton bandage. <br><br />
_''Ma mienne elle est plus grande ! <br><br />
_''Hihi ! <br><br />
_''Nul n'en doute mon cher La Poigne, nul n'en doute... <br><br />
_''Ouais mais la tienne elle a même pas percé ta couche de lard ! <br><br />
_''N'empêche qu'on a tous ben gagné nos 2 pièces d'argent chacun ! <br><br />
_''Plus la prime ! <br><br />
_''Oh oui : vous êtes de vaillants gagne-petit. Mais la prime c'était si on laissait pas de témoins et, là, on a Jornil lui-même, Dorian, sa pute, la servante... <br><br />
_''Toi le Noir tu commences à nous les bris... <br><br />
_''Bon les gars, vos gueules : il est tard. Alors ça pionce, ou je vais commencer à distribuer les baffes. Le Grêlé et Diane prennent le premier tour de garde. Demain, j'vous ramenions tous au village. Et rappelez-vous qu'vous avez promis le secret sur vos têtes ! Si on vous presse vraiment, et seulement dans ce cas-là, vous avez été r'prendre les lingots de la Mine Bénie à une bande de Kormes du côté de la Baie des Langueurs. C'est bien clair, pour tout le monde ? <br><br />
_''Oui mon sergent ! <br><br />
_''Lèche-cul. <br><br />
_''Mon sergent ! Y a Le Grêlé qui dit... <br><br />
_''Foutremerde, tas de corniauds ! Même avec une 'pparition divine, j'conçois point comment qu'une pareille bande de mômes a pu réussir cette mission !» <br><br />
<br />
<br />
<br />
}}<br />
<br />
'''[[7) "Embrouilles en Cascades"|<< Épisode Précédent]] | [[9) "Reishin Ghoran"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Épisodes|<< RETOUR à la liste des Épisodes]]'''<br />
[[Catégorie:Épisodes]]<br />
[[Catégorie:Comptes-Rendus]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/8)_%22Le_Train_de_l%27Argent%228) "Le Train de l'Argent"2014-09-08T13:20:25Z<p>Aloun : </p>
<hr />
<div>La totalité de l'Épisode 8 : "Le Train de l'Argent" est classée "spoiler".<br />
Si vous voulez vraiment accéder à cet Épisode, vérifiez que soit un de vos perso y était, soit que le MJ vous en a donné l'autorisation.<br />
Tout abus sera illico puni par une grosse perte du plaisir de jeu.<br />
<br />
C'est bon, vous y avez bien pensé ? Vous êtes vraiment sûr ?<br />
<br />
...<br />
<br />
{{Secrets|<br />
== Prologue, rien que pour Eldan et le Capitaine : ==<br />
Durant les [[Huitaines]] précédentes, Durgaut a envoyé ses mercenaires (dont Eldan le Moineau) enquêter du côté de [[Solerane]] sur '''les détournements de fonds commis par le défunt [[Lieutenant Armeld]]''' avec son complice, Maître [[Gaster]] (écroué depuis au donjon), et découvert ainsi l'implication d'un patron-minier, notable influent et principal contrebandier de la région : '''[[Jornil Cuivré]]'''. En dehors de ses opérations "privées", Jornil travaille pour [[Rhilder le Fou]] à détourner le minerai d'argent des mines de la région, théoriquement destiné à l'État-Major, au seul bénéfice du dément Prévôt de la [[Marche des Lacs]]. <br />
<br />
Rhilder n'est vraiment pas quelqu'un avec qui Durgaut peut se permettre d'être en guerre ouverte, puisqu'il est son supérieur direct, un puissant "[[:Catégorie:Seigneurs du Nord|Seigneur du Nord]]" (comme on appelle les impériaux qui se taillent des fiefs dans les Marches) et un putain de psychopathe, notoirement responsable du génocide de la tribu emishen des [[Rimdehl]] (les Geaies).<br><br />
'''Mais notre brave Capitaine est en fait pris à la gorge ''' (en plus d'être très énervé contre le Prévôt qui le ruine par ses magouilles et lui réclame d'envoyer des troupes que [[Tal Endhil]] n'a pas pour participer à la guerre contre les [[Oloden]])... S'il n'envoie pas bientôt '''des lingots d'argent à l'État-Major''' du [[Duc-Gouverneur]] pour couvrir le quota de la [[Mine Bénie]] (apparemment pillée par les [[Kormes]]), Durgaut va sauter.<br><br />
En fait, il n'est encore même pas sûr de pouvoir obtenir le titre de "Bailli de Tal Endhil" vu les exigences du [[Aristame de Gorme|Primat]] en la matière, mais espère bien réussir à l'épater d'ici son arrivée. D'ailleurs, s'il reste en poste et devient bailli, il sait avoir besoin de beaucoup de pognon pour embaucher assez de mercenaires pour enfin contrôler son territoire et développer la région.<br />
<br />
Durgaut a donc conçu un plan audacieux pour régler plusieurs problèmes à la fois : '''braquer le convoi de métaux''' qui va bientôt partir de Solerane pour [[Darverane]], siège de la prévôté harcelé par les troupes de [[Kainen Tahrel]]. Ainsi, il mettra la main sur une véritable fortune (l'argent détourné caché dans des lingots de cuivre, l'argent "officiel" envoyé de Solerane pour l'état-major via Rhilder, du cuivre et de l'étain en quantité...) dont il compte employer une partie à payer son quota au Gouverneur, une autre à racheter des esclaves [[Edell'Okhil]] de la [[Marche des Gemmes]] comme il l'a promis à ses alliés emishen, et le reste à constituer une petite armée.<br><br />
Il en était à mettre au point un plan solide lorsqu'il apprend que la route de Darverane, coupée par les Kormes depuis des semaines, vient apparemment d'être rouverte suite à une contre-offensive de Rhilder : '''le convoi de métal ne devrait plus tarder à partir, il faut agir vite'''. Et comme [[Vighnu Pratesh]] vient de rentrer du [[Cercle des Hautes Pierres]], il décide d'embaucher l'assassin pour courir l'aspect le plus délicat de la mission : assurer le secret.<br />
<br />
{{Secrets|Ce qu'il ignore malheureusement, c'est que Jornil a lui aussi enquêté sur les trois attaques successives qu'il a subi de la part de ruffians non-identifiés : d'abord on a tabassé nombre de petits truands sous les ordres de son fils, [[Jorem Cuivré]], ensuite on s'en est directement pris à deux de ses lieutenants notamment impliqués dans la contrebande d'argent, enfin un éboulement à la mine de cuivre qui s'est révélé être un sabotage (les mercenaires de Durgaut avaient pour instruction de "recruter des mineurs" et n'ont rien trouvé de mieux). <br><br />
Jornil a donc d'abord envoyé un certain '''Worik''' se mêler aux mineurs "responsables de l'éboulement" qu'il a lui-même renvoyé et qui partaient s'engager auprès de Durgaut. Mais son agent, qui s'était mêlé à l'expédition minière menée par [[Mérane "Roulier"]], est mort connement, tué par des Kormes, pendant l'épisode [[5) "Le Pont"]]. Puis le patron-minier a envoyé un messager auprès de son bon ami [[Adira Pratesh]] pour se renseigner sur les mercenaires de Durgaut (Adira étant alors en pleine bisbille avec le Capitaine, il a volontiers informé Jornil) et contacté son autre associé à Tal Endhil, Maître [[Plirune]] (Jornil partage la propriété de la mine de fer du village avec Plirune et Gaster, ce que le Capitaine est sensé savoir mais dont il ne réalise pas l'importance) pour obtenir quelques renseignements de plus (notamment sur les finances de Tal Endhil). Adira l'a ensuite informé de tout ce qu'il avait appris sur l'arrestation de Gaster (notamment que ce n'était pas lié qu'au magouilles de leur [[Guilde]])... Bref : Jornil a compris que Durgaut était après lui et pris des mesures en conséquence.<br><br />
Car s'il ne peut pas se permettre de retarder d'avantage le convoi de métal (Rhilder a besoin de ce fric pour sa guerre perso et il n'est pas câlin quand il s'impatiente), il a conçu une ruse efficace : embaucher des mercenaires de rab' pour l'escorte et, surtout, contacter par un ami de son fils Jorem une "''petite bande de brigands récemment arrivés dans le secteur''", la [[Confrérie du Chacal]]... }}<br />
<br />
<br />
== À la "Taverne Penchée" ==<br />
'''Il fait déjà nuit lorsque la Taverne, récemment rachetée par les mercenaires de Durgaut, ferme ses portes beaucoup plus tôt que d'habitude''' en chassant les soiffards qui comptaient y passer leur soirée en galante compagnie ; les prostituées, récemment rendues à leur autonomie sous l'autorité de la belle [[Garnelle]] (maîtresse occasionnelle du jeune Eldan,) sont également invitées à rentrer chez elles et le quartier lacustre de Tal Endhil est donc rapidement rendu au silence et à la brume nocturne...<br> <br />
'''Pourtant, quelques silhouettes discrètes gagnent bientôt la Taverne apparemment close :'''<br />
* '''l'apothicaire [[Vighnu Pratesh]]''' (Loriel) n'a eu qu'à franchir quelques pontons depuis sa propre échoppe, son matériel d'empoisonneur sous le bras et ses armes dissimulées sous son large manteau reman, où bat un petit cœur sec depuis si longtemps, récemment réveillé et illico brisé par Islinna : les femmes sont cruelles. Déjà en grande partie au courant de la mission, la seule chose qu'il ignore c'est ce qu'ils vont voler. Mais vue la somme promise par le Capitaine, il est trop heureux de ne pas poser de questions.<br />
* '''[[Nadine "la Moucheuse"|Diane Maletudine]]''' (Orlanth) est une Kerdane, quoiqu'elle prétende être une remane originaire de la cité portuaire de Rigorne, embauchée depuis quelques mois dans l'Armée du Nord, suite à des problèmes avec ses compatriotes. Femme dans une armée de macho, elle a bientôt eut d'autres ennuis (décidément) qui l'ont incité à déserter pour rejoindre la petite communauté kerdane de [[Tal Endhil]] sur les conseils de son mentor, le célèbre maître d'armes [[Vasco Sotorine]]. Sauf que [[Ranyella Sotorine|Ranyella]] la pilote ne veut pas d'une renégate dans sa troupe et l'a donc refilée au Capitaine sans lui expliquer les casseroles que trimballe l'arbalétrière...<br />
* '''[[Andréas "Odran"]]''' (Humphrey B) a récemment eut un entretien secret avec le Capitaine qui pourrait se résumer ainsi : "''Je sais que vous êtes un sorcier, mais je suis prêt à fermer les yeux si vous bossez pour moi. _Ça pourrait m'arranger, vu que je suis là pour mettre fin à la dispersion d'artefacts qui commencent à foutre le boxon à [[Duriane]], mais je vais pas m'en sortir tout seul. _Splendide : faudra me neutraliser le machin dans la Mine Bénie. Dans l'intervalle, vous êtes embauché comme espion. Vous commencez demain, rendez-vous à la Taverne Penchée après la fermeture.''" Il arrive donc avec un peu d'avance et pas mal de bagages, dont son précieux grimoire, ses herbes médicinales et un certain objet qu'il a passé presque deux jours à chercher dans le torrent en contrebas de la [[Mine Bénie]].<br />
* '''[[Oleytan "le Furet"]]''' (PNJ), lui, s'est engagé dans les mercenaires de Durgaut dès son retour de "l'Opération Tréfonds" : il se sent désormais un vrai guerrier, veut participer à l'alliance entre les Talendan et les Elloran mais, surtout, il a enfin couché avec le grand amour de sa jeune vie : la jolie négociante lewyllen [[Doma Sholen]]. Celle-ci l'a inexplicablement largué à l'arrivée à Tal Endhil en lui expliquant que "c'était fun, mais t'es juste trop jeune pour moi" (elle court en vain après [[Nevel Sholdanan]] depuis 4 semaines). Après une intense réflexion, le jeune guerrier est arrivé à la seule conclusion "sensée" : s'il veut que la belle marchande le reprenne, il doit lui prouver qu'il est capable de lui assurer le train de vie qu'elle a perdu, et pour ça, il lui faut "des rondelles", comme les Emishen nomment la monnaie impériale. Il ne comprend pas grand-chose à la mission que Durgaut lui a proposé, mais il est bien content puisqu'il va être payé royalement.<br />
* '''[[Eldan "le Moineau"]]''' (Aloun) arrive le dernier, accompagné d'une montagne de muscles habillées de haillons qu'il vient de récupérer dans l'unique geôle du donjon : [[Herle de Lorune]] (Ego'), noble et chevalier du temple récemment défroqué. Lui aussi a des problèmes, parmi lesquels l'alcool, la violence et un sens aigu de la justice qui, après lui avoir coûté sa charge d'inquisiteur lors d'une altercation avec le Primat lui-même, l'ont fait rétrogradé comme simple soldat dans la troupe de [[Bagoran de Marale]] (chargé de le "mater" : échec critique) et récemment conduit à défoncer le portrait d'un connard de Chevalier du Temple (donc un de ses "supérieurs") qui tabassait une gamine emishen. Son séjour en taule auprès du plaintif Gaster s'est terminé lorsque le Sergent LeCornu a jeté son dévolu sur le prisonnier, et convaincu le Capitaine de l'embaucher.<br />
<br />
'''Lorsque tout ce petit monde est attablé''' dans la taverne sur pilotis qui grince et (effectivement) penche sous l'effet de la houle, [[Le Cornu]] qui tenait le comptoir fait entrer deux de ses collègues, le massif imbécile qu'on appelle "La Poigne" et le brigand reconverti au visage marqué par la petite vérole qu'on appelle "Le Grêlé". Comme Eldan et le Sergent, ils ont survécu à tous les combats depuis la [[Bataille de Tal Endhil]] et sont tout dévoués au glorieux chef qui va bientôt faire d'eux la "''garde bailla, bailliagiale...heu... baillique... la garde du bailli, quoi''", et qui lui-même pénètre dans la grande salle inclinée à leur suite, une vaste carte sous le bras :<br><br />
« Bonsoir mademoiselle et messieurs, nous avons peu de temps et je vous demande d'être extrêmement attentifs à l'exposé qui va suivre.» Pendant que Vighnu et Andréas dégagent leurs gobelets pour laisser Durgaut déployer la superbe carte (signée [[Ordano Sotorine]]) sur la table crasseuse, les 6 autres membres de l'équipe s'approchent pour suivre le briefing dans la lumière chiche des chandelles. Le Capitaine enchaîne :<br />
« La mission que j'ai à vous confiée est dangereuse, urgente, secrète, absolument vitale pour Tal Endhil et ''remarquablement bien payée''. Si certains d'entre vous ne s'en sentent pas capables et préfèrent retourner à leurs activités précédentes, qu'ils le disent tout de suite. Car une fois que je vous en aurais exposé les objectifs, Messire Pratesh ici présent sera le garant ''de votre silence''. Tout le monde est motivé et se sent capable de se taire ensuite, en cas d'échec comme de réussite ? Parfait. Sergent, passez-moi les figurines...<br><br />
« Dans les jours qui viennent, peut-être même dès demain, '''un convoi lourdement gardé''' va quitter [[Solerane]] à destination de [[Darverane]] (Durgaut pose une miniature en bois, une espèce de coffre aux pieds vaguement arrondis, sur la carte) : il contient plusieurs coffres très lourds que vous êtes chargés d'intercepter, de préférence avant "l'[[Auberge du Pont]]"... C'est quoi ça, Le Cornu ? demande le Sauveur de Tal Endhil quand son sergent lui passe une espèce de cube prolongé par un jambage tordu.<br><br />
_''C'est l'Auberge du Pont, mon 'Pitaine. C'est La Tortue qu'a fait les sculptures, mais on a pas eu bien l'temps.<br><br />
_''Je vois... À "l'Auberge du Pont", donc, se trouvent actuellement plusieurs dizaines de marchands qui, depuis des semaines, y attendent que les troupes de Rhilder reprennent le contrôle de la route vers Darverane aux Kormes qui harcèlent la prévôté (il pose du côté du [[Mont Grison]] un petit bonhomme chauve et noirâtre) avec l'appui des troupes Emishen de Kainen Tahrel (Vighnu approuve du chef). <br><br />
Si le convoi de Solerane rejoint la première caravane groupée en partance pour Darverane, il sera alors probablement trop entouré pour que vous puissiez tenter quoique ce soit. Vous êtes ici... mais c'est quoi ça ? Un chien ?<br><br />
_''Un ch'val mon 'Pitaine, pour représenter, le commando.<br><br />
_''Vous avez pu leur trouver des chevaux ?<br><br />
_''Ah non mon 'Pitaine : c'est des pirogues, pour quitter le village. Ensuite s'ront à pied. Mais La Tortue, quand il a commencé, i'l'savait pas, pis i' sait pas faire les pirogues, et de toutes façons ça va surtout se faire par voie de terre alors, heu... Vous préférez un bouchon, ou un dé en os ?<br><br />
_''Va pour le chien (soupir)... Donc : vous êtes ici (il pose la figurine sur Tal Endhil), vous partez dès cette nuit pour atteindre Solerane (le "chien" rejoint le "chariot"), où vous serez chargés de repérer le convoi et de surveiller ses préparatifs de départ. Le but est de lui tendre une embuscade dans les deux jours qu'il lui faudra pour effectuer ce parcours (le chariot glisse sur les segments de la route marqués "1, 2, 3, 4, 5"). Si vous pouvez intercepter le chargement sur les berges du [[Lac d'Acier]], il sera plus aisé de le transporter à bord de barges ou de pirogues. <br><br />
Le Moineau connaît la ville et les hommes qui escorteront ce convoi, Messire de Lorune a la charge de l'assister en tout -et de s'assurer qu'aucun d'entre vous n'ait la mauvaise idée d'ouvrir les coffres. Maître Pratesh est chargé de trouver des embarcations pour les chargement et d'assurer le secret de l'opération (Vighnu sourit, pensant aux peintures de guerre Kormes qui n'ont pas servit lors de l'[[Opération Tréfonds]] et à la barge kerdane cachée depuis dans les marais près d'[[Écume 6]]). Vous devrez quitter le village et y rapporter les coffres sans être vus, ni dire à quiconque d'où vous venez ni où vous allez. <br><br />
Car, j'insiste, '''cette opération peut assurer le salut de Tal Endhil si elle réussit, mais sonner notre perte à tous si quelqu'un devait découvrir qui a commandité l'attaque'''. Une prime substantielle versée à notre cher apothicaire en sera la garantie.<br />
<br />
_''Ça veut dire "pas de témoins", demande Diane ?<br><br />
_''Ça veut dire "démerdez-vous pour que personne ne puisse vous reconnaître, suivre votre piste et remonter jusqu'à nous" : je préférerais que vous épargniez les civils, mais Maître Pratesh sera décisionnaire en dernier recours. À part lui, '''vous serez payés chacun 2 pièces d'or pour cette brève mission et votre durable silence''' (la solde mensuelle d'un mercenaire étant de 2 pièces d'argent, ça fait 10 fois plus pour quelques jours de boulot). Des questions ?<br><br />
_''C'est quoi, dans les coffres ? Ça pèse ?<br><br />
_''Le contenu ne vous regarde pas mais, oui : ça pèse. Probablement autour de 200kg en tout.<br><br />
_''C'est qui, qu'on braque ?<br><br />
_''Pas votre problème non plus. Fiez-vous à Eldan, soyez discrets et ça ne devrait pas avoir d'importance.<br><br />
_''Les gars de l'escorte, c'est des pros ?<br><br />
_''Quelques-uns, oui, mais la plupart seront des mercenaires en permission, des cochers endurcis, des coupes-jarrets, des gardes plus habitués à surveiller des esclaves... Le problème, c'est qu'ils doivent se méfier : ils ont eut des ennuis récemment, ils savent que le trajet est dangereux et ils seront sur les dents. Il se peut même que vous soyez déjà attendus à Solerane. J'insiste : '''''méfiez-vous'''''.<br><br />
_''Qu'est-ce qu'on a comme matos ?<br><br />
_''Vous étiez prévenus d'emporter le vôtre, mais Eldan conserve quelque argent pour vos frais de mission, des vivres, un peu de charbon, des flèches, des torches et des cordes vous attendent avec les chev...<br><br />
_''Dans les pirogues, mon 'Pitaine.<br><br />
_''Dans les pirogues, donc. J'ajoute les papiers que m'a demandé monsieur Odran (il confie une petite pochette de cuir à Andréas, contenant du parchemin, des lettres officielles de la main de [[Rhilder]] et son sceau de cire, pour pouvoir si besoin modifier les ordres de mission du convoi) et vous emportez cette carte, annotée par mes soins, en espérant qu'elle puisse vous aider : ne la perdez pas ! ''[Durgaut leur confie par ce biais un de ses précieux point d'Histoire.]'' Autre chose ?<br><br />
_''Y a le Venteux qu'a pas tout compris, vu qui parle pas bien not' langue...<br><br />
_''Messieurs Odran et Pratesh devront donc lui ré-expliquer en ramant. Bonne chance à tous : le destin de Tal Endhil est entre vos mains ! Mais pas les figurines, La Poigne : repose ça ! <br><br />
_''Pardon mon 'Pitaine. »<br />
<br />
[[Fichier:Carte-Carrée.jpg|900px|thumb|left|La carte remise par Durgaut, telle que les joueurs l'ont découverte la première fois...]]<br />
<br />
<br />
<br />
== En route vers Solerane ==<br />
Pendant qu'on roule la carte, LeCornu et Herle déplacent la lourde table, révélant une trappe dans le plancher qui, une fois déverrouillée et ouverte, donne sur une échelle de corde descendant le long d'un pilier de bois, où sont amarrées deux pirogues emishen. Avec quelques difficultés dues à la disparité de poids et d'agilité de ses huit membres comme aux bagages de certains l'équipe embarque et glisse silencieusement sur les eaux couvertes de brouillard :<br><br />
<br />
«_''Attention avec ça, c'est des armes emishen. <br><br />
_''Pourquoi foutre ? <br><br />
_''Pour passer pour des Kormes. <br><br />
_''Pas con. Mais qu'est-ce qu'il fout avec un bouquin, lui ? <br><br />
_''Je suis chroniqueur... <br><br />
_''Et vous allez chroniquer l'opération ''secrète'' ?! <br><br />
_''Houlà non, je... j'ai d'autres talents. Falsifier des sauf-conduit, par exemple. <br><br />
_''Je vois...»<br><br />
<br />
Ils atteignent bientôt la rive sud du Lac Troisième, en amont du campement où dorment les caravaniers lewyllen, sans que les [[Soldats du Temple]] qui gardent actuellement les remparts n'aient rien remarqué.<br />
<br />
Après un conciliabule entrecoupé d'engueulades, un poème (Herle versifie par instant), une tentative de vol et plusieurs menaces physiques pour l'empêcher, les PJ décident de ne pas partir en quête de la barge cachée par Vighnu dans les marais mais de foncer de nuit vers Solerane, à pied, pour atteindre la ville au plus tôt, juste après que Diane ait confié au fleuve un étui flottant contenant 4 pièces d'argent (sur les 20 confiées à Eldan) et un message pour les Kerdans d'[[Écume 6]], leur enjoignant d'envoyer des embarcations vers la presqu'île du [[Lac d'Acier]] ''[le joueur a oublié que son perso n'était plus bien vu chez les bateliers, et Vighnu y a même mis 1pH pour que le message arrive : ce fût bien le cas...]''.<br />
<br />
Abandonnant dans les embarcations tout le matériel trop lourd, les mercenaires se répartissent les vivres, une arme emishen chacun et la longue marche commence. Lorsque l'aube se lève, Diane, Oleytan et Eldan, très en avant des autres, font la course dans la descente après avoir passé le Col de Nilfenan (au sud-ouest de la mine de fer, sur la carte) histoire de défouler leurs tempéraments casse-cou et ombrageux... ce qui vaut d'ailleurs à Eldan de se niquer la cheville dans une belle gamelle : on sent bien, dès que les officiers ne sont plus en vue, que ça va pas être très sérieux comme opération.<br />
<br />
=== Rencontre insolite ===<br />
Pendant que le fort peu sportif Andréas prend des heures de retard sur les autres et que Vighnu reste avec lui autant pour assurer sa protection que pour causer "''chroniquerie''" et politique locale (Vighnu envisage de créer un [[Hospice de Tal Endhil|hospice à Tal Endhil]] !), Oleytan, Diane et Eldan (qui boitille) arrivent en milieu de matinée au gué qui traverse la [[Rivière aux Élans]] (ainsi nommée car elle est sur le point de passage de la migration des grands cervidés, qui commencent d'ailleurs à remonter en cette saison vers les pâturages au nord de la [[Marche des Lacs]])... <br><br />
Ils sont assez surpris d'y trouver un grand costaud, ventru et entièrement chauve, portant des vêtements très vaguement emishen, assis sur un rocher au bord des flots et curant tranquillement au couteau le sang séché qui s'incruste dans les creux de sa lourde masse de bois sculpté. Les trois éclaireurs essoufflés par leur cavalcade repèrent assez vite les discrètes silhouettes déployées dans les bois autour du chemin et, chacun la main sur leur arme favorite, s'approche avec circonspection :<br />
<br />
«_''Bonjour... <br><br />
_''B'jour, répond le gros dans un Reman médiocre, avec un accent typiquement "venteux". Z'êtes avec le noir ? Vigjniou Bratéche ?<br><br />
_''Ben là tout de suite... non. Mais des fois on le croise, quoi. Vous l'attendez ? <br><br />
_''J'ai un message pour lui. <br><br />
_''Vous voulez pas nous le donner ? On le transmettra quand on le verra ce soir... <br><br />
_''Non, d'solé, c'est privé. <br><br />
_''C'est pas un message à coup de masse, au moins ? <br><br />
_''Héhé. Non. Pas cette fois.» <br><br />
<br />
N'ayant qu'à moitié envie de s'avancer dans le gué sous la probable ligne de tir d'archers dissimulés ni même de laisser une embuscade entre eux et le reste du groupe, quoique aussi un peu parce qu'ils ont alors pas loin de 12h de rude marche dans les jambes, Diane, Oleytan et Eldan se posent également près de la rivière, se trempent un peu les pieds (Diane va même s'éloigner pour faire un peu de toilette : par instant, dans ses Réactions, sa "Sensibilité Féminine" ressort), cassent la croûte, font une petite sieste... tout ça en gardant perpétuellement un œil sur les alentours et leurs armes à portée de main. <br />
<br />
Lorsqu'ils sont rejoints par Sire Herle de Lorune, La Poigne et le Grêlé, d'abord très méfiants, Diane qui a entamé un repas et une conversation en [[Langue des Vents]] avec le Gros leur fait signe de ne pas s'inquiéter, et les trois mercenaires finissent par jouer le même jeu que leurs camarades, profitant d'un peu de repos tout en restant sur leurs gardes. <br><br />
Au bout d'une heure de cette halte méfiante, "l'embuscade" se détend tout autant et Eldan repère bientôt un des archers Korme qui, lui aussi, déjeune sur le pouce à son poste de guet. Il le contourne, se cache, est brièvement suivi mais sème le guetteur, échappe ainsi efficacement à l'encerclement... et ne sait finalement plus trop quoi faire : il craint de déclencher un massacre s'il élimine un guetteur, de se faire repérer s'il continue de traîner près des Kormes, de perdre le groupe s'il s'éloigne et d'être trop loin pour intervenir s'il repart en arrière prévenir Vighnu et Andréas. <br><br />
Aussi reste-t-il caché, guettant les guetteurs, jusqu'à ce que, lassé de perdre du temps alors qu'ils sont pressés, Herle donne le signal du départ et franchisse le gué accompagné des 4 autres. <br />
<br />
Après avoir encore hésieé à les rejoindre carrément ou à rester en arrière, Eldan fini par laisser un signe de danger dans l'écorce d'un arbre à destination de Vighnu et décide de contourner pour franchir la rivière plus loin, ne trouve pas d'autre gué, passe à la nage, se paume en aval dans la forêt et mettra plusieurs heures à rejoindre ses camarades, trempé, gelé, épuisé et bientôt vertement engueulé par l'ex-templier ''[Sire de Lorune lui inflige même un tel jet d'intimidation pour lui inculquer la discipline militaire que le jeune éclaireur en sera durablement marqué : 2pts de Trauma !]''.<br />
<br />
Pendant ce temps, Andréas et Vighnu ont atteint le gué sans même remarquer le signe laissé par Eldan et le [[Fehnri]] est assez surpris de reconnaître le gros korme qu'il a déjà rencontré, il y a plusieurs semaines à Écume 6, lorsqu'ils avaient négocié des vivres et les soins de [[Mona Ma'od]] contre la transmission d'un message pour Adira (qui, si vous vous en souvenez, était arrivé au début de l'épisode [[5) "Le Pont"]], tiré avec une flèche sur la roulotte de Maître Pratesh). <br><br />
Quoiqu'il ne connaisse toujours pas son nom, il s'éloigne avec le chef rebelle et un petit conciliabule surréaliste se joue : les Kormes veulent (Vighnu comprend "[[Lashdan]], Roi des Kormes, veut...") l'embaucher pour assassiner un certain "[[Urgrand]]", le Sorcier barbu originaire des [[Marche des Sylves|Sylves]], qui dirigeait justement le détachement korme lors du siège à la [[Mine Bénie]] :<br />
<br />
«_''Tiens donc ?! Mais pourquoi diable, demande l'assassin hilare ? <br><br />
_''On m'a pas dit de te l'dire, et puis il paraît que les tueurs professionnels ne posent pas de questions. <br><br />
_''Lorsqu'on les paye bien, c'est tout à fait exact oui. <br><br />
_''Hé ben voilà pour toi, dis le Korme en lui tendant une grosse bourse de pièces, que le Fehnri s'empresse d'ouvrir avidement. <br><br />
_''Mais... vous vous foutez de ma gueule ?! C'est des pièces de cuivre ! <br><br />
_''Et alors, c'est pas bien ? <br><br />
_''Mais c'est pas du tout assez, enfin ! Je suis un spécialiste, moi ! Je bute pas les gens pour 30 ou 50 pièces de cuivre !<br><br />
_''Ah. Mais c'est tout ce qu'on a nous, même qu'on s'est tous cotisés pour rassembler ça. <br><br />
_''Mais c'est pas possible, vous comprenez rien au commerce, à la fin ! Et il est où, votre Sorcier, d'abord ?<br><br />
_''Ben on sait pas, nous, pourquoi tu crois qu'on s'adresse à toi ? Tu crois pas que je serais foutu de lui coller ma masse sur la gueule moi-même si on savait où il campe ? [[Etayn-la-Louve|La Louve]] dit qu'elle l'a perdu quelque part chez vous, du côté du Premier Lac, mais c'était il y a déjà plusieurs jours.<br><br />
_''Bon, écoute, voilà ce qu'on va faire : dis à ton Roi que je suis d'accord sur le principe, mais que déjà ça va vous coûter 20 pièces ''d'or'' et qu'ensuite, soit vous savez me dire au moins à peu près où il est, soit ça risque de prendre pas loin d'un mois (car Vighnu pense savoir où Urgrand devrait se trouver dans environs trois semaines, héhé...). Dis-lui ça et, quand vous aurez la somme, contactez-moi.<br><br />
_''Mais où tu veux qu'on trouve de l'or, nous ?<br><br />
_''Non mais c'est un prix, vous pouvez aussi bien me ramener 200 pièces d'argent, ou 4 lingots d'argent, par exemple. Vous en avez bien, des p'tites barres en argent, prises dans une certaine mine, hmmm ?<br><br />
_''Mais... non. De quoi tu parles ?<br><br />
_''Oh le con ! Rha merde, il fait vraiment chier ce connard de sorcier !<br><br />
_''C'est bien pour ça qu'on t'embauche, oui.<br><br />
_''Bon alors 20 pièces d'or ou l'équivalent, vous trouverez bien ça quelque part pendant que vous vous battez dans la [[Vallée de Cainil]], hein, je ne m'en fais pas pour vous. Quand vous avez la somme, vous me recontactez, vous versez la moitié d'avance et, moi, je tue votre sorcier.<br><br />
_''J'espère que d'ici là on l'aura trouvé nous-mêmes, mais sinon, on saura bien te joindre, ouais. Et bonne journée.»<br><br />
Et pendant que Vighnu se frotte les mains, les Kormes se dispersent dans la forêt sous le regard médusé d'Andréas.<br />
<br />
<br />
== La Ferme-Relais "[[Le Marchepied]]" ==<br />
<br />
<br />
[[Fichier:Marchepied.jpg|421px|thumb|left|Le Marchepied]]<br />
<br />
<br />
Il fait presque nuit noire lorsque les 6 mercenaires fourbus atteignent enfin la ferme-relais qu'on appelle le "Marchepied", au pied de la route montant vers Solerane. Si Oleytan (trop repérable) est laissé avec le matériel dormir à l'extérieur, Diane, Eldan et Herle, bientôt suivis par La Poigne et Le Grêlé (trop crevés pour accepter de se peler le cul à camper dehors), pénètrent les uns après les autres dans l'enceinte de bois où un drôle de type pâle, un albinos efflanqué aux longs cheveux blancs qu'Eldan sait être surnommé "Craie" (chef des gardiens d'esclaves de la mine de cuivre), est en train de passer ses nerfs à coups de fouet sur deux malheureux emishen, une femme et un adolescent enchaînés au puits du milieu de la cour. <br />
<br />
Comptant avec l'albinos un escrimeur tout en noir s'engueulant avec le tavernier (une histoire de chevaux, de halte imprévue et de prix du fourrage) plus 4 soldats portant la livrée du Duc-Gouverneur (donc probablement issus de la garnison de Solerane), et soucieux de sa mission avant tout, Herle tempère ses instincts justiciers et suit la Kerdane dans le corps de ferme transformé en auberge de seconde zone, où il entreprend de noyer sa mauvaise humeur dans la bouteille d'hydromel prise à la Taverne Penchée. Si un jovial marchand de draps nommé [[Teillard]], parti de [[Celanire]] vers le "marché de printemps" de Tal Endhil, tente bien d'engager la conversation avec les voyageurs, Diane l'envoie paître rudement (et nos héros se privent de la seule occasion de se renseigner sur la route qu'ils ont à faire) mais lance une petite partie de dés avec Eldan et Herle pour attirer à eux [[Craie]] et [[Esteval]] (l'escrimeur à l'armure de cuir sombre) et tenter de leur soutirer quelques informations sur l'exploitation des esclaves venteux à Solerane. Justement, les deux gardes-chiourmes, 3 autres collègues et 6 soldats prêtés par la garde sont à la recherche d'une 15aine d'évadés, échappés le matin même de la mine de cuivre. Diane propose bien de participer à la traque contre rétribution, mais Eldan ruine sa tentative d'approche en ne pouvant se retenir d'aller porter un peu d'eau et de pain aux deux malheureux prisonniers. Herle -qui perd aux dés et voit les deux crevures descendre gaiement sa bouteille- semblant se retenir de plus en plus laborieusement d'écraser la tronche de Craie à chaque fois qu'il fait des remarques cruelles sur les "venteux", les voyageurs vont se coucher tôt après un rapide souper et Diane s'arrange assez finement pour que leur propre groupe gagne le contrôle de l'escalier et des 2 rares fenêtres du grenier aménagé en dortoir, qu'ils vont devoir partager avec le binôme d'esclavagiste, les soldats s'installant dans l'étable au dessous.<br />
<br />
=== Rencontre avec des fugitifs ===<br />
<br />
C'est à peu près le moment où, traînant le chroniqueur qui dort debout dans l'obscurité de la route forestière, Vighnu voit soudain jaillir un grand type hirsute de la forêt, qui saute sur le fehnri en tentant de l'étrangler avec la chaîne qui lui lie les poignets : l'assassin pare de justesse avec son [[katara]], une femme armée d'une branche sort à son tour des taillis et Andréas est basculé au sol par une jeune fille qui tente de lui éclater le crâne à coup de pierre, mais il parvient à la repousser de peu (elle est presque aussi épuisée que lui). Reconnaissant une Emishen (et réciproquement) alors qu'il tirait sa dague pour se défendre, l'érudit crie en Langue des Vents "Arrêtez, nous sommes des amis ! Vighnu, ce sont des Emishen !", ce qui suffit à stopper le début de combat et permet à Andréas de proposer de la nourriture et des soins aux esclaves en fuite, finissant de gagner leur confiance. <br />
<br />
Libéré de ses chaînes avec l'aide d'un glaive offert par Vighnu, le trio leur explique avoir réussi à s'échapper des mines de Solerane un peu avant l'aube, grâce à un tunnel vers la surface creusé en secret avec l'aide d'une barde [[rimdehl]] nommée Tahalien. Poursuivis depuis le levé du jour par des cavaliers en armes, ils ont perdu la douzaine d'autres évadés qui les accompagnait, dont des jeunes et des enfants et, loin de leurs régions d'origine (la plupart sont des [[Otlalnan]] de la [[Marche des Lisières]]), ils ont couru un peu au hasard vers le nord et le territoire des [[Liam'Lon]], où aucun Dirsen n'oserait les poursuivre, alors que d'autres avaient préféré tenter leur chance à l'est, vers le Cercle des Hautes-Pierres.<br />
<br />
Les deux Talendan leur expliquent qu'ils sont ici sur le territoire des [[Elloran]] et qu'ils auraient de meilleures chances de filer au nord-ouest vers le Cercle des Cascades et, après avoir longuement hésité à repartir chercher les plus jeunes, les trois fuyards un peu retapés finissent par disparaître vers l'ouest avec quelques remerciements.<br />
<br />
=== Evasion nocturne ===<br />
<br />
Nos deux héros retardataires ne sont donc qu'à moitié surpris lorsqu'ils retrouvent Lerkoren Oleytan en compagnie de 5 autres échappés en haillons, dont Tahalien et un ado sérieusement blessés, plus trois mômes, quoique Vighnu soit un peu atterré par le récit du jeune Elloran.<br />
Car après que leurs compagnons soit entrés à l'auberge du Marchepied, Oleytan, attiré par des cris de douleurs, s'est glissé par-dessus la palissade de rondins et, découvrant les deux prisonniers lacérés à coups de fouet, a attendu la nuit noire pour passer à l'action. Il a malheureusement échoué à assommer proprement la sentinelle de faction dans la cour, mais a par contre réussi à la tuer net avant qu'elle ne crie, puis a traîné le corps du soldat dans une grange. C'est alors qu'il s'acharnait en vain à rompre sans trop de bruit un des maillons de la chaîne que Diane l'a interpellé depuis une des fenêtres du dortoir :<br />
<br />
«_''Psssst ! Mais qu'est-ce que tu branles, merde !? On est pas là pour ça ! <br><br />
_''Je fais mon devoir, tu peux pas comprendre ! <br><br />
_''Mais putain tu va réveiller tout le monde, crétin !». <br><br />
<br />
L'épée à la main, la Kerdane est bientôt descendue le rejoindre pour le convaincre de ficher le camp et, n'y arrivant pas, a fini par l'aider à détordre un maillon en faisant levier avec son épée, histoire qu'il puisse déguerpir avant que quelqu'un ne les entende. Herle s'est réveillé à son tour, lui a ordonné de rentrer se coucher avant de les griller complètement et, la Kerdane disparue dans l'étable en engueulant un soldat qui se réveillait vaguement sur l'air de ''"Quoi ? Keskya, on peut plus pisser tranquille, merde ?"'', Oleytan a sorti discrètement les deux rescapés par là où il était lui-même entré. Apprenant alors qu'ils avaient pu cacher les gosses près de la rivière avant que les cavaliers ne leur tombent dessus, il est ensuite reparti chercher les mouflets de 9 à 12 ans, a nourrit tout le monde et distribué des rations pour le reste du voyage (''"Et donc, là, on a plus de vivres, c'est ça ? Heu... un peu, si..."''). Il se demandait s'il allait abandonner l'opération pour les conduire aux Cascades quand Vighnu et Andréas sont arrivés. <br />
<br />
Renonçant à l'engueuler d'avantage puisqu'il viennent de faire quasiment la même chose, les deux PJ soignent à nouveau les plaies et brisent les chaînes, ré-expliquent la direction du Cercle des Cascades et, recommandant bien aux fuyards d'éviter les routes pour ne pas être repris, ils s'installent pour bivouaquer et s'offrir quelques précieuses heures de sommeil avant l'aube.<br />
<br />
L'aurore pointe à peine lorsque Herle, Diane et les autres se lèvent, déposent quelques pièces de cuivre dans la grande salle et filent sans prendre de petit déjeuner, pendant que Craie et Esteval constatant la disparition de leurs prisonniers commencent à activer les soldats, et que ceux-ci constatent la disparition d'un des leurs. ''"Et vous là, vous avez rien entendu ?!? _Nope : nous on dort sérieusement quand on doit se lever tôt."'' répondent nos héros avant de s'engager, sous la bruine matinale, vers le chemin raide qui monte en lacet vers le nid d'aigle de la cité minière. Rapidement rejoints par Lerkoren Oleytan, Vighnu et Andréas (modérément reposés), ils confèrent sur les évènements de la veille et s'accordent sur un plan : Eldan (puisqu'il connaît Solerane), Andréas (qui compte s'arrêter dans un temple pour se lancer dans l'enchantement d'un document puissamment convaincant pour faire partir le convoi avec une escorte réduite ''"car tout danger est désormais écarté"'') et Diane (qui pense pouvoir s'infiltrer dans la-dite escorte) iront en ville pendant que le gros de la troupe (''"J'suis pas gros j'suis juste un peu envelo _Ta gueule, La Poigne : t'es lourd."'')attendra caché dans la forêt. <br />
<br />
=== Plan d'action ===<br />
<br />
Dès que le convoi sera prêt à partir, les mercenaires partiront devant pour semer des embûches sur sa route afin de le ralentir (comme un sapin ou des rochers ''"décrochés par le dégel"'') : s'ils parviennent à le retenir assez longtemps dans la gorge pentue et traîtresse que les chariots auront de toutes façons du mal à négocier (le segment 2, sur la carte), ils peuvent l'obliger à passer sa première nuit avant le gué sur l'[[Anil'wel]] (milieu du segment 3). Le lendemain, la caravane sera donc obligé de forcer l'allure pour sortir de la forêt qui suit (segment 4) avant le crépuscule : réputée dangereuse (c'est, avec la gorge, le site d'embuscade préféré des Kormes, c'est d'ailleurs là que la colonne de Durgaut s'est faite attaquer au début de l'Épisode 1), le mauvais chemin tortueux y sera en cette saison embourbé par les ruisseaux et, avec un peu de sabotage supplémentaire (en creusant par exemple le lit d'un petit torrent pour former une combe traîtresse), l'escorte arrivera dans la vaste prairie marquant le dernier bout droit (5) en fin d'après-midi, épuisée par deux journées difficiles et fera probablement halte, croyant avoir fait le plus dur... Mais c'est justement là que l'attendra notre commando camouflé et grimé en Kormes, qui lui tombera dessus avant qu'elle ait eut le temps de souffler, laissera filer les non-combattants pour qu'ils puissent témoigner de la culpabilité des rebelles mais massacrera impitoyablement tous ceux qui pourraient les avoir vu de trop près au Marchepied ou à Solerane. En se coordonnant avec Diane pendant qu'elle s'isolera ''"pour pisser"'' le long du parcours, ça devrait marcher très bien (c'te blague).<br />
<br />
Image à rajouter<br />
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<br />
<br />
== Enquête ==<br />
<br />
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<br />
=== [[Solerane]] (Diane, Andreas, Eldan) ===<br />
<br />
[[Fichier:Solerane-grand.jpg|673px|thumb|left|Solerane]]<br />
<br />
Entrant en ville par la Porte Basse alors que le crachin continue, le trio d'espions improvisés passent devant les vastes écuries où des palefreniers semblent avoir rassemblé au moins une cinquantaine de chevaux, puis remontent les rues pentues et mal pavées, encadrées d'étroites maisons de pierre et d'ardoise, en direction de l'Hostellerie des Moindres, attenante au temple et tenue par les religieux locaux. Traversant au passage la grand'place surmontée d'un vaste marché couvert au bout duquel s'élève le siège de la Guilde Minière locale, ils constatent que des bouviers attèlent ou chargent des chariots sous les halles, alors que des marchands s'assemblent devant le porche du sanctuaire : ça sent le départ...<br />
<br />
Le réfectoire de l'hostellerie est aussi sombre qu'encombré par une bonne 20aine de mercenaires pour la plupart loqueteux, de forestiers et de négociants qui semblent tous attendre qu'un sergent courtaud et obèse s'occupent d'eux : Eldan le connaît sous le nom de "La Boule" comme le membre le plus corrompu de la garde locale, qui offre fréquemment les services de ses hommes à Jornil Cuivré et laisse prospérer les coupes-jarrets qui hantent avec son fils [[Jorem]] la boutique d'un marchand de vins, "Le Carafon".<br />
Pendant que Diane réussit à se bouffer le nez avec l'épaisse bonne-sœur qui sert pain et brouet aux clients (c'est une manie), Andréas trouve son chemin vers la sacristie pour demander au prêtre s'il pourrait s'y installer pour "travailler dans le recueillement nécessaire à ses enluminures". [Sur un jet de "Contacts dans la Pègre" réussit], Eldan le brigand repenti avise bientôt un drôle de novice qui accueille les voyageurs dans la cour en semblant éviter la salle, qu'il reconnaît illico comme un croche-bourse du coin, déguisé pour pouvoir "courtoisement débarrasser les voyageurs de leurs bagages" sans se faire trop remarquer des sœurs et des vrais disciples du Culte (et puisque je peine à lui donner un nom, il le baptise "Boule-de-Suif"). Son camarade interpellé en plein travaille lui explique que La Boule est venu sélectionner les meilleurs combattants disponibles pour les intégrer à l'escorte du convoi minier, les autres devant se contenter de la moindre paye offerte à l'escorte d'une caravane marchande qui devait partir ce matin avec un troupeau de chevaux emishen, mais qui a pris du retard malgré les tentatives du Cuivré pour les faire activer, allant même jusqu'à participer à la solde des convoyeurs pour peu que les marchands acceptent d'ouvrir la route en précédant d'une journée ses propres chariots. Bien sûr, quelques piécettes peuvent toujours faire pencher le jugement de l'adipeux sergent. ''"Et sinon, on peut saluer des copains au Carafon ? _Ben non, curieusement, y a quasiment personne depuis hier, déjà : ch'ais pas où ils sont tous passés. Même la bande à Jorem elle y est pu'..." ''<br />
Mais cette "cervelle de moineau" d'Eldan aura tôt fait de perdre l'information.<br />
<br />
Jugeant plutôt minables les guerriers déjà choisis, Diane se porte volontaire et décide de démontrer ses talents à l'arbalète en faisant tinter la haute cloche du temple d'un carreau tiré depuis le fond de la cour, selon un angle de tir particulièrement réduit par les étroites voutes du clocher et dans la visibilité voilée par la pluie et la grisaille : ''"Si une gonzesse y arrive, j'veux bien l'embaucher, tiens !"'' ironise La Boule. Et si Eldan s’éclipse vivement vers le campanile pour faire sonner la cloche du pommeau de sa dague si la Kerdane devait manquer, il n'a pas encore atteint le sommet qu'un trait ricoche sur le bourdon et faisant sonner le bronze avant de retomber côté grand' place. ''"Et sinon, c'est combien la paye ?"'' demande la tireuse d'élite d'un ton narquois, avant d'aller rejoindre la table où attendent déjà les autres vainqueurs, deux étrangers à l'air farouche et une paires de jeunes imbéciles qui se présentent comme ''"[[Trevan de Rigorne]], chevalier errant ! _Et [[Gavin]], son loyal écuyer. _Ah ben putain, si c'est le haut du panier j'ose pas voir le fond..."'' leur décoche Diane, toujours aimable. <br />
<br />
Informé que le convoi va de toutes façons partir le lendemain, que Diane y est embauchée, que l'éclaireur doit aller acheter quelques provisions pour le reste de l'équipe et puisque les religieux sont tous très occupés avec la foule des clients, Andréas profite du reste de sa matinée pour étudier bien tranquillement sa récente trouvaille. <br />
<br />
(Spoiler même pour les joueurs de cet épisode : En examinant les bagues mobiles qui se découpent dans la sphère d'or-rouge héritée de [[Langard]], le mage découvre qu'elle est à la fois un focus capable de stocker de l'Essence magique, un catalyseur qui facilite le transfert d'Énergie vitale pour la chargre plus facilement et un amplificateur doublant la portée de la plupart des sorts : bien qu'il ait du payé 2pH pour la retrouver, Andréas Odran est ravi ! Bien sûr, il ignore encore que le spectre de son défunt propriétaire y a été piégé, et qu'il se manifestera lorsque l'objet sera suffisamment rechargé…)<br />
<br />
=== Interlude Forestier (Vignu, Herle) ===<br />
<br />
Pendant ce temps, Vighnu et Herle se sont éloigné dans la forêt après avoir entendu de lointains aboiements : voulant voir de quoi il retourne, ils découvrent une petite chaumière isolée, où une mère de famille fend du bois avec dextérité pendant que ses deux jeunes enfants jouent en rassemblant les demi-bûches sous l’œil de deux énormes [[dogues de Marale]], des molosses presque aussi hauts que des poneys. En s'approchant sous le vent, les mercenaires réalisent que ce doit être la demeure de Thuril le Brun : un forestier réputé dans la région et qu'Eldan leur a expliqué servir régulièrement de guide aux caravanes, en particulier celles de Jornil Cuivré, de loin son meilleur employeur. Ils envisagent un moment de kidnapper un môme pour forcer la coopération de son père, mais après avoir considéré la maman qui fend les bûches d'un coup de hache expert, l'agitation grandissante des chiens, la taille du chenil trop vaste pour "seulement" deux dogues et les probables galères d'avoir à balader un otage de 5 ou 8 ans, les deux farouches guerriers renoncent.<br />
<br />
En rejoignant leurs camarades, ils aperçoivent les traqueurs d'esclaves qui patrouillent les flancs de la montagne et se dissimulent tous si bien qu'Eldan, sorti de la ville basse pendant que le premier convoi s'y assemblait pour partir enfin, va avoir bien du mal à les retrouver. Déposant les provisions en expliquant que Diane a réussit à intégrer l'escorte, l'éclaireur repart aussitôt pour lui transmettre les derniers détails du plan et une dague empoisonnée par les bons soins de Vighnu, "en cas de besoin". <br />
<br />
«_''Pis ramène le chroniqueur, aussi : on s'arrache dès que la première caravane a fini de descendre la route. <br><br />
_''Mais vous vouliez pas que j'aille jeter un œil à la mine, pour repérer l'autre convoi ? <br><br />
_''Il part demain matin, non ? Qu'est-ce qu'on besoin de savoir d'autre ? Grouille !» <br><br />
<br />
Et ce fût leur deuxième erreur…<br />
<br />
<br />
<br />
== Préparation du terrain ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Sabotage (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
À peine une heure derrière les quelques chariots de marchandises et le troupeau de chevaux qui labourent la route humide devant eux, le commando se met donc en marche en milieu de journée, avançant d'un pas tranquille pour éviter de les rattraper. La fin d'après-midi leur offre une vague éclaircie lorsque, quasiment à mi-pente de la gorge encaissée où les cailloux roulent sous leur pas, ils avisent un sapin qui penche déjà un peu depuis le versant hérissés de rochers du ravin : passant des cordes autour du tronc, Herle, La Poigne, Vighnu (mollement, hein, il est fatigué), Le Grêlé et Oleytan tirent de toutes leurs forces pour finir de le déraciner. Le templier défroqué s'énerve au passage et, quand ses compagnons remarquent que la chute de l'arbre n'a pas l'air très naturelle, il escalade la pente avec La Poigne pour déclencher à eux deux un éboulement susceptible d'expliquer l'accident. Après qu'une coulée de rochers se soient répandus sur la route et que le colosse ait cogné le tronc à coups de pierres pour parfaire la mise en scène et dissimuler les marques de cordages laissées dans l'écorce, l'équipe décide de souffler un peu avant de repartir... et Vighnu remarque alors une silhouette qui les observe de loin, dissimulée parmi les sapins en haut de la crête.<br />
(Si Andréas Odran a tout intérêt à garder le secret de ses talents magiques pour éviter de finir au bûcher, surtout lorsqu'il voyage avec un ex-templier, Hadrien Muraille et Adira Pratesh les ont découvert lorsqu'ils étaient enfermés dans la mine et le fehnri en a évidemment parlé à son cousin : malgré ses craintes instinctives concernant la sorcellerie, Vighnu a abordé le sujet avec Andréas qui s'est montré assez ouvert sur le sujet pour le rassurer...)<br />
<br />
Après avoir discrètement averti le reste de ses camarades de la présence d'un observateur discret et leur avoir recommandé de faire "comme si de rien n'était", Vighnu et Andréas s'éloignent innocemment loin des regard inquisiteurs en pénétrant sous les frondaisons qui bordent la gorge en se donnant vaguement l'air de chercher des plantes : <br><br />
<br />
«_''Tu peux le chroniquer d'ici, demande l'apothicaire dès qu'ils sont loin de Herle ? <br><br />
_''Assieds-toi avec moi et (Andréas sort la sphère première de son sac) pose tes mains là-dessus, là et là. <br><br />
_''Je sens que je vais pas aimer.... <br><br />
_''Sans doute mais j'ai pas l'énergie pour le faire moi-même alors tu participes où il va se tirer." <br><br />
Dès qu'ils ont tous les deux les mains sur la sphère de métal rouge, Vighnu se sent soudain très fatigué [ça lui coûte 4 points de Fatigue, mais ça fait 8pts d'Essence pour alimenter les sorts d'Andréas, qui en a bien besoin vu comme il peine depuis plus de deux jours qu'ils sont en marche] et, les yeux fermés par la concentration, le chroniqueur annonce à son camarade : <br><br />
_''Il n'y a qu'un seul type, mais il s'éloigne vers... un cheval. Plein nord, au sommet de la gorge. Il sait qu'on l'a repéré. Il se dépêche parce que... le sentier qu'il veut prendre rejoint la route un peu plus haut. <br><br />
_''Tu peux le neutraliser ? <br><br />
_''Je vais essayer mais... <br><br />
_''Fais au mieux, je préviens les autres !» <br><br />
<br />
=== Interrogatoire ===<br />
<br />
Quand Vighnu sort des bois tout essoufflé en appelant ses compagnons, il explique brièvement que le guetteur est en train de s'enfuir à cheval, mais qu'ils peuvent tenter de lui couper la route et Oleytan s'élance le premier, remontant la gorge au pas de charge, suivi de près par Eldan, Herle de Lorune et le Grêlé. Ils ont beau courir de toutes leurs jambes sur le chemin rocailleux, le cavalier dévale la pente plusieurs centaines de mètres plus haut qu'eux... et tombe de selle en atteignant la route.<br />
<br />
''"Quand on sait pas monter..."'' grommelle Herle, dégageant l'arc qu'il avait en bandoulière en cavalant de plus belle : son cheval trottant pour s'éloigner des ennuis, le guetteur se relève à peine lorsque Lerkoren Oleytan arrive sur lui le glaive à la main, mais réussit à dégainer sa propre épée en se remettant sur ses pieds, à parer et à lui coller un grand coup de pommeau à la tempe, séchant le jeune Elloran avant qu'Eldan ne soit à portée de lame. Le cavalier esquive le coup mal ajusté du Moineau en bout de course et, voyant arriver d'autres adversaires, dégage vivement sur le versant boisé qui descend vers le torrent. Mais Herle de Lorune a stoppé et décoché une flèche, et malgré la distance elle vole entre les arbres, racle l'écorce d'un boulot et transperce le genou du fuyard [3 pions de Fatigue et 1pH : Ego' voulait vraiment le choper] qui bascule dans dans la pente en rebondissant contre les troncs et les rochers. Un instant soufflé par l'expertise du tir, Oleytan, Eldan et le Grêlé regardent le Défroqué d'un air médusé, celui-ci leur fait signe d'aller chercher leur proie et, s'asseyant pour souffler sur un rocher, débande son arc en déclamant un poème sur la rudesse de la vie au bord des eaux [il faut préciser que pendant qu'on joue sur Rolisteam, Ego' dégotte des poèmes de circonstance qu'il déclame à brûle-pourpoint quand il a besoin de libérer de la Tension : ça fait toujours son petit effet et lui obtient à chaque fois le bonus du public]. Le Grêlé en reste un moment comme deux ronds de flanc, puis l'ex-inquisiteur dégage sa dague et, descendant à la suite d'Eldan avec le mercenaire sur les talons, annonce : ''"Bon, c'pas le tout : au boulot."''<br />
<br />
Et pendant qu'Oleytan s'éloigne pour récupérer le cheval, sous le regard mortifié d'Eldan qui a eu tant de mal à récupérer le blessé dans le torrent, à le traîner sur la berge et à lui faire un garrot, Herle entreprend d'interroger le prisonnier, d'abord en lui expliquant qu'il parlera de toutes façons et que ce n'est qu'une question de temps et de douleur, puis en tournant la flèche dans la plaie pour illustrer son propos. Alors qu'Eldan, dégouté, s'éloigne, le cavalier commence à révéler qu'il n'est que l'éclaireur d'une bande de types chargée de suivre le convoi... lorsqu'il tourne de l’œil, moins à cause de la souffrance que des blessures reçues : ayant rejoint ses camarades depuis quelques instants déjà, Vighnu l'examine et, constatant que le prisonnier cumule un sérieux hématome à la tête et des côtes fracturées à sa blessure au genou, annonce qu'il risque d'avoir un peu de mal à le garder en vie plus de quelques heures. <br><br />
<br />
«_''Et qu'est-ce qu'il a sur la poitrine, demande le chevalier ? <br><br />
_''Tatouage de voleur, explique l'assassin-apothicaire : la Confrérie du Chacal, une espèce de regroupement de brigands, mais j'ai entendu dire qu'ils commençaient à trafiquer des armes dans le coin. <br><br />
_''Non. Ce sont des démonistes ! <br><br />
_''Hein ?! Houlà, non, non, je vous assure messire ils... <br><br />
_''L'étoile à neuf branches est le signe du démon, Maître Pratesh, et cette créature doit être décapitée et brûlée séance tenante. <br> <br />
_''Quoi ?! Mais non, enfin, on allait l'interrog... <br><br />
_''Nous ne tolérerons pas l’œuvre du démon et vous n'en serez pas complice, Maître Pratesh, ou bien vous aurez à faire à moi !» <br><br />
<br />
Malgré les protestations de ses camarades, Sire de Lorune défait le long paquet qu'il a sur le dos depuis le départ et en dégage une lourde épée bâtarde à la lame gravée de runes antiques et dont la garde rougeoyante rappelle à Vighnu une certaine sphère : avant qu'il ne puisse s'interposer, l'épée s'abat et la tête du malheureux tombe, tranchée net, entre ses genoux [oui, Herle vient d'exécuter le "peunj-d'information" pour produire une Réaction à 5]. <br />
<br />
Image<br />
<br />
=== Fuite ===<br />
<br />
''"D'autres cavaliers arrivent !"'' les avertit Oleytan depuis le chemin, où il monte maintenant le cheval récupéré. Ne sachant pas s'il s'agit de brigands ou de simples civils et préférant éviter de laisser une "scène de crime" qui mette la puce à l'oreille du convoi, les mercenaires bascule le corps dans le torrent et dégage vers l'aval, histoire de dépasser leur éboulement avant d'être vus. Emportant la tête pour la brûler plus tard, Herle s'élance sur le chemin à la suite de ses camarades. Ce n'est que lorsqu'ils ralentissent au bas de la gorge qu'ils s'avisent qu'ils ont oublié Andréas et La Poigne, à qui Vighnu avait ordonné de rester près du chroniqueur pour le protéger : <br />
<br />
«_''Non mais ils sont pas débiles, non plus, ils auront dégagé en nous voyant passer... <br><br />
_''On parle de La Poigne là : le gars qui reste allongé près de l'arbre les yeux fermés pendant qu'on poursuit un cavalier parce qu'on lui a dit de faire "semblant de rien". <br><br />
_''Bon, Oleytan, tu retournes les chercher à pied en passant par les crêtes, on se retrouvera près du gué.» <br><br />
<br />
Et le matériel chargé sur le cheval, notre commando hautement qualifié repart d'un pas tranquille sous la bruine persistante.<br />
<br />
=== Reflexions ===<br />
<br />
Sous les pas des mercenaires, une plaine vallonnée, couverte de hautes herbes et parsemée de bosquets, succède bientôt à la forêt escarpée. Une éclaircie illumine le paysage et, quoiqu'en regardant régulièrement par-dessus leur épaule, les PJ en profitent pour sécher un peu en devisant sur la suite. Ce n'est qu'en arrivant au bord du fleuve que Herle insiste pour faire une pause et observer sérieusement les environs, des fois que les Démonistes (''"Mais c'est juste des petits truands qui se donnent un genre ! _Des dé-mo-nistes !"'') aient posté un autre guetteur ou que la première caravane soit encore à portée de vue. Les abords de l'[[Anil'wel]] ("la Rivière du Passé") sont remarquablement calmes, mais la profondeur des empreintes de chariot laissées sur la berge intrigue le templier : <br />
<br />
«_''Qu'est-ce qu'il y avait exactement dans ces chariots, Eldan ? <br><br />
_''Heu... un de draps et fourrures, un de ferronnerie, chaudrons, ce genre de trucs, et puis un p'tit chariot de matériel, les vivres de l'escorte, tout ça. <br><br />
_''Grand et gros, le chariot de chaudrons ? <br><br />
_''Pas très non, pourquoi ? <br><br />
_''Parce je commence à me dire que si j'étais un maître-contrebandier qui se méfie d'une attaque sur le convoi le plus important de l'année, j'aurais peut-être bien camoufler le vrai chargement dans la première caravane et tendu une embuscade autour de la seconde…» <br><br />
<br />
Après avoir passé le fleuve, et puisque la journée touche à sa fin sous les nuages noirs qui s'accumulent à l'est (''"Gros orage en provenance de la mer, annonce le Moineau. _Trouve-nous un bon site de bivouac, faut qu'on puisse se reposer ce soir."'') le groupe discute toujours de ses soupçons en interrogeant Eldan sur milles détails, puisqu'ils est le seul parmi eux à s'être rendu en ville et à avoir observé les préparatifs de départ. Montant un campement étonnamment confortable à base de branchages installés entre de gros rochers, sur les contreforts des hauts plateaux à l'ouest de la route (en limite de zone 4, sur la carte) et bientôt rejoints par Oleytan suivi d'Andréas juché sur le dos de La Poigne, l'équipe continue de réfléchir à l'idée du Templier.<br />
<br />
Et, à force de se creuser la cervelle, Eldan commence à se remémorer divers détails troublants (les mises en garde du Capitaine ; la désertion du Carafon (d'ordinaire quartier-général des truands et en particulier des séides de Jorem Cuivré) ; Jornil qui pressait le premier convoi de partir au point de payer une partie des frais de l'escorte, finalement un peu excessive pour des marchandises sans grande valeur et comptant assez peu de cavaliers pour que le troupeau de chevaux soit sa principale préoccupation ; les drôles de "barbares" qui trainaient à l'Hostellerie avec Diane), Andréas raconte sa première rencontre avec les Chacals au Cercle des Cascades, Vighnu et Eldan ajoutent leurs connaissances sur la pègre du nord... Il leur faut un moment pour constituer une théorie viable mais, lorsque Herle de Lorune revient de l'incinération de la tête tranchée, ses compagnons se sont rangés à son avis : le butin est caché dans la première caravane (qui n'a que 3 ou 4 heures d'avance sur eux et a du elle aussi s'arrêter pour la nuit), et le deuxième convoi est un piège à leur intention, pour lequel Jornil a embauché les Chacals, originellement venus des Sylves, tout comme [[Urgrand]] le sorcier barbu qui les a mis en relation avec les rebelles.''"Je vous avez bien dit que c'était des démonistes ! Quand on aura fini cette mission, faudra faire la peau à ce sorcier. _Nous en reparlerons certainement, sourit Vighnu."''<br />
<br />
=== Interlude Lointain ===<br />
<br />
Pendant ce temps à Tal Endhil, le Capitaine prend [[Ranyella Sotorine]] à part à la fin d'une des nombreuses sessions qui occupent la Guilde depuis le début de la semaine et, alors qu'il voulait lui parler transport nautique et diplomatie locale, la cheffe kerdane lui remet 4 pièces d'argent : ''"À quel titre ? _Une de vos mercenaires a envoyé un message à Écume 6 en demandant qu'on lui envoie une barge au Lac d'Acier. La réponse est que nous avons déjà perdu une barge récemment, que ma famille a autre chose à faire et que la mercenaire en question a perdu le privilège de faire appel à nous : vous seriez gentil de transmettre. _Oh... merde !"'' <br><br />
Et le Capitaine fonce illico au Cercle des Cascades, insiste pour parler urgemment à quelques chamans de sa connaissance et fini par demander à [[Kal Shemon'Lon]] de bien vouloir passer un message à Vighnu et Andréas : ''"Seulement si j'peux mett' un monstre marin. Ça donne du cachet aux visions, les monstres marins. Hihi."''<br />
<br />
<br />
<br />
== Infiltration ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Soirée à Solerane (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
À l'Hostellerie des Moindres, après qu'Eldan soit passé en coup de vent lui déposer une dague empoisonnée (''"T'aurais rien de plus liquide, pour épicer les vivres de l'escorte ? _Ah heu ben non, mais j'vais demander à l'apothicaire."'': jamais revenu), Diane fait connaissance avec ses futurs compagnons de route : si les deux "barbares" au poil noir et à l'air revêche ne font toujours aucun effort pour converser dans la Langue des Pères, elle découvre que le jeune "chevalier errant" Trevan de Rigorne et son fidèle écuyer sont venus au nord "en quête de gloire et d'aventure" et que, malgré leur bref engagement dans les troupes mercenaires (''"parce qu'on y voit plus d'action !"''), l'aventure leur a fait jusqu'ici plutôt défaut : une escorte de caravane vers Celanire (et quelques troubles sur place dus à l'arrivée d'un nouveau prêtre assez radical), mais toujours pas de glorieux combat. Ils comptaient s'engager dans les troupes d'un héros local, le fameux Capitaine Durgaut de Tal Endhil ("Qui ? Non, 'connais pas...") mais comme Trevan est incapable de réduire son train de vie, les voilà pour l'instant fauchés et ils repartent vers Darverane avec le fourgon de métal, dont le jeune chevalier espère bien qu'il sera attaqué (pour se couvrir de gloire), afin de gagner assez d'argent pour un second cheval (Gavin l'écuyer se plaint de courir derrière depuis deux mois).<br />
<br />
Un très bref duel d'entraînement avec lui permet par contre à Diane de constater que Trevan est extrêmement bien entraîné à l'épée, malgré son inexpérience du combat réel et sa rafraichissante "naïveté". Si son écuyer a d'avantage les pieds sur terre, Diane ne doute pas de pouvoir par contre les manipuler (et ne se préoccupe pas plus que ça d'aller jeter un œil au fourgon ou à la mine).<br />
Elle rencontre bientôt [[Thuril le Brun]], le massif forestier accompagné de deux dogues en charge de guider le convoi, qui vient les avertir d'être prêts le lendemain avant l'aube.<br />
<br />
=== Rêves collectifs (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
Pendant qu'elle dort tranquillement à l'Hostellerie, le tumulte de l'orage qui s'abat sur la plaine est bientôt interrompu par un hurlement de frayeur : sous son abri de branchage, Vighnu vient de s’éveiller d'un horrible cauchemar, une histoire de barques irrémédiablement coulés et de monstre marin qui le dévorait. <br><br />
<br />
«_''Ça commençait par un faucon ricanant dans la nuit et finissait par un petit oiseau qui te guidait vers un sentier lumineux dans la montagne, demande Andréas ? <br><br />
_''Heu... oui, mais je t'avoue que je me suis réveillé après le poisson géant. <br><br />
_''C'est drôle, moi j'ai juste vu une espèce de grosse murène rôder dans l'eau, mais à part ça, je pense qu'on a fait le même rêve, envoyé par Kal Shem'... <br><br />
_''C'est important les rêves, coupe Herle de Lorune, ce sont souvent les Ancêtres qui nous les envoient. <br><br />
_''Voilà. <br><br />
_''J'allais le dire. <br><br />
_''Et dis-donc, le Moineau, un chemin dans la montagne, ça te dit quelque chose ? <br><br />
_''Ah heu...oui. Le Capitaine avait prévu une solution de secours si on trouvait pas d'embarcations, c'est au nord de Celanire. <br><br />
_''Et c'est fiable ? <br><br />
_''Les plans du Capitaine sont toujours fiables ! <br><br />
_''Suis-je bête. Bon ben demain on peut s'épargner d'aller voir si les Kerdans sont arrivés à la presqu'île et foncer plein sud dès l'aurore pour rattraper le convoi...» <br><br />
<br />
=== Départ du convoi (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
Et le jour n'est pas encore levé que Diane, Trevan, Gavin et les deux barbares Sylvains dont elle n'a tiré que les noms ([[Rumbold]] et [[Jaromir]]) rejoignent avec Thuril la mine de cuivre, un véritable petit fortin dont sortent bientôt des cavaliers (dont Craie et Esteval, qu'elle reconnaît et qui la reconnaissent, mais aussi un jeune gandin qui s'avèrera vite être Jorem Cuivré, le fils du grand patron), quelques fantassins supplémentaires, un lourd fourgon de chêne fermé par une porte cadenassées et un petit chariot de matériel tiré par des mules. Retraversant la ville vers la porte basse dans le fracas des roues et des bêtes sur le pavé, le convoi descend laborieusement la route vers le Marchepied en brinquebalant (''"Bloumboudoum font les coffres dans le fourgon fermé. _Super : tu fais vachement bien le coffre. _Okaaay... _Ben quoi ?"'') puis oblique plein sud dans le petit matin.<br />
Très vite, l'arbalétrière comprend qu'entre Craie, Thuril et Jorem, il y a deux chefs de trop dans ce convoi, et en profite pour attiser les inimitiés au sein de l'escorte. Dès qu'elle et d'autres piétons sont employés à retenir les chariots dans la route pentue qui serpente le long du torrent, il lui vient une autre idée pour ralentir le convoi : profitant d'un dérapage du fourgon (''"moins lourd qu'il n'y parait... _Ben tant mieux.") ''<br />
<br />
sur la route bourbeuse, alors qu'elle tirait de l'arrière, Diane s'arrange pour que le véhicule passe sur l'un des cochers descendu pour freiner par l'avant, et le conducteur hurle lorsqu'une des roues de bois ferré lui sectionne la jambe à hauteur du genou. Dégager le pauvre gars et lui prodiguer les soins nécessaires, quoique probablement inutiles (le type ne s'en sortira pas sans un bon chirurgien) stoppent le convoi pendant un long moment. Diane en profite d'ailleurs râler sur la paye, semer encore un peu plus la discorde dans l'escorte et monter Trevan de Rigorne contre Craie en proposant de rentrer à Solerane pour repartir du bon pied, mais l'esclavagiste albinos est vite soutenu par Esteval et, à eux deux, ils ramènent un semblant de discipline dans l'équipage qui reprend la route.<br />
<br />
Toujours attentive aux alentours, Diane commence à avoir l'impression distincte que des bruits de sabots suivent le convoi par les crêtes et, lorsqu'elle propose d'aller voir, Craie insiste pour envoyer plutôt Jaromir et Rumbold, les deux Sylvains. <br><br />
<br />
«_''Dis-donc Trevan, demande-t-elle au jeune chevalier, les deux barbares, là, ils ont été sélectionnés comment ? <br><br />
_''Je ne sais pas, Mademoiselle : je ne crois même pas que le gros sergent les ait mis à l'épreuve, ils ont été embauchés tout de suite. <br><br />
_''Tiens donc..." Et bien sûr, lorsque les deux éclaireurs reviennent "sans avoir rien trouvé", Diane et Gavin espionnent leur bref rapport à l'albinos, la Kerdane entendant quelque chose comme "perdu un gars... <br><br />
_''Dis-leur de garder leurs distances, merde !» <br><br />
<br />
Lorsque le jeune chevalier et un des Sylvains, chevauchant tous deux à l'avant-garde, signalent un l'éboulement barrant la route, le convoi s'arrête à nouveau, l'escorte se déploie en position défensive et la Kerdane décide d'escalader le pierrier pour en avoir le cœur net : trouvant les empreintes de deux paires de très grands pieds, elle déduit que l'éboulement est l’œuvre de La Poigne et du Défroqué, mais préfère inquiéter les autres pour perdre encore du temps. Le convoi ne repartant qu'après avoir utilisé les mules pour traîner le sapin tombé hors du chemin, Diane s'installe à côté de Thuril le Brun sur le banc du fourgon et entreprend de lui expliquer qu'il se passe des choses très bizarres autour de ce transport, surtout que les Sylvains et Craie semblent comploter un truc bizarre avec des cavaliers qui les suivent [Réaction de Témérité à 5]. Manifestement surpris (et convaincu), le Brun essaye pourtant de dissiper les soupçons de la Kerdane mais ne parvient qu'à éveiller de nouveaux doutes : le guide serait-il de mèche avec d'autres gars voulant braquer le convoi ?<br />
<br />
=== Fuite meurtrière ===<br />
<br />
Avec tout ce temps perdu, il fait déjà presque nuit lorsque la caravane fourbue s'installe pour camper juste avant le gué et que Craie insiste pour envoyer les deux Sylvains et Diane "chercher du bois pour le feu", à bonne distance du camp puisque les premiers bosquets sont à plusieurs centaines de mètres. Méfiante, la Kerdane avertit Gavin et ne suit les deux barbares qu'en traînant les pieds et son arbalète sous le bras, le temps de chercher une solution : elle observe le terrain en détail, évalue les distances... Lorsqu'elle réalise que Craie et Esteval arrive derrière elle depuis le camp alors que les Sylvains la prennent en tenaille par l'ouest, elle se penche pour ramasser une branche morte... et disparaît complètement dans les taillis et le soir qui tombe.<br />
<br />
[À 4 contre 1, Diane est sérieusement dans la mouise, surtout qu'Orlanth refuse d'employer ses pH pour autre chose que progresser. Mais briefé en détail sur les options tactiques d'un sniper et anticipant finement sur ses Mises, il va commencer par un énorme jet de préparation, dégageant 16 pts de bonus temporaires qui ne vont pas être de trop...]<br />
<br />
Transmettant des indications par signes aux deux Sylvains, Craie et Esteval resserrent l'étau autour de la Kerdane... Du moins le croient-ils car, camouflées dans un bosquet à quelques distance, elle se trouve déjà hors de "l'encerclement" et visant soigneusement, elle attend le bon moment pour tirer en comptant sur la fatigue et la tension de ses adversaires. Et lorsque que, croyant avoir vu un buisson bouger, Craie fait claquer son fouet dans le feuillage, l'arbalète claque sans être entendu et Esteval s'écroule sans un râle, un carreau lui ayant perforé le crane par l’œil gauche. Jaromir, l'éclaireur sylvain qui progresse discrètement l'arc tendu, est maintenant la cible la plus excentrée : Diane recharge et lorsque l'albinos -dont les longs cheveux blancs se distinguent nettement malgré le crépuscule- se retourne pour appeler à voix basse son camarade disparu, un second trait claque et se fiche dans la trachée de l'archer, qui s'effondre en gargouillant du sang.<br />
<br />
Immédiatement, Rumbold et Craie comprennent qu'on leur a retourné l'embuscade et cherchent un couvert, mais l'esclavagiste commet l'erreur de vouloir reprendre l'offensive : dégainant son tranchoir et ré-enroulant son fouet, il s'élance en zigzaguant entre les rares bouleaux pour atteindre l'origine du tir... où Diane n'est déjà plus. Et lorsqu'il se retourne pour la chercher du regard, un carreau l'atteint en plein front. <br />
<br />
Alors que des voix commencent à se faire entendre vers le campement, le dernier Sylvain récupère l'arc de son compagnon et, restant prudemment à couvert, scrute le sous-bois en se déplaçant silencieusement vers l'ouest et les profondeurs de la forêt. Rumbold lâche une flèche lorsqu'une ombre se détache brièvement parmi les arbres mais manque de plusieurs coudées, et les deux tireurs continuent leur lente et silencieuse danse parmi les taillis, s'éloignant toujours plus du camp vers la forêt, chacun cherchant à repérer sa cible autant qu'à réduire la distance en restant à couvert... Mais lorsqu'il atteint une longue clairière, le Sylvain doit choisir s'il s'arrête ou s'aventure à découvert et, manifestement décidé à continuer vers l'ouest ou les arbres sont plus dense [et lui permettrons de réduire l'avantage fournit par la portée de l'arbalète], il s'élance soudain au pas de course : il n'a pas fait 10 pas qu'un carreau le cueille en pleine cuisse. Il riposte pourtant, mais manque encore et, étalé dans les hautes herbes, à flèches, il a le réflexe de ne plus bouger et d'attendre que la Kerdane soit obligée de s'approcher : lorsqu'une silhouette blonde apparaît, il se redresse sur un bras pour lancer sa hache mais un dernier carreau lui perce le crâne avant qu'il ait pu finir son geste.<br />
<br />
Accroupie à la lisière des bois, Diane écoute la nuit en reprenant son souffle : s'il lui semble entendre un lointain piétinement de sabots dans la forêt, une chouette ulule à l'ouest quand elle reconnaît le timbre de Trevan approchant par l'est et appelant à mi-voix "Mademoiselle ? Mademoiselle ?". Elle fouille rapidement le corps de Rumbold, récupère le projectile qui saillit de sa jambe et, en plus d'un curieux appeau, d'une solide dague, de quelques pièces de cuivre et d'un lacet d'étrangleur, elle découvre un curieux tatouage sur son sternum, une sorte de loup très mince sur fond d'étoile et de forêt. Soufflant tout bas dans l'instrument, elle émet une sorte de ululement et comprends que d'autres Sylvains appelaient leurs compagnons. <br />
<br />
Quand le jeune chevalier la rejoint enfin, troublé de constater qu'elle vient d'abattre 4 hommes dont leur chef (et qu'il a encore manquer l'action), elle n'a guère le temps de lui expliquer la situation en détail mais, avec l'aide de Gavin qui finissait de fouiller les corps, parvient à le convaincre qu'elle est "la gentille" de l'affaire. Et qu'ils sont tous en danger : il faut fuir, tout de suite, sans repasser par le camp. ''"Mais je ne peux tout de même pas abandonner mon destrier, proteste le "chevalier errant" ! _Et puis j'ai trouvé la clé du fourgon autour du cou de Craie, fait remarquer Gavin : ça vaudrait le coût de jeter un œil..."'' (On pourra pas dire que j'ai pas essayé.) <br />
Diane hésite un instant, car la tentation est forte, mais se ravise et, tirant doucement le chevalier confus par le bras, elle l'entraîne avec son écuyer vers le fleuve, contourne le camp par la rive, trouve le gué malgré la nuit et, alors qu'un fort tumulte et une cavalcade semble agiter le bivouac derrière eux, ils disparaissent dans la nuit et les flots grondant...<br />
<br />
Ils marchent depuis plus d'une heure, que le chevalier a passé à se plaindre de la perte de son cheval, du poids de son pavois et de ses pieds douloureux, lorsque Diane et Gavin réalisent que des cavaliers sont à leurs trousses : quittant le chemin pour tailler à travers bois, le trio sème temporairement ses poursuivants dans l'épaisseur des taillis et tente de prendre un maximum d'avance avant l'aube (passant sans le savoir à peu de distance de l'endroit où, la nuit précédente, ses compagnons ont campé pour s'abriter de l'orage).<br />
<br />
<br />
<br />
== Dernier tronçon ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Sabotage d'un chariot ===<br />
<br />
Durant la journée, Vighnu, Andréas sur le cheval, Herle de Lorune, Eldan, Oleytan, le Grêlé et la Poigne ont continué d'avancer à marche forcée sur la route forestière (segment 4 du trajet) détrempée tant par l'orage de la nuit que par les quelques ruisseaux qui s'écoulent vers le lac, grossis des eaux de pluie. Eldan, le plus leste de la bande, a rapidement pris de l'avance sur le reste du groupe en espérant rattraper la caravane assez tôt et trouver moyen de la ralentir jusqu'à ce que ses camarades le rejoignent. Et en effet, lorsque l'après-midi touche à sa fin et que le Moineau émerge de la forêt (début de zone 5), il découvre le troupeau de chevaux paissant tranquillement dans la grande prairie en bordure du Lac d'Acier, près des trois chariots arrêtés au bord du chemin entre lesquels les voyageurs ont allumé un petit feu pour sécher leur paletots. La moitié d'entre eux prennent d'ailleurs le soleil ou nettoie leur vêtements bourbeux sur la berge pendant que les autres cassent la graine et se reposent de la rude journée qu'ils viennent de passer à pousser les carrioles dans le chemin forestier tout à la fois étroit, sinueux, bourbeux, rocailleux et coupé par les crues miniatures (argl).<br />
<br />
Profitant des hautes herbes et de ce que seulement trois sentinelles semblent encore (vaguement) se préoccuper de monter la garde, le Moineau progresse par l'ouest, traverse la route sans être vu et se glisse subrepticement jusqu'au chariot de ferronnerie. Il entreprend alors d'arracher avec sa dague les clous qui maintiennent une des roues arrières sur l'essieu, mais il n'a pas tout à fait le temps de finir que l'arrivée de l'unique sentinelle à cheval, qui commence à réunir les chevaux égayés e vue du départ, l'oblige à se dissimuler sous la carriole. Son mouvement d'ailleurs trop vif et trop peu discret fait se cabrer l'un des chevaux, la sentinelle descend de selle pour voir ce qui se passe alors qu'une autre est descendue du chariot de draps (étrangement le seul où un garde soit resté en faction) : Eldan, bientôt coincé, ne s'échappe qu'en profitant d'un instant d'inattention né du chef de convoi qui bat le rappel de ses compagnons, juste le temps pour lui de retraverser la route et de s'éloigner en rampant dans les hautes herbes. Néanmoins, la roue d'un des chariots ne tient plus que par un clou et l'éclaireur a reconnu l'homme qui gardait le chariot "de draps" : c'est [[Darjodrahl]], le garde du corps/assassin hornois de Jornil Cuivré en personne, et sa seule présence indique qu'ils ont vu juste...<br />
<br />
[Là, vous comprendrez que j'ai un problème spatio-temporel massif : Diane/Orlanth a toujours environs 24h de retard sur les autres joueurs, qui eux sont à moins de 24h de l'objectif réel, et d'ailleurs la caravane va arriver à l'Auberge du Pont. Si je laisse tourner la chronologie normalement, Diane ne rattrapera ses compagnons que bien plus tard, probablement après que l'action soit terminée : c'est vraiment con. Alors comme pour une fois j'ai mes 4 joueurs-combattants ensemble (ça n'a a été le cas que deux séances sur sept), je fais une entorse à mes principes pour mon Orlanth préféré, Diane passe donc à travers une faille temporelle et rejoint ses camarades, qui pour la plupart n'y ont vue que du feu.]<br />
<br />
=== Regroupement et combat (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Trevan, Gavin, Diane) ===<br />
<br />
À la lisière des bois, le reste de la troupe s'est arrêté pour faire une halte après 10h de marche forcée qui lui ont "presque" permis de rattraper le convoi, lorsque Oleytan à l'arrière-garde annonce trois piétons mal en point qui clopinent vers eux : c'est Diane la Kerdane et deux inconnus, dont un sérieusement blessé. Le trio de fuyard a en effet été rejoint par quelques cavaliers-chacals dans la journée et, lorsqu'un bref combat, Diane en a abattu un de plus, Trevan en a blessé un deuxième et le troisième a planté sa lance dans le flanc du pauvre Gavin avant d'être "héroïquement mis en déroute" par le chevalier errant (et donc il s'est barré, quoi). Rapidement mis au courant des mésaventures les uns des autres malgré l'insistance du chevalier qui veut savoir s'ils sont des "malandrins" (''"Ben heu... on est des bandits d'honneur qui volons aux riches pour donner aux pauvres et défendons les petites gens contre l'oppression._Vrai ? Quelle aventure ! Je suis bien content de vous avoir rencontrés et de pouvoir joindre mon épée à votre noble cause ! _C'est qui ce débile, exactement ?"'')<br />
, tous s'accordent à dire que les deux priorités du moment sont qu'ils ont 1) encore une petite heure de retard sur leur objectif et 2) seulement une courte avance sur les 6 ou 7 cavaliers qui poursuivaient encore Diane, Trevan et Gavin. ''"Ça tombe bien, ''fait remarquer Vighnu'' : on va avoir besoin de chevaux."''<br />
<br />
Une fois l'équipe déployée autour de l'appât constitué par Gavin (rapidement rafistolé par Andréas) et Trevan installés au bord de la route, le "combat" est aussi rapide qu'unilatéral : Diane snipe le premier cavalier, le second reçoit une flèche de Herle avant d'être démonté d'un grand coup d'épée par Trevan et si les 4 autres qui les suivaient freinent à bonne distance pour descendre de cheval, ils découvrent vite qu'ils sont encore à porter de tir quand l'arbalète fait une seconde victime et qu'un autre adversaire prend une flèche dans la hanche en descendant de cheval. Les deux derniers, d'abord décidés à profiter du couvert des sous-bois pour arriver au contact voient bientôt le chevalier, le Grêlé, Vighnu et la masse du Templier s'avancer vers eux, et se dispersent dans les taillis dans l'intention manifeste de se carapater. C'était sans compter sur l'inhumaine discrétion de la Poigne, qui éclate à la masse le crâne du malheureux qui avait presque réussi à surprendre l'assassin (longue journée + problèmes de cœur : petite forme, le fehnri) et lorsque ce dernier se met en quête de l'ultime ennemi rescapé, il le trouve affalé sur le ventre et ligoté par le layss d'Oleytan, d'ailleurs assis sur son dos. <br><br />
<br />
«_''Très bien mon gars ! Allez, on le ramène aux autres et... <br><br />
_''Non. <br><br />
_''Je te demande pardon ? <br><br />
_''Non, Vignupratesh : cet homme est mon prisonnier, et il porte un tatouage. Je ne laisserai pas tes cinglés de compagnons massacrer un vaincu. Je comptais le laisser repartir après que nous ayons pris du champ. <br><br />
_''Mais c'est une très mauvaise idée, mon ami : il va rejoindre ses compagnons... <br><br />
_''C'est son droit. <br><br />
_''...les alerter sur notre position. <br><br />
_''Bah je peux lui trancher un mollet, si tu veux : il devra repartir en boitant et ne rejoindra les siens que bien après que nous soyons partis. <br><br />
_''Hem... bon écoute, je vais voir où en sont les autres et je reviens vers toi, d'accord ? <br><br />
_''Chouette : tu peux me ramener à boire ?» <br><br />
<br />
Et leur seul autre prisonnier, blessé à la hanche, est une prise inattendue : Jorem Cuivré, soi-même. Terrifié et enfiévré par la douleur, le propre fils du patron-minier balance tout ce qu'il sait dès que Herle et Diane froncent les sourcils : oui, son père se doutait qu'il serait attaquer et a conçu la ruse des deux convois, oui il a embauché les Chacals à sa demande par l'intermédiaire d'un contact qui trafique du sel et d'autres marchandises "tombées du chariot" entre Darverane et Solerane, oui ils se doutaient bien que le Capitaine Durgaut était derrière tout ça mais son père ne pouvait pas se permettre de faire attendre Rhilder. <br><br />
<br />
«_''Mais pas du tout, mes fringants compagnons et moi-même sommes des bandits d'honneur qui volons aux riches pour... <br><br />
_''Non arrête, Trevan, t'es chiant : on bosse pour Durgaut, en fait. <br><br />
_''Quoi ? Palsambleu mais alors vous m'avez roué ! Quelle aventure ! <br><br />
_''Mais vosu êtes cons, pourquoi vous balancez un truc pareil devant le prisonnier ?! <br><br />
_''Parce qu'il va pas repartir de toutes façons..." explique Vighnu avant de lui trancher la gorge [Réaction Cynisme 5 : ouch !].<br />
Et abandonnant ses compagnons avec le chevalier errant qui fait un scandale, il entraîne Diane vers l'endroit où il a laissé Lerkoren Oleytan en lui expliquant la situation : <br><br />
_''Mais quel chieur ! 'Sont tous comme ça vos venteux ? <br><br />
_''C'est pas la question : je compte sur toi pour abattre le prisonnier après qu'on l'ait "libéré". <br><br />
_''Pas de problème mais faut pas que le môme me repère... <br><br />
_''Je t'aiderai.» <br><br />
<br />
Et, en effet, Vighnu fait assez de boucan en rejoignant son jeune ami pour que l'approche de la Kerdane passe inaperçue : une fois le prisonnier ahuri rendu à la liberté sans arme et avec un talon d'Achille tranché (''"Rhaaaaaaaaa ! _Pis traîne pas mon gars, parce qu'avant la nuit, y aura des loups..."''), Vighnu ramène Oleytan vers leurs compagnons en l'entretenant de ses soucis sentimentaux, que le jeune Elloran ne comprend que trop bien. Cette émouvante confession les empêche d'entendre le claquement d'une arbalète qui vient de mettre fin à une très brève fuite, après quoi Diane rejoint les autres pour récupérer les carreaux qui, ayant atteint des parties molles, peuvent encore être extraits à la dague (faut dire qu'elle n'en a plus que 7, avec tout ça). <br><br />
Le temps de répartir les désormais 9 cavaliers, dont un blessé, sur les 7 chevaux disponibles (_''Quelle malchance : aucun d'entre eux ne montait mon cher destrier ! _Couillon, moraliste et obsédé par son canasson : il est pas venteux votre chevalier, des fois ?"'') et la troupe repart au galop à la poursuite du convoi.<br />
<br />
Eldan, rapidement récupéré et pris en croupe, explique qu'il a pu confirmer que le butin était dans le chariot de draps et saboter la carriole de ferronnerie, mais que la caravane a repris sa marche et qu'elle a encore repris près d'une heure d'avance. Trottant de leur mieux sur leurs chevaux déjà éreintés, les mercenaires fourbus voient s'amenuiser leurs options en même temps que le soleil couchant : s'ils peuvent encore rattraper leur objectif avant l'Auberge fortifiée (d'autant que la roue déclouée peut céder n'importe quand), il leur faudrait encore prendre le temps de se déguiser en Kormes, abandonner pour cela leur matériel le plus avantageux, attaquer en plaine, couper la fuite à quiconque sauterait sur un des 50 chevaux pour donner l'alerte, défaire une quinzaine de "gardes" (dont au moins 4 professionnels dignes de ce nom et Darjodrahl) à seulement 8 combattants, rafler le butin et dégager à travers champs avant que des renforts n'ait pu intervenir depuis le fortin : <br><br />
<br />
«_''C'est pas la peine de se casser le cul à galoper, fait remarquer Vighnu : on est tous trop crevés pour se battre efficacement. Il faut trouver autre chose... par exemple s'introduire à l'Auberge du Pont cette nuit, avant que la caravane ne reparte pour Darverane avec trois ou quatre fois plus de monde. <br><br />
_''C'est ça, on va trimballer 200kg de coffres blindés par-dessus les remparts et tout le monde trouvera ça normal. <br><br />
_''J'ai peut-être une idée, propose Eldan : je sais que le chariot de ferronnerie est destiné à Celanire, alors si on pouvait remplacer discrètement le contenu des coffres par des fers à cheval et d'autres objets en fonte pour planquer le butin sous les chaudrons, on aurait plus qu'à attaquer demain matin un p'tit chariot presque sans escorte allant justement dans la bonne direction. <br><br />
_''Mmmmh... et tu ferais ça comment ? <br><br />
_''Ben on j'pourrais entrer à l'auberge avec Gavin en innocent blessé et l'honorable médecin-érudit Andréas, on repère les lieux et le butin, pis on aide Vighnu, Oleytan et tous ceux qui savent grimper et se faire discrets à passer la muraille, pis on s'introduit là où sont gardés les chariots, on se débrouille pour changer le butin de carriole sans faire trop de bruit, les grimpeurs repartent pis, le lendemain, ni vu ni connu, on braque le transport de chaudrons sur la route de Celanire. <br><br />
_''Mais dis donc, tu sais que si on laisse quelques gars à l'extérieur pour éviter que les gars du deuxième convoi nous tombent dessus à l'improviste ou viennent raconter des âneries à la garnison locale, ça pourrait presque marcher, ton affaire ? <br><br />
_''Très bien, jeune homme : je suis ravi de constater qu'on ne t'a pas emmené pour rien...»'' conclue le Défroqué. <br><br />
<br />
<br />
<br />
== A l'[[Auberge du Pont]] ==<br />
<br />
[[Fichier:Auberge du Pont.jpg|600px|thumb|left|L'auberge du pont]]<br />
<br />
=== Première nuit ===<br />
<br />
Pendant que le reste du groupe se dissimulait avec les chevaux dans un bois, Eldan le Moineau, Gavin l'Écuyer blessé et Andréas, sous l'identité d'un érudit de Brasure, ont précédé la caravane à l'Auberge du Pont pour observer son arrivée et ses mesures de sécurité. Ils y ont découvert que la herse qui barre le fameux pont était baissée suite à des attaques répétées des Kormes sur la route vers Darverane (qu'on leur avait annoncée "rouverte") : les voyageurs et marchandise s'accumulant alors dans l'auberge envahie de tentes, de chariots et de bien plus de résidents qu'elle n'en peut héberger ou même nourrir, et les prix y grimpaient de manière délirante.<br />
<br />
Une fois les hommes de Jornil Cuivré arrivés et le chariot "de draps" (dissimulant les coffres que visent nos vaillants mercenaires) bouclé pour la nuit dans une grange gardée, Eldan observa les lieux pour chercher le meilleur point d'entrée (la garde mercenaire habituelle est doublée d'un contingent de l'armée régulière qui semble obéir à Darjodrahl, le lieutenant hornois du Cuivré), il manqua d'être lynché en accusant publiquement une jeune tire-laine plus charismatique que lui, Andréas fit le tour de l'auberge sur-bondée et récupéra la bourse volée au Moineau, puis Gavin sortit brièvement pour prévenir ses (autres) camarades de la situation avant que les portes ne soient fermées pour la nuit et tous trois se retrouvèrent au spectacle donné par les saltimbanques dans la cour...<br />
<br />
Les autres mercenaires ont d'ailleurs passé un début de soirée tendu, la journée les ayant laissés sur les nerfs. Tout particulièrement Vighnu chez qui les affres sentimentaux s'ajoutaient à la tension et à la fatigue de cette mission [il trimbale toujours ses deux points de "Trauma" (rebaptisés "Marques" depuis la dernière réécriture du système) dus à ses problèmes avec Islinna) et pète donc les plombs beaucoup plus souvent que d'habitude. C'est d'ailleurs d'autant plus intéressant que, sa principale Réaction étant le Cynisme, le fait même qu'il soit fâché avec sa douce parce qu'il est un assassin cynique l'incite à se comporter en assassin cynique. Comme dit souvent mon collègue "Cancrela", «Ça devrait s'appeler "nÉvrotic"...».] Le fehnri était en fait tellement stressé que lorsque Gavin est venu leur annoncé que le chariot était sous clé et qu'Eldan s'était fait gravement repéré en perdant sa bourse et en déclenchant un esclandre, Vighnu a sorti sa dague pour la lui coller sous la gorge en gueulant "Mais vous êtes complètement cons nomdedju, on peut rien vous confier !". Immédiatement, il a senti l'acier froid de l'épée que Trevan de Rigorne lui posait sur la nuque, Herle de Lorune a dégainé son [[nerhil]] pour piquer la pointe sous le diaphragme du chevalier errant, Diane a braqué son arbalète chargée sur l'oreille du précédent et le Grêlé, passant sa lance entre le fehnri et l'écuyer, a finalement demandé de son habituel ton sarcastique si la mission intéressait encore quelqu'un ou s'ils allaient tous s'entretuer à 300m du butin juste parce qu'ils ne savaient pas tenir leur nerfs. L'assassin a donc rengainer son katara et tout le monde a lentement rangé ses armes en échangeant des regards méfiants : folle ambiance...<br />
<br />
Pendant qu'Eldan "sympathise" avec des compatriotes Anguedais ("du Duché d'[[Anguedale]]"), des bergers occupant la tente la plus proche de la porte de la remise (la verte, sur le plan), Gavin tâche d'en déloger la barre qui la ferme de l'intérieur à l'aide d'un cure-pied (une espèce de crochet pour nettoyer les sabots des chevaux) et n'arrive qu'à la déloger en partie ("J'finira 'pu tard !").<br />
<br />
[Tentative rigolote : Gavin, qu'Orlanth incarne désormais pour éviter de ne jouer que son Arbalétrière confinée à l'extérieur, possède une Ressource "Paquetage" qui n'est définie que comme son aptitude à sortir tout et n'importe quoi du fatras accumulé dans son baluchon à force de chapardages, pour peu qu'il réussisse un jet sous le domaine "Voyage" et avec tous les talents appropriés. Le jet est plus ou moins difficile en fonction de ce qu'il espère tirer de son sac à malice, et il peut y miser d'autant plus d'Énergie que l'objet désiré correspond à ses talents...]<br />
<br />
Après avoir profité de l'enthousiasme du public devant la performance des baladins pour remplir en partie son focus, sa bourse elle aussi bien garnie a permis à Andréas d'accéder à la partie de dés qu'organise pour ses amis fortunés un certain Dorian «le Magnifique», marchand reman particulièrement entreprenant puisque, grâce au courtage, au tripot installé dans une des rares chambres privatives et à la prostitution de son époustouflante maîtresse fehnri, [[Sohashna]], il est probablement la seule personne à tirer quelque profit de son séjour à l'Auberge du Pont. C'est surtout, pour nos mercenaires, le seul autre type assez influent sur place pour avoir obtenu que sa propre roulotte soit elle aussi gardée sous clé dans la fameuse grange... Après quelques coups de dés qui lui ont fait gagner un peu de menue monnaie, Andréas se retire du jeu et de la conversation entre puissants négociants pour lancer le sort qu'il a préparé pour glisser dans l'esprit de Dorian et de sa courtisane une certaine idée fixe : "le commerce ne vaut rien ici, la route ne rouvrira pas, autant retourner à Solerane."<br />
<br />
Frôlant le malaise tant il a investi d'énergie dans sa "Chimère", le chroniqueur s'excuse et prend congé, entendant en partant les deux amants discuter de leur départ à l'aube. Comme Gavin et Eldan (mais du côté de l'étable), il s'installe alors pour dormir quelques heures dans la cour, afin de rester aux premières loges en cas de besoin. En attendant la diversion prévue par ses camarades à l'extérieur, il s'endort malgré les protestations fréquentent des campeurs qui râlent chaque fois que quelqu'un les réveille en faisant du bruit dans la cour, rajoutant un peu de merdier à chaque fois...<br />
<br />
=== Extrait des Chroniques des Marches du Nord d'Andréas Odran ===<br />
<br />
: ''Après avoir réalisé que nous nous étions fait bernés comme des bleus et que le chariot que nous pourchassions n'était qu'un leurre, nous avons quasiment rattrapé le faux chariot de draps. Le plan mis au point par Eldan et Vighnu était d'opérer une substitution entre le coffre que nous recherchons et des ferronneries d'un autre chariot lors de l'arrêt du convoi à l'Auberge du Pont. ''<br />
<br />
: ''J'ai été affecté au groupe d'éclaireurs, en compagnie du brave Eldan et de Gavin, le soi-disant écuyer du soi-disant chevalier errant. Pas mécontent de laisser derrière moi le poète-répurgateur et ses tendances homicides qui me feraient presque regretter feu [[Conrad de Mélanque]], nous avons doublé au large le convoi pour découvrir une auberge absolument bondée, un vaste campement de tentes débordant de ses murs. Moutons et poulets courraient en liberté là au milieu, dans un bazar que d'aucuns auraient trouvé joyeux. Ce n'était pas mieux à l'intérieur, et il me fallu jouer des coudes pour y entrer, tandis qu'Eldan essayait d'interroger des gardes à l'extérieur - comptant sur la camaraderie militaire. Il a rapidement découvert que la route de Darverane n'a jamais réouvert : les quelques marchands qui ont essayé de l'emprunter sont revenus la queue basse et soulagés de leurs biens, et le contingent de gardes de l'auberge s'est vu renforcé. La conversation a ensuite tourné court, pour autant que j'aie bien compris les explications embrouillées d'Eldan : il semblerait que la réputation de la camaraderie militaire soit en fait largement usurpée... ''<br />
<br />
: ''Pendant ce temps, Gavin et moi-même nous frayâmes tant bien que mal un chemin dans la salle de l'auberge bondée, où tout un tas d'individus tentaient d'accéder à un comptoir où l'on servait de la nourriture. Très franchement, les moutons de la cour me parurent plus dignes que cette pitoyable assemblée d'humains se battant pour leur pâtée. Enfin... J'espérais trouver plus de calme à l'étage, il n'en fut rien : l'étage était intégralement couvert de lits et de paillaissades, et la seule zone privative était réservée par un riche marchand et gardée par un mercenaire. J'ai bien tenté d'expliquer à l'un des commis de l'auberge que je ne souhaitais pas partager mes nuits avec une bande de garçons de ferme illettrés, mais celui-ci a pris la mouche (je suppose que c'est un ancien garçon de ferme toujours illettré). Ce serait donc compliqué pour moi d'obtenir un coin tranquille où préparer mes petites diversions...''<br />
<br />
: ''Pendant ce temps, à l'extérieur Eldan assistait à l'arrivée du guerrier hornois escortant la caravane des marchands de draps. Usant d'un subtil mélange de force brute, de regard mauvais et de cette indicible autorité que procure le fait d'être une machine à tuer, le Hornois a rapidement imposé son autorité auprès des gardes, fait entrer le chariot contenant le coffre dans une remise fermée (dont il a conservé la clé), et réquisitionné une chambre et des repas pour ses employeurs. Le reste du convoi, lui, s'installait hors des murs de l'auberge. Et notamment le chariot de ferronneries avec lequel nous comptions faire l'échange. Voilà qui compliquait sérieusement notre affaire. Eldan a aussi appris que la remise en question était occupée par un autre chargement appartenant à un riche et important marchand : des verreries, apparemment. Et ce riche marchand n'était autre que celui qui occupait la grande chambre à l'étage de l'auberge, où parait-il il organise des parties de dés pour tuer le temps en attendant la réouverture de la route. Il aurait déjà plumé certains de ces collègues...''<br />
<br />
: ''Je retrouvai Eldan dans un coin pas trop encombré de l'auberge et nous avons commencé à discuter de nos options. C'est alors qu'Eldan a été bousculé par une jeune fille qui lui subtilisa la bourse confiée par Durgaut. Il l'a arrêtée, mais elle avait déjà passé l'objet du délit à un complice que j'ai pu repérer et suivre. Je l'ai retrouvé dans les latrines où il contemplait le fruit de son forfait. Bien qu'il fut armé d'un méchant coutelas et ait l'air plus costaud que moi, j'ai serré le manche de ma dague en prenant mon air le plus menaçant et je l'ai sommé de me rendre l'argent. De façon incroyable, j'ai dû avoir l'air suffisamment méchant pour qu'il me rende la bourse sans combattre [jet d'Intimidation +1pH !]. Pendant l'intervalle, ce brave Eldan avait accusé publiquement de vol la jeune fille. Celle-ci se lança alors dans un numéro théâtral de fragilité féminine qui aurait bien fait rigoler Diane, et quelques courageux sont intervenus - espérant probablement passer pour des chevaliers blancs et ainsi trousser la donzelle d'ici la nuit. Eldan, pas si brave que cela au final, s'est copieusement fait casser la gueule et je l'ai retrouvé tout ensanglanté dans la cour. Ce fut pour moi l'occasion de m'essayer aux arts dentaires pour réparer la mâchoire du garçon. Je crois que je m'en suis bien tiré, et après tout cette dent cassée lui donne un air aventurier qui devrait plaire à ces dames.''<br />
<br />
: ''C'est alors qu'est advenu l'évènement le plus sidérant de cette soirée : Gavin, le paysan-écuyer, a été pris d'un soudain accès d'initiative et s'est esquivé pour faire un rapport au reste du groupe ! Alors ça ! Que croyait-il le bougre, que nous allions rester sans prévenir nos compagnons ? Je n'en reviens pas, quelle outrecuidance ! Moi qui pensait que les capacités intellectuelles de ce garçon ne dépassaient pas celles de la limace ou du templier, le voilà qui nous donne des leçons d'opérations clandestines. Il va falloir que nous nous reprenions, Eldan et moi. ''<br />
<br />
: ''Au final, nous sommes parvenus au plan suivant : nous restons sur la substitution, et celle-ci s'effectuera directement au sein de la remise, entre le coffre que nous recherchons et le chargement de verreries. De mon côté, je vais essayer d'aller rencontrer le marchant de verreries, probablement au cours d'une partie de dés. Charge à moi de faire usage de toute ma persuasion pour le convaincre de partir le plus rapidement possible vendre sa cargaison à Solerane, où nous l'attendrons sur la route...''<br />
<br />
Notre chroniqueur omet sciemment de préciser que sa fin de soirée fut consacrée à assister au spectacle offert par quelques baladins, dont la jeune fille et l'acrobate ayant subtilisé la bourse d'Eldan, un jeune joueur de vielle à roue et le conteur qui les dirige, un [[Estrani]] nommé [[Horacio]]. <br><br />
Le but d'Andréas était moins de se détendre que de profiter des spectateurs assemblés pour effectuer le rituel de "La Sentinelle au Bal" par lequel il peut tirer de l'Essence magique de l'émotion partagée d'une foule, et ainsi recharger son focus récemment acquis.<br />
<br />
<br />
=== L'éclaireur à abattre (Diane, Vighnu, Le Grêlé, Trevan, Herle, La Poigne, Oleytan) ===<br />
<br />
Grimés en Kormes après un court débat quant à Diane (''"Les femmes Kormes combattent généralement seins nus mais peinturlurées jusqu'à la taille. _Essaye-voir et tu vas pas retrouver tes doigts. Moi j'aurais des fourrures. _Bon, bon..."''), le chevalier errant Trevan de Rigorne et Herle de Lorune surveillent la route depuis les bois à l'ouest du fortin pendant que l'arbalétrière rampe dans les hautes herbes près de la berge sud, se glissant entre les cavaliers qui surveillent la cinquantaine de chevaux qui n'ont pas pu trouvé asile à l'auberge. Lorsqu'elle en effraie quelques-uns en déclenchant un début de panique dans le troupeau, que les cavaliers doivent alors empêcher de piétiner les tentes plantées à l'extérieur, la plupart des gardes aux créneaux du fortin se tournent vers le sud. C'est le moment qu'attendaient Vighnu, Oleytan, La Poigne et le Grêlé pour s'élancer depuis la lisière des bois au nord-ouest : le fehnri est le premier à franchir le rempart dans l'ombre de la tour ouest, profitant de l'angle mort repéré par Eldan. Le jeune Elloran le rejoint avec aisance et redescend dans la cour sans être vu, pendant que Vighnu place le grappin et la corde qu'ils trimballent depuis Tal Endhil pour faciliter l'escalade des suivants, puis rejoint son camarade au sol et tout deux se cachent un instant sous l'arcade de la chapelle ("Ch") pour observer l'endroit : Andréas dort à poings fermés à quelques pas d'eux, un garde est toujours en faction devant le portail de la grange et, en plus de ceux qui surveillent l'extérieur depuis les deux tours, un autre patrouille la cour. Mais le vrai danger semble venir d'une lucarne à l'étage de l'étable, où se trouve les chambres "de luxe" : derrière un volet, un rai de lumière trahit la présence d'un homme de Darjodrahl surveillant la cour.<br />
<br />
Derrière eux, La Poigne peine à glisser sa panse entre les créneaux, manque d'être repéré mais s'encoigne dans l'angle de la tour ouest avant d'être rejoint par le grêlé... lorsqu'une cavalcade isolée sonne sur la route au dehors et que la sentinelle au-dessus d'eux crie soudain "Qui va là !?".<br />
<br />
En rejoignant Trevan et Herle, Diane avait elle-même repéré le cavalier, reconnu un des hommes de Jornil qui accompagnait le soi-disant "convoi de métal" et tenté de l'abattre à l'arbalète avant qu'il ne puisse s'annoncer à l'Auberge bouclée pour la nuit. Mais son unique tir manqué de tout le scénario s'est perdu loin de la cible sans même être remarqué et, freinant au pied de la tour ouest, le cavalier n'est finalement à portée d'arc que lorsque le garde l'a déjà remarqué : sans savoir où en sont leur camarades ni s'il peut les mettre en danger, le trio hésite à abattre l'arrivant juste le temps qu'un autre membre de la caravane, qui montait la garde à l'extérieur près des tentes des marchands de chevaux, ne le reconnaisse et viennent à sa rencontre... ''"Ouvrez les portes !"'' crie la sentinelle à l'intention de ses collègues.<br />
<br />
Du rempart, le Grêlé indique par signe à Vighnu qu'ils ont un sérieux problème : le reste du commando comprends qu'il leur faut d'urgence neutraliser ce messager nocturne qui pourrait compromettre toute leur opération. Heureusement, près du portail que deux autres gardes s'apprêtent à ouvrir, Gavin qui ne dormait que d'un œil commence à râler : ''"On veut dormir ! N'ouvrez pas la porte ! Si ça se trouve, c'est des Kormes !"''. Les protestations sont bientôt reprises par ses voisins, et Gavin envenime la situation pour gagner du temps, poussant un des nouveaux copains anguedais d'Eldan à aller se plaindre aux deux soldats qui déverrouillent la porte en arguant qu'ils ont payé pour la protection de l'auberge et que le couvre-feu vaut pour tout le monde. Le ton monte bientôt à travers toute la cour lorsque Andréas se joint aux réfugiés mécontents et en convainc une poignée d'aller gueuler auprès des hommes en faction au pied de la grande tour. <br />
<br />
Profitant du merdier, le Grêlé et La Poigne se sont introduits dans la tour ouest, ce dernier a tué la sentinelle et l'autre ouvre maintenant la porte du rez-de-chaussée à Vighnu et Oleytan : pendant que le Grêlé enfile la livrée du soldat pour le remplacer à son poste, les trois autres montent au rempart sud et le longent jusqu'à la petite porte de bois qui donne sur le grenier de la grange. Dégainant sa dague, il travaille alors à en faire sauter la barre...<br />
<br />
Sentant la situation dégénérer à l'intérieur du fortin où des archers sont apparus en haut de la grande tour- et parce que les caravaniers installés à l'extérieur commencent à vouloir se joindre aux deux hommes qui cognent au portail, Diane, Herle et Trevan (toujours déguisés en Kormes et surveillant les événements depuis la lisière des bois) décident de passer à l'action : le plus proche gardien de chevaux est abattu d'un carreau d'arbalète dans la poitrine, deux flèches descendent simultanément un caravanier armé et une sentinelle mal avisée et le trio se rapprochent à couvert des chariots et des tentent qui bordent le chemin vers le pont, bien décidé à réduire le messager au silence avant qu'il n'ait pu parler aux gardes ou à Darjodrahl le Hornois...<br />
<br />
=== Emeute et mort de Darjodrahl (Vighnu, Oleytan, Andreas, Eldan, Gavin, La Poigne) ===<br />
<br />
Dans la cour, Andréas voit arriver un garde de plus et l'engueulade devant le portail toujours fermé (et à l'extérieur duquel deux types gueulent ''"Ouvrez ! C'est important ! Un messager de Solerane !"'') tourne bientôt à l'empoignade : un des soldats pointe sa lance sur Gavin, Eldan se tient prêt à agir, l'autre soldat repousse brutalement le berger... et le chroniqueur lance discrètement un sort pour attiser la colère de la foule. Immédiatement, les protestations tournent à l'émeute et plusieurs résidents se jettent sur les soldats sortant de la Grande Tour. Gavin saisit la lance qu'on pointait sur lui et tente de désarmer le garde, écopant d'une méchante estafilade à l'épaule et les deux hommes luttent pour l'arme lorsque Eldan surgit et décapite le soldat par derrière, éclaboussant de sang le pauvre écuyer qui en reste un instant interdit.<br />
<br />
Le second soldat qui s'était précipité pour ouvrir le portail se retourne et n'a que le temps de dégainer son arme avant que le Moineau ne se rue sur lui en brandissant sa lame ensanglantée : le garde esquive une première fois, recule pour éviter un coup de lance de Gavin et le Moineau (très en forme) l'empale contre le portail. Derrière eux, sans armes ni grand talent pour la bagarre, les émeutiers amateurs se font rapidement tailler en pièce par les soldats et mercenaires de plus en plus nombreux à sortir du donjon...<br />
<br />
À peine Vighnu et La Poigne ont-ils fait un pas dans le grenier enfin ouvert que Lerkoren Oleytan arrête le fehnri d'un geste : il lui semble distinguer une silhouette dans le grenier obscur. Repéré, le Hornois jaillit et -avant que quiconque n'ait pu réagir- son épée à deux mains ouvre un profond sillon dans le thorax de La Poigne. Le colosse vaincu n'a pas encore touché le sol que Vighnu a déjà lancé une dague empoisonnée qui croise l'épée s'abattant sur lui : sa parade précipitée au katara aurait été insuffisante si Oleytan n'y avait pas joint son précieux arc à double-courbure, la lame hornoise déviant en tranchant dans le bois. Le fehnri pare une nouvelle attaque avec l'aide de l'Elloran, utilisant la corde de son arc pour lier un des bras de Darjodrahl, et se fend pour planter son katara dans la poitrine du Hornois pendant que, à peine relevé, La Poigne lui abat en chancelant sa masse d'arme sur l'occiput : à la fois empoisonné, poignardé et assommé, l'ennemi s'effondre sans un cri sur le plancher disjoint.<br />
<br />
Dehors, quatre "émeutiers" ayant été tué en un instant, Andréas reflue vers le fond de la cour avec les autres réfugiés vers le maintenant horrifiés de la tournure de leurs protestations. Entre les archers qui pointent maintenant leur flèches vers la cour et les soldats qui ont envahi la cour, Gavin comprend également que leur petite émeute a fait son temps et lâche la lance pour se réfugier dans une tente comme n'importe quel innocent apeuré par les événements. <br />
Eldan n'a pas la même présence d'esprit et, lorsque trois hommes d'armes avancent vers lui, l'adrénaline qui bat dans ses veines le pousse à tenter de leur tenir tête. Deux blessures plus tard, acculé contre la porte de la remise, il ne peut que faire mine de se rendre en posant piteusement le glaive hérité de son père pour se donner le temps de décrocher derrière lui la barre de la porte, déjà à moitié dégagée par Gavin quelques heures plus tôt. Lorsque les gardes avancent pour l'arrêter, Eldan bondit par la porte soudain libérée, claque le battant au nez des soldats et replace la barre avant qu'ils n'aient pu l'en empêcher.<br />
<br />
Lorsqu'un carreau d'arbalète cloue soudain le crâne du messager contre le portail de l'auberge, son compagnon s'arrête net de cogner pour qu'on lui ouvre mais n'a que le temps de pousser un cri avant qu'une flèche de Herle le réduise au silence. Désormais repéré mais toujours déguisé, le Défroqué décide d'exploiter au mieux la situation et s'avance à découvert en hurlant l'un des rares mots de lange des Vents qu'il maîtrise à l'attention des défenseurs : "KOOOORME !" scande-t-il en défiant les hommes aux créneaux, qui lui répondent à coups de flèches.<br />
<br />
=== La Grange (Vignu, Andreas, Le Grêlé, La Poigne, Eldan, Oleytan) ===<br />
<br />
S'étant fait ouvrir la porte de la tour ouest par Le Grêlé, Andréas le suit par les remparts jusqu'au grenier où Vighnu tente maladroitement de panser les blessures de La Poigne. Andréas n'obtient guère de meilleurs résultats pendant que ses compagnons descendent dans la grange où Eldan arrivent bientôt par la remise. ''"Les gardes sont à mes trousses"'' explique-t-il bien inutilement puisqu'on les entend marteler la porte barrée. D'autres coups et des voix retentissent bientôt au portail verrouillé de la grange : ''"Darjodrahl ? Un type vient de rentrer par la remise, est-ce que tout va bien ?!"''.<br />
<br />
Nos voleurs échangent des regards atterrés, Le Grêlé colle une taloche à Eldan pour sa peine et le corps sanglant du Hornois continue de goutter un sang poisseux à travers le plancher du grenier pendant que les gardes s'énervent à l'extérieur quand, finalement, Vighnu tente d'imiter le phrasé rogue et guttural de son ami Barbaras :'' "Ouais ! J'l'ai vu mais il s'est tiré ! Tout va bien !" ''répond-il avec son meilleur accent Hornois. Quoiqu'un peu hésitant, le garde de faction finit par répondre ''"Faîtes attention quand-même, hein, on dirait bien que des Kormes sont à nos portes..."'' mais s'éloigne lorsqu'un grognement de hornois met fin à la conversation.<br />
Alors que tous soupirent de soulagement, Oleytan les avertit depuis le grenier d'où il surveillait les alentours par la porte du grenier, ouvrant directement sur la cour : <br><br />
<br />
«_''Pssst, y a des guerriers plein les remparts et c'est la panique dans tout le fortin. Qu'est-ce qu'on fait ? <br><br />
_''Et surtout, qu'est-ce qu'on va faire demain, quand il faudra ouvrir la grange pour laisser partir la roulotte de Dorian et qu'ils trouveront le corps de Darjodrahl ? <br><br />
_''Surtout qu'Eldan est maintenant complètement grillé, pis y a des gars qui risquent de finir par l'identifier... <br><br />
_''Et j'ai perdu le glaive de mon père." ajoute l'intéressé d'un ton chagrin.» <br><br />
<br />
Mais à l'extérieur, les appels redoublent et les soldats commencent à vérifier toutes les portes à la recherche de "l'espion des Kormes" qu'ils croient poursuivre...<br />
<br />
=== Feinte (Le Grêlé, Eldan) ===<br />
<br />
Dehors, Trevan a sauté sur un cheval qu'il cabre en brandissant sa lame juste au-delà de la portée des archers, pendant que Diane récupère ses carreaux, aussi précieux que compromettants, sur les corps qui lui sont accessibles. Un cri retentit alors sur le rempart sud : ''"Il est là ! L'espion Korme s'enfuit par l'ouest !"'' Après avoir ainsi ameuté tout le monde dans et hors les murs, Le Grêlé, toujours en livrée de la garde se précipite vers la tour ouest suivi par Eldan. Après s'être barricadé, ils rejoignent bientôt le sommet. ''"Il est là ! Attention ! Il va sauter !"'' hurle le Grêlé alors qu'une silhouette à peine noircie bascule par-dessus le rempart. Au pied de la tour, Herle a également sauté à cheval et puisque les trois "kormes" à l'extérieur ne semblent pas réagir à la ruse, le "garde" s'écrit encore : ''"Ses compagnons viennent le chercher ! Il va s'enfuir, vite !"'' Et de tirer quelques flèches aux buissons, pendant que Trevan et Diane ramassent le compromettant cadavre du garde étranglé plus tôt par La Poigne, et disparaissent au grand galop vers la forêt.<br />
<br />
Soldats et mercenaires envahissant les remparts, Le Grêlé et Eldan se retrouvent vite coincés de toutes part et, utilisant la corde et le grappin à leur disposition, ils descendent le long du rempart sud et disparaissent à leur tour dans les bois sans avoir été remarqués. "Bon, ça nous aura fait gagner un peu de temps, constate Vighnu depuis le grenier, mais on a encore du boulot…"<br />
<br />
=== Dans la grange (Gavin, Vignu, Andreas, La Poigne, Oleytan) ===<br />
<br />
Après avoir discrètement permis à Gavin de les rejoindre par la remise, nos cambrioleurs retranchés dans la grange découvrent bientôt sous les linges et couverture du "chariot de draps" quatre gros coffres ferrés, fermés par des cadenas et liés au fond du véhicule par de lourdes chaînes. ''"Bordel, comment est-ce qu'on va ouvrir ça ?"''<br />
Vighnu, peu habituer à la serrurerie malgré ses doigts de fée, casse le seul crochet sorti de la besace de Gavin, l'Écuyer essaye à son tour avec un long clou mais sans plus de succès et Le Grêlé lui-même y épuise ses maigres compétences. <br />
<br />
''"Nan mais c'est pas possible, y en a pas qui sache crocheter dans cette équipe de voleurs ?! _Ben y avait le Moineau... _Et merde !!!". '' <br><br />
Persuadés que la clé des coffres doit se trouver sur l'homme de confiance du cuivré, Vighnu, Andréas et Gavin fouillent et refouillent deux fois le corps du Hornois à sa recherche : rien. ''"Merde ! Merde ! Merde ! _Bon, allez, on reprend du début, c'est forcément là, quelque part et on s'y met tous..."'' Pendant que La Poigne se repose de ses blessures, les armes, l'armure, les bijoux, les vêtements, les bottes, la bourse, les poches et le cadavre de Darjodrahl sont ainsi inventoriés et retournés dans tous les sens par les voleurs au désespoir jusqu'à ce que, finalement, Gavin remarque que son gros médaillon cliquète curieusement quand on le secoue. Vighnu et lui s'acharnent sans résultat sur l'objet, jusqu'à ce que le chroniquer, habitué aux casses-tête, saisisse comment le pendentif peut être dévissé et révèle bientôt la clé tant espérée ! Et dans chacun des quatre coffres qu'on leur avait pourtant défendu d'ouvrir (mais Herle et Eldan ne sont justement plus là pour faire des remarques), nos héros trouvent des douzaines de lingots : argent, cuivre, étain, bronze... Il y a là toute la production que Solerane destine à la prévôté, mais aussi la part des mines d'argent qui revient à l'état-major : en tout, c'est près de 200 lingots et donc quelques 250 kilos de métaux qui s'offrent à leurs yeux ébahis. ''"Gavin, remet illico ce que tu viens de glisser dans ta besace : tout ça est maintenant la propriété de notre Capitaine. _Pfff…"''<br />
<br />
Andréas inspecte ensuite la roulotte de Dorian le Magnifique, occupée aux deux tiers par une épaisse couchette couvertes de coussins, des filets de marchandises pendant du toit et jusque entre les roues, des étagères couvrant tout le tiers arrière : <br><br />
<br />
«_''Ah ben il voyage dans le luxe, le fumier. <br><br />
_''Si j'avais une minette comme la sienne, moi aussi j'passerais les trajets à baiser, tu peux me croire ! <br><br />
_''Oh pis dis-donc : des fioles variées, des épices, de l'argenterie, de la verrerie, des bijoux, de la nacre, des miroirs : il vend que du luxe, le gars ! <br><br />
_''Crénom dîtes, c'que c'est beau ! <br><br />
_''Gavin, repose ça tout de suite : pas question que le Magnifique s'aperçoive qu'on a touché à sa roulotte.» <br />
Andréas jugeant que la caisse du véhicule est assez profonde pour qu'on y étale les lingots en un tapis bien lisse que les occupants de la couchette ne devraient pas trop remarquer, il n'y a plus qu'à attendre la diversion prévue pour commencer le transfert du chariot vers la roulotte…<br />
<br />
=== Diversion (Trevan, Herle, Eldan, Diane) ===<br />
<br />
Il ne reste plus qu'une ou deux heures avant l'aube lorsque Trevan, Herle, Eldan, désormais tous maquillés en Kormes, se répartissent autour du fortin et, à l'aide du mélange d'essences et d'huiles piochées au hasard dans la trousse alchimique de Vighnu (fallait pas la laisser à l'extérieur), enflamment des flèches qui produisent des couleurs plus qu'aléatoires avant de siffler au-dessus des bâtiments pour s'écraser sur les toits de chaume humides où tomber dans la cour, n'enflammant que quelques tentes vite éteintes. C'est néanmoins suffisant pour que Diane puisse se faufiler par le sud jusqu'au portail, et récupérer le dernier carreau d'arbalète y clouant encore la tête du messager. <br><br />
''"Les Kormes ! Les Kormes reviennent !"'' crie-t-on bientôt dans tout le fortin.<br />
<br />
Dès que Lerkoren Oleytan a annoncé qu'une drôle de flamme bleuâtre venait de s'écraser dans la cour (''"Rha les saligots !"''), Andréas et Vighnu ont commencé à installer les lingots sous le matelas de la roulotte, pendant que Gavin et La Poigne garnissaient les coffres de fers à cheval, de pierres, d'une enclume et tout ce qui pourrait y simuler le poids et le bruit du butin subtilisé. <br><br />
Et c'est peu avant l'aube, ses compagnons s'étant effondrés de fatigue depuis un moment, qu'Andréas fini seul d'arranger la roulotte pour camoufler avec le plus grand soin son chargement secret...<br />
<br />
<br />
<br />
== Récupération du trésor et autres péripéties ==<br />
<br />
<br />
<br />
[À partir de là, la fin du scénar à été jouée en "flashbacks" successifs jusqu'au combat final. J'utilisais Herle de Lorune, orphelin de joueur depuis plusieurs séances, pour poser des questions auxquelles les joueurs répondaient pour déclencher un flashback. Chacun avait le droit de d'initier deux scènes : l'une contant comment un de leurs camarades avait réussi un exploit et une autre collant à un autre PJ la responsabilité d'un échec, ce qui nous permettait de ne jouer que les scènes "intéressantes" et de faire un peu de montage alterné. <br />
<br />
Comme la scène "de débriefing" se jouait presque en aveugle, seul Loriel savait dès le départ que son perso, Vighnu Pratesh, avait survécu (mais bon, comme il avait accumulé 7pH, je me doutais qu'il ne mourrait pas dans cet Épisode) et les autres joueurs ignoraient si ce qu'il affirmait était vrai, ou simplement un mensonge pour conforter le templier blessé... Évidemment, chacun commençait son premier flashback avec toutes ses jauges à fond, mais devait ensuite gérer les pertes et les récupérations de scène en scène, et les joueurs ont souvent ajouté des détails pour régénérer de la Tension ou se passer la patate chaude. Ça a été un peu décousu, la règle "un exploit d'autrui et une bourde d'autrui par joueur" n'a pas complètement été respectée mais, globalement, ça a donné un final intéressant à cet Épisode qui commençait à traîner en longueur...] <br />
<br />
=== Réveil de Herle ===<br />
<br />
Il fait très froid aux abords du col et l'obscurité règne sous les sapins gelés. Vighnu, transi jusqu'aux os, scrute pourtant les alentours lorsque, quelques mètres en contrebas, Herle bascule du cheval où il l'avait attaché : au contact de la neige, il émerge pour la première fois du sommeil où l'avait plongé l'hémorragie et ses profondes blessures et tend la main vers le fehnri, qui s'empresse à son chevet. <br><br />
<br />
«_''E... Eldan... où est...le Moineau ? <br><br />
_''Il n'est pas loin, il est parti en éclaireur. <br><br />
_''Gnnh. Le butin ? <br><br />
_''Pas loin non plus, en arrière, sur les bêtes. <br><br />
_''On a... on a réussi ? <br><br />
_''Oui, on a réussi. <br><br />
_''Alors putain, d'où ils sortaient ces types ? <br><br />
_''C'est la faute à Eldan, il était en avant lors de l'embuscade, mais il a laissé passé les gars qui descendaient de l'autre convoi par le nord...» <br><br />
<br />
<br />
=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Dans la forêt matinale, à une volée de flèche de la route vers Solerane, Eldan est en train de soulager sa vessie contre un arbre lorsqu'il aperçoit une silhouette évoluant à croupetons parmi les buissons. Il n'a que le temps de se jeter derrière un tronc qu'une flèche en racle l'écorce. Pendant que notre éclaireur se rajuste et encoche lui-même un trait dans son arc, l'ennemi tire une deuxième flèche et atteint le cheval du Moineau, qui s'enfuit dans la forêt. ''"Rha zuuuteuh !"''<br />
Eldan riposte, manque, se remet à couvert et commence à manœuvrer pour s'approcher de son adversaire lorsqu'il aperçoit un deuxième homme, s'approchant furtivement depuis la route une hache à la main. Le Moineau tire une nouvelle flèche à l'archer adverse, le blesse légèrement et jette un coup d’œil pour surveiller l'approche du second ennemi : comprenant qu'il est repéré, l'homme à la hache profite de ce que l'éclaireur a décoché pour charger en levant sa hache. Lâchant son arc, Eldan dégaine son fidèle glaive pour le recevoir...'' _Mais tu l'avais paumée, l'arme fétiche héritée de ton père ! Grâce à qui l'as-tu retrouvée ? _Grâce à Gavin, qui l'a ramassée pendant que les soldats tentaient d'enfoncer la porte de la remise après que je m'y sois enfermé !''<br />
<br />
=== Témoignage de Gavin ===<br />
<br />
Gavin est en train de cavaler à travers la cour de l'Auberge, l'épée d'Eldan sous le bras. Sur les remparts que l'aube éclaire à peine, c'est la panique et tout le monde hurle ''"Les Kormes ! Les Kormes reviennent ! Tous aux créneaux !"''. Le problème de Gavin, c'est qu'en se levant au matin dans la cour endormie, le beau glaive à la lame gravée (d'une femme nue : ''"Rho chouette !"'' fait Gavin) sous le bras parce qu'il ne voulait pas prendre le risque qu'on le lui vole, il a décidé de pisser derrière un pilier où, par malchance, dormait un garde (vous voyez comment les joueurs ont créé un fil rouge héroïque de scène en scène ? ''"J'étais en train de pisser quand..."''). Éclaboussé et immédiatement réveillé, le soldat a ouvert les yeux pour voir l'écuyer "armé" levé au-dessus de lui et s'est mis à crier ''"Aleeeerte !"''. Coup de bol, c'était vraiment l'alerte puisque c'est le moment qu'ont choisi des dizaines de Kormes pour s'avancer sur le pont...<br />
<br />
Gavin cavale de son mieux entre les dormeurs et les tente, sachant que la plupart des autres sont déjà partis, il cherche une cachette ou un moyen de s'enfuir du fortin, mais le portail est à peine refermé et, en plus du furieux trempé d'urine qui le poursuite avec sa hallebarde, les guerriers commencent à s'accumuler aux remparts. <br />
<br />
''"Heureusement, Herle est venu à la rescousse !"'' précise Orlanth, utilisant son "exploit d'un autre PJ" pour s'en sortir. Bon, là, comme techniquement Herle est un PNJ depuis déjà deux ou trois séances, c'est moi brièvement qui raconte.<br />
<br />
En effet, la porte pas encore barrée craque soudain sous l'impact d'un chariot utilisé comme bélier par trois "Kormes" plus ou moins chevelus : Diane, Trevan et Herle de Lorune sont venus évacuer leurs derniers camarades (et permettre aux vrais Kormes d'investir le fortin, histoire que les dégâts ainsi causés camouflent autant que possible l'intervention du commando). Sous la volée de flèches qui pleut alors autour d'eux, les trois peinturlurés décrochent à toute vitesse, plus ou moins suivi par Gavin qui part dans une direction légèrement différente avec l'air du pauvre hère pris dans la tourmente. Un coup d’œil alentour lui révèle d'ailleurs plusieurs dizaines de Kormes progressant par le pont vers la herse baissée en échangeant des traits avec les défenseurs de la grande tour, et de petits groupes épars traversant le fleuve accrochés à des radeaux : l'écuyer s'enfuit vers l'ouest sans demander son reste, et retrouve bientôt le reste du commando. ''"Hé mais c'est mon épée !"'' s'exclame Eldan en voyant arriver Gavin. ''"Celle-là ? Non, non, j'l'ai trouvé à l'Auberge..._Après que je l'ai lâché devant les gardes, ouais ! Rends-moi ça !_Rho mais-heu…"''<br />
<br />
=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Retour dans la forêt : Eldan dégaine donc le précieux glaive hérité de son père puis sauvé par Gavin... et pare le premier coup de hache de son adversaire. Il reste au plus près de l'ennemi pour gêner le tireur qui se rapproche par le nord et, lorsque son opposant trébuche sur une racine [1pH pour éviter d'être gravement blessé par un coup de hache], Eldan le sèche pour le compte d'un grand coup du plat de la lame sur l'oreille, puis roule vivement dans les buissons pour éviter la flèche que l'archer lui décoche une fois son angle de tir dégagé. Bondissant d'arbre en couvert et de tronc en fourré, Eldan se rapproche de lui et, lorsqu'il n'est plus qu'à une 10aine de mètres, le dernier trait décoché à peine rebondit contre l'écorce d'un sapin, le Moineau fonce au contact : l'autre n'a que le temps de tirer sa dague que la lame gravée lui tranche l'épaule, éclatant le trapèze, l'omoplate et la clavicule dans une gerbe de sang. L’hémorragie finit de l'achever pendant que notre éclaireur souffle un peu, découvre le tatouage de la Confrérie du Chacal sur la poitrine de l'archer et lève enfin le nez vers la route quand il entend passer le tonnerre de chevaux aux galop : 6 ou 7 cavaliers foncent à bride abattue vers le sud, d'où monte déjà la clameur d'un combat, puisque l'embuscade y a commencé. ''"Meeeeerdeuh !"'' s'écrie Eldan en repartant vers le sud à toutes jambes.<br />
<br />
=== Herle ===<br />
<br />
Serrant son poing massif sur la cape enneigée de Vighnu, Herle de Lorune commence à s'énerver : <br><br />
<br />
«_''Mais par les Pères tu vas me dire comment vous avez rattrapé le chariot, à la fin ?". <br><br />
_''C'est grâce à Vighnu, intervient le Moineau qui vient de sortir de l'ombre [puisque là, on peut raisonnablement supposer qu'il n'est pas mort] "Il a réussi à trouver des chevaux, puis à nous guider à travers la campagne pour atteindre la forêt avant la roulotte du Magnifique. Il a été formidable ! <br><br />
_''Mais comment vous avez fait pour sortir le butin de l'Auberge ?!? <br><br />
_''Oh ben ça, c'est grâce aux...heu... talents d'imitateurs d'Andréas…» <br><br />
<br />
=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
L'aurore pointe à peine sur la cour de l'auberge encore à moitié endormie quand Dorian le Magnifique et sa suite, fraîchement augmentée de plusieurs mercenaires recrutés sur place, exige du Lieutenant [[Sanderen]] (commandant le fortin pour l'Armée du Nord) qu'on ouvre les portes à sa roulotte, parce qu'il refuse de rester plus longtemps dans un relais aussi mal défendu. L'officier ne s'était d'ailleurs pas levé si tôt pour se faire emmerder par des marchands et grimpe sur la margelle du puits pour annoncer d'une voix forte que, le fortin étant assiégé depuis cette nuit, tout ceux qui auraient encore la mauvaise idée de s'en prendre aux défenseurs -pour des raisons de taxe ou d'insatisfaction quant au couchage- seraient considérés comme complices des Kormes et pendus aux murailles !<br />
<br />
Un soldat vient alors cogner à la porte de la grange où Andréas, caché dans la remise, vient juste de finir un splendide dessin de Darjodrahl, assis dans l'ombre dans une attitude aussi distante qu'agressive, qui va lui permettre de concentrer sa magie [il a créé un puissant sort de Chimère sur tout le rez-de-chaussée de la grange, lui permettant d'y animer un personnage d'autant plus crédible dans sa mauvaise humeur qu'il se base sur l'altercation de la veille entre Sanderen et le Hornois]. Évitant de croiser le regard mauvais du guerrier qui les admoneste depuis le coin obscur de la pièce, le marchand et ses hommes se dépêchent de sortir leur carriole, d'y atteler les bœufs et de quitter l'Auberge. Pendant qu'on referme le portail derrière la suite de Dorian, l'agitation et sa vessie tirent bientôt Gavin du sommeil et, dès que l'écuyer se met à cavaler poursuivit par un hallebardier, Andréas profite de la confusion pour quitter la grange sans être remarqué et aller se recoucher dans un coin... Lorsque, évidemment, les Kormes attaquent.<br />
<br />
[Précision rigolote, mais que les PJ ignorent : quand les joueurs on demandé ce qui avait provoqué l'attaque des Kormes, je leur ai expliqué qu'ils surveillaient évidemment depuis des semaines le fortin et le pont contrôlant le passage vers le nord-ouest de la Région des Lacs, et qu'ils ont décidé de passer à l'action quand, cette fameuse nuit, il est devenu manifeste que des "camarades" assiégeaient l'endroit depuis la rive gauche et envoyé des signaux à coups de flammes colorées : le temps de s'organiser, ils ont donc profité de l'occasion pour tenter de prendre la position. ''"Mais c'est notre faute si les Kormes ont attaqué ?!! _Hé, oui : vous êtes très forts.."]<br />
<br />
''"Mais vous... demande Herle, comment vous êtes sortis de là ? _Oh ben nous on a profité d'une corde dégottée par Gavin dans la grange pour se tirer par les remparts comme on était venus, un peu avant l'attaque. Tu t'en souviens pas ? On vous a retrouvé à l'extérieur, avec les chevaux.''<br />
[Les joueurs font quelques jets pour confirmer cette version de l'histoire, et payent 1pH pour cette histoire de chevaux : entre ceux qu'ils ont amenés eux-mêmes et le troupeau dispersé dans la nature, c'était raisonnablement probable d'en trouver pour tout le monde.]<br />
''"On a juste eut quelques ennuis à cause de Diane qui était restée en arrière..."''<br />
<br />
=== Témoignage de Diane ===<br />
<br />
Pendant que Herle, Trevan et Gavin évacuent vers l'ouest, l'Arbalétrière s'est en effet arrêtée pour se nettoyer à grande eau (parce que les peintures de guerre, ça colle affreusement dans les cheveux longs). Elle est d'ailleurs en pleine toilette quand une bande de Défunts, trempés d'avoir traversé le fleuve glacé à la nage, prennent pied sur la rive et la considèrent avec circonspection : d'abord parce qu'elle est, sinon jolie, du moins sculpturale [Physique 4, Athlétique 4, Allure 4 : elle ressemble à une héroïne d'Adam Hughes], ensuite parce qu'elle est manifestement en train de se débarrasser de peintures semblables aux leurs, qu'elle revient d'avoir enfoncé le portail du fortin et que les Kormes s'attendaient à trouver des camarades sur cette rive. Sauf que Diane a des cheveux, et ça, c'est pas normal... ''"Ben quoi bande de débiles, leur balance-t-elle alors en Langue des Vents, vous allez rester là à mater ou vous êtes venus pour participer à l'assaut ?!? Bougez-vous le cul merde, on est pas là pour roupiller !"'' [Et de faire une énorme réussite sur son un jet de Social+Langues Étrangères+Allure+Intimidation+Volonté.] Un instant médusés, les Kormes saluent respectueusement cette guerrière étrange qui ne peut être qu'une cheffe influente et vont se joindre au combat, l'un d'eux tendant même un carré de tissu à la Kerdane pour qu'elle finisse de s'essuyer... <br><br />
''"Comme quoi c'est carrément pas ma faute, ajoute l'arbalétrière qui vient de sortir de l'ombre auprès du templier blessé : j'avais même réglé le problème quand ce crétin de Vighnu est venu foutre sa merde !"''<br />
<br />
=== Témoignage de Vighnu ===<br />
<br />
[Un jet d'orientation particulièrement raté pour retrouver les autres après avoir rassembler des chevaux vient en effet de basculer une 10aine de pions dans la case de Tension de Vighnu, qui a par ailleurs toujours des pions de Marque psychologique (anciennement appelés "Traumas") suite à sa crise sentimentale avec Islinna (et qu'il essaye d'évacuer depuis 3 séances). Il est donc très largement en Surtension...]<br />
À quelques centaines de mètres à l'ouest du fortin, ses compagnons en train de sauter sur les montures qu'il vient de leur procurer, Vighnu aperçoit à la lisière des arbres encore obscures une jeune et belle jeune fille rousse (il reste de la peinture rouge dans les cheveux de Diane) portant un manteau emishen et entourée d'une 15aine de Kormes... Son sang ne fait qu'un tour (sans passer par le cerveau) et l'assassin s'élance au grand galop en hurlant ''"ISLIIIIINNAAAAAAA ! J'ARRIIIIIIVE !"'' avant que ses camarades n'ait seulement pu songer à le retenir.<br />
<br />
Diane voit alors le Fehnri surgir de la nuit comme un diable, les Kormes qui s'éloignaient déjà ralentissent à l'arrivée de l'intrus et, chargeant toujours, Vighnu bondit de son cheval sur le pauvre gars qui tendaient une serviette à la guerrière et l'égorge d'un grand revers de son katara en beuglant ''"Touche pas à ma copiiiine ! _Mais t'es complètement taré ! J'suis pas ta gonzesse !"'', s'écrie Diane alors que l'assassin halluciné se relève souplement, quoiqu'un peu confus et couvert de sang, pendant que "l'innocent" Korme agonise dans l'herbe haute. Et tous les Kormes alentours de se ruer vers eux en brandissant leurs armes. Sautant à cheval, la Kerdane furieuse et le Fehnri honteux essuient de justesse quelques flèches, javelots et hache de jet mais parviennent à dégager à fond de train avant d'être encerclés.<br />
<br />
Lorsqu'il rejoignent Eldan, Herle, Trevan, Gavin, Le Grêlé, Oleytan et La Poigne maintenant tous en selle, Vighnu ne prend même pas le temps de s'expliquer : ''"Dorian et le butin doive être loin devant nous, maintenant : on va couper la plaine par l'ouest à bride abattue, les doubler avant la forêt et les attendre au premier guet ! _C'est moi ou on aura passé la moitié de cette mission à cavaler derrière des convois ? _''Ferme-la et galope !".''<br />
<br />
«_''Oui heu bon, toi qui a fait vœu de chasteté tu peux pas comprendre mais les femmes, tu vois, ça te mélange tout dans la tête et... <br><br />
_''L'embuscade, par les Pères ! Raconte-moi l'embuscade ! <br><br />
_''Haem donc, comme je te le disais, Diane a organisé une embuscade aux petits oignons, mais on a eu des visiteurs imprévus…» <br><br />
<br />
<br />
<br />
== L'embuscade ==<br />
<br />
<br />
<br />
[Après s'être tous reposés pendant une Scène grâce à l'avance prise dans la course, Diane fait un gros jet de préparation avec le soutien de tous ceux qui ont quelques scores de Tactique, de Camouflage ou d'Embuscade (et dans un groupe de mercenaires du nord, ils sont nombreux) pendant que Vighnu fait un solide jet de camouflage pour tout le groupe : bénéficiant d'un confortable bonus tactique réparti sur plusieurs personnages, d'un excellent point de vue pour la tireuse d'élite et d'une Difficulté de repérage monstrueuse, les PJ et leurs camardes sont prêts à ne faire qu'une bouchée de l'équipage du Magnifique…]<br />
<br />
Le timide soleil matinal jaunit les nuages gris et la pluie qui n'en finit plus de détremper la forêt, gonflant en torrent le ruisseau qui coupe la route de Solerane, juste au pied d'un trio de gros rochers de grès surplombant de leur butte une myriade de petits blocs, le gué et la route. Invisibles derrière les rocs et bosquets alentours, les vaillants mercenaires de Tal Endhil, confiants dans la garde d'Eldan ½km au nord, observent la lente arrivée par le sud de la roulotte fermée et escortée par deux cavaliers et cinq fantassins. <br />
<br />
Image<br />
<br />
Les éclaireurs à cheval de Dorian le Magnifique avancent en effet à pas prudents dans le torrent, pleinement conscients de traverser un splendide site d'embuscade, mais sans parvenir à repérer les guerriers déguisés en Kormes qui attendent le signal de Diane, postée au sommet des rochers, pour les assaillir de quatre côtés. La Kerdane laisse avancer les cavaliers le plus loin possible et, lorsque le premier d'entre eux menace a déjà largement dépassé les rochers et risque d'être bientôt hors de portée de la redoutable arbalétrière, elle l'abat d'un carreau en pleine tête [encore un, il faut dire qu'Orlanth soigne ses jets de tir et mise systématiquement en Visée] dès qu'il échappe à la vue de ses compagnons. Ce n'est que lorsque le garde du corps personnel du marchand commence à donner des signes d'inquiétude, un musclé patibulaire et couturé de cicatrices qui se désaltère au bord du torrent tout en jetant des regards insistants alentours, qu'un deuxième carreau démonte le second cavalier sur la rive nord, déclenchant l'assaut : avant qu'un des éclaireurs ait pu finir de crier ''"Aleeer..."'' des flèches fusent de toutes part, les grands couteaux de jets pris par Vighnu sur le corps du Hornois tournoient dans les feuillages, des guerriers jaillissent de chaque buisson et, en quelques secondes, la majorité de l'escorte agonise sur la terre bourbeuse du chemin. Mais les battants de bois sur le flanc de la roulotte viennent de s'ouvrir, libérant une appétissante fehnri à peine couverte d'une fourrure qui s'enfuit à toutes jambes à travers bois :''"Oh m'am'zelle, reviens ! Faut pas courir toute nue dans les bois comme ça !"'' s'écrit Gavin-le-Korme-du-Terroir (pour récupérer quelques pions de sa Réaction "Plouc") avant de s'élancer à ses trousses, croisant la route du marchand courant à la suite de sa compagne dans son seul pantalon (mais sa cassette sous le bras, emballée dans une couverture)…<br />
<br />
''"Cavaliers au nord !"'' signale alors Diane d'une voix forte, avant de tirer un nouveau carreau sur le premier des hommes qui viennent de croiser Eldan. ''"Soldats au sud !"'' lui répond la voix du Grêlé qui vient de repérer les quelques hommes de Jornil et de Sanderen partis du fortin après avoir repoussé les Kormes (qui n'ont jamais réussit à prendre la grande tour pour ouvrir la herse barrant le pont), découvert le corps de Darjodrahl dans la grange, vérifié le contenu des coffres et s'être lancé "à la poursuite du marchand félon" (et qui viennent de freiner d'un coup en découvrant l'escorte massacrée par les "Kormes", qui sont décidément partout).<br />
<br />
=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
''"Attendez... et le chroniqueur-à-tout-faire, il était où, là ? _Heu... hé bien figure-toi qu'il y a eut un miracle, une véritable apparition divine, comme récemment à la Mine Bénie : c'est dire si les Pères sont avec nous !"''<br />
Quand une poignée de Kormes franchit le parapet et commence à s'en prendre aux voyageurs piégés dans la cour, Andréas se précipite vers la seule porte qui n'ait pas encore été solidement bouclée, celle de la chapelle, entraînant à sa suite quelques réfugiés paniqués. À peine la porte barrée par un banc, le mage évalue le cheptel à sa disposition, serré comme des sardines dans l'espace exigu entre les piliers sculptés représentants les huit Premiers : il y a là la jeune voleuse, le vieux conteur, le garçonnet à la vielle et l'acrobate-détrousseur (soudain gêné de se découvrir barricadé dans une pièce de 9m² avec "l'intimidant" érudit), un jeune soldat affolé (qui a lâché sa pique au premier signe de danger), une des servantes de l'auberge et une commère serrant une poule dans ses bras tremblants. <br />
<br />
Des cris (et des caquètements) de terreur accueillent les premiers coups de hache qui s'abattent sur la porte, mais Andréas Odran connaît la manœuvre : ''"Prions mes frères, les exhorte-t-il avec toute la force de sa conviction ! Prions que les saints Pères viennent à notre secours ! Chantez-tous avec moi !"'' La chorale improvisée entonne alors un antique où l'angoisse se mêle à la ferveur religieuse. Lorsqu'une cognée d'acier fini par percer entre les planches de chênes, le mage décide d'accélérer le mouvement et sort la Sphère de Pouvoir de son havresac : ''"Mes frères, ceci est une Sainte Relique Première dont la bénédiction nous protégera des ennemis du culte ! Tendez les mains pour la toucher et concentrez-vous sur le chant ! Les Pères sont avec nous !"''.<br />
<br />
Et siphonnant un maximum d'Énergie à ses coreligionnaires sans trop leur demander leur avis (pas plus qu'à la poule), Andréas remplit son focus au maximum pour lancer un sort de Chimère assez puissants pour effrayer les Kormes... lorsqu'il lui semble qu'une forme tout à fait imprévue émerge de la sphère d'or rouge. Le chroniqueur commence même à distinguer une silhouette humanoïde lorsque, son sort se déclenchant en vidant d'un coup toute l'Énergie accumulée dans la sphère, "l'intrus" disparait avec une sorte de cri muet.<br />
<br />
Dans la cour, c'est par contre carrément la stupeur : Herem, Second Fils des Étoiles, Premier Seigneur des Batailles, vient de se matérialiser quelques mètres au dessus du puits, brandissant son épée enflammée sur le fond sombre de cette aurore pluvieuse. La plupart des soldats en restent tétanisés, des réfugiés se jettent à terre en signe de soumission, d'autres prient à genoux sur les pavés et les Kormes, eux, refluent en désordre devant cette apparition divine. <br><br />
Lorsque les choristes de choc émergent de la chapelle dans une sorte de stupeur incrédule, il leur faut plusieurs minutes pour s'apercevoir que le saint érudit et sa relique on déjà disparu par le portail enfoncé de l'auberge…<br />
<br />
=== L'embuscade encerclée ===<br />
<br />
Dans la forêt humide se joue une dangereuse partie de cache-cache : après que deux d'entre eux aient été blessés par des carreaux d'arbalète en arrivant du nord à bride abattue, les Chacals lancés à la poursuite de nos héros ont démonté pour se disperser à couvert dans les sous-bois, les soldats et mercenaires arrivant du sud ont pris le maquis en découvrant les cadavres dispersés sur la route et les auteurs de ce carnage se sont pour la plupart dissimulés tout autour de la clairière envahie de rochers, progressant prudemment à la recherche des nouveaux arrivants. <br />
<br />
[Après la phase de "tir au pigeon" de l'embuscade, le groupe vient de passer en Duel global, tous les combattants dispersés à travers la map répartissant leur mise entre le repérage (attaque), la dissimulation (défense) et le déplacement, jusqu'à rencontrer des ennemis et basculer en combat à distance ou tenter de rentrer au corps à corps. Le récent module de calcul des distances de combat a donc beaucoup servi, de même que les Positions tactiques (camouflage de la végétation, couvert des rochers...), la surprise, les charges soudaines, les combats à plusieurs adversaires... Ce fût une belle démonstration tactique (Diane a particulièrement brillé) et une belle scène finale, qui aurait mérité d'être mieux décrite si je n'avais pas eu 5 ou 6 combats à gérer en même temps. Au passage, Humphrey B jouait Herle de Lorune pendant l'absence d'Andréas.]<br />
<br />
Dés le début, Gavin est pris dans une bagarre désordonnée à coups de couverture, de cassette et de poings contre Dorian le Magnifique pendant que la belle fehnri disparaît dans les bois (''"Une courtisane fehnri avec un gros score de discrétion associée à un marchand-escroc ? Tiens donc..."''), Le Grêlé a rejoint la roulotte pour régler son compte à la petite servante qui s'y cachait encore (et "s'amuser un peu" avec elle : ça reste un mercenaire sans scrupule, hein), Eldan essoufflé rejoint le "champ de bataille" par le nord, Vighnu et La Poigne convergent vers les soldats qui contournent par le sud-est, Herle abandonne son arc pour foncer tout seul par le flanc ouest (il faut bien justifier de son état futur en le jouant "imprudemment"), Trevan et Diane quittent discrètement les gros rochers en cherchant à repérer leurs nouveaux adversaires...<br />
<br />
Après quelques instants de louvoiement discrets dans les bois, le premier accrochage intervient quand deux soldats franchissent le ruisseau en aval du gué et sont interceptés par La Poigne et Vighnu : si le gros benêt diminué par ses blessures est vite repéré et pris dans un laborieux corps à corps, l'assassin blesse un de ses adversaires d'une dague de jet avant de surgir derrière lui pour le poignarder, employant le corps du mourant comme bouclier contre les attaques de deux autres soldats qui venaient à son secours. En un instant, Vighnu balance le mort sur ses congénères, éventre l'un et abat l'autre d'une dague de jet dans la gorge, pendant que La Poigne enfin dégagé éclate le crâne du dernier à coups de gourdin.<br />
<br />
Après avoir éclaté le nez du marchand d'un direct bien placé, Gavin lui arrache sa précieuse cassette et, laissant le "Magnifique" sonné assis dans l'herbe, accourt vers la roulotte en entendant les cris d'effroi de la petite servante. N'écoutant que ses élans chevaleresque, il sonne Le Grêlé d'un grand de cassette sur le crâne et, après avoir tenté en vain de calmer la pauvrette (faut dire qu'il est grimé en Korme et qu'elle passe une matinée épouvantable), l'écuyer la laisse s'enfuir dans la forêt et part à la recherche d'une arme plus approprié en voyant se rapprocher les mercenaires du fortin.<br />
<br />
Sur l'autre flanc, Herle (sans arc, donc) s'est fait prendre en tenaille par deux tireurs, a reçu une flèche dans le côté et, pendant qu'il tentait de choper son agresseur au contact, l'autre a surgit de flanc pour lui ouvrir la cuisse à coup de glaive. Blessé et à deux contre un, il encaisse de son mieux lorsque Trevan de Rigorne charge en brandissant son épée, attirant l'attention de Diane qui progressait à croupetons dans le secteur : en une seconde, le premier chacal est décapité et le second s'écroule, un carreau d'arbalète dans l’oreille. Mais ils n'ont guère le temps de souffler car Le Moineau les appelle au secours !<br />
<br />
Déboulant sans s'en apercevoir au milieu des ennemis camouflés, Eldan est immédiatement pris par surprise et blessé. Il parvient néanmoins à faire chuter son adversaire et, roulant avec lui dans les feuilles mortes, les deux éclaireurs échangent coups d'épée, de pied et de poing en s'usant l'un l'autre, pendant qu'un chacal supplémentaire s'approche à pas de loup. Le Moineau le repère au dernier moment, appelle à l'aide, tente vainement de pousser l'ennemi qu'il a blessé dans les jambes de l'arrivant et encaisse une nouvelle blessure (il commence à être franchement mal en point) lorsque Trevan arrive à la rescousse, toujours au pas de charge et toujours couvert par Diane dont l'avant-dernier trait cueille l'ennemi debout juste sous l'omoplate, perçant le poumon.<br />
<br />
''"Laisse-le moi !"'' gueule Eldan au chevalier errant et, donnant tout ce qui lui reste contre un ennemi soudain moins faraud, le Moineau prend finalement sa revanche en clouant son ennemi au sol d'un grand coup d'épée. Avant même que Herle rejoigne en boitant l'éclaireur victorieux, Trevan et Diane sont repartis au pas de course vers le flanc est, où des cris indiquent que Lerkoren Oleytan passe un mauvais quart d'heure.<br />
<br />
Car parti seul au nord pendant que l'on se battait près du ruisseau, le jeune Elloran a abattu le premier des "Chacals" qu'il a rencontré mais s'est ainsi fait repéré par deux autres : après un court échange de flèches en manœuvrant pour rester à couvert, Oleytan s'est fait chargé par les deux ennemis simultanément, a réussi à les entraîner dans un bosquet touffu pour les gêner au maximum mais commence à faiblir sans parvenir à se dégager et, lorsqu'il prend un coup de lance dans le mollet, ça commence à sentir franchement le roussi. "VIGHNUUUU !!!" appelle-t-il alors à pleine voix, pendant que l'intéressé, à plus de 200m de là, achève le dernier soldat qui s'enfuyait d'un magnifique lancé de couteau, qui l'atteint dans le dos à plus de 50 pas.<br />
<br />
Lorsque deux mercenaires ont abordé la roulotte et trouvé Le Grêlé étalé dans l'herbe, Gavin qui venait de cacher son butin dans les buissons a soudain été pris de remords. Ramassant l'épée d'un mort, il revient à pas prudents lorsque le combat éclate : Le Grêlé a laissé le premier adversaire s'approcher pour l'achever, a retourné la dague qui le menaçait dans l'estomac de l'ennemi et roulé sous la roulotte pour échapper aux coups de lance du second militaire. Le Grêlé est néanmoins blessé lorsque l'écuyer arrive alors pour achever d'un grand coup d'estoc le gars qui se tenait le ventre à deux mains et bondit sur le véhicule qui commence à avancer au ralenti, les bœufs n'aimant guère la nouvelle agitation qui secoue leur attelage. Son camarade sort alors de sous le chariot pour éviter de passer sous les roues et, maintenant à deux contre un, Gavin et Le Grêlé ont vite défait le dernier soldat, achevé d'un joli lancer d'épée dans le dos alors qu'il s'enfuyait.<br />
<br />
Trevan, Diane et Vighnu arrivent à quelques secondes d'intervalle au secours d'Oleytan, les deux derniers Chacals étant alors rapidement tués, le premier percé du dernier carreau de la Kerdane et Vighnu égorgeant l'autre après un bref corps à corps, d'abord à deux, puis trois puis quatre contre un.<br />
<br />
=== Fin des combats ===<br />
<br />
Essoufflés, les guerriers vainqueurs font brièvement l'appel : <br><br />
<br />
«_''La Poigne ? <br><br />
_''Il souffle près du ruisseau, il a pris assez cher. Eldan ? <br><br />
_''De l'autre côté, au nord, mal en point : il s'est mangé l'avant-garde tout seul avant de nous rejoindre, si j'ai bien compris. Herle est avec lui, blessé aussi, il a perdu connaissance. <br><br />
_''Gavin et le Grêlé sont donc seuls avec la roulotte : faudrait pas trop traîner avant qu'ils se fassent des idées malhonnêtes...» <br><br />
<br />
Et pourtant, les deux hommes se réconcilient sur une base financière saine : ils font moitié-moitié sur le contenu de la cassette (''"que c'est pas la peine d'embêté les autres avec des détails"'') et Le Grêlé oubliera qu'un certain écuyer a essayé de l'estourbir avec. A peine ont-ils partagé qu'arrive Andréas Odran sur un cheval fatigué, qui découvrent le massacre au bord du gué : ''"Dîtes-donc mais c'est carrément la guerre ici ! Je croyais que le but de toute l'opération à l'auberge était de pouvoir prendre le butin d'un chariot à peine défendu. _Ouais ben y a eut des invités surprise..."''<br />
<br />
Les valides font le tour du secteur, poussent le chariot hors de la route, rassemblent les camarades blessés pour que Vighnu et Andréas puissent les rafistoler, puis trient les cadavres au nombre desquels semblent se trouver (par la grâce d'1pH) presque tous les hommes du fortin susceptible d'identifier Eldan après ses exploits de la nuit précédente. ''"Alors on est bons, conclut le chroniqueur : j'ai vu les Kormes tuer les deux seuls autres qui nous aient regardé de près."'' <br><br />
<br />
«_''N'empêche que le Magnifique, sa poule et la servante se sont tirés. <br><br />
_''Bah c'pas grave, ils témoigneront qu'ils ont été attaqués par les Kormes. <br><br />
_''Mouais, sauf que Gavin a jugé utile de leur faire la causette. <br><br />
_''Chiotte ! <br><br />
_''Et sinon, d'où ils sortaient tous ces mecs ? <br><br />
_''Ben ceux-là ont du vous poursuivre depuis l'auberge. <br><br />
_''Celui-ci, il était déjà avec l'escorte au départ de Solerane, alors j'imagine que ceux du nord étaient à la recherche du messager qu'on a intercepté cette nuit. <br><br />
_''Les Chacals qui nous attendaient avec le fourgon ont du appeler du renfort après qu'on aie commencé à leur tailler des croupières, parce que je pensais pas qu'il y en avait autant dans le secteur... <br><br />
_''Le premier qu'a tué Herle le jour du départ, Jaromir et Rumbold que tu as dégommés avant de lâcher le convoi, ça fait déjà trois... <br><br />
_''Au moins deux de plus, qu'on a tué avec Trevan et Gavin quand ils nous poursuivaient : ça fait cinq. <br><br />
_''Cinq ou six avec Jorem Cuivré hier, vu qu'on a pas trop fait le détail. Disons 10. <br><br />
_''Et aujourd'hui j'en compte cinq, dont au moins un emishen du clan des Rimdehl, en plus des derniers hommes de Jornil ! <br><br />
_''Tu oublies les trois qui sont morts au Cercle des Cascades au début de la semaine, ça fait donc 18 chacals éliminés en 8 jours. C'est du bon boulot, quand-même ! <br><br />
_''Façon de voir : moi ce qui m'inquiète, c'est qu'on puisse avoir deux dizaines de types armés dans notre secteur et ne nous en apercevoir que maintenant... Il faudra qu'on parle à ce trafiquant de sel que connaît Eldan, celui qui a présenté Jaromir au fils Cuivré : je crains que l'implantation des Chacals soient plus avancé qu'on ne l'imaginait.» <br><br />
<br />
Rassemblés et ayant brièvement le temps de souffler pour la première fois depuis des jours, nos héros en profitent pour échanger enfin les infos recueillies par chacun au cours de leurs aventures et reconstituent ce qu'ils savent de la Confrérie du Chacal :<br />
La Confrérie, originaire des Sylves, semble essaimer en créant des "chapitres" locaux dans différentes régions de l'Empire. Il semble que des membres du chapitre "sylvain" de la Confrérie ait donc fait le déplacement pour "franchiser" des brigands du Nord, et ce sont ceux-là qui dirigent plus ou moins les opérations (les trois mecs tués par Andréas, Adira et Eldan aux cascades étaient vraisemblablement des novices). Aux Sylves, la Confrérie est à la fois une mafia, une secte animiste et le noyau dur de la résistance armée à l'occupant impérial : si Urgrand est lié à ces gars-là et qu'ils commencent à passer des accords avec les Kormes, ça risque de compliqué sérieusement l'Échiquier du Nord. Et si les Chacals semblent être quasiment apparus par génération spontanée en quelques semaines, c'est qu'ils ont trouvé des gens pour les soutenir et les aider dans la région : soit Urgrand est beaucoup mieux connecté qu'il n'y paraissait, soit ils ont d'autres appuis...<br />
<br />
=== Exfiltration ===<br />
<br />
"...après quoi on a réparti le butin sur les chevaux, vu qu'on en avait maintenant une bonne quinzaine, on t'a attaché en selle et on s'est tiré vers l'ouest en contournant Celanire par le nord jusqu'au grand menhir où nous attendait Neri'Helin, une des novices du chaman [[edell'okhil]] [[Kal Tayvon]], avec des bœufs laineux, des vivres et tout le matériel de montagne : paraît que ton 'Pitaine leur a promis de racheter leurs frères en esclavage. On a ensuite crapahuté par l'ouest pendant trois jours dans les [[Asparren]] puis les [[Monts d'Azur]], en passant par des coins de plus en plus hauts et enneigés pour éviter de croiser quiconque. La p'tite Edell'okhil a même déclenché une avalanche dans le col du Fraisil pour qu'on ne puisse plus nous suivre. On a bien perdu quelques canassons en chemin, mais les lingots sont au complet, le groupe aussi (quoique la demoiselle ait du re-nettoyer les blessures de La Poigne), et nous voilà presque rendus. <br><br />
<br />
«_''Où sommes-nous, exactement ? <br><br />
_''Un peu au sud-ouest de la Mine Bénie : on va contourner par l'autre versant pour éviter de s'y faire voir et la môme va nous faire passer sur la rive nord du Lac Troisième par une espèce de chemin à travers les marais à l'est de Andh Endhil, pas loin du camp abandonné d'Etayn-la-Louve. <br><br />
_''La voie est libre et le jour va se lever, annonce la jeune femme en rejoignant le groupe : ramassez vos affaires, hommes du sud. <br><br />
_''Allez, messire de Lorune, remonte en selle : ce soir, Le Cornu nous attendra avec de la gnôle au camp d'abattage.»<br />
<br />
Et dans le petit matin, les fiers cavaliers de Tal Endhil descendent victorieux vers la Vallée des Lacs en Palier avec, dans leur fonte, un trésor capable de financer les nouveaux projets du Capitaine Durgaut... <br><br />
<br />
<br />
<br />
== ÉPILOGUE (envoyé aux joueurs après coup) ==<br />
<br />
<br />
<br />
C'est au soir du huitième jour après leur départ discret que nos vaillants mercenaires fourbus, gelés, blessés et riches comme Crésus se sont affalés dans une minable hutte au nord du camp de bûcherons de Tal Endhil, déserté chaque nuit en cette saison. Immédiatement repartie avec ses bœufs laineux, sa sœur adolescente et son cousin mutique, la gironde rouquine [[Neri'Helin]] (''"Dis-donc mais... c'pas la p'tite Edell'okhil que t'a réveillée l'autre fois aux cascades, quand on cherchait les Chacals ?_Si, même que Nevel m'a dit que [[Tael Shannan]] se la tape !_Note qu'il se tape toutes les mignonnes, ce fumier de barde._Dîtes, c'est fini d'échanger des potins comme deux vieilles venteuses ?"'') a laissé les hommes de Durgaut fort symboliquement assis sur la terre battue, à 10 pas de l'icône votive qui marque l'extrême frontière nord de l'Empire (mais Le Grêlé a pissé dessus). Ils ont festoyé, pansé leur nombreuses plaies et, d'abord par jeu, ceux qui parmi eux avaient quelques notions de finances ont commencé à calculer combien représentait le chargement encore bâté sur leurs chevaux. <br><br />
<br />
«_''On a pas loin de 250 lingots, dont bien 150 de merdouilles comme du cuivre, du bronze et du fer... <br><br />
_''Des "merdouilles" qui vont se négocier entre 500 et 1000 lunes à la prochaine cité dotée de forges, ducon. <br><br />
_''T'es sûre ?! <br><br />
_''Il est drôle l'aut' : pourquoi qu'tu crois qu'on creuse des mines ? <br><br />
_''Crois-moi, s'il y a bien un truc que les Kerdans savent faire, c'est du commerce... <br><br />
_''Je savais bien que t'étais kerdane malgré ton histoire de "Je suis une innocente remane élevée près de la colonie kerdane de Rigorne, et blablabla"... <br><br />
_''C'est donc bien vrai mademoiselle Diane ? Vous aussi vous êtes de Rigorne ?!? <br><br />
_''Écoute, Trevan : tu es mignon, tu es vaillant mais, putain, ta gueule. <br><br />
(Trevan de Rigorne rougit.) <br><br />
_''On disait donc au moins 500 lunes pour les lingots de "vils métaux", mais on a surtout une petite centaine de lingots d'argent, quoique la moitié soient planqués dans de faux lingots de cuivre. Et ça, ça nous fait... heu... attendez voir... <br><br />
_''Au moins 300 pièces d'or. <br><br />
_''Putain ! <br><br />
_''Quoi ?! <br><br />
_''La Poigne ! Tu sais compter !? <br><br />
_''Ben oui, surtout le métal quoi. J'suis été apprenti forgeron. Mais c'est trop du labeur : j'aime plus mieux taper qu'une bonne fois sur un casque. <br><br />
(La gourde de vin de sureau passe de main en main, chacun avalant une rasade d'un air mi-émerveillé, mi-consterné.)<br />
_''On... on a ramené... 350 pièces d'or ?! Vous croyez que notre bon Capitaine va être content. <br><br />
_''Ah ça, Moineau, il a un peu intérêt à l'être ! <br><br />
_''Dîtes, ch'ais pas si vous vous rendez-compte : c'est p't'être le plus beau brigandage de toute l'histoire des Marches !! <br><br />
_''On est riches les gars ! RICHES ! <br><br />
_''Non, messieurs : Tal Endhil est riche. Par les pères, si l'un de vous commence à concevoir une seule pensée pécheresse... <br><br />
_''Mais quel pisse-vinaigre, le Défroqué, quand il pisse le résiné. <br><br />
_''Héhé. Fais-voir ta balafre, d'ailleurs, Herle : faut changer ton bandage. <br><br />
_''Ma mienne elle est plus grande ! <br><br />
_''Hihi ! <br><br />
_''Nul n'en doute mon cher La Poigne, nul n'en doute... <br><br />
_''Ouais mais la tienne elle a même pas percé ta couche de lard ! <br><br />
_''N'empêche qu'on a tous ben gagné nos 2 pièces d'argent chacun ! <br><br />
_''Plus la prime ! <br><br />
_''Oh oui : vous êtes de vaillants gagne-petit. Mais la prime c'était si on laissait pas de témoins et, là, on a Jornil lui-même, Dorian, sa pute, la servante... <br><br />
_''Toi le Noir tu commences à nous les bris... <br><br />
_''Bon les gars, vos gueules : il est tard. Alors ça pionce, ou je vais commencer à distribuer les baffes. Le Grêlé et Diane prennent le premier tour de garde. Demain, j'vous ramenions tous au village. Et rappelez-vous qu'vous avez promis le secret sur vos têtes ! Si on vous presse vraiment, et seulement dans ce cas-là, vous avez été r'prendre les lingots de la Mine Bénie à une bande de Kormes du côté de la Baie des Langueurs. C'est bien clair, pour tout le monde ? <br><br />
_''Oui mon sergent ! <br><br />
_''Lèche-cul. <br><br />
_''Mon sergent ! Y a Le Grêlé qui dit... <br><br />
_''Foutremerde, tas de corniauds ! Même avec une 'pparition divine, j'conçois point comment qu'une pareille bande de mômes a pu réussir cette mission !» <br><br />
<br />
<br />
<br />
}}<br />
<br />
'''[[7) "Embrouilles en Cascades"|<< Épisode Précédent]] | [[9) "Reishin Ghoran"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Épisodes|<< RETOUR à la liste des Épisodes]]'''<br />
[[Catégorie:Épisodes]]<br />
[[Catégorie:Comptes-Rendus]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/8)_%22Le_Train_de_l%27Argent%228) "Le Train de l'Argent"2014-09-08T13:14:11Z<p>Aloun : </p>
<hr />
<div>La totalité de l'Épisode 8 : "Le Train de l'Argent" est classée "spoiler".<br />
Si vous voulez vraiment accéder à cet Épisode, vérifiez que soit un de vos perso y était, soit que le MJ vous en a donné l'autorisation.<br />
Tout abus sera illico puni par une grosse perte du plaisir de jeu.<br />
<br />
C'est bon, vous y avez bien pensé ? Vous êtes vraiment sûr ?<br />
<br />
...<br />
<br />
{{Secrets|<br />
== Prologue, rien que pour Eldan et le Capitaine : ==<br />
Durant les [[Huitaines]] précédentes, Durgaut a envoyé ses mercenaires (dont Eldan le Moineau) enquêter du côté de [[Solerane]] sur '''les détournements de fonds commis par le défunt [[Lieutenant Armeld]]''' avec son complice, Maître [[Gaster]] (écroué depuis au donjon), et découvert ainsi l'implication d'un patron-minier, notable influent et principal contrebandier de la région : '''[[Jornil Cuivré]]'''. En dehors de ses opérations "privées", Jornil travaille pour [[Rhilder le Fou]] à détourner le minerai d'argent des mines de la région, théoriquement destiné à l'État-Major, au seul bénéfice du dément Prévôt de la [[Marche des Lacs]]. <br />
<br />
Rhilder n'est vraiment pas quelqu'un avec qui Durgaut peut se permettre d'être en guerre ouverte, puisqu'il est son supérieur direct, un puissant "[[:Catégorie:Seigneurs du Nord|Seigneur du Nord]]" (comme on appelle les impériaux qui se taillent des fiefs dans les Marches) et un putain de psychopathe, notoirement responsable du génocide de la tribu emishen des [[Rimdehl]] (les Geaies).<br><br />
'''Mais notre brave Capitaine est en fait pris à la gorge ''' (en plus d'être très énervé contre le Prévôt qui le ruine par ses magouilles et lui réclame d'envoyer des troupes que [[Tal Endhil]] n'a pas pour participer à la guerre contre les [[Oloden]])... S'il n'envoie pas bientôt '''des lingots d'argent à l'État-Major''' du [[Duc-Gouverneur]] pour couvrir le quota de la [[Mine Bénie]] (apparemment pillée par les [[Kormes]]), Durgaut va sauter.<br><br />
En fait, il n'est encore même pas sûr de pouvoir obtenir le titre de "Bailli de Tal Endhil" vu les exigences du [[Aristame de Gorme|Primat]] en la matière, mais espère bien réussir à l'épater d'ici son arrivée. D'ailleurs, s'il reste en poste et devient bailli, il sait avoir besoin de beaucoup de pognon pour embaucher assez de mercenaires pour enfin contrôler son territoire et développer la région.<br />
<br />
Durgaut a donc conçu un plan audacieux pour régler plusieurs problèmes à la fois : '''braquer le convoi de métaux''' qui va bientôt partir de Solerane pour [[Darverane]], siège de la prévôté harcelé par les troupes de [[Kainen Tahrel]]. Ainsi, il mettra la main sur une véritable fortune (l'argent détourné caché dans des lingots de cuivre, l'argent "officiel" envoyé de Solerane pour l'état-major via Rhilder, du cuivre et de l'étain en quantité...) dont il compte employer une partie à payer son quota au Gouverneur, une autre à racheter des esclaves [[Edell'Okhil]] de la [[Marche des Gemmes]] comme il l'a promis à ses alliés emishen, et le reste à constituer une petite armée.<br><br />
Il en était à mettre au point un plan solide lorsqu'il apprend que la route de Darverane, coupée par les Kormes depuis des semaines, vient apparemment d'être rouverte suite à une contre-offensive de Rhilder : '''le convoi de métal ne devrait plus tarder à partir, il faut agir vite'''. Et comme [[Vighnu Pratesh]] vient de rentrer du [[Cercle des Hautes Pierres]], il décide d'embaucher l'assassin pour courir l'aspect le plus délicat de la mission : assurer le secret.<br />
<br />
{{Secrets|Ce qu'il ignore malheureusement, c'est que Jornil a lui aussi enquêté sur les trois attaques successives qu'il a subi de la part de ruffians non-identifiés : d'abord on a tabassé nombre de petits truands sous les ordres de son fils, [[Jorem Cuivré]], ensuite on s'en est directement pris à deux de ses lieutenants notamment impliqués dans la contrebande d'argent, enfin un éboulement à la mine de cuivre qui s'est révélé être un sabotage (les mercenaires de Durgaut avaient pour instruction de "recruter des mineurs" et n'ont rien trouvé de mieux). <br><br />
Jornil a donc d'abord envoyé un certain '''Worik''' se mêler aux mineurs "responsables de l'éboulement" qu'il a lui-même renvoyé et qui partaient s'engager auprès de Durgaut. Mais son agent, qui s'était mêlé à l'expédition minière menée par [[Mérane "Roulier"]], est mort connement, tué par des Kormes, pendant l'épisode [[5) "Le Pont"]]. Puis le patron-minier a envoyé un messager auprès de son bon ami [[Adira Pratesh]] pour se renseigner sur les mercenaires de Durgaut (Adira étant alors en pleine bisbille avec le Capitaine, il a volontiers informé Jornil) et contacté son autre associé à Tal Endhil, Maître [[Plirune]] (Jornil partage la propriété de la mine de fer du village avec Plirune et Gaster, ce que le Capitaine est sensé savoir mais dont il ne réalise pas l'importance) pour obtenir quelques renseignements de plus (notamment sur les finances de Tal Endhil). Adira l'a ensuite informé de tout ce qu'il avait appris sur l'arrestation de Gaster (notamment que ce n'était pas lié qu'au magouilles de leur [[Guilde]])... Bref : Jornil a compris que Durgaut était après lui et pris des mesures en conséquence.<br><br />
Car s'il ne peut pas se permettre de retarder d'avantage le convoi de métal (Rhilder a besoin de ce fric pour sa guerre perso et il n'est pas câlin quand il s'impatiente), il a conçu une ruse efficace : embaucher des mercenaires de rab' pour l'escorte et, surtout, contacter par un ami de son fils Jorem une "''petite bande de brigands récemment arrivés dans le secteur''", la [[Confrérie du Chacal]]... }}<br />
<br />
<br />
== À la "Taverne Penchée" ==<br />
'''Il fait déjà nuit lorsque la Taverne, récemment rachetée par les mercenaires de Durgaut, ferme ses portes beaucoup plus tôt que d'habitude''' en chassant les soiffards qui comptaient y passer leur soirée en galante compagnie ; les prostituées, récemment rendues à leur autonomie sous l'autorité de la belle [[Garnelle]] (maîtresse occasionnelle du jeune Eldan,) sont également invitées à rentrer chez elles et le quartier lacustre de Tal Endhil est donc rapidement rendu au silence et à la brume nocturne...<br> <br />
'''Pourtant, quelques silhouettes discrètes gagnent bientôt la Taverne apparemment close :'''<br />
* '''l'apothicaire [[Vighnu Pratesh]]''' (Loriel) n'a eu qu'à franchir quelques pontons depuis sa propre échoppe, son matériel d'empoisonneur sous le bras et ses armes dissimulées sous son large manteau reman, où bat un petit cœur sec depuis si longtemps, récemment réveillé et illico brisé par Islinna : les femmes sont cruelles. Déjà en grande partie au courant de la mission, la seule chose qu'il ignore c'est ce qu'ils vont voler. Mais vue la somme promise par le Capitaine, il est trop heureux de ne pas poser de questions.<br />
* '''[[Nadine "la Moucheuse"|Diane Maletudine]]''' (Orlanth) est une Kerdane, quoiqu'elle prétende être une remane originaire de la cité portuaire de Rigorne, embauchée depuis quelques mois dans l'Armée du Nord, suite à des problèmes avec ses compatriotes. Femme dans une armée de macho, elle a bientôt eut d'autres ennuis (décidément) qui l'ont incité à déserter pour rejoindre la petite communauté kerdane de [[Tal Endhil]] sur les conseils de son mentor, le célèbre maître d'armes [[Vasco Sotorine]]. Sauf que [[Ranyella Sotorine|Ranyella]] la pilote ne veut pas d'une renégate dans sa troupe et l'a donc refilée au Capitaine sans lui expliquer les casseroles que trimballe l'arbalétrière...<br />
* '''[[Andréas "Odran"]]''' (Humphrey B) a récemment eut un entretien secret avec le Capitaine qui pourrait se résumer ainsi : "''Je sais que vous êtes un sorcier, mais je suis prêt à fermer les yeux si vous bossez pour moi. _Ça pourrait m'arranger, vu que je suis là pour mettre fin à la dispersion d'artefacts qui commencent à foutre le boxon à [[Duriane]], mais je vais pas m'en sortir tout seul. _Splendide : faudra me neutraliser le machin dans la Mine Bénie. Dans l'intervalle, vous êtes embauché comme espion. Vous commencez demain, rendez-vous à la Taverne Penchée après la fermeture.''" Il arrive donc avec un peu d'avance et pas mal de bagages, dont son précieux grimoire, ses herbes médicinales et un certain objet qu'il a passé presque deux jours à chercher dans le torrent en contrebas de la [[Mine Bénie]].<br />
* '''[[Oleytan "le Furet"]]''' (PNJ), lui, s'est engagé dans les mercenaires de Durgaut dès son retour de "l'Opération Tréfonds" : il se sent désormais un vrai guerrier, veut participer à l'alliance entre les Talendan et les Elloran mais, surtout, il a enfin couché avec le grand amour de sa jeune vie : la jolie négociante lewyllen [[Doma Sholen]]. Celle-ci l'a inexplicablement largué à l'arrivée à Tal Endhil en lui expliquant que "c'était fun, mais t'es juste trop jeune pour moi" (elle court en vain après [[Nevel Sholdanan]] depuis 4 semaines). Après une intense réflexion, le jeune guerrier est arrivé à la seule conclusion "sensée" : s'il veut que la belle marchande le reprenne, il doit lui prouver qu'il est capable de lui assurer le train de vie qu'elle a perdu, et pour ça, il lui faut "des rondelles", comme les Emishen nomment la monnaie impériale. Il ne comprend pas grand-chose à la mission que Durgaut lui a proposé, mais il est bien content puisqu'il va être payé royalement.<br />
* '''[[Eldan "le Moineau"]]''' (Aloun) arrive le dernier, accompagné d'une montagne de muscles habillées de haillons qu'il vient de récupérer dans l'unique geôle du donjon : [[Herle de Lorune]] (Ego'), noble et chevalier du temple récemment défroqué. Lui aussi a des problèmes, parmi lesquels l'alcool, la violence et un sens aigu de la justice qui, après lui avoir coûté sa charge d'inquisiteur lors d'une altercation avec le Primat lui-même, l'ont fait rétrogradé comme simple soldat dans la troupe de [[Bagoran de Marale]] (chargé de le "mater" : échec critique) et récemment conduit à défoncer le portrait d'un connard de Chevalier du Temple (donc un de ses "supérieurs") qui tabassait une gamine emishen. Son séjour en taule auprès du plaintif Gaster s'est terminé lorsque le Sergent LeCornu a jeté son dévolu sur le prisonnier, et convaincu le Capitaine de l'embaucher.<br />
<br />
'''Lorsque tout ce petit monde est attablé''' dans la taverne sur pilotis qui grince et (effectivement) penche sous l'effet de la houle, [[Le Cornu]] qui tenait le comptoir fait entrer deux de ses collègues, le massif imbécile qu'on appelle "La Poigne" et le brigand reconverti au visage marqué par la petite vérole qu'on appelle "Le Grêlé". Comme Eldan et le Sergent, ils ont survécu à tous les combats depuis la [[Bataille de Tal Endhil]] et sont tout dévoués au glorieux chef qui va bientôt faire d'eux la "''garde bailla, bailliagiale...heu... baillique... la garde du bailli, quoi''", et qui lui-même pénètre dans la grande salle inclinée à leur suite, une vaste carte sous le bras :<br><br />
« Bonsoir mademoiselle et messieurs, nous avons peu de temps et je vous demande d'être extrêmement attentifs à l'exposé qui va suivre.» Pendant que Vighnu et Andréas dégagent leurs gobelets pour laisser Durgaut déployer la superbe carte (signée [[Ordano Sotorine]]) sur la table crasseuse, les 6 autres membres de l'équipe s'approchent pour suivre le briefing dans la lumière chiche des chandelles. Le Capitaine enchaîne :<br />
« La mission que j'ai à vous confiée est dangereuse, urgente, secrète, absolument vitale pour Tal Endhil et ''remarquablement bien payée''. Si certains d'entre vous ne s'en sentent pas capables et préfèrent retourner à leurs activités précédentes, qu'ils le disent tout de suite. Car une fois que je vous en aurais exposé les objectifs, Messire Pratesh ici présent sera le garant ''de votre silence''. Tout le monde est motivé et se sent capable de se taire ensuite, en cas d'échec comme de réussite ? Parfait. Sergent, passez-moi les figurines...<br><br />
« Dans les jours qui viennent, peut-être même dès demain, '''un convoi lourdement gardé''' va quitter [[Solerane]] à destination de [[Darverane]] (Durgaut pose une miniature en bois, une espèce de coffre aux pieds vaguement arrondis, sur la carte) : il contient plusieurs coffres très lourds que vous êtes chargés d'intercepter, de préférence avant "l'[[Auberge du Pont]]"... C'est quoi ça, Le Cornu ? demande le Sauveur de Tal Endhil quand son sergent lui passe une espèce de cube prolongé par un jambage tordu.<br><br />
_''C'est l'Auberge du Pont, mon 'Pitaine. C'est La Tortue qu'a fait les sculptures, mais on a pas eu bien l'temps.<br><br />
_''Je vois... À "l'Auberge du Pont", donc, se trouvent actuellement plusieurs dizaines de marchands qui, depuis des semaines, y attendent que les troupes de Rhilder reprennent le contrôle de la route vers Darverane aux Kormes qui harcèlent la prévôté (il pose du côté du [[Mont Grison]] un petit bonhomme chauve et noirâtre) avec l'appui des troupes Emishen de Kainen Tahrel (Vighnu approuve du chef). <br><br />
Si le convoi de Solerane rejoint la première caravane groupée en partance pour Darverane, il sera alors probablement trop entouré pour que vous puissiez tenter quoique ce soit. Vous êtes ici... mais c'est quoi ça ? Un chien ?<br><br />
_''Un ch'val mon 'Pitaine, pour représenter, le commando.<br><br />
_''Vous avez pu leur trouver des chevaux ?<br><br />
_''Ah non mon 'Pitaine : c'est des pirogues, pour quitter le village. Ensuite s'ront à pied. Mais La Tortue, quand il a commencé, i'l'savait pas, pis i' sait pas faire les pirogues, et de toutes façons ça va surtout se faire par voie de terre alors, heu... Vous préférez un bouchon, ou un dé en os ?<br><br />
_''Va pour le chien (soupir)... Donc : vous êtes ici (il pose la figurine sur Tal Endhil), vous partez dès cette nuit pour atteindre Solerane (le "chien" rejoint le "chariot"), où vous serez chargés de repérer le convoi et de surveiller ses préparatifs de départ. Le but est de lui tendre une embuscade dans les deux jours qu'il lui faudra pour effectuer ce parcours (le chariot glisse sur les segments de la route marqués "1, 2, 3, 4, 5"). Si vous pouvez intercepter le chargement sur les berges du [[Lac d'Acier]], il sera plus aisé de le transporter à bord de barges ou de pirogues. <br><br />
Le Moineau connaît la ville et les hommes qui escorteront ce convoi, Messire de Lorune a la charge de l'assister en tout -et de s'assurer qu'aucun d'entre vous n'ait la mauvaise idée d'ouvrir les coffres. Maître Pratesh est chargé de trouver des embarcations pour les chargement et d'assurer le secret de l'opération (Vighnu sourit, pensant aux peintures de guerre Kormes qui n'ont pas servit lors de l'[[Opération Tréfonds]] et à la barge kerdane cachée depuis dans les marais près d'[[Écume 6]]). Vous devrez quitter le village et y rapporter les coffres sans être vus, ni dire à quiconque d'où vous venez ni où vous allez. <br><br />
Car, j'insiste, '''cette opération peut assurer le salut de Tal Endhil si elle réussit, mais sonner notre perte à tous si quelqu'un devait découvrir qui a commandité l'attaque'''. Une prime substantielle versée à notre cher apothicaire en sera la garantie.<br />
<br />
_''Ça veut dire "pas de témoins", demande Diane ?<br><br />
_''Ça veut dire "démerdez-vous pour que personne ne puisse vous reconnaître, suivre votre piste et remonter jusqu'à nous" : je préférerais que vous épargniez les civils, mais Maître Pratesh sera décisionnaire en dernier recours. À part lui, '''vous serez payés chacun 2 pièces d'or pour cette brève mission et votre durable silence''' (la solde mensuelle d'un mercenaire étant de 2 pièces d'argent, ça fait 10 fois plus pour quelques jours de boulot). Des questions ?<br><br />
_''C'est quoi, dans les coffres ? Ça pèse ?<br><br />
_''Le contenu ne vous regarde pas mais, oui : ça pèse. Probablement autour de 200kg en tout.<br><br />
_''C'est qui, qu'on braque ?<br><br />
_''Pas votre problème non plus. Fiez-vous à Eldan, soyez discrets et ça ne devrait pas avoir d'importance.<br><br />
_''Les gars de l'escorte, c'est des pros ?<br><br />
_''Quelques-uns, oui, mais la plupart seront des mercenaires en permission, des cochers endurcis, des coupes-jarrets, des gardes plus habitués à surveiller des esclaves... Le problème, c'est qu'ils doivent se méfier : ils ont eut des ennuis récemment, ils savent que le trajet est dangereux et ils seront sur les dents. Il se peut même que vous soyez déjà attendus à Solerane. J'insiste : '''''méfiez-vous'''''.<br><br />
_''Qu'est-ce qu'on a comme matos ?<br><br />
_''Vous étiez prévenus d'emporter le vôtre, mais Eldan conserve quelque argent pour vos frais de mission, des vivres, un peu de charbon, des flèches, des torches et des cordes vous attendent avec les chev...<br><br />
_''Dans les pirogues, mon 'Pitaine.<br><br />
_''Dans les pirogues, donc. J'ajoute les papiers que m'a demandé monsieur Odran (il confie une petite pochette de cuir à Andréas, contenant du parchemin, des lettres officielles de la main de [[Rhilder]] et son sceau de cire, pour pouvoir si besoin modifier les ordres de mission du convoi) et vous emportez cette carte, annotée par mes soins, en espérant qu'elle puisse vous aider : ne la perdez pas ! ''[Durgaut leur confie par ce biais un de ses précieux point d'Histoire.]'' Autre chose ?<br><br />
_''Y a le Venteux qu'a pas tout compris, vu qui parle pas bien not' langue...<br><br />
_''Messieurs Odran et Pratesh devront donc lui ré-expliquer en ramant. Bonne chance à tous : le destin de Tal Endhil est entre vos mains ! Mais pas les figurines, La Poigne : repose ça ! <br><br />
_''Pardon mon 'Pitaine. »<br />
<br />
[[Fichier:Carte-Carrée.jpg|900px|thumb|left|La carte remise par Durgaut, telle que les joueurs l'ont découverte la première fois...]]<br />
<br />
<br />
<br />
== En route vers Solerane ==<br />
Pendant qu'on roule la carte, LeCornu et Herle déplacent la lourde table, révélant une trappe dans le plancher qui, une fois déverrouillée et ouverte, donne sur une échelle de corde descendant le long d'un pilier de bois, où sont amarrées deux pirogues emishen. Avec quelques difficultés dues à la disparité de poids et d'agilité de ses huit membres comme aux bagages de certains l'équipe embarque et glisse silencieusement sur les eaux couvertes de brouillard :<br><br />
<br />
«_''Attention avec ça, c'est des armes emishen. <br><br />
_''Pourquoi foutre ? <br><br />
_''Pour passer pour des Kormes. <br><br />
_''Pas con. Mais qu'est-ce qu'il fout avec un bouquin, lui ? <br><br />
_''Je suis chroniqueur... <br><br />
_''Et vous allez chroniquer l'opération ''secrète'' ?! <br><br />
_''Houlà non, je... j'ai d'autres talents. Falsifier des sauf-conduit, par exemple. <br><br />
_''Je vois...»<br><br />
<br />
Ils atteignent bientôt la rive sud du Lac Troisième, en amont du campement où dorment les caravaniers lewyllen, sans que les [[Soldats du Temple]] qui gardent actuellement les remparts n'aient rien remarqué.<br />
<br />
Après un conciliabule entrecoupé d'engueulades, un poème (Herle versifie par instant), une tentative de vol et plusieurs menaces physiques pour l'empêcher, les PJ décident de ne pas partir en quête de la barge cachée par Vighnu dans les marais mais de foncer de nuit vers Solerane, à pied, pour atteindre la ville au plus tôt, juste après que Diane ait confié au fleuve un étui flottant contenant 4 pièces d'argent (sur les 20 confiées à Eldan) et un message pour les Kerdans d'[[Écume 6]], leur enjoignant d'envoyer des embarcations vers la presqu'île du [[Lac d'Acier]] ''[le joueur a oublié que son perso n'était plus bien vu chez les bateliers, et Vighnu y a même mis 1pH pour que le message arrive : ce fût bien le cas...]''.<br />
<br />
Abandonnant dans les embarcations tout le matériel trop lourd, les mercenaires se répartissent les vivres, une arme emishen chacun et la longue marche commence. Lorsque l'aube se lève, Diane, Oleytan et Eldan, très en avant des autres, font la course dans la descente après avoir passé le Col de Nilfenan (au sud-ouest de la mine de fer, sur la carte) histoire de défouler leurs tempéraments casse-cou et ombrageux... ce qui vaut d'ailleurs à Eldan de se niquer la cheville dans une belle gamelle : on sent bien, dès que les officiers ne sont plus en vue, que ça va pas être très sérieux comme opération.<br />
<br />
=== Rencontre insolite ===<br />
Pendant que le fort peu sportif Andréas prend des heures de retard sur les autres et que Vighnu reste avec lui autant pour assurer sa protection que pour causer "''chroniquerie''" et politique locale (Vighnu envisage de créer un [[Hospice de Tal Endhil|hospice à Tal Endhil]] !), Oleytan, Diane et Eldan (qui boitille) arrivent en milieu de matinée au gué qui traverse la [[Rivière aux Élans]] (ainsi nommée car elle est sur le point de passage de la migration des grands cervidés, qui commencent d'ailleurs à remonter en cette saison vers les pâturages au nord de la [[Marche des Lacs]])... <br><br />
Ils sont assez surpris d'y trouver un grand costaud, ventru et entièrement chauve, portant des vêtements très vaguement emishen, assis sur un rocher au bord des flots et curant tranquillement au couteau le sang séché qui s'incruste dans les creux de sa lourde masse de bois sculpté. Les trois éclaireurs essoufflés par leur cavalcade repèrent assez vite les discrètes silhouettes déployées dans les bois autour du chemin et, chacun la main sur leur arme favorite, s'approche avec circonspection :<br />
<br />
«_''Bonjour... <br><br />
_''B'jour, répond le gros dans un Reman médiocre, avec un accent typiquement "venteux". Z'êtes avec le noir ? Vigjniou Bratéche ?<br><br />
_''Ben là tout de suite... non. Mais des fois on le croise, quoi. Vous l'attendez ? <br><br />
_''J'ai un message pour lui. <br><br />
_''Vous voulez pas nous le donner ? On le transmettra quand on le verra ce soir... <br><br />
_''Non, d'solé, c'est privé. <br><br />
_''C'est pas un message à coup de masse, au moins ? <br><br />
_''Héhé. Non. Pas cette fois.» <br><br />
<br />
N'ayant qu'à moitié envie de s'avancer dans le gué sous la probable ligne de tir d'archers dissimulés ni même de laisser une embuscade entre eux et le reste du groupe, quoique aussi un peu parce qu'ils ont alors pas loin de 12h de rude marche dans les jambes, Diane, Oleytan et Eldan se posent également près de la rivière, se trempent un peu les pieds (Diane va même s'éloigner pour faire un peu de toilette : par instant, dans ses Réactions, sa "Sensibilité Féminine" ressort), cassent la croûte, font une petite sieste... tout ça en gardant perpétuellement un œil sur les alentours et leurs armes à portée de main. <br />
<br />
Lorsqu'ils sont rejoints par Sire Herle de Lorune, La Poigne et le Grêlé, d'abord très méfiants, Diane qui a entamé un repas et une conversation en [[Langue des Vents]] avec le Gros leur fait signe de ne pas s'inquiéter, et les trois mercenaires finissent par jouer le même jeu que leurs camarades, profitant d'un peu de repos tout en restant sur leurs gardes. <br><br />
Au bout d'une heure de cette halte méfiante, "l'embuscade" se détend tout autant et Eldan repère bientôt un des archers Korme qui, lui aussi, déjeune sur le pouce à son poste de guet. Il le contourne, se cache, est brièvement suivi mais sème le guetteur, échappe ainsi efficacement à l'encerclement... et ne sait finalement plus trop quoi faire : il craint de déclencher un massacre s'il élimine un guetteur, de se faire repérer s'il continue de traîner près des Kormes, de perdre le groupe s'il s'éloigne et d'être trop loin pour intervenir s'il repart en arrière prévenir Vighnu et Andréas. <br><br />
Aussi reste-t-il caché, guettant les guetteurs, jusqu'à ce que, lassé de perdre du temps alors qu'ils sont pressés, Herle donne le signal du départ et franchisse le gué accompagné des 4 autres. <br />
<br />
Après avoir encore hésieé à les rejoindre carrément ou à rester en arrière, Eldan fini par laisser un signe de danger dans l'écorce d'un arbre à destination de Vighnu et décide de contourner pour franchir la rivière plus loin, ne trouve pas d'autre gué, passe à la nage, se paume en aval dans la forêt et mettra plusieurs heures à rejoindre ses camarades, trempé, gelé, épuisé et bientôt vertement engueulé par l'ex-templier ''[Sire de Lorune lui inflige même un tel jet d'intimidation pour lui inculquer la discipline militaire que le jeune éclaireur en sera durablement marqué : 2pts de Trauma !]''.<br />
<br />
Pendant ce temps, Andréas et Vighnu ont atteint le gué sans même remarquer le signe laissé par Eldan et le [[Fehnri]] est assez surpris de reconnaître le gros korme qu'il a déjà rencontré, il y a plusieurs semaines à Écume 6, lorsqu'ils avaient négocié des vivres et les soins de [[Mona Ma'od]] contre la transmission d'un message pour Adira (qui, si vous vous en souvenez, était arrivé au début de l'épisode [[5) "Le Pont"]], tiré avec une flèche sur la roulotte de Maître Pratesh). <br><br />
Quoiqu'il ne connaisse toujours pas son nom, il s'éloigne avec le chef rebelle et un petit conciliabule surréaliste se joue : les Kormes veulent (Vighnu comprend "[[Lashdan]], Roi des Kormes, veut...") l'embaucher pour assassiner un certain "[[Urgrand]]", le Sorcier barbu originaire des [[Marche des Sylves|Sylves]], qui dirigeait justement le détachement korme lors du siège à la [[Mine Bénie]] :<br />
<br />
«_''Tiens donc ?! Mais pourquoi diable, demande l'assassin hilare ? <br><br />
_''On m'a pas dit de te l'dire, et puis il paraît que les tueurs professionnels ne posent pas de questions. <br><br />
_''Lorsqu'on les paye bien, c'est tout à fait exact oui. <br><br />
_''Hé ben voilà pour toi, dis le Korme en lui tendant une grosse bourse de pièces, que le Fehnri s'empresse d'ouvrir avidement. <br><br />
_''Mais... vous vous foutez de ma gueule ?! C'est des pièces de cuivre ! <br><br />
_''Et alors, c'est pas bien ? <br><br />
_''Mais c'est pas du tout assez, enfin ! Je suis un spécialiste, moi ! Je bute pas les gens pour 30 ou 50 pièces de cuivre !<br><br />
_''Ah. Mais c'est tout ce qu'on a nous, même qu'on s'est tous cotisés pour rassembler ça. <br><br />
_''Mais c'est pas possible, vous comprenez rien au commerce, à la fin ! Et il est où, votre Sorcier, d'abord ?<br><br />
_''Ben on sait pas, nous, pourquoi tu crois qu'on s'adresse à toi ? Tu crois pas que je serais foutu de lui coller ma masse sur la gueule moi-même si on savait où il campe ? [[Etayn-la-Louve|La Louve]] dit qu'elle l'a perdu quelque part chez vous, du côté du Premier Lac, mais c'était il y a déjà plusieurs jours.<br><br />
_''Bon, écoute, voilà ce qu'on va faire : dis à ton Roi que je suis d'accord sur le principe, mais que déjà ça va vous coûter 20 pièces ''d'or'' et qu'ensuite, soit vous savez me dire au moins à peu près où il est, soit ça risque de prendre pas loin d'un mois (car Vighnu pense savoir où Urgrand devrait se trouver dans environs trois semaines, héhé...). Dis-lui ça et, quand vous aurez la somme, contactez-moi.<br><br />
_''Mais où tu veux qu'on trouve de l'or, nous ?<br><br />
_''Non mais c'est un prix, vous pouvez aussi bien me ramener 200 pièces d'argent, ou 4 lingots d'argent, par exemple. Vous en avez bien, des p'tites barres en argent, prises dans une certaine mine, hmmm ?<br><br />
_''Mais... non. De quoi tu parles ?<br><br />
_''Oh le con ! Rha merde, il fait vraiment chier ce connard de sorcier !<br><br />
_''C'est bien pour ça qu'on t'embauche, oui.<br><br />
_''Bon alors 20 pièces d'or ou l'équivalent, vous trouverez bien ça quelque part pendant que vous vous battez dans la [[Vallée de Cainil]], hein, je ne m'en fais pas pour vous. Quand vous avez la somme, vous me recontactez, vous versez la moitié d'avance et, moi, je tue votre sorcier.<br><br />
_''J'espère que d'ici là on l'aura trouvé nous-mêmes, mais sinon, on saura bien te joindre, ouais. Et bonne journée.»<br><br />
Et pendant que Vighnu se frotte les mains, les Kormes se dispersent dans la forêt sous le regard médusé d'Andréas.<br />
<br />
<br />
== La Ferme-Relais "[[Le Marchepied]]" ==<br />
<br />
<br />
[[Fichier:Marchepied.jpg||thumb|left|Le Marchepied]]<br />
<br />
<br />
Il fait presque nuit noire lorsque les 6 mercenaires fourbus atteignent enfin la ferme-relais qu'on appelle le "Marchepied", au pied de la route montant vers Solerane. Si Oleytan (trop repérable) est laissé avec le matériel dormir à l'extérieur, Diane, Eldan et Herle, bientôt suivis par La Poigne et Le Grêlé (trop crevés pour accepter de se peler le cul à camper dehors), pénètrent les uns après les autres dans l'enceinte de bois où un drôle de type pâle, un albinos efflanqué aux longs cheveux blancs qu'Eldan sait être surnommé "Craie" (chef des gardiens d'esclaves de la mine de cuivre), est en train de passer ses nerfs à coups de fouet sur deux malheureux emishen, une femme et un adolescent enchaînés au puits du milieu de la cour. <br />
<br />
Comptant avec l'albinos un escrimeur tout en noir s'engueulant avec le tavernier (une histoire de chevaux, de halte imprévue et de prix du fourrage) plus 4 soldats portant la livrée du Duc-Gouverneur (donc probablement issus de la garnison de Solerane), et soucieux de sa mission avant tout, Herle tempère ses instincts justiciers et suit la Kerdane dans le corps de ferme transformé en auberge de seconde zone, où il entreprend de noyer sa mauvaise humeur dans la bouteille d'hydromel prise à la Taverne Penchée. Si un jovial marchand de draps nommé [[Teillard]], parti de [[Celanire]] vers le "marché de printemps" de Tal Endhil, tente bien d'engager la conversation avec les voyageurs, Diane l'envoie paître rudement (et nos héros se privent de la seule occasion de se renseigner sur la route qu'ils ont à faire) mais lance une petite partie de dés avec Eldan et Herle pour attirer à eux [[Craie]] et [[Esteval]] (l'escrimeur à l'armure de cuir sombre) et tenter de leur soutirer quelques informations sur l'exploitation des esclaves venteux à Solerane. Justement, les deux gardes-chiourmes, 3 autres collègues et 6 soldats prêtés par la garde sont à la recherche d'une 15aine d'évadés, échappés le matin même de la mine de cuivre. Diane propose bien de participer à la traque contre rétribution, mais Eldan ruine sa tentative d'approche en ne pouvant se retenir d'aller porter un peu d'eau et de pain aux deux malheureux prisonniers. Herle -qui perd aux dés et voit les deux crevures descendre gaiement sa bouteille- semblant se retenir de plus en plus laborieusement d'écraser la tronche de Craie à chaque fois qu'il fait des remarques cruelles sur les "venteux", les voyageurs vont se coucher tôt après un rapide souper et Diane s'arrange assez finement pour que leur propre groupe gagne le contrôle de l'escalier et des 2 rares fenêtres du grenier aménagé en dortoir, qu'ils vont devoir partager avec le binôme d'esclavagiste, les soldats s'installant dans l'étable au dessous.<br />
<br />
=== Rencontre avec des fugitifs ===<br />
<br />
C'est à peu près le moment où, traînant le chroniqueur qui dort debout dans l'obscurité de la route forestière, Vighnu voit soudain jaillir un grand type hirsute de la forêt, qui saute sur le fehnri en tentant de l'étrangler avec la chaîne qui lui lie les poignets : l'assassin pare de justesse avec son [[katara]], une femme armée d'une branche sort à son tour des taillis et Andréas est basculé au sol par une jeune fille qui tente de lui éclater le crâne à coup de pierre, mais il parvient à la repousser de peu (elle est presque aussi épuisée que lui). Reconnaissant une Emishen (et réciproquement) alors qu'il tirait sa dague pour se défendre, l'érudit crie en Langue des Vents "Arrêtez, nous sommes des amis ! Vighnu, ce sont des Emishen !", ce qui suffit à stopper le début de combat et permet à Andréas de proposer de la nourriture et des soins aux esclaves en fuite, finissant de gagner leur confiance. <br />
<br />
Libéré de ses chaînes avec l'aide d'un glaive offert par Vighnu, le trio leur explique avoir réussi à s'échapper des mines de Solerane un peu avant l'aube, grâce à un tunnel vers la surface creusé en secret avec l'aide d'une barde [[rimdehl]] nommée Tahalien. Poursuivis depuis le levé du jour par des cavaliers en armes, ils ont perdu la douzaine d'autres évadés qui les accompagnait, dont des jeunes et des enfants et, loin de leurs régions d'origine (la plupart sont des [[Otlalnan]] de la [[Marche des Lisières]]), ils ont couru un peu au hasard vers le nord et le territoire des [[Liam'Lon]], où aucun Dirsen n'oserait les poursuivre, alors que d'autres avaient préféré tenter leur chance à l'est, vers le Cercle des Hautes-Pierres.<br />
<br />
Les deux Talendan leur expliquent qu'ils sont ici sur le territoire des [[Elloran]] et qu'ils auraient de meilleures chances de filer au nord-ouest vers le Cercle des Cascades et, après avoir longuement hésité à repartir chercher les plus jeunes, les trois fuyards un peu retapés finissent par disparaître vers l'ouest avec quelques remerciements.<br />
<br />
=== Evasion nocturne ===<br />
<br />
Nos deux héros retardataires ne sont donc qu'à moitié surpris lorsqu'ils retrouvent Lerkoren Oleytan en compagnie de 5 autres échappés en haillons, dont Tahalien et un ado sérieusement blessés, plus trois mômes, quoique Vighnu soit un peu atterré par le récit du jeune Elloran.<br />
Car après que leurs compagnons soit entrés à l'auberge du Marchepied, Oleytan, attiré par des cris de douleurs, s'est glissé par-dessus la palissade de rondins et, découvrant les deux prisonniers lacérés à coups de fouet, a attendu la nuit noire pour passer à l'action. Il a malheureusement échoué à assommer proprement la sentinelle de faction dans la cour, mais a par contre réussi à la tuer net avant qu'elle ne crie, puis a traîné le corps du soldat dans une grange. C'est alors qu'il s'acharnait en vain à rompre sans trop de bruit un des maillons de la chaîne que Diane l'a interpellé depuis une des fenêtres du dortoir :<br />
<br />
«_''Psssst ! Mais qu'est-ce que tu branles, merde !? On est pas là pour ça ! <br><br />
_''Je fais mon devoir, tu peux pas comprendre ! <br><br />
_''Mais putain tu va réveiller tout le monde, crétin !». <br><br />
<br />
L'épée à la main, la Kerdane est bientôt descendue le rejoindre pour le convaincre de ficher le camp et, n'y arrivant pas, a fini par l'aider à détordre un maillon en faisant levier avec son épée, histoire qu'il puisse déguerpir avant que quelqu'un ne les entende. Herle s'est réveillé à son tour, lui a ordonné de rentrer se coucher avant de les griller complètement et, la Kerdane disparue dans l'étable en engueulant un soldat qui se réveillait vaguement sur l'air de ''"Quoi ? Keskya, on peut plus pisser tranquille, merde ?"'', Oleytan a sorti discrètement les deux rescapés par là où il était lui-même entré. Apprenant alors qu'ils avaient pu cacher les gosses près de la rivière avant que les cavaliers ne leur tombent dessus, il est ensuite reparti chercher les mouflets de 9 à 12 ans, a nourrit tout le monde et distribué des rations pour le reste du voyage (''"Et donc, là, on a plus de vivres, c'est ça ? Heu... un peu, si..."''). Il se demandait s'il allait abandonner l'opération pour les conduire aux Cascades quand Vighnu et Andréas sont arrivés. <br />
<br />
Renonçant à l'engueuler d'avantage puisqu'il viennent de faire quasiment la même chose, les deux PJ soignent à nouveau les plaies et brisent les chaînes, ré-expliquent la direction du Cercle des Cascades et, recommandant bien aux fuyards d'éviter les routes pour ne pas être repris, ils s'installent pour bivouaquer et s'offrir quelques précieuses heures de sommeil avant l'aube.<br />
<br />
L'aurore pointe à peine lorsque Herle, Diane et les autres se lèvent, déposent quelques pièces de cuivre dans la grande salle et filent sans prendre de petit déjeuner, pendant que Craie et Esteval constatant la disparition de leurs prisonniers commencent à activer les soldats, et que ceux-ci constatent la disparition d'un des leurs. ''"Et vous là, vous avez rien entendu ?!? _Nope : nous on dort sérieusement quand on doit se lever tôt."'' répondent nos héros avant de s'engager, sous la bruine matinale, vers le chemin raide qui monte en lacet vers le nid d'aigle de la cité minière. Rapidement rejoints par Lerkoren Oleytan, Vighnu et Andréas (modérément reposés), ils confèrent sur les évènements de la veille et s'accordent sur un plan : Eldan (puisqu'il connaît Solerane), Andréas (qui compte s'arrêter dans un temple pour se lancer dans l'enchantement d'un document puissamment convaincant pour faire partir le convoi avec une escorte réduite ''"car tout danger est désormais écarté"'') et Diane (qui pense pouvoir s'infiltrer dans la-dite escorte) iront en ville pendant que le gros de la troupe (''"J'suis pas gros j'suis juste un peu envelo _Ta gueule, La Poigne : t'es lourd."'')attendra caché dans la forêt. <br />
<br />
=== Plan d'action ===<br />
<br />
Dès que le convoi sera prêt à partir, les mercenaires partiront devant pour semer des embûches sur sa route afin de le ralentir (comme un sapin ou des rochers ''"décrochés par le dégel"'') : s'ils parviennent à le retenir assez longtemps dans la gorge pentue et traîtresse que les chariots auront de toutes façons du mal à négocier (le segment 2, sur la carte), ils peuvent l'obliger à passer sa première nuit avant le gué sur l'[[Anil'wel]] (milieu du segment 3). Le lendemain, la caravane sera donc obligé de forcer l'allure pour sortir de la forêt qui suit (segment 4) avant le crépuscule : réputée dangereuse (c'est, avec la gorge, le site d'embuscade préféré des Kormes, c'est d'ailleurs là que la colonne de Durgaut s'est faite attaquer au début de l'Épisode 1), le mauvais chemin tortueux y sera en cette saison embourbé par les ruisseaux et, avec un peu de sabotage supplémentaire (en creusant par exemple le lit d'un petit torrent pour former une combe traîtresse), l'escorte arrivera dans la vaste prairie marquant le dernier bout droit (5) en fin d'après-midi, épuisée par deux journées difficiles et fera probablement halte, croyant avoir fait le plus dur... Mais c'est justement là que l'attendra notre commando camouflé et grimé en Kormes, qui lui tombera dessus avant qu'elle ait eut le temps de souffler, laissera filer les non-combattants pour qu'ils puissent témoigner de la culpabilité des rebelles mais massacrera impitoyablement tous ceux qui pourraient les avoir vu de trop près au Marchepied ou à Solerane. En se coordonnant avec Diane pendant qu'elle s'isolera ''"pour pisser"'' le long du parcours, ça devrait marcher très bien (c'te blague).<br />
<br />
Image à rajouter<br />
<br />
<br />
<br />
== Enquête ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Solerane (Diane, Andreas, Eldan) ===<br />
<br />
Entrant en ville par la Porte Basse alors que le crachin continue, le trio d'espions improvisés passent devant les vastes écuries où des palefreniers semblent avoir rassemblé au moins une cinquantaine de chevaux, puis remontent les rues pentues et mal pavées, encadrées d'étroites maisons de pierre et d'ardoise, en direction de l'Hostellerie des Moindres, attenante au temple et tenue par les religieux locaux. Traversant au passage la grand'place surmontée d'un vaste marché couvert au bout duquel s'élève le siège de la Guilde Minière locale, ils constatent que des bouviers attèlent ou chargent des chariots sous les halles, alors que des marchands s'assemblent devant le porche du sanctuaire : ça sent le départ...<br />
<br />
Le réfectoire de l'hostellerie est aussi sombre qu'encombré par une bonne 20aine de mercenaires pour la plupart loqueteux, de forestiers et de négociants qui semblent tous attendre qu'un sergent courtaud et obèse s'occupent d'eux : Eldan le connaît sous le nom de "La Boule" comme le membre le plus corrompu de la garde locale, qui offre fréquemment les services de ses hommes à Jornil Cuivré et laisse prospérer les coupes-jarrets qui hantent avec son fils [[Jorem]] la boutique d'un marchand de vins, "Le Carafon".<br />
Pendant que Diane réussit à se bouffer le nez avec l'épaisse bonne-sœur qui sert pain et brouet aux clients (c'est une manie), Andréas trouve son chemin vers la sacristie pour demander au prêtre s'il pourrait s'y installer pour "travailler dans le recueillement nécessaire à ses enluminures". [Sur un jet de "Contacts dans la Pègre" réussit], Eldan le brigand repenti avise bientôt un drôle de novice qui accueille les voyageurs dans la cour en semblant éviter la salle, qu'il reconnaît illico comme un croche-bourse du coin, déguisé pour pouvoir "courtoisement débarrasser les voyageurs de leurs bagages" sans se faire trop remarquer des sœurs et des vrais disciples du Culte (et puisque je peine à lui donner un nom, il le baptise "Boule-de-Suif"). Son camarade interpellé en plein travaille lui explique que La Boule est venu sélectionner les meilleurs combattants disponibles pour les intégrer à l'escorte du convoi minier, les autres devant se contenter de la moindre paye offerte à l'escorte d'une caravane marchande qui devait partir ce matin avec un troupeau de chevaux emishen, mais qui a pris du retard malgré les tentatives du Cuivré pour les faire activer, allant même jusqu'à participer à la solde des convoyeurs pour peu que les marchands acceptent d'ouvrir la route en précédant d'une journée ses propres chariots. Bien sûr, quelques piécettes peuvent toujours faire pencher le jugement de l'adipeux sergent. ''"Et sinon, on peut saluer des copains au Carafon ? _Ben non, curieusement, y a quasiment personne depuis hier, déjà : ch'ais pas où ils sont tous passés. Même la bande à Jorem elle y est pu'..." ''<br />
Mais cette "cervelle de moineau" d'Eldan aura tôt fait de perdre l'information.<br />
<br />
Jugeant plutôt minables les guerriers déjà choisis, Diane se porte volontaire et décide de démontrer ses talents à l'arbalète en faisant tinter la haute cloche du temple d'un carreau tiré depuis le fond de la cour, selon un angle de tir particulièrement réduit par les étroites voutes du clocher et dans la visibilité voilée par la pluie et la grisaille : ''"Si une gonzesse y arrive, j'veux bien l'embaucher, tiens !"'' ironise La Boule. Et si Eldan s’éclipse vivement vers le campanile pour faire sonner la cloche du pommeau de sa dague si la Kerdane devait manquer, il n'a pas encore atteint le sommet qu'un trait ricoche sur le bourdon et faisant sonner le bronze avant de retomber côté grand' place. ''"Et sinon, c'est combien la paye ?"'' demande la tireuse d'élite d'un ton narquois, avant d'aller rejoindre la table où attendent déjà les autres vainqueurs, deux étrangers à l'air farouche et une paires de jeunes imbéciles qui se présentent comme ''"[[Trevan de Rigorne]], chevalier errant ! _Et [[Gavin]], son loyal écuyer. _Ah ben putain, si c'est le haut du panier j'ose pas voir le fond..."'' leur décoche Diane, toujours aimable. <br />
<br />
Informé que le convoi va de toutes façons partir le lendemain, que Diane y est embauchée, que l'éclaireur doit aller acheter quelques provisions pour le reste de l'équipe et puisque les religieux sont tous très occupés avec la foule des clients, Andréas profite du reste de sa matinée pour étudier bien tranquillement sa récente trouvaille. <br />
<br />
(Spoiler même pour les joueurs de cet épisode : En examinant les bagues mobiles qui se découpent dans la sphère d'or-rouge héritée de [[Langard]], le mage découvre qu'elle est à la fois un focus capable de stocker de l'Essence magique, un catalyseur qui facilite le transfert d'Énergie vitale pour la chargre plus facilement et un amplificateur doublant la portée de la plupart des sorts : bien qu'il ait du payé 2pH pour la retrouver, Andréas Odran est ravi ! Bien sûr, il ignore encore que le spectre de son défunt propriétaire y a été piégé, et qu'il se manifestera lorsque l'objet sera suffisamment rechargé…)<br />
<br />
=== Interlude Forestier (Vignu, Herle) ===<br />
<br />
Pendant ce temps, Vighnu et Herle se sont éloigné dans la forêt après avoir entendu de lointains aboiements : voulant voir de quoi il retourne, ils découvrent une petite chaumière isolée, où une mère de famille fend du bois avec dextérité pendant que ses deux jeunes enfants jouent en rassemblant les demi-bûches sous l’œil de deux énormes [[dogues de Marale]], des molosses presque aussi hauts que des poneys. En s'approchant sous le vent, les mercenaires réalisent que ce doit être la demeure de Thuril le Brun : un forestier réputé dans la région et qu'Eldan leur a expliqué servir régulièrement de guide aux caravanes, en particulier celles de Jornil Cuivré, de loin son meilleur employeur. Ils envisagent un moment de kidnapper un môme pour forcer la coopération de son père, mais après avoir considéré la maman qui fend les bûches d'un coup de hache expert, l'agitation grandissante des chiens, la taille du chenil trop vaste pour "seulement" deux dogues et les probables galères d'avoir à balader un otage de 5 ou 8 ans, les deux farouches guerriers renoncent.<br />
<br />
En rejoignant leurs camarades, ils aperçoivent les traqueurs d'esclaves qui patrouillent les flancs de la montagne et se dissimulent tous si bien qu'Eldan, sorti de la ville basse pendant que le premier convoi s'y assemblait pour partir enfin, va avoir bien du mal à les retrouver. Déposant les provisions en expliquant que Diane a réussit à intégrer l'escorte, l'éclaireur repart aussitôt pour lui transmettre les derniers détails du plan et une dague empoisonnée par les bons soins de Vighnu, "en cas de besoin". <br />
<br />
«_''Pis ramène le chroniqueur, aussi : on s'arrache dès que la première caravane a fini de descendre la route. <br><br />
_''Mais vous vouliez pas que j'aille jeter un œil à la mine, pour repérer l'autre convoi ? <br><br />
_''Il part demain matin, non ? Qu'est-ce qu'on besoin de savoir d'autre ? Grouille !» <br><br />
<br />
Et ce fût leur deuxième erreur…<br />
<br />
<br />
<br />
== Préparation du terrain ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Sabotage (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
À peine une heure derrière les quelques chariots de marchandises et le troupeau de chevaux qui labourent la route humide devant eux, le commando se met donc en marche en milieu de journée, avançant d'un pas tranquille pour éviter de les rattraper. La fin d'après-midi leur offre une vague éclaircie lorsque, quasiment à mi-pente de la gorge encaissée où les cailloux roulent sous leur pas, ils avisent un sapin qui penche déjà un peu depuis le versant hérissés de rochers du ravin : passant des cordes autour du tronc, Herle, La Poigne, Vighnu (mollement, hein, il est fatigué), Le Grêlé et Oleytan tirent de toutes leurs forces pour finir de le déraciner. Le templier défroqué s'énerve au passage et, quand ses compagnons remarquent que la chute de l'arbre n'a pas l'air très naturelle, il escalade la pente avec La Poigne pour déclencher à eux deux un éboulement susceptible d'expliquer l'accident. Après qu'une coulée de rochers se soient répandus sur la route et que le colosse ait cogné le tronc à coups de pierres pour parfaire la mise en scène et dissimuler les marques de cordages laissées dans l'écorce, l'équipe décide de souffler un peu avant de repartir... et Vighnu remarque alors une silhouette qui les observe de loin, dissimulée parmi les sapins en haut de la crête.<br />
(Si Andréas Odran a tout intérêt à garder le secret de ses talents magiques pour éviter de finir au bûcher, surtout lorsqu'il voyage avec un ex-templier, Hadrien Muraille et Adira Pratesh les ont découvert lorsqu'ils étaient enfermés dans la mine et le fehnri en a évidemment parlé à son cousin : malgré ses craintes instinctives concernant la sorcellerie, Vighnu a abordé le sujet avec Andréas qui s'est montré assez ouvert sur le sujet pour le rassurer...)<br />
<br />
Après avoir discrètement averti le reste de ses camarades de la présence d'un observateur discret et leur avoir recommandé de faire "comme si de rien n'était", Vighnu et Andréas s'éloignent innocemment loin des regard inquisiteurs en pénétrant sous les frondaisons qui bordent la gorge en se donnant vaguement l'air de chercher des plantes : <br><br />
<br />
«_''Tu peux le chroniquer d'ici, demande l'apothicaire dès qu'ils sont loin de Herle ? <br><br />
_''Assieds-toi avec moi et (Andréas sort la sphère première de son sac) pose tes mains là-dessus, là et là. <br><br />
_''Je sens que je vais pas aimer.... <br><br />
_''Sans doute mais j'ai pas l'énergie pour le faire moi-même alors tu participes où il va se tirer." <br><br />
Dès qu'ils ont tous les deux les mains sur la sphère de métal rouge, Vighnu se sent soudain très fatigué [ça lui coûte 4 points de Fatigue, mais ça fait 8pts d'Essence pour alimenter les sorts d'Andréas, qui en a bien besoin vu comme il peine depuis plus de deux jours qu'ils sont en marche] et, les yeux fermés par la concentration, le chroniqueur annonce à son camarade : <br><br />
_''Il n'y a qu'un seul type, mais il s'éloigne vers... un cheval. Plein nord, au sommet de la gorge. Il sait qu'on l'a repéré. Il se dépêche parce que... le sentier qu'il veut prendre rejoint la route un peu plus haut. <br><br />
_''Tu peux le neutraliser ? <br><br />
_''Je vais essayer mais... <br><br />
_''Fais au mieux, je préviens les autres !» <br><br />
<br />
=== Interrogatoire ===<br />
<br />
Quand Vighnu sort des bois tout essoufflé en appelant ses compagnons, il explique brièvement que le guetteur est en train de s'enfuir à cheval, mais qu'ils peuvent tenter de lui couper la route et Oleytan s'élance le premier, remontant la gorge au pas de charge, suivi de près par Eldan, Herle de Lorune et le Grêlé. Ils ont beau courir de toutes leurs jambes sur le chemin rocailleux, le cavalier dévale la pente plusieurs centaines de mètres plus haut qu'eux... et tombe de selle en atteignant la route.<br />
<br />
''"Quand on sait pas monter..."'' grommelle Herle, dégageant l'arc qu'il avait en bandoulière en cavalant de plus belle : son cheval trottant pour s'éloigner des ennuis, le guetteur se relève à peine lorsque Lerkoren Oleytan arrive sur lui le glaive à la main, mais réussit à dégainer sa propre épée en se remettant sur ses pieds, à parer et à lui coller un grand coup de pommeau à la tempe, séchant le jeune Elloran avant qu'Eldan ne soit à portée de lame. Le cavalier esquive le coup mal ajusté du Moineau en bout de course et, voyant arriver d'autres adversaires, dégage vivement sur le versant boisé qui descend vers le torrent. Mais Herle de Lorune a stoppé et décoché une flèche, et malgré la distance elle vole entre les arbres, racle l'écorce d'un boulot et transperce le genou du fuyard [3 pions de Fatigue et 1pH : Ego' voulait vraiment le choper] qui bascule dans dans la pente en rebondissant contre les troncs et les rochers. Un instant soufflé par l'expertise du tir, Oleytan, Eldan et le Grêlé regardent le Défroqué d'un air médusé, celui-ci leur fait signe d'aller chercher leur proie et, s'asseyant pour souffler sur un rocher, débande son arc en déclamant un poème sur la rudesse de la vie au bord des eaux [il faut préciser que pendant qu'on joue sur Rolisteam, Ego' dégotte des poèmes de circonstance qu'il déclame à brûle-pourpoint quand il a besoin de libérer de la Tension : ça fait toujours son petit effet et lui obtient à chaque fois le bonus du public]. Le Grêlé en reste un moment comme deux ronds de flanc, puis l'ex-inquisiteur dégage sa dague et, descendant à la suite d'Eldan avec le mercenaire sur les talons, annonce : ''"Bon, c'pas le tout : au boulot."''<br />
<br />
Et pendant qu'Oleytan s'éloigne pour récupérer le cheval, sous le regard mortifié d'Eldan qui a eu tant de mal à récupérer le blessé dans le torrent, à le traîner sur la berge et à lui faire un garrot, Herle entreprend d'interroger le prisonnier, d'abord en lui expliquant qu'il parlera de toutes façons et que ce n'est qu'une question de temps et de douleur, puis en tournant la flèche dans la plaie pour illustrer son propos. Alors qu'Eldan, dégouté, s'éloigne, le cavalier commence à révéler qu'il n'est que l'éclaireur d'une bande de types chargée de suivre le convoi... lorsqu'il tourne de l’œil, moins à cause de la souffrance que des blessures reçues : ayant rejoint ses camarades depuis quelques instants déjà, Vighnu l'examine et, constatant que le prisonnier cumule un sérieux hématome à la tête et des côtes fracturées à sa blessure au genou, annonce qu'il risque d'avoir un peu de mal à le garder en vie plus de quelques heures. <br><br />
<br />
«_''Et qu'est-ce qu'il a sur la poitrine, demande le chevalier ? <br><br />
_''Tatouage de voleur, explique l'assassin-apothicaire : la Confrérie du Chacal, une espèce de regroupement de brigands, mais j'ai entendu dire qu'ils commençaient à trafiquer des armes dans le coin. <br><br />
_''Non. Ce sont des démonistes ! <br><br />
_''Hein ?! Houlà, non, non, je vous assure messire ils... <br><br />
_''L'étoile à neuf branches est le signe du démon, Maître Pratesh, et cette créature doit être décapitée et brûlée séance tenante. <br> <br />
_''Quoi ?! Mais non, enfin, on allait l'interrog... <br><br />
_''Nous ne tolérerons pas l’œuvre du démon et vous n'en serez pas complice, Maître Pratesh, ou bien vous aurez à faire à moi !» <br><br />
<br />
Malgré les protestations de ses camarades, Sire de Lorune défait le long paquet qu'il a sur le dos depuis le départ et en dégage une lourde épée bâtarde à la lame gravée de runes antiques et dont la garde rougeoyante rappelle à Vighnu une certaine sphère : avant qu'il ne puisse s'interposer, l'épée s'abat et la tête du malheureux tombe, tranchée net, entre ses genoux [oui, Herle vient d'exécuter le "peunj-d'information" pour produire une Réaction à 5]. <br />
<br />
Image<br />
<br />
=== Fuite ===<br />
<br />
''"D'autres cavaliers arrivent !"'' les avertit Oleytan depuis le chemin, où il monte maintenant le cheval récupéré. Ne sachant pas s'il s'agit de brigands ou de simples civils et préférant éviter de laisser une "scène de crime" qui mette la puce à l'oreille du convoi, les mercenaires bascule le corps dans le torrent et dégage vers l'aval, histoire de dépasser leur éboulement avant d'être vus. Emportant la tête pour la brûler plus tard, Herle s'élance sur le chemin à la suite de ses camarades. Ce n'est que lorsqu'ils ralentissent au bas de la gorge qu'ils s'avisent qu'ils ont oublié Andréas et La Poigne, à qui Vighnu avait ordonné de rester près du chroniqueur pour le protéger : <br />
<br />
«_''Non mais ils sont pas débiles, non plus, ils auront dégagé en nous voyant passer... <br><br />
_''On parle de La Poigne là : le gars qui reste allongé près de l'arbre les yeux fermés pendant qu'on poursuit un cavalier parce qu'on lui a dit de faire "semblant de rien". <br><br />
_''Bon, Oleytan, tu retournes les chercher à pied en passant par les crêtes, on se retrouvera près du gué.» <br><br />
<br />
Et le matériel chargé sur le cheval, notre commando hautement qualifié repart d'un pas tranquille sous la bruine persistante.<br />
<br />
=== Reflexions ===<br />
<br />
Sous les pas des mercenaires, une plaine vallonnée, couverte de hautes herbes et parsemée de bosquets, succède bientôt à la forêt escarpée. Une éclaircie illumine le paysage et, quoiqu'en regardant régulièrement par-dessus leur épaule, les PJ en profitent pour sécher un peu en devisant sur la suite. Ce n'est qu'en arrivant au bord du fleuve que Herle insiste pour faire une pause et observer sérieusement les environs, des fois que les Démonistes (''"Mais c'est juste des petits truands qui se donnent un genre ! _Des dé-mo-nistes !"'') aient posté un autre guetteur ou que la première caravane soit encore à portée de vue. Les abords de l'[[Anil'wel]] ("la Rivière du Passé") sont remarquablement calmes, mais la profondeur des empreintes de chariot laissées sur la berge intrigue le templier : <br />
<br />
«_''Qu'est-ce qu'il y avait exactement dans ces chariots, Eldan ? <br><br />
_''Heu... un de draps et fourrures, un de ferronnerie, chaudrons, ce genre de trucs, et puis un p'tit chariot de matériel, les vivres de l'escorte, tout ça. <br><br />
_''Grand et gros, le chariot de chaudrons ? <br><br />
_''Pas très non, pourquoi ? <br><br />
_''Parce je commence à me dire que si j'étais un maître-contrebandier qui se méfie d'une attaque sur le convoi le plus important de l'année, j'aurais peut-être bien camoufler le vrai chargement dans la première caravane et tendu une embuscade autour de la seconde…» <br><br />
<br />
Après avoir passé le fleuve, et puisque la journée touche à sa fin sous les nuages noirs qui s'accumulent à l'est (''"Gros orage en provenance de la mer, annonce le Moineau. _Trouve-nous un bon site de bivouac, faut qu'on puisse se reposer ce soir."'') le groupe discute toujours de ses soupçons en interrogeant Eldan sur milles détails, puisqu'ils est le seul parmi eux à s'être rendu en ville et à avoir observé les préparatifs de départ. Montant un campement étonnamment confortable à base de branchages installés entre de gros rochers, sur les contreforts des hauts plateaux à l'ouest de la route (en limite de zone 4, sur la carte) et bientôt rejoints par Oleytan suivi d'Andréas juché sur le dos de La Poigne, l'équipe continue de réfléchir à l'idée du Templier.<br />
<br />
Et, à force de se creuser la cervelle, Eldan commence à se remémorer divers détails troublants (les mises en garde du Capitaine ; la désertion du Carafon (d'ordinaire quartier-général des truands et en particulier des séides de Jorem Cuivré) ; Jornil qui pressait le premier convoi de partir au point de payer une partie des frais de l'escorte, finalement un peu excessive pour des marchandises sans grande valeur et comptant assez peu de cavaliers pour que le troupeau de chevaux soit sa principale préoccupation ; les drôles de "barbares" qui trainaient à l'Hostellerie avec Diane), Andréas raconte sa première rencontre avec les Chacals au Cercle des Cascades, Vighnu et Eldan ajoutent leurs connaissances sur la pègre du nord... Il leur faut un moment pour constituer une théorie viable mais, lorsque Herle de Lorune revient de l'incinération de la tête tranchée, ses compagnons se sont rangés à son avis : le butin est caché dans la première caravane (qui n'a que 3 ou 4 heures d'avance sur eux et a du elle aussi s'arrêter pour la nuit), et le deuxième convoi est un piège à leur intention, pour lequel Jornil a embauché les Chacals, originellement venus des Sylves, tout comme [[Urgrand]] le sorcier barbu qui les a mis en relation avec les rebelles.''"Je vous avez bien dit que c'était des démonistes ! Quand on aura fini cette mission, faudra faire la peau à ce sorcier. _Nous en reparlerons certainement, sourit Vighnu."''<br />
<br />
=== Interlude Lointain ===<br />
<br />
Pendant ce temps à Tal Endhil, le Capitaine prend [[Ranyella Sotorine]] à part à la fin d'une des nombreuses sessions qui occupent la Guilde depuis le début de la semaine et, alors qu'il voulait lui parler transport nautique et diplomatie locale, la cheffe kerdane lui remet 4 pièces d'argent : ''"À quel titre ? _Une de vos mercenaires a envoyé un message à Écume 6 en demandant qu'on lui envoie une barge au Lac d'Acier. La réponse est que nous avons déjà perdu une barge récemment, que ma famille a autre chose à faire et que la mercenaire en question a perdu le privilège de faire appel à nous : vous seriez gentil de transmettre. _Oh... merde !"'' <br><br />
Et le Capitaine fonce illico au Cercle des Cascades, insiste pour parler urgemment à quelques chamans de sa connaissance et fini par demander à [[Kal Shemon'Lon]] de bien vouloir passer un message à Vighnu et Andréas : ''"Seulement si j'peux mett' un monstre marin. Ça donne du cachet aux visions, les monstres marins. Hihi."''<br />
<br />
<br />
<br />
== Infiltration ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Soirée à Solerane (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
À l'Hostellerie des Moindres, après qu'Eldan soit passé en coup de vent lui déposer une dague empoisonnée (''"T'aurais rien de plus liquide, pour épicer les vivres de l'escorte ? _Ah heu ben non, mais j'vais demander à l'apothicaire."'': jamais revenu), Diane fait connaissance avec ses futurs compagnons de route : si les deux "barbares" au poil noir et à l'air revêche ne font toujours aucun effort pour converser dans la Langue des Pères, elle découvre que le jeune "chevalier errant" Trevan de Rigorne et son fidèle écuyer sont venus au nord "en quête de gloire et d'aventure" et que, malgré leur bref engagement dans les troupes mercenaires (''"parce qu'on y voit plus d'action !"''), l'aventure leur a fait jusqu'ici plutôt défaut : une escorte de caravane vers Celanire (et quelques troubles sur place dus à l'arrivée d'un nouveau prêtre assez radical), mais toujours pas de glorieux combat. Ils comptaient s'engager dans les troupes d'un héros local, le fameux Capitaine Durgaut de Tal Endhil ("Qui ? Non, 'connais pas...") mais comme Trevan est incapable de réduire son train de vie, les voilà pour l'instant fauchés et ils repartent vers Darverane avec le fourgon de métal, dont le jeune chevalier espère bien qu'il sera attaqué (pour se couvrir de gloire), afin de gagner assez d'argent pour un second cheval (Gavin l'écuyer se plaint de courir derrière depuis deux mois).<br />
<br />
Un très bref duel d'entraînement avec lui permet par contre à Diane de constater que Trevan est extrêmement bien entraîné à l'épée, malgré son inexpérience du combat réel et sa rafraichissante "naïveté". Si son écuyer a d'avantage les pieds sur terre, Diane ne doute pas de pouvoir par contre les manipuler (et ne se préoccupe pas plus que ça d'aller jeter un œil au fourgon ou à la mine).<br />
Elle rencontre bientôt [[Thuril le Brun]], le massif forestier accompagné de deux dogues en charge de guider le convoi, qui vient les avertir d'être prêts le lendemain avant l'aube.<br />
<br />
=== Rêves collectifs (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
Pendant qu'elle dort tranquillement à l'Hostellerie, le tumulte de l'orage qui s'abat sur la plaine est bientôt interrompu par un hurlement de frayeur : sous son abri de branchage, Vighnu vient de s’éveiller d'un horrible cauchemar, une histoire de barques irrémédiablement coulés et de monstre marin qui le dévorait. <br><br />
<br />
«_''Ça commençait par un faucon ricanant dans la nuit et finissait par un petit oiseau qui te guidait vers un sentier lumineux dans la montagne, demande Andréas ? <br><br />
_''Heu... oui, mais je t'avoue que je me suis réveillé après le poisson géant. <br><br />
_''C'est drôle, moi j'ai juste vu une espèce de grosse murène rôder dans l'eau, mais à part ça, je pense qu'on a fait le même rêve, envoyé par Kal Shem'... <br><br />
_''C'est important les rêves, coupe Herle de Lorune, ce sont souvent les Ancêtres qui nous les envoient. <br><br />
_''Voilà. <br><br />
_''J'allais le dire. <br><br />
_''Et dis-donc, le Moineau, un chemin dans la montagne, ça te dit quelque chose ? <br><br />
_''Ah heu...oui. Le Capitaine avait prévu une solution de secours si on trouvait pas d'embarcations, c'est au nord de Celanire. <br><br />
_''Et c'est fiable ? <br><br />
_''Les plans du Capitaine sont toujours fiables ! <br><br />
_''Suis-je bête. Bon ben demain on peut s'épargner d'aller voir si les Kerdans sont arrivés à la presqu'île et foncer plein sud dès l'aurore pour rattraper le convoi...» <br><br />
<br />
=== Départ du convoi (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
Et le jour n'est pas encore levé que Diane, Trevan, Gavin et les deux barbares Sylvains dont elle n'a tiré que les noms ([[Rumbold]] et [[Jaromir]]) rejoignent avec Thuril la mine de cuivre, un véritable petit fortin dont sortent bientôt des cavaliers (dont Craie et Esteval, qu'elle reconnaît et qui la reconnaissent, mais aussi un jeune gandin qui s'avèrera vite être Jorem Cuivré, le fils du grand patron), quelques fantassins supplémentaires, un lourd fourgon de chêne fermé par une porte cadenassées et un petit chariot de matériel tiré par des mules. Retraversant la ville vers la porte basse dans le fracas des roues et des bêtes sur le pavé, le convoi descend laborieusement la route vers le Marchepied en brinquebalant (''"Bloumboudoum font les coffres dans le fourgon fermé. _Super : tu fais vachement bien le coffre. _Okaaay... _Ben quoi ?"'') puis oblique plein sud dans le petit matin.<br />
Très vite, l'arbalétrière comprend qu'entre Craie, Thuril et Jorem, il y a deux chefs de trop dans ce convoi, et en profite pour attiser les inimitiés au sein de l'escorte. Dès qu'elle et d'autres piétons sont employés à retenir les chariots dans la route pentue qui serpente le long du torrent, il lui vient une autre idée pour ralentir le convoi : profitant d'un dérapage du fourgon (''"moins lourd qu'il n'y parait... _Ben tant mieux.") ''<br />
<br />
sur la route bourbeuse, alors qu'elle tirait de l'arrière, Diane s'arrange pour que le véhicule passe sur l'un des cochers descendu pour freiner par l'avant, et le conducteur hurle lorsqu'une des roues de bois ferré lui sectionne la jambe à hauteur du genou. Dégager le pauvre gars et lui prodiguer les soins nécessaires, quoique probablement inutiles (le type ne s'en sortira pas sans un bon chirurgien) stoppent le convoi pendant un long moment. Diane en profite d'ailleurs râler sur la paye, semer encore un peu plus la discorde dans l'escorte et monter Trevan de Rigorne contre Craie en proposant de rentrer à Solerane pour repartir du bon pied, mais l'esclavagiste albinos est vite soutenu par Esteval et, à eux deux, ils ramènent un semblant de discipline dans l'équipage qui reprend la route.<br />
<br />
Toujours attentive aux alentours, Diane commence à avoir l'impression distincte que des bruits de sabots suivent le convoi par les crêtes et, lorsqu'elle propose d'aller voir, Craie insiste pour envoyer plutôt Jaromir et Rumbold, les deux Sylvains. <br><br />
<br />
«_''Dis-donc Trevan, demande-t-elle au jeune chevalier, les deux barbares, là, ils ont été sélectionnés comment ? <br><br />
_''Je ne sais pas, Mademoiselle : je ne crois même pas que le gros sergent les ait mis à l'épreuve, ils ont été embauchés tout de suite. <br><br />
_''Tiens donc..." Et bien sûr, lorsque les deux éclaireurs reviennent "sans avoir rien trouvé", Diane et Gavin espionnent leur bref rapport à l'albinos, la Kerdane entendant quelque chose comme "perdu un gars... <br><br />
_''Dis-leur de garder leurs distances, merde !» <br><br />
<br />
Lorsque le jeune chevalier et un des Sylvains, chevauchant tous deux à l'avant-garde, signalent un l'éboulement barrant la route, le convoi s'arrête à nouveau, l'escorte se déploie en position défensive et la Kerdane décide d'escalader le pierrier pour en avoir le cœur net : trouvant les empreintes de deux paires de très grands pieds, elle déduit que l'éboulement est l’œuvre de La Poigne et du Défroqué, mais préfère inquiéter les autres pour perdre encore du temps. Le convoi ne repartant qu'après avoir utilisé les mules pour traîner le sapin tombé hors du chemin, Diane s'installe à côté de Thuril le Brun sur le banc du fourgon et entreprend de lui expliquer qu'il se passe des choses très bizarres autour de ce transport, surtout que les Sylvains et Craie semblent comploter un truc bizarre avec des cavaliers qui les suivent [Réaction de Témérité à 5]. Manifestement surpris (et convaincu), le Brun essaye pourtant de dissiper les soupçons de la Kerdane mais ne parvient qu'à éveiller de nouveaux doutes : le guide serait-il de mèche avec d'autres gars voulant braquer le convoi ?<br />
<br />
=== Fuite meurtrière ===<br />
<br />
Avec tout ce temps perdu, il fait déjà presque nuit lorsque la caravane fourbue s'installe pour camper juste avant le gué et que Craie insiste pour envoyer les deux Sylvains et Diane "chercher du bois pour le feu", à bonne distance du camp puisque les premiers bosquets sont à plusieurs centaines de mètres. Méfiante, la Kerdane avertit Gavin et ne suit les deux barbares qu'en traînant les pieds et son arbalète sous le bras, le temps de chercher une solution : elle observe le terrain en détail, évalue les distances... Lorsqu'elle réalise que Craie et Esteval arrive derrière elle depuis le camp alors que les Sylvains la prennent en tenaille par l'ouest, elle se penche pour ramasser une branche morte... et disparaît complètement dans les taillis et le soir qui tombe.<br />
<br />
[À 4 contre 1, Diane est sérieusement dans la mouise, surtout qu'Orlanth refuse d'employer ses pH pour autre chose que progresser. Mais briefé en détail sur les options tactiques d'un sniper et anticipant finement sur ses Mises, il va commencer par un énorme jet de préparation, dégageant 16 pts de bonus temporaires qui ne vont pas être de trop...]<br />
<br />
Transmettant des indications par signes aux deux Sylvains, Craie et Esteval resserrent l'étau autour de la Kerdane... Du moins le croient-ils car, camouflées dans un bosquet à quelques distance, elle se trouve déjà hors de "l'encerclement" et visant soigneusement, elle attend le bon moment pour tirer en comptant sur la fatigue et la tension de ses adversaires. Et lorsque que, croyant avoir vu un buisson bouger, Craie fait claquer son fouet dans le feuillage, l'arbalète claque sans être entendu et Esteval s'écroule sans un râle, un carreau lui ayant perforé le crane par l’œil gauche. Jaromir, l'éclaireur sylvain qui progresse discrètement l'arc tendu, est maintenant la cible la plus excentrée : Diane recharge et lorsque l'albinos -dont les longs cheveux blancs se distinguent nettement malgré le crépuscule- se retourne pour appeler à voix basse son camarade disparu, un second trait claque et se fiche dans la trachée de l'archer, qui s'effondre en gargouillant du sang.<br />
<br />
Immédiatement, Rumbold et Craie comprennent qu'on leur a retourné l'embuscade et cherchent un couvert, mais l'esclavagiste commet l'erreur de vouloir reprendre l'offensive : dégainant son tranchoir et ré-enroulant son fouet, il s'élance en zigzaguant entre les rares bouleaux pour atteindre l'origine du tir... où Diane n'est déjà plus. Et lorsqu'il se retourne pour la chercher du regard, un carreau l'atteint en plein front. <br />
<br />
Alors que des voix commencent à se faire entendre vers le campement, le dernier Sylvain récupère l'arc de son compagnon et, restant prudemment à couvert, scrute le sous-bois en se déplaçant silencieusement vers l'ouest et les profondeurs de la forêt. Rumbold lâche une flèche lorsqu'une ombre se détache brièvement parmi les arbres mais manque de plusieurs coudées, et les deux tireurs continuent leur lente et silencieuse danse parmi les taillis, s'éloignant toujours plus du camp vers la forêt, chacun cherchant à repérer sa cible autant qu'à réduire la distance en restant à couvert... Mais lorsqu'il atteint une longue clairière, le Sylvain doit choisir s'il s'arrête ou s'aventure à découvert et, manifestement décidé à continuer vers l'ouest ou les arbres sont plus dense [et lui permettrons de réduire l'avantage fournit par la portée de l'arbalète], il s'élance soudain au pas de course : il n'a pas fait 10 pas qu'un carreau le cueille en pleine cuisse. Il riposte pourtant, mais manque encore et, étalé dans les hautes herbes, à flèches, il a le réflexe de ne plus bouger et d'attendre que la Kerdane soit obligée de s'approcher : lorsqu'une silhouette blonde apparaît, il se redresse sur un bras pour lancer sa hache mais un dernier carreau lui perce le crâne avant qu'il ait pu finir son geste.<br />
<br />
Accroupie à la lisière des bois, Diane écoute la nuit en reprenant son souffle : s'il lui semble entendre un lointain piétinement de sabots dans la forêt, une chouette ulule à l'ouest quand elle reconnaît le timbre de Trevan approchant par l'est et appelant à mi-voix "Mademoiselle ? Mademoiselle ?". Elle fouille rapidement le corps de Rumbold, récupère le projectile qui saillit de sa jambe et, en plus d'un curieux appeau, d'une solide dague, de quelques pièces de cuivre et d'un lacet d'étrangleur, elle découvre un curieux tatouage sur son sternum, une sorte de loup très mince sur fond d'étoile et de forêt. Soufflant tout bas dans l'instrument, elle émet une sorte de ululement et comprends que d'autres Sylvains appelaient leurs compagnons. <br />
<br />
Quand le jeune chevalier la rejoint enfin, troublé de constater qu'elle vient d'abattre 4 hommes dont leur chef (et qu'il a encore manquer l'action), elle n'a guère le temps de lui expliquer la situation en détail mais, avec l'aide de Gavin qui finissait de fouiller les corps, parvient à le convaincre qu'elle est "la gentille" de l'affaire. Et qu'ils sont tous en danger : il faut fuir, tout de suite, sans repasser par le camp. ''"Mais je ne peux tout de même pas abandonner mon destrier, proteste le "chevalier errant" ! _Et puis j'ai trouvé la clé du fourgon autour du cou de Craie, fait remarquer Gavin : ça vaudrait le coût de jeter un œil..."'' (On pourra pas dire que j'ai pas essayé.) <br />
Diane hésite un instant, car la tentation est forte, mais se ravise et, tirant doucement le chevalier confus par le bras, elle l'entraîne avec son écuyer vers le fleuve, contourne le camp par la rive, trouve le gué malgré la nuit et, alors qu'un fort tumulte et une cavalcade semble agiter le bivouac derrière eux, ils disparaissent dans la nuit et les flots grondant...<br />
<br />
Ils marchent depuis plus d'une heure, que le chevalier a passé à se plaindre de la perte de son cheval, du poids de son pavois et de ses pieds douloureux, lorsque Diane et Gavin réalisent que des cavaliers sont à leurs trousses : quittant le chemin pour tailler à travers bois, le trio sème temporairement ses poursuivants dans l'épaisseur des taillis et tente de prendre un maximum d'avance avant l'aube (passant sans le savoir à peu de distance de l'endroit où, la nuit précédente, ses compagnons ont campé pour s'abriter de l'orage).<br />
<br />
<br />
<br />
== Dernier tronçon ==<br />
<br />
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<br />
=== Sabotage d'un chariot ===<br />
<br />
Durant la journée, Vighnu, Andréas sur le cheval, Herle de Lorune, Eldan, Oleytan, le Grêlé et la Poigne ont continué d'avancer à marche forcée sur la route forestière (segment 4 du trajet) détrempée tant par l'orage de la nuit que par les quelques ruisseaux qui s'écoulent vers le lac, grossis des eaux de pluie. Eldan, le plus leste de la bande, a rapidement pris de l'avance sur le reste du groupe en espérant rattraper la caravane assez tôt et trouver moyen de la ralentir jusqu'à ce que ses camarades le rejoignent. Et en effet, lorsque l'après-midi touche à sa fin et que le Moineau émerge de la forêt (début de zone 5), il découvre le troupeau de chevaux paissant tranquillement dans la grande prairie en bordure du Lac d'Acier, près des trois chariots arrêtés au bord du chemin entre lesquels les voyageurs ont allumé un petit feu pour sécher leur paletots. La moitié d'entre eux prennent d'ailleurs le soleil ou nettoie leur vêtements bourbeux sur la berge pendant que les autres cassent la graine et se reposent de la rude journée qu'ils viennent de passer à pousser les carrioles dans le chemin forestier tout à la fois étroit, sinueux, bourbeux, rocailleux et coupé par les crues miniatures (argl).<br />
<br />
Profitant des hautes herbes et de ce que seulement trois sentinelles semblent encore (vaguement) se préoccuper de monter la garde, le Moineau progresse par l'ouest, traverse la route sans être vu et se glisse subrepticement jusqu'au chariot de ferronnerie. Il entreprend alors d'arracher avec sa dague les clous qui maintiennent une des roues arrières sur l'essieu, mais il n'a pas tout à fait le temps de finir que l'arrivée de l'unique sentinelle à cheval, qui commence à réunir les chevaux égayés e vue du départ, l'oblige à se dissimuler sous la carriole. Son mouvement d'ailleurs trop vif et trop peu discret fait se cabrer l'un des chevaux, la sentinelle descend de selle pour voir ce qui se passe alors qu'une autre est descendue du chariot de draps (étrangement le seul où un garde soit resté en faction) : Eldan, bientôt coincé, ne s'échappe qu'en profitant d'un instant d'inattention né du chef de convoi qui bat le rappel de ses compagnons, juste le temps pour lui de retraverser la route et de s'éloigner en rampant dans les hautes herbes. Néanmoins, la roue d'un des chariots ne tient plus que par un clou et l'éclaireur a reconnu l'homme qui gardait le chariot "de draps" : c'est [[Darjodrahl]], le garde du corps/assassin hornois de Jornil Cuivré en personne, et sa seule présence indique qu'ils ont vu juste...<br />
<br />
[Là, vous comprendrez que j'ai un problème spatio-temporel massif : Diane/Orlanth a toujours environs 24h de retard sur les autres joueurs, qui eux sont à moins de 24h de l'objectif réel, et d'ailleurs la caravane va arriver à l'Auberge du Pont. Si je laisse tourner la chronologie normalement, Diane ne rattrapera ses compagnons que bien plus tard, probablement après que l'action soit terminée : c'est vraiment con. Alors comme pour une fois j'ai mes 4 joueurs-combattants ensemble (ça n'a a été le cas que deux séances sur sept), je fais une entorse à mes principes pour mon Orlanth préféré, Diane passe donc à travers une faille temporelle et rejoint ses camarades, qui pour la plupart n'y ont vue que du feu.]<br />
<br />
=== Regroupement et combat (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Trevan, Gavin, Diane) ===<br />
<br />
À la lisière des bois, le reste de la troupe s'est arrêté pour faire une halte après 10h de marche forcée qui lui ont "presque" permis de rattraper le convoi, lorsque Oleytan à l'arrière-garde annonce trois piétons mal en point qui clopinent vers eux : c'est Diane la Kerdane et deux inconnus, dont un sérieusement blessé. Le trio de fuyard a en effet été rejoint par quelques cavaliers-chacals dans la journée et, lorsqu'un bref combat, Diane en a abattu un de plus, Trevan en a blessé un deuxième et le troisième a planté sa lance dans le flanc du pauvre Gavin avant d'être "héroïquement mis en déroute" par le chevalier errant (et donc il s'est barré, quoi). Rapidement mis au courant des mésaventures les uns des autres malgré l'insistance du chevalier qui veut savoir s'ils sont des "malandrins" (''"Ben heu... on est des bandits d'honneur qui volons aux riches pour donner aux pauvres et défendons les petites gens contre l'oppression._Vrai ? Quelle aventure ! Je suis bien content de vous avoir rencontrés et de pouvoir joindre mon épée à votre noble cause ! _C'est qui ce débile, exactement ?"'')<br />
, tous s'accordent à dire que les deux priorités du moment sont qu'ils ont 1) encore une petite heure de retard sur leur objectif et 2) seulement une courte avance sur les 6 ou 7 cavaliers qui poursuivaient encore Diane, Trevan et Gavin. ''"Ça tombe bien, ''fait remarquer Vighnu'' : on va avoir besoin de chevaux."''<br />
<br />
Une fois l'équipe déployée autour de l'appât constitué par Gavin (rapidement rafistolé par Andréas) et Trevan installés au bord de la route, le "combat" est aussi rapide qu'unilatéral : Diane snipe le premier cavalier, le second reçoit une flèche de Herle avant d'être démonté d'un grand coup d'épée par Trevan et si les 4 autres qui les suivaient freinent à bonne distance pour descendre de cheval, ils découvrent vite qu'ils sont encore à porter de tir quand l'arbalète fait une seconde victime et qu'un autre adversaire prend une flèche dans la hanche en descendant de cheval. Les deux derniers, d'abord décidés à profiter du couvert des sous-bois pour arriver au contact voient bientôt le chevalier, le Grêlé, Vighnu et la masse du Templier s'avancer vers eux, et se dispersent dans les taillis dans l'intention manifeste de se carapater. C'était sans compter sur l'inhumaine discrétion de la Poigne, qui éclate à la masse le crâne du malheureux qui avait presque réussi à surprendre l'assassin (longue journée + problèmes de cœur : petite forme, le fehnri) et lorsque ce dernier se met en quête de l'ultime ennemi rescapé, il le trouve affalé sur le ventre et ligoté par le layss d'Oleytan, d'ailleurs assis sur son dos. <br><br />
<br />
«_''Très bien mon gars ! Allez, on le ramène aux autres et... <br><br />
_''Non. <br><br />
_''Je te demande pardon ? <br><br />
_''Non, Vignupratesh : cet homme est mon prisonnier, et il porte un tatouage. Je ne laisserai pas tes cinglés de compagnons massacrer un vaincu. Je comptais le laisser repartir après que nous ayons pris du champ. <br><br />
_''Mais c'est une très mauvaise idée, mon ami : il va rejoindre ses compagnons... <br><br />
_''C'est son droit. <br><br />
_''...les alerter sur notre position. <br><br />
_''Bah je peux lui trancher un mollet, si tu veux : il devra repartir en boitant et ne rejoindra les siens que bien après que nous soyons partis. <br><br />
_''Hem... bon écoute, je vais voir où en sont les autres et je reviens vers toi, d'accord ? <br><br />
_''Chouette : tu peux me ramener à boire ?» <br><br />
<br />
Et leur seul autre prisonnier, blessé à la hanche, est une prise inattendue : Jorem Cuivré, soi-même. Terrifié et enfiévré par la douleur, le propre fils du patron-minier balance tout ce qu'il sait dès que Herle et Diane froncent les sourcils : oui, son père se doutait qu'il serait attaquer et a conçu la ruse des deux convois, oui il a embauché les Chacals à sa demande par l'intermédiaire d'un contact qui trafique du sel et d'autres marchandises "tombées du chariot" entre Darverane et Solerane, oui ils se doutaient bien que le Capitaine Durgaut était derrière tout ça mais son père ne pouvait pas se permettre de faire attendre Rhilder. <br><br />
<br />
«_''Mais pas du tout, mes fringants compagnons et moi-même sommes des bandits d'honneur qui volons aux riches pour... <br><br />
_''Non arrête, Trevan, t'es chiant : on bosse pour Durgaut, en fait. <br><br />
_''Quoi ? Palsambleu mais alors vous m'avez roué ! Quelle aventure ! <br><br />
_''Mais vosu êtes cons, pourquoi vous balancez un truc pareil devant le prisonnier ?! <br><br />
_''Parce qu'il va pas repartir de toutes façons..." explique Vighnu avant de lui trancher la gorge [Réaction Cynisme 5 : ouch !].<br />
Et abandonnant ses compagnons avec le chevalier errant qui fait un scandale, il entraîne Diane vers l'endroit où il a laissé Lerkoren Oleytan en lui expliquant la situation : <br><br />
_''Mais quel chieur ! 'Sont tous comme ça vos venteux ? <br><br />
_''C'est pas la question : je compte sur toi pour abattre le prisonnier après qu'on l'ait "libéré". <br><br />
_''Pas de problème mais faut pas que le môme me repère... <br><br />
_''Je t'aiderai.» <br><br />
<br />
Et, en effet, Vighnu fait assez de boucan en rejoignant son jeune ami pour que l'approche de la Kerdane passe inaperçue : une fois le prisonnier ahuri rendu à la liberté sans arme et avec un talon d'Achille tranché (''"Rhaaaaaaaaa ! _Pis traîne pas mon gars, parce qu'avant la nuit, y aura des loups..."''), Vighnu ramène Oleytan vers leurs compagnons en l'entretenant de ses soucis sentimentaux, que le jeune Elloran ne comprend que trop bien. Cette émouvante confession les empêche d'entendre le claquement d'une arbalète qui vient de mettre fin à une très brève fuite, après quoi Diane rejoint les autres pour récupérer les carreaux qui, ayant atteint des parties molles, peuvent encore être extraits à la dague (faut dire qu'elle n'en a plus que 7, avec tout ça). <br><br />
Le temps de répartir les désormais 9 cavaliers, dont un blessé, sur les 7 chevaux disponibles (_''Quelle malchance : aucun d'entre eux ne montait mon cher destrier ! _Couillon, moraliste et obsédé par son canasson : il est pas venteux votre chevalier, des fois ?"'') et la troupe repart au galop à la poursuite du convoi.<br />
<br />
Eldan, rapidement récupéré et pris en croupe, explique qu'il a pu confirmer que le butin était dans le chariot de draps et saboter la carriole de ferronnerie, mais que la caravane a repris sa marche et qu'elle a encore repris près d'une heure d'avance. Trottant de leur mieux sur leurs chevaux déjà éreintés, les mercenaires fourbus voient s'amenuiser leurs options en même temps que le soleil couchant : s'ils peuvent encore rattraper leur objectif avant l'Auberge fortifiée (d'autant que la roue déclouée peut céder n'importe quand), il leur faudrait encore prendre le temps de se déguiser en Kormes, abandonner pour cela leur matériel le plus avantageux, attaquer en plaine, couper la fuite à quiconque sauterait sur un des 50 chevaux pour donner l'alerte, défaire une quinzaine de "gardes" (dont au moins 4 professionnels dignes de ce nom et Darjodrahl) à seulement 8 combattants, rafler le butin et dégager à travers champs avant que des renforts n'ait pu intervenir depuis le fortin : <br><br />
<br />
«_''C'est pas la peine de se casser le cul à galoper, fait remarquer Vighnu : on est tous trop crevés pour se battre efficacement. Il faut trouver autre chose... par exemple s'introduire à l'Auberge du Pont cette nuit, avant que la caravane ne reparte pour Darverane avec trois ou quatre fois plus de monde. <br><br />
_''C'est ça, on va trimballer 200kg de coffres blindés par-dessus les remparts et tout le monde trouvera ça normal. <br><br />
_''J'ai peut-être une idée, propose Eldan : je sais que le chariot de ferronnerie est destiné à Celanire, alors si on pouvait remplacer discrètement le contenu des coffres par des fers à cheval et d'autres objets en fonte pour planquer le butin sous les chaudrons, on aurait plus qu'à attaquer demain matin un p'tit chariot presque sans escorte allant justement dans la bonne direction. <br><br />
_''Mmmmh... et tu ferais ça comment ? <br><br />
_''Ben on j'pourrais entrer à l'auberge avec Gavin en innocent blessé et l'honorable médecin-érudit Andréas, on repère les lieux et le butin, pis on aide Vighnu, Oleytan et tous ceux qui savent grimper et se faire discrets à passer la muraille, pis on s'introduit là où sont gardés les chariots, on se débrouille pour changer le butin de carriole sans faire trop de bruit, les grimpeurs repartent pis, le lendemain, ni vu ni connu, on braque le transport de chaudrons sur la route de Celanire. <br><br />
_''Mais dis donc, tu sais que si on laisse quelques gars à l'extérieur pour éviter que les gars du deuxième convoi nous tombent dessus à l'improviste ou viennent raconter des âneries à la garnison locale, ça pourrait presque marcher, ton affaire ? <br><br />
_''Très bien, jeune homme : je suis ravi de constater qu'on ne t'a pas emmené pour rien...»'' conclue le Défroqué. <br><br />
<br />
<br />
<br />
== A l'Auberge du Pont ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Première nuit ===<br />
<br />
Pendant que le reste du groupe se dissimulait avec les chevaux dans un bois, Eldan le Moineau, Gavin l'Écuyer blessé et Andréas, sous l'identité d'un érudit de Brasure, ont précédé la caravane à l'Auberge du Pont pour observer son arrivée et ses mesures de sécurité. Ils y ont découvert que la herse qui barre le fameux pont était baissée suite à des attaques répétées des Kormes sur la route vers Darverane (qu'on leur avait annoncée "rouverte") : les voyageurs et marchandise s'accumulant alors dans l'auberge envahie de tentes, de chariots et de bien plus de résidents qu'elle n'en peut héberger ou même nourrir, et les prix y grimpaient de manière délirante.<br />
<br />
Une fois les hommes de Jornil Cuivré arrivés et le chariot "de draps" (dissimulant les coffres que visent nos vaillants mercenaires) bouclé pour la nuit dans une grange gardée, Eldan observa les lieux pour chercher le meilleur point d'entrée (la garde mercenaire habituelle est doublée d'un contingent de l'armée régulière qui semble obéir à Darjodrahl, le lieutenant hornois du Cuivré), il manqua d'être lynché en accusant publiquement une jeune tire-laine plus charismatique que lui, Andréas fit le tour de l'auberge sur-bondée et récupéra la bourse volée au Moineau, puis Gavin sortit brièvement pour prévenir ses (autres) camarades de la situation avant que les portes ne soient fermées pour la nuit et tous trois se retrouvèrent au spectacle donné par les saltimbanques dans la cour...<br />
<br />
Les autres mercenaires ont d'ailleurs passé un début de soirée tendu, la journée les ayant laissés sur les nerfs. Tout particulièrement Vighnu chez qui les affres sentimentaux s'ajoutaient à la tension et à la fatigue de cette mission [il trimbale toujours ses deux points de "Trauma" (rebaptisés "Marques" depuis la dernière réécriture du système) dus à ses problèmes avec Islinna) et pète donc les plombs beaucoup plus souvent que d'habitude. C'est d'ailleurs d'autant plus intéressant que, sa principale Réaction étant le Cynisme, le fait même qu'il soit fâché avec sa douce parce qu'il est un assassin cynique l'incite à se comporter en assassin cynique. Comme dit souvent mon collègue "Cancrela", «Ça devrait s'appeler "nÉvrotic"...».] Le fehnri était en fait tellement stressé que lorsque Gavin est venu leur annoncé que le chariot était sous clé et qu'Eldan s'était fait gravement repéré en perdant sa bourse et en déclenchant un esclandre, Vighnu a sorti sa dague pour la lui coller sous la gorge en gueulant "Mais vous êtes complètement cons nomdedju, on peut rien vous confier !". Immédiatement, il a senti l'acier froid de l'épée que Trevan de Rigorne lui posait sur la nuque, Herle de Lorune a dégainé son [[nerhil]] pour piquer la pointe sous le diaphragme du chevalier errant, Diane a braqué son arbalète chargée sur l'oreille du précédent et le Grêlé, passant sa lance entre le fehnri et l'écuyer, a finalement demandé de son habituel ton sarcastique si la mission intéressait encore quelqu'un ou s'ils allaient tous s'entretuer à 300m du butin juste parce qu'ils ne savaient pas tenir leur nerfs. L'assassin a donc rengainer son katara et tout le monde a lentement rangé ses armes en échangeant des regards méfiants : folle ambiance...<br />
<br />
Pendant qu'Eldan "sympathise" avec des compatriotes Anguedais ("du Duché d'[[Anguedale]]"), des bergers occupant la tente la plus proche de la porte de la remise (la verte, sur le plan), Gavin tâche d'en déloger la barre qui la ferme de l'intérieur à l'aide d'un cure-pied (une espèce de crochet pour nettoyer les sabots des chevaux) et n'arrive qu'à la déloger en partie ("J'finira 'pu tard !").<br />
<br />
[Tentative rigolote : Gavin, qu'Orlanth incarne désormais pour éviter de ne jouer que son Arbalétrière confinée à l'extérieur, possède une Ressource "Paquetage" qui n'est définie que comme son aptitude à sortir tout et n'importe quoi du fatras accumulé dans son baluchon à force de chapardages, pour peu qu'il réussisse un jet sous le domaine "Voyage" et avec tous les talents appropriés. Le jet est plus ou moins difficile en fonction de ce qu'il espère tirer de son sac à malice, et il peut y miser d'autant plus d'Énergie que l'objet désiré correspond à ses talents...]<br />
<br />
Après avoir profité de l'enthousiasme du public devant la performance des baladins pour remplir en partie son focus, sa bourse elle aussi bien garnie a permis à Andréas d'accéder à la partie de dés qu'organise pour ses amis fortunés un certain Dorian «le Magnifique», marchand reman particulièrement entreprenant puisque, grâce au courtage, au tripot installé dans une des rares chambres privatives et à la prostitution de son époustouflante maîtresse fehnri, [[Sohashna]], il est probablement la seule personne à tirer quelque profit de son séjour à l'Auberge du Pont. C'est surtout, pour nos mercenaires, le seul autre type assez influent sur place pour avoir obtenu que sa propre roulotte soit elle aussi gardée sous clé dans la fameuse grange... Après quelques coups de dés qui lui ont fait gagner un peu de menue monnaie, Andréas se retire du jeu et de la conversation entre puissants négociants pour lancer le sort qu'il a préparé pour glisser dans l'esprit de Dorian et de sa courtisane une certaine idée fixe : "le commerce ne vaut rien ici, la route ne rouvrira pas, autant retourner à Solerane."<br />
<br />
Frôlant le malaise tant il a investi d'énergie dans sa "Chimère", le chroniqueur s'excuse et prend congé, entendant en partant les deux amants discuter de leur départ à l'aube. Comme Gavin et Eldan (mais du côté de l'étable), il s'installe alors pour dormir quelques heures dans la cour, afin de rester aux premières loges en cas de besoin. En attendant la diversion prévue par ses camarades à l'extérieur, il s'endort malgré les protestations fréquentent des campeurs qui râlent chaque fois que quelqu'un les réveille en faisant du bruit dans la cour, rajoutant un peu de merdier à chaque fois...<br />
<br />
=== Extrait des Chroniques des Marches du Nord d'Andréas Odran ===<br />
<br />
: ''Après avoir réalisé que nous nous étions fait bernés comme des bleus et que le chariot que nous pourchassions n'était qu'un leurre, nous avons quasiment rattrapé le faux chariot de draps. Le plan mis au point par Eldan et Vighnu était d'opérer une substitution entre le coffre que nous recherchons et des ferronneries d'un autre chariot lors de l'arrêt du convoi à l'Auberge du Pont. ''<br />
<br />
: ''J'ai été affecté au groupe d'éclaireurs, en compagnie du brave Eldan et de Gavin, le soi-disant écuyer du soi-disant chevalier errant. Pas mécontent de laisser derrière moi le poète-répurgateur et ses tendances homicides qui me feraient presque regretter feu [[Conrad de Mélanque]], nous avons doublé au large le convoi pour découvrir une auberge absolument bondée, un vaste campement de tentes débordant de ses murs. Moutons et poulets courraient en liberté là au milieu, dans un bazar que d'aucuns auraient trouvé joyeux. Ce n'était pas mieux à l'intérieur, et il me fallu jouer des coudes pour y entrer, tandis qu'Eldan essayait d'interroger des gardes à l'extérieur - comptant sur la camaraderie militaire. Il a rapidement découvert que la route de Darverane n'a jamais réouvert : les quelques marchands qui ont essayé de l'emprunter sont revenus la queue basse et soulagés de leurs biens, et le contingent de gardes de l'auberge s'est vu renforcé. La conversation a ensuite tourné court, pour autant que j'aie bien compris les explications embrouillées d'Eldan : il semblerait que la réputation de la camaraderie militaire soit en fait largement usurpée... ''<br />
<br />
: ''Pendant ce temps, Gavin et moi-même nous frayâmes tant bien que mal un chemin dans la salle de l'auberge bondée, où tout un tas d'individus tentaient d'accéder à un comptoir où l'on servait de la nourriture. Très franchement, les moutons de la cour me parurent plus dignes que cette pitoyable assemblée d'humains se battant pour leur pâtée. Enfin... J'espérais trouver plus de calme à l'étage, il n'en fut rien : l'étage était intégralement couvert de lits et de paillaissades, et la seule zone privative était réservée par un riche marchand et gardée par un mercenaire. J'ai bien tenté d'expliquer à l'un des commis de l'auberge que je ne souhaitais pas partager mes nuits avec une bande de garçons de ferme illettrés, mais celui-ci a pris la mouche (je suppose que c'est un ancien garçon de ferme toujours illettré). Ce serait donc compliqué pour moi d'obtenir un coin tranquille où préparer mes petites diversions...''<br />
<br />
: ''Pendant ce temps, à l'extérieur Eldan assistait à l'arrivée du guerrier hornois escortant la caravane des marchands de draps. Usant d'un subtil mélange de force brute, de regard mauvais et de cette indicible autorité que procure le fait d'être une machine à tuer, le Hornois a rapidement imposé son autorité auprès des gardes, fait entrer le chariot contenant le coffre dans une remise fermée (dont il a conservé la clé), et réquisitionné une chambre et des repas pour ses employeurs. Le reste du convoi, lui, s'installait hors des murs de l'auberge. Et notamment le chariot de ferronneries avec lequel nous comptions faire l'échange. Voilà qui compliquait sérieusement notre affaire. Eldan a aussi appris que la remise en question était occupée par un autre chargement appartenant à un riche et important marchand : des verreries, apparemment. Et ce riche marchand n'était autre que celui qui occupait la grande chambre à l'étage de l'auberge, où parait-il il organise des parties de dés pour tuer le temps en attendant la réouverture de la route. Il aurait déjà plumé certains de ces collègues...''<br />
<br />
: ''Je retrouvai Eldan dans un coin pas trop encombré de l'auberge et nous avons commencé à discuter de nos options. C'est alors qu'Eldan a été bousculé par une jeune fille qui lui subtilisa la bourse confiée par Durgaut. Il l'a arrêtée, mais elle avait déjà passé l'objet du délit à un complice que j'ai pu repérer et suivre. Je l'ai retrouvé dans les latrines où il contemplait le fruit de son forfait. Bien qu'il fut armé d'un méchant coutelas et ait l'air plus costaud que moi, j'ai serré le manche de ma dague en prenant mon air le plus menaçant et je l'ai sommé de me rendre l'argent. De façon incroyable, j'ai dû avoir l'air suffisamment méchant pour qu'il me rende la bourse sans combattre [jet d'Intimidation +1pH !]. Pendant l'intervalle, ce brave Eldan avait accusé publiquement de vol la jeune fille. Celle-ci se lança alors dans un numéro théâtral de fragilité féminine qui aurait bien fait rigoler Diane, et quelques courageux sont intervenus - espérant probablement passer pour des chevaliers blancs et ainsi trousser la donzelle d'ici la nuit. Eldan, pas si brave que cela au final, s'est copieusement fait casser la gueule et je l'ai retrouvé tout ensanglanté dans la cour. Ce fut pour moi l'occasion de m'essayer aux arts dentaires pour réparer la mâchoire du garçon. Je crois que je m'en suis bien tiré, et après tout cette dent cassée lui donne un air aventurier qui devrait plaire à ces dames.''<br />
<br />
: ''C'est alors qu'est advenu l'évènement le plus sidérant de cette soirée : Gavin, le paysan-écuyer, a été pris d'un soudain accès d'initiative et s'est esquivé pour faire un rapport au reste du groupe ! Alors ça ! Que croyait-il le bougre, que nous allions rester sans prévenir nos compagnons ? Je n'en reviens pas, quelle outrecuidance ! Moi qui pensait que les capacités intellectuelles de ce garçon ne dépassaient pas celles de la limace ou du templier, le voilà qui nous donne des leçons d'opérations clandestines. Il va falloir que nous nous reprenions, Eldan et moi. ''<br />
<br />
: ''Au final, nous sommes parvenus au plan suivant : nous restons sur la substitution, et celle-ci s'effectuera directement au sein de la remise, entre le coffre que nous recherchons et le chargement de verreries. De mon côté, je vais essayer d'aller rencontrer le marchant de verreries, probablement au cours d'une partie de dés. Charge à moi de faire usage de toute ma persuasion pour le convaincre de partir le plus rapidement possible vendre sa cargaison à Solerane, où nous l'attendrons sur la route...''<br />
<br />
Notre chroniqueur omet sciemment de préciser que sa fin de soirée fut consacrée à assister au spectacle offert par quelques baladins, dont la jeune fille et l'acrobate ayant subtilisé la bourse d'Eldan, un jeune joueur de vielle à roue et le conteur qui les dirige, un [[Estrani]] nommé [[Horacio]]. <br><br />
Le but d'Andréas était moins de se détendre que de profiter des spectateurs assemblés pour effectuer le rituel de "La Sentinelle au Bal" par lequel il peut tirer de l'Essence magique de l'émotion partagée d'une foule, et ainsi recharger son focus récemment acquis.<br />
<br />
<br />
=== L'éclaireur à abattre (Diane, Vighnu, Le Grêlé, Trevan, Herle, La Poigne, Oleytan) ===<br />
<br />
Grimés en Kormes après un court débat quant à Diane (''"Les femmes Kormes combattent généralement seins nus mais peinturlurées jusqu'à la taille. _Essaye-voir et tu vas pas retrouver tes doigts. Moi j'aurais des fourrures. _Bon, bon..."''), le chevalier errant Trevan de Rigorne et Herle de Lorune surveillent la route depuis les bois à l'ouest du fortin pendant que l'arbalétrière rampe dans les hautes herbes près de la berge sud, se glissant entre les cavaliers qui surveillent la cinquantaine de chevaux qui n'ont pas pu trouvé asile à l'auberge. Lorsqu'elle en effraie quelques-uns en déclenchant un début de panique dans le troupeau, que les cavaliers doivent alors empêcher de piétiner les tentes plantées à l'extérieur, la plupart des gardes aux créneaux du fortin se tournent vers le sud. C'est le moment qu'attendaient Vighnu, Oleytan, La Poigne et le Grêlé pour s'élancer depuis la lisière des bois au nord-ouest : le fehnri est le premier à franchir le rempart dans l'ombre de la tour ouest, profitant de l'angle mort repéré par Eldan. Le jeune Elloran le rejoint avec aisance et redescend dans la cour sans être vu, pendant que Vighnu place le grappin et la corde qu'ils trimballent depuis Tal Endhil pour faciliter l'escalade des suivants, puis rejoint son camarade au sol et tout deux se cachent un instant sous l'arcade de la chapelle ("Ch") pour observer l'endroit : Andréas dort à poings fermés à quelques pas d'eux, un garde est toujours en faction devant le portail de la grange et, en plus de ceux qui surveillent l'extérieur depuis les deux tours, un autre patrouille la cour. Mais le vrai danger semble venir d'une lucarne à l'étage de l'étable, où se trouve les chambres "de luxe" : derrière un volet, un rai de lumière trahit la présence d'un homme de Darjodrahl surveillant la cour.<br />
<br />
Derrière eux, La Poigne peine à glisser sa panse entre les créneaux, manque d'être repéré mais s'encoigne dans l'angle de la tour ouest avant d'être rejoint par le grêlé... lorsqu'une cavalcade isolée sonne sur la route au dehors et que la sentinelle au-dessus d'eux crie soudain "Qui va là !?".<br />
<br />
En rejoignant Trevan et Herle, Diane avait elle-même repéré le cavalier, reconnu un des hommes de Jornil qui accompagnait le soi-disant "convoi de métal" et tenté de l'abattre à l'arbalète avant qu'il ne puisse s'annoncer à l'Auberge bouclée pour la nuit. Mais son unique tir manqué de tout le scénario s'est perdu loin de la cible sans même être remarqué et, freinant au pied de la tour ouest, le cavalier n'est finalement à portée d'arc que lorsque le garde l'a déjà remarqué : sans savoir où en sont leur camarades ni s'il peut les mettre en danger, le trio hésite à abattre l'arrivant juste le temps qu'un autre membre de la caravane, qui montait la garde à l'extérieur près des tentes des marchands de chevaux, ne le reconnaisse et viennent à sa rencontre... ''"Ouvrez les portes !"'' crie la sentinelle à l'intention de ses collègues.<br />
<br />
Du rempart, le Grêlé indique par signe à Vighnu qu'ils ont un sérieux problème : le reste du commando comprends qu'il leur faut d'urgence neutraliser ce messager nocturne qui pourrait compromettre toute leur opération. Heureusement, près du portail que deux autres gardes s'apprêtent à ouvrir, Gavin qui ne dormait que d'un œil commence à râler : ''"On veut dormir ! N'ouvrez pas la porte ! Si ça se trouve, c'est des Kormes !"''. Les protestations sont bientôt reprises par ses voisins, et Gavin envenime la situation pour gagner du temps, poussant un des nouveaux copains anguedais d'Eldan à aller se plaindre aux deux soldats qui déverrouillent la porte en arguant qu'ils ont payé pour la protection de l'auberge et que le couvre-feu vaut pour tout le monde. Le ton monte bientôt à travers toute la cour lorsque Andréas se joint aux réfugiés mécontents et en convainc une poignée d'aller gueuler auprès des hommes en faction au pied de la grande tour. <br />
<br />
Profitant du merdier, le Grêlé et La Poigne se sont introduits dans la tour ouest, ce dernier a tué la sentinelle et l'autre ouvre maintenant la porte du rez-de-chaussée à Vighnu et Oleytan : pendant que le Grêlé enfile la livrée du soldat pour le remplacer à son poste, les trois autres montent au rempart sud et le longent jusqu'à la petite porte de bois qui donne sur le grenier de la grange. Dégainant sa dague, il travaille alors à en faire sauter la barre...<br />
<br />
Sentant la situation dégénérer à l'intérieur du fortin où des archers sont apparus en haut de la grande tour- et parce que les caravaniers installés à l'extérieur commencent à vouloir se joindre aux deux hommes qui cognent au portail, Diane, Herle et Trevan (toujours déguisés en Kormes et surveillant les événements depuis la lisière des bois) décident de passer à l'action : le plus proche gardien de chevaux est abattu d'un carreau d'arbalète dans la poitrine, deux flèches descendent simultanément un caravanier armé et une sentinelle mal avisée et le trio se rapprochent à couvert des chariots et des tentent qui bordent le chemin vers le pont, bien décidé à réduire le messager au silence avant qu'il n'ait pu parler aux gardes ou à Darjodrahl le Hornois...<br />
<br />
=== Emeute et mort de Darjodrahl (Vighnu, Oleytan, Andreas, Eldan, Gavin, La Poigne) ===<br />
<br />
Dans la cour, Andréas voit arriver un garde de plus et l'engueulade devant le portail toujours fermé (et à l'extérieur duquel deux types gueulent ''"Ouvrez ! C'est important ! Un messager de Solerane !"'') tourne bientôt à l'empoignade : un des soldats pointe sa lance sur Gavin, Eldan se tient prêt à agir, l'autre soldat repousse brutalement le berger... et le chroniqueur lance discrètement un sort pour attiser la colère de la foule. Immédiatement, les protestations tournent à l'émeute et plusieurs résidents se jettent sur les soldats sortant de la Grande Tour. Gavin saisit la lance qu'on pointait sur lui et tente de désarmer le garde, écopant d'une méchante estafilade à l'épaule et les deux hommes luttent pour l'arme lorsque Eldan surgit et décapite le soldat par derrière, éclaboussant de sang le pauvre écuyer qui en reste un instant interdit.<br />
<br />
Le second soldat qui s'était précipité pour ouvrir le portail se retourne et n'a que le temps de dégainer son arme avant que le Moineau ne se rue sur lui en brandissant sa lame ensanglantée : le garde esquive une première fois, recule pour éviter un coup de lance de Gavin et le Moineau (très en forme) l'empale contre le portail. Derrière eux, sans armes ni grand talent pour la bagarre, les émeutiers amateurs se font rapidement tailler en pièce par les soldats et mercenaires de plus en plus nombreux à sortir du donjon...<br />
<br />
À peine Vighnu et La Poigne ont-ils fait un pas dans le grenier enfin ouvert que Lerkoren Oleytan arrête le fehnri d'un geste : il lui semble distinguer une silhouette dans le grenier obscur. Repéré, le Hornois jaillit et -avant que quiconque n'ait pu réagir- son épée à deux mains ouvre un profond sillon dans le thorax de La Poigne. Le colosse vaincu n'a pas encore touché le sol que Vighnu a déjà lancé une dague empoisonnée qui croise l'épée s'abattant sur lui : sa parade précipitée au katara aurait été insuffisante si Oleytan n'y avait pas joint son précieux arc à double-courbure, la lame hornoise déviant en tranchant dans le bois. Le fehnri pare une nouvelle attaque avec l'aide de l'Elloran, utilisant la corde de son arc pour lier un des bras de Darjodrahl, et se fend pour planter son katara dans la poitrine du Hornois pendant que, à peine relevé, La Poigne lui abat en chancelant sa masse d'arme sur l'occiput : à la fois empoisonné, poignardé et assommé, l'ennemi s'effondre sans un cri sur le plancher disjoint.<br />
<br />
Dehors, quatre "émeutiers" ayant été tué en un instant, Andréas reflue vers le fond de la cour avec les autres réfugiés vers le maintenant horrifiés de la tournure de leurs protestations. Entre les archers qui pointent maintenant leur flèches vers la cour et les soldats qui ont envahi la cour, Gavin comprend également que leur petite émeute a fait son temps et lâche la lance pour se réfugier dans une tente comme n'importe quel innocent apeuré par les événements. <br />
Eldan n'a pas la même présence d'esprit et, lorsque trois hommes d'armes avancent vers lui, l'adrénaline qui bat dans ses veines le pousse à tenter de leur tenir tête. Deux blessures plus tard, acculé contre la porte de la remise, il ne peut que faire mine de se rendre en posant piteusement le glaive hérité de son père pour se donner le temps de décrocher derrière lui la barre de la porte, déjà à moitié dégagée par Gavin quelques heures plus tôt. Lorsque les gardes avancent pour l'arrêter, Eldan bondit par la porte soudain libérée, claque le battant au nez des soldats et replace la barre avant qu'ils n'aient pu l'en empêcher.<br />
<br />
Lorsqu'un carreau d'arbalète cloue soudain le crâne du messager contre le portail de l'auberge, son compagnon s'arrête net de cogner pour qu'on lui ouvre mais n'a que le temps de pousser un cri avant qu'une flèche de Herle le réduise au silence. Désormais repéré mais toujours déguisé, le Défroqué décide d'exploiter au mieux la situation et s'avance à découvert en hurlant l'un des rares mots de lange des Vents qu'il maîtrise à l'attention des défenseurs : "KOOOORME !" scande-t-il en défiant les hommes aux créneaux, qui lui répondent à coups de flèches.<br />
<br />
=== La Grange (Vignu, Andreas, Le Grêlé, La Poigne, Eldan, Oleytan) ===<br />
<br />
S'étant fait ouvrir la porte de la tour ouest par Le Grêlé, Andréas le suit par les remparts jusqu'au grenier où Vighnu tente maladroitement de panser les blessures de La Poigne. Andréas n'obtient guère de meilleurs résultats pendant que ses compagnons descendent dans la grange où Eldan arrivent bientôt par la remise. ''"Les gardes sont à mes trousses"'' explique-t-il bien inutilement puisqu'on les entend marteler la porte barrée. D'autres coups et des voix retentissent bientôt au portail verrouillé de la grange : ''"Darjodrahl ? Un type vient de rentrer par la remise, est-ce que tout va bien ?!"''.<br />
<br />
Nos voleurs échangent des regards atterrés, Le Grêlé colle une taloche à Eldan pour sa peine et le corps sanglant du Hornois continue de goutter un sang poisseux à travers le plancher du grenier pendant que les gardes s'énervent à l'extérieur quand, finalement, Vighnu tente d'imiter le phrasé rogue et guttural de son ami Barbaras :'' "Ouais ! J'l'ai vu mais il s'est tiré ! Tout va bien !" ''répond-il avec son meilleur accent Hornois. Quoiqu'un peu hésitant, le garde de faction finit par répondre ''"Faîtes attention quand-même, hein, on dirait bien que des Kormes sont à nos portes..."'' mais s'éloigne lorsqu'un grognement de hornois met fin à la conversation.<br />
Alors que tous soupirent de soulagement, Oleytan les avertit depuis le grenier d'où il surveillait les alentours par la porte du grenier, ouvrant directement sur la cour : <br><br />
<br />
«_''Pssst, y a des guerriers plein les remparts et c'est la panique dans tout le fortin. Qu'est-ce qu'on fait ? <br><br />
_''Et surtout, qu'est-ce qu'on va faire demain, quand il faudra ouvrir la grange pour laisser partir la roulotte de Dorian et qu'ils trouveront le corps de Darjodrahl ? <br><br />
_''Surtout qu'Eldan est maintenant complètement grillé, pis y a des gars qui risquent de finir par l'identifier... <br><br />
_''Et j'ai perdu le glaive de mon père." ajoute l'intéressé d'un ton chagrin.» <br><br />
<br />
Mais à l'extérieur, les appels redoublent et les soldats commencent à vérifier toutes les portes à la recherche de "l'espion des Kormes" qu'ils croient poursuivre...<br />
<br />
=== Feinte (Le Grêlé, Eldan) ===<br />
<br />
Dehors, Trevan a sauté sur un cheval qu'il cabre en brandissant sa lame juste au-delà de la portée des archers, pendant que Diane récupère ses carreaux, aussi précieux que compromettants, sur les corps qui lui sont accessibles. Un cri retentit alors sur le rempart sud : ''"Il est là ! L'espion Korme s'enfuit par l'ouest !"'' Après avoir ainsi ameuté tout le monde dans et hors les murs, Le Grêlé, toujours en livrée de la garde se précipite vers la tour ouest suivi par Eldan. Après s'être barricadé, ils rejoignent bientôt le sommet. ''"Il est là ! Attention ! Il va sauter !"'' hurle le Grêlé alors qu'une silhouette à peine noircie bascule par-dessus le rempart. Au pied de la tour, Herle a également sauté à cheval et puisque les trois "kormes" à l'extérieur ne semblent pas réagir à la ruse, le "garde" s'écrit encore : ''"Ses compagnons viennent le chercher ! Il va s'enfuir, vite !"'' Et de tirer quelques flèches aux buissons, pendant que Trevan et Diane ramassent le compromettant cadavre du garde étranglé plus tôt par La Poigne, et disparaissent au grand galop vers la forêt.<br />
<br />
Soldats et mercenaires envahissant les remparts, Le Grêlé et Eldan se retrouvent vite coincés de toutes part et, utilisant la corde et le grappin à leur disposition, ils descendent le long du rempart sud et disparaissent à leur tour dans les bois sans avoir été remarqués. "Bon, ça nous aura fait gagner un peu de temps, constate Vighnu depuis le grenier, mais on a encore du boulot…"<br />
<br />
=== Dans la grange (Gavin, Vignu, Andreas, La Poigne, Oleytan) ===<br />
<br />
Après avoir discrètement permis à Gavin de les rejoindre par la remise, nos cambrioleurs retranchés dans la grange découvrent bientôt sous les linges et couverture du "chariot de draps" quatre gros coffres ferrés, fermés par des cadenas et liés au fond du véhicule par de lourdes chaînes. ''"Bordel, comment est-ce qu'on va ouvrir ça ?"''<br />
Vighnu, peu habituer à la serrurerie malgré ses doigts de fée, casse le seul crochet sorti de la besace de Gavin, l'Écuyer essaye à son tour avec un long clou mais sans plus de succès et Le Grêlé lui-même y épuise ses maigres compétences. <br />
<br />
''"Nan mais c'est pas possible, y en a pas qui sache crocheter dans cette équipe de voleurs ?! _Ben y avait le Moineau... _Et merde !!!". '' <br><br />
Persuadés que la clé des coffres doit se trouver sur l'homme de confiance du cuivré, Vighnu, Andréas et Gavin fouillent et refouillent deux fois le corps du Hornois à sa recherche : rien. ''"Merde ! Merde ! Merde ! _Bon, allez, on reprend du début, c'est forcément là, quelque part et on s'y met tous..."'' Pendant que La Poigne se repose de ses blessures, les armes, l'armure, les bijoux, les vêtements, les bottes, la bourse, les poches et le cadavre de Darjodrahl sont ainsi inventoriés et retournés dans tous les sens par les voleurs au désespoir jusqu'à ce que, finalement, Gavin remarque que son gros médaillon cliquète curieusement quand on le secoue. Vighnu et lui s'acharnent sans résultat sur l'objet, jusqu'à ce que le chroniquer, habitué aux casses-tête, saisisse comment le pendentif peut être dévissé et révèle bientôt la clé tant espérée ! Et dans chacun des quatre coffres qu'on leur avait pourtant défendu d'ouvrir (mais Herle et Eldan ne sont justement plus là pour faire des remarques), nos héros trouvent des douzaines de lingots : argent, cuivre, étain, bronze... Il y a là toute la production que Solerane destine à la prévôté, mais aussi la part des mines d'argent qui revient à l'état-major : en tout, c'est près de 200 lingots et donc quelques 250 kilos de métaux qui s'offrent à leurs yeux ébahis. ''"Gavin, remet illico ce que tu viens de glisser dans ta besace : tout ça est maintenant la propriété de notre Capitaine. _Pfff…"''<br />
<br />
Andréas inspecte ensuite la roulotte de Dorian le Magnifique, occupée aux deux tiers par une épaisse couchette couvertes de coussins, des filets de marchandises pendant du toit et jusque entre les roues, des étagères couvrant tout le tiers arrière : <br><br />
<br />
«_''Ah ben il voyage dans le luxe, le fumier. <br><br />
_''Si j'avais une minette comme la sienne, moi aussi j'passerais les trajets à baiser, tu peux me croire ! <br><br />
_''Oh pis dis-donc : des fioles variées, des épices, de l'argenterie, de la verrerie, des bijoux, de la nacre, des miroirs : il vend que du luxe, le gars ! <br><br />
_''Crénom dîtes, c'que c'est beau ! <br><br />
_''Gavin, repose ça tout de suite : pas question que le Magnifique s'aperçoive qu'on a touché à sa roulotte.» <br />
Andréas jugeant que la caisse du véhicule est assez profonde pour qu'on y étale les lingots en un tapis bien lisse que les occupants de la couchette ne devraient pas trop remarquer, il n'y a plus qu'à attendre la diversion prévue pour commencer le transfert du chariot vers la roulotte…<br />
<br />
=== Diversion (Trevan, Herle, Eldan, Diane) ===<br />
<br />
Il ne reste plus qu'une ou deux heures avant l'aube lorsque Trevan, Herle, Eldan, désormais tous maquillés en Kormes, se répartissent autour du fortin et, à l'aide du mélange d'essences et d'huiles piochées au hasard dans la trousse alchimique de Vighnu (fallait pas la laisser à l'extérieur), enflamment des flèches qui produisent des couleurs plus qu'aléatoires avant de siffler au-dessus des bâtiments pour s'écraser sur les toits de chaume humides où tomber dans la cour, n'enflammant que quelques tentes vite éteintes. C'est néanmoins suffisant pour que Diane puisse se faufiler par le sud jusqu'au portail, et récupérer le dernier carreau d'arbalète y clouant encore la tête du messager. <br><br />
''"Les Kormes ! Les Kormes reviennent !"'' crie-t-on bientôt dans tout le fortin.<br />
<br />
Dès que Lerkoren Oleytan a annoncé qu'une drôle de flamme bleuâtre venait de s'écraser dans la cour (''"Rha les saligots !"''), Andréas et Vighnu ont commencé à installer les lingots sous le matelas de la roulotte, pendant que Gavin et La Poigne garnissaient les coffres de fers à cheval, de pierres, d'une enclume et tout ce qui pourrait y simuler le poids et le bruit du butin subtilisé. <br><br />
Et c'est peu avant l'aube, ses compagnons s'étant effondrés de fatigue depuis un moment, qu'Andréas fini seul d'arranger la roulotte pour camoufler avec le plus grand soin son chargement secret...<br />
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== Récupération du trésor et autres péripéties ==<br />
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[À partir de là, la fin du scénar à été jouée en "flashbacks" successifs jusqu'au combat final. J'utilisais Herle de Lorune, orphelin de joueur depuis plusieurs séances, pour poser des questions auxquelles les joueurs répondaient pour déclencher un flashback. Chacun avait le droit de d'initier deux scènes : l'une contant comment un de leurs camarades avait réussi un exploit et une autre collant à un autre PJ la responsabilité d'un échec, ce qui nous permettait de ne jouer que les scènes "intéressantes" et de faire un peu de montage alterné. <br />
<br />
Comme la scène "de débriefing" se jouait presque en aveugle, seul Loriel savait dès le départ que son perso, Vighnu Pratesh, avait survécu (mais bon, comme il avait accumulé 7pH, je me doutais qu'il ne mourrait pas dans cet Épisode) et les autres joueurs ignoraient si ce qu'il affirmait était vrai, ou simplement un mensonge pour conforter le templier blessé... Évidemment, chacun commençait son premier flashback avec toutes ses jauges à fond, mais devait ensuite gérer les pertes et les récupérations de scène en scène, et les joueurs ont souvent ajouté des détails pour régénérer de la Tension ou se passer la patate chaude. Ça a été un peu décousu, la règle "un exploit d'autrui et une bourde d'autrui par joueur" n'a pas complètement été respectée mais, globalement, ça a donné un final intéressant à cet Épisode qui commençait à traîner en longueur...] <br />
<br />
=== Réveil de Herle ===<br />
<br />
Il fait très froid aux abords du col et l'obscurité règne sous les sapins gelés. Vighnu, transi jusqu'aux os, scrute pourtant les alentours lorsque, quelques mètres en contrebas, Herle bascule du cheval où il l'avait attaché : au contact de la neige, il émerge pour la première fois du sommeil où l'avait plongé l'hémorragie et ses profondes blessures et tend la main vers le fehnri, qui s'empresse à son chevet. <br><br />
<br />
«_''E... Eldan... où est...le Moineau ? <br><br />
_''Il n'est pas loin, il est parti en éclaireur. <br><br />
_''Gnnh. Le butin ? <br><br />
_''Pas loin non plus, en arrière, sur les bêtes. <br><br />
_''On a... on a réussi ? <br><br />
_''Oui, on a réussi. <br><br />
_''Alors putain, d'où ils sortaient ces types ? <br><br />
_''C'est la faute à Eldan, il était en avant lors de l'embuscade, mais il a laissé passé les gars qui descendaient de l'autre convoi par le nord...» <br><br />
<br />
<br />
=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Dans la forêt matinale, à une volée de flèche de la route vers Solerane, Eldan est en train de soulager sa vessie contre un arbre lorsqu'il aperçoit une silhouette évoluant à croupetons parmi les buissons. Il n'a que le temps de se jeter derrière un tronc qu'une flèche en racle l'écorce. Pendant que notre éclaireur se rajuste et encoche lui-même un trait dans son arc, l'ennemi tire une deuxième flèche et atteint le cheval du Moineau, qui s'enfuit dans la forêt. ''"Rha zuuuteuh !"''<br />
Eldan riposte, manque, se remet à couvert et commence à manœuvrer pour s'approcher de son adversaire lorsqu'il aperçoit un deuxième homme, s'approchant furtivement depuis la route une hache à la main. Le Moineau tire une nouvelle flèche à l'archer adverse, le blesse légèrement et jette un coup d’œil pour surveiller l'approche du second ennemi : comprenant qu'il est repéré, l'homme à la hache profite de ce que l'éclaireur a décoché pour charger en levant sa hache. Lâchant son arc, Eldan dégaine son fidèle glaive pour le recevoir...'' _Mais tu l'avais paumée, l'arme fétiche héritée de ton père ! Grâce à qui l'as-tu retrouvée ? _Grâce à Gavin, qui l'a ramassée pendant que les soldats tentaient d'enfoncer la porte de la remise après que je m'y sois enfermé !''<br />
<br />
=== Témoignage de Gavin ===<br />
<br />
Gavin est en train de cavaler à travers la cour de l'Auberge, l'épée d'Eldan sous le bras. Sur les remparts que l'aube éclaire à peine, c'est la panique et tout le monde hurle ''"Les Kormes ! Les Kormes reviennent ! Tous aux créneaux !"''. Le problème de Gavin, c'est qu'en se levant au matin dans la cour endormie, le beau glaive à la lame gravée (d'une femme nue : ''"Rho chouette !"'' fait Gavin) sous le bras parce qu'il ne voulait pas prendre le risque qu'on le lui vole, il a décidé de pisser derrière un pilier où, par malchance, dormait un garde (vous voyez comment les joueurs ont créé un fil rouge héroïque de scène en scène ? ''"J'étais en train de pisser quand..."''). Éclaboussé et immédiatement réveillé, le soldat a ouvert les yeux pour voir l'écuyer "armé" levé au-dessus de lui et s'est mis à crier ''"Aleeeerte !"''. Coup de bol, c'était vraiment l'alerte puisque c'est le moment qu'ont choisi des dizaines de Kormes pour s'avancer sur le pont...<br />
<br />
Gavin cavale de son mieux entre les dormeurs et les tente, sachant que la plupart des autres sont déjà partis, il cherche une cachette ou un moyen de s'enfuir du fortin, mais le portail est à peine refermé et, en plus du furieux trempé d'urine qui le poursuite avec sa hallebarde, les guerriers commencent à s'accumuler aux remparts. <br />
<br />
''"Heureusement, Herle est venu à la rescousse !"'' précise Orlanth, utilisant son "exploit d'un autre PJ" pour s'en sortir. Bon, là, comme techniquement Herle est un PNJ depuis déjà deux ou trois séances, c'est moi brièvement qui raconte.<br />
<br />
En effet, la porte pas encore barrée craque soudain sous l'impact d'un chariot utilisé comme bélier par trois "Kormes" plus ou moins chevelus : Diane, Trevan et Herle de Lorune sont venus évacuer leurs derniers camarades (et permettre aux vrais Kormes d'investir le fortin, histoire que les dégâts ainsi causés camouflent autant que possible l'intervention du commando). Sous la volée de flèches qui pleut alors autour d'eux, les trois peinturlurés décrochent à toute vitesse, plus ou moins suivi par Gavin qui part dans une direction légèrement différente avec l'air du pauvre hère pris dans la tourmente. Un coup d’œil alentour lui révèle d'ailleurs plusieurs dizaines de Kormes progressant par le pont vers la herse baissée en échangeant des traits avec les défenseurs de la grande tour, et de petits groupes épars traversant le fleuve accrochés à des radeaux : l'écuyer s'enfuit vers l'ouest sans demander son reste, et retrouve bientôt le reste du commando. ''"Hé mais c'est mon épée !"'' s'exclame Eldan en voyant arriver Gavin. ''"Celle-là ? Non, non, j'l'ai trouvé à l'Auberge..._Après que je l'ai lâché devant les gardes, ouais ! Rends-moi ça !_Rho mais-heu…"''<br />
<br />
=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Retour dans la forêt : Eldan dégaine donc le précieux glaive hérité de son père puis sauvé par Gavin... et pare le premier coup de hache de son adversaire. Il reste au plus près de l'ennemi pour gêner le tireur qui se rapproche par le nord et, lorsque son opposant trébuche sur une racine [1pH pour éviter d'être gravement blessé par un coup de hache], Eldan le sèche pour le compte d'un grand coup du plat de la lame sur l'oreille, puis roule vivement dans les buissons pour éviter la flèche que l'archer lui décoche une fois son angle de tir dégagé. Bondissant d'arbre en couvert et de tronc en fourré, Eldan se rapproche de lui et, lorsqu'il n'est plus qu'à une 10aine de mètres, le dernier trait décoché à peine rebondit contre l'écorce d'un sapin, le Moineau fonce au contact : l'autre n'a que le temps de tirer sa dague que la lame gravée lui tranche l'épaule, éclatant le trapèze, l'omoplate et la clavicule dans une gerbe de sang. L’hémorragie finit de l'achever pendant que notre éclaireur souffle un peu, découvre le tatouage de la Confrérie du Chacal sur la poitrine de l'archer et lève enfin le nez vers la route quand il entend passer le tonnerre de chevaux aux galop : 6 ou 7 cavaliers foncent à bride abattue vers le sud, d'où monte déjà la clameur d'un combat, puisque l'embuscade y a commencé. ''"Meeeeerdeuh !"'' s'écrie Eldan en repartant vers le sud à toutes jambes.<br />
<br />
=== Herle ===<br />
<br />
Serrant son poing massif sur la cape enneigée de Vighnu, Herle de Lorune commence à s'énerver : <br><br />
<br />
«_''Mais par les Pères tu vas me dire comment vous avez rattrapé le chariot, à la fin ?". <br><br />
_''C'est grâce à Vighnu, intervient le Moineau qui vient de sortir de l'ombre [puisque là, on peut raisonnablement supposer qu'il n'est pas mort] "Il a réussi à trouver des chevaux, puis à nous guider à travers la campagne pour atteindre la forêt avant la roulotte du Magnifique. Il a été formidable ! <br><br />
_''Mais comment vous avez fait pour sortir le butin de l'Auberge ?!? <br><br />
_''Oh ben ça, c'est grâce aux...heu... talents d'imitateurs d'Andréas…» <br><br />
<br />
=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
L'aurore pointe à peine sur la cour de l'auberge encore à moitié endormie quand Dorian le Magnifique et sa suite, fraîchement augmentée de plusieurs mercenaires recrutés sur place, exige du Lieutenant [[Sanderen]] (commandant le fortin pour l'Armée du Nord) qu'on ouvre les portes à sa roulotte, parce qu'il refuse de rester plus longtemps dans un relais aussi mal défendu. L'officier ne s'était d'ailleurs pas levé si tôt pour se faire emmerder par des marchands et grimpe sur la margelle du puits pour annoncer d'une voix forte que, le fortin étant assiégé depuis cette nuit, tout ceux qui auraient encore la mauvaise idée de s'en prendre aux défenseurs -pour des raisons de taxe ou d'insatisfaction quant au couchage- seraient considérés comme complices des Kormes et pendus aux murailles !<br />
<br />
Un soldat vient alors cogner à la porte de la grange où Andréas, caché dans la remise, vient juste de finir un splendide dessin de Darjodrahl, assis dans l'ombre dans une attitude aussi distante qu'agressive, qui va lui permettre de concentrer sa magie [il a créé un puissant sort de Chimère sur tout le rez-de-chaussée de la grange, lui permettant d'y animer un personnage d'autant plus crédible dans sa mauvaise humeur qu'il se base sur l'altercation de la veille entre Sanderen et le Hornois]. Évitant de croiser le regard mauvais du guerrier qui les admoneste depuis le coin obscur de la pièce, le marchand et ses hommes se dépêchent de sortir leur carriole, d'y atteler les bœufs et de quitter l'Auberge. Pendant qu'on referme le portail derrière la suite de Dorian, l'agitation et sa vessie tirent bientôt Gavin du sommeil et, dès que l'écuyer se met à cavaler poursuivit par un hallebardier, Andréas profite de la confusion pour quitter la grange sans être remarqué et aller se recoucher dans un coin... Lorsque, évidemment, les Kormes attaquent.<br />
<br />
[Précision rigolote, mais que les PJ ignorent : quand les joueurs on demandé ce qui avait provoqué l'attaque des Kormes, je leur ai expliqué qu'ils surveillaient évidemment depuis des semaines le fortin et le pont contrôlant le passage vers le nord-ouest de la Région des Lacs, et qu'ils ont décidé de passer à l'action quand, cette fameuse nuit, il est devenu manifeste que des "camarades" assiégeaient l'endroit depuis la rive gauche et envoyé des signaux à coups de flammes colorées : le temps de s'organiser, ils ont donc profité de l'occasion pour tenter de prendre la position. ''"Mais c'est notre faute si les Kormes ont attaqué ?!! _Hé, oui : vous êtes très forts.."]<br />
<br />
''"Mais vous... demande Herle, comment vous êtes sortis de là ? _Oh ben nous on a profité d'une corde dégottée par Gavin dans la grange pour se tirer par les remparts comme on était venus, un peu avant l'attaque. Tu t'en souviens pas ? On vous a retrouvé à l'extérieur, avec les chevaux.''<br />
[Les joueurs font quelques jets pour confirmer cette version de l'histoire, et payent 1pH pour cette histoire de chevaux : entre ceux qu'ils ont amenés eux-mêmes et le troupeau dispersé dans la nature, c'était raisonnablement probable d'en trouver pour tout le monde.]<br />
''"On a juste eut quelques ennuis à cause de Diane qui était restée en arrière..."''<br />
<br />
=== Témoignage de Diane ===<br />
<br />
Pendant que Herle, Trevan et Gavin évacuent vers l'ouest, l'Arbalétrière s'est en effet arrêtée pour se nettoyer à grande eau (parce que les peintures de guerre, ça colle affreusement dans les cheveux longs). Elle est d'ailleurs en pleine toilette quand une bande de Défunts, trempés d'avoir traversé le fleuve glacé à la nage, prennent pied sur la rive et la considèrent avec circonspection : d'abord parce qu'elle est, sinon jolie, du moins sculpturale [Physique 4, Athlétique 4, Allure 4 : elle ressemble à une héroïne d'Adam Hughes], ensuite parce qu'elle est manifestement en train de se débarrasser de peintures semblables aux leurs, qu'elle revient d'avoir enfoncé le portail du fortin et que les Kormes s'attendaient à trouver des camarades sur cette rive. Sauf que Diane a des cheveux, et ça, c'est pas normal... ''"Ben quoi bande de débiles, leur balance-t-elle alors en Langue des Vents, vous allez rester là à mater ou vous êtes venus pour participer à l'assaut ?!? Bougez-vous le cul merde, on est pas là pour roupiller !"'' [Et de faire une énorme réussite sur son un jet de Social+Langues Étrangères+Allure+Intimidation+Volonté.] Un instant médusés, les Kormes saluent respectueusement cette guerrière étrange qui ne peut être qu'une cheffe influente et vont se joindre au combat, l'un d'eux tendant même un carré de tissu à la Kerdane pour qu'elle finisse de s'essuyer... <br><br />
''"Comme quoi c'est carrément pas ma faute, ajoute l'arbalétrière qui vient de sortir de l'ombre auprès du templier blessé : j'avais même réglé le problème quand ce crétin de Vighnu est venu foutre sa merde !"''<br />
<br />
=== Témoignage de Vighnu ===<br />
<br />
[Un jet d'orientation particulièrement raté pour retrouver les autres après avoir rassembler des chevaux vient en effet de basculer une 10aine de pions dans la case de Tension de Vighnu, qui a par ailleurs toujours des pions de Marque psychologique (anciennement appelés "Traumas") suite à sa crise sentimentale avec Islinna (et qu'il essaye d'évacuer depuis 3 séances). Il est donc très largement en Surtension...]<br />
À quelques centaines de mètres à l'ouest du fortin, ses compagnons en train de sauter sur les montures qu'il vient de leur procurer, Vighnu aperçoit à la lisière des arbres encore obscures une jeune et belle jeune fille rousse (il reste de la peinture rouge dans les cheveux de Diane) portant un manteau emishen et entourée d'une 15aine de Kormes... Son sang ne fait qu'un tour (sans passer par le cerveau) et l'assassin s'élance au grand galop en hurlant ''"ISLIIIIINNAAAAAAA ! J'ARRIIIIIIVE !"'' avant que ses camarades n'ait seulement pu songer à le retenir.<br />
<br />
Diane voit alors le Fehnri surgir de la nuit comme un diable, les Kormes qui s'éloignaient déjà ralentissent à l'arrivée de l'intrus et, chargeant toujours, Vighnu bondit de son cheval sur le pauvre gars qui tendaient une serviette à la guerrière et l'égorge d'un grand revers de son katara en beuglant ''"Touche pas à ma copiiiine ! _Mais t'es complètement taré ! J'suis pas ta gonzesse !"'', s'écrie Diane alors que l'assassin halluciné se relève souplement, quoiqu'un peu confus et couvert de sang, pendant que "l'innocent" Korme agonise dans l'herbe haute. Et tous les Kormes alentours de se ruer vers eux en brandissant leurs armes. Sautant à cheval, la Kerdane furieuse et le Fehnri honteux essuient de justesse quelques flèches, javelots et hache de jet mais parviennent à dégager à fond de train avant d'être encerclés.<br />
<br />
Lorsqu'il rejoignent Eldan, Herle, Trevan, Gavin, Le Grêlé, Oleytan et La Poigne maintenant tous en selle, Vighnu ne prend même pas le temps de s'expliquer : ''"Dorian et le butin doive être loin devant nous, maintenant : on va couper la plaine par l'ouest à bride abattue, les doubler avant la forêt et les attendre au premier guet ! _C'est moi ou on aura passé la moitié de cette mission à cavaler derrière des convois ? _''Ferme-la et galope !".''<br />
<br />
«_''Oui heu bon, toi qui a fait vœu de chasteté tu peux pas comprendre mais les femmes, tu vois, ça te mélange tout dans la tête et... <br><br />
_''L'embuscade, par les Pères ! Raconte-moi l'embuscade ! <br><br />
_''Haem donc, comme je te le disais, Diane a organisé une embuscade aux petits oignons, mais on a eu des visiteurs imprévus…» <br><br />
<br />
<br />
<br />
== L'embuscade ==<br />
<br />
<br />
<br />
[Après s'être tous reposés pendant une Scène grâce à l'avance prise dans la course, Diane fait un gros jet de préparation avec le soutien de tous ceux qui ont quelques scores de Tactique, de Camouflage ou d'Embuscade (et dans un groupe de mercenaires du nord, ils sont nombreux) pendant que Vighnu fait un solide jet de camouflage pour tout le groupe : bénéficiant d'un confortable bonus tactique réparti sur plusieurs personnages, d'un excellent point de vue pour la tireuse d'élite et d'une Difficulté de repérage monstrueuse, les PJ et leurs camardes sont prêts à ne faire qu'une bouchée de l'équipage du Magnifique…]<br />
<br />
Le timide soleil matinal jaunit les nuages gris et la pluie qui n'en finit plus de détremper la forêt, gonflant en torrent le ruisseau qui coupe la route de Solerane, juste au pied d'un trio de gros rochers de grès surplombant de leur butte une myriade de petits blocs, le gué et la route. Invisibles derrière les rocs et bosquets alentours, les vaillants mercenaires de Tal Endhil, confiants dans la garde d'Eldan ½km au nord, observent la lente arrivée par le sud de la roulotte fermée et escortée par deux cavaliers et cinq fantassins. <br />
<br />
Image<br />
<br />
Les éclaireurs à cheval de Dorian le Magnifique avancent en effet à pas prudents dans le torrent, pleinement conscients de traverser un splendide site d'embuscade, mais sans parvenir à repérer les guerriers déguisés en Kormes qui attendent le signal de Diane, postée au sommet des rochers, pour les assaillir de quatre côtés. La Kerdane laisse avancer les cavaliers le plus loin possible et, lorsque le premier d'entre eux menace a déjà largement dépassé les rochers et risque d'être bientôt hors de portée de la redoutable arbalétrière, elle l'abat d'un carreau en pleine tête [encore un, il faut dire qu'Orlanth soigne ses jets de tir et mise systématiquement en Visée] dès qu'il échappe à la vue de ses compagnons. Ce n'est que lorsque le garde du corps personnel du marchand commence à donner des signes d'inquiétude, un musclé patibulaire et couturé de cicatrices qui se désaltère au bord du torrent tout en jetant des regards insistants alentours, qu'un deuxième carreau démonte le second cavalier sur la rive nord, déclenchant l'assaut : avant qu'un des éclaireurs ait pu finir de crier ''"Aleeer..."'' des flèches fusent de toutes part, les grands couteaux de jets pris par Vighnu sur le corps du Hornois tournoient dans les feuillages, des guerriers jaillissent de chaque buisson et, en quelques secondes, la majorité de l'escorte agonise sur la terre bourbeuse du chemin. Mais les battants de bois sur le flanc de la roulotte viennent de s'ouvrir, libérant une appétissante fehnri à peine couverte d'une fourrure qui s'enfuit à toutes jambes à travers bois :''"Oh m'am'zelle, reviens ! Faut pas courir toute nue dans les bois comme ça !"'' s'écrit Gavin-le-Korme-du-Terroir (pour récupérer quelques pions de sa Réaction "Plouc") avant de s'élancer à ses trousses, croisant la route du marchand courant à la suite de sa compagne dans son seul pantalon (mais sa cassette sous le bras, emballée dans une couverture)…<br />
<br />
''"Cavaliers au nord !"'' signale alors Diane d'une voix forte, avant de tirer un nouveau carreau sur le premier des hommes qui viennent de croiser Eldan. ''"Soldats au sud !"'' lui répond la voix du Grêlé qui vient de repérer les quelques hommes de Jornil et de Sanderen partis du fortin après avoir repoussé les Kormes (qui n'ont jamais réussit à prendre la grande tour pour ouvrir la herse barrant le pont), découvert le corps de Darjodrahl dans la grange, vérifié le contenu des coffres et s'être lancé "à la poursuite du marchand félon" (et qui viennent de freiner d'un coup en découvrant l'escorte massacrée par les "Kormes", qui sont décidément partout).<br />
<br />
=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
''"Attendez... et le chroniqueur-à-tout-faire, il était où, là ? _Heu... hé bien figure-toi qu'il y a eut un miracle, une véritable apparition divine, comme récemment à la Mine Bénie : c'est dire si les Pères sont avec nous !"''<br />
Quand une poignée de Kormes franchit le parapet et commence à s'en prendre aux voyageurs piégés dans la cour, Andréas se précipite vers la seule porte qui n'ait pas encore été solidement bouclée, celle de la chapelle, entraînant à sa suite quelques réfugiés paniqués. À peine la porte barrée par un banc, le mage évalue le cheptel à sa disposition, serré comme des sardines dans l'espace exigu entre les piliers sculptés représentants les huit Premiers : il y a là la jeune voleuse, le vieux conteur, le garçonnet à la vielle et l'acrobate-détrousseur (soudain gêné de se découvrir barricadé dans une pièce de 9m² avec "l'intimidant" érudit), un jeune soldat affolé (qui a lâché sa pique au premier signe de danger), une des servantes de l'auberge et une commère serrant une poule dans ses bras tremblants. <br />
<br />
Des cris (et des caquètements) de terreur accueillent les premiers coups de hache qui s'abattent sur la porte, mais Andréas Odran connaît la manœuvre : ''"Prions mes frères, les exhorte-t-il avec toute la force de sa conviction ! Prions que les saints Pères viennent à notre secours ! Chantez-tous avec moi !"'' La chorale improvisée entonne alors un antique où l'angoisse se mêle à la ferveur religieuse. Lorsqu'une cognée d'acier fini par percer entre les planches de chênes, le mage décide d'accélérer le mouvement et sort la Sphère de Pouvoir de son havresac : ''"Mes frères, ceci est une Sainte Relique Première dont la bénédiction nous protégera des ennemis du culte ! Tendez les mains pour la toucher et concentrez-vous sur le chant ! Les Pères sont avec nous !"''.<br />
<br />
Et siphonnant un maximum d'Énergie à ses coreligionnaires sans trop leur demander leur avis (pas plus qu'à la poule), Andréas remplit son focus au maximum pour lancer un sort de Chimère assez puissants pour effrayer les Kormes... lorsqu'il lui semble qu'une forme tout à fait imprévue émerge de la sphère d'or rouge. Le chroniqueur commence même à distinguer une silhouette humanoïde lorsque, son sort se déclenchant en vidant d'un coup toute l'Énergie accumulée dans la sphère, "l'intrus" disparait avec une sorte de cri muet.<br />
<br />
Dans la cour, c'est par contre carrément la stupeur : Herem, Second Fils des Étoiles, Premier Seigneur des Batailles, vient de se matérialiser quelques mètres au dessus du puits, brandissant son épée enflammée sur le fond sombre de cette aurore pluvieuse. La plupart des soldats en restent tétanisés, des réfugiés se jettent à terre en signe de soumission, d'autres prient à genoux sur les pavés et les Kormes, eux, refluent en désordre devant cette apparition divine. <br><br />
Lorsque les choristes de choc émergent de la chapelle dans une sorte de stupeur incrédule, il leur faut plusieurs minutes pour s'apercevoir que le saint érudit et sa relique on déjà disparu par le portail enfoncé de l'auberge…<br />
<br />
=== L'embuscade encerclée ===<br />
<br />
Dans la forêt humide se joue une dangereuse partie de cache-cache : après que deux d'entre eux aient été blessés par des carreaux d'arbalète en arrivant du nord à bride abattue, les Chacals lancés à la poursuite de nos héros ont démonté pour se disperser à couvert dans les sous-bois, les soldats et mercenaires arrivant du sud ont pris le maquis en découvrant les cadavres dispersés sur la route et les auteurs de ce carnage se sont pour la plupart dissimulés tout autour de la clairière envahie de rochers, progressant prudemment à la recherche des nouveaux arrivants. <br />
<br />
[Après la phase de "tir au pigeon" de l'embuscade, le groupe vient de passer en Duel global, tous les combattants dispersés à travers la map répartissant leur mise entre le repérage (attaque), la dissimulation (défense) et le déplacement, jusqu'à rencontrer des ennemis et basculer en combat à distance ou tenter de rentrer au corps à corps. Le récent module de calcul des distances de combat a donc beaucoup servi, de même que les Positions tactiques (camouflage de la végétation, couvert des rochers...), la surprise, les charges soudaines, les combats à plusieurs adversaires... Ce fût une belle démonstration tactique (Diane a particulièrement brillé) et une belle scène finale, qui aurait mérité d'être mieux décrite si je n'avais pas eu 5 ou 6 combats à gérer en même temps. Au passage, Humphrey B jouait Herle de Lorune pendant l'absence d'Andréas.]<br />
<br />
Dés le début, Gavin est pris dans une bagarre désordonnée à coups de couverture, de cassette et de poings contre Dorian le Magnifique pendant que la belle fehnri disparaît dans les bois (''"Une courtisane fehnri avec un gros score de discrétion associée à un marchand-escroc ? Tiens donc..."''), Le Grêlé a rejoint la roulotte pour régler son compte à la petite servante qui s'y cachait encore (et "s'amuser un peu" avec elle : ça reste un mercenaire sans scrupule, hein), Eldan essoufflé rejoint le "champ de bataille" par le nord, Vighnu et La Poigne convergent vers les soldats qui contournent par le sud-est, Herle abandonne son arc pour foncer tout seul par le flanc ouest (il faut bien justifier de son état futur en le jouant "imprudemment"), Trevan et Diane quittent discrètement les gros rochers en cherchant à repérer leurs nouveaux adversaires...<br />
<br />
Après quelques instants de louvoiement discrets dans les bois, le premier accrochage intervient quand deux soldats franchissent le ruisseau en aval du gué et sont interceptés par La Poigne et Vighnu : si le gros benêt diminué par ses blessures est vite repéré et pris dans un laborieux corps à corps, l'assassin blesse un de ses adversaires d'une dague de jet avant de surgir derrière lui pour le poignarder, employant le corps du mourant comme bouclier contre les attaques de deux autres soldats qui venaient à son secours. En un instant, Vighnu balance le mort sur ses congénères, éventre l'un et abat l'autre d'une dague de jet dans la gorge, pendant que La Poigne enfin dégagé éclate le crâne du dernier à coups de gourdin.<br />
<br />
Après avoir éclaté le nez du marchand d'un direct bien placé, Gavin lui arrache sa précieuse cassette et, laissant le "Magnifique" sonné assis dans l'herbe, accourt vers la roulotte en entendant les cris d'effroi de la petite servante. N'écoutant que ses élans chevaleresque, il sonne Le Grêlé d'un grand de cassette sur le crâne et, après avoir tenté en vain de calmer la pauvrette (faut dire qu'il est grimé en Korme et qu'elle passe une matinée épouvantable), l'écuyer la laisse s'enfuir dans la forêt et part à la recherche d'une arme plus approprié en voyant se rapprocher les mercenaires du fortin.<br />
<br />
Sur l'autre flanc, Herle (sans arc, donc) s'est fait prendre en tenaille par deux tireurs, a reçu une flèche dans le côté et, pendant qu'il tentait de choper son agresseur au contact, l'autre a surgit de flanc pour lui ouvrir la cuisse à coup de glaive. Blessé et à deux contre un, il encaisse de son mieux lorsque Trevan de Rigorne charge en brandissant son épée, attirant l'attention de Diane qui progressait à croupetons dans le secteur : en une seconde, le premier chacal est décapité et le second s'écroule, un carreau d'arbalète dans l’oreille. Mais ils n'ont guère le temps de souffler car Le Moineau les appelle au secours !<br />
<br />
Déboulant sans s'en apercevoir au milieu des ennemis camouflés, Eldan est immédiatement pris par surprise et blessé. Il parvient néanmoins à faire chuter son adversaire et, roulant avec lui dans les feuilles mortes, les deux éclaireurs échangent coups d'épée, de pied et de poing en s'usant l'un l'autre, pendant qu'un chacal supplémentaire s'approche à pas de loup. Le Moineau le repère au dernier moment, appelle à l'aide, tente vainement de pousser l'ennemi qu'il a blessé dans les jambes de l'arrivant et encaisse une nouvelle blessure (il commence à être franchement mal en point) lorsque Trevan arrive à la rescousse, toujours au pas de charge et toujours couvert par Diane dont l'avant-dernier trait cueille l'ennemi debout juste sous l'omoplate, perçant le poumon.<br />
<br />
''"Laisse-le moi !"'' gueule Eldan au chevalier errant et, donnant tout ce qui lui reste contre un ennemi soudain moins faraud, le Moineau prend finalement sa revanche en clouant son ennemi au sol d'un grand coup d'épée. Avant même que Herle rejoigne en boitant l'éclaireur victorieux, Trevan et Diane sont repartis au pas de course vers le flanc est, où des cris indiquent que Lerkoren Oleytan passe un mauvais quart d'heure.<br />
<br />
Car parti seul au nord pendant que l'on se battait près du ruisseau, le jeune Elloran a abattu le premier des "Chacals" qu'il a rencontré mais s'est ainsi fait repéré par deux autres : après un court échange de flèches en manœuvrant pour rester à couvert, Oleytan s'est fait chargé par les deux ennemis simultanément, a réussi à les entraîner dans un bosquet touffu pour les gêner au maximum mais commence à faiblir sans parvenir à se dégager et, lorsqu'il prend un coup de lance dans le mollet, ça commence à sentir franchement le roussi. "VIGHNUUUU !!!" appelle-t-il alors à pleine voix, pendant que l'intéressé, à plus de 200m de là, achève le dernier soldat qui s'enfuyait d'un magnifique lancé de couteau, qui l'atteint dans le dos à plus de 50 pas.<br />
<br />
Lorsque deux mercenaires ont abordé la roulotte et trouvé Le Grêlé étalé dans l'herbe, Gavin qui venait de cacher son butin dans les buissons a soudain été pris de remords. Ramassant l'épée d'un mort, il revient à pas prudents lorsque le combat éclate : Le Grêlé a laissé le premier adversaire s'approcher pour l'achever, a retourné la dague qui le menaçait dans l'estomac de l'ennemi et roulé sous la roulotte pour échapper aux coups de lance du second militaire. Le Grêlé est néanmoins blessé lorsque l'écuyer arrive alors pour achever d'un grand coup d'estoc le gars qui se tenait le ventre à deux mains et bondit sur le véhicule qui commence à avancer au ralenti, les bœufs n'aimant guère la nouvelle agitation qui secoue leur attelage. Son camarade sort alors de sous le chariot pour éviter de passer sous les roues et, maintenant à deux contre un, Gavin et Le Grêlé ont vite défait le dernier soldat, achevé d'un joli lancer d'épée dans le dos alors qu'il s'enfuyait.<br />
<br />
Trevan, Diane et Vighnu arrivent à quelques secondes d'intervalle au secours d'Oleytan, les deux derniers Chacals étant alors rapidement tués, le premier percé du dernier carreau de la Kerdane et Vighnu égorgeant l'autre après un bref corps à corps, d'abord à deux, puis trois puis quatre contre un.<br />
<br />
=== Fin des combats ===<br />
<br />
Essoufflés, les guerriers vainqueurs font brièvement l'appel : <br><br />
<br />
«_''La Poigne ? <br><br />
_''Il souffle près du ruisseau, il a pris assez cher. Eldan ? <br><br />
_''De l'autre côté, au nord, mal en point : il s'est mangé l'avant-garde tout seul avant de nous rejoindre, si j'ai bien compris. Herle est avec lui, blessé aussi, il a perdu connaissance. <br><br />
_''Gavin et le Grêlé sont donc seuls avec la roulotte : faudrait pas trop traîner avant qu'ils se fassent des idées malhonnêtes...» <br><br />
<br />
Et pourtant, les deux hommes se réconcilient sur une base financière saine : ils font moitié-moitié sur le contenu de la cassette (''"que c'est pas la peine d'embêté les autres avec des détails"'') et Le Grêlé oubliera qu'un certain écuyer a essayé de l'estourbir avec. A peine ont-ils partagé qu'arrive Andréas Odran sur un cheval fatigué, qui découvrent le massacre au bord du gué : ''"Dîtes-donc mais c'est carrément la guerre ici ! Je croyais que le but de toute l'opération à l'auberge était de pouvoir prendre le butin d'un chariot à peine défendu. _Ouais ben y a eut des invités surprise..."''<br />
<br />
Les valides font le tour du secteur, poussent le chariot hors de la route, rassemblent les camarades blessés pour que Vighnu et Andréas puissent les rafistoler, puis trient les cadavres au nombre desquels semblent se trouver (par la grâce d'1pH) presque tous les hommes du fortin susceptible d'identifier Eldan après ses exploits de la nuit précédente. ''"Alors on est bons, conclut le chroniqueur : j'ai vu les Kormes tuer les deux seuls autres qui nous aient regardé de près."'' <br><br />
<br />
«_''N'empêche que le Magnifique, sa poule et la servante se sont tirés. <br><br />
_''Bah c'pas grave, ils témoigneront qu'ils ont été attaqués par les Kormes. <br><br />
_''Mouais, sauf que Gavin a jugé utile de leur faire la causette. <br><br />
_''Chiotte ! <br><br />
_''Et sinon, d'où ils sortaient tous ces mecs ? <br><br />
_''Ben ceux-là ont du vous poursuivre depuis l'auberge. <br><br />
_''Celui-ci, il était déjà avec l'escorte au départ de Solerane, alors j'imagine que ceux du nord étaient à la recherche du messager qu'on a intercepté cette nuit. <br><br />
_''Les Chacals qui nous attendaient avec le fourgon ont du appeler du renfort après qu'on aie commencé à leur tailler des croupières, parce que je pensais pas qu'il y en avait autant dans le secteur... <br><br />
_''Le premier qu'a tué Herle le jour du départ, Jaromir et Rumbold que tu as dégommés avant de lâcher le convoi, ça fait déjà trois... <br><br />
_''Au moins deux de plus, qu'on a tué avec Trevan et Gavin quand ils nous poursuivaient : ça fait cinq. <br><br />
_''Cinq ou six avec Jorem Cuivré hier, vu qu'on a pas trop fait le détail. Disons 10. <br><br />
_''Et aujourd'hui j'en compte cinq, dont au moins un emishen du clan des Rimdehl, en plus des derniers hommes de Jornil ! <br><br />
_''Tu oublies les trois qui sont morts au Cercle des Cascades au début de la semaine, ça fait donc 18 chacals éliminés en 8 jours. C'est du bon boulot, quand-même ! <br><br />
_''Façon de voir : moi ce qui m'inquiète, c'est qu'on puisse avoir deux dizaines de types armés dans notre secteur et ne nous en apercevoir que maintenant... Il faudra qu'on parle à ce trafiquant de sel que connaît Eldan, celui qui a présenté Jaromir au fils Cuivré : je crains que l'implantation des Chacals soient plus avancé qu'on ne l'imaginait.» <br><br />
<br />
Rassemblés et ayant brièvement le temps de souffler pour la première fois depuis des jours, nos héros en profitent pour échanger enfin les infos recueillies par chacun au cours de leurs aventures et reconstituent ce qu'ils savent de la Confrérie du Chacal :<br />
La Confrérie, originaire des Sylves, semble essaimer en créant des "chapitres" locaux dans différentes régions de l'Empire. Il semble que des membres du chapitre "sylvain" de la Confrérie ait donc fait le déplacement pour "franchiser" des brigands du Nord, et ce sont ceux-là qui dirigent plus ou moins les opérations (les trois mecs tués par Andréas, Adira et Eldan aux cascades étaient vraisemblablement des novices). Aux Sylves, la Confrérie est à la fois une mafia, une secte animiste et le noyau dur de la résistance armée à l'occupant impérial : si Urgrand est lié à ces gars-là et qu'ils commencent à passer des accords avec les Kormes, ça risque de compliqué sérieusement l'Échiquier du Nord. Et si les Chacals semblent être quasiment apparus par génération spontanée en quelques semaines, c'est qu'ils ont trouvé des gens pour les soutenir et les aider dans la région : soit Urgrand est beaucoup mieux connecté qu'il n'y paraissait, soit ils ont d'autres appuis...<br />
<br />
=== Exfiltration ===<br />
<br />
"...après quoi on a réparti le butin sur les chevaux, vu qu'on en avait maintenant une bonne quinzaine, on t'a attaché en selle et on s'est tiré vers l'ouest en contournant Celanire par le nord jusqu'au grand menhir où nous attendait Neri'Helin, une des novices du chaman [[edell'okhil]] [[Kal Tayvon]], avec des bœufs laineux, des vivres et tout le matériel de montagne : paraît que ton 'Pitaine leur a promis de racheter leurs frères en esclavage. On a ensuite crapahuté par l'ouest pendant trois jours dans les [[Asparren]] puis les [[Monts d'Azur]], en passant par des coins de plus en plus hauts et enneigés pour éviter de croiser quiconque. La p'tite Edell'okhil a même déclenché une avalanche dans le col du Fraisil pour qu'on ne puisse plus nous suivre. On a bien perdu quelques canassons en chemin, mais les lingots sont au complet, le groupe aussi (quoique la demoiselle ait du re-nettoyer les blessures de La Poigne), et nous voilà presque rendus. <br><br />
<br />
«_''Où sommes-nous, exactement ? <br><br />
_''Un peu au sud-ouest de la Mine Bénie : on va contourner par l'autre versant pour éviter de s'y faire voir et la môme va nous faire passer sur la rive nord du Lac Troisième par une espèce de chemin à travers les marais à l'est de Andh Endhil, pas loin du camp abandonné d'Etayn-la-Louve. <br><br />
_''La voie est libre et le jour va se lever, annonce la jeune femme en rejoignant le groupe : ramassez vos affaires, hommes du sud. <br><br />
_''Allez, messire de Lorune, remonte en selle : ce soir, Le Cornu nous attendra avec de la gnôle au camp d'abattage.»<br />
<br />
Et dans le petit matin, les fiers cavaliers de Tal Endhil descendent victorieux vers la Vallée des Lacs en Palier avec, dans leur fonte, un trésor capable de financer les nouveaux projets du Capitaine Durgaut... <br><br />
<br />
<br />
<br />
== ÉPILOGUE (envoyé aux joueurs après coup) ==<br />
<br />
<br />
<br />
C'est au soir du huitième jour après leur départ discret que nos vaillants mercenaires fourbus, gelés, blessés et riches comme Crésus se sont affalés dans une minable hutte au nord du camp de bûcherons de Tal Endhil, déserté chaque nuit en cette saison. Immédiatement repartie avec ses bœufs laineux, sa sœur adolescente et son cousin mutique, la gironde rouquine [[Neri'Helin]] (''"Dis-donc mais... c'pas la p'tite Edell'okhil que t'a réveillée l'autre fois aux cascades, quand on cherchait les Chacals ?_Si, même que Nevel m'a dit que [[Tael Shannan]] se la tape !_Note qu'il se tape toutes les mignonnes, ce fumier de barde._Dîtes, c'est fini d'échanger des potins comme deux vieilles venteuses ?"'') a laissé les hommes de Durgaut fort symboliquement assis sur la terre battue, à 10 pas de l'icône votive qui marque l'extrême frontière nord de l'Empire (mais Le Grêlé a pissé dessus). Ils ont festoyé, pansé leur nombreuses plaies et, d'abord par jeu, ceux qui parmi eux avaient quelques notions de finances ont commencé à calculer combien représentait le chargement encore bâté sur leurs chevaux. <br><br />
<br />
«_''On a pas loin de 250 lingots, dont bien 150 de merdouilles comme du cuivre, du bronze et du fer... <br><br />
_''Des "merdouilles" qui vont se négocier entre 500 et 1000 lunes à la prochaine cité dotée de forges, ducon. <br><br />
_''T'es sûre ?! <br><br />
_''Il est drôle l'aut' : pourquoi qu'tu crois qu'on creuse des mines ? <br><br />
_''Crois-moi, s'il y a bien un truc que les Kerdans savent faire, c'est du commerce... <br><br />
_''Je savais bien que t'étais kerdane malgré ton histoire de "Je suis une innocente remane élevée près de la colonie kerdane de Rigorne, et blablabla"... <br><br />
_''C'est donc bien vrai mademoiselle Diane ? Vous aussi vous êtes de Rigorne ?!? <br><br />
_''Écoute, Trevan : tu es mignon, tu es vaillant mais, putain, ta gueule. <br><br />
(Trevan de Rigorne rougit.) <br><br />
_''On disait donc au moins 500 lunes pour les lingots de "vils métaux", mais on a surtout une petite centaine de lingots d'argent, quoique la moitié soient planqués dans de faux lingots de cuivre. Et ça, ça nous fait... heu... attendez voir... <br><br />
_''Au moins 300 pièces d'or. <br><br />
_''Putain ! <br><br />
_''Quoi ?! <br><br />
_''La Poigne ! Tu sais compter !? <br><br />
_''Ben oui, surtout le métal quoi. J'suis été apprenti forgeron. Mais c'est trop du labeur : j'aime plus mieux taper qu'une bonne fois sur un casque. <br><br />
(La gourde de vin de sureau passe de main en main, chacun avalant une rasade d'un air mi-émerveillé, mi-consterné.)<br />
_''On... on a ramené... 350 pièces d'or ?! Vous croyez que notre bon Capitaine va être content. <br><br />
_''Ah ça, Moineau, il a un peu intérêt à l'être ! <br><br />
_''Dîtes, ch'ais pas si vous vous rendez-compte : c'est p't'être le plus beau brigandage de toute l'histoire des Marches !! <br><br />
_''On est riches les gars ! RICHES ! <br><br />
_''Non, messieurs : Tal Endhil est riche. Par les pères, si l'un de vous commence à concevoir une seule pensée pécheresse... <br><br />
_''Mais quel pisse-vinaigre, le Défroqué, quand il pisse le résiné. <br><br />
_''Héhé. Fais-voir ta balafre, d'ailleurs, Herle : faut changer ton bandage. <br><br />
_''Ma mienne elle est plus grande ! <br><br />
_''Hihi ! <br><br />
_''Nul n'en doute mon cher La Poigne, nul n'en doute... <br><br />
_''Ouais mais la tienne elle a même pas percé ta couche de lard ! <br><br />
_''N'empêche qu'on a tous ben gagné nos 2 pièces d'argent chacun ! <br><br />
_''Plus la prime ! <br><br />
_''Oh oui : vous êtes de vaillants gagne-petit. Mais la prime c'était si on laissait pas de témoins et, là, on a Jornil lui-même, Dorian, sa pute, la servante... <br><br />
_''Toi le Noir tu commences à nous les bris... <br><br />
_''Bon les gars, vos gueules : il est tard. Alors ça pionce, ou je vais commencer à distribuer les baffes. Le Grêlé et Diane prennent le premier tour de garde. Demain, j'vous ramenions tous au village. Et rappelez-vous qu'vous avez promis le secret sur vos têtes ! Si on vous presse vraiment, et seulement dans ce cas-là, vous avez été r'prendre les lingots de la Mine Bénie à une bande de Kormes du côté de la Baie des Langueurs. C'est bien clair, pour tout le monde ? <br><br />
_''Oui mon sergent ! <br><br />
_''Lèche-cul. <br><br />
_''Mon sergent ! Y a Le Grêlé qui dit... <br><br />
_''Foutremerde, tas de corniauds ! Même avec une 'pparition divine, j'conçois point comment qu'une pareille bande de mômes a pu réussir cette mission !» <br><br />
<br />
<br />
<br />
}}<br />
<br />
'''[[7) "Embrouilles en Cascades"|<< Épisode Précédent]] | [[9) "Reishin Ghoran"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Épisodes|<< RETOUR à la liste des Épisodes]]'''<br />
[[Catégorie:Épisodes]]<br />
[[Catégorie:Comptes-Rendus]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/8)_%22Le_Train_de_l%27Argent%228) "Le Train de l'Argent"2014-09-08T13:01:12Z<p>Aloun : </p>
<hr />
<div>La totalité de l'Épisode 8 : "Le Train de l'Argent" est classée "spoiler".<br />
Si vous voulez vraiment accéder à cet Épisode, vérifiez que soit un de vos perso y était, soit que le MJ vous en a donné l'autorisation.<br />
Tout abus sera illico puni par une grosse perte du plaisir de jeu.<br />
<br />
C'est bon, vous y avez bien pensé ? Vous êtes vraiment sûr ?<br />
<br />
...<br />
<br />
{{Secrets|<br />
== Prologue, rien que pour Eldan et le Capitaine : ==<br />
Durant les [[Huitaines]] précédentes, Durgaut a envoyé ses mercenaires (dont Eldan le Moineau) enquêter du côté de [[Solerane]] sur '''les détournements de fonds commis par le défunt [[Lieutenant Armeld]]''' avec son complice, Maître [[Gaster]] (écroué depuis au donjon), et découvert ainsi l'implication d'un patron-minier, notable influent et principal contrebandier de la région : '''[[Jornil Cuivré]]'''. En dehors de ses opérations "privées", Jornil travaille pour [[Rhilder le Fou]] à détourner le minerai d'argent des mines de la région, théoriquement destiné à l'État-Major, au seul bénéfice du dément Prévôt de la [[Marche des Lacs]]. <br />
<br />
Rhilder n'est vraiment pas quelqu'un avec qui Durgaut peut se permettre d'être en guerre ouverte, puisqu'il est son supérieur direct, un puissant "[[:Catégorie:Seigneurs du Nord|Seigneur du Nord]]" (comme on appelle les impériaux qui se taillent des fiefs dans les Marches) et un putain de psychopathe, notoirement responsable du génocide de la tribu emishen des [[Rimdehl]] (les Geaies).<br><br />
'''Mais notre brave Capitaine est en fait pris à la gorge ''' (en plus d'être très énervé contre le Prévôt qui le ruine par ses magouilles et lui réclame d'envoyer des troupes que [[Tal Endhil]] n'a pas pour participer à la guerre contre les [[Oloden]])... S'il n'envoie pas bientôt '''des lingots d'argent à l'État-Major''' du [[Duc-Gouverneur]] pour couvrir le quota de la [[Mine Bénie]] (apparemment pillée par les [[Kormes]]), Durgaut va sauter.<br><br />
En fait, il n'est encore même pas sûr de pouvoir obtenir le titre de "Bailli de Tal Endhil" vu les exigences du [[Aristame de Gorme|Primat]] en la matière, mais espère bien réussir à l'épater d'ici son arrivée. D'ailleurs, s'il reste en poste et devient bailli, il sait avoir besoin de beaucoup de pognon pour embaucher assez de mercenaires pour enfin contrôler son territoire et développer la région.<br />
<br />
Durgaut a donc conçu un plan audacieux pour régler plusieurs problèmes à la fois : '''braquer le convoi de métaux''' qui va bientôt partir de Solerane pour [[Darverane]], siège de la prévôté harcelé par les troupes de [[Kainen Tahrel]]. Ainsi, il mettra la main sur une véritable fortune (l'argent détourné caché dans des lingots de cuivre, l'argent "officiel" envoyé de Solerane pour l'état-major via Rhilder, du cuivre et de l'étain en quantité...) dont il compte employer une partie à payer son quota au Gouverneur, une autre à racheter des esclaves [[Edell'Okhil]] de la [[Marche des Gemmes]] comme il l'a promis à ses alliés emishen, et le reste à constituer une petite armée.<br><br />
Il en était à mettre au point un plan solide lorsqu'il apprend que la route de Darverane, coupée par les Kormes depuis des semaines, vient apparemment d'être rouverte suite à une contre-offensive de Rhilder : '''le convoi de métal ne devrait plus tarder à partir, il faut agir vite'''. Et comme [[Vighnu Pratesh]] vient de rentrer du [[Cercle des Hautes Pierres]], il décide d'embaucher l'assassin pour courir l'aspect le plus délicat de la mission : assurer le secret.<br />
<br />
{{Secrets|Ce qu'il ignore malheureusement, c'est que Jornil a lui aussi enquêté sur les trois attaques successives qu'il a subi de la part de ruffians non-identifiés : d'abord on a tabassé nombre de petits truands sous les ordres de son fils, [[Jorem Cuivré]], ensuite on s'en est directement pris à deux de ses lieutenants notamment impliqués dans la contrebande d'argent, enfin un éboulement à la mine de cuivre qui s'est révélé être un sabotage (les mercenaires de Durgaut avaient pour instruction de "recruter des mineurs" et n'ont rien trouvé de mieux). <br><br />
Jornil a donc d'abord envoyé un certain '''Worik''' se mêler aux mineurs "responsables de l'éboulement" qu'il a lui-même renvoyé et qui partaient s'engager auprès de Durgaut. Mais son agent, qui s'était mêlé à l'expédition minière menée par [[Mérane "Roulier"]], est mort connement, tué par des Kormes, pendant l'épisode [[5) "Le Pont"]]. Puis le patron-minier a envoyé un messager auprès de son bon ami [[Adira Pratesh]] pour se renseigner sur les mercenaires de Durgaut (Adira étant alors en pleine bisbille avec le Capitaine, il a volontiers informé Jornil) et contacté son autre associé à Tal Endhil, Maître [[Plirune]] (Jornil partage la propriété de la mine de fer du village avec Plirune et Gaster, ce que le Capitaine est sensé savoir mais dont il ne réalise pas l'importance) pour obtenir quelques renseignements de plus (notamment sur les finances de Tal Endhil). Adira l'a ensuite informé de tout ce qu'il avait appris sur l'arrestation de Gaster (notamment que ce n'était pas lié qu'au magouilles de leur [[Guilde]])... Bref : Jornil a compris que Durgaut était après lui et pris des mesures en conséquence.<br><br />
Car s'il ne peut pas se permettre de retarder d'avantage le convoi de métal (Rhilder a besoin de ce fric pour sa guerre perso et il n'est pas câlin quand il s'impatiente), il a conçu une ruse efficace : embaucher des mercenaires de rab' pour l'escorte et, surtout, contacter par un ami de son fils Jorem une "''petite bande de brigands récemment arrivés dans le secteur''", la [[Confrérie du Chacal]]... }}<br />
<br />
<br />
== À la "Taverne Penchée" ==<br />
'''Il fait déjà nuit lorsque la Taverne, récemment rachetée par les mercenaires de Durgaut, ferme ses portes beaucoup plus tôt que d'habitude''' en chassant les soiffards qui comptaient y passer leur soirée en galante compagnie ; les prostituées, récemment rendues à leur autonomie sous l'autorité de la belle [[Garnelle]] (maîtresse occasionnelle du jeune Eldan,) sont également invitées à rentrer chez elles et le quartier lacustre de Tal Endhil est donc rapidement rendu au silence et à la brume nocturne...<br> <br />
'''Pourtant, quelques silhouettes discrètes gagnent bientôt la Taverne apparemment close :'''<br />
* '''l'apothicaire [[Vighnu Pratesh]]''' (Loriel) n'a eu qu'à franchir quelques pontons depuis sa propre échoppe, son matériel d'empoisonneur sous le bras et ses armes dissimulées sous son large manteau reman, où bat un petit cœur sec depuis si longtemps, récemment réveillé et illico brisé par Islinna : les femmes sont cruelles. Déjà en grande partie au courant de la mission, la seule chose qu'il ignore c'est ce qu'ils vont voler. Mais vue la somme promise par le Capitaine, il est trop heureux de ne pas poser de questions.<br />
* '''[[Nadine "la Moucheuse"|Diane Maletudine]]''' (Orlanth) est une Kerdane, quoiqu'elle prétende être une remane originaire de la cité portuaire de Rigorne, embauchée depuis quelques mois dans l'Armée du Nord, suite à des problèmes avec ses compatriotes. Femme dans une armée de macho, elle a bientôt eut d'autres ennuis (décidément) qui l'ont incité à déserter pour rejoindre la petite communauté kerdane de [[Tal Endhil]] sur les conseils de son mentor, le célèbre maître d'armes [[Vasco Sotorine]]. Sauf que [[Ranyella Sotorine|Ranyella]] la pilote ne veut pas d'une renégate dans sa troupe et l'a donc refilée au Capitaine sans lui expliquer les casseroles que trimballe l'arbalétrière...<br />
* '''[[Andréas "Odran"]]''' (Humphrey B) a récemment eut un entretien secret avec le Capitaine qui pourrait se résumer ainsi : "''Je sais que vous êtes un sorcier, mais je suis prêt à fermer les yeux si vous bossez pour moi. _Ça pourrait m'arranger, vu que je suis là pour mettre fin à la dispersion d'artefacts qui commencent à foutre le boxon à [[Duriane]], mais je vais pas m'en sortir tout seul. _Splendide : faudra me neutraliser le machin dans la Mine Bénie. Dans l'intervalle, vous êtes embauché comme espion. Vous commencez demain, rendez-vous à la Taverne Penchée après la fermeture.''" Il arrive donc avec un peu d'avance et pas mal de bagages, dont son précieux grimoire, ses herbes médicinales et un certain objet qu'il a passé presque deux jours à chercher dans le torrent en contrebas de la [[Mine Bénie]].<br />
* '''[[Oleytan "le Furet"]]''' (PNJ), lui, s'est engagé dans les mercenaires de Durgaut dès son retour de "l'Opération Tréfonds" : il se sent désormais un vrai guerrier, veut participer à l'alliance entre les Talendan et les Elloran mais, surtout, il a enfin couché avec le grand amour de sa jeune vie : la jolie négociante lewyllen [[Doma Sholen]]. Celle-ci l'a inexplicablement largué à l'arrivée à Tal Endhil en lui expliquant que "c'était fun, mais t'es juste trop jeune pour moi" (elle court en vain après [[Nevel Sholdanan]] depuis 4 semaines). Après une intense réflexion, le jeune guerrier est arrivé à la seule conclusion "sensée" : s'il veut que la belle marchande le reprenne, il doit lui prouver qu'il est capable de lui assurer le train de vie qu'elle a perdu, et pour ça, il lui faut "des rondelles", comme les Emishen nomment la monnaie impériale. Il ne comprend pas grand-chose à la mission que Durgaut lui a proposé, mais il est bien content puisqu'il va être payé royalement.<br />
* '''[[Eldan "le Moineau"]]''' (Aloun) arrive le dernier, accompagné d'une montagne de muscles habillées de haillons qu'il vient de récupérer dans l'unique geôle du donjon : [[Herle de Lorune]] (Ego'), noble et chevalier du temple récemment défroqué. Lui aussi a des problèmes, parmi lesquels l'alcool, la violence et un sens aigu de la justice qui, après lui avoir coûté sa charge d'inquisiteur lors d'une altercation avec le Primat lui-même, l'ont fait rétrogradé comme simple soldat dans la troupe de [[Bagoran de Marale]] (chargé de le "mater" : échec critique) et récemment conduit à défoncer le portrait d'un connard de Chevalier du Temple (donc un de ses "supérieurs") qui tabassait une gamine emishen. Son séjour en taule auprès du plaintif Gaster s'est terminé lorsque le Sergent LeCornu a jeté son dévolu sur le prisonnier, et convaincu le Capitaine de l'embaucher.<br />
<br />
'''Lorsque tout ce petit monde est attablé''' dans la taverne sur pilotis qui grince et (effectivement) penche sous l'effet de la houle, [[Le Cornu]] qui tenait le comptoir fait entrer deux de ses collègues, le massif imbécile qu'on appelle "La Poigne" et le brigand reconverti au visage marqué par la petite vérole qu'on appelle "Le Grêlé". Comme Eldan et le Sergent, ils ont survécu à tous les combats depuis la [[Bataille de Tal Endhil]] et sont tout dévoués au glorieux chef qui va bientôt faire d'eux la "''garde bailla, bailliagiale...heu... baillique... la garde du bailli, quoi''", et qui lui-même pénètre dans la grande salle inclinée à leur suite, une vaste carte sous le bras :<br><br />
« Bonsoir mademoiselle et messieurs, nous avons peu de temps et je vous demande d'être extrêmement attentifs à l'exposé qui va suivre.» Pendant que Vighnu et Andréas dégagent leurs gobelets pour laisser Durgaut déployer la superbe carte (signée [[Ordano Sotorine]]) sur la table crasseuse, les 6 autres membres de l'équipe s'approchent pour suivre le briefing dans la lumière chiche des chandelles. Le Capitaine enchaîne :<br />
« La mission que j'ai à vous confiée est dangereuse, urgente, secrète, absolument vitale pour Tal Endhil et ''remarquablement bien payée''. Si certains d'entre vous ne s'en sentent pas capables et préfèrent retourner à leurs activités précédentes, qu'ils le disent tout de suite. Car une fois que je vous en aurais exposé les objectifs, Messire Pratesh ici présent sera le garant ''de votre silence''. Tout le monde est motivé et se sent capable de se taire ensuite, en cas d'échec comme de réussite ? Parfait. Sergent, passez-moi les figurines...<br><br />
« Dans les jours qui viennent, peut-être même dès demain, '''un convoi lourdement gardé''' va quitter [[Solerane]] à destination de [[Darverane]] (Durgaut pose une miniature en bois, une espèce de coffre aux pieds vaguement arrondis, sur la carte) : il contient plusieurs coffres très lourds que vous êtes chargés d'intercepter, de préférence avant "l'[[Auberge du Pont]]"... C'est quoi ça, Le Cornu ? demande le Sauveur de Tal Endhil quand son sergent lui passe une espèce de cube prolongé par un jambage tordu.<br><br />
_''C'est l'Auberge du Pont, mon 'Pitaine. C'est La Tortue qu'a fait les sculptures, mais on a pas eu bien l'temps.<br><br />
_''Je vois... À "l'Auberge du Pont", donc, se trouvent actuellement plusieurs dizaines de marchands qui, depuis des semaines, y attendent que les troupes de Rhilder reprennent le contrôle de la route vers Darverane aux Kormes qui harcèlent la prévôté (il pose du côté du [[Mont Grison]] un petit bonhomme chauve et noirâtre) avec l'appui des troupes Emishen de Kainen Tahrel (Vighnu approuve du chef). <br><br />
Si le convoi de Solerane rejoint la première caravane groupée en partance pour Darverane, il sera alors probablement trop entouré pour que vous puissiez tenter quoique ce soit. Vous êtes ici... mais c'est quoi ça ? Un chien ?<br><br />
_''Un ch'val mon 'Pitaine, pour représenter, le commando.<br><br />
_''Vous avez pu leur trouver des chevaux ?<br><br />
_''Ah non mon 'Pitaine : c'est des pirogues, pour quitter le village. Ensuite s'ront à pied. Mais La Tortue, quand il a commencé, i'l'savait pas, pis i' sait pas faire les pirogues, et de toutes façons ça va surtout se faire par voie de terre alors, heu... Vous préférez un bouchon, ou un dé en os ?<br><br />
_''Va pour le chien (soupir)... Donc : vous êtes ici (il pose la figurine sur Tal Endhil), vous partez dès cette nuit pour atteindre Solerane (le "chien" rejoint le "chariot"), où vous serez chargés de repérer le convoi et de surveiller ses préparatifs de départ. Le but est de lui tendre une embuscade dans les deux jours qu'il lui faudra pour effectuer ce parcours (le chariot glisse sur les segments de la route marqués "1, 2, 3, 4, 5"). Si vous pouvez intercepter le chargement sur les berges du [[Lac d'Acier]], il sera plus aisé de le transporter à bord de barges ou de pirogues. <br><br />
Le Moineau connaît la ville et les hommes qui escorteront ce convoi, Messire de Lorune a la charge de l'assister en tout -et de s'assurer qu'aucun d'entre vous n'ait la mauvaise idée d'ouvrir les coffres. Maître Pratesh est chargé de trouver des embarcations pour les chargement et d'assurer le secret de l'opération (Vighnu sourit, pensant aux peintures de guerre Kormes qui n'ont pas servit lors de l'[[Opération Tréfonds]] et à la barge kerdane cachée depuis dans les marais près d'[[Écume 6]]). Vous devrez quitter le village et y rapporter les coffres sans être vus, ni dire à quiconque d'où vous venez ni où vous allez. <br><br />
Car, j'insiste, '''cette opération peut assurer le salut de Tal Endhil si elle réussit, mais sonner notre perte à tous si quelqu'un devait découvrir qui a commandité l'attaque'''. Une prime substantielle versée à notre cher apothicaire en sera la garantie.<br />
<br />
_''Ça veut dire "pas de témoins", demande Diane ?<br><br />
_''Ça veut dire "démerdez-vous pour que personne ne puisse vous reconnaître, suivre votre piste et remonter jusqu'à nous" : je préférerais que vous épargniez les civils, mais Maître Pratesh sera décisionnaire en dernier recours. À part lui, '''vous serez payés chacun 2 pièces d'or pour cette brève mission et votre durable silence''' (la solde mensuelle d'un mercenaire étant de 2 pièces d'argent, ça fait 10 fois plus pour quelques jours de boulot). Des questions ?<br><br />
_''C'est quoi, dans les coffres ? Ça pèse ?<br><br />
_''Le contenu ne vous regarde pas mais, oui : ça pèse. Probablement autour de 200kg en tout.<br><br />
_''C'est qui, qu'on braque ?<br><br />
_''Pas votre problème non plus. Fiez-vous à Eldan, soyez discrets et ça ne devrait pas avoir d'importance.<br><br />
_''Les gars de l'escorte, c'est des pros ?<br><br />
_''Quelques-uns, oui, mais la plupart seront des mercenaires en permission, des cochers endurcis, des coupes-jarrets, des gardes plus habitués à surveiller des esclaves... Le problème, c'est qu'ils doivent se méfier : ils ont eut des ennuis récemment, ils savent que le trajet est dangereux et ils seront sur les dents. Il se peut même que vous soyez déjà attendus à Solerane. J'insiste : '''''méfiez-vous'''''.<br><br />
_''Qu'est-ce qu'on a comme matos ?<br><br />
_''Vous étiez prévenus d'emporter le vôtre, mais Eldan conserve quelque argent pour vos frais de mission, des vivres, un peu de charbon, des flèches, des torches et des cordes vous attendent avec les chev...<br><br />
_''Dans les pirogues, mon 'Pitaine.<br><br />
_''Dans les pirogues, donc. J'ajoute les papiers que m'a demandé monsieur Odran (il confie une petite pochette de cuir à Andréas, contenant du parchemin, des lettres officielles de la main de [[Rhilder]] et son sceau de cire, pour pouvoir si besoin modifier les ordres de mission du convoi) et vous emportez cette carte, annotée par mes soins, en espérant qu'elle puisse vous aider : ne la perdez pas ! ''[Durgaut leur confie par ce biais un de ses précieux point d'Histoire.]'' Autre chose ?<br><br />
_''Y a le Venteux qu'a pas tout compris, vu qui parle pas bien not' langue...<br><br />
_''Messieurs Odran et Pratesh devront donc lui ré-expliquer en ramant. Bonne chance à tous : le destin de Tal Endhil est entre vos mains ! Mais pas les figurines, La Poigne : repose ça ! <br><br />
_''Pardon mon 'Pitaine. »<br />
<br />
[[Fichier:Carte-Carrée.jpg|900px|thumb|left|La carte remise par Durgaut, telle que les joueurs l'ont découverte la première fois...]]<br />
<br />
<br />
<br />
== En route vers Solerane ==<br />
Pendant qu'on roule la carte, LeCornu et Herle déplacent la lourde table, révélant une trappe dans le plancher qui, une fois déverrouillée et ouverte, donne sur une échelle de corde descendant le long d'un pilier de bois, où sont amarrées deux pirogues emishen. Avec quelques difficultés dues à la disparité de poids et d'agilité de ses huit membres comme aux bagages de certains l'équipe embarque et glisse silencieusement sur les eaux couvertes de brouillard :<br><br />
<br />
«_''Attention avec ça, c'est des armes emishen. <br><br />
_''Pourquoi foutre ? <br><br />
_''Pour passer pour des Kormes. <br><br />
_''Pas con. Mais qu'est-ce qu'il fout avec un bouquin, lui ? <br><br />
_''Je suis chroniqueur... <br><br />
_''Et vous allez chroniquer l'opération ''secrète'' ?! <br><br />
_''Houlà non, je... j'ai d'autres talents. Falsifier des sauf-conduit, par exemple. <br><br />
_''Je vois...»<br><br />
<br />
Ils atteignent bientôt la rive sud du Lac Troisième, en amont du campement où dorment les caravaniers lewyllen, sans que les [[Soldats du Temple]] qui gardent actuellement les remparts n'aient rien remarqué.<br />
<br />
Après un conciliabule entrecoupé d'engueulades, un poème (Herle versifie par instant), une tentative de vol et plusieurs menaces physiques pour l'empêcher, les PJ décident de ne pas partir en quête de la barge cachée par Vighnu dans les marais mais de foncer de nuit vers Solerane, à pied, pour atteindre la ville au plus tôt, juste après que Diane ait confié au fleuve un étui flottant contenant 4 pièces d'argent (sur les 20 confiées à Eldan) et un message pour les Kerdans d'[[Écume 6]], leur enjoignant d'envoyer des embarcations vers la presqu'île du [[Lac d'Acier]] ''[le joueur a oublié que son perso n'était plus bien vu chez les bateliers, et Vighnu y a même mis 1pH pour que le message arrive : ce fût bien le cas...]''.<br />
<br />
Abandonnant dans les embarcations tout le matériel trop lourd, les mercenaires se répartissent les vivres, une arme emishen chacun et la longue marche commence. Lorsque l'aube se lève, Diane, Oleytan et Eldan, très en avant des autres, font la course dans la descente après avoir passé le Col de Nilfenan (au sud-ouest de la mine de fer, sur la carte) histoire de défouler leurs tempéraments casse-cou et ombrageux... ce qui vaut d'ailleurs à Eldan de se niquer la cheville dans une belle gamelle : on sent bien, dès que les officiers ne sont plus en vue, que ça va pas être très sérieux comme opération.<br />
<br />
=== Rencontre insolite ===<br />
Pendant que le fort peu sportif Andréas prend des heures de retard sur les autres et que Vighnu reste avec lui autant pour assurer sa protection que pour causer "''chroniquerie''" et politique locale (Vighnu envisage de créer un [[Hospice de Tal Endhil|hospice à Tal Endhil]] !), Oleytan, Diane et Eldan (qui boitille) arrivent en milieu de matinée au gué qui traverse la [[Rivière aux Élans]] (ainsi nommée car elle est sur le point de passage de la migration des grands cervidés, qui commencent d'ailleurs à remonter en cette saison vers les pâturages au nord de la [[Marche des Lacs]])... <br><br />
Ils sont assez surpris d'y trouver un grand costaud, ventru et entièrement chauve, portant des vêtements très vaguement emishen, assis sur un rocher au bord des flots et curant tranquillement au couteau le sang séché qui s'incruste dans les creux de sa lourde masse de bois sculpté. Les trois éclaireurs essoufflés par leur cavalcade repèrent assez vite les discrètes silhouettes déployées dans les bois autour du chemin et, chacun la main sur leur arme favorite, s'approche avec circonspection :<br />
<br />
«_''Bonjour... <br><br />
_''B'jour, répond le gros dans un Reman médiocre, avec un accent typiquement "venteux". Z'êtes avec le noir ? Vigjniou Bratéche ?<br><br />
_''Ben là tout de suite... non. Mais des fois on le croise, quoi. Vous l'attendez ? <br><br />
_''J'ai un message pour lui. <br><br />
_''Vous voulez pas nous le donner ? On le transmettra quand on le verra ce soir... <br><br />
_''Non, d'solé, c'est privé. <br><br />
_''C'est pas un message à coup de masse, au moins ? <br><br />
_''Héhé. Non. Pas cette fois.» <br><br />
<br />
N'ayant qu'à moitié envie de s'avancer dans le gué sous la probable ligne de tir d'archers dissimulés ni même de laisser une embuscade entre eux et le reste du groupe, quoique aussi un peu parce qu'ils ont alors pas loin de 12h de rude marche dans les jambes, Diane, Oleytan et Eldan se posent également près de la rivière, se trempent un peu les pieds (Diane va même s'éloigner pour faire un peu de toilette : par instant, dans ses Réactions, sa "Sensibilité Féminine" ressort), cassent la croûte, font une petite sieste... tout ça en gardant perpétuellement un œil sur les alentours et leurs armes à portée de main. <br />
<br />
Lorsqu'ils sont rejoints par Sire Herle de Lorune, La Poigne et le Grêlé, d'abord très méfiants, Diane qui a entamé un repas et une conversation en [[Langue des Vents]] avec le Gros leur fait signe de ne pas s'inquiéter, et les trois mercenaires finissent par jouer le même jeu que leurs camarades, profitant d'un peu de repos tout en restant sur leurs gardes. <br><br />
Au bout d'une heure de cette halte méfiante, "l'embuscade" se détend tout autant et Eldan repère bientôt un des archers Korme qui, lui aussi, déjeune sur le pouce à son poste de guet. Il le contourne, se cache, est brièvement suivi mais sème le guetteur, échappe ainsi efficacement à l'encerclement... et ne sait finalement plus trop quoi faire : il craint de déclencher un massacre s'il élimine un guetteur, de se faire repérer s'il continue de traîner près des Kormes, de perdre le groupe s'il s'éloigne et d'être trop loin pour intervenir s'il repart en arrière prévenir Vighnu et Andréas. <br><br />
Aussi reste-t-il caché, guettant les guetteurs, jusqu'à ce que, lassé de perdre du temps alors qu'ils sont pressés, Herle donne le signal du départ et franchisse le gué accompagné des 4 autres. <br />
<br />
Après avoir encore hésieé à les rejoindre carrément ou à rester en arrière, Eldan fini par laisser un signe de danger dans l'écorce d'un arbre à destination de Vighnu et décide de contourner pour franchir la rivière plus loin, ne trouve pas d'autre gué, passe à la nage, se paume en aval dans la forêt et mettra plusieurs heures à rejoindre ses camarades, trempé, gelé, épuisé et bientôt vertement engueulé par l'ex-templier ''[Sire de Lorune lui inflige même un tel jet d'intimidation pour lui inculquer la discipline militaire que le jeune éclaireur en sera durablement marqué : 2pts de Trauma !]''.<br />
<br />
Pendant ce temps, Andréas et Vighnu ont atteint le gué sans même remarquer le signe laissé par Eldan et le [[Fehnri]] est assez surpris de reconnaître le gros korme qu'il a déjà rencontré, il y a plusieurs semaines à Écume 6, lorsqu'ils avaient négocié des vivres et les soins de [[Mona Ma'od]] contre la transmission d'un message pour Adira (qui, si vous vous en souvenez, était arrivé au début de l'épisode [[5) "Le Pont"]], tiré avec une flèche sur la roulotte de Maître Pratesh). <br><br />
Quoiqu'il ne connaisse toujours pas son nom, il s'éloigne avec le chef rebelle et un petit conciliabule surréaliste se joue : les Kormes veulent (Vighnu comprend "[[Lashdan]], Roi des Kormes, veut...") l'embaucher pour assassiner un certain "[[Urgrand]]", le Sorcier barbu originaire des [[Marche des Sylves|Sylves]], qui dirigeait justement le détachement korme lors du siège à la [[Mine Bénie]] :<br />
<br />
«_''Tiens donc ?! Mais pourquoi diable, demande l'assassin hilare ? <br><br />
_''On m'a pas dit de te l'dire, et puis il paraît que les tueurs professionnels ne posent pas de questions. <br><br />
_''Lorsqu'on les paye bien, c'est tout à fait exact oui. <br><br />
_''Hé ben voilà pour toi, dis le Korme en lui tendant une grosse bourse de pièces, que le Fehnri s'empresse d'ouvrir avidement. <br><br />
_''Mais... vous vous foutez de ma gueule ?! C'est des pièces de cuivre ! <br><br />
_''Et alors, c'est pas bien ? <br><br />
_''Mais c'est pas du tout assez, enfin ! Je suis un spécialiste, moi ! Je bute pas les gens pour 30 ou 50 pièces de cuivre !<br><br />
_''Ah. Mais c'est tout ce qu'on a nous, même qu'on s'est tous cotisés pour rassembler ça. <br><br />
_''Mais c'est pas possible, vous comprenez rien au commerce, à la fin ! Et il est où, votre Sorcier, d'abord ?<br><br />
_''Ben on sait pas, nous, pourquoi tu crois qu'on s'adresse à toi ? Tu crois pas que je serais foutu de lui coller ma masse sur la gueule moi-même si on savait où il campe ? [[Etayn-la-Louve|La Louve]] dit qu'elle l'a perdu quelque part chez vous, du côté du Premier Lac, mais c'était il y a déjà plusieurs jours.<br><br />
_''Bon, écoute, voilà ce qu'on va faire : dis à ton Roi que je suis d'accord sur le principe, mais que déjà ça va vous coûter 20 pièces ''d'or'' et qu'ensuite, soit vous savez me dire au moins à peu près où il est, soit ça risque de prendre pas loin d'un mois (car Vighnu pense savoir où Urgrand devrait se trouver dans environs trois semaines, héhé...). Dis-lui ça et, quand vous aurez la somme, contactez-moi.<br><br />
_''Mais où tu veux qu'on trouve de l'or, nous ?<br><br />
_''Non mais c'est un prix, vous pouvez aussi bien me ramener 200 pièces d'argent, ou 4 lingots d'argent, par exemple. Vous en avez bien, des p'tites barres en argent, prises dans une certaine mine, hmmm ?<br><br />
_''Mais... non. De quoi tu parles ?<br><br />
_''Oh le con ! Rha merde, il fait vraiment chier ce connard de sorcier !<br><br />
_''C'est bien pour ça qu'on t'embauche, oui.<br><br />
_''Bon alors 20 pièces d'or ou l'équivalent, vous trouverez bien ça quelque part pendant que vous vous battez dans la [[Vallée de Cainil]], hein, je ne m'en fais pas pour vous. Quand vous avez la somme, vous me recontactez, vous versez la moitié d'avance et, moi, je tue votre sorcier.<br><br />
_''J'espère que d'ici là on l'aura trouvé nous-mêmes, mais sinon, on saura bien te joindre, ouais. Et bonne journée.»<br><br />
Et pendant que Vighnu se frotte les mains, les Kormes se dispersent dans la forêt sous le regard médusé d'Andréas.<br />
<br />
<br />
== La Ferme-Relais "[[Le Marchepied]]" ==<br />
Il fait presque nuit noire lorsque les 6 mercenaires fourbus atteignent enfin la ferme-relais qu'on appelle le "Marchepied", au pied de la route montant vers Solerane. Si Oleytan (trop repérable) est laissé avec le matériel dormir à l'extérieur, Diane, Eldan et Herle, bientôt suivis par La Poigne et Le Grêlé (trop crevés pour accepter de se peler le cul à camper dehors), pénètrent les uns après les autres dans l'enceinte de bois où un drôle de type pâle, un albinos efflanqué aux longs cheveux blancs qu'Eldan sait être surnommé "Craie" (chef des gardiens d'esclaves de la mine de cuivre), est en train de passer ses nerfs à coups de fouet sur deux malheureux emishen, une femme et un adolescent enchaînés au puits du milieu de la cour. <br />
<br />
Comptant avec l'albinos un escrimeur tout en noir s'engueulant avec le tavernier (une histoire de chevaux, de halte imprévue et de prix du fourrage) plus 4 soldats portant la livrée du Duc-Gouverneur (donc probablement issus de la garnison de Solerane), et soucieux de sa mission avant tout, Herle tempère ses instincts justiciers et suit la Kerdane dans le corps de ferme transformé en auberge de seconde zone, où il entreprend de noyer sa mauvaise humeur dans la bouteille d'hydromel prise à la Taverne Penchée. Si un jovial marchand de draps nommé [[Teillard]], parti de [[Celanire]] vers le "marché de printemps" de Tal Endhil, tente bien d'engager la conversation avec les voyageurs, Diane l'envoie paître rudement (et nos héros se privent de la seule occasion de se renseigner sur la route qu'ils ont à faire) mais lance une petite partie de dés avec Eldan et Herle pour attirer à eux [[Craie]] et [[Esteval]] (l'escrimeur à l'armure de cuir sombre) et tenter de leur soutirer quelques informations sur l'exploitation des esclaves venteux à Solerane. Justement, les deux gardes-chiourmes, 3 autres collègues et 6 soldats prêtés par la garde sont à la recherche d'une 15aine d'évadés, échappés le matin même de la mine de cuivre. Diane propose bien de participer à la traque contre rétribution, mais Eldan ruine sa tentative d'approche en ne pouvant se retenir d'aller porter un peu d'eau et de pain aux deux malheureux prisonniers. Herle -qui perd aux dés et voit les deux crevures descendre gaiement sa bouteille- semblant se retenir de plus en plus laborieusement d'écraser la tronche de Craie à chaque fois qu'il fait des remarques cruelles sur les "venteux", les voyageurs vont se coucher tôt après un rapide souper et Diane s'arrange assez finement pour que leur propre groupe gagne le contrôle de l'escalier et des 2 rares fenêtres du grenier aménagé en dortoir, qu'ils vont devoir partager avec le binôme d'esclavagiste, les soldats s'installant dans l'étable au dessous.<br />
<br />
=== Rencontre avec des fugitifs ===<br />
<br />
C'est à peu près le moment où, traînant le chroniqueur qui dort debout dans l'obscurité de la route forestière, Vighnu voit soudain jaillir un grand type hirsute de la forêt, qui saute sur le fehnri en tentant de l'étrangler avec la chaîne qui lui lie les poignets : l'assassin pare de justesse avec son [[katara]], une femme armée d'une branche sort à son tour des taillis et Andréas est basculé au sol par une jeune fille qui tente de lui éclater le crâne à coup de pierre, mais il parvient à la repousser de peu (elle est presque aussi épuisée que lui). Reconnaissant une Emishen (et réciproquement) alors qu'il tirait sa dague pour se défendre, l'érudit crie en Langue des Vents "Arrêtez, nous sommes des amis ! Vighnu, ce sont des Emishen !", ce qui suffit à stopper le début de combat et permet à Andréas de proposer de la nourriture et des soins aux esclaves en fuite, finissant de gagner leur confiance. <br />
<br />
Libéré de ses chaînes avec l'aide d'un glaive offert par Vighnu, le trio leur explique avoir réussi à s'échapper des mines de Solerane un peu avant l'aube, grâce à un tunnel vers la surface creusé en secret avec l'aide d'une barde [[rimdehl]] nommée Tahalien. Poursuivis depuis le levé du jour par des cavaliers en armes, ils ont perdu la douzaine d'autres évadés qui les accompagnait, dont des jeunes et des enfants et, loin de leurs régions d'origine (la plupart sont des [[Otlalnan]] de la [[Marche des Lisières]]), ils ont couru un peu au hasard vers le nord et le territoire des [[Liam'Lon]], où aucun Dirsen n'oserait les poursuivre, alors que d'autres avaient préféré tenter leur chance à l'est, vers le Cercle des Hautes-Pierres.<br />
<br />
Les deux Talendan leur expliquent qu'ils sont ici sur le territoire des [[Elloran]] et qu'ils auraient de meilleures chances de filer au nord-ouest vers le Cercle des Cascades et, après avoir longuement hésité à repartir chercher les plus jeunes, les trois fuyards un peu retapés finissent par disparaître vers l'ouest avec quelques remerciements.<br />
<br />
=== Evasion nocturne ===<br />
<br />
Nos deux héros retardataires ne sont donc qu'à moitié surpris lorsqu'ils retrouvent Lerkoren Oleytan en compagnie de 5 autres échappés en haillons, dont Tahalien et un ado sérieusement blessés, plus trois mômes, quoique Vighnu soit un peu atterré par le récit du jeune Elloran.<br />
Car après que leurs compagnons soit entrés à l'auberge du Marchepied, Oleytan, attiré par des cris de douleurs, s'est glissé par-dessus la palissade de rondins et, découvrant les deux prisonniers lacérés à coups de fouet, a attendu la nuit noire pour passer à l'action. Il a malheureusement échoué à assommer proprement la sentinelle de faction dans la cour, mais a par contre réussi à la tuer net avant qu'elle ne crie, puis a traîné le corps du soldat dans une grange. C'est alors qu'il s'acharnait en vain à rompre sans trop de bruit un des maillons de la chaîne que Diane l'a interpellé depuis une des fenêtres du dortoir :<br />
<br />
«_''Psssst ! Mais qu'est-ce que tu branles, merde !? On est pas là pour ça ! <br><br />
_''Je fais mon devoir, tu peux pas comprendre ! <br><br />
_''Mais putain tu va réveiller tout le monde, crétin !». <br><br />
<br />
L'épée à la main, la Kerdane est bientôt descendue le rejoindre pour le convaincre de ficher le camp et, n'y arrivant pas, a fini par l'aider à détordre un maillon en faisant levier avec son épée, histoire qu'il puisse déguerpir avant que quelqu'un ne les entende. Herle s'est réveillé à son tour, lui a ordonné de rentrer se coucher avant de les griller complètement et, la Kerdane disparue dans l'étable en engueulant un soldat qui se réveillait vaguement sur l'air de ''"Quoi ? Keskya, on peut plus pisser tranquille, merde ?"'', Oleytan a sorti discrètement les deux rescapés par là où il était lui-même entré. Apprenant alors qu'ils avaient pu cacher les gosses près de la rivière avant que les cavaliers ne leur tombent dessus, il est ensuite reparti chercher les mouflets de 9 à 12 ans, a nourrit tout le monde et distribué des rations pour le reste du voyage (''"Et donc, là, on a plus de vivres, c'est ça ? Heu... un peu, si..."''). Il se demandait s'il allait abandonner l'opération pour les conduire aux Cascades quand Vighnu et Andréas sont arrivés. <br />
<br />
Renonçant à l'engueuler d'avantage puisqu'il viennent de faire quasiment la même chose, les deux PJ soignent à nouveau les plaies et brisent les chaînes, ré-expliquent la direction du Cercle des Cascades et, recommandant bien aux fuyards d'éviter les routes pour ne pas être repris, ils s'installent pour bivouaquer et s'offrir quelques précieuses heures de sommeil avant l'aube.<br />
<br />
L'aurore pointe à peine lorsque Herle, Diane et les autres se lèvent, déposent quelques pièces de cuivre dans la grande salle et filent sans prendre de petit déjeuner, pendant que Craie et Esteval constatant la disparition de leurs prisonniers commencent à activer les soldats, et que ceux-ci constatent la disparition d'un des leurs. ''"Et vous là, vous avez rien entendu ?!? _Nope : nous on dort sérieusement quand on doit se lever tôt."'' répondent nos héros avant de s'engager, sous la bruine matinale, vers le chemin raide qui monte en lacet vers le nid d'aigle de la cité minière. Rapidement rejoints par Lerkoren Oleytan, Vighnu et Andréas (modérément reposés), ils confèrent sur les évènements de la veille et s'accordent sur un plan : Eldan (puisqu'il connaît Solerane), Andréas (qui compte s'arrêter dans un temple pour se lancer dans l'enchantement d'un document puissamment convaincant pour faire partir le convoi avec une escorte réduite ''"car tout danger est désormais écarté"'') et Diane (qui pense pouvoir s'infiltrer dans la-dite escorte) iront en ville pendant que le gros de la troupe (''"J'suis pas gros j'suis juste un peu envelo _Ta gueule, La Poigne : t'es lourd."'')attendra caché dans la forêt. <br />
<br />
=== Plan d'action ===<br />
<br />
Dès que le convoi sera prêt à partir, les mercenaires partiront devant pour semer des embûches sur sa route afin de le ralentir (comme un sapin ou des rochers ''"décrochés par le dégel"'') : s'ils parviennent à le retenir assez longtemps dans la gorge pentue et traîtresse que les chariots auront de toutes façons du mal à négocier (le segment 2, sur la carte), ils peuvent l'obliger à passer sa première nuit avant le gué sur l'[[Anil'wel]] (milieu du segment 3). Le lendemain, la caravane sera donc obligé de forcer l'allure pour sortir de la forêt qui suit (segment 4) avant le crépuscule : réputée dangereuse (c'est, avec la gorge, le site d'embuscade préféré des Kormes, c'est d'ailleurs là que la colonne de Durgaut s'est faite attaquer au début de l'Épisode 1), le mauvais chemin tortueux y sera en cette saison embourbé par les ruisseaux et, avec un peu de sabotage supplémentaire (en creusant par exemple le lit d'un petit torrent pour former une combe traîtresse), l'escorte arrivera dans la vaste prairie marquant le dernier bout droit (5) en fin d'après-midi, épuisée par deux journées difficiles et fera probablement halte, croyant avoir fait le plus dur... Mais c'est justement là que l'attendra notre commando camouflé et grimé en Kormes, qui lui tombera dessus avant qu'elle ait eut le temps de souffler, laissera filer les non-combattants pour qu'ils puissent témoigner de la culpabilité des rebelles mais massacrera impitoyablement tous ceux qui pourraient les avoir vu de trop près au Marchepied ou à Solerane. En se coordonnant avec Diane pendant qu'elle s'isolera ''"pour pisser"'' le long du parcours, ça devrait marcher très bien (c'te blague).<br />
<br />
Image à rajouter<br />
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<br />
<br />
== Enquête ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Solerane (Diane, Andreas, Eldan) ===<br />
<br />
Entrant en ville par la Porte Basse alors que le crachin continue, le trio d'espions improvisés passent devant les vastes écuries où des palefreniers semblent avoir rassemblé au moins une cinquantaine de chevaux, puis remontent les rues pentues et mal pavées, encadrées d'étroites maisons de pierre et d'ardoise, en direction de l'Hostellerie des Moindres, attenante au temple et tenue par les religieux locaux. Traversant au passage la grand'place surmontée d'un vaste marché couvert au bout duquel s'élève le siège de la Guilde Minière locale, ils constatent que des bouviers attèlent ou chargent des chariots sous les halles, alors que des marchands s'assemblent devant le porche du sanctuaire : ça sent le départ...<br />
<br />
Le réfectoire de l'hostellerie est aussi sombre qu'encombré par une bonne 20aine de mercenaires pour la plupart loqueteux, de forestiers et de négociants qui semblent tous attendre qu'un sergent courtaud et obèse s'occupent d'eux : Eldan le connaît sous le nom de "La Boule" comme le membre le plus corrompu de la garde locale, qui offre fréquemment les services de ses hommes à Jornil Cuivré et laisse prospérer les coupes-jarrets qui hantent avec son fils [[Jorem]] la boutique d'un marchand de vins, "Le Carafon".<br />
Pendant que Diane réussit à se bouffer le nez avec l'épaisse bonne-sœur qui sert pain et brouet aux clients (c'est une manie), Andréas trouve son chemin vers la sacristie pour demander au prêtre s'il pourrait s'y installer pour "travailler dans le recueillement nécessaire à ses enluminures". [Sur un jet de "Contacts dans la Pègre" réussit], Eldan le brigand repenti avise bientôt un drôle de novice qui accueille les voyageurs dans la cour en semblant éviter la salle, qu'il reconnaît illico comme un croche-bourse du coin, déguisé pour pouvoir "courtoisement débarrasser les voyageurs de leurs bagages" sans se faire trop remarquer des sœurs et des vrais disciples du Culte (et puisque je peine à lui donner un nom, il le baptise "Boule-de-Suif"). Son camarade interpellé en plein travaille lui explique que La Boule est venu sélectionner les meilleurs combattants disponibles pour les intégrer à l'escorte du convoi minier, les autres devant se contenter de la moindre paye offerte à l'escorte d'une caravane marchande qui devait partir ce matin avec un troupeau de chevaux emishen, mais qui a pris du retard malgré les tentatives du Cuivré pour les faire activer, allant même jusqu'à participer à la solde des convoyeurs pour peu que les marchands acceptent d'ouvrir la route en précédant d'une journée ses propres chariots. Bien sûr, quelques piécettes peuvent toujours faire pencher le jugement de l'adipeux sergent. ''"Et sinon, on peut saluer des copains au Carafon ? _Ben non, curieusement, y a quasiment personne depuis hier, déjà : ch'ais pas où ils sont tous passés. Même la bande à Jorem elle y est pu'..." ''<br />
Mais cette "cervelle de moineau" d'Eldan aura tôt fait de perdre l'information.<br />
<br />
Jugeant plutôt minables les guerriers déjà choisis, Diane se porte volontaire et décide de démontrer ses talents à l'arbalète en faisant tinter la haute cloche du temple d'un carreau tiré depuis le fond de la cour, selon un angle de tir particulièrement réduit par les étroites voutes du clocher et dans la visibilité voilée par la pluie et la grisaille : ''"Si une gonzesse y arrive, j'veux bien l'embaucher, tiens !"'' ironise La Boule. Et si Eldan s’éclipse vivement vers le campanile pour faire sonner la cloche du pommeau de sa dague si la Kerdane devait manquer, il n'a pas encore atteint le sommet qu'un trait ricoche sur le bourdon et faisant sonner le bronze avant de retomber côté grand' place. ''"Et sinon, c'est combien la paye ?"'' demande la tireuse d'élite d'un ton narquois, avant d'aller rejoindre la table où attendent déjà les autres vainqueurs, deux étrangers à l'air farouche et une paires de jeunes imbéciles qui se présentent comme ''"[[Trevan de Rigorne]], chevalier errant ! _Et [[Gavin]], son loyal écuyer. _Ah ben putain, si c'est le haut du panier j'ose pas voir le fond..."'' leur décoche Diane, toujours aimable. <br />
<br />
Informé que le convoi va de toutes façons partir le lendemain, que Diane y est embauchée, que l'éclaireur doit aller acheter quelques provisions pour le reste de l'équipe et puisque les religieux sont tous très occupés avec la foule des clients, Andréas profite du reste de sa matinée pour étudier bien tranquillement sa récente trouvaille. <br />
<br />
(Spoiler même pour les joueurs de cet épisode : En examinant les bagues mobiles qui se découpent dans la sphère d'or-rouge héritée de [[Langard]], le mage découvre qu'elle est à la fois un focus capable de stocker de l'Essence magique, un catalyseur qui facilite le transfert d'Énergie vitale pour la chargre plus facilement et un amplificateur doublant la portée de la plupart des sorts : bien qu'il ait du payé 2pH pour la retrouver, Andréas Odran est ravi ! Bien sûr, il ignore encore que le spectre de son défunt propriétaire y a été piégé, et qu'il se manifestera lorsque l'objet sera suffisamment rechargé…)<br />
<br />
=== Interlude Forestier (Vignu, Herle) ===<br />
<br />
Pendant ce temps, Vighnu et Herle se sont éloigné dans la forêt après avoir entendu de lointains aboiements : voulant voir de quoi il retourne, ils découvrent une petite chaumière isolée, où une mère de famille fend du bois avec dextérité pendant que ses deux jeunes enfants jouent en rassemblant les demi-bûches sous l’œil de deux énormes [[dogues de Marale]], des molosses presque aussi hauts que des poneys. En s'approchant sous le vent, les mercenaires réalisent que ce doit être la demeure de Thuril le Brun : un forestier réputé dans la région et qu'Eldan leur a expliqué servir régulièrement de guide aux caravanes, en particulier celles de Jornil Cuivré, de loin son meilleur employeur. Ils envisagent un moment de kidnapper un môme pour forcer la coopération de son père, mais après avoir considéré la maman qui fend les bûches d'un coup de hache expert, l'agitation grandissante des chiens, la taille du chenil trop vaste pour "seulement" deux dogues et les probables galères d'avoir à balader un otage de 5 ou 8 ans, les deux farouches guerriers renoncent.<br />
<br />
En rejoignant leurs camarades, ils aperçoivent les traqueurs d'esclaves qui patrouillent les flancs de la montagne et se dissimulent tous si bien qu'Eldan, sorti de la ville basse pendant que le premier convoi s'y assemblait pour partir enfin, va avoir bien du mal à les retrouver. Déposant les provisions en expliquant que Diane a réussit à intégrer l'escorte, l'éclaireur repart aussitôt pour lui transmettre les derniers détails du plan et une dague empoisonnée par les bons soins de Vighnu, "en cas de besoin". <br />
<br />
«_''Pis ramène le chroniqueur, aussi : on s'arrache dès que la première caravane a fini de descendre la route. <br><br />
_''Mais vous vouliez pas que j'aille jeter un œil à la mine, pour repérer l'autre convoi ? <br><br />
_''Il part demain matin, non ? Qu'est-ce qu'on besoin de savoir d'autre ? Grouille !» <br><br />
<br />
Et ce fût leur deuxième erreur…<br />
<br />
<br />
<br />
== Préparation du terrain ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Sabotage (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
À peine une heure derrière les quelques chariots de marchandises et le troupeau de chevaux qui labourent la route humide devant eux, le commando se met donc en marche en milieu de journée, avançant d'un pas tranquille pour éviter de les rattraper. La fin d'après-midi leur offre une vague éclaircie lorsque, quasiment à mi-pente de la gorge encaissée où les cailloux roulent sous leur pas, ils avisent un sapin qui penche déjà un peu depuis le versant hérissés de rochers du ravin : passant des cordes autour du tronc, Herle, La Poigne, Vighnu (mollement, hein, il est fatigué), Le Grêlé et Oleytan tirent de toutes leurs forces pour finir de le déraciner. Le templier défroqué s'énerve au passage et, quand ses compagnons remarquent que la chute de l'arbre n'a pas l'air très naturelle, il escalade la pente avec La Poigne pour déclencher à eux deux un éboulement susceptible d'expliquer l'accident. Après qu'une coulée de rochers se soient répandus sur la route et que le colosse ait cogné le tronc à coups de pierres pour parfaire la mise en scène et dissimuler les marques de cordages laissées dans l'écorce, l'équipe décide de souffler un peu avant de repartir... et Vighnu remarque alors une silhouette qui les observe de loin, dissimulée parmi les sapins en haut de la crête.<br />
(Si Andréas Odran a tout intérêt à garder le secret de ses talents magiques pour éviter de finir au bûcher, surtout lorsqu'il voyage avec un ex-templier, Hadrien Muraille et Adira Pratesh les ont découvert lorsqu'ils étaient enfermés dans la mine et le fehnri en a évidemment parlé à son cousin : malgré ses craintes instinctives concernant la sorcellerie, Vighnu a abordé le sujet avec Andréas qui s'est montré assez ouvert sur le sujet pour le rassurer...)<br />
<br />
Après avoir discrètement averti le reste de ses camarades de la présence d'un observateur discret et leur avoir recommandé de faire "comme si de rien n'était", Vighnu et Andréas s'éloignent innocemment loin des regard inquisiteurs en pénétrant sous les frondaisons qui bordent la gorge en se donnant vaguement l'air de chercher des plantes : <br><br />
<br />
«_''Tu peux le chroniquer d'ici, demande l'apothicaire dès qu'ils sont loin de Herle ? <br><br />
_''Assieds-toi avec moi et (Andréas sort la sphère première de son sac) pose tes mains là-dessus, là et là. <br><br />
_''Je sens que je vais pas aimer.... <br><br />
_''Sans doute mais j'ai pas l'énergie pour le faire moi-même alors tu participes où il va se tirer." <br><br />
Dès qu'ils ont tous les deux les mains sur la sphère de métal rouge, Vighnu se sent soudain très fatigué [ça lui coûte 4 points de Fatigue, mais ça fait 8pts d'Essence pour alimenter les sorts d'Andréas, qui en a bien besoin vu comme il peine depuis plus de deux jours qu'ils sont en marche] et, les yeux fermés par la concentration, le chroniqueur annonce à son camarade : <br><br />
_''Il n'y a qu'un seul type, mais il s'éloigne vers... un cheval. Plein nord, au sommet de la gorge. Il sait qu'on l'a repéré. Il se dépêche parce que... le sentier qu'il veut prendre rejoint la route un peu plus haut. <br><br />
_''Tu peux le neutraliser ? <br><br />
_''Je vais essayer mais... <br><br />
_''Fais au mieux, je préviens les autres !» <br><br />
<br />
=== Interrogatoire ===<br />
<br />
Quand Vighnu sort des bois tout essoufflé en appelant ses compagnons, il explique brièvement que le guetteur est en train de s'enfuir à cheval, mais qu'ils peuvent tenter de lui couper la route et Oleytan s'élance le premier, remontant la gorge au pas de charge, suivi de près par Eldan, Herle de Lorune et le Grêlé. Ils ont beau courir de toutes leurs jambes sur le chemin rocailleux, le cavalier dévale la pente plusieurs centaines de mètres plus haut qu'eux... et tombe de selle en atteignant la route.<br />
<br />
''"Quand on sait pas monter..."'' grommelle Herle, dégageant l'arc qu'il avait en bandoulière en cavalant de plus belle : son cheval trottant pour s'éloigner des ennuis, le guetteur se relève à peine lorsque Lerkoren Oleytan arrive sur lui le glaive à la main, mais réussit à dégainer sa propre épée en se remettant sur ses pieds, à parer et à lui coller un grand coup de pommeau à la tempe, séchant le jeune Elloran avant qu'Eldan ne soit à portée de lame. Le cavalier esquive le coup mal ajusté du Moineau en bout de course et, voyant arriver d'autres adversaires, dégage vivement sur le versant boisé qui descend vers le torrent. Mais Herle de Lorune a stoppé et décoché une flèche, et malgré la distance elle vole entre les arbres, racle l'écorce d'un boulot et transperce le genou du fuyard [3 pions de Fatigue et 1pH : Ego' voulait vraiment le choper] qui bascule dans dans la pente en rebondissant contre les troncs et les rochers. Un instant soufflé par l'expertise du tir, Oleytan, Eldan et le Grêlé regardent le Défroqué d'un air médusé, celui-ci leur fait signe d'aller chercher leur proie et, s'asseyant pour souffler sur un rocher, débande son arc en déclamant un poème sur la rudesse de la vie au bord des eaux [il faut préciser que pendant qu'on joue sur Rolisteam, Ego' dégotte des poèmes de circonstance qu'il déclame à brûle-pourpoint quand il a besoin de libérer de la Tension : ça fait toujours son petit effet et lui obtient à chaque fois le bonus du public]. Le Grêlé en reste un moment comme deux ronds de flanc, puis l'ex-inquisiteur dégage sa dague et, descendant à la suite d'Eldan avec le mercenaire sur les talons, annonce : ''"Bon, c'pas le tout : au boulot."''<br />
<br />
Et pendant qu'Oleytan s'éloigne pour récupérer le cheval, sous le regard mortifié d'Eldan qui a eu tant de mal à récupérer le blessé dans le torrent, à le traîner sur la berge et à lui faire un garrot, Herle entreprend d'interroger le prisonnier, d'abord en lui expliquant qu'il parlera de toutes façons et que ce n'est qu'une question de temps et de douleur, puis en tournant la flèche dans la plaie pour illustrer son propos. Alors qu'Eldan, dégouté, s'éloigne, le cavalier commence à révéler qu'il n'est que l'éclaireur d'une bande de types chargée de suivre le convoi... lorsqu'il tourne de l’œil, moins à cause de la souffrance que des blessures reçues : ayant rejoint ses camarades depuis quelques instants déjà, Vighnu l'examine et, constatant que le prisonnier cumule un sérieux hématome à la tête et des côtes fracturées à sa blessure au genou, annonce qu'il risque d'avoir un peu de mal à le garder en vie plus de quelques heures. <br><br />
<br />
«_''Et qu'est-ce qu'il a sur la poitrine, demande le chevalier ? <br><br />
_''Tatouage de voleur, explique l'assassin-apothicaire : la Confrérie du Chacal, une espèce de regroupement de brigands, mais j'ai entendu dire qu'ils commençaient à trafiquer des armes dans le coin. <br><br />
_''Non. Ce sont des démonistes ! <br><br />
_''Hein ?! Houlà, non, non, je vous assure messire ils... <br><br />
_''L'étoile à neuf branches est le signe du démon, Maître Pratesh, et cette créature doit être décapitée et brûlée séance tenante. <br> <br />
_''Quoi ?! Mais non, enfin, on allait l'interrog... <br><br />
_''Nous ne tolérerons pas l’œuvre du démon et vous n'en serez pas complice, Maître Pratesh, ou bien vous aurez à faire à moi !» <br><br />
<br />
Malgré les protestations de ses camarades, Sire de Lorune défait le long paquet qu'il a sur le dos depuis le départ et en dégage une lourde épée bâtarde à la lame gravée de runes antiques et dont la garde rougeoyante rappelle à Vighnu une certaine sphère : avant qu'il ne puisse s'interposer, l'épée s'abat et la tête du malheureux tombe, tranchée net, entre ses genoux [oui, Herle vient d'exécuter le "peunj-d'information" pour produire une Réaction à 5]. <br />
<br />
Image<br />
<br />
=== Fuite ===<br />
<br />
''"D'autres cavaliers arrivent !"'' les avertit Oleytan depuis le chemin, où il monte maintenant le cheval récupéré. Ne sachant pas s'il s'agit de brigands ou de simples civils et préférant éviter de laisser une "scène de crime" qui mette la puce à l'oreille du convoi, les mercenaires bascule le corps dans le torrent et dégage vers l'aval, histoire de dépasser leur éboulement avant d'être vus. Emportant la tête pour la brûler plus tard, Herle s'élance sur le chemin à la suite de ses camarades. Ce n'est que lorsqu'ils ralentissent au bas de la gorge qu'ils s'avisent qu'ils ont oublié Andréas et La Poigne, à qui Vighnu avait ordonné de rester près du chroniqueur pour le protéger : <br />
<br />
«_''Non mais ils sont pas débiles, non plus, ils auront dégagé en nous voyant passer... <br><br />
_''On parle de La Poigne là : le gars qui reste allongé près de l'arbre les yeux fermés pendant qu'on poursuit un cavalier parce qu'on lui a dit de faire "semblant de rien". <br><br />
_''Bon, Oleytan, tu retournes les chercher à pied en passant par les crêtes, on se retrouvera près du gué.» <br><br />
<br />
Et le matériel chargé sur le cheval, notre commando hautement qualifié repart d'un pas tranquille sous la bruine persistante.<br />
<br />
=== Reflexions ===<br />
<br />
Sous les pas des mercenaires, une plaine vallonnée, couverte de hautes herbes et parsemée de bosquets, succède bientôt à la forêt escarpée. Une éclaircie illumine le paysage et, quoiqu'en regardant régulièrement par-dessus leur épaule, les PJ en profitent pour sécher un peu en devisant sur la suite. Ce n'est qu'en arrivant au bord du fleuve que Herle insiste pour faire une pause et observer sérieusement les environs, des fois que les Démonistes (''"Mais c'est juste des petits truands qui se donnent un genre ! _Des dé-mo-nistes !"'') aient posté un autre guetteur ou que la première caravane soit encore à portée de vue. Les abords de l'[[Anil'wel]] ("la Rivière du Passé") sont remarquablement calmes, mais la profondeur des empreintes de chariot laissées sur la berge intrigue le templier : <br />
<br />
«_''Qu'est-ce qu'il y avait exactement dans ces chariots, Eldan ? <br><br />
_''Heu... un de draps et fourrures, un de ferronnerie, chaudrons, ce genre de trucs, et puis un p'tit chariot de matériel, les vivres de l'escorte, tout ça. <br><br />
_''Grand et gros, le chariot de chaudrons ? <br><br />
_''Pas très non, pourquoi ? <br><br />
_''Parce je commence à me dire que si j'étais un maître-contrebandier qui se méfie d'une attaque sur le convoi le plus important de l'année, j'aurais peut-être bien camoufler le vrai chargement dans la première caravane et tendu une embuscade autour de la seconde…» <br><br />
<br />
Après avoir passé le fleuve, et puisque la journée touche à sa fin sous les nuages noirs qui s'accumulent à l'est (''"Gros orage en provenance de la mer, annonce le Moineau. _Trouve-nous un bon site de bivouac, faut qu'on puisse se reposer ce soir."'') le groupe discute toujours de ses soupçons en interrogeant Eldan sur milles détails, puisqu'ils est le seul parmi eux à s'être rendu en ville et à avoir observé les préparatifs de départ. Montant un campement étonnamment confortable à base de branchages installés entre de gros rochers, sur les contreforts des hauts plateaux à l'ouest de la route (en limite de zone 4, sur la carte) et bientôt rejoints par Oleytan suivi d'Andréas juché sur le dos de La Poigne, l'équipe continue de réfléchir à l'idée du Templier.<br />
<br />
Et, à force de se creuser la cervelle, Eldan commence à se remémorer divers détails troublants (les mises en garde du Capitaine ; la désertion du Carafon (d'ordinaire quartier-général des truands et en particulier des séides de Jorem Cuivré) ; Jornil qui pressait le premier convoi de partir au point de payer une partie des frais de l'escorte, finalement un peu excessive pour des marchandises sans grande valeur et comptant assez peu de cavaliers pour que le troupeau de chevaux soit sa principale préoccupation ; les drôles de "barbares" qui trainaient à l'Hostellerie avec Diane), Andréas raconte sa première rencontre avec les Chacals au Cercle des Cascades, Vighnu et Eldan ajoutent leurs connaissances sur la pègre du nord... Il leur faut un moment pour constituer une théorie viable mais, lorsque Herle de Lorune revient de l'incinération de la tête tranchée, ses compagnons se sont rangés à son avis : le butin est caché dans la première caravane (qui n'a que 3 ou 4 heures d'avance sur eux et a du elle aussi s'arrêter pour la nuit), et le deuxième convoi est un piège à leur intention, pour lequel Jornil a embauché les Chacals, originellement venus des Sylves, tout comme [[Urgrand]] le sorcier barbu qui les a mis en relation avec les rebelles.''"Je vous avez bien dit que c'était des démonistes ! Quand on aura fini cette mission, faudra faire la peau à ce sorcier. _Nous en reparlerons certainement, sourit Vighnu."''<br />
<br />
=== Interlude Lointain ===<br />
<br />
Pendant ce temps à Tal Endhil, le Capitaine prend [[Ranyella Sotorine]] à part à la fin d'une des nombreuses sessions qui occupent la Guilde depuis le début de la semaine et, alors qu'il voulait lui parler transport nautique et diplomatie locale, la cheffe kerdane lui remet 4 pièces d'argent : ''"À quel titre ? _Une de vos mercenaires a envoyé un message à Écume 6 en demandant qu'on lui envoie une barge au Lac d'Acier. La réponse est que nous avons déjà perdu une barge récemment, que ma famille a autre chose à faire et que la mercenaire en question a perdu le privilège de faire appel à nous : vous seriez gentil de transmettre. _Oh... merde !"'' <br><br />
Et le Capitaine fonce illico au Cercle des Cascades, insiste pour parler urgemment à quelques chamans de sa connaissance et fini par demander à [[Kal Shemon'Lon]] de bien vouloir passer un message à Vighnu et Andréas : ''"Seulement si j'peux mett' un monstre marin. Ça donne du cachet aux visions, les monstres marins. Hihi."''<br />
<br />
<br />
<br />
== Infiltration ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Soirée à Solerane (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
À l'Hostellerie des Moindres, après qu'Eldan soit passé en coup de vent lui déposer une dague empoisonnée (''"T'aurais rien de plus liquide, pour épicer les vivres de l'escorte ? _Ah heu ben non, mais j'vais demander à l'apothicaire."'': jamais revenu), Diane fait connaissance avec ses futurs compagnons de route : si les deux "barbares" au poil noir et à l'air revêche ne font toujours aucun effort pour converser dans la Langue des Pères, elle découvre que le jeune "chevalier errant" Trevan de Rigorne et son fidèle écuyer sont venus au nord "en quête de gloire et d'aventure" et que, malgré leur bref engagement dans les troupes mercenaires (''"parce qu'on y voit plus d'action !"''), l'aventure leur a fait jusqu'ici plutôt défaut : une escorte de caravane vers Celanire (et quelques troubles sur place dus à l'arrivée d'un nouveau prêtre assez radical), mais toujours pas de glorieux combat. Ils comptaient s'engager dans les troupes d'un héros local, le fameux Capitaine Durgaut de Tal Endhil ("Qui ? Non, 'connais pas...") mais comme Trevan est incapable de réduire son train de vie, les voilà pour l'instant fauchés et ils repartent vers Darverane avec le fourgon de métal, dont le jeune chevalier espère bien qu'il sera attaqué (pour se couvrir de gloire), afin de gagner assez d'argent pour un second cheval (Gavin l'écuyer se plaint de courir derrière depuis deux mois).<br />
<br />
Un très bref duel d'entraînement avec lui permet par contre à Diane de constater que Trevan est extrêmement bien entraîné à l'épée, malgré son inexpérience du combat réel et sa rafraichissante "naïveté". Si son écuyer a d'avantage les pieds sur terre, Diane ne doute pas de pouvoir par contre les manipuler (et ne se préoccupe pas plus que ça d'aller jeter un œil au fourgon ou à la mine).<br />
Elle rencontre bientôt [[Thuril le Brun]], le massif forestier accompagné de deux dogues en charge de guider le convoi, qui vient les avertir d'être prêts le lendemain avant l'aube.<br />
<br />
=== Rêves collectifs (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
Pendant qu'elle dort tranquillement à l'Hostellerie, le tumulte de l'orage qui s'abat sur la plaine est bientôt interrompu par un hurlement de frayeur : sous son abri de branchage, Vighnu vient de s’éveiller d'un horrible cauchemar, une histoire de barques irrémédiablement coulés et de monstre marin qui le dévorait. <br><br />
<br />
«_''Ça commençait par un faucon ricanant dans la nuit et finissait par un petit oiseau qui te guidait vers un sentier lumineux dans la montagne, demande Andréas ? <br><br />
_''Heu... oui, mais je t'avoue que je me suis réveillé après le poisson géant. <br><br />
_''C'est drôle, moi j'ai juste vu une espèce de grosse murène rôder dans l'eau, mais à part ça, je pense qu'on a fait le même rêve, envoyé par Kal Shem'... <br><br />
_''C'est important les rêves, coupe Herle de Lorune, ce sont souvent les Ancêtres qui nous les envoient. <br><br />
_''Voilà. <br><br />
_''J'allais le dire. <br><br />
_''Et dis-donc, le Moineau, un chemin dans la montagne, ça te dit quelque chose ? <br><br />
_''Ah heu...oui. Le Capitaine avait prévu une solution de secours si on trouvait pas d'embarcations, c'est au nord de Celanire. <br><br />
_''Et c'est fiable ? <br><br />
_''Les plans du Capitaine sont toujours fiables ! <br><br />
_''Suis-je bête. Bon ben demain on peut s'épargner d'aller voir si les Kerdans sont arrivés à la presqu'île et foncer plein sud dès l'aurore pour rattraper le convoi...» <br><br />
<br />
=== Départ du convoi (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
Et le jour n'est pas encore levé que Diane, Trevan, Gavin et les deux barbares Sylvains dont elle n'a tiré que les noms ([[Rumbold]] et [[Jaromir]]) rejoignent avec Thuril la mine de cuivre, un véritable petit fortin dont sortent bientôt des cavaliers (dont Craie et Esteval, qu'elle reconnaît et qui la reconnaissent, mais aussi un jeune gandin qui s'avèrera vite être Jorem Cuivré, le fils du grand patron), quelques fantassins supplémentaires, un lourd fourgon de chêne fermé par une porte cadenassées et un petit chariot de matériel tiré par des mules. Retraversant la ville vers la porte basse dans le fracas des roues et des bêtes sur le pavé, le convoi descend laborieusement la route vers le Marchepied en brinquebalant (''"Bloumboudoum font les coffres dans le fourgon fermé. _Super : tu fais vachement bien le coffre. _Okaaay... _Ben quoi ?"'') puis oblique plein sud dans le petit matin.<br />
Très vite, l'arbalétrière comprend qu'entre Craie, Thuril et Jorem, il y a deux chefs de trop dans ce convoi, et en profite pour attiser les inimitiés au sein de l'escorte. Dès qu'elle et d'autres piétons sont employés à retenir les chariots dans la route pentue qui serpente le long du torrent, il lui vient une autre idée pour ralentir le convoi : profitant d'un dérapage du fourgon (''"moins lourd qu'il n'y parait... _Ben tant mieux.") ''<br />
<br />
sur la route bourbeuse, alors qu'elle tirait de l'arrière, Diane s'arrange pour que le véhicule passe sur l'un des cochers descendu pour freiner par l'avant, et le conducteur hurle lorsqu'une des roues de bois ferré lui sectionne la jambe à hauteur du genou. Dégager le pauvre gars et lui prodiguer les soins nécessaires, quoique probablement inutiles (le type ne s'en sortira pas sans un bon chirurgien) stoppent le convoi pendant un long moment. Diane en profite d'ailleurs râler sur la paye, semer encore un peu plus la discorde dans l'escorte et monter Trevan de Rigorne contre Craie en proposant de rentrer à Solerane pour repartir du bon pied, mais l'esclavagiste albinos est vite soutenu par Esteval et, à eux deux, ils ramènent un semblant de discipline dans l'équipage qui reprend la route.<br />
<br />
Toujours attentive aux alentours, Diane commence à avoir l'impression distincte que des bruits de sabots suivent le convoi par les crêtes et, lorsqu'elle propose d'aller voir, Craie insiste pour envoyer plutôt Jaromir et Rumbold, les deux Sylvains. <br><br />
<br />
«_''Dis-donc Trevan, demande-t-elle au jeune chevalier, les deux barbares, là, ils ont été sélectionnés comment ? <br><br />
_''Je ne sais pas, Mademoiselle : je ne crois même pas que le gros sergent les ait mis à l'épreuve, ils ont été embauchés tout de suite. <br><br />
_''Tiens donc..." Et bien sûr, lorsque les deux éclaireurs reviennent "sans avoir rien trouvé", Diane et Gavin espionnent leur bref rapport à l'albinos, la Kerdane entendant quelque chose comme "perdu un gars... <br><br />
_''Dis-leur de garder leurs distances, merde !» <br><br />
<br />
Lorsque le jeune chevalier et un des Sylvains, chevauchant tous deux à l'avant-garde, signalent un l'éboulement barrant la route, le convoi s'arrête à nouveau, l'escorte se déploie en position défensive et la Kerdane décide d'escalader le pierrier pour en avoir le cœur net : trouvant les empreintes de deux paires de très grands pieds, elle déduit que l'éboulement est l’œuvre de La Poigne et du Défroqué, mais préfère inquiéter les autres pour perdre encore du temps. Le convoi ne repartant qu'après avoir utilisé les mules pour traîner le sapin tombé hors du chemin, Diane s'installe à côté de Thuril le Brun sur le banc du fourgon et entreprend de lui expliquer qu'il se passe des choses très bizarres autour de ce transport, surtout que les Sylvains et Craie semblent comploter un truc bizarre avec des cavaliers qui les suivent [Réaction de Témérité à 5]. Manifestement surpris (et convaincu), le Brun essaye pourtant de dissiper les soupçons de la Kerdane mais ne parvient qu'à éveiller de nouveaux doutes : le guide serait-il de mèche avec d'autres gars voulant braquer le convoi ?<br />
<br />
=== Fuite meurtrière ===<br />
<br />
Avec tout ce temps perdu, il fait déjà presque nuit lorsque la caravane fourbue s'installe pour camper juste avant le gué et que Craie insiste pour envoyer les deux Sylvains et Diane "chercher du bois pour le feu", à bonne distance du camp puisque les premiers bosquets sont à plusieurs centaines de mètres. Méfiante, la Kerdane avertit Gavin et ne suit les deux barbares qu'en traînant les pieds et son arbalète sous le bras, le temps de chercher une solution : elle observe le terrain en détail, évalue les distances... Lorsqu'elle réalise que Craie et Esteval arrive derrière elle depuis le camp alors que les Sylvains la prennent en tenaille par l'ouest, elle se penche pour ramasser une branche morte... et disparaît complètement dans les taillis et le soir qui tombe.<br />
<br />
[À 4 contre 1, Diane est sérieusement dans la mouise, surtout qu'Orlanth refuse d'employer ses pH pour autre chose que progresser. Mais briefé en détail sur les options tactiques d'un sniper et anticipant finement sur ses Mises, il va commencer par un énorme jet de préparation, dégageant 16 pts de bonus temporaires qui ne vont pas être de trop...]<br />
<br />
Transmettant des indications par signes aux deux Sylvains, Craie et Esteval resserrent l'étau autour de la Kerdane... Du moins le croient-ils car, camouflées dans un bosquet à quelques distance, elle se trouve déjà hors de "l'encerclement" et visant soigneusement, elle attend le bon moment pour tirer en comptant sur la fatigue et la tension de ses adversaires. Et lorsque que, croyant avoir vu un buisson bouger, Craie fait claquer son fouet dans le feuillage, l'arbalète claque sans être entendu et Esteval s'écroule sans un râle, un carreau lui ayant perforé le crane par l’œil gauche. Jaromir, l'éclaireur sylvain qui progresse discrètement l'arc tendu, est maintenant la cible la plus excentrée : Diane recharge et lorsque l'albinos -dont les longs cheveux blancs se distinguent nettement malgré le crépuscule- se retourne pour appeler à voix basse son camarade disparu, un second trait claque et se fiche dans la trachée de l'archer, qui s'effondre en gargouillant du sang.<br />
<br />
Immédiatement, Rumbold et Craie comprennent qu'on leur a retourné l'embuscade et cherchent un couvert, mais l'esclavagiste commet l'erreur de vouloir reprendre l'offensive : dégainant son tranchoir et ré-enroulant son fouet, il s'élance en zigzaguant entre les rares bouleaux pour atteindre l'origine du tir... où Diane n'est déjà plus. Et lorsqu'il se retourne pour la chercher du regard, un carreau l'atteint en plein front. <br />
<br />
Alors que des voix commencent à se faire entendre vers le campement, le dernier Sylvain récupère l'arc de son compagnon et, restant prudemment à couvert, scrute le sous-bois en se déplaçant silencieusement vers l'ouest et les profondeurs de la forêt. Rumbold lâche une flèche lorsqu'une ombre se détache brièvement parmi les arbres mais manque de plusieurs coudées, et les deux tireurs continuent leur lente et silencieuse danse parmi les taillis, s'éloignant toujours plus du camp vers la forêt, chacun cherchant à repérer sa cible autant qu'à réduire la distance en restant à couvert... Mais lorsqu'il atteint une longue clairière, le Sylvain doit choisir s'il s'arrête ou s'aventure à découvert et, manifestement décidé à continuer vers l'ouest ou les arbres sont plus dense [et lui permettrons de réduire l'avantage fournit par la portée de l'arbalète], il s'élance soudain au pas de course : il n'a pas fait 10 pas qu'un carreau le cueille en pleine cuisse. Il riposte pourtant, mais manque encore et, étalé dans les hautes herbes, à flèches, il a le réflexe de ne plus bouger et d'attendre que la Kerdane soit obligée de s'approcher : lorsqu'une silhouette blonde apparaît, il se redresse sur un bras pour lancer sa hache mais un dernier carreau lui perce le crâne avant qu'il ait pu finir son geste.<br />
<br />
Accroupie à la lisière des bois, Diane écoute la nuit en reprenant son souffle : s'il lui semble entendre un lointain piétinement de sabots dans la forêt, une chouette ulule à l'ouest quand elle reconnaît le timbre de Trevan approchant par l'est et appelant à mi-voix "Mademoiselle ? Mademoiselle ?". Elle fouille rapidement le corps de Rumbold, récupère le projectile qui saillit de sa jambe et, en plus d'un curieux appeau, d'une solide dague, de quelques pièces de cuivre et d'un lacet d'étrangleur, elle découvre un curieux tatouage sur son sternum, une sorte de loup très mince sur fond d'étoile et de forêt. Soufflant tout bas dans l'instrument, elle émet une sorte de ululement et comprends que d'autres Sylvains appelaient leurs compagnons. <br />
<br />
Quand le jeune chevalier la rejoint enfin, troublé de constater qu'elle vient d'abattre 4 hommes dont leur chef (et qu'il a encore manquer l'action), elle n'a guère le temps de lui expliquer la situation en détail mais, avec l'aide de Gavin qui finissait de fouiller les corps, parvient à le convaincre qu'elle est "la gentille" de l'affaire. Et qu'ils sont tous en danger : il faut fuir, tout de suite, sans repasser par le camp. ''"Mais je ne peux tout de même pas abandonner mon destrier, proteste le "chevalier errant" ! _Et puis j'ai trouvé la clé du fourgon autour du cou de Craie, fait remarquer Gavin : ça vaudrait le coût de jeter un œil..."'' (On pourra pas dire que j'ai pas essayé.) <br />
Diane hésite un instant, car la tentation est forte, mais se ravise et, tirant doucement le chevalier confus par le bras, elle l'entraîne avec son écuyer vers le fleuve, contourne le camp par la rive, trouve le gué malgré la nuit et, alors qu'un fort tumulte et une cavalcade semble agiter le bivouac derrière eux, ils disparaissent dans la nuit et les flots grondant...<br />
<br />
Ils marchent depuis plus d'une heure, que le chevalier a passé à se plaindre de la perte de son cheval, du poids de son pavois et de ses pieds douloureux, lorsque Diane et Gavin réalisent que des cavaliers sont à leurs trousses : quittant le chemin pour tailler à travers bois, le trio sème temporairement ses poursuivants dans l'épaisseur des taillis et tente de prendre un maximum d'avance avant l'aube (passant sans le savoir à peu de distance de l'endroit où, la nuit précédente, ses compagnons ont campé pour s'abriter de l'orage).<br />
<br />
<br />
<br />
== Dernier tronçon ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Sabotage d'un chariot ===<br />
<br />
Durant la journée, Vighnu, Andréas sur le cheval, Herle de Lorune, Eldan, Oleytan, le Grêlé et la Poigne ont continué d'avancer à marche forcée sur la route forestière (segment 4 du trajet) détrempée tant par l'orage de la nuit que par les quelques ruisseaux qui s'écoulent vers le lac, grossis des eaux de pluie. Eldan, le plus leste de la bande, a rapidement pris de l'avance sur le reste du groupe en espérant rattraper la caravane assez tôt et trouver moyen de la ralentir jusqu'à ce que ses camarades le rejoignent. Et en effet, lorsque l'après-midi touche à sa fin et que le Moineau émerge de la forêt (début de zone 5), il découvre le troupeau de chevaux paissant tranquillement dans la grande prairie en bordure du Lac d'Acier, près des trois chariots arrêtés au bord du chemin entre lesquels les voyageurs ont allumé un petit feu pour sécher leur paletots. La moitié d'entre eux prennent d'ailleurs le soleil ou nettoie leur vêtements bourbeux sur la berge pendant que les autres cassent la graine et se reposent de la rude journée qu'ils viennent de passer à pousser les carrioles dans le chemin forestier tout à la fois étroit, sinueux, bourbeux, rocailleux et coupé par les crues miniatures (argl).<br />
<br />
Profitant des hautes herbes et de ce que seulement trois sentinelles semblent encore (vaguement) se préoccuper de monter la garde, le Moineau progresse par l'ouest, traverse la route sans être vu et se glisse subrepticement jusqu'au chariot de ferronnerie. Il entreprend alors d'arracher avec sa dague les clous qui maintiennent une des roues arrières sur l'essieu, mais il n'a pas tout à fait le temps de finir que l'arrivée de l'unique sentinelle à cheval, qui commence à réunir les chevaux égayés e vue du départ, l'oblige à se dissimuler sous la carriole. Son mouvement d'ailleurs trop vif et trop peu discret fait se cabrer l'un des chevaux, la sentinelle descend de selle pour voir ce qui se passe alors qu'une autre est descendue du chariot de draps (étrangement le seul où un garde soit resté en faction) : Eldan, bientôt coincé, ne s'échappe qu'en profitant d'un instant d'inattention né du chef de convoi qui bat le rappel de ses compagnons, juste le temps pour lui de retraverser la route et de s'éloigner en rampant dans les hautes herbes. Néanmoins, la roue d'un des chariots ne tient plus que par un clou et l'éclaireur a reconnu l'homme qui gardait le chariot "de draps" : c'est [[Darjodrahl]], le garde du corps/assassin hornois de Jornil Cuivré en personne, et sa seule présence indique qu'ils ont vu juste...<br />
<br />
[Là, vous comprendrez que j'ai un problème spatio-temporel massif : Diane/Orlanth a toujours environs 24h de retard sur les autres joueurs, qui eux sont à moins de 24h de l'objectif réel, et d'ailleurs la caravane va arriver à l'Auberge du Pont. Si je laisse tourner la chronologie normalement, Diane ne rattrapera ses compagnons que bien plus tard, probablement après que l'action soit terminée : c'est vraiment con. Alors comme pour une fois j'ai mes 4 joueurs-combattants ensemble (ça n'a a été le cas que deux séances sur sept), je fais une entorse à mes principes pour mon Orlanth préféré, Diane passe donc à travers une faille temporelle et rejoint ses camarades, qui pour la plupart n'y ont vue que du feu.]<br />
<br />
=== Regroupement et combat (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Trevan, Gavin, Diane) ===<br />
<br />
À la lisière des bois, le reste de la troupe s'est arrêté pour faire une halte après 10h de marche forcée qui lui ont "presque" permis de rattraper le convoi, lorsque Oleytan à l'arrière-garde annonce trois piétons mal en point qui clopinent vers eux : c'est Diane la Kerdane et deux inconnus, dont un sérieusement blessé. Le trio de fuyard a en effet été rejoint par quelques cavaliers-chacals dans la journée et, lorsqu'un bref combat, Diane en a abattu un de plus, Trevan en a blessé un deuxième et le troisième a planté sa lance dans le flanc du pauvre Gavin avant d'être "héroïquement mis en déroute" par le chevalier errant (et donc il s'est barré, quoi). Rapidement mis au courant des mésaventures les uns des autres malgré l'insistance du chevalier qui veut savoir s'ils sont des "malandrins" (''"Ben heu... on est des bandits d'honneur qui volons aux riches pour donner aux pauvres et défendons les petites gens contre l'oppression._Vrai ? Quelle aventure ! Je suis bien content de vous avoir rencontrés et de pouvoir joindre mon épée à votre noble cause ! _C'est qui ce débile, exactement ?"'')<br />
, tous s'accordent à dire que les deux priorités du moment sont qu'ils ont 1) encore une petite heure de retard sur leur objectif et 2) seulement une courte avance sur les 6 ou 7 cavaliers qui poursuivaient encore Diane, Trevan et Gavin. ''"Ça tombe bien, ''fait remarquer Vighnu'' : on va avoir besoin de chevaux."''<br />
<br />
Une fois l'équipe déployée autour de l'appât constitué par Gavin (rapidement rafistolé par Andréas) et Trevan installés au bord de la route, le "combat" est aussi rapide qu'unilatéral : Diane snipe le premier cavalier, le second reçoit une flèche de Herle avant d'être démonté d'un grand coup d'épée par Trevan et si les 4 autres qui les suivaient freinent à bonne distance pour descendre de cheval, ils découvrent vite qu'ils sont encore à porter de tir quand l'arbalète fait une seconde victime et qu'un autre adversaire prend une flèche dans la hanche en descendant de cheval. Les deux derniers, d'abord décidés à profiter du couvert des sous-bois pour arriver au contact voient bientôt le chevalier, le Grêlé, Vighnu et la masse du Templier s'avancer vers eux, et se dispersent dans les taillis dans l'intention manifeste de se carapater. C'était sans compter sur l'inhumaine discrétion de la Poigne, qui éclate à la masse le crâne du malheureux qui avait presque réussi à surprendre l'assassin (longue journée + problèmes de cœur : petite forme, le fehnri) et lorsque ce dernier se met en quête de l'ultime ennemi rescapé, il le trouve affalé sur le ventre et ligoté par le layss d'Oleytan, d'ailleurs assis sur son dos. <br><br />
<br />
«_''Très bien mon gars ! Allez, on le ramène aux autres et... <br><br />
_''Non. <br><br />
_''Je te demande pardon ? <br><br />
_''Non, Vignupratesh : cet homme est mon prisonnier, et il porte un tatouage. Je ne laisserai pas tes cinglés de compagnons massacrer un vaincu. Je comptais le laisser repartir après que nous ayons pris du champ. <br><br />
_''Mais c'est une très mauvaise idée, mon ami : il va rejoindre ses compagnons... <br><br />
_''C'est son droit. <br><br />
_''...les alerter sur notre position. <br><br />
_''Bah je peux lui trancher un mollet, si tu veux : il devra repartir en boitant et ne rejoindra les siens que bien après que nous soyons partis. <br><br />
_''Hem... bon écoute, je vais voir où en sont les autres et je reviens vers toi, d'accord ? <br><br />
_''Chouette : tu peux me ramener à boire ?» <br><br />
<br />
Et leur seul autre prisonnier, blessé à la hanche, est une prise inattendue : Jorem Cuivré, soi-même. Terrifié et enfiévré par la douleur, le propre fils du patron-minier balance tout ce qu'il sait dès que Herle et Diane froncent les sourcils : oui, son père se doutait qu'il serait attaquer et a conçu la ruse des deux convois, oui il a embauché les Chacals à sa demande par l'intermédiaire d'un contact qui trafique du sel et d'autres marchandises "tombées du chariot" entre Darverane et Solerane, oui ils se doutaient bien que le Capitaine Durgaut était derrière tout ça mais son père ne pouvait pas se permettre de faire attendre Rhilder. <br><br />
<br />
«_''Mais pas du tout, mes fringants compagnons et moi-même sommes des bandits d'honneur qui volons aux riches pour... <br><br />
_''Non arrête, Trevan, t'es chiant : on bosse pour Durgaut, en fait. <br><br />
_''Quoi ? Palsambleu mais alors vous m'avez roué ! Quelle aventure ! <br><br />
_''Mais vosu êtes cons, pourquoi vous balancez un truc pareil devant le prisonnier ?! <br><br />
_''Parce qu'il va pas repartir de toutes façons..." explique Vighnu avant de lui trancher la gorge [Réaction Cynisme 5 : ouch !].<br />
Et abandonnant ses compagnons avec le chevalier errant qui fait un scandale, il entraîne Diane vers l'endroit où il a laissé Lerkoren Oleytan en lui expliquant la situation : <br><br />
_''Mais quel chieur ! 'Sont tous comme ça vos venteux ? <br><br />
_''C'est pas la question : je compte sur toi pour abattre le prisonnier après qu'on l'ait "libéré". <br><br />
_''Pas de problème mais faut pas que le môme me repère... <br><br />
_''Je t'aiderai.» <br><br />
<br />
Et, en effet, Vighnu fait assez de boucan en rejoignant son jeune ami pour que l'approche de la Kerdane passe inaperçue : une fois le prisonnier ahuri rendu à la liberté sans arme et avec un talon d'Achille tranché (''"Rhaaaaaaaaa ! _Pis traîne pas mon gars, parce qu'avant la nuit, y aura des loups..."''), Vighnu ramène Oleytan vers leurs compagnons en l'entretenant de ses soucis sentimentaux, que le jeune Elloran ne comprend que trop bien. Cette émouvante confession les empêche d'entendre le claquement d'une arbalète qui vient de mettre fin à une très brève fuite, après quoi Diane rejoint les autres pour récupérer les carreaux qui, ayant atteint des parties molles, peuvent encore être extraits à la dague (faut dire qu'elle n'en a plus que 7, avec tout ça). <br><br />
Le temps de répartir les désormais 9 cavaliers, dont un blessé, sur les 7 chevaux disponibles (_''Quelle malchance : aucun d'entre eux ne montait mon cher destrier ! _Couillon, moraliste et obsédé par son canasson : il est pas venteux votre chevalier, des fois ?"'') et la troupe repart au galop à la poursuite du convoi.<br />
<br />
Eldan, rapidement récupéré et pris en croupe, explique qu'il a pu confirmer que le butin était dans le chariot de draps et saboter la carriole de ferronnerie, mais que la caravane a repris sa marche et qu'elle a encore repris près d'une heure d'avance. Trottant de leur mieux sur leurs chevaux déjà éreintés, les mercenaires fourbus voient s'amenuiser leurs options en même temps que le soleil couchant : s'ils peuvent encore rattraper leur objectif avant l'Auberge fortifiée (d'autant que la roue déclouée peut céder n'importe quand), il leur faudrait encore prendre le temps de se déguiser en Kormes, abandonner pour cela leur matériel le plus avantageux, attaquer en plaine, couper la fuite à quiconque sauterait sur un des 50 chevaux pour donner l'alerte, défaire une quinzaine de "gardes" (dont au moins 4 professionnels dignes de ce nom et Darjodrahl) à seulement 8 combattants, rafler le butin et dégager à travers champs avant que des renforts n'ait pu intervenir depuis le fortin : <br><br />
<br />
«_''C'est pas la peine de se casser le cul à galoper, fait remarquer Vighnu : on est tous trop crevés pour se battre efficacement. Il faut trouver autre chose... par exemple s'introduire à l'Auberge du Pont cette nuit, avant que la caravane ne reparte pour Darverane avec trois ou quatre fois plus de monde. <br><br />
_''C'est ça, on va trimballer 200kg de coffres blindés par-dessus les remparts et tout le monde trouvera ça normal. <br><br />
_''J'ai peut-être une idée, propose Eldan : je sais que le chariot de ferronnerie est destiné à Celanire, alors si on pouvait remplacer discrètement le contenu des coffres par des fers à cheval et d'autres objets en fonte pour planquer le butin sous les chaudrons, on aurait plus qu'à attaquer demain matin un p'tit chariot presque sans escorte allant justement dans la bonne direction. <br><br />
_''Mmmmh... et tu ferais ça comment ? <br><br />
_''Ben on j'pourrais entrer à l'auberge avec Gavin en innocent blessé et l'honorable médecin-érudit Andréas, on repère les lieux et le butin, pis on aide Vighnu, Oleytan et tous ceux qui savent grimper et se faire discrets à passer la muraille, pis on s'introduit là où sont gardés les chariots, on se débrouille pour changer le butin de carriole sans faire trop de bruit, les grimpeurs repartent pis, le lendemain, ni vu ni connu, on braque le transport de chaudrons sur la route de Celanire. <br><br />
_''Mais dis donc, tu sais que si on laisse quelques gars à l'extérieur pour éviter que les gars du deuxième convoi nous tombent dessus à l'improviste ou viennent raconter des âneries à la garnison locale, ça pourrait presque marcher, ton affaire ? <br><br />
_''Très bien, jeune homme : je suis ravi de constater qu'on ne t'a pas emmené pour rien...»'' conclue le Défroqué. <br><br />
<br />
<br />
<br />
== A l'Auberge du Pont ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Première nuit ===<br />
<br />
Pendant que le reste du groupe se dissimulait avec les chevaux dans un bois, Eldan le Moineau, Gavin l'Écuyer blessé et Andréas, sous l'identité d'un érudit de Brasure, ont précédé la caravane à l'Auberge du Pont pour observer son arrivée et ses mesures de sécurité. Ils y ont découvert que la herse qui barre le fameux pont était baissée suite à des attaques répétées des Kormes sur la route vers Darverane (qu'on leur avait annoncée "rouverte") : les voyageurs et marchandise s'accumulant alors dans l'auberge envahie de tentes, de chariots et de bien plus de résidents qu'elle n'en peut héberger ou même nourrir, et les prix y grimpaient de manière délirante.<br />
<br />
Une fois les hommes de Jornil Cuivré arrivés et le chariot "de draps" (dissimulant les coffres que visent nos vaillants mercenaires) bouclé pour la nuit dans une grange gardée, Eldan observa les lieux pour chercher le meilleur point d'entrée (la garde mercenaire habituelle est doublée d'un contingent de l'armée régulière qui semble obéir à Darjodrahl, le lieutenant hornois du Cuivré), il manqua d'être lynché en accusant publiquement une jeune tire-laine plus charismatique que lui, Andréas fit le tour de l'auberge sur-bondée et récupéra la bourse volée au Moineau, puis Gavin sortit brièvement pour prévenir ses (autres) camarades de la situation avant que les portes ne soient fermées pour la nuit et tous trois se retrouvèrent au spectacle donné par les saltimbanques dans la cour...<br />
<br />
Les autres mercenaires ont d'ailleurs passé un début de soirée tendu, la journée les ayant laissés sur les nerfs. Tout particulièrement Vighnu chez qui les affres sentimentaux s'ajoutaient à la tension et à la fatigue de cette mission [il trimbale toujours ses deux points de "Trauma" (rebaptisés "Marques" depuis la dernière réécriture du système) dus à ses problèmes avec Islinna) et pète donc les plombs beaucoup plus souvent que d'habitude. C'est d'ailleurs d'autant plus intéressant que, sa principale Réaction étant le Cynisme, le fait même qu'il soit fâché avec sa douce parce qu'il est un assassin cynique l'incite à se comporter en assassin cynique. Comme dit souvent mon collègue "Cancrela", «Ça devrait s'appeler "nÉvrotic"...».] Le fehnri était en fait tellement stressé que lorsque Gavin est venu leur annoncé que le chariot était sous clé et qu'Eldan s'était fait gravement repéré en perdant sa bourse et en déclenchant un esclandre, Vighnu a sorti sa dague pour la lui coller sous la gorge en gueulant "Mais vous êtes complètement cons nomdedju, on peut rien vous confier !". Immédiatement, il a senti l'acier froid de l'épée que Trevan de Rigorne lui posait sur la nuque, Herle de Lorune a dégainé son [[nerhil]] pour piquer la pointe sous le diaphragme du chevalier errant, Diane a braqué son arbalète chargée sur l'oreille du précédent et le Grêlé, passant sa lance entre le fehnri et l'écuyer, a finalement demandé de son habituel ton sarcastique si la mission intéressait encore quelqu'un ou s'ils allaient tous s'entretuer à 300m du butin juste parce qu'ils ne savaient pas tenir leur nerfs. L'assassin a donc rengainer son katara et tout le monde a lentement rangé ses armes en échangeant des regards méfiants : folle ambiance...<br />
<br />
Pendant qu'Eldan "sympathise" avec des compatriotes Anguedais ("du Duché d'[[Anguedale]]"), des bergers occupant la tente la plus proche de la porte de la remise (la verte, sur le plan), Gavin tâche d'en déloger la barre qui la ferme de l'intérieur à l'aide d'un cure-pied (une espèce de crochet pour nettoyer les sabots des chevaux) et n'arrive qu'à la déloger en partie ("J'finira 'pu tard !").<br />
<br />
[Tentative rigolote : Gavin, qu'Orlanth incarne désormais pour éviter de ne jouer que son Arbalétrière confinée à l'extérieur, possède une Ressource "Paquetage" qui n'est définie que comme son aptitude à sortir tout et n'importe quoi du fatras accumulé dans son baluchon à force de chapardages, pour peu qu'il réussisse un jet sous le domaine "Voyage" et avec tous les talents appropriés. Le jet est plus ou moins difficile en fonction de ce qu'il espère tirer de son sac à malice, et il peut y miser d'autant plus d'Énergie que l'objet désiré correspond à ses talents...]<br />
<br />
Après avoir profité de l'enthousiasme du public devant la performance des baladins pour remplir en partie son focus, sa bourse elle aussi bien garnie a permis à Andréas d'accéder à la partie de dés qu'organise pour ses amis fortunés un certain Dorian «le Magnifique», marchand reman particulièrement entreprenant puisque, grâce au courtage, au tripot installé dans une des rares chambres privatives et à la prostitution de son époustouflante maîtresse fehnri, [[Sohashna]], il est probablement la seule personne à tirer quelque profit de son séjour à l'Auberge du Pont. C'est surtout, pour nos mercenaires, le seul autre type assez influent sur place pour avoir obtenu que sa propre roulotte soit elle aussi gardée sous clé dans la fameuse grange... Après quelques coups de dés qui lui ont fait gagner un peu de menue monnaie, Andréas se retire du jeu et de la conversation entre puissants négociants pour lancer le sort qu'il a préparé pour glisser dans l'esprit de Dorian et de sa courtisane une certaine idée fixe : "le commerce ne vaut rien ici, la route ne rouvrira pas, autant retourner à Solerane."<br />
<br />
Frôlant le malaise tant il a investi d'énergie dans sa "Chimère", le chroniqueur s'excuse et prend congé, entendant en partant les deux amants discuter de leur départ à l'aube. Comme Gavin et Eldan (mais du côté de l'étable), il s'installe alors pour dormir quelques heures dans la cour, afin de rester aux premières loges en cas de besoin. En attendant la diversion prévue par ses camarades à l'extérieur, il s'endort malgré les protestations fréquentent des campeurs qui râlent chaque fois que quelqu'un les réveille en faisant du bruit dans la cour, rajoutant un peu de merdier à chaque fois...<br />
<br />
=== Extrait des Chroniques des Marches du Nord d'Andréas Odran ===<br />
<br />
: ''Après avoir réalisé que nous nous étions fait bernés comme des bleus et que le chariot que nous pourchassions n'était qu'un leurre, nous avons quasiment rattrapé le faux chariot de draps. Le plan mis au point par Eldan et Vighnu était d'opérer une substitution entre le coffre que nous recherchons et des ferronneries d'un autre chariot lors de l'arrêt du convoi à l'Auberge du Pont. ''<br />
<br />
: ''J'ai été affecté au groupe d'éclaireurs, en compagnie du brave Eldan et de Gavin, le soi-disant écuyer du soi-disant chevalier errant. Pas mécontent de laisser derrière moi le poète-répurgateur et ses tendances homicides qui me feraient presque regretter feu [[Conrad de Mélanque]], nous avons doublé au large le convoi pour découvrir une auberge absolument bondée, un vaste campement de tentes débordant de ses murs. Moutons et poulets courraient en liberté là au milieu, dans un bazar que d'aucuns auraient trouvé joyeux. Ce n'était pas mieux à l'intérieur, et il me fallu jouer des coudes pour y entrer, tandis qu'Eldan essayait d'interroger des gardes à l'extérieur - comptant sur la camaraderie militaire. Il a rapidement découvert que la route de Darverane n'a jamais réouvert : les quelques marchands qui ont essayé de l'emprunter sont revenus la queue basse et soulagés de leurs biens, et le contingent de gardes de l'auberge s'est vu renforcé. La conversation a ensuite tourné court, pour autant que j'aie bien compris les explications embrouillées d'Eldan : il semblerait que la réputation de la camaraderie militaire soit en fait largement usurpée... ''<br />
<br />
: ''Pendant ce temps, Gavin et moi-même nous frayâmes tant bien que mal un chemin dans la salle de l'auberge bondée, où tout un tas d'individus tentaient d'accéder à un comptoir où l'on servait de la nourriture. Très franchement, les moutons de la cour me parurent plus dignes que cette pitoyable assemblée d'humains se battant pour leur pâtée. Enfin... J'espérais trouver plus de calme à l'étage, il n'en fut rien : l'étage était intégralement couvert de lits et de paillaissades, et la seule zone privative était réservée par un riche marchand et gardée par un mercenaire. J'ai bien tenté d'expliquer à l'un des commis de l'auberge que je ne souhaitais pas partager mes nuits avec une bande de garçons de ferme illettrés, mais celui-ci a pris la mouche (je suppose que c'est un ancien garçon de ferme toujours illettré). Ce serait donc compliqué pour moi d'obtenir un coin tranquille où préparer mes petites diversions...''<br />
<br />
: ''Pendant ce temps, à l'extérieur Eldan assistait à l'arrivée du guerrier hornois escortant la caravane des marchands de draps. Usant d'un subtil mélange de force brute, de regard mauvais et de cette indicible autorité que procure le fait d'être une machine à tuer, le Hornois a rapidement imposé son autorité auprès des gardes, fait entrer le chariot contenant le coffre dans une remise fermée (dont il a conservé la clé), et réquisitionné une chambre et des repas pour ses employeurs. Le reste du convoi, lui, s'installait hors des murs de l'auberge. Et notamment le chariot de ferronneries avec lequel nous comptions faire l'échange. Voilà qui compliquait sérieusement notre affaire. Eldan a aussi appris que la remise en question était occupée par un autre chargement appartenant à un riche et important marchand : des verreries, apparemment. Et ce riche marchand n'était autre que celui qui occupait la grande chambre à l'étage de l'auberge, où parait-il il organise des parties de dés pour tuer le temps en attendant la réouverture de la route. Il aurait déjà plumé certains de ces collègues...''<br />
<br />
: ''Je retrouvai Eldan dans un coin pas trop encombré de l'auberge et nous avons commencé à discuter de nos options. C'est alors qu'Eldan a été bousculé par une jeune fille qui lui subtilisa la bourse confiée par Durgaut. Il l'a arrêtée, mais elle avait déjà passé l'objet du délit à un complice que j'ai pu repérer et suivre. Je l'ai retrouvé dans les latrines où il contemplait le fruit de son forfait. Bien qu'il fut armé d'un méchant coutelas et ait l'air plus costaud que moi, j'ai serré le manche de ma dague en prenant mon air le plus menaçant et je l'ai sommé de me rendre l'argent. De façon incroyable, j'ai dû avoir l'air suffisamment méchant pour qu'il me rende la bourse sans combattre [jet d'Intimidation +1pH !]. Pendant l'intervalle, ce brave Eldan avait accusé publiquement de vol la jeune fille. Celle-ci se lança alors dans un numéro théâtral de fragilité féminine qui aurait bien fait rigoler Diane, et quelques courageux sont intervenus - espérant probablement passer pour des chevaliers blancs et ainsi trousser la donzelle d'ici la nuit. Eldan, pas si brave que cela au final, s'est copieusement fait casser la gueule et je l'ai retrouvé tout ensanglanté dans la cour. Ce fut pour moi l'occasion de m'essayer aux arts dentaires pour réparer la mâchoire du garçon. Je crois que je m'en suis bien tiré, et après tout cette dent cassée lui donne un air aventurier qui devrait plaire à ces dames.''<br />
<br />
: ''C'est alors qu'est advenu l'évènement le plus sidérant de cette soirée : Gavin, le paysan-écuyer, a été pris d'un soudain accès d'initiative et s'est esquivé pour faire un rapport au reste du groupe ! Alors ça ! Que croyait-il le bougre, que nous allions rester sans prévenir nos compagnons ? Je n'en reviens pas, quelle outrecuidance ! Moi qui pensait que les capacités intellectuelles de ce garçon ne dépassaient pas celles de la limace ou du templier, le voilà qui nous donne des leçons d'opérations clandestines. Il va falloir que nous nous reprenions, Eldan et moi. ''<br />
<br />
: ''Au final, nous sommes parvenus au plan suivant : nous restons sur la substitution, et celle-ci s'effectuera directement au sein de la remise, entre le coffre que nous recherchons et le chargement de verreries. De mon côté, je vais essayer d'aller rencontrer le marchant de verreries, probablement au cours d'une partie de dés. Charge à moi de faire usage de toute ma persuasion pour le convaincre de partir le plus rapidement possible vendre sa cargaison à Solerane, où nous l'attendrons sur la route...''<br />
<br />
Notre chroniqueur omet sciemment de préciser que sa fin de soirée fut consacrée à assister au spectacle offert par quelques baladins, dont la jeune fille et l'acrobate ayant subtilisé la bourse d'Eldan, un jeune joueur de vielle à roue et le conteur qui les dirige, un [[Estrani]] nommé [[Horacio]]. <br><br />
Le but d'Andréas était moins de se détendre que de profiter des spectateurs assemblés pour effectuer le rituel de "La Sentinelle au Bal" par lequel il peut tirer de l'Essence magique de l'émotion partagée d'une foule, et ainsi recharger son focus récemment acquis.<br />
<br />
<br />
=== L'éclaireur à abattre (Diane, Vighnu, Le Grêlé, Trevan, Herle, La Poigne, Oleytan) ===<br />
<br />
Grimés en Kormes après un court débat quant à Diane (''"Les femmes Kormes combattent généralement seins nus mais peinturlurées jusqu'à la taille. _Essaye-voir et tu vas pas retrouver tes doigts. Moi j'aurais des fourrures. _Bon, bon..."''), le chevalier errant Trevan de Rigorne et Herle de Lorune surveillent la route depuis les bois à l'ouest du fortin pendant que l'arbalétrière rampe dans les hautes herbes près de la berge sud, se glissant entre les cavaliers qui surveillent la cinquantaine de chevaux qui n'ont pas pu trouvé asile à l'auberge. Lorsqu'elle en effraie quelques-uns en déclenchant un début de panique dans le troupeau, que les cavaliers doivent alors empêcher de piétiner les tentes plantées à l'extérieur, la plupart des gardes aux créneaux du fortin se tournent vers le sud. C'est le moment qu'attendaient Vighnu, Oleytan, La Poigne et le Grêlé pour s'élancer depuis la lisière des bois au nord-ouest : le fehnri est le premier à franchir le rempart dans l'ombre de la tour ouest, profitant de l'angle mort repéré par Eldan. Le jeune Elloran le rejoint avec aisance et redescend dans la cour sans être vu, pendant que Vighnu place le grappin et la corde qu'ils trimballent depuis Tal Endhil pour faciliter l'escalade des suivants, puis rejoint son camarade au sol et tout deux se cachent un instant sous l'arcade de la chapelle ("Ch") pour observer l'endroit : Andréas dort à poings fermés à quelques pas d'eux, un garde est toujours en faction devant le portail de la grange et, en plus de ceux qui surveillent l'extérieur depuis les deux tours, un autre patrouille la cour. Mais le vrai danger semble venir d'une lucarne à l'étage de l'étable, où se trouve les chambres "de luxe" : derrière un volet, un rai de lumière trahit la présence d'un homme de Darjodrahl surveillant la cour.<br />
<br />
Derrière eux, La Poigne peine à glisser sa panse entre les créneaux, manque d'être repéré mais s'encoigne dans l'angle de la tour ouest avant d'être rejoint par le grêlé... lorsqu'une cavalcade isolée sonne sur la route au dehors et que la sentinelle au-dessus d'eux crie soudain "Qui va là !?".<br />
<br />
En rejoignant Trevan et Herle, Diane avait elle-même repéré le cavalier, reconnu un des hommes de Jornil qui accompagnait le soi-disant "convoi de métal" et tenté de l'abattre à l'arbalète avant qu'il ne puisse s'annoncer à l'Auberge bouclée pour la nuit. Mais son unique tir manqué de tout le scénario s'est perdu loin de la cible sans même être remarqué et, freinant au pied de la tour ouest, le cavalier n'est finalement à portée d'arc que lorsque le garde l'a déjà remarqué : sans savoir où en sont leur camarades ni s'il peut les mettre en danger, le trio hésite à abattre l'arrivant juste le temps qu'un autre membre de la caravane, qui montait la garde à l'extérieur près des tentes des marchands de chevaux, ne le reconnaisse et viennent à sa rencontre... ''"Ouvrez les portes !"'' crie la sentinelle à l'intention de ses collègues.<br />
<br />
Du rempart, le Grêlé indique par signe à Vighnu qu'ils ont un sérieux problème : le reste du commando comprends qu'il leur faut d'urgence neutraliser ce messager nocturne qui pourrait compromettre toute leur opération. Heureusement, près du portail que deux autres gardes s'apprêtent à ouvrir, Gavin qui ne dormait que d'un œil commence à râler : ''"On veut dormir ! N'ouvrez pas la porte ! Si ça se trouve, c'est des Kormes !"''. Les protestations sont bientôt reprises par ses voisins, et Gavin envenime la situation pour gagner du temps, poussant un des nouveaux copains anguedais d'Eldan à aller se plaindre aux deux soldats qui déverrouillent la porte en arguant qu'ils ont payé pour la protection de l'auberge et que le couvre-feu vaut pour tout le monde. Le ton monte bientôt à travers toute la cour lorsque Andréas se joint aux réfugiés mécontents et en convainc une poignée d'aller gueuler auprès des hommes en faction au pied de la grande tour. <br />
<br />
Profitant du merdier, le Grêlé et La Poigne se sont introduits dans la tour ouest, ce dernier a tué la sentinelle et l'autre ouvre maintenant la porte du rez-de-chaussée à Vighnu et Oleytan : pendant que le Grêlé enfile la livrée du soldat pour le remplacer à son poste, les trois autres montent au rempart sud et le longent jusqu'à la petite porte de bois qui donne sur le grenier de la grange. Dégainant sa dague, il travaille alors à en faire sauter la barre...<br />
<br />
Sentant la situation dégénérer à l'intérieur du fortin où des archers sont apparus en haut de la grande tour- et parce que les caravaniers installés à l'extérieur commencent à vouloir se joindre aux deux hommes qui cognent au portail, Diane, Herle et Trevan (toujours déguisés en Kormes et surveillant les événements depuis la lisière des bois) décident de passer à l'action : le plus proche gardien de chevaux est abattu d'un carreau d'arbalète dans la poitrine, deux flèches descendent simultanément un caravanier armé et une sentinelle mal avisée et le trio se rapprochent à couvert des chariots et des tentent qui bordent le chemin vers le pont, bien décidé à réduire le messager au silence avant qu'il n'ait pu parler aux gardes ou à Darjodrahl le Hornois...<br />
<br />
=== Emeute et mort de Darjodrahl (Vighnu, Oleytan, Andreas, Eldan, Gavin, La Poigne) ===<br />
<br />
Dans la cour, Andréas voit arriver un garde de plus et l'engueulade devant le portail toujours fermé (et à l'extérieur duquel deux types gueulent ''"Ouvrez ! C'est important ! Un messager de Solerane !"'') tourne bientôt à l'empoignade : un des soldats pointe sa lance sur Gavin, Eldan se tient prêt à agir, l'autre soldat repousse brutalement le berger... et le chroniqueur lance discrètement un sort pour attiser la colère de la foule. Immédiatement, les protestations tournent à l'émeute et plusieurs résidents se jettent sur les soldats sortant de la Grande Tour. Gavin saisit la lance qu'on pointait sur lui et tente de désarmer le garde, écopant d'une méchante estafilade à l'épaule et les deux hommes luttent pour l'arme lorsque Eldan surgit et décapite le soldat par derrière, éclaboussant de sang le pauvre écuyer qui en reste un instant interdit.<br />
<br />
Le second soldat qui s'était précipité pour ouvrir le portail se retourne et n'a que le temps de dégainer son arme avant que le Moineau ne se rue sur lui en brandissant sa lame ensanglantée : le garde esquive une première fois, recule pour éviter un coup de lance de Gavin et le Moineau (très en forme) l'empale contre le portail. Derrière eux, sans armes ni grand talent pour la bagarre, les émeutiers amateurs se font rapidement tailler en pièce par les soldats et mercenaires de plus en plus nombreux à sortir du donjon...<br />
<br />
À peine Vighnu et La Poigne ont-ils fait un pas dans le grenier enfin ouvert que Lerkoren Oleytan arrête le fehnri d'un geste : il lui semble distinguer une silhouette dans le grenier obscur. Repéré, le Hornois jaillit et -avant que quiconque n'ait pu réagir- son épée à deux mains ouvre un profond sillon dans le thorax de La Poigne. Le colosse vaincu n'a pas encore touché le sol que Vighnu a déjà lancé une dague empoisonnée qui croise l'épée s'abattant sur lui : sa parade précipitée au katara aurait été insuffisante si Oleytan n'y avait pas joint son précieux arc à double-courbure, la lame hornoise déviant en tranchant dans le bois. Le fehnri pare une nouvelle attaque avec l'aide de l'Elloran, utilisant la corde de son arc pour lier un des bras de Darjodrahl, et se fend pour planter son katara dans la poitrine du Hornois pendant que, à peine relevé, La Poigne lui abat en chancelant sa masse d'arme sur l'occiput : à la fois empoisonné, poignardé et assommé, l'ennemi s'effondre sans un cri sur le plancher disjoint.<br />
<br />
Dehors, quatre "émeutiers" ayant été tué en un instant, Andréas reflue vers le fond de la cour avec les autres réfugiés vers le maintenant horrifiés de la tournure de leurs protestations. Entre les archers qui pointent maintenant leur flèches vers la cour et les soldats qui ont envahi la cour, Gavin comprend également que leur petite émeute a fait son temps et lâche la lance pour se réfugier dans une tente comme n'importe quel innocent apeuré par les événements. <br />
Eldan n'a pas la même présence d'esprit et, lorsque trois hommes d'armes avancent vers lui, l'adrénaline qui bat dans ses veines le pousse à tenter de leur tenir tête. Deux blessures plus tard, acculé contre la porte de la remise, il ne peut que faire mine de se rendre en posant piteusement le glaive hérité de son père pour se donner le temps de décrocher derrière lui la barre de la porte, déjà à moitié dégagée par Gavin quelques heures plus tôt. Lorsque les gardes avancent pour l'arrêter, Eldan bondit par la porte soudain libérée, claque le battant au nez des soldats et replace la barre avant qu'ils n'aient pu l'en empêcher.<br />
<br />
Lorsqu'un carreau d'arbalète cloue soudain le crâne du messager contre le portail de l'auberge, son compagnon s'arrête net de cogner pour qu'on lui ouvre mais n'a que le temps de pousser un cri avant qu'une flèche de Herle le réduise au silence. Désormais repéré mais toujours déguisé, le Défroqué décide d'exploiter au mieux la situation et s'avance à découvert en hurlant l'un des rares mots de lange des Vents qu'il maîtrise à l'attention des défenseurs : "KOOOORME !" scande-t-il en défiant les hommes aux créneaux, qui lui répondent à coups de flèches.<br />
<br />
=== La Grange (Vignu, Andreas, Le Grêlé, La Poigne, Eldan, Oleytan) ===<br />
<br />
S'étant fait ouvrir la porte de la tour ouest par Le Grêlé, Andréas le suit par les remparts jusqu'au grenier où Vighnu tente maladroitement de panser les blessures de La Poigne. Andréas n'obtient guère de meilleurs résultats pendant que ses compagnons descendent dans la grange où Eldan arrivent bientôt par la remise. ''"Les gardes sont à mes trousses"'' explique-t-il bien inutilement puisqu'on les entend marteler la porte barrée. D'autres coups et des voix retentissent bientôt au portail verrouillé de la grange : ''"Darjodrahl ? Un type vient de rentrer par la remise, est-ce que tout va bien ?!"''.<br />
<br />
Nos voleurs échangent des regards atterrés, Le Grêlé colle une taloche à Eldan pour sa peine et le corps sanglant du Hornois continue de goutter un sang poisseux à travers le plancher du grenier pendant que les gardes s'énervent à l'extérieur quand, finalement, Vighnu tente d'imiter le phrasé rogue et guttural de son ami Barbaras :'' "Ouais ! J'l'ai vu mais il s'est tiré ! Tout va bien !" ''répond-il avec son meilleur accent Hornois. Quoiqu'un peu hésitant, le garde de faction finit par répondre ''"Faîtes attention quand-même, hein, on dirait bien que des Kormes sont à nos portes..."'' mais s'éloigne lorsqu'un grognement de hornois met fin à la conversation.<br />
Alors que tous soupirent de soulagement, Oleytan les avertit depuis le grenier d'où il surveillait les alentours par la porte du grenier, ouvrant directement sur la cour : <br><br />
<br />
«_''Pssst, y a des guerriers plein les remparts et c'est la panique dans tout le fortin. Qu'est-ce qu'on fait ? <br><br />
_''Et surtout, qu'est-ce qu'on va faire demain, quand il faudra ouvrir la grange pour laisser partir la roulotte de Dorian et qu'ils trouveront le corps de Darjodrahl ? <br><br />
_''Surtout qu'Eldan est maintenant complètement grillé, pis y a des gars qui risquent de finir par l'identifier... <br><br />
_''Et j'ai perdu le glaive de mon père." ajoute l'intéressé d'un ton chagrin.» <br><br />
<br />
Mais à l'extérieur, les appels redoublent et les soldats commencent à vérifier toutes les portes à la recherche de "l'espion des Kormes" qu'ils croient poursuivre...<br />
<br />
=== Feinte (Le Grêlé, Eldan) ===<br />
<br />
Dehors, Trevan a sauté sur un cheval qu'il cabre en brandissant sa lame juste au-delà de la portée des archers, pendant que Diane récupère ses carreaux, aussi précieux que compromettants, sur les corps qui lui sont accessibles. Un cri retentit alors sur le rempart sud : ''"Il est là ! L'espion Korme s'enfuit par l'ouest !"'' Après avoir ainsi ameuté tout le monde dans et hors les murs, Le Grêlé, toujours en livrée de la garde se précipite vers la tour ouest suivi par Eldan. Après s'être barricadé, ils rejoignent bientôt le sommet. ''"Il est là ! Attention ! Il va sauter !"'' hurle le Grêlé alors qu'une silhouette à peine noircie bascule par-dessus le rempart. Au pied de la tour, Herle a également sauté à cheval et puisque les trois "kormes" à l'extérieur ne semblent pas réagir à la ruse, le "garde" s'écrit encore : ''"Ses compagnons viennent le chercher ! Il va s'enfuir, vite !"'' Et de tirer quelques flèches aux buissons, pendant que Trevan et Diane ramassent le compromettant cadavre du garde étranglé plus tôt par La Poigne, et disparaissent au grand galop vers la forêt.<br />
<br />
Soldats et mercenaires envahissant les remparts, Le Grêlé et Eldan se retrouvent vite coincés de toutes part et, utilisant la corde et le grappin à leur disposition, ils descendent le long du rempart sud et disparaissent à leur tour dans les bois sans avoir été remarqués. "Bon, ça nous aura fait gagner un peu de temps, constate Vighnu depuis le grenier, mais on a encore du boulot…"<br />
<br />
=== Dans la grange (Gavin, Vignu, Andreas, La Poigne, Oleytan) ===<br />
<br />
Après avoir discrètement permis à Gavin de les rejoindre par la remise, nos cambrioleurs retranchés dans la grange découvrent bientôt sous les linges et couverture du "chariot de draps" quatre gros coffres ferrés, fermés par des cadenas et liés au fond du véhicule par de lourdes chaînes. ''"Bordel, comment est-ce qu'on va ouvrir ça ?"''<br />
Vighnu, peu habituer à la serrurerie malgré ses doigts de fée, casse le seul crochet sorti de la besace de Gavin, l'Écuyer essaye à son tour avec un long clou mais sans plus de succès et Le Grêlé lui-même y épuise ses maigres compétences. <br />
<br />
''"Nan mais c'est pas possible, y en a pas qui sache crocheter dans cette équipe de voleurs ?! _Ben y avait le Moineau... _Et merde !!!". '' <br><br />
Persuadés que la clé des coffres doit se trouver sur l'homme de confiance du cuivré, Vighnu, Andréas et Gavin fouillent et refouillent deux fois le corps du Hornois à sa recherche : rien. ''"Merde ! Merde ! Merde ! _Bon, allez, on reprend du début, c'est forcément là, quelque part et on s'y met tous..."'' Pendant que La Poigne se repose de ses blessures, les armes, l'armure, les bijoux, les vêtements, les bottes, la bourse, les poches et le cadavre de Darjodrahl sont ainsi inventoriés et retournés dans tous les sens par les voleurs au désespoir jusqu'à ce que, finalement, Gavin remarque que son gros médaillon cliquète curieusement quand on le secoue. Vighnu et lui s'acharnent sans résultat sur l'objet, jusqu'à ce que le chroniquer, habitué aux casses-tête, saisisse comment le pendentif peut être dévissé et révèle bientôt la clé tant espérée ! Et dans chacun des quatre coffres qu'on leur avait pourtant défendu d'ouvrir (mais Herle et Eldan ne sont justement plus là pour faire des remarques), nos héros trouvent des douzaines de lingots : argent, cuivre, étain, bronze... Il y a là toute la production que Solerane destine à la prévôté, mais aussi la part des mines d'argent qui revient à l'état-major : en tout, c'est près de 200 lingots et donc quelques 250 kilos de métaux qui s'offrent à leurs yeux ébahis. ''"Gavin, remet illico ce que tu viens de glisser dans ta besace : tout ça est maintenant la propriété de notre Capitaine. _Pfff…"''<br />
<br />
Andréas inspecte ensuite la roulotte de Dorian le Magnifique, occupée aux deux tiers par une épaisse couchette couvertes de coussins, des filets de marchandises pendant du toit et jusque entre les roues, des étagères couvrant tout le tiers arrière : <br><br />
<br />
«_''Ah ben il voyage dans le luxe, le fumier. <br><br />
_''Si j'avais une minette comme la sienne, moi aussi j'passerais les trajets à baiser, tu peux me croire ! <br><br />
_''Oh pis dis-donc : des fioles variées, des épices, de l'argenterie, de la verrerie, des bijoux, de la nacre, des miroirs : il vend que du luxe, le gars ! <br><br />
_''Crénom dîtes, c'que c'est beau ! <br><br />
_''Gavin, repose ça tout de suite : pas question que le Magnifique s'aperçoive qu'on a touché à sa roulotte.» <br />
Andréas jugeant que la caisse du véhicule est assez profonde pour qu'on y étale les lingots en un tapis bien lisse que les occupants de la couchette ne devraient pas trop remarquer, il n'y a plus qu'à attendre la diversion prévue pour commencer le transfert du chariot vers la roulotte…<br />
<br />
=== Diversion (Trevan, Herle, Eldan, Diane) ===<br />
<br />
Il ne reste plus qu'une ou deux heures avant l'aube lorsque Trevan, Herle, Eldan, désormais tous maquillés en Kormes, se répartissent autour du fortin et, à l'aide du mélange d'essences et d'huiles piochées au hasard dans la trousse alchimique de Vighnu (fallait pas la laisser à l'extérieur), enflamment des flèches qui produisent des couleurs plus qu'aléatoires avant de siffler au-dessus des bâtiments pour s'écraser sur les toits de chaume humides où tomber dans la cour, n'enflammant que quelques tentes vite éteintes. C'est néanmoins suffisant pour que Diane puisse se faufiler par le sud jusqu'au portail, et récupérer le dernier carreau d'arbalète y clouant encore la tête du messager. <br><br />
''"Les Kormes ! Les Kormes reviennent !"'' crie-t-on bientôt dans tout le fortin.<br />
<br />
Dès que Lerkoren Oleytan a annoncé qu'une drôle de flamme bleuâtre venait de s'écraser dans la cour (''"Rha les saligots !"''), Andréas et Vighnu ont commencé à installer les lingots sous le matelas de la roulotte, pendant que Gavin et La Poigne garnissaient les coffres de fers à cheval, de pierres, d'une enclume et tout ce qui pourrait y simuler le poids et le bruit du butin subtilisé. <br><br />
Et c'est peu avant l'aube, ses compagnons s'étant effondrés de fatigue depuis un moment, qu'Andréas fini seul d'arranger la roulotte pour camoufler avec le plus grand soin son chargement secret...<br />
<br />
<br />
<br />
== Récupération du trésor et autres péripéties ==<br />
<br />
<br />
<br />
[À partir de là, la fin du scénar à été jouée en "flashbacks" successifs jusqu'au combat final. J'utilisais Herle de Lorune, orphelin de joueur depuis plusieurs séances, pour poser des questions auxquelles les joueurs répondaient pour déclencher un flashback. Chacun avait le droit de d'initier deux scènes : l'une contant comment un de leurs camarades avait réussi un exploit et une autre collant à un autre PJ la responsabilité d'un échec, ce qui nous permettait de ne jouer que les scènes "intéressantes" et de faire un peu de montage alterné. <br />
<br />
Comme la scène "de débriefing" se jouait presque en aveugle, seul Loriel savait dès le départ que son perso, Vighnu Pratesh, avait survécu (mais bon, comme il avait accumulé 7pH, je me doutais qu'il ne mourrait pas dans cet Épisode) et les autres joueurs ignoraient si ce qu'il affirmait était vrai, ou simplement un mensonge pour conforter le templier blessé... Évidemment, chacun commençait son premier flashback avec toutes ses jauges à fond, mais devait ensuite gérer les pertes et les récupérations de scène en scène, et les joueurs ont souvent ajouté des détails pour régénérer de la Tension ou se passer la patate chaude. Ça a été un peu décousu, la règle "un exploit d'autrui et une bourde d'autrui par joueur" n'a pas complètement été respectée mais, globalement, ça a donné un final intéressant à cet Épisode qui commençait à traîner en longueur...] <br />
<br />
=== Réveil de Herle ===<br />
<br />
Il fait très froid aux abords du col et l'obscurité règne sous les sapins gelés. Vighnu, transi jusqu'aux os, scrute pourtant les alentours lorsque, quelques mètres en contrebas, Herle bascule du cheval où il l'avait attaché : au contact de la neige, il émerge pour la première fois du sommeil où l'avait plongé l'hémorragie et ses profondes blessures et tend la main vers le fehnri, qui s'empresse à son chevet. <br><br />
<br />
«_''E... Eldan... où est...le Moineau ? <br><br />
_''Il n'est pas loin, il est parti en éclaireur. <br><br />
_''Gnnh. Le butin ? <br><br />
_''Pas loin non plus, en arrière, sur les bêtes. <br><br />
_''On a... on a réussi ? <br><br />
_''Oui, on a réussi. <br><br />
_''Alors putain, d'où ils sortaient ces types ? <br><br />
_''C'est la faute à Eldan, il était en avant lors de l'embuscade, mais il a laissé passé les gars qui descendaient de l'autre convoi par le nord...» <br><br />
<br />
<br />
=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Dans la forêt matinale, à une volée de flèche de la route vers Solerane, Eldan est en train de soulager sa vessie contre un arbre lorsqu'il aperçoit une silhouette évoluant à croupetons parmi les buissons. Il n'a que le temps de se jeter derrière un tronc qu'une flèche en racle l'écorce. Pendant que notre éclaireur se rajuste et encoche lui-même un trait dans son arc, l'ennemi tire une deuxième flèche et atteint le cheval du Moineau, qui s'enfuit dans la forêt. ''"Rha zuuuteuh !"''<br />
Eldan riposte, manque, se remet à couvert et commence à manœuvrer pour s'approcher de son adversaire lorsqu'il aperçoit un deuxième homme, s'approchant furtivement depuis la route une hache à la main. Le Moineau tire une nouvelle flèche à l'archer adverse, le blesse légèrement et jette un coup d’œil pour surveiller l'approche du second ennemi : comprenant qu'il est repéré, l'homme à la hache profite de ce que l'éclaireur a décoché pour charger en levant sa hache. Lâchant son arc, Eldan dégaine son fidèle glaive pour le recevoir...'' _Mais tu l'avais paumée, l'arme fétiche héritée de ton père ! Grâce à qui l'as-tu retrouvée ? _Grâce à Gavin, qui l'a ramassée pendant que les soldats tentaient d'enfoncer la porte de la remise après que je m'y sois enfermé !''<br />
<br />
=== Témoignage de Gavin ===<br />
<br />
Gavin est en train de cavaler à travers la cour de l'Auberge, l'épée d'Eldan sous le bras. Sur les remparts que l'aube éclaire à peine, c'est la panique et tout le monde hurle ''"Les Kormes ! Les Kormes reviennent ! Tous aux créneaux !"''. Le problème de Gavin, c'est qu'en se levant au matin dans la cour endormie, le beau glaive à la lame gravée (d'une femme nue : ''"Rho chouette !"'' fait Gavin) sous le bras parce qu'il ne voulait pas prendre le risque qu'on le lui vole, il a décidé de pisser derrière un pilier où, par malchance, dormait un garde (vous voyez comment les joueurs ont créé un fil rouge héroïque de scène en scène ? ''"J'étais en train de pisser quand..."''). Éclaboussé et immédiatement réveillé, le soldat a ouvert les yeux pour voir l'écuyer "armé" levé au-dessus de lui et s'est mis à crier ''"Aleeeerte !"''. Coup de bol, c'était vraiment l'alerte puisque c'est le moment qu'ont choisi des dizaines de Kormes pour s'avancer sur le pont...<br />
<br />
Gavin cavale de son mieux entre les dormeurs et les tente, sachant que la plupart des autres sont déjà partis, il cherche une cachette ou un moyen de s'enfuir du fortin, mais le portail est à peine refermé et, en plus du furieux trempé d'urine qui le poursuite avec sa hallebarde, les guerriers commencent à s'accumuler aux remparts. <br />
<br />
''"Heureusement, Herle est venu à la rescousse !"'' précise Orlanth, utilisant son "exploit d'un autre PJ" pour s'en sortir. Bon, là, comme techniquement Herle est un PNJ depuis déjà deux ou trois séances, c'est moi brièvement qui raconte.<br />
<br />
En effet, la porte pas encore barrée craque soudain sous l'impact d'un chariot utilisé comme bélier par trois "Kormes" plus ou moins chevelus : Diane, Trevan et Herle de Lorune sont venus évacuer leurs derniers camarades (et permettre aux vrais Kormes d'investir le fortin, histoire que les dégâts ainsi causés camouflent autant que possible l'intervention du commando). Sous la volée de flèches qui pleut alors autour d'eux, les trois peinturlurés décrochent à toute vitesse, plus ou moins suivi par Gavin qui part dans une direction légèrement différente avec l'air du pauvre hère pris dans la tourmente. Un coup d’œil alentour lui révèle d'ailleurs plusieurs dizaines de Kormes progressant par le pont vers la herse baissée en échangeant des traits avec les défenseurs de la grande tour, et de petits groupes épars traversant le fleuve accrochés à des radeaux : l'écuyer s'enfuit vers l'ouest sans demander son reste, et retrouve bientôt le reste du commando. ''"Hé mais c'est mon épée !"'' s'exclame Eldan en voyant arriver Gavin. ''"Celle-là ? Non, non, j'l'ai trouvé à l'Auberge..._Après que je l'ai lâché devant les gardes, ouais ! Rends-moi ça !_Rho mais-heu…"''<br />
<br />
=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Retour dans la forêt : Eldan dégaine donc le précieux glaive hérité de son père puis sauvé par Gavin... et pare le premier coup de hache de son adversaire. Il reste au plus près de l'ennemi pour gêner le tireur qui se rapproche par le nord et, lorsque son opposant trébuche sur une racine [1pH pour éviter d'être gravement blessé par un coup de hache], Eldan le sèche pour le compte d'un grand coup du plat de la lame sur l'oreille, puis roule vivement dans les buissons pour éviter la flèche que l'archer lui décoche une fois son angle de tir dégagé. Bondissant d'arbre en couvert et de tronc en fourré, Eldan se rapproche de lui et, lorsqu'il n'est plus qu'à une 10aine de mètres, le dernier trait décoché à peine rebondit contre l'écorce d'un sapin, le Moineau fonce au contact : l'autre n'a que le temps de tirer sa dague que la lame gravée lui tranche l'épaule, éclatant le trapèze, l'omoplate et la clavicule dans une gerbe de sang. L’hémorragie finit de l'achever pendant que notre éclaireur souffle un peu, découvre le tatouage de la Confrérie du Chacal sur la poitrine de l'archer et lève enfin le nez vers la route quand il entend passer le tonnerre de chevaux aux galop : 6 ou 7 cavaliers foncent à bride abattue vers le sud, d'où monte déjà la clameur d'un combat, puisque l'embuscade y a commencé. ''"Meeeeerdeuh !"'' s'écrie Eldan en repartant vers le sud à toutes jambes.<br />
<br />
=== Herle ===<br />
<br />
Serrant son poing massif sur la cape enneigée de Vighnu, Herle de Lorune commence à s'énerver : <br><br />
<br />
«_''Mais par les Pères tu vas me dire comment vous avez rattrapé le chariot, à la fin ?". <br><br />
_''C'est grâce à Vighnu, intervient le Moineau qui vient de sortir de l'ombre [puisque là, on peut raisonnablement supposer qu'il n'est pas mort] "Il a réussi à trouver des chevaux, puis à nous guider à travers la campagne pour atteindre la forêt avant la roulotte du Magnifique. Il a été formidable ! <br><br />
_''Mais comment vous avez fait pour sortir le butin de l'Auberge ?!? <br><br />
_''Oh ben ça, c'est grâce aux...heu... talents d'imitateurs d'Andréas…» <br><br />
<br />
=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
L'aurore pointe à peine sur la cour de l'auberge encore à moitié endormie quand Dorian le Magnifique et sa suite, fraîchement augmentée de plusieurs mercenaires recrutés sur place, exige du Lieutenant [[Sanderen]] (commandant le fortin pour l'Armée du Nord) qu'on ouvre les portes à sa roulotte, parce qu'il refuse de rester plus longtemps dans un relais aussi mal défendu. L'officier ne s'était d'ailleurs pas levé si tôt pour se faire emmerder par des marchands et grimpe sur la margelle du puits pour annoncer d'une voix forte que, le fortin étant assiégé depuis cette nuit, tout ceux qui auraient encore la mauvaise idée de s'en prendre aux défenseurs -pour des raisons de taxe ou d'insatisfaction quant au couchage- seraient considérés comme complices des Kormes et pendus aux murailles !<br />
<br />
Un soldat vient alors cogner à la porte de la grange où Andréas, caché dans la remise, vient juste de finir un splendide dessin de Darjodrahl, assis dans l'ombre dans une attitude aussi distante qu'agressive, qui va lui permettre de concentrer sa magie [il a créé un puissant sort de Chimère sur tout le rez-de-chaussée de la grange, lui permettant d'y animer un personnage d'autant plus crédible dans sa mauvaise humeur qu'il se base sur l'altercation de la veille entre Sanderen et le Hornois]. Évitant de croiser le regard mauvais du guerrier qui les admoneste depuis le coin obscur de la pièce, le marchand et ses hommes se dépêchent de sortir leur carriole, d'y atteler les bœufs et de quitter l'Auberge. Pendant qu'on referme le portail derrière la suite de Dorian, l'agitation et sa vessie tirent bientôt Gavin du sommeil et, dès que l'écuyer se met à cavaler poursuivit par un hallebardier, Andréas profite de la confusion pour quitter la grange sans être remarqué et aller se recoucher dans un coin... Lorsque, évidemment, les Kormes attaquent.<br />
<br />
[Précision rigolote, mais que les PJ ignorent : quand les joueurs on demandé ce qui avait provoqué l'attaque des Kormes, je leur ai expliqué qu'ils surveillaient évidemment depuis des semaines le fortin et le pont contrôlant le passage vers le nord-ouest de la Région des Lacs, et qu'ils ont décidé de passer à l'action quand, cette fameuse nuit, il est devenu manifeste que des "camarades" assiégeaient l'endroit depuis la rive gauche et envoyé des signaux à coups de flammes colorées : le temps de s'organiser, ils ont donc profité de l'occasion pour tenter de prendre la position. ''"Mais c'est notre faute si les Kormes ont attaqué ?!! _Hé, oui : vous êtes très forts.."]<br />
<br />
''"Mais vous... demande Herle, comment vous êtes sortis de là ? _Oh ben nous on a profité d'une corde dégottée par Gavin dans la grange pour se tirer par les remparts comme on était venus, un peu avant l'attaque. Tu t'en souviens pas ? On vous a retrouvé à l'extérieur, avec les chevaux.''<br />
[Les joueurs font quelques jets pour confirmer cette version de l'histoire, et payent 1pH pour cette histoire de chevaux : entre ceux qu'ils ont amenés eux-mêmes et le troupeau dispersé dans la nature, c'était raisonnablement probable d'en trouver pour tout le monde.]<br />
''"On a juste eut quelques ennuis à cause de Diane qui était restée en arrière..."''<br />
<br />
=== Témoignage de Diane ===<br />
<br />
Pendant que Herle, Trevan et Gavin évacuent vers l'ouest, l'Arbalétrière s'est en effet arrêtée pour se nettoyer à grande eau (parce que les peintures de guerre, ça colle affreusement dans les cheveux longs). Elle est d'ailleurs en pleine toilette quand une bande de Défunts, trempés d'avoir traversé le fleuve glacé à la nage, prennent pied sur la rive et la considèrent avec circonspection : d'abord parce qu'elle est, sinon jolie, du moins sculpturale [Physique 4, Athlétique 4, Allure 4 : elle ressemble à une héroïne d'Adam Hughes], ensuite parce qu'elle est manifestement en train de se débarrasser de peintures semblables aux leurs, qu'elle revient d'avoir enfoncé le portail du fortin et que les Kormes s'attendaient à trouver des camarades sur cette rive. Sauf que Diane a des cheveux, et ça, c'est pas normal... ''"Ben quoi bande de débiles, leur balance-t-elle alors en Langue des Vents, vous allez rester là à mater ou vous êtes venus pour participer à l'assaut ?!? Bougez-vous le cul merde, on est pas là pour roupiller !"'' [Et de faire une énorme réussite sur son un jet de Social+Langues Étrangères+Allure+Intimidation+Volonté.] Un instant médusés, les Kormes saluent respectueusement cette guerrière étrange qui ne peut être qu'une cheffe influente et vont se joindre au combat, l'un d'eux tendant même un carré de tissu à la Kerdane pour qu'elle finisse de s'essuyer... <br><br />
''"Comme quoi c'est carrément pas ma faute, ajoute l'arbalétrière qui vient de sortir de l'ombre auprès du templier blessé : j'avais même réglé le problème quand ce crétin de Vighnu est venu foutre sa merde !"''<br />
<br />
=== Témoignage de Vighnu ===<br />
<br />
[Un jet d'orientation particulièrement raté pour retrouver les autres après avoir rassembler des chevaux vient en effet de basculer une 10aine de pions dans la case de Tension de Vighnu, qui a par ailleurs toujours des pions de Marque psychologique (anciennement appelés "Traumas") suite à sa crise sentimentale avec Islinna (et qu'il essaye d'évacuer depuis 3 séances). Il est donc très largement en Surtension...]<br />
À quelques centaines de mètres à l'ouest du fortin, ses compagnons en train de sauter sur les montures qu'il vient de leur procurer, Vighnu aperçoit à la lisière des arbres encore obscures une jeune et belle jeune fille rousse (il reste de la peinture rouge dans les cheveux de Diane) portant un manteau emishen et entourée d'une 15aine de Kormes... Son sang ne fait qu'un tour (sans passer par le cerveau) et l'assassin s'élance au grand galop en hurlant ''"ISLIIIIINNAAAAAAA ! J'ARRIIIIIIVE !"'' avant que ses camarades n'ait seulement pu songer à le retenir.<br />
<br />
Diane voit alors le Fehnri surgir de la nuit comme un diable, les Kormes qui s'éloignaient déjà ralentissent à l'arrivée de l'intrus et, chargeant toujours, Vighnu bondit de son cheval sur le pauvre gars qui tendaient une serviette à la guerrière et l'égorge d'un grand revers de son katara en beuglant ''"Touche pas à ma copiiiine ! _Mais t'es complètement taré ! J'suis pas ta gonzesse !"'', s'écrie Diane alors que l'assassin halluciné se relève souplement, quoiqu'un peu confus et couvert de sang, pendant que "l'innocent" Korme agonise dans l'herbe haute. Et tous les Kormes alentours de se ruer vers eux en brandissant leurs armes. Sautant à cheval, la Kerdane furieuse et le Fehnri honteux essuient de justesse quelques flèches, javelots et hache de jet mais parviennent à dégager à fond de train avant d'être encerclés.<br />
<br />
Lorsqu'il rejoignent Eldan, Herle, Trevan, Gavin, Le Grêlé, Oleytan et La Poigne maintenant tous en selle, Vighnu ne prend même pas le temps de s'expliquer : ''"Dorian et le butin doive être loin devant nous, maintenant : on va couper la plaine par l'ouest à bride abattue, les doubler avant la forêt et les attendre au premier guet ! _C'est moi ou on aura passé la moitié de cette mission à cavaler derrière des convois ? _''Ferme-la et galope !".''<br />
<br />
«_''Oui heu bon, toi qui a fait vœu de chasteté tu peux pas comprendre mais les femmes, tu vois, ça te mélange tout dans la tête et... <br><br />
_''L'embuscade, par les Pères ! Raconte-moi l'embuscade ! <br><br />
_''Haem donc, comme je te le disais, Diane a organisé une embuscade aux petits oignons, mais on a eu des visiteurs imprévus…» <br><br />
<br />
<br />
<br />
== L'embuscade ==<br />
<br />
<br />
<br />
[Après s'être tous reposés pendant une Scène grâce à l'avance prise dans la course, Diane fait un gros jet de préparation avec le soutien de tous ceux qui ont quelques scores de Tactique, de Camouflage ou d'Embuscade (et dans un groupe de mercenaires du nord, ils sont nombreux) pendant que Vighnu fait un solide jet de camouflage pour tout le groupe : bénéficiant d'un confortable bonus tactique réparti sur plusieurs personnages, d'un excellent point de vue pour la tireuse d'élite et d'une Difficulté de repérage monstrueuse, les PJ et leurs camardes sont prêts à ne faire qu'une bouchée de l'équipage du Magnifique…]<br />
<br />
Le timide soleil matinal jaunit les nuages gris et la pluie qui n'en finit plus de détremper la forêt, gonflant en torrent le ruisseau qui coupe la route de Solerane, juste au pied d'un trio de gros rochers de grès surplombant de leur butte une myriade de petits blocs, le gué et la route. Invisibles derrière les rocs et bosquets alentours, les vaillants mercenaires de Tal Endhil, confiants dans la garde d'Eldan ½km au nord, observent la lente arrivée par le sud de la roulotte fermée et escortée par deux cavaliers et cinq fantassins. <br />
<br />
Image<br />
<br />
Les éclaireurs à cheval de Dorian le Magnifique avancent en effet à pas prudents dans le torrent, pleinement conscients de traverser un splendide site d'embuscade, mais sans parvenir à repérer les guerriers déguisés en Kormes qui attendent le signal de Diane, postée au sommet des rochers, pour les assaillir de quatre côtés. La Kerdane laisse avancer les cavaliers le plus loin possible et, lorsque le premier d'entre eux menace a déjà largement dépassé les rochers et risque d'être bientôt hors de portée de la redoutable arbalétrière, elle l'abat d'un carreau en pleine tête [encore un, il faut dire qu'Orlanth soigne ses jets de tir et mise systématiquement en Visée] dès qu'il échappe à la vue de ses compagnons. Ce n'est que lorsque le garde du corps personnel du marchand commence à donner des signes d'inquiétude, un musclé patibulaire et couturé de cicatrices qui se désaltère au bord du torrent tout en jetant des regards insistants alentours, qu'un deuxième carreau démonte le second cavalier sur la rive nord, déclenchant l'assaut : avant qu'un des éclaireurs ait pu finir de crier ''"Aleeer..."'' des flèches fusent de toutes part, les grands couteaux de jets pris par Vighnu sur le corps du Hornois tournoient dans les feuillages, des guerriers jaillissent de chaque buisson et, en quelques secondes, la majorité de l'escorte agonise sur la terre bourbeuse du chemin. Mais les battants de bois sur le flanc de la roulotte viennent de s'ouvrir, libérant une appétissante fehnri à peine couverte d'une fourrure qui s'enfuit à toutes jambes à travers bois :''"Oh m'am'zelle, reviens ! Faut pas courir toute nue dans les bois comme ça !"'' s'écrit Gavin-le-Korme-du-Terroir (pour récupérer quelques pions de sa Réaction "Plouc") avant de s'élancer à ses trousses, croisant la route du marchand courant à la suite de sa compagne dans son seul pantalon (mais sa cassette sous le bras, emballée dans une couverture)…<br />
<br />
''"Cavaliers au nord !"'' signale alors Diane d'une voix forte, avant de tirer un nouveau carreau sur le premier des hommes qui viennent de croiser Eldan. ''"Soldats au sud !"'' lui répond la voix du Grêlé qui vient de repérer les quelques hommes de Jornil et de Sanderen partis du fortin après avoir repoussé les Kormes (qui n'ont jamais réussit à prendre la grande tour pour ouvrir la herse barrant le pont), découvert le corps de Darjodrahl dans la grange, vérifié le contenu des coffres et s'être lancé "à la poursuite du marchand félon" (et qui viennent de freiner d'un coup en découvrant l'escorte massacrée par les "Kormes", qui sont décidément partout).<br />
<br />
=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
''"Attendez... et le chroniqueur-à-tout-faire, il était où, là ? _Heu... hé bien figure-toi qu'il y a eut un miracle, une véritable apparition divine, comme récemment à la Mine Bénie : c'est dire si les Pères sont avec nous !"''<br />
Quand une poignée de Kormes franchit le parapet et commence à s'en prendre aux voyageurs piégés dans la cour, Andréas se précipite vers la seule porte qui n'ait pas encore été solidement bouclée, celle de la chapelle, entraînant à sa suite quelques réfugiés paniqués. À peine la porte barrée par un banc, le mage évalue le cheptel à sa disposition, serré comme des sardines dans l'espace exigu entre les piliers sculptés représentants les huit Premiers : il y a là la jeune voleuse, le vieux conteur, le garçonnet à la vielle et l'acrobate-détrousseur (soudain gêné de se découvrir barricadé dans une pièce de 9m² avec "l'intimidant" érudit), un jeune soldat affolé (qui a lâché sa pique au premier signe de danger), une des servantes de l'auberge et une commère serrant une poule dans ses bras tremblants. <br />
<br />
Des cris (et des caquètements) de terreur accueillent les premiers coups de hache qui s'abattent sur la porte, mais Andréas Odran connaît la manœuvre : ''"Prions mes frères, les exhorte-t-il avec toute la force de sa conviction ! Prions que les saints Pères viennent à notre secours ! Chantez-tous avec moi !"'' La chorale improvisée entonne alors un antique où l'angoisse se mêle à la ferveur religieuse. Lorsqu'une cognée d'acier fini par percer entre les planches de chênes, le mage décide d'accélérer le mouvement et sort la Sphère de Pouvoir de son havresac : ''"Mes frères, ceci est une Sainte Relique Première dont la bénédiction nous protégera des ennemis du culte ! Tendez les mains pour la toucher et concentrez-vous sur le chant ! Les Pères sont avec nous !"''.<br />
<br />
Et siphonnant un maximum d'Énergie à ses coreligionnaires sans trop leur demander leur avis (pas plus qu'à la poule), Andréas remplit son focus au maximum pour lancer un sort de Chimère assez puissants pour effrayer les Kormes... lorsqu'il lui semble qu'une forme tout à fait imprévue émerge de la sphère d'or rouge. Le chroniqueur commence même à distinguer une silhouette humanoïde lorsque, son sort se déclenchant en vidant d'un coup toute l'Énergie accumulée dans la sphère, "l'intrus" disparait avec une sorte de cri muet.<br />
<br />
Dans la cour, c'est par contre carrément la stupeur : Herem, Second Fils des Étoiles, Premier Seigneur des Batailles, vient de se matérialiser quelques mètres au dessus du puits, brandissant son épée enflammée sur le fond sombre de cette aurore pluvieuse. La plupart des soldats en restent tétanisés, des réfugiés se jettent à terre en signe de soumission, d'autres prient à genoux sur les pavés et les Kormes, eux, refluent en désordre devant cette apparition divine. <br><br />
Lorsque les choristes de choc émergent de la chapelle dans une sorte de stupeur incrédule, il leur faut plusieurs minutes pour s'apercevoir que le saint érudit et sa relique on déjà disparu par le portail enfoncé de l'auberge…<br />
<br />
=== L'embuscade encerclée ===<br />
<br />
Dans la forêt humide se joue une dangereuse partie de cache-cache : après que deux d'entre eux aient été blessés par des carreaux d'arbalète en arrivant du nord à bride abattue, les Chacals lancés à la poursuite de nos héros ont démonté pour se disperser à couvert dans les sous-bois, les soldats et mercenaires arrivant du sud ont pris le maquis en découvrant les cadavres dispersés sur la route et les auteurs de ce carnage se sont pour la plupart dissimulés tout autour de la clairière envahie de rochers, progressant prudemment à la recherche des nouveaux arrivants. <br />
<br />
[Après la phase de "tir au pigeon" de l'embuscade, le groupe vient de passer en Duel global, tous les combattants dispersés à travers la map répartissant leur mise entre le repérage (attaque), la dissimulation (défense) et le déplacement, jusqu'à rencontrer des ennemis et basculer en combat à distance ou tenter de rentrer au corps à corps. Le récent module de calcul des distances de combat a donc beaucoup servi, de même que les Positions tactiques (camouflage de la végétation, couvert des rochers...), la surprise, les charges soudaines, les combats à plusieurs adversaires... Ce fût une belle démonstration tactique (Diane a particulièrement brillé) et une belle scène finale, qui aurait mérité d'être mieux décrite si je n'avais pas eu 5 ou 6 combats à gérer en même temps. Au passage, Humphrey B jouait Herle de Lorune pendant l'absence d'Andréas.]<br />
<br />
Dés le début, Gavin est pris dans une bagarre désordonnée à coups de couverture, de cassette et de poings contre Dorian le Magnifique pendant que la belle fehnri disparaît dans les bois (''"Une courtisane fehnri avec un gros score de discrétion associée à un marchand-escroc ? Tiens donc..."''), Le Grêlé a rejoint la roulotte pour régler son compte à la petite servante qui s'y cachait encore (et "s'amuser un peu" avec elle : ça reste un mercenaire sans scrupule, hein), Eldan essoufflé rejoint le "champ de bataille" par le nord, Vighnu et La Poigne convergent vers les soldats qui contournent par le sud-est, Herle abandonne son arc pour foncer tout seul par le flanc ouest (il faut bien justifier de son état futur en le jouant "imprudemment"), Trevan et Diane quittent discrètement les gros rochers en cherchant à repérer leurs nouveaux adversaires...<br />
<br />
Après quelques instants de louvoiement discrets dans les bois, le premier accrochage intervient quand deux soldats franchissent le ruisseau en aval du gué et sont interceptés par La Poigne et Vighnu : si le gros benêt diminué par ses blessures est vite repéré et pris dans un laborieux corps à corps, l'assassin blesse un de ses adversaires d'une dague de jet avant de surgir derrière lui pour le poignarder, employant le corps du mourant comme bouclier contre les attaques de deux autres soldats qui venaient à son secours. En un instant, Vighnu balance le mort sur ses congénères, éventre l'un et abat l'autre d'une dague de jet dans la gorge, pendant que La Poigne enfin dégagé éclate le crâne du dernier à coups de gourdin.<br />
<br />
Après avoir éclaté le nez du marchand d'un direct bien placé, Gavin lui arrache sa précieuse cassette et, laissant le "Magnifique" sonné assis dans l'herbe, accourt vers la roulotte en entendant les cris d'effroi de la petite servante. N'écoutant que ses élans chevaleresque, il sonne Le Grêlé d'un grand de cassette sur le crâne et, après avoir tenté en vain de calmer la pauvrette (faut dire qu'il est grimé en Korme et qu'elle passe une matinée épouvantable), l'écuyer la laisse s'enfuir dans la forêt et part à la recherche d'une arme plus approprié en voyant se rapprocher les mercenaires du fortin.<br />
<br />
Sur l'autre flanc, Herle (sans arc, donc) s'est fait prendre en tenaille par deux tireurs, a reçu une flèche dans le côté et, pendant qu'il tentait de choper son agresseur au contact, l'autre a surgit de flanc pour lui ouvrir la cuisse à coup de glaive. Blessé et à deux contre un, il encaisse de son mieux lorsque Trevan de Rigorne charge en brandissant son épée, attirant l'attention de Diane qui progressait à croupetons dans le secteur : en une seconde, le premier chacal est décapité et le second s'écroule, un carreau d'arbalète dans l’oreille. Mais ils n'ont guère le temps de souffler car Le Moineau les appelle au secours !<br />
<br />
Déboulant sans s'en apercevoir au milieu des ennemis camouflés, Eldan est immédiatement pris par surprise et blessé. Il parvient néanmoins à faire chuter son adversaire et, roulant avec lui dans les feuilles mortes, les deux éclaireurs échangent coups d'épée, de pied et de poing en s'usant l'un l'autre, pendant qu'un chacal supplémentaire s'approche à pas de loup. Le Moineau le repère au dernier moment, appelle à l'aide, tente vainement de pousser l'ennemi qu'il a blessé dans les jambes de l'arrivant et encaisse une nouvelle blessure (il commence à être franchement mal en point) lorsque Trevan arrive à la rescousse, toujours au pas de charge et toujours couvert par Diane dont l'avant-dernier trait cueille l'ennemi debout juste sous l'omoplate, perçant le poumon.<br />
<br />
''"Laisse-le moi !"'' gueule Eldan au chevalier errant et, donnant tout ce qui lui reste contre un ennemi soudain moins faraud, le Moineau prend finalement sa revanche en clouant son ennemi au sol d'un grand coup d'épée. Avant même que Herle rejoigne en boitant l'éclaireur victorieux, Trevan et Diane sont repartis au pas de course vers le flanc est, où des cris indiquent que Lerkoren Oleytan passe un mauvais quart d'heure.<br />
<br />
Car parti seul au nord pendant que l'on se battait près du ruisseau, le jeune Elloran a abattu le premier des "Chacals" qu'il a rencontré mais s'est ainsi fait repéré par deux autres : après un court échange de flèches en manœuvrant pour rester à couvert, Oleytan s'est fait chargé par les deux ennemis simultanément, a réussi à les entraîner dans un bosquet touffu pour les gêner au maximum mais commence à faiblir sans parvenir à se dégager et, lorsqu'il prend un coup de lance dans le mollet, ça commence à sentir franchement le roussi. "VIGHNUUUU !!!" appelle-t-il alors à pleine voix, pendant que l'intéressé, à plus de 200m de là, achève le dernier soldat qui s'enfuyait d'un magnifique lancé de couteau, qui l'atteint dans le dos à plus de 50 pas.<br />
<br />
Lorsque deux mercenaires ont abordé la roulotte et trouvé Le Grêlé étalé dans l'herbe, Gavin qui venait de cacher son butin dans les buissons a soudain été pris de remords. Ramassant l'épée d'un mort, il revient à pas prudents lorsque le combat éclate : Le Grêlé a laissé le premier adversaire s'approcher pour l'achever, a retourné la dague qui le menaçait dans l'estomac de l'ennemi et roulé sous la roulotte pour échapper aux coups de lance du second militaire. Le Grêlé est néanmoins blessé lorsque l'écuyer arrive alors pour achever d'un grand coup d'estoc le gars qui se tenait le ventre à deux mains et bondit sur le véhicule qui commence à avancer au ralenti, les bœufs n'aimant guère la nouvelle agitation qui secoue leur attelage. Son camarade sort alors de sous le chariot pour éviter de passer sous les roues et, maintenant à deux contre un, Gavin et Le Grêlé ont vite défait le dernier soldat, achevé d'un joli lancer d'épée dans le dos alors qu'il s'enfuyait.<br />
<br />
Trevan, Diane et Vighnu arrivent à quelques secondes d'intervalle au secours d'Oleytan, les deux derniers Chacals étant alors rapidement tués, le premier percé du dernier carreau de la Kerdane et Vighnu égorgeant l'autre après un bref corps à corps, d'abord à deux, puis trois puis quatre contre un.<br />
<br />
=== Fin des combats ===<br />
<br />
Essoufflés, les guerriers vainqueurs font brièvement l'appel : <br><br />
<br />
«_''La Poigne ? <br><br />
_''Il souffle près du ruisseau, il a pris assez cher. Eldan ? <br><br />
_''De l'autre côté, au nord, mal en point : il s'est mangé l'avant-garde tout seul avant de nous rejoindre, si j'ai bien compris. Herle est avec lui, blessé aussi, il a perdu connaissance. <br><br />
_''Gavin et le Grêlé sont donc seuls avec la roulotte : faudrait pas trop traîner avant qu'ils se fassent des idées malhonnêtes...» <br><br />
<br />
Et pourtant, les deux hommes se réconcilient sur une base financière saine : ils font moitié-moitié sur le contenu de la cassette (''"que c'est pas la peine d'embêté les autres avec des détails"'') et Le Grêlé oubliera qu'un certain écuyer a essayé de l'estourbir avec. A peine ont-ils partagé qu'arrive Andréas Odran sur un cheval fatigué, qui découvrent le massacre au bord du gué : ''"Dîtes-donc mais c'est carrément la guerre ici ! Je croyais que le but de toute l'opération à l'auberge était de pouvoir prendre le butin d'un chariot à peine défendu. _Ouais ben y a eut des invités surprise..."''<br />
<br />
Les valides font le tour du secteur, poussent le chariot hors de la route, rassemblent les camarades blessés pour que Vighnu et Andréas puissent les rafistoler, puis trient les cadavres au nombre desquels semblent se trouver (par la grâce d'1pH) presque tous les hommes du fortin susceptible d'identifier Eldan après ses exploits de la nuit précédente. ''"Alors on est bons, conclut le chroniqueur : j'ai vu les Kormes tuer les deux seuls autres qui nous aient regardé de près."'' <br><br />
<br />
«_''N'empêche que le Magnifique, sa poule et la servante se sont tirés. <br><br />
_''Bah c'pas grave, ils témoigneront qu'ils ont été attaqués par les Kormes. <br><br />
_''Mouais, sauf que Gavin a jugé utile de leur faire la causette. <br><br />
_''Chiotte ! <br><br />
_''Et sinon, d'où ils sortaient tous ces mecs ? <br><br />
_''Ben ceux-là ont du vous poursuivre depuis l'auberge. <br><br />
_''Celui-ci, il était déjà avec l'escorte au départ de Solerane, alors j'imagine que ceux du nord étaient à la recherche du messager qu'on a intercepté cette nuit. <br><br />
_''Les Chacals qui nous attendaient avec le fourgon ont du appeler du renfort après qu'on aie commencé à leur tailler des croupières, parce que je pensais pas qu'il y en avait autant dans le secteur... <br><br />
_''Le premier qu'a tué Herle le jour du départ, Jaromir et Rumbold que tu as dégommés avant de lâcher le convoi, ça fait déjà trois... <br><br />
_''Au moins deux de plus, qu'on a tué avec Trevan et Gavin quand ils nous poursuivaient : ça fait cinq. <br><br />
_''Cinq ou six avec Jorem Cuivré hier, vu qu'on a pas trop fait le détail. Disons 10. <br><br />
_''Et aujourd'hui j'en compte cinq, dont au moins un emishen du clan des Rimdehl, en plus des derniers hommes de Jornil ! <br><br />
_''Tu oublies les trois qui sont morts au Cercle des Cascades au début de la semaine, ça fait donc 18 chacals éliminés en 8 jours. C'est du bon boulot, quand-même ! <br><br />
_''Façon de voir : moi ce qui m'inquiète, c'est qu'on puisse avoir deux dizaines de types armés dans notre secteur et ne nous en apercevoir que maintenant... Il faudra qu'on parle à ce trafiquant de sel que connaît Eldan, celui qui a présenté Jaromir au fils Cuivré : je crains que l'implantation des Chacals soient plus avancé qu'on ne l'imaginait.» <br><br />
<br />
Rassemblés et ayant brièvement le temps de souffler pour la première fois depuis des jours, nos héros en profitent pour échanger enfin les infos recueillies par chacun au cours de leurs aventures et reconstituent ce qu'ils savent de la Confrérie du Chacal :<br />
La Confrérie, originaire des Sylves, semble essaimer en créant des "chapitres" locaux dans différentes régions de l'Empire. Il semble que des membres du chapitre "sylvain" de la Confrérie ait donc fait le déplacement pour "franchiser" des brigands du Nord, et ce sont ceux-là qui dirigent plus ou moins les opérations (les trois mecs tués par Andréas, Adira et Eldan aux cascades étaient vraisemblablement des novices). Aux Sylves, la Confrérie est à la fois une mafia, une secte animiste et le noyau dur de la résistance armée à l'occupant impérial : si Urgrand est lié à ces gars-là et qu'ils commencent à passer des accords avec les Kormes, ça risque de compliqué sérieusement l'Échiquier du Nord. Et si les Chacals semblent être quasiment apparus par génération spontanée en quelques semaines, c'est qu'ils ont trouvé des gens pour les soutenir et les aider dans la région : soit Urgrand est beaucoup mieux connecté qu'il n'y paraissait, soit ils ont d'autres appuis...<br />
<br />
=== Exfiltration ===<br />
<br />
"...après quoi on a réparti le butin sur les chevaux, vu qu'on en avait maintenant une bonne quinzaine, on t'a attaché en selle et on s'est tiré vers l'ouest en contournant Celanire par le nord jusqu'au grand menhir où nous attendait Neri'Helin, une des novices du chaman [[edell'okhil]] [[Kal Tayvon]], avec des bœufs laineux, des vivres et tout le matériel de montagne : paraît que ton 'Pitaine leur a promis de racheter leurs frères en esclavage. On a ensuite crapahuté par l'ouest pendant trois jours dans les [[Asparren]] puis les [[Monts d'Azur]], en passant par des coins de plus en plus hauts et enneigés pour éviter de croiser quiconque. La p'tite Edell'okhil a même déclenché une avalanche dans le col du Fraisil pour qu'on ne puisse plus nous suivre. On a bien perdu quelques canassons en chemin, mais les lingots sont au complet, le groupe aussi (quoique la demoiselle ait du re-nettoyer les blessures de La Poigne), et nous voilà presque rendus. <br><br />
<br />
«_''Où sommes-nous, exactement ? <br><br />
_''Un peu au sud-ouest de la Mine Bénie : on va contourner par l'autre versant pour éviter de s'y faire voir et la môme va nous faire passer sur la rive nord du Lac Troisième par une espèce de chemin à travers les marais à l'est de Andh Endhil, pas loin du camp abandonné d'Etayn-la-Louve. <br><br />
_''La voie est libre et le jour va se lever, annonce la jeune femme en rejoignant le groupe : ramassez vos affaires, hommes du sud. <br><br />
_''Allez, messire de Lorune, remonte en selle : ce soir, Le Cornu nous attendra avec de la gnôle au camp d'abattage.»<br />
<br />
Et dans le petit matin, les fiers cavaliers de Tal Endhil descendent victorieux vers la Vallée des Lacs en Palier avec, dans leur fonte, un trésor capable de financer les nouveaux projets du Capitaine Durgaut... <br><br />
<br />
<br />
<br />
== ÉPILOGUE (envoyé aux joueurs après coup) ==<br />
<br />
<br />
<br />
C'est au soir du huitième jour après leur départ discret que nos vaillants mercenaires fourbus, gelés, blessés et riches comme Crésus se sont affalés dans une minable hutte au nord du camp de bûcherons de Tal Endhil, déserté chaque nuit en cette saison. Immédiatement repartie avec ses bœufs laineux, sa sœur adolescente et son cousin mutique, la gironde rouquine [[Neri'Helin]] (''"Dis-donc mais... c'pas la p'tite Edell'okhil que t'a réveillée l'autre fois aux cascades, quand on cherchait les Chacals ?_Si, même que Nevel m'a dit que [[Tael Shannan]] se la tape !_Note qu'il se tape toutes les mignonnes, ce fumier de barde._Dîtes, c'est fini d'échanger des potins comme deux vieilles venteuses ?"'') a laissé les hommes de Durgaut fort symboliquement assis sur la terre battue, à 10 pas de l'icône votive qui marque l'extrême frontière nord de l'Empire (mais Le Grêlé a pissé dessus). Ils ont festoyé, pansé leur nombreuses plaies et, d'abord par jeu, ceux qui parmi eux avaient quelques notions de finances ont commencé à calculer combien représentait le chargement encore bâté sur leurs chevaux. <br><br />
<br />
«_''On a pas loin de 250 lingots, dont bien 150 de merdouilles comme du cuivre, du bronze et du fer... <br><br />
_''Des "merdouilles" qui vont se négocier entre 500 et 1000 lunes à la prochaine cité dotée de forges, ducon. <br><br />
_''T'es sûre ?! <br><br />
_''Il est drôle l'aut' : pourquoi qu'tu crois qu'on creuse des mines ? <br><br />
_''Crois-moi, s'il y a bien un truc que les Kerdans savent faire, c'est du commerce... <br><br />
_''Je savais bien que t'étais kerdane malgré ton histoire de "Je suis une innocente remane élevée près de la colonie kerdane de Rigorne, et blablabla"... <br><br />
_''C'est donc bien vrai mademoiselle Diane ? Vous aussi vous êtes de Rigorne ?!? <br><br />
_''Écoute, Trevan : tu es mignon, tu es vaillant mais, putain, ta gueule. <br><br />
(Trevan de Rigorne rougit.) <br><br />
_''On disait donc au moins 500 lunes pour les lingots de "vils métaux", mais on a surtout une petite centaine de lingots d'argent, quoique la moitié soient planqués dans de faux lingots de cuivre. Et ça, ça nous fait... heu... attendez voir... <br><br />
_''Au moins 300 pièces d'or. <br><br />
_''Putain ! <br><br />
_''Quoi ?! <br><br />
_''La Poigne ! Tu sais compter !? <br><br />
_''Ben oui, surtout le métal quoi. J'suis été apprenti forgeron. Mais c'est trop du labeur : j'aime plus mieux taper qu'une bonne fois sur un casque. <br><br />
(La gourde de vin de sureau passe de main en main, chacun avalant une rasade d'un air mi-émerveillé, mi-consterné.)<br />
_''On... on a ramené... 350 pièces d'or ?! Vous croyez que notre bon Capitaine va être content. <br><br />
_''Ah ça, Moineau, il a un peu intérêt à l'être ! <br><br />
_''Dîtes, ch'ais pas si vous vous rendez-compte : c'est p't'être le plus beau brigandage de toute l'histoire des Marches !! <br><br />
_''On est riches les gars ! RICHES ! <br><br />
_''Non, messieurs : Tal Endhil est riche. Par les pères, si l'un de vous commence à concevoir une seule pensée pécheresse... <br><br />
_''Mais quel pisse-vinaigre, le Défroqué, quand il pisse le résiné. <br><br />
_''Héhé. Fais-voir ta balafre, d'ailleurs, Herle : faut changer ton bandage. <br><br />
_''Ma mienne elle est plus grande ! <br><br />
_''Hihi ! <br><br />
_''Nul n'en doute mon cher La Poigne, nul n'en doute... <br><br />
_''Ouais mais la tienne elle a même pas percé ta couche de lard ! <br><br />
_''N'empêche qu'on a tous ben gagné nos 2 pièces d'argent chacun ! <br><br />
_''Plus la prime ! <br><br />
_''Oh oui : vous êtes de vaillants gagne-petit. Mais la prime c'était si on laissait pas de témoins et, là, on a Jornil lui-même, Dorian, sa pute, la servante... <br><br />
_''Toi le Noir tu commences à nous les bris... <br><br />
_''Bon les gars, vos gueules : il est tard. Alors ça pionce, ou je vais commencer à distribuer les baffes. Le Grêlé et Diane prennent le premier tour de garde. Demain, j'vous ramenions tous au village. Et rappelez-vous qu'vous avez promis le secret sur vos têtes ! Si on vous presse vraiment, et seulement dans ce cas-là, vous avez été r'prendre les lingots de la Mine Bénie à une bande de Kormes du côté de la Baie des Langueurs. C'est bien clair, pour tout le monde ? <br><br />
_''Oui mon sergent ! <br><br />
_''Lèche-cul. <br><br />
_''Mon sergent ! Y a Le Grêlé qui dit... <br><br />
_''Foutremerde, tas de corniauds ! Même avec une 'pparition divine, j'conçois point comment qu'une pareille bande de mômes a pu réussir cette mission !» <br><br />
<br />
<br />
<br />
}}<br />
<br />
'''[[7) "Embrouilles en Cascades"|<< Épisode Précédent]] | [[9) "Reishin Ghoran"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Épisodes|<< RETOUR à la liste des Épisodes]]'''<br />
[[Catégorie:Épisodes]]<br />
[[Catégorie:Comptes-Rendus]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/8)_%22Le_Train_de_l%27Argent%228) "Le Train de l'Argent"2014-09-08T12:47:24Z<p>Aloun : </p>
<hr />
<div>La totalité de l'Épisode 8 : "Le Train de l'Argent" est classée "spoiler".<br />
Si vous voulez vraiment accéder à cet Épisode, vérifiez que soit un de vos perso y était, soit que le MJ vous en a donné l'autorisation.<br />
Tout abus sera illico puni par une grosse perte du plaisir de jeu.<br />
<br />
C'est bon, vous y avez bien pensé ? Vous êtes vraiment sûr ?<br />
<br />
...<br />
<br />
{{Secrets|<br />
== Prologue, rien que pour Eldan et le Capitaine : ==<br />
Durant les [[Huitaines]] précédentes, Durgaut a envoyé ses mercenaires (dont Eldan le Moineau) enquêter du côté de [[Solerane]] sur '''les détournements de fonds commis par le défunt [[Lieutenant Armeld]]''' avec son complice, Maître [[Gaster]] (écroué depuis au donjon), et découvert ainsi l'implication d'un patron-minier, notable influent et principal contrebandier de la région : '''[[Jornil Cuivré]]'''. En dehors de ses opérations "privées", Jornil travaille pour [[Rhilder le Fou]] à détourner le minerai d'argent des mines de la région, théoriquement destiné à l'État-Major, au seul bénéfice du dément Prévôt de la [[Marche des Lacs]]. <br />
<br />
Rhilder n'est vraiment pas quelqu'un avec qui Durgaut peut se permettre d'être en guerre ouverte, puisqu'il est son supérieur direct, un puissant "[[:Catégorie:Seigneurs du Nord|Seigneur du Nord]]" (comme on appelle les impériaux qui se taillent des fiefs dans les Marches) et un putain de psychopathe, notoirement responsable du génocide de la tribu emishen des [[Rimdehl]] (les Geaies).<br><br />
'''Mais notre brave Capitaine est en fait pris à la gorge ''' (en plus d'être très énervé contre le Prévôt qui le ruine par ses magouilles et lui réclame d'envoyer des troupes que [[Tal Endhil]] n'a pas pour participer à la guerre contre les [[Oloden]])... S'il n'envoie pas bientôt '''des lingots d'argent à l'État-Major''' du [[Duc-Gouverneur]] pour couvrir le quota de la [[Mine Bénie]] (apparemment pillée par les [[Kormes]]), Durgaut va sauter.<br><br />
En fait, il n'est encore même pas sûr de pouvoir obtenir le titre de "Bailli de Tal Endhil" vu les exigences du [[Aristame de Gorme|Primat]] en la matière, mais espère bien réussir à l'épater d'ici son arrivée. D'ailleurs, s'il reste en poste et devient bailli, il sait avoir besoin de beaucoup de pognon pour embaucher assez de mercenaires pour enfin contrôler son territoire et développer la région.<br />
<br />
Durgaut a donc conçu un plan audacieux pour régler plusieurs problèmes à la fois : '''braquer le convoi de métaux''' qui va bientôt partir de Solerane pour [[Darverane]], siège de la prévôté harcelé par les troupes de [[Kainen Tahrel]]. Ainsi, il mettra la main sur une véritable fortune (l'argent détourné caché dans des lingots de cuivre, l'argent "officiel" envoyé de Solerane pour l'état-major via Rhilder, du cuivre et de l'étain en quantité...) dont il compte employer une partie à payer son quota au Gouverneur, une autre à racheter des esclaves [[Edell'Okhil]] de la [[Marche des Gemmes]] comme il l'a promis à ses alliés emishen, et le reste à constituer une petite armée.<br><br />
Il en était à mettre au point un plan solide lorsqu'il apprend que la route de Darverane, coupée par les Kormes depuis des semaines, vient apparemment d'être rouverte suite à une contre-offensive de Rhilder : '''le convoi de métal ne devrait plus tarder à partir, il faut agir vite'''. Et comme [[Vighnu Pratesh]] vient de rentrer du [[Cercle des Hautes Pierres]], il décide d'embaucher l'assassin pour courir l'aspect le plus délicat de la mission : assurer le secret.<br />
<br />
{{Secrets|Ce qu'il ignore malheureusement, c'est que Jornil a lui aussi enquêté sur les trois attaques successives qu'il a subi de la part de ruffians non-identifiés : d'abord on a tabassé nombre de petits truands sous les ordres de son fils, [[Jorem Cuivré]], ensuite on s'en est directement pris à deux de ses lieutenants notamment impliqués dans la contrebande d'argent, enfin un éboulement à la mine de cuivre qui s'est révélé être un sabotage (les mercenaires de Durgaut avaient pour instruction de "recruter des mineurs" et n'ont rien trouvé de mieux). <br><br />
Jornil a donc d'abord envoyé un certain '''Worik''' se mêler aux mineurs "responsables de l'éboulement" qu'il a lui-même renvoyé et qui partaient s'engager auprès de Durgaut. Mais son agent, qui s'était mêlé à l'expédition minière menée par [[Mérane "Roulier"]], est mort connement, tué par des Kormes, pendant l'épisode [[5) "Le Pont"]]. Puis le patron-minier a envoyé un messager auprès de son bon ami [[Adira Pratesh]] pour se renseigner sur les mercenaires de Durgaut (Adira étant alors en pleine bisbille avec le Capitaine, il a volontiers informé Jornil) et contacté son autre associé à Tal Endhil, Maître [[Plirune]] (Jornil partage la propriété de la mine de fer du village avec Plirune et Gaster, ce que le Capitaine est sensé savoir mais dont il ne réalise pas l'importance) pour obtenir quelques renseignements de plus (notamment sur les finances de Tal Endhil). Adira l'a ensuite informé de tout ce qu'il avait appris sur l'arrestation de Gaster (notamment que ce n'était pas lié qu'au magouilles de leur [[Guilde]])... Bref : Jornil a compris que Durgaut était après lui et pris des mesures en conséquence.<br><br />
Car s'il ne peut pas se permettre de retarder d'avantage le convoi de métal (Rhilder a besoin de ce fric pour sa guerre perso et il n'est pas câlin quand il s'impatiente), il a conçu une ruse efficace : embaucher des mercenaires de rab' pour l'escorte et, surtout, contacter par un ami de son fils Jorem une "''petite bande de brigands récemment arrivés dans le secteur''", la [[Confrérie du Chacal]]... }}<br />
<br />
<br />
== À la "Taverne Penchée" ==<br />
'''Il fait déjà nuit lorsque la Taverne, récemment rachetée par les mercenaires de Durgaut, ferme ses portes beaucoup plus tôt que d'habitude''' en chassant les soiffards qui comptaient y passer leur soirée en galante compagnie ; les prostituées, récemment rendues à leur autonomie sous l'autorité de la belle [[Garnelle]] (maîtresse occasionnelle du jeune Eldan,) sont également invitées à rentrer chez elles et le quartier lacustre de Tal Endhil est donc rapidement rendu au silence et à la brume nocturne...<br> <br />
'''Pourtant, quelques silhouettes discrètes gagnent bientôt la Taverne apparemment close :'''<br />
* '''l'apothicaire [[Vighnu Pratesh]]''' (Loriel) n'a eu qu'à franchir quelques pontons depuis sa propre échoppe, son matériel d'empoisonneur sous le bras et ses armes dissimulées sous son large manteau reman, où bat un petit cœur sec depuis si longtemps, récemment réveillé et illico brisé par Islinna : les femmes sont cruelles. Déjà en grande partie au courant de la mission, la seule chose qu'il ignore c'est ce qu'ils vont voler. Mais vue la somme promise par le Capitaine, il est trop heureux de ne pas poser de questions.<br />
* '''[[Nadine "la Moucheuse"|Diane Maletudine]]''' (Orlanth) est une Kerdane, quoiqu'elle prétende être une remane originaire de la cité portuaire de Rigorne, embauchée depuis quelques mois dans l'Armée du Nord, suite à des problèmes avec ses compatriotes. Femme dans une armée de macho, elle a bientôt eut d'autres ennuis (décidément) qui l'ont incité à déserter pour rejoindre la petite communauté kerdane de [[Tal Endhil]] sur les conseils de son mentor, le célèbre maître d'armes [[Vasco Sotorine]]. Sauf que [[Ranyella Sotorine|Ranyella]] la pilote ne veut pas d'une renégate dans sa troupe et l'a donc refilée au Capitaine sans lui expliquer les casseroles que trimballe l'arbalétrière...<br />
* '''[[Andréas "Odran"]]''' (Humphrey B) a récemment eut un entretien secret avec le Capitaine qui pourrait se résumer ainsi : "''Je sais que vous êtes un sorcier, mais je suis prêt à fermer les yeux si vous bossez pour moi. _Ça pourrait m'arranger, vu que je suis là pour mettre fin à la dispersion d'artefacts qui commencent à foutre le boxon à [[Duriane]], mais je vais pas m'en sortir tout seul. _Splendide : faudra me neutraliser le machin dans la Mine Bénie. Dans l'intervalle, vous êtes embauché comme espion. Vous commencez demain, rendez-vous à la Taverne Penchée après la fermeture.''" Il arrive donc avec un peu d'avance et pas mal de bagages, dont son précieux grimoire, ses herbes médicinales et un certain objet qu'il a passé presque deux jours à chercher dans le torrent en contrebas de la [[Mine Bénie]].<br />
* '''[[Oleytan "le Furet"]]''' (PNJ), lui, s'est engagé dans les mercenaires de Durgaut dès son retour de "l'Opération Tréfonds" : il se sent désormais un vrai guerrier, veut participer à l'alliance entre les Talendan et les Elloran mais, surtout, il a enfin couché avec le grand amour de sa jeune vie : la jolie négociante lewyllen [[Doma Sholen]]. Celle-ci l'a inexplicablement largué à l'arrivée à Tal Endhil en lui expliquant que "c'était fun, mais t'es juste trop jeune pour moi" (elle court en vain après [[Nevel Sholdanan]] depuis 4 semaines). Après une intense réflexion, le jeune guerrier est arrivé à la seule conclusion "sensée" : s'il veut que la belle marchande le reprenne, il doit lui prouver qu'il est capable de lui assurer le train de vie qu'elle a perdu, et pour ça, il lui faut "des rondelles", comme les Emishen nomment la monnaie impériale. Il ne comprend pas grand-chose à la mission que Durgaut lui a proposé, mais il est bien content puisqu'il va être payé royalement.<br />
* '''[[Eldan "le Moineau"]]''' (Aloun) arrive le dernier, accompagné d'une montagne de muscles habillées de haillons qu'il vient de récupérer dans l'unique geôle du donjon : [[Herle de Lorune]] (Ego'), noble et chevalier du temple récemment défroqué. Lui aussi a des problèmes, parmi lesquels l'alcool, la violence et un sens aigu de la justice qui, après lui avoir coûté sa charge d'inquisiteur lors d'une altercation avec le Primat lui-même, l'ont fait rétrogradé comme simple soldat dans la troupe de [[Bagoran de Marale]] (chargé de le "mater" : échec critique) et récemment conduit à défoncer le portrait d'un connard de Chevalier du Temple (donc un de ses "supérieurs") qui tabassait une gamine emishen. Son séjour en taule auprès du plaintif Gaster s'est terminé lorsque le Sergent LeCornu a jeté son dévolu sur le prisonnier, et convaincu le Capitaine de l'embaucher.<br />
<br />
'''Lorsque tout ce petit monde est attablé''' dans la taverne sur pilotis qui grince et (effectivement) penche sous l'effet de la houle, [[Le Cornu]] qui tenait le comptoir fait entrer deux de ses collègues, le massif imbécile qu'on appelle "La Poigne" et le brigand reconverti au visage marqué par la petite vérole qu'on appelle "Le Grêlé". Comme Eldan et le Sergent, ils ont survécu à tous les combats depuis la [[Bataille de Tal Endhil]] et sont tout dévoués au glorieux chef qui va bientôt faire d'eux la "''garde bailla, bailliagiale...heu... baillique... la garde du bailli, quoi''", et qui lui-même pénètre dans la grande salle inclinée à leur suite, une vaste carte sous le bras :<br><br />
« Bonsoir mademoiselle et messieurs, nous avons peu de temps et je vous demande d'être extrêmement attentifs à l'exposé qui va suivre.» Pendant que Vighnu et Andréas dégagent leurs gobelets pour laisser Durgaut déployer la superbe carte (signée [[Ordano Sotorine]]) sur la table crasseuse, les 6 autres membres de l'équipe s'approchent pour suivre le briefing dans la lumière chiche des chandelles. Le Capitaine enchaîne :<br />
« La mission que j'ai à vous confiée est dangereuse, urgente, secrète, absolument vitale pour Tal Endhil et ''remarquablement bien payée''. Si certains d'entre vous ne s'en sentent pas capables et préfèrent retourner à leurs activités précédentes, qu'ils le disent tout de suite. Car une fois que je vous en aurais exposé les objectifs, Messire Pratesh ici présent sera le garant ''de votre silence''. Tout le monde est motivé et se sent capable de se taire ensuite, en cas d'échec comme de réussite ? Parfait. Sergent, passez-moi les figurines...<br><br />
« Dans les jours qui viennent, peut-être même dès demain, '''un convoi lourdement gardé''' va quitter [[Solerane]] à destination de [[Darverane]] (Durgaut pose une miniature en bois, une espèce de coffre aux pieds vaguement arrondis, sur la carte) : il contient plusieurs coffres très lourds que vous êtes chargés d'intercepter, de préférence avant "l'[[Auberge du Pont]]"... C'est quoi ça, Le Cornu ? demande le Sauveur de Tal Endhil quand son sergent lui passe une espèce de cube prolongé par un jambage tordu.<br><br />
_''C'est l'Auberge du Pont, mon 'Pitaine. C'est La Tortue qu'a fait les sculptures, mais on a pas eu bien l'temps.<br><br />
_''Je vois... À "l'Auberge du Pont", donc, se trouvent actuellement plusieurs dizaines de marchands qui, depuis des semaines, y attendent que les troupes de Rhilder reprennent le contrôle de la route vers Darverane aux Kormes qui harcèlent la prévôté (il pose du côté du [[Mont Grison]] un petit bonhomme chauve et noirâtre) avec l'appui des troupes Emishen de Kainen Tahrel (Vighnu approuve du chef). <br><br />
Si le convoi de Solerane rejoint la première caravane groupée en partance pour Darverane, il sera alors probablement trop entouré pour que vous puissiez tenter quoique ce soit. Vous êtes ici... mais c'est quoi ça ? Un chien ?<br><br />
_''Un ch'val mon 'Pitaine, pour représenter, le commando.<br><br />
_''Vous avez pu leur trouver des chevaux ?<br><br />
_''Ah non mon 'Pitaine : c'est des pirogues, pour quitter le village. Ensuite s'ront à pied. Mais La Tortue, quand il a commencé, i'l'savait pas, pis i' sait pas faire les pirogues, et de toutes façons ça va surtout se faire par voie de terre alors, heu... Vous préférez un bouchon, ou un dé en os ?<br><br />
_''Va pour le chien (soupir)... Donc : vous êtes ici (il pose la figurine sur Tal Endhil), vous partez dès cette nuit pour atteindre Solerane (le "chien" rejoint le "chariot"), où vous serez chargés de repérer le convoi et de surveiller ses préparatifs de départ. Le but est de lui tendre une embuscade dans les deux jours qu'il lui faudra pour effectuer ce parcours (le chariot glisse sur les segments de la route marqués "1, 2, 3, 4, 5"). Si vous pouvez intercepter le chargement sur les berges du [[Lac d'Acier]], il sera plus aisé de le transporter à bord de barges ou de pirogues. <br><br />
Le Moineau connaît la ville et les hommes qui escorteront ce convoi, Messire de Lorune a la charge de l'assister en tout -et de s'assurer qu'aucun d'entre vous n'ait la mauvaise idée d'ouvrir les coffres. Maître Pratesh est chargé de trouver des embarcations pour les chargement et d'assurer le secret de l'opération (Vighnu sourit, pensant aux peintures de guerre Kormes qui n'ont pas servit lors de l'[[Opération Tréfonds]] et à la barge kerdane cachée depuis dans les marais près d'[[Écume 6]]). Vous devrez quitter le village et y rapporter les coffres sans être vus, ni dire à quiconque d'où vous venez ni où vous allez. <br><br />
Car, j'insiste, '''cette opération peut assurer le salut de Tal Endhil si elle réussit, mais sonner notre perte à tous si quelqu'un devait découvrir qui a commandité l'attaque'''. Une prime substantielle versée à notre cher apothicaire en sera la garantie.<br />
<br />
_''Ça veut dire "pas de témoins", demande Diane ?<br><br />
_''Ça veut dire "démerdez-vous pour que personne ne puisse vous reconnaître, suivre votre piste et remonter jusqu'à nous" : je préférerais que vous épargniez les civils, mais Maître Pratesh sera décisionnaire en dernier recours. À part lui, '''vous serez payés chacun 2 pièces d'or pour cette brève mission et votre durable silence''' (la solde mensuelle d'un mercenaire étant de 2 pièces d'argent, ça fait 10 fois plus pour quelques jours de boulot). Des questions ?<br><br />
_''C'est quoi, dans les coffres ? Ça pèse ?<br><br />
_''Le contenu ne vous regarde pas mais, oui : ça pèse. Probablement autour de 200kg en tout.<br><br />
_''C'est qui, qu'on braque ?<br><br />
_''Pas votre problème non plus. Fiez-vous à Eldan, soyez discrets et ça ne devrait pas avoir d'importance.<br><br />
_''Les gars de l'escorte, c'est des pros ?<br><br />
_''Quelques-uns, oui, mais la plupart seront des mercenaires en permission, des cochers endurcis, des coupes-jarrets, des gardes plus habitués à surveiller des esclaves... Le problème, c'est qu'ils doivent se méfier : ils ont eut des ennuis récemment, ils savent que le trajet est dangereux et ils seront sur les dents. Il se peut même que vous soyez déjà attendus à Solerane. J'insiste : '''''méfiez-vous'''''.<br><br />
_''Qu'est-ce qu'on a comme matos ?<br><br />
_''Vous étiez prévenus d'emporter le vôtre, mais Eldan conserve quelque argent pour vos frais de mission, des vivres, un peu de charbon, des flèches, des torches et des cordes vous attendent avec les chev...<br><br />
_''Dans les pirogues, mon 'Pitaine.<br><br />
_''Dans les pirogues, donc. J'ajoute les papiers que m'a demandé monsieur Odran (il confie une petite pochette de cuir à Andréas, contenant du parchemin, des lettres officielles de la main de [[Rhilder]] et son sceau de cire, pour pouvoir si besoin modifier les ordres de mission du convoi) et vous emportez cette carte, annotée par mes soins, en espérant qu'elle puisse vous aider : ne la perdez pas ! ''[Durgaut leur confie par ce biais un de ses précieux point d'Histoire.]'' Autre chose ?<br><br />
_''Y a le Venteux qu'a pas tout compris, vu qui parle pas bien not' langue...<br><br />
_''Messieurs Odran et Pratesh devront donc lui ré-expliquer en ramant. Bonne chance à tous : le destin de Tal Endhil est entre vos mains ! Mais pas les figurines, La Poigne : repose ça ! <br><br />
_''Pardon mon 'Pitaine. »<br />
<br />
[[Fichier:Carte-Carrée.jpg|900px|thumb|left|La carte remise par Durgaut, telle que les joueurs l'ont découverte la première fois...]]<br />
<br />
<br />
<br />
== En route vers Solerane ==<br />
Pendant qu'on roule la carte, LeCornu et Herle déplacent la lourde table, révélant une trappe dans le plancher qui, une fois déverrouillée et ouverte, donne sur une échelle de corde descendant le long d'un pilier de bois, où sont amarrées deux pirogues emishen. Avec quelques difficultés dues à la disparité de poids et d'agilité de ses huit membres comme aux bagages de certains l'équipe embarque et glisse silencieusement sur les eaux couvertes de brouillard :<br><br />
<br />
«_''Attention avec ça, c'est des armes emishen. <br><br />
_''Pourquoi foutre ? <br><br />
_''Pour passer pour des Kormes. <br><br />
_''Pas con. Mais qu'est-ce qu'il fout avec un bouquin, lui ? <br><br />
_''Je suis chroniqueur... <br><br />
_''Et vous allez chroniquer l'opération ''secrète'' ?! <br><br />
_''Houlà non, je... j'ai d'autres talents. Falsifier des sauf-conduit, par exemple. <br><br />
_''Je vois...»<br><br />
<br />
Ils atteignent bientôt la rive sud du Lac Troisième, en amont du campement où dorment les caravaniers lewyllen, sans que les [[Soldats du Temple]] qui gardent actuellement les remparts n'aient rien remarqué.<br />
<br />
Après un conciliabule entrecoupé d'engueulades, un poème (Herle versifie par instant), une tentative de vol et plusieurs menaces physiques pour l'empêcher, les PJ décident de ne pas partir en quête de la barge cachée par Vighnu dans les marais mais de foncer de nuit vers Solerane, à pied, pour atteindre la ville au plus tôt, juste après que Diane ait confié au fleuve un étui flottant contenant 4 pièces d'argent (sur les 20 confiées à Eldan) et un message pour les Kerdans d'[[Écume 6]], leur enjoignant d'envoyer des embarcations vers la presqu'île du [[Lac d'Acier]] ''[le joueur a oublié que son perso n'était plus bien vu chez les bateliers, et Vighnu y a même mis 1pH pour que le message arrive : ce fût bien le cas...]''.<br />
<br />
Abandonnant dans les embarcations tout le matériel trop lourd, les mercenaires se répartissent les vivres, une arme emishen chacun et la longue marche commence. Lorsque l'aube se lève, Diane, Oleytan et Eldan, très en avant des autres, font la course dans la descente après avoir passé le Col de Nilfenan (au sud-ouest de la mine de fer, sur la carte) histoire de défouler leurs tempéraments casse-cou et ombrageux... ce qui vaut d'ailleurs à Eldan de se niquer la cheville dans une belle gamelle : on sent bien, dès que les officiers ne sont plus en vue, que ça va pas être très sérieux comme opération.<br />
<br />
=== Rencontre insolite ===<br />
Pendant que le fort peu sportif Andréas prend des heures de retard sur les autres et que Vighnu reste avec lui autant pour assurer sa protection que pour causer "''chroniquerie''" et politique locale (Vighnu envisage de créer un [[Hospice de Tal Endhil|hospice à Tal Endhil]] !), Oleytan, Diane et Eldan (qui boitille) arrivent en milieu de matinée au gué qui traverse la [[Rivière aux Élans]] (ainsi nommée car elle est sur le point de passage de la migration des grands cervidés, qui commencent d'ailleurs à remonter en cette saison vers les pâturages au nord de la [[Marche des Lacs]])... <br><br />
Ils sont assez surpris d'y trouver un grand costaud, ventru et entièrement chauve, portant des vêtements très vaguement emishen, assis sur un rocher au bord des flots et curant tranquillement au couteau le sang séché qui s'incruste dans les creux de sa lourde masse de bois sculpté. Les trois éclaireurs essoufflés par leur cavalcade repèrent assez vite les discrètes silhouettes déployées dans les bois autour du chemin et, chacun la main sur leur arme favorite, s'approche avec circonspection :<br />
<br />
«_''Bonjour... <br><br />
_''B'jour, répond le gros dans un Reman médiocre, avec un accent typiquement "venteux". Z'êtes avec le noir ? Vigjniou Bratéche ?<br><br />
_''Ben là tout de suite... non. Mais des fois on le croise, quoi. Vous l'attendez ? <br><br />
_''J'ai un message pour lui. <br><br />
_''Vous voulez pas nous le donner ? On le transmettra quand on le verra ce soir... <br><br />
_''Non, d'solé, c'est privé. <br><br />
_''C'est pas un message à coup de masse, au moins ? <br><br />
_''Héhé. Non. Pas cette fois.» <br><br />
<br />
N'ayant qu'à moitié envie de s'avancer dans le gué sous la probable ligne de tir d'archers dissimulés ni même de laisser une embuscade entre eux et le reste du groupe, quoique aussi un peu parce qu'ils ont alors pas loin de 12h de rude marche dans les jambes, Diane, Oleytan et Eldan se posent également près de la rivière, se trempent un peu les pieds (Diane va même s'éloigner pour faire un peu de toilette : par instant, dans ses Réactions, sa "Sensibilité Féminine" ressort), cassent la croûte, font une petite sieste... tout ça en gardant perpétuellement un œil sur les alentours et leurs armes à portée de main. <br />
<br />
Lorsqu'ils sont rejoints par Sire Herle de Lorune, La Poigne et le Grêlé, d'abord très méfiants, Diane qui a entamé un repas et une conversation en [[Langue des Vents]] avec le Gros leur fait signe de ne pas s'inquiéter, et les trois mercenaires finissent par jouer le même jeu que leurs camarades, profitant d'un peu de repos tout en restant sur leurs gardes. <br><br />
Au bout d'une heure de cette halte méfiante, "l'embuscade" se détend tout autant et Eldan repère bientôt un des archers Korme qui, lui aussi, déjeune sur le pouce à son poste de guet. Il le contourne, se cache, est brièvement suivi mais sème le guetteur, échappe ainsi efficacement à l'encerclement... et ne sait finalement plus trop quoi faire : il craint de déclencher un massacre s'il élimine un guetteur, de se faire repérer s'il continue de traîner près des Kormes, de perdre le groupe s'il s'éloigne et d'être trop loin pour intervenir s'il repart en arrière prévenir Vighnu et Andréas. <br><br />
Aussi reste-t-il caché, guettant les guetteurs, jusqu'à ce que, lassé de perdre du temps alors qu'ils sont pressés, Herle donne le signal du départ et franchisse le gué accompagné des 4 autres. <br />
<br />
Après avoir encore hésieé à les rejoindre carrément ou à rester en arrière, Eldan fini par laisser un signe de danger dans l'écorce d'un arbre à destination de Vighnu et décide de contourner pour franchir la rivière plus loin, ne trouve pas d'autre gué, passe à la nage, se paume en aval dans la forêt et mettra plusieurs heures à rejoindre ses camarades, trempé, gelé, épuisé et bientôt vertement engueulé par l'ex-templier ''[Sire de Lorune lui inflige même un tel jet d'intimidation pour lui inculquer la discipline militaire que le jeune éclaireur en sera durablement marqué : 2pts de Trauma !]''.<br />
<br />
Pendant ce temps, Andréas et Vighnu ont atteint le gué sans même remarquer le signe laissé par Eldan et le [[Fehnri]] est assez surpris de reconnaître le gros korme qu'il a déjà rencontré, il y a plusieurs semaines à Écume 6, lorsqu'ils avaient négocié des vivres et les soins de [[Mona Ma'od]] contre la transmission d'un message pour Adira (qui, si vous vous en souvenez, était arrivé au début de l'épisode [[5) "Le Pont"]], tiré avec une flèche sur la roulotte de Maître Pratesh). <br><br />
Quoiqu'il ne connaisse toujours pas son nom, il s'éloigne avec le chef rebelle et un petit conciliabule surréaliste se joue : les Kormes veulent (Vighnu comprend "[[Lashdan]], Roi des Kormes, veut...") l'embaucher pour assassiner un certain "[[Urgrand]]", le Sorcier barbu originaire des [[Marche des Sylves|Sylves]], qui dirigeait justement le détachement korme lors du siège à la [[Mine Bénie]] :<br />
<br />
«_''Tiens donc ?! Mais pourquoi diable, demande l'assassin hilare ? <br><br />
_''On m'a pas dit de te l'dire, et puis il paraît que les tueurs professionnels ne posent pas de questions. <br><br />
_''Lorsqu'on les paye bien, c'est tout à fait exact oui. <br><br />
_''Hé ben voilà pour toi, dis le Korme en lui tendant une grosse bourse de pièces, que le Fehnri s'empresse d'ouvrir avidement. <br><br />
_''Mais... vous vous foutez de ma gueule ?! C'est des pièces de cuivre ! <br><br />
_''Et alors, c'est pas bien ? <br><br />
_''Mais c'est pas du tout assez, enfin ! Je suis un spécialiste, moi ! Je bute pas les gens pour 30 ou 50 pièces de cuivre !<br><br />
_''Ah. Mais c'est tout ce qu'on a nous, même qu'on s'est tous cotisés pour rassembler ça. <br><br />
_''Mais c'est pas possible, vous comprenez rien au commerce, à la fin ! Et il est où, votre Sorcier, d'abord ?<br><br />
_''Ben on sait pas, nous, pourquoi tu crois qu'on s'adresse à toi ? Tu crois pas que je serais foutu de lui coller ma masse sur la gueule moi-même si on savait où il campe ? [[Etayn-la-Louve|La Louve]] dit qu'elle l'a perdu quelque part chez vous, du côté du Premier Lac, mais c'était il y a déjà plusieurs jours.<br><br />
_''Bon, écoute, voilà ce qu'on va faire : dis à ton Roi que je suis d'accord sur le principe, mais que déjà ça va vous coûter 20 pièces ''d'or'' et qu'ensuite, soit vous savez me dire au moins à peu près où il est, soit ça risque de prendre pas loin d'un mois (car Vighnu pense savoir où Urgrand devrait se trouver dans environs trois semaines, héhé...). Dis-lui ça et, quand vous aurez la somme, contactez-moi.<br><br />
_''Mais où tu veux qu'on trouve de l'or, nous ?<br><br />
_''Non mais c'est un prix, vous pouvez aussi bien me ramener 200 pièces d'argent, ou 4 lingots d'argent, par exemple. Vous en avez bien, des p'tites barres en argent, prises dans une certaine mine, hmmm ?<br><br />
_''Mais... non. De quoi tu parles ?<br><br />
_''Oh le con ! Rha merde, il fait vraiment chier ce connard de sorcier !<br><br />
_''C'est bien pour ça qu'on t'embauche, oui.<br><br />
_''Bon alors 20 pièces d'or ou l'équivalent, vous trouverez bien ça quelque part pendant que vous vous battez dans la [[Vallée de Cainil]], hein, je ne m'en fais pas pour vous. Quand vous avez la somme, vous me recontactez, vous versez la moitié d'avance et, moi, je tue votre sorcier.<br><br />
_''J'espère que d'ici là on l'aura trouvé nous-mêmes, mais sinon, on saura bien te joindre, ouais. Et bonne journée.»<br><br />
Et pendant que Vighnu se frotte les mains, les Kormes se dispersent dans la forêt sous le regard médusé d'Andréas.<br />
<br />
<br />
== La Ferme-Relais "[[Le Marchepied]]" ==<br />
Il fait presque nuit noire lorsque les 6 mercenaires fourbus atteignent enfin la ferme-relais qu'on appelle le "Marchepied", au pied de la route montant vers Solerane. Si Oleytan (trop repérable) est laissé avec le matériel dormir à l'extérieur, Diane, Eldan et Herle, bientôt suivis par La Poigne et Le Grêlé (trop crevés pour accepter de se peler le cul à camper dehors), pénètrent les uns après les autres dans l'enceinte de bois où un drôle de type pâle, un albinos efflanqué aux longs cheveux blancs qu'Eldan sait être surnommé "Craie" (chef des gardiens d'esclaves de la mine de cuivre), est en train de passer ses nerfs à coups de fouet sur deux malheureux emishen, une femme et un adolescent enchaînés au puits du milieu de la cour. <br />
<br />
Comptant avec l'albinos un escrimeur tout en noir s'engueulant avec le tavernier (une histoire de chevaux, de halte imprévue et de prix du fourrage) plus 4 soldats portant la livrée du Duc-Gouverneur (donc probablement issus de la garnison de Solerane), et soucieux de sa mission avant tout, Herle tempère ses instincts justiciers et suit la Kerdane dans le corps de ferme transformé en auberge de seconde zone, où il entreprend de noyer sa mauvaise humeur dans la bouteille d'hydromel prise à la Taverne Penchée. Si un jovial marchand de draps nommé Teillard, parti de Celanire vers le "marché de printemps" de Tal Endhil, tente bien d'engager la conversation avec les voyageurs, Diane l'envoie paître rudement (et nos héros se privent de la seule occasion de se renseigner sur la route qu'ils ont à faire) mais lance une petite partie de dés avec Eldan et Herle pour attirer à eux Craie et Esteval (l'escrimeur à l'armure de cuir sombre) et tenter de leur soutirer quelques informations sur l'exploitation des esclaves venteux à Solerane. Justement, les deux gardes-chiourmes, 3 autres collègues et 6 soldats prêtés par la garde sont à la recherche d'une 15aine d'évadés, échappés le matin même de la mine de cuivre. Diane propose bien de participer à la traque contre rétribution, mais Eldan ruine sa tentative d'approche en ne pouvant se retenir d'aller porter un peu d'eau et de pain aux deux malheureux prisonniers. Herle -qui perd aux dés et voit les deux crevures descendre gaiement sa bouteille- semblant se retenir de plus en plus laborieusement d'écraser la tronche de Craie à chaque fois qu'il fait des remarques cruelles sur les "venteux", les voyageurs vont se coucher tôt après un rapide souper et Diane s'arrange assez finement pour que leur propre groupe gagne le contrôle de l'escalier et des 2 rares fenêtres du grenier aménagé en dortoir, qu'ils vont devoir partager avec le binôme d'esclavagiste, les soldats s'installant dans l'étable au dessous.<br />
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=== Rencontre avec des fugitifs ===<br />
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C'est à peu près le moment où, traînant le chroniqueur qui dort debout dans l'obscurité de la route forestière, Vighnu voit soudain jaillir un grand type hirsute de la forêt, qui saute sur le fehnri en tentant de l'étrangler avec la chaîne qui lui lie les poignets : l'assassin pare de justesse avec son katara, une femme armée d'une branche sort à son tour des taillis et Andréas est basculé au sol par une jeune fille qui tente de lui éclater le crâne à coup de pierre, mais il parvient à la repousser de peu (elle est presque aussi épuisée que lui). Reconnaissant une Emishen (et réciproquement) alors qu'il tirait sa dague pour se défendre, l'érudit crie en Langue des Vents "Arrêtez, nous sommes des amis ! Vighnu, ce sont des Emishen !", ce qui suffit à stopper le début de combat et permet à Andréas de proposer de la nourriture et des soins aux esclaves en fuite, finissant de gagner leur confiance. <br />
<br />
Libéré de ses chaînes avec l'aide d'un glaive offert par Vighnu, le trio leur explique avoir réussi à s'échapper des mines de Solerane un peu avant l'aube, grâce à un tunnel vers la surface creusé en secret avec l'aide d'une barde rimdehl nommée Tahalien. Poursuivis depuis le levé du jour par des cavaliers en armes, ils ont perdu la douzaine d'autres évadés qui les accompagnait, dont des jeunes et des enfants et, loin de leurs régions d'origine (la plupart sont des Otlalnan de la Marche des Lisières), ils ont couru un peu au hasard vers le nord et le territoire des Liam'Lon, où aucun Dirsen n'oserait les poursuivre, alors que d'autres avaient préféré tenter leur chance à l'est, vers le Cercle des Hautes-Pierres.<br />
<br />
Les deux Talendan leur expliquent qu'ils sont ici sur le territoire des Elloran et qu'ils auraient de meilleures chances de filer au nord-ouest vers le Cercle des Cascades et, après avoir longuement hésité à repartir chercher les plus jeunes, les trois fuyards un peu retapés finissent par disparaître vers l'ouest avec quelques remerciements.<br />
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=== Evasion nocturne ===<br />
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Nos deux héros retardataires ne sont donc qu'à moitié surpris lorsqu'ils retrouvent Lerkoren Oleytan en compagnie de 5 autres échappés en haillons, dont Tahalien et un ado sérieusement blessés, plus trois mômes, quoique Vighnu soit un peu atterré par le récit du jeune Elloran.<br />
Car après que leurs compagnons soit entrés à l'auberge du Marchepied, Oleytan, attiré par des cris de douleurs, s'est glissé par-dessus la palissade de rondins et, découvrant les deux prisonniers lacérés à coups de fouet, a attendu la nuit noire pour passer à l'action. Il a malheureusement échoué à assommer proprement la sentinelle de faction dans la cour, mais a par contre réussi à la tuer net avant qu'elle ne crie, puis a traîné le corps du soldat dans une grange. C'est alors qu'il s'acharnait en vain à rompre sans trop de bruit un des maillons de la chaîne que Diane l'a interpellé depuis une des fenêtres du dortoir :<br />
<br />
«_''Psssst ! Mais qu'est-ce que tu branles, merde !? On est pas là pour ça ! <br><br />
_''Je fais mon devoir, tu peux pas comprendre ! <br><br />
_''Mais putain tu va réveiller tout le monde, crétin !». <br><br />
<br />
L'épée à la main, la Kerdane est bientôt descendue le rejoindre pour le convaincre de ficher le camp et, n'y arrivant pas, a fini par l'aider à détordre un maillon en faisant levier avec son épée, histoire qu'il puisse déguerpir avant que quelqu'un ne les entende. Herle s'est réveillé à son tour, lui a ordonné de rentrer se coucher avant de les griller complètement et, la Kerdane disparue dans l'étable en engueulant un soldat qui se réveillait vaguement sur l'air de ''"Quoi ? Keskya, on peut plus pisser tranquille, merde ?"'', Oleytan a sorti discrètement les deux rescapés par là où il était lui-même entré. Apprenant alors qu'ils avaient pu cacher les gosses près de la rivière avant que les cavaliers ne leur tombent dessus, il est ensuite reparti chercher les mouflets de 9 à 12 ans, a nourrit tout le monde et distribué des rations pour le reste du voyage (''"Et donc, là, on a plus de vivres, c'est ça ? Heu... un peu, si..."''). Il se demandait s'il allait abandonner l'opération pour les conduire aux Cascades quand Vighnu et Andréas sont arrivés. <br />
<br />
Renonçant à l'engueuler d'avantage puisqu'il viennent de faire quasiment la même chose, les deux PJ soignent à nouveau les plaies et brisent les chaînes, ré-expliquent la direction du Cercle des Cascades et, recommandant bien aux fuyards d'éviter les routes pour ne pas être repris, ils s'installent pour bivouaquer et s'offrir quelques précieuses heures de sommeil avant l'aube.<br />
<br />
L'aurore pointe à peine lorsque Herle, Diane et les autres se lèvent, déposent quelques pièces de cuivre dans la grande salle et filent sans prendre de petit déjeuner, pendant que Craie et Esteval constatant la disparition de leurs prisonniers commencent à activer les soldats, et que ceux-ci constatent la disparition d'un des leurs. ''"Et vous là, vous avez rien entendu ?!? _Nope : nous on dort sérieusement quand on doit se lever tôt."'' répondent nos héros avant de s'engager, sous la bruine matinale, vers le chemin raide qui monte en lacet vers le nid d'aigle de la cité minière. Rapidement rejoints par Lerkoren Oleytan, Vighnu et Andréas (modérément reposés), ils confèrent sur les évènements de la veille et s'accordent sur un plan : Eldan (puisqu'il connaît Solerane), Andréas (qui compte s'arrêter dans un temple pour se lancer dans l'enchantement d'un document puissamment convaincant pour faire partir le convoi avec une escorte réduite ''"car tout danger est désormais écarté"'') et Diane (qui pense pouvoir s'infiltrer dans la-dite escorte) iront en ville pendant que le gros de la troupe (''"J'suis pas gros j'suis juste un peu envelo _Ta gueule, La Poigne : t'es lourd."'')attendra caché dans la forêt. <br />
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=== Plan d'action ===<br />
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Dès que le convoi sera prêt à partir, les mercenaires partiront devant pour semer des embûches sur sa route afin de le ralentir (comme un sapin ou des rochers ''"décrochés par le dégel"'') : s'ils parviennent à le retenir assez longtemps dans la gorge pentue et traîtresse que les chariots auront de toutes façons du mal à négocier (le segment 2, sur la carte), ils peuvent l'obliger à passer sa première nuit avant le gué sur l'Anil'wel (milieu du segment 3). Le lendemain, la caravane sera donc obligé de forcer l'allure pour sortir de la forêt qui suit (segment 4) avant le crépuscule : réputée dangereuse (c'est, avec la gorge, le site d'embuscade préféré des Kormes, c'est d'ailleurs là que la colonne de Durgaut s'est faite attaquer au début de l'Épisode 1), le mauvais chemin tortueux y sera en cette saison embourbé par les ruisseaux et, avec un peu de sabotage supplémentaire (en creusant par exemple le lit d'un petit torrent pour former une combe traîtresse), l'escorte arrivera dans la vaste prairie marquant le dernier bout droit (5) en fin d'après-midi, épuisée par deux journées difficiles et fera probablement halte, croyant avoir fait le plus dur... Mais c'est justement là que l'attendra notre commando camouflé et grimé en Kormes, qui lui tombera dessus avant qu'elle ait eut le temps de souffler, laissera filer les non-combattants pour qu'ils puissent témoigner de la culpabilité des rebelles mais massacrera impitoyablement tous ceux qui pourraient les avoir vu de trop près au Marchepied ou à Solerane. En se coordonnant avec Diane pendant qu'elle s'isolera ''"pour pisser"'' le long du parcours, ça devrait marcher très bien (c'te blague).<br />
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Image à rajouter<br />
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== Enquête ==<br />
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=== Solerane (Diane, Andreas, Eldan) ===<br />
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Entrant en ville par la Porte Basse alors que le crachin continue, le trio d'espions improvisés passent devant les vastes écuries où des palefreniers semblent avoir rassemblé au moins une cinquantaine de chevaux, puis remontent les rues pentues et mal pavées, encadrées d'étroites maisons de pierre et d'ardoise, en direction de l'Hostellerie des Moindres, attenante au temple et tenue par les religieux locaux. Traversant au passage la grand'place surmontée d'un vaste marché couvert au bout duquel s'élève le siège de la Guilde Minière locale, ils constatent que des bouviers attèlent ou chargent des chariots sous les halles, alors que des marchands s'assemblent devant le porche du sanctuaire : ça sent le départ...<br />
<br />
Le réfectoire de l'hostellerie est aussi sombre qu'encombré par une bonne 20aine de mercenaires pour la plupart loqueteux, de forestiers et de négociants qui semblent tous attendre qu'un sergent courtaud et obèse s'occupent d'eux : Eldan le connaît sous le nom de "La Boule" comme le membre le plus corrompu de la garde locale, qui offre fréquemment les services de ses hommes à Jornil Cuivré et laisse prospérer les coupes-jarrets qui hantent avec son fils Jorem la boutique d'un marchand de vins, "Le Carafon".<br />
Pendant que Diane réussit à se bouffer le nez avec l'épaisse bonne-sœur qui sert pain et brouet aux clients (c'est une manie), Andréas trouve son chemin vers la sacristie pour demander au prêtre s'il pourrait s'y installer pour "travailler dans le recueillement nécessaire à ses enluminures". [Sur un jet de "Contacts dans la Pègre" réussit], Eldan le brigand repenti avise bientôt un drôle de novice qui accueille les voyageurs dans la cour en semblant éviter la salle, qu'il reconnaît illico comme un croche-bourse du coin, déguisé pour pouvoir "courtoisement débarrasser les voyageurs de leurs bagages" sans se faire trop remarquer des sœurs et des vrais disciples du Culte (et puisque je peine à lui donner un nom, il le baptise "Boule-de-Suif"). Son camarade interpellé en plein travaille lui explique que La Boule est venu sélectionner les meilleurs combattants disponibles pour les intégrer à l'escorte du convoi minier, les autres devant se contenter de la moindre paye offerte à l'escorte d'une caravane marchande qui devait partir ce matin avec un troupeau de chevaux emishen, mais qui a pris du retard malgré les tentatives du Cuivré pour les faire activer, allant même jusqu'à participer à la solde des convoyeurs pour peu que les marchands acceptent d'ouvrir la route en précédant d'une journée ses propres chariots. Bien sûr, quelques piécettes peuvent toujours faire pencher le jugement de l'adipeux sergent. ''"Et sinon, on peut saluer des copains au Carafon ? _Ben non, curieusement, y a quasiment personne depuis hier, déjà : ch'ais pas où ils sont tous passés. Même la bande à Jorem elle y est pu'..." ''<br />
Mais cette "cervelle de moineau" d'Eldan aura tôt fait de perdre l'information.<br />
<br />
Jugeant plutôt minables les guerriers déjà choisis, Diane se porte volontaire et décide de démontrer ses talents à l'arbalète en faisant tinter la haute cloche du temple d'un carreau tiré depuis le fond de la cour, selon un angle de tir particulièrement réduit par les étroites voutes du clocher et dans la visibilité voilée par la pluie et la grisaille : ''"Si une gonzesse y arrive, j'veux bien l'embaucher, tiens !"'' ironise La Boule. Et si Eldan s’éclipse vivement vers le campanile pour faire sonner la cloche du pommeau de sa dague si la Kerdane devait manquer, il n'a pas encore atteint le sommet qu'un trait ricoche sur le bourdon et faisant sonner le bronze avant de retomber côté grand' place. ''"Et sinon, c'est combien la paye ?"'' demande la tireuse d'élite d'un ton narquois, avant d'aller rejoindre la table où attendent déjà les autres vainqueurs, deux étrangers à l'air farouche et une paires de jeunes imbéciles qui se présentent comme ''"Trevan de Rigorne, chevalier errant ! _Et Gavin, son loyal écuyer. _Ah ben putain, si c'est le haut du panier j'ose pas voir le fond..."'' leur décoche Diane, toujours aimable. <br />
<br />
Informé que le convoi va de toutes façons partir le lendemain, que Diane y est embauchée, que l'éclaireur doit aller acheter quelques provisions pour le reste de l'équipe et puisque les religieux sont tous très occupés avec la foule des clients, Andréas profite du reste de sa matinée pour étudier bien tranquillement sa récente trouvaille. <br />
<br />
(Spoiler même pour les joueurs de cet épisode : En examinant les bagues mobiles qui se découpent dans la sphère d'or-rouge héritée de Langard, le mage découvre qu'elle est à la fois un focus capable de stocker de l'Essence magique, un catalyseur qui facilite le transfert d'Énergie vitale pour la chargre plus facilement et un amplificateur doublant la portée de la plupart des sorts : bien qu'il ait du payé 2pH pour la retrouver, Andréas Odran est ravi ! Bien sûr, il ignore encore que le spectre de son défunt propriétaire y a été piégé, et qu'il se manifestera lorsque l'objet sera suffisamment rechargé…)<br />
<br />
=== Interlude Forestier (Vignu, Herle) ===<br />
<br />
Pendant ce temps, Vighnu et Herle se sont éloigné dans la forêt après avoir entendu de lointains aboiements : voulant voir de quoi il retourne, ils découvrent une petite chaumière isolée, où une mère de famille fend du bois avec dextérité pendant que ses deux jeunes enfants jouent en rassemblant les demi-bûches sous l’œil de deux énormes dogues de Marale, des molosses presque aussi hauts que des poneys. En s'approchant sous le vent, les mercenaires réalisent que ce doit être la demeure de Thuril le Brun : un forestier réputé dans la région et qu'Eldan leur a expliqué servir régulièrement de guide aux caravanes, en particulier celles de Jornil Cuivré, de loin son meilleur employeur. Ils envisagent un moment de kidnapper un môme pour forcer la coopération de son père, mais après avoir considéré la maman qui fend les bûches d'un coup de hache expert, l'agitation grandissante des chiens, la taille du chenil trop vaste pour "seulement" deux dogues et les probables galères d'avoir à balader un otage de 5 ou 8 ans, les deux farouches guerriers renoncent.<br />
<br />
En rejoignant leurs camarades, ils aperçoivent les traqueurs d'esclaves qui patrouillent les flancs de la montagne et se dissimulent tous si bien qu'Eldan, sorti de la ville basse pendant que le premier convoi s'y assemblait pour partir enfin, va avoir bien du mal à les retrouver. Déposant les provisions en expliquant que Diane a réussit à intégrer l'escorte, l'éclaireur repart aussitôt pour lui transmettre les derniers détails du plan et une dague empoisonnée par les bons soins de Vighnu, "en cas de besoin". <br />
<br />
«_''Pis ramène le chroniqueur, aussi : on s'arrache dès que la première caravane a fini de descendre la route. <br><br />
_''Mais vous vouliez pas que j'aille jeter un œil à la mine, pour repérer l'autre convoi ? <br><br />
_''Il part demain matin, non ? Qu'est-ce qu'on besoin de savoir d'autre ? Grouille !» <br><br />
<br />
Et ce fût leur deuxième erreur…<br />
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== Préparation du terrain ==<br />
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<br />
=== Sabotage (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
À peine une heure derrière les quelques chariots de marchandises et le troupeau de chevaux qui labourent la route humide devant eux, le commando se met donc en marche en milieu de journée, avançant d'un pas tranquille pour éviter de les rattraper. La fin d'après-midi leur offre une vague éclaircie lorsque, quasiment à mi-pente de la gorge encaissée où les cailloux roulent sous leur pas, ils avisent un sapin qui penche déjà un peu depuis le versant hérissés de rochers du ravin : passant des cordes autour du tronc, Herle, La Poigne, Vighnu (mollement, hein, il est fatigué), Le Grêlé et Oleytan tirent de toutes leurs forces pour finir de le déraciner. Le templier défroqué s'énerve au passage et, quand ses compagnons remarquent que la chute de l'arbre n'a pas l'air très naturelle, il escalade la pente avec La Poigne pour déclencher à eux deux un éboulement susceptible d'expliquer l'accident. Après qu'une coulée de rochers se soient répandus sur la route et que le colosse ait cogné le tronc à coups de pierres pour parfaire la mise en scène et dissimuler les marques de cordages laissées dans l'écorce, l'équipe décide de souffler un peu avant de repartir... et Vighnu remarque alors une silhouette qui les observe de loin, dissimulée parmi les sapins en haut de la crête.<br />
(Si Andréas Odran a tout intérêt à garder le secret de ses talents magiques pour éviter de finir au bûcher, surtout lorsqu'il voyage avec un ex-templier, Hadrien Muraille et Adira Pratesh les ont découvert lorsqu'ils étaient enfermés dans la mine et le fehnri en a évidemment parlé à son cousin : malgré ses craintes instinctives concernant la sorcellerie, Vighnu a abordé le sujet avec Andréas qui s'est montré assez ouvert sur le sujet pour le rassurer...)<br />
<br />
Après avoir discrètement averti le reste de ses camarades de la présence d'un observateur discret et leur avoir recommandé de faire "comme si de rien n'était", Vighnu et Andréas s'éloignent innocemment loin des regard inquisiteurs en pénétrant sous les frondaisons qui bordent la gorge en se donnant vaguement l'air de chercher des plantes : <br><br />
<br />
«_''Tu peux le chroniquer d'ici, demande l'apothicaire dès qu'ils sont loin de Herle ? <br><br />
_''Assieds-toi avec moi et (Andréas sort la sphère première de son sac) pose tes mains là-dessus, là et là. <br><br />
_''Je sens que je vais pas aimer.... <br><br />
_''Sans doute mais j'ai pas l'énergie pour le faire moi-même alors tu participes où il va se tirer." <br><br />
Dès qu'ils ont tous les deux les mains sur la sphère de métal rouge, Vighnu se sent soudain très fatigué [ça lui coûte 4 points de Fatigue, mais ça fait 8pts d'Essence pour alimenter les sorts d'Andréas, qui en a bien besoin vu comme il peine depuis plus de deux jours qu'ils sont en marche] et, les yeux fermés par la concentration, le chroniqueur annonce à son camarade : <br><br />
_''Il n'y a qu'un seul type, mais il s'éloigne vers... un cheval. Plein nord, au sommet de la gorge. Il sait qu'on l'a repéré. Il se dépêche parce que... le sentier qu'il veut prendre rejoint la route un peu plus haut. <br><br />
_''Tu peux le neutraliser ? <br><br />
_''Je vais essayer mais... <br><br />
_''Fais au mieux, je préviens les autres !» <br><br />
<br />
=== Interrogatoire ===<br />
<br />
Quand Vighnu sort des bois tout essoufflé en appelant ses compagnons, il explique brièvement que le guetteur est en train de s'enfuir à cheval, mais qu'ils peuvent tenter de lui couper la route et Oleytan s'élance le premier, remontant la gorge au pas de charge, suivi de près par Eldan, Herle de Lorune et le Grêlé. Ils ont beau courir de toutes leurs jambes sur le chemin rocailleux, le cavalier dévale la pente plusieurs centaines de mètres plus haut qu'eux... et tombe de selle en atteignant la route.<br />
<br />
''"Quand on sait pas monter..."'' grommelle Herle, dégageant l'arc qu'il avait en bandoulière en cavalant de plus belle : son cheval trottant pour s'éloigner des ennuis, le guetteur se relève à peine lorsque Lerkoren Oleytan arrive sur lui le glaive à la main, mais réussit à dégainer sa propre épée en se remettant sur ses pieds, à parer et à lui coller un grand coup de pommeau à la tempe, séchant le jeune Elloran avant qu'Eldan ne soit à portée de lame. Le cavalier esquive le coup mal ajusté du Moineau en bout de course et, voyant arriver d'autres adversaires, dégage vivement sur le versant boisé qui descend vers le torrent. Mais Herle de Lorune a stoppé et décoché une flèche, et malgré la distance elle vole entre les arbres, racle l'écorce d'un boulot et transperce le genou du fuyard [3 pions de Fatigue et 1pH : Ego' voulait vraiment le choper] qui bascule dans dans la pente en rebondissant contre les troncs et les rochers. Un instant soufflé par l'expertise du tir, Oleytan, Eldan et le Grêlé regardent le Défroqué d'un air médusé, celui-ci leur fait signe d'aller chercher leur proie et, s'asseyant pour souffler sur un rocher, débande son arc en déclamant un poème sur la rudesse de la vie au bord des eaux [il faut préciser que pendant qu'on joue sur Rolisteam, Ego' dégotte des poèmes de circonstance qu'il déclame à brûle-pourpoint quand il a besoin de libérer de la Tension : ça fait toujours son petit effet et lui obtient à chaque fois le bonus du public]. Le Grêlé en reste un moment comme deux ronds de flanc, puis l'ex-inquisiteur dégage sa dague et, descendant à la suite d'Eldan avec le mercenaire sur les talons, annonce : ''"Bon, c'pas le tout : au boulot."''<br />
<br />
Et pendant qu'Oleytan s'éloigne pour récupérer le cheval, sous le regard mortifié d'Eldan qui a eu tant de mal à récupérer le blessé dans le torrent, à le traîner sur la berge et à lui faire un garrot, Herle entreprend d'interroger le prisonnier, d'abord en lui expliquant qu'il parlera de toutes façons et que ce n'est qu'une question de temps et de douleur, puis en tournant la flèche dans la plaie pour illustrer son propos. Alors qu'Eldan, dégouté, s'éloigne, le cavalier commence à révéler qu'il n'est que l'éclaireur d'une bande de types chargée de suivre le convoi... lorsqu'il tourne de l’œil, moins à cause de la souffrance que des blessures reçues : ayant rejoint ses camarades depuis quelques instants déjà, Vighnu l'examine et, constatant que le prisonnier cumule un sérieux hématome à la tête et des côtes fracturées à sa blessure au genou, annonce qu'il risque d'avoir un peu de mal à le garder en vie plus de quelques heures. <br><br />
<br />
«_''Et qu'est-ce qu'il a sur la poitrine, demande le chevalier ? <br><br />
_''Tatouage de voleur, explique l'assassin-apothicaire : la Confrérie du Chacal, une espèce de regroupement de brigands, mais j'ai entendu dire qu'ils commençaient à trafiquer des armes dans le coin. <br><br />
_''Non. Ce sont des démonistes ! <br><br />
_''Hein ?! Houlà, non, non, je vous assure messire ils... <br><br />
_''L'étoile à neuf branches est le signe du démon, Maître Pratesh, et cette créature doit être décapitée et brûlée séance tenante. <br> <br />
_''Quoi ?! Mais non, enfin, on allait l'interrog... <br><br />
_''Nous ne tolérerons pas l’œuvre du démon et vous n'en serez pas complice, Maître Pratesh, ou bien vous aurez à faire à moi !» <br><br />
<br />
Malgré les protestations de ses camarades, Sire de Lorune défait le long paquet qu'il a sur le dos depuis le départ et en dégage une lourde épée bâtarde à la lame gravée de runes antiques et dont la garde rougeoyante rappelle à Vighnu une certaine sphère : avant qu'il ne puisse s'interposer, l'épée s'abat et la tête du malheureux tombe, tranchée net, entre ses genoux [oui, Herle vient d'exécuter le "peunj-d'information" pour produire une Réaction à 5]. <br />
<br />
Image<br />
<br />
=== Fuite ===<br />
<br />
''"D'autres cavaliers arrivent !"'' les avertit Oleytan depuis le chemin, où il monte maintenant le cheval récupéré. Ne sachant pas s'il s'agit de brigands ou de simples civils et préférant éviter de laisser une "scène de crime" qui mette la puce à l'oreille du convoi, les mercenaires bascule le corps dans le torrent et dégage vers l'aval, histoire de dépasser leur éboulement avant d'être vus. Emportant la tête pour la brûler plus tard, Herle s'élance sur le chemin à la suite de ses camarades. Ce n'est que lorsqu'ils ralentissent au bas de la gorge qu'ils s'avisent qu'ils ont oublié Andréas et La Poigne, à qui Vighnu avait ordonné de rester près du chroniqueur pour le protéger : <br />
<br />
«_''Non mais ils sont pas débiles, non plus, ils auront dégagé en nous voyant passer... <br><br />
_''On parle de La Poigne là : le gars qui reste allongé près de l'arbre les yeux fermés pendant qu'on poursuit un cavalier parce qu'on lui a dit de faire "semblant de rien". <br><br />
_''Bon, Oleytan, tu retournes les chercher à pied en passant par les crêtes, on se retrouvera près du gué.» <br><br />
<br />
Et le matériel chargé sur le cheval, notre commando hautement qualifié repart d'un pas tranquille sous la bruine persistante.<br />
<br />
=== Reflexions ===<br />
<br />
Sous les pas des mercenaires, une plaine vallonnée, couverte de hautes herbes et parsemée de bosquets, succède bientôt à la forêt escarpée. Une éclaircie illumine le paysage et, quoiqu'en regardant régulièrement par-dessus leur épaule, les PJ en profitent pour sécher un peu en devisant sur la suite. Ce n'est qu'en arrivant au bord du fleuve que Herle insiste pour faire une pause et observer sérieusement les environs, des fois que les Démonistes (''"Mais c'est juste des petits truands qui se donnent un genre ! _Des dé-mo-nistes !"'') aient posté un autre guetteur ou que la première caravane soit encore à portée de vue. Les abords de l'Anil'wel ("la Rivière du Passé") sont remarquablement calmes, mais la profondeur des empreintes de chariot laissées sur la berge intrigue le templier : <br />
<br />
«_''Qu'est-ce qu'il y avait exactement dans ces chariots, Eldan ? <br><br />
_''Heu... un de draps et fourrures, un de ferronnerie, chaudrons, ce genre de trucs, et puis un p'tit chariot de matériel, les vivres de l'escorte, tout ça. <br><br />
_''Grand et gros, le chariot de chaudrons ? <br><br />
_''Pas très non, pourquoi ? <br><br />
_''Parce je commence à me dire que si j'étais un maître-contrebandier qui se méfie d'une attaque sur le convoi le plus important de l'année, j'aurais peut-être bien camoufler le vrai chargement dans la première caravane et tendu une embuscade autour de la seconde…» <br><br />
<br />
Après avoir passé le fleuve, et puisque la journée touche à sa fin sous les nuages noirs qui s'accumulent à l'est (''"Gros orage en provenance de la mer, annonce le Moineau. _Trouve-nous un bon site de bivouac, faut qu'on puisse se reposer ce soir."'') le groupe discute toujours de ses soupçons en interrogeant Eldan sur milles détails, puisqu'ils est le seul parmi eux à s'être rendu en ville et à avoir observé les préparatifs de départ. Montant un campement étonnamment confortable à base de branchages installés entre de gros rochers, sur les contreforts des hauts plateaux à l'ouest de la route (en limite de zone 4, sur la carte) et bientôt rejoints par Oleytan suivi d'Andréas juché sur le dos de La Poigne, l'équipe continue de réfléchir à l'idée du Templier.<br />
<br />
Et, à force de se creuser la cervelle, Eldan commence à se remémorer divers détails troublants (les mises en garde du Capitaine ; la désertion du Carafon (d'ordinaire quartier-général des truands et en particulier des séides de Jorem Cuivré) ; Jornil qui pressait le premier convoi de partir au point de payer une partie des frais de l'escorte, finalement un peu excessive pour des marchandises sans grande valeur et comptant assez peu de cavaliers pour que le troupeau de chevaux soit sa principale préoccupation ; les drôles de "barbares" qui trainaient à l'Hostellerie avec Diane), Andréas raconte sa première rencontre avec les Chacals au Cercle des Cascades, Vighnu et Eldan ajoutent leurs connaissances sur la pègre du nord... Il leur faut un moment pour constituer une théorie viable mais, lorsque Herle de Lorune revient de l'incinération de la tête tranchée, ses compagnons se sont rangés à son avis : le butin est caché dans la première caravane (qui n'a que 3 ou 4 heures d'avance sur eux et a du elle aussi s'arrêter pour la nuit), et le deuxième convoi est un piège à leur intention, pour lequel Jornil a embauché les Chacals, originellement venus des Sylves, tout comme Urgrand le sorcier barbu qui les a mis en relation avec les rebelles.''"Je vous avez bien dit que c'était des démonistes ! Quand on aura fini cette mission, faudra faire la peau à ce sorcier. _Nous en reparlerons certainement, sourit Vighnu."''<br />
<br />
=== Interlude Lointain ===<br />
<br />
Pendant ce temps à Tal Endhil, le Capitaine prend Ranyella Sotorine à part à la fin d'une des nombreuses sessions qui occupent la Guilde depuis le début de la semaine et, alors qu'il voulait lui parler transport nautique et diplomatie locale, la cheffe kerdane lui remet 4 pièces d'argent : ''"À quel titre ? _Une de vos mercenaires a envoyé un message à Écume 6 en demandant qu'on lui envoie une barge au Lac d'Acier. La réponse est que nous avons déjà perdu une barge récemment, que ma famille a autre chose à faire et que la mercenaire en question a perdu le privilège de faire appel à nous : vous seriez gentil de transmettre. _Oh... merde !"'' <br><br />
Et le Capitaine fonce illico au Cercle des Cascades, insiste pour parler urgemment à quelques chamans de sa connaissance et fini par demander à Kal Shemon'Lon de bien vouloir passer un message à Vighnu et Andréas : ''"Seulement si j'peux mett' un monstre marin. Ça donne du cachet aux visions, les monstres marins. Hihi."''<br />
<br />
<br />
<br />
== Infiltration ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Soirée à Solerane (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
À l'Hostellerie des Moindres, après qu'Eldan soit passé en coup de vent lui déposer une dague empoisonnée (''"T'aurais rien de plus liquide, pour épicer les vivres de l'escorte ? _Ah heu ben non, mais j'vais demander à l'apothicaire."'': jamais revenu), Diane fait connaissance avec ses futurs compagnons de route : si les deux "barbares" au poil noir et à l'air revêche ne font toujours aucun effort pour converser dans la Langue des Pères, elle découvre que le jeune "chevalier errant" Trevan de Rigorne et son fidèle écuyer sont venus au nord "en quête de gloire et d'aventure" et que, malgré leur bref engagement dans les troupes mercenaires (''"parce qu'on y voit plus d'action !"''), l'aventure leur a fait jusqu'ici plutôt défaut : une escorte de caravane vers Celanire (et quelques troubles sur place dus à l'arrivée d'un nouveau prêtre assez radical), mais toujours pas de glorieux combat. Ils comptaient s'engager dans les troupes d'un héros local, le fameux Capitaine Durgaut de Tal Endhil ("Qui ? Non, 'connais pas...") mais comme Trevan est incapable de réduire son train de vie, les voilà pour l'instant fauchés et ils repartent vers Darverane avec le fourgon de métal, dont le jeune chevalier espère bien qu'il sera attaqué (pour se couvrir de gloire), afin de gagner assez d'argent pour un second cheval (Gavin l'écuyer se plaint de courir derrière depuis deux mois).<br />
<br />
Un très bref duel d'entraînement avec lui permet par contre à Diane de constater que Trevan est extrêmement bien entraîné à l'épée, malgré son inexpérience du combat réel et sa rafraichissante "naïveté". Si son écuyer a d'avantage les pieds sur terre, Diane ne doute pas de pouvoir par contre les manipuler (et ne se préoccupe pas plus que ça d'aller jeter un œil au fourgon ou à la mine).<br />
Elle rencontre bientôt Thuril le Brun, le massif forestier accompagné de deux dogues en charge de guider le convoi, qui vient les avertir d'être prêts le lendemain avant l'aube.<br />
<br />
=== Rêves collectifs (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
Pendant qu'elle dort tranquillement à l'Hostellerie, le tumulte de l'orage qui s'abat sur la plaine est bientôt interrompu par un hurlement de frayeur : sous son abri de branchage, Vighnu vient de s’éveiller d'un horrible cauchemar, une histoire de barques irrémédiablement coulés et de monstre marin qui le dévorait. <br><br />
<br />
«_''Ça commençait par un faucon ricanant dans la nuit et finissait par un petit oiseau qui te guidait vers un sentier lumineux dans la montagne, demande Andréas ? <br><br />
_''Heu... oui, mais je t'avoue que je me suis réveillé après le poisson géant. <br><br />
_''C'est drôle, moi j'ai juste vu une espèce de grosse murène rôder dans l'eau, mais à part ça, je pense qu'on a fait le même rêve, envoyé par Kal Shem'... <br><br />
_''C'est important les rêves, coupe Herle de Lorune, ce sont souvent les Ancêtres qui nous les envoient. <br><br />
_''Voilà. <br><br />
_''J'allais le dire. <br><br />
_''Et dis-donc, le Moineau, un chemin dans la montagne, ça te dit quelque chose ? <br><br />
_''Ah heu...oui. Le Capitaine avait prévu une solution de secours si on trouvait pas d'embarcations, c'est au nord de Celanire. <br><br />
_''Et c'est fiable ? <br><br />
_''Les plans du Capitaine sont toujours fiables ! <br><br />
_''Suis-je bête. Bon ben demain on peut s'épargner d'aller voir si les Kerdans sont arrivés à la presqu'île et foncer plein sud dès l'aurore pour rattraper le convoi...» <br><br />
<br />
=== Départ du convoi (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
Et le jour n'est pas encore levé que Diane, Trevan, Gavin et les deux barbares Sylvains dont elle n'a tiré que les noms (Rumbold et Jaromir) rejoignent avec Thuril la mine de cuivre, un véritable petit fortin dont sortent bientôt des cavaliers (dont Craie et Esteval, qu'elle reconnaît et qui la reconnaissent, mais aussi un jeune gandin qui s'avèrera vite être Jorem Cuivré, le fils du grand patron), quelques fantassins supplémentaires, un lourd fourgon de chêne fermé par une porte cadenassées et un petit chariot de matériel tiré par des mules. Retraversant la ville vers la porte basse dans le fracas des roues et des bêtes sur le pavé, le convoi descend laborieusement la route vers le Marchepied en brinquebalant (''"Bloumboudoum font les coffres dans le fourgon fermé. _Super : tu fais vachement bien le coffre. _Okaaay... _Ben quoi ?"'') puis oblique plein sud dans le petit matin.<br />
Très vite, l'arbalétrière comprend qu'entre Craie, Thuril et Jorem, il y a deux chefs de trop dans ce convoi, et en profite pour attiser les inimitiés au sein de l'escorte. Dès qu'elle et d'autres piétons sont employés à retenir les chariots dans la route pentue qui serpente le long du torrent, il lui vient une autre idée pour ralentir le convoi : profitant d'un dérapage du fourgon (''"moins lourd qu'il n'y parait... _Ben tant mieux.") ''<br />
<br />
sur la route bourbeuse, alors qu'elle tirait de l'arrière, Diane s'arrange pour que le véhicule passe sur l'un des cochers descendu pour freiner par l'avant, et le conducteur hurle lorsqu'une des roues de bois ferré lui sectionne la jambe à hauteur du genou. Dégager le pauvre gars et lui prodiguer les soins nécessaires, quoique probablement inutiles (le type ne s'en sortira pas sans un bon chirurgien) stoppent le convoi pendant un long moment. Diane en profite d'ailleurs râler sur la paye, semer encore un peu plus la discorde dans l'escorte et monter Trevan de Rigorne contre Craie en proposant de rentrer à Solerane pour repartir du bon pied, mais l'esclavagiste albinos est vite soutenu par Esteval et, à eux deux, ils ramènent un semblant de discipline dans l'équipage qui reprend la route.<br />
<br />
Toujours attentive aux alentours, Diane commence à avoir l'impression distincte que des bruits de sabots suivent le convoi par les crêtes et, lorsqu'elle propose d'aller voir, Craie insiste pour envoyer plutôt Jaromir et Rumbold, les deux Sylvains. <br><br />
<br />
«_''Dis-donc Trevan, demande-t-elle au jeune chevalier, les deux barbares, là, ils ont été sélectionnés comment ? <br><br />
_''Je ne sais pas, Mademoiselle : je ne crois même pas que le gros sergent les ait mis à l'épreuve, ils ont été embauchés tout de suite. <br><br />
_''Tiens donc..." Et bien sûr, lorsque les deux éclaireurs reviennent "sans avoir rien trouvé", Diane et Gavin espionnent leur bref rapport à l'albinos, la Kerdane entendant quelque chose comme "perdu un gars... <br><br />
_''Dis-leur de garder leurs distances, merde !» <br><br />
<br />
Lorsque le jeune chevalier et un des Sylvains, chevauchant tous deux à l'avant-garde, signalent un l'éboulement barrant la route, le convoi s'arrête à nouveau, l'escorte se déploie en position défensive et la Kerdane décide d'escalader le pierrier pour en avoir le cœur net : trouvant les empreintes de deux paires de très grands pieds, elle déduit que l'éboulement est l’œuvre de La Poigne et du Défroqué, mais préfère inquiéter les autres pour perdre encore du temps. Le convoi ne repartant qu'après avoir utilisé les mules pour traîner le sapin tombé hors du chemin, Diane s'installe à côté de Thuril le Brun sur le banc du fourgon et entreprend de lui expliquer qu'il se passe des choses très bizarres autour de ce transport, surtout que les Sylvains et Craie semblent comploter un truc bizarre avec des cavaliers qui les suivent [Réaction de Témérité à 5]. Manifestement surpris (et convaincu), le Brun essaye pourtant de dissiper les soupçons de la Kerdane mais ne parvient qu'à éveiller de nouveaux doutes : le guide serait-il de mèche avec d'autres gars voulant braquer le convoi ?<br />
<br />
=== Fuite meurtrière ===<br />
<br />
Avec tout ce temps perdu, il fait déjà presque nuit lorsque la caravane fourbue s'installe pour camper juste avant le gué et que Craie insiste pour envoyer les deux Sylvains et Diane "chercher du bois pour le feu", à bonne distance du camp puisque les premiers bosquets sont à plusieurs centaines de mètres. Méfiante, la Kerdane avertit Gavin et ne suit les deux barbares qu'en traînant les pieds et son arbalète sous le bras, le temps de chercher une solution : elle observe le terrain en détail, évalue les distances... Lorsqu'elle réalise que Craie et Esteval arrive derrière elle depuis le camp alors que les Sylvains la prennent en tenaille par l'ouest, elle se penche pour ramasser une branche morte... et disparaît complètement dans les taillis et le soir qui tombe.<br />
<br />
[À 4 contre 1, Diane est sérieusement dans la mouise, surtout qu'Orlanth refuse d'employer ses pH pour autre chose que progresser. Mais briefé en détail sur les options tactiques d'un sniper et anticipant finement sur ses Mises, il va commencer par un énorme jet de préparation, dégageant 16 pts de bonus temporaires qui ne vont pas être de trop...]<br />
<br />
Transmettant des indications par signes aux deux Sylvains, Craie et Esteval resserrent l'étau autour de la Kerdane... Du moins le croient-ils car, camouflées dans un bosquet à quelques distance, elle se trouve déjà hors de "l'encerclement" et visant soigneusement, elle attend le bon moment pour tirer en comptant sur la fatigue et la tension de ses adversaires. Et lorsque que, croyant avoir vu un buisson bouger, Craie fait claquer son fouet dans le feuillage, l'arbalète claque sans être entendu et Esteval s'écroule sans un râle, un carreau lui ayant perforé le crane par l’œil gauche. Jaromir, l'éclaireur sylvain qui progresse discrètement l'arc tendu, est maintenant la cible la plus excentrée : Diane recharge et lorsque l'albinos -dont les longs cheveux blancs se distinguent nettement malgré le crépuscule- se retourne pour appeler à voix basse son camarade disparu, un second trait claque et se fiche dans la trachée de l'archer, qui s'effondre en gargouillant du sang.<br />
<br />
Immédiatement, Rumbold et Craie comprennent qu'on leur a retourné l'embuscade et cherchent un couvert, mais l'esclavagiste commet l'erreur de vouloir reprendre l'offensive : dégainant son tranchoir et ré-enroulant son fouet, il s'élance en zigzaguant entre les rares bouleaux pour atteindre l'origine du tir... où Diane n'est déjà plus. Et lorsqu'il se retourne pour la chercher du regard, un carreau l'atteint en plein front. <br />
<br />
Alors que des voix commencent à se faire entendre vers le campement, le dernier Sylvain récupère l'arc de son compagnon et, restant prudemment à couvert, scrute le sous-bois en se déplaçant silencieusement vers l'ouest et les profondeurs de la forêt. Rumbold lâche une flèche lorsqu'une ombre se détache brièvement parmi les arbres mais manque de plusieurs coudées, et les deux tireurs continuent leur lente et silencieuse danse parmi les taillis, s'éloignant toujours plus du camp vers la forêt, chacun cherchant à repérer sa cible autant qu'à réduire la distance en restant à couvert... Mais lorsqu'il atteint une longue clairière, le Sylvain doit choisir s'il s'arrête ou s'aventure à découvert et, manifestement décidé à continuer vers l'ouest ou les arbres sont plus dense [et lui permettrons de réduire l'avantage fournit par la portée de l'arbalète], il s'élance soudain au pas de course : il n'a pas fait 10 pas qu'un carreau le cueille en pleine cuisse. Il riposte pourtant, mais manque encore et, étalé dans les hautes herbes, à flèches, il a le réflexe de ne plus bouger et d'attendre que la Kerdane soit obligée de s'approcher : lorsqu'une silhouette blonde apparaît, il se redresse sur un bras pour lancer sa hache mais un dernier carreau lui perce le crâne avant qu'il ait pu finir son geste.<br />
<br />
Accroupie à la lisière des bois, Diane écoute la nuit en reprenant son souffle : s'il lui semble entendre un lointain piétinement de sabots dans la forêt, une chouette ulule à l'ouest quand elle reconnaît le timbre de Trevan approchant par l'est et appelant à mi-voix "Mademoiselle ? Mademoiselle ?". Elle fouille rapidement le corps de Rumbold, récupère le projectile qui saillit de sa jambe et, en plus d'un curieux appeau, d'une solide dague, de quelques pièces de cuivre et d'un lacet d'étrangleur, elle découvre un curieux tatouage sur son sternum, une sorte de loup très mince sur fond d'étoile et de forêt. Soufflant tout bas dans l'instrument, elle émet une sorte de ululement et comprends que d'autres Sylvains appelaient leurs compagnons. <br />
<br />
Quand le jeune chevalier la rejoint enfin, troublé de constater qu'elle vient d'abattre 4 hommes dont leur chef (et qu'il a encore manquer l'action), elle n'a guère le temps de lui expliquer la situation en détail mais, avec l'aide de Gavin qui finissait de fouiller les corps, parvient à le convaincre qu'elle est "la gentille" de l'affaire. Et qu'ils sont tous en danger : il faut fuir, tout de suite, sans repasser par le camp. ''"Mais je ne peux tout de même pas abandonner mon destrier, proteste le "chevalier errant" ! _Et puis j'ai trouvé la clé du fourgon autour du cou de Craie, fait remarquer Gavin : ça vaudrait le coût de jeter un œil..."'' (On pourra pas dire que j'ai pas essayé.) <br />
Diane hésite un instant, car la tentation est forte, mais se ravise et, tirant doucement le chevalier confus par le bras, elle l'entraîne avec son écuyer vers le fleuve, contourne le camp par la rive, trouve le gué malgré la nuit et, alors qu'un fort tumulte et une cavalcade semble agiter le bivouac derrière eux, ils disparaissent dans la nuit et les flots grondant...<br />
<br />
Ils marchent depuis plus d'une heure, que le chevalier a passé à se plaindre de la perte de son cheval, du poids de son pavois et de ses pieds douloureux, lorsque Diane et Gavin réalisent que des cavaliers sont à leurs trousses : quittant le chemin pour tailler à travers bois, le trio sème temporairement ses poursuivants dans l'épaisseur des taillis et tente de prendre un maximum d'avance avant l'aube (passant sans le savoir à peu de distance de l'endroit où, la nuit précédente, ses compagnons ont campé pour s'abriter de l'orage).<br />
<br />
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<br />
== Dernier tronçon ==<br />
<br />
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<br />
=== Sabotage d'un chariot ===<br />
<br />
Durant la journée, Vighnu, Andréas sur le cheval, Herle de Lorune, Eldan, Oleytan, le Grêlé et la Poigne ont continué d'avancer à marche forcée sur la route forestière (segment 4 du trajet) détrempée tant par l'orage de la nuit que par les quelques ruisseaux qui s'écoulent vers le lac, grossis des eaux de pluie. Eldan, le plus leste de la bande, a rapidement pris de l'avance sur le reste du groupe en espérant rattraper la caravane assez tôt et trouver moyen de la ralentir jusqu'à ce que ses camarades le rejoignent. Et en effet, lorsque l'après-midi touche à sa fin et que le Moineau émerge de la forêt (début de zone 5), il découvre le troupeau de chevaux paissant tranquillement dans la grande prairie en bordure du Lac d'Acier, près des trois chariots arrêtés au bord du chemin entre lesquels les voyageurs ont allumé un petit feu pour sécher leur paletots. La moitié d'entre eux prennent d'ailleurs le soleil ou nettoie leur vêtements bourbeux sur la berge pendant que les autres cassent la graine et se reposent de la rude journée qu'ils viennent de passer à pousser les carrioles dans le chemin forestier tout à la fois étroit, sinueux, bourbeux, rocailleux et coupé par les crues miniatures (argl).<br />
<br />
Profitant des hautes herbes et de ce que seulement trois sentinelles semblent encore (vaguement) se préoccuper de monter la garde, le Moineau progresse par l'ouest, traverse la route sans être vu et se glisse subrepticement jusqu'au chariot de ferronnerie. Il entreprend alors d'arracher avec sa dague les clous qui maintiennent une des roues arrières sur l'essieu, mais il n'a pas tout à fait le temps de finir que l'arrivée de l'unique sentinelle à cheval, qui commence à réunir les chevaux égayés e vue du départ, l'oblige à se dissimuler sous la carriole. Son mouvement d'ailleurs trop vif et trop peu discret fait se cabrer l'un des chevaux, la sentinelle descend de selle pour voir ce qui se passe alors qu'une autre est descendue du chariot de draps (étrangement le seul où un garde soit resté en faction) : Eldan, bientôt coincé, ne s'échappe qu'en profitant d'un instant d'inattention né du chef de convoi qui bat le rappel de ses compagnons, juste le temps pour lui de retraverser la route et de s'éloigner en rampant dans les hautes herbes. Néanmoins, la roue d'un des chariots ne tient plus que par un clou et l'éclaireur a reconnu l'homme qui gardait le chariot "de draps" : c'est Darjodrahl, le garde du corps/assassin hornois de Jornil Cuivré en personne, et sa seule présence indique qu'ils ont vu juste...<br />
<br />
[Là, vous comprendrez que j'ai un problème spatio-temporel massif : Diane/Orlanth a toujours environs 24h de retard sur les autres joueurs, qui eux sont à moins de 24h de l'objectif réel, et d'ailleurs la caravane va arriver à l'Auberge du Pont. Si je laisse tourner la chronologie normalement, Diane ne rattrapera ses compagnons que bien plus tard, probablement après que l'action soit terminée : c'est vraiment con. Alors comme pour une fois j'ai mes 4 joueurs-combattants ensemble (ça n'a a été le cas que deux séances sur sept), je fais une entorse à mes principes pour mon Orlanth préféré, Diane passe donc à travers une faille temporelle et rejoint ses camarades, qui pour la plupart n'y ont vue que du feu.]<br />
<br />
=== Regroupement et combat (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Trevan, Gavin, Diane) ===<br />
<br />
À la lisière des bois, le reste de la troupe s'est arrêté pour faire une halte après 10h de marche forcée qui lui ont "presque" permis de rattraper le convoi, lorsque Oleytan à l'arrière-garde annonce trois piétons mal en point qui clopinent vers eux : c'est Diane la Kerdane et deux inconnus, dont un sérieusement blessé. Le trio de fuyard a en effet été rejoint par quelques cavaliers-chacals dans la journée et, lorsqu'un bref combat, Diane en a abattu un de plus, Trevan en a blessé un deuxième et le troisième a planté sa lance dans le flanc du pauvre Gavin avant d'être "héroïquement mis en déroute" par le chevalier errant (et donc il s'est barré, quoi). Rapidement mis au courant des mésaventures les uns des autres malgré l'insistance du chevalier qui veut savoir s'ils sont des "malandrins" (''"Ben heu... on est des bandits d'honneur qui volons aux riches pour donner aux pauvres et défendons les petites gens contre l'oppression._Vrai ? Quelle aventure ! Je suis bien content de vous avoir rencontrés et de pouvoir joindre mon épée à votre noble cause ! _C'est qui ce débile, exactement ?"'')<br />
, tous s'accordent à dire que les deux priorités du moment sont qu'ils ont 1) encore une petite heure de retard sur leur objectif et 2) seulement une courte avance sur les 6 ou 7 cavaliers qui poursuivaient encore Diane, Trevan et Gavin. ''"Ça tombe bien, ''fait remarquer Vighnu'' : on va avoir besoin de chevaux."''<br />
<br />
Une fois l'équipe déployée autour de l'appât constitué par Gavin (rapidement rafistolé par Andréas) et Trevan installés au bord de la route, le "combat" est aussi rapide qu'unilatéral : Diane snipe le premier cavalier, le second reçoit une flèche de Herle avant d'être démonté d'un grand coup d'épée par Trevanet si les 4 autres qui les suivaient freinent à bonne distance pour descendre de cheval, ils découvrent vite qu'ils sont encore à porter de tir quand l'arbalète fait une seconde victime et qu'un autre adversaire prend une flèche dans la hanche en descendant de cheval. Les deux derniers, d'abord décidés à profiter du couvert des sous-bois pour arriver au contact voient bientôt le chevalier, le Grêlé, Vighnu et la masse du Templier s'avancer vers eux, et se dispersent dans les taillis dans l'intention manifeste de se carapater. C'était sans compter sur l'inhumaine discrétion de la Poigne, qui éclate à la masse le crâne du malheureux qui avait presque réussi à surprendre l'assassin (longue journée + problèmes de cœur : petite forme, le fehnri) et lorsque ce dernier se met en quête de l'ultime ennemi rescapé, il le trouve affalé sur le ventre et ligoté par le layss d'Oleytan, d'ailleurs assis sur son dos. <br><br />
<br />
«_''Très bien mon gars ! Allez, on le ramène aux autres et... <br><br />
_''Non. <br><br />
_''Je te demande pardon ? <br><br />
_''Non, Vignupratesh : cet homme est mon prisonnier, et il porte un tatouage. Je ne laisserai pas tes cinglés de compagnons massacrer un vaincu. Je comptais le laisser repartir après que nous ayons pris du champ. <br><br />
_''Mais c'est une très mauvaise idée, mon ami : il va rejoindre ses compagnons... <br><br />
_''C'est son droit. <br><br />
_''...les alerter sur notre position. <br><br />
_''Bah je peux lui trancher un mollet, si tu veux : il devra repartir en boitant et ne rejoindra les siens que bien après que nous soyons partis. <br><br />
_''Hem... bon écoute, je vais voir où en sont les autres et je reviens vers toi, d'accord ? <br><br />
_''Chouette : tu peux me ramener à boire ?» <br><br />
<br />
Et leur seul autre prisonnier, blessé à la hanche, est une prise inattendue : Jorem Cuivré, soi-même. Terrifié et enfiévré par la douleur, le propre fils du patron-minier balance tout ce qu'il sait dès que Herle et Diane froncent les sourcils : oui, son père se doutait qu'il serait attaquer et a conçu la ruse des deux convois, oui il a embauché les Chacals à sa demande par l'intermédiaire d'un contact qui trafique du sel et d'autres marchandises "tombées du chariot" entre Darverane et Solerane, oui ils se doutaient bien que le Capitaine Durgaut était derrière tout ça mais son père ne pouvait pas se permettre de faire attendre Rhilder. <br><br />
<br />
«_''Mais pas du tout, mes fringants compagnons et moi-même sommes des bandits d'honneur qui volons aux riches pour... <br><br />
_''Non arrête, Trevan, t'es chiant : on bosse pour Durgaut, en fait. <br><br />
_''Quoi ? Palsambleu mais alors vous m'avez roué ! Quelle aventure ! <br><br />
_''Mais vosu êtes cons, pourquoi vous balancez un truc pareil devant le prisonnier ?! <br><br />
_''Parce qu'il va pas repartir de toutes façons..." explique Vighnu avant de lui trancher la gorge [Réaction Cynisme 5 : ouch !].<br />
Et abandonnant ses compagnons avec le chevalier errant qui fait un scandale, il entraîne Diane vers l'endroit où il a laissé Lerkoren Oleytan en lui expliquant la situation : <br><br />
_''Mais quel chieur ! 'Sont tous comme ça vos venteux ? <br><br />
_''C'est pas la question : je compte sur toi pour abattre le prisonnier après qu'on l'ait "libéré". <br><br />
_''Pas de problème mais faut pas que le môme me repère... <br><br />
_''Je t'aiderai.» <br><br />
<br />
Et, en effet, Vighnu fait assez de boucan en rejoignant son jeune ami pour que l'approche de la Kerdane passe inaperçue : une fois le prisonnier ahuri rendu à la liberté sans arme et avec un talon d'Achille tranché (''"Rhaaaaaaaaa ! _Pis traîne pas mon gars, parce qu'avant la nuit, y aura des loups..."''), Vighnu ramène Oleytan vers leurs compagnons en l'entretenant de ses soucis sentimentaux, que le jeune Elloran ne comprend que trop bien. Cette émouvante confession les empêche d'entendre le claquement d'une arbalète qui vient de mettre fin à une très brève fuite, après quoi Diane rejoint les autres pour récupérer les carreaux qui, ayant atteint des parties molles, peuvent encore être extraits à la dague (faut dire qu'elle n'en a plus que 7, avec tout ça). <br><br />
Le temps de répartir les désormais 9 cavaliers, dont un blessé, sur les 7 chevaux disponibles (_''Quelle malchance : aucun d'entre eux ne montait mon cher destrier ! _Couillon, moraliste et obssédé par son canasson : il est pas venteux votre chevalier, des fois ?"'') et la troupe repart au galop à la poursuite du convoi.<br />
<br />
Eldan, rapidement récupéré et pris en croupe, explique qu'il a pu confirmer que le butin était dans le chariot de draps et saboter la carriole de ferronnerie, mais que la caravane a repris sa marche et qu'elle a encore repris près d'une heure d'avance. Trottant de leur mieux sur leurs chevaux déjà éreintés, les mercenaires fourbus voient s'amenuiser leurs options en même temps que le soleil couchant : s'ils peuvent encore rattraper leur objectif avant l'Auberge fortifiée (d'autant que la roue déclouée peut céder n'importe quand), il leur faudrait encore prendre le temps de se déguiser en Kormes, abandonner pour cela leur matériel le plus avantageux, attaquer en plaine, couper la fuite à quiconque sauterait sur un des 50 chevaux pour donner l'alerte, défaire une quinzaine de "gardes" (dont au moins 4 professionnels dignes de ce nom et Darjodrahl) à seulement 8 combattants, rafler le butin et dégager à travers champs avant que des renforts n'ait pu intervenir depuis le fortin : <br><br />
<br />
«_''C'est pas la peine de se casser le cul à galoper, fait remarquer Vighnu : on est tous trop crevés pour se battre efficacement. Il faut trouver autre chose... par exemple s'introduire à l'Auberge du Pont cette nuit, avant que la caravane ne reparte pour Darverane avec trois ou quatre fois plus de monde. <br><br />
_''C'est ça, on va trimballer 200kg de coffres blindés par-dessus les remparts et tout le monde trouvera ça normal. <br><br />
_''J'ai peut-être une idée, propose Eldan : je sais que le chariot de ferronnerie est destiné à Celanire, alors si on pouvait remplacer discrètement le contenu des coffres par des fers à cheval et d'autres objets en fonte pour planquer le butin sous les chaudrons, on aurait plus qu'à attaquer demain matin un p'tit chariot presque sans escorte allant justement dans la bonne direction. <br><br />
_''Mmmmh... et tu ferais ça comment ? <br><br />
_''Ben on j'pourrais entrer à l'auberge avec Gavin en innocent blessé et l'honorable médecin-érudit Andréas, on repère les lieux et le butin, pis on aide Vighnu, Oleytan et tous ceux qui savent grimper et se faire discrets à passer la muraille, pis on s'introduit là où sont gardés les chariots, on se débrouille pour changer le butin de carriole sans faire trop de bruit, les grimpeurs repartent pis, le lendemain, ni vu ni connu, on braque le transport de chaudrons sur la route de Celanire. <br><br />
_''Mais dis donc, tu sais que si on laisse quelques gars à l'extérieur pour éviter que les gars du deuxième convoi nous tombent dessus à l'improviste ou viennent raconter des âneries à la garnison locale, ça pourrait presque marcher, ton affaire ? <br><br />
_''Très bien, jeune homme : je suis ravi de constater qu'on ne t'a pas emmené pour rien...»'' conclue le Défroqué. <br><br />
<br />
<br />
<br />
== A l'Auberge du Pont ==<br />
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=== Première nuit ===<br />
<br />
Pendant que le reste du groupe se dissimulait avec les chevaux dans un bois, Eldan le Moineau, Gavin l'Écuyer blessé et Andréas, sous l'identité d'un érudit de Brasure, ont précédé la caravane à l'Auberge du Pont pour observer son arrivée et ses mesures de sécurité. Ils y ont découvert que la herse qui barre le fameux pont était baissée suite à des attaques répétées des Kormes sur la route vers Darverane (qu'on leur avait annoncée "rouverte") : les voyageurs et marchandise s'accumulant alors dans l'auberge envahie de tentes, de chariots et de bien plus de résidents qu'elle n'en peut héberger ou même nourrir, et les prix y grimpaient de manière délirante.<br />
<br />
Une fois les hommes de Jornil Cuivré arrivés et le chariot "de draps" (dissimulant les coffres que visent nos vaillants mercenaires) bouclé pour la nuit dans une grange gardée, Eldan observa les lieux pour chercher le meilleur point d'entrée (la garde mercenaire habituelle est doublée d'un contingent de l'armée régulière qui semble obéir à Darjodrahl, le lieutenant hornois du Cuivré), il manqua d'être lynché en accusant publiquement une jeune tire-laine plus charismatique que lui, Andréas fit le tour de l'auberge sur-bondée et récupéra la bourse volée au Moineau, puis Gavin sortit brièvement pour prévenir ses (autres) camarades de la situation avant que les portes ne soient fermées pour la nuit et tous trois se retrouvèrent au spectacle donné par les saltimbanques dans la cour...<br />
<br />
Les autres mercenaires ont d'ailleurs passé un début de soirée tendu, la journée les ayant laissés sur les nerfs. Tout particulièrement Vighnu chez qui les affres sentimentaux s'ajoutaient à la tension et à la fatigue de cette mission [il trimballe toujours ses deux points de "Trauma" (rebaptisés "Marques" depuis la dernière réécriture du système) dus à ses problèmes avec Islinna) et pète donc les plombs beaucoup plus souvent que d'habitude. C'est d'ailleurs d'autant plus intéressant que, sa principale Réaction étant le Cynisme, le fait même qu'il soit fâché avec sa douce parce qu'il est un assassin cynique l'incite à se comporter en assassin cynique. Comme dit souvent mon collègue "Cancrela", «Ça devrait s'appeler "nÉvrotic"...».] Le fehnri était en fait tellement stressé que lorsque Gavin est venu leur annoncé que le chariot était sous clé et qu'Eldan s'était fait gravement repéré en perdant sa bourse et en déclenchant un esclandre, Vighnu a sorti sa dague pour la lui coller sous la gorge en gueulant "Mais vous êtes complètement cons nomdedju, on peut rien vous confier !". Immédiatement, il a senti l'acier froid de l'épée que Trevan de Rigorne lui posait sur la nuque, Herle de Lorune a dégainé son nerhil pour piquer la pointe sous le diaphragme du chevalier errant, Diane a braqué son arbalète chargée sur l'oreille du précédent et le Grêlé, passant sa lance entre le fehnri et l'écuyer, a finalement demandé de son habituel ton sarcastique si la mission intéressait encore quelqu'un ou s'ils allaient tous s'entretuer à 300m du butin juste parce qu'ils ne savaient pas tenir leur nerfs. L'assassin a donc rengainer son katara et tout le monde a lentement rangé ses armes en échangeant des regards méfiants : folle ambiance...<br />
<br />
Pendant qu'Eldan "sympathise" avec des compatriotes Anguedais ("du Duché d'Anguedale"), des bergers occupant la tente la plus proche de la porte de la remise (la verte, sur le plan), Gavin tâche d'en déloger la barre qui la ferme de l'intérieur à l'aide d'un cure-pied (une espèce de crochet pour nettoyer les sabots des chevaux) et n'arrive qu'à la déloger en partie ("J'finira 'pu tard !").<br />
<br />
[Tentative rigolote : Gavin, qu'Orlanth incarne désormais pour éviter de ne jouer que son Arbalétrière confinée à l'extérieur, possède une Ressource "Paquetage" qui n'est définie que comme son aptitude à sortir tout et n'importe quoi du fatras accumulé dans son baluchon à force de chapardages, pour peu qu'il réussisse un jet sous le domaine "Voyage" et avec tous les talents appropriés. Le jet est plus ou moins difficile en fonction de ce qu'il espère tirer de son sac à malice, et il peut y miser d'autant plus d'Énergie que l'objet désiré correspond à ses talents...]<br />
<br />
Après avoir profité de l'enthousiasme du public devant la performance des baladins pour remplir en partie son focus, sa bourse elle aussi bien garnie a permis à Andréas d'accéder à la partie de dés qu'organise pour ses amis fortunés un certain Dorian «le Magnifique», marchand reman particulièrement entreprenant puisque, grâce au courtage, au tripot installé dans une des rares chambres privatives et à la prostitution de son époustouflante maîtresse fehnri, Sohashna, il est probablement la seule personne à tirer quelque profit de son séjour à l'Auberge du Pont. C'est surtout, pour nos mercenaires, le seul autre type assez influent sur place pour avoir obtenu que sa propre roulotte soit elle aussi gardée sous clé dans la fameuse grange... Après quelques coups de dés qui lui ont fait gagner un peu de menue monnaie, Andréas se retire du jeu et de la conversation entre puissants négociants pour lancer le sort qu'il a préparé pour glisser dans l'esprit de Dorian et de sa courtisane une certaine idée fixe : "le commerce ne vaut rien ici, la route ne rouvrira pas, autant retourner à Solerane."<br />
<br />
Frôlant le malaise tant il a investi d'énergie dans sa "Chimère", le chroniqueur s'excuse et prend congé, entendant en partant les deux amants discuter de leur départ à l'aube. Comme Gavin et Eldan (mais du côté de l'étable), il s'installe alors pour dormir quelques heures dans la cour, afin de rester aux premières loges en cas de besoin. En attendant la diversion prévue par ses camarades à l'extérieur, il s'endort malgré les protestations fréquentent des campeurs qui râlent chaque fois que quelqu'un les réveille en faisant du bruit dans la cour, rajoutant un peu de merdier à chaque fois...<br />
<br />
=== Extrait des Chroniques des Marches du Nord d'Andréas Odran ===<br />
<br />
: ''Après avoir réalisé que nous nous étions fait bernés comme des bleus et que le chariot que nous pourchassions n'était qu'un leurre, nous avons quasiment rattrapé le faux chariot de draps. Le plan mis au point par Eldan et Vighnu était d'opérer une substitution entre le coffre que nous recherchons et des ferronneries d'un autre chariot lors de l'arrêt du convoi à l'Auberge du Pont. ''<br />
<br />
: ''J'ai été affecté au groupe d'éclaireurs, en compagnie du brave Eldan et de Gavin, le soi-disant écuyer du soi-disant chevalier errant. Pas mécontent de laisser derrière moi le poète-répurgateur et ses tendances homicides qui me feraient presque regretter feu Conrad de Mélanque, nous avons doublé au large le convoi pour découvrir une auberge absolument bondée, un vaste campement de tentes débordant de ses murs. Moutons et poulets courraient en liberté là au milieu, dans un bazar que d'aucuns auraient trouvé joyeux. Ce n'était pas mieux à l'intérieur, et il me fallu jouer des coudes pour y entrer, tandis qu'Eldan essayait d'interroger des gardes à l'extérieur - comptant sur la camaraderie militaire. Il a rapidement découvert que la route de Darverane n'a jamais réouvert : les quelques marchands qui ont essayé de l'emprunter sont revenus la queue basse et soulagés de leurs biens, et le contingent de gardes de l'auberge s'est vu renforcé. La conversation a ensuite tourné court, pour autant que j'aie bien compris les explications embrouillées d'Eldan : il semblerait que la réputation de la camaraderie militaire soit en fait largement usurpée... ''<br />
<br />
: ''Pendant ce temps, Gavin et moi-même nous frayâmes tant bien que mal un chemin dans la salle de l'auberge bondée, où tout un tas d'individus tentaient d'accéder à un comptoir où l'on servait de la nourriture. Très franchement, les moutons de la cour me parurent plus dignes que cette pitoyable assemblée d'humains se battant pour leur pâtée. Enfin... J'espérais trouver plus de calme à l'étage, il n'en fut rien : l'étage était intégralement couvert de lits et de paillaissades, et la seule zone privative était réservée par un riche marchand et gardée par un mercenaire. J'ai bien tenté d'expliquer à l'un des commis de l'auberge que je ne souhaitais pas partager mes nuits avec une bande de garçons de ferme illettrés, mais celui-ci a pris la mouche (je suppose que c'est un ancien garçon de ferme toujours illettré). Ce serait donc compliqué pour moi d'obtenir un coin tranquille où préparer mes petites diversions...''<br />
<br />
: ''Pendant ce temps, à l'extérieur Eldan assistait à l'arrivée du guerrier hornois escortant la caravane des marchands de draps. Usant d'un subtil mélange de force brute, de regard mauvais et de cette indicible autorité que procure le fait d'être une machine à tuer, le Hornois a rapidement imposé son autorité auprès des gardes, fait entrer le chariot contenant le coffre dans une remise fermée (dont il a conservé la clé), et réquisitionné une chambre et des repas pour ses employeurs. Le reste du convoi, lui, s'installait hors des murs de l'auberge. Et notamment le chariot de ferronneries avec lequel nous comptions faire l'échange. Voilà qui compliquait sérieusement notre affaire. Eldan a aussi appris que la remise en question était occupée par un autre chargement appartenant à un riche et important marchand : des verreries, apparemment. Et ce riche marchand n'était autre que celui qui occupait la grande chambre à l'étage de l'auberge, où parait-il il organise des parties de dés pour tuer le temps en attendant la réouverture de la route. Il aurait déjà plumé certains de ces collègues...''<br />
<br />
: ''Je retrouvai Eldan dans un coin pas trop encombré de l'auberge et nous avons commencé à discuter de nos options. C'est alors qu'Eldan a été bousculé par une jeune fille qui lui subtilisa la bourse confiée par Durgaut. Il l'a arrêtée, mais elle avait déjà passé l'objet du délit à un complice que j'ai pu repérer et suivre. Je l'ai retrouvé dans les latrines où il contemplait le fruit de son forfait. Bien qu'il fut armé d'un méchant coutelas et ait l'air plus costaud que moi, j'ai serré le manche de ma dague en prenant mon air le plus menaçant et je l'ai sommé de me rendre l'argent. De façon incroyable, j'ai dû avoir l'air suffisamment méchant pour qu'il me rende la bourse sans combattre [jet d'Intimidation +1pH !]. Pendant l'intervalle, ce brave Eldan avait accusé publiquement de vol la jeune fille. Celle-ci se lança alors dans un numéro théâtral de fragilité féminine qui aurait bien fait rigoler Diane, et quelques courageux sont intervenus - espérant probablement passer pour des chevaliers blancs et ainsi trousser la donzelle d'ici la nuit. Eldan, pas si brave que cela au final, s'est copieusement fait casser la gueule et je l'ai retrouvé tout ensanglanté dans la cour. Ce fut pour moi l'occasion de m'essayer aux arts dentaires pour réparer la mâchoire du garçon. Je crois que je m'en suis bien tiré, et après tout cette dent cassée lui donne un air aventurier qui devrait plaire à ces dames.''<br />
<br />
: ''C'est alors qu'est advenu l'évènement le plus sidérant de cette soirée : Gavin, le paysan-écuyer, a été pris d'un soudain accès d'initiative et s'est esquivé pour faire un rapport au reste du groupe ! Alors ça ! Que croyait-il le bougre, que nous allions rester sans prévenir nos compagnons ? Je n'en reviens pas, quelle outrecuidance ! Moi qui pensait que les capacités intellectuelles de ce garçon ne dépassaient pas celles de la limace ou du templier, le voilà qui nous donne des leçons d'opérations clandestines. Il va falloir que nous nous reprenions, Eldan et moi. ''<br />
<br />
: ''Au final, nous sommes parvenus au plan suivant : nous restons sur la substitution, et celle-ci s'effectuera directement au sein de la remise, entre le coffre que nous recherchons et le chargement de verreries. De mon côté, je vais essayer d'aller rencontrer le marchant de verreries, probablement au cours d'une partie de dés. Charge à moi de faire usage de toute ma persuasion pour le convaincre de partir le plus rapidement possible vendre sa cargaison à Solerane, où nous l'attendrons sur la route...''<br />
<br />
Notre chroniqueur omet sciemment de préciser que sa fin de soirée fut consacrée à assister au spectacle offert par quelques baladins, dont la jeune fille et l'acrobate ayant subtilisé la bourse d'Eldan, un jeune joueur de vielle à roue et le conteur qui les dirige, un Estrani nommé Horacio. <br><br />
Le but d'Andréas était moins de se détendre que de profiter des spectateurs assemblés pour effectuer le rituel de "La Sentinelle au Bal" par lequel il peut tirer de l'Essence magique de l'émotion partagée d'une foule, et ainsi recharger son focus récemment acquis.<br />
<br />
<br />
=== L'éclaireur à abattre (Diane, Vighnu, Le Grêlé, Trevan, Herle, La Poigne, Oleytan) ===<br />
<br />
Grimés en Kormes après un court débat quant à Diane (''"Les femmes Kormes combattent généralement seins nus mais peinturlurées jusqu'à la taille. _Essaye-voir et tu vas pas retrouver tes doigts. Moi j'aurais des fourrures. _Bon, bon..."''), le chevalier errant Trevan de Rigorne et Herle de Lorune surveillent la route depuis les bois à l'ouest du fortin pendant que l'arbalétrière rampe dans les hautes herbes près de la berge sud, se glissant entre les cavaliers qui surveillent la cinquantaine de chevaux qui n'ont pas pu trouvé asile à l'auberge. Lorsqu'elle en effraie quelques-uns en déclenchant un début de panique dans le troupeau, que les cavaliers doivent alors empêcher de piétiner les tentes plantées à l'extérieur, la plupart des gardes aux créneaux du fortin se tournent vers le sud. C'est le moment qu'attendaient Vighnu, Oleytan, La Poigne et le Grêlé pour s'élancer depuis la lisière des bois au nord-ouest : le fehnri est le premier à franchir le rempart dans l'ombre de la tour ouest, profitant de l'angle mort repéré par Eldan. Le jeune Elloran le rejoint avec aisance et redescend dans la cour sans être vu, pendant que Vighnu place le grappin et la corde qu'ils trimballent depuis Tal Endhil pour faciliter l'escalade des suivants, puis rejoint son camarade au sol et tout deux se cachent un instant sous l'arcade de la chapelle ("Ch") pour observer l'endroit : Andréas dort à poings fermés à quelques pas d'eux, un garde est toujours en faction devant le portail de la grange et, en plus de ceux qui surveillent l'extérieur depuis les deux tours, un autre patrouille la cour. Mais le vrai danger semble venir d'une lucarne à l'étage de l'étable, où se trouve les chambres "de luxe" : derrière un volet, un rai de lumière trahit la présence d'un homme de Darjodrahl surveillant la cour.<br />
<br />
Derrière eux, La Poigne peine à glisser sa panse entre les créneaux, manque d'être repéré mais s'encoigne dans l'angle de la tour ouest avant d'être rejoint par le grêlé... lorsqu'une cavalcade isolée sonne sur la route au dehors et que la sentinelle au-dessus d'eux crie soudain "Qui va là !?".<br />
<br />
En rejoignant Trevan et Herle, Diane avait elle-même repéré le cavalier, reconnu un des hommes de Jornil qui accompagnait le soi-disant "convoi de métal" et tenté de l'abattre à l'arbalète avant qu'il ne puisse s'annoncer à l'Auberge bouclée pour la nuit. Mais son unique tir manqué de tout le scénario s'est perdu loin de la cible sans même être remarqué et, freinant au pied de la tour ouest, le cavalier n'est finalement à portée d'arc que lorsque le garde l'a déjà remarqué : sans savoir où en sont leur camarades ni s'il peut les mettre en danger, le trio hésite à abattre l'arrivant juste le temps qu'un autre membre de la caravane, qui montait la garde à l'extérieur près des tentes des marchands de chevaux, ne le reconnaisse et viennent à sa rencontre... ''"Ouvrez les portes !"'' crie la sentinelle à l'intention de ses collègues.<br />
<br />
Du rempart, le Grêlé indique par signe à Vighnu qu'ils ont un sérieux problème : le reste du commando comprends qu'il leur faut d'urgence neutraliser ce messager nocturne qui pourrait compromettre toute leur opération. Heureusement, près du portail que deux autres gardes s'apprêtent à ouvrir, Gavin qui ne dormait que d'un œil commence à râler : ''"On veut dormir ! N'ouvrez pas la porte ! Si ça se trouve, c'est des Kormes !"''. Les protestations sont bientôt reprises par ses voisins, et Gavin envenime la situation pour gagner du temps, poussant un des nouveaux copains anguedais d'Eldan à aller se plaindre aux deux soldats qui déverrouillent la porte en arguant qu'ils ont payé pour la protection de l'auberge et que le couvre-feu vaut pour tout le monde. Le ton monte bientôt à travers toute la cour lorsque Andréas se joint aux réfugiés mécontents et en convainc une poignée d'aller gueuler auprès des hommes en faction au pied de la grande tour. <br />
<br />
Profitant du merdier, le Grêlé et La Poigne se sont introduits dans la tour ouest, ce dernier a tué la sentinelle et l'autre ouvre maintenant la porte du rez-de-chaussée à Vighnu et Oleytan : pendant que le Grêlé enfile la livrée du soldat pour le remplacer à son poste, les trois autres montent au rempart sud et le longent jusqu'à la petite porte de bois qui donne sur le grenier de la grange. Dégainant sa dague, il travaille alors à en faire sauter la barre...<br />
<br />
Sentant la situation dégénérer à l'intérieur du fortin où des archers sont apparus en haut de la grande tour- et parce que les caravaniers installés à l'extérieur commencent à vouloir se joindre aux deux hommes qui cognent au portail, Diane, Herle et Trevan (toujours déguisés en Kormes et surveillant les événements depuis la lisière des bois) décident de passer à l'action : le plus proche gardien de chevaux est abattu d'un carreau d'arbalète dans la poitrine, deux flèches descendent simultanément un caravanier armé et une sentinelle mal avisée et le trio se rapprochent à couvert des chariots et des tentent qui bordent le chemin vers le pont, bien décidé à réduire le messager au silence avant qu'il n'ait pu parler aux gardes ou à Darjodrahl le Hornois...<br />
<br />
=== Emeute et mort de Darjodrahl (Vighnu, Oleytan, Andreas, Eldan, Gavin, La Poigne) ===<br />
<br />
Dans la cour, Andréas voit arriver un garde de plus et l'engueulade devant le portail toujours fermé (et à l'extérieur duquel deux types gueulent ''"Ouvrez ! C'est important ! Un messager de Solerane !"'') tourne bientôt à l'empoignade : un des soldats pointe sa lance sur Gavin, Eldan se tient prêt à agir, l'autre soldat repousse brutalement le berger... et le chroniqueur lance discrètement un sort pour attiser la colère de la foule. Immédiatement, les protestations tournent à l'émeute et plusieurs résidents se jettent sur les soldats sortant de la Grande Tour. Gavin saisit la lance qu'on pointait sur lui et tente de désarmer le garde, écopant d'une méchante estafilade à l'épaule et les deux hommes luttent pour l'arme lorsque Eldan surgit et décapite le soldat par derrière, éclaboussant de sang le pauvre écuyer qui en reste un instant interdit.<br />
<br />
Le second soldat qui s'était précipité pour ouvrir le portail se retourne et n'a que le temps de dégainer son arme avant que le Moineau ne se rue sur lui en brandissant sa lame ensanglantée : le garde esquive une première fois, recule pour éviter un coup de lance de Gavin et le Moineau (très en forme) l'empale contre le portail. Derrière eux, sans armes ni grand talent pour la bagarre, les émeutiers amateurs se font rapidement tailler en pièce par les soldats et mercenaires de plus en plus nombreux à sortir du donjon...<br />
<br />
À peine Vighnu et La Poigne ont-ils fait un pas dans le grenier enfin ouvert que Lerkoren Oleytan arrête le fehnri d'un geste : il lui semble distinguer une silhouette dans le grenier obscur. Repéré, le Hornois jaillit et -avant que quiconque n'ait pu réagir- son épée à deux mains ouvre un profond sillon dans le thorax de La Poigne. Le colosse vaincu n'a pas encore touché le sol que Vighnu a déjà lancé une dague empoisonnée qui croise l'épée s'abattant sur lui : sa parade précipitée au katara aurait été insuffisante si Oleytan n'y avait pas joint son précieux arc à double-courbure, la lame hornoise déviant en tranchant dans le bois. Le fehnri pare une nouvelle attaque avec l'aide de l'Elloran, utilisant la corde de son arc pour lier un des bras de Darjodrahl, et se fend pour planter son katara dans la poitrine du Hornois pendant que, à peine relevé, La Poigne lui abat en chancelant sa masse d'arme sur l'occiput : à la fois empoisonné, poignardé et assommé, l'ennemi s'effondre sans un cri sur le plancher disjoint.<br />
<br />
Dehors, quatre "émeutiers" ayant été tué en un instant, Andréas reflue vers le fond de la cour avec les autres réfugiés vers le maintenant horrifiés de la tournure de leurs protestations. Entre les archers qui pointent maintenant leur flèches vers la cour et les soldats qui ont envahi la cour, Gavin comprend également que leur petite émeute a fait son temps et lâche la lance pour se réfugier dans une tente comme n'importe quel innocent apeuré par les événements. <br />
Eldan n'a pas la même présence d'esprit et, lorsque trois hommes d'armes avancent vers lui, l'adrénaline qui bat dans ses veines le pousse à tenter de leur tenir tête. Deux blessures plus tard, acculé contre la porte de la remise, il ne peut que faire mine de se rendre en posant piteusement le glaive hérité de son père pour se donner le temps de décrocher derrière lui la barre de la porte, déjà à moitié dégagée par Gavin quelques heures plus tôt. Lorsque les gardes avancent pour l'arrêter, Eldan bondit par la porte soudain libérée, claque le battant au nez des soldats et replace la barre avant qu'ils n'aient pu l'en empêcher.<br />
<br />
Lorsqu'un carreau d'arbalète cloue soudain le crâne du messager contre le portail de l'auberge, son compagnon s'arrête net de cogner pour qu'on lui ouvre mais n'a que le temps de pousser un cri avant qu'une flèche de Herle le réduise au silence. Désormais repéré mais toujours déguisé, le Défroqué décide d'exploiter au mieux la situation et s'avance à découvert en hurlant l'un des rares mots de lange des Vents qu'il maîtrise à l'attention des défenseurs : "KOOOORME !" scande-t-il en défiant les hommes aux créneaux, qui lui répondent à coups de flèches.<br />
<br />
=== La Grange (Vignu, Andreas, Le Grêlé, La Poigne, Eldan, Oleytan) ===<br />
<br />
S'étant fait ouvrir la porte de la tour ouest par Le Grêlé, Andréas le suit par les remparts jusqu'au grenier où Vighnu tente maladroitement de panser les blessures de La Poigne. Andréas n'obtient guère de meilleurs résultats pendant que ses compagnons descendent dans la grange où Eldan arrivent bientôt par la remise. ''"Les gardes sont à mes trousses"'' explique-t-il bien inutilement puisqu'on les entend marteler la porte barrée. D'autres coups et des voix retentissent bientôt au portail verrouillé de la grange : ''"Darjodrahl ? Un type vient de rentrer par la remise, est-ce que tout va bien ?!"''.<br />
<br />
Nos voleurs échangent des regards atterrés, Le Grêlé colle une taloche à Eldan pour sa peine et le corps sanglant du Hornois continue de goutter un sang poisseux à travers le plancher du grenier pendant que les gardes s'énervent à l'extérieur quand, finalement, Vighnu tente d'imiter le phrasé rogue et guttural de son ami Barbaras :'' "Ouais ! J'l'ai vu mais il s'est tiré ! Tout va bien !" ''répond-il avec son meilleur accent Hornois. Quoiqu'un peu hésitant, le garde de faction finit par répondre ''"Faîtes attention quand-même, hein, on dirait bien que des Kormes sont à nos portes..."'' mais s'éloigne lorsqu'un grognement de hornois met fin à la conversation.<br />
Alors que tous soupirent de soulagement, Oleytan les avertit depuis le grenier d'où il surveillait les alentours par la porte du grenier, ouvrant directement sur la cour : <br><br />
<br />
«_''Pssst, y a des guerriers plein les remparts et c'est la panique dans tout le fortin. Qu'est-ce qu'on fait ? <br><br />
_''Et surtout, qu'est-ce qu'on va faire demain, quand il faudra ouvrir la grange pour laisser partir la roulotte de Dorian et qu'ils trouveront le corps de Darjodrahl ? <br><br />
_''Surtout qu'Eldan est maintenant complètement grillé, pis y a des gars qui risquent de finir par l'identifier... <br><br />
_''Et j'ai perdu le glaive de mon père." ajoute l'intéressé d'un ton chagrin.» <br><br />
<br />
Mais à l'extérieur, les appels redoublent et les soldats commencent à vérifier toutes les portes à la recherche de "l'espion des Kormes" qu'ils croient poursuivre...<br />
<br />
=== Feinte (Le Grêlé, Eldan) ===<br />
<br />
Dehors, Trevan a sauté sur un cheval qu'il cabre en brandissant sa lame juste au-delà de la portée des archers, pendant que Diane récupère ses carreaux, aussi précieux que compromettants, sur les corps qui lui sont accessibles. Un cri retentit alors sur le rempart sud : ''"Il est là ! L'espion Korme s'enfuit par l'ouest !"'' Après avoir ainsi ameuté tout le monde dans et hors les murs, Le Grêlé, toujours en livrée de la garde se précipite vers la tour ouest suivi par Eldan. Après s'être barricadé, ils rejoignent bientôt le sommet. ''"Il est là ! Attention ! Il va sauter !"'' hurle le Grêlé alors qu'une silhouette à peine noircie bascule par-dessus le rempart. Au pied de la tour, Herle a également sauté à cheval et puisque les trois "kormes" à l'extérieur ne semblent pas réagir à la ruse, le "garde" s'écrit encore : ''"Ses compagnons viennent le chercher ! Il va s'enfuir, vite !"'' Et de tirer quelques flèches aux buissons, pendant que Trevan et Diane ramassent le compromettant cadavre du garde étranglé plus tôt par La Poigne, et disparaissent au grand galop vers la forêt.<br />
<br />
Soldats et mercenaires envahissant les remparts, Le Grêlé et Eldan se retrouvent vite coincés de toutes part et, utilisant la corde et le grappin à leur disposition, ils descendent le long du rempart sud et disparaissent à leur tour dans les bois sans avoir été remarqués. "Bon, ça nous aura fait gagner un peu de temps, constate Vighnu depuis le grenier, mais on a encore du boulot…"<br />
<br />
=== Dans la grange (Gavin, Vignu, Andreas, La Poigne, Oleytan) ===<br />
<br />
Après avoir discrètement permis à Gavin de les rejoindre par la remise, nos cambrioleurs retranchés dans la grange découvrent bientôt sous les linges et couverture du "chariot de draps" quatre gros coffres ferrés, fermés par des cadenas et liés au fond du véhicule par de lourdes chaînes. ''"Bordel, comment est-ce qu'on va ouvrir ça ?"''<br />
Vighnu, peu habituer à la serrurerie malgré ses doigts de fée, casse le seul crochet sorti de la besace de Gavin, l'Écuyer essaye à son tour avec un long clou mais sans plus de succès et Le Grêlé lui-même y épuise ses maigres compétences. <br />
<br />
''"Nan mais c'est pas possible, y en a pas qui sache crocheter dans cette équipe de voleurs ?! _Ben y avait le Moineau... _Et merde !!!". '' <br><br />
Persuadés que la clé des coffres doit se trouver sur l'homme de confiance du cuivré, Vighnu, Andréas et Gavin fouillent et refouillent deux fois le corps du Hornois à sa recherche : rien. ''"Merde ! Merde ! Merde ! _Bon, allez, on reprend du début, c'est forcément là, quelque part et on s'y met tous..."'' Pendant que La Poigne se repose de ses blessures, les armes, l'armure, les bijoux, les vêtements, les bottes, la bourse, les poches et le cadavre de Darjodrahl sont ainsi inventoriés et retournés dans tous les sens par les voleurs au désespoir jusqu'à ce que, finalement, Gavin remarque que son gros médaillon cliquète curieusement quand on le secoue. Vighnu et lui s'acharnent sans résultat sur l'objet, jusqu'à ce que le chroniquer, habitué aux casses-tête, saisisse comment le pendentif peut être dévissé et révèle bientôt la clé tant espérée ! Et dans chacun des quatre coffres qu'on leur avait pourtant défendu d'ouvrir (mais Herle et Eldan ne sont justement plus là pour faire des remarques), nos héros trouvent des douzaines de lingots : argent, cuivre, étain, bronze... Il y a là toute la production que Solerane destine à la prévôté, mais aussi la part des mines d'argent qui revient à l'état-major : en tout, c'est près de 200 lingots et donc quelques 250 kilos de métaux qui s'offrent à leurs yeux ébahis. ''"Gavin, remet illico ce que tu viens de glisser dans ta besace : tout ça est maintenant la propriété de notre Capitaine. _Pfff…"''<br />
<br />
Andréas inspecte ensuite la roulotte de Dorian le Magnifique, occupée aux deux tiers par une épaisse couchette couvertes de coussins, des filets de marchandises pendant du toit et jusque entre les roues, des étagères couvrant tout le tiers arrière : <br><br />
<br />
«_''Ah ben il voyage dans le luxe, le fumier. <br><br />
_''Si j'avais une minette comme la sienne, moi aussi j'passerais les trajets à baiser, tu peux me croire ! <br><br />
_''Oh pis dis-donc : des fioles variées, des épices, de l'argenterie, de la verrerie, des bijoux, de la nacre, des miroirs : il vend que du luxe, le gars ! <br><br />
_''Crénom dîtes, c'que c'est beau ! <br><br />
_''Gavin, repose ça tout de suite : pas question que le Magnifique s'aperçoive qu'on a touché à sa roulotte.» <br />
Andréas jugeant que la caisse du véhicule est assez profonde pour qu'on y étale les lingots en un tapis bien lisse que les occupants de la couchette ne devraient pas trop remarquer, il n'y a plus qu'à attendre la diversion prévue pour commencer le transfert du chariot vers la roulotte…<br />
<br />
=== Diversion (Trevan, Herle, Eldan, Diane) ===<br />
<br />
Il ne reste plus qu'une ou deux heures avant l'aube lorsque Trevan, Herle, Eldan, désormais tous maquillés en Kormes, se répartissent autour du fortin et, à l'aide du mélange d'essences et d'huiles piochées au hasard dans la trousse alchimique de Vighnu (fallait pas la laisser à l'extérieur), enflamment des flèches qui produisent des couleurs plus qu'aléatoires avant de siffler au-dessus des bâtiments pour s'écraser sur les toits de chaume humides où tomber dans la cour, n'enflammant que quelques tentes vite éteintes. C'est néanmoins suffisant pour que Diane puisse se faufiler par le sud jusqu'au portail, et récupérer le dernier carreau d'arbalète y clouant encore la tête du messager. <br><br />
''"Les Kormes ! Les Kormes reviennent !"'' crie-t-on bientôt dans tout le fortin.<br />
<br />
Dès que Lerkoren Oleytan a annoncé qu'une drôle de flamme bleuâtre venait de s'écraser dans la cour (''"Rha les saligots !"''), Andréas et Vighnu ont commencé à installer les lingots sous le matelas de la roulotte, pendant que Gavin et La Poigne garnissaient les coffres de fers à cheval, de pierres, d'une enclume et tout ce qui pourrait y simuler le poids et le bruit du butin subtilisé. <br><br />
Et c'est peu avant l'aube, ses compagnons s'étant effondrés de fatigue depuis un moment, qu'Andréas fini seul d'arranger la roulotte pour camoufler avec le plus grand soin son chargement secret...<br />
<br />
<br />
<br />
== Récupération du trésor et autres péripéties ==<br />
<br />
<br />
<br />
[À partir de là, la fin du scénar à été jouée en "flashbacks" successifs jusqu'au combat final. J'utilisais Herle de Lorune, orphelin de joueur depuis plusieurs séances, pour poser des questions auxquelles les joueurs répondaient pour déclencher un flashback. Chacun avait le droit de d'initier deux scènes : l'une contant comment un de leurs camarades avait réussi un exploit et une autre collant à un autre PJ la responsabilité d'un échec, ce qui nous permettait de ne jouer que les scènes "intéressantes" et de faire un peu de montage alterné. <br />
<br />
Comme la scène "de débriefing" se jouait presque en aveugle, seul Loriel savait dès le départ que son perso, Vighnu Pratesh, avait survécu (mais bon, comme il avait accumulé 7pH, je me doutais qu'il ne mourrait pas dans cet Épisode) et les autres joueurs ignoraient si ce qu'il affirmait était vrai, ou simplement un mensonge pour conforter le templier blessé... Évidemment, chacun commençait son premier flashback avec toutes ses jauges à fond, mais devait ensuite gérer les pertes et les récupérations de scène en scène, et les joueurs ont souvent ajouté des détails pour régénérer de la Tension ou se passer la patate chaude. Ça a été un peu décousu, la règle "un exploit d'autrui et une bourde d'autrui par joueur" n'a pas complètement été respectée mais, globalement, ça a donné un final intéressant à cet Épisode qui commençait à traîner en longueur...] <br />
<br />
=== Réveil de Herle ===<br />
<br />
Il fait très froid aux abords du col et l'obscurité règne sous les sapins gelés. Vighnu, transi jusqu'aux os, scrute pourtant les alentours lorsque, quelques mètres en contrebas, Herle bascule du cheval où il l'avait attaché : au contact de la neige, il émerge pour la première fois du sommeil où l'avait plongé l'hémorragie et ses profondes blessures et tend la main vers le fehnri, qui s'empresse à son chevet. <br><br />
<br />
«_''E... Eldan... où est...le Moineau ? <br><br />
_''Il n'est pas loin, il est parti en éclaireur. <br><br />
_''Gnnh. Le butin ? <br><br />
_''Pas loin non plus, en arrière, sur les bêtes. <br><br />
_''On a... on a réussi ? <br><br />
_''Oui, on a réussi. <br><br />
_''Alors putain, d'où ils sortaient ces types ? <br><br />
_''C'est la faute à Eldan, il était en avant lors de l'embuscade, mais il a laissé passé les gars qui descendaient de l'autre convoi par le nord...» <br><br />
<br />
<br />
=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Dans la forêt matinale, à une volée de flèche de la route vers Solerane, Eldan est en train de soulager sa vessie contre un arbre lorsqu'il aperçoit une silhouette évoluant à croupetons parmi les buissons. Il n'a que le temps de se jeter derrière un tronc qu'une flèche en racle l'écorce. Pendant que notre éclaireur se rajuste et encoche lui-même un trait dans son arc, l'ennemi tire une deuxième flèche et atteint le cheval du Moineau, qui s'enfuit dans la forêt. ''"Rha zuuuteuh !"''<br />
Eldan riposte, manque, se remet à couvert et commence à manœuvrer pour s'approcher de son adversaire lorsqu'il aperçoit un deuxième homme, s'approchant furtivement depuis la route une hache à la main. Le Moineau tire une nouvelle flèche à l'archer adverse, le blesse légèrement et jette un coup d’œil pour surveiller l'approche du second ennemi : comprenant qu'il est repéré, l'homme à la hache profite de ce que l'éclaireur a décoché pour charger en levant sa hache. Lâchant son arc, Eldan dégaine son fidèle glaive pour le recevoir...'' _Mais tu l'avais paumée, l'arme fétiche héritée de ton père ! Grâce à qui l'as-tu retrouvée ? _Grâce à Gavin, qui l'a ramassée pendant que les soldats tentaient d'enfoncer la porte de la remise après que je m'y sois enfermé !''<br />
<br />
=== Témoignage de Gavin ===<br />
<br />
Gavin est en train de cavaler à travers la cour de l'Auberge, l'épée d'Eldan sous le bras. Sur les remparts que l'aube éclaire à peine, c'est la panique et tout le monde hurle ''"Les Kormes ! Les Kormes reviennent ! Tous aux créneaux !"''. Le problème de Gavin, c'est qu'en se levant au matin dans la cour endormie, le beau glaive à la lame gravée (d'une femme nue : ''"Rho chouette !"'' fait Gavin) sous le bras parce qu'il ne voulait pas prendre le risque qu'on le lui vole, il a décidé de pisser derrière un pilier où, par malchance, dormait un garde (vous voyez comment les joueurs ont créé un fil rouge héroïque de scène en scène ? ''"J'étais en train de pisser quand..."''). Éclaboussé et immédiatement réveillé, le soldat a ouvert les yeux pour voir l'écuyer "armé" levé au-dessus de lui et s'est mis à crier ''"Aleeeerte !"''. Coup de bol, c'était vraiment l'alerte puisque c'est le moment qu'ont choisi des dizaines de Kormes pour s'avancer sur le pont...<br />
<br />
Gavin cavale de son mieux entre les dormeurs et les tente, sachant que la plupart des autres sont déjà partis, il cherche une cachette ou un moyen de s'enfuir du fortin, mais le portail est à peine refermé et, en plus du furieux trempé d'urine qui le poursuite avec sa hallebarde, les guerriers commencent à s'accumuler aux remparts. <br />
<br />
''"Heureusement, Herle est venu à la rescousse !"'' précise Orlanth, utilisant son "exploit d'un autre PJ" pour s'en sortir. Bon, là, comme techniquement Herle est un PNJ depuis déjà deux ou trois séances, c'est moi brièvement qui raconte.<br />
<br />
En effet, la porte pas encore barrée craque soudain sous l'impact d'un chariot utilisé comme bélier par trois "Kormes" plus ou moins chevelus : Diane, Trevan et Herle de Lorune sont venus évacuer leurs derniers camarades (et permettre aux vrais Kormes d'investir le fortin, histoire que les dégâts ainsi causés camouflent autant que possible l'intervention du commando). Sous la volée de flèches qui pleut alors autour d'eux, les trois peinturlurés décrochent à toute vitesse, plus ou moins suivi par Gavin qui part dans une direction légèrement différente avec l'air du pauvre hère pris dans la tourmente. Un coup d’œil alentour lui révèle d'ailleurs plusieurs dizaines de Kormes progressant par le pont vers la herse baissée en échangeant des traits avec les défenseurs de la grande tour, et de petits groupes épars traversant le fleuve accrochés à des radeaux : l'écuyer s'enfuit vers l'ouest sans demander son reste, et retrouve bientôt le reste du commando. ''"Hé mais c'est mon épée !"'' s'exclame Eldan en voyant arriver Gavin. ''"Celle-là ? Non, non, j'l'ai trouvé à l'Auberge..._Après que je l'ai lâché devant les gardes, ouais ! Rends-moi ça !_Rho mais-heu…"''<br />
<br />
=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Retour dans la forêt : Eldan dégaine donc le précieux glaive hérité de son père puis sauvé par Gavin... et pare le premier coup de hache de son adversaire. Il reste au plus près de l'ennemi pour gêner le tireur qui se rapproche par le nord et, lorsque son opposant trébuche sur une racine [1pH pour éviter d'être gravement blessé par un coup de hache], Eldan le sèche pour le compte d'un grand coup du plat de la lame sur l'oreille, puis roule vivement dans les buissons pour éviter la flèche que l'archer lui décoche une fois son angle de tir dégagé. Bondissant d'arbre en couvert et de tronc en fourré, Eldan se rapproche de lui et, lorsqu'il n'est plus qu'à une 10aine de mètres, le dernier trait décoché à peine rebondit contre l'écorce d'un sapin, le Moineau fonce au contact : l'autre n'a que le temps de tirer sa dague que la lame gravée lui tranche l'épaule, éclatant le trapèze, l'omoplate et la clavicule dans une gerbe de sang. L’hémorragie finit de l'achever pendant que notre éclaireur souffle un peu, découvre le tatouage de la Confrérie du Chacal sur la poitrine de l'archer et lève enfin le nez vers la route quand il entend passer le tonnerre de chevaux aux galop : 6 ou 7 cavaliers foncent à bride abattue vers le sud, d'où monte déjà la clameur d'un combat, puisque l'embuscade y a commencé. ''"Meeeeerdeuh !"'' s'écrie Eldan en repartant vers le sud à toutes jambes.<br />
<br />
=== Herle ===<br />
<br />
Serrant son poing massif sur la cape enneigée de Vighnu, Herle de Lorune commence à s'énerver : <br><br />
<br />
«_''Mais par les Pères tu vas me dire comment vous avez rattrapé le chariot, à la fin ?". <br><br />
_''C'est grâce à Vighnu, intervient le Moineau qui vient de sortir de l'ombre [puisque là, on peut raisonnablement supposer qu'il n'est pas mort] "Il a réussi à trouver des chevaux, puis à nous guider à travers la campagne pour atteindre la forêt avant la roulotte du Magnifique. Il a été formidable ! <br><br />
_''Mais comment vous avez fait pour sortir le butin de l'Auberge ?!? <br><br />
_''Oh ben ça, c'est grâce aux...heu... talents d'imitateurs d'Andréas…» <br><br />
<br />
=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
L'aurore pointe à peine sur la cour de l'auberge encore à moitié endormie quand Dorian le Magnifique et sa suite, fraîchement augmentée de plusieurs mercenaires recrutés sur place, exige du Lieutenant Sanderen (commandant le fortin pour l'Armée du Nord) qu'on ouvre les portes à sa roulotte, parce qu'il refuse de rester plus longtemps dans un relais aussi mal défendu. L'officier ne s'était d'ailleurs pas levé si tôt pour se faire emmerder par des marchands et grimpe sur la margelle du puits pour annoncer d'une voix forte que, le fortin étant assiégé depuis cette nuit, tout ceux qui auraient encore la mauvaise idée de s'en prendre aux défenseurs -pour des raisons de taxe ou d'insatisfaction quant au couchage- seraient considérés comme complices des Kormes et pendus aux murailles !<br />
<br />
Un soldat vient alors cogner à la porte de la grange où Andréas, caché dans la remise, vient juste de finir un splendide dessin de Darjodrahl, assis dans l'ombre dans une attitude aussi distante qu'agressive, qui va lui permettre de concentrer sa magie [il a créé un puissant sort de Chimère sur tout le rez-de-chaussée de la grange, lui permettant d'y animer un personnage d'autant plus crédible dans sa mauvaise humeur qu'il se base sur l'altercation de la veille entre Sanderen et le Hornois]. Évitant de croiser le regard mauvais du guerrier qui les admoneste depuis le coin obscur de la pièce, le marchand et ses hommes se dépêchent de sortir leur carriole, d'y atteler les bœufs et de quitter l'Auberge. Pendant qu'on referme le portail derrière la suite de Dorian, l'agitation et sa vessie tirent bientôt Gavin du sommeil et, dès que l'écuyer se met à cavaler poursuivit par un hallebardier, Andréas profite de la confusion pour quitter la grange sans être remarqué et aller se recoucher dans un coin... Lorsque, évidemment, les Kormes attaquent.<br />
<br />
[Précision rigolote, mais que les PJ ignorent : quand les joueurs on demandé ce qui avait provoqué l'attaque des Kormes, je leur ai expliqué qu'ils surveillaient évidemment depuis des semaines le fortin et le pont contrôlant le passage vers le nord-ouest de la Région des Lacs, et qu'ils ont décidé de passer à l'action quand, cette fameuse nuit, il est devenu manifeste que des "camarades" assiégeaient l'endroit depuis la rive gauche et envoyé des signaux à coups de flammes colorées : le temps de s'organiser, ils ont donc profité de l'occasion pour tenter de prendre la position. ''"Mais c'est notre faute si les Kormes ont attaqué ?!! _Hé, oui : vous êtes très forts.."]<br />
<br />
''"Mais vous... demande Herle, comment vous êtes sortis de là ? _Oh ben nous on a profité d'une corde dégottée par Gavin dans la grange pour se tirer par les remparts comme on était venus, un peu avant l'attaque. Tu t'en souviens pas ? On vous a retrouvé à l'extérieur, avec les chevaux.''<br />
[Les joueurs font quelques jets pour confirmer cette version de l'histoire, et payent 1pH pour cette histoire de chevaux : entre ceux qu'ils ont amenés eux-mêmes et le troupeau dispersé dans la nature, c'était raisonnablement probable d'en trouver pour tout le monde.]<br />
''"On a juste eut quelques ennuis à cause de Diane qui était restée en arrière..."''<br />
<br />
=== Témoignage de Diane ===<br />
<br />
Pendant que Herle, Trevan et Gavin évacuent vers l'ouest, l'Arbalétrière s'est en effet arrêtée pour se nettoyer à grande eau (parce que les peintures de guerre, ça colle affreusement dans les cheveux longs). Elle est d'ailleurs en pleine toilette quand une bande de Défunts, trempés d'avoir traversé le fleuve glacé à la nage, prennent pied sur la rive et la considèrent avec circonspection : d'abord parce qu'elle est, sinon jolie, du moins sculpturale [Physique 4, Athlétique 4, Allure 4 : elle ressemble à une héroïne d'Adam Hughes], ensuite parce qu'elle est manifestement en train de se débarrasser de peintures semblables aux leurs, qu'elle revient d'avoir enfoncé le portail du fortin et que les Kormes s'attendaient à trouver des camarades sur cette rive. Sauf que Diane a des cheveux, et ça, c'est pas normal... ''"Ben quoi bande de débiles, leur balance-t-elle alors en Langue des Vents, vous allez rester là à mater ou vous êtes venus pour participer à l'assaut ?!? Bougez-vous le cul merde, on est pas là pour roupiller !"'' [Et de faire une énorme réussite sur son un jet de Social+Langues Étrangères+Allure+Intimidation+Volonté.] Un instant médusés, les Kormes saluent respectueusement cette guerrière étrange qui ne peut être qu'une cheffe influente et vont se joindre au combat, l'un d'eux tendant même un carré de tissu à la Kerdane pour qu'elle finisse de s'essuyer... <br><br />
''"Comme quoi c'est carrément pas ma faute, ajoute l'arbalétrière qui vient de sortir de l'ombre auprès du templier blessé : j'avais même réglé le problème quand ce crétin de Vighnu est venu foutre sa merde !"''<br />
<br />
=== Témoignage de Vighnu ===<br />
<br />
[Un jet d'orientation particulièrement raté pour retrouver les autres après avoir rassembler des chevaux vient en effet de basculer une 10aine de pions dans la case de Tension de Vighnu, qui a par ailleurs toujours des pions de Marque psychologique (anciennement appelés "Traumas") suite à sa crise sentimentale avec Islinna (et qu'il essaye d'évacuer depuis 3 séances). Il est donc très largement en Surtension...]<br />
À quelques centaines de mètres à l'ouest du fortin, ses compagnons en train de sauter sur les montures qu'il vient de leur procurer, Vighnu aperçoit à la lisière des arbres encore obscures une jeune et belle jeune fille rousse (il reste de la peinture rouge dans les cheveux de Diane) portant un manteau emishen et entourée d'une 15aine de Kormes... Son sang ne fait qu'un tour (sans passer par le cerveau) et l'assassin s'élance au grand galop en hurlant ''"ISLIIIIINNAAAAAAA ! J'ARRIIIIIIVE !"'' avant que ses camarades n'ait seulement pu songer à le retenir.<br />
<br />
Diane voit alors le Fehnri surgir de la nuit comme un diable, les Kormes qui s'éloignaient déjà ralentissent à l'arrivée de l'intrus et, chargeant toujours, Vighnu bondit de son cheval sur le pauvre gars qui tendaient une serviette à la guerrière et l'égorge d'un grand revers de son katara en beuglant ''"Touche pas à ma copiiiine ! _Mais t'es complètement taré ! J'suis pas ta gonzesse !"'', s'écrie Diane alors que l'assassin halluciné se relève souplement, quoiqu'un peu confus et couvert de sang, pendant que "l'innocent" Korme agonise dans l'herbe haute. Et tous les Kormes alentours de se ruer vers eux en brandissant leurs armes. Sautant à cheval, la Kerdane furieuse et le Fehnri honteux essuient de justesse quelques flèches, javelots et hache de jet mais parviennent à dégager à fond de train avant d'être encerclés.<br />
<br />
Lorsqu'il rejoignent Eldan, Herle, Trevan, Gavin, Le Grêlé, Oleytan et La Poigne maintenant tous en selle, Vighnu ne prend même pas le temps de s'expliquer : ''"Dorian et le butin doive être loin devant nous, maintenant : on va couper la plaine par l'ouest à bride abattue, les doubler avant la forêt et les attendre au premier guet ! _C'est moi ou on aura passé la moitié de cette mission à cavaler derrière des convois ? _''Ferme-la et galope !".''<br />
<br />
«_''Oui heu bon, toi qui a fait vœu de chasteté tu peux pas comprendre mais les femmes, tu vois, ça te mélange tout dans la tête et... <br><br />
_''L'embuscade, par les Pères ! Raconte-moi l'embuscade ! <br><br />
_''Haem donc, comme je te le disais, Diane a organisé une embuscade aux petits oignons, mais on a eu des visiteurs imprévus…» <br><br />
<br />
<br />
<br />
== L'embuscade ==<br />
<br />
<br />
<br />
[Après s'être tous reposés pendant une Scène grâce à l'avance prise dans la course, Diane fait un gros jet de préparation avec le soutien de tous ceux qui ont quelques scores de Tactique, de Camouflage ou d'Embuscade (et dans un groupe de mercenaires du nord, ils sont nombreux) pendant que Vighnu fait un solide jet de camouflage pour tout le groupe : bénéficiant d'un confortable bonus tactique réparti sur plusieurs personnages, d'un excellent point de vue pour la tireuse d'élite et d'une Difficulté de repérage monstrueuse, les PJ et leurs camardes sont prêts à ne faire qu'une bouchée de l'équipage du Magnifique…]<br />
<br />
Le timide soleil matinal jaunit les nuages gris et la pluie qui n'en finit plus de détremper la forêt, gonflant en torrent le ruisseau qui coupe la route de Solerane, juste au pied d'un trio de gros rochers de grès surplombant de leur butte une myriade de petits blocs, le gué et la route. Invisibles derrière les rocs et bosquets alentours, les vaillants mercenaires de Tal Endhil, confiants dans la garde d'Eldan ½km au nord, observent la lente arrivée par le sud de la roulotte fermée et escortée par deux cavaliers et cinq fantassins. <br />
<br />
Image<br />
<br />
Les éclaireurs à cheval de Dorian le Magnifique avancent en effet à pas prudents dans le torrent, pleinement conscients de traverser un splendide site d'embuscade, mais sans parvenir à repérer les guerriers déguisés en Kormes qui attendent le signal de Diane, postée au sommet des rochers, pour les assaillir de quatre côtés. La Kerdane laisse avancer les cavaliers le plus loin possible et, lorsque le premier d'entre eux menace a déjà largement dépassé les rochers et risque d'être bientôt hors de portée de la redoutable arbalétrière, elle l'abat d'un carreau en pleine tête [encore un, il faut dire qu'Orlanth soigne ses jets de tir et mise systématiquement en Visée] dès qu'il échappe à la vue de ses compagnons. Ce n'est que lorsque le garde du corps personnel du marchand commence à donner des signes d'inquiétude, un musclé patibulaire et couturé de cicatrices qui se désaltère au bord du torrent tout en jetant des regards insistants alentours, qu'un deuxième carreau démonte le second cavalier sur la rive nord, déclenchant l'assaut : avant qu'un des éclaireurs ait pu finir de crier ''"Aleeer..."'' des flèches fusent de toutes part, les grands couteaux de jets pris par Vighnu sur le corps du Hornois tournoient dans les feuillages, des guerriers jaillissent de chaque buisson et, en quelques secondes, la majorité de l'escorte agonise sur la terre bourbeuse du chemin. Mais les battants de bois sur le flanc de la roulotte viennent de s'ouvrir, libérant une appétissante fehnri à peine couverte d'une fourrure qui s'enfuit à toutes jambes à travers bois :''"Oh m'am'zelle, reviens ! Faut pas courir toute nue dans les bois comme ça !"'' s'écrit Gavin-le-Korme-du-Terroir (pour récupérer quelques pions de sa Réaction "Plouc") avant de s'élancer à ses trousses, croisant la route du marchand courant à la suite de sa compagne dans son seul pantalon (mais sa cassette sous le bras, emballée dans une couverture)…<br />
<br />
''"Cavaliers au nord !"'' signale alors Diane d'une voix forte, avant de tirer un nouveau carreau sur le premier des hommes qui viennent de croiser Eldan. ''"Soldats au sud !"'' lui répond la voix du Grêlé qui vient de repérer les quelques hommes de Jornil et de Sanderen partis du fortin après avoir repoussé les Kormes (qui n'ont jamais réussit à prendre la grande tour pour ouvrir la herse barrant le pont), découvert le corps de Darjodrahl dans la grange, vérifié le contenu des coffres et s'être lancé "à la poursuite du marchand félon" (et qui viennent de freiner d'un coup en découvrant l'escorte massacrée par les "Kormes", qui sont décidément partout).<br />
<br />
=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
''"Attendez... et le chroniqueur-à-tout-faire, il était où, là ? _Heu... hé bien figure-toi qu'il y a eut un miracle, une véritable apparition divine, comme récemment à la Mine Bénie : c'est dire si les Pères sont avec nous !"''<br />
Quand une poignée de Kormes franchit le parapet et commence à s'en prendre aux voyageurs piégés dans la cour, Andréas se précipite vers la seule porte qui n'ait pas encore été solidement bouclée, celle de la chapelle, entraînant à sa suite quelques réfugiés paniqués. À peine la porte barrée par un banc, le mage évalue le cheptel à sa disposition, serré comme des sardines dans l'espace exigu entre les piliers sculptés représentants les huit Premiers : il y a là la jeune voleuse, le vieux conteur, le garçonnet à la vielle et l'acrobate-détrousseur (soudain gêné de se découvrir barricadé dans une pièce de 9m² avec "l'intimidant" érudit), un jeune soldat affolé (qui a lâché sa pique au premier signe de danger), une des servantes de l'auberge et une commère serrant une poule dans ses bras tremblants. <br />
<br />
Des cris (et des caquètements) de terreur accueillent les premiers coups de hache qui s'abattent sur la porte, mais Andréas Odran connaît la manœuvre : ''"Prions mes frères, les exhorte-t-il avec toute la force de sa conviction ! Prions que les saints Pères viennent à notre secours ! Chantez-tous avec moi !"'' La chorale improvisée entonne alors un antique où l'angoisse se mêle à la ferveur religieuse. Lorsqu'une cognée d'acier fini par percer entre les planches de chênes, le mage décide d'accélérer le mouvement et sort la Sphère de Pouvoir de son havresac : ''"Mes frères, ceci est une Sainte Relique Première dont la bénédiction nous protégera des ennemis du culte ! Tendez les mains pour la toucher et concentrez-vous sur le chant ! Les Pères sont avec nous !"''.<br />
<br />
Et siphonnant un maximum d'Énergie à ses coreligionnaires sans trop leur demander leur avis (pas plus qu'à la poule), Andréas remplit son focus au maximum pour lancer un sort de Chimère assez puissants pour effrayer les Kormes... lorsqu'il lui semble qu'une forme tout à fait imprévue émerge de la sphère d'or rouge. Le chroniqueur commence même à distinguer une silhouette humanoïde lorsque, son sort se déclenchant en vidant d'un coup toute l'Énergie accumulée dans la sphère, "l'intrus" disparait avec une sorte de cri muet.<br />
<br />
Dans la cour, c'est par contre carrément la stupeur : Herem, Second Fils des Étoiles, Premier Seigneur des Batailles, vient de se matérialiser quelques mètres au dessus du puits, brandissant son épée enflammée sur le fond sombre de cette aurore pluvieuse. La plupart des soldats en restent tétanisés, des réfugiés se jettent à terre en signe de soumission, d'autres prient à genoux sur les pavés et les Kormes, eux, refluent en désordre devant cette apparition divine. <br><br />
Lorsque les choristes de choc émergent de la chapelle dans une sorte de stupeur incrédule, il leur faut plusieurs minutes pour s'apercevoir que le saint érudit et sa relique on déjà disparu par le portail enfoncé de l'auberge…<br />
<br />
=== L'embuscade encerclée ===<br />
<br />
Dans la forêt humide se joue une dangereuse partie de cache-cache : après que deux d'entre eux aient été blessés par des carreaux d'arbalète en arrivant du nord à bride abattue, les Chacals lancés à la poursuite de nos héros ont démonté pour se disperser à couvert dans les sous-bois, les soldats et mercenaires arrivant du sud ont pris le maquis en découvrant les cadavres dispersés sur la route et les auteurs de ce carnage se sont pour la plupart dissimulés tout autour de la clairière envahie de rochers, progressant prudemment à la recherche des nouveaux arrivants. <br />
<br />
[Après la phase de "tir au pigeon" de l'embuscade, le groupe vient de passer en Duel global, tous les combattants dispersés à travers la map répartissant leur mise entre le repérage (attaque), la dissimulation (défense) et le déplacement, jusqu'à rencontrer des ennemis et basculer en combat à distance ou tenter de rentrer au corps à corps. Le récent module de calcul des distances de combat a donc beaucoup servi, de même que les Positions tactiques (camouflage de la végétation, couvert des rochers...), la surprise, les charges soudaines, les combats à plusieurs adversaires... Ce fût une belle démonstration tactique (Diane a particulièrement brillé) et une belle scène finale, qui aurait mérité d'être mieux décrite si je n'avais pas eu 5 ou 6 combats à gérer en même temps. Au passage, Humphrey B jouait Herle de Lorune pendant l'absence d'Andréas.]<br />
<br />
Dés le début, Gavin est pris dans une bagarre désordonnée à coups de couverture, de cassette et de poings contre Dorian le Magnifique pendant que la belle fehnri disparaît dans les bois (''"Une courtisane fehnri avec un gros score de discrétion associée à un marchand-escroc ? Tiens donc..."''), Le Grêlé a rejoint la roulotte pour régler son compte à la petite servante qui s'y cachait encore (et "s'amuser un peu" avec elle : ça reste un mercenaire sans scrupule, hein), Eldan essoufflé rejoint le "champ de bataille" par le nord, Vighnu et La Poigne convergent vers les soldats qui contournent par le sud-est, Herle abandonne son arc pour foncer tout seul par le flanc ouest (il faut bien justifier de son état futur en le jouant "imprudemment"), Trevan et Diane quittent discrètement les gros rochers en cherchant à repérer leurs nouveaux adversaires...<br />
<br />
Après quelques instants de louvoiement discrets dans les bois, le premier accrochage intervient quand deux soldats franchissent le ruisseau en aval du gué et sont interceptés par La Poigne et Vighnu : si le gros benêt diminué par ses blessures est vite repéré et pris dans un laborieux corps à corps, l'assassin blesse un de ses adversaires d'une dague de jet avant de surgir derrière lui pour le poignarder, employant le corps du mourant comme bouclier contre les attaques de deux autres soldats qui venaient à son secours. En un instant, Vighnu balance le mort sur ses congénères, éventre l'un et abat l'autre d'une dague de jet dans la gorge, pendant que La Poigne enfin dégagé éclate le crâne du dernier à coups de gourdin.<br />
<br />
Après avoir éclaté le nez du marchand d'un direct bien placé, Gavin lui arrache sa précieuse cassette et, laissant le "Magnifique" sonné assis dans l'herbe, accourt vers la roulotte en entendant les cris d'effroi de la petite servante. N'écoutant que ses élans chevaleresque, il sonne Le Grêlé d'un grand de cassette sur le crâne et, après avoir tenté en vain de calmer la pauvrette (faut dire qu'il est grimé en Korme et qu'elle passe une matinée épouvantable), l'écuyer la laisse s'enfuir dans la forêt et part à la recherche d'une arme plus approprié en voyant se rapprocher les mercenaires du fortin.<br />
<br />
Sur l'autre flanc, Herle (sans arc, donc) s'est fait prendre en tenaille par deux tireurs, a reçu une flèche dans le côté et, pendant qu'il tentait de choper son agresseur au contact, l'autre a surgit de flanc pour lui ouvrir la cuisse à coup de glaive. Blessé et à deux contre un, il encaisse de son mieux lorsque Trevan de Rigorne charge en brandissant son épée, attirant l'attention de Diane qui progressait à croupetons dans le secteur : en une seconde, le premier chacal est décapité et le second s'écroule, un carreau d'arbalète dans l’oreille. Mais ils n'ont guère le temps de souffler car Le Moineau les appelle au secours !<br />
<br />
Déboulant sans s'en apercevoir au milieu des ennemis camouflés, Eldan est immédiatement pris par surprise et blessé. Il parvient néanmoins à faire chuter son adversaire et, roulant avec lui dans les feuilles mortes, les deux éclaireurs échangent coups d'épée, de pied et de poing en s'usant l'un l'autre, pendant qu'un chacal supplémentaire s'approche à pas de loup. Le Moineau le repère au dernier moment, appelle à l'aide, tente vainement de pousser l'ennemi qu'il a blessé dans les jambes de l'arrivant et encaisse une nouvelle blessure (il commence à être franchement mal en point) lorsque Trevan arrive à la rescousse, toujours au pas de charge et toujours couvert par Diane dont l'avant-dernier trait cueille l'ennemi debout juste sous l'omoplate, perçant le poumon.<br />
<br />
''"Laisse-le moi !"'' gueule Eldan au chevalier errant et, donnant tout ce qui lui reste contre un ennemi soudain moins faraud, le Moineau prend finalement sa revanche en clouant son ennemi au sol d'un grand coup d'épée. Avant même que Herle rejoigne en boitant l'éclaireur victorieux, Trevan et Diane sont repartis au pas de course vers le flanc est, où des cris indiquent que Lerkoren Oleytan passe un mauvais quart d'heure.<br />
<br />
Car parti seul au nord pendant que l'on se battait près du ruisseau, le jeune Elloran a abattu le premier des "Chacals" qu'il a rencontré mais s'est ainsi fait repéré par deux autres : après un court échange de flèches en manœuvrant pour rester à couvert, Oleytan s'est fait chargé par les deux ennemis simultanément, a réussi à les entraîner dans un bosquet touffu pour les gêner au maximum mais commence à faiblir sans parvenir à se dégager et, lorsqu'il prend un coup de lance dans le mollet, ça commence à sentir franchement le roussi. "VIGHNUUUU !!!" appelle-t-il alors à pleine voix, pendant que l'intéressé, à plus de 200m de là, achève le dernier soldat qui s'enfuyait d'un magnifique lancé de couteau, qui l'atteint dans le dos à plus de 50 pas.<br />
<br />
Lorsque deux mercenaires ont abordé la roulotte et trouvé Le Grêlé étalé dans l'herbe, Gavin qui venait de cacher son butin dans les buissons a soudain été pris de remords. Ramassant l'épée d'un mort, il revient à pas prudents lorsque le combat éclate : Le Grêlé a laissé le premier adversaire s'approcher pour l'achever, a retourné la dague qui le menaçait dans l'estomac de l'ennemi et roulé sous la roulotte pour échapper aux coups de lance du second militaire. Le Grêlé est néanmoins blessé lorsque l'écuyer arrive alors pour achever d'un grand coup d'estoc le gars qui se tenait le ventre à deux mains et bondit sur le véhicule qui commence à avancer au ralenti, les bœufs n'aimant guère la nouvelle agitation qui secoue leur attelage. Son camarade sort alors de sous le chariot pour éviter de passer sous les roues et, maintenant à deux contre un, Gavin et Le Grêlé ont vite défait le dernier soldat, achevé d'un joli lancer d'épée dans le dos alors qu'il s'enfuyait.<br />
<br />
Trevan, Diane et Vighnu arrivent à quelques secondes d'intervalle au secours d'Oleytan, les deux derniers Chacals étant alors rapidement tués, le premier percé du dernier carreau de la Kerdane et Vighnu égorgeant l'autre après un bref corps à corps, d'abord à deux, puis trois puis quatre contre un.<br />
<br />
=== Fin des combats ===<br />
<br />
Essoufflés, les guerriers vainqueurs font brièvement l'appel : <br><br />
<br />
«_''La Poigne ? <br><br />
_''Il souffle près du ruisseau, il a pris assez cher. Eldan ? <br><br />
_''De l'autre côté, au nord, mal en point : il s'est mangé l'avant-garde tout seul avant de nous rejoindre, si j'ai bien compris. Herle est avec lui, blessé aussi, il a perdu connaissance. <br><br />
_''Gavin et le Grêlé sont donc seuls avec la roulotte : faudrait pas trop traîner avant qu'ils se fassent des idées malhonnêtes...» <br><br />
<br />
Et pourtant, les deux hommes se réconcilient sur une base financière saine : ils font moitié-moitié sur le contenu de la cassette (''"que c'est pas la peine d'embêté les autres avec des détails"'') et Le Grêlé oubliera qu'un certain écuyer a essayé de l'estourbir avec. A peine ont-ils partagé qu'arrive Andréas Odran sur un cheval fatigué, qui découvrent le massacre au bord du gué : ''"Dîtes-donc mais c'est carrément la guerre ici ! Je croyais que le but de toute l'opération à l'auberge était de pouvoir prendre le butin d'un chariot à peine défendu. _Ouais ben y a eut des invités surprise..."''<br />
<br />
Les valides font le tour du secteur, poussent le chariot hors de la route, rassemblent les camarades blessés pour que Vighnu et Andréas puissent les rafistoler, puis trient les cadavres au nombre desquels semblent se trouver (par la grâce d'1pH) presque tous les hommes du fortin susceptible d'identifier Eldan après ses exploits de la nuit précédente. ''"Alors on est bons, conclut le chroniqueur : j'ai vu les Kormes tuer les deux seuls autres qui nous aient regardé de près."'' <br><br />
<br />
«_''N'empêche que le Magnifique, sa poule et la servante se sont tirés. <br><br />
_''Bah c'pas grave, ils témoigneront qu'ils ont été attaqués par les Kormes. <br><br />
_''Mouais, sauf que Gavin a jugé utile de leur faire la causette. <br><br />
_''Chiotte ! <br><br />
_''Et sinon, d'où ils sortaient tous ces mecs ? <br><br />
_''Ben ceux-là ont du vous poursuivre depuis l'auberge. <br><br />
_''Celui-ci, il était déjà avec l'escorte au départ de Solerane, alors j'imagine que ceux du nord étaient à la recherche du messager qu'on a intercepté cette nuit. <br><br />
_''Les Chacals qui nous attendaient avec le fourgon ont du appeler du renfort après qu'on aie commencé à leur tailler des croupières, parce que je pensais pas qu'il y en avait autant dans le secteur... <br><br />
_''Le premier qu'a tué Herle le jour du départ, Jaromir et Rumbold que tu as dégommés avant de lâcher le convoi, ça fait déjà trois... <br><br />
_''Au moins deux de plus, qu'on a tué avec Trevan et Gavin quand ils nous poursuivaient : ça fait cinq. <br><br />
_''Cinq ou six avec Jorem Cuivré hier, vu qu'on a pas trop fait le détail. Disons 10. <br><br />
_''Et aujourd'hui j'en compte cinq, dont au moins un emishen du clan des Rimdehl, en plus des derniers hommes de Jornil ! <br><br />
_''Tu oublies les trois qui sont morts au Cercle des Cascades au début de la semaine, ça fait donc 18 chacals éliminés en 8 jours. C'est du bon boulot, quand-même ! <br><br />
_''Façon de voir : moi ce qui m'inquiète, c'est qu'on puisse avoir deux dizaines de types armés dans notre secteur et ne nous en apercevoir que maintenant... Il faudra qu'on parle à ce trafiquant de sel que connaît Eldan, celui qui a présenté Jaromir au fils Cuivré : je crains que l'implantation des Chacals soient plus avancé qu'on ne l'imaginait.» <br><br />
<br />
Rassemblés et ayant brièvement le temps de souffler pour la première fois depuis des jours, nos héros en profitent pour échanger enfin les infos recueillies par chacun au cours de leurs aventures et reconstituent ce qu'ils savent de la Confrérie du Chacal :<br />
La Confrérie, originaire des Sylves, semble essaimer en créant des "chapitres" locaux dans différentes régions de l'Empire. Il semble que des membres du chapitre "sylvain" de la Confrérie ait donc fait le déplacement pour "franchiser" des brigands du Nord, et ce sont ceux-là qui dirigent plus ou moins les opérations (les trois mecs tués par Andréas, Adira et Eldan aux cascades étaient vraisemblablement des novices). Aux Sylves, la Confrérie est à la fois une mafia, une secte animiste et le noyau dur de la résistance armée à l'occupant impérial : si Urgrand est lié à ces gars-là et qu'ils commencent à passer des accords avec les Kormes, ça risque de compliqué sérieusement l'Échiquier du Nord. Et si les Chacals semblent être quasiment apparus par génération spontanée en quelques semaines, c'est qu'ils ont trouvé des gens pour les soutenir et les aider dans la région : soit Urgrand est beaucoup mieux connecté qu'il n'y paraissait, soit ils ont d'autres appuis...<br />
<br />
=== Exfiltration ===<br />
<br />
"...après quoi on a réparti le butin sur les chevaux, vu qu'on en avait maintenant une bonne quinzaine, on t'a attaché en selle et on s'est tiré vers l'ouest en contournant Celanire par le nord jusqu'au grand menhir où nous attendait Neri'Helin, une des novices du chaman edell'okhil Kal Tayvon, avec des bœufs laineux, des vivres et tout le matériel de montagne : paraît que ton 'Pitaine leur a promis de racheter leurs frères en esclavage. On a ensuite crapahuté par l'ouest pendant trois jours dans les Asparren puis les Monts d'Azur, en passant par des coins de plus en plus hauts et enneigés pour éviter de croiser quiconque. La p'tite Edell'okhil a même déclenché une avalanche dans le col du Fraisil pour qu'on ne puisse plus nous suivre. On a bien perdu quelques canassons en chemin, mais les lingots sont au complet, le groupe aussi (quoique la demoiselle ait du re-nettoyer les blessures de La Poigne), et nous voilà presque rendus. <br><br />
<br />
«_''Où sommes-nous, exactement ? <br><br />
_''Un peu au sud-ouest de la Mine Bénie : on va contourner par l'autre versant pour éviter de s'y faire voir et la môme va nous faire passer sur la rive nord du Lac Troisième par une espèce de chemin à travers les marais à l'est de Andh Endhil, pas loin du camp abandonné d'Etayn-la-Louve. <br><br />
_''La voie est libre et le jour va se lever, annonce la jeune femme en rejoignant le groupe : ramassez vos affaires, hommes du sud. <br><br />
_''Allez, messire de Lorune, remonte en selle : ce soir, Le Cornu nous attendra avec de la gnôle au camp d'abattage.»<br />
<br />
Et dans le petit matin, les fiers cavaliers de Tal Endhil descendent victorieux vers la Vallée des Lacs en Palier avec, dans leur fonte, un trésor capable de financer les nouveaux projets du Capitaine Durgaut... <br><br />
<br />
<br />
<br />
== ÉPILOGUE (envoyé aux joueurs après coup) ==<br />
<br />
<br />
<br />
C'est au soir du huitième jour après leur départ discret que nos vaillants mercenaires fourbus, gelés, blessés et riches comme Crésus se sont affalés dans une minable hutte au nord du camp de bûcherons de Tal Endhil, déserté chaque nuit en cette saison. Immédiatement repartie avec ses bœufs laineux, sa sœur adolescente et son cousin mutique, la gironde rouquine Neri'Helin (''"Dis-donc mais... c'pas la p'tite Edell'okhil que t'a réveillée l'autre fois aux cascades, quand on cherchait les Chacals ?_Si, même que Nevel m'a dit que Tael Shannan se la tape !_Note qu'il se tape toutes les mignonnes, ce fumier de barde._Dîtes, c'est fini d'échanger des potins comme deux vieilles venteuses ?"'') a laissé les hommes de Durgaut fort symboliquement assis sur la terre battue, à 10 pas de l'icône votive qui marque l'extrême frontière nord de l'Empire (mais Le Grêlé a pissé dessus). Ils ont festoyé, pansé leur nombreuses plaies et, d'abord par jeu, ceux qui parmi eux avaient quelques notions de finances ont commencé à calculer combien représentait le chargement encore bâté sur leurs chevaux. <br><br />
<br />
«_''On a pas loin de 250 lingots, dont bien 150 de merdouilles comme du cuivre, du bronze et du fer... <br><br />
_''Des "merdouilles" qui vont se négocier entre 500 et 1000 lunes à la prochaine cité dotée de forges, ducon. <br><br />
_''T'es sûre ?! <br><br />
_''Il est drôle l'aut' : pourquoi qu'tu crois qu'on creuse des mines ? <br><br />
_''Crois-moi, s'il y a bien un truc que les Kerdans savent faire, c'est du commerce... <br><br />
_''Je savais bien que t'étais kerdane malgré ton histoire de "Je suis une innocente remane élevée près de la colonie kerdane de Rigorne, et blablabla"... <br><br />
_''C'est donc bien vrai mademoiselle Diane ? Vous aussi vous êtes de Rigorne ?!? <br><br />
_''Écoute, Trevan : tu es mignon, tu es vaillant mais, putain, ta gueule. <br><br />
(Trevan de Rigorne rougit.) <br><br />
_''On disait donc au moins 500 lunes pour les lingots de "vils métaux", mais on a surtout une petite centaine de lingots d'argent, quoique la moitié soient planqués dans de faux lingots de cuivre. Et ça, ça nous fait... heu... attendez voir... <br><br />
_''Au moins 300 pièces d'or. <br><br />
_''Putain ! <br><br />
_''Quoi ?! <br><br />
_''La Poigne ! Tu sais compter !? <br><br />
_''Ben oui, surtout le métal quoi. J'suis été apprenti forgeron. Mais c'est trop du labeur : j'aime plus mieux taper qu'une bonne fois sur un casque. <br><br />
(La gourde de vin de sureau passe de main en main, chacun avalant une rasade d'un air mi-émerveillé, mi-consterné.)<br />
_''On... on a ramené... 350 pièces d'or ?! Vous croyez que notre bon Capitaine va être content. <br><br />
_''Ah ça, Moineau, il a un peu intérêt à l'être ! <br><br />
_''Dîtes, ch'ais pas si vous vous rendez-compte : c'est p't'être le plus beau brigandage de toute l'histoire des Marches !! <br><br />
_''On est riches les gars ! RICHES ! <br><br />
_''Non, messieurs : Tal Endhil est riche. Par les pères, si l'un de vous commence à concevoir une seule pensée pécheresse... <br><br />
_''Mais quel pisse-vinaigre, le Défroqué, quand il pisse le résiné. <br><br />
_''Héhé. Fais-voir ta balafre, d'ailleurs, Herle : faut changer ton bandage. <br><br />
_''Ma mienne elle est plus grande ! <br><br />
_''Hihi ! <br><br />
_''Nul n'en doute mon cher La Poigne, nul n'en doute... <br><br />
_''Ouais mais la tienne elle a même pas percé ta couche de lard ! <br><br />
_''N'empêche qu'on a tous ben gagné nos 2 pièces d'argent chacun ! <br><br />
_''Plus la prime ! <br><br />
_''Oh oui : vous êtes de vaillants gagne-petit. Mais la prime c'était si on laissait pas de témoins et, là, on a Jornil lui-même, Dorian, sa pute, la servante... <br><br />
_''Toi le Noir tu commences à nous les bris... <br><br />
_''Bon les gars, vos gueules : il est tard. Alors ça pionce, ou je vais commencer à distribuer les baffes. Le Grêlé et Diane prennent le premier tour de garde. Demain, j'vous ramenions tous au village. Et rappelez-vous qu'vous avez promis le secret sur vos têtes ! Si on vous presse vraiment, et seulement dans ce cas-là, vous avez été r'prendre les lingots de la Mine Bénie à une bande de Kormes du côté de la Baie des Langueurs. C'est bien clair, pour tout le monde ? <br><br />
_''Oui mon sergent ! <br><br />
_''Lèche-cul. <br><br />
_''Mon sergent ! Y a Le Grêlé qui dit... <br><br />
_''Foutremerde, tas de corniauds ! Même avec une 'pparition divine, j'conçois point comment qu'une pareille bande de mômes a pu réussir cette mission !» <br><br />
<br />
<br />
<br />
}}<br />
<br />
'''[[7) "Embrouilles en Cascades"|<< Épisode Précédent]] | [[9) "Reishin Ghoran"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Épisodes|<< RETOUR à la liste des Épisodes]]'''<br />
[[Catégorie:Épisodes]]<br />
[[Catégorie:Comptes-Rendus]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/8)_%22Le_Train_de_l%27Argent%228) "Le Train de l'Argent"2014-09-08T12:39:15Z<p>Aloun : </p>
<hr />
<div>La totalité de l'Épisode 8 : "Le Train de l'Argent" est classée "spoiler".<br />
Si vous voulez vraiment accéder à cet Épisode, vérifiez que soit un de vos perso y était, soit que le MJ vous en a donné l'autorisation.<br />
Tout abus sera illico puni par une grosse perte du plaisir de jeu.<br />
<br />
C'est bon, vous y avez bien pensé ? Vous êtes vraiment sûr ?<br />
<br />
...<br />
<br />
{{Secrets|<br />
== Prologue, rien que pour Eldan et le Capitaine : ==<br />
Durant les [[Huitaines]] précédentes, Durgaut a envoyé ses mercenaires (dont Eldan le Moineau) enquêter du côté de [[Solerane]] sur '''les détournements de fonds commis par le défunt [[Lieutenant Armeld]]''' avec son complice, Maître [[Gaster]] (écroué depuis au donjon), et découvert ainsi l'implication d'un patron-minier, notable influent et principal contrebandier de la région : '''[[Jornil Cuivré]]'''. En dehors de ses opérations "privées", Jornil travaille pour [[Rhilder le Fou]] à détourner le minerai d'argent des mines de la région, théoriquement destiné à l'État-Major, au seul bénéfice du dément Prévôt de la [[Marche des Lacs]]. <br />
<br />
Rhilder n'est vraiment pas quelqu'un avec qui Durgaut peut se permettre d'être en guerre ouverte, puisqu'il est son supérieur direct, un puissant "[[:Catégorie:Seigneurs du Nord|Seigneur du Nord]]" (comme on appelle les impériaux qui se taillent des fiefs dans les Marches) et un putain de psychopathe, notoirement responsable du génocide de la tribu emishen des [[Rimdehl]] (les Geaies).<br><br />
'''Mais notre brave Capitaine est en fait pris à la gorge ''' (en plus d'être très énervé contre le Prévôt qui le ruine par ses magouilles et lui réclame d'envoyer des troupes que [[Tal Endhil]] n'a pas pour participer à la guerre contre les [[Oloden]])... S'il n'envoie pas bientôt '''des lingots d'argent à l'État-Major''' du [[Duc-Gouverneur]] pour couvrir le quota de la [[Mine Bénie]] (apparemment pillée par les [[Kormes]]), Durgaut va sauter.<br><br />
En fait, il n'est encore même pas sûr de pouvoir obtenir le titre de "Bailli de Tal Endhil" vu les exigences du [[Aristame de Gorme|Primat]] en la matière, mais espère bien réussir à l'épater d'ici son arrivée. D'ailleurs, s'il reste en poste et devient bailli, il sait avoir besoin de beaucoup de pognon pour embaucher assez de mercenaires pour enfin contrôler son territoire et développer la région.<br />
<br />
Durgaut a donc conçu un plan audacieux pour régler plusieurs problèmes à la fois : '''braquer le convoi de métaux''' qui va bientôt partir de Solerane pour [[Darverane]], siège de la prévôté harcelé par les troupes de [[Kainen Tahrel]]. Ainsi, il mettra la main sur une véritable fortune (l'argent détourné caché dans des lingots de cuivre, l'argent "officiel" envoyé de Solerane pour l'état-major via Rhilder, du cuivre et de l'étain en quantité...) dont il compte employer une partie à payer son quota au Gouverneur, une autre à racheter des esclaves [[Edell'Okhil]] de la [[Marche des Gemmes]] comme il l'a promis à ses alliés emishen, et le reste à constituer une petite armée.<br><br />
Il en était à mettre au point un plan solide lorsqu'il apprend que la route de Darverane, coupée par les Kormes depuis des semaines, vient apparemment d'être rouverte suite à une contre-offensive de Rhilder : '''le convoi de métal ne devrait plus tarder à partir, il faut agir vite'''. Et comme [[Vighnu Pratesh]] vient de rentrer du [[Cercle des Hautes Pierres]], il décide d'embaucher l'assassin pour courir l'aspect le plus délicat de la mission : assurer le secret.<br />
<br />
{{Secrets|Ce qu'il ignore malheureusement, c'est que Jornil a lui aussi enquêté sur les trois attaques successives qu'il a subi de la part de ruffians non-identifiés : d'abord on a tabassé nombre de petits truands sous les ordres de son fils, [[Jorem Cuivré]], ensuite on s'en est directement pris à deux de ses lieutenants notamment impliqués dans la contrebande d'argent, enfin un éboulement à la mine de cuivre qui s'est révélé être un sabotage (les mercenaires de Durgaut avaient pour instruction de "recruter des mineurs" et n'ont rien trouvé de mieux). <br><br />
Jornil a donc d'abord envoyé un certain '''Worik''' se mêler aux mineurs "responsables de l'éboulement" qu'il a lui-même renvoyé et qui partaient s'engager auprès de Durgaut. Mais son agent, qui s'était mêlé à l'expédition minière menée par [[Mérane "Roulier"]], est mort connement, tué par des Kormes, pendant l'épisode [[5) "Le Pont"]]. Puis le patron-minier a envoyé un messager auprès de son bon ami [[Adira Pratesh]] pour se renseigner sur les mercenaires de Durgaut (Adira étant alors en pleine bisbille avec le Capitaine, il a volontiers informé Jornil) et contacté son autre associé à Tal Endhil, Maître [[Plirune]] (Jornil partage la propriété de la mine de fer du village avec Plirune et Gaster, ce que le Capitaine est sensé savoir mais dont il ne réalise pas l'importance) pour obtenir quelques renseignements de plus (notamment sur les finances de Tal Endhil). Adira l'a ensuite informé de tout ce qu'il avait appris sur l'arrestation de Gaster (notamment que ce n'était pas lié qu'au magouilles de leur [[Guilde]])... Bref : Jornil a compris que Durgaut était après lui et pris des mesures en conséquence.<br><br />
Car s'il ne peut pas se permettre de retarder d'avantage le convoi de métal (Rhilder a besoin de ce fric pour sa guerre perso et il n'est pas câlin quand il s'impatiente), il a conçu une ruse efficace : embaucher des mercenaires de rab' pour l'escorte et, surtout, contacter par un ami de son fils Jorem une "''petite bande de brigands récemment arrivés dans le secteur''", la [[Confrérie du Chacal]]... }}<br />
<br />
<br />
== À la "Taverne Penchée" ==<br />
'''Il fait déjà nuit lorsque la Taverne, récemment rachetée par les mercenaires de Durgaut, ferme ses portes beaucoup plus tôt que d'habitude''' en chassant les soiffards qui comptaient y passer leur soirée en galante compagnie ; les prostituées, récemment rendues à leur autonomie sous l'autorité de la belle [[Garnelle]] (maîtresse occasionnelle du jeune Eldan,) sont également invitées à rentrer chez elles et le quartier lacustre de Tal Endhil est donc rapidement rendu au silence et à la brume nocturne...<br> <br />
'''Pourtant, quelques silhouettes discrètes gagnent bientôt la Taverne apparemment close :'''<br />
* '''l'apothicaire [[Vighnu Pratesh]]''' (Loriel) n'a eu qu'à franchir quelques pontons depuis sa propre échoppe, son matériel d'empoisonneur sous le bras et ses armes dissimulées sous son large manteau reman, où bat un petit cœur sec depuis si longtemps, récemment réveillé et illico brisé par Islinna : les femmes sont cruelles. Déjà en grande partie au courant de la mission, la seule chose qu'il ignore c'est ce qu'ils vont voler. Mais vue la somme promise par le Capitaine, il est trop heureux de ne pas poser de questions.<br />
* '''[[Nadine "la Moucheuse"|Diane Maletudine]]''' (Orlanth) est une Kerdane, quoiqu'elle prétende être une remane originaire de la cité portuaire de Rigorne, embauchée depuis quelques mois dans l'Armée du Nord, suite à des problèmes avec ses compatriotes. Femme dans une armée de macho, elle a bientôt eut d'autres ennuis (décidément) qui l'ont incité à déserter pour rejoindre la petite communauté kerdane de [[Tal Endhil]] sur les conseils de son mentor, le célèbre maître d'armes [[Vasco Sotorine]]. Sauf que [[Ranyella Sotorine|Ranyella]] la pilote ne veut pas d'une renégate dans sa troupe et l'a donc refilée au Capitaine sans lui expliquer les casseroles que trimballe l'arbalétrière...<br />
* '''[[Andréas "Odran"]]''' (Humphrey B) a récemment eut un entretien secret avec le Capitaine qui pourrait se résumer ainsi : "''Je sais que vous êtes un sorcier, mais je suis prêt à fermer les yeux si vous bossez pour moi. _Ça pourrait m'arranger, vu que je suis là pour mettre fin à la dispersion d'artefacts qui commencent à foutre le boxon à [[Duriane]], mais je vais pas m'en sortir tout seul. _Splendide : faudra me neutraliser le machin dans la Mine Bénie. Dans l'intervalle, vous êtes embauché comme espion. Vous commencez demain, rendez-vous à la Taverne Penchée après la fermeture.''" Il arrive donc avec un peu d'avance et pas mal de bagages, dont son précieux grimoire, ses herbes médicinales et un certain objet qu'il a passé presque deux jours à chercher dans le torrent en contrebas de la [[Mine Bénie]].<br />
* '''[[Oleytan "le Furet"]]''' (PNJ), lui, s'est engagé dans les mercenaires de Durgaut dès son retour de "l'Opération Tréfonds" : il se sent désormais un vrai guerrier, veut participer à l'alliance entre les Talendan et les Elloran mais, surtout, il a enfin couché avec le grand amour de sa jeune vie : la jolie négociante lewyllen [[Doma Sholen]]. Celle-ci l'a inexplicablement largué à l'arrivée à Tal Endhil en lui expliquant que "c'était fun, mais t'es juste trop jeune pour moi" (elle court en vain après [[Nevel Sholdanan]] depuis 4 semaines). Après une intense réflexion, le jeune guerrier est arrivé à la seule conclusion "sensée" : s'il veut que la belle marchande le reprenne, il doit lui prouver qu'il est capable de lui assurer le train de vie qu'elle a perdu, et pour ça, il lui faut "des rondelles", comme les Emishen nomment la monnaie impériale. Il ne comprend pas grand-chose à la mission que Durgaut lui a proposé, mais il est bien content puisqu'il va être payé royalement.<br />
* '''[[Eldan "le Moineau"]]''' (Aloun) arrive le dernier, accompagné d'une montagne de muscles habillées de haillons qu'il vient de récupérer dans l'unique geôle du donjon : [[Herle de Lorune]] (Ego'), noble et chevalier du temple récemment défroqué. Lui aussi a des problèmes, parmi lesquels l'alcool, la violence et un sens aigu de la justice qui, après lui avoir coûté sa charge d'inquisiteur lors d'une altercation avec le Primat lui-même, l'ont fait rétrogradé comme simple soldat dans la troupe de [[Bagoran de Marale]] (chargé de le "mater" : échec critique) et récemment conduit à défoncer le portrait d'un connard de Chevalier du Temple (donc un de ses "supérieurs") qui tabassait une gamine emishen. Son séjour en taule auprès du plaintif Gaster s'est terminé lorsque le Sergent LeCornu a jeté son dévolu sur le prisonnier, et convaincu le Capitaine de l'embaucher.<br />
<br />
'''Lorsque tout ce petit monde est attablé''' dans la taverne sur pilotis qui grince et (effectivement) penche sous l'effet de la houle, [[Le Cornu]] qui tenait le comptoir fait entrer deux de ses collègues, le massif imbécile qu'on appelle "La Poigne" et le brigand reconverti au visage marqué par la petite vérole qu'on appelle "Le Grêlé". Comme Eldan et le Sergent, ils ont survécu à tous les combats depuis la [[Bataille de Tal Endhil]] et sont tout dévoués au glorieux chef qui va bientôt faire d'eux la "''garde bailla, bailliagiale...heu... baillique... la garde du bailli, quoi''", et qui lui-même pénètre dans la grande salle inclinée à leur suite, une vaste carte sous le bras :<br><br />
« Bonsoir mademoiselle et messieurs, nous avons peu de temps et je vous demande d'être extrêmement attentifs à l'exposé qui va suivre.» Pendant que Vighnu et Andréas dégagent leurs gobelets pour laisser Durgaut déployer la superbe carte (signée [[Ordano Sotorine]]) sur la table crasseuse, les 6 autres membres de l'équipe s'approchent pour suivre le briefing dans la lumière chiche des chandelles. Le Capitaine enchaîne :<br />
« La mission que j'ai à vous confiée est dangereuse, urgente, secrète, absolument vitale pour Tal Endhil et ''remarquablement bien payée''. Si certains d'entre vous ne s'en sentent pas capables et préfèrent retourner à leurs activités précédentes, qu'ils le disent tout de suite. Car une fois que je vous en aurais exposé les objectifs, Messire Pratesh ici présent sera le garant ''de votre silence''. Tout le monde est motivé et se sent capable de se taire ensuite, en cas d'échec comme de réussite ? Parfait. Sergent, passez-moi les figurines...<br><br />
« Dans les jours qui viennent, peut-être même dès demain, '''un convoi lourdement gardé''' va quitter [[Solerane]] à destination de [[Darverane]] (Durgaut pose une miniature en bois, une espèce de coffre aux pieds vaguement arrondis, sur la carte) : il contient plusieurs coffres très lourds que vous êtes chargés d'intercepter, de préférence avant "l'[[Auberge du Pont]]"... C'est quoi ça, Le Cornu ? demande le Sauveur de Tal Endhil quand son sergent lui passe une espèce de cube prolongé par un jambage tordu.<br><br />
_''C'est l'Auberge du Pont, mon 'Pitaine. C'est La Tortue qu'a fait les sculptures, mais on a pas eu bien l'temps.<br><br />
_''Je vois... À "l'Auberge du Pont", donc, se trouvent actuellement plusieurs dizaines de marchands qui, depuis des semaines, y attendent que les troupes de Rhilder reprennent le contrôle de la route vers Darverane aux Kormes qui harcèlent la prévôté (il pose du côté du [[Mont Grison]] un petit bonhomme chauve et noirâtre) avec l'appui des troupes Emishen de Kainen Tahrel (Vighnu approuve du chef). <br><br />
Si le convoi de Solerane rejoint la première caravane groupée en partance pour Darverane, il sera alors probablement trop entouré pour que vous puissiez tenter quoique ce soit. Vous êtes ici... mais c'est quoi ça ? Un chien ?<br><br />
_''Un ch'val mon 'Pitaine, pour représenter, le commando.<br><br />
_''Vous avez pu leur trouver des chevaux ?<br><br />
_''Ah non mon 'Pitaine : c'est des pirogues, pour quitter le village. Ensuite s'ront à pied. Mais La Tortue, quand il a commencé, i'l'savait pas, pis i' sait pas faire les pirogues, et de toutes façons ça va surtout se faire par voie de terre alors, heu... Vous préférez un bouchon, ou un dé en os ?<br><br />
_''Va pour le chien (soupir)... Donc : vous êtes ici (il pose la figurine sur Tal Endhil), vous partez dès cette nuit pour atteindre Solerane (le "chien" rejoint le "chariot"), où vous serez chargés de repérer le convoi et de surveiller ses préparatifs de départ. Le but est de lui tendre une embuscade dans les deux jours qu'il lui faudra pour effectuer ce parcours (le chariot glisse sur les segments de la route marqués "1, 2, 3, 4, 5"). Si vous pouvez intercepter le chargement sur les berges du [[Lac d'Acier]], il sera plus aisé de le transporter à bord de barges ou de pirogues. <br><br />
Le Moineau connaît la ville et les hommes qui escorteront ce convoi, Messire de Lorune a la charge de l'assister en tout -et de s'assurer qu'aucun d'entre vous n'ait la mauvaise idée d'ouvrir les coffres. Maître Pratesh est chargé de trouver des embarcations pour les chargement et d'assurer le secret de l'opération (Vighnu sourit, pensant aux peintures de guerre Kormes qui n'ont pas servit lors de l'[[Opération Tréfonds]] et à la barge kerdane cachée depuis dans les marais près d'[[Écume 6]]). Vous devrez quitter le village et y rapporter les coffres sans être vus, ni dire à quiconque d'où vous venez ni où vous allez. <br><br />
Car, j'insiste, '''cette opération peut assurer le salut de Tal Endhil si elle réussit, mais sonner notre perte à tous si quelqu'un devait découvrir qui a commandité l'attaque'''. Une prime substantielle versée à notre cher apothicaire en sera la garantie.<br />
<br />
_''Ça veut dire "pas de témoins", demande Diane ?<br><br />
_''Ça veut dire "démerdez-vous pour que personne ne puisse vous reconnaître, suivre votre piste et remonter jusqu'à nous" : je préférerais que vous épargniez les civils, mais Maître Pratesh sera décisionnaire en dernier recours. À part lui, '''vous serez payés chacun 2 pièces d'or pour cette brève mission et votre durable silence''' (la solde mensuelle d'un mercenaire étant de 2 pièces d'argent, ça fait 10 fois plus pour quelques jours de boulot). Des questions ?<br><br />
_''C'est quoi, dans les coffres ? Ça pèse ?<br><br />
_''Le contenu ne vous regarde pas mais, oui : ça pèse. Probablement autour de 200kg en tout.<br><br />
_''C'est qui, qu'on braque ?<br><br />
_''Pas votre problème non plus. Fiez-vous à Eldan, soyez discrets et ça ne devrait pas avoir d'importance.<br><br />
_''Les gars de l'escorte, c'est des pros ?<br><br />
_''Quelques-uns, oui, mais la plupart seront des mercenaires en permission, des cochers endurcis, des coupes-jarrets, des gardes plus habitués à surveiller des esclaves... Le problème, c'est qu'ils doivent se méfier : ils ont eut des ennuis récemment, ils savent que le trajet est dangereux et ils seront sur les dents. Il se peut même que vous soyez déjà attendus à Solerane. J'insiste : '''''méfiez-vous'''''.<br><br />
_''Qu'est-ce qu'on a comme matos ?<br><br />
_''Vous étiez prévenus d'emporter le vôtre, mais Eldan conserve quelque argent pour vos frais de mission, des vivres, un peu de charbon, des flèches, des torches et des cordes vous attendent avec les chev...<br><br />
_''Dans les pirogues, mon 'Pitaine.<br><br />
_''Dans les pirogues, donc. J'ajoute les papiers que m'a demandé monsieur Odran (il confie une petite pochette de cuir à Andréas, contenant du parchemin, des lettres officielles de la main de [[Rhilder]] et son sceau de cire, pour pouvoir si besoin modifier les ordres de mission du convoi) et vous emportez cette carte, annotée par mes soins, en espérant qu'elle puisse vous aider : ne la perdez pas ! ''[Durgaut leur confie par ce biais un de ses précieux point d'Histoire.]'' Autre chose ?<br><br />
_''Y a le Venteux qu'a pas tout compris, vu qui parle pas bien not' langue...<br><br />
_''Messieurs Odran et Pratesh devront donc lui ré-expliquer en ramant. Bonne chance à tous : le destin de Tal Endhil est entre vos mains ! Mais pas les figurines, La Poigne : repose ça ! <br><br />
_''Pardon mon 'Pitaine. »<br />
<br />
[[Fichier:Carte-Carrée.jpg|900px|thumb|left|La carte remise par Durgaut, telle que les joueurs l'ont découverte la première fois...]]<br />
<br />
<br />
<br />
== En route vers Solerane ==<br />
Pendant qu'on roule la carte, LeCornu et Herle déplacent la lourde table, révélant une trappe dans le plancher qui, une fois déverrouillée et ouverte, donne sur une échelle de corde descendant le long d'un pilier de bois, où sont amarrées deux pirogues emishen. Avec quelques difficultés dues à la disparité de poids et d'agilité de ses huit membres comme aux bagages de certains l'équipe embarque et glisse silencieusement sur les eaux couvertes de brouillard :<br><br />
<br />
«_''Attention avec ça, c'est des armes emishen. <br><br />
_''Pourquoi foutre ? <br><br />
_''Pour passer pour des Kormes. <br><br />
_''Pas con. Mais qu'est-ce qu'il fout avec un bouquin, lui ? <br><br />
_''Je suis chroniqueur... <br><br />
_''Et vous allez chroniquer l'opération ''secrète'' ?! <br><br />
_''Houlà non, je... j'ai d'autres talents. Falsifier des sauf-conduit, par exemple. <br><br />
_''Je vois...»<br><br />
<br />
Ils atteignent bientôt la rive sud du Lac Troisième, en amont du campement où dorment les caravaniers lewyllen, sans que les [[Soldats du Temple]] qui gardent actuellement les remparts n'aient rien remarqué.<br />
<br />
Après un conciliabule entrecoupé d'engueulades, un poème (Herle versifie par instant), une tentative de vol et plusieurs menaces physiques pour l'empêcher, les PJ décident de ne pas partir en quête de la barge cachée par Vighnu dans les marais mais de foncer de nuit vers Solerane, à pied, pour atteindre la ville au plus tôt, juste après que Diane ait confié au fleuve un étui flottant contenant 4 pièces d'argent (sur les 20 confiées à Eldan) et un message pour les Kerdans d'[[Écume 6]], leur enjoignant d'envoyer des embarcations vers la presqu'île du [[Lac d'Acier]] ''[le joueur a oublié que son perso n'était plus bien vu chez les bateliers, et Vighnu y a même mis 1pH pour que le message arrive : ce fût bien le cas...]''.<br />
<br />
Abandonnant dans les embarcations tout le matériel trop lourd, les mercenaires se répartissent les vivres, une arme emishen chacun et la longue marche commence. Lorsque l'aube se lève, Diane, Oleytan et Eldan, très en avant des autres, font la course dans la descente après avoir passé le Col de Nilfenan (au sud-ouest de la mine de fer, sur la carte) histoire de défouler leurs tempéraments casse-cou et ombrageux... ce qui vaut d'ailleurs à Eldan de se niquer la cheville dans une belle gamelle : on sent bien, dès que les officiers ne sont plus en vue, que ça va pas être très sérieux comme opération.<br />
<br />
=== Rencontre insolite ===<br />
Pendant que le fort peu sportif Andréas prend des heures de retard sur les autres et que Vighnu reste avec lui autant pour assurer sa protection que pour causer "''chroniquerie''" et politique locale (Vighnu envisage de créer un [[Hospice de Tal Endhil|hospice à Tal Endhil]] !), Oleytan, Diane et Eldan (qui boitille) arrivent en milieu de matinée au gué qui traverse la [[Rivière aux Élans]] (ainsi nommée car elle est sur le point de passage de la migration des grands cervidés, qui commencent d'ailleurs à remonter en cette saison vers les pâturages au nord de la [[Marche des Lacs]])... <br><br />
Ils sont assez surpris d'y trouver un grand costaud, ventru et entièrement chauve, portant des vêtements très vaguement emishen, assis sur un rocher au bord des flots et curant tranquillement au couteau le sang séché qui s'incruste dans les creux de sa lourde masse de bois sculpté. Les trois éclaireurs essoufflés par leur cavalcade repèrent assez vite les discrètes silhouettes déployées dans les bois autour du chemin et, chacun la main sur leur arme favorite, s'approche avec circonspection :<br />
<br />
«_''Bonjour... <br><br />
_''B'jour, répond le gros dans un Reman médiocre, avec un accent typiquement "venteux". Z'êtes avec le noir ? Vigjniou Bratéche ?<br><br />
_''Ben là tout de suite... non. Mais des fois on le croise, quoi. Vous l'attendez ? <br><br />
_''J'ai un message pour lui. <br><br />
_''Vous voulez pas nous le donner ? On le transmettra quand on le verra ce soir... <br><br />
_''Non, d'solé, c'est privé. <br><br />
_''C'est pas un message à coup de masse, au moins ? <br><br />
_''Héhé. Non. Pas cette fois.» <br><br />
<br />
N'ayant qu'à moitié envie de s'avancer dans le gué sous la probable ligne de tir d'archers dissimulés ni même de laisser une embuscade entre eux et le reste du groupe, quoique aussi un peu parce qu'ils ont alors pas loin de 12h de rude marche dans les jambes, Diane, Oleytan et Eldan se posent également près de la rivière, se trempent un peu les pieds (Diane va même s'éloigner pour faire un peu de toilette : par instant, dans ses Réactions, sa "Sensibilité Féminine" ressort), cassent la croûte, font une petite sieste... tout ça en gardant perpétuellement un œil sur les alentours et leurs armes à portée de main. <br />
<br />
Lorsqu'ils sont rejoints par Sire Herle de Lorune, La Poigne et le Grêlé, d'abord très méfiants, Diane qui a entamé un repas et une conversation en [[Langue des Vents]] avec le Gros leur fait signe de ne pas s'inquiéter, et les trois mercenaires finissent par jouer le même jeu que leurs camarades, profitant d'un peu de repos tout en restant sur leurs gardes. <br><br />
Au bout d'une heure de cette halte méfiante, "l'embuscade" se détend tout autant et Eldan repère bientôt un des archers Korme qui, lui aussi, déjeune sur le pouce à son poste de guet. Il le contourne, se cache, est brièvement suivi mais sème le guetteur, échappe ainsi efficacement à l'encerclement... et ne sait finalement plus trop quoi faire : il craint de déclencher un massacre s'il élimine un guetteur, de se faire repérer s'il continue de traîner près des Kormes, de perdre le groupe s'il s'éloigne et d'être trop loin pour intervenir s'il repart en arrière prévenir Vighnu et Andréas. <br><br />
Aussi reste-t-il caché, guettant les guetteurs, jusqu'à ce que, lassé de perdre du temps alors qu'ils sont pressés, Herle donne le signal du départ et franchisse le gué accompagné des 4 autres. <br />
<br />
Après avoir encore hésieé à les rejoindre carrément ou à rester en arrière, Eldan fini par laisser un signe de danger dans l'écorce d'un arbre à destination de Vighnu et décide de contourner pour franchir la rivière plus loin, ne trouve pas d'autre gué, passe à la nage, se paume en aval dans la forêt et mettra plusieurs heures à rejoindre ses camarades, trempé, gelé, épuisé et bientôt vertement engueulé par l'ex-templier ''[Sire de Lorune lui inflige même un tel jet d'intimidation pour lui inculquer la discipline militaire que le jeune éclaireur en sera durablement marqué : 2pts de Trauma !]''.<br />
<br />
Pendant ce temps, Andréas et Vighnu ont atteint le gué sans même remarquer le signe laissé par Eldan et le [[Fehnri]] est assez surpris de reconnaître le gros korme qu'il a déjà rencontré, il y a plusieurs semaines à Écume 6, lorsqu'ils avaient négocié des vivres et les soins de [[Mona Ma'od]] contre la transmission d'un message pour Adira (qui, si vous vous en souvenez, était arrivé au début de l'épisode [[5) "Le Pont"]], tiré avec une flèche sur la roulotte de Maître Pratesh). <br><br />
Quoiqu'il ne connaisse toujours pas son nom, il s'éloigne avec le chef rebelle et un petit conciliabule surréaliste se joue : les Kormes veulent (Vighnu comprend "[[Lashdan]], Roi des Kormes, veut...") l'embaucher pour assassiner un certain "[[Urgrand]]", le Sorcier barbu originaire des [[Marche des Sylves|Sylves]], qui dirigeait justement le détachement korme lors du siège à la [[Mine Bénie]] :<br />
<br />
«_''Tiens donc ?! Mais pourquoi diable, demande l'assassin hilare ? <br><br />
_''On m'a pas dit de te l'dire, et puis il paraît que les tueurs professionnels ne posent pas de questions. <br><br />
_''Lorsqu'on les paye bien, c'est tout à fait exact oui. <br><br />
_''Hé ben voilà pour toi, dis le Korme en lui tendant une grosse bourse de pièces, que le Fehnri s'empresse d'ouvrir avidement. <br><br />
_''Mais... vous vous foutez de ma gueule ?! C'est des pièces de cuivre ! <br><br />
_''Et alors, c'est pas bien ? <br><br />
_''Mais c'est pas du tout assez, enfin ! Je suis un spécialiste, moi ! Je bute pas les gens pour 30 ou 50 pièces de cuivre !<br><br />
_''Ah. Mais c'est tout ce qu'on a nous, même qu'on s'est tous cotisés pour rassembler ça. <br><br />
_''Mais c'est pas possible, vous comprenez rien au commerce, à la fin ! Et il est où, votre Sorcier, d'abord ?<br><br />
_''Ben on sait pas, nous, pourquoi tu crois qu'on s'adresse à toi ? Tu crois pas que je serais foutu de lui coller ma masse sur la gueule moi-même si on savait où il campe ? [[Etayn-la-Louve|La Louve]] dit qu'elle l'a perdu quelque part chez vous, du côté du Premier Lac, mais c'était il y a déjà plusieurs jours.<br><br />
_''Bon, écoute, voilà ce qu'on va faire : dis à ton Roi que je suis d'accord sur le principe, mais que déjà ça va vous coûter 20 pièces ''d'or'' et qu'ensuite, soit vous savez me dire au moins à peu près où il est, soit ça risque de prendre pas loin d'un mois (car Vighnu pense savoir où Urgrand devrait se trouver dans environs trois semaines, héhé...). Dis-lui ça et, quand vous aurez la somme, contactez-moi.<br><br />
_''Mais où tu veux qu'on trouve de l'or, nous ?<br><br />
_''Non mais c'est un prix, vous pouvez aussi bien me ramener 200 pièces d'argent, ou 4 lingots d'argent, par exemple. Vous en avez bien, des p'tites barres en argent, prises dans une certaine mine, hmmm ?<br><br />
_''Mais... non. De quoi tu parles ?<br><br />
_''Oh le con ! Rha merde, il fait vraiment chier ce connard de sorcier !<br><br />
_''C'est bien pour ça qu'on t'embauche, oui.<br><br />
_''Bon alors 20 pièces d'or ou l'équivalent, vous trouverez bien ça quelque part pendant que vous vous battez dans la [[Vallée de Cainil]], hein, je ne m'en fais pas pour vous. Quand vous avez la somme, vous me recontactez, vous versez la moitié d'avance et, moi, je tue votre sorcier.<br><br />
_''J'espère que d'ici là on l'aura trouvé nous-mêmes, mais sinon, on saura bien te joindre, ouais. Et bonne journée.»<br><br />
Et pendant que Vighnu se frotte les mains, les Kormes se dispersent dans la forêt sous le regard médusé d'Andréas.<br />
<br />
<br />
== La Ferme-Relais "[[Le Marchepied]]" ==<br />
Il fait presque nuit noire lorsque les 6 mercenaires fourbus atteignent enfin la ferme-relais qu'on appelle le "Marchepied", au pied de la route montant vers Solerane. Si Oleytan (trop repérable) est laissé avec le matériel dormir à l'extérieur, Diane, Eldan et Herle, bientôt suivis par La Poigne et Le Grêlé (trop crevés pour accepter de se peler le cul à camper dehors), pénètrent les uns après les autres dans l'enceinte de bois où un drôle de type pâle, un albinos efflanqué aux longs cheveux blancs qu'Eldan sait être surnommé "Craie" (chef des gardiens d'esclaves de la mine de cuivre), est en train de passer ses nerfs à coups de fouet sur deux malheureux emishen, une femme et un adolescent enchaînés au puits du milieu de la cour. <br />
<br />
Comptant avec l'albinos un escrimeur tout en noir s'engueulant avec le tavernier (une histoire de chevaux, de halte imprévue et de prix du fourrage) plus 4 soldats portant la livrée du Duc-Gouverneur (donc probablement issus de la garnison de Solerane), et soucieux de sa mission avant tout, Herle tempère ses instincts justiciers et suit la Kerdane dans le corps de ferme transformé en auberge de seconde zone, où il entreprend de noyer sa mauvaise humeur dans la bouteille d'hydromel prise à la Taverne Penchée. Si un jovial marchand de draps nommé Teillard, parti de Celanire vers le "marché de printemps" de Tal Endhil, tente bien d'engager la conversation avec les voyageurs, Diane l'envoie paître rudement (et nos héros se privent de la seule occasion de se renseigner sur la route qu'ils ont à faire) mais lance une petite partie de dés avec Eldan et Herle pour attirer à eux Craie et Esteval (l'escrimeur à l'armure de cuir sombre) et tenter de leur soutirer quelques informations sur l'exploitation des esclaves venteux à Solerane. Justement, les deux gardes-chiourmes, 3 autres collègues et 6 soldats prêtés par la garde sont à la recherche d'une 15aine d'évadés, échappés le matin même de la mine de cuivre. Diane propose bien de participer à la traque contre rétribution, mais Eldan ruine sa tentative d'approche en ne pouvant se retenir d'aller porter un peu d'eau et de pain aux deux malheureux prisonniers. Herle -qui perd aux dés et voit les deux crevures descendre gaiement sa bouteille- semblant se retenir de plus en plus laborieusement d'écraser la tronche de Craie à chaque fois qu'il fait des remarques cruelles sur les "venteux", les voyageurs vont se coucher tôt après un rapide souper et Diane s'arrange assez finement pour que leur propre groupe gagne le contrôle de l'escalier et des 2 rares fenêtres du grenier aménagé en dortoir, qu'ils vont devoir partager avec le binôme d'esclavagiste, les soldats s'installant dans l'étable au dessous.<br />
<br />
=== Rencontre avec des fugitifs ===<br />
<br />
C'est à peu près le moment où, traînant le chroniqueur qui dort debout dans l'obscurité de la route forestière, Vighnu voit soudain jaillir un grand type hirsute de la forêt, qui saute sur le fehnri en tentant de l'étrangler avec la chaîne qui lui lie les poignets : l'assassin pare de justesse avec son katara, une femme armée d'une branche sort à son tour des taillis et Andréas est basculé au sol par une jeune fille qui tente de lui éclater le crâne à coup de pierre, mais il parvient à la repousser de peu (elle est presque aussi épuisée que lui). Reconnaissant une Emishen (et réciproquement) alors qu'il tirait sa dague pour se défendre, l'érudit crie en Langue des Vents "Arrêtez, nous sommes des amis ! Vighnu, ce sont des Emishen !", ce qui suffit à stopper le début de combat et permet à Andréas de proposer de la nourriture et des soins aux esclaves en fuite, finissant de gagner leur confiance. <br />
<br />
Libéré de ses chaînes avec l'aide d'un glaive offert par Vighnu, le trio leur explique avoir réussi à s'échapper des mines de Solerane un peu avant l'aube, grâce à un tunnel vers la surface creusé en secret avec l'aide d'une barde rimdehl nommée Tahalien. Poursuivis depuis le levé du jour par des cavaliers en armes, ils ont perdu la douzaine d'autres évadés qui les accompagnait, dont des jeunes et des enfants et, loin de leurs régions d'origine (la plupart sont des Otlalnan de la Marche des Lisières), ils ont couru un peu au hasard vers le nord et le territoire des Liam'Lon, où aucun Dirsen n'oserait les poursuivre, alors que d'autres avaient préféré tenter leur chance à l'est, vers le Cercle des Hautes-Pierres.<br />
<br />
Les deux Talendan leur expliquent qu'ils sont ici sur le territoire des Elloran et qu'ils auraient de meilleures chances de filer au nord-ouest vers le Cercle des Cascades et, après avoir longuement hésité à repartir chercher les plus jeunes, les trois fuyards un peu retapés finissent par disparaître vers l'ouest avec quelques remerciements.<br />
<br />
=== Evasion nocturne ===<br />
<br />
Nos deux héros retardataires ne sont donc qu'à moitié surpris lorsqu'ils retrouvent Lerkoren Oleytan en compagnie de 5 autres échappés en haillons, dont Tahalien et un ado sérieusement blessés, plus trois mômes, quoique Vighnu soit un peu atterré par le récit du jeune Elloran.<br />
Car après que leurs compagnons soit entrés à l'auberge du Marchepied, Oleytan, attiré par des cris de douleurs, s'est glissé par-dessus la palissade de rondins et, découvrant les deux prisonniers lacérés à coups de fouet, a attendu la nuit noire pour passer à l'action. Il a malheureusement échoué à assommer proprement la sentinelle de faction dans la cour, mais a par contre réussi à la tuer net avant qu'elle ne crie, puis a traîné le corps du soldat dans une grange. C'est alors qu'il s'acharnait en vain à rompre sans trop de bruit un des maillons de la chaîne que Diane l'a interpellé depuis une des fenêtres du dortoir :<br />
<br />
«_''Psssst ! Mais qu'est-ce que tu branles, merde !? On est pas là pour ça ! <br><br />
_''Je fais mon devoir, tu peux pas comprendre ! <br><br />
_''Mais putain tu va réveiller tout le monde, crétin !». <br><br />
<br />
L'épée à la main, la Kerdane est bientôt descendue le rejoindre pour le convaincre de ficher le camp et, n'y arrivant pas, a fini par l'aider à détordre un maillon en faisant levier avec son épée, histoire qu'il puisse déguerpir avant que quelqu'un ne les entende. Herle s'est réveillé à son tour, lui a ordonné de rentrer se coucher avant de les griller complètement et, la Kerdane disparue dans l'étable en engueulant un soldat qui se réveillait vaguement sur l'air de "Quoi ? Keskya, on peut plus pisser tranquille, merde ?", Oleytan a sorti discrètement les deux rescapés par là où il était lui-même entré. Apprenant alors qu'ils avaient pu cacher les gosses près de la rivière avant que les cavaliers ne leur tombent dessus, il est ensuite reparti chercher les mouflets de 9 à 12 ans, a nourrit tout le monde et distribué des rations pour le reste du voyage ("Et donc, là, on a plus de vivres, c'est ça ? Heu... un peu, si..."). Il se demandait s'il allait abandonner l'opération pour les conduire aux Cascades quand Vighnu et Andréas sont arrivés. <br />
<br />
Renonçant à l'engueuler d'avantage puisqu'il viennent de faire quasiment la même chose, les deux PJ soignent à nouveau les plaies et brisent les chaînes, ré-expliquent la direction du Cercle des Cascades et, recommandant bien aux fuyards d'éviter les routes pour ne pas être repris, ils s'installent pour bivouaquer et s'offrir quelques précieuses heures de sommeil avant l'aube.<br />
<br />
L'aurore pointe à peine lorsque Herle, Diane et les autres se lèvent, déposent quelques pièces de cuivre dans la grande salle et filent sans prendre de petit déjeuner, pendant que Craie et Esteval constatant la disparition de leurs prisonniers commencent à activer les soldats, et que ceux-ci constatent la disparition d'un des leurs. ''"Et vous là, vous avez rien entendu ?!? _Nope : nous on dort sérieusement quand on doit se lever tôt."'' répondent nos héros avant de s'engager, sous la bruine matinale, vers le chemin raide qui monte en lacet vers le nid d'aigle de la cité minière. Rapidement rejoints par Lerkoren Oleytan, Vighnu et Andréas (modérément reposés), ils confèrent sur les évènements de la veille et s'accordent sur un plan : Eldan (puisqu'il connaît Solerane), Andréas (qui compte s'arrêter dans un temple pour se lancer dans l'enchantement d'un document puissamment convaincant pour faire partir le convoi avec une escorte réduite "car tout danger est désormais écarté") et Diane (qui pense pouvoir s'infiltrer dans la-dite escorte) iront en ville pendant que le gros de la troupe (''"J'suis pas gros j'suis juste un peu envelo _Ta gueule, La Poigne : t'es lourd."'')attendra caché dans la forêt. <br />
<br />
=== Plan d'action ===<br />
<br />
Dès que le convoi sera prêt à partir, les mercenaires partiront devant pour semer des embûches sur sa route afin de le ralentir (comme un sapin ou des rochers "décrochés par le dégel") : s'ils parviennent à le retenir assez longtemps dans la gorge pentue et traîtresse que les chariots auront de toutes façons du mal à négocier (le segment 2, sur la carte), ils peuvent l'obliger à passer sa première nuit avant le gué sur l'Anil'wel (milieu du segment 3). Le lendemain, la caravane sera donc obligé de forcer l'allure pour sortir de la forêt qui suit (segment 4) avant le crépuscule : réputée dangereuse (c'est, avec la gorge, le site d'embuscade préféré des Kormes, c'est d'ailleurs là que la colonne de Durgaut s'est faite attaquer au début de l'Épisode 1), le mauvais chemin tortueux y sera en cette saison embourbé par les ruisseaux et, avec un peu de sabotage supplémentaire (en creusant par exemple le lit d'un petit torrent pour former une combe traîtresse), l'escorte arrivera dans la vaste prairie marquant le dernier bout droit (5) en fin d'après-midi, épuisée par deux journées difficiles et fera probablement halte, croyant avoir fait le plus dur... Mais c'est justement là que l'attendra notre commando camouflé et grimé en Kormes, qui lui tombera dessus avant qu'elle ait eut le temps de souffler, laissera filer les non-combattants pour qu'ils puissent témoigner de la culpabilité des rebelles mais massacrera impitoyablement tous ceux qui pourraient les avoir vu de trop près au Marchepied ou à Solerane. En se coordonnant avec Diane pendant qu'elle s'isolera "pour pisser" le long du parcours, ça devrait marcher très bien (c'te blague).<br />
<br />
Image à rajouter<br />
<br />
<br />
<br />
== Enquête ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Solerane (Diane, Andreas, Eldan) ===<br />
<br />
Entrant en ville par la Porte Basse alors que le crachin continue, le trio d'espions improvisés passent devant les vastes écuries où des palefreniers semblent avoir rassemblé au moins une cinquantaine de chevaux, puis remontent les rues pentues et mal pavées, encadrées d'étroites maisons de pierre et d'ardoise, en direction de l'Hostellerie des Moindres, attenante au temple et tenue par les religieux locaux. Traversant au passage la grand'place surmontée d'un vaste marché couvert au bout duquel s'élève le siège de la Guilde Minière locale, ils constatent que des bouviers attèlent ou chargent des chariots sous les halles, alors que des marchands s'assemblent devant le porche du sanctuaire : ça sent le départ...<br />
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Le réfectoire de l'hostellerie est aussi sombre qu'encombré par une bonne 20aine de mercenaires pour la plupart loqueteux, de forestiers et de négociants qui semblent tous attendre qu'un sergent courtaud et obèse s'occupent d'eux : Eldan le connaît sous le nom de "La Boule" comme le membre le plus corrompu de la garde locale, qui offre fréquemment les services de ses hommes à Jornil Cuivré et laisse prospérer les coupes-jarrets qui hantent avec son fils Jorem la boutique d'un marchand de vins, "Le Carafon".<br />
Pendant que Diane réussit à se bouffer le nez avec l'épaisse bonne-sœur qui sert pain et brouet aux clients (c'est une manie), Andréas trouve son chemin vers la sacristie pour demander au prêtre s'il pourrait s'y installer pour "travailler dans le recueillement nécessaire à ses enluminures". [Sur un jet de "Contacts dans la Pègre" réussit], Eldan le brigand repenti avise bientôt un drôle de novice qui accueille les voyageurs dans la cour en semblant éviter la salle, qu'il reconnaît illico comme un croche-bourse du coin, déguisé pour pouvoir "courtoisement débarrasser les voyageurs de leurs bagages" sans se faire trop remarquer des sœurs et des vrais disciples du Culte (et puisque je peine à lui donner un nom, il le baptise "Boule-de-Suif"). Son camarade interpellé en plein travaille lui explique que La Boule est venu sélectionner les meilleurs combattants disponibles pour les intégrer à l'escorte du convoi minier, les autres devant se contenter de la moindre paye offerte à l'escorte d'une caravane marchande qui devait partir ce matin avec un troupeau de chevaux emishen, mais qui a pris du retard malgré les tentatives du Cuivré pour les faire activer, allant même jusqu'à participer à la solde des convoyeurs pour peu que les marchands acceptent d'ouvrir la route en précédant d'une journée ses propres chariots. Bien sûr, quelques piécettes peuvent toujours faire pencher le jugement de l'adipeux sergent. ''"Et sinon, on peut saluer des copains au Carafon ? _Ben non, curieusement, y a quasiment personne depuis hier, déjà : ch'ais pas où ils sont tous passés. Même la bande à Jorem elle y est pu'..." ''<br />
Mais cette "cervelle de moineau" d'Eldan aura tôt fait de perdre l'information.<br />
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Jugeant plutôt minables les guerriers déjà choisis, Diane se porte volontaire et décide de démontrer ses talents à l'arbalète en faisant tinter la haute cloche du temple d'un carreau tiré depuis le fond de la cour, selon un angle de tir particulièrement réduit par les étroites voutes du clocher et dans la visibilité voilée par la pluie et la grisaille : "Si une gonzesse y arrive, j'veux bien l'embaucher, tiens !" ironise La Boule. Et si Eldan s’éclipse vivement vers le campanile pour faire sonner la cloche du pommeau de sa dague si la Kerdane devait manquer, il n'a pas encore atteint le sommet qu'un trait ricoche sur le bourdon et faisant sonner le bronze avant de retomber côté grand' place. "Et sinon, c'est combien la paye ?" demande la tireuse d'élite d'un ton narquois, avant d'aller rejoindre la table où attendent déjà les autres vainqueurs, deux étrangers à l'air farouche et une paires de jeunes imbéciles qui se présentent comme ''"Trevan de Rigorne, chevalier errant ! _Et Gavin, son loyal écuyer. _Ah ben putain, si c'est le haut du panier j'ose pas voir le fond..."'' leur décoche Diane, toujours aimable. <br />
<br />
Informé que le convoi va de toutes façons partir le lendemain, que Diane y est embauchée, que l'éclaireur doit aller acheter quelques provisions pour le reste de l'équipe et puisque les religieux sont tous très occupés avec la foule des clients, Andréas profite du reste de sa matinée pour étudier bien tranquillement sa récente trouvaille. <br />
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(Spoiler même pour les joueurs de cet épisode : En examinant les bagues mobiles qui se découpent dans la sphère d'or-rouge héritée de Langard, le mage découvre qu'elle est à la fois un focus capable de stocker de l'Essence magique, un catalyseur qui facilite le transfert d'Énergie vitale pour la chargre plus facilement et un amplificateur doublant la portée de la plupart des sorts : bien qu'il ait du payé 2pH pour la retrouver, Andréas Odran est ravi ! Bien sûr, il ignore encore que le spectre de son défunt propriétaire y a été piégé, et qu'il se manifestera lorsque l'objet sera suffisamment rechargé…)<br />
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=== Interlude Forestier (Vignu, Herle) ===<br />
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Pendant ce temps, Vighnu et Herle se sont éloigné dans la forêt après avoir entendu de lointains aboiements : voulant voir de quoi il retourne, ils découvrent une petite chaumière isolée, où une mère de famille fend du bois avec dextérité pendant que ses deux jeunes enfants jouent en rassemblant les demi-bûches sous l’œil de deux énormes dogues de Marale, des molosses presque aussi hauts que des poneys. En s'approchant sous le vent, les mercenaires réalisent que ce doit être la demeure de Thuril le Brun : un forestier réputé dans la région et qu'Eldan leur a expliqué servir régulièrement de guide aux caravanes, en particulier celles de Jornil Cuivré, de loin son meilleur employeur. Ils envisagent un moment de kidnapper un môme pour forcer la coopération de son père, mais après avoir considéré la maman qui fend les bûches d'un coup de hache expert, l'agitation grandissante des chiens, la taille du chenil trop vaste pour "seulement" deux dogues et les probables galères d'avoir à balader un otage de 5 ou 8 ans, les deux farouches guerriers renoncent.<br />
<br />
En rejoignant leurs camarades, ils aperçoivent les traqueurs d'esclaves qui patrouillent les flancs de la montagne et se dissimulent tous si bien qu'Eldan, sorti de la ville basse pendant que le premier convoi s'y assemblait pour partir enfin, va avoir bien du mal à les retrouver. Déposant les provisions en expliquant que Diane a réussit à intégrer l'escorte, l'éclaireur repart aussitôt pour lui transmettre les derniers détails du plan et une dague empoisonnée par les bons soins de Vighnu, "en cas de besoin". <br />
<br />
«_''Pis ramène le chroniqueur, aussi : on s'arrache dès que la première caravane a fini de descendre la route. <br><br />
_''Mais vous vouliez pas que j'aille jeter un œil à la mine, pour repérer l'autre convoi ? <br><br />
_''Il part demain matin, non ? Qu'est-ce qu'on besoin de savoir d'autre ? Grouille !» <br><br />
<br />
Et ce fût leur deuxième erreur…<br />
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== Préparation du terrain ==<br />
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=== Sabotage (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
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À peine une heure derrière les quelques chariots de marchandises et le troupeau de chevaux qui labourent la route humide devant eux, le commando se met donc en marche en milieu de journée, avançant d'un pas tranquille pour éviter de les rattraper. La fin d'après-midi leur offre une vague éclaircie lorsque, quasiment à mi-pente de la gorge encaissée où les cailloux roulent sous leur pas, ils avisent un sapin qui penche déjà un peu depuis le versant hérissés de rochers du ravin : passant des cordes autour du tronc, Herle, La Poigne, Vighnu (mollement, hein, il est fatigué), Le Grêlé et Oleytan tirent de toutes leurs forces pour finir de le déraciner. Le templier défroqué s'énerve au passage et, quand ses compagnons remarquent que la chute de l'arbre n'a pas l'air très naturelle, il escalade la pente avec La Poigne pour déclencher à eux deux un éboulement susceptible d'expliquer l'accident. Après qu'une coulée de rochers se soient répandus sur la route et que le colosse ait cogné le tronc à coups de pierres pour parfaire la mise en scène et dissimuler les marques de cordages laissées dans l'écorce, l'équipe décide de souffler un peu avant de repartir... et Vighnu remarque alors une silhouette qui les observe de loin, dissimulée parmi les sapins en haut de la crête.<br />
(Si Andréas Odran a tout intérêt à garder le secret de ses talents magiques pour éviter de finir au bûcher, surtout lorsqu'il voyage avec un ex-templier, Hadrien Muraille et Adira Pratesh les ont découvert lorsqu'ils étaient enfermés dans la mine et le fehnri en a évidemment parlé à son cousin : malgré ses craintes instinctives concernant la sorcellerie, Vighnu a abordé le sujet avec Andréas qui s'est montré assez ouvert sur le sujet pour le rassurer...)<br />
<br />
Après avoir discrètement averti le reste de ses camarades de la présence d'un observateur discret et leur avoir recommandé de faire "comme si de rien n'était", Vighnu et Andréas s'éloignent innocemment loin des regard inquisiteurs en pénétrant sous les frondaisons qui bordent la gorge en se donnant vaguement l'air de chercher des plantes : <br><br />
<br />
«_''Tu peux le chroniquer d'ici, demande l'apothicaire dès qu'ils sont loin de Herle ? <br><br />
_''Assieds-toi avec moi et (Andréas sort la sphère première de son sac) pose tes mains là-dessus, là et là. <br><br />
_''Je sens que je vais pas aimer.... <br><br />
_''Sans doute mais j'ai pas l'énergie pour le faire moi-même alors tu participes où il va se tirer." <br><br />
Dès qu'ils ont tous les deux les mains sur la sphère de métal rouge, Vighnu se sent soudain très fatigué [ça lui coûte 4 points de Fatigue, mais ça fait 8pts d'Essence pour alimenter les sorts d'Andréas, qui en a bien besoin vu comme il peine depuis plus de deux jours qu'ils sont en marche] et, les yeux fermés par la concentration, le chroniqueur annonce à son camarade : <br><br />
_''Il n'y a qu'un seul type, mais il s'éloigne vers... un cheval. Plein nord, au sommet de la gorge. Il sait qu'on l'a repéré. Il se dépêche parce que... le sentier qu'il veut prendre rejoint la route un peu plus haut. <br><br />
_''Tu peux le neutraliser ? <br><br />
_''Je vais essayer mais... <br><br />
_''Fais au mieux, je préviens les autres !» <br><br />
<br />
=== Interrogatoire ===<br />
<br />
Quand Vighnu sort des bois tout essoufflé en appelant ses compagnons, il explique brièvement que le guetteur est en train de s'enfuir à cheval, mais qu'ils peuvent tenter de lui couper la route et Oleytan s'élance le premier, remontant la gorge au pas de charge, suivi de près par Eldan, Herle de Lorune et le Grêlé. Ils ont beau courir de toutes leurs jambes sur le chemin rocailleux, le cavalier dévale la pente plusieurs centaines de mètres plus haut qu'eux... et tombe de selle en atteignant la route.<br />
<br />
"Quand on sait pas monter..." grommelle Herle, dégageant l'arc qu'il avait en bandoulière en cavalant de plus belle : son cheval trottant pour s'éloigner des ennuis, le guetteur se relève à peine lorsque Lerkoren Oleytan arrive sur lui le glaive à la main, mais réussit à dégainer sa propre épée en se remettant sur ses pieds, à parer et à lui coller un grand coup de pommeau à la tempe, séchant le jeune Elloran avant qu'Eldan ne soit à portée de lame. Le cavalier esquive le coup mal ajusté du Moineau en bout de course et, voyant arriver d'autres adversaires, dégage vivement sur le versant boisé qui descend vers le torrent. Mais Herle de Lorune a stoppé et décoché une flèche, et malgré la distance elle vole entre les arbres, racle l'écorce d'un boulot et transperce le genou du fuyard [3 pions de Fatigue et 1pH : Ego' voulait vraiment le choper] qui bascule dans dans la pente en rebondissant contre les troncs et les rochers. Un instant soufflé par l'expertise du tir, Oleytan, Eldan et le Grêlé regardent le Défroqué d'un air médusé, celui-ci leur fait signe d'aller chercher leur proie et, s'asseyant pour souffler sur un rocher, débande son arc en déclamant un poème sur la rudesse de la vie au bord des eaux [il faut préciser que pendant qu'on joue sur Rolisteam, Ego' dégotte des poèmes de circonstance qu'il déclame à brûle-pourpoint quand il a besoin de libérer de la Tension : ça fait toujours son petit effet et lui obtient à chaque fois le bonus du public]. Le Grêlé en reste un moment comme deux ronds de flanc, puis l'ex-inquisiteur dégage sa dague et, descendant à la suite d'Eldan avec le mercenaire sur les talons, annonce : "Bon, c'pas le tout : au boulot."<br />
<br />
Et pendant qu'Oleytan s'éloigne pour récupérer le cheval, sous le regard mortifié d'Eldan qui a eu tant de mal à récupérer le blessé dans le torrent, à le traîner sur la berge et à lui faire un garrot, Herle entreprend d'interroger le prisonnier, d'abord en lui expliquant qu'il parlera de toutes façons et que ce n'est qu'une question de temps et de douleur, puis en tournant la flèche dans la plaie pour illustrer son propos. Alors qu'Eldan, dégouté, s'éloigne, le cavalier commence à révéler qu'il n'est que l'éclaireur d'une bande de types chargée de suivre le convoi... lorsqu'il tourne de l’œil, moins à cause de la souffrance que des blessures reçues : ayant rejoint ses camarades depuis quelques instants déjà, Vighnu l'examine et, constatant que le prisonnier cumule un sérieux hématome à la tête et des côtes fracturées à sa blessure au genou, annonce qu'il risque d'avoir un peu de mal à le garder en vie plus de quelques heures. <br><br />
<br />
«_''Et qu'est-ce qu'il a sur la poitrine, demande le chevalier ? <br><br />
_''Tatouage de voleur, explique l'assassin-apothicaire : la Confrérie du Chacal, une espèce de regroupement de brigands, mais j'ai entendu dire qu'ils commençaient à trafiquer des armes dans le coin. <br><br />
_''Non. Ce sont des démonistes ! <br><br />
_''Hein ?! Houlà, non, non, je vous assure messire ils... <br><br />
_''L'étoile à neuf branches est le signe du démon, Maître Pratesh, et cette créature doit être décapitée et brûlée séance tenante. <br> <br />
_''Quoi ?! Mais non, enfin, on allait l'interrog... <br><br />
_''Nous ne tolérerons pas l’œuvre du démon et vous n'en serez pas complice, Maître Pratesh, ou bien vous aurez à faire à moi !» <br><br />
<br />
Malgré les protestations de ses camarades, Sire de Lorune défait le long paquet qu'il a sur le dos depuis le départ et en dégage une lourde épée bâtarde à la lame gravée de runes antiques et dont la garde rougeoyante rappelle à Vighnu une certaine sphère : avant qu'il ne puisse s'interposer, l'épée s'abat et la tête du malheureux tombe, tranchée net, entre ses genoux [oui, Herle vient d'exécuter le "peunj-d'information" pour produire une Réaction à 5]. <br />
<br />
Image<br />
<br />
=== Fuite ===<br />
<br />
"D'autres cavaliers arrivent !" les avertit Oleytan depuis le chemin, où il monte maintenant le cheval récupéré. Ne sachant pas s'il s'agit de brigands ou de simples civils et préférant éviter de laisser une "scène de crime" qui mette la puce à l'oreille du convoi, les mercenaires bascule le corps dans le torrent et dégage vers l'aval, histoire de dépasser leur éboulement avant d'être vus. Emportant la tête pour la brûler plus tard, Herle s'élance sur le chemin à la suite de ses camarades. Ce n'est que lorsqu'ils ralentissent au bas de la gorge qu'ils s'avisent qu'ils ont oublié Andréas et La Poigne, à qui Vighnu avait ordonné de rester près du chroniqueur pour le protéger : <br />
<br />
«_''Non mais ils sont pas débiles, non plus, ils auront dégagé en nous voyant passer... <br><br />
_''On parle de La Poigne là : le gars qui reste allongé près de l'arbre les yeux fermés pendant qu'on poursuit un cavalier parce qu'on lui a dit de faire "semblant de rien". <br><br />
_''Bon, Oleytan, tu retournes les chercher à pied en passant par les crêtes, on se retrouvera près du gué.» <br><br />
<br />
Et le matériel chargé sur le cheval, notre commando hautement qualifié repart d'un pas tranquille sous la bruine persistante.<br />
<br />
=== Reflexions ===<br />
<br />
Sous les pas des mercenaires, une plaine vallonnée, couverte de hautes herbes et parsemée de bosquets, succède bientôt à la forêt escarpée. Une éclaircie illumine le paysage et, quoiqu'en regardant régulièrement par-dessus leur épaule, les PJ en profitent pour sécher un peu en devisant sur la suite. Ce n'est qu'en arrivant au bord du fleuve que Herle insiste pour faire une pause et observer sérieusement les environs, des fois que les Démonistes (''"Mais c'est juste des petits truands qui se donnent un genre ! _Des dé-mo-nistes !"'') aient posté un autre guetteur ou que la première caravane soit encore à portée de vue. Les abords de l'Anil'wel ("la Rivière du Passé") sont remarquablement calmes, mais la profondeur des empreintes de chariot laissées sur la berge intrigue le templier : <br />
<br />
«_''Qu'est-ce qu'il y avait exactement dans ces chariots, Eldan ? <br><br />
_''Heu... un de draps et fourrures, un de ferronnerie, chaudrons, ce genre de trucs, et puis un p'tit chariot de matériel, les vivres de l'escorte, tout ça. <br><br />
_''Grand et gros, le chariot de chaudrons ? <br><br />
_''Pas très non, pourquoi ? <br><br />
_''Parce je commence à me dire que si j'étais un maître-contrebandier qui se méfie d'une attaque sur le convoi le plus important de l'année, j'aurais peut-être bien camoufler le vrai chargement dans la première caravane et tendu une embuscade autour de la seconde…» <br><br />
<br />
Après avoir passé le fleuve, et puisque la journée touche à sa fin sous les nuages noirs qui s'accumulent à l'est (''"Gros orage en provenance de la mer, annonce le Moineau. _Trouve-nous un bon site de bivouac, faut qu'on puisse se reposer ce soir."'') le groupe discute toujours de ses soupçons en interrogeant Eldan sur milles détails, puisqu'ils est le seul parmi eux à s'être rendu en ville et à avoir observé les préparatifs de départ. Montant un campement étonnamment confortable à base de branchages installés entre de gros rochers, sur les contreforts des hauts plateaux à l'ouest de la route (en limite de zone 4, sur la carte) et bientôt rejoints par Oleytan suivi d'Andréas juché sur le dos de La Poigne, l'équipe continue de réfléchir à l'idée du Templier.<br />
<br />
Et, à force de se creuser la cervelle, Eldan commence à se remémorer divers détails troublants (les mises en garde du Capitaine ; la désertion du Carafon (d'ordinaire quartier-général des truands et en particulier des séides de Jorem Cuivré) ; Jornil qui pressait le premier convoi de partir au point de payer une partie des frais de l'escorte, finalement un peu excessive pour des marchandises sans grande valeur et comptant assez peu de cavaliers pour que le troupeau de chevaux soit sa principale préoccupation ; les drôles de "barbares" qui trainaient à l'Hostellerie avec Diane), Andréas raconte sa première rencontre avec les Chacals au Cercle des Cascades, Vighnu et Eldan ajoutent leurs connaissances sur la pègre du nord... Il leur faut un moment pour constituer une théorie viable mais, lorsque Herle de Lorune revient de l'incinération de la tête tranchée, ses compagnons se sont rangés à son avis : le butin est caché dans la première caravane (qui n'a que 3 ou 4 heures d'avance sur eux et a du elle aussi s'arrêter pour la nuit), et le deuxième convoi est un piège à leur intention, pour lequel Jornil a embauché les Chacals, originellement venus des Sylves, tout comme Urgrand le sorcier barbu qui les a mis en relation avec les rebelles.''"Je vous avez bien dit que c'était des démonistes ! Quand on aura fini cette mission, faudra faire la peau à ce sorcier. _Nous en reparlerons certainement, sourit Vighnu."''<br />
<br />
=== Interlude Lointain ===<br />
<br />
Pendant ce temps à Tal Endhil, le Capitaine prend Ranyella Sotorine à part à la fin d'une des nombreuses sessions qui occupent la Guilde depuis le début de la semaine et, alors qu'il voulait lui parler transport nautique et diplomatie locale, la cheffe kerdane lui remet 4 pièces d'argent : ''"À quel titre ? _Une de vos mercenaires a envoyé un message à Écume 6 en demandant qu'on lui envoie une barge au Lac d'Acier. La réponse est que nous avons déjà perdu une barge récemment, que ma famille a autre chose à faire et que la mercenaire en question a perdu le privilège de faire appel à nous : vous seriez gentil de transmettre. _Oh... merde !"'' <br><br />
Et le Capitaine fonce illico au Cercle des Cascades, insiste pour parler urgemment à quelques chamans de sa connaissance et fini par demander à Kal Shemon'Lon de bien vouloir passer un message à Vighnu et Andréas : "Seulement si j'peux mett' un monstre marin. Ça donne du cachet aux visions, les monstres marins. Hihi."<br />
<br />
<br />
<br />
== Infiltration ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Soirée à Solerane (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
À l'Hostellerie des Moindres, après qu'Eldan soit passé en coup de vent lui déposer une dague empoisonnée (''"T'aurais rien de plus liquide, pour épicer les vivres de l'escorte ? _Ah heu ben non, mais j'vais demander à l'apothicaire."'': jamais revenu), Diane fait connaissance avec ses futurs compagnons de route : si les deux "barbares" au poil noir et à l'air revêche ne font toujours aucun effort pour converser dans la Langue des Pères, elle découvre que le jeune "chevalier errant" Trevan de Rigorne et son fidèle écuyer sont venus au nord "en quête de gloire et d'aventure" et que, malgré leur bref engagement dans les troupes mercenaires ("parce qu'on y voit plus d'action !"), l'aventure leur a fait jusqu'ici plutôt défaut : une escorte de caravane vers Celanire (et quelques troubles sur place dus à l'arrivée d'un nouveau prêtre assez radical), mais toujours pas de glorieux combat. Ils comptaient s'engager dans les troupes d'un héros local, le fameux Capitaine Durgaut de Tal Endhil ("Qui ? Non, 'connais pas...") mais comme Trevan est incapable de réduire son train de vie, les voilà pour l'instant fauchés et ils repartent vers Darverane avec le fourgon de métal, dont le jeune chevalier espère bien qu'il sera attaqué (pour se couvrir de gloire), afin de gagner assez d'argent pour un second cheval (Gavin l'écuyer se plaint de courir derrière depuis deux mois).<br />
<br />
Un très bref duel d'entraînement avec lui permet par contre à Diane de constater que Trevan est extrêmement bien entraîné à l'épée, malgré son inexpérience du combat réel et sa rafraichissante "naïveté". Si son écuyer a d'avantage les pieds sur terre, Diane ne doute pas de pouvoir par contre les manipuler (et ne se préoccupe pas plus que ça d'aller jeter un œil au fourgon ou à la mine).<br />
Elle rencontre bientôt Thuril le Brun, le massif forestier accompagné de deux dogues en charge de guider le convoi, qui vient les avertir d'être prêts le lendemain avant l'aube.<br />
<br />
=== Rêves collectifs (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
Pendant qu'elle dort tranquillement à l'Hostellerie, le tumulte de l'orage qui s'abat sur la plaine est bientôt interrompu par un hurlement de frayeur : sous son abri de branchage, Vighnu vient de s’éveiller d'un horrible cauchemar, une histoire de barques irrémédiablement coulés et de monstre marin qui le dévorait. <br><br />
<br />
«_''Ça commençait par un faucon ricanant dans la nuit et finissait par un petit oiseau qui te guidait vers un sentier lumineux dans la montagne, demande Andréas ? <br><br />
_''Heu... oui, mais je t'avoue que je me suis réveillé après le poisson géant. <br><br />
_''C'est drôle, moi j'ai juste vu une espèce de grosse murène rôder dans l'eau, mais à part ça, je pense qu'on a fait le même rêve, envoyé par Kal Shem'... <br><br />
_''C'est important les rêves, coupe Herle de Lorune, ce sont souvent les Ancêtres qui nous les envoient. <br><br />
_''Voilà. <br><br />
_''J'allais le dire. <br><br />
_''Et dis-donc, le Moineau, un chemin dans la montagne, ça te dit quelque chose ? <br><br />
_''Ah heu...oui. Le Capitaine avait prévu une solution de secours si on trouvait pas d'embarcations, c'est au nord de Celanire. <br><br />
_''Et c'est fiable ? <br><br />
_''Les plans du Capitaine sont toujours fiables ! <br><br />
_''Suis-je bête. Bon ben demain on peut s'épargner d'aller voir si les Kerdans sont arrivés à la presqu'île et foncer plein sud dès l'aurore pour rattraper le convoi...» <br><br />
<br />
=== Départ du convoi (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
Et le jour n'est pas encore levé que Diane, Trevan, Gavin et les deux barbares Sylvains dont elle n'a tiré que les noms (Rumbold et Jaromir) rejoignent avec Thuril la mine de cuivre, un véritable petit fortin dont sortent bientôt des cavaliers (dont Craie et Esteval, qu'elle reconnaît et qui la reconnaissent, mais aussi un jeune gandin qui s'avèrera vite être Jorem Cuivré, le fils du grand patron), quelques fantassins supplémentaires, un lourd fourgon de chêne fermé par une porte cadenassées et un petit chariot de matériel tiré par des mules. Retraversant la ville vers la porte basse dans le fracas des roues et des bêtes sur le pavé, le convoi descend laborieusement la route vers le Marchepied en brinquebalant (''"Bloumboudoum font les coffres dans le fourgon fermé. _Super : tu fais vachement bien le coffre. _Okaaay... _Ben quoi ?"'') puis oblique plein sud dans le petit matin.<br />
Très vite, l'arbalétrière comprend qu'entre Craie, Thuril et Jorem, il y a deux chefs de trop dans ce convoi, et en profite pour attiser les inimitiés au sein de l'escorte. Dès qu'elle et d'autres piétons sont employés à retenir les chariots dans la route pentue qui serpente le long du torrent, il lui vient une autre idée pour ralentir le convoi : profitant d'un dérapage du fourgon (''"moins lourd qu'il n'y parait... _Ben tant mieux.") ''<br />
<br />
sur la route bourbeuse, alors qu'elle tirait de l'arrière, Diane s'arrange pour que le véhicule passe sur l'un des cochers descendu pour freiner par l'avant, et le conducteur hurle lorsqu'une des roues de bois ferré lui sectionne la jambe à hauteur du genou. Dégager le pauvre gars et lui prodiguer les soins nécessaires, quoique probablement inutiles (le type ne s'en sortira pas sans un bon chirurgien) stoppent le convoi pendant un long moment. Diane en profite d'ailleurs râler sur la paye, semer encore un peu plus la discorde dans l'escorte et monter Trevan de Rigorne contre Craie en proposant de rentrer à Solerane pour repartir du bon pied, mais l'esclavagiste albinos est vite soutenu par Esteval et, à eux deux, ils ramènent un semblant de discipline dans l'équipage qui reprend la route.<br />
<br />
Toujours attentive aux alentours, Diane commence à avoir l'impression distincte que des bruits de sabots suivent le convoi par les crêtes et, lorsqu'elle propose d'aller voir, Craie insiste pour envoyer plutôt Jaromir et Rumbold, les deux Sylvains. <br><br />
<br />
«_''Dis-donc Trevan, demande-t-elle au jeune chevalier, les deux barbares, là, ils ont été sélectionnés comment ? <br><br />
_''Je ne sais pas, Mademoiselle : je ne crois même pas que le gros sergent les ait mis à l'épreuve, ils ont été embauchés tout de suite. <br><br />
_''Tiens donc..." Et bien sûr, lorsque les deux éclaireurs reviennent "sans avoir rien trouvé", Diane et Gavin espionnent leur bref rapport à l'albinos, la Kerdane entendant quelque chose comme "perdu un gars... <br><br />
_''Dis-leur de garder leurs distances, merde !» <br><br />
<br />
Lorsque le jeune chevalier et un des Sylvains, chevauchant tous deux à l'avant-garde, signalent un l'éboulement barrant la route, le convoi s'arrête à nouveau, l'escorte se déploie en position défensive et la Kerdane décide d'escalader le pierrier pour en avoir le cœur net : trouvant les empreintes de deux paires de très grands pieds, elle déduit que l'éboulement est l’œuvre de La Poigne et du Défroqué, mais préfère inquiéter les autres pour perdre encore du temps. Le convoi ne repartant qu'après avoir utilisé les mules pour traîner le sapin tombé hors du chemin, Diane s'installe à côté de Thuril le Brun sur le banc du fourgon et entreprend de lui expliquer qu'il se passe des choses très bizarres autour de ce transport, surtout que les Sylvains et Craie semblent comploter un truc bizarre avec des cavaliers qui les suivent [Réaction de Témérité à 5]. Manifestement surpris (et convaincu), le Brun essaye pourtant de dissiper les soupçons de la Kerdane mais ne parvient qu'à éveiller de nouveaux doutes : le guide serait-il de mèche avec d'autres gars voulant braquer le convoi ?<br />
<br />
=== Fuite meurtrière ===<br />
<br />
Avec tout ce temps perdu, il fait déjà presque nuit lorsque la caravane fourbue s'installe pour camper juste avant le gué et que Craie insiste pour envoyer les deux Sylvains et Diane "chercher du bois pour le feu", à bonne distance du camp puisque les premiers bosquets sont à plusieurs centaines de mètres. Méfiante, la Kerdane avertit Gavin et ne suit les deux barbares qu'en traînant les pieds et son arbalète sous le bras, le temps de chercher une solution : elle observe le terrain en détail, évalue les distances... Lorsqu'elle réalise que Craie et Esteval arrive derrière elle depuis le camp alors que les Sylvains la prennent en tenaille par l'ouest, elle se penche pour ramasser une branche morte... et disparaît complètement dans les taillis et le soir qui tombe.<br />
<br />
[À 4 contre 1, Diane est sérieusement dans la mouise, surtout qu'Orlanth refuse d'employer ses pH pour autre chose que progresser. Mais briefé en détail sur les options tactiques d'un sniper et anticipant finement sur ses Mises, il va commencer par un énorme jet de préparation, dégageant 16 pts de bonus temporaires qui ne vont pas être de trop...]<br />
<br />
Transmettant des indications par signes aux deux Sylvains, Craie et Esteval resserrent l'étau autour de la Kerdane... Du moins le croient-ils car, camouflées dans un bosquet à quelques distance, elle se trouve déjà hors de "l'encerclement" et visant soigneusement, elle attend le bon moment pour tirer en comptant sur la fatigue et la tension de ses adversaires. Et lorsque que, croyant avoir vu un buisson bouger, Craie fait claquer son fouet dans le feuillage, l'arbalète claque sans être entendu et Esteval s'écroule sans un râle, un carreau lui ayant perforé le crane par l’œil gauche. Jaromir, l'éclaireur sylvain qui progresse discrètement l'arc tendu, est maintenant la cible la plus excentrée : Diane recharge et lorsque l'albinos -dont les longs cheveux blancs se distinguent nettement malgré le crépuscule- se retourne pour appeler à voix basse son camarade disparu, un second trait claque et se fiche dans la trachée de l'archer, qui s'effondre en gargouillant du sang.<br />
<br />
Immédiatement, Rumbold et Craie comprennent qu'on leur a retourné l'embuscade et cherchent un couvert, mais l'esclavagiste commet l'erreur de vouloir reprendre l'offensive : dégainant son tranchoir et ré-enroulant son fouet, il s'élance en zigzaguant entre les rares bouleaux pour atteindre l'origine du tir... où Diane n'est déjà plus. Et lorsqu'il se retourne pour la chercher du regard, un carreau l'atteint en plein front. <br />
<br />
Alors que des voix commencent à se faire entendre vers le campement, le dernier Sylvain récupère l'arc de son compagnon et, restant prudemment à couvert, scrute le sous-bois en se déplaçant silencieusement vers l'ouest et les profondeurs de la forêt. Rumbold lâche une flèche lorsqu'une ombre se détache brièvement parmi les arbres mais manque de plusieurs coudées, et les deux tireurs continuent leur lente et silencieuse danse parmi les taillis, s'éloignant toujours plus du camp vers la forêt, chacun cherchant à repérer sa cible autant qu'à réduire la distance en restant à couvert... Mais lorsqu'il atteint une longue clairière, le Sylvain doit choisir s'il s'arrête ou s'aventure à découvert et, manifestement décidé à continuer vers l'ouest ou les arbres sont plus dense [et lui permettrons de réduire l'avantage fournit par la portée de l'arbalète], il s'élance soudain au pas de course : il n'a pas fait 10 pas qu'un carreau le cueille en pleine cuisse. Il riposte pourtant, mais manque encore et, étalé dans les hautes herbes, à flèches, il a le réflexe de ne plus bouger et d'attendre que la Kerdane soit obligée de s'approcher : lorsqu'une silhouette blonde apparaît, il se redresse sur un bras pour lancer sa hache mais un dernier carreau lui perce le crâne avant qu'il ait pu finir son geste.<br />
<br />
Accroupie à la lisière des bois, Diane écoute la nuit en reprenant son souffle : s'il lui semble entendre un lointain piétinement de sabots dans la forêt, une chouette ulule à l'ouest quand elle reconnaît le timbre de Trevan approchant par l'est et appelant à mi-voix "Mademoiselle ? Mademoiselle ?". Elle fouille rapidement le corps de Rumbold, récupère le projectile qui saillit de sa jambe et, en plus d'un curieux appeau, d'une solide dague, de quelques pièces de cuivre et d'un lacet d'étrangleur, elle découvre un curieux tatouage sur son sternum, une sorte de loup très mince sur fond d'étoile et de forêt. Soufflant tout bas dans l'instrument, elle émet une sorte de ululement et comprends que d'autres Sylvains appelaient leurs compagnons. <br />
<br />
Quand le jeune chevalier la rejoint enfin, troublé de constater qu'elle vient d'abattre 4 hommes dont leur chef (et qu'il a encore manquer l'action), elle n'a guère le temps de lui expliquer la situation en détail mais, avec l'aide de Gavin qui finissait de fouiller les corps, parvient à le convaincre qu'elle est "la gentille" de l'affaire. Et qu'ils sont tous en danger : il faut fuir, tout de suite, sans repasser par le camp. ''"Mais je ne peux tout de même pas abandonner mon destrier, proteste le "chevalier errant" ! _Et puis j'ai trouvé la clé du fourgon autour du cou de Craie, fait remarquer Gavin : ça vaudrait le coût de jeter un œil..."'' (On pourra pas dire que j'ai pas essayé.) <br />
Diane hésite un instant, car la tentation est forte, mais se ravise et, tirant doucement le chevalier confus par le bras, elle l'entraîne avec son écuyer vers le fleuve, contourne le camp par la rive, trouve le gué malgré la nuit et, alors qu'un fort tumulte et une cavalcade semble agiter le bivouac derrière eux, ils disparaissent dans la nuit et les flots grondant...<br />
<br />
Ils marchent depuis plus d'une heure, que le chevalier a passé à se plaindre de la perte de son cheval, du poids de son pavois et de ses pieds douloureux, lorsque Diane et Gavin réalisent que des cavaliers sont à leurs trousses : quittant le chemin pour tailler à travers bois, le trio sème temporairement ses poursuivants dans l'épaisseur des taillis et tente de prendre un maximum d'avance avant l'aube (passant sans le savoir à peu de distance de l'endroit où, la nuit précédente, ses compagnons ont campé pour s'abriter de l'orage).<br />
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== Dernier tronçon ==<br />
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=== Sabotage d'un chariot ===<br />
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Durant la journée, Vighnu, Andréas sur le cheval, Herle de Lorune, Eldan, Oleytan, le Grêlé et la Poigne ont continué d'avancer à marche forcée sur la route forestière (segment 4 du trajet) détrempée tant par l'orage de la nuit que par les quelques ruisseaux qui s'écoulent vers le lac, grossis des eaux de pluie. Eldan, le plus leste de la bande, a rapidement pris de l'avance sur le reste du groupe en espérant rattraper la caravane assez tôt et trouver moyen de la ralentir jusqu'à ce que ses camarades le rejoignent. Et en effet, lorsque l'après-midi touche à sa fin et que le Moineau émerge de la forêt (début de zone 5), il découvre le troupeau de chevaux paissant tranquillement dans la grande prairie en bordure du Lac d'Acier, près des trois chariots arrêtés au bord du chemin entre lesquels les voyageurs ont allumé un petit feu pour sécher leur paletots. La moitié d'entre eux prennent d'ailleurs le soleil ou nettoie leur vêtements bourbeux sur la berge pendant que les autres cassent la graine et se reposent de la rude journée qu'ils viennent de passer à pousser les carrioles dans le chemin forestier tout à la fois étroit, sinueux, bourbeux, rocailleux et coupé par les crues miniatures (argl).<br />
<br />
Profitant des hautes herbes et de ce que seulement trois sentinelles semblent encore (vaguement) se préoccuper de monter la garde, le Moineau progresse par l'ouest, traverse la route sans être vu et se glisse subrepticement jusqu'au chariot de ferronnerie. Il entreprend alors d'arracher avec sa dague les clous qui maintiennent une des roues arrières sur l'essieu, mais il n'a pas tout à fait le temps de finir que l'arrivée de l'unique sentinelle à cheval, qui commence à réunir les chevaux égayés e vue du départ, l'oblige à se dissimuler sous la carriole. Son mouvement d'ailleurs trop vif et trop peu discret fait se cabrer l'un des chevaux, la sentinelle descend de selle pour voir ce qui se passe alors qu'une autre est descendue du chariot de draps (étrangement le seul où un garde soit resté en faction) : Eldan, bientôt coincé, ne s'échappe qu'en profitant d'un instant d'inattention né du chef de convoi qui bat le rappel de ses compagnons, juste le temps pour lui de retraverser la route et de s'éloigner en rampant dans les hautes herbes. Néanmoins, la roue d'un des chariots ne tient plus que par un clou et l'éclaireur a reconnu l'homme qui gardait le chariot "de draps" : c'est Darjodrahl, le garde du corps/assassin hornois de Jornil Cuivré en personne, et sa seule présence indique qu'ils ont vu juste...<br />
<br />
[Là, vous comprendrez que j'ai un problème spatio-temporel massif : Diane/Orlanth a toujours environs 24h de retard sur les autres joueurs, qui eux sont à moins de 24h de l'objectif réel, et d'ailleurs la caravane va arriver à l'Auberge du Pont. Si je laisse tourner la chronologie normalement, Diane ne rattrapera ses compagnons que bien plus tard, probablement après que l'action soit terminée : c'est vraiment con. Alors comme pour une fois j'ai mes 4 joueurs-combattants ensemble (ça n'a a été le cas que deux séances sur sept), je fais une entorse à mes principes pour mon Orlanth préféré, Diane passe donc à travers une faille temporelle et rejoint ses camarades, qui pour la plupart n'y ont vue que du feu.]<br />
<br />
=== Regroupement et combat (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Trevan, Gavin, Diane) ===<br />
<br />
À la lisière des bois, le reste de la troupe s'est arrêté pour faire une halte après 10h de marche forcée qui lui ont "presque" permis de rattraper le convoi, lorsque Oleytan à l'arrière-garde annonce trois piétons mal en point qui clopinent vers eux : c'est Diane la Kerdane et deux inconnus, dont un sérieusement blessé. Le trio de fuyard a en effet été rejoint par quelques cavaliers-chacals dans la journée et, lorsqu'un bref combat, Diane en a abattu un de plus, Trevan en a blessé un deuxième et le troisième a planté sa lance dans le flanc du pauvre Gavin avant d'être "héroïquement mis en déroute" par le chevalier errant (et donc il s'est barré, quoi). Rapidement mis au courant des mésaventures les uns des autres malgré l'insistance du chevalier qui veut savoir s'ils sont des "malandrins" (''"Ben heu... on est des bandits d'honneur qui volons aux riches pour donner aux pauvres et défendons les petites gens contre l'oppression._Vrai ? Quelle aventure ! Je suis bien content de vous avoir rencontrés et de pouvoir joindre mon épée à votre noble cause ! _C'est qui ce débile, exactement ?"'')<br />
, tous s'accordent à dire que les deux priorités du moment sont qu'ils ont 1) encore une petite heure de retard sur leur objectif et 2) seulement une courte avance sur les 6 ou 7 cavaliers qui poursuivaient encore Diane, Trevan et Gavin. "Ça tombe bien, fait remarquer Vighnu : on va avoir besoin de chevaux."<br />
<br />
Une fois l'équipe déployée autour de l'appât constitué par Gavin (rapidement rafistolé par Andréas) et Trevan installés au bord de la route, le "combat" est aussi rapide qu'unilatéral : Diane snipe le premier cavalier, le second reçoit une flèche de Herle avant d'être démonté d'un grand coup d'épée par Trevanet si les 4 autres qui les suivaient freinent à bonne distance pour descendre de cheval, ils découvrent vite qu'ils sont encore à porter de tir quand l'arbalète fait une seconde victime et qu'un autre adversaire prend une flèche dans la hanche en descendant de cheval. Les deux derniers, d'abord décidés à profiter du couvert des sous-bois pour arriver au contact voient bientôt le chevalier, le Grêlé, Vighnu et la masse du Templier s'avancer vers eux, et se dispersent dans les taillis dans l'intention manifeste de se carapater. C'était sans compter sur l'inhumaine discrétion de la Poigne, qui éclate à la masse le crâne du malheureux qui avait presque réussi à surprendre l'assassin (longue journée + problèmes de cœur : petite forme, le fehnri) et lorsque ce dernier se met en quête de l'ultime ennemi rescapé, il le trouve affalé sur le ventre et ligoté par le layss d'Oleytan, d'ailleurs assis sur son dos. <br><br />
<br />
«_''Très bien mon gars ! Allez, on le ramène aux autres et... <br><br />
_''Non. <br><br />
_''Je te demande pardon ? <br><br />
_''Non, Vignupratesh : cet homme est mon prisonnier, et il porte un tatouage. Je ne laisserai pas tes cinglés de compagnons massacrer un vaincu. Je comptais le laisser repartir après que nous ayons pris du champ. <br><br />
_''Mais c'est une très mauvaise idée, mon ami : il va rejoindre ses compagnons... <br><br />
_''C'est son droit. <br><br />
_''...les alerter sur notre position. <br><br />
_''Bah je peux lui trancher un mollet, si tu veux : il devra repartir en boitant et ne rejoindra les siens que bien après que nous soyons partis. <br><br />
_''Hem... bon écoute, je vais voir où en sont les autres et je reviens vers toi, d'accord ? <br><br />
_''Chouette : tu peux me ramener à boire ?» <br><br />
<br />
Et leur seul autre prisonnier, blessé à la hanche, est une prise inattendue : Jorem Cuivré, soi-même. Terrifié et enfiévré par la douleur, le propre fils du patron-minier balance tout ce qu'il sait dès que Herle et Diane froncent les sourcils : oui, son père se doutait qu'il serait attaquer et a conçu la ruse des deux convois, oui il a embauché les Chacals à sa demande par l'intermédiaire d'un contact qui trafique du sel et d'autres marchandises "tombées du chariot" entre Darverane et Solerane, oui ils se doutaient bien que le Capitaine Durgaut était derrière tout ça mais son père ne pouvait pas se permettre de faire attendre Rhilder. " <br><br />
<br />
«_''Mais pas du tout, mes fringants compagnons et moi-même sommes des bandits d'honneur qui volons aux riches pour... <br><br />
_''Non arrête, Trevan, t'es chiant : on bosse pour Durgaut, en fait. <br><br />
_''Quoi ? Palsambleu mais alors vous m'avez roué ! Quelle aventure ! <br><br />
_''Mais vosu êtes cons, pourquoi vous balancez un truc pareil devant le prisonnier ?! <br><br />
_''Parce qu'il va pas repartir de toutes façons..." explique Vighnu avant de lui trancher la gorge [Réaction Cynisme 5 : ouch !].<br />
Et abandonnant ses compagnons avec le chevalier errant qui fait un scandale, il entraîne Diane vers l'endroit où il a laissé Lerkoren Oleytan en lui expliquant la situation : <br><br />
_''Mais quel chieur ! 'Sont tous comme ça vos venteux ? <br><br />
_''C'est pas la question : je compte sur toi pour abattre le prisonnier après qu'on l'ait "libéré". <br><br />
_''Pas de problème mais faut pas que le môme me repère... <br><br />
_''Je t'aiderai.» <br><br />
<br />
Et, en effet, Vighnu fait assez de boucan en rejoignant son jeune ami pour que l'approche de la Kerdane passe inaperçue : une fois le prisonnier ahuri rendu à la liberté sans arme et avec un talon d'Achille tranché (''"Rhaaaaaaaaa ! _Pis traîne pas mon gars, parce qu'avant la nuit, y aura des loups..."''), Vighnu ramène Oleytan vers leurs compagnons en l'entretenant de ses soucis sentimentaux, que le jeune Elloran ne comprend que trop bien. Cette émouvante confession les empêche d'entendre le claquement d'une arbalète qui vient de mettre fin à une très brève fuite, après quoi Diane rejoint les autres pour récupérer les carreaux qui, ayant atteint des parties molles, peuvent encore être extraits à la dague (faut dire qu'elle n'en a plus que 7, avec tout ça). <br><br />
Le temps de répartir les désormais 9 cavaliers, dont un blessé, sur les 7 chevaux disponibles (_''Quelle malchance : aucun d'entre eux ne montait mon cher destrier ! _Couillon, moraliste et obssédé par son canasson : il est pas venteux votre chevalier, des fois ?"'') et la troupe repart au galop à la poursuite du convoi.<br />
<br />
Eldan, rapidement récupéré et pris en croupe, explique qu'il a pu confirmer que le butin était dans le chariot de draps et saboter la carriole de ferronnerie, mais que la caravane a repris sa marche et qu'elle a encore repris près d'une heure d'avance. Trottant de leur mieux sur leurs chevaux déjà éreintés, les mercenaires fourbus voient s'amenuiser leurs options en même temps que le soleil couchant : s'ils peuvent encore rattraper leur objectif avant l'Auberge fortifiée (d'autant que la roue déclouée peut céder n'importe quand), il leur faudrait encore prendre le temps de se déguiser en Kormes, abandonner pour cela leur matériel le plus avantageux, attaquer en plaine, couper la fuite à quiconque sauterait sur un des 50 chevaux pour donner l'alerte, défaire une quinzaine de "gardes" (dont au moins 4 professionnels dignes de ce nom et Darjodrahl) à seulement 8 combattants, rafler le butin et dégager à travers champs avant que des renforts n'ait pu intervenir depuis le fortin : <br><br />
<br />
«_''C'est pas la peine de se casser le cul à galoper, fait remarquer Vighnu : on est tous trop crevés pour se battre efficacement. Il faut trouver autre chose... par exemple s'introduire à l'Auberge du Pont cette nuit, avant que la caravane ne reparte pour Darverane avec trois ou quatre fois plus de monde. <br><br />
_''C'est ça, on va trimballer 200kg de coffres blindés par-dessus les remparts et tout le monde trouvera ça normal. <br><br />
_''J'ai peut-être une idée, propose Eldan : je sais que le chariot de ferronnerie est destiné à Celanire, alors si on pouvait remplacer discrètement le contenu des coffres par des fers à cheval et d'autres objets en fonte pour planquer le butin sous les chaudrons, on aurait plus qu'à attaquer demain matin un p'tit chariot presque sans escorte allant justement dans la bonne direction. <br><br />
_''Mmmmh... et tu ferais ça comment ? <br><br />
_''Ben on j'pourrais entrer à l'auberge avec Gavin en innocent blessé et l'honorable médecin-érudit Andréas, on repère les lieux et le butin, pis on aide Vighnu, Oleytan et tous ceux qui savent grimper et se faire discrets à passer la muraille, pis on s'introduit là où sont gardés les chariots, on se débrouille pour changer le butin de carriole sans faire trop de bruit, les grimpeurs repartent pis, le lendemain, ni vu ni connu, on braque le transport de chaudrons sur la route de Celanire. <br><br />
_''Mais dis donc, tu sais que si on laisse quelques gars à l'extérieur pour éviter que les gars du deuxième convoi nous tombent dessus à l'improviste ou viennent raconter des âneries à la garnison locale, ça pourrait presque marcher, ton affaire ? <br><br />
_''Très bien, jeune homme : je suis ravi de constater qu'on ne t'a pas emmené pour rien...»'' conclue le Défroqué. <br><br />
<br />
<br />
<br />
== A l'Auberge du Pont ==<br />
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=== Première nuit ===<br />
<br />
Pendant que le reste du groupe se dissimulait avec les chevaux dans un bois, Eldan le Moineau, Gavin l'Écuyer blessé et Andréas, sous l'identité d'un érudit de Brasure, ont précédé la caravane à l'Auberge du Pont pour observer son arrivée et ses mesures de sécurité. Ils y ont découvert que la herse qui barre le fameux pont était baissée suite à des attaques répétées des Kormes sur la route vers Darverane (qu'on leur avait annoncée "rouverte") : les voyageurs et marchandise s'accumulant alors dans l'auberge envahie de tentes, de chariots et de bien plus de résidents qu'elle n'en peut héberger ou même nourrir, et les prix y grimpaient de manière délirante.<br />
<br />
Une fois les hommes de Jornil Cuivré arrivés et le chariot "de draps" (dissimulant les coffres que visent nos vaillants mercenaires) bouclé pour la nuit dans une grange gardée, Eldan observa les lieux pour chercher le meilleur point d'entrée (la garde mercenaire habituelle est doublée d'un contingent de l'armée régulière qui semble obéir à Darjodrahl, le lieutenant hornois du Cuivré), il manqua d'être lynché en accusant publiquement une jeune tire-laine plus charismatique que lui, Andréas fit le tour de l'auberge sur-bondée et récupéra la bourse volée au Moineau, puis Gavin sortit brièvement pour prévenir ses (autres) camarades de la situation avant que les portes ne soient fermées pour la nuit et tous trois se retrouvèrent au spectacle donné par les saltimbanques dans la cour...<br />
<br />
Les autres mercenaires ont d'ailleurs passé un début de soirée tendu, la journée les ayant laissés sur les nerfs. Tout particulièrement Vighnu chez qui les affres sentimentaux s'ajoutaient à la tension et à la fatigue de cette mission [il trimballe toujours ses deux points de "Trauma" (rebaptisés "Marques" depuis la dernière réécriture du système) dus à ses problèmes avec Islinna) et pète donc les plombs beaucoup plus souvent que d'habitude. C'est d'ailleurs d'autant plus intéressant que, sa principale Réaction étant le Cynisme, le fait même qu'il soit fâché avec sa douce parce qu'il est un assassin cynique l'incite à se comporter en assassin cynique. Comme dit souvent mon collègue "Cancrela", «Ça devrait s'appeler "nÉvrotic"...».] Le fehnri était en fait tellement stressé que lorsque Gavin est venu leur annoncé que le chariot était sous clé et qu'Eldan s'était fait gravement repéré en perdant sa bourse et en déclenchant un esclandre, Vighnu a sorti sa dague pour la lui coller sous la gorge en gueulant "Mais vous êtes complètement cons nomdedju, on peut rien vous confier !". Immédiatement, il a senti l'acier froid de l'épée que Trevan de Rigorne lui posait sur la nuque, Herle de Lorune a dégainé son nerhil pour piquer la pointe sous le diaphragme du chevalier errant, Diane a braqué son arbalète chargée sur l'oreille du précédent et le Grêlé, passant sa lance entre le fehnri et l'écuyer, a finalement demandé de son habituel ton sarcastique si la mission intéressait encore quelqu'un ou s'ils allaient tous s'entretuer à 300m du butin juste parce qu'ils ne savaient pas tenir leur nerfs. L'assassin a donc rengainer son katara et tout le monde a lentement rangé ses armes en échangeant des regards méfiants : folle ambiance...<br />
<br />
Pendant qu'Eldan "sympathise" avec des compatriotes Anguedais ("du Duché d'Anguedale"), des bergers occupant la tente la plus proche de la porte de la remise (la verte, sur le plan), Gavin tâche d'en déloger la barre qui la ferme de l'intérieur à l'aide d'un cure-pied (une espèce de crochet pour nettoyer les sabots des chevaux) et n'arrive qu'à la déloger en partie ("J'finira 'pu tard !").<br />
<br />
[Tentative rigolote : Gavin, qu'Orlanth incarne désormais pour éviter de ne jouer que son Arbalétrière confinée à l'extérieur, possède une Ressource "Paquetage" qui n'est définie que comme son aptitude à sortir tout et n'importe quoi du fatras accumulé dans son baluchon à force de chapardages, pour peu qu'il réussisse un jet sous le domaine "Voyage" et avec tous les talents appropriés. Le jet est plus ou moins difficile en fonction de ce qu'il espère tirer de son sac à malice, et il peut y miser d'autant plus d'Énergie que l'objet désiré correspond à ses talents...]<br />
<br />
Après avoir profité de l'enthousiasme du public devant la performance des baladins pour remplir en partie son focus, sa bourse elle aussi bien garnie a permis à Andréas d'accéder à la partie de dés qu'organise pour ses amis fortunés un certain Dorian «le Magnifique», marchand reman particulièrement entreprenant puisque, grâce au courtage, au tripot installé dans une des rares chambres privatives et à la prostitution de son époustouflante maîtresse fehnri, Sohashna, il est probablement la seule personne à tirer quelque profit de son séjour à l'Auberge du Pont. C'est surtout, pour nos mercenaires, le seul autre type assez influent sur place pour avoir obtenu que sa propre roulotte soit elle aussi gardée sous clé dans la fameuse grange... Après quelques coups de dés qui lui ont fait gagner un peu de menue monnaie, Andréas se retire du jeu et de la conversation entre puissants négociants pour lancer le sort qu'il a préparé pour glisser dans l'esprit de Dorian et de sa courtisane une certaine idée fixe : "le commerce ne vaut rien ici, la route ne rouvrira pas, autant retourner à Solerane."<br />
<br />
Frôlant le malaise tant il a investi d'énergie dans sa "Chimère", le chroniqueur s'excuse et prend congé, entendant en partant les deux amants discuter de leur départ à l'aube. Comme Gavin et Eldan (mais du côté de l'étable), il s'installe alors pour dormir quelques heures dans la cour, afin de rester aux premières loges en cas de besoin. En attendant la diversion prévue par ses camarades à l'extérieur, il s'endort malgré les protestations fréquentent des campeurs qui râlent chaque fois que quelqu'un les réveille en faisant du bruit dans la cour, rajoutant un peu de merdier à chaque fois...<br />
<br />
=== Extrait des Chroniques des Marches du Nord d'Andréas Odran ===<br />
<br />
: ''Après avoir réalisé que nous nous étions fait bernés comme des bleus et que le chariot que nous pourchassions n'était qu'un leurre, nous avons quasiment rattrapé le faux chariot de draps. Le plan mis au point par Eldan et Vighnu était d'opérer une substitution entre le coffre que nous recherchons et des ferronneries d'un autre chariot lors de l'arrêt du convoi à l'Auberge du Pont. ''<br />
<br />
: ''J'ai été affecté au groupe d'éclaireurs, en compagnie du brave Eldan et de Gavin, le soi-disant écuyer du soi-disant chevalier errant. Pas mécontent de laisser derrière moi le poète-répurgateur et ses tendances homicides qui me feraient presque regretter feu Conrad de Mélanque, nous avons doublé au large le convoi pour découvrir une auberge absolument bondée, un vaste campement de tentes débordant de ses murs. Moutons et poulets courraient en liberté là au milieu, dans un bazar que d'aucuns auraient trouvé joyeux. Ce n'était pas mieux à l'intérieur, et il me fallu jouer des coudes pour y entrer, tandis qu'Eldan essayait d'interroger des gardes à l'extérieur - comptant sur la camaraderie militaire. Il a rapidement découvert que la route de Darverane n'a jamais réouvert : les quelques marchands qui ont essayé de l'emprunter sont revenus la queue basse et soulagés de leurs biens, et le contingent de gardes de l'auberge s'est vu renforcé. La conversation a ensuite tourné court, pour autant que j'aie bien compris les explications embrouillées d'Eldan : il semblerait que la réputation de la camaraderie militaire soit en fait largement usurpée... ''<br />
<br />
: ''Pendant ce temps, Gavin et moi-même nous frayâmes tant bien que mal un chemin dans la salle de l'auberge bondée, où tout un tas d'individus tentaient d'accéder à un comptoir où l'on servait de la nourriture. Très franchement, les moutons de la cour me parurent plus dignes que cette pitoyable assemblée d'humains se battant pour leur pâtée. Enfin... J'espérais trouver plus de calme à l'étage, il n'en fut rien : l'étage était intégralement couvert de lits et de paillaissades, et la seule zone privative était réservée par un riche marchand et gardée par un mercenaire. J'ai bien tenté d'expliquer à l'un des commis de l'auberge que je ne souhaitais pas partager mes nuits avec une bande de garçons de ferme illettrés, mais celui-ci a pris la mouche (je suppose que c'est un ancien garçon de ferme toujours illettré). Ce serait donc compliqué pour moi d'obtenir un coin tranquille où préparer mes petites diversions...''<br />
<br />
: ''Pendant ce temps, à l'extérieur Eldan assistait à l'arrivée du guerrier hornois escortant la caravane des marchands de draps. Usant d'un subtil mélange de force brute, de regard mauvais et de cette indicible autorité que procure le fait d'être une machine à tuer, le Hornois a rapidement imposé son autorité auprès des gardes, fait entrer le chariot contenant le coffre dans une remise fermée (dont il a conservé la clé), et réquisitionné une chambre et des repas pour ses employeurs. Le reste du convoi, lui, s'installait hors des murs de l'auberge. Et notamment le chariot de ferronneries avec lequel nous comptions faire l'échange. Voilà qui compliquait sérieusement notre affaire. Eldan a aussi appris que la remise en question était occupée par un autre chargement appartenant à un riche et important marchand : des verreries, apparemment. Et ce riche marchand n'était autre que celui qui occupait la grande chambre à l'étage de l'auberge, où parait-il il organise des parties de dés pour tuer le temps en attendant la réouverture de la route. Il aurait déjà plumé certains de ces collègues...''<br />
<br />
: ''Je retrouvai Eldan dans un coin pas trop encombré de l'auberge et nous avons commencé à discuter de nos options. C'est alors qu'Eldan a été bousculé par une jeune fille qui lui subtilisa la bourse confiée par Durgaut. Il l'a arrêtée, mais elle avait déjà passé l'objet du délit à un complice que j'ai pu repérer et suivre. Je l'ai retrouvé dans les latrines où il contemplait le fruit de son forfait. Bien qu'il fut armé d'un méchant coutelas et ait l'air plus costaud que moi, j'ai serré le manche de ma dague en prenant mon air le plus menaçant et je l'ai sommé de me rendre l'argent. De façon incroyable, j'ai dû avoir l'air suffisamment méchant pour qu'il me rende la bourse sans combattre [jet d'Intimidation +1pH !]. Pendant l'intervalle, ce brave Eldan avait accusé publiquement de vol la jeune fille. Celle-ci se lança alors dans un numéro théâtral de fragilité féminine qui aurait bien fait rigoler Diane, et quelques courageux sont intervenus - espérant probablement passer pour des chevaliers blancs et ainsi trousser la donzelle d'ici la nuit. Eldan, pas si brave que cela au final, s'est copieusement fait casser la gueule et je l'ai retrouvé tout ensanglanté dans la cour. Ce fut pour moi l'occasion de m'essayer aux arts dentaires pour réparer la mâchoire du garçon. Je crois que je m'en suis bien tiré, et après tout cette dent cassée lui donne un air aventurier qui devrait plaire à ces dames.''<br />
<br />
: ''C'est alors qu'est advenu l'évènement le plus sidérant de cette soirée : Gavin, le paysan-écuyer, a été pris d'un soudain accès d'initiative et s'est esquivé pour faire un rapport au reste du groupe ! Alors ça ! Que croyait-il le bougre, que nous allions rester sans prévenir nos compagnons ? Je n'en reviens pas, quelle outrecuidance ! Moi qui pensait que les capacités intellectuelles de ce garçon ne dépassaient pas celles de la limace ou du templier, le voilà qui nous donne des leçons d'opérations clandestines. Il va falloir que nous nous reprenions, Eldan et moi. ''<br />
<br />
: ''Au final, nous sommes parvenus au plan suivant : nous restons sur la substitution, et celle-ci s'effectuera directement au sein de la remise, entre le coffre que nous recherchons et le chargement de verreries. De mon côté, je vais essayer d'aller rencontrer le marchant de verreries, probablement au cours d'une partie de dés. Charge à moi de faire usage de toute ma persuasion pour le convaincre de partir le plus rapidement possible vendre sa cargaison à Solerane, où nous l'attendrons sur la route...''<br />
<br />
Notre chroniqueur omet sciemment de préciser que sa fin de soirée fut consacrée à assister au spectacle offert par quelques baladins, dont la jeune fille et l'acrobate ayant subtilisé la bourse d'Eldan, un jeune joueur de vielle à roue et le conteur qui les dirige, un Estrani nommé Horacio. <br><br />
Le but d'Andréas était moins de se détendre que de profiter des spectateurs assemblés pour effectuer le rituel de "La Sentinelle au Bal" par lequel il peut tirer de l'Essence magique de l'émotion partagée d'une foule, et ainsi recharger son focus récemment acquis.<br />
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=== L'éclaireur à abattre (Diane, Vighnu, Le Grêlé, Trevan, Herle, La Poigne, Oleytan) ===<br />
<br />
Grimés en Kormes après un court débat quant à Diane (''"Les femmes Kormes combattent généralement seins nus mais peinturlurées jusqu'à la taille. _Essaye-voir et tu vas pas retrouver tes doigts. Moi j'aurais des fourrures. _Bon, bon..."''), le chevalier errant Trevan de Rigorne et Herle de Lorune surveillent la route depuis les bois à l'ouest du fortin pendant que l'arbalétrière rampe dans les hautes herbes près de la berge sud, se glissant entre les cavaliers qui surveillent la cinquantaine de chevaux qui n'ont pas pu trouvé asile à l'auberge. Lorsqu'elle en effraie quelques-uns en déclenchant un début de panique dans le troupeau, que les cavaliers doivent alors empêcher de piétiner les tentes plantées à l'extérieur, la plupart des gardes aux créneaux du fortin se tournent vers le sud. C'est le moment qu'attendaient Vighnu, Oleytan, La Poigne et le Grêlé pour s'élancer depuis la lisière des bois au nord-ouest : le fehnri est le premier à franchir le rempart dans l'ombre de la tour ouest, profitant de l'angle mort repéré par Eldan. Le jeune Elloran le rejoint avec aisance et redescend dans la cour sans être vu, pendant que Vighnu place le grappin et la corde qu'ils trimballent depuis Tal Endhil pour faciliter l'escalade des suivants, puis rejoint son camarade au sol et tout deux se cachent un instant sous l'arcade de la chapelle ("Ch") pour observer l'endroit : Andréas dort à poings fermés à quelques pas d'eux, un garde est toujours en faction devant le portail de la grange et, en plus de ceux qui surveillent l'extérieur depuis les deux tours, un autre patrouille la cour. Mais le vrai danger semble venir d'une lucarne à l'étage de l'étable, où se trouve les chambres "de luxe" : derrière un volet, un rai de lumière trahit la présence d'un homme de Darjodrahl surveillant la cour.<br />
<br />
Derrière eux, La Poigne peine à glisser sa panse entre les créneaux, manque d'être repéré mais s'encoigne dans l'angle de la tour ouest avant d'être rejoint par le grêlé... lorsqu'une cavalcade isolée sonne sur la route au dehors et que la sentinelle au-dessus d'eux crie soudain "Qui va là !?".<br />
<br />
En rejoignant Trevan et Herle, Diane avait elle-même repéré le cavalier, reconnu un des hommes de Jornil qui accompagnait le soi-disant "convoi de métal" et tenté de l'abattre à l'arbalète avant qu'il ne puisse s'annoncer à l'Auberge bouclée pour la nuit. Mais son unique tir manqué de tout le scénario s'est perdu loin de la cible sans même être remarqué et, freinant au pied de la tour ouest, le cavalier n'est finalement à portée d'arc que lorsque le garde l'a déjà remarqué : sans savoir où en sont leur camarades ni s'il peut les mettre en danger, le trio hésite à abattre l'arrivant juste le temps qu'un autre membre de la caravane, qui montait la garde à l'extérieur près des tentes des marchands de chevaux, ne le reconnaisse et viennent à sa rencontre... "Ouvrez les portes !" crie la sentinelle à l'intention de ses collègues.<br />
<br />
Du rempart, le Grêlé indique par signe à Vighnu qu'ils ont un sérieux problème : le reste du commando comprends qu'il leur faut d'urgence neutraliser ce messager nocturne qui pourrait compromettre toute leur opération. Heureusement, près du portail que deux autres gardes s'apprêtent à ouvrir, Gavin qui ne dormait que d'un œil commence à râler : "On veut dormir ! N'ouvrez pas la porte ! Si ça se trouve, c'est des Kormes !". Les protestations sont bientôt reprises par ses voisins, et Gavin envenime la situation pour gagner du temps, poussant un des nouveaux copains anguedais d'Eldan à aller se plaindre aux deux soldats qui déverrouillent la porte en arguant qu'ils ont payé pour la protection de l'auberge et que le couvre-feu vaut pour tout le monde. Le ton monte bientôt à travers toute la cour lorsque Andréas se joint aux réfugiés mécontents et en convainc une poignée d'aller gueuler auprès des hommes en faction au pied de la grande tour. <br />
<br />
Profitant du merdier, le Grêlé et La Poigne se sont introduits dans la tour ouest, ce dernier a tué la sentinelle et l'autre ouvre maintenant la porte du rez-de-chaussée à Vighnu et Oleytan : pendant que le Grêlé enfile la livrée du soldat pour le remplacer à son poste, les trois autres montent au rempart sud et le longent jusqu'à la petite porte de bois qui donne sur le grenier de la grange. Dégainant sa dague, il travaille alors à en faire sauter la barre...<br />
<br />
Sentant la situation dégénérer à l'intérieur du fortin où des archers sont apparus en haut de la grande tour- et parce que les caravaniers installés à l'extérieur commencent à vouloir se joindre aux deux hommes qui cognent au portail, Diane, Herle et Trevan (toujours déguisés en Kormes et surveillant les événements depuis la lisière des bois) décident de passer à l'action : le plus proche gardien de chevaux est abattu d'un carreau d'arbalète dans la poitrine, deux flèches descendent simultanément un caravanier armé et une sentinelle mal avisée et le trio se rapprochent à couvert des chariots et des tentent qui bordent le chemin vers le pont, bien décidé à réduire le messager au silence avant qu'il n'ait pu parler aux gardes ou à Darjodrahl le Hornois...<br />
<br />
=== Emeute et mort de Darjodrahl (Vighnu, Oleytan, Andreas, Eldan, Gavin, La Poigne) ===<br />
<br />
Dans la cour, Andréas voit arriver un garde de plus et l'engueulade devant le portail toujours fermé (et à l'extérieur duquel deux types gueulent "Ouvrez ! C'est important ! Un messager de Solerane !") tourne bientôt à l'empoignade : un des soldats pointe sa lance sur Gavin, Eldan se tient prêt à agir, l'autre soldat repousse brutalement le berger... et le chroniqueur lance discrètement un sort pour attiser la colère de la foule. Immédiatement, les protestations tournent à l'émeute et plusieurs résidents se jettent sur les soldats sortant de la Grande Tour. Gavin saisit la lance qu'on pointait sur lui et tente de désarmer le garde, écopant d'une méchante estafilade à l'épaule et les deux hommes luttent pour l'arme lorsque Eldan surgit et décapite le soldat par derrière, éclaboussant de sang le pauvre écuyer qui en reste un instant interdit.<br />
<br />
Le second soldat qui s'était précipité pour ouvrir le portail se retourne et n'a que le temps de dégainer son arme avant que le Moineau ne se rue sur lui en brandissant sa lame ensanglantée : le garde esquive une première fois, recule pour éviter un coup de lance de Gavin et le Moineau (très en forme) l'empale contre le portail. Derrière eux, sans armes ni grand talent pour la bagarre, les émeutiers amateurs se font rapidement tailler en pièce par les soldats et mercenaires de plus en plus nombreux à sortir du donjon...<br />
<br />
À peine Vighnu et La Poigne ont-ils fait un pas dans le grenier enfin ouvert que Lerkoren Oleytan arrête le fehnri d'un geste : il lui semble distinguer une silhouette dans le grenier obscur. Repéré, le Hornois jaillit et -avant que quiconque n'ait pu réagir- son épée à deux mains ouvre un profond sillon dans le thorax de La Poigne. Le colosse vaincu n'a pas encore touché le sol que Vighnu a déjà lancé une dague empoisonnée qui croise l'épée s'abattant sur lui : sa parade précipitée au katara aurait été insuffisante si Oleytan n'y avait pas joint son précieux arc à double-courbure, la lame hornoise déviant en tranchant dans le bois. Le fehnri pare une nouvelle attaque avec l'aide de l'Elloran, utilisant la corde de son arc pour lier un des bras de Darjodrahl, et se fend pour planter son katara dans la poitrine du Hornois pendant que, à peine relevé, La Poigne lui abat en chancelant sa masse d'arme sur l'occiput : à la fois empoisonné, poignardé et assommé, l'ennemi s'effondre sans un cri sur le plancher disjoint.<br />
<br />
Dehors, quatre "émeutiers" ayant été tué en un instant, Andréas reflue vers le fond de la cour avec les autres réfugiés vers le maintenant horrifiés de la tournure de leurs protestations. Entre les archers qui pointent maintenant leur flèches vers la cour et les soldats qui ont envahi la cour, Gavin comprend également que leur petite émeute a fait son temps et lâche la lance pour se réfugier dans une tente comme n'importe quel innocent apeuré par les événements. <br />
Eldan n'a pas la même présence d'esprit et, lorsque trois hommes d'armes avancent vers lui, l'adrénaline qui bat dans ses veines le pousse à tenter de leur tenir tête. Deux blessures plus tard, acculé contre la porte de la remise, il ne peut que faire mine de se rendre en posant piteusement le glaive hérité de son père pour se donner le temps de décrocher derrière lui la barre de la porte, déjà à moitié dégagée par Gavin quelques heures plus tôt. Lorsque les gardes avancent pour l'arrêter, Eldan bondit par la porte soudain libérée, claque le battant au nez des soldats et replace la barre avant qu'ils n'aient pu l'en empêcher.<br />
<br />
Lorsqu'un carreau d'arbalète cloue soudain le crâne du messager contre le portail de l'auberge, son compagnon s'arrête net de cogner pour qu'on lui ouvre mais n'a que le temps de pousser un cri avant qu'une flèche de Herle le réduise au silence. Désormais repéré mais toujours déguisé, le Défroqué décide d'exploiter au mieux la situation et s'avance à découvert en hurlant l'un des rares mots de lange des Vents qu'il maîtrise à l'attention des défenseurs : "KOOOORME !" scande-t-il en défiant les hommes aux créneaux, qui lui répondent à coups de flèches.<br />
<br />
=== La Grange (Vignu, Andreas, Le Grêlé, La Poigne, Eldan, Oleytan) ===<br />
<br />
S'étant fait ouvrir la porte de la tour ouest par Le Grêlé, Andréas le suit par les remparts jusqu'au grenier où Vighnu tente maladroitement de panser les blessures de La Poigne. Andréas n'obtient guère de meilleurs résultats pendant que ses compagnons descendent dans la grange où Eldan arrivent bientôt par la remise. "Les gardes sont à mes trousses" explique-t-il bien inutilement puisqu'on les entend marteler la porte barrée. D'autres coups et des voix retentissent bientôt au portail verrouillé de la grange : "Darjodrahl ? Un type vient de rentrer par la remise, est-ce que tout va bien ?!".<br />
<br />
Nos voleurs échangent des regards atterrés, Le Grêlé colle une taloche à Eldan pour sa peine et le corps sanglant du Hornois continue de goutter un sang poisseux à travers le plancher du grenier pendant que les gardes s'énervent à l'extérieur quand, finalement, Vighnu tente d'imiter le phrasé rogue et guttural de son ami Barbaras : "Ouais ! J'l'ai vu mais il s'est tiré ! Tout va bien !" répond-il avec son meilleur accent Hornois. Quoiqu'un peu hésitant, le garde de faction finit par répondre "Faîtes attention quand-même, hein, on dirait bien que des Kormes sont à nos portes..." mais s'éloigne lorsqu'un grognement de hornois met fin à la conversation.<br />
Alors que tous soupirent de soulagement, Oleytan les avertit depuis le grenier d'où il surveillait les alentours par la porte du grenier, ouvrant directement sur la cour : <br><br />
<br />
«_''Pssst, y a des guerriers plein les remparts et c'est la panique dans tout le fortin. Qu'est-ce qu'on fait ? <br><br />
_''Et surtout, qu'est-ce qu'on va faire demain, quand il faudra ouvrir la grange pour laisser partir la roulotte de Dorian et qu'ils trouveront le corps de Darjodrahl ? <br><br />
_''Surtout qu'Eldan est maintenant complètement grillé, pis y a des gars qui risquent de finir par l'identifier... <br><br />
_''Et j'ai perdu le glaive de mon père." ajoute l'intéressé d'un ton chagrin.» <br><br />
<br />
Mais à l'extérieur, les appels redoublent et les soldats commencent à vérifier toutes les portes à la recherche de "l'espion des Kormes" qu'ils croient poursuivre...<br />
<br />
=== Feinte (Le Grêlé, Eldan) ===<br />
<br />
Dehors, Trevan a sauté sur un cheval qu'il cabre en brandissant sa lame juste au-delà de la portée des archers, pendant que Diane récupère ses carreaux, aussi précieux que compromettants, sur les corps qui lui sont accessibles. Un cri retentit alors sur le rempart sud : "Il est là ! L'espion Korme s'enfuit par l'ouest !" Après avoir ainsi ameuté tout le monde dans et hors les murs, Le Grêlé, toujours en livrée de la garde se précipite vers la tour ouest suivi par Eldan. Après s'être barricadé, ils rejoignent bientôt le sommet. "Il est là ! Attention ! Il va sauter !" hurle le Grêlé alors qu'une silhouette à peine noircie bascule par-dessus le rempart. Au pied de la tour, Herle a également sauté à cheval et puisque les trois "kormes" à l'extérieur ne semblent pas réagir à la ruse, le "garde" s'écrit encore : "Ses compagnons viennent le chercher ! Il va s'enfuir, vite !" Et de tirer quelques flèches aux buissons, pendant que Trevan et Diane ramassent le compromettant cadavre du garde étranglé plus tôt par La Poigne, et disparaissent au grand galop vers la forêt.<br />
<br />
Soldats et mercenaires envahissant les remparts, Le Grêlé et Eldan se retrouvent vite coincés de toutes part et, utilisant la corde et le grappin à leur disposition, ils descendent le long du rempart sud et disparaissent à leur tour dans les bois sans avoir été remarqués. "Bon, ça nous aura fait gagner un peu de temps, constate Vighnu depuis le grenier, mais on a encore du boulot…"<br />
<br />
=== Dans la grange (Gavin, Vignu, Andreas, La Poigne, Oleytan) ===<br />
<br />
Après avoir discrètement permis à Gavin de les rejoindre par la remise, nos cambrioleurs retranchés dans la grange découvrent bientôt sous les linges et couverture du "chariot de draps" quatre gros coffres ferrés, fermés par des cadenas et liés au fond du véhicule par de lourdes chaînes. "Bordel, comment est-ce qu'on va ouvrir ça ?"<br />
Vighnu, peu habituer à la serrurerie malgré ses doigts de fée, casse le seul crochet sorti de la besace de Gavin, l'Écuyer essaye à son tour avec un long clou mais sans plus de succès et Le Grêlé lui-même y épuise ses maigres compétences. <br />
<br />
''"Nan mais c'est pas possible, y en a pas qui sache crocheter dans cette équipe de voleurs ?! _Ben y avait le Moineau... _Et merde !!!". '' <br><br />
Persuadés que la clé des coffres doit se trouver sur l'homme de confiance du cuivré, Vighnu, Andréas et Gavin fouillent et refouillent deux fois le corps du Hornois à sa recherche : rien. ''"Merde ! Merde ! Merde ! _Bon, allez, on reprend du début, c'est forcément là, quelque part et on s'y met tous..."'' Pendant que La Poigne se repose de ses blessures, les armes, l'armure, les bijoux, les vêtements, les bottes, la bourse, les poches et le cadavre de Darjodrahl sont ainsi inventoriés et retournés dans tous les sens par les voleurs au désespoir jusqu'à ce que, finalement, Gavin remarque que son gros médaillon cliquète curieusement quand on le secoue. Vighnu et lui s'acharnent sans résultat sur l'objet, jusqu'à ce que le chroniquer, habitué aux casses-tête, saisisse comment le pendentif peut être dévissé et révèle bientôt la clé tant espérée ! Et dans chacun des quatre coffres qu'on leur avait pourtant défendu d'ouvrir (mais Herle et Eldan ne sont justement plus là pour faire des remarques), nos héros trouvent des douzaines de lingots : argent, cuivre, étain, bronze... Il y a là toute la production que Solerane destine à la prévôté, mais aussi la part des mines d'argent qui revient à l'état-major : en tout, c'est près de 200 lingots et donc quelques 250 kilos de métaux qui s'offrent à leurs yeux ébahis. ''"Gavin, remet illico ce que tu viens de glisser dans ta besace : tout ça est maintenant la propriété de notre Capitaine. _Pfff…"''<br />
<br />
Andréas inspecte ensuite la roulotte de Dorian le Magnifique, occupée aux deux tiers par une épaisse couchette couvertes de coussins, des filets de marchandises pendant du toit et jusque entre les roues, des étagères couvrant tout le tiers arrière : <br><br />
<br />
«_''Ah ben il voyage dans le luxe, le fumier. <br><br />
_''Si j'avais une minette comme la sienne, moi aussi j'passerais les trajets à baiser, tu peux me croire ! <br><br />
_''Oh pis dis-donc : des fioles variées, des épices, de l'argenterie, de la verrerie, des bijoux, de la nacre, des miroirs : il vend que du luxe, le gars ! <br><br />
_''Crénom dîtes, c'que c'est beau ! <br><br />
_''Gavin, repose ça tout de suite : pas question que le Magnifique s'aperçoive qu'on a touché à sa roulotte.» <br />
Andréas jugeant que la caisse du véhicule est assez profonde pour qu'on y étale les lingots en un tapis bien lisse que les occupants de la couchette ne devraient pas trop remarquer, il n'y a plus qu'à attendre la diversion prévue pour commencer le transfert du chariot vers la roulotte…<br />
<br />
=== Diversion (Trevan, Herle, Eldan, Diane) ===<br />
<br />
Il ne reste plus qu'une ou deux heures avant l'aube lorsque Trevan, Herle, Eldan, désormais tous maquillés en Kormes, se répartissent autour du fortin et, à l'aide du mélange d'essences et d'huiles piochées au hasard dans la trousse alchimique de Vighnu (fallait pas la laisser à l'extérieur), enflamment des flèches qui produisent des couleurs plus qu'aléatoires avant de siffler au-dessus des bâtiments pour s'écraser sur les toits de chaume humides où tomber dans la cour, n'enflammant que quelques tentes vite éteintes. C'est néanmoins suffisant pour que Diane puisse se faufiler par le sud jusqu'au portail, et récupérer le dernier carreau d'arbalète y clouant encore la tête du messager. <br><br />
"Les Kormes ! Les Kormes reviennent !" crie-t-on bientôt dans tout le fortin.<br />
<br />
Dès que Lerkoren Oleytan a annoncé qu'une drôle de flamme bleuâtre venait de s'écraser dans la cour ("Rha les saligots !"), Andréas et Vighnu ont commencé à installer les lingots sous le matelas de la roulotte, pendant que Gavin et La Poigne garnissaient les coffres de fers à cheval, de pierres, d'une enclume et tout ce qui pourrait y simuler le poids et le bruit du butin subtilisé. <br><br />
Et c'est peu avant l'aube, ses compagnons s'étant effondrés de fatigue depuis un moment, qu'Andréas fini seul d'arranger la roulotte pour camoufler avec le plus grand soin son chargement secret...<br />
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== Récupération du trésor et autres péripéties ==<br />
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[À partir de là, la fin du scénar à été jouée en "flashbacks" successifs jusqu'au combat final. J'utilisais Herle de Lorune, orphelin de joueur depuis plusieurs séances, pour poser des questions auxquelles les joueurs répondaient pour déclencher un flashback. Chacun avait le droit de d'initier deux scènes : l'une contant comment un de leurs camarades avait réussi un exploit et une autre collant à un autre PJ la responsabilité d'un échec, ce qui nous permettait de ne jouer que les scènes "intéressantes" et de faire un peu de montage alterné. <br />
<br />
Comme la scène "de débriefing" se jouait presque en aveugle, seul Loriel savait dès le départ que son perso, Vighnu Pratesh, avait survécu (mais bon, comme il avait accumulé 7pH, je me doutais qu'il ne mourrait pas dans cet Épisode) et les autres joueurs ignoraient si ce qu'il affirmait était vrai, ou simplement un mensonge pour conforter le templier blessé... Évidemment, chacun commençait son premier flashback avec toutes ses jauges à fond, mais devait ensuite gérer les pertes et les récupérations de scène en scène, et les joueurs ont souvent ajouté des détails pour régénérer de la Tension ou se passer la patate chaude. Ça a été un peu décousu, la règle "un exploit d'autrui et une bourde d'autrui par joueur" n'a pas complètement été respectée mais, globalement, ça a donné un final intéressant à cet Épisode qui commençait à traîner en longueur...] <br />
<br />
=== Réveil de Herle ===<br />
<br />
Il fait très froid aux abords du col et l'obscurité règne sous les sapins gelés. Vighnu, transi jusqu'aux os, scrute pourtant les alentours lorsque, quelques mètres en contrebas, Herle bascule du cheval où il l'avait attaché : au contact de la neige, il émerge pour la première fois du sommeil où l'avait plongé l'hémorragie et ses profondes blessures et tend la main vers le fehnri, qui s'empresse à son chevet. <br><br />
<br />
«_''E... Eldan... où est...le Moineau ? <br><br />
_''Il n'est pas loin, il est parti en éclaireur. <br><br />
_''Gnnh. Le butin ? <br><br />
_''Pas loin non plus, en arrière, sur les bêtes. <br><br />
_''On a... on a réussi ? <br><br />
_''Oui, on a réussi. <br><br />
_''Alors putain, d'où ils sortaient ces types ? <br><br />
_''C'est la faute à Eldan, il était en avant lors de l'embuscade, mais il a laissé passé les gars qui descendaient de l'autre convoi par le nord...» <br><br />
<br />
<br />
=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Dans la forêt matinale, à une volée de flèche de la route vers Solerane, Eldan est en train de soulager sa vessie contre un arbre lorsqu'il aperçoit une silhouette évoluant à croupetons parmi les buissons. Il n'a que le temps de se jeter derrière un tronc qu'une flèche en racle l'écorce. Pendant que notre éclaireur se rajuste et encoche lui-même un trait dans son arc, l'ennemi tire une deuxième flèche et atteint le cheval du Moineau, qui s'enfuit dans la forêt. "Rha zuuuteuh !"<br />
Eldan riposte, manque, se remet à couvert et commence à manœuvrer pour s'approcher de son adversaire lorsqu'il aperçoit un deuxième homme, s'approchant furtivement depuis la route une hache à la main. Le Moineau tire une nouvelle flèche à l'archer adverse, le blesse légèrement et jette un coup d’œil pour surveiller l'approche du second ennemi : comprenant qu'il est repéré, l'homme à la hache profite de ce que l'éclaireur a décoché pour charger en levant sa hache. Lâchant son arc, Eldan dégaine son fidèle glaive pour le recevoir...'' _Mais tu l'avais paumée, l'arme fétiche héritée de ton père ! Grâce à qui l'as-tu retrouvée ? _Grâce à Gavin, qui l'a ramassée pendant que les soldats tentaient d'enfoncer la porte de la remise après que je m'y sois enfermé !''<br />
<br />
=== Témoignage de Gavin ===<br />
<br />
Gavin est en train de cavaler à travers la cour de l'Auberge, l'épée d'Eldan sous le bras. Sur les remparts que l'aube éclaire à peine, c'est la panique et tout le monde hurle "Les Kormes ! Les Kormes reviennent ! Tous aux créneaux !". Le problème de Gavin, c'est qu'en se levant au matin dans la cour endormie, le beau glaive à la lame gravée (d'une femme nue : "Rho chouette !" fait Gavin) sous le bras parce qu'il ne voulait pas prendre le risque qu'on le lui vole, il a décidé de pisser derrière un pilier où, par malchance, dormait un garde (vous voyez comment les joueurs ont créé un fil rouge héroïque de scène en scène ? "J'étais en train de pisser quand..."). Éclaboussé et immédiatement réveillé, le soldat a ouvert les yeux pour voir l'écuyer "armé" levé au-dessus de lui et s'est mis à crier "Aleeeerte !". Coup de bol, c'était vraiment l'alerte puisque c'est le moment qu'ont choisi des dizaines de Kormes pour s'avancer sur le pont...<br />
<br />
Gavin cavale de son mieux entre les dormeurs et les tente, sachant que la plupart des autres sont déjà partis, il cherche une cachette ou un moyen de s'enfuir du fortin, mais le portail est à peine refermé et, en plus du furieux trempé d'urine qui le poursuite avec sa hallebarde, les guerriers commencent à s'accumuler aux remparts. <br />
<br />
"Heureusement, Herle est venu à la rescousse !" précise Orlanth, utilisant son "exploit d'un autre PJ" pour s'en sortir. Bon, là, comme techniquement Herle est un PNJ depuis déjà deux ou trois séances, c'est moi brièvement qui raconte.<br />
<br />
En effet, la porte pas encore barrée craque soudain sous l'impact d'un chariot utilisé comme bélier par trois "Kormes" plus ou moins chevelus : Diane, Trevan et Herle de Lorune sont venus évacuer leurs derniers camarades (et permettre aux vrais Kormes d'investir le fortin, histoire que les dégâts ainsi causés camouflent autant que possible l'intervention du commando). Sous la volée de flèches qui pleut alors autour d'eux, les trois peinturlurés décrochent à toute vitesse, plus ou moins suivi par Gavin qui part dans une direction légèrement différente avec l'air du pauvre hère pris dans la tourmente. Un coup d’œil alentour lui révèle d'ailleurs plusieurs dizaines de Kormes progressant par le pont vers la herse baissée en échangeant des traits avec les défenseurs de la grande tour, et de petits groupes épars traversant le fleuve accrochés à des radeaux : l'écuyer s'enfuit vers l'ouest sans demander son reste, et retrouve bientôt le reste du commando. "Hé mais c'est mon épée !" s'exclame Eldan en voyant arriver Gavin. ''"Celle-là ? Non, non, j'l'ai trouvé à l'Auberge..._Après que je l'ai lâché devant les gardes, ouais ! Rends-moi ça !_Rho mais-heu…"''<br />
<br />
=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Retour dans la forêt : Eldan dégaine donc le précieux glaive hérité de son père puis sauvé par Gavin... et pare le premier coup de hache de son adversaire. Il reste au plus près de l'ennemi pour gêner le tireur qui se rapproche par le nord et, lorsque son opposant trébuche sur une racine [1pH pour éviter d'être gravement blessé par un coup de hache], Eldan le sèche pour le compte d'un grand coup du plat de la lame sur l'oreille, puis roule vivement dans les buissons pour éviter la flèche que l'archer lui décoche une fois son angle de tir dégagé. Bondissant d'arbre en couvert et de tronc en fourré, Eldan se rapproche de lui et, lorsqu'il n'est plus qu'à une 10aine de mètres, le dernier trait décoché à peine rebondit contre l'écorce d'un sapin, le Moineau fonce au contact : l'autre n'a que le temps de tirer sa dague que la lame gravée lui tranche l'épaule, éclatant le trapèze, l'omoplate et la clavicule dans une gerbe de sang. L’hémorragie finit de l'achever pendant que notre éclaireur souffle un peu, découvre le tatouage de la Confrérie du Chacal sur la poitrine de l'archer et lève enfin le nez vers la route quand il entend passer le tonnerre de chevaux aux galop : 6 ou 7 cavaliers foncent à bride abattue vers le sud, d'où monte déjà la clameur d'un combat, puisque l'embuscade y a commencé. "Meeeeerdeuh !" s'écrie Eldan en repartant vers le sud à toutes jambes.<br />
<br />
=== Herle ===<br />
<br />
Serrant son poing massif sur la cape enneigée de Vighnu, Herle de Lorune commence à s'énerver : <br><br />
<br />
«_''Mais par les Pères tu vas me dire comment vous avez rattrapé le chariot, à la fin ?". <br><br />
_''C'est grâce à Vighnu, intervient le Moineau qui vient de sortir de l'ombre [puisque là, on peut raisonnablement supposer qu'il n'est pas mort] "Il a réussi à trouver des chevaux, puis à nous guider à travers la campagne pour atteindre la forêt avant la roulotte du Magnifique. Il a été formidable ! <br><br />
_''Mais comment vous avez fait pour sortir le butin de l'Auberge ?!? <br><br />
_''Oh ben ça, c'est grâce aux...heu... talents d'imitateurs d'Andréas…» <br><br />
<br />
=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
L'aurore pointe à peine sur la cour de l'auberge encore à moitié endormie quand Dorian le Magnifique et sa suite, fraîchement augmentée de plusieurs mercenaires recrutés sur place, exige du Lieutenant Sanderen (commandant le fortin pour l'Armée du Nord) qu'on ouvre les portes à sa roulotte, parce qu'il refuse de rester plus longtemps dans un relais aussi mal défendu. L'officier ne s'était d'ailleurs pas levé si tôt pour se faire emmerder par des marchands et grimpe sur la margelle du puits pour annoncer d'une voix forte que, le fortin étant assiégé depuis cette nuit, tout ceux qui auraient encore la mauvaise idée de s'en prendre aux défenseurs -pour des raisons de taxe ou d'insatisfaction quant au couchage- seraient considérés comme complices des Kormes et pendus aux murailles !<br />
<br />
Un soldat vient alors cogner à la porte de la grange où Andréas, caché dans la remise, vient juste de finir un splendide dessin de Darjodrahl, assis dans l'ombre dans une attitude aussi distante qu'agressive, qui va lui permettre de concentrer sa magie [il a créé un puissant sort de Chimère sur tout le rez-de-chaussée de la grange, lui permettant d'y animer un personnage d'autant plus crédible dans sa mauvaise humeur qu'il se base sur l'altercation de la veille entre Sanderen et le Hornois]. Évitant de croiser le regard mauvais du guerrier qui les admoneste depuis le coin obscur de la pièce, le marchand et ses hommes se dépêchent de sortir leur carriole, d'y atteler les bœufs et de quitter l'Auberge. Pendant qu'on referme le portail derrière la suite de Dorian, l'agitation et sa vessie tirent bientôt Gavin du sommeil et, dès que l'écuyer se met à cavaler poursuivit par un hallebardier, Andréas profite de la confusion pour quitter la grange sans être remarqué et aller se recoucher dans un coin... Lorsque, évidemment, les Kormes attaquent.<br />
<br />
[Précision rigolote, mais que les PJ ignorent : quand les joueurs on demandé ce qui avait provoqué l'attaque des Kormes, je leur ai expliqué qu'ils surveillaient évidemment depuis des semaines le fortin et le pont contrôlant le passage vers le nord-ouest de la Région des Lacs, et qu'ils ont décidé de passer à l'action quand, cette fameuse nuit, il est devenu manifeste que des "camarades" assiégeaient l'endroit depuis la rive gauche et envoyé des signaux à coups de flammes colorées : le temps de s'organiser, ils ont donc profité de l'occasion pour tenter de prendre la position. ''"Mais c'est notre faute si les Kormes ont attaqué ?!! _Hé, oui : vous êtes très forts.."]<br />
<br />
''"Mais vous... demande Herle, comment vous êtes sortis de là ? _Oh ben nous on a profité d'une corde dégottée par Gavin dans la grange pour se tirer par les remparts comme on était venus, un peu avant l'attaque. Tu t'en souviens pas ? On vous a retrouvé à l'extérieur, avec les chevaux.''<br />
[Les joueurs font quelques jets pour confirmer cette version de l'histoire, et payent 1pH pour cette histoire de chevaux : entre ceux qu'ils ont amenés eux-mêmes et le troupeau dispersé dans la nature, c'était raisonnablement probable d'en trouver pour tout le monde.]<br />
On a juste eut quelques ennuis à cause de Diane qui était restée en arrière..."<br />
<br />
=== Témoignage de Diane ===<br />
<br />
Pendant que Herle, Trevan et Gavin évacuent vers l'ouest, l'Arbalétrière s'est en effet arrêtée pour se nettoyer à grande eau (parce que les peintures de guerre, ça colle affreusement dans les cheveux longs). Elle est d'ailleurs en pleine toilette quand une bande de Défunts, trempés d'avoir traversé le fleuve glacé à la nage, prennent pied sur la rive et la considèrent avec circonspection : d'abord parce qu'elle est, sinon jolie, du moins sculpturale [Physique 4, Athlétique 4, Allure 4 : elle ressemble à une héroïne d'Adam Hughes], ensuite parce qu'elle est manifestement en train de se débarrasser de peintures semblables aux leurs, qu'elle revient d'avoir enfoncé le portail du fortin et que les Kormes s'attendaient à trouver des camarades sur cette rive. Sauf que Diane a des cheveux, et ça, c'est pas normal... "Ben quoi bande de débiles, leur balance-t-elle alors en Langue des Vents, vous allez rester là à mater ou vous êtes venus pour participer à l'assaut ?!? Bougez-vous le cul merde, on est pas là pour roupiller !" [Et de faire une énorme réussite sur son un jet de Social+Langues Étrangères+Allure+Intimidation+Volonté.] Un instant médusés, les Kormes saluent respectueusement cette guerrière étrange qui ne peut être qu'une cheffe influente et vont se joindre au combat, l'un d'eux tendant même un carré de tissu à la Kerdane pour qu'elle finisse de s'essuyer... <br><br />
"Comme quoi c'est carrément pas ma faute, ajoute l'arbalétrière qui vient de sortir de l'ombre auprès du templier blessé : j'avais même réglé le problème quand ce crétin de Vighnu est venu foutre sa merde !"<br />
<br />
=== Témoignage de Vighnu ===<br />
<br />
[Un jet d'orientation particulièrement raté pour retrouver les autres après avoir rassembler des chevaux vient en effet de basculer une 10aine de pions dans la case de Tension de Vighnu, qui a par ailleurs toujours des pions de Marque psychologique (anciennement appelés "Traumas") suite à sa crise sentimentale avec Islinna (et qu'il essaye d'évacuer depuis 3 séances). Il est donc très largement en Surtension...]<br />
À quelques centaines de mètres à l'ouest du fortin, ses compagnons en train de sauter sur les montures qu'il vient de leur procurer, Vighnu aperçoit à la lisière des arbres encore obscures une jeune et belle jeune fille rousse (il reste de la peinture rouge dans les cheveux de Diane) portant un manteau emishen et entourée d'une 15aine de Kormes... Son sang ne fait qu'un tour (sans passer par le cerveau) et l'assassin s'élance au grand galop en hurlant "ISLIIIIINNAAAAAAA ! J'ARRIIIIIIVE !" avant que ses camarades n'ait seulement pu songer à le retenir.<br />
<br />
Diane voit alors le Fehnri surgir de la nuit comme un diable, les Kormes qui s'éloignaient déjà ralentissent à l'arrivée de l'intrus et, chargeant toujours, Vighnu bondit de son cheval sur le pauvre gars qui tendaient une serviette à la guerrière et l'égorge d'un grand revers de son katara en beuglant "Touche pas à ma copiiiine !". "Mais t'es complètement taré ! J'suis pas ta gonzesse !", s'écrie Diane alors que l'assassin halluciné se relève souplement, quoiqu'un peu confus et couvert de sang, pendant que "l'innocent" Korme agonise dans l'herbe haute. Et tous les Kormes alentours de se ruer vers eux en brandissant leurs armes. Sautant à cheval, la Kerdane furieuse et le Fehnri honteux essuient de justesse quelques flèches, javelots et hache de jet mais parviennent à dégager à fond de train avant d'être encerclés.<br />
<br />
Lorsqu'il rejoignent Eldan, Herle, Trevan, Gavin, Le Grêlé, Oleytan et La Poigne maintenant tous en selle, Vighnu ne prend même pas le temps de s'expliquer : ''"Dorian et le butin doive être loin devant nous, maintenant : on va couper la plaine par l'ouest à bride abattue, les doubler avant la forêt et les attendre au premier guet ! _C'est moi ou on aura passé la moitié de cette mission à cavaler derrière des convois ? _''Ferme-la et galope !".''<br />
<br />
«_''Oui heu bon, toi qui a fait vœu de chasteté tu peux pas comprendre mais les femmes, tu vois, ça te mélange tout dans la tête et... <br><br />
_''L'embuscade, par les Pères ! Raconte-moi l'embuscade ! <br><br />
_''Haem donc, comme je te le disais, Diane a organisé une embuscade aux petits oignons, mais on a eu des visiteurs imprévus…» <br><br />
<br />
<br />
<br />
== L'embuscade ==<br />
<br />
<br />
<br />
[Après s'être tous reposés pendant une Scène grâce à l'avance prise dans la course, Diane fait un gros jet de préparation avec le soutien de tous ceux qui ont quelques scores de Tactique, de Camouflage ou d'Embuscade (et dans un groupe de mercenaires du nord, ils sont nombreux) pendant que Vighnu fait un solide jet de camouflage pour tout le groupe : bénéficiant d'un confortable bonus tactique réparti sur plusieurs personnages, d'un excellent point de vue pour la tireuse d'élite et d'une Difficulté de repérage monstrueuse, les PJ et leurs camardes sont prêts à ne faire qu'une bouchée de l'équipage du Magnifique…]<br />
<br />
Le timide soleil matinal jaunit les nuages gris et la pluie qui n'en finit plus de détremper la forêt, gonflant en torrent le ruisseau qui coupe la route de Solerane, juste au pied d'un trio de gros rochers de grès surplombant de leur butte une myriade de petits blocs, le gué et la route. Invisibles derrière les rocs et bosquets alentours, les vaillants mercenaires de Tal Endhil, confiants dans la garde d'Eldan ½km au nord, observent la lente arrivée par le sud de la roulotte fermée et escortée par deux cavaliers et cinq fantassins. <br />
<br />
Image<br />
<br />
Les éclaireurs à cheval de Dorian le Magnifique avancent en effet à pas prudents dans le torrent, pleinement conscients de traverser un splendide site d'embuscade, mais sans parvenir à repérer les guerriers déguisés en Kormes qui attendent le signal de Diane, postée au sommet des rochers, pour les assaillir de quatre côtés. La Kerdane laisse avancer les cavaliers le plus loin possible et, lorsque le premier d'entre eux menace a déjà largement dépassé les rochers et risque d'être bientôt hors de portée de la redoutable arbalétrière, elle l'abat d'un carreau en pleine tête [encore un, il faut dire qu'Orlanth soigne ses jets de tir et mise systématiquement en Visée] dès qu'il échappe à la vue de ses compagnons. Ce n'est que lorsque le garde du corps personnel du marchand commence à donner des signes d'inquiétude, un musclé patibulaire et couturé de cicatrices qui se désaltère au bord du torrent tout en jetant des regards insistants alentours, qu'un deuxième carreau démonte le second cavalier sur la rive nord, déclenchant l'assaut : avant qu'un des éclaireurs ait pu finir de crier "Aleeer..." des flèches fusent de toutes part, les grands couteaux de jets pris par Vighnu sur le corps du Hornois tournoient dans les feuillages, des guerriers jaillissent de chaque buisson et, en quelques secondes, la majorité de l'escorte agonise sur la terre bourbeuse du chemin. Mais les battants de bois sur le flanc de la roulotte viennent de s'ouvrir, libérant une appétissante fehnri à peine couverte d'une fourrure qui s'enfuit à toutes jambes à travers bois :"Oh m'am'zelle, reviens ! Faut pas courir toute nue dans les bois comme ça !" s'écrit Gavin-le-Korme-du-Terroir (pour récupérer quelques pions de sa Réaction "Plouc") avant de s'élancer à ses trousses, croisant la route du marchand courant à la suite de sa compagne dans son seul pantalon (mais sa cassette sous le bras, emballée dans une couverture)…<br />
<br />
"Cavaliers au nord !" signale alors Diane d'une voix forte, avant de tirer un nouveau carreau sur le premier des hommes qui viennent de croiser Eldan. "Soldats au sud !" lui répond la voix du Grêlé qui vient de repérer les quelques hommes de Jornil et de Sanderen partis du fortin après avoir repoussé les Kormes (qui n'ont jamais réussit à prendre la grande tour pour ouvrir la herse barrant le pont), découvert le corps de Darjodrahl dans la grange, vérifié le contenu des coffres et s'être lancé "à la poursuite du marchand félon" (et qui viennent de freiner d'un coup en découvrant l'escorte massacrée par les "Kormes", qui sont décidément partout).<br />
<br />
=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
''"Attendez... et le chroniqueur-à-tout-faire, il était où, là ? _Heu... hé bien figure-toi qu'il y a eut un miracle, une véritable apparition divine, comme récemment à la Mine Bénie : c'est dire si les Pères sont avec nous !"''<br />
Quand une poignée de Kormes franchit le parapet et commence à s'en prendre aux voyageurs piégés dans la cour, Andréas se précipite vers la seule porte qui n'ait pas encore été solidement bouclée, celle de la chapelle, entraînant à sa suite quelques réfugiés paniqués. À peine la porte barrée par un banc, le mage évalue le cheptel à sa disposition, serré comme des sardines dans l'espace exigu entre les piliers sculptés représentants les huit Premiers : il y a là la jeune voleuse, le vieux conteur, le garçonnet à la vielle et l'acrobate-détrousseur (soudain gêné de se découvrir barricadé dans une pièce de 9m² avec "l'intimidant" érudit), un jeune soldat affolé (qui a lâché sa pique au premier signe de danger), une des servantes de l'auberge et une commère serrant une poule dans ses bras tremblants. <br />
<br />
Des cris (et des caquètements) de terreur accueillent les premiers coups de hache qui s'abattent sur la porte, mais Andréas Odran connaît la manœuvre : "Prions mes frères, les exhorte-t-il avec toute la force de sa conviction ! Prions que les saints Pères viennent à notre secours ! Chantez-tous avec moi !" La chorale improvisée entonne alors un antique où l'angoisse se mêle à la ferveur religieuse. Lorsqu'une cognée d'acier fini par percer entre les planches de chênes, le mage décide d'accélérer le mouvement et sort la Sphère de Pouvoir de son havresac : "Mes frères, ceci est une Sainte Relique Première dont la bénédiction nous protégera des ennemis du culte ! Tendez les mains pour la toucher et concentrez-vous sur le chant ! Les Pères sont avec nous !".<br />
<br />
Et siphonnant un maximum d'Énergie à ses coreligionnaires sans trop leur demander leur avis (pas plus qu'à la poule), Andréas remplit son focus au maximum pour lancer un sort de Chimère assez puissants pour effrayer les Kormes... lorsqu'il lui semble qu'une forme tout à fait imprévue émerge de la sphère d'or rouge. Le chroniqueur commence même à distinguer une silhouette humanoïde lorsque, son sort se déclenchant en vidant d'un coup toute l'Énergie accumulée dans la sphère, "l'intrus" disparait avec une sorte de cri muet.<br />
<br />
Dans la cour, c'est par contre carrément la stupeur : Herem, Second Fils des Étoiles, Premier Seigneur des Batailles, vient de se matérialiser quelques mètres au dessus du puits, brandissant son épée enflammée sur le fond sombre de cette aurore pluvieuse. La plupart des soldats en restent tétanisés, des réfugiés se jettent à terre en signe de soumission, d'autres prient à genoux sur les pavés et les Kormes, eux, refluent en désordre devant cette apparition divine. <br><br />
Lorsque les choristes de choc émergent de la chapelle dans une sorte de stupeur incrédule, il leur faut plusieurs minutes pour s'apercevoir que le saint érudit et sa relique on déjà disparu par le portail enfoncé de l'auberge…<br />
<br />
=== L'embuscade encerclée ===<br />
<br />
Dans la forêt humide se joue une dangereuse partie de cache-cache : après que deux d'entre eux aient été blessés par des carreaux d'arbalète en arrivant du nord à bride abattue, les Chacals lancés à la poursuite de nos héros ont démonté pour se disperser à couvert dans les sous-bois, les soldats et mercenaires arrivant du sud ont pris le maquis en découvrant les cadavres dispersés sur la route et les auteurs de ce carnage se sont pour la plupart dissimulés tout autour de la clairière envahie de rochers, progressant prudemment à la recherche des nouveaux arrivants. <br />
<br />
[Après la phase de "tir au pigeon" de l'embuscade, le groupe vient de passer en Duel global, tous les combattants dispersés à travers la map répartissant leur mise entre le repérage (attaque), la dissimulation (défense) et le déplacement, jusqu'à rencontrer des ennemis et basculer en combat à distance ou tenter de rentrer au corps à corps. Le récent module de calcul des distances de combat a donc beaucoup servi, de même que les Positions tactiques (camouflage de la végétation, couvert des rochers...), la surprise, les charges soudaines, les combats à plusieurs adversaires... Ce fût une belle démonstration tactique (Diane a particulièrement brillé) et une belle scène finale, qui aurait mérité d'être mieux décrite si je n'avais pas eu 5 ou 6 combats à gérer en même temps. Au passage, Humphrey B jouait Herle de Lorune pendant l'absence d'Andréas.]<br />
<br />
Dés le début, Gavin est pris dans une bagarre désordonnée à coups de couverture, de cassette et de poings contre Dorian le Magnifique pendant que la belle fehnri disparaît dans les bois ("Une courtisane fehnri avec un gros score de discrétion associée à un marchand-escroc ? Tiens donc..."), Le Grêlé a rejoint la roulotte pour régler son compte à la petite servante qui s'y cachait encore (et "s'amuser un peu" avec elle : ça reste un mercenaire sans scrupule, hein), Eldan essoufflé rejoint le "champ de bataille" par le nord, Vighnu et La Poigne convergent vers les soldats qui contournent par le sud-est, Herle abandonne son arc pour foncer tout seul par le flanc ouest (il faut bien justifier de son état futur en le jouant "imprudemment"), Trevan et Diane quittent discrètement les gros rochers en cherchant à repérer leurs nouveaux adversaires...<br />
<br />
Après quelques instants de louvoiement discrets dans les bois, le premier accrochage intervient quand deux soldats franchissent le ruisseau en aval du gué et sont interceptés par La Poigne et Vighnu : si le gros benêt diminué par ses blessures est vite repéré et pris dans un laborieux corps à corps, l'assassin blesse un de ses adversaires d'une dague de jet avant de surgir derrière lui pour le poignarder, employant le corps du mourant comme bouclier contre les attaques de deux autres soldats qui venaient à son secours. En un instant, Vighnu balance le mort sur ses congénères, éventre l'un et abat l'autre d'une dague de jet dans la gorge, pendant que La Poigne enfin dégagé éclate le crâne du dernier à coups de gourdin.<br />
<br />
Après avoir éclaté le nez du marchand d'un direct bien placé, Gavin lui arrache sa précieuse cassette et, laissant le "Magnifique" sonné assis dans l'herbe, accourt vers la roulotte en entendant les cris d'effroi de la petite servante. N'écoutant que ses élans chevaleresque, il sonne Le Grêlé d'un grand de cassette sur le crâne et, après avoir tenté en vain de calmer la pauvrette (faut dire qu'il est grimé en Korme et qu'elle passe une matinée épouvantable), l'écuyer la laisse s'enfuir dans la forêt et part à la recherche d'une arme plus approprié en voyant se rapprocher les mercenaires du fortin.<br />
<br />
Sur l'autre flanc, Herle (sans arc, donc) s'est fait prendre en tenaille par deux tireurs, a reçu une flèche dans le côté et, pendant qu'il tentait de choper son agresseur au contact, l'autre a surgit de flanc pour lui ouvrir la cuisse à coup de glaive. Blessé et à deux contre un, il encaisse de son mieux lorsque Trevan de Rigorne charge en brandissant son épée, attirant l'attention de Diane qui progressait à croupetons dans le secteur : en une seconde, le premier chacal est décapité et le second s'écroule, un carreau d'arbalète dans l’oreille. Mais ils n'ont guère le temps de souffler car Le Moineau les appelle au secours !<br />
<br />
Déboulant sans s'en apercevoir au milieu des ennemis camouflés, Eldan est immédiatement pris par surprise et blessé. Il parvient néanmoins à faire chuter son adversaire et, roulant avec lui dans les feuilles mortes, les deux éclaireurs échangent coups d'épée, de pied et de poing en s'usant l'un l'autre, pendant qu'un chacal supplémentaire s'approche à pas de loup. Le Moineau le repère au dernier moment, appelle à l'aide, tente vainement de pousser l'ennemi qu'il a blessé dans les jambes de l'arrivant et encaisse une nouvelle blessure (il commence à être franchement mal en point) lorsque Trevan arrive à la rescousse, toujours au pas de charge et toujours couvert par Diane dont l'avant-dernier trait cueille l'ennemi debout juste sous l'omoplate, perçant le poumon.<br />
<br />
''"Laisse-le moi !"'' gueule Eldan au chevalier errant et, donnant tout ce qui lui reste contre un ennemi soudain moins faraud, le Moineau prend finalement sa revanche en clouant son ennemi au sol d'un grand coup d'épée. Avant même que Herle rejoigne en boitant l'éclaireur victorieux, Trevan et Diane sont repartis au pas de course vers le flanc est, où des cris indiquent que Lerkoren Oleytan passe un mauvais quart d'heure.<br />
<br />
Car parti seul au nord pendant que l'on se battait près du ruisseau, le jeune Elloran a abattu le premier des "Chacals" qu'il a rencontré mais s'est ainsi fait repéré par deux autres : après un court échange de flèches en manœuvrant pour rester à couvert, Oleytan s'est fait chargé par les deux ennemis simultanément, a réussi à les entraîner dans un bosquet touffu pour les gêner au maximum mais commence à faiblir sans parvenir à se dégager et, lorsqu'il prend un coup de lance dans le mollet, ça commence à sentir franchement le roussi. "VIGHNUUUU !!!" appelle-t-il alors à pleine voix, pendant que l'intéressé, à plus de 200m de là, achève le dernier soldat qui s'enfuyait d'un magnifique lancé de couteau, qui l'atteint dans le dos à plus de 50 pas.<br />
<br />
Lorsque deux mercenaires ont abordé la roulotte et trouvé Le Grêlé étalé dans l'herbe, Gavin qui venait de cacher son butin dans les buissons a soudain été pris de remords. Ramassant l'épée d'un mort, il revient à pas prudents lorsque le combat éclate : Le Grêlé a laissé le premier adversaire s'approcher pour l'achever, a retourné la dague qui le menaçait dans l'estomac de l'ennemi et roulé sous la roulotte pour échapper aux coups de lance du second militaire. Le Grêlé est néanmoins blessé lorsque l'écuyer arrive alors pour achever d'un grand coup d'estoc le gars qui se tenait le ventre à deux mains et bondit sur le véhicule qui commence à avancer au ralenti, les bœufs n'aimant guère la nouvelle agitation qui secoue leur attelage. Son camarade sort alors de sous le chariot pour éviter de passer sous les roues et, maintenant à deux contre un, Gavin et Le Grêlé ont vite défait le dernier soldat, achevé d'un joli lancer d'épée dans le dos alors qu'il s'enfuyait.<br />
<br />
Trevan, Diane et Vighnu arrivent à quelques secondes d'intervalle au secours d'Oleytan, les deux derniers Chacals étant alors rapidement tués, le premier percé du dernier carreau de la Kerdane et Vighnu égorgeant l'autre après un bref corps à corps, d'abord à deux, puis trois puis quatre contre un.<br />
<br />
=== Fin des combats ===<br />
<br />
Essoufflés, les guerriers vainqueurs font brièvement l'appel : <br><br />
<br />
«_''La Poigne ? <br><br />
_''Il souffle près du ruisseau, il a pris assez cher. Eldan ? <br><br />
_''De l'autre côté, au nord, mal en point : il s'est mangé l'avant-garde tout seul avant de nous rejoindre, si j'ai bien compris. Herle est avec lui, blessé aussi, il a perdu connaissance. <br><br />
_''Gavin et le Grêlé sont donc seuls avec la roulotte : faudrait pas trop traîner avant qu'ils se fassent des idées malhonnêtes...» <br><br />
<br />
Et pourtant, les deux hommes se réconcilient sur une base financière saine : ils font moitié-moitié sur le contenu de la cassette ("que c'est pas la peine d'embêté les autres avec des détails") et Le Grêlé oubliera qu'un certain écuyer a essayé de l'estourbir avec. A peine ont-ils partagé qu'arrive Andréas Odran sur un cheval fatigué, qui découvrent le massacre au bord du gué : ''"Dîtes-donc mais c'est carrément la guerre ici ! Je croyais que le but de toute l'opération à l'auberge était de pouvoir prendre le butin d'un chariot à peine défendu. _Ouais ben y a eut des invités surprise..."''<br />
<br />
Les valides font le tour du secteur, poussent le chariot hors de la route, rassemblent les camarades blessés pour que Vighnu et Andréas puissent les rafistoler, puis trient les cadavres au nombre desquels semblent se trouver (par la grâce d'1pH) presque tous les hommes du fortin susceptible d'identifier Eldan après ses exploits de la nuit précédente. "Alors on est bons, conclut le chroniqueur : j'ai vu les Kormes tuer les deux seuls autres qui nous aient regardé de près. <br><br />
<br />
«_''N'empêche que le Magnifique, sa poule et la servante se sont tirés. <br><br />
_''Bah c'pas grave, ils témoigneront qu'ils ont été attaqués par les Kormes. <br><br />
_''Mouais, sauf que Gavin a jugé utile de leur faire la causette. <br><br />
_''Chiotte ! <br><br />
_''Et sinon, d'où ils sortaient tous ces mecs ? <br><br />
_''Ben ceux-là ont du vous poursuivre depuis l'auberge. <br><br />
_''Celui-ci, il était déjà avec l'escorte au départ de Solerane, alors j'imagine que ceux du nord étaient à la recherche du messager qu'on a intercepté cette nuit. <br><br />
_''Les Chacals qui nous attendaient avec le fourgon ont du appeler du renfort après qu'on aie commencé à leur tailler des croupières, parce que je pensais pas qu'il y en avait autant dans le secteur... <br><br />
_''Le premier qu'a tué Herle le jour du départ, Jaromir et Rumbold que tu as dégommés avant de lâcher le convoi, ça fait déjà trois... <br><br />
_''Au moins deux de plus, qu'on a tué avec Trevan et Gavin quand ils nous poursuivaient : ça fait cinq. <br><br />
_''Cinq ou six avec Jorem Cuivré hier, vu qu'on a pas trop fait le détail. Disons 10. <br><br />
_''Et aujourd'hui j'en compte cinq, dont au moins un emishen du clan des Rimdehl, en plus des derniers hommes de Jornil ! <br><br />
_''Tu oublies les trois qui sont morts au Cercle des Cascades au début de la semaine, ça fait donc 18 chacals éliminés en 8 jours. C'est du bon boulot, quand-même ! <br><br />
_''Façon de voir : moi ce qui m'inquiète, c'est qu'on puisse avoir deux dizaines de types armés dans notre secteur et ne nous en apercevoir que maintenant... Il faudra qu'on parle à ce trafiquant de sel que connaît Eldan, celui qui a présenté Jaromir au fils Cuivré : je crains que l'implantation des Chacals soient plus avancé qu'on ne l'imaginait.» <br><br />
<br />
Rassemblés et ayant brièvement le temps de souffler pour la première fois depuis des jours, nos héros en profitent pour échanger enfin les infos recueillies par chacun au cours de leurs aventures et reconstituent ce qu'ils savent de la Confrérie du Chacal :<br />
La Confrérie, originaire des Sylves, semble essaimer en créant des "chapitres" locaux dans différentes régions de l'Empire. Il semble que des membres du chapitre "sylvain" de la Confrérie ait donc fait le déplacement pour "franchiser" des brigands du Nord, et ce sont ceux-là qui dirigent plus ou moins les opérations (les trois mecs tués par Andréas, Adira et Eldan aux cascades étaient vraisemblablement des novices). Aux Sylves, la Confrérie est à la fois une mafia, une secte animiste et le noyau dur de la résistance armée à l'occupant impérial : si Urgrand est lié à ces gars-là et qu'ils commencent à passer des accords avec les Kormes, ça risque de compliqué sérieusement l'Échiquier du Nord. Et si les Chacals semblent être quasiment apparus par génération spontanée en quelques semaines, c'est qu'ils ont trouvé des gens pour les soutenir et les aider dans la région : soit Urgrand est beaucoup mieux connecté qu'il n'y paraissait, soit ils ont d'autres appuis...<br />
<br />
=== Exfiltration ===<br />
<br />
"...après quoi on a réparti le butin sur les chevaux, vu qu'on en avait maintenant une bonne quinzaine, on t'a attaché en selle et on s'est tiré vers l'ouest en contournant Celanire par le nord jusqu'au grand menhir où nous attendait Neri'Helin, une des novices du chaman edell'okhil Kal Tayvon, avec des bœufs laineux, des vivres et tout le matériel de montagne : paraît que ton 'Pitaine leur a promis de racheter leurs frères en esclavage. On a ensuite crapahuté par l'ouest pendant trois jours dans les Asparren puis les Monts d'Azur, en passant par des coins de plus en plus hauts et enneigés pour éviter de croiser quiconque. La p'tite Edell'okhil a même déclenché une avalanche dans le col du Fraisil pour qu'on ne puisse plus nous suivre. On a bien perdu quelques canassons en chemin, mais les lingots sont au complet, le groupe aussi (quoique la demoiselle ait du re-nettoyer les blessures de La Poigne), et nous voilà presque rendus. <br><br />
<br />
«_''Où sommes-nous, exactement ? <br><br />
_''Un peu au sud-ouest de la Mine Bénie : on va contourner par l'autre versant pour éviter de s'y faire voir et la môme va nous faire passer sur la rive nord du Lac Troisième par une espèce de chemin à travers les marais à l'est de Andh Endhil, pas loin du camp abandonné d'Etayn-la-Louve. <br><br />
_''La voie est libre et le jour va se lever, annonce la jeune femme en rejoignant le groupe : ramassez vos affaires, hommes du sud. <br><br />
_''Allez, messire de Lorune, remonte en selle : ce soir, Le Cornu nous attendra avec de la gnôle au camp d'abattage.»<br />
<br />
Et dans le petit matin, les fiers cavaliers de Tal Endhil descendent victorieux vers la Vallée des Lacs en Palier avec, dans leur fonte, un trésor capable de financer les nouveaux projets du Capitaine Durgaut... <br><br />
<br />
<br />
<br />
== ÉPILOGUE (envoyé aux joueurs après coup) ==<br />
<br />
<br />
<br />
C'est au soir du huitième jour après leur départ discret que nos vaillants mercenaires fourbus, gelés, blessés et riches comme Crésus se sont affalés dans une minable hutte au nord du camp de bûcherons de Tal Endhil, déserté chaque nuit en cette saison. Immédiatement repartie avec ses bœufs laineux, sa sœur adolescente et son cousin mutique, la gironde rouquine Neri'Helin (''"Dis-donc mais... c'pas la p'tite Edell'okhil que t'a réveillée l'autre fois aux cascades, quand on cherchait les Chacals ?_Si, même que Nevel m'a dit que Tael Shannan se la tape !_Note qu'il se tape toutes les mignonnes, ce fumier de barde._Dîtes, c'est fini d'échanger des potins comme deux vieilles venteuses ?"'') a laissé les hommes de Durgaut fort symboliquement assis sur la terre battue, à 10 pas de l'icône votive qui marque l'extrême frontière nord de l'Empire (mais Le Grêlé a pissé dessus). Ils ont festoyé, pansé leur nombreuses plaies et, d'abord par jeu, ceux qui parmi eux avaient quelques notions de finances ont commencé à calculer combien représentait le chargement encore bâté sur leurs chevaux. <br><br />
<br />
«_''On a pas loin de 250 lingots, dont bien 150 de merdouilles comme du cuivre, du bronze et du fer... <br><br />
_''Des "merdouilles" qui vont se négocier entre 500 et 1000 lunes à la prochaine cité dotée de forges, ducon. <br><br />
_''T'es sûre ?! <br><br />
_''Il est drôle l'aut' : pourquoi qu'tu crois qu'on creuse des mines ? <br><br />
_''Crois-moi, s'il y a bien un truc que les Kerdans savent faire, c'est du commerce... <br><br />
_''Je savais bien que t'étais kerdane malgré ton histoire de "Je suis une innocente remane élevée près de la colonie kerdane de Rigorne, et blablabla"... <br><br />
_''C'est donc bien vrai mademoiselle Diane ? Vous aussi vous êtes de Rigorne ?!? <br><br />
_''Écoute, Trevan : tu es mignon, tu es vaillant mais, putain, ta gueule. <br><br />
(Trevan de Rigorne rougit.) <br><br />
_''On disait donc au moins 500 lunes pour les lingots de "vils métaux", mais on a surtout une petite centaine de lingots d'argent, quoique la moitié soient planqués dans de faux lingots de cuivre. Et ça, ça nous fait... heu... attendez voir... <br><br />
_''Au moins 300 pièces d'or. <br><br />
_''Putain ! <br><br />
_''Quoi ?! <br><br />
_''La Poigne ! Tu sais compter !? <br><br />
_''Ben oui, surtout le métal quoi. J'suis été apprenti forgeron. Mais c'est trop du labeur : j'aime plus mieux taper qu'une bonne fois sur un casque. <br><br />
(La gourde de vin de sureau passe de main en main, chacun avalant une rasade d'un air mi-émerveillé, mi-consterné.)<br />
_''On... on a ramené... 350 pièces d'or ?! Vous croyez que notre bon Capitaine va être content. <br><br />
_''Ah ça, Moineau, il a un peu intérêt à l'être ! <br><br />
_''Dîtes, ch'ais pas si vous vous rendez-compte : c'est p't'être le plus beau brigandage de toute l'histoire des Marches !! <br><br />
_''On est riches les gars ! RICHES ! <br><br />
_''Non, messieurs : Tal Endhil est riche. Par les pères, si l'un de vous commence à concevoir une seule pensée pécheresse... <br><br />
_''Mais quel pisse-vinaigre, le Défroqué, quand il pisse le résiné. <br><br />
_''Héhé. Fais-voir ta balafre, d'ailleurs, Herle : faut changer ton bandage. <br><br />
_''Ma mienne elle est plus grande ! <br><br />
_''Hihi ! <br><br />
_''Nul n'en doute mon cher La Poigne, nul n'en doute... <br><br />
_''Ouais mais la tienne elle a même pas percé ta couche de lard ! <br><br />
_''N'empêche qu'on a tous ben gagné nos 2 pièces d'argent chacun ! <br><br />
_''Plus la prime ! <br><br />
_''Oh oui : vous êtes de vaillants gagne-petit. Mais la prime c'était si on laissait pas de témoins et, là, on a Jornil lui-même, Dorian, sa pute, la servante... <br><br />
_''Toi le Noir tu commences à nous les bris... <br><br />
_''Bon les gars, vos gueules : il est tard. Alors ça pionce, ou je vais commencer à distribuer les baffes. Le Grêlé et Diane prennent le premier tour de garde. Demain, j'vous ramenions tous au village. Et rappelez-vous qu'vous avez promis le secret sur vos têtes ! Si on vous presse vraiment, et seulement dans ce cas-là, vous avez été r'prendre les lingots de la Mine Bénie à une bande de Kormes du côté de la Baie des Langueurs. C'est bien clair, pour tout le monde ? <br><br />
_''Oui mon sergent ! <br><br />
_''Lèche-cul. <br><br />
_''Mon sergent ! Y a Le Grêlé qui dit... <br><br />
_''Foutremerde, tas de corniauds ! Même avec une 'pparition divine, j'conçois point comment qu'une pareille bande de mômes a pu réussir cette mission !» <br><br />
<br />
<br />
<br />
}}<br />
<br />
'''[[7) "Embrouilles en Cascades"|<< Épisode Précédent]] | [[9) "Reishin Ghoran"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Épisodes|<< RETOUR à la liste des Épisodes]]'''<br />
[[Catégorie:Épisodes]]<br />
[[Catégorie:Comptes-Rendus]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/8)_%22Le_Train_de_l%27Argent%228) "Le Train de l'Argent"2014-09-08T12:21:35Z<p>Aloun : </p>
<hr />
<div>La totalité de l'Épisode 8 : "Le Train de l'Argent" est classée "spoiler".<br />
Si vous voulez vraiment accéder à cet Épisode, vérifiez que soit un de vos perso y était, soit que le MJ vous en a donné l'autorisation.<br />
Tout abus sera illico puni par une grosse perte du plaisir de jeu.<br />
<br />
C'est bon, vous y avez bien pensé ? Vous êtes vraiment sûr ?<br />
<br />
...<br />
<br />
{{Secrets|<br />
== Prologue, rien que pour Eldan et le Capitaine : ==<br />
Durant les [[Huitaines]] précédentes, Durgaut a envoyé ses mercenaires (dont Eldan le Moineau) enquêter du côté de [[Solerane]] sur '''les détournements de fonds commis par le défunt [[Lieutenant Armeld]]''' avec son complice, Maître [[Gaster]] (écroué depuis au donjon), et découvert ainsi l'implication d'un patron-minier, notable influent et principal contrebandier de la région : '''[[Jornil Cuivré]]'''. En dehors de ses opérations "privées", Jornil travaille pour [[Rhilder le Fou]] à détourner le minerai d'argent des mines de la région, théoriquement destiné à l'État-Major, au seul bénéfice du dément Prévôt de la [[Marche des Lacs]]. <br />
<br />
Rhilder n'est vraiment pas quelqu'un avec qui Durgaut peut se permettre d'être en guerre ouverte, puisqu'il est son supérieur direct, un puissant "[[:Catégorie:Seigneurs du Nord|Seigneur du Nord]]" (comme on appelle les impériaux qui se taillent des fiefs dans les Marches) et un putain de psychopathe, notoirement responsable du génocide de la tribu emishen des [[Rimdehl]] (les Geaies).<br><br />
'''Mais notre brave Capitaine est en fait pris à la gorge ''' (en plus d'être très énervé contre le Prévôt qui le ruine par ses magouilles et lui réclame d'envoyer des troupes que [[Tal Endhil]] n'a pas pour participer à la guerre contre les [[Oloden]])... S'il n'envoie pas bientôt '''des lingots d'argent à l'État-Major''' du [[Duc-Gouverneur]] pour couvrir le quota de la [[Mine Bénie]] (apparemment pillée par les [[Kormes]]), Durgaut va sauter.<br><br />
En fait, il n'est encore même pas sûr de pouvoir obtenir le titre de "Bailli de Tal Endhil" vu les exigences du [[Aristame de Gorme|Primat]] en la matière, mais espère bien réussir à l'épater d'ici son arrivée. D'ailleurs, s'il reste en poste et devient bailli, il sait avoir besoin de beaucoup de pognon pour embaucher assez de mercenaires pour enfin contrôler son territoire et développer la région.<br />
<br />
Durgaut a donc conçu un plan audacieux pour régler plusieurs problèmes à la fois : '''braquer le convoi de métaux''' qui va bientôt partir de Solerane pour [[Darverane]], siège de la prévôté harcelé par les troupes de [[Kainen Tahrel]]. Ainsi, il mettra la main sur une véritable fortune (l'argent détourné caché dans des lingots de cuivre, l'argent "officiel" envoyé de Solerane pour l'état-major via Rhilder, du cuivre et de l'étain en quantité...) dont il compte employer une partie à payer son quota au Gouverneur, une autre à racheter des esclaves [[Edell'Okhil]] de la [[Marche des Gemmes]] comme il l'a promis à ses alliés emishen, et le reste à constituer une petite armée.<br><br />
Il en était à mettre au point un plan solide lorsqu'il apprend que la route de Darverane, coupée par les Kormes depuis des semaines, vient apparemment d'être rouverte suite à une contre-offensive de Rhilder : '''le convoi de métal ne devrait plus tarder à partir, il faut agir vite'''. Et comme [[Vighnu Pratesh]] vient de rentrer du [[Cercle des Hautes Pierres]], il décide d'embaucher l'assassin pour courir l'aspect le plus délicat de la mission : assurer le secret.<br />
<br />
{{Secrets|Ce qu'il ignore malheureusement, c'est que Jornil a lui aussi enquêté sur les trois attaques successives qu'il a subi de la part de ruffians non-identifiés : d'abord on a tabassé nombre de petits truands sous les ordres de son fils, [[Jorem Cuivré]], ensuite on s'en est directement pris à deux de ses lieutenants notamment impliqués dans la contrebande d'argent, enfin un éboulement à la mine de cuivre qui s'est révélé être un sabotage (les mercenaires de Durgaut avaient pour instruction de "recruter des mineurs" et n'ont rien trouvé de mieux). <br><br />
Jornil a donc d'abord envoyé un certain '''Worik''' se mêler aux mineurs "responsables de l'éboulement" qu'il a lui-même renvoyé et qui partaient s'engager auprès de Durgaut. Mais son agent, qui s'était mêlé à l'expédition minière menée par [[Mérane "Roulier"]], est mort connement, tué par des Kormes, pendant l'épisode [[5) "Le Pont"]]. Puis le patron-minier a envoyé un messager auprès de son bon ami [[Adira Pratesh]] pour se renseigner sur les mercenaires de Durgaut (Adira étant alors en pleine bisbille avec le Capitaine, il a volontiers informé Jornil) et contacté son autre associé à Tal Endhil, Maître [[Plirune]] (Jornil partage la propriété de la mine de fer du village avec Plirune et Gaster, ce que le Capitaine est sensé savoir mais dont il ne réalise pas l'importance) pour obtenir quelques renseignements de plus (notamment sur les finances de Tal Endhil). Adira l'a ensuite informé de tout ce qu'il avait appris sur l'arrestation de Gaster (notamment que ce n'était pas lié qu'au magouilles de leur [[Guilde]])... Bref : Jornil a compris que Durgaut était après lui et pris des mesures en conséquence.<br><br />
Car s'il ne peut pas se permettre de retarder d'avantage le convoi de métal (Rhilder a besoin de ce fric pour sa guerre perso et il n'est pas câlin quand il s'impatiente), il a conçu une ruse efficace : embaucher des mercenaires de rab' pour l'escorte et, surtout, contacter par un ami de son fils Jorem une "''petite bande de brigands récemment arrivés dans le secteur''", la [[Confrérie du Chacal]]... }}<br />
<br />
<br />
== À la "Taverne Penchée" ==<br />
'''Il fait déjà nuit lorsque la Taverne, récemment rachetée par les mercenaires de Durgaut, ferme ses portes beaucoup plus tôt que d'habitude''' en chassant les soiffards qui comptaient y passer leur soirée en galante compagnie ; les prostituées, récemment rendues à leur autonomie sous l'autorité de la belle [[Garnelle]] (maîtresse occasionnelle du jeune Eldan,) sont également invitées à rentrer chez elles et le quartier lacustre de Tal Endhil est donc rapidement rendu au silence et à la brume nocturne...<br> <br />
'''Pourtant, quelques silhouettes discrètes gagnent bientôt la Taverne apparemment close :'''<br />
* '''l'apothicaire [[Vighnu Pratesh]]''' (Loriel) n'a eu qu'à franchir quelques pontons depuis sa propre échoppe, son matériel d'empoisonneur sous le bras et ses armes dissimulées sous son large manteau reman, où bat un petit cœur sec depuis si longtemps, récemment réveillé et illico brisé par Islinna : les femmes sont cruelles. Déjà en grande partie au courant de la mission, la seule chose qu'il ignore c'est ce qu'ils vont voler. Mais vue la somme promise par le Capitaine, il est trop heureux de ne pas poser de questions.<br />
* '''[[Nadine "la Moucheuse"|Diane Maletudine]]''' (Orlanth) est une Kerdane, quoiqu'elle prétende être une remane originaire de la cité portuaire de Rigorne, embauchée depuis quelques mois dans l'Armée du Nord, suite à des problèmes avec ses compatriotes. Femme dans une armée de macho, elle a bientôt eut d'autres ennuis (décidément) qui l'ont incité à déserter pour rejoindre la petite communauté kerdane de [[Tal Endhil]] sur les conseils de son mentor, le célèbre maître d'armes [[Vasco Sotorine]]. Sauf que [[Ranyella Sotorine|Ranyella]] la pilote ne veut pas d'une renégate dans sa troupe et l'a donc refilée au Capitaine sans lui expliquer les casseroles que trimballe l'arbalétrière...<br />
* '''[[Andréas "Odran"]]''' (Humphrey B) a récemment eut un entretien secret avec le Capitaine qui pourrait se résumer ainsi : "''Je sais que vous êtes un sorcier, mais je suis prêt à fermer les yeux si vous bossez pour moi._Ça pourrait m'arranger, vu que je suis là pour mettre fin à la dispersion d'artefacts qui commencent à foutre le boxon à [[Duriane]], mais je vais pas m'en sortir tout seul._Splendide : faudra me neutraliser le machin dans la Mine Bénie. Dans l'intervalle, vous êtes embauché comme espion. Vous commencez demain, rendez-vous à la Taverne Penchée après la fermeture.''" Il arrive donc avec un peu d'avance et pas mal de bagages, dont son précieux grimoire, ses herbes médicinales et un certain objet qu'il a passé presque deux jours à chercher dans le torrent en contrebas de la [[Mine Bénie]].<br />
* '''[[Oleytan "le Furet"]]''' (PNJ), lui, s'est engagé dans les mercenaires de Durgaut dès son retour de "l'Opération Tréfonds" : il se sent désormais un vrai guerrier, veut participer à l'alliance entre les Talendan et les Elloran mais, surtout, il a enfin couché avec le grand amour de sa jeune vie : la jolie négociante lewyllen [[Doma Sholen]]. Celle-ci l'a inexplicablement largué à l'arrivée à Tal Endhil en lui expliquant que "c'était fun, mais t'es juste trop jeune pour moi" (elle court en vain après [[Nevel Sholdanan]] depuis 4 semaines). Après une intense réflexion, le jeune guerrier est arrivé à la seule conclusion "sensée" : s'il veut que la belle marchande le reprenne, il doit lui prouver qu'il est capable de lui assurer le train de vie qu'elle a perdu, et pour ça, il lui faut "des rondelles", comme les Emishen nomment la monnaie impériale. Il ne comprend pas grand-chose à la mission que Durgaut lui a proposé, mais il est bien content puisqu'il va être payé royalement.<br />
* '''[[Eldan "le Moineau"]]''' (Aloun) arrive le dernier, accompagné d'une montagne de muscles habillées de haillons qu'il vient de récupérer dans l'unique geôle du donjon : [[Herle de Lorune]] (Ego'), noble et chevalier du temple récemment défroqué. Lui aussi a des problèmes, parmi lesquels l'alcool, la violence et un sens aigu de la justice qui, après lui avoir coûté sa charge d'inquisiteur lors d'une altercation avec le Primat lui-même, l'ont fait rétrogradé comme simple soldat dans la troupe de [[Bagoran de Marale]] (chargé de le "mater" : échec critique) et récemment conduit à défoncer le portrait d'un connard de Chevalier du Temple (donc un de ses "supérieurs") qui tabassait une gamine emishen. Son séjour en taule auprès du plaintif Gaster s'est terminé lorsque le Sergent LeCornu a jeté son dévolu sur le prisonnier, et convaincu le Capitaine de l'embaucher.<br />
<br />
'''Lorsque tout ce petit monde est attablé''' dans la taverne sur pilotis qui grince et (effectivement) penche sous l'effet de la houle, [[Le Cornu]] qui tenait le comptoir fait entrer deux de ses collègues, le massif imbécile qu'on appelle "La Poigne" et le brigand reconverti au visage marqué par la petite vérole qu'on appelle "Le Grêlé". Comme Eldan et le Sergent, ils ont survécu à tous les combats depuis la [[Bataille de Tal Endhil]] et sont tout dévoués au glorieux chef qui va bientôt faire d'eux la "''garde bailla, bailliagiale...heu... baillique... la garde du bailli, quoi''", et qui lui-même pénètre dans la grande salle inclinée à leur suite, une vaste carte sous le bras :<br><br />
« Bonsoir mademoiselle et messieurs, nous avons peu de temps et je vous demande d'être extrêmement attentifs à l'exposé qui va suivre.» Pendant que Vighnu et Andréas dégagent leurs gobelets pour laisser Durgaut déployer la superbe carte (signée [[Ordano Sotorine]]) sur la table crasseuse, les 6 autres membres de l'équipe s'approchent pour suivre le briefing dans la lumière chiche des chandelles. Le Capitaine enchaîne :<br />
« La mission que j'ai à vous confiée est dangereuse, urgente, secrète, absolument vitale pour Tal Endhil et ''remarquablement bien payée''. Si certains d'entre vous ne s'en sentent pas capables et préfèrent retourner à leurs activités précédentes, qu'ils le disent tout de suite. Car une fois que je vous en aurais exposé les objectifs, Messire Pratesh ici présent sera le garant ''de votre silence''. Tout le monde est motivé et se sent capable de se taire ensuite, en cas d'échec comme de réussite ? Parfait. Sergent, passez-moi les figurines...<br><br />
« Dans les jours qui viennent, peut-être même dès demain, '''un convoi lourdement gardé''' va quitter [[Solerane]] à destination de [[Darverane]] (Durgaut pose une miniature en bois, une espèce de coffre aux pieds vaguement arrondis, sur la carte) : il contient plusieurs coffres très lourds que vous êtes chargés d'intercepter, de préférence avant "l'[[Auberge du Pont]]"... C'est quoi ça, Le Cornu ? demande le Sauveur de Tal Endhil quand son sergent lui passe une espèce de cube prolongé par un jambage tordu.<br><br />
_C'est l'Auberge du Pont, mon 'Pitaine. C'est La Tortue qu'a fait les sculptures, mais on a pas eu bien l'temps.<br><br />
_Je vois... À "l'Auberge du Pont", donc, se trouvent actuellement plusieurs dizaines de marchands qui, depuis des semaines, y attendent que les troupes de Rhilder reprennent le contrôle de la route vers Darverane aux Kormes qui harcèlent la prévôté (il pose du côté du [[Mont Grison]] un petit bonhomme chauve et noirâtre) avec l'appui des troupes Emishen de Kainen Tahrel (Vighnu approuve du chef). <br><br />
Si le convoi de Solerane rejoint la première caravane groupée en partance pour Darverane, il sera alors probablement trop entouré pour que vous puissiez tenter quoique ce soit. Vous êtes ici... mais c'est quoi ça ? Un chien ?<br><br />
_Un ch'val mon 'Pitaine, pour représenter, le commando.<br><br />
_Vous avez pu leur trouver des chevaux ?<br><br />
_Ah non mon 'Pitaine : c'est des pirogues, pour quitter le village. Ensuite s'ront à pied. Mais La Tortue, quand il a commencé, i'l'savait pas, pis i' sait pas faire les pirogues, et de toutes façons ça va surtout se faire par voie de terre alors, heu... Vous préférez un bouchon, ou un dé en os ?<br><br />
_Va pour le chien (soupir)... Donc : vous êtes ici (il pose la figurine sur Tal Endhil), vous partez dès cette nuit pour atteindre Solerane (le "chien" rejoint le "chariot"), où vous serez chargés de repérer le convoi et de surveiller ses préparatifs de départ. Le but est de lui tendre une embuscade dans les deux jours qu'il lui faudra pour effectuer ce parcours (le chariot glisse sur les segments de la route marqués "1, 2, 3, 4, 5"). Si vous pouvez intercepter le chargement sur les berges du [[Lac d'Acier]], il sera plus aisé de le transporter à bord de barges ou de pirogues. <br><br />
Le Moineau connaît la ville et les hommes qui escorteront ce convoi, Messire de Lorune a la charge de l'assister en tout -et de s'assurer qu'aucun d'entre vous n'ait la mauvaise idée d'ouvrir les coffres. Maître Pratesh est chargé de trouver des embarcations pour les chargement et d'assurer le secret de l'opération (Vighnu sourit, pensant aux peintures de guerre Kormes qui n'ont pas servit lors de l'[[Opération Tréfonds]] et à la barge kerdane cachée depuis dans les marais près d'[[Écume 6]]). Vous devrez quitter le village et y rapporter les coffres sans être vus, ni dire à quiconque d'où vous venez ni où vous allez. <br><br />
Car, j'insiste, '''cette opération peut assurer le salut de Tal Endhil si elle réussit, mais sonner notre perte à tous si quelqu'un devait découvrir qui a commandité l'attaque'''. Une prime substantielle versée à notre cher apothicaire en sera la garantie.<br />
_Ça veut dire "pas de témoins", demande Diane ?<br><br />
_Ça veut dire "démerdez-vous pour que personne ne puisse vous reconnaître, suivre votre piste et remonter jusqu'à nous" : je préférerais que vous épargniez les civils, mais Maître Pratesh sera décisionnaire en dernier recours. À part lui, '''vous serez payés chacun 2 pièces d'or pour cette brève mission et votre durable silence''' (la solde mensuelle d'un mercenaire étant de 2 pièces d'argent, ça fait 10 fois plus pour quelques jours de boulot). Des questions ?<br><br />
_C'est quoi, dans les coffres ? Ça pèse ?<br><br />
_Le contenu ne vous regarde pas mais, oui : ça pèse. Probablement autour de 200kg en tout.<br><br />
_C'est qui, qu'on braque ?<br><br />
_Pas votre problème non plus. Fiez-vous à Eldan, soyez discrets et ça ne devrait pas avoir d'importance.<br><br />
_Les gars de l'escorte, c'est des pros ?<br><br />
_Quelques-uns, oui, mais la plupart seront des mercenaires en permission, des cochers endurcis, des coupes-jarrets, des gardes plus habitués à surveiller des esclaves... Le problème, c'est qu'ils doivent se méfier : ils ont eut des ennuis récemment, ils savent que le trajet est dangereux et ils seront sur les dents. Il se peut même que vous soyez déjà attendus à Solerane. J'insiste : '''''méfiez-vous'''''.<br><br />
_Qu'est-ce qu'on a comme matos ?<br><br />
_Vous étiez prévenus d'emporter le vôtre, mais Eldan conserve quelque argent pour vos frais de mission, des vivres, un peu de charbon, des flèches, des torches et des cordes vous attendent avec les chev...<br><br />
_Dans les pirogues, mon 'Pitaine.<br><br />
_Dans les pirogues, donc. J'ajoute les papiers que m'a demandé monsieur Odran (il confie une petite pochette de cuir à Andréas, contenant du parchemin, des lettres officielles de la main de [[Rhilder]] et son sceau de cire, pour pouvoir si besoin modifier les ordres de mission du convoi) et vous emportez cette carte, annotée par mes soins, en espérant qu'elle puisse vous aider : ne la perdez pas ! ''[Durgaut leur confie par ce biais un de ses précieux point d'Histoire.]'' Autre chose ?<br><br />
_Y a le Venteux qu'a pas tout compris, vu qui parle pas bien not' langue...<br><br />
_Messieurs Odran et Pratesh devront donc lui ré-expliquer en ramant. Bonne chance à tous : le destin de Tal Endhil est entre vos mains ! Mais pas les figurines, La Poigne : repose ça ! <br><br />
_Pardon mon 'Pitaine. »<br />
<br />
[[Fichier:Carte-Carrée.jpg|900px|thumb|left|La carte remise par Durgaut, telle que les joueurs l'ont découverte la première fois...]]<br />
<br />
<br />
<br />
== En route vers Solerane ==<br />
Pendant qu'on roule la carte, LeCornu et Herle déplacent la lourde table, révélant une trappe dans le plancher qui, une fois déverrouillée et ouverte, donne sur une échelle de corde descendant le long d'un pilier de bois, où sont amarrées deux pirogues emishen. Avec quelques difficultés dues à la disparité de poids et d'agilité de ses huit membres comme aux bagages de certains l'équipe embarque et glisse silencieusement sur les eaux couvertes de brouillard :<br><br />
«_Attention avec ça, c'est des armes emishen. <br><br />
_Pourquoi foutre ? <br><br />
_Pour passer pour des Kormes. <br><br />
_Pas con. Mais qu'est-ce qu'il fout avec un bouquin, lui ? <br><br />
_Je suis chroniqueur... <br><br />
_Et vous allez chroniquer l'opération ''secrète'' ?! <br><br />
_Houlà non, je... j'ai d'autres talents. Falsifier des sauf-conduit, par exemple. <br><br />
_Je vois...»<br><br />
Ils atteignent bientôt la rive sud du Lac Troisième, en amont du campement où dorment les caravaniers lewyllen, sans que les [[Soldats du Temple]] qui gardent actuellement les remparts n'aient rien remarqué.<br />
<br />
Après un conciliabule entrecoupé d'engueulades, un poème (Herle versifie par instant), une tentative de vol et plusieurs menaces physiques pour l'empêcher, les PJ décident de ne pas partir en quête de la barge cachée par Vighnu dans les marais mais de foncer de nuit vers Solerane, à pied, pour atteindre la ville au plus tôt, juste après que Diane ait confié au fleuve un étui flottant contenant 4 pièces d'argent (sur les 20 confiées à Eldan) et un message pour les Kerdans d'[[Écume 6]], leur enjoignant d'envoyer des embarcations vers la presqu'île du [[Lac d'Acier]] ''[le joueur a oublié que son perso n'était plus bien vu chez les bateliers, et Vighnu y a même mis 1pH pour que le message arrive : ce fût bien le cas...]''.<br />
<br />
Abandonnant dans les embarcations tout le matériel trop lourd, les mercenaires se répartissent les vivres, une arme emishen chacun et la longue marche commence. Lorsque l'aube se lève, Diane, Oleytan et Eldan, très en avant des autres, font la course dans la descente après avoir passé le Col de Nilfenan (au sud-ouest de la mine de fer, sur la carte) histoire de défouler leurs tempéraments casse-cou et ombrageux... ce qui vaut d'ailleurs à Eldan de se niquer la cheville dans une belle gamelle : on sent bien, dès que les officiers ne sont plus en vue, que ça va pas être très sérieux comme opération.<br />
<br />
=== Rencontre insolite ===<br />
Pendant que le fort peu sportif Andréas prend des heures de retard sur les autres et que Vighnu reste avec lui autant pour assurer sa protection que pour causer "''chroniquerie''" et politique locale (Vighnu envisage de créer un [[Hospice de Tal Endhil|hospice à Tal Endhil]] !), Oleytan, Diane et Eldan (qui boitille) arrivent en milieu de matinée au gué qui traverse la [[Rivière aux Élans]] (ainsi nommée car elle est sur le point de passage de la migration des grands cervidés, qui commencent d'ailleurs à remonter en cette saison vers les pâturages au nord de la [[Marche des Lacs]])... <br><br />
Ils sont assez surpris d'y trouver un grand costaud, ventru et entièrement chauve, portant des vêtements très vaguement emishen, assis sur un rocher au bord des flots et curant tranquillement au couteau le sang séché qui s'incruste dans les creux de sa lourde masse de bois sculpté. Les trois éclaireurs essoufflés par leur cavalcade repèrent assez vite les discrètes silhouettes déployées dans les bois autour du chemin et, chacun la main sur leur arme favorite, s'approche avec circonspection :<br />
«_Bonjour... <br><br />
_B'jour, répond le gros dans un Reman médiocre, avec un accent typiquement "venteux". Z'êtes avec le noir ? Vigjniou Bratéche ?<br><br />
_Ben là tout de suite... non. Mais des fois on le croise, quoi. Vous l'attendez ? <br><br />
_J'ai un message pour lui. <br><br />
_Vous voulez pas nous le donner ? On le transmettra quand on le verra ce soir... <br><br />
_Non, d'solé, c'est privé. <br><br />
_C'est pas un message à coup de masse, au moins ? <br><br />
_Héhé. Non. Pas cette fois.» <br><br />
N'ayant qu'à moitié envie de s'avancer dans le gué sous la probable ligne de tir d'archers dissimulés ni même de laisser une embuscade entre eux et le reste du groupe, quoique aussi un peu parce qu'ils ont alors pas loin de 12h de rude marche dans les jambes, Diane, Oleytan et Eldan se posent également près de la rivière, se trempent un peu les pieds (Diane va même s'éloigner pour faire un peu de toilette : par instant, dans ses Réactions, sa "Sensibilité Féminine" ressort), cassent la croûte, font une petite sieste... tout ça en gardant perpétuellement un œil sur les alentours et leurs armes à portée de main. <br />
<br />
Lorsqu'ils sont rejoints par Sire Herle de Lorune, La Poigne et le Grêlé, d'abord très méfiants, Diane qui a entamé un repas et une conversation en [[Langue des Vents]] avec le Gros leur fait signe de ne pas s'inquiéter, et les trois mercenaires finissent par jouer le même jeu que leurs camarades, profitant d'un peu de repos tout en restant sur leurs gardes. <br><br />
Au bout d'une heure de cette halte méfiante, "l'embuscade" se détend tout autant et Eldan repère bientôt un des archers Korme qui, lui aussi, déjeune sur le pouce à son poste de guet. Il le contourne, se cache, est brièvement suivi mais sème le guetteur, échappe ainsi efficacement à l'encerclement... et ne sait finalement plus trop quoi faire : il craint de déclencher un massacre s'il élimine un guetteur, de se faire repérer s'il continue de traîner près des Kormes, de perdre le groupe s'il s'éloigne et d'être trop loin pour intervenir s'il repart en arrière prévenir Vighnu et Andréas. <br><br />
Aussi reste-t-il caché, guettant les guetteurs, jusqu'à ce que, lassé de perdre du temps alors qu'ils sont pressés, Herle donne le signal du départ et franchisse le gué accompagné des 4 autres. <br />
<br />
Après avoir encore hésieé à les rejoindre carrément ou à rester en arrière, Eldan fini par laisser un signe de danger dans l'écorce d'un arbre à destination de Vighnu et décide de contourner pour franchir la rivière plus loin, ne trouve pas d'autre gué, passe à la nage, se paume en aval dans la forêt et mettra plusieurs heures à rejoindre ses camarades, trempé, gelé, épuisé et bientôt vertement engueulé par l'ex-templier ''[Sire de Lorune lui inflige même un tel jet d'intimidation pour lui inculquer la discipline militaire que le jeune éclaireur en sera durablement marqué : 2pts de Trauma !]''.<br />
<br />
Pendant ce temps, Andréas et Vighnu ont atteint le gué sans même remarquer le signe laissé par Eldan et le [[Fehnri]] est assez surpris de reconnaître le gros korme qu'il a déjà rencontré, il y a plusieurs semaines à Écume 6, lorsqu'ils avaient négocié des vivres et les soins de [[Mona Ma'od]] contre la transmission d'un message pour Adira (qui, si vous vous en souvenez, était arrivé au début de l'épisode [[5) "Le Pont"]], tiré avec une flèche sur la roulotte de Maître Pratesh). <br><br />
Quoiqu'il ne connaisse toujours pas son nom, il s'éloigne avec le chef rebelle et un petit conciliabule surréaliste se joue : les Kormes veulent (Vighnu comprend "[[Lashdan]], Roi des Kormes, veut...") l'embaucher pour assassiner un certain "[[Urgrand]]", le Sorcier barbu originaire des [[Marche des Sylves|Sylves]], qui dirigeait justement le détachement korme lors du siège à la [[Mine Bénie]] :<br />
«_Tiens donc ?! Mais pourquoi diable, demande l'assassin hilare ? <br><br />
_On m'a pas dit de te l'dire, et puis il paraît que les tueurs professionnels ne posent pas de questions. <br><br />
_Lorsqu'on les paye bien, c'est tout à fait exact oui. <br><br />
_Hé ben voilà pour toi, dis le Korme en lui tendant une grosse bourse de pièces, que le Fehnri s'empresse d'ouvrir avidement. <br><br />
_Mais... vous vous foutez de ma gueule ?! C'est des pièces de cuivre ! <br><br />
_Et alors, c'est pas bien ? <br><br />
_Mais c'est pas du tout assez, enfin ! Je suis un spécialiste, moi ! Je bute pas les gens pour 30 ou 50 pièces de cuivre !<br><br />
_Ah. Mais c'est tout ce qu'on a nous, même qu'on s'est tous cotisés pour rassembler ça. <br><br />
_Mais c'est pas possible, vous comprenez rien au commerce, à la fin ! Et il est où, votre Sorcier, d'abord ?<br><br />
_Ben on sait pas, nous, pourquoi tu crois qu'on s'adresse à toi ? Tu crois pas que je serais foutu de lui coller ma masse sur la gueule moi-même si on savait où il campe ? [[Etayn-la-Louve|La Louve]] dit qu'elle l'a perdu quelque part chez vous, du côté du Premier Lac, mais c'était il y a déjà plusieurs jours.<br><br />
_Bon, écoute, voilà ce qu'on va faire : dis à ton Roi que je suis d'accord sur le principe, mais que déjà ça va vous coûter 20 pièces ''d'or'' et qu'ensuite, soit vous savez me dire au moins à peu près où il est, soit ça risque de prendre pas loin d'un mois (car Vighnu pense savoir où Urgrand devrait se trouver dans environs trois semaines, héhé...). Dis-lui ça et, quand vous aurez la somme, contactez-moi.<br><br />
_Mais où tu veux qu'on trouve de l'or, nous ?<br><br />
_Non mais c'est un prix, vous pouvez aussi bien me ramener 200 pièces d'argent, ou 4 lingots d'argent, par exemple. Vous en avez bien, des p'tites barres en argent, prises dans une certaine mine, hmmm ?<br><br />
_Mais... non. De quoi tu parles ?<br><br />
_Oh le con ! Rha merde, il fait vraiment chier ce connard de sorcier !<br><br />
_C'est bien pour ça qu'on t'embauche, oui.<br><br />
_Bon alors 20 pièces d'or ou l'équivalent, vous trouverez bien ça quelque part pendant que vous vous battez dans la [[Vallée de Cainil]], hein, je ne m'en fais pas pour vous. Quand vous avez la somme, vous me recontactez, vous versez la moitié d'avance et, moi, je tue votre sorcier.<br><br />
_J'espère que d'ici là on l'aura trouvé nous-mêmes, mais sinon, on saura bien te joindre, ouais. Et bonne journée.»<br><br />
Et pendant que Vighnu se frotte les mains, les Kormes se dispersent dans la forêt sous le regard médusé d'Andréas.<br />
<br />
<br />
== La Ferme-Relais "[[Le Marchepied]]" ==<br />
Il fait presque nuit noire lorsque les 6 mercenaires fourbus atteignent enfin la ferme-relais qu'on appelle le "Marchepied", au pied de la route montant vers Solerane. Si Oleytan (trop repérable) est laissé avec le matériel dormir à l'extérieur, Diane, Eldan et Herle, bientôt suivis par La Poigne et Le Grêlé (trop crevés pour accepter de se peler le cul à camper dehors), pénètrent les uns après les autres dans l'enceinte de bois où un drôle de type pâle, un albinos efflanqué aux longs cheveux blancs qu'Eldan sait être surnommé "Craie" (chef des gardiens d'esclaves de la mine de cuivre), est en train de passer ses nerfs à coups de fouet sur deux malheureux emishen, une femme et un adolescent enchaînés au puits du milieu de la cour. <br />
<br />
Comptant avec l'albinos un escrimeur tout en noir s'engueulant avec le tavernier (une histoire de chevaux, de halte imprévue et de prix du fourrage) plus 4 soldats portant la livrée du Duc-Gouverneur (donc probablement issus de la garnison de Solerane), et soucieux de sa mission avant tout, Herle tempère ses instincts justiciers et suit la Kerdane dans le corps de ferme transformé en auberge de seconde zone, où il entreprend de noyer sa mauvaise humeur dans la bouteille d'hydromel prise à la Taverne Penchée. Si un jovial marchand de draps nommé Teillard, parti de Celanire vers le "marché de printemps" de Tal Endhil, tente bien d'engager la conversation avec les voyageurs, Diane l'envoie paître rudement (et nos héros se privent de la seule occasion de se renseigner sur la route qu'ils ont à faire) mais lance une petite partie de dés avec Eldan et Herle pour attirer à eux Craie et Esteval (l'escrimeur à l'armure de cuir sombre) et tenter de leur soutirer quelques informations sur l'exploitation des esclaves venteux à Solerane. Justement, les deux gardes-chiourmes, 3 autres collègues et 6 soldats prêtés par la garde sont à la recherche d'une 15aine d'évadés, échappés le matin même de la mine de cuivre. Diane propose bien de participer à la traque contre rétribution, mais Eldan ruine sa tentative d'approche en ne pouvant se retenir d'aller porter un peu d'eau et de pain aux deux malheureux prisonniers. Herle -qui perd aux dés et voit les deux crevures descendre gaiement sa bouteille- semblant se retenir de plus en plus laborieusement d'écraser la tronche de Craie à chaque fois qu'il fait des remarques cruelles sur les "venteux", les voyageurs vont se coucher tôt après un rapide souper et Diane s'arrange assez finement pour que leur propre groupe gagne le contrôle de l'escalier et des 2 rares fenêtres du grenier aménagé en dortoir, qu'ils vont devoir partager avec le binôme d'esclavagiste, les soldats s'installant dans l'étable au dessous.<br />
<br />
=== Rencontre avec des fugitifs ===<br />
<br />
C'est à peu près le moment où, traînant le chroniqueur qui dort debout dans l'obscurité de la route forestière, Vighnu voit soudain jaillir un grand type hirsute de la forêt, qui saute sur le fehnri en tentant de l'étrangler avec la chaîne qui lui lie les poignets : l'assassin pare de justesse avec son katara, une femme armée d'une branche sort à son tour des taillis et Andréas est basculé au sol par une jeune fille qui tente de lui éclater le crâne à coup de pierre, mais il parvient à la repousser de peu (elle est presque aussi épuisée que lui). Reconnaissant une Emishen (et réciproquement) alors qu'il tirait sa dague pour se défendre, l'érudit crie en Langue des Vents "Arrêtez, nous sommes des amis ! Vighnu, ce sont des Emishen !", ce qui suffit à stopper le début de combat et permet à Andréas de proposer de la nourriture et des soins aux esclaves en fuite, finissant de gagner leur confiance. <br />
<br />
Libéré de ses chaînes avec l'aide d'un glaive offert par Vighnu, le trio leur explique avoir réussi à s'échapper des mines de Solerane un peu avant l'aube, grâce à un tunnel vers la surface creusé en secret avec l'aide d'une barde rimdehl nommée Tahalien. Poursuivis depuis le levé du jour par des cavaliers en armes, ils ont perdu la douzaine d'autres évadés qui les accompagnait, dont des jeunes et des enfants et, loin de leurs régions d'origine (la plupart sont des Otlalnan de la Marche des Lisières), ils ont couru un peu au hasard vers le nord et le territoire des Liam'Lon, où aucun Dirsen n'oserait les poursuivre, alors que d'autres avaient préféré tenter leur chance à l'est, vers le Cercle des Hautes-Pierres.<br />
<br />
Les deux Talendan leur expliquent qu'ils sont ici sur le territoire des Elloran et qu'ils auraient de meilleures chances de filer au nord-ouest vers le Cercle des Cascades et, après avoir longuement hésité à repartir chercher les plus jeunes, les trois fuyards un peu retapés finissent par disparaître vers l'ouest avec quelques remerciements.<br />
<br />
=== Evasion nocturne ===<br />
<br />
Nos deux héros retardataires ne sont donc qu'à moitié surpris lorsqu'ils retrouvent Lerkoren Oleytan en compagnie de 5 autres échappés en haillons, dont Tahalien et un ado sérieusement blessés, plus trois mômes, quoique Vighnu soit un peu atterré par le récit du jeune Elloran.<br />
Car après que leurs compagnons soit entrés à l'auberge du Marchepied, Oleytan, attiré par des cris de douleurs, s'est glissé par-dessus la palissade de rondins et, découvrant les deux prisonniers lacérés à coups de fouet, a attendu la nuit noire pour passer à l'action. Il a malheureusement échoué à assommer proprement la sentinelle de faction dans la cour, mais a par contre réussi à la tuer net avant qu'elle ne crie, puis a traîné le corps du soldat dans une grange. C'est alors qu'il s'acharnait en vain à rompre sans trop de bruit un des maillons de la chaîne que Diane l'a interpellé depuis une des fenêtres du dortoir : <br />
_Psssst ! Mais qu'est-ce que tu branles, merde !? On est pas là pour ça ! <br><br />
_Je fais mon devoir, tu peux pas comprendre ! <br><br />
_Mais putain tu va réveiller tout le monde, crétin !". <br><br />
<br />
L'épée à la main, la Kerdane est bientôt descendue le rejoindre pour le convaincre de ficher le camp et, n'y arrivant pas, a fini par l'aider à détordre un maillon en faisant levier avec son épée, histoire qu'il puisse déguerpir avant que quelqu'un ne les entende. Herle s'est réveillé à son tour, lui a ordonné de rentrer se coucher avant de les griller complètement et, la Kerdane disparue dans l'étable en engueulant un soldat qui se réveillait vaguement sur l'air de "Quoi ? Keskya, on peut plus pisser tranquille, merde ?", Oleytan a sorti discrètement les deux rescapés par là où il était lui-même entré. Apprenant alors qu'ils avaient pu cacher les gosses près de la rivière avant que les cavaliers ne leur tombent dessus, il est ensuite reparti chercher les mouflets de 9 à 12 ans, a nourrit tout le monde et distribué des rations pour le reste du voyage ("Et donc, là, on a plus de vivres, c'est ça ? Heu... un peu, si..."). Il se demandait s'il allait abandonner l'opération pour les conduire aux Cascades quand Vighnu et Andréas sont arrivés. <br />
<br />
Renonçant à l'engueuler d'avantage puisqu'il viennent de faire quasiment la même chose, les deux PJ soignent à nouveau les plaies et brisent les chaînes, ré-expliquent la direction du Cercle des Cascades et, recommandant bien aux fuyards d'éviter les routes pour ne pas être repris, ils s'installent pour bivouaquer et s'offrir quelques précieuses heures de sommeil avant l'aube.<br />
<br />
L'aurore pointe à peine lorsque Herle, Diane et les autres se lèvent, déposent quelques pièces de cuivre dans la grande salle et filent sans prendre de petit déjeuner, pendant que Craie et Esteval constatant la disparition de leurs prisonniers commencent à activer les soldats, et que ceux-ci constatent la disparition d'un des leurs. "Et vous là, vous avez rien entendu ?!?_Nope : nous on dort sérieusement quand on doit se lever tôt." répondent nos héros avant de s'engager, sous la bruine matinale, vers le chemin raide qui monte en lacet vers le nid d'aigle de la cité minière. Rapidement rejoints par Lerkoren Oleytan, Vighnu et Andréas (modérément reposés), ils confèrent sur les évènements de la veille et s'accordent sur un plan : Eldan (puisqu'il connaît Solerane), Andréas (qui compte s'arrêter dans un temple pour se lancer dans l'enchantement d'un document puissamment convaincant pour faire partir le convoi avec une escorte réduite "car tout danger est désormais écarté") et Diane (qui pense pouvoir s'infiltrer dans la-dite escorte) iront en ville pendant que le gros de la troupe ("J'suis pas gros j'suis juste un peu envelo_Ta gueule, La Poigne : t'es lourd.")attendra caché dans la forêt. <br />
<br />
=== Plan d'action ===<br />
<br />
Dès que le convoi sera prêt à partir, les mercenaires partiront devant pour semer des embûches sur sa route afin de le ralentir (comme un sapin ou des rochers "décrochés par le dégel") : s'ils parviennent à le retenir assez longtemps dans la gorge pentue et traîtresse que les chariots auront de toutes façons du mal à négocier (le segment 2, sur la carte), ils peuvent l'obliger à passer sa première nuit avant le gué sur l'Anil'wel (milieu du segment 3). Le lendemain, la caravane sera donc obligé de forcer l'allure pour sortir de la forêt qui suit (segment 4) avant le crépuscule : réputée dangereuse (c'est, avec la gorge, le site d'embuscade préféré des Kormes, c'est d'ailleurs là que la colonne de Durgaut s'est faite attaquer au début de l'Épisode 1), le mauvais chemin tortueux y sera en cette saison embourbé par les ruisseaux et, avec un peu de sabotage supplémentaire (en creusant par exemple le lit d'un petit torrent pour former une combe traîtresse), l'escorte arrivera dans la vaste prairie marquant le dernier bout droit (5) en fin d'après-midi, épuisée par deux journées difficiles et fera probablement halte, croyant avoir fait le plus dur... Mais c'est justement là que l'attendra notre commando camouflé et grimé en Kormes, qui lui tombera dessus avant qu'elle ait eut le temps de souffler, laissera filer les non-combattants pour qu'ils puissent témoigner de la culpabilité des rebelles mais massacrera impitoyablement tous ceux qui pourraient les avoir vu de trop près au Marchepied ou à Solerane. En se coordonnant avec Diane pendant qu'elle s'isolera "pour pisser" le long du parcours, ça devrait marcher très bien (c'te blague).<br />
<br />
Image à rajouter<br />
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<br />
== Enquête ==<br />
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<br />
=== Solerane (Diane, Andreas, Eldan) ===<br />
<br />
Entrant en ville par la Porte Basse alors que le crachin continue, le trio d'espions improvisés passent devant les vastes écuries où des palefreniers semblent avoir rassemblé au moins une cinquantaine de chevaux, puis remontent les rues pentues et mal pavées, encadrées d'étroites maisons de pierre et d'ardoise, en direction de l'Hostellerie des Moindres, attenante au temple et tenue par les religieux locaux. Traversant au passage la grand'place surmontée d'un vaste marché couvert au bout duquel s'élève le siège de la Guilde Minière locale, ils constatent que des bouviers attèlent ou chargent des chariots sous les halles, alors que des marchands s'assemblent devant le porche du sanctuaire : ça sent le départ...<br />
<br />
Le réfectoire de l'hostellerie est aussi sombre qu'encombré par une bonne 20aine de mercenaires pour la plupart loqueteux, de forestiers et de négociants qui semblent tous attendre qu'un sergent courtaud et obèse s'occupent d'eux : Eldan le connaît sous le nom de "La Boule" comme le membre le plus corrompu de la garde locale, qui offre fréquemment les services de ses hommes à Jornil Cuivré et laisse prospérer les coupes-jarrets qui hantent avec son fils Jorem la boutique d'un marchand de vins, "Le Carafon".<br />
Pendant que Diane réussit à se bouffer le nez avec l'épaisse bonne-sœur qui sert pain et brouet aux clients (c'est une manie), Andréas trouve son chemin vers la sacristie pour demander au prêtre s'il pourrait s'y installer pour "travailler dans le recueillement nécessaire à ses enluminures". [Sur un jet de "Contacts dans la Pègre" réussit], Eldan le brigand repenti avise bientôt un drôle de novice qui accueille les voyageurs dans la cour en semblant éviter la salle, qu'il reconnaît illico comme un croche-bourse du coin, déguisé pour pouvoir "courtoisement débarrasser les voyageurs de leurs bagages" sans se faire trop remarquer des sœurs et des vrais disciples du Culte (et puisque je peine à lui donner un nom, il le baptise "Boule-de-Suif"). Son camarade interpellé en plein travaille lui explique que La Boule est venu sélectionner les meilleurs combattants disponibles pour les intégrer à l'escorte du convoi minier, les autres devant se contenter de la moindre paye offerte à l'escorte d'une caravane marchande qui devait partir ce matin avec un troupeau de chevaux emishen, mais qui a pris du retard malgré les tentatives du Cuivré pour les faire activer, allant même jusqu'à participer à la solde des convoyeurs pour peu que les marchands acceptent d'ouvrir la route en précédant d'une journée ses propres chariots. Bien sûr, quelques piécettes peuvent toujours faire pencher le jugement de l'adipeux sergent. "Et sinon, on peut saluer des copains au Carafon ?_Ben non, curieusement, y a quasiment personne depuis hier, déjà : ch'ais pas où ils sont tous passés. Même la bande à Jorem elle y est pu'..." <br />
Mais cette "cervelle de moineau" d'Eldan aura tôt fait de perdre l'information.<br />
<br />
Jugeant plutôt minables les guerriers déjà choisis, Diane se porte volontaire et décide de démontrer ses talents à l'arbalète en faisant tinter la haute cloche du temple d'un carreau tiré depuis le fond de la cour, selon un angle de tir particulièrement réduit par les étroites voutes du clocher et dans la visibilité voilée par la pluie et la grisaille : "Si une gonzesse y arrive, j'veux bien l'embaucher, tiens !" ironise La Boule. Et si Eldan s’éclipse vivement vers le campanile pour faire sonner la cloche du pommeau de sa dague si la Kerdane devait manquer, il n'a pas encore atteint le sommet qu'un trait ricoche sur le bourdon et faisant sonner le bronze avant de retomber côté grand' place. "Et sinon, c'est combien la paye ?" demande la tireuse d'élite d'un ton narquois, avant d'aller rejoindre la table où attendent déjà les autres vainqueurs, deux étrangers à l'air farouche et une paires de jeunes imbéciles qui se présentent comme "Trevan de Rigorne, chevalier errant !_Et Gavin, son loyal écuyer._Ah ben putain, si c'est le haut du panier j'ose pas voir le fond..." leur décoche Diane, toujours aimable. <br />
<br />
Informé que le convoi va de toutes façons partir le lendemain, que Diane y est embauchée, que l'éclaireur doit aller acheter quelques provisions pour le reste de l'équipe et puisque les religieux sont tous très occupés avec la foule des clients, Andréas profite du reste de sa matinée pour étudier bien tranquillement sa récente trouvaille. <br />
<br />
(Spoiler même pour les joueurs de cet épisode : En examinant les bagues mobiles qui se découpent dans la sphère d'or-rouge héritée de Langard, le mage découvre qu'elle est à la fois un focus capable de stocker de l'Essence magique, un catalyseur qui facilite le transfert d'Énergie vitale pour la chargre plus facilement et un amplificateur doublant la portée de la plupart des sorts : bien qu'il ait du payé 2pH pour la retrouver, Andréas Odran est ravi ! Bien sûr, il ignore encore que le spectre de son défunt propriétaire y a été piégé, et qu'il se manifestera lorsque l'objet sera suffisamment rechargé…)<br />
<br />
=== Interlude Forestier (Vignu, Herle) ===<br />
<br />
Pendant ce temps, Vighnu et Herle se sont éloigné dans la forêt après avoir entendu de lointains aboiements : voulant voir de quoi il retourne, ils découvrent une petite chaumière isolée, où une mère de famille fend du bois avec dextérité pendant que ses deux jeunes enfants jouent en rassemblant les demi-bûches sous l’œil de deux énormes dogues de Marale, des molosses presque aussi hauts que des poneys. En s'approchant sous le vent, les mercenaires réalisent que ce doit être la demeure de Thuril le Brun : un forestier réputé dans la région et qu'Eldan leur a expliqué servir régulièrement de guide aux caravanes, en particulier celles de Jornil Cuivré, de loin son meilleur employeur. Ils envisagent un moment de kidnapper un môme pour forcer la coopération de son père, mais après avoir considéré la maman qui fend les bûches d'un coup de hache expert, l'agitation grandissante des chiens, la taille du chenil trop vaste pour "seulement" deux dogues et les probables galères d'avoir à balader un otage de 5 ou 8 ans, les deux farouches guerriers renoncent.<br />
<br />
En rejoignant leurs camarades, ils aperçoivent les traqueurs d'esclaves qui patrouillent les flancs de la montagne et se dissimulent tous si bien qu'Eldan, sorti de la ville basse pendant que le premier convoi s'y assemblait pour partir enfin, va avoir bien du mal à les retrouver. Déposant les provisions en expliquant que Diane a réussit à intégrer l'escorte, l'éclaireur repart aussitôt pour lui transmettre les derniers détails du plan et une dague empoisonnée par les bons soins de Vighnu, "en cas de besoin". <br />
<br />
_Pis ramène le chroniqueur, aussi : on s'arrache dès que la première caravane a fini de descendre la route. <br><br />
_Mais vous vouliez pas que j'aille jeter un œil à la mine, pour repérer l'autre convoi ? <br><br />
_Il part demain matin, non ? Qu'est-ce qu'on besoin de savoir d'autre ? Grouille !" <br><br />
Et ce fût leur deuxième erreur…<br />
<br />
<br />
<br />
== Préparation du terrain ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Sabotage (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
À peine une heure derrière les quelques chariots de marchandises et le troupeau de chevaux qui labourent la route humide devant eux, le commando se met donc en marche en milieu de journée, avançant d'un pas tranquille pour éviter de les rattraper. La fin d'après-midi leur offre une vague éclaircie lorsque, quasiment à mi-pente de la gorge encaissée où les cailloux roulent sous leur pas, ils avisent un sapin qui penche déjà un peu depuis le versant hérissés de rochers du ravin : passant des cordes autour du tronc, Herle, La Poigne, Vighnu (mollement, hein, il est fatigué), Le Grêlé et Oleytan tirent de toutes leurs forces pour finir de le déraciner. Le templier défroqué s'énerve au passage et, quand ses compagnons remarquent que la chute de l'arbre n'a pas l'air très naturelle, il escalade la pente avec La Poigne pour déclencher à eux deux un éboulement susceptible d'expliquer l'accident. Après qu'une coulée de rochers se soient répandus sur la route et que le colosse ait cogné le tronc à coups de pierres pour parfaire la mise en scène et dissimuler les marques de cordages laissées dans l'écorce, l'équipe décide de souffler un peu avant de repartir... et Vighnu remarque alors une silhouette qui les observe de loin, dissimulée parmi les sapins en haut de la crête.<br />
(Si Andréas Odran a tout intérêt à garder le secret de ses talents magiques pour éviter de finir au bûcher, surtout lorsqu'il voyage avec un ex-templier, Hadrien Muraille et Adira Pratesh les ont découvert lorsqu'ils étaient enfermés dans la mine et le fehnri en a évidemment parlé à son cousin : malgré ses craintes instinctives concernant la sorcellerie, Vighnu a abordé le sujet avec Andréas qui s'est montré assez ouvert sur le sujet pour le rassurer...)<br />
<br />
Après avoir discrètement averti le reste de ses camarades de la présence d'un observateur discret et leur avoir recommandé de faire "comme si de rien n'était", Vighnu et Andréas s'éloignent innocemment loin des regard inquisiteurs en pénétrant sous les frondaisons qui bordent la gorge en se donnant vaguement l'air de chercher des plantes : <br><br />
_Tu peux le chroniquer d'ici, demande l'apothicaire dès qu'ils sont loin de Herle ? <br><br />
_Assieds-toi avec moi et (Andréas sort la sphère première de son sac) pose tes mains là-dessus, là et là. <br><br />
_Je sens que je vais pas aimer.... <br><br />
_Sans doute mais j'ai pas l'énergie pour le faire moi-même alors tu participes où il va se tirer." <br><br />
Dès qu'ils ont tous les deux les mains sur la sphère de métal rouge, Vighnu se sent soudain très fatigué [ça lui coûte 4 points de Fatigue, mais ça fait 8pts d'Essence pour alimenter les sorts d'Andréas, qui en a bien besoin vu comme il peine depuis plus de deux jours qu'ils sont en marche] et, les yeux fermés par la concentration, le chroniqueur annonce à son camarade : <br><br />
_Il n'y a qu'un seul type, mais il s'éloigne vers... un cheval. Plein nord, au sommet de la gorge. Il sait qu'on l'a repéré. Il se dépêche parce que... le sentier qu'il veut prendre rejoint la route un peu plus haut. <br><br />
_Tu peux le neutraliser ? <br><br />
_Je vais essayer mais... <br><br />
_Fais au mieux, je préviens les autres !" <br><br />
<br />
=== Interrogatoire ===<br />
<br />
Quand Vighnu sort des bois tout essoufflé en appelant ses compagnons, il explique brièvement que le guetteur est en train de s'enfuir à cheval, mais qu'ils peuvent tenter de lui couper la route et Oleytan s'élance le premier, remontant la gorge au pas de charge, suivi de près par Eldan, Herle de Lorune et le Grêlé. Ils ont beau courir de toutes leurs jambes sur le chemin rocailleux, le cavalier dévale la pente plusieurs centaines de mètres plus haut qu'eux... et tombe de selle en atteignant la route.<br />
<br />
"Quand on sait pas monter..." grommelle Herle, dégageant l'arc qu'il avait en bandoulière en cavalant de plus belle : son cheval trottant pour s'éloigner des ennuis, le guetteur se relève à peine lorsque Lerkoren Oleytan arrive sur lui le glaive à la main, mais réussit à dégainer sa propre épée en se remettant sur ses pieds, à parer et à lui coller un grand coup de pommeau à la tempe, séchant le jeune Elloran avant qu'Eldan ne soit à portée de lame. Le cavalier esquive le coup mal ajusté du Moineau en bout de course et, voyant arriver d'autres adversaires, dégage vivement sur le versant boisé qui descend vers le torrent. Mais Herle de Lorune a stoppé et décoché une flèche, et malgré la distance elle vole entre les arbres, racle l'écorce d'un boulot et transperce le genou du fuyard [3 pions de Fatigue et 1pH : Ego' voulait vraiment le choper] qui bascule dans dans la pente en rebondissant contre les troncs et les rochers. Un instant soufflé par l'expertise du tir, Oleytan, Eldan et le Grêlé regardent le Défroqué d'un air médusé, celui-ci leur fait signe d'aller chercher leur proie et, s'asseyant pour souffler sur un rocher, débande son arc en déclamant un poème sur la rudesse de la vie au bord des eaux [il faut préciser que pendant qu'on joue sur Rolisteam, Ego' dégotte des poèmes de circonstance qu'il déclame à brûle-pourpoint quand il a besoin de libérer de la Tension : ça fait toujours son petit effet et lui obtient à chaque fois le bonus du public]. Le Grêlé en reste un moment comme deux ronds de flanc, puis l'ex-inquisiteur dégage sa dague et, descendant à la suite d'Eldan avec le mercenaire sur les talons, annonce : "Bon, c'pas le tout : au boulot."<br />
<br />
Et pendant qu'Oleytan s'éloigne pour récupérer le cheval, sous le regard mortifié d'Eldan qui a eu tant de mal à récupérer le blessé dans le torrent, à le traîner sur la berge et à lui faire un garrot, Herle entreprend d'interroger le prisonnier, d'abord en lui expliquant qu'il parlera de toutes façons et que ce n'est qu'une question de temps et de douleur, puis en tournant la flèche dans la plaie pour illustrer son propos. Alors qu'Eldan, dégouté, s'éloigne, le cavalier commence à révéler qu'il n'est que l'éclaireur d'une bande de types chargée de suivre le convoi... lorsqu'il tourne de l’œil, moins à cause de la souffrance que des blessures reçues : ayant rejoint ses camarades depuis quelques instants déjà, Vighnu l'examine et, constatant que le prisonnier cumule un sérieux hématome à la tête et des côtes fracturées à sa blessure au genou, annonce qu'il risque d'avoir un peu de mal à le garder en vie plus de quelques heures. <br><br />
_Et qu'est-ce qu'il a sur la poitrine, demande le chevalier ? <br><br />
_Tatouage de voleur, explique l'assassin-apothicaire : la Confrérie du Chacal, une espèce de regroupement de brigands, mais j'ai entendu dire qu'ils commençaient à trafiquer des armes dans le coin. <br><br />
_Non. Ce sont des démonistes ! <br><br />
_Hein ?! Houlà, non, non, je vous assure messire ils... <br><br />
_L'étoile à neuf branches est le signe du démon, Maître Pratesh, et cette créature doit être décapitée et brûlée séance tenante. <br> <br />
_Quoi ?! Mais non, enfin, on allait l'interrog... <br><br />
_Nous ne tolérerons pas l’œuvre du démon et vous n'en serez pas complice, Maître Pratesh, ou bien vous aurez à faire à moi !" <br><br />
Malgré les protestations de ses camarades, Sire de Lorune défait le long paquet qu'il a sur le dos depuis le départ et en dégage une lourde épée bâtarde à la lame gravée de runes antiques et dont la garde rougeoyante rappelle à Vighnu une certaine sphère : avant qu'il ne puisse s'interposer, l'épée s'abat et la tête du malheureux tombe, tranchée net, entre ses genoux [oui, Herle vient d'exécuter le "peunj-d'information" pour produire une Réaction à 5]. <br />
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Image<br />
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=== Fuite ===<br />
<br />
"D'autres cavaliers arrivent !" les avertit Oleytan depuis le chemin, où il monte maintenant le cheval récupéré. Ne sachant pas s'il s'agit de brigands ou de simples civils et préférant éviter de laisser une "scène de crime" qui mette la puce à l'oreille du convoi, les mercenaires bascule le corps dans le torrent et dégage vers l'aval, histoire de dépasser leur éboulement avant d'être vus. Emportant la tête pour la brûler plus tard, Herle s'élance sur le chemin à la suite de ses camarades. Ce n'est que lorsqu'ils ralentissent au bas de la gorge qu'ils s'avisent qu'ils ont oublié Andréas et La Poigne, à qui Vighnu avait ordonné de rester près du chroniqueur pour le protéger : <br />
_Non mais ils sont pas débiles, non plus, ils auront dégagé en nous voyant passer... <br><br />
_On parle de La Poigne là : le gars qui reste allongé près de l'arbre les yeux fermés pendant qu'on poursuit un cavalier parce qu'on lui a dit de faire "semblant de rien". <br><br />
_Bon, Oleytan, tu retournes les chercher à pied en passant par les crêtes, on se retrouvera près du gué." <br><br />
Et le matériel chargé sur le cheval, notre commando hautement qualifié repart d'un pas tranquille sous la bruine persistante.<br />
<br />
=== Reflexions ===<br />
<br />
Sous les pas des mercenaires, une plaine vallonnée, couverte de hautes herbes et parsemée de bosquets, succède bientôt à la forêt escarpée. Une éclaircie illumine le paysage et, quoiqu'en regardant régulièrement par-dessus leur épaule, les PJ en profitent pour sécher un peu en devisant sur la suite. Ce n'est qu'en arrivant au bord du fleuve que Herle insiste pour faire une pause et observer sérieusement les environs, des fois que les Démonistes ("Mais c'est juste des petits truands qui se donnent un genre !_Des dé-mo-nistes !") aient posté un autre guetteur ou que la première caravane soit encore à portée de vue. Les abords de l'Anil'wel ("la Rivière du Passé") sont remarquablement calmes, mais la profondeur des empreintes de chariot laissées sur la berge intrigue le templier : <br />
_Qu'est-ce qu'il y avait exactement dans ces chariots, Eldan ? <br><br />
_Heu... un de draps et fourrures, un de ferronnerie, chaudrons, ce genre de trucs, et puis un p'tit chariot de matériel, les vivres de l'escorte, tout ça. <br><br />
_Grand et gros, le chariot de chaudrons ? <br><br />
_Pas très non, pourquoi ? <br><br />
_Parce je commence à me dire que si j'étais un maître-contrebandier qui se méfie d'une attaque sur le convoi le plus important de l'année, j'aurais peut-être bien camoufler le vrai chargement dans la première caravane et tendu une embuscade autour de la seconde…" <br><br />
<br />
Après avoir passé le fleuve, et puisque la journée touche à sa fin sous les nuages noirs qui s'accumulent à l'est ("Gros orage en provenance de la mer, annonce le Moineau._Trouve-nous un bon site de bivouac, faut qu'on puisse se reposer ce soir.") le groupe discute toujours de ses soupçons en interrogeant Eldan sur milles détails, puisqu'ils est le seul parmi eux à s'être rendu en ville et à avoir observé les préparatifs de départ. Montant un campement étonnamment confortable à base de branchages installés entre de gros rochers, sur les contreforts des hauts plateaux à l'ouest de la route (en limite de zone 4, sur la carte) et bientôt rejoints par Oleytan suivi d'Andréas juché sur le dos de La Poigne, l'équipe continue de réfléchir à l'idée du Templier.<br />
<br />
Et, à force de se creuser la cervelle, Eldan commence à se remémorer divers détails troublants (les mises en garde du Capitaine ; la désertion du Carafon (d'ordinaire quartier-général des truands et en particulier des séides de Jorem Cuivré) ; Jornil qui pressait le premier convoi de partir au point de payer une partie des frais de l'escorte, finalement un peu excessive pour des marchandises sans grande valeur et comptant assez peu de cavaliers pour que le troupeau de chevaux soit sa principale préoccupation ; les drôles de "barbares" qui trainaient à l'Hostellerie avec Diane), Andréas raconte sa première rencontre avec les Chacals au Cercle des Cascades, Vighnu et Eldan ajoutent leurs connaissances sur la pègre du nord... Il leur faut un moment pour constituer une théorie viable mais, lorsque Herle de Lorune revient de l'incinération de la tête tranchée, ses compagnons se sont rangés à son avis : le butin est caché dans la première caravane (qui n'a que 3 ou 4 heures d'avance sur eux et a du elle aussi s'arrêter pour la nuit), et le deuxième convoi est un piège à leur intention, pour lequel Jornil a embauché les Chacals, originellement venus des Sylves, tout comme Urgrand le sorcier barbu qui les a mis en relation avec les rebelles._Je vous avez bien dit que c'était des démonistes ! Quand on aura fini cette mission, faudra faire la peau à ce sorcier._Nous en reparlerons certainement, sourit Vighnu."<br />
<br />
=== Interlude Lointain ===<br />
<br />
Pendant ce temps à Tal Endhil, le Capitaine prend Ranyella Sotorine à part à la fin d'une des nombreuses sessions qui occupent la Guilde depuis le début de la semaine et, alors qu'il voulait lui parler transport nautique et diplomatie locale, la cheffe kerdane lui remet 4 pièces d'argent : "À quel titre ? _Une de vos mercenaires a envoyé un message à Écume 6 en demandant qu'on lui envoie une barge au Lac d'Acier. La réponse est que nous avons déjà perdu une barge récemment, que ma famille a autre chose à faire et que la mercenaire en question a perdu le privilège de faire appel à nous : vous seriez gentil de transmettre. _Oh... merde !" <br><br />
Et le Capitaine fonce illico au Cercle des Cascades, insiste pour parler urgemment à quelques chamans de sa connaissance et fini par demander à Kal Shemon'Lon de bien vouloir passer un message à Vighnu et Andréas : "Seulement si j'peux mett' un monstre marin. Ça donne du cachet aux visions, les monstres marins. Hihi."<br />
<br />
<br />
<br />
== Infiltration ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Soirée à Solerane (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
À l'Hostellerie des Moindres, après qu'Eldan soit passé en coup de vent lui déposer une dague empoisonnée ("T'aurais rien de plus liquide, pour épicer les vivres de l'escorte ?_Ah heu ben non, mais j'vais demander à l'apothicaire.": jamais revenu), Diane fait connaissance avec ses futurs compagnons de route : si les deux "barbares" au poil noir et à l'air revêche ne font toujours aucun effort pour converser dans la Langue des Pères, elle découvre que le jeune "chevalier errant" Trevan de Rigorne et son fidèle écuyer sont venus au nord "en quête de gloire et d'aventure" et que, malgré leur bref engagement dans les troupes mercenaires ("parce qu'on y voit plus d'action !"), l'aventure leur a fait jusqu'ici plutôt défaut : une escorte de caravane vers Celanire (et quelques troubles sur place dus à l'arrivée d'un nouveau prêtre assez radical), mais toujours pas de glorieux combat. Ils comptaient s'engager dans les troupes d'un héros local, le fameux Capitaine Durgaut de Tal Endhil ("Qui ? Non, 'connais pas...") mais comme Trevan est incapable de réduire son train de vie, les voilà pour l'instant fauchés et ils repartent vers Darverane avec le fourgon de métal, dont le jeune chevalier espère bien qu'il sera attaqué (pour se couvrir de gloire), afin de gagner assez d'argent pour un second cheval (Gavin l'écuyer se plaint de courir derrière depuis deux mois).<br />
<br />
Un très bref duel d'entraînement avec lui permet par contre à Diane de constater que Trevan est extrêmement bien entraîné à l'épée, malgré son inexpérience du combat réel et sa rafraichissante "naïveté". Si son écuyer a d'avantage les pieds sur terre, Diane ne doute pas de pouvoir par contre les manipuler (et ne se préoccupe pas plus que ça d'aller jeter un œil au fourgon ou à la mine).<br />
Elle rencontre bientôt Thuril le Brun, le massif forestier accompagné de deux dogues en charge de guider le convoi, qui vient les avertir d'être prêts le lendemain avant l'aube.<br />
<br />
=== Rêves collectifs (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
Pendant qu'elle dort tranquillement à l'Hostellerie, le tumulte de l'orage qui s'abat sur la plaine est bientôt interrompu par un hurlement de frayeur : sous son abri de branchage, Vighnu vient de s’éveiller d'un horrible cauchemar, une histoire de barques irrémédiablement coulés et de monstre marin qui le dévorait. <br><br />
_Ça commençait par un faucon ricanant dans la nuit et finissait par un petit oiseau qui te guidait vers un sentier lumineux dans la montagne, demande Andréas ? <br><br />
_Heu... oui, mais je t'avoue que je me suis réveillé après le poisson géant. <br><br />
_C'est drôle, moi j'ai juste vu une espèce de grosse murène rôder dans l'eau, mais à part ça, je pense qu'on a fait le même rêve, envoyé par Kal Shem'... <br><br />
_C'est important les rêves, coupe Herle de Lorune, ce sont souvent les Ancêtres qui nous les envoient. <br><br />
_Voilà. <br><br />
_J'allais le dire. <br><br />
_Et dis-donc, le Moineau, un chemin dans la montagne, ça te dit quelque chose ? <br><br />
_Ah heu...oui. Le Capitaine avait prévu une solution de secours si on trouvait pas d'embarcations, c'est au nord de Celanire. <br><br />
_Et c'est fiable ? <br><br />
_Les plans du Capitaine sont toujours fiables ! <br><br />
_Suis-je bête. Bon ben demain on peut s'épargner d'aller voir si les Kerdans sont arrivés à la presqu'île et foncer plein sud dès l'aurore pour rattraper le convoi..." <br><br />
<br />
=== Départ du convoi (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
Et le jour n'est pas encore levé que Diane, Trevan, Gavin et les deux barbares Sylvains dont elle n'a tiré que les noms (Rumbold et Jaromir) rejoignent avec Thuril la mine de cuivre, un véritable petit fortin dont sortent bientôt des cavaliers (dont Craie et Esteval, qu'elle reconnaît et qui la reconnaissent, mais aussi un jeune gandin qui s'avèrera vite être Jorem Cuivré, le fils du grand patron), quelques fantassins supplémentaires, un lourd fourgon de chêne fermé par une porte cadenassées et un petit chariot de matériel tiré par des mules. Retraversant la ville vers la porte basse dans le fracas des roues et des bêtes sur le pavé, le convoi descend laborieusement la route vers le Marchepied en brinquebalant ("Bloumboudoum font les coffres dans le fourgon fermé._Super : tu fais vachement bien le coffre._Okaaay..._Ben quoi ?") puis oblique plein sud dans le petit matin.<br />
Très vite, l'arbalétrière comprend qu'entre Craie, Thuril et Jorem, il y a deux chefs de trop dans ce convoi, et en profite pour attiser les inimitiés au sein de l'escorte. Dès qu'elle et d'autres piétons sont employés à retenir les chariots dans la route pentue qui serpente le long du torrent, il lui vient une autre idée pour ralentir le convoi : profitant d'un dérapage du fourgon ("moins lourd qu'il n'y parait..._Ben tant mieux.") <br />
sur la route bourbeuse, alors qu'elle tirait de l'arrière, Diane s'arrange pour que le véhicule passe sur l'un des cochers descendu pour freiner par l'avant, et le conducteur hurle lorsqu'une des roues de bois ferré lui sectionne la jambe à hauteur du genou. Dégager le pauvre gars et lui prodiguer les soins nécessaires, quoique probablement inutiles (le type ne s'en sortira pas sans un bon chirurgien) stoppent le convoi pendant un long moment. Diane en profite d'ailleurs râler sur la paye, semer encore un peu plus la discorde dans l'escorte et monter Trevan de Rigorne contre Craie en proposant de rentrer à Solerane pour repartir du bon pied, mais l'esclavagiste albinos est vite soutenu par Esteval et, à eux deux, ils ramènent un semblant de discipline dans l'équipage qui reprend la route.<br />
<br />
Toujours attentive aux alentours, Diane commence à avoir l'impression distincte que des bruits de sabots suivent le convoi par les crêtes et, lorsqu'elle propose d'aller voir, Craie insiste pour envoyer plutôt Jaromir et Rumbold, les deux Sylvains. <br><br />
_Dis-donc Trevan, demande-t-elle au jeune chevalier, les deux barbares, là, ils ont été sélectionnés comment ? <br><br />
_Je ne sais pas, Mademoiselle : je ne crois même pas que le gros sergent les ait mis à l'épreuve, ils ont été embauchés tout de suite. <br><br />
_Tiens donc..." Et bien sûr, lorsque les deux éclaireurs reviennent "sans avoir rien trouvé", Diane et Gavin espionnent leur bref rapport à l'albinos, la Kerdane entendant quelque chose comme "perdu un gars... <br><br />
_Dis-leur de garder leurs distances, merde !" <br><br />
<br />
Lorsque le jeune chevalier et un des Sylvains, chevauchant tous deux à l'avant-garde, signalent un l'éboulement barrant la route, le convoi s'arrête à nouveau, l'escorte se déploie en position défensive et la Kerdane décide d'escalader le pierrier pour en avoir le cœur net : trouvant les empreintes de deux paires de très grands pieds, elle déduit que l'éboulement est l’œuvre de La Poigne et du Défroqué, mais préfère inquiéter les autres pour perdre encore du temps. Le convoi ne repartant qu'après avoir utilisé les mules pour traîner le sapin tombé hors du chemin, Diane s'installe à côté de Thuril le Brun sur le banc du fourgon et entreprend de lui expliquer qu'il se passe des choses très bizarres autour de ce transport, surtout que les Sylvains et Craie semblent comploter un truc bizarre avec des cavaliers qui les suivent [Réaction de Témérité à 5]. Manifestement surpris (et convaincu), le Brun essaye pourtant de dissiper les soupçons de la Kerdane mais ne parvient qu'à éveiller de nouveaux doutes : le guide serait-il de mèche avec d'autres gars voulant braquer le convoi ?<br />
<br />
=== Fuite meurtrière ===<br />
<br />
Avec tout ce temps perdu, il fait déjà presque nuit lorsque la caravane fourbue s'installe pour camper juste avant le gué et que Craie insiste pour envoyer les deux Sylvains et Diane "chercher du bois pour le feu", à bonne distance du camp puisque les premiers bosquets sont à plusieurs centaines de mètres. Méfiante, la Kerdane avertit Gavin et ne suit les deux barbares qu'en traînant les pieds et son arbalète sous le bras, le temps de chercher une solution : elle observe le terrain en détail, évalue les distances... Lorsqu'elle réalise que Craie et Esteval arrive derrière elle depuis le camp alors que les Sylvains la prennent en tenaille par l'ouest, elle se penche pour ramasser une branche morte... et disparaît complètement dans les taillis et le soir qui tombe.<br />
<br />
[À 4 contre 1, Diane est sérieusement dans la mouise, surtout qu'Orlanth refuse d'employer ses pH pour autre chose que progresser. Mais briefé en détail sur les options tactiques d'un sniper et anticipant finement sur ses Mises, il va commencer par un énorme jet de préparation, dégageant 16 pts de bonus temporaires qui ne vont pas être de trop...]<br />
<br />
Transmettant des indications par signes aux deux Sylvains, Craie et Esteval resserrent l'étau autour de la Kerdane... Du moins le croient-ils car, camouflées dans un bosquet à quelques distance, elle se trouve déjà hors de "l'encerclement" et visant soigneusement, elle attend le bon moment pour tirer en comptant sur la fatigue et la tension de ses adversaires. Et lorsque que, croyant avoir vu un buisson bouger, Craie fait claquer son fouet dans le feuillage, l'arbalète claque sans être entendu et Esteval s'écroule sans un râle, un carreau lui ayant perforé le crane par l’œil gauche. Jaromir, l'éclaireur sylvain qui progresse discrètement l'arc tendu, est maintenant la cible la plus excentrée : Diane recharge et lorsque l'albinos -dont les longs cheveux blancs se distinguent nettement malgré le crépuscule- se retourne pour appeler à voix basse son camarade disparu, un second trait claque et se fiche dans la trachée de l'archer, qui s'effondre en gargouillant du sang.<br />
<br />
Immédiatement, Rumbold et Craie comprennent qu'on leur a retourné l'embuscade et cherchent un couvert, mais l'esclavagiste commet l'erreur de vouloir reprendre l'offensive : dégainant son tranchoir et ré-enroulant son fouet, il s'élance en zigzaguant entre les rares bouleaux pour atteindre l'origine du tir... où Diane n'est déjà plus. Et lorsqu'il se retourne pour la chercher du regard, un carreau l'atteint en plein front. <br />
<br />
Alors que des voix commencent à se faire entendre vers le campement, le dernier Sylvain récupère l'arc de son compagnon et, restant prudemment à couvert, scrute le sous-bois en se déplaçant silencieusement vers l'ouest et les profondeurs de la forêt. Rumbold lâche une flèche lorsqu'une ombre se détache brièvement parmi les arbres mais manque de plusieurs coudées, et les deux tireurs continuent leur lente et silencieuse danse parmi les taillis, s'éloignant toujours plus du camp vers la forêt, chacun cherchant à repérer sa cible autant qu'à réduire la distance en restant à couvert... Mais lorsqu'il atteint une longue clairière, le Sylvain doit choisir s'il s'arrête ou s'aventure à découvert et, manifestement décidé à continuer vers l'ouest ou les arbres sont plus dense [et lui permettrons de réduire l'avantage fournit par la portée de l'arbalète], il s'élance soudain au pas de course : il n'a pas fait 10 pas qu'un carreau le cueille en pleine cuisse. Il riposte pourtant, mais manque encore et, étalé dans les hautes herbes, à flèches, il a le réflexe de ne plus bouger et d'attendre que la Kerdane soit obligée de s'approcher : lorsqu'une silhouette blonde apparaît, il se redresse sur un bras pour lancer sa hache mais un dernier carreau lui perce le crâne avant qu'il ait pu finir son geste.<br />
<br />
Accroupie à la lisière des bois, Diane écoute la nuit en reprenant son souffle : s'il lui semble entendre un lointain piétinement de sabots dans la forêt, une chouette ulule à l'ouest quand elle reconnaît le timbre de Trevan approchant par l'est et appelant à mi-voix "Mademoiselle ? Mademoiselle ?". Elle fouille rapidement le corps de Rumbold, récupère le projectile qui saillit de sa jambe et, en plus d'un curieux appeau, d'une solide dague, de quelques pièces de cuivre et d'un lacet d'étrangleur, elle découvre un curieux tatouage sur son sternum, une sorte de loup très mince sur fond d'étoile et de forêt. Soufflant tout bas dans l'instrument, elle émet une sorte de ululement et comprends que d'autres Sylvains appelaient leurs compagnons. <br />
<br />
Quand le jeune chevalier la rejoint enfin, troublé de constater qu'elle vient d'abattre 4 hommes dont leur chef (et qu'il a encore manquer l'action), elle n'a guère le temps de lui expliquer la situation en détail mais, avec l'aide de Gavin qui finissait de fouiller les corps, parvient à le convaincre qu'elle est "la gentille" de l'affaire. Et qu'ils sont tous en danger : il faut fuir, tout de suite, sans repasser par le camp. "Mais je ne peux tout de même pas abandonner mon destrier, proteste le "chevalier errant" !_Et puis j'ai trouvé la clé du fourgon autour du cou de Craie, fait remarquer Gavin : ça vaudrait le coût de jeter un œil..." (On pourra pas dire que j'ai pas essayé.) <br />
Diane hésite un instant, car la tentation est forte, mais se ravise et, tirant doucement le chevalier confus par le bras, elle l'entraîne avec son écuyer vers le fleuve, contourne le camp par la rive, trouve le gué malgré la nuit et, alors qu'un fort tumulte et une cavalcade semble agiter le bivouac derrière eux, ils disparaissent dans la nuit et les flots grondant...<br />
<br />
Ils marchent depuis plus d'une heure, que le chevalier a passé à se plaindre de la perte de son cheval, du poids de son pavois et de ses pieds douloureux, lorsque Diane et Gavin réalisent que des cavaliers sont à leurs trousses : quittant le chemin pour tailler à travers bois, le trio sème temporairement ses poursuivants dans l'épaisseur des taillis et tente de prendre un maximum d'avance avant l'aube (passant sans le savoir à peu de distance de l'endroit où, la nuit précédente, ses compagnons ont campé pour s'abriter de l'orage).<br />
<br />
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== Dernier tronçon ==<br />
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<br />
=== Sabotage d'un chariot ===<br />
<br />
Durant la journée, Vighnu, Andréas sur le cheval, Herle de Lorune, Eldan, Oleytan, le Grêlé et la Poigne ont continué d'avancer à marche forcée sur la route forestière (segment 4 du trajet) détrempée tant par l'orage de la nuit que par les quelques ruisseaux qui s'écoulent vers le lac, grossis des eaux de pluie. Eldan, le plus leste de la bande, a rapidement pris de l'avance sur le reste du groupe en espérant rattraper la caravane assez tôt et trouver moyen de la ralentir jusqu'à ce que ses camarades le rejoignent. Et en effet, lorsque l'après-midi touche à sa fin et que le Moineau émerge de la forêt (début de zone 5), il découvre le troupeau de chevaux paissant tranquillement dans la grande prairie en bordure du Lac d'Acier, près des trois chariots arrêtés au bord du chemin entre lesquels les voyageurs ont allumé un petit feu pour sécher leur paletots. La moitié d'entre eux prennent d'ailleurs le soleil ou nettoie leur vêtements bourbeux sur la berge pendant que les autres cassent la graine et se reposent de la rude journée qu'ils viennent de passer à pousser les carrioles dans le chemin forestier tout à la fois étroit, sinueux, bourbeux, rocailleux et coupé par les crues miniatures (argl).<br />
<br />
Profitant des hautes herbes et de ce que seulement trois sentinelles semblent encore (vaguement) se préoccuper de monter la garde, le Moineau progresse par l'ouest, traverse la route sans être vu et se glisse subrepticement jusqu'au chariot de ferronnerie. Il entreprend alors d'arracher avec sa dague les clous qui maintiennent une des roues arrières sur l'essieu, mais il n'a pas tout à fait le temps de finir que l'arrivée de l'unique sentinelle à cheval, qui commence à réunir les chevaux égayés e vue du départ, l'oblige à se dissimuler sous la carriole. Son mouvement d'ailleurs trop vif et trop peu discret fait se cabrer l'un des chevaux, la sentinelle descend de selle pour voir ce qui se passe alors qu'une autre est descendue du chariot de draps (étrangement le seul où un garde soit resté en faction) : Eldan, bientôt coincé, ne s'échappe qu'en profitant d'un instant d'inattention né du chef de convoi qui bat le rappel de ses compagnons, juste le temps pour lui de retraverser la route et de s'éloigner en rampant dans les hautes herbes. Néanmoins, la roue d'un des chariots ne tient plus que par un clou et l'éclaireur a reconnu l'homme qui gardait le chariot "de draps" : c'est Darjodrahl, le garde du corps/assassin hornois de Jornil Cuivré en personne, et sa seule présence indique qu'ils ont vu juste...<br />
<br />
[Là, vous comprendrez que j'ai un problème spatio-temporel massif : Diane/Orlanth a toujours environs 24h de retard sur les autres joueurs, qui eux sont à moins de 24h de l'objectif réel, et d'ailleurs la caravane va arriver à l'Auberge du Pont. Si je laisse tourner la chronologie normalement, Diane ne rattrapera ses compagnons que bien plus tard, probablement après que l'action soit terminée : c'est vraiment con. Alors comme pour une fois j'ai mes 4 joueurs-combattants ensemble (ça n'a a été le cas que deux séances sur sept), je fais une entorse à mes principes pour mon Orlanth préféré, Diane passe donc à travers une faille temporelle et rejoint ses camarades, qui pour la plupart n'y ont vue que du feu.]<br />
<br />
=== Regroupement et combat (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Trevan, Gavin, Diane) ===<br />
<br />
À la lisière des bois, le reste de la troupe s'est arrêté pour faire une halte après 10h de marche forcée qui lui ont "presque" permis de rattraper le convoi, lorsque Oleytan à l'arrière-garde annonce trois piétons mal en point qui clopinent vers eux : c'est Diane la Kerdane et deux inconnus, dont un sérieusement blessé. Le trio de fuyard a en effet été rejoint par quelques cavaliers-chacals dans la journée et, lorsqu'un bref combat, Diane en a abattu un de plus, Trevan en a blessé un deuxième et le troisième a planté sa lance dans le flanc du pauvre Gavin avant d'être "héroïquement mis en déroute" par le chevalier errant (et donc il s'est barré, quoi). Rapidement mis au courant des mésaventures les uns des autres malgré l'insistance du chevalier qui veut savoir s'ils sont des "malandrins" ("Ben heu... on est des bandits d'honneur qui volons aux riches pour donner aux pauvres et défendons les petites gens contre l'oppression._Vrai ? Quelle aventure ! Je suis bien content de vous avoir rencontrés et de pouvoir joindre mon épée à votre noble cause ! _C'est qui ce débile, exactement ?")<br />
, tous s'accordent à dire que les deux priorités du moment sont qu'ils ont 1) encore une petite heure de retard sur leur objectif et 2) seulement une courte avance sur les 6 ou 7 cavaliers qui poursuivaient encore Diane, Trevan et Gavin. "Ça tombe bien, fait remarquer Vighnu : on va avoir besoin de chevaux."<br />
<br />
Une fois l'équipe déployée autour de l'appât constitué par Gavin (rapidement rafistolé par Andréas) et Trevan installés au bord de la route, le "combat" est aussi rapide qu'unilatéral : Diane snipe le premier cavalier, le second reçoit une flèche de Herle avant d'être démonté d'un grand coup d'épée par Trevanet si les 4 autres qui les suivaient freinent à bonne distance pour descendre de cheval, ils découvrent vite qu'ils sont encore à porter de tir quand l'arbalète fait une seconde victime et qu'un autre adversaire prend une flèche dans la hanche en descendant de cheval. Les deux derniers, d'abord décidés à profiter du couvert des sous-bois pour arriver au contact voient bientôt le chevalier, le Grêlé, Vighnu et la masse du Templier s'avancer vers eux, et se dispersent dans les taillis dans l'intention manifeste de se carapater. C'était sans compter sur l'inhumaine discrétion de la Poigne, qui éclate à la masse le crâne du malheureux qui avait presque réussi à surprendre l'assassin (longue journée + problèmes de cœur : petite forme, le fehnri) et lorsque ce dernier se met en quête de l'ultime ennemi rescapé, il le trouve affalé sur le ventre et ligoté par le layss d'Oleytan, d'ailleurs assis sur son dos. <br><br />
_Très bien mon gars ! Allez, on le ramène aux autres et... <br><br />
_Non. <br><br />
_Je te demande pardon ? <br><br />
_Non, Vignupratesh : cet homme est mon prisonnier, et il porte un tatouage. Je ne laisserai pas tes cinglés de compagnons massacrer un vaincu. Je comptais le laisser repartir après que nous ayons pris du champ. <br><br />
_Mais c'est une très mauvaise idée, mon ami : il va rejoindre ses compagnons... <br><br />
_C'est son droit. <br><br />
_...les alerter sur notre position. <br><br />
_Bah je peux lui trancher un mollet, si tu veux : il devra repartir en boitant et ne rejoindra les siens que bien après que nous soyons partis. <br><br />
_Hem... bon écoute, je vais voir où en sont les autres et je reviens vers toi, d'accord ? <br><br />
_Chouette : tu peux me ramener à boire ?" <br><br />
Et leur seul autre prisonnier, blessé à la hanche, est une prise inattendue : Jorem Cuivré, soi-même. Terrifié et enfiévré par la douleur, le propre fils du patron-minier balance tout ce qu'il sait dès que Herle et Diane froncent les sourcils : oui, son père se doutait qu'il serait attaquer et a conçu la ruse des deux convois, oui il a embauché les Chacals à sa demande par l'intermédiaire d'un contact qui trafique du sel et d'autres marchandises "tombées du chariot" entre Darverane et Solerane, oui ils se doutaient bien que le Capitaine Durgaut était derrière tout ça mais son père ne pouvait pas se permettre de faire attendre Rhilder. " <br><br />
_Mais pas du tout, mes fringants compagnons et moi-même sommes des bandits d'honneur qui volons aux riches pour... <br><br />
_Non arrête, Trevan, t'es chiant : on bosse pour Durgaut, en fait. <br><br />
_Quoi ? Palsambleu mais alors vous m'avez roué ! Quelle aventure ! <br><br />
_Mais vosu êtes cons, pourquoi vous balancez un truc pareil devant le prisonnier ?! <br><br />
_Parce qu'il va pas repartir de toutes façons..." explique Vighnu avant de lui trancher la gorge [Réaction Cynisme 5 : ouch !].<br />
Et abandonnant ses compagnons avec le chevalier errant qui fait un scandale, il entraîne Diane vers l'endroit où il a laissé Lerkoren Oleytan en lui expliquant la situation : <br><br />
_Mais quel chieur ! 'Sont tous comme ça vos venteux ? <br><br />
_C'est pas la question : je compte sur toi pour abattre le prisonnier après qu'on l'ait "libéré". <br><br />
_Pas de problème mais faut pas que le môme me repère... <br><br />
_Je t'aiderai." Et, en effet, Vighnu fait assez de boucan en rejoignant son jeune ami pour que l'approche de la Kerdane passe inaperçue : une fois le prisonnier ahuri rendu à la liberté sans arme et avec un talon d'Achille tranché ("Rhaaaaaaaaa ! <br />
_Pis traîne pas mon gars, parce qu'avant la nuit, y aura des loups..."), Vighnu ramène Oleytan vers leurs compagnons en l'entretenant de ses soucis sentimentaux, que le jeune Elloran ne comprend que trop bien. Cette émouvante confession les empêche d'entendre le claquement d'une arbalète qui vient de mettre fin à une très brève fuite, après quoi Diane rejoint les autres pour récupérer les carreaux qui, ayant atteint des parties molles, peuvent encore être extraits à la dague (faut dire qu'elle n'en a plus que 7, avec tout ça). <br><br />
Le temps de répartir les désormais 9 cavaliers, dont un blessé, sur les 7 chevaux disponibles (_Quelle malchance : aucun d'entre eux ne montait mon cher destrier !_Couillon, moraliste et obssédé par son canasson : il est pas venteux votre chevalier, des fois ?") et la troupe repart au galop à la poursuite du convoi.<br />
<br />
Eldan, rapidement récupéré et pris en croupe, explique qu'il a pu confirmer que le butin était dans le chariot de draps et saboter la carriole de ferronnerie, mais que la caravane a repris sa marche et qu'elle a encore repris près d'une heure d'avance. Trottant de leur mieux sur leurs chevaux déjà éreintés, les mercenaires fourbus voient s'amenuiser leurs options en même temps que le soleil couchant : s'ils peuvent encore rattraper leur objectif avant l'Auberge fortifiée (d'autant que la roue déclouée peut céder n'importe quand), il leur faudrait encore prendre le temps de se déguiser en Kormes, abandonner pour cela leur matériel le plus avantageux, attaquer en plaine, couper la fuite à quiconque sauterait sur un des 50 chevaux pour donner l'alerte, défaire une quinzaine de "gardes" (dont au moins 4 professionnels dignes de ce nom et Darjodrahl) à seulement 8 combattants, rafler le butin et dégager à travers champs avant que des renforts n'ait pu intervenir depuis le fortin : <br><br />
_C'est pas la peine de se casser le cul à galoper, fait remarquer Vighnu : on est tous trop crevés pour se battre efficacement. Il faut trouver autre chose... par exemple s'introduire à l'Auberge du Pont cette nuit, avant que la caravane ne reparte pour Darverane avec trois ou quatre fois plus de monde. <br><br />
_C'est ça, on va trimballer 200kg de coffres blindés par-dessus les remparts et tout le monde trouvera ça normal. <br><br />
_J'ai peut-être une idée, propose Eldan : je sais que le chariot de ferronnerie est destiné à Celanire, alors si on pouvait remplacer discrètement le contenu des coffres par des fers à cheval et d'autres objets en fonte pour planquer le butin sous les chaudrons, on aurait plus qu'à attaquer demain matin un p'tit chariot presque sans escorte allant justement dans la bonne direction. <br><br />
_Mmmmh... et tu ferais ça comment ? <br><br />
_Ben on j'pourrais entrer à l'auberge avec Gavin en innocent blessé et l'honorable médecin-érudit Andréas, on repère les lieux et le butin, pis on aide Vighnu, Oleytan et tous ceux qui savent grimper et se faire discrets à passer la muraille, pis on s'introduit là où sont gardés les chariots, on se débrouille pour changer le butin de carriole sans faire trop de bruit, les grimpeurs repartent pis, le lendemain, ni vu ni connu, on braque le transport de chaudrons sur la route de Celanire. <br><br />
_Mais dis donc, tu sais que si on laisse quelques gars à l'extérieur pour éviter que les gars du deuxième convoi nous tombent dessus à l'improviste ou viennent raconter des âneries à la garnison locale, ça pourrait presque marcher, ton affaire ? <br><br />
_Très bien, jeune homme : je suis ravi de constater qu'on ne t'a pas emmené pour rien..." conclue le Défroqué. <br><br />
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== A l'Auberge du Pont ==<br />
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=== Première nuit ===<br />
<br />
Pendant que le reste du groupe se dissimulait avec les chevaux dans un bois, Eldan le Moineau, Gavin l'Écuyer blessé et Andréas, sous l'identité d'un érudit de Brasure, ont précédé la caravane à l'Auberge du Pont pour observer son arrivée et ses mesures de sécurité. Ils y ont découvert que la herse qui barre le fameux pont était baissée suite à des attaques répétées des Kormes sur la route vers Darverane (qu'on leur avait annoncée "rouverte") : les voyageurs et marchandise s'accumulant alors dans l'auberge envahie de tentes, de chariots et de bien plus de résidents qu'elle n'en peut héberger ou même nourrir, et les prix y grimpaient de manière délirante.<br />
<br />
Une fois les hommes de Jornil Cuivré arrivés et le chariot "de draps" (dissimulant les coffres que visent nos vaillants mercenaires) bouclé pour la nuit dans une grange gardée, Eldan observa les lieux pour chercher le meilleur point d'entrée (la garde mercenaire habituelle est doublée d'un contingent de l'armée régulière qui semble obéir à Darjodrahl, le lieutenant hornois du Cuivré), il manqua d'être lynché en accusant publiquement une jeune tire-laine plus charismatique que lui, Andréas fit le tour de l'auberge sur-bondée et récupéra la bourse volée au Moineau, puis Gavin sortit brièvement pour prévenir ses (autres) camarades de la situation avant que les portes ne soient fermées pour la nuit et tous trois se retrouvèrent au spectacle donné par les saltimbanques dans la cour...<br />
<br />
Les autres mercenaires ont d'ailleurs passé un début de soirée tendu, la journée les ayant laissés sur les nerfs. Tout particulièrement Vighnu chez qui les affres sentimentaux s'ajoutaient à la tension et à la fatigue de cette mission [il trimballe toujours ses deux points de "Trauma" (rebaptisés "Marques" depuis la dernière réécriture du système) dus à ses problèmes avec Islinna) et pète donc les plombs beaucoup plus souvent que d'habitude. C'est d'ailleurs d'autant plus intéressant que, sa principale Réaction étant le Cynisme, le fait même qu'il soit fâché avec sa douce parce qu'il est un assassin cynique l'incite à se comporter en assassin cynique. Comme dit souvent mon collègue "Cancrela", «Ça devrait s'appeler "nÉvrotic"...».] Le fehnri était en fait tellement stressé que lorsque Gavin est venu leur annoncé que le chariot était sous clé et qu'Eldan s'était fait gravement repéré en perdant sa bourse et en déclenchant un esclandre, Vighnu a sorti sa dague pour la lui coller sous la gorge en gueulant "Mais vous êtes complètement cons nomdedju, on peut rien vous confier !". Immédiatement, il a senti l'acier froid de l'épée que Trevan de Rigorne lui posait sur la nuque, Herle de Lorune a dégainé son nerhil pour piquer la pointe sous le diaphragme du chevalier errant, Diane a braqué son arbalète chargée sur l'oreille du précédent et le Grêlé, passant sa lance entre le fehnri et l'écuyer, a finalement demandé de son habituel ton sarcastique si la mission intéressait encore quelqu'un ou s'ils allaient tous s'entretuer à 300m du butin juste parce qu'ils ne savaient pas tenir leur nerfs. L'assassin a donc rengainer son katara et tout le monde a lentement rangé ses armes en échangeant des regards méfiants : folle ambiance...<br />
<br />
Pendant qu'Eldan "sympathise" avec des compatriotes Anguedais ("du Duché d'Anguedale"), des bergers occupant la tente la plus proche de la porte de la remise (la verte, sur le plan), Gavin tâche d'en déloger la barre qui la ferme de l'intérieur à l'aide d'un cure-pied (une espèce de crochet pour nettoyer les sabots des chevaux) et n'arrive qu'à la déloger en partie ("J'finira 'pu tard !").<br />
<br />
[Tentative rigolote : Gavin, qu'Orlanth incarne désormais pour éviter de ne jouer que son Arbalétrière confinée à l'extérieur, possède une Ressource "Paquetage" qui n'est définie que comme son aptitude à sortir tout et n'importe quoi du fatras accumulé dans son baluchon à force de chapardages, pour peu qu'il réussisse un jet sous le domaine "Voyage" et avec tous les talents appropriés. Le jet est plus ou moins difficile en fonction de ce qu'il espère tirer de son sac à malice, et il peut y miser d'autant plus d'Énergie que l'objet désiré correspond à ses talents...]<br />
<br />
Après avoir profité de l'enthousiasme du public devant la performance des baladins pour remplir en partie son focus, sa bourse elle aussi bien garnie a permis à Andréas d'accéder à la partie de dés qu'organise pour ses amis fortunés un certain Dorian «le Magnifique», marchand reman particulièrement entreprenant puisque, grâce au courtage, au tripot installé dans une des rares chambres privatives et à la prostitution de son époustouflante maîtresse fehnri, Sohashna, il est probablement la seule personne à tirer quelque profit de son séjour à l'Auberge du Pont. C'est surtout, pour nos mercenaires, le seul autre type assez influent sur place pour avoir obtenu que sa propre roulotte soit elle aussi gardée sous clé dans la fameuse grange... Après quelques coups de dés qui lui ont fait gagner un peu de menue monnaie, Andréas se retire du jeu et de la conversation entre puissants négociants pour lancer le sort qu'il a préparé pour glisser dans l'esprit de Dorian et de sa courtisane une certaine idée fixe : "le commerce ne vaut rien ici, la route ne rouvrira pas, autant retourner à Solerane."<br />
<br />
Frôlant le malaise tant il a investi d'énergie dans sa "Chimère", le chroniqueur s'excuse et prend congé, entendant en partant les deux amants discuter de leur départ à l'aube. Comme Gavin et Eldan (mais du côté de l'étable), il s'installe alors pour dormir quelques heures dans la cour, afin de rester aux premières loges en cas de besoin. En attendant la diversion prévue par ses camarades à l'extérieur, il s'endort malgré les protestations fréquentent des campeurs qui râlent chaque fois que quelqu'un les réveille en faisant du bruit dans la cour, rajoutant un peu de merdier à chaque fois...<br />
<br />
=== Extrait des Chroniques des Marches du Nord d'Andréas Odran ===<br />
<br />
: ''Après avoir réalisé que nous nous étions fait bernés comme des bleus et que le chariot que nous pourchassions n'était qu'un leurre, nous avons quasiment rattrapé le faux chariot de draps. Le plan mis au point par Eldan et Vighnu était d'opérer une substitution entre le coffre que nous recherchons et des ferronneries d'un autre chariot lors de l'arrêt du convoi à l'Auberge du Pont. ''<br />
<br />
: ''J'ai été affecté au groupe d'éclaireurs, en compagnie du brave Eldan et de Gavin, le soi-disant écuyer du soi-disant chevalier errant. Pas mécontent de laisser derrière moi le poète-répurgateur et ses tendances homicides qui me feraient presque regretter feu Conrad de Mélanque, nous avons doublé au large le convoi pour découvrir une auberge absolument bondée, un vaste campement de tentes débordant de ses murs. Moutons et poulets courraient en liberté là au milieu, dans un bazar que d'aucuns auraient trouvé joyeux. Ce n'était pas mieux à l'intérieur, et il me fallu jouer des coudes pour y entrer, tandis qu'Eldan essayait d'interroger des gardes à l'extérieur - comptant sur la camaraderie militaire. Il a rapidement découvert que la route de Darverane n'a jamais réouvert : les quelques marchands qui ont essayé de l'emprunter sont revenus la queue basse et soulagés de leurs biens, et le contingent de gardes de l'auberge s'est vu renforcé. La conversation a ensuite tourné court, pour autant que j'aie bien compris les explications embrouillées d'Eldan : il semblerait que la réputation de la camaraderie militaire soit en fait largement usurpée... ''<br />
<br />
: ''Pendant ce temps, Gavin et moi-même nous frayâmes tant bien que mal un chemin dans la salle de l'auberge bondée, où tout un tas d'individus tentaient d'accéder à un comptoir où l'on servait de la nourriture. Très franchement, les moutons de la cour me parurent plus dignes que cette pitoyable assemblée d'humains se battant pour leur pâtée. Enfin... J'espérais trouver plus de calme à l'étage, il n'en fut rien : l'étage était intégralement couvert de lits et de paillaissades, et la seule zone privative était réservée par un riche marchand et gardée par un mercenaire. J'ai bien tenté d'expliquer à l'un des commis de l'auberge que je ne souhaitais pas partager mes nuits avec une bande de garçons de ferme illettrés, mais celui-ci a pris la mouche (je suppose que c'est un ancien garçon de ferme toujours illettré). Ce serait donc compliqué pour moi d'obtenir un coin tranquille où préparer mes petites diversions...''<br />
<br />
: ''Pendant ce temps, à l'extérieur Eldan assistait à l'arrivée du guerrier hornois escortant la caravane des marchands de draps. Usant d'un subtil mélange de force brute, de regard mauvais et de cette indicible autorité que procure le fait d'être une machine à tuer, le Hornois a rapidement imposé son autorité auprès des gardes, fait entrer le chariot contenant le coffre dans une remise fermée (dont il a conservé la clé), et réquisitionné une chambre et des repas pour ses employeurs. Le reste du convoi, lui, s'installait hors des murs de l'auberge. Et notamment le chariot de ferronneries avec lequel nous comptions faire l'échange. Voilà qui compliquait sérieusement notre affaire. Eldan a aussi appris que la remise en question était occupée par un autre chargement appartenant à un riche et important marchand : des verreries, apparemment. Et ce riche marchand n'était autre que celui qui occupait la grande chambre à l'étage de l'auberge, où parait-il il organise des parties de dés pour tuer le temps en attendant la réouverture de la route. Il aurait déjà plumé certains de ces collègues...''<br />
<br />
: ''Je retrouvai Eldan dans un coin pas trop encombré de l'auberge et nous avons commencé à discuter de nos options. C'est alors qu'Eldan a été bousculé par une jeune fille qui lui subtilisa la bourse confiée par Durgaut. Il l'a arrêtée, mais elle avait déjà passé l'objet du délit à un complice que j'ai pu repérer et suivre. Je l'ai retrouvé dans les latrines où il contemplait le fruit de son forfait. Bien qu'il fut armé d'un méchant coutelas et ait l'air plus costaud que moi, j'ai serré le manche de ma dague en prenant mon air le plus menaçant et je l'ai sommé de me rendre l'argent. De façon incroyable, j'ai dû avoir l'air suffisamment méchant pour qu'il me rende la bourse sans combattre [jet d'Intimidation +1pH !]. Pendant l'intervalle, ce brave Eldan avait accusé publiquement de vol la jeune fille. Celle-ci se lança alors dans un numéro théâtral de fragilité féminine qui aurait bien fait rigoler Diane, et quelques courageux sont intervenus - espérant probablement passer pour des chevaliers blancs et ainsi trousser la donzelle d'ici la nuit. Eldan, pas si brave que cela au final, s'est copieusement fait casser la gueule et je l'ai retrouvé tout ensanglanté dans la cour. Ce fut pour moi l'occasion de m'essayer aux arts dentaires pour réparer la mâchoire du garçon. Je crois que je m'en suis bien tiré, et après tout cette dent cassée lui donne un air aventurier qui devrait plaire à ces dames.''<br />
<br />
: ''C'est alors qu'est advenu l'évènement le plus sidérant de cette soirée : Gavin, le paysan-écuyer, a été pris d'un soudain accès d'initiative et s'est esquivé pour faire un rapport au reste du groupe ! Alors ça ! Que croyait-il le bougre, que nous allions rester sans prévenir nos compagnons ? Je n'en reviens pas, quelle outrecuidance ! Moi qui pensait que les capacités intellectuelles de ce garçon ne dépassaient pas celles de la limace ou du templier, le voilà qui nous donne des leçons d'opérations clandestines. Il va falloir que nous nous reprenions, Eldan et moi. ''<br />
<br />
: ''Au final, nous sommes parvenus au plan suivant : nous restons sur la substitution, et celle-ci s'effectuera directement au sein de la remise, entre le coffre que nous recherchons et le chargement de verreries. De mon côté, je vais essayer d'aller rencontrer le marchant de verreries, probablement au cours d'une partie de dés. Charge à moi de faire usage de toute ma persuasion pour le convaincre de partir le plus rapidement possible vendre sa cargaison à Solerane, où nous l'attendrons sur la route...''<br />
<br />
Notre chroniqueur omet sciemment de préciser que sa fin de soirée fut consacrée à assister au spectacle offert par quelques baladins, dont la jeune fille et l'acrobate ayant subtilisé la bourse d'Eldan, un jeune joueur de vielle à roue et le conteur qui les dirige, un Estrani nommé Horacio. <br><br />
Le but d'Andréas était moins de se détendre que de profiter des spectateurs assemblés pour effectuer le rituel de "La Sentinelle au Bal" par lequel il peut tirer de l'Essence magique de l'émotion partagée d'une foule, et ainsi recharger son focus récemment acquis.<br />
<br />
<br />
=== L'éclaireur à abattre (Diane, Vighnu, Le Grêlé, Trevan, Herle, La Poigne, Oleytan) ===<br />
<br />
Grimés en Kormes après un court débat quant à Diane ("Les femmes Kormes combattent généralement seins nus mais peinturlurées jusqu'à la taille._Essaye-voir et tu vas pas retrouver tes doigts. Moi j'aurais des fourrures._Bon, bon..."), le chevalier errant Trevan de Rigorne et Herle de Lorune surveillent la route depuis les bois à l'ouest du fortin pendant que l'arbalétrière rampe dans les hautes herbes près de la berge sud, se glissant entre les cavaliers qui surveillent la cinquantaine de chevaux qui n'ont pas pu trouvé asile à l'auberge. Lorsqu'elle en effraie quelques-uns en déclenchant un début de panique dans le troupeau, que les cavaliers doivent alors empêcher de piétiner les tentes plantées à l'extérieur, la plupart des gardes aux créneaux du fortin se tournent vers le sud. C'est le moment qu'attendaient Vighnu, Oleytan, La Poigne et le Grêlé pour s'élancer depuis la lisière des bois au nord-ouest : le fehnri est le premier à franchir le rempart dans l'ombre de la tour ouest, profitant de l'angle mort repéré par Eldan. Le jeune Elloran le rejoint avec aisance et redescend dans la cour sans être vu, pendant que Vighnu place le grappin et la corde qu'ils trimballent depuis Tal Endhil pour faciliter l'escalade des suivants, puis rejoint son camarade au sol et tout deux se cachent un instant sous l'arcade de la chapelle ("Ch") pour observer l'endroit : Andréas dort à poings fermés à quelques pas d'eux, un garde est toujours en faction devant le portail de la grange et, en plus de ceux qui surveillent l'extérieur depuis les deux tours, un autre patrouille la cour. Mais le vrai danger semble venir d'une lucarne à l'étage de l'étable, où se trouve les chambres "de luxe" : derrière un volet, un rai de lumière trahit la présence d'un homme de Darjodrahl surveillant la cour.<br />
<br />
Derrière eux, La Poigne peine à glisser sa panse entre les créneaux, manque d'être repéré mais s'encoigne dans l'angle de la tour ouest avant d'être rejoint par le grêlé... lorsqu'une cavalcade isolée sonne sur la route au dehors et que la sentinelle au-dessus d'eux crie soudain "Qui va là !?".<br />
<br />
En rejoignant Trevan et Herle, Diane avait elle-même repéré le cavalier, reconnu un des hommes de Jornil qui accompagnait le soi-disant "convoi de métal" et tenté de l'abattre à l'arbalète avant qu'il ne puisse s'annoncer à l'Auberge bouclée pour la nuit. Mais son unique tir manqué de tout le scénario s'est perdu loin de la cible sans même être remarqué et, freinant au pied de la tour ouest, le cavalier n'est finalement à portée d'arc que lorsque le garde l'a déjà remarqué : sans savoir où en sont leur camarades ni s'il peut les mettre en danger, le trio hésite à abattre l'arrivant juste le temps qu'un autre membre de la caravane, qui montait la garde à l'extérieur près des tentes des marchands de chevaux, ne le reconnaisse et viennent à sa rencontre... "Ouvrez les portes !" crie la sentinelle à l'intention de ses collègues.<br />
<br />
Du rempart, le Grêlé indique par signe à Vighnu qu'ils ont un sérieux problème : le reste du commando comprends qu'il leur faut d'urgence neutraliser ce messager nocturne qui pourrait compromettre toute leur opération. Heureusement, près du portail que deux autres gardes s'apprêtent à ouvrir, Gavin qui ne dormait que d'un œil commence à râler : "On veut dormir ! N'ouvrez pas la porte ! Si ça se trouve, c'est des Kormes !". Les protestations sont bientôt reprises par ses voisins, et Gavin envenime la situation pour gagner du temps, poussant un des nouveaux copains anguedais d'Eldan à aller se plaindre aux deux soldats qui déverrouillent la porte en arguant qu'ils ont payé pour la protection de l'auberge et que le couvre-feu vaut pour tout le monde. Le ton monte bientôt à travers toute la cour lorsque Andréas se joint aux réfugiés mécontents et en convainc une poignée d'aller gueuler auprès des hommes en faction au pied de la grande tour. <br />
<br />
Profitant du merdier, le Grêlé et La Poigne se sont introduits dans la tour ouest, ce dernier a tué la sentinelle et l'autre ouvre maintenant la porte du rez-de-chaussée à Vighnu et Oleytan : pendant que le Grêlé enfile la livrée du soldat pour le remplacer à son poste, les trois autres montent au rempart sud et le longent jusqu'à la petite porte de bois qui donne sur le grenier de la grange. Dégainant sa dague, il travaille alors à en faire sauter la barre...<br />
<br />
Sentant la situation dégénérer à l'intérieur du fortin où des archers sont apparus en haut de la grande tour- et parce que les caravaniers installés à l'extérieur commencent à vouloir se joindre aux deux hommes qui cognent au portail, Diane, Herle et Trevan (toujours déguisés en Kormes et surveillant les événements depuis la lisière des bois) décident de passer à l'action : le plus proche gardien de chevaux est abattu d'un carreau d'arbalète dans la poitrine, deux flèches descendent simultanément un caravanier armé et une sentinelle mal avisée et le trio se rapprochent à couvert des chariots et des tentent qui bordent le chemin vers le pont, bien décidé à réduire le messager au silence avant qu'il n'ait pu parler aux gardes ou à Darjodrahl le Hornois...<br />
<br />
=== Emeute et mort de Darjodrahl (Vighnu, Oleytan, Andreas, Eldan, Gavin, La Poigne) ===<br />
<br />
Dans la cour, Andréas voit arriver un garde de plus et l'engueulade devant le portail toujours fermé (et à l'extérieur duquel deux types gueulent "Ouvrez ! C'est important ! Un messager de Solerane !") tourne bientôt à l'empoignade : un des soldats pointe sa lance sur Gavin, Eldan se tient prêt à agir, l'autre soldat repousse brutalement le berger... et le chroniqueur lance discrètement un sort pour attiser la colère de la foule. Immédiatement, les protestations tournent à l'émeute et plusieurs résidents se jettent sur les soldats sortant de la Grande Tour. Gavin saisit la lance qu'on pointait sur lui et tente de désarmer le garde, écopant d'une méchante estafilade à l'épaule et les deux hommes luttent pour l'arme lorsque Eldan surgit et décapite le soldat par derrière, éclaboussant de sang le pauvre écuyer qui en reste un instant interdit.<br />
<br />
Le second soldat qui s'était précipité pour ouvrir le portail se retourne et n'a que le temps de dégainer son arme avant que le Moineau ne se rue sur lui en brandissant sa lame ensanglantée : le garde esquive une première fois, recule pour éviter un coup de lance de Gavin et le Moineau (très en forme) l'empale contre le portail. Derrière eux, sans armes ni grand talent pour la bagarre, les émeutiers amateurs se font rapidement tailler en pièce par les soldats et mercenaires de plus en plus nombreux à sortir du donjon...<br />
<br />
À peine Vighnu et La Poigne ont-ils fait un pas dans le grenier enfin ouvert que Lerkoren Oleytan arrête le fehnri d'un geste : il lui semble distinguer une silhouette dans le grenier obscur. Repéré, le Hornois jaillit et -avant que quiconque n'ait pu réagir- son épée à deux mains ouvre un profond sillon dans le thorax de La Poigne. Le colosse vaincu n'a pas encore touché le sol que Vighnu a déjà lancé une dague empoisonnée qui croise l'épée s'abattant sur lui : sa parade précipitée au katara aurait été insuffisante si Oleytan n'y avait pas joint son précieux arc à double-courbure, la lame hornoise déviant en tranchant dans le bois. Le fehnri pare une nouvelle attaque avec l'aide de l'Elloran, utilisant la corde de son arc pour lier un des bras de Darjodrahl, et se fend pour planter son katara dans la poitrine du Hornois pendant que, à peine relevé, La Poigne lui abat en chancelant sa masse d'arme sur l'occiput : à la fois empoisonné, poignardé et assommé, l'ennemi s'effondre sans un cri sur le plancher disjoint.<br />
<br />
Dehors, quatre "émeutiers" ayant été tué en un instant, Andréas reflue vers le fond de la cour avec les autres réfugiés vers le maintenant horrifiés de la tournure de leurs protestations. Entre les archers qui pointent maintenant leur flèches vers la cour et les soldats qui ont envahi la cour, Gavin comprend également que leur petite émeute a fait son temps et lâche la lance pour se réfugier dans une tente comme n'importe quel innocent apeuré par les événements. <br />
Eldan n'a pas la même présence d'esprit et, lorsque trois hommes d'armes avancent vers lui, l'adrénaline qui bat dans ses veines le pousse à tenter de leur tenir tête. Deux blessures plus tard, acculé contre la porte de la remise, il ne peut que faire mine de se rendre en posant piteusement le glaive hérité de son père pour se donner le temps de décrocher derrière lui la barre de la porte, déjà à moitié dégagée par Gavin quelques heures plus tôt. Lorsque les gardes avancent pour l'arrêter, Eldan bondit par la porte soudain libérée, claque le battant au nez des soldats et replace la barre avant qu'ils n'aient pu l'en empêcher.<br />
<br />
Lorsqu'un carreau d'arbalète cloue soudain le crâne du messager contre le portail de l'auberge, son compagnon s'arrête net de cogner pour qu'on lui ouvre mais n'a que le temps de pousser un cri avant qu'une flèche de Herle le réduise au silence. Désormais repéré mais toujours déguisé, le Défroqué décide d'exploiter au mieux la situation et s'avance à découvert en hurlant l'un des rares mots de lange des Vents qu'il maîtrise à l'attention des défenseurs : "KOOOORME !" scande-t-il en défiant les hommes aux créneaux, qui lui répondent à coups de flèches.<br />
<br />
=== La Grange (Vignu, Andreas, Le Grêlé, La Poigne, Eldan, Oleytan) ===<br />
<br />
S'étant fait ouvrir la porte de la tour ouest par Le Grêlé, Andréas le suit par les remparts jusqu'au grenier où Vighnu tente maladroitement de panser les blessures de La Poigne. Andréas n'obtient guère de meilleurs résultats pendant que ses compagnons descendent dans la grange où Eldan arrivent bientôt par la remise. "Les gardes sont à mes trousses" explique-t-il bien inutilement puisqu'on les entend marteler la porte barrée. D'autres coups et des voix retentissent bientôt au portail verrouillé de la grange : "Darjodrahl ? Un type vient de rentrer par la remise, est-ce que tout va bien ?!".<br />
<br />
Nos voleurs échangent des regards atterrés, Le Grêlé colle une taloche à Eldan pour sa peine et le corps sanglant du Hornois continue de goutter un sang poisseux à travers le plancher du grenier pendant que les gardes s'énervent à l'extérieur quand, finalement, Vighnu tente d'imiter le phrasé rogue et guttural de son ami Barbaras : "Ouais ! J'l'ai vu mais il s'est tiré ! Tout va bien !" répond-il avec son meilleur accent Hornois. Quoiqu'un peu hésitant, le garde de faction finit par répondre "Faîtes attention quand-même, hein, on dirait bien que des Kormes sont à nos portes..." mais s'éloigne lorsqu'un grognement de hornois met fin à la conversation.<br />
Alors que tous soupirent de soulagement, Oleytan les avertit depuis le grenier d'où il surveillait les alentours par la porte du grenier, ouvrant directement sur la cour : <br><br />
_Pssst, y a des guerriers plein les remparts et c'est la panique dans tout le fortin. Qu'est-ce qu'on fait ? <br><br />
_Et surtout, qu'est-ce qu'on va faire demain, quand il faudra ouvrir la grange pour laisser partir la roulotte de Dorian et qu'ils trouveront le corps de Darjodrahl ? <br><br />
_Surtout qu'Eldan est maintenant complètement grillé, pis y a des gars qui risquent de finir par l'identifier... <br><br />
_Et j'ai perdu le glaive de mon père." ajoute l'intéressé d'un ton chagrin. <br><br />
Mais à l'extérieur, les appels redoublent et les soldats commencent à vérifier toutes les portes à la recherche de "l'espion des Kormes" qu'ils croient poursuivre...<br />
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=== Feinte (Le Grêlé, Eldan) ===<br />
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Dehors, Trevan a sauté sur un cheval qu'il cabre en brandissant sa lame juste au-delà de la portée des archers, pendant que Diane récupère ses carreaux, aussi précieux que compromettants, sur les corps qui lui sont accessibles. Un cri retentit alors sur le rempart sud : "Il est là ! L'espion Korme s'enfuit par l'ouest !" Après avoir ainsi ameuté tout le monde dans et hors les murs, Le Grêlé, toujours en livrée de la garde se précipite vers la tour ouest suivi par Eldan. Après s'être barricadé, ils rejoignent bientôt le sommet. "Il est là ! Attention ! Il va sauter !" hurle le Grêlé alors qu'une silhouette à peine noircie bascule par-dessus le rempart. Au pied de la tour, Herle a également sauté à cheval et puisque les trois "kormes" à l'extérieur ne semblent pas réagir à la ruse, le "garde" s'écrit encore : "Ses compagnons viennent le chercher ! Il va s'enfuir, vite !" Et de tirer quelques flèches aux buissons, pendant que Trevan et Diane ramassent le compromettant cadavre du garde étranglé plus tôt par La Poigne, et disparaissent au grand galop vers la forêt.<br />
<br />
Soldats et mercenaires envahissant les remparts, Le Grêlé et Eldan se retrouvent vite coincés de toutes part et, utilisant la corde et le grappin à leur disposition, ils descendent le long du rempart sud et disparaissent à leur tour dans les bois sans avoir été remarqués. "Bon, ça nous aura fait gagner un peu de temps, constate Vighnu depuis le grenier, mais on a encore du boulot…"<br />
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=== Dans la grange (Gavin, Vignu, Andreas, La Poigne, Oleytan) ===<br />
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Après avoir discrètement permis à Gavin de les rejoindre par la remise, nos cambrioleurs retranchés dans la grange découvrent bientôt sous les linges et couverture du "chariot de draps" quatre gros coffres ferrés, fermés par des cadenas et liés au fond du véhicule par de lourdes chaînes. "Bordel, comment est-ce qu'on va ouvrir ça ?"<br />
Vighnu, peu habituer à la serrurerie malgré ses doigts de fée, casse le seul crochet sorti de la besace de Gavin, l'Écuyer essaye à son tour avec un long clou mais sans plus de succès et Le Grêlé lui-même y épuise ses maigres compétences. "Nan mais c'est pas possible, y en a pas qui sache crocheter dans cette équipe de voleurs ?!_Ben y avait le Moineau..._Et merde !!!". Persuadés que la clé des coffres doit se trouver sur l'homme de confiance du cuivré, Vighnu, Andréas et Gavin fouillent et refouillent deux fois le corps du Hornois à sa recherche : rien. "Merde ! Merde ! Merde !_Bon, allez, on reprend du début, c'est forcément là, quelque part et on s'y met tous..." Pendant que La Poigne se repose de ses blessures, les armes, l'armure, les bijoux, les vêtements, les bottes, la bourse, les poches et le cadavre de Darjodrahl sont ainsi inventoriés et retournés dans tous les sens par les voleurs au désespoir jusqu'à ce que, finalement, Gavin remarque que son gros médaillon cliquète curieusement quand on le secoue. Vighnu et lui s'acharnent sans résultat sur l'objet, jusqu'à ce que le chroniquer, habitué aux casses-tête, saisisse comment le pendentif peut être dévissé et révèle bientôt la clé tant espérée ! Et dans chacun des quatre coffres qu'on leur avait pourtant défendu d'ouvrir (mais Herle et Eldan ne sont justement plus là pour faire des remarques), nos héros trouvent des douzaines de lingots : argent, cuivre, étain, bronze... Il y a là toute la production que Solerane destine à la prévôté, mais aussi la part des mines d'argent qui revient à l'état-major : en tout, c'est près de 200 lingots et donc quelques 250 kilos de métaux qui s'offrent à leurs yeux ébahis. "Gavin, remet illico ce que tu viens de glisser dans ta besace : tout ça est maintenant la propriété de notre Capitaine._Pfff…"<br />
<br />
Andréas inspecte ensuite la roulotte de Dorian le Magnifique, occupée aux deux tiers par une épaisse couchette couvertes de coussins, des filets de marchandises pendant du toit et jusque entre les roues, des étagères couvrant tout le tiers arrière : <br><br />
_Ah ben il voyage dans le luxe, le fumier. <br><br />
_Si j'avais une minette comme la sienne, moi aussi j'passerais les trajets à baiser, tu peux me croire ! <br><br />
_Oh pis dis-donc : des fioles variées, des épices, de l'argenterie, de la verrerie, des bijoux, de la nacre, des miroirs : il vend que du luxe, le gars ! <br><br />
_Crénom dîtes, c'que c'est beau ! <br><br />
_Gavin, repose ça tout de suite : pas question que le Magnifique s'aperçoive qu'on a touché à sa roulotte." <br />
Andréas jugeant que la caisse du véhicule est assez profonde pour qu'on y étale les lingots en un tapis bien lisse que les occupants de la couchette ne devraient pas trop remarquer, il n'y a plus qu'à attendre la diversion prévue pour commencer le transfert du chariot vers la roulotte…<br />
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=== Diversion (Trevan, Herle, Eldan, Diane) ===<br />
<br />
Il ne reste plus qu'une ou deux heures avant l'aube lorsque Trevan, Herle, Eldan, désormais tous maquillés en Kormes, se répartissent autour du fortin et, à l'aide du mélange d'essences et d'huiles piochées au hasard dans la trousse alchimique de Vighnu (fallait pas la laisser à l'extérieur), enflamment des flèches qui produisent des couleurs plus qu'aléatoires avant de siffler au-dessus des bâtiments pour s'écraser sur les toits de chaume humides où tomber dans la cour, n'enflammant que quelques tentes vite éteintes. C'est néanmoins suffisant pour que Diane puisse se faufiler par le sud jusqu'au portail, et récupérer le dernier carreau d'arbalète y clouant encore la tête du messager. <br><br />
"Les Kormes ! Les Kormes reviennent !" crie-t-on bientôt dans tout le fortin.<br />
<br />
Dès que Lerkoren Oleytan a annoncé qu'une drôle de flamme bleuâtre venait de s'écraser dans la cour ("Rha les saligots !"), Andréas et Vighnu ont commencé à installer les lingots sous le matelas de la roulotte, pendant que Gavin et La Poigne garnissaient les coffres de fers à cheval, de pierres, d'une enclume et tout ce qui pourrait y simuler le poids et le bruit du butin subtilisé. <br><br />
Et c'est peu avant l'aube, ses compagnons s'étant effondrés de fatigue depuis un moment, qu'Andréas fini seul d'arranger la roulotte pour camoufler avec le plus grand soin son chargement secret...<br />
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== Récupération du trésor et autres péripéties ==<br />
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[À partir de là, la fin du scénar à été jouée en "flashbacks" successifs jusqu'au combat final. J'utilisais Herle de Lorune, orphelin de joueur depuis plusieurs séances, pour poser des questions auxquelles les joueurs répondaient pour déclencher un flashback. Chacun avait le droit de d'initier deux scènes : l'une contant comment un de leurs camarades avait réussi un exploit et une autre collant à un autre PJ la responsabilité d'un échec, ce qui nous permettait de ne jouer que les scènes "intéressantes" et de faire un peu de montage alterné. <br />
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Comme la scène "de débriefing" se jouait presque en aveugle, seul Loriel savait dès le départ que son perso, Vighnu Pratesh, avait survécu (mais bon, comme il avait accumulé 7pH, je me doutais qu'il ne mourrait pas dans cet Épisode) et les autres joueurs ignoraient si ce qu'il affirmait était vrai, ou simplement un mensonge pour conforter le templier blessé... Évidemment, chacun commençait son premier flashback avec toutes ses jauges à fond, mais devait ensuite gérer les pertes et les récupérations de scène en scène, et les joueurs ont souvent ajouté des détails pour régénérer de la Tension ou se passer la patate chaude. Ça a été un peu décousu, la règle "un exploit d'autrui et une bourde d'autrui par joueur" n'a pas complètement été respectée mais, globalement, ça a donné un final intéressant à cet Épisode qui commençait à traîner en longueur...] <br />
<br />
=== Réveil de Herle ===<br />
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Il fait très froid aux abords du col et l'obscurité règne sous les sapins gelés. Vighnu, transi jusqu'aux os, scrute pourtant les alentours lorsque, quelques mètres en contrebas, Herle bascule du cheval où il l'avait attaché : au contact de la neige, il émerge pour la première fois du sommeil où l'avait plongé l'hémorragie et ses profondes blessures et tend la main vers le fehnri, qui s'empresse à son chevet. <br><br />
_E... Eldan... où est...le Moineau ? <br><br />
_Il n'est pas loin, il est parti en éclaireur. <br><br />
_Gnnh. Le butin ? <br><br />
_Pas loin non plus, en arrière, sur les bêtes. <br><br />
_On a... on a réussi ? <br><br />
_Oui, on a réussi. <br><br />
_Alors putain, d'où ils sortaient ces types ? <br><br />
_C'est la faute à Eldan, il était en avant lors de l'embuscade, mais il a laissé passé les gars qui descendaient de l'autre convoi par le nord..." <br><br />
<br />
<br />
=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Dans la forêt matinale, à une volée de flèche de la route vers Solerane, Eldan est en train de soulager sa vessie contre un arbre lorsqu'il aperçoit une silhouette évoluant à croupetons parmi les buissons. Il n'a que le temps de se jeter derrière un tronc qu'une flèche en racle l'écorce. Pendant que notre éclaireur se rajuste et encoche lui-même un trait dans son arc, l'ennemi tire une deuxième flèche et atteint le cheval du Moineau, qui s'enfuit dans la forêt. "Rha zuuuteuh !"<br />
Eldan riposte, manque, se remet à couvert et commence à manœuvrer pour s'approcher de son adversaire lorsqu'il aperçoit un deuxième homme, s'approchant furtivement depuis la route une hache à la main. Le Moineau tire une nouvelle flèche à l'archer adverse, le blesse légèrement et jette un coup d’œil pour surveiller l'approche du second ennemi : comprenant qu'il est repéré, l'homme à la hache profite de ce que l'éclaireur a décoché pour charger en levant sa hache. Lâchant son arc, Eldan dégaine son fidèle glaive pour le recevoir..._Mais tu l'avais paumée, l'arme fétiche héritée de ton père ! Grâce à qui l'as-tu retrouvée ?_Grâce à Gavin, qui l'a ramassée pendant que les soldats tentaient d'enfoncer la porte de la remise après que je m'y sois enfermé !<br />
<br />
=== Témoignage de Gavin ===<br />
<br />
Gavin est en train de cavaler à travers la cour de l'Auberge, l'épée d'Eldan sous le bras. Sur les remparts que l'aube éclaire à peine, c'est la panique et tout le monde hurle "Les Kormes ! Les Kormes reviennent ! Tous aux créneaux !". Le problème de Gavin, c'est qu'en se levant au matin dans la cour endormie, le beau glaive à la lame gravée (d'une femme nue : "Rho chouette !" fait Gavin) sous le bras parce qu'il ne voulait pas prendre le risque qu'on le lui vole, il a décidé de pisser derrière un pilier où, par malchance, dormait un garde (vous voyez comment les joueurs ont créé un fil rouge héroïque de scène en scène ? "J'étais en train de pisser quand..."). Éclaboussé et immédiatement réveillé, le soldat a ouvert les yeux pour voir l'écuyer "armé" levé au-dessus de lui et s'est mis à crier "Aleeeerte !". Coup de bol, c'était vraiment l'alerte puisque c'est le moment qu'ont choisi des dizaines de Kormes pour s'avancer sur le pont...<br />
<br />
Gavin cavale de son mieux entre les dormeurs et les tente, sachant que la plupart des autres sont déjà partis, il cherche une cachette ou un moyen de s'enfuir du fortin, mais le portail est à peine refermé et, en plus du furieux trempé d'urine qui le poursuite avec sa hallebarde, les guerriers commencent à s'accumuler aux remparts. <br />
<br />
"Heureusement, Herle est venu à la rescousse !" précise Orlanth, utilisant son "exploit d'un autre PJ" pour s'en sortir. Bon, là, comme techniquement Herle est un PNJ depuis déjà deux ou trois séances, c'est moi brièvement qui raconte.<br />
<br />
En effet, la porte pas encore barrée craque soudain sous l'impact d'un chariot utilisé comme bélier par trois "Kormes" plus ou moins chevelus : Diane, Trevan et Herle de Lorune sont venus évacuer leurs derniers camarades (et permettre aux vrais Kormes d'investir le fortin, histoire que les dégâts ainsi causés camouflent autant que possible l'intervention du commando). Sous la volée de flèches qui pleut alors autour d'eux, les trois peinturlurés décrochent à toute vitesse, plus ou moins suivi par Gavin qui part dans une direction légèrement différente avec l'air du pauvre hère pris dans la tourmente. Un coup d’œil alentour lui révèle d'ailleurs plusieurs dizaines de Kormes progressant par le pont vers la herse baissée en échangeant des traits avec les défenseurs de la grande tour, et de petits groupes épars traversant le fleuve accrochés à des radeaux : l'écuyer s'enfuit vers l'ouest sans demander son reste, et retrouve bientôt le reste du commando. "Hé mais c'est mon épée !" s'exclame Eldan en voyant arriver Gavin. "Celle-là ? Non, non, j'l'ai trouvé à l'Auberge..._Après que je l'ai lâché devant les gardes, ouais ! Rends-moi ça !_Rho mais-heu…"<br />
<br />
=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Retour dans la forêt : Eldan dégaine donc le précieux glaive hérité de son père puis sauvé par Gavin... et pare le premier coup de hache de son adversaire. Il reste au plus près de l'ennemi pour gêner le tireur qui se rapproche par le nord et, lorsque son opposant trébuche sur une racine [1pH pour éviter d'être gravement blessé par un coup de hache], Eldan le sèche pour le compte d'un grand coup du plat de la lame sur l'oreille, puis roule vivement dans les buissons pour éviter la flèche que l'archer lui décoche une fois son angle de tir dégagé. Bondissant d'arbre en couvert et de tronc en fourré, Eldan se rapproche de lui et, lorsqu'il n'est plus qu'à une 10aine de mètres, le dernier trait décoché à peine rebondit contre l'écorce d'un sapin, le Moineau fonce au contact : l'autre n'a que le temps de tirer sa dague que la lame gravée lui tranche l'épaule, éclatant le trapèze, l'omoplate et la clavicule dans une gerbe de sang. L’hémorragie finit de l'achever pendant que notre éclaireur souffle un peu, découvre le tatouage de la Confrérie du Chacal sur la poitrine de l'archer et lève enfin le nez vers la route quand il entend passer le tonnerre de chevaux aux galop : 6 ou 7 cavaliers foncent à bride abattue vers le sud, d'où monte déjà la clameur d'un combat, puisque l'embuscade y a commencé. "Meeeeerdeuh !" s'écrie Eldan en repartant vers le sud à toutes jambes.<br />
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=== Herle ===<br />
<br />
Serrant son poing massif sur la cape enneigée de Vighnu, Herle de Lorune commence à s'énerver : <br><br />
_Mais par les Pères tu vas me dire comment vous avez rattrapé le chariot, à la fin ?". <br><br />
_C'est grâce à Vighnu, intervient le Moineau qui vient de sortir de l'ombre [puisque là, on peut raisonnablement supposer qu'il n'est pas mort] "Il a réussi à trouver des chevaux, puis à nous guider à travers la campagne pour atteindre la forêt avant la roulotte du Magnifique. Il a été formidable ! <br><br />
_Mais comment vous avez fait pour sortir le butin de l'Auberge ?!? <br><br />
_Oh ben ça, c'est grâce aux...heu... talents d'imitateurs d'Andréas…" <br><br />
<br />
=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
L'aurore pointe à peine sur la cour de l'auberge encore à moitié endormie quand Dorian le Magnifique et sa suite, fraîchement augmentée de plusieurs mercenaires recrutés sur place, exige du Lieutenant Sanderen (commandant le fortin pour l'Armée du Nord) qu'on ouvre les portes à sa roulotte, parce qu'il refuse de rester plus longtemps dans un relais aussi mal défendu. L'officier ne s'était d'ailleurs pas levé si tôt pour se faire emmerder par des marchands et grimpe sur la margelle du puits pour annoncer d'une voix forte que, le fortin étant assiégé depuis cette nuit, tout ceux qui auraient encore la mauvaise idée de s'en prendre aux défenseurs -pour des raisons de taxe ou d'insatisfaction quant au couchage- seraient considérés comme complices des Kormes et pendus aux murailles !<br />
<br />
Un soldat vient alors cogner à la porte de la grange où Andréas, caché dans la remise, vient juste de finir un splendide dessin de Darjodrahl, assis dans l'ombre dans une attitude aussi distante qu'agressive, qui va lui permettre de concentrer sa magie [il a créé un puissant sort de Chimère sur tout le rez-de-chaussée de la grange, lui permettant d'y animer un personnage d'autant plus crédible dans sa mauvaise humeur qu'il se base sur l'altercation de la veille entre Sanderen et le Hornois]. Évitant de croiser le regard mauvais du guerrier qui les admoneste depuis le coin obscur de la pièce, le marchand et ses hommes se dépêchent de sortir leur carriole, d'y atteler les bœufs et de quitter l'Auberge. Pendant qu'on referme le portail derrière la suite de Dorian, l'agitation et sa vessie tirent bientôt Gavin du sommeil et, dès que l'écuyer se met à cavaler poursuivit par un hallebardier, Andréas profite de la confusion pour quitter la grange sans être remarqué et aller se recoucher dans un coin... Lorsque, évidemment, les Kormes attaquent.<br />
<br />
[Précision rigolote, mais que les PJ ignorent : quand les joueurs on demandé ce qui avait provoqué l'attaque des Kormes, je leur ai expliqué qu'ils surveillaient évidemment depuis des semaines le fortin et le pont contrôlant le passage vers le nord-ouest de la Région des Lacs, et qu'ils ont décidé de passer à l'action quand, cette fameuse nuit, il est devenu manifeste que des "camarades" assiégeaient l'endroit depuis la rive gauche et envoyé des signaux à coups de flammes colorées : le temps de s'organiser, ils ont donc profité de l'occasion pour tenter de prendre la position. "Mais c'est notre faute si les Kormes ont attaqué ?!!_Hé, oui : vous êtes très forts.."]<br />
<br />
"Mais vous... demande Herle, comment vous êtes sortis de là ?_Oh ben nous on a profité d'une corde dégottée par Gavin dans la grange pour se tirer par les remparts comme on était venus, un peu avant l'attaque. Tu t'en souviens pas ? On vous a retrouvé à l'extérieur, avec les chevaux.<br />
[Les joueurs font quelques jets pour confirmer cette version de l'histoire, et payent 1pH pour cette histoire de chevaux : entre ceux qu'ils ont amenés eux-mêmes et le troupeau dispersé dans la nature, c'était raisonnablement probable d'en trouver pour tout le monde.]<br />
On a juste eut quelques ennuis à cause de Diane qui était restée en arrière..."<br />
<br />
=== Témoignage de Diane ===<br />
<br />
Pendant que Herle, Trevan et Gavin évacuent vers l'ouest, l'Arbalétrière s'est en effet arrêtée pour se nettoyer à grande eau (parce que les peintures de guerre, ça colle affreusement dans les cheveux longs). Elle est d'ailleurs en pleine toilette quand une bande de Défunts, trempés d'avoir traversé le fleuve glacé à la nage, prennent pied sur la rive et la considèrent avec circonspection : d'abord parce qu'elle est, sinon jolie, du moins sculpturale [Physique 4, Athlétique 4, Allure 4 : elle ressemble à une héroïne d'Adam Hughes], ensuite parce qu'elle est manifestement en train de se débarrasser de peintures semblables aux leurs, qu'elle revient d'avoir enfoncé le portail du fortin et que les Kormes s'attendaient à trouver des camarades sur cette rive. Sauf que Diane a des cheveux, et ça, c'est pas normal... "Ben quoi bande de débiles, leur balance-t-elle alors en Langue des Vents, vous allez rester là à mater ou vous êtes venus pour participer à l'assaut ?!? Bougez-vous le cul merde, on est pas là pour roupiller !" [Et de faire une énorme réussite sur son un jet de Social+Langues Étrangères+Allure+Intimidation+Volonté.] Un instant médusés, les Kormes saluent respectueusement cette guerrière étrange qui ne peut être qu'une cheffe influente et vont se joindre au combat, l'un d'eux tendant même un carré de tissu à la Kerdane pour qu'elle finisse de s'essuyer... <br><br />
"Comme quoi c'est carrément pas ma faute, ajoute l'arbalétrière qui vient de sortir de l'ombre auprès du templier blessé : j'avais même réglé le problème quand ce crétin de Vighnu est venu foutre sa merde !"<br />
<br />
=== Témoignage de Vighnu ===<br />
<br />
[Un jet d'orientation particulièrement raté pour retrouver les autres après avoir rassembler des chevaux vient en effet de basculer une 10aine de pions dans la case de Tension de Vighnu, qui a par ailleurs toujours des pions de Marque psychologique (anciennement appelés "Traumas") suite à sa crise sentimentale avec Islinna (et qu'il essaye d'évacuer depuis 3 séances). Il est donc très largement en Surtension...]<br />
À quelques centaines de mètres à l'ouest du fortin, ses compagnons en train de sauter sur les montures qu'il vient de leur procurer, Vighnu aperçoit à la lisière des arbres encore obscures une jeune et belle jeune fille rousse (il reste de la peinture rouge dans les cheveux de Diane) portant un manteau emishen et entourée d'une 15aine de Kormes... Son sang ne fait qu'un tour (sans passer par le cerveau) et l'assassin s'élance au grand galop en hurlant "ISLIIIIINNAAAAAAA ! J'ARRIIIIIIVE !" avant que ses camarades n'ait seulement pu songer à le retenir.<br />
<br />
Diane voit alors le Fehnri surgir de la nuit comme un diable, les Kormes qui s'éloignaient déjà ralentissent à l'arrivée de l'intrus et, chargeant toujours, Vighnu bondit de son cheval sur le pauvre gars qui tendaient une serviette à la guerrière et l'égorge d'un grand revers de son katara en beuglant "Touche pas à ma copiiiine !". "Mais t'es complètement taré ! J'suis pas ta gonzesse !", s'écrie Diane alors que l'assassin halluciné se relève souplement, quoiqu'un peu confus et couvert de sang, pendant que "l'innocent" Korme agonise dans l'herbe haute. Et tous les Kormes alentours de se ruer vers eux en brandissant leurs armes. Sautant à cheval, la Kerdane furieuse et le Fehnri honteux essuient de justesse quelques flèches, javelots et hache de jet mais parviennent à dégager à fond de train avant d'être encerclés.<br />
<br />
Lorsqu'il rejoignent Eldan, Herle, Trevan, Gavin, Le Grêlé, Oleytan et La Poigne maintenant tous en selle, Vighnu ne prend même pas le temps de s'expliquer : "Dorian et le butin doive être loin devant nous, maintenant : on va couper la plaine par l'ouest à bride abattue, les doubler avant la forêt et les attendre au premier guet !_C'est moi ou on aura passé la moitié de cette mission à cavaler derrière des convois ?_Ferme-la et galope !".<br />
<br />
_Oui heu bon, toi qui a fait vœu de chasteté tu peux pas comprendre mais les femmes, tu vois, ça te mélange tout dans la tête et... <br><br />
_L'embuscade, par les Pères ! Raconte-moi l'embuscade ! <br><br />
_Haem donc, comme je te le disais, Diane a organisé une embuscade aux petits oignons, mais on a eu des visiteurs imprévus…" <br><br />
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== L'embuscade ==<br />
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[Après s'être tous reposés pendant une Scène grâce à l'avance prise dans la course, Diane fait un gros jet de préparation avec le soutien de tous ceux qui ont quelques scores de Tactique, de Camouflage ou d'Embuscade (et dans un groupe de mercenaires du nord, ils sont nombreux) pendant que Vighnu fait un solide jet de camouflage pour tout le groupe : bénéficiant d'un confortable bonus tactique réparti sur plusieurs personnages, d'un excellent point de vue pour la tireuse d'élite et d'une Difficulté de repérage monstrueuse, les PJ et leurs camardes sont prêts à ne faire qu'une bouchée de l'équipage du Magnifique…]<br />
<br />
Le timide soleil matinal jaunit les nuages gris et la pluie qui n'en finit plus de détremper la forêt, gonflant en torrent le ruisseau qui coupe la route de Solerane, juste au pied d'un trio de gros rochers de grès surplombant de leur butte une myriade de petits blocs, le gué et la route. Invisibles derrière les rocs et bosquets alentours, les vaillants mercenaires de Tal Endhil, confiants dans la garde d'Eldan ½km au nord, observent la lente arrivée par le sud de la roulotte fermée et escortée par deux cavaliers et cinq fantassins. <br />
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Image<br />
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Les éclaireurs à cheval de Dorian le Magnifique avancent en effet à pas prudents dans le torrent, pleinement conscients de traverser un splendide site d'embuscade, mais sans parvenir à repérer les guerriers déguisés en Kormes qui attendent le signal de Diane, postée au sommet des rochers, pour les assaillir de quatre côtés. La Kerdane laisse avancer les cavaliers le plus loin possible et, lorsque le premier d'entre eux menace a déjà largement dépassé les rochers et risque d'être bientôt hors de portée de la redoutable arbalétrière, elle l'abat d'un carreau en pleine tête [encore un, il faut dire qu'Orlanth soigne ses jets de tir et mise systématiquement en Visée] dès qu'il échappe à la vue de ses compagnons. Ce n'est que lorsque le garde du corps personnel du marchand commence à donner des signes d'inquiétude, un musclé patibulaire et couturé de cicatrices qui se désaltère au bord du torrent tout en jetant des regards insistants alentours, qu'un deuxième carreau démonte le second cavalier sur la rive nord, déclenchant l'assaut : avant qu'un des éclaireurs ait pu finir de crier "Aleeer..." des flèches fusent de toutes part, les grands couteaux de jets pris par Vighnu sur le corps du Hornois tournoient dans les feuillages, des guerriers jaillissent de chaque buisson et, en quelques secondes, la majorité de l'escorte agonise sur la terre bourbeuse du chemin. Mais les battants de bois sur le flanc de la roulotte viennent de s'ouvrir, libérant une appétissante fehnri à peine couverte d'une fourrure qui s'enfuit à toutes jambes à travers bois :"Oh m'am'zelle, reviens ! Faut pas courir toute nue dans les bois comme ça !" s'écrit Gavin-le-Korme-du-Terroir (pour récupérer quelques pions de sa Réaction "Plouc") avant de s'élancer à ses trousses, croisant la route du marchand courant à la suite de sa compagne dans son seul pantalon (mais sa cassette sous le bras, emballée dans une couverture)…<br />
<br />
"Cavaliers au nord !" signale alors Diane d'une voix forte, avant de tirer un nouveau carreau sur le premier des hommes qui viennent de croiser Eldan. "Soldats au sud !" lui répond la voix du Grêlé qui vient de repérer les quelques hommes de Jornil et de Sanderen partis du fortin après avoir repoussé les Kormes (qui n'ont jamais réussit à prendre la grande tour pour ouvrir la herse barrant le pont), découvert le corps de Darjodrahl dans la grange, vérifié le contenu des coffres et s'être lancé "à la poursuite du marchand félon" (et qui viennent de freiner d'un coup en découvrant l'escorte massacrée par les "Kormes", qui sont décidément partout).<br />
<br />
=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
"Attendez... et le chroniqueur-à-tout-faire, il était où, là ?_Heu... hé bien figure-toi qu'il y a eut un miracle, une véritable apparition divine, comme récemment à la Mine Bénie : c'est dire si les Pères sont avec nous !"<br />
Quand une poignée de Kormes franchit le parapet et commence à s'en prendre aux voyageurs piégés dans la cour, Andréas se précipite vers la seule porte qui n'ait pas encore été solidement bouclée, celle de la chapelle, entraînant à sa suite quelques réfugiés paniqués. À peine la porte barrée par un banc, le mage évalue le cheptel à sa disposition, serré comme des sardines dans l'espace exigu entre les piliers sculptés représentants les huit Premiers : il y a là la jeune voleuse, le vieux conteur, le garçonnet à la vielle et l'acrobate-détrousseur (soudain gêné de se découvrir barricadé dans une pièce de 9m² avec "l'intimidant" érudit), un jeune soldat affolé (qui a lâché sa pique au premier signe de danger), une des servantes de l'auberge et une commère serrant une poule dans ses bras tremblants. <br />
<br />
Des cris (et des caquètements) de terreur accueillent les premiers coups de hache qui s'abattent sur la porte, mais Andréas Odran connaît la manœuvre : "Prions mes frères, les exhorte-t-il avec toute la force de sa conviction ! Prions que les saints Pères viennent à notre secours ! Chantez-tous avec moi !" La chorale improvisée entonne alors un antique où l'angoisse se mêle à la ferveur religieuse. Lorsqu'une cognée d'acier fini par percer entre les planches de chênes, le mage décide d'accélérer le mouvement et sort la Sphère de Pouvoir de son havresac : "Mes frères, ceci est une Sainte Relique Première dont la bénédiction nous protégera des ennemis du culte ! Tendez les mains pour la toucher et concentrez-vous sur le chant ! Les Pères sont avec nous !".<br />
<br />
Et siphonnant un maximum d'Énergie à ses coreligionnaires sans trop leur demander leur avis (pas plus qu'à la poule), Andréas remplit son focus au maximum pour lancer un sort de Chimère assez puissants pour effrayer les Kormes... lorsqu'il lui semble qu'une forme tout à fait imprévue émerge de la sphère d'or rouge. Le chroniqueur commence même à distinguer une silhouette humanoïde lorsque, son sort se déclenchant en vidant d'un coup toute l'Énergie accumulée dans la sphère, "l'intrus" disparait avec une sorte de cri muet.<br />
<br />
Dans la cour, c'est par contre carrément la stupeur : Herem, Second Fils des Étoiles, Premier Seigneur des Batailles, vient de se matérialiser quelques mètres au dessus du puits, brandissant son épée enflammée sur le fond sombre de cette aurore pluvieuse. La plupart des soldats en restent tétanisés, des réfugiés se jettent à terre en signe de soumission, d'autres prient à genoux sur les pavés et les Kormes, eux, refluent en désordre devant cette apparition divine. <br><br />
Lorsque les choristes de choc émergent de la chapelle dans une sorte de stupeur incrédule, il leur faut plusieurs minutes pour s'apercevoir que le saint érudit et sa relique on déjà disparu par le portail enfoncé de l'auberge…<br />
<br />
=== L'embuscade encerclée ===<br />
<br />
Dans la forêt humide se joue une dangereuse partie de cache-cache : après que deux d'entre eux aient été blessés par des carreaux d'arbalète en arrivant du nord à bride abattue, les Chacals lancés à la poursuite de nos héros ont démonté pour se disperser à couvert dans les sous-bois, les soldats et mercenaires arrivant du sud ont pris le maquis en découvrant les cadavres dispersés sur la route et les auteurs de ce carnage se sont pour la plupart dissimulés tout autour de la clairière envahie de rochers, progressant prudemment à la recherche des nouveaux arrivants. <br />
<br />
[Après la phase de "tir au pigeon" de l'embuscade, le groupe vient de passer en Duel global, tous les combattants dispersés à travers la map répartissant leur mise entre le repérage (attaque), la dissimulation (défense) et le déplacement, jusqu'à rencontrer des ennemis et basculer en combat à distance ou tenter de rentrer au corps à corps. Le récent module de calcul des distances de combat a donc beaucoup servi, de même que les Positions tactiques (camouflage de la végétation, couvert des rochers...), la surprise, les charges soudaines, les combats à plusieurs adversaires... Ce fût une belle démonstration tactique (Diane a particulièrement brillé) et une belle scène finale, qui aurait mérité d'être mieux décrite si je n'avais pas eu 5 ou 6 combats à gérer en même temps. Au passage, Humphrey B jouait Herle de Lorune pendant l'absence d'Andréas.]<br />
<br />
Dés le début, Gavin est pris dans une bagarre désordonnée à coups de couverture, de cassette et de poings contre Dorian le Magnifique pendant que la belle fehnri disparaît dans les bois ("Une courtisane fehnri avec un gros score de discrétion associée à un marchand-escroc ? Tiens donc..."), Le Grêlé a rejoint la roulotte pour régler son compte à la petite servante qui s'y cachait encore (et "s'amuser un peu" avec elle : ça reste un mercenaire sans scrupule, hein), Eldan essoufflé rejoint le "champ de bataille" par le nord, Vighnu et La Poigne convergent vers les soldats qui contournent par le sud-est, Herle abandonne son arc pour foncer tout seul par le flanc ouest (il faut bien justifier de son état futur en le jouant "imprudemment"), Trevan et Diane quittent discrètement les gros rochers en cherchant à repérer leurs nouveaux adversaires...<br />
<br />
Après quelques instants de louvoiement discrets dans les bois, le premier accrochage intervient quand deux soldats franchissent le ruisseau en aval du gué et sont interceptés par La Poigne et Vighnu : si le gros benêt diminué par ses blessures est vite repéré et pris dans un laborieux corps à corps, l'assassin blesse un de ses adversaires d'une dague de jet avant de surgir derrière lui pour le poignarder, employant le corps du mourant comme bouclier contre les attaques de deux autres soldats qui venaient à son secours. En un instant, Vighnu balance le mort sur ses congénères, éventre l'un et abat l'autre d'une dague de jet dans la gorge, pendant que La Poigne enfin dégagé éclate le crâne du dernier à coups de gourdin.<br />
<br />
Après avoir éclaté le nez du marchand d'un direct bien placé, Gavin lui arrache sa précieuse cassette et, laissant le "Magnifique" sonné assis dans l'herbe, accourt vers la roulotte en entendant les cris d'effroi de la petite servante. N'écoutant que ses élans chevaleresque, il sonne Le Grêlé d'un grand de cassette sur le crâne et, après avoir tenté en vain de calmer la pauvrette (faut dire qu'il est grimé en Korme et qu'elle passe une matinée épouvantable), l'écuyer la laisse s'enfuir dans la forêt et part à la recherche d'une arme plus approprié en voyant se rapprocher les mercenaires du fortin.<br />
<br />
Sur l'autre flanc, Herle (sans arc, donc) s'est fait prendre en tenaille par deux tireurs, a reçu une flèche dans le côté et, pendant qu'il tentait de choper son agresseur au contact, l'autre a surgit de flanc pour lui ouvrir la cuisse à coup de glaive. Blessé et à deux contre un, il encaisse de son mieux lorsque Trevan de Rigorne charge en brandissant son épée, attirant l'attention de Diane qui progressait à croupetons dans le secteur : en une seconde, le premier chacal est décapité et le second s'écroule, un carreau d'arbalète dans l’oreille. Mais ils n'ont guère le temps de souffler car Le Moineau les appelle au secours !<br />
<br />
Déboulant sans s'en apercevoir au milieu des ennemis camouflés, Eldan est immédiatement pris par surprise et blessé. Il parvient néanmoins à faire chuter son adversaire et, roulant avec lui dans les feuilles mortes, les deux éclaireurs échangent coups d'épée, de pied et de poing en s'usant l'un l'autre, pendant qu'un chacal supplémentaire s'approche à pas de loup. Le Moineau le repère au dernier moment, appelle à l'aide, tente vainement de pousser l'ennemi qu'il a blessé dans les jambes de l'arrivant et encaisse une nouvelle blessure (il commence à être franchement mal en point) lorsque Trevan arrive à la rescousse, toujours au pas de charge et toujours couvert par Diane dont l'avant-dernier trait cueille l'ennemi debout juste sous l'omoplate, perçant le poumon.<br />
<br />
"Laisse-le moi !" gueule Eldan au chevalier errant et, donnant tout ce qui lui reste contre un ennemi soudain moins faraud, le Moineau prend finalement sa revanche en clouant son ennemi au sol d'un grand coup d'épée. Avant même que Herle rejoigne en boitant l'éclaireur victorieux, Trevan et Diane sont repartis au pas de course vers le flanc est, où des cris indiquent que Lerkoren Oleytan passe un mauvais quart d'heure.<br />
<br />
Car parti seul au nord pendant que l'on se battait près du ruisseau, le jeune Elloran a abattu le premier des "Chacals" qu'il a rencontré mais s'est ainsi fait repéré par deux autres : après un court échange de flèches en manœuvrant pour rester à couvert, Oleytan s'est fait chargé par les deux ennemis simultanément, a réussi à les entraîner dans un bosquet touffu pour les gêner au maximum mais commence à faiblir sans parvenir à se dégager et, lorsqu'il prend un coup de lance dans le mollet, ça commence à sentir franchement le roussi. "VIGHNUUUU !!!" appelle-t-il alors à pleine voix, pendant que l'intéressé, à plus de 200m de là, achève le dernier soldat qui s'enfuyait d'un magnifique lancé de couteau, qui l'atteint dans le dos à plus de 50 pas.<br />
<br />
Lorsque deux mercenaires ont abordé la roulotte et trouvé Le Grêlé étalé dans l'herbe, Gavin qui venait de cacher son butin dans les buissons a soudain été pris de remords. Ramassant l'épée d'un mort, il revient à pas prudents lorsque le combat éclate : Le Grêlé a laissé le premier adversaire s'approcher pour l'achever, a retourné la dague qui le menaçait dans l'estomac de l'ennemi et roulé sous la roulotte pour échapper aux coups de lance du second militaire. Le Grêlé est néanmoins blessé lorsque l'écuyer arrive alors pour achever d'un grand coup d'estoc le gars qui se tenait le ventre à deux mains et bondit sur le véhicule qui commence à avancer au ralenti, les bœufs n'aimant guère la nouvelle agitation qui secoue leur attelage. Son camarade sort alors de sous le chariot pour éviter de passer sous les roues et, maintenant à deux contre un, Gavin et Le Grêlé ont vite défait le dernier soldat, achevé d'un joli lancer d'épée dans le dos alors qu'il s'enfuyait.<br />
<br />
Trevan, Diane et Vighnu arrivent à quelques secondes d'intervalle au secours d'Oleytan, les deux derniers Chacals étant alors rapidement tués, le premier percé du dernier carreau de la Kerdane et Vighnu égorgeant l'autre après un bref corps à corps, d'abord à deux, puis trois puis quatre contre un.<br />
<br />
=== Fin des combats ===<br />
<br />
Essoufflés, les guerriers vainqueurs font brièvement l'appel : <br><br />
_La Poigne ? <br><br />
_Il souffle près du ruisseau, il a pris assez cher. Eldan ? <br><br />
_De l'autre côté, au nord, mal en point : il s'est mangé l'avant-garde tout seul avant de nous rejoindre, si j'ai bien compris. Herle est avec lui, blessé aussi, il a perdu connaissance. <br><br />
_Gavin et le Grêlé sont donc seuls avec la roulotte : faudrait pas trop traîner avant qu'ils se fassent des idées malhonnêtes..." <br><br />
<br />
Et pourtant, les deux hommes se réconcilient sur une base financière saine : ils font moitié-moitié sur le contenu de la cassette ("que c'est pas la peine d'embêté les autres avec des détails") et Le Grêlé oubliera qu'un certain écuyer a essayé de l'estourbir avec. A peine ont-ils partagé qu'arrive Andréas Odran sur un cheval fatigué, qui découvrent le massacre au bord du gué : "Dîtes-donc mais c'est carrément la guerre ici ! Je croyais que le but de toute l'opération à l'auberge était de pouvoir prendre le butin d'un chariot à peine défendu._Ouais ben y a eut des invités surprise..."<br />
<br />
Les valides font le tour du secteur, poussent le chariot hors de la route, rassemblent les camarades blessés pour que Vighnu et Andréas puissent les rafistoler, puis trient les cadavres au nombre desquels semblent se trouver (par la grâce d'1pH) presque tous les hommes du fortin susceptible d'identifier Eldan après ses exploits de la nuit précédente. "Alors on est bons, conclut le chroniqueur : j'ai vu les Kormes tuer les deux seuls autres qui nous aient regardé de près. <br><br />
_N'empêche que le Magnifique, sa poule et la servante se sont tirés. <br><br />
_Bah c'pas grave, ils témoigneront qu'ils ont été attaqués par les Kormes. <br><br />
_Mouais, sauf que Gavin a jugé utile de leur faire la causette. <br><br />
_Chiotte ! <br><br />
_Et sinon, d'où ils sortaient tous ces mecs ? <br><br />
_Ben ceux-là ont du vous poursuivre depuis l'auberge. <br><br />
_Celui-ci, il était déjà avec l'escorte au départ de Solerane, alors j'imagine que ceux du nord étaient à la recherche du messager qu'on a intercepté cette nuit. <br><br />
_Les Chacals qui nous attendaient avec le fourgon ont du appeler du renfort après qu'on aie commencé à leur tailler des croupières, parce que je pensais pas qu'il y en avait autant dans le secteur... <br><br />
_Le premier qu'a tué Herle le jour du départ, Jaromir et Rumbold que tu as dégommés avant de lâcher le convoi, ça fait déjà trois... <br><br />
_Au moins deux de plus, qu'on a tué avec Trevan et Gavin quand ils nous poursuivaient : ça fait cinq. <br><br />
_Cinq ou six avec Jorem Cuivré hier, vu qu'on a pas trop fait le détail. Disons 10. <br><br />
_Et aujourd'hui j'en compte cinq, dont au moins un emishen du clan des Rimdehl, en plus des derniers hommes de Jornil ! <br><br />
_Tu oublies les trois qui sont morts au Cercle des Cascades au début de la semaine, ça fait donc 18 chacals éliminés en 8 jours. C'est du bon boulot, quand-même ! <br><br />
_Façon de voir : moi ce qui m'inquiète, c'est qu'on puisse avoir deux dizaines de types armés dans notre secteur et ne nous en apercevoir que maintenant... Il faudra qu'on parle à ce trafiquant de sel que connaît Eldan, celui qui a présenté Jaromir au fils Cuivré : je crains que l'implantation des Chacals soient plus avancé qu'on ne l'imaginait." <br><br />
<br />
Rassemblés et ayant brièvement le temps de souffler pour la première fois depuis des jours, nos héros en profitent pour échanger enfin les infos recueillies par chacun au cours de leurs aventures et reconstituent ce qu'ils savent de la Confrérie du Chacal :<br />
La Confrérie, originaire des Sylves, semble essaimer en créant des "chapitres" locaux dans différentes régions de l'Empire. Il semble que des membres du chapitre "sylvain" de la Confrérie ait donc fait le déplacement pour "franchiser" des brigands du Nord, et ce sont ceux-là qui dirigent plus ou moins les opérations (les trois mecs tués par Andréas, Adira et Eldan aux cascades étaient vraisemblablement des novices). Aux Sylves, la Confrérie est à la fois une mafia, une secte animiste et le noyau dur de la résistance armée à l'occupant impérial : si Urgrand est lié à ces gars-là et qu'ils commencent à passer des accords avec les Kormes, ça risque de compliqué sérieusement l'Échiquier du Nord. Et si les Chacals semblent être quasiment apparus par génération spontanée en quelques semaines, c'est qu'ils ont trouvé des gens pour les soutenir et les aider dans la région : soit Urgrand est beaucoup mieux connecté qu'il n'y paraissait, soit ils ont d'autres appuis...<br />
<br />
=== Exfiltration ===<br />
<br />
"...après quoi on a réparti le butin sur les chevaux, vu qu'on en avait maintenant une bonne quinzaine, on t'a attaché en selle et on s'est tiré vers l'ouest en contournant Celanire par le nord jusqu'au grand menhir où nous attendait Neri'Helin, une des novices du chaman edell'okhil Kal Tayvon, avec des bœufs laineux, des vivres et tout le matériel de montagne : paraît que ton 'Pitaine leur a promis de racheter leurs frères en esclavage. On a ensuite crapahuté par l'ouest pendant trois jours dans les Asparren puis les Monts d'Azur, en passant par des coins de plus en plus hauts et enneigés pour éviter de croiser quiconque. La p'tite Edell'okhil a même déclenché une avalanche dans le col du Fraisil pour qu'on ne puisse plus nous suivre. On a bien perdu quelques canassons en chemin, mais les lingots sont au complet, le groupe aussi (quoique la demoiselle ait du re-nettoyer les blessures de La Poigne), et nous voilà presque rendus. <br><br />
_Où sommes-nous, exactement ? <br><br />
_Un peu au sud-ouest de la Mine Bénie : on va contourner par l'autre versant pour éviter de s'y faire voir et la môme va nous faire passer sur la rive nord du Lac Troisième par une espèce de chemin à travers les marais à l'est de Andh Endhil, pas loin du camp abandonné d'Etayn-la-Louve. <br><br />
_La voie est libre et le jour va se lever, annonce la jeune femme en rejoignant le groupe : ramassez vos affaires, hommes du sud. <br><br />
_Allez, messire de Lorune, remonte en selle : ce soir, Le Cornu nous attendra avec de la gnôle au camp d'abattage."<br />
Et dans le petit matin, les fiers cavaliers de Tal Endhil descendent victorieux vers la Vallée des Lacs en Palier avec, dans leur fonte, un trésor capable de financer les nouveaux projets du Capitaine Durgaut... <br><br />
<br />
<br />
<br />
== ÉPILOGUE (envoyé aux joueurs après coup) ==<br />
<br />
<br />
<br />
C'est au soir du huitième jour après leur départ discret que nos vaillants mercenaires fourbus, gelés, blessés et riches comme Crésus se sont affalés dans une minable hutte au nord du camp de bûcherons de Tal Endhil, déserté chaque nuit en cette saison. Immédiatement repartie avec ses bœufs laineux, sa sœur adolescente et son cousin mutique, la gironde rouquine Neri'Helin ("Dis-donc mais... c'pas la p'tite Edell'okhil que t'a réveillée l'autre fois aux cascades, quand on cherchait les Chacals ?_Si, même que Nevel m'a dit que Tael Shannan se la tape !_Note qu'il se tape toutes les mignonnes, ce fumier de barde._Dîtes, c'est fini d'échanger des potins comme deux vieilles venteuses ?") a laissé les hommes de Durgaut fort symboliquement assis sur la terre battue, à 10 pas de l'icône votive qui marque l'extrême frontière nord de l'Empire (mais Le Grêlé a pissé dessus). Ils ont festoyé, pansé leur nombreuses plaies et, d'abord par jeu, ceux qui parmi eux avaient quelques notions de finances ont commencé à calculer combien représentait le chargement encore bâté sur leurs chevaux. <br><br />
_On a pas loin de 250 lingots, dont bien 150 de merdouilles comme du cuivre, du bronze et du fer... <br><br />
_Des "merdouilles" qui vont se négocier entre 500 et 1000 lunes à la prochaine cité dotée de forges, ducon. <br><br />
_T'es sûre ?! <br><br />
_Il est drôle l'aut' : pourquoi qu'tu crois qu'on creuse des mines ? <br><br />
_Crois-moi, s'il y a bien un truc que les Kerdans savent faire, c'est du commerce... <br><br />
_Je savais bien que t'étais kerdane malgré ton histoire de "Je suis une innocente remane élevée près de la colonie kerdane de Rigorne, et blablabla"... <br><br />
_C'est donc bien vrai mademoiselle Diane ? Vous aussi vous êtes de Rigorne ?!? <br><br />
_Écoute, Trevan : tu es mignon, tu es vaillant mais, putain, ta gueule. <br><br />
(Trevan de Rigorne rougit.) <br><br />
_On disait donc au moins 500 lunes pour les lingots de "vils métaux", mais on a surtout une petite centaine de lingots d'argent, quoique la moitié soient planqués dans de faux lingots de cuivre. Et ça, ça nous fait... heu... attendez voir... <br><br />
_Au moins 300 pièces d'or. <br><br />
_Putain ! <br><br />
_Quoi ?! <br><br />
_La Poigne ! Tu sais compter !? <br><br />
_Ben oui, surtout le métal quoi. J'suis été apprenti forgeron. Mais c'est trop du labeur : j'aime plus mieux taper qu'une bonne fois sur un casque. <br><br />
(La gourde de vin de sureau passe de main en main, chacun avalant une rasade d'un air mi-émerveillé, mi-consterné.)<br />
_On... on a ramené... 350 pièces d'or ?! Vous croyez que notre bon Capitaine va être content. <br><br />
_Ah ça, Moineau, il a un peu intérêt à l'être ! <br><br />
_Dîtes, ch'ais pas si vous vous rendez-compte : c'est p't'être le plus beau brigandage de toute l'histoire des Marches !! <br><br />
_On est riches les gars ! RICHES ! <br><br />
_Non, messieurs : Tal Endhil est riche. Par les pères, si l'un de vous commence à concevoir une seule pensée pécheresse... <br><br />
_Mais quel pisse-vinaigre, le Défroqué, quand il pisse le résiné. <br><br />
_Héhé. Fais-voir ta balafre, d'ailleurs, Herle : faut changer ton bandage. <br><br />
_Ma mienne elle est plus grande ! <br><br />
_Hihi ! <br><br />
_Nul n'en doute mon cher La Poigne, nul n'en doute... <br><br />
_Ouais mais la tienne elle a même pas percé ta couche de lard ! <br><br />
_N'empêche qu'on a tous ben gagné nos 2 pièces d'argent chacun ! <br><br />
_Plus la prime ! <br><br />
_Oh oui : vous êtes de vaillants gagne-petit. Mais la prime c'était si on laissait pas de témoins et, là, on a Jornil lui-même, Dorian, sa pute, la servante... <br><br />
_Toi le Noir tu commences à nous les bris... <br><br />
_Bon les gars, vos gueules : il est tard. Alors ça pionce, ou je vais commencer à distribuer les baffes. Le Grêlé et Diane prennent le premier tour de garde. Demain, j'vous ramenions tous au village. Et rappelez-vous qu'vous avez promis le secret sur vos têtes ! Si on vous presse vraiment, et seulement dans ce cas-là, vous avez été r'prendre les lingots de la Mine Bénie à une bande de Kormes du côté de la Baie des Langueurs. C'est bien clair, pour tout le monde ? <br><br />
_Oui mon sergent ! <br><br />
_Lèche-cul. <br><br />
_Mon sergent ! Y a Le Grêlé qui dit... <br><br />
_Foutremerde, tas de corniauds ! Même avec une 'pparition divine, j'conçois point comment qu'une pareille bande de mômes a pu réussir cette mission !" <br><br />
<br />
<br />
<br />
}}<br />
<br />
'''[[7) "Embrouilles en Cascades"|<< Épisode Précédent]] | [[9) "Reishin Ghoran"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Épisodes|<< RETOUR à la liste des Épisodes]]'''<br />
[[Catégorie:Épisodes]]<br />
[[Catégorie:Comptes-Rendus]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/8)_%22Le_Train_de_l%27Argent%228) "Le Train de l'Argent"2014-09-08T12:13:17Z<p>Aloun : </p>
<hr />
<div>La totalité de l'Épisode 8 : "Le Train de l'Argent" est classée "spoiler".<br />
Si vous voulez vraiment accéder à cet Épisode, vérifiez que soit un de vos perso y était, soit que le MJ vous en a donné l'autorisation.<br />
Tout abus sera illico puni par une grosse perte du plaisir de jeu.<br />
<br />
C'est bon, vous y avez bien pensé ? Vous êtes vraiment sûr ?<br />
<br />
...<br />
<br />
{{Secrets|<br />
== Prologue, rien que pour Eldan et le Capitaine : ==<br />
Durant les [[Huitaines]] précédentes, Durgaut a envoyé ses mercenaires (dont Eldan le Moineau) enquêter du côté de [[Solerane]] sur '''les détournements de fonds commis par le défunt [[Lieutenant Armeld]]''' avec son complice, Maître [[Gaster]] (écroué depuis au donjon), et découvert ainsi l'implication d'un patron-minier, notable influent et principal contrebandier de la région : '''[[Jornil Cuivré]]'''. En dehors de ses opérations "privées", Jornil travaille pour [[Rhilder le Fou]] à détourner le minerai d'argent des mines de la région, théoriquement destiné à l'État-Major, au seul bénéfice du dément Prévôt de la [[Marche des Lacs]]. <br />
<br />
Rhilder n'est vraiment pas quelqu'un avec qui Durgaut peut se permettre d'être en guerre ouverte, puisqu'il est son supérieur direct, un puissant "[[:Catégorie:Seigneurs du Nord|Seigneur du Nord]]" (comme on appelle les impériaux qui se taillent des fiefs dans les Marches) et un putain de psychopathe, notoirement responsable du génocide de la tribu emishen des [[Rimdehl]] (les Geaies).<br><br />
'''Mais notre brave Capitaine est en fait pris à la gorge ''' (en plus d'être très énervé contre le Prévôt qui le ruine par ses magouilles et lui réclame d'envoyer des troupes que [[Tal Endhil]] n'a pas pour participer à la guerre contre les [[Oloden]])... S'il n'envoie pas bientôt '''des lingots d'argent à l'État-Major''' du [[Duc-Gouverneur]] pour couvrir le quota de la [[Mine Bénie]] (apparemment pillée par les [[Kormes]]), Durgaut va sauter.<br><br />
En fait, il n'est encore même pas sûr de pouvoir obtenir le titre de "Bailli de Tal Endhil" vu les exigences du [[Aristame de Gorme|Primat]] en la matière, mais espère bien réussir à l'épater d'ici son arrivée. D'ailleurs, s'il reste en poste et devient bailli, il sait avoir besoin de beaucoup de pognon pour embaucher assez de mercenaires pour enfin contrôler son territoire et développer la région.<br />
<br />
Durgaut a donc conçu un plan audacieux pour régler plusieurs problèmes à la fois : '''braquer le convoi de métaux''' qui va bientôt partir de Solerane pour [[Darverane]], siège de la prévôté harcelé par les troupes de [[Kainen Tahrel]]. Ainsi, il mettra la main sur une véritable fortune (l'argent détourné caché dans des lingots de cuivre, l'argent "officiel" envoyé de Solerane pour l'état-major via Rhilder, du cuivre et de l'étain en quantité...) dont il compte employer une partie à payer son quota au Gouverneur, une autre à racheter des esclaves [[Edell'Okhil]] de la [[Marche des Gemmes]] comme il l'a promis à ses alliés emishen, et le reste à constituer une petite armée.<br><br />
Il en était à mettre au point un plan solide lorsqu'il apprend que la route de Darverane, coupée par les Kormes depuis des semaines, vient apparemment d'être rouverte suite à une contre-offensive de Rhilder : '''le convoi de métal ne devrait plus tarder à partir, il faut agir vite'''. Et comme [[Vighnu Pratesh]] vient de rentrer du [[Cercle des Hautes Pierres]], il décide d'embaucher l'assassin pour courir l'aspect le plus délicat de la mission : assurer le secret.<br />
<br />
{{Secrets|Ce qu'il ignore malheureusement, c'est que Jornil a lui aussi enquêté sur les trois attaques successives qu'il a subi de la part de ruffians non-identifiés : d'abord on a tabassé nombre de petits truands sous les ordres de son fils, [[Jorem Cuivré]], ensuite on s'en est directement pris à deux de ses lieutenants notamment impliqués dans la contrebande d'argent, enfin un éboulement à la mine de cuivre qui s'est révélé être un sabotage (les mercenaires de Durgaut avaient pour instruction de "recruter des mineurs" et n'ont rien trouvé de mieux). <br><br />
Jornil a donc d'abord envoyé un certain '''Worik''' se mêler aux mineurs "responsables de l'éboulement" qu'il a lui-même renvoyé et qui partaient s'engager auprès de Durgaut. Mais son agent, qui s'était mêlé à l'expédition minière menée par [[Mérane "Roulier"]], est mort connement, tué par des Kormes, pendant l'épisode [[5) "Le Pont"]]. Puis le patron-minier a envoyé un messager auprès de son bon ami [[Adira Pratesh]] pour se renseigner sur les mercenaires de Durgaut (Adira étant alors en pleine bisbille avec le Capitaine, il a volontiers informé Jornil) et contacté son autre associé à Tal Endhil, Maître [[Plirune]] (Jornil partage la propriété de la mine de fer du village avec Plirune et Gaster, ce que le Capitaine est sensé savoir mais dont il ne réalise pas l'importance) pour obtenir quelques renseignements de plus (notamment sur les finances de Tal Endhil). Adira l'a ensuite informé de tout ce qu'il avait appris sur l'arrestation de Gaster (notamment que ce n'était pas lié qu'au magouilles de leur [[Guilde]])... Bref : Jornil a compris que Durgaut était après lui et pris des mesures en conséquence.<br><br />
Car s'il ne peut pas se permettre de retarder d'avantage le convoi de métal (Rhilder a besoin de ce fric pour sa guerre perso et il n'est pas câlin quand il s'impatiente), il a conçu une ruse efficace : embaucher des mercenaires de rab' pour l'escorte et, surtout, contacter par un ami de son fils Jorem une "''petite bande de brigands récemment arrivés dans le secteur''", la [[Confrérie du Chacal]]... }}<br />
<br />
<br />
== À la "Taverne Penchée" ==<br />
'''Il fait déjà nuit lorsque la Taverne, récemment rachetée par les mercenaires de Durgaut, ferme ses portes beaucoup plus tôt que d'habitude''' en chassant les soiffards qui comptaient y passer leur soirée en galante compagnie ; les prostituées, récemment rendues à leur autonomie sous l'autorité de la belle [[Garnelle]] (maîtresse occasionnelle du jeune Eldan,) sont également invitées à rentrer chez elles et le quartier lacustre de Tal Endhil est donc rapidement rendu au silence et à la brume nocturne...<br> <br />
'''Pourtant, quelques silhouettes discrètes gagnent bientôt la Taverne apparemment close :'''<br />
* '''l'apothicaire [[Vighnu Pratesh]]''' (Loriel) n'a eu qu'à franchir quelques pontons depuis sa propre échoppe, son matériel d'empoisonneur sous le bras et ses armes dissimulées sous son large manteau reman, où bat un petit cœur sec depuis si longtemps, récemment réveillé et illico brisé par Islinna : les femmes sont cruelles. Déjà en grande partie au courant de la mission, la seule chose qu'il ignore c'est ce qu'ils vont voler. Mais vue la somme promise par le Capitaine, il est trop heureux de ne pas poser de questions.<br />
* '''[[Nadine "la Moucheuse"|Diane Maletudine]]''' (Orlanth) est une Kerdane, quoiqu'elle prétende être une remane originaire de la cité portuaire de Rigorne, embauchée depuis quelques mois dans l'Armée du Nord, suite à des problèmes avec ses compatriotes. Femme dans une armée de macho, elle a bientôt eut d'autres ennuis (décidément) qui l'ont incité à déserter pour rejoindre la petite communauté kerdane de [[Tal Endhil]] sur les conseils de son mentor, le célèbre maître d'armes [[Vasco Sotorine]]. Sauf que [[Ranyella Sotorine|Ranyella]] la pilote ne veut pas d'une renégate dans sa troupe et l'a donc refilée au Capitaine sans lui expliquer les casseroles que trimballe l'arbalétrière...<br />
* '''[[Andréas "Odran"]]''' (Humphrey B) a récemment eut un entretien secret avec le Capitaine qui pourrait se résumer ainsi : "''Je sais que vous êtes un sorcier, mais je suis prêt à fermer les yeux si vous bossez pour moi._Ça pourrait m'arranger, vu que je suis là pour mettre fin à la dispersion d'artefacts qui commencent à foutre le boxon à [[Duriane]], mais je vais pas m'en sortir tout seul._Splendide : faudra me neutraliser le machin dans la Mine Bénie. Dans l'intervalle, vous êtes embauché comme espion. Vous commencez demain, rendez-vous à la Taverne Penchée après la fermeture.''" Il arrive donc avec un peu d'avance et pas mal de bagages, dont son précieux grimoire, ses herbes médicinales et un certain objet qu'il a passé presque deux jours à chercher dans le torrent en contrebas de la [[Mine Bénie]].<br />
* '''[[Oleytan "le Furet"]]''' (PNJ), lui, s'est engagé dans les mercenaires de Durgaut dès son retour de "l'Opération Tréfonds" : il se sent désormais un vrai guerrier, veut participer à l'alliance entre les Talendan et les Elloran mais, surtout, il a enfin couché avec le grand amour de sa jeune vie : la jolie négociante lewyllen [[Doma Sholen]]. Celle-ci l'a inexplicablement largué à l'arrivée à Tal Endhil en lui expliquant que "c'était fun, mais t'es juste trop jeune pour moi" (elle court en vain après [[Nevel Sholdanan]] depuis 4 semaines). Après une intense réflexion, le jeune guerrier est arrivé à la seule conclusion "sensée" : s'il veut que la belle marchande le reprenne, il doit lui prouver qu'il est capable de lui assurer le train de vie qu'elle a perdu, et pour ça, il lui faut "des rondelles", comme les Emishen nomment la monnaie impériale. Il ne comprend pas grand-chose à la mission que Durgaut lui a proposé, mais il est bien content puisqu'il va être payé royalement.<br />
* '''[[Eldan "le Moineau"]]''' (Aloun) arrive le dernier, accompagné d'une montagne de muscles habillées de haillons qu'il vient de récupérer dans l'unique geôle du donjon : [[Herle de Lorune]] (Ego'), noble et chevalier du temple récemment défroqué. Lui aussi a des problèmes, parmi lesquels l'alcool, la violence et un sens aigu de la justice qui, après lui avoir coûté sa charge d'inquisiteur lors d'une altercation avec le Primat lui-même, l'ont fait rétrogradé comme simple soldat dans la troupe de [[Bagoran de Marale]] (chargé de le "mater" : échec critique) et récemment conduit à défoncer le portrait d'un connard de Chevalier du Temple (donc un de ses "supérieurs") qui tabassait une gamine emishen. Son séjour en taule auprès du plaintif Gaster s'est terminé lorsque le Sergent LeCornu a jeté son dévolu sur le prisonnier, et convaincu le Capitaine de l'embaucher.<br />
<br />
'''Lorsque tout ce petit monde est attablé''' dans la taverne sur pilotis qui grince et (effectivement) penche sous l'effet de la houle, [[Le Cornu]] qui tenait le comptoir fait entrer deux de ses collègues, le massif imbécile qu'on appelle "La Poigne" et le brigand reconverti au visage marqué par la petite vérole qu'on appelle "Le Grêlé". Comme Eldan et le Sergent, ils ont survécu à tous les combats depuis la [[Bataille de Tal Endhil]] et sont tout dévoués au glorieux chef qui va bientôt faire d'eux la "''garde bailla, bailliagiale...heu... baillique... la garde du bailli, quoi''", et qui lui-même pénètre dans la grande salle inclinée à leur suite, une vaste carte sous le bras :<br><br />
« Bonsoir mademoiselle et messieurs, nous avons peu de temps et je vous demande d'être extrêmement attentifs à l'exposé qui va suivre.» Pendant que Vighnu et Andréas dégagent leurs gobelets pour laisser Durgaut déployer la superbe carte (signée [[Ordano Sotorine]]) sur la table crasseuse, les 6 autres membres de l'équipe s'approchent pour suivre le briefing dans la lumière chiche des chandelles. Le Capitaine enchaîne :<br />
« La mission que j'ai à vous confiée est dangereuse, urgente, secrète, absolument vitale pour Tal Endhil et ''remarquablement bien payée''. Si certains d'entre vous ne s'en sentent pas capables et préfèrent retourner à leurs activités précédentes, qu'ils le disent tout de suite. Car une fois que je vous en aurais exposé les objectifs, Messire Pratesh ici présent sera le garant ''de votre silence''. Tout le monde est motivé et se sent capable de se taire ensuite, en cas d'échec comme de réussite ? Parfait. Sergent, passez-moi les figurines...<br><br />
« Dans les jours qui viennent, peut-être même dès demain, '''un convoi lourdement gardé''' va quitter [[Solerane]] à destination de [[Darverane]] (Durgaut pose une miniature en bois, une espèce de coffre aux pieds vaguement arrondis, sur la carte) : il contient plusieurs coffres très lourds que vous êtes chargés d'intercepter, de préférence avant "l'[[Auberge du Pont]]"... C'est quoi ça, Le Cornu ? demande le Sauveur de Tal Endhil quand son sergent lui passe une espèce de cube prolongé par un jambage tordu.<br><br />
_C'est l'Auberge du Pont, mon 'Pitaine. C'est La Tortue qu'a fait les sculptures, mais on a pas eu bien l'temps.<br><br />
_Je vois... À "l'Auberge du Pont", donc, se trouvent actuellement plusieurs dizaines de marchands qui, depuis des semaines, y attendent que les troupes de Rhilder reprennent le contrôle de la route vers Darverane aux Kormes qui harcèlent la prévôté (il pose du côté du [[Mont Grison]] un petit bonhomme chauve et noirâtre) avec l'appui des troupes Emishen de Kainen Tahrel (Vighnu approuve du chef). <br><br />
Si le convoi de Solerane rejoint la première caravane groupée en partance pour Darverane, il sera alors probablement trop entouré pour que vous puissiez tenter quoique ce soit. Vous êtes ici... mais c'est quoi ça ? Un chien ?<br><br />
_Un ch'val mon 'Pitaine, pour représenter, le commando.<br><br />
_Vous avez pu leur trouver des chevaux ?<br><br />
_Ah non mon 'Pitaine : c'est des pirogues, pour quitter le village. Ensuite s'ront à pied. Mais La Tortue, quand il a commencé, i'l'savait pas, pis i' sait pas faire les pirogues, et de toutes façons ça va surtout se faire par voie de terre alors, heu... Vous préférez un bouchon, ou un dé en os ?<br><br />
_Va pour le chien (soupir)... Donc : vous êtes ici (il pose la figurine sur Tal Endhil), vous partez dès cette nuit pour atteindre Solerane (le "chien" rejoint le "chariot"), où vous serez chargés de repérer le convoi et de surveiller ses préparatifs de départ. Le but est de lui tendre une embuscade dans les deux jours qu'il lui faudra pour effectuer ce parcours (le chariot glisse sur les segments de la route marqués "1, 2, 3, 4, 5"). Si vous pouvez intercepter le chargement sur les berges du [[Lac d'Acier]], il sera plus aisé de le transporter à bord de barges ou de pirogues. <br><br />
Le Moineau connaît la ville et les hommes qui escorteront ce convoi, Messire de Lorune a la charge de l'assister en tout -et de s'assurer qu'aucun d'entre vous n'ait la mauvaise idée d'ouvrir les coffres. Maître Pratesh est chargé de trouver des embarcations pour les chargement et d'assurer le secret de l'opération (Vighnu sourit, pensant aux peintures de guerre Kormes qui n'ont pas servit lors de l'[[Opération Tréfonds]] et à la barge kerdane cachée depuis dans les marais près d'[[Écume 6]]). Vous devrez quitter le village et y rapporter les coffres sans être vus, ni dire à quiconque d'où vous venez ni où vous allez. <br><br />
Car, j'insiste, '''cette opération peut assurer le salut de Tal Endhil si elle réussit, mais sonner notre perte à tous si quelqu'un devait découvrir qui a commandité l'attaque'''. Une prime substantielle versée à notre cher apothicaire en sera la garantie.<br />
_Ça veut dire "pas de témoins", demande Diane ?<br><br />
_Ça veut dire "démerdez-vous pour que personne ne puisse vous reconnaître, suivre votre piste et remonter jusqu'à nous" : je préférerais que vous épargniez les civils, mais Maître Pratesh sera décisionnaire en dernier recours. À part lui, '''vous serez payés chacun 2 pièces d'or pour cette brève mission et votre durable silence''' (la solde mensuelle d'un mercenaire étant de 2 pièces d'argent, ça fait 10 fois plus pour quelques jours de boulot). Des questions ?<br><br />
_C'est quoi, dans les coffres ? Ça pèse ?<br><br />
_Le contenu ne vous regarde pas mais, oui : ça pèse. Probablement autour de 200kg en tout.<br><br />
_C'est qui, qu'on braque ?<br><br />
_Pas votre problème non plus. Fiez-vous à Eldan, soyez discrets et ça ne devrait pas avoir d'importance.<br><br />
_Les gars de l'escorte, c'est des pros ?<br><br />
_Quelques-uns, oui, mais la plupart seront des mercenaires en permission, des cochers endurcis, des coupes-jarrets, des gardes plus habitués à surveiller des esclaves... Le problème, c'est qu'ils doivent se méfier : ils ont eut des ennuis récemment, ils savent que le trajet est dangereux et ils seront sur les dents. Il se peut même que vous soyez déjà attendus à Solerane. J'insiste : '''''méfiez-vous'''''.<br><br />
_Qu'est-ce qu'on a comme matos ?<br><br />
_Vous étiez prévenus d'emporter le vôtre, mais Eldan conserve quelque argent pour vos frais de mission, des vivres, un peu de charbon, des flèches, des torches et des cordes vous attendent avec les chev...<br><br />
_Dans les pirogues, mon 'Pitaine.<br><br />
_Dans les pirogues, donc. J'ajoute les papiers que m'a demandé monsieur Odran (il confie une petite pochette de cuir à Andréas, contenant du parchemin, des lettres officielles de la main de [[Rhilder]] et son sceau de cire, pour pouvoir si besoin modifier les ordres de mission du convoi) et vous emportez cette carte, annotée par mes soins, en espérant qu'elle puisse vous aider : ne la perdez pas ! ''[Durgaut leur confie par ce biais un de ses précieux point d'Histoire.]'' Autre chose ?<br><br />
_Y a le Venteux qu'a pas tout compris, vu qui parle pas bien not' langue...<br><br />
_Messieurs Odran et Pratesh devront donc lui ré-expliquer en ramant. Bonne chance à tous : le destin de Tal Endhil est entre vos mains ! Mais pas les figurines, La Poigne : repose ça ! <br><br />
_Pardon mon 'Pitaine. »<br />
<br />
[[Fichier:Carte-Carrée.jpg|900px|thumb|left|La carte remise par Durgaut, telle que les joueurs l'ont découverte la première fois...]]<br />
<br />
<br />
<br />
== En route vers Solerane ==<br />
Pendant qu'on roule la carte, LeCornu et Herle déplacent la lourde table, révélant une trappe dans le plancher qui, une fois déverrouillée et ouverte, donne sur une échelle de corde descendant le long d'un pilier de bois, où sont amarrées deux pirogues emishen. Avec quelques difficultés dues à la disparité de poids et d'agilité de ses huit membres comme aux bagages de certains l'équipe embarque et glisse silencieusement sur les eaux couvertes de brouillard :<br><br />
«_Attention avec ça, c'est des armes emishen. <br><br />
_Pourquoi foutre ? <br><br />
_Pour passer pour des Kormes. <br><br />
_Pas con. Mais qu'est-ce qu'il fout avec un bouquin, lui ? <br><br />
_Je suis chroniqueur... <br><br />
_Et vous allez chroniquer l'opération ''secrète'' ?! <br><br />
_Houlà non, je... j'ai d'autres talents. Falsifier des sauf-conduit, par exemple. <br><br />
_Je vois...»<br><br />
Ils atteignent bientôt la rive sud du Lac Troisième, en amont du campement où dorment les caravaniers lewyllen, sans que les [[Soldats du Temple]] qui gardent actuellement les remparts n'aient rien remarqué.<br />
<br />
Après un conciliabule entrecoupé d'engueulades, un poème (Herle versifie par instant), une tentative de vol et plusieurs menaces physiques pour l'empêcher, les PJ décident de ne pas partir en quête de la barge cachée par Vighnu dans les marais mais de foncer de nuit vers Solerane, à pied, pour atteindre la ville au plus tôt, juste après que Diane ait confié au fleuve un étui flottant contenant 4 pièces d'argent (sur les 20 confiées à Eldan) et un message pour les Kerdans d'[[Écume 6]], leur enjoignant d'envoyer des embarcations vers la presqu'île du [[Lac d'Acier]] ''[le joueur a oublié que son perso n'était plus bien vu chez les bateliers, et Vighnu y a même mis 1pH pour que le message arrive : ce fût bien le cas...]''.<br />
<br />
Abandonnant dans les embarcations tout le matériel trop lourd, les mercenaires se répartissent les vivres, une arme emishen chacun et la longue marche commence. Lorsque l'aube se lève, Diane, Oleytan et Eldan, très en avant des autres, font la course dans la descente après avoir passé le Col de Nilfenan (au sud-ouest de la mine de fer, sur la carte) histoire de défouler leurs tempéraments casse-cou et ombrageux... ce qui vaut d'ailleurs à Eldan de se niquer la cheville dans une belle gamelle : on sent bien, dès que les officiers ne sont plus en vue, que ça va pas être très sérieux comme opération.<br />
<br />
=== Rencontre insolite ===<br />
Pendant que le fort peu sportif Andréas prend des heures de retard sur les autres et que Vighnu reste avec lui autant pour assurer sa protection que pour causer "''chroniquerie''" et politique locale (Vighnu envisage de créer un [[Hospice de Tal Endhil|hospice à Tal Endhil]] !), Oleytan, Diane et Eldan (qui boitille) arrivent en milieu de matinée au gué qui traverse la [[Rivière aux Élans]] (ainsi nommée car elle est sur le point de passage de la migration des grands cervidés, qui commencent d'ailleurs à remonter en cette saison vers les pâturages au nord de la [[Marche des Lacs]])... <br><br />
Ils sont assez surpris d'y trouver un grand costaud, ventru et entièrement chauve, portant des vêtements très vaguement emishen, assis sur un rocher au bord des flots et curant tranquillement au couteau le sang séché qui s'incruste dans les creux de sa lourde masse de bois sculpté. Les trois éclaireurs essoufflés par leur cavalcade repèrent assez vite les discrètes silhouettes déployées dans les bois autour du chemin et, chacun la main sur leur arme favorite, s'approche avec circonspection :<br />
«_Bonjour... <br><br />
_B'jour, répond le gros dans un Reman médiocre, avec un accent typiquement "venteux". Z'êtes avec le noir ? Vigjniou Bratéche ?<br><br />
_Ben là tout de suite... non. Mais des fois on le croise, quoi. Vous l'attendez ? <br><br />
_J'ai un message pour lui. <br><br />
_Vous voulez pas nous le donner ? On le transmettra quand on le verra ce soir... <br><br />
_Non, d'solé, c'est privé. <br><br />
_C'est pas un message à coup de masse, au moins ? <br><br />
_Héhé. Non. Pas cette fois.» <br><br />
N'ayant qu'à moitié envie de s'avancer dans le gué sous la probable ligne de tir d'archers dissimulés ni même de laisser une embuscade entre eux et le reste du groupe, quoique aussi un peu parce qu'ils ont alors pas loin de 12h de rude marche dans les jambes, Diane, Oleytan et Eldan se posent également près de la rivière, se trempent un peu les pieds (Diane va même s'éloigner pour faire un peu de toilette : par instant, dans ses Réactions, sa "Sensibilité Féminine" ressort), cassent la croûte, font une petite sieste... tout ça en gardant perpétuellement un œil sur les alentours et leurs armes à portée de main. <br />
<br />
Lorsqu'ils sont rejoints par Sire Herle de Lorune, La Poigne et le Grêlé, d'abord très méfiants, Diane qui a entamé un repas et une conversation en [[Langue des Vents]] avec le Gros leur fait signe de ne pas s'inquiéter, et les trois mercenaires finissent par jouer le même jeu que leurs camarades, profitant d'un peu de repos tout en restant sur leurs gardes. <br><br />
Au bout d'une heure de cette halte méfiante, "l'embuscade" se détend tout autant et Eldan repère bientôt un des archers Korme qui, lui aussi, déjeune sur le pouce à son poste de guet. Il le contourne, se cache, est brièvement suivi mais sème le guetteur, échappe ainsi efficacement à l'encerclement... et ne sait finalement plus trop quoi faire : il craint de déclencher un massacre s'il élimine un guetteur, de se faire repérer s'il continue de traîner près des Kormes, de perdre le groupe s'il s'éloigne et d'être trop loin pour intervenir s'il repart en arrière prévenir Vighnu et Andréas. <br><br />
Aussi reste-t-il caché, guettant les guetteurs, jusqu'à ce que, lassé de perdre du temps alors qu'ils sont pressés, Herle donne le signal du départ et franchisse le gué accompagné des 4 autres. <br />
<br />
Après avoir encore hésieé à les rejoindre carrément ou à rester en arrière, Eldan fini par laisser un signe de danger dans l'écorce d'un arbre à destination de Vighnu et décide de contourner pour franchir la rivière plus loin, ne trouve pas d'autre gué, passe à la nage, se paume en aval dans la forêt et mettra plusieurs heures à rejoindre ses camarades, trempé, gelé, épuisé et bientôt vertement engueulé par l'ex-templier ''[Sire de Lorune lui inflige même un tel jet d'intimidation pour lui inculquer la discipline militaire que le jeune éclaireur en sera durablement marqué : 2pts de Trauma !]''.<br />
<br />
Pendant ce temps, Andréas et Vighnu ont atteint le gué sans même remarquer le signe laissé par Eldan et le [[Fehnri]] est assez surpris de reconnaître le gros korme qu'il a déjà rencontré, il y a plusieurs semaines à Écume 6, lorsqu'ils avaient négocié des vivres et les soins de [[Mona Ma'od]] contre la transmission d'un message pour Adira (qui, si vous vous en souvenez, était arrivé au début de l'épisode [[5) "Le Pont"]], tiré avec une flèche sur la roulotte de Maître Pratesh). <br><br />
Quoiqu'il ne connaisse toujours pas son nom, il s'éloigne avec le chef rebelle et un petit conciliabule surréaliste se joue : les Kormes veulent (Vighnu comprend "[[Lashdan]], Roi des Kormes, veut...") l'embaucher pour assassiner un certain "[[Urgrand]]", le Sorcier barbu originaire des [[Marche des Sylves|Sylves]], qui dirigeait justement le détachement korme lors du siège à la [[Mine Bénie]] :<br />
«_Tiens donc ?! Mais pourquoi diable, demande l'assassin hilare ? <br><br />
_On m'a pas dit de te l'dire, et puis il paraît que les tueurs professionnels ne posent pas de questions. <br><br />
_Lorsqu'on les paye bien, c'est tout à fait exact oui. <br><br />
_Hé ben voilà pour toi, dis le Korme en lui tendant une grosse bourse de pièces, que le Fehnri s'empresse d'ouvrir avidement. <br><br />
_Mais... vous vous foutez de ma gueule ?! C'est des pièces de cuivre ! <br><br />
_Et alors, c'est pas bien ? <br><br />
_Mais c'est pas du tout assez, enfin ! Je suis un spécialiste, moi ! Je bute pas les gens pour 30 ou 50 pièces de cuivre !<br><br />
_Ah. Mais c'est tout ce qu'on a nous, même qu'on s'est tous cotisés pour rassembler ça. <br><br />
_Mais c'est pas possible, vous comprenez rien au commerce, à la fin ! Et il est où, votre Sorcier, d'abord ?<br><br />
_Ben on sait pas, nous, pourquoi tu crois qu'on s'adresse à toi ? Tu crois pas que je serais foutu de lui coller ma masse sur la gueule moi-même si on savait où il campe ? [[Etayn-la-Louve|La Louve]] dit qu'elle l'a perdu quelque part chez vous, du côté du Premier Lac, mais c'était il y a déjà plusieurs jours.<br><br />
_Bon, écoute, voilà ce qu'on va faire : dis à ton Roi que je suis d'accord sur le principe, mais que déjà ça va vous coûter 20 pièces ''d'or'' et qu'ensuite, soit vous savez me dire au moins à peu près où il est, soit ça risque de prendre pas loin d'un mois (car Vighnu pense savoir où Urgrand devrait se trouver dans environs trois semaines, héhé...). Dis-lui ça et, quand vous aurez la somme, contactez-moi.<br><br />
_Mais où tu veux qu'on trouve de l'or, nous ?<br><br />
_Non mais c'est un prix, vous pouvez aussi bien me ramener 200 pièces d'argent, ou 4 lingots d'argent, par exemple. Vous en avez bien, des p'tites barres en argent, prises dans une certaine mine, hmmm ?<br><br />
_Mais... non. De quoi tu parles ?<br><br />
_Oh le con ! Rha merde, il fait vraiment chier ce connard de sorcier !<br><br />
_C'est bien pour ça qu'on t'embauche, oui.<br><br />
_Bon alors 20 pièces d'or ou l'équivalent, vous trouverez bien ça quelque part pendant que vous vous battez dans la [[Vallée de Cainil]], hein, je ne m'en fais pas pour vous. Quand vous avez la somme, vous me recontactez, vous versez la moitié d'avance et, moi, je tue votre sorcier.<br><br />
_J'espère que d'ici là on l'aura trouvé nous-mêmes, mais sinon, on saura bien te joindre, ouais. Et bonne journée.»<br><br />
Et pendant que Vighnu se frotte les mains, les Kormes se dispersent dans la forêt sous le regard médusé d'Andréas.<br />
<br />
<br />
== La Ferme-Relais "[[Le Marchepied]]" ==<br />
Il fait presque nuit noire lorsque les 6 mercenaires fourbus atteignent enfin la ferme-relais qu'on appelle le "Marchepied", au pied de la route montant vers Solerane. Si Oleytan (trop repérable) est laissé avec le matériel dormir à l'extérieur, Diane, Eldan et Herle, bientôt suivis par La Poigne et Le Grêlé (trop crevés pour accepter de se peler le cul à camper dehors), pénètrent les uns après les autres dans l'enceinte de bois où un drôle de type pâle, un albinos efflanqué aux longs cheveux blancs qu'Eldan sait être surnommé "Craie" (chef des gardiens d'esclaves de la mine de cuivre), est en train de passer ses nerfs à coups de fouet sur deux malheureux emishen, une femme et un adolescent enchaînés au puits du milieu de la cour. <br />
<br />
Comptant avec l'albinos un escrimeur tout en noir s'engueulant avec le tavernier (une histoire de chevaux, de halte imprévue et de prix du fourrage) plus 4 soldats portant la livrée du Duc-Gouverneur (donc probablement issus de la garnison de Solerane), et soucieux de sa mission avant tout, Herle tempère ses instincts justiciers et suit la Kerdane dans le corps de ferme transformé en auberge de seconde zone, où il entreprend de noyer sa mauvaise humeur dans la bouteille d'hydromel prise à la Taverne Penchée. Si un jovial marchand de draps nommé Teillard, parti de Celanire vers le "marché de printemps" de Tal Endhil, tente bien d'engager la conversation avec les voyageurs, Diane l'envoie paître rudement (et nos héros se privent de la seule occasion de se renseigner sur la route qu'ils ont à faire) mais lance une petite partie de dés avec Eldan et Herle pour attirer à eux Craie et Esteval (l'escrimeur à l'armure de cuir sombre) et tenter de leur soutirer quelques informations sur l'exploitation des esclaves venteux à Solerane. Justement, les deux gardes-chiourmes, 3 autres collègues et 6 soldats prêtés par la garde sont à la recherche d'une 15aine d'évadés, échappés le matin même de la mine de cuivre. Diane propose bien de participer à la traque contre rétribution, mais Eldan ruine sa tentative d'approche en ne pouvant se retenir d'aller porter un peu d'eau et de pain aux deux malheureux prisonniers. Herle -qui perd aux dés et voit les deux crevures descendre gaiement sa bouteille- semblant se retenir de plus en plus laborieusement d'écraser la tronche de Craie à chaque fois qu'il fait des remarques cruelles sur les "venteux", les voyageurs vont se coucher tôt après un rapide souper et Diane s'arrange assez finement pour que leur propre groupe gagne le contrôle de l'escalier et des 2 rares fenêtres du grenier aménagé en dortoir, qu'ils vont devoir partager avec le binôme d'esclavagiste, les soldats s'installant dans l'étable au dessous.<br />
<br />
=== Rencontre avec des fugitifs ===<br />
<br />
C'est à peu près le moment où, traînant le chroniqueur qui dort debout dans l'obscurité de la route forestière, Vighnu voit soudain jaillir un grand type hirsute de la forêt, qui saute sur le fehnri en tentant de l'étrangler avec la chaîne qui lui lie les poignets : l'assassin pare de justesse avec son katara, une femme armée d'une branche sort à son tour des taillis et Andréas est basculé au sol par une jeune fille qui tente de lui éclater le crâne à coup de pierre, mais il parvient à la repousser de peu (elle est presque aussi épuisée que lui). Reconnaissant une Emishen (et réciproquement) alors qu'il tirait sa dague pour se défendre, l'érudit crie en Langue des Vents "Arrêtez, nous sommes des amis ! Vighnu, ce sont des Emishen !", ce qui suffit à stopper le début de combat et permet à Andréas de proposer de la nourriture et des soins aux esclaves en fuite, finissant de gagner leur confiance. <br />
<br />
Libéré de ses chaînes avec l'aide d'un glaive offert par Vighnu, le trio leur explique avoir réussi à s'échapper des mines de Solerane un peu avant l'aube, grâce à un tunnel vers la surface creusé en secret avec l'aide d'une barde rimdehl nommée Tahalien. Poursuivis depuis le levé du jour par des cavaliers en armes, ils ont perdu la douzaine d'autres évadés qui les accompagnait, dont des jeunes et des enfants et, loin de leurs régions d'origine (la plupart sont des Otlalnan de la Marche des Lisières), ils ont couru un peu au hasard vers le nord et le territoire des Liam'Lon, où aucun Dirsen n'oserait les poursuivre, alors que d'autres avaient préféré tenter leur chance à l'est, vers le Cercle des Hautes-Pierres.<br />
<br />
Les deux Talendan leur expliquent qu'ils sont ici sur le territoire des Elloran et qu'ils auraient de meilleures chances de filer au nord-ouest vers le Cercle des Cascades et, après avoir longuement hésité à repartir chercher les plus jeunes, les trois fuyards un peu retapés finissent par disparaître vers l'ouest avec quelques remerciements.<br />
<br />
=== Evasion nocturne ===<br />
<br />
Nos deux héros retardataires ne sont donc qu'à moitié surpris lorsqu'ils retrouvent Lerkoren Oleytan en compagnie de 5 autres échappés en haillons, dont Tahalien et un ado sérieusement blessés, plus trois mômes, quoique Vighnu soit un peu atterré par le récit du jeune Elloran.<br />
Car après que leurs compagnons soit entrés à l'auberge du Marchepied, Oleytan, attiré par des cris de douleurs, s'est glissé par-dessus la palissade de rondins et, découvrant les deux prisonniers lacérés à coups de fouet, a attendu la nuit noire pour passer à l'action. Il a malheureusement échoué à assommer proprement la sentinelle de faction dans la cour, mais a par contre réussi à la tuer net avant qu'elle ne crie, puis a traîné le corps du soldat dans une grange. C'est alors qu'il s'acharnait en vain à rompre sans trop de bruit un des maillons de la chaîne que Diane l'a interpellé depuis une des fenêtres du dortoir : <br />
_Psssst ! Mais qu'est-ce que tu branles, merde !? On est pas là pour ça ! <br><br />
_Je fais mon devoir, tu peux pas comprendre ! <br><br />
_Mais putain tu va réveiller tout le monde, crétin !". <br><br />
<br />
L'épée à la main, la Kerdane est bientôt descendue le rejoindre pour le convaincre de ficher le camp et, n'y arrivant pas, a fini par l'aider à détordre un maillon en faisant levier avec son épée, histoire qu'il puisse déguerpir avant que quelqu'un ne les entende. Herle s'est réveillé à son tour, lui a ordonné de rentrer se coucher avant de les griller complètement et, la Kerdane disparue dans l'étable en engueulant un soldat qui se réveillait vaguement sur l'air de "Quoi ? Keskya, on peut plus pisser tranquille, merde ?", Oleytan a sorti discrètement les deux rescapés par là où il était lui-même entré. Apprenant alors qu'ils avaient pu cacher les gosses près de la rivière avant que les cavaliers ne leur tombent dessus, il est ensuite reparti chercher les mouflets de 9 à 12 ans, a nourrit tout le monde et distribué des rations pour le reste du voyage ("Et donc, là, on a plus de vivres, c'est ça ? Heu... un peu, si..."). Il se demandait s'il allait abandonner l'opération pour les conduire aux Cascades quand Vighnu et Andréas sont arrivés. <br />
<br />
Renonçant à l'engueuler d'avantage puisqu'il viennent de faire quasiment la même chose, les deux PJ soignent à nouveau les plaies et brisent les chaînes, ré-expliquent la direction du Cercle des Cascades et, recommandant bien aux fuyards d'éviter les routes pour ne pas être repris, ils s'installent pour bivouaquer et s'offrir quelques précieuses heures de sommeil avant l'aube.<br />
<br />
L'aurore pointe à peine lorsque Herle, Diane et les autres se lèvent, déposent quelques pièces de cuivre dans la grande salle et filent sans prendre de petit déjeuner, pendant que Craie et Esteval constatant la disparition de leurs prisonniers commencent à activer les soldats, et que ceux-ci constatent la disparition d'un des leurs. "Et vous là, vous avez rien entendu ?!?_Nope : nous on dort sérieusement quand on doit se lever tôt." répondent nos héros avant de s'engager, sous la bruine matinale, vers le chemin raide qui monte en lacet vers le nid d'aigle de la cité minière. Rapidement rejoints par Lerkoren Oleytan, Vighnu et Andréas (modérément reposés), ils confèrent sur les évènements de la veille et s'accordent sur un plan : Eldan (puisqu'il connaît Solerane), Andréas (qui compte s'arrêter dans un temple pour se lancer dans l'enchantement d'un document puissamment convaincant pour faire partir le convoi avec une escorte réduite "car tout danger est désormais écarté") et Diane (qui pense pouvoir s'infiltrer dans la-dite escorte) iront en ville pendant que le gros de la troupe ("J'suis pas gros j'suis juste un peu envelo_Ta gueule, La Poigne : t'es lourd.")attendra caché dans la forêt. <br />
<br />
=== Plan d'action ===<br />
<br />
Dès que le convoi sera prêt à partir, les mercenaires partiront devant pour semer des embûches sur sa route afin de le ralentir (comme un sapin ou des rochers "décrochés par le dégel") : s'ils parviennent à le retenir assez longtemps dans la gorge pentue et traîtresse que les chariots auront de toutes façons du mal à négocier (le segment 2, sur la carte), ils peuvent l'obliger à passer sa première nuit avant le gué sur l'Anil'wel (milieu du segment 3). Le lendemain, la caravane sera donc obligé de forcer l'allure pour sortir de la forêt qui suit (segment 4) avant le crépuscule : réputée dangereuse (c'est, avec la gorge, le site d'embuscade préféré des Kormes, c'est d'ailleurs là que la colonne de Durgaut s'est faite attaquer au début de l'Épisode 1), le mauvais chemin tortueux y sera en cette saison embourbé par les ruisseaux et, avec un peu de sabotage supplémentaire (en creusant par exemple le lit d'un petit torrent pour former une combe traîtresse), l'escorte arrivera dans la vaste prairie marquant le dernier bout droit (5) en fin d'après-midi, épuisée par deux journées difficiles et fera probablement halte, croyant avoir fait le plus dur... Mais c'est justement là que l'attendra notre commando camouflé et grimé en Kormes, qui lui tombera dessus avant qu'elle ait eut le temps de souffler, laissera filer les non-combattants pour qu'ils puissent témoigner de la culpabilité des rebelles mais massacrera impitoyablement tous ceux qui pourraient les avoir vu de trop près au Marchepied ou à Solerane. En se coordonnant avec Diane pendant qu'elle s'isolera "pour pisser" le long du parcours, ça devrait marcher très bien (c'te blague).<br />
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Image à rajouter<br />
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== Enquête ==<br />
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=== Solerane (Diane, Andreas, Eldan) ===<br />
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Entrant en ville par la Porte Basse alors que le crachin continue, le trio d'espions improvisés passent devant les vastes écuries où des palefreniers semblent avoir rassemblé au moins une cinquantaine de chevaux, puis remontent les rues pentues et mal pavées, encadrées d'étroites maisons de pierre et d'ardoise, en direction de l'Hostellerie des Moindres, attenante au temple et tenue par les religieux locaux. Traversant au passage la grand'place surmontée d'un vaste marché couvert au bout duquel s'élève le siège de la Guilde Minière locale, ils constatent que des bouviers attèlent ou chargent des chariots sous les halles, alors que des marchands s'assemblent devant le porche du sanctuaire : ça sent le départ...<br />
<br />
Le réfectoire de l'hostellerie est aussi sombre qu'encombré par une bonne 20aine de mercenaires pour la plupart loqueteux, de forestiers et de négociants qui semblent tous attendre qu'un sergent courtaud et obèse s'occupent d'eux : Eldan le connaît sous le nom de "La Boule" comme le membre le plus corrompu de la garde locale, qui offre fréquemment les services de ses hommes à Jornil Cuivré et laisse prospérer les coupes-jarrets qui hantent avec son fils Jorem la boutique d'un marchand de vins, "Le Carafon".<br />
Pendant que Diane réussit à se bouffer le nez avec l'épaisse bonne-sœur qui sert pain et brouet aux clients (c'est une manie), Andréas trouve son chemin vers la sacristie pour demander au prêtre s'il pourrait s'y installer pour "travailler dans le recueillement nécessaire à ses enluminures". [Sur un jet de "Contacts dans la Pègre" réussit], Eldan le brigand repenti avise bientôt un drôle de novice qui accueille les voyageurs dans la cour en semblant éviter la salle, qu'il reconnaît illico comme un croche-bourse du coin, déguisé pour pouvoir "courtoisement débarrasser les voyageurs de leurs bagages" sans se faire trop remarquer des sœurs et des vrais disciples du Culte (et puisque je peine à lui donner un nom, il le baptise "Boule-de-Suif"). Son camarade interpellé en plein travaille lui explique que La Boule est venu sélectionner les meilleurs combattants disponibles pour les intégrer à l'escorte du convoi minier, les autres devant se contenter de la moindre paye offerte à l'escorte d'une caravane marchande qui devait partir ce matin avec un troupeau de chevaux emishen, mais qui a pris du retard malgré les tentatives du Cuivré pour les faire activer, allant même jusqu'à participer à la solde des convoyeurs pour peu que les marchands acceptent d'ouvrir la route en précédant d'une journée ses propres chariots. Bien sûr, quelques piécettes peuvent toujours faire pencher le jugement de l'adipeux sergent. "Et sinon, on peut saluer des copains au Carafon ?_Ben non, curieusement, y a quasiment personne depuis hier, déjà : ch'ais pas où ils sont tous passés. Même la bande à Jorem elle y est pu'..." <br />
Mais cette "cervelle de moineau" d'Eldan aura tôt fait de perdre l'information.<br />
<br />
Jugeant plutôt minables les guerriers déjà choisis, Diane se porte volontaire et décide de démontrer ses talents à l'arbalète en faisant tinter la haute cloche du temple d'un carreau tiré depuis le fond de la cour, selon un angle de tir particulièrement réduit par les étroites voutes du clocher et dans la visibilité voilée par la pluie et la grisaille : "Si une gonzesse y arrive, j'veux bien l'embaucher, tiens !" ironise La Boule. Et si Eldan s’éclipse vivement vers le campanile pour faire sonner la cloche du pommeau de sa dague si la Kerdane devait manquer, il n'a pas encore atteint le sommet qu'un trait ricoche sur le bourdon et faisant sonner le bronze avant de retomber côté grand' place. "Et sinon, c'est combien la paye ?" demande la tireuse d'élite d'un ton narquois, avant d'aller rejoindre la table où attendent déjà les autres vainqueurs, deux étrangers à l'air farouche et une paires de jeunes imbéciles qui se présentent comme "Trevan de Rigorne, chevalier errant !_Et Gavin, son loyal écuyer._Ah ben putain, si c'est le haut du panier j'ose pas voir le fond..." leur décoche Diane, toujours aimable.<br />
Informé que le convoi va de toutes façons partir le lendemain, que Diane y est embauchée, que l'éclaireur doit aller acheter quelques provisions pour le reste de l'équipe et puisque les religieux sont tous très occupés avec la foule des clients, Andréas profite du reste de sa matinée pour étudier bien tranquillement sa récente trouvaille.<br />
(Spoiler même pour les joueurs de cet épisode : En examinant les bagues mobiles qui se découpent dans la sphère d'or-rouge héritée de Langard, le mage découvre qu'elle est à la fois un focus capable de stocker de l'Essence magique, un catalyseur qui facilite le transfert d'Énergie vitale pour la chargre plus facilement et un amplificateur doublant la portée de la plupart des sorts : bien qu'il ait du payé 2pH pour la retrouver, Andréas Odran est ravi ! Bien sûr, il ignore encore que le spectre de son défunt propriétaire y a été piégé, et qu'il se manifestera lorsque l'objet sera suffisamment rechargé…)<br />
<br />
=== Interlude Forestier (Vignu, Herle) ===<br />
<br />
Pendant ce temps, Vighnu et Herle se sont éloigné dans la forêt après avoir entendu de lointains aboiements : voulant voir de quoi il retourne, ils découvrent une petite chaumière isolée, où une mère de famille fend du bois avec dextérité pendant que ses deux jeunes enfants jouent en rassemblant les demi-bûches sous l’œil de deux énormes dogues de Marale, des molosses presque aussi hauts que des poneys. En s'approchant sous le vent, les mercenaires réalisent que ce doit être la demeure de Thuril le Brun : un forestier réputé dans la région et qu'Eldan leur a expliqué servir régulièrement de guide aux caravanes, en particulier celles de Jornil Cuivré, de loin son meilleur employeur. Ils envisagent un moment de kidnapper un môme pour forcer la coopération de son père, mais après avoir considéré la maman qui fend les bûches d'un coup de hache expert, l'agitation grandissante des chiens, la taille du chenil trop vaste pour "seulement" deux dogues et les probables galères d'avoir à balader un otage de 5 ou 8 ans, les deux farouches guerriers renoncent.<br />
<br />
En rejoignant leurs camarades, ils aperçoivent les traqueurs d'esclaves qui patrouillent les flancs de la montagne et se dissimulent tous si bien qu'Eldan, sorti de la ville basse pendant que le premier convoi s'y assemblait pour partir enfin, va avoir bien du mal à les retrouver. Déposant les provisions en expliquant que Diane a réussit à intégrer l'escorte, l'éclaireur repart aussitôt pour lui transmettre les derniers détails du plan et une dague empoisonnée par les bons soins de Vighnu, "en cas de besoin". <br />
<br />
_Pis ramène le chroniqueur, aussi : on s'arrache dès que la première caravane a fini de descendre la route. <br><br />
_Mais vous vouliez pas que j'aille jeter un œil à la mine, pour repérer l'autre convoi ? <br><br />
_Il part demain matin, non ? Qu'est-ce qu'on besoin de savoir d'autre ? Grouille !" <br><br />
Et ce fût leur deuxième erreur…<br />
<br />
<br />
<br />
== Préparation du terrain ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Sabotage (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
À peine une heure derrière les quelques chariots de marchandises et le troupeau de chevaux qui labourent la route humide devant eux, le commando se met donc en marche en milieu de journée, avançant d'un pas tranquille pour éviter de les rattraper. La fin d'après-midi leur offre une vague éclaircie lorsque, quasiment à mi-pente de la gorge encaissée où les cailloux roulent sous leur pas, ils avisent un sapin qui penche déjà un peu depuis le versant hérissés de rochers du ravin : passant des cordes autour du tronc, Herle, La Poigne, Vighnu (mollement, hein, il est fatigué), Le Grêlé et Oleytan tirent de toutes leurs forces pour finir de le déraciner. Le templier défroqué s'énerve au passage et, quand ses compagnons remarquent que la chute de l'arbre n'a pas l'air très naturelle, il escalade la pente avec La Poigne pour déclencher à eux deux un éboulement susceptible d'expliquer l'accident. Après qu'une coulée de rochers se soient répandus sur la route et que le colosse ait cogné le tronc à coups de pierres pour parfaire la mise en scène et dissimuler les marques de cordages laissées dans l'écorce, l'équipe décide de souffler un peu avant de repartir... et Vighnu remarque alors une silhouette qui les observe de loin, dissimulée parmi les sapins en haut de la crête.<br />
(Si Andréas Odran a tout intérêt à garder le secret de ses talents magiques pour éviter de finir au bûcher, surtout lorsqu'il voyage avec un ex-templier, Hadrien Muraille et Adira Pratesh les ont découvert lorsqu'ils étaient enfermés dans la mine et le fehnri en a évidemment parlé à son cousin : malgré ses craintes instinctives concernant la sorcellerie, Vighnu a abordé le sujet avec Andréas qui s'est montré assez ouvert sur le sujet pour le rassurer...)<br />
<br />
Après avoir discrètement averti le reste de ses camarades de la présence d'un observateur discret et leur avoir recommandé de faire "comme si de rien n'était", Vighnu et Andréas s'éloignent innocemment loin des regard inquisiteurs en pénétrant sous les frondaisons qui bordent la gorge en se donnant vaguement l'air de chercher des plantes : <br />
_Tu peux le chroniquer d'ici, demande l'apothicaire dès qu'ils sont loin de Herle ? <br><br />
_Assieds-toi avec moi et (Andréas sort la sphère première de son sac) pose tes mains là-dessus, là et là. <br><br />
_Je sens que je vais pas aimer.... <br><br />
_Sans doute mais j'ai pas l'énergie pour le faire moi-même alors tu participes où il va se tirer." <br><br />
Dès qu'ils ont tous les deux les mains sur la sphère de métal rouge, Vighnu se sent soudain très fatigué [ça lui coûte 4 points de Fatigue, mais ça fait 8pts d'Essence pour alimenter les sorts d'Andréas, qui en a bien besoin vu comme il peine depuis plus de deux jours qu'ils sont en marche] et, les yeux fermés par la concentration, le chroniqueur annonce à son camarade : <br><br />
_Il n'y a qu'un seul type, mais il s'éloigne vers... un cheval. Plein nord, au sommet de la gorge. Il sait qu'on l'a repéré. Il se dépêche parce que... le sentier qu'il veut prendre rejoint la route un peu plus haut. <br><br />
_Tu peux le neutraliser ? <br><br />
_Je vais essayer mais... <br><br />
_Fais au mieux, je préviens les autres !" <br><br />
<br />
=== Interrogatoire ===<br />
<br />
Quand Vighnu sort des bois tout essoufflé en appelant ses compagnons, il explique brièvement que le guetteur est en train de s'enfuir à cheval, mais qu'ils peuvent tenter de lui couper la route et Oleytan s'élance le premier, remontant la gorge au pas de charge, suivi de près par Eldan, Herle de Lorune et le Grêlé. Ils ont beau courir de toutes leurs jambes sur le chemin rocailleux, le cavalier dévale la pente plusieurs centaines de mètres plus haut qu'eux... et tombe de selle en atteignant la route.<br />
<br />
"Quand on sait pas monter..." grommelle Herle, dégageant l'arc qu'il avait en bandoulière en cavalant de plus belle : son cheval trottant pour s'éloigner des ennuis, le guetteur se relève à peine lorsque Lerkoren Oleytan arrive sur lui le glaive à la main, mais réussit à dégainer sa propre épée en se remettant sur ses pieds, à parer et à lui coller un grand coup de pommeau à la tempe, séchant le jeune Elloran avant qu'Eldan ne soit à portée de lame. Le cavalier esquive le coup mal ajusté du Moineau en bout de course et, voyant arriver d'autres adversaires, dégage vivement sur le versant boisé qui descend vers le torrent. Mais Herle de Lorune a stoppé et décoché une flèche, et malgré la distance elle vole entre les arbres, racle l'écorce d'un boulot et transperce le genou du fuyard [3 pions de Fatigue et 1pH : Ego' voulait vraiment le choper] qui bascule dans dans la pente en rebondissant contre les troncs et les rochers. Un instant soufflé par l'expertise du tir, Oleytan, Eldan et le Grêlé regardent le Défroqué d'un air médusé, celui-ci leur fait signe d'aller chercher leur proie et, s'asseyant pour souffler sur un rocher, débande son arc en déclamant un poème sur la rudesse de la vie au bord des eaux [il faut préciser que pendant qu'on joue sur Rolisteam, Ego' dégotte des poèmes de circonstance qu'il déclame à brûle-pourpoint quand il a besoin de libérer de la Tension : ça fait toujours son petit effet et lui obtient à chaque fois le bonus du public]. Le Grêlé en reste un moment comme deux ronds de flanc, puis l'ex-inquisiteur dégage sa dague et, descendant à la suite d'Eldan avec le mercenaire sur les talons, annonce : "Bon, c'pas le tout : au boulot."<br />
<br />
Et pendant qu'Oleytan s'éloigne pour récupérer le cheval, sous le regard mortifié d'Eldan qui a eu tant de mal à récupérer le blessé dans le torrent, à le traîner sur la berge et à lui faire un garrot, Herle entreprend d'interroger le prisonnier, d'abord en lui expliquant qu'il parlera de toutes façons et que ce n'est qu'une question de temps et de douleur, puis en tournant la flèche dans la plaie pour illustrer son propos. Alors qu'Eldan, dégouté, s'éloigne, le cavalier commence à révéler qu'il n'est que l'éclaireur d'une bande de types chargée de suivre le convoi... lorsqu'il tourne de l’œil, moins à cause de la souffrance que des blessures reçues : ayant rejoint ses camarades depuis quelques instants déjà, Vighnu l'examine et, constatant que le prisonnier cumule un sérieux hématome à la tête et des côtes fracturées à sa blessure au genou, annonce qu'il risque d'avoir un peu de mal à le garder en vie plus de quelques heures. <br />
_Et qu'est-ce qu'il a sur la poitrine, demande le chevalier ? <br><br />
_Tatouage de voleur, explique l'assassin-apothicaire : la Confrérie du Chacal, une espèce de regroupement de brigands, mais j'ai entendu dire qu'ils commençaient à trafiquer des armes dans le coin. <br><br />
_Non. Ce sont des démonistes ! <br><br />
_Hein ?! Houlà, non, non, je vous assure messire ils... <br><br />
_L'étoile à neuf branches est le signe du démon, Maître Pratesh, et cette créature doit être décapitée et brûlée séance tenante. <br> <br />
_Quoi ?! Mais non, enfin, on allait l'interrog... <br><br />
_Nous ne tolérerons pas l’œuvre du démon et vous n'en serez pas complice, Maître Pratesh, ou bien vous aurez à faire à moi !" <br><br />
Malgré les protestations de ses camarades, Sire de Lorune défait le long paquet qu'il a sur le dos depuis le départ et en dégage une lourde épée bâtarde à la lame gravée de runes antiques et dont la garde rougeoyante rappelle à Vighnu une certaine sphère : avant qu'il ne puisse s'interposer, l'épée s'abat et la tête du malheureux tombe, tranchée net, entre ses genoux [oui, Herle vient d'exécuter le "peunj-d'information" pour produire une Réaction à 5]. <br />
<br />
Image<br />
<br />
=== Fuite ===<br />
<br />
"D'autres cavaliers arrivent !" les avertit Oleytan depuis le chemin, où il monte maintenant le cheval récupéré. Ne sachant pas s'il s'agit de brigands ou de simples civils et préférant éviter de laisser une "scène de crime" qui mette la puce à l'oreille du convoi, les mercenaires bascule le corps dans le torrent et dégage vers l'aval, histoire de dépasser leur éboulement avant d'être vus. Emportant la tête pour la brûler plus tard, Herle s'élance sur le chemin à la suite de ses camarades. Ce n'est que lorsqu'ils ralentissent au bas de la gorge qu'ils s'avisent qu'ils ont oublié Andréas et La Poigne, à qui Vighnu avait ordonné de rester près du chroniqueur pour le protéger : <br />
_Non mais ils sont pas débiles, non plus, ils auront dégagé en nous voyant passer... <br><br />
_On parle de La Poigne là : le gars qui reste allongé près de l'arbre les yeux fermés pendant qu'on poursuit un cavalier parce qu'on lui a dit de faire "semblant de rien". <br><br />
_Bon, Oleytan, tu retournes les chercher à pied en passant par les crêtes, on se retrouvera près du gué." <br><br />
Et le matériel chargé sur le cheval, notre commando hautement qualifié repart d'un pas tranquille sous la bruine persistante.<br />
<br />
=== Reflexions ===<br />
<br />
Sous les pas des mercenaires, une plaine vallonnée, couverte de hautes herbes et parsemée de bosquets, succède bientôt à la forêt escarpée. Une éclaircie illumine le paysage et, quoiqu'en regardant régulièrement par-dessus leur épaule, les PJ en profitent pour sécher un peu en devisant sur la suite. Ce n'est qu'en arrivant au bord du fleuve que Herle insiste pour faire une pause et observer sérieusement les environs, des fois que les Démonistes ("Mais c'est juste des petits truands qui se donnent un genre !_Des dé-mo-nistes !") aient posté un autre guetteur ou que la première caravane soit encore à portée de vue. Les abords de l'Anil'wel ("la Rivière du Passé") sont remarquablement calmes, mais la profondeur des empreintes de chariot laissées sur la berge intrigue le templier : <br />
_Qu'est-ce qu'il y avait exactement dans ces chariots, Eldan ? <br><br />
_Heu... un de draps et fourrures, un de ferronnerie, chaudrons, ce genre de trucs, et puis un p'tit chariot de matériel, les vivres de l'escorte, tout ça. <br><br />
_Grand et gros, le chariot de chaudrons ? <br><br />
_Pas très non, pourquoi ? <br><br />
_Parce je commence à me dire que si j'étais un maître-contrebandier qui se méfie d'une attaque sur le convoi le plus important de l'année, j'aurais peut-être bien camoufler le vrai chargement dans la première caravane et tendu une embuscade autour de la seconde…" <br><br />
<br />
Après avoir passé le fleuve, et puisque la journée touche à sa fin sous les nuages noirs qui s'accumulent à l'est ("Gros orage en provenance de la mer, annonce le Moineau._Trouve-nous un bon site de bivouac, faut qu'on puisse se reposer ce soir.") le groupe discute toujours de ses soupçons en interrogeant Eldan sur milles détails, puisqu'ils est le seul parmi eux à s'être rendu en ville et à avoir observé les préparatifs de départ. Montant un campement étonnamment confortable à base de branchages installés entre de gros rochers, sur les contreforts des hauts plateaux à l'ouest de la route (en limite de zone 4, sur la carte) et bientôt rejoints par Oleytan suivi d'Andréas juché sur le dos de La Poigne, l'équipe continue de réfléchir à l'idée du Templier.<br />
<br />
Et, à force de se creuser la cervelle, Eldan commence à se remémorer divers détails troublants (les mises en garde du Capitaine ; la désertion du Carafon (d'ordinaire quartier-général des truands et en particulier des séides de Jorem Cuivré) ; Jornil qui pressait le premier convoi de partir au point de payer une partie des frais de l'escorte, finalement un peu excessive pour des marchandises sans grande valeur et comptant assez peu de cavaliers pour que le troupeau de chevaux soit sa principale préoccupation ; les drôles de "barbares" qui trainaient à l'Hostellerie avec Diane), Andréas raconte sa première rencontre avec les Chacals au Cercle des Cascades, Vighnu et Eldan ajoutent leurs connaissances sur la pègre du nord... Il leur faut un moment pour constituer une théorie viable mais, lorsque Herle de Lorune revient de l'incinération de la tête tranchée, ses compagnons se sont rangés à son avis : le butin est caché dans la première caravane (qui n'a que 3 ou 4 heures d'avance sur eux et a du elle aussi s'arrêter pour la nuit), et le deuxième convoi est un piège à leur intention, pour lequel Jornil a embauché les Chacals, originellement venus des Sylves, tout comme Urgrand le sorcier barbu qui les a mis en relation avec les rebelles._Je vous avez bien dit que c'était des démonistes ! Quand on aura fini cette mission, faudra faire la peau à ce sorcier._Nous en reparlerons certainement, sourit Vighnu."<br />
<br />
=== Interlude Lointain ===<br />
<br />
Pendant ce temps à Tal Endhil, le Capitaine prend Ranyella Sotorine à part à la fin d'une des nombreuses sessions qui occupent la Guilde depuis le début de la semaine et, alors qu'il voulait lui parler transport nautique et diplomatie locale, la cheffe kerdane lui remet 4 pièces d'argent : "À quel titre ? _Une de vos mercenaires a envoyé un message à Écume 6 en demandant qu'on lui envoie une barge au Lac d'Acier. La réponse est que nous avons déjà perdu une barge récemment, que ma famille a autre chose à faire et que la mercenaire en question a perdu le privilège de faire appel à nous : vous seriez gentil de transmettre. _Oh... merde !"<br />
Et le Capitaine fonce illico au Cercle des Cascades, insiste pour parler urgemment à quelques chamans de sa connaissance et fini par demander à Kal Shemon'Lon de bien vouloir passer un message à Vighnu et Andréas : "Seulement si j'peux mett' un monstre marin. Ça donne du cachet aux visions, les monstres marins. Hihi."<br />
<br />
<br />
<br />
== Infiltration ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Soirée à Solerane (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
À l'Hostellerie des Moindres, après qu'Eldan soit passé en coup de vent lui déposer une dague empoisonnée ("T'aurais rien de plus liquide, pour épicer les vivres de l'escorte ?_Ah heu ben non, mais j'vais demander à l'apothicaire.": jamais revenu), Diane fait connaissance avec ses futurs compagnons de route : si les deux "barbares" au poil noir et à l'air revêche ne font toujours aucun effort pour converser dans la Langue des Pères, elle découvre que le jeune "chevalier errant" Trevan de Rigorne et son fidèle écuyer sont venus au nord "en quête de gloire et d'aventure" et que, malgré leur bref engagement dans les troupes mercenaires ("parce qu'on y voit plus d'action !"), l'aventure leur a fait jusqu'ici plutôt défaut : une escorte de caravane vers Celanire (et quelques troubles sur place dus à l'arrivée d'un nouveau prêtre assez radical), mais toujours pas de glorieux combat. Ils comptaient s'engager dans les troupes d'un héros local, le fameux Capitaine Durgaut de Tal Endhil ("Qui ? Non, 'connais pas...") mais comme Trevan est incapable de réduire son train de vie, les voilà pour l'instant fauchés et ils repartent vers Darverane avec le fourgon de métal, dont le jeune chevalier espère bien qu'il sera attaqué (pour se couvrir de gloire), afin de gagner assez d'argent pour un second cheval (Gavin l'écuyer se plaint de courir derrière depuis deux mois).<br />
<br />
Un très bref duel d'entraînement avec lui permet par contre à Diane de constater que Trevan est extrêmement bien entraîné à l'épée, malgré son inexpérience du combat réel et sa rafraichissante "naïveté". Si son écuyer a d'avantage les pieds sur terre, Diane ne doute pas de pouvoir par contre les manipuler (et ne se préoccupe pas plus que ça d'aller jeter un œil au fourgon ou à la mine).<br />
Elle rencontre bientôt Thuril le Brun, le massif forestier accompagné de deux dogues en charge de guider le convoi, qui vient les avertir d'être prêts le lendemain avant l'aube.<br />
<br />
=== Rêves collectifs (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
Pendant qu'elle dort tranquillement à l'Hostellerie, le tumulte de l'orage qui s'abat sur la plaine est bientôt interrompu par un hurlement de frayeur : sous son abri de branchage, Vighnu vient de s’éveiller d'un horrible cauchemar, une histoire de barques irrémédiablement coulés et de monstre marin qui le dévorait. <br />
_Ça commençait par un faucon ricanant dans la nuit et finissait par un petit oiseau qui te guidait vers un sentier lumineux dans la montagne, demande Andréas ? <br><br />
_Heu... oui, mais je t'avoue que je me suis réveillé après le poisson géant. <br><br />
_C'est drôle, moi j'ai juste vu une espèce de grosse murène rôder dans l'eau, mais à part ça, je pense qu'on a fait le même rêve, envoyé par Kal Shem'... <br><br />
_C'est important les rêves, coupe Herle de Lorune, ce sont souvent les Ancêtres qui nous les envoient. <br><br />
_Voilà. <br><br />
_J'allais le dire. <br><br />
_Et dis-donc, le Moineau, un chemin dans la montagne, ça te dit quelque chose ? <br><br />
_Ah heu...oui. Le Capitaine avait prévu une solution de secours si on trouvait pas d'embarcations, c'est au nord de Celanire. <br><br />
_Et c'est fiable ? <br><br />
_Les plans du Capitaine sont toujours fiables ! <br><br />
_Suis-je bête. Bon ben demain on peut s'épargner d'aller voir si les Kerdans sont arrivés à la presqu'île et foncer plein sud dès l'aurore pour rattraper le convoi..." <br><br />
<br />
=== Départ du convoi (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
Et le jour n'est pas encore levé que Diane, Trevan, Gavin et les deux barbares Sylvains dont elle n'a tiré que les noms (Rumbold et Jaromir) rejoignent avec Thuril la mine de cuivre, un véritable petit fortin dont sortent bientôt des cavaliers (dont Craie et Esteval, qu'elle reconnaît et qui la reconnaissent, mais aussi un jeune gandin qui s'avèrera vite être Jorem Cuivré, le fils du grand patron), quelques fantassins supplémentaires, un lourd fourgon de chêne fermé par une porte cadenassées et un petit chariot de matériel tiré par des mules. Retraversant la ville vers la porte basse dans le fracas des roues et des bêtes sur le pavé, le convoi descend laborieusement la route vers le Marchepied en brinquebalant ("Bloumboudoum font les coffres dans le fourgon fermé._Super : tu fais vachement bien le coffre._Okaaay..._Ben quoi ?") puis oblique plein sud dans le petit matin.<br />
Très vite, l'arbalétrière comprend qu'entre Craie, Thuril et Jorem, il y a deux chefs de trop dans ce convoi, et en profite pour attiser les inimitiés au sein de l'escorte. Dès qu'elle et d'autres piétons sont employés à retenir les chariots dans la route pentue qui serpente le long du torrent, il lui vient une autre idée pour ralentir le convoi : profitant d'un dérapage du fourgon ("moins lourd qu'il n'y parait..._Ben tant mieux.") <br />
sur la route bourbeuse, alors qu'elle tirait de l'arrière, Diane s'arrange pour que le véhicule passe sur l'un des cochers descendu pour freiner par l'avant, et le conducteur hurle lorsqu'une des roues de bois ferré lui sectionne la jambe à hauteur du genou. Dégager le pauvre gars et lui prodiguer les soins nécessaires, quoique probablement inutiles (le type ne s'en sortira pas sans un bon chirurgien) stoppent le convoi pendant un long moment. Diane en profite d'ailleurs râler sur la paye, semer encore un peu plus la discorde dans l'escorte et monter Trevan de Rigorne contre Craie en proposant de rentrer à Solerane pour repartir du bon pied, mais l'esclavagiste albinos est vite soutenu par Esteval et, à eux deux, ils ramènent un semblant de discipline dans l'équipage qui reprend la route.<br />
<br />
Toujours attentive aux alentours, Diane commence à avoir l'impression distincte que des bruits de sabots suivent le convoi par les crêtes et, lorsqu'elle propose d'aller voir, Craie insiste pour envoyer plutôt Jaromir et Rumbold, les deux Sylvains. <br />
_Dis-donc Trevan, demande-t-elle au jeune chevalier, les deux barbares, là, ils ont été sélectionnés comment ? <br><br />
_Je ne sais pas, Mademoiselle : je ne crois même pas que le gros sergent les ait mis à l'épreuve, ils ont été embauchés tout de suite. <br><br />
_Tiens donc..." Et bien sûr, lorsque les deux éclaireurs reviennent "sans avoir rien trouvé", Diane et Gavin espionnent leur bref rapport à l'albinos, la Kerdane entendant quelque chose comme "perdu un gars... <br><br />
_Dis-leur de garder leurs distances, merde !" <br><br />
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Lorsque le jeune chevalier et un des Sylvains, chevauchant tous deux à l'avant-garde, signalent un l'éboulement barrant la route, le convoi s'arrête à nouveau, l'escorte se déploie en position défensive et la Kerdane décide d'escalader le pierrier pour en avoir le cœur net : trouvant les empreintes de deux paires de très grands pieds, elle déduit que l'éboulement est l’œuvre de La Poigne et du Défroqué, mais préfère inquiéter les autres pour perdre encore du temps. Le convoi ne repartant qu'après avoir utilisé les mules pour traîner le sapin tombé hors du chemin, Diane s'installe à côté de Thuril le Brun sur le banc du fourgon et entreprend de lui expliquer qu'il se passe des choses très bizarres autour de ce transport, surtout que les Sylvains et Craie semblent comploter un truc bizarre avec des cavaliers qui les suivent [Réaction de Témérité à 5]. Manifestement surpris (et convaincu), le Brun essaye pourtant de dissiper les soupçons de la Kerdane mais ne parvient qu'à éveiller de nouveaux doutes : le guide serait-il de mèche avec d'autres gars voulant braquer le convoi ?<br />
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=== Fuite meurtrière ===<br />
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Avec tout ce temps perdu, il fait déjà presque nuit lorsque la caravane fourbue s'installe pour camper juste avant le gué et que Craie insiste pour envoyer les deux Sylvains et Diane "chercher du bois pour le feu", à bonne distance du camp puisque les premiers bosquets sont à plusieurs centaines de mètres. Méfiante, la Kerdane avertit Gavin et ne suit les deux barbares qu'en traînant les pieds et son arbalète sous le bras, le temps de chercher une solution : elle observe le terrain en détail, évalue les distances... Lorsqu'elle réalise que Craie et Esteval arrive derrière elle depuis le camp alors que les Sylvains la prennent en tenaille par l'ouest, elle se penche pour ramasser une branche morte... et disparaît complètement dans les taillis et le soir qui tombe.<br />
<br />
[À 4 contre 1, Diane est sérieusement dans la mouise, surtout qu'Orlanth refuse d'employer ses pH pour autre chose que progresser. Mais briefé en détail sur les options tactiques d'un sniper et anticipant finement sur ses Mises, il va commencer par un énorme jet de préparation, dégageant 16 pts de bonus temporaires qui ne vont pas être de trop...]<br />
<br />
Transmettant des indications par signes aux deux Sylvains, Craie et Esteval resserrent l'étau autour de la Kerdane... Du moins le croient-ils car, camouflées dans un bosquet à quelques distance, elle se trouve déjà hors de "l'encerclement" et visant soigneusement, elle attend le bon moment pour tirer en comptant sur la fatigue et la tension de ses adversaires. Et lorsque que, croyant avoir vu un buisson bouger, Craie fait claquer son fouet dans le feuillage, l'arbalète claque sans être entendu et Esteval s'écroule sans un râle, un carreau lui ayant perforé le crane par l’œil gauche. Jaromir, l'éclaireur sylvain qui progresse discrètement l'arc tendu, est maintenant la cible la plus excentrée : Diane recharge et lorsque l'albinos -dont les longs cheveux blancs se distinguent nettement malgré le crépuscule- se retourne pour appeler à voix basse son camarade disparu, un second trait claque et se fiche dans la trachée de l'archer, qui s'effondre en gargouillant du sang.<br />
<br />
Immédiatement, Rumbold et Craie comprennent qu'on leur a retourné l'embuscade et cherchent un couvert, mais l'esclavagiste commet l'erreur de vouloir reprendre l'offensive : dégainant son tranchoir et ré-enroulant son fouet, il s'élance en zigzaguant entre les rares bouleaux pour atteindre l'origine du tir... où Diane n'est déjà plus. Et lorsqu'il se retourne pour la chercher du regard, un carreau l'atteint en plein front. <br />
<br />
Alors que des voix commencent à se faire entendre vers le campement, le dernier Sylvain récupère l'arc de son compagnon et, restant prudemment à couvert, scrute le sous-bois en se déplaçant silencieusement vers l'ouest et les profondeurs de la forêt. Rumbold lâche une flèche lorsqu'une ombre se détache brièvement parmi les arbres mais manque de plusieurs coudées, et les deux tireurs continuent leur lente et silencieuse danse parmi les taillis, s'éloignant toujours plus du camp vers la forêt, chacun cherchant à repérer sa cible autant qu'à réduire la distance en restant à couvert... Mais lorsqu'il atteint une longue clairière, le Sylvain doit choisir s'il s'arrête ou s'aventure à découvert et, manifestement décidé à continuer vers l'ouest ou les arbres sont plus dense [et lui permettrons de réduire l'avantage fournit par la portée de l'arbalète], il s'élance soudain au pas de course : il n'a pas fait 10 pas qu'un carreau le cueille en pleine cuisse. Il riposte pourtant, mais manque encore et, étalé dans les hautes herbes, à flèches, il a le réflexe de ne plus bouger et d'attendre que la Kerdane soit obligée de s'approcher : lorsqu'une silhouette blonde apparaît, il se redresse sur un bras pour lancer sa hache mais un dernier carreau lui perce le crâne avant qu'il ait pu finir son geste.<br />
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Accroupie à la lisière des bois, Diane écoute la nuit en reprenant son souffle : s'il lui semble entendre un lointain piétinement de sabots dans la forêt, une chouette ulule à l'ouest quand elle reconnaît le timbre de Trevan approchant par l'est et appelant à mi-voix "Mademoiselle ? Mademoiselle ?". Elle fouille rapidement le corps de Rumbold, récupère le projectile qui saillit de sa jambe et, en plus d'un curieux appeau, d'une solide dague, de quelques pièces de cuivre et d'un lacet d'étrangleur, elle découvre un curieux tatouage sur son sternum, une sorte de loup très mince sur fond d'étoile et de forêt. Soufflant tout bas dans l'instrument, elle émet une sorte de ululement et comprends que d'autres Sylvains appelaient leurs compagnons. <br />
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Quand le jeune chevalier la rejoint enfin, troublé de constater qu'elle vient d'abattre 4 hommes dont leur chef (et qu'il a encore manquer l'action), elle n'a guère le temps de lui expliquer la situation en détail mais, avec l'aide de Gavin qui finissait de fouiller les corps, parvient à le convaincre qu'elle est "la gentille" de l'affaire. Et qu'ils sont tous en danger : il faut fuir, tout de suite, sans repasser par le camp. "Mais je ne peux tout de même pas abandonner mon destrier, proteste le "chevalier errant" !_Et puis j'ai trouvé la clé du fourgon autour du cou de Craie, fait remarquer Gavin : ça vaudrait le coût de jeter un œil..." (On pourra pas dire que j'ai pas essayé.) <br />
Diane hésite un instant, car la tentation est forte, mais se ravise et, tirant doucement le chevalier confus par le bras, elle l'entraîne avec son écuyer vers le fleuve, contourne le camp par la rive, trouve le gué malgré la nuit et, alors qu'un fort tumulte et une cavalcade semble agiter le bivouac derrière eux, ils disparaissent dans la nuit et les flots grondant...<br />
<br />
Ils marchent depuis plus d'une heure, que le chevalier a passé à se plaindre de la perte de son cheval, du poids de son pavois et de ses pieds douloureux, lorsque Diane et Gavin réalisent que des cavaliers sont à leurs trousses : quittant le chemin pour tailler à travers bois, le trio sème temporairement ses poursuivants dans l'épaisseur des taillis et tente de prendre un maximum d'avance avant l'aube (passant sans le savoir à peu de distance de l'endroit où, la nuit précédente, ses compagnons ont campé pour s'abriter de l'orage).<br />
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== Dernier tronçon ==<br />
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=== Sabotage d'un chariot ===<br />
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Durant la journée, Vighnu, Andréas sur le cheval, Herle de Lorune, Eldan, Oleytan, le Grêlé et la Poigne ont continué d'avancer à marche forcée sur la route forestière (segment 4 du trajet) détrempée tant par l'orage de la nuit que par les quelques ruisseaux qui s'écoulent vers le lac, grossis des eaux de pluie. Eldan, le plus leste de la bande, a rapidement pris de l'avance sur le reste du groupe en espérant rattraper la caravane assez tôt et trouver moyen de la ralentir jusqu'à ce que ses camarades le rejoignent. Et en effet, lorsque l'après-midi touche à sa fin et que le Moineau émerge de la forêt (début de zone 5), il découvre le troupeau de chevaux paissant tranquillement dans la grande prairie en bordure du Lac d'Acier, près des trois chariots arrêtés au bord du chemin entre lesquels les voyageurs ont allumé un petit feu pour sécher leur paletots. La moitié d'entre eux prennent d'ailleurs le soleil ou nettoie leur vêtements bourbeux sur la berge pendant que les autres cassent la graine et se reposent de la rude journée qu'ils viennent de passer à pousser les carrioles dans le chemin forestier tout à la fois étroit, sinueux, bourbeux, rocailleux et coupé par les crues miniatures (argl).<br />
<br />
Profitant des hautes herbes et de ce que seulement trois sentinelles semblent encore (vaguement) se préoccuper de monter la garde, le Moineau progresse par l'ouest, traverse la route sans être vu et se glisse subrepticement jusqu'au chariot de ferronnerie. Il entreprend alors d'arracher avec sa dague les clous qui maintiennent une des roues arrières sur l'essieu, mais il n'a pas tout à fait le temps de finir que l'arrivée de l'unique sentinelle à cheval, qui commence à réunir les chevaux égayés e vue du départ, l'oblige à se dissimuler sous la carriole. Son mouvement d'ailleurs trop vif et trop peu discret fait se cabrer l'un des chevaux, la sentinelle descend de selle pour voir ce qui se passe alors qu'une autre est descendue du chariot de draps (étrangement le seul où un garde soit resté en faction) : Eldan, bientôt coincé, ne s'échappe qu'en profitant d'un instant d'inattention né du chef de convoi qui bat le rappel de ses compagnons, juste le temps pour lui de retraverser la route et de s'éloigner en rampant dans les hautes herbes. Néanmoins, la roue d'un des chariots ne tient plus que par un clou et l'éclaireur a reconnu l'homme qui gardait le chariot "de draps" : c'est Darjodrahl, le garde du corps/assassin hornois de Jornil Cuivré en personne, et sa seule présence indique qu'ils ont vu juste...<br />
<br />
[Là, vous comprendrez que j'ai un problème spatio-temporel massif : Diane/Orlanth a toujours environs 24h de retard sur les autres joueurs, qui eux sont à moins de 24h de l'objectif réel, et d'ailleurs la caravane va arriver à l'Auberge du Pont. Si je laisse tourner la chronologie normalement, Diane ne rattrapera ses compagnons que bien plus tard, probablement après que l'action soit terminée : c'est vraiment con. Alors comme pour une fois j'ai mes 4 joueurs-combattants ensemble (ça n'a a été le cas que deux séances sur sept), je fais une entorse à mes principes pour mon Orlanth préféré, Diane passe donc à travers une faille temporelle et rejoint ses camarades, qui pour la plupart n'y ont vue que du feu.]<br />
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=== Regroupement et combat (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Trevan, Gavin, Diane) ===<br />
<br />
À la lisière des bois, le reste de la troupe s'est arrêté pour faire une halte après 10h de marche forcée qui lui ont "presque" permis de rattraper le convoi, lorsque Oleytan à l'arrière-garde annonce trois piétons mal en point qui clopinent vers eux : c'est Diane la Kerdane et deux inconnus, dont un sérieusement blessé. Le trio de fuyard a en effet été rejoint par quelques cavaliers-chacals dans la journée et, lorsqu'un bref combat, Diane en a abattu un de plus, Trevan en a blessé un deuxième et le troisième a planté sa lance dans le flanc du pauvre Gavin avant d'être "héroïquement mis en déroute" par le chevalier errant (et donc il s'est barré, quoi). Rapidement mis au courant des mésaventures les uns des autres malgré l'insistance du chevalier qui veut savoir s'ils sont des "malandrins" ("Ben heu... on est des bandits d'honneur qui volons aux riches pour donner aux pauvres et défendons les petites gens contre l'oppression._Vrai ? Quelle aventure ! Je suis bien content de vous avoir rencontrés et de pouvoir joindre mon épée à votre noble cause ! _C'est qui ce débile, exactement ?")<br />
, tous s'accordent à dire que les deux priorités du moment sont qu'ils ont 1) encore une petite heure de retard sur leur objectif et 2) seulement une courte avance sur les 6 ou 7 cavaliers qui poursuivaient encore Diane, Trevan et Gavin. "Ça tombe bien, fait remarquer Vighnu : on va avoir besoin de chevaux."<br />
<br />
Une fois l'équipe déployée autour de l'appât constitué par Gavin (rapidement rafistolé par Andréas) et Trevan installés au bord de la route, le "combat" est aussi rapide qu'unilatéral : Diane snipe le premier cavalier, le second reçoit une flèche de Herle avant d'être démonté d'un grand coup d'épée par Trevanet si les 4 autres qui les suivaient freinent à bonne distance pour descendre de cheval, ils découvrent vite qu'ils sont encore à porter de tir quand l'arbalète fait une seconde victime et qu'un autre adversaire prend une flèche dans la hanche en descendant de cheval. Les deux derniers, d'abord décidés à profiter du couvert des sous-bois pour arriver au contact voient bientôt le chevalier, le Grêlé, Vighnu et la masse du Templier s'avancer vers eux, et se dispersent dans les taillis dans l'intention manifeste de se carapater. C'était sans compter sur l'inhumaine discrétion de la Poigne, qui éclate à la masse le crâne du malheureux qui avait presque réussi à surprendre l'assassin (longue journée + problèmes de cœur : petite forme, le fehnri) et lorsque ce dernier se met en quête de l'ultime ennemi rescapé, il le trouve affalé sur le ventre et ligoté par le layss d'Oleytan, d'ailleurs assis sur son dos. <br />
_Très bien mon gars ! Allez, on le ramène aux autres et... <br><br />
_Non. <br><br />
_Je te demande pardon ? <br><br />
_Non, Vignupratesh : cet homme est mon prisonnier, et il porte un tatouage. Je ne laisserai pas tes cinglés de compagnons massacrer un vaincu. Je comptais le laisser repartir après que nous ayons pris du champ. <br><br />
_Mais c'est une très mauvaise idée, mon ami : il va rejoindre ses compagnons... <br><br />
_C'est son droit. <br><br />
_...les alerter sur notre position. <br><br />
_Bah je peux lui trancher un mollet, si tu veux : il devra repartir en boitant et ne rejoindra les siens que bien après que nous soyons partis. <br><br />
_Hem... bon écoute, je vais voir où en sont les autres et je reviens vers toi, d'accord ? <br><br />
_Chouette : tu peux me ramener à boire ?" <br><br />
Et leur seul autre prisonnier, blessé à la hanche, est une prise inattendue : Jorem Cuivré, soi-même. Terrifié et enfiévré par la douleur, le propre fils du patron-minier balance tout ce qu'il sait dès que Herle et Diane froncent les sourcils : oui, son père se doutait qu'il serait attaquer et a conçu la ruse des deux convois, oui il a embauché les Chacals à sa demande par l'intermédiaire d'un contact qui trafique du sel et d'autres marchandises "tombées du chariot" entre Darverane et Solerane, oui ils se doutaient bien que le Capitaine Durgaut était derrière tout ça mais son père ne pouvait pas se permettre de faire attendre Rhilder. "<br />
_Mais pas du tout, mes fringants compagnons et moi-même sommes des bandits d'honneur qui volons aux riches pour... <br><br />
_Non arrête, Trevan, t'es chiant : on bosse pour Durgaut, en fait. <br><br />
_Quoi ? Palsambleu mais alors vous m'avez roué ! Quelle aventure ! <br><br />
_Mais vosu êtes cons, pourquoi vous balancez un truc pareil devant le prisonnier ?! <br><br />
_Parce qu'il va pas repartir de toutes façons..." explique Vighnu avant de lui trancher la gorge [Réaction Cynisme 5 : ouch !].<br />
Et abandonnant ses compagnons avec le chevalier errant qui fait un scandale, il entraîne Diane vers l'endroit où il a laissé Lerkoren Oleytan en lui expliquant la situation : <br><br />
_Mais quel chieur ! 'Sont tous comme ça vos venteux ? <br><br />
_C'est pas la question : je compte sur toi pour abattre le prisonnier après qu'on l'ait "libéré". <br><br />
_Pas de problème mais faut pas que le môme me repère... <br><br />
_Je t'aiderai." Et, en effet, Vighnu fait assez de boucan en rejoignant son jeune ami pour que l'approche de la Kerdane passe inaperçue : une fois le prisonnier ahuri rendu à la liberté sans arme et avec un talon d'Achille tranché ("Rhaaaaaaaaa ! <br />
_Pis traîne pas mon gars, parce qu'avant la nuit, y aura des loups..."), Vighnu ramène Oleytan vers leurs compagnons en l'entretenant de ses soucis sentimentaux, que le jeune Elloran ne comprend que trop bien. Cette émouvante confession les empêche d'entendre le claquement d'une arbalète qui vient de mettre fin à une très brève fuite, après quoi Diane rejoint les autres pour récupérer les carreaux qui, ayant atteint des parties molles, peuvent encore être extraits à la dague (faut dire qu'elle n'en a plus que 7, avec tout ça). <br><br />
Le temps de répartir les désormais 9 cavaliers, dont un blessé, sur les 7 chevaux disponibles (_Quelle malchance : aucun d'entre eux ne montait mon cher destrier !_Couillon, moraliste et obssédé par son canasson : il est pas venteux votre chevalier, des fois ?") et la troupe repart au galop à la poursuite du convoi.<br />
<br />
Eldan, rapidement récupéré et pris en croupe, explique qu'il a pu confirmer que le butin était dans le chariot de draps et saboter la carriole de ferronnerie, mais que la caravane a repris sa marche et qu'elle a encore repris près d'une heure d'avance. Trottant de leur mieux sur leurs chevaux déjà éreintés, les mercenaires fourbus voient s'amenuiser leurs options en même temps que le soleil couchant : s'ils peuvent encore rattraper leur objectif avant l'Auberge fortifiée (d'autant que la roue déclouée peut céder n'importe quand), il leur faudrait encore prendre le temps de se déguiser en Kormes, abandonner pour cela leur matériel le plus avantageux, attaquer en plaine, couper la fuite à quiconque sauterait sur un des 50 chevaux pour donner l'alerte, défaire une quinzaine de "gardes" (dont au moins 4 professionnels dignes de ce nom et Darjodrahl) à seulement 8 combattants, rafler le butin et dégager à travers champs avant que des renforts n'ait pu intervenir depuis le fortin : <br />
_C'est pas la peine de se casser le cul à galoper, fait remarquer Vighnu : on est tous trop crevés pour se battre efficacement. Il faut trouver autre chose... par exemple s'introduire à l'Auberge du Pont cette nuit, avant que la caravane ne reparte pour Darverane avec trois ou quatre fois plus de monde. <br><br />
_C'est ça, on va trimballer 200kg de coffres blindés par-dessus les remparts et tout le monde trouvera ça normal. <br><br />
_J'ai peut-être une idée, propose Eldan : je sais que le chariot de ferronnerie est destiné à Celanire, alors si on pouvait remplacer discrètement le contenu des coffres par des fers à cheval et d'autres objets en fonte pour planquer le butin sous les chaudrons, on aurait plus qu'à attaquer demain matin un p'tit chariot presque sans escorte allant justement dans la bonne direction. <br><br />
_Mmmmh... et tu ferais ça comment ? <br><br />
_Ben on j'pourrais entrer à l'auberge avec Gavin en innocent blessé et l'honorable médecin-érudit Andréas, on repère les lieux et le butin, pis on aide Vighnu, Oleytan et tous ceux qui savent grimper et se faire discrets à passer la muraille, pis on s'introduit là où sont gardés les chariots, on se débrouille pour changer le butin de carriole sans faire trop de bruit, les grimpeurs repartent pis, le lendemain, ni vu ni connu, on braque le transport de chaudrons sur la route de Celanire. <br><br />
_Mais dis donc, tu sais que si on laisse quelques gars à l'extérieur pour éviter que les gars du deuxième convoi nous tombent dessus à l'improviste ou viennent raconter des âneries à la garnison locale, ça pourrait presque marcher, ton affaire ? <br><br />
_Très bien, jeune homme : je suis ravi de constater qu'on ne t'a pas emmené pour rien..." conclue le Défroqué. <br><br />
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== A l'Auberge du Pont ==<br />
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=== Première nuit ===<br />
<br />
Pendant que le reste du groupe se dissimulait avec les chevaux dans un bois, Eldan le Moineau, Gavin l'Écuyer blessé et Andréas, sous l'identité d'un érudit de Brasure, ont précédé la caravane à l'Auberge du Pont pour observer son arrivée et ses mesures de sécurité. Ils y ont découvert que la herse qui barre le fameux pont était baissée suite à des attaques répétées des Kormes sur la route vers Darverane (qu'on leur avait annoncée "rouverte") : les voyageurs et marchandise s'accumulant alors dans l'auberge envahie de tentes, de chariots et de bien plus de résidents qu'elle n'en peut héberger ou même nourrir, et les prix y grimpaient de manière délirante.<br />
<br />
Une fois les hommes de Jornil Cuivré arrivés et le chariot "de draps" (dissimulant les coffres que visent nos vaillants mercenaires) bouclé pour la nuit dans une grange gardée, Eldan observa les lieux pour chercher le meilleur point d'entrée (la garde mercenaire habituelle est doublée d'un contingent de l'armée régulière qui semble obéir à Darjodrahl, le lieutenant hornois du Cuivré), il manqua d'être lynché en accusant publiquement une jeune tire-laine plus charismatique que lui, Andréas fit le tour de l'auberge sur-bondée et récupéra la bourse volée au Moineau, puis Gavin sortit brièvement pour prévenir ses (autres) camarades de la situation avant que les portes ne soient fermées pour la nuit et tous trois se retrouvèrent au spectacle donné par les saltimbanques dans la cour...<br />
<br />
Les autres mercenaires ont d'ailleurs passé un début de soirée tendu, la journée les ayant laissés sur les nerfs. Tout particulièrement Vighnu chez qui les affres sentimentaux s'ajoutaient à la tension et à la fatigue de cette mission [il trimballe toujours ses deux points de "Trauma" (rebaptisés "Marques" depuis la dernière réécriture du système) dus à ses problèmes avec Islinna) et pète donc les plombs beaucoup plus souvent que d'habitude. C'est d'ailleurs d'autant plus intéressant que, sa principale Réaction étant le Cynisme, le fait même qu'il soit fâché avec sa douce parce qu'il est un assassin cynique l'incite à se comporter en assassin cynique. Comme dit souvent mon collègue "Cancrela", «Ça devrait s'appeler "nÉvrotic"...».] Le fehnri était en fait tellement stressé que lorsque Gavin est venu leur annoncé que le chariot était sous clé et qu'Eldan s'était fait gravement repéré en perdant sa bourse et en déclenchant un esclandre, Vighnu a sorti sa dague pour la lui coller sous la gorge en gueulant "Mais vous êtes complètement cons nomdedju, on peut rien vous confier !". Immédiatement, il a senti l'acier froid de l'épée que Trevan de Rigorne lui posait sur la nuque, Herle de Lorune a dégainé son nerhil pour piquer la pointe sous le diaphragme du chevalier errant, Diane a braqué son arbalète chargée sur l'oreille du précédent et le Grêlé, passant sa lance entre le fehnri et l'écuyer, a finalement demandé de son habituel ton sarcastique si la mission intéressait encore quelqu'un ou s'ils allaient tous s'entretuer à 300m du butin juste parce qu'ils ne savaient pas tenir leur nerfs. L'assassin a donc rengainer son katara et tout le monde a lentement rangé ses armes en échangeant des regards méfiants : folle ambiance...<br />
<br />
Pendant qu'Eldan "sympathise" avec des compatriotes Anguedais ("du Duché d'Anguedale"), des bergers occupant la tente la plus proche de la porte de la remise (la verte, sur le plan), Gavin tâche d'en déloger la barre qui la ferme de l'intérieur à l'aide d'un cure-pied (une espèce de crochet pour nettoyer les sabots des chevaux) et n'arrive qu'à la déloger en partie ("J'finira 'pu tard !").<br />
<br />
[Tentative rigolote : Gavin, qu'Orlanth incarne désormais pour éviter de ne jouer que son Arbalétrière confinée à l'extérieur, possède une Ressource "Paquetage" qui n'est définie que comme son aptitude à sortir tout et n'importe quoi du fatras accumulé dans son baluchon à force de chapardages, pour peu qu'il réussisse un jet sous le domaine "Voyage" et avec tous les talents appropriés. Le jet est plus ou moins difficile en fonction de ce qu'il espère tirer de son sac à malice, et il peut y miser d'autant plus d'Énergie que l'objet désiré correspond à ses talents...]<br />
<br />
Après avoir profité de l'enthousiasme du public devant la performance des baladins pour remplir en partie son focus, sa bourse elle aussi bien garnie a permis à Andréas d'accéder à la partie de dés qu'organise pour ses amis fortunés un certain Dorian «le Magnifique», marchand reman particulièrement entreprenant puisque, grâce au courtage, au tripot installé dans une des rares chambres privatives et à la prostitution de son époustouflante maîtresse fehnri, Sohashna, il est probablement la seule personne à tirer quelque profit de son séjour à l'Auberge du Pont. C'est surtout, pour nos mercenaires, le seul autre type assez influent sur place pour avoir obtenu que sa propre roulotte soit elle aussi gardée sous clé dans la fameuse grange... Après quelques coups de dés qui lui ont fait gagner un peu de menue monnaie, Andréas se retire du jeu et de la conversation entre puissants négociants pour lancer le sort qu'il a préparé pour glisser dans l'esprit de Dorian et de sa courtisane une certaine idée fixe : "le commerce ne vaut rien ici, la route ne rouvrira pas, autant retourner à Solerane."<br />
<br />
Frôlant le malaise tant il a investi d'énergie dans sa "Chimère", le chroniqueur s'excuse et prend congé, entendant en partant les deux amants discuter de leur départ à l'aube. Comme Gavin et Eldan (mais du côté de l'étable), il s'installe alors pour dormir quelques heures dans la cour, afin de rester aux premières loges en cas de besoin. En attendant la diversion prévue par ses camarades à l'extérieur, il s'endort malgré les protestations fréquentent des campeurs qui râlent chaque fois que quelqu'un les réveille en faisant du bruit dans la cour, rajoutant un peu de merdier à chaque fois...<br />
<br />
=== Extrait des Chroniques des Marches du Nord d'Andréas Odran ===<br />
<br />
: ''Après avoir réalisé que nous nous étions fait bernés comme des bleus et que le chariot que nous pourchassions n'était qu'un leurre, nous avons quasiment rattrapé le faux chariot de draps. Le plan mis au point par Eldan et Vighnu était d'opérer une substitution entre le coffre que nous recherchons et des ferronneries d'un autre chariot lors de l'arrêt du convoi à l'Auberge du Pont. ''<br />
: ''J'ai été affecté au groupe d'éclaireurs, en compagnie du brave Eldan et de Gavin, le soi-disant écuyer du soi-disant chevalier errant. Pas mécontent de laisser derrière moi le poète-répurgateur et ses tendances homicides qui me feraient presque regretter feu Conrad de Mélanque, nous avons doublé au large le convoi pour découvrir une auberge absolument bondée, un vaste campement de tentes débordant de ses murs. Moutons et poulets courraient en liberté là au milieu, dans un bazar que d'aucuns auraient trouvé joyeux. Ce n'était pas mieux à l'intérieur, et il me fallu jouer des coudes pour y entrer, tandis qu'Eldan essayait d'interroger des gardes à l'extérieur - comptant sur la camaraderie militaire. Il a rapidement découvert que la route de Darverane n'a jamais réouvert : les quelques marchands qui ont essayé de l'emprunter sont revenus la queue basse et soulagés de leurs biens, et le contingent de gardes de l'auberge s'est vu renforcé. La conversation a ensuite tourné court, pour autant que j'aie bien compris les explications embrouillées d'Eldan : il semblerait que la réputation de la camaraderie militaire soit en fait largement usurpée... ''<br />
: ''Pendant ce temps, Gavin et moi-même nous frayâmes tant bien que mal un chemin dans la salle de l'auberge bondée, où tout un tas d'individus tentaient d'accéder à un comptoir où l'on servait de la nourriture. Très franchement, les moutons de la cour me parurent plus dignes que cette pitoyable assemblée d'humains se battant pour leur pâtée. Enfin... J'espérais trouver plus de calme à l'étage, il n'en fut rien : l'étage était intégralement couvert de lits et de paillaissades, et la seule zone privative était réservée par un riche marchand et gardée par un mercenaire. J'ai bien tenté d'expliquer à l'un des commis de l'auberge que je ne souhaitais pas partager mes nuits avec une bande de garçons de ferme illettrés, mais celui-ci a pris la mouche (je suppose que c'est un ancien garçon de ferme toujours illettré). Ce serait donc compliqué pour moi d'obtenir un coin tranquille où préparer mes petites diversions...''<br />
: ''Pendant ce temps, à l'extérieur Eldan assistait à l'arrivée du guerrier hornois escortant la caravane des marchands de draps. Usant d'un subtil mélange de force brute, de regard mauvais et de cette indicible autorité que procure le fait d'être une machine à tuer, le Hornois a rapidement imposé son autorité auprès des gardes, fait entrer le chariot contenant le coffre dans une remise fermée (dont il a conservé la clé), et réquisitionné une chambre et des repas pour ses employeurs. Le reste du convoi, lui, s'installait hors des murs de l'auberge. Et notamment le chariot de ferronneries avec lequel nous comptions faire l'échange. Voilà qui compliquait sérieusement notre affaire. Eldan a aussi appris que la remise en question était occupée par un autre chargement appartenant à un riche et important marchand : des verreries, apparemment. Et ce riche marchand n'était autre que celui qui occupait la grande chambre à l'étage de l'auberge, où parait-il il organise des parties de dés pour tuer le temps en attendant la réouverture de la route. Il aurait déjà plumé certains de ces collègues...''<br />
: ''Je retrouvai Eldan dans un coin pas trop encombré de l'auberge et nous avons commencé à discuter de nos options. C'est alors qu'Eldan a été bousculé par une jeune fille qui lui subtilisa la bourse confiée par Durgaut. Il l'a arrêtée, mais elle avait déjà passé l'objet du délit à un complice que j'ai pu repérer et suivre. Je l'ai retrouvé dans les latrines où il contemplait le fruit de son forfait. Bien qu'il fut armé d'un méchant coutelas et ait l'air plus costaud que moi, j'ai serré le manche de ma dague en prenant mon air le plus menaçant et je l'ai sommé de me rendre l'argent. De façon incroyable, j'ai dû avoir l'air suffisamment méchant pour qu'il me rende la bourse sans combattre [jet d'Intimidation +1pH !]. Pendant l'intervalle, ce brave Eldan avait accusé publiquement de vol la jeune fille. Celle-ci se lança alors dans un numéro théâtral de fragilité féminine qui aurait bien fait rigoler Diane, et quelques courageux sont intervenus - espérant probablement passer pour des chevaliers blancs et ainsi trousser la donzelle d'ici la nuit. Eldan, pas si brave que cela au final, s'est copieusement fait casser la gueule et je l'ai retrouvé tout ensanglanté dans la cour. Ce fut pour moi l'occasion de m'essayer aux arts dentaires pour réparer la mâchoire du garçon. Je crois que je m'en suis bien tiré, et après tout cette dent cassée lui donne un air aventurier qui devrait plaire à ces dames.''<br />
: ''C'est alors qu'est advenu l'évènement le plus sidérant de cette soirée : Gavin, le paysan-écuyer, a été pris d'un soudain accès d'initiative et s'est esquivé pour faire un rapport au reste du groupe ! Alors ça ! Que croyait-il le bougre, que nous allions rester sans prévenir nos compagnons ? Je n'en reviens pas, quelle outrecuidance ! Moi qui pensait que les capacités intellectuelles de ce garçon ne dépassaient pas celles de la limace ou du templier, le voilà qui nous donne des leçons d'opérations clandestines. Il va falloir que nous nous reprenions, Eldan et moi. ''<br />
: ''Au final, nous sommes parvenus au plan suivant : nous restons sur la substitution, et celle-ci s'effectuera directement au sein de la remise, entre le coffre que nous recherchons et le chargement de verreries. De mon côté, je vais essayer d'aller rencontrer le marchant de verreries, probablement au cours d'une partie de dés. Charge à moi de faire usage de toute ma persuasion pour le convaincre de partir le plus rapidement possible vendre sa cargaison à Solerane, où nous l'attendrons sur la route...''<br />
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Notre chroniqueur omet sciemment de préciser que sa fin de soirée fut consacrée à assister au spectacle offert par quelques baladins, dont la jeune fille et l'acrobate ayant subtilisé la bourse d'Eldan, un jeune joueur de vielle à roue et le conteur qui les dirige, un Estrani nommé Horacio. <br />
Le but d'Andréas était moins de se détendre que de profiter des spectateurs assemblés pour effectuer le rituel de "La Sentinelle au Bal" par lequel il peut tirer de l'Essence magique de l'émotion partagée d'une foule, et ainsi recharger son focus récemment acquis.<br />
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=== L'éclaireur à abattre (Diane, Vighnu, Le Grêlé, Trevan, Herle, La Poigne, Oleytan) ===<br />
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Grimés en Kormes après un court débat quant à Diane ("Les femmes Kormes combattent généralement seins nus mais peinturlurées jusqu'à la taille._Essaye-voir et tu vas pas retrouver tes doigts. Moi j'aurais des fourrures._Bon, bon..."), le chevalier errant Trevan de Rigorne et Herle de Lorune surveillent la route depuis les bois à l'ouest du fortin pendant que l'arbalétrière rampe dans les hautes herbes près de la berge sud, se glissant entre les cavaliers qui surveillent la cinquantaine de chevaux qui n'ont pas pu trouvé asile à l'auberge. Lorsqu'elle en effraie quelques-uns en déclenchant un début de panique dans le troupeau, que les cavaliers doivent alors empêcher de piétiner les tentes plantées à l'extérieur, la plupart des gardes aux créneaux du fortin se tournent vers le sud. C'est le moment qu'attendaient Vighnu, Oleytan, La Poigne et le Grêlé pour s'élancer depuis la lisière des bois au nord-ouest : le fehnri est le premier à franchir le rempart dans l'ombre de la tour ouest, profitant de l'angle mort repéré par Eldan. Le jeune Elloran le rejoint avec aisance et redescend dans la cour sans être vu, pendant que Vighnu place le grappin et la corde qu'ils trimballent depuis Tal Endhil pour faciliter l'escalade des suivants, puis rejoint son camarade au sol et tout deux se cachent un instant sous l'arcade de la chapelle ("Ch") pour observer l'endroit : Andréas dort à poings fermés à quelques pas d'eux, un garde est toujours en faction devant le portail de la grange et, en plus de ceux qui surveillent l'extérieur depuis les deux tours, un autre patrouille la cour. Mais le vrai danger semble venir d'une lucarne à l'étage de l'étable, où se trouve les chambres "de luxe" : derrière un volet, un rai de lumière trahit la présence d'un homme de Darjodrahl surveillant la cour.<br />
Derrière eux, La Poigne peine à glisser sa panse entre les créneaux, manque d'être repéré mais s'encoigne dans l'angle de la tour ouest avant d'être rejoint par le grêlé... lorsqu'une cavalcade isolée sonne sur la route au dehors et que la sentinelle au-dessus d'eux crie soudain "Qui va là !?".<br />
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En rejoignant Trevan et Herle, Diane avait elle-même repéré le cavalier, reconnu un des hommes de Jornil qui accompagnait le soi-disant "convoi de métal" et tenté de l'abattre à l'arbalète avant qu'il ne puisse s'annoncer à l'Auberge bouclée pour la nuit. Mais son unique tir manqué de tout le scénario s'est perdu loin de la cible sans même être remarqué et, freinant au pied de la tour ouest, le cavalier n'est finalement à portée d'arc que lorsque le garde l'a déjà remarqué : sans savoir où en sont leur camarades ni s'il peut les mettre en danger, le trio hésite à abattre l'arrivant juste le temps qu'un autre membre de la caravane, qui montait la garde à l'extérieur près des tentes des marchands de chevaux, ne le reconnaisse et viennent à sa rencontre... "Ouvrez les portes !" crie la sentinelle à l'intention de ses collègues.<br />
<br />
Du rempart, le Grêlé indique par signe à Vighnu qu'ils ont un sérieux problème : le reste du commando comprends qu'il leur faut d'urgence neutraliser ce messager nocturne qui pourrait compromettre toute leur opération. Heureusement, près du portail que deux autres gardes s'apprêtent à ouvrir, Gavin qui ne dormait que d'un œil commence à râler : "On veut dormir ! N'ouvrez pas la porte ! Si ça se trouve, c'est des Kormes !". Les protestations sont bientôt reprises par ses voisins, et Gavin envenime la situation pour gagner du temps, poussant un des nouveaux copains anguedais d'Eldan à aller se plaindre aux deux soldats qui déverrouillent la porte en arguant qu'ils ont payé pour la protection de l'auberge et que le couvre-feu vaut pour tout le monde. Le ton monte bientôt à travers toute la cour lorsque Andréas se joint aux réfugiés mécontents et en convainc une poignée d'aller gueuler auprès des hommes en faction au pied de la grande tour. <br />
<br />
Profitant du merdier, le Grêlé et La Poigne se sont introduits dans la tour ouest, ce dernier a tué la sentinelle et l'autre ouvre maintenant la porte du rez-de-chaussée à Vighnu et Oleytan : pendant que le Grêlé enfile la livrée du soldat pour le remplacer à son poste, les trois autres montent au rempart sud et le longent jusqu'à la petite porte de bois qui donne sur le grenier de la grange. Dégainant sa dague, il travaille alors à en faire sauter la barre...<br />
<br />
Sentant la situation dégénérer à l'intérieur du fortin où des archers sont apparus en haut de la grande tour- et parce que les caravaniers installés à l'extérieur commencent à vouloir se joindre aux deux hommes qui cognent au portail, Diane, Herle et Trevan (toujours déguisés en Kormes et surveillant les événements depuis la lisière des bois) décident de passer à l'action : le plus proche gardien de chevaux est abattu d'un carreau d'arbalète dans la poitrine, deux flèches descendent simultanément un caravanier armé et une sentinelle mal avisée et le trio se rapprochent à couvert des chariots et des tentent qui bordent le chemin vers le pont, bien décidé à réduire le messager au silence avant qu'il n'ait pu parler aux gardes ou à Darjodrahl le Hornois...<br />
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=== Emeute et mort de Darjodrahl (Vighnu, Oleytan, Andreas, Eldan, Gavin, La Poigne) ===<br />
<br />
Dans la cour, Andréas voit arriver un garde de plus et l'engueulade devant le portail toujours fermé (et à l'extérieur duquel deux types gueulent "Ouvrez ! C'est important ! Un messager de Solerane !") tourne bientôt à l'empoignade : un des soldats pointe sa lance sur Gavin, Eldan se tient prêt à agir, l'autre soldat repousse brutalement le berger... et le chroniqueur lance discrètement un sort pour attiser la colère de la foule. Immédiatement, les protestations tournent à l'émeute et plusieurs résidents se jettent sur les soldats sortant de la Grande Tour. Gavin saisit la lance qu'on pointait sur lui et tente de désarmer le garde, écopant d'une méchante estafilade à l'épaule et les deux hommes luttent pour l'arme lorsque Eldan surgit et décapite le soldat par derrière, éclaboussant de sang le pauvre écuyer qui en reste un instant interdit.<br />
Le second soldat qui s'était précipité pour ouvrir le portail se retourne et n'a que le temps de dégainer son arme avant que le Moineau ne se rue sur lui en brandissant sa lame ensanglantée : le garde esquive une première fois, recule pour éviter un coup de lance de Gavin et le Moineau (très en forme) l'empale contre le portail. Derrière eux, sans armes ni grand talent pour la bagarre, les émeutiers amateurs se font rapidement tailler en pièce par les soldats et mercenaires de plus en plus nombreux à sortir du donjon...<br />
<br />
À peine Vighnu et La Poigne ont-ils fait un pas dans le grenier enfin ouvert que Lerkoren Oleytan arrête le fehnri d'un geste : il lui semble distinguer une silhouette dans le grenier obscur. Repéré, le Hornois jaillit et -avant que quiconque n'ait pu réagir- son épée à deux mains ouvre un profond sillon dans le thorax de La Poigne. Le colosse vaincu n'a pas encore touché le sol que Vighnu a déjà lancé une dague empoisonnée qui croise l'épée s'abattant sur lui : sa parade précipitée au katara aurait été insuffisante si Oleytan n'y avait pas joint son précieux arc à double-courbure, la lame hornoise déviant en tranchant dans le bois. Le fehnri pare une nouvelle attaque avec l'aide de l'Elloran, utilisant la corde de son arc pour lier un des bras de Darjodrahl, et se fend pour planter son katara dans la poitrine du Hornois pendant que, à peine relevé, La Poigne lui abat en chancelant sa masse d'arme sur l'occiput : à la fois empoisonné, poignardé et assommé, l'ennemi s'effondre sans un cri sur le plancher disjoint.<br />
<br />
Dehors, quatre "émeutiers" ayant été tué en un instant, Andréas reflue vers le fond de la cour avec les autres réfugiés vers le maintenant horrifiés de la tournure de leurs protestations. Entre les archers qui pointent maintenant leur flèches vers la cour et les soldats qui ont envahi la cour, Gavin comprend également que leur petite émeute a fait son temps et lâche la lance pour se réfugier dans une tente comme n'importe quel innocent apeuré par les événements. <br />
Eldan n'a pas la même présence d'esprit et, lorsque trois hommes d'armes avancent vers lui, l'adrénaline qui bat dans ses veines le pousse à tenter de leur tenir tête. Deux blessures plus tard, acculé contre la porte de la remise, il ne peut que faire mine de se rendre en posant piteusement le glaive hérité de son père pour se donner le temps de décrocher derrière lui la barre de la porte, déjà à moitié dégagée par Gavin quelques heures plus tôt. Lorsque les gardes avancent pour l'arrêter, Eldan bondit par la porte soudain libérée, claque le battant au nez des soldats et replace la barre avant qu'ils n'aient pu l'en empêcher.<br />
<br />
Lorsqu'un carreau d'arbalète cloue soudain le crâne du messager contre le portail de l'auberge, son compagnon s'arrête net de cogner pour qu'on lui ouvre mais n'a que le temps de pousser un cri avant qu'une flèche de Herle le réduise au silence. Désormais repéré mais toujours déguisé, le Défroqué décide d'exploiter au mieux la situation et s'avance à découvert en hurlant l'un des rares mots de lange des Vents qu'il maîtrise à l'attention des défenseurs : "KOOOORME !" scande-t-il en défiant les hommes aux créneaux, qui lui répondent à coups de flèches.<br />
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=== La Grange (Vignu, Andreas, Le Grêlé, La Poigne, Eldan, Oleytan) ===<br />
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S'étant fait ouvrir la porte de la tour ouest par Le Grêlé, Andréas le suit par les remparts jusqu'au grenier où Vighnu tente maladroitement de panser les blessures de La Poigne. Andréas n'obtient guère de meilleurs résultats pendant que ses compagnons descendent dans la grange où Eldan arrivent bientôt par la remise. "Les gardes sont à mes trousses" explique-t-il bien inutilement puisqu'on les entend marteler la porte barrée. D'autres coups et des voix retentissent bientôt au portail verrouillé de la grange : "Darjodrahl ? Un type vient de rentrer par la remise, est-ce que tout va bien ?!".<br />
<br />
Nos voleurs échangent des regards atterrés, Le Grêlé colle une taloche à Eldan pour sa peine et le corps sanglant du Hornois continue de goutter un sang poisseux à travers le plancher du grenier pendant que les gardes s'énervent à l'extérieur quand, finalement, Vighnu tente d'imiter le phrasé rogue et guttural de son ami Barbaras : "Ouais ! J'l'ai vu mais il s'est tiré ! Tout va bien !" répond-il avec son meilleur accent Hornois. Quoiqu'un peu hésitant, le garde de faction finit par répondre "Faîtes attention quand-même, hein, on dirait bien que des Kormes sont à nos portes..." mais s'éloigne lorsqu'un grognement de hornois met fin à la conversation.<br />
Alors que tous soupirent de soulagement, Oleytan les avertit depuis le grenier d'où il surveillait les alentours par la porte du grenier, ouvrant directement sur la cour : <br />
_Pssst, y a des guerriers plein les remparts et c'est la panique dans tout le fortin. Qu'est-ce qu'on fait ? <br />
_Et surtout, qu'est-ce qu'on va faire demain, quand il faudra ouvrir la grange pour laisser partir la roulotte de Dorian et qu'ils trouveront le corps de Darjodrahl ?<br />
_Surtout qu'Eldan est maintenant complètement grillé, pis y a des gars qui risquent de finir par l'identifier... <br />
_Et j'ai perdu le glaive de mon père." ajoute l'intéressé d'un ton chagrin.<br />
Mais à l'extérieur, les appels redoublent et les soldats commencent à vérifier toutes les portes à la recherche de "l'espion des Kormes" qu'ils croient poursuivre...<br />
<br />
=== Feinte (Le Grêlé, Eldan) ===<br />
<br />
Dehors, Trevan a sauté sur un cheval qu'il cabre en brandissant sa lame juste au-delà de la portée des archers, pendant que Diane récupère ses carreaux, aussi précieux que compromettants, sur les corps qui lui sont accessibles. Un cri retentit alors sur le rempart sud : "Il est là ! L'espion Korme s'enfuit par l'ouest !" Après avoir ainsi ameuté tout le monde dans et hors les murs, Le Grêlé, toujours en livrée de la garde se précipite vers la tour ouest suivi par Eldan. Après s'être barricadé, ils rejoignent bientôt le sommet. "Il est là ! Attention ! Il va sauter !" hurle le Grêlé alors qu'une silhouette à peine noircie bascule par-dessus le rempart. Au pied de la tour, Herle a également sauté à cheval et puisque les trois "kormes" à l'extérieur ne semblent pas réagir à la ruse, le "garde" s'écrit encore : "Ses compagnons viennent le chercher ! Il va s'enfuir, vite !" Et de tirer quelques flèches aux buissons, pendant que Trevan et Diane ramassent le compromettant cadavre du garde étranglé plus tôt par La Poigne, et disparaissent au grand galop vers la forêt.<br />
Soldats et mercenaires envahissant les remparts, Le Grêlé et Eldan se retrouvent vite coincés de toutes part et, utilisant la corde et le grappin à leur disposition, ils descendent le long du rempart sud et disparaissent à leur tour dans les bois sans avoir été remarqués. "Bon, ça nous aura fait gagner un peu de temps, constate Vighnu depuis le grenier, mais on a encore du boulot…"<br />
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=== Dans la grange (Gavin, Vignu, Andreas, La Poigne, Oleytan) ===<br />
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Après avoir discrètement permis à Gavin de les rejoindre par la remise, nos cambrioleurs retranchés dans la grange découvrent bientôt sous les linges et couverture du "chariot de draps" quatre gros coffres ferrés, fermés par des cadenas et liés au fond du véhicule par de lourdes chaînes. "Bordel, comment est-ce qu'on va ouvrir ça ?"<br />
Vighnu, peu habituer à la serrurerie malgré ses doigts de fée, casse le seul crochet sorti de la besace de Gavin, l'Écuyer essaye à son tour avec un long clou mais sans plus de succès et Le Grêlé lui-même y épuise ses maigres compétences. "Nan mais c'est pas possible, y en a pas qui sache crocheter dans cette équipe de voleurs ?!_Ben y avait le Moineau..._Et merde !!!". Persuadés que la clé des coffres doit se trouver sur l'homme de confiance du cuivré, Vighnu, Andréas et Gavin fouillent et refouillent deux fois le corps du Hornois à sa recherche : rien. "Merde ! Merde ! Merde !_Bon, allez, on reprend du début, c'est forcément là, quelque part et on s'y met tous..." Pendant que La Poigne se repose de ses blessures, les armes, l'armure, les bijoux, les vêtements, les bottes, la bourse, les poches et le cadavre de Darjodrahl sont ainsi inventoriés et retournés dans tous les sens par les voleurs au désespoir jusqu'à ce que, finalement, Gavin remarque que son gros médaillon cliquète curieusement quand on le secoue. Vighnu et lui s'acharnent sans résultat sur l'objet, jusqu'à ce que le chroniquer, habitué aux casses-tête, saisisse comment le pendentif peut être dévissé et révèle bientôt la clé tant espérée ! Et dans chacun des quatre coffres qu'on leur avait pourtant défendu d'ouvrir (mais Herle et Eldan ne sont justement plus là pour faire des remarques), nos héros trouvent des douzaines de lingots : argent, cuivre, étain, bronze... Il y a là toute la production que Solerane destine à la prévôté, mais aussi la part des mines d'argent qui revient à l'état-major : en tout, c'est près de 200 lingots et donc quelques 250 kilos de métaux qui s'offrent à leurs yeux ébahis. "Gavin, remet illico ce que tu viens de glisser dans ta besace : tout ça est maintenant la propriété de notre Capitaine._Pfff…"<br />
<br />
Andréas inspecte ensuite la roulotte de Dorian le Magnifique, occupée aux deux tiers par une épaisse couchette couvertes de coussins, des filets de marchandises pendant du toit et jusque entre les roues, des étagères couvrant tout le tiers arrière : <br />
_Ah ben il voyage dans le luxe, le fumier.<br />
_Si j'avais une minette comme la sienne, moi aussi j'passerais les trajets à baiser, tu peux me croire !<br />
_Oh pis dis-donc : des fioles variées, des épices, de l'argenterie, de la verrerie, des bijoux, de la nacre, des miroirs : il vend que du luxe, le gars !<br />
_Crénom dîtes, c'que c'est beau !<br />
_Gavin, repose ça tout de suite : pas question que le Magnifique s'aperçoive qu'on a touché à sa roulotte." <br />
Andréas jugeant que la caisse du véhicule est assez profonde pour qu'on y étale les lingots en un tapis bien lisse que les occupants de la couchette ne devraient pas trop remarquer, il n'y a plus qu'à attendre la diversion prévue pour commencer le transfert du chariot vers la roulotte…<br />
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=== Diversion (Trevan, Herle, Eldan, Diane) ===<br />
<br />
Il ne reste plus qu'une ou deux heures avant l'aube lorsque Trevan, Herle, Eldan, désormais tous maquillés en Kormes, se répartissent autour du fortin et, à l'aide du mélange d'essences et d'huiles piochées au hasard dans la trousse alchimique de Vighnu (fallait pas la laisser à l'extérieur), enflamment des flèches qui produisent des couleurs plus qu'aléatoires avant de siffler au-dessus des bâtiments pour s'écraser sur les toits de chaume humides où tomber dans la cour, n'enflammant que quelques tentes vite éteintes. C'est néanmoins suffisant pour que Diane puisse se faufiler par le sud jusqu'au portail, et récupérer le dernier carreau d'arbalète y clouant encore la tête du messager.<br />
"Les Kormes ! Les Kormes reviennent !" crie-t-on bientôt dans tout le fortin.<br />
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Dès que Lerkoren Oleytan a annoncé qu'une drôle de flamme bleuâtre venait de s'écraser dans la cour ("Rha les saligots !"), Andréas et Vighnu ont commencé à installer les lingots sous le matelas de la roulotte, pendant que Gavin et La Poigne garnissaient les coffres de fers à cheval, de pierres, d'une enclume et tout ce qui pourrait y simuler le poids et le bruit du butin subtilisé.<br />
Et c'est peu avant l'aube, ses compagnons s'étant effondrés de fatigue depuis un moment, qu'Andréas fini seul d'arranger la roulotte pour camoufler avec le plus grand soin son chargement secret...<br />
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== Récupération du trésor et autres péripéties ==<br />
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[À partir de là, la fin du scénar à été jouée en "flashbacks" successifs jusqu'au combat final. J'utilisais Herle de Lorune, orphelin de joueur depuis plusieurs séances, pour poser des questions auxquelles les joueurs répondaient pour déclencher un flashback. Chacun avait le droit de d'initier deux scènes : l'une contant comment un de leurs camarades avait réussi un exploit et une autre collant à un autre PJ la responsabilité d'un échec, ce qui nous permettait de ne jouer que les scènes "intéressantes" et de faire un peu de montage alterné. <br />
Comme la scène "de débriefing" se jouait presque en aveugle, seul Loriel savait dès le départ que son perso, Vighnu Pratesh, avait survécu (mais bon, comme il avait accumulé 7pH, je me doutais qu'il ne mourrait pas dans cet Épisode) et les autres joueurs ignoraient si ce qu'il affirmait était vrai, ou simplement un mensonge pour conforter le templier blessé... Évidemment, chacun commençait son premier flashback avec toutes ses jauges à fond, mais devait ensuite gérer les pertes et les récupérations de scène en scène, et les joueurs ont souvent ajouté des détails pour régénérer de la Tension ou se passer la patate chaude. Ça a été un peu décousu, la règle "un exploit d'autrui et une bourde d'autrui par joueur" n'a pas complètement été respectée mais, globalement, ça a donné un final intéressant à cet Épisode qui commençait à traîner en longueur...] <br />
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=== Réveil de Herle ===<br />
<br />
Il fait très froid aux abords du col et l'obscurité règne sous les sapins gelés. Vighnu, transi jusqu'aux os, scrute pourtant les alentours lorsque, quelques mètres en contrebas, Herle bascule du cheval où il l'avait attaché : au contact de la neige, il émerge pour la première fois du sommeil où l'avait plongé l'hémorragie et ses profondes blessures et tend la main vers le fehnri, qui s'empresse à son chevet. <br />
_E... Eldan... où est...le Moineau ?<br />
_Il n'est pas loin, il est parti en éclaireur.<br />
_Gnnh. Le butin ?<br />
_Pas loin non plus, en arrière, sur les bêtes.<br />
_On a... on a réussi ?<br />
_Oui, on a réussi.<br />
_Alors putain, d'où ils sortaient ces types ?<br />
_C'est la faute à Eldan, il était en avant lors de l'embuscade, mais il a laissé passé les gars qui descendaient de l'autre convoi par le nord..."<br />
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<br />
=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Dans la forêt matinale, à une volée de flèche de la route vers Solerane, Eldan est en train de soulager sa vessie contre un arbre lorsqu'il aperçoit une silhouette évoluant à croupetons parmi les buissons. Il n'a que le temps de se jeter derrière un tronc qu'une flèche en racle l'écorce. Pendant que notre éclaireur se rajuste et encoche lui-même un trait dans son arc, l'ennemi tire une deuxième flèche et atteint le cheval du Moineau, qui s'enfuit dans la forêt. "Rha zuuuteuh !"<br />
Eldan riposte, manque, se remet à couvert et commence à manœuvrer pour s'approcher de son adversaire lorsqu'il aperçoit un deuxième homme, s'approchant furtivement depuis la route une hache à la main. Le Moineau tire une nouvelle flèche à l'archer adverse, le blesse légèrement et jette un coup d’œil pour surveiller l'approche du second ennemi : comprenant qu'il est repéré, l'homme à la hache profite de ce que l'éclaireur a décoché pour charger en levant sa hache. Lâchant son arc, Eldan dégaine son fidèle glaive pour le recevoir..._Mais tu l'avais paumée, l'arme fétiche héritée de ton père ! Grâce à qui l'as-tu retrouvée ?_Grâce à Gavin, qui l'a ramassée pendant que les soldats tentaient d'enfoncer la porte de la remise après que je m'y sois enfermé !<br />
<br />
=== Témoignage de Gavin ===<br />
<br />
Gavin est en train de cavaler à travers la cour de l'Auberge, l'épée d'Eldan sous le bras. Sur les remparts que l'aube éclaire à peine, c'est la panique et tout le monde hurle "Les Kormes ! Les Kormes reviennent ! Tous aux créneaux !". Le problème de Gavin, c'est qu'en se levant au matin dans la cour endormie, le beau glaive à la lame gravée (d'une femme nue : "Rho chouette !" fait Gavin) sous le bras parce qu'il ne voulait pas prendre le risque qu'on le lui vole, il a décidé de pisser derrière un pilier où, par malchance, dormait un garde (vous voyez comment les joueurs ont créé un fil rouge héroïque de scène en scène ? "J'étais en train de pisser quand..."). Éclaboussé et immédiatement réveillé, le soldat a ouvert les yeux pour voir l'écuyer "armé" levé au-dessus de lui et s'est mis à crier "Aleeeerte !". Coup de bol, c'était vraiment l'alerte puisque c'est le moment qu'ont choisi des dizaines de Kormes pour s'avancer sur le pont...<br />
Gavin cavale de son mieux entre les dormeurs et les tente, sachant que la plupart des autres sont déjà partis, il cherche une cachette ou un moyen de s'enfuir du fortin, mais le portail est à peine refermé et, en plus du furieux trempé d'urine qui le poursuite avec sa hallebarde, les guerriers commencent à s'accumuler aux remparts.<br />
"Heureusement, Herle est venu à la rescousse !" précise Orlanth, utilisant son "exploit d'un autre PJ" pour s'en sortir. Bon, là, comme techniquement Herle est un PNJ depuis déjà deux ou trois séances, c'est moi brièvement qui raconte.<br />
<br />
En effet, la porte pas encore barrée craque soudain sous l'impact d'un chariot utilisé comme bélier par trois "Kormes" plus ou moins chevelus : Diane, Trevan et Herle de Lorune sont venus évacuer leurs derniers camarades (et permettre aux vrais Kormes d'investir le fortin, histoire que les dégâts ainsi causés camouflent autant que possible l'intervention du commando). Sous la volée de flèches qui pleut alors autour d'eux, les trois peinturlurés décrochent à toute vitesse, plus ou moins suivi par Gavin qui part dans une direction légèrement différente avec l'air du pauvre hère pris dans la tourmente. Un coup d’œil alentour lui révèle d'ailleurs plusieurs dizaines de Kormes progressant par le pont vers la herse baissée en échangeant des traits avec les défenseurs de la grande tour, et de petits groupes épars traversant le fleuve accrochés à des radeaux : l'écuyer s'enfuit vers l'ouest sans demander son reste, et retrouve bientôt le reste du commando. "Hé mais c'est mon épée !" s'exclame Eldan en voyant arriver Gavin. "Celle-là ? Non, non, j'l'ai trouvé à l'Auberge..._Après que je l'ai lâché devant les gardes, ouais ! Rends-moi ça !_Rho mais-heu…"<br />
<br />
=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Retour dans la forêt : Eldan dégaine donc le précieux glaive hérité de son père puis sauvé par Gavin... et pare le premier coup de hache de son adversaire. Il reste au plus près de l'ennemi pour gêner le tireur qui se rapproche par le nord et, lorsque son opposant trébuche sur une racine [1pH pour éviter d'être gravement blessé par un coup de hache], Eldan le sèche pour le compte d'un grand coup du plat de la lame sur l'oreille, puis roule vivement dans les buissons pour éviter la flèche que l'archer lui décoche une fois son angle de tir dégagé. Bondissant d'arbre en couvert et de tronc en fourré, Eldan se rapproche de lui et, lorsqu'il n'est plus qu'à une 10aine de mètres, le dernier trait décoché à peine rebondit contre l'écorce d'un sapin, le Moineau fonce au contact : l'autre n'a que le temps de tirer sa dague que la lame gravée lui tranche l'épaule, éclatant le trapèze, l'omoplate et la clavicule dans une gerbe de sang. L’hémorragie finit de l'achever pendant que notre éclaireur souffle un peu, découvre le tatouage de la Confrérie du Chacal sur la poitrine de l'archer et lève enfin le nez vers la route quand il entend passer le tonnerre de chevaux aux galop : 6 ou 7 cavaliers foncent à bride abattue vers le sud, d'où monte déjà la clameur d'un combat, puisque l'embuscade y a commencé. "Meeeeerdeuh !" s'écrie Eldan en repartant vers le sud à toutes jambes.<br />
<br />
=== Herle ===<br />
<br />
Serrant son poing massif sur la cape enneigée de Vighnu, Herle de Lorune commence à s'énerver : <br />
_Mais par les Pères tu vas me dire comment vous avez rattrapé le chariot, à la fin ?". <br />
_C'est grâce à Vighnu, intervient le Moineau qui vient de sortir de l'ombre [puisque là, on peut raisonnablement supposer qu'il n'est pas mort] "Il a réussi à trouver des chevaux, puis à nous guider à travers la campagne pour atteindre la forêt avant la roulotte du Magnifique. Il a été formidable ! <br />
_Mais comment vous avez fait pour sortir le butin de l'Auberge ?!? <br />
_Oh ben ça, c'est grâce aux...heu... talents d'imitateurs d'Andréas…"<br />
<br />
=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
L'aurore pointe à peine sur la cour de l'auberge encore à moitié endormie quand Dorian le Magnifique et sa suite, fraîchement augmentée de plusieurs mercenaires recrutés sur place, exige du Lieutenant Sanderen (commandant le fortin pour l'Armée du Nord) qu'on ouvre les portes à sa roulotte, parce qu'il refuse de rester plus longtemps dans un relais aussi mal défendu. L'officier ne s'était d'ailleurs pas levé si tôt pour se faire emmerder par des marchands et grimpe sur la margelle du puits pour annoncer d'une voix forte que, le fortin étant assiégé depuis cette nuit, tout ceux qui auraient encore la mauvaise idée de s'en prendre aux défenseurs -pour des raisons de taxe ou d'insatisfaction quant au couchage- seraient considérés comme complices des Kormes et pendus aux murailles !<br />
<br />
Un soldat vient alors cogner à la porte de la grange où Andréas, caché dans la remise, vient juste de finir un splendide dessin de Darjodrahl, assis dans l'ombre dans une attitude aussi distante qu'agressive, qui va lui permettre de concentrer sa magie [il a créé un puissant sort de Chimère sur tout le rez-de-chaussée de la grange, lui permettant d'y animer un personnage d'autant plus crédible dans sa mauvaise humeur qu'il se base sur l'altercation de la veille entre Sanderen et le Hornois]. Évitant de croiser le regard mauvais du guerrier qui les admoneste depuis le coin obscur de la pièce, le marchand et ses hommes se dépêchent de sortir leur carriole, d'y atteler les bœufs et de quitter l'Auberge. Pendant qu'on referme le portail derrière la suite de Dorian, l'agitation et sa vessie tirent bientôt Gavin du sommeil et, dès que l'écuyer se met à cavaler poursuivit par un hallebardier, Andréas profite de la confusion pour quitter la grange sans être remarqué et aller se recoucher dans un coin... Lorsque, évidemment, les Kormes attaquent.<br />
<br />
[Précision rigolote, mais que les PJ ignorent : quand les joueurs on demandé ce qui avait provoqué l'attaque des Kormes, je leur ai expliqué qu'ils surveillaient évidemment depuis des semaines le fortin et le pont contrôlant le passage vers le nord-ouest de la Région des Lacs, et qu'ils ont décidé de passer à l'action quand, cette fameuse nuit, il est devenu manifeste que des "camarades" assiégeaient l'endroit depuis la rive gauche et envoyé des signaux à coups de flammes colorées : le temps de s'organiser, ils ont donc profité de l'occasion pour tenter de prendre la position. "Mais c'est notre faute si les Kormes ont attaqué ?!!_Hé, oui : vous êtes très forts.."]<br />
<br />
"Mais vous... demande Herle, comment vous êtes sortis de là ?_Oh ben nous on a profité d'une corde dégottée par Gavin dans la grange pour se tirer par les remparts comme on était venus, un peu avant l'attaque. Tu t'en souviens pas ? On vous a retrouvé à l'extérieur, avec les chevaux.<br />
[Les joueurs font quelques jets pour confirmer cette version de l'histoire, et payent 1pH pour cette histoire de chevaux : entre ceux qu'ils ont amenés eux-mêmes et le troupeau dispersé dans la nature, c'était raisonnablement probable d'en trouver pour tout le monde.]<br />
On a juste eut quelques ennuis à cause de Diane qui était restée en arrière..."<br />
<br />
=== Témoignage de Diane ===<br />
<br />
Pendant que Herle, Trevan et Gavin évacuent vers l'ouest, l'Arbalétrière s'est en effet arrêtée pour se nettoyer à grande eau (parce que les peintures de guerre, ça colle affreusement dans les cheveux longs). Elle est d'ailleurs en pleine toilette quand une bande de Défunts, trempés d'avoir traversé le fleuve glacé à la nage, prennent pied sur la rive et la considèrent avec circonspection : d'abord parce qu'elle est, sinon jolie, du moins sculpturale [Physique 4, Athlétique 4, Allure 4 : elle ressemble à une héroïne d'Adam Hughes], ensuite parce qu'elle est manifestement en train de se débarrasser de peintures semblables aux leurs, qu'elle revient d'avoir enfoncé le portail du fortin et que les Kormes s'attendaient à trouver des camarades sur cette rive. Sauf que Diane a des cheveux, et ça, c'est pas normal... "Ben quoi bande de débiles, leur balance-t-elle alors en Langue des Vents, vous allez rester là à mater ou vous êtes venus pour participer à l'assaut ?!? Bougez-vous le cul merde, on est pas là pour roupiller !" [Et de faire une énorme réussite sur son un jet de Social+Langues Étrangères+Allure+Intimidation+Volonté.] Un instant médusés, les Kormes saluent respectueusement cette guerrière étrange qui ne peut être qu'une cheffe influente et vont se joindre au combat, l'un d'eux tendant même un carré de tissu à la Kerdane pour qu'elle finisse de s'essuyer...<br />
"Comme quoi c'est carrément pas ma faute, ajoute l'arbalétrière qui vient de sortir de l'ombre auprès du templier blessé : j'avais même réglé le problème quand ce crétin de Vighnu est venu foutre sa merde !"<br />
<br />
=== Témoignage de Vighnu ===<br />
<br />
[Un jet d'orientation particulièrement raté pour retrouver les autres après avoir rassembler des chevaux vient en effet de basculer une 10aine de pions dans la case de Tension de Vighnu, qui a par ailleurs toujours des pions de Marque psychologique (anciennement appelés "Traumas") suite à sa crise sentimentale avec Islinna (et qu'il essaye d'évacuer depuis 3 séances). Il est donc très largement en Surtension...]<br />
À quelques centaines de mètres à l'ouest du fortin, ses compagnons en train de sauter sur les montures qu'il vient de leur procurer, Vighnu aperçoit à la lisière des arbres encore obscures une jeune et belle jeune fille rousse (il reste de la peinture rouge dans les cheveux de Diane) portant un manteau emishen et entourée d'une 15aine de Kormes... Son sang ne fait qu'un tour (sans passer par le cerveau) et l'assassin s'élance au grand galop en hurlant "ISLIIIIINNAAAAAAA ! J'ARRIIIIIIVE !" avant que ses camarades n'ait seulement pu songer à le retenir.<br />
<br />
Diane voit alors le Fehnri surgir de la nuit comme un diable, les Kormes qui s'éloignaient déjà ralentissent à l'arrivée de l'intrus et, chargeant toujours, Vighnu bondit de son cheval sur le pauvre gars qui tendaient une serviette à la guerrière et l'égorge d'un grand revers de son katara en beuglant "Touche pas à ma copiiiine !". "Mais t'es complètement taré ! J'suis pas ta gonzesse !", s'écrie Diane alors que l'assassin halluciné se relève souplement, quoiqu'un peu confus et couvert de sang, pendant que "l'innocent" Korme agonise dans l'herbe haute. Et tous les Kormes alentours de se ruer vers eux en brandissant leurs armes. Sautant à cheval, la Kerdane furieuse et le Fehnri honteux essuient de justesse quelques flèches, javelots et hache de jet mais parviennent à dégager à fond de train avant d'être encerclés.<br />
<br />
Lorsqu'il rejoignent Eldan, Herle, Trevan, Gavin, Le Grêlé, Oleytan et La Poigne maintenant tous en selle, Vighnu ne prend même pas le temps de s'expliquer : "Dorian et le butin doive être loin devant nous, maintenant : on va couper la plaine par l'ouest à bride abattue, les doubler avant la forêt et les attendre au premier guet !_C'est moi ou on aura passé la moitié de cette mission à cavaler derrière des convois ?_Ferme-la et galope !".<br />
<br />
_Oui heu bon, toi qui a fait vœu de chasteté tu peux pas comprendre mais les femmes, tu vois, ça te mélange tout dans la tête et... <br />
_L'embuscade, par les Pères ! Raconte-moi l'embuscade ! <br />
_Haem donc, comme je te le disais, Diane a organisé une embuscade aux petits oignons, mais on a eu des visiteurs imprévus…"<br />
<br />
<br />
<br />
== L'embuscade ==<br />
<br />
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<br />
[Après s'être tous reposés pendant une Scène grâce à l'avance prise dans la course, Diane fait un gros jet de préparation avec le soutien de tous ceux qui ont quelques scores de Tactique, de Camouflage ou d'Embuscade (et dans un groupe de mercenaires du nord, ils sont nombreux) pendant que Vighnu fait un solide jet de camouflage pour tout le groupe : bénéficiant d'un confortable bonus tactique réparti sur plusieurs personnages, d'un excellent point de vue pour la tireuse d'élite et d'une Difficulté de repérage monstrueuse, les PJ et leurs camardes sont prêts à ne faire qu'une bouchée de l'équipage du Magnifique…]<br />
<br />
Le timide soleil matinal jaunit les nuages gris et la pluie qui n'en finit plus de détremper la forêt, gonflant en torrent le ruisseau qui coupe la route de Solerane, juste au pied d'un trio de gros rochers de grès surplombant de leur butte une myriade de petits blocs, le gué et la route. Invisibles derrière les rocs et bosquets alentours, les vaillants mercenaires de Tal Endhil, confiants dans la garde d'Eldan ½km au nord, observent la lente arrivée par le sud de la roulotte fermée et escortée par deux cavaliers et cinq fantassins. <br />
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Image<br />
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Les éclaireurs à cheval de Dorian le Magnifique avancent en effet à pas prudents dans le torrent, pleinement conscients de traverser un splendide site d'embuscade, mais sans parvenir à repérer les guerriers déguisés en Kormes qui attendent le signal de Diane, postée au sommet des rochers, pour les assaillir de quatre côtés. La Kerdane laisse avancer les cavaliers le plus loin possible et, lorsque le premier d'entre eux menace a déjà largement dépassé les rochers et risque d'être bientôt hors de portée de la redoutable arbalétrière, elle l'abat d'un carreau en pleine tête [encore un, il faut dire qu'Orlanth soigne ses jets de tir et mise systématiquement en Visée] dès qu'il échappe à la vue de ses compagnons. Ce n'est que lorsque le garde du corps personnel du marchand commence à donner des signes d'inquiétude, un musclé patibulaire et couturé de cicatrices qui se désaltère au bord du torrent tout en jetant des regards insistants alentours, qu'un deuxième carreau démonte le second cavalier sur la rive nord, déclenchant l'assaut : avant qu'un des éclaireurs ait pu finir de crier "Aleeer..." des flèches fusent de toutes part, les grands couteaux de jets pris par Vighnu sur le corps du Hornois tournoient dans les feuillages, des guerriers jaillissent de chaque buisson et, en quelques secondes, la majorité de l'escorte agonise sur la terre bourbeuse du chemin. Mais les battants de bois sur le flanc de la roulotte viennent de s'ouvrir, libérant une appétissante fehnri à peine couverte d'une fourrure qui s'enfuit à toutes jambes à travers bois :"Oh m'am'zelle, reviens ! Faut pas courir toute nue dans les bois comme ça !" s'écrit Gavin-le-Korme-du-Terroir (pour récupérer quelques pions de sa Réaction "Plouc") avant de s'élancer à ses trousses, croisant la route du marchand courant à la suite de sa compagne dans son seul pantalon (mais sa cassette sous le bras, emballée dans une couverture)…<br />
<br />
"Cavaliers au nord !" signale alors Diane d'une voix forte, avant de tirer un nouveau carreau sur le premier des hommes qui viennent de croiser Eldan. "Soldats au sud !" lui répond la voix du Grêlé qui vient de repérer les quelques hommes de Jornil et de Sanderen partis du fortin après avoir repoussé les Kormes (qui n'ont jamais réussit à prendre la grande tour pour ouvrir la herse barrant le pont), découvert le corps de Darjodrahl dans la grange, vérifié le contenu des coffres et s'être lancé "à la poursuite du marchand félon" (et qui viennent de freiner d'un coup en découvrant l'escorte massacrée par les "Kormes", qui sont décidément partout).<br />
<br />
=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
"Attendez... et le chroniqueur-à-tout-faire, il était où, là ?_Heu... hé bien figure-toi qu'il y a eut un miracle, une véritable apparition divine, comme récemment à la Mine Bénie : c'est dire si les Pères sont avec nous !"<br />
Quand une poignée de Kormes franchit le parapet et commence à s'en prendre aux voyageurs piégés dans la cour, Andréas se précipite vers la seule porte qui n'ait pas encore été solidement bouclée, celle de la chapelle, entraînant à sa suite quelques réfugiés paniqués. À peine la porte barrée par un banc, le mage évalue le cheptel à sa disposition, serré comme des sardines dans l'espace exigu entre les piliers sculptés représentants les huit Premiers : il y a là la jeune voleuse, le vieux conteur, le garçonnet à la vielle et l'acrobate-détrousseur (soudain gêné de se découvrir barricadé dans une pièce de 9m² avec "l'intimidant" érudit), un jeune soldat affolé (qui a lâché sa pique au premier signe de danger), une des servantes de l'auberge et une commère serrant une poule dans ses bras tremblants. <br />
<br />
Des cris (et des caquètements) de terreur accueillent les premiers coups de hache qui s'abattent sur la porte, mais Andréas Odran connaît la manœuvre : "Prions mes frères, les exhorte-t-il avec toute la force de sa conviction ! Prions que les saints Pères viennent à notre secours ! Chantez-tous avec moi !" La chorale improvisée entonne alors un antique où l'angoisse se mêle à la ferveur religieuse. Lorsqu'une cognée d'acier fini par percer entre les planches de chênes, le mage décide d'accélérer le mouvement et sort la Sphère de Pouvoir de son havresac : "Mes frères, ceci est une Sainte Relique Première dont la bénédiction nous protégera des ennemis du culte ! Tendez les mains pour la toucher et concentrez-vous sur le chant ! Les Pères sont avec nous !".<br />
<br />
Et siphonnant un maximum d'Énergie à ses coreligionnaires sans trop leur demander leur avis (pas plus qu'à la poule), Andréas remplit son focus au maximum pour lancer un sort de Chimère assez puissants pour effrayer les Kormes... lorsqu'il lui semble qu'une forme tout à fait imprévue émerge de la sphère d'or rouge. Le chroniqueur commence même à distinguer une silhouette humanoïde lorsque, son sort se déclenchant en vidant d'un coup toute l'Énergie accumulée dans la sphère, "l'intrus" disparait avec une sorte de cri muet.<br />
<br />
Dans la cour, c'est par contre carrément la stupeur : Herem, Second Fils des Étoiles, Premier Seigneur des Batailles, vient de se matérialiser quelques mètres au dessus du puits, brandissant son épée enflammée sur le fond sombre de cette aurore pluvieuse. La plupart des soldats en restent tétanisés, des réfugiés se jettent à terre en signe de soumission, d'autres prient à genoux sur les pavés et les Kormes, eux, refluent en désordre devant cette apparition divine.<br />
Lorsque les choristes de choc émergent de la chapelle dans une sorte de stupeur incrédule, il leur faut plusieurs minutes pour s'apercevoir que le saint érudit et sa relique on déjà disparu par le portail enfoncé de l'auberge…<br />
<br />
=== L'embuscade encerclée ===<br />
<br />
Dans la forêt humide se joue une dangereuse partie de cache-cache : après que deux d'entre eux aient été blessés par des carreaux d'arbalète en arrivant du nord à bride abattue, les Chacals lancés à la poursuite de nos héros ont démonté pour se disperser à couvert dans les sous-bois, les soldats et mercenaires arrivant du sud ont pris le maquis en découvrant les cadavres dispersés sur la route et les auteurs de ce carnage se sont pour la plupart dissimulés tout autour de la clairière envahie de rochers, progressant prudemment à la recherche des nouveaux arrivants. <br />
[Après la phase de "tir au pigeon" de l'embuscade, le groupe vient de passer en Duel global, tous les combattants dispersés à travers la map répartissant leur mise entre le repérage (attaque), la dissimulation (défense) et le déplacement, jusqu'à rencontrer des ennemis et basculer en combat à distance ou tenter de rentrer au corps à corps. Le récent module de calcul des distances de combat a donc beaucoup servi, de même que les Positions tactiques (camouflage de la végétation, couvert des rochers...), la surprise, les charges soudaines, les combats à plusieurs adversaires... Ce fût une belle démonstration tactique (Diane a particulièrement brillé) et une belle scène finale, qui aurait mérité d'être mieux décrite si je n'avais pas eu 5 ou 6 combats à gérer en même temps. Au passage, Humphrey B jouait Herle de Lorune pendant l'absence d'Andréas.]<br />
<br />
Dés le début, Gavin est pris dans une bagarre désordonnée à coups de couverture, de cassette et de poings contre Dorian le Magnifique pendant que la belle fehnri disparaît dans les bois ("Une courtisane fehnri avec un gros score de discrétion associée à un marchand-escroc ? Tiens donc..."), Le Grêlé a rejoint la roulotte pour régler son compte à la petite servante qui s'y cachait encore (et "s'amuser un peu" avec elle : ça reste un mercenaire sans scrupule, hein), Eldan essoufflé rejoint le "champ de bataille" par le nord, Vighnu et La Poigne convergent vers les soldats qui contournent par le sud-est, Herle abandonne son arc pour foncer tout seul par le flanc ouest (il faut bien justifier de son état futur en le jouant "imprudemment"), Trevan et Diane quittent discrètement les gros rochers en cherchant à repérer leurs nouveaux adversaires...<br />
<br />
Après quelques instants de louvoiement discrets dans les bois, le premier accrochage intervient quand deux soldats franchissent le ruisseau en aval du gué et sont interceptés par La Poigne et Vighnu : si le gros benêt diminué par ses blessures est vite repéré et pris dans un laborieux corps à corps, l'assassin blesse un de ses adversaires d'une dague de jet avant de surgir derrière lui pour le poignarder, employant le corps du mourant comme bouclier contre les attaques de deux autres soldats qui venaient à son secours. En un instant, Vighnu balance le mort sur ses congénères, éventre l'un et abat l'autre d'une dague de jet dans la gorge, pendant que La Poigne enfin dégagé éclate le crâne du dernier à coups de gourdin.<br />
<br />
Après avoir éclaté le nez du marchand d'un direct bien placé, Gavin lui arrache sa précieuse cassette et, laissant le "Magnifique" sonné assis dans l'herbe, accourt vers la roulotte en entendant les cris d'effroi de la petite servante. N'écoutant que ses élans chevaleresque, il sonne Le Grêlé d'un grand de cassette sur le crâne et, après avoir tenté en vain de calmer la pauvrette (faut dire qu'il est grimé en Korme et qu'elle passe une matinée épouvantable), l'écuyer la laisse s'enfuir dans la forêt et part à la recherche d'une arme plus approprié en voyant se rapprocher les mercenaires du fortin.<br />
<br />
Sur l'autre flanc, Herle (sans arc, donc) s'est fait prendre en tenaille par deux tireurs, a reçu une flèche dans le côté et, pendant qu'il tentait de choper son agresseur au contact, l'autre a surgit de flanc pour lui ouvrir la cuisse à coup de glaive. Blessé et à deux contre un, il encaisse de son mieux lorsque Trevan de Rigorne charge en brandissant son épée, attirant l'attention de Diane qui progressait à croupetons dans le secteur : en une seconde, le premier chacal est décapité et le second s'écroule, un carreau d'arbalète dans l’oreille. Mais ils n'ont guère le temps de souffler car Le Moineau les appelle au secours !<br />
<br />
Déboulant sans s'en apercevoir au milieu des ennemis camouflés, Eldan est immédiatement pris par surprise et blessé. Il parvient néanmoins à faire chuter son adversaire et, roulant avec lui dans les feuilles mortes, les deux éclaireurs échangent coups d'épée, de pied et de poing en s'usant l'un l'autre, pendant qu'un chacal supplémentaire s'approche à pas de loup. Le Moineau le repère au dernier moment, appelle à l'aide, tente vainement de pousser l'ennemi qu'il a blessé dans les jambes de l'arrivant et encaisse une nouvelle blessure (il commence à être franchement mal en point) lorsque Trevan arrive à la rescousse, toujours au pas de charge et toujours couvert par Diane dont l'avant-dernier trait cueille l'ennemi debout juste sous l'omoplate, perçant le poumon.<br />
"Laisse-le moi !" gueule Eldan au chevalier errant et, donnant tout ce qui lui reste contre un ennemi soudain moins faraud, le Moineau prend finalement sa revanche en clouant son ennemi au sol d'un grand coup d'épée. Avant même que Herle rejoigne en boitant l'éclaireur victorieux, Trevan et Diane sont repartis au pas de course vers le flanc est, où des cris indiquent que Lerkoren Oleytan passe un mauvais quart d'heure.<br />
<br />
Car parti seul au nord pendant que l'on se battait près du ruisseau, le jeune Elloran a abattu le premier des "Chacals" qu'il a rencontré mais s'est ainsi fait repéré par deux autres : après un court échange de flèches en manœuvrant pour rester à couvert, Oleytan s'est fait chargé par les deux ennemis simultanément, a réussi à les entraîner dans un bosquet touffu pour les gêner au maximum mais commence à faiblir sans parvenir à se dégager et, lorsqu'il prend un coup de lance dans le mollet, ça commence à sentir franchement le roussi. "VIGHNUUUU !!!" appelle-t-il alors à pleine voix, pendant que l'intéressé, à plus de 200m de là, achève le dernier soldat qui s'enfuyait d'un magnifique lancé de couteau, qui l'atteint dans le dos à plus de 50 pas.<br />
<br />
Lorsque deux mercenaires ont abordé la roulotte et trouvé Le Grêlé étalé dans l'herbe, Gavin qui venait de cacher son butin dans les buissons a soudain été pris de remords. Ramassant l'épée d'un mort, il revient à pas prudents lorsque le combat éclate : Le Grêlé a laissé le premier adversaire s'approcher pour l'achever, a retourné la dague qui le menaçait dans l'estomac de l'ennemi et roulé sous la roulotte pour échapper aux coups de lance du second militaire. Le Grêlé est néanmoins blessé lorsque l'écuyer arrive alors pour achever d'un grand coup d'estoc le gars qui se tenait le ventre à deux mains et bondit sur le véhicule qui commence à avancer au ralenti, les bœufs n'aimant guère la nouvelle agitation qui secoue leur attelage. Son camarade sort alors de sous le chariot pour éviter de passer sous les roues et, maintenant à deux contre un, Gavin et Le Grêlé ont vite défait le dernier soldat, achevé d'un joli lancer d'épée dans le dos alors qu'il s'enfuyait.<br />
<br />
Trevan, Diane et Vighnu arrivent à quelques secondes d'intervalle au secours d'Oleytan, les deux derniers Chacals étant alors rapidement tués, le premier percé du dernier carreau de la Kerdane et Vighnu égorgeant l'autre après un bref corps à corps, d'abord à deux, puis trois puis quatre contre un.<br />
<br />
=== Fin des combats ===<br />
<br />
Essoufflés, les guerriers vainqueurs font brièvement l'appel : <br />
_La Poigne ? <br />
_Il souffle près du ruisseau, il a pris assez cher. Eldan ? <br />
_De l'autre côté, au nord, mal en point : il s'est mangé l'avant-garde tout seul avant de nous rejoindre, si j'ai bien compris. Herle est avec lui, blessé aussi, il a perdu connaissance. <br />
_Gavin et le Grêlé sont donc seuls avec la roulotte : faudrait pas trop traîner avant qu'ils se fassent des idées malhonnêtes..."<br />
<br />
Et pourtant, les deux hommes se réconcilient sur une base financière saine : ils font moitié-moitié sur le contenu de la cassette ("que c'est pas la peine d'embêté les autres avec des détails") et Le Grêlé oubliera qu'un certain écuyer a essayé de l'estourbir avec. A peine ont-ils partagé qu'arrive Andréas Odran sur un cheval fatigué, qui découvrent le massacre au bord du gué : "Dîtes-donc mais c'est carrément la guerre ici ! Je croyais que le but de toute l'opération à l'auberge était de pouvoir prendre le butin d'un chariot à peine défendu._Ouais ben y a eut des invités surprise..."<br />
Les valides font le tour du secteur, poussent le chariot hors de la route, rassemblent les camarades blessés pour que Vighnu et Andréas puissent les rafistoler, puis trient les cadavres au nombre desquels semblent se trouver (par la grâce d'1pH) presque tous les hommes du fortin susceptible d'identifier Eldan après ses exploits de la nuit précédente. "Alors on est bons, conclut le chroniqueur : j'ai vu les Kormes tuer les deux seuls autres qui nous aient regardé de près.<br />
_N'empêche que le Magnifique, sa poule et la servante se sont tirés. <br />
_Bah c'pas grave, ils témoigneront qu'ils ont été attaqués par les Kormes. <br />
_Mouais, sauf que Gavin a jugé utile de leur faire la causette. <br />
_Chiotte ! <br />
_Et sinon, d'où ils sortaient tous ces mecs ?<br />
_Ben ceux-là ont du vous poursuivre depuis l'auberge.<br />
_Celui-ci, il était déjà avec l'escorte au départ de Solerane, alors j'imagine que ceux du nord étaient à la recherche du messager qu'on a intercepté cette nuit.<br />
_Les Chacals qui nous attendaient avec le fourgon ont du appeler du renfort après qu'on aie commencé à leur tailler des croupières, parce que je pensais pas qu'il y en avait autant dans le secteur...<br />
_Le premier qu'a tué Herle le jour du départ, Jaromir et Rumbold que tu as dégommés avant de lâcher le convoi, ça fait déjà trois... <br />
_Au moins deux de plus, qu'on a tué avec Trevan et Gavin quand ils nous poursuivaient : ça fait cinq. <br />
_Cinq ou six avec Jorem Cuivré hier, vu qu'on a pas trop fait le détail. Disons 10.<br />
_Et aujourd'hui j'en compte cinq, dont au moins un emishen du clan des Rimdehl, en plus des derniers hommes de Jornil !<br />
_Tu oublies les trois qui sont morts au Cercle des Cascades au début de la semaine, ça fait donc 18 chacals éliminés en 8 jours. C'est du bon boulot, quand-même !<br />
_Façon de voir : moi ce qui m'inquiète, c'est qu'on puisse avoir deux dizaines de types armés dans notre secteur et ne nous en apercevoir que maintenant... Il faudra qu'on parle à ce trafiquant de sel que connaît Eldan, celui qui a présenté Jaromir au fils Cuivré : je crains que l'implantation des Chacals soient plus avancé qu'on ne l'imaginait."<br />
<br />
Rassemblés et ayant brièvement le temps de souffler pour la première fois depuis des jours, nos héros en profitent pour échanger enfin les infos recueillies par chacun au cours de leurs aventures et reconstituent ce qu'ils savent de la Confrérie du Chacal :<br />
La Confrérie, originaire des Sylves, semble essaimer en créant des "chapitres" locaux dans différentes régions de l'Empire. Il semble que des membres du chapitre "sylvain" de la Confrérie ait donc fait le déplacement pour "franchiser" des brigands du Nord, et ce sont ceux-là qui dirigent plus ou moins les opérations (les trois mecs tués par Andréas, Adira et Eldan aux cascades étaient vraisemblablement des novices). Aux Sylves, la Confrérie est à la fois une mafia, une secte animiste et le noyau dur de la résistance armée à l'occupant impérial : si Urgrand est lié à ces gars-là et qu'ils commencent à passer des accords avec les Kormes, ça risque de compliqué sérieusement l'Échiquier du Nord. Et si les Chacals semblent être quasiment apparus par génération spontanée en quelques semaines, c'est qu'ils ont trouvé des gens pour les soutenir et les aider dans la région : soit Urgrand est beaucoup mieux connecté qu'il n'y paraissait, soit ils ont d'autres appuis...<br />
<br />
=== Exfiltration ===<br />
<br />
"...après quoi on a réparti le butin sur les chevaux, vu qu'on en avait maintenant une bonne quinzaine, on t'a attaché en selle et on s'est tiré vers l'ouest en contournant Celanire par le nord jusqu'au grand menhir où nous attendait Neri'Helin, une des novices du chaman edell'okhil Kal Tayvon, avec des bœufs laineux, des vivres et tout le matériel de montagne : paraît que ton 'Pitaine leur a promis de racheter leurs frères en esclavage. On a ensuite crapahuté par l'ouest pendant trois jours dans les Asparren puis les Monts d'Azur, en passant par des coins de plus en plus hauts et enneigés pour éviter de croiser quiconque. La p'tite Edell'okhil a même déclenché une avalanche dans le col du Fraisil pour qu'on ne puisse plus nous suivre. On a bien perdu quelques canassons en chemin, mais les lingots sont au complet, le groupe aussi (quoique la demoiselle ait du re-nettoyer les blessures de La Poigne), et nous voilà presque rendus.<br />
_Où sommes-nous, exactement ?<br />
_Un peu au sud-ouest de la Mine Bénie : on va contourner par l'autre versant pour éviter de s'y faire voir et la môme va nous faire passer sur la rive nord du Lac Troisième par une espèce de chemin à travers les marais à l'est de Andh Endhil, pas loin du camp abandonné d'Etayn-la-Louve.<br />
_La voie est libre et le jour va se lever, annonce la jeune femme en rejoignant le groupe : ramassez vos affaires, hommes du sud.<br />
_Allez, messire de Lorune, remonte en selle : ce soir, Le Cornu nous attendra avec de la gnôle au camp d'abattage."<br />
Et dans le petit matin, les fiers cavaliers de Tal Endhil descendent victorieux vers la Vallée des Lacs en Palier avec, dans leur fonte, un trésor capable de financer les nouveaux projets du Capitaine Durgaut...<br />
<br />
<br />
<br />
== ÉPILOGUE (envoyé aux joueurs après coup) ==<br />
<br />
<br />
<br />
C'est au soir du huitième jour après leur départ discret que nos vaillants mercenaires fourbus, gelés, blessés et riches comme Crésus se sont affalés dans une minable hutte au nord du camp de bûcherons de Tal Endhil, déserté chaque nuit en cette saison. Immédiatement repartie avec ses bœufs laineux, sa sœur adolescente et son cousin mutique, la gironde rouquine Neri'Helin ("Dis-donc mais... c'pas la p'tite Edell'okhil que t'a réveillée l'autre fois aux cascades, quand on cherchait les Chacals ?_Si, même que Nevel m'a dit que Tael Shannan se la tape !_Note qu'il se tape toutes les mignonnes, ce fumier de barde._Dîtes, c'est fini d'échanger des potins comme deux vieilles venteuses ?") a laissé les hommes de Durgaut fort symboliquement assis sur la terre battue, à 10 pas de l'icône votive qui marque l'extrême frontière nord de l'Empire (mais Le Grêlé a pissé dessus). Ils ont festoyé, pansé leur nombreuses plaies et, d'abord par jeu, ceux qui parmi eux avaient quelques notions de finances ont commencé à calculer combien représentait le chargement encore bâté sur leurs chevaux.<br />
_On a pas loin de 250 lingots, dont bien 150 de merdouilles comme du cuivre, du bronze et du fer...<br />
_Des "merdouilles" qui vont se négocier entre 500 et 1000 lunes à la prochaine cité dotée de forges, ducon.<br />
_T'es sûre ?!<br />
_Il est drôle l'aut' : pourquoi qu'tu crois qu'on creuse des mines ?<br />
_Crois-moi, s'il y a bien un truc que les Kerdans savent faire, c'est du commerce...<br />
_Je savais bien que t'étais kerdane malgré ton histoire de "Je suis une innocente remane élevée près de la colonie kerdane de Rigorne, et blablabla"...<br />
_C'est donc bien vrai mademoiselle Diane ? Vous aussi vous êtes de Rigorne ?!?<br />
_Écoute, Trevan : tu es mignon, tu es vaillant mais, putain, ta gueule.<br />
(Trevan de Rigorne rougit.)<br />
_On disait donc au moins 500 lunes pour les lingots de "vils métaux", mais on a surtout une petite centaine de lingots d'argent, quoique la moitié soient planqués dans de faux lingots de cuivre. Et ça, ça nous fait... heu... attendez voir...<br />
_Au moins 300 pièces d'or.<br />
_Putain !<br />
_Quoi ?!<br />
_La Poigne ! Tu sais compter !?<br />
_Ben oui, surtout le métal quoi. J'suis été apprenti forgeron. Mais c'est trop du labeur : j'aime plus mieux taper qu'une bonne fois sur un casque.<br />
(La gourde de vin de sureau passe de main en main, chacun avalant une rasade d'un air mi-émerveillé, mi-consterné.)<br />
_On... on a ramené... 350 pièces d'or ?! Vous croyez que notre bon Capitaine va être content.<br />
_Ah ça, Moineau, il a un peu intérêt à l'être !<br />
_Dîtes, ch'ais pas si vous vous rendez-compte : c'est p't'être le plus beau brigandage de toute l'histoire des Marches !!<br />
_On est riches les gars ! RICHES !<br />
_Non, messieurs : Tal Endhil est riche. Par les pères, si l'un de vous commence à concevoir une seule pensée pécheresse...<br />
_Mais quel pisse-vinaigre, le Défroqué, quand il pisse le résiné.<br />
_Héhé. Fais-voir ta balafre, d'ailleurs, Herle : faut changer ton bandage.<br />
_Ma mienne elle est plus grande !<br />
_Hihi !<br />
_Nul n'en doute mon cher La Poigne, nul n'en doute...<br />
_Ouais mais la tienne elle a même pas percé ta couche de lard !<br />
_N'empêche qu'on a tous ben gagné nos 2 pièces d'argent chacun !<br />
_Plus la prime !<br />
_Oh oui : vous êtes de vaillants gagne-petit. Mais la prime c'était si on laissait pas de témoins et, là, on a Jornil lui-même, Dorian, sa pute, la servante...<br />
_Toi le Noir tu commences à nous les bris...<br />
_Bon les gars, vos gueules : il est tard. Alors ça pionce, ou je vais commencer à distribuer les baffes. Le Grêlé et Diane prennent le premier tour de garde. Demain, j'vous ramenions tous au village. Et rappelez-vous qu'vous avez promis le secret sur vos têtes ! Si on vous presse vraiment, et seulement dans ce cas-là, vous avez été r'prendre les lingots de la Mine Bénie à une bande de Kormes du côté de la Baie des Langueurs. C'est bien clair, pour tout le monde ?<br />
_Oui mon sergent !<br />
_Lèche-cul.<br />
_Mon sergent ! Y a Le Grêlé qui dit...<br />
_Foutremerde, tas de corniauds ! Même avec une 'pparition divine, j'conçois point comment qu'une pareille bande de mômes a pu réussir cette mission !"<br />
<br />
<br />
<br />
}}<br />
<br />
'''[[7) "Embrouilles en Cascades"|<< Épisode Précédent]] | [[9) "Reishin Ghoran"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Épisodes|<< RETOUR à la liste des Épisodes]]'''<br />
[[Catégorie:Épisodes]]<br />
[[Catégorie:Comptes-Rendus]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/8)_%22Le_Train_de_l%27Argent%228) "Le Train de l'Argent"2014-09-05T16:13:17Z<p>Aloun : </p>
<hr />
<div>La totalité de l'Épisode 8 : "Le Train de l'Argent" est classée "spoiler".<br />
Si vous voulez vraiment accéder à cet Épisode, vérifiez que soit un de vos perso y était, soit que le MJ vous en a donné l'autorisation.<br />
Tout abus sera illico puni par une grosse perte du plaisir de jeu.<br />
<br />
C'est bon, vous y avez bien pensé ? Vous êtes vraiment sûr ?<br />
<br />
...<br />
<br />
{{Secrets|<br />
<br />
<br />
== Prologue, rien que pour Eldan et le Capitaine : ==<br />
<br />
<br />
<br />
''Les semaines précédentes, Durgaut a envoyé ses mercenaires (dont Eldan) enquêter du côté de Solerane sur les détournements de fonds du défunt lieutenant Armeld avec son complice, Maître Gaster, et découvert ainsi l'implication du patron-minier, notable influent et principal contrebandier de la région : Jornil Cuivré. En dehors de ses opérations "privées", Jornil travaille pour Rhilder le Fou à détourner le minerai d'argent des mines de la région, théoriquement destiné à l'État-Major, au seul bénéfice du dément Prévôt de la Marche des Lacs. Rhilder n'est pas quelqu'un avec qui Durgaut peut vraiment se permettre d'être en guerre ouverte, puisqu'il est son supérieur direct, un puissant "Seigneur du Nord" (comme on appelle les impériaux qui se taillent des fiefs dans les Marches) et un putain de psychopathe, notoirement responsable du génocide de la tribu emishen des Rimdehl (les Geaies).''<br />
''Mais notre brave Capitaine, en plus d'être très énervé contre le Prévôt qui le ruine par ses magouilles et lui réclame d'envoyer des troupes que Tal Endhil n'a pas pour participer à la guerre contre les Oloden, est en fait pris à la gorge : s'il n'envoie pas bientôt des lingots d'argent à l'État-Major du Duc-Gouverneur pour couvrir le quota de la Mine Bénie (pillée par les Kormes), Durgaut va sauter. En fait, il n'est encore même pas sûr de pouvoir obtenir le titre de "Bailli de Tal Endhil" vu les exigences du Primat en la matière, mais espère bien réussir à l'épater d'ici son arrivée. D'ailleurs, s'il reste en poste et devient bailli, il sait avoir besoin de beaucoup de pognon pour embaucher assez de mercenaires pour enfin contrôler son territoire et développer la région.''<br />
''Il a donc conçu un plan audacieux pour régler plusieurs problèmes à la fois : braquer le convoi de métaux qui va bientôt partir de Solerane pour Darverane, siège de la prévôté harcelé par les troupes de Kainen Tahrel. Ainsi, il mettra la main sur une véritable fortune (l'argent détourné caché dans des lingots de cuivre, l'argent "officiel" envoyé de Solerane pour l'état-major via Rhilder, du cuivre et de l'étain en quantité) dont il compte employer une partie à payer son quota au Gouverneur, une autre à racheter des esclaves Edell'okhil de la Marche des Gemmes pour s'assurer une alliance avec les Emishen et le reste à constituer une petite armée.''<br />
''Il en était à mettre au point un plan solide lorsqu'il apprend que la route de Darverane, coupée par les Kormes depuis des semaines, vient apparemment d'être rouverte suite à une contre-offensive de Rhilder : le convoi de métal ne devrait plus tarder à partir, il faut agir vite. Et comme Vighnu Pratesh vient de rentrer du Cercle des Hautes-Pierres, il décide d'embaucher l'assassin pour courir l'aspect le plus délicat de la mission : assurer le secret.''<br />
<br />
''Ce qu'il ignore malheureusement, c'est que Jornil a lui aussi enquêtait sur les trois attaques successives qu'il a subi de la part de ruffians non-identifiés : d'abord on a tabassé nombre de petits truands sous les ordres de son fils, Jorem Cuivré, ensuite on s'en est directement pris à deux de ses lieutenants impliqués dans la contrebande d'argent, enfin un éboulement à la mine de cuivre s'est révélé être un sabotage (les mercenaires de Durgaut avaient pour instruction de recruter des mineurs et n'ont rien trouvé de mieux). Jornil a donc d'abord envoyé un certain Worik se mêler aux mineurs "responsables de l'éboulement" qu'il a lui-même renvoyé et qui partaient s'engager auprès de Durgaut (mais son agent est mort connement pendant l'épisode "Terrain Minier"), puis il a envoyé un messager auprès de son bon ami Adira Pratesh pour se renseigner sur les mercenaires de Durgaut (Adira étant alors en pleine bisbille avec le Capitaine, il a volontiers informé son ami) et contacté ses autres associés à Tal Endhil (comme Gaster, Jornil a des parts dans la mine de fer du village, ce que le Capitaine est sensé savoir mais dont il ne réalise pas l'importance), Adira l'a ensuite informé de ce qu'il avait appris sur l'arrestation de Gaster... Bref : Jornil a compris que Durgaut était après lui et pris des mesures en conséquence.<br />
S'il ne peut pas se permettre de retarder d'avantage le convoi de métal (Rhilder a besoin de ce fric pour sa guerre perso et il n'est pas câlin quand il s'impatiente), il a conçu une ruse efficace, embaucher des mercenaires de rab' pour l'escorte et, surtout, contacté par un ami de son fils une petite bande de brigands récemment arrivés dans le secteur : la Confrérie du Chacal...''<br />
<br />
<br />
<br />
== À la "Taverne Penchée" ==<br />
<br />
<br />
<br />
Il fait déjà nuit lorsque la Taverne, récemment rachetée par les mercenaires de Durgaut, ferme ses portes beaucoup plus tôt que d'habitude en chassant les soiffards qui comptaient y passer leur soirée en galante compagnie ; les prostituées, récemment rendues à leur autonomie sous l'autorité de la belle [[Garnelle]] (maîtresse occasionnelle du jeune Eldan) sont également invitées à rentrer chez elle et le quartier lacustre de Tal Endhil est donc rapidement rendu au silence et à la brume nocturne. Pourtant, quelques silhouettes discrètes gagnent bientôt la Taverne apparemment close :<br />
* '''l'apothicaire [[Vighnu Pratesh]]''' (Loriel) n'a eu qu'à franchir quelques pontons depuis sa propre échoppe, son matériel d'empoisonneur sous le bras et ses armes dissimulées sous son large manteau reman, où bat un petit cœur sec depuis si longtemps, récemment réveillé et illico brisé par Islinna : les femmes sont cruelles. Déjà en grande partie au courant de la mission, la seule chose qu'il ignore c'est ce qu'ils vont voler. Mais vue la somme promise par le Capitaine, il est trop heureux de ne pas poser de questions.<br />
* '''[[Nadine "la Moucheuse"|Diane Maletudine]]''' (Orlanth) est une Kerdane, quoiqu'elle prétende être une remane originaire de la cité portuaire de Rigorne, embauchée depuis quelques mois dans l'Armée du Nord, suite à des problèmes avec ses compatriotes. Femme dans une armée de macho, elle a bientôt eut d'autres ennuis (décidément) qui l'ont incité à déserter pour rejoindre la petite communauté kerdane de [[Tal Endhil]] sur les conseils de son mentor, le célèbre maître d'armes [[Vasco Sotorine]]. Sauf que [[Ranyella]] la pilote ne veut pas d'une renégate dans sa troupe et l'a donc refilée au Capitaine sans lui expliquer les casseroles que trimballe l'arbalétrière...<br />
* '''[[Andréas "Odran"]]''' (Humphrey B) a récemment eut un entretien secret avec le Capitaine qui pourrait se résumer ainsi : "''Je sais que vous êtes un sorcier, mais je suis prêt à fermer les yeux si vous bossez pour moi. _Ça pourrait m'arranger, vu que je suis là pour mettre fin à la dispersion d'artefacts qui commencent à foutre le boxon à [[Duriane]], mais je vais pas m'en sortir tout seul. _Splendide : faudra me neutraliser le machin dans la Mine Bénie. Dans l'intervalle, vous êtes embauché comme espion. Vous commencez demain, rendez-vous à la Taverne Penchée après la fermeture.''" Il arrive donc avec un peu d'avance et pas mal de bagages, dont son précieux grimoire, ses herbes médicinales et un certain objet qu'il a passé presque deux jours à chercher dans le torrent en contrebas de la [[Mine Bénie]].<br />
* '''[[Oleytan "le Furet"]]''' (PNJ), lui, s'est engagé dans les mercenaires de Durgaut dès son retour de "l'Opération Tréfonds" : il se sent désormais un vrai guerrier, veut participer à l'alliance entre les Talendan et les Elloran mais, surtout, il a enfin couché avec le grand amour de sa jeune vie : la jolie négociante lewyllen [[Doma Sholen]]. Celle-ci l'a inexplicablement largué à l'arrivée à Tal Endhil en lui expliquant que "c'était fun, mais t'es juste trop jeune pour moi" (elle court en vain après [[Nevel Sholdanan]] depuis 4 semaines). Après une intense réflexion, le jeune guerrier est arrivé à la seule conclusion "sensée" : s'il veut que la belle marchande le reprenne, il doit lui prouver qu'il est capable de lui assurer le train de vie qu'elle a perdu, et pour ça, il lui faut "des rondelles", comme les Emishen nomment la monnaie impériale. Il ne comprend pas grand-chose à la mission que Durgaut lui a proposé, mais il est bien content puisqu'il va être payé royalement.<br />
* '''[[Eldan "le Moineau"]]''' (Aloun) arrive le dernier, accompagné d'une montagne de muscles habillées de haillons qu'il vient de récupérer dans l'unique geôle du donjon : [[Herle de Lorune]] (Ego'), noble et chevalier du temple récemment défroqué. Lui aussi a des problèmes, parmi lesquels l'alcool, la violence et un sens aigu de la justice qui, après lui avoir coûté sa charge d'inquisiteur lors d'une altercation avec le Primat lui-même, l'ont fait rétrogradé comme simple soldat dans la troupe de [[Bagoran de Marale]] (chargé de le "mater" : échec critique) et récemment conduit à défoncer le portrait d'un connard de Chevalier du Temple (donc un de ses "supérieurs") qui tabassait une gamine emishen. Son séjour en taule auprès du plaintif Gaster s'est terminé lorsque le Sergent LeCornu a jeté son dévolu sur le prisonnier, et convaincu le Capitaine de l'embaucher.<br />
<br />
Lorsque tout ce petit monde est attablé dans la taverne sur pilotis qui grince et (effectivement) penche sous l'effet de la houle, [[Le Cornu]] qui tenait le comptoir fait entrer deux de ses collègues, le massif imbécile qu'on appelle "La Poigne" et le brigand reconverti au visage marqué par la petite vérole qu'on appelle "Le Grêlé". Comme Eldan et le Sergent, ils ont survécu à tous les combats depuis [[la bataille de Tal Endhil]] et sont tout dévoués au glorieux chef qui va bientôt faire d'eux la "''garde bailla, bailliagiale...heu... baillique... la garde du bailli, quoi''", et qui pénètre dans la grande salle inclinée à leur suite, une vaste carte sous le bras.<br />
<br />
« Bonsoir mademoiselle et messieurs, nous avons peu de temps et je vous demande d'être extrêmement attentifs à l'exposé qui va suivre. » <br />
Pendant que Vighnu et Andréas dégagent leurs gobelets pour laisser Durgaut déployer la superbe carte (signée [[Ordano Sotorine]]) sur la table crasseuse, les 6 autres membres de l'équipe s'approchent pour suivre le briefing dans la lumière chiche des rares chandelles et le Capitaine enchaîne :<br />
« La mission que j'ai à vous confiée est dangereuse, urgente, secrète, absolument vitale pour Tal Endhil et remarquablement bien payée. Si certains d'entre vous ne s'en sentent pas capables et préfèrent retourner à leurs activités précédentes, qu'ils le disent tout de suite. Car une fois que je vous en aurais exposé les objectifs, Messire Pratesh ici présent sera le garant de votre silence. Tout le monde est motivé et se sent capable de se taire ensuite, en cas d'échec comme de réussite ? Parfait. Sergent, passez-moi les figurines. »<br />
« Dans les jours qui viennent, peut-être même dès demain, un convoi lourdement gardé va quitter [[Solerane]] à destination de [[Darverane]] (Durgaut pose une miniature en bois, une espèce de coffre aux pieds vaguement arrondis, sur la carte) : il contient plusieurs coffres très lourds que vous êtes chargés d'intercepter, de préférence avant "l'Auberge du Pont"... C'est quoi ça, Le Cornu ? demande le Sauveur de Tal Endhil quand son sergent lui passe une espèce de cube prolongé par un jambage tordu.<br />
_C'est l'Auberge du Pont, mon 'Pitaine. C'est La Tortue qu'a fait les sculptures, mais on a pas eu bien l'temps.<br />
_Je vois... À "l'Auberge du Pont", donc, se trouvent actuellement plusieurs dizaines de marchands qui, depuis des semaines, y attendent que les troupes de Rhilder reprennent le contrôle de la route vers Darverane aux Kormes qui harcèlent la prévôté (il pose du côté du Mont Grison un petit bonhomme chauve et noirâtre) avec l'appui des troupes Emishen de Kainen Tahrel (Vighnu approuve du chef). Si le convoi de Solerane rejoint la première caravane groupée en partance pour Darverane, il sera alors probablement trop entouré pour que vous puissiez tenter quoique ce soit. Vous êtes ici... mais c'est quoi ça ? Un chien ?<br />
_Un ch'val mon 'Pitaine, pour représenter, le commando.<br />
_Vous avez pu leur trouver des chevaux ?<br />
_Ah non mon 'Pitaine : c'est des pirogues, pour quitter le village. Ensuite s'ront à pied. Mais La Tortue, quand il a commencé, i'l'savait pas, pis i' sait pas faire les pirogues, et de toutes façons ça va surtout se faire par voie de terre alors, heu... Vous préférez un bouchon, ou un dé en os ?<br />
_Va pour le chien (soupir)... Donc : vous êtes ici (il pose la figurine sur Tal Endhil), vous partez dès cette nuit pour atteindre Solerane (le "chien" rejoint le "chariot"), où vous serez chargés de repérer le convoi et surveiller ses préparatifs de départ. Le but est de lui tendre une embuscade dans les deux jours qu'il lui faudra pour effectuer ce parcours (le chariot glisse sur les segments 1, 2, 3, 4, 5 de la route). Si vous pouvez intercepter le chargement sur les berges du Lac d'Acier, il sera plus aisé de le transporter à bord de barges ou de pirogues.<br />
Le Moineau connaît la ville et les hommes qui escorteront ce convoi, Messire de Lorune a la charge de l'assister en tout -et de s'assurer qu'aucun d'entre vous n'ait la mauvaise idée d'ouvrir les coffres, Maître Pratesh est chargé de trouver des embarcations pour les chargement et d'assurer le secret de l'opération (Vighnu sourit, pensant aux peintures de guerre kormes qui n'ont pas servit lors de l'Opération Tréfonds et à la barge kerdane cachée depuis dans les marais près d'Écume 6). Vous devrez quitter le village et y rapporter les coffres sans être vus, ni dire à quiconque d'où vous venez ni où vous allez. Car, j'insiste, cette opération peut assurer le salut de Tal Endhil si elle réussit, mais sonner notre perte à tous si quelqu'un devait découvrir qui a commandité l'attaque. Une prime substantielle versée à notre cher apothicaire en sera la garantie.<br />
_Ça veut dire "pas de témoins", demande Diane ?<br />
_Ça veut dire "démerdez-vous pour que personne ne puisse vous reconnaître, suivre votre piste et remonter jusqu'à nous" : je préférerais que vous épargniez les civils, mais Pratesh sera décisionnaire en dernier recours. À part lui, vous serez payés chacun 2 pièces d'or pour cette brève mission et votre durable silence [la solde mensuelle d'un mercenaire étant de 2 pièces d'argent, ça fait 10 fois plus pour quelques jours de boulot]. Des questions ?<br />
_C'est quoi, dans les coffres ? Ça pèse ?<br />
_Le contenu ne vous regarde pas mais, oui : ça pèse. Probablement autour de 200kg en tout.<br />
_C'est qui, qu'on braque ?<br />
_Pas votre problème non plus. Fiez-vous à Eldan, soyez discrets et ça ne devrait pas avoir d'importance.<br />
_Les gars de l'escorte, c'est des pros ?<br />
_Quelques-uns, oui, mais la plupart seront des mercenaires en permission, des cochers endurcis, des coupes-jarrets, des gardes plus habitués à surveiller des esclaves... Le problème, c'est qu'ils doivent se méfier : ils ont eut des ennuis récemment, ils savent que le trajet est dangereux et ils seront sur les dents. Il se peut même que vous soyez déjà attendus à Solerane. J'insiste : méfiez-vous.<br />
_Qu'est-ce qu'on a comme matos ?<br />
_Vous étiez prévenus d'emporter le vôtre, mais Eldan conserve quelque argent pour vos frais de mission, des vivres, un peu de charbon, des flèches, des torches et des cordes vous attendent avec les chev...<br />
_Dans les pirogues, mon 'Pitaine.<br />
_Dans les pirogues, donc. J'ajoute les papiers que m'a demandé monsieur Odran (il confie une petite pochette de cuir à Andréas, contenant du parchemin, des lettres officielles de la main de [[Rhilder]] et son sceau de cire, pour pouvoir si besoin modifier les ordres de mission du convoi) et vous emportez cette carte, annotée par mes soins, en espérant qu'elle puisse vous aider : ne la perdez pas ! ''[Durgaut leur confie par ce biais un de ses précieux point d'Histoire.]'' Autre chose ?<br />
_Y a le Venteux qu'a pas tout compris, vu qui parle pas bien not' langue...<br />
_Messieurs Odran et Pratesh devront donc lui ré-expliquer en ramant. Bonne chance à tous : le destin de Tal Endhil est entre vos mains ! Mais pas les figurines, La Poigne : repose ça. <br />
_Pardon mon 'Pitaine. »<br />
<br />
<br />
<br />
Image à ajouter<br />
<br />
<br />
<br />
== En route vers Solerane ==<br />
<br />
<br />
<br />
Pendant qu'on roule la carte, LeCornu et Herle déplacent la lourde table, révélant une trappe dans le plancher qui, une fois déverrouillée et ouverte, donne sur une échelle de corde descendant le long d'un pilier de bois où sont amarrées deux pirogues emishen. Avec quelques difficultés dues à la disparité de poids et d'agilité de ses huit membres comme aux bagages de certains l'équipe embarque et glisse silencieusement sur les eaux couvertes de brouillard.<br />
_Attention avec ça, c'est des armes emishen. <br />
_Pourquoi foutre ? <br />
_Pour passer pour des Kormes. <br />
_Pas con. Mais qu'est-ce qu'il fout avec un bouquin, lui ? <br />
_Je suis chroniqueur... <br />
_Et vous allez chroniquer l'opération secrète ?! <br />
_Houlà non, je... j'ai d'autres talents. Falsifier des sauf-conduit, par exemple. <br />
_Je vois...<br />
Ils atteignent bientôt la rive sud du Lac Troisième, en amont du campement où dorment les caravaniers lewyllen, sans que les Soldats du Temple qui gardent les remparts n'ait rien remarqué.<br />
[Je m’appesantis un peu sur le dialogue de briefing parce que, bien sûr, il m'a fallu incarner le Capitaine moi-même sur les indications données par Le faiseur, et que je lui avais promis de détailler un peu le résultat.]<br />
<br />
Après un conciliabule entrecoupé d'engueulades, un poème (Herle versifie par instant) une tentative de vol et plusieurs menaces physiques pour l'empêcher, les PJ décident de ne pas partir en quête de la barge cachée dans les marais mais de foncer de nuit vers Solerane, à pied, pour atteindre la ville au plus tôt, juste après que Diane ait confié au fleuve un étui flottant contenant 4 pièces d'argent (sur les 20 confiées à Eldan) et un message pour les Kerdans d'Écume 6, leur enjoignant d'envoyer des embarcations vers la presqu'île du Lac d'Acier [le joueur a oublié que son perso n'était plus bien vu chez les bateliers, et Loriel/Vighnu y a même mis 1pH pour que le message arrive : ce fût bien le cas...].<br />
<br />
Abandonnant dans les embarcations tout le matériel trop lourd, les mercenaires se répartissent les vivres, une arme emishen chacun et la longue marche commence. Lorsque l'aube se lève, Diane, Oleytan et Eldan, très en avant des autres, font la course dans la descente après avoir passé le Col de Nilfenan (au sud-ouest de la mine de fer, sur la carte) histoire de défouler leurs tempéraments casse-cou et ombrageux... ce qui vaut d'ailleurs à Eldan de se niquer la cheville dans une belle gamelle : on sent bien, dès que les officiers ne sont plus en vue, que ça va pas être très sérieux comme opération.<br />
<br />
=== Rencontre insolite ===<br />
<br />
Pendant que le fort peu sportif Andréas prend des heures de retard sur les autres et que Vighnu reste avec lui autant pour assurer sa protection que pour causer "chroniquerie" et politique locale (Vighnu envisage de créer un hospice à Tal Endhil !), Oleytan, Diane et Eldan (qui boitille) arrivent en milieu de matinée au gué qui traverse la Rivière aux Élans (ainsi nommée car elle est sur le point de passage de la migration des grands cervidés, qui commencent d'ailleurs à remonter en cette saison vers les pâturages au nord de Tal Endhil) : ils sont assez surpris d'y trouver un grand costaud, ventru et entièrement chauve, portant des vêtements très vaguement emishen, assis sur un rocher au bord des flots et curant tranquillement au couteau le sang séché qui s'incruste dans les creux de sa lourde masse de bois sculpté. Les trois éclaireurs essoufflés par leur cavalcade repèrent assez vite les discrètes silhouettes déployées dans les bois autour du chemin et, chacun la main sur leur arme favorite, s'approche avec circonspection : "<br />
_Bonjour... <br />
_B'jour, répond le gros dans un Reman médiocre, avec un accent typiquement "venteux". <br />
_Z'êtes avec le noir ? Vigjniou Bratéche ? <br />
_Ben là tout de suite... non. Mais des fois on le croise, quoi. Vous l'attendez ? <br />
_J'ai un message pour lui. <br />
_Vous voulez pas nous le donner, on le transmettra quand on le verra ce soir... <br />
_Non, d'solé, c'est privé. <br />
_C'est pas un message à coup de masse, au moins ? <br />
_Héhé. Non. Pas cette fois."<br />
<br />
N'ayant qu'à moitié envie de s'avancer dans le gué sous la probable ligne de tir d'archers dissimulés ni même de laisser une embuscade entre eux et le reste du groupe, quoique aussi un peu parce qu'ils ont alors pas loin de 12h de rude marche dans les jambes, Diane, Oleytan et Eldan se posent également près de la rivière, se trempent un peu les pieds (Diane va même s'éloigner pour faire un peu de toilette : par instant, dans ses Réactions, sa "Sensibilité Féminine" ressort), cassent la croûte, font une petite sieste... tout ça en gardant perpétuellement un œil sur les alentours et leurs armes à portée de main. <br />
<br />
Lorsqu'ils sont rejoints par Sire Herle de Lorune, La Poigne et le Grêlé, d'abord très méfiants, Diane qui a entamé un repas et une conversation en Langue des Vents avec le Gros leur fait signe de ne pas s'inquiéter, et les trois mercenaires finissent par jouer le même jeu que leurs camarades, profitant d'un peu de repos tout en restant sur leurs gardes. Au bout d'une heure de cette halte méfiante, "l'embuscade" se détend tout autant et Eldan repère bientôt un des archers Korme qui, lui aussi, déjeune sur le pouce à son poste de guet. Il le contourne, se cache, est brièvement suivi mais sème le guetteur, échappe ainsi efficacement à l'encerclement... et ne sait finalement plus trop quoi faire : il craint de déclencher un massacre s'il élimine un guetteur, de se faire repérer s'il continue de traîner près des Kormes, de perdre le groupe s'il s'éloigne et d'être trop loin pour intervenir s'il repart en arrière prévenir Vighnu et Andréas. Aussi reste-t-il caché, guettant les guetteurs, jusqu'à ce que, lassé de perdre du temps alors qu'ils sont pressés, Herle donne le signal du départ et franchisse le gué accompagné des 4 autres. <br />
<br />
Après avoir encore hésiteé à les rejoindre carrément ou à rester en arrière, Eldan fini par laisser un signe de danger dans l'écorce d'un arbre à destination de Vighnu et décide de contourner pour franchir la rivière plus loin, ne trouve pas d'autre gué, passe à la nage, se paume en aval dans la forêt et mettra plusieurs heures à rejoindre ses camarades, trempé, gelé, épuisé et bientôt vertement engueulé par l'ex-templier [Sire de Lorune lui inflige même un tel jet d'intimidation pour lui inculquer la discipline militaire que le jeune éclaireur en sera durablement marqué : 2pts de Trauma !].<br />
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Pendant ce temps, Andréas et Vighnu ont atteint le gué sans même remarquer le signe laissé par Eldan et le fehnri est assez surpris de reconnaître le gros korme qu'il a déjà rencontré, il y a plusieurs semaines à Écume 6, lorsqu'ils avaient négocié des vivres et les soins de Mona Ma'od contre la transmission d'un message pour Adira (qui, si vous vous en souvenez, était arrivé au début de "Terrain Minier", tiré avec une flèche sur la roulotte de Maître Pratesh). <br />
Quoiqu'il ne connaisse toujours pas son nom, il s'éloigne avec le chef rebelle et un petit conciliabule surréaliste se joue : les Kormes veulent (Vighnu comprend "Lashdan, Roi des Kormes, veut...") l'embaucher pour assassiner un certain "Urgrand", le Sorcier barbu originaire des Sylves, qui dirigeait justement le détachement korme lors du siège à la Mine Bénie. <br />
_Tiens donc ?! Mais pourquoi diable, demande l'assassin hilare ? <br />
_On m'a pas dit de te l'dire, et puis il paraît que les tueurs professionnels ne posent pas de questions. <br />
_Lorsqu'on les paye bien, c'est tout à fait exact oui. <br />
_Hé ben voilà pour toi, dis le Korme en lui tendant une grosse bourse de pièces, que le fehnri s'empresse d'ouvrir avidement. <br />
_Mais... vous vous foutez de ma gueule ?! C'est des pièces de cuivre ! <br />
_Et alors, c'est pas bien ? <br />
_Mais c'est pas du tout assez, enfin ! Je suis un spécialiste, moi ! Je bute pas les gens pour 20 ou 30 pièces de cuivre !<br />
_Ah. Mais c'est tout ce qu'on a nous, même qu'on s'est tous cotisés pour rassembler ça. <br />
_Mais c'est pas possible, vous comprenez rien au commerce, à la fin ! Et il est où, votre Sorcier, d'abord ?<br />
_Ben on sait pas, nous, pourquoi tu crois qu'on s'adresse à toi ? Tu crois pas que je serais foutu de lui coller ma masse sur la gueule moi-même si on savait où il campe ? La Louve dit qu'elle l'a perdu quelque part chez vous, du côté du Premier Lac, mais c'était il y a déjà plusieurs jours.<br />
_Bon, écoute, voilà ce qu'on va faire : dis à ton Roi que je suis d'accord sur le principe, mais que déjà ça va vous coûter 20 pièces d'or et qu'ensuite, soit vous savez me dire au moins à peu près où il est, soit ça risque de prendre pas loin d'un mois (car Vighnu pense savoir où Urgrand devrait se trouver dans environs trois semaines, héhé...). Dis-lui ça et, quand vous aurez la somme, contactez-moi.<br />
_Mais où tu veux qu'on trouve de l'or, nous ?<br />
_Non mais c'est un prix, vous pouvez aussi bien me ramener 200 pièces d'argent, ou 4 lingots d'argent, par exemple. Vous en avez bien, des p'tites barres en argent, prises dans une certaine mine, hmmm ?<br />
_Mais... non. De quoi tu parles ?<br />
_Oh le con ! Rha merde, il fait vraiment chier ce connard de sorcier !<br />
_C'est bien pour ça qu'on t'embauche, oui.<br />
_Bon alors 20 pièces d'or ou l'équivalent, vous trouverez bien ça quelque part pendant que vous vous battez dans la vallée de Cainil, hein, je ne m'en fais pas pour vous. Quand vous avez la somme, vous me recontactez, vous versez la moitié d'avance et, moi, je tue votre sorcier.<br />
_J'espère que d'ici là on l'aura trouvé nous-mêmes, mais sinon, on sauras bien te joindre, ouais. Et bonne journée."<br />
Et pendant que Vighnu se frotte les mains, les Kormes se dispersent dans la forêt sous le regard médusé d'Andréas.<br />
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== La Ferme-Relais "Le Marchepied" ==<br />
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Il fait presque nuit noire lorsque les 6 mercenaires fourbus atteignent enfin la ferme-relais qu'on appelle le "Marchepied", au pied de la route montant vers Solerane. Si Oleytan (trop repérable) est laissé avec le matériel dormir à l'extérieur, Diane, Eldan et Herle, bientôt suivis par La Poigne et Le Grêlé (trop crevés pour accepter de se peler le cul à camper dehors), pénètrent les uns après les autres dans l'enceinte de bois où un drôle de type pâle, un albinos efflanqué aux longs cheveux blancs qu'Eldan sait être surnommé "Craie" (chef des gardiens d'esclaves de la mine de cuivre), est en train de passer ses nerfs à coups de fouet sur deux malheureux emishen, une femme et un adolescent enchaînés au puits du milieu de la cour. <br />
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Comptant avec l'albinos un escrimeur tout en noir s'engueulant avec le tavernier (une histoire de chevaux, de halte imprévue et de prix du fourrage) plus 4 soldats portant la livrée du Duc-Gouverneur (donc probablement issus de la garnison de Solerane), et soucieux de sa mission avant tout, Herle tempère ses instincts justiciers et suit la Kerdane dans le corps de ferme transformé en auberge de seconde zone, où il entreprend de noyer sa mauvaise humeur dans la bouteille d'hydromel prise à la Taverne Penchée. Si un jovial marchand de draps nommé Teillard, parti de Celanire vers le "marché de printemps" de Tal Endhil, tente bien d'engager la conversation avec les voyageurs, Diane l'envoie paître rudement (et nos héros se privent de la seule occasion de se renseigner sur la route qu'ils ont à faire) mais lance une petite partie de dés avec Eldan et Herle pour attirer à eux Craie et Esteval (l'escrimeur à l'armure de cuir sombre) et tenter de leur soutirer quelques informations sur l'exploitation des esclaves venteux à Solerane. Justement, les deux gardes-chiourmes, 3 autres collègues et 6 soldats prêtés par la garde sont à la recherche d'une 15aine d'évadés, échappés le matin même de la mine de cuivre. Diane propose bien de participer à la traque contre rétribution, mais Eldan ruine sa tentative d'approche en ne pouvant se retenir d'aller porter un peu d'eau et de pain aux deux malheureux prisonniers. Herle -qui perd aux dés et voit les deux crevures descendre gaiement sa bouteille- semblant se retenir de plus en plus laborieusement d'écraser la tronche de Craie à chaque fois qu'il fait des remarques cruelles sur les "venteux", les voyageurs vont se coucher tôt après un rapide souper et Diane s'arrange assez finement pour que leur propre groupe gagne le contrôle de l'escalier et des 2 rares fenêtres du grenier aménagé en dortoir, qu'ils vont devoir partager avec le binôme d'esclavagiste, les soldats s'installant dans l'étable au dessous.<br />
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=== Rencontre avec des fugitifs ===<br />
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C'est à peu près le moment où, traînant le chroniqueur qui dort debout dans l'obscurité de la route forestière, Vighnu voit soudain jaillir un grand type hirsute de la forêt, qui saute sur le fehnri en tentant de l'étrangler avec la chaîne qui lui lie les poignets : l'assassin pare de justesse avec son katara, une femme armée d'une branche sort à son tour des taillis et Andréas est basculé au sol par une jeune fille qui tente de lui éclater le crâne à coup de pierre, mais il parvient à la repousser de peu (elle est presque aussi épuisée que lui). Reconnaissant une Emishen (et réciproquement) alors qu'il tirait sa dague pour se défendre, l'érudit crie en Langue des Vents "Arrêtez, nous sommes des amis ! Vighnu, ce sont des Emishen !", ce qui suffit à stopper le début de combat et permet à Andréas de proposer de la nourriture et des soins aux esclaves en fuite, finissant de gagner leur confiance. <br />
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Libéré de ses chaînes avec l'aide d'un glaive offert par Vighnu, le trio leur explique avoir réussi à s'échapper des mines de Solerane un peu avant l'aube, grâce à un tunnel vers la surface creusé en secret avec l'aide d'une barde rimdehl nommée Tahalien. Poursuivis depuis le levé du jour par des cavaliers en armes, ils ont perdu la douzaine d'autres évadés qui les accompagnait, dont des jeunes et des enfants et, loin de leurs régions d'origine (la plupart sont des Otlalnan de la Marche des Lisières), ils ont couru un peu au hasard vers le nord et le territoire des Liam'Lon, où aucun Dirsen n'oserait les poursuivre, alors que d'autres avaient préféré tenter leur chance à l'est, vers le Cercle des Hautes-Pierres.<br />
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Les deux Talendan leur expliquent qu'ils sont ici sur le territoire des Elloran et qu'ils auraient de meilleures chances de filer au nord-ouest vers le Cercle des Cascades et, après avoir longuement hésité à repartir chercher les plus jeunes, les trois fuyards un peu retapés finissent par disparaître vers l'ouest avec quelques remerciements.<br />
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=== Evasion nocturne ===<br />
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Nos deux héros retardataires ne sont donc qu'à moitié surpris lorsqu'ils retrouvent Lerkoren Oleytan en compagnie de 5 autres échappés en haillons, dont Tahalien et un ado sérieusement blessés, plus trois mômes, quoique Vighnu soit un peu atterré par le récit du jeune Elloran.<br />
Car après que leurs compagnons soit entrés à l'auberge du Marchepied, Oleytan, attiré par des cris de douleurs, s'est glissé par-dessus la palissade de rondins et, découvrant les deux prisonniers lacérés à coups de fouet, a attendu la nuit noire pour passer à l'action. Il a malheureusement échoué à assommer proprement la sentinelle de faction dans la cour, mais a par contre réussi à la tuer net avant qu'elle ne crie, puis a traîné le corps du soldat dans une grange. C'est alors qu'il s'acharnait en vain à rompre sans trop de bruit un des maillons de la chaîne que Diane l'a interpellé depuis une des fenêtres du dortoir : <br />
_Psssst ! Mais qu'est-ce que tu branles, merde !? On est pas là pour ça ! <br />
_Je fais mon devoir, tu peux pas comprendre ! <br />
_Mais putain tu va réveiller tout le monde, crétin !". <br />
<br />
L'épée à la main, la Kerdane est bientôt descendue le rejoindre pour le convaincre de ficher le camp et, n'y arrivant pas, a fini par l'aider à détordre un maillon en faisant levier avec son épée, histoire qu'il puisse déguerpir avant que quelqu'un ne les entende. Herle s'est réveillé à son tour, lui a ordonné de rentrer se coucher avant de les griller complètement et, la Kerdane disparue dans l'étable en engueulant un soldat qui se réveillait vaguement sur l'air de "Quoi ? Keskya, on peut plus pisser tranquille, merde ?", Oleytan a sorti discrètement les deux rescapés par là où il était lui-même entré. Apprenant alors qu'ils avaient pu cacher les gosses près de la rivière avant que les cavaliers ne leur tombent dessus, il est ensuite reparti chercher les mouflets de 9 à 12 ans, a nourrit tout le monde et distribué des rations pour le reste du voyage ("Et donc, là, on a plus de vivres, c'est ça ? Heu... un peu, si..."). Il se demandait s'il allait abandonner l'opération pour les conduire aux Cascades quand Vighnu et Andréas sont arrivés. <br />
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Renonçant à l'engueuler d'avantage puisqu'il viennent de faire quasiment la même chose, les deux PJ soignent à nouveau les plaies et brisent les chaînes, ré-expliquent la direction du Cercle des Cascades et, recommandant bien aux fuyards d'éviter les routes pour ne pas être repris, ils s'installent pour bivouaquer et s'offrir quelques précieuses heures de sommeil avant l'aube.<br />
<br />
L'aurore pointe à peine lorsque Herle, Diane et les autres se lèvent, déposent quelques pièces de cuivre dans la grande salle et filent sans prendre de petit déjeuner, pendant que Craie et Esteval constatant la disparition de leurs prisonniers commencent à activer les soldats, et que ceux-ci constatent la disparition d'un des leurs. "Et vous là, vous avez rien entendu ?!? _Nope : nous on dort sérieusement quand on doit se lever tôt." répondent nos héros avant de s'engager, sous la bruine matinale, vers le chemin raide qui monte en lacet vers le nid d'aigle de la cité minière. Rapidement rejoints par Lerkoren Oleytan, Vighnu et Andréas (modérément reposés), ils confèrent sur les évènements de la veille et s'accordent sur un plan : Eldan (puisqu'il connaît Solerane), Andréas (qui compte s'arrêter dans un temple pour se lancer dans l'enchantement d'un document puissamment convaincant pour faire partir le convoi avec une escorte réduite "car tout danger est désormais écarté") et Diane (qui pense pouvoir s'infiltrer dans la-dite escorte) iront en ville pendant que le gros de la troupe ("J'suis pas gros j'suis juste un peu envelo _Ta gueule, La Poigne : t'es lourd.") <br />
attendra caché dans la forêt. <br />
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=== Plan d'action ===<br />
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Dès que le convoi sera prêt à partir, les mercenaires partiront devant pour semer des embûches sur sa route afin de le ralentir (comme un sapin ou des rochers "décrochés par le dégel") : s'ils parviennent à le retenir assez longtemps dans la gorge pentue et traîtresse que les chariots auront de toutes façons du mal à négocier (le segment 2, sur la carte), ils peuvent l'obliger à passer sa première nuit avant le gué sur l'Anil'wel (milieu du segment 3). Le lendemain, la caravane sera donc obligé de forcer l'allure pour sortir de la forêt qui suit (segment 4) avant le crépuscule : réputée dangereuse (c'est, avec la gorge, le site d'embuscade préféré des Kormes, c'est d'ailleurs là que la colonne de Durgaut s'est faite attaquer au début de l'Épisode 1), le mauvais chemin tortueux y sera en cette saison embourbé par les ruisseaux et, avec un peu de sabotage supplémentaire (en creusant par exemple le lit d'un petit torrent pour former une combe traîtresse), l'escorte arrivera dans la vaste prairie marquant le dernier bout droit (5) en fin d'après-midi, épuisée par deux journées difficiles et fera probablement halte, croyant avoir fait le plus dur... Mais c'est justement là que l'attendra notre commando camouflé et grimé en Kormes, qui lui tombera dessus avant qu'elle ait eut le temps de souffler, laissera filer les non-combattants pour qu'ils puissent témoigner de la culpabilité des rebelles mais massacrera impitoyablement tous ceux qui pourraient les avoir vu de trop près au Marchepied ou à Solerane. En se coordonnant avec Diane pendant qu'elle s'isolera "pour pisser" le long du parcours, ça devrait marcher très bien (c'te blague).<br />
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Image à rajouter<br />
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== Enquête ==<br />
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=== Solerane (Diane, Andreas, Eldan) ===<br />
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Entrant en ville par la Porte Basse alors que le crachin continue, le trio d'espions improvisés passent devant les vastes écuries où des palefreniers semblent avoir rassemblé au moins une cinquantaine de chevaux, puis remontent les rues pentues et mal pavées, encadrées d'étroites maisons de pierre et d'ardoise, en direction de l'Hostellerie des Moindres, attenante au temple et tenue par les religieux locaux. Traversant au passage la grand'place surmontée d'un vaste marché couvert au bout duquel s'élève le siège de la Guilde Minière locale, ils constatent que des bouviers attèlent ou chargent des chariots sous les halles, alors que des marchands s'assemblent devant le porche du sanctuaire : ça sent le départ...<br />
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Le réfectoire de l'hostellerie est aussi sombre qu'encombré par une bonne 20aine de mercenaires pour la plupart loqueteux, de forestiers et de négociants qui semblent tous attendre qu'un sergent courtaud et obèse s'occupent d'eux : Eldan le connaît sous le nom de "La Boule" comme le membre le plus corrompu de la garde locale, qui offre fréquemment les services de ses hommes à Jornil Cuivré et laisse prospérer les coupes-jarrets qui hantent avec son fils Jorem la boutique d'un marchand de vins, "Le Carafon".<br />
Pendant que Diane réussit à se bouffer le nez avec l'épaisse bonne-sœur qui sert pain et brouet aux clients (c'est une manie), Andréas trouve son chemin vers la sacristie pour demander au prêtre s'il pourrait s'y installer pour "travailler dans le recueillement nécessaire à ses enluminures". [Sur un jet de "Contacts dans la Pègre" réussit], Eldan le brigand repenti avise bientôt un drôle de novice qui accueille les voyageurs dans la cour en semblant éviter la salle, qu'il reconnaît illico comme un croche-bourse du coin, déguisé pour pouvoir "courtoisement débarrasser les voyageurs de leurs bagages" sans se faire trop remarquer des sœurs et des vrais disciples du Culte (et puisque je peine à lui donner un nom, il le baptise "Boule-de-Suif"). Son camarade interpellé en plein travaille lui explique que La Boule est venu sélectionner les meilleurs combattants disponibles pour les intégrer à l'escorte du convoi minier, les autres devant se contenter de la moindre paye offerte à l'escorte d'une caravane marchande qui devait partir ce matin avec un troupeau de chevaux emishen, mais qui a pris du retard malgré les tentatives du Cuivré pour les faire activer, allant même jusqu'à participer à la solde des convoyeurs pour peu que les marchands acceptent d'ouvrir la route en précédant d'une journée ses propres chariots. Bien sûr, quelques piécettes peuvent toujours faire pencher le jugement de l'adipeux sergent. "Et sinon, on peut saluer des copains au Carafon ? _Ben non, curieusement, y a quasiment personne depuis hier, déjà : ch'ais pas où ils sont tous passés. Même la bande à Jorem elle y est pu'..." <br />
Mais cette "cervelle de moineau" d'Eldan aura tôt fait de perdre l'information.<br />
<br />
Jugeant plutôt minables les guerriers déjà choisis, Diane se porte volontaire et décide de démontrer ses talents à l'arbalète en faisant tinter la haute cloche du temple d'un carreau tiré depuis le fond de la cour, selon un angle de tir particulièrement réduit par les étroites voutes du clocher et dans la visibilité voilée par la pluie et la grisaille : "Si une gonzesse y arrive, j'veux bien l'embaucher, tiens !" ironise La Boule. Et si Eldan s’éclipse vivement vers le campanile pour faire sonner la cloche du pommeau de sa dague si la Kerdane devait manquer, il n'a pas encore atteint le sommet qu'un trait ricoche sur le bourdon et faisant sonner le bronze avant de retomber côté grand' place. "Et sinon, c'est combien la paye ?" demande la tireuse d'élite d'un ton narquois, avant d'aller rejoindre la table où attendent déjà les autres vainqueurs, deux étrangers à l'air farouche et une paires de jeunes imbéciles qui se présentent comme "Trevan de Rigorne, chevalier errant ! _Et Gavin, son loyal écuyer. _Ah ben putain, si c'est le haut du panier j'ose pas voir le fond..." leur décoche Diane, toujours aimable.<br />
Informé que le convoi va de toutes façons partir le lendemain, que Diane y est embauchée, que l'éclaireur doit aller acheter quelques provisions pour le reste de l'équipe et puisque les religieux sont tous très occupés avec la foule des clients, Andréas profite du reste de sa matinée pour étudier bien tranquillement sa récente trouvaille.<br />
(Spoiler même pour les joueurs de cet épisode : En examinant les bagues mobiles qui se découpent dans la sphère d'or-rouge héritée de Langard, le mage découvre qu'elle est à la fois un focus capable de stocker de l'Essence magique, un catalyseur qui facilite le transfert d'Énergie vitale pour la chargre plus facilement et un amplificateur doublant la portée de la plupart des sorts : bien qu'il ait du payé 2pH pour la retrouver, Andréas Odran est ravi ! Bien sûr, il ignore encore que le spectre de son défunt propriétaire y a été piégé, et qu'il se manifestera lorsque l'objet sera suffisamment rechargé…)<br />
<br />
=== Interlude Forestier (Vignu, Herle) ===<br />
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Pendant ce temps, Vighnu et Herle se sont éloigné dans la forêt après avoir entendu de lointains aboiements : voulant voir de quoi il retourne, ils découvrent une petite chaumière isolée, où une mère de famille fend du bois avec dextérité pendant que ses deux jeunes enfants jouent en rassemblant les demi-bûches sous l’œil de deux énormes dogues de Marale, des molosses presque aussi hauts que des poneys. En s'approchant sous le vent, les mercenaires réalisent que ce doit être la demeure de Thuril le Brun : un forestier réputé dans la région et qu'Eldan leur a expliqué servir régulièrement de guide aux caravanes, en particulier celles de Jornil Cuivré, de loin son meilleur employeur. Ils envisagent un moment de kidnapper un môme pour forcer la coopération de son père, mais après avoir considéré la maman qui fend les bûches d'un coup de hache expert, l'agitation grandissante des chiens, la taille du chenil trop vaste pour "seulement" deux dogues et les probables galères d'avoir à balader un otage de 5 ou 8 ans, les deux farouches guerriers renoncent.<br />
<br />
En rejoignant leurs camarades, ils aperçoivent les traqueurs d'esclaves qui patrouillent les flancs de la montagne et se dissimulent tous si bien qu'Eldan, sorti de la ville basse pendant que le premier convoi s'y assemblait pour partir enfin, va avoir bien du mal à les retrouver. Déposant les provisions en expliquant que Diane a réussit à intégrer l'escorte, l'éclaireur repart aussitôt pour lui transmettre les derniers détails du plan et une dague empoisonnée par les bons soins de Vighnu, "en cas de besoin". <br />
<br />
_Pis ramène le chroniqueur, aussi : on s'arrache dès que la première caravane a fini de descendre la route. <br />
_Mais vous vouliez pas que j'aille jeter un œil à la mine, pour repérer l'autre convoi ? <br />
_Il part demain matin, non ? Qu'est-ce qu'on besoin de savoir d'autre ? Grouille !"<br />
Et ce fût leur deuxième erreur…<br />
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== Préparation du terrain ==<br />
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=== Sabotage (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
À peine une heure derrière les quelques chariots de marchandises et le troupeau de chevaux qui labourent la route humide devant eux, le commando se met donc en marche en milieu de journée, avançant d'un pas tranquille pour éviter de les rattraper. La fin d'après-midi leur offre une vague éclaircie lorsque, quasiment à mi-pente de la gorge encaissée où les cailloux roulent sous leur pas, ils avisent un sapin qui penche déjà un peu depuis le versant hérissés de rochers du ravin : passant des cordes autour du tronc, Herle, La Poigne, Vighnu (mollement, hein, il est fatigué), Le Grêlé et Oleytan tirent de toutes leurs forces pour finir de le déraciner. Le templier défroqué s'énerve au passage et, quand ses compagnons remarquent que la chute de l'arbre n'a pas l'air très naturelle, il escalade la pente avec La Poigne pour déclencher à eux deux un éboulement susceptible d'expliquer l'accident. Après qu'une coulée de rochers se soient répandus sur la route et que le colosse ait cogné le tronc à coups de pierres pour parfaire la mise en scène et dissimuler les marques de cordages laissées dans l'écorce, l'équipe décide de souffler un peu avant de repartir... et Vighnu remarque alors une silhouette qui les observe de loin, dissimulée parmi les sapins en haut de la crête.<br />
(Si Andréas Odran a tout intérêt à garder le secret de ses talents magiques pour éviter de finir au bûcher, surtout lorsqu'il voyage avec un ex-templier, Hadrien Muraille et Adira Pratesh les ont découvert lorsqu'ils étaient enfermés dans la mine et le fehnri en a évidemment parlé à son cousin : malgré ses craintes instinctives concernant la sorcellerie, Vighnu a abordé le sujet avec Andréas qui s'est montré assez ouvert sur le sujet pour le rassurer...)<br />
<br />
Après avoir discrètement averti le reste de ses camarades de la présence d'un observateur discret et leur avoir recommandé de faire "comme si de rien n'était", Vighnu et Andréas s'éloignent innocemment loin des regard inquisiteurs en pénétrant sous les frondaisons qui bordent la gorge en se donnant vaguement l'air de chercher des plantes : <br />
_Tu peux le chroniquer d'ici, demande l'apothicaire dès qu'ils sont loin de Herle ? <br />
_Assieds-toi avec moi et (Andréas sort la sphère première de son sac) pose tes mains là-dessus, là et là. <br />
_Je sens que je vais pas aimer.... <br />
_Sans doute mais j'ai pas l'énergie pour le faire moi-même alors tu participes où il va se tirer." <br />
Dès qu'ils ont tous les deux les mains sur la sphère de métal rouge, Vighnu se sent soudain très fatigué [ça lui coûte 4 points de Fatigue, mais ça fait 8pts d'Essence pour alimenter les sorts d'Andréas, qui en a bien besoin vu comme il peine depuis plus de deux jours qu'ils sont en marche] et, les yeux fermés par la concentration, le chroniqueur annonce à son camarade : <br />
_Il n'y a qu'un seul type, mais il s'éloigne vers... un cheval. Plein nord, au sommet de la gorge. Il sait qu'on l'a repéré. Il se dépêche parce que... le sentier qu'il veut prendre rejoint la route un peu plus haut. <br />
_Tu peux le neutraliser ? <br />
_Je vais essayer mais... <br />
_Fais au mieux, je préviens les autres !"<br />
<br />
=== Interrogatoire ===<br />
<br />
Quand Vighnu sort des bois tout essoufflé en appelant ses compagnons, il explique brièvement que le guetteur est en train de s'enfuir à cheval, mais qu'ils peuvent tenter de lui couper la route et Oleytan s'élance le premier, remontant la gorge au pas de charge, suivi de près par Eldan, Herle de Lorune et le Grêlé. Ils ont beau courir de toutes leurs jambes sur le chemin rocailleux, le cavalier dévale la pente plusieurs centaines de mètres plus haut qu'eux... et tombe de selle en atteignant la route.<br />
<br />
"Quand on sait pas monter..." grommelle Herle, dégageant l'arc qu'il avait en bandoulière en cavalant de plus belle : son cheval trottant pour s'éloigner des ennuis, le guetteur se relève à peine lorsque Lerkoren Oleytan arrive sur lui le glaive à la main, mais réussit à dégainer sa propre épée en se remettant sur ses pieds, à parer et à lui coller un grand coup de pommeau à la tempe, séchant le jeune Elloran avant qu'Eldan ne soit à portée de lame. Le cavalier esquive le coup mal ajusté du Moineau en bout de course et, voyant arriver d'autres adversaires, dégage vivement sur le versant boisé qui descend vers le torrent. Mais Herle de Lorune a stoppé et décoché une flèche, et malgré la distance elle vole entre les arbres, racle l'écorce d'un boulot et transperce le genou du fuyard [3 pions de Fatigue et 1pH : Ego' voulait vraiment le choper] qui bascule dans dans la pente en rebondissant contre les troncs et les rochers. Un instant soufflé par l'expertise du tir, Oleytan, Eldan et le Grêlé regardent le Défroqué d'un air médusé, celui-ci leur fait signe d'aller chercher leur proie et, s'asseyant pour souffler sur un rocher, débande son arc en déclamant un poème sur la rudesse de la vie au bord des eaux [il faut préciser que pendant qu'on joue sur Rolisteam, Ego' dégotte des poèmes de circonstance qu'il déclame à brûle-pourpoint quand il a besoin de libérer de la Tension : ça fait toujours son petit effet et lui obtient à chaque fois le bonus du public]. Le Grêlé en reste un moment comme deux ronds de flanc, puis l'ex-inquisiteur dégage sa dague et, descendant à la suite d'Eldan avec le mercenaire sur les talons, annonce : "Bon, c'pas le tout : au boulot."<br />
<br />
Et pendant qu'Oleytan s'éloigne pour récupérer le cheval, sous le regard mortifié d'Eldan qui a eu tant de mal à récupérer le blessé dans le torrent, à le traîner sur la berge et à lui faire un garrot, Herle entreprend d'interroger le prisonnier, d'abord en lui expliquant qu'il parlera de toutes façons et que ce n'est qu'une question de temps et de douleur, puis en tournant la flèche dans la plaie pour illustrer son propos. Alors qu'Eldan, dégouté, s'éloigne, le cavalier commence à révéler qu'il n'est que l'éclaireur d'une bande de types chargée de suivre le convoi... lorsqu'il tourne de l’œil, moins à cause de la souffrance que des blessures reçues : ayant rejoint ses camarades depuis quelques instants déjà, Vighnu l'examine et, constatant que le prisonnier cumule un sérieux hématome à la tête et des côtes fracturées à sa blessure au genou, annonce qu'il risque d'avoir un peu de mal à le garder en vie plus de quelques heures. <br />
_Et qu'est-ce qu'il a sur la poitrine, demande le chevalier ? <br />
_Tatouage de voleur, explique l'assassin-apothicaire : la Confrérie du Chacal, une espèce de regroupement de brigands, mais j'ai entendu dire qu'ils commençaient à trafiquer des armes dans le coin. <br />
_Non. Ce sont des démonistes ! <br />
_Hein ?! Houlà, non, non, je vous assure messire ils... <br />
_L'étoile à neuf branches est le signe du démon, Maître Pratesh, et cette créature doit être décapitée et brûlée séance tenante. <br />
_Quoi ?! Mais non, enfin, on allait l'interrog... <br />
_Nous ne tolérerons pas l’œuvre du démon et vous n'en serez pas complice, Maître Pratesh, ou bien vous aurez à faire à moi !" <br />
Malgré les protestations de ses camarades, Sire de Lorune défait le long paquet qu'il a sur le dos depuis le départ et en dégage une lourde épée bâtarde à la lame gravée de runes antiques et dont la garde rougeoyante rappelle à Vighnu une certaine sphère : avant qu'il ne puisse s'interposer, l'épée s'abat et la tête du malheureux tombe, tranchée net, entre ses genoux [oui, Herle vient d'exécuter le "peunj-d'information" pour produire une Réaction à 5].<br />
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Image<br />
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=== Fuite ===<br />
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"D'autres cavaliers arrivent !" les avertit Oleytan depuis le chemin, où il monte maintenant le cheval récupéré. Ne sachant pas s'il s'agit de brigands ou de simples civils et préférant éviter de laisser une "scène de crime" qui mette la puce à l'oreille du convoi, les mercenaires bascule le corps dans le torrent et dégage vers l'aval, histoire de dépasser leur éboulement avant d'être vus. Emportant la tête pour la brûler plus tard, Herle s'élance sur le chemin à la suite de ses camarades. Ce n'est que lorsqu'ils ralentissent au bas de la gorge qu'ils s'avisent qu'ils ont oublié Andréas et La Poigne, à qui Vighnu avait ordonné de rester près du chroniqueur pour le protéger : <br />
_Non mais ils sont pas débiles, non plus, ils auront dégagé en nous voyant passer... <br />
_On parle de La Poigne là : le gars qui reste allongé près de l'arbre les yeux fermés pendant qu'on poursuit un cavalier parce qu'on lui a dit de faire "semblant de rien". <br />
_Bon, Oleytan, tu retournes les chercher à pied en passant par les crêtes, on se retrouvera près du gué." <br />
Et le matériel chargé sur le cheval, notre commando hautement qualifié repart d'un pas tranquille sous la bruine persistante.<br />
<br />
=== Reflexions ===<br />
<br />
Sous les pas des mercenaires, une plaine vallonnée, couverte de hautes herbes et parsemée de bosquets, succède bientôt à la forêt escarpée. Une éclaircie illumine le paysage et, quoiqu'en regardant régulièrement par-dessus leur épaule, les PJ en profitent pour sécher un peu en devisant sur la suite. Ce n'est qu'en arrivant au bord du fleuve que Herle insiste pour faire une pause et observer sérieusement les environs, des fois que les Démonistes ("Mais c'est juste des petits truands qui se donnent un genre ! _Des dé-mo-nistes !") aient posté un autre guetteur ou que la première caravane soit encore à portée de vue. Les abords de l'Anil'wel ("la Rivière du Passé") sont remarquablement calmes, mais la profondeur des empreintes de chariot laissées sur la berge intrigue le templier : <br />
_Qu'est-ce qu'il y avait exactement dans ces chariots, Eldan ? <br />
_Heu... un de draps et fourrures, un de ferronnerie, chaudrons, ce genre de trucs, et puis un p'tit chariot de matériel, les vivres de l'escorte, tout ça. <br />
_Grand et gros, le chariot de chaudrons ? <br />
_Pas très non, pourquoi ? <br />
_Parce je commence à me dire que si j'étais un maître-contrebandier qui se méfie d'une attaque sur le convoi le plus important de l'année, j'aurais peut-être bien camoufler le vrai chargement dans la première caravane et tendu une embuscade autour de la seconde…"<br />
<br />
Après avoir passé le fleuve, et puisque la journée touche à sa fin sous les nuages noirs qui s'accumulent à l'est ("Gros orage en provenance de la mer, annonce le Moineau. _Trouve-nous un bon site de bivouac, faut qu'on puisse se reposer ce soir.") le groupe discute toujours de ses soupçons en interrogeant Eldan sur milles détails, puisqu'ils est le seul parmi eux à s'être rendu en ville et à avoir observé les préparatifs de départ. Montant un campement étonnamment confortable à base de branchages installés entre de gros rochers, sur les contreforts des hauts plateaux à l'ouest de la route (en limite de zone 4, sur la carte) et bientôt rejoints par Oleytan suivi d'Andréas juché sur le dos de La Poigne, l'équipe continue de réfléchir à l'idée du Templier.<br />
<br />
Et, à force de se creuser la cervelle, Eldan commence à se remémorer divers détails troublants (les mises en garde du Capitaine ; la désertion du Carafon (d'ordinaire quartier-général des truands et en particulier des séides de Jorem Cuivré) ; Jornil qui pressait le premier convoi de partir au point de payer une partie des frais de l'escorte, finalement un peu excessive pour des marchandises sans grande valeur et comptant assez peu de cavaliers pour que le troupeau de chevaux soit sa principale préoccupation ; les drôles de "barbares" qui trainaient à l'Hostellerie avec Diane), Andréas raconte sa première rencontre avec les Chacals au Cercle des Cascades, Vighnu et Eldan ajoutent leurs connaissances sur la pègre du nord... Il leur faut un moment pour constituer une théorie viable mais, lorsque Herle de Lorune revient de l'incinération de la tête tranchée, ses compagnons se sont rangés à son avis : le butin est caché dans la première caravane (qui n'a que 3 ou 4 heures d'avance sur eux et a du elle aussi s'arrêter pour la nuit), et le deuxième convoi est un piège à leur intention, pour lequel Jornil a embauché les Chacals, originellement venus des Sylves, tout comme Urgrand le sorcier barbu qui les a mis en relation avec les rebelles. _Je vous avez bien dit que c'était des démonistes ! Quand on aura fini cette mission, faudra faire la peau à ce sorcier. _Nous en reparlerons certainement, sourit Vighnu."<br />
<br />
=== Interlude Lointain ===<br />
<br />
Pendant ce temps à Tal Endhil, le Capitaine prend Ranyella Sotorine à part à la fin d'une des nombreuses sessions qui occupent la Guilde depuis le début de la semaine et, alors qu'il voulait lui parler transport nautique et diplomatie locale, la cheffe kerdane lui remet 4 pièces d'argent : "À quel titre ? _Une de vos mercenaires a envoyé un message à Écume 6 en demandant qu'on lui envoie une barge au Lac d'Acier. La réponse est que nous avons déjà perdu une barge récemment, que ma famille a autre chose à faire et que la mercenaire en question a perdu le privilège de faire appel à nous : vous seriez gentil de transmettre. _Oh... merde !"<br />
Et le Capitaine fonce illico au Cercle des Cascades, insiste pour parler urgemment à quelques chamans de sa connaissance et fini par demander à Kal Shemon'Lon de bien vouloir passer un message à Vighnu et Andréas : "Seulement si j'peux mett' un monstre marin. Ça donne du cachet aux visions, les monstres marins. Hihi."<br />
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== Infiltration ==<br />
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=== Soirée à Solerane (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
À l'Hostellerie des Moindres, après qu'Eldan soit passé en coup de vent lui déposer une dague empoisonnée ("T'aurais rien de plus liquide, pour épicer les vivres de l'escorte ? _Ah heu ben non, mais j'vais demander à l'apothicaire.": jamais revenu), Diane fait connaissance avec ses futurs compagnons de route : si les deux "barbares" au poil noir et à l'air revêche ne font toujours aucun effort pour converser dans la Langue des Pères, elle découvre que le jeune "chevalier errant" Trevan de Rigorne et son fidèle écuyer sont venus au nord "en quête de gloire et d'aventure" et que, malgré leur bref engagement dans les troupes mercenaires ("parce qu'on y voit plus d'action !"), l'aventure leur a fait jusqu'ici plutôt défaut : une escorte de caravane vers Celanire (et quelques troubles sur place dus à l'arrivée d'un nouveau prêtre assez radical), mais toujours pas de glorieux combat. Ils comptaient s'engager dans les troupes d'un héros local, le fameux Capitaine Durgaut de Tal Endhil ("Qui ? Non, 'connais pas...") mais comme Trevan est incapable de réduire son train de vie, les voilà pour l'instant fauchés et ils repartent vers Darverane avec le fourgon de métal, dont le jeune chevalier espère bien qu'il sera attaqué (pour se couvrir de gloire), afin de gagner assez d'argent pour un second cheval (Gavin l'écuyer se plaint de courir derrière depuis deux mois).<br />
<br />
Un très bref duel d'entraînement avec lui permet par contre à Diane de constater que Trevan est extrêmement bien entraîné à l'épée, malgré son inexpérience du combat réel et sa rafraichissante "naïveté". Si son écuyer a d'avantage les pieds sur terre, Diane ne doute pas de pouvoir par contre les manipuler (et ne se préoccupe pas plus que ça d'aller jeter un œil au fourgon ou à la mine).<br />
Elle rencontre bientôt Thuril le Brun, le massif forestier accompagné de deux dogues en charge de guider le convoi, qui vient les avertir d'être prêts le lendemain avant l'aube.<br />
<br />
=== Rêves collectifs (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
Pendant qu'elle dort tranquillement à l'Hostellerie, le tumulte de l'orage qui s'abat sur la plaine est bientôt interrompu par un hurlement de frayeur : sous son abri de branchage, Vighnu vient de s’éveiller d'un horrible cauchemar, une histoire de barques irrémédiablement coulés et de monstre marin qui le dévorait. <br />
_Ça commençait par un faucon ricanant dans la nuit et finissait par un petit oiseau qui te guidait vers un sentier lumineux dans la montagne, demande Andréas ? <br />
_Heu... oui, mais je t'avoue que je me suis réveillé après le poisson géant. <br />
_C'est drôle, moi j'ai juste vu une espèce de grosse murène rôder dans l'eau, mais à part ça, je pense qu'on a fait le même rêve, envoyé par Kal Shem'... <br />
_C'est important les rêves, coupe Herle de Lorune, ce sont souvent les Ancêtres qui nous les envoient. <br />
_Voilà. <br />
_J'allais le dire. <br />
_Et dis-donc, le Moineau, un chemin dans la montagne, ça te dit quelque chose ? <br />
_Ah heu...oui. Le Capitaine avait prévu une solution de secours si on trouvait pas d'embarcations, c'est au nord de Celanire. <br />
_Et c'est fiable ? <br />
_Les plans du Capitaine sont toujours fiables ! <br />
_Suis-je bête. Bon ben demain on peut s'épargner d'aller voir si les Kerdans sont arrivés à la presqu'île et foncer plein sud dès l'aurore pour rattraper le convoi..."<br />
<br />
=== Départ du convoi (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
Et le jour n'est pas encore levé que Diane, Trevan, Gavin et les deux barbares Sylvains dont elle n'a tiré que les noms (Rumbold et Jaromir) rejoignent avec Thuril la mine de cuivre, un véritable petit fortin dont sortent bientôt des cavaliers (dont Craie et Esteval, qu'elle reconnaît et qui la reconnaissent, mais aussi un jeune gandin qui s'avèrera vite être Jorem Cuivré, le fils du grand patron), quelques fantassins supplémentaires, un lourd fourgon de chêne fermé par une porte cadenassées et un petit chariot de matériel tiré par des mules. Retraversant la ville vers la porte basse dans le fracas des roues et des bêtes sur le pavé, le convoi descend laborieusement la route vers le Marchepied en brinquebalant ("Bloumboudoum font les coffres dans le fourgon fermé. _Super : tu fais vachement bien le coffre. _Okaaay... _Ben quoi ?") puis oblique plein sud dans le petit matin.<br />
Très vite, l'arbalétrière comprend qu'entre Craie, Thuril et Jorem, il y a deux chefs de trop dans ce convoi, et en profite pour attiser les inimitiés au sein de l'escorte. Dès qu'elle et d'autres piétons sont employés à retenir les chariots dans la route pentue qui serpente le long du torrent, il lui vient une autre idée pour ralentir le convoi : profitant d'un dérapage du fourgon ("moins lourd qu'il n'y parait... _Ben tant mieux.") <br />
sur la route bourbeuse, alors qu'elle tirait de l'arrière, Diane s'arrange pour que le véhicule passe sur l'un des cochers descendu pour freiner par l'avant, et le conducteur hurle lorsqu'une des roues de bois ferré lui sectionne la jambe à hauteur du genou. Dégager le pauvre gars et lui prodiguer les soins nécessaires, quoique probablement inutiles (le type ne s'en sortira pas sans un bon chirurgien) stoppent le convoi pendant un long moment. Diane en profite d'ailleurs râler sur la paye, semer encore un peu plus la discorde dans l'escorte et monter Trevan de Rigorne contre Craie en proposant de rentrer à Solerane pour repartir du bon pied, mais l'esclavagiste albinos est vite soutenu par Esteval et, à eux deux, ils ramènent un semblant de discipline dans l'équipage qui reprend la route.<br />
<br />
Toujours attentive aux alentours, Diane commence à avoir l'impression distincte que des bruits de sabots suivent le convoi par les crêtes et, lorsqu'elle propose d'aller voir, Craie insiste pour envoyer plutôt Jaromir et Rumbold, les deux Sylvains. <br />
_Dis-donc Trevan, demande-t-elle au jeune chevalier, les deux barbares, là, ils ont été sélectionnés comment ? <br />
_Je ne sais pas, Mademoiselle : je ne crois même pas que le gros sergent les ait mis à l'épreuve, ils ont été embauchés tout de suite. <br />
_Tiens donc..." Et bien sûr, lorsque les deux éclaireurs reviennent "sans avoir rien trouvé", Diane et Gavin espionnent leur bref rapport à l'albinos, la Kerdane entendant quelque chose comme "perdu un gars... <br />
_Dis-leur de garder leurs distances, merde !"<br />
<br />
Lorsque le jeune chevalier et un des Sylvains, chevauchant tous deux à l'avant-garde, signalent un l'éboulement barrant la route, le convoi s'arrête à nouveau, l'escorte se déploie en position défensive et la Kerdane décide d'escalader le pierrier pour en avoir le cœur net : trouvant les empreintes de deux paires de très grands pieds, elle déduit que l'éboulement est l’œuvre de La Poigne et du Défroqué, mais préfère inquiéter les autres pour perdre encore du temps. Le convoi ne repartant qu'après avoir utilisé les mules pour traîner le sapin tombé hors du chemin, Diane s'installe à côté de Thuril le Brun sur le banc du fourgon et entreprend de lui expliquer qu'il se passe des choses très bizarres autour de ce transport, surtout que les Sylvains et Craie semblent comploter un truc bizarre avec des cavaliers qui les suivent [Réaction de Témérité à 5]. Manifestement surpris (et convaincu), le Brun essaye pourtant de dissiper les soupçons de la Kerdane mais ne parvient qu'à éveiller de nouveaux doutes : le guide serait-il de mèche avec d'autres gars voulant braquer le convoi ?<br />
<br />
=== Fuite meurtrière ===<br />
<br />
Avec tout ce temps perdu, il fait déjà presque nuit lorsque la caravane fourbue s'installe pour camper juste avant le gué et que Craie insiste pour envoyer les deux Sylvains et Diane "chercher du bois pour le feu", à bonne distance du camp puisque les premiers bosquets sont à plusieurs centaines de mètres. Méfiante, la Kerdane avertit Gavin et ne suit les deux barbares qu'en traînant les pieds et son arbalète sous le bras, le temps de chercher une solution : elle observe le terrain en détail, évalue les distances... Lorsqu'elle réalise que Craie et Esteval arrive derrière elle depuis le camp alors que les Sylvains la prennent en tenaille par l'ouest, elle se penche pour ramasser une branche morte... et disparaît complètement dans les taillis et le soir qui tombe.<br />
<br />
[À 4 contre 1, Diane est sérieusement dans la mouise, surtout qu'Orlanth refuse d'employer ses pH pour autre chose que progresser. Mais briefé en détail sur les options tactiques d'un sniper et anticipant finement sur ses Mises, il va commencer par un énorme jet de préparation, dégageant 16 pts de bonus temporaires qui ne vont pas être de trop...]<br />
<br />
Transmettant des indications par signes aux deux Sylvains, Craie et Esteval resserrent l'étau autour de la Kerdane... Du moins le croient-ils car, camouflées dans un bosquet à quelques distance, elle se trouve déjà hors de "l'encerclement" et visant soigneusement, elle attend le bon moment pour tirer en comptant sur la fatigue et la tension de ses adversaires. Et lorsque que, croyant avoir vu un buisson bouger, Craie fait claquer son fouet dans le feuillage, l'arbalète claque sans être entendu et Esteval s'écroule sans un râle, un carreau lui ayant perforé le crane par l’œil gauche. Jaromir, l'éclaireur sylvain qui progresse discrètement l'arc tendu, est maintenant la cible la plus excentrée : Diane recharge et lorsque l'albinos -dont les longs cheveux blancs se distinguent nettement malgré le crépuscule- se retourne pour appeler à voix basse son camarade disparu, un second trait claque et se fiche dans la trachée de l'archer, qui s'effondre en gargouillant du sang.<br />
<br />
Immédiatement, Rumbold et Craie comprennent qu'on leur a retourné l'embuscade et cherchent un couvert, mais l'esclavagiste commet l'erreur de vouloir reprendre l'offensive : dégainant son tranchoir et ré-enroulant son fouet, il s'élance en zigzaguant entre les rares bouleaux pour atteindre l'origine du tir... où Diane n'est déjà plus. Et lorsqu'il se retourne pour la chercher du regard, un carreau l'atteint en plein front. <br />
<br />
Alors que des voix commencent à se faire entendre vers le campement, le dernier Sylvain récupère l'arc de son compagnon et, restant prudemment à couvert, scrute le sous-bois en se déplaçant silencieusement vers l'ouest et les profondeurs de la forêt. Rumbold lâche une flèche lorsqu'une ombre se détache brièvement parmi les arbres mais manque de plusieurs coudées, et les deux tireurs continuent leur lente et silencieuse danse parmi les taillis, s'éloignant toujours plus du camp vers la forêt, chacun cherchant à repérer sa cible autant qu'à réduire la distance en restant à couvert... Mais lorsqu'il atteint une longue clairière, le Sylvain doit choisir s'il s'arrête ou s'aventure à découvert et, manifestement décidé à continuer vers l'ouest ou les arbres sont plus dense [et lui permettrons de réduire l'avantage fournit par la portée de l'arbalète], il s'élance soudain au pas de course : il n'a pas fait 10 pas qu'un carreau le cueille en pleine cuisse. Il riposte pourtant, mais manque encore et, étalé dans les hautes herbes, à flèches, il a le réflexe de ne plus bouger et d'attendre que la Kerdane soit obligée de s'approcher : lorsqu'une silhouette blonde apparaît, il se redresse sur un bras pour lancer sa hache mais un dernier carreau lui perce le crâne avant qu'il ait pu finir son geste.<br />
<br />
Accroupie à la lisière des bois, Diane écoute la nuit en reprenant son souffle : s'il lui semble entendre un lointain piétinement de sabots dans la forêt, une chouette ulule à l'ouest quand elle reconnaît le timbre de Trevan approchant par l'est et appelant à mi-voix "Mademoiselle ? Mademoiselle ?". Elle fouille rapidement le corps de Rumbold, récupère le projectile qui saillit de sa jambe et, en plus d'un curieux appeau, d'une solide dague, de quelques pièces de cuivre et d'un lacet d'étrangleur, elle découvre un curieux tatouage sur son sternum, une sorte de loup très mince sur fond d'étoile et de forêt. Soufflant tout bas dans l'instrument, elle émet une sorte de ululement et comprends que d'autres Sylvains appelaient leurs compagnons. <br />
<br />
Quand le jeune chevalier la rejoint enfin, troublé de constater qu'elle vient d'abattre 4 hommes dont leur chef (et qu'il a encore manquer l'action), elle n'a guère le temps de lui expliquer la situation en détail mais, avec l'aide de Gavin qui finissait de fouiller les corps, parvient à le convaincre qu'elle est "la gentille" de l'affaire. Et qu'ils sont tous en danger : il faut fuir, tout de suite, sans repasser par le camp. "Mais je ne peux tout de même pas abandonner mon destrier, proteste le "chevalier errant" ! _Et puis j'ai trouvé la clé du fourgon autour du cou de Craie, fait remarquer Gavin : ça vaudrait le coût de jeter un œil..." (On pourra pas dire que j'ai pas essayé.) <br />
Diane hésite un instant, car la tentation est forte, mais se ravise et, tirant doucement le chevalier confus par le bras, elle l'entraîne avec son écuyer vers le fleuve, contourne le camp par la rive, trouve le gué malgré la nuit et, alors qu'un fort tumulte et une cavalcade semble agiter le bivouac derrière eux, ils disparaissent dans la nuit et les flots grondant...<br />
<br />
Ils marchent depuis plus d'une heure, que le chevalier a passé à se plaindre de la perte de son cheval, du poids de son pavois et de ses pieds douloureux, lorsque Diane et Gavin réalisent que des cavaliers sont à leurs trousses : quittant le chemin pour tailler à travers bois, le trio sème temporairement ses poursuivants dans l'épaisseur des taillis et tente de prendre un maximum d'avance avant l'aube (passant sans le savoir à peu de distance de l'endroit où, la nuit précédente, ses compagnons ont campé pour s'abriter de l'orage).<br />
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== Dernier tronçon ==<br />
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=== Sabotage d'un chariot ===<br />
<br />
Durant la journée, Vighnu, Andréas sur le cheval, Herle de Lorune, Eldan, Oleytan, le Grêlé et la Poigne ont continué d'avancer à marche forcée sur la route forestière (segment 4 du trajet) détrempée tant par l'orage de la nuit que par les quelques ruisseaux qui s'écoulent vers le lac, grossis des eaux de pluie. Eldan, le plus leste de la bande, a rapidement pris de l'avance sur le reste du groupe en espérant rattraper la caravane assez tôt et trouver moyen de la ralentir jusqu'à ce que ses camarades le rejoignent. Et en effet, lorsque l'après-midi touche à sa fin et que le Moineau émerge de la forêt (début de zone 5), il découvre le troupeau de chevaux paissant tranquillement dans la grande prairie en bordure du Lac d'Acier, près des trois chariots arrêtés au bord du chemin entre lesquels les voyageurs ont allumé un petit feu pour sécher leur paletots. La moitié d'entre eux prennent d'ailleurs le soleil ou nettoie leur vêtements bourbeux sur la berge pendant que les autres cassent la graine et se reposent de la rude journée qu'ils viennent de passer à pousser les carrioles dans le chemin forestier tout à la fois étroit, sinueux, bourbeux, rocailleux et coupé par les crues miniatures (argl).<br />
<br />
Profitant des hautes herbes et de ce que seulement trois sentinelles semblent encore (vaguement) se préoccuper de monter la garde, le Moineau progresse par l'ouest, traverse la route sans être vu et se glisse subrepticement jusqu'au chariot de ferronnerie. Il entreprend alors d'arracher avec sa dague les clous qui maintiennent une des roues arrières sur l'essieu, mais il n'a pas tout à fait le temps de finir que l'arrivée de l'unique sentinelle à cheval, qui commence à réunir les chevaux égayés e vue du départ, l'oblige à se dissimuler sous la carriole. Son mouvement d'ailleurs trop vif et trop peu discret fait se cabrer l'un des chevaux, la sentinelle descend de selle pour voir ce qui se passe alors qu'une autre est descendue du chariot de draps (étrangement le seul où un garde soit resté en faction) : Eldan, bientôt coincé, ne s'échappe qu'en profitant d'un instant d'inattention né du chef de convoi qui bat le rappel de ses compagnons, juste le temps pour lui de retraverser la route et de s'éloigner en rampant dans les hautes herbes. Néanmoins, la roue d'un des chariots ne tient plus que par un clou et l'éclaireur a reconnu l'homme qui gardait le chariot "de draps" : c'est Darjodrahl, le garde du corps/assassin hornois de Jornil Cuivré en personne, et sa seule présence indique qu'ils ont vu juste...<br />
<br />
[Là, vous comprendrez que j'ai un problème spatio-temporel massif : Diane/Orlanth a toujours environs 24h de retard sur les autres joueurs, qui eux sont à moins de 24h de l'objectif réel, et d'ailleurs la caravane va arriver à l'Auberge du Pont. Si je laisse tourner la chronologie normalement, Diane ne rattrapera ses compagnons que bien plus tard, probablement après que l'action soit terminée : c'est vraiment con. Alors comme pour une fois j'ai mes 4 joueurs-combattants ensemble (ça n'a a été le cas que deux séances sur sept), je fais une entorse à mes principes pour mon Orlanth préféré, Diane passe donc à travers une faille temporelle et rejoint ses camarades, qui pour la plupart n'y ont vue que du feu.]<br />
<br />
=== Regroupement et combat (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Trevan, Gavin, Diane) ===<br />
<br />
À la lisière des bois, le reste de la troupe s'est arrêté pour faire une halte après 10h de marche forcée qui lui ont "presque" permis de rattraper le convoi, lorsque Oleytan à l'arrière-garde annonce trois piétons mal en point qui clopinent vers eux : c'est Diane la Kerdane et deux inconnus, dont un sérieusement blessé. Le trio de fuyard a en effet été rejoint par quelques cavaliers-chacals dans la journée et, lorsqu'un bref combat, Diane en a abattu un de plus, Trevan en a blessé un deuxième et le troisième a planté sa lance dans le flanc du pauvre Gavin avant d'être "héroïquement mis en déroute" par le chevalier errant (et donc il s'est barré, quoi). Rapidement mis au courant des mésaventures les uns des autres malgré l'insistance du chevalier qui veut savoir s'ils sont des "malandrins" ("Ben heu... on est des bandits d'honneur qui volons aux riches pour donner aux pauvres et défendons les petites gens contre l'oppression. _Vrai ? Quelle aventure ! Je suis bien content de vous avoir rencontrés et de pouvoir joindre mon épée à votre noble cause ! _C'est qui ce débile, exactement ?")<br />
, tous s'accordent à dire que les deux priorités du moment sont qu'ils ont 1) encore une petite heure de retard sur leur objectif et 2) seulement une courte avance sur les 6 ou 7 cavaliers qui poursuivaient encore Diane, Trevan et Gavin. "Ça tombe bien, fait remarquer Vighnu : on va avoir besoin de chevaux."<br />
<br />
Une fois l'équipe déployée autour de l'appât constitué par Gavin (rapidement rafistolé par Andréas) et Trevan installés au bord de la route, le "combat" est aussi rapide qu'unilatéral : Diane snipe le premier cavalier, le second reçoit une flèche de Herle avant d'être démonté d'un grand coup d'épée par Trevanet si les 4 autres qui les suivaient freinent à bonne distance pour descendre de cheval, ils découvrent vite qu'ils sont encore à porter de tir quand l'arbalète fait une seconde victime et qu'un autre adversaire prend une flèche dans la hanche en descendant de cheval. Les deux derniers, d'abord décidés à profiter du couvert des sous-bois pour arriver au contact voient bientôt le chevalier, le Grêlé, Vighnu et la masse du Templier s'avancer vers eux, et se dispersent dans les taillis dans l'intention manifeste de se carapater. C'était sans compter sur l'inhumaine discrétion de la Poigne, qui éclate à la masse le crâne du malheureux qui avait presque réussi à surprendre l'assassin (longue journée + problèmes de cœur : petite forme, le fehnri) et lorsque ce dernier se met en quête de l'ultime ennemi rescapé, il le trouve affalé sur le ventre et ligoté par le layss d'Oleytan, d'ailleurs assis sur son dos. <br />
_Très bien mon gars ! Allez, on le ramène aux autres et... <br />
_Non. <br />
_Je te demande pardon ? <br />
_Non, Vignupratesh : cet homme est mon prisonnier, et il porte un tatouage. Je ne laisserai pas tes cinglés de compagnons massacrer un vaincu. Je comptais le laisser repartir après que nous ayons pris du champ. <br />
_Mais c'est une très mauvaise idée, mon ami : il va rejoindre ses compagnons... <br />
_C'est son droit. <br />
_...les alerter sur notre position. <br />
_Bah je peux lui trancher un mollet, si tu veux : il devra repartir en boitant et ne rejoindra les siens que bien après que nous soyons partis. <br />
_Hem... bon écoute, je vais voir où en sont les autres et je reviens vers toi, d'accord ? <br />
_Chouette : tu peux me ramener à boire ?"<br />
Et leur seul autre prisonnier, blessé à la hanche, est une prise inattendue : Jorem Cuivré, soi-même. Terrifié et enfiévré par la douleur, le propre fils du patron-minier balance tout ce qu'il sait dès que Herle et Diane froncent les sourcils : oui, son père se doutait qu'il serait attaquer et a conçu la ruse des deux convois, oui il a embauché les Chacals à sa demande par l'intermédiaire d'un contact qui trafique du sel et d'autres marchandises "tombées du chariot" entre Darverane et Solerane, oui ils se doutaient bien que le Capitaine Durgaut était derrière tout ça mais son père ne pouvait pas se permettre de faire attendre Rhilder. "<br />
_Mais pas du tout, mes fringants compagnons et moi-même sommes des bandits d'honneur qui volons aux riches pour... <br />
_Non arrête, Trevan, t'es chiant : on bosse pour Durgaut, en fait. <br />
_Quoi ? Palsambleu mais alors vous m'avez roué ! Quelle aventure ! <br />
_Mais vosu êtes cons, pourquoi vous balancez un truc pareil devant le prisonnier ?! <br />
_Parce qu'il va pas repartir de toutes façons..." explique Vighnu avant de lui trancher la gorge [Réaction Cynisme 5 : ouch !].<br />
Et abandonnant ses compagnons avec le chevalier errant qui fait un scandale, il entraîne Diane vers l'endroit où il a laissé Lerkoren Oleytan en lui expliquant la situation : <br />
_Mais quel chieur ! 'Sont tous comme ça vos venteux ? <br />
_C'est pas la question : je compte sur toi pour abattre le prisonnier après qu'on l'ait "libéré". <br />
_Pas de problème mais faut pas que le môme me repère... <br />
_Je t'aiderai." Et, en effet, Vighnu fait assez de boucan en rejoignant son jeune ami pour que l'approche de la Kerdane passe inaperçue : une fois le prisonnier ahuri rendu à la liberté sans arme et avec un talon d'Achille tranché ("Rhaaaaaaaaa ! <br />
_Pis traîne pas mon gars, parce qu'avant la nuit, y aura des loups..."), Vighnu ramène Oleytan vers leurs compagnons en l'entretenant de ses soucis sentimentaux, que le jeune Elloran ne comprend que trop bien. Cette émouvante confession les empêche d'entendre le claquement d'une arbalète qui vient de mettre fin à une très brève fuite, après quoi Diane rejoint les autres pour récupérer les carreaux qui, ayant atteint des parties molles, peuvent encore être extraits à la dague (faut dire qu'elle n'en a plus que 7, avec tout ça).<br />
Le temps de répartir les désormais 9 cavaliers, dont un blessé, sur les 7 chevaux disponibles ( _Quelle malchance : aucun d'entre eux ne montait mon cher destrier ! _Couillon, moraliste et obssédé par son canasson : il est pas venteux votre chevalier, des fois ?") <br />
et la troupe repart au galop à la poursuite du convoi.<br />
<br />
Eldan, rapidement récupéré et pris en croupe, explique qu'il a pu confirmer que le butin était dans le chariot de draps et saboter la carriole de ferronnerie, mais que la caravane a repris sa marche et qu'elle a encore repris près d'une heure d'avance. Trottant de leur mieux sur leurs chevaux déjà éreintés, les mercenaires fourbus voient s'amenuiser leurs options en même temps que le soleil couchant : s'ils peuvent encore rattraper leur objectif avant l'Auberge fortifiée (d'autant que la roue déclouée peut céder n'importe quand), il leur faudrait encore prendre le temps de se déguiser en Kormes, abandonner pour cela leur matériel le plus avantageux, attaquer en plaine, couper la fuite à quiconque sauterait sur un des 50 chevaux pour donner l'alerte, défaire une quinzaine de "gardes" (dont au moins 4 professionnels dignes de ce nom et Darjodrahl) à seulement 8 combattants, rafler le butin et dégager à travers champs avant que des renforts n'ait pu intervenir depuis le fortin : <br />
_C'est pas la peine de se casser le cul à galoper, fait remarquer Vighnu : on est tous trop crevés pour se battre efficacement. Il faut trouver autre chose... par exemple s'introduire à l'Auberge du Pont cette nuit, avant que la caravane ne reparte pour Darverane avec trois ou quatre fois plus de monde. <br />
_C'est ça, on va trimballer 200kg de coffres blindés par-dessus les remparts et tout le monde trouvera ça normal. <br />
_J'ai peut-être une idée, propose Eldan : je sais que le chariot de ferronnerie est destiné à Celanire, alors si on pouvait remplacer discrètement le contenu des coffres par des fers à cheval et d'autres objets en fonte pour planquer le butin sous les chaudrons, on aurait plus qu'à attaquer demain matin un p'tit chariot presque sans escorte allant justement dans la bonne direction. <br />
_Mmmmh... et tu ferais ça comment ? <br />
_Ben on j'pourrais entrer à l'auberge avec Gavin en innocent blessé et l'honorable médecin-érudit Andréas, on repère les lieux et le butin, pis on aide Vighnu, Oleytan et tous ceux qui savent grimper et se faire discrets à passer la muraille, pis on s'introduit là où sont gardés les chariots, on se débrouille pour changer le butin de carriole sans faire trop de bruit, les grimpeurs repartent pis, le lendemain, ni vu ni connu, on braque le transport de chaudrons sur la route de Celanire. <br />
_Mais dis donc, tu sais que si on laisse quelques gars à l'extérieur pour éviter que les gars du deuxième convoi nous tombent dessus à l'improviste ou viennent raconter des âneries à la garnison locale, ça pourrait presque marcher, ton affaire ? <br />
_Très bien, jeune homme : je suis ravi de constater qu'on ne t'a pas emmené pour rien..." conclue le Défroqué.<br />
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== A l'Auberge du Pont ==<br />
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=== Première nuit ===<br />
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Pendant que le reste du groupe se dissimulait avec les chevaux dans un bois, Eldan le Moineau, Gavin l'Écuyer blessé et Andréas, sous l'identité d'un érudit de Brasure, ont précédé la caravane à l'Auberge du Pont pour observer son arrivée et ses mesures de sécurité. Ils y ont découvert que la herse qui barre le fameux pont était baissée suite à des attaques répétées des Kormes sur la route vers Darverane (qu'on leur avait annoncée "rouverte") : les voyageurs et marchandise s'accumulant alors dans l'auberge envahie de tentes, de chariots et de bien plus de résidents qu'elle n'en peut héberger ou même nourrir, et les prix y grimpaient de manière délirante.<br />
<br />
Une fois les hommes de Jornil Cuivré arrivés et le chariot "de draps" (dissimulant les coffres que visent nos vaillants mercenaires) bouclé pour la nuit dans une grange gardée, Eldan observa les lieux pour chercher le meilleur point d'entrée (la garde mercenaire habituelle est doublée d'un contingent de l'armée régulière qui semble obéir à Darjodrahl, le lieutenant hornois du Cuivré), il manqua d'être lynché en accusant publiquement une jeune tire-laine plus charismatique que lui, Andréas fit le tour de l'auberge sur-bondée et récupéra la bourse volée au Moineau, puis Gavin sortit brièvement pour prévenir ses (autres) camarades de la situation avant que les portes ne soient fermées pour la nuit et tous trois se retrouvèrent au spectacle donné par les saltimbanques dans la cour...<br />
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Les autres mercenaires ont d'ailleurs passé un début de soirée tendu, la journée les ayant laissés sur les nerfs. Tout particulièrement Vighnu chez qui les affres sentimentaux s'ajoutaient à la tension et à la fatigue de cette mission [il trimballe toujours ses deux points de "Trauma" (rebaptisés "Marques" depuis la dernière réécriture du système) dus à ses problèmes avec Islinna) et pète donc les plombs beaucoup plus souvent que d'habitude. C'est d'ailleurs d'autant plus intéressant que, sa principale Réaction étant le Cynisme, le fait même qu'il soit fâché avec sa douce parce qu'il est un assassin cynique l'incite à se comporter en assassin cynique. Comme dit souvent mon collègue "Cancrela", «Ça devrait s'appeler "nÉvrotic"...».] Le fehnri était en fait tellement stressé que lorsque Gavin est venu leur annoncé que le chariot était sous clé et qu'Eldan s'était fait gravement repéré en perdant sa bourse et en déclenchant un esclandre, Vighnu a sorti sa dague pour la lui coller sous la gorge en gueulant "Mais vous êtes complètement cons nomdedju, on peut rien vous confier !". Immédiatement, il a senti l'acier froid de l'épée que Trevan de Rigorne lui posait sur la nuque, Herle de Lorune a dégainé son nerhil pour piquer la pointe sous le diaphragme du chevalier errant, Diane a braqué son arbalète chargée sur l'oreille du précédent et le Grêlé, passant sa lance entre le fehnri et l'écuyer, a finalement demandé de son habituel ton sarcastique si la mission intéressait encore quelqu'un ou s'ils allaient tous s'entretuer à 300m du butin juste parce qu'ils ne savaient pas tenir leur nerfs. L'assassin a donc rengainer son katara et tout le monde a lentement rangé ses armes en échangeant des regards méfiants : folle ambiance...<br />
<br />
Pendant qu'Eldan "sympathise" avec des compatriotes Anguedais ("du Duché d'Anguedale"), des bergers occupant la tente la plus proche de la porte de la remise (la verte, sur le plan), Gavin tâche d'en déloger la barre qui la ferme de l'intérieur à l'aide d'un cure-pied (une espèce de crochet pour nettoyer les sabots des chevaux) et n'arrive qu'à la déloger en partie ("J'finira 'pu tard !").<br />
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[Tentative rigolote : Gavin, qu'Orlanth incarne désormais pour éviter de ne jouer que son Arbalétrière confinée à l'extérieur, possède une Ressource "Paquetage" qui n'est définie que comme son aptitude à sortir tout et n'importe quoi du fatras accumulé dans son baluchon à force de chapardages, pour peu qu'il réussisse un jet sous le domaine "Voyage" et avec tous les talents appropriés. Le jet est plus ou moins difficile en fonction de ce qu'il espère tirer de son sac à malice, et il peut y miser d'autant plus d'Énergie que l'objet désiré correspond à ses talents...]<br />
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Après avoir profité de l'enthousiasme du public devant la performance des baladins pour remplir en partie son focus, sa bourse elle aussi bien garnie a permis à Andréas d'accéder à la partie de dés qu'organise pour ses amis fortunés un certain Dorian «le Magnifique», marchand reman particulièrement entreprenant puisque, grâce au courtage, au tripot installé dans une des rares chambres privatives et à la prostitution de son époustouflante maîtresse fehnri, Sohashna, il est probablement la seule personne à tirer quelque profit de son séjour à l'Auberge du Pont. C'est surtout, pour nos mercenaires, le seul autre type assez influent sur place pour avoir obtenu que sa propre roulotte soit elle aussi gardée sous clé dans la fameuse grange... Après quelques coups de dés qui lui ont fait gagner un peu de menue monnaie, Andréas se retire du jeu et de la conversation entre puissants négociants pour lancer le sort qu'il a préparé pour glisser dans l'esprit de Dorian et de sa courtisane une certaine idée fixe : "le commerce ne vaut rien ici, la route ne rouvrira pas, autant retourner à Solerane."<br />
<br />
Frôlant le malaise tant il a investi d'énergie dans sa "Chimère", le chroniqueur s'excuse et prend congé, entendant en partant les deux amants discuter de leur départ à l'aube. Comme Gavin et Eldan (mais du côté de l'étable), il s'installe alors pour dormir quelques heures dans la cour, afin de rester aux premières loges en cas de besoin. En attendant la diversion prévue par ses camarades à l'extérieur, il s'endort malgré les protestations fréquentent des campeurs qui râlent chaque fois que quelqu'un les réveille en faisant du bruit dans la cour, rajoutant un peu de merdier à chaque fois...<br />
<br />
=== Extrait des Chroniques des Marches du Nord d'Andréas Odran ===<br />
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: Après avoir réalisé que nous nous étions fait bernés comme des bleus et que le chariot que nous pourchassions n'était qu'un leurre, nous avons quasiment rattrapé le faux chariot de draps. Le plan mis au point par Eldan et Vighnu était d'opérer une substitution entre le coffre que nous recherchons et des ferronneries d'un autre chariot lors de l'arrêt du convoi à l'Auberge du Pont. <br />
: J'ai été affecté au groupe d'éclaireurs, en compagnie du brave Eldan et de Gavin, le soi-disant écuyer du soi-disant chevalier errant. Pas mécontent de laisser derrière moi le poète-répurgateur et ses tendances homicides qui me feraient presque regretter feu Conrad de Mélanque, nous avons doublé au large le convoi pour découvrir une auberge absolument bondée, un vaste campement de tentes débordant de ses murs. Moutons et poulets courraient en liberté là au milieu, dans un bazar que d'aucuns auraient trouvé joyeux. Ce n'était pas mieux à l'intérieur, et il me fallu jouer des coudes pour y entrer, tandis qu'Eldan essayait d'interroger des gardes à l'extérieur - comptant sur la camaraderie militaire. Il a rapidement découvert que la route de Darverane n'a jamais réouvert : les quelques marchands qui ont essayé de l'emprunter sont revenus la queue basse et soulagés de leurs biens, et le contingent de gardes de l'auberge s'est vu renforcé. La conversation a ensuite tourné court, pour autant que j'aie bien compris les explications embrouillées d'Eldan : il semblerait que la réputation de la camaraderie militaire soit en fait largement usurpée... <br />
: Pendant ce temps, Gavin et moi-même nous frayâmes tant bien que mal un chemin dans la salle de l'auberge bondée, où tout un tas d'individus tentaient d'accéder à un comptoir où l'on servait de la nourriture. Très franchement, les moutons de la cour me parurent plus dignes que cette pitoyable assemblée d'humains se battant pour leur pâtée. Enfin... J'espérais trouver plus de calme à l'étage, il n'en fut rien : l'étage était intégralement couvert de lits et de paillaissades, et la seule zone privative était réservée par un riche marchand et gardée par un mercenaire. J'ai bien tenté d'expliquer à l'un des commis de l'auberge que je ne souhaitais pas partager mes nuits avec une bande de garçons de ferme illettrés, mais celui-ci a pris la mouche (je suppose que c'est un ancien garçon de ferme toujours illettré). Ce serait donc compliqué pour moi d'obtenir un coin tranquille où préparer mes petites diversions...<br />
: Pendant ce temps, à l'extérieur Eldan assistait à l'arrivée du guerrier hornois escortant la caravane des marchands de draps. Usant d'un subtil mélange de force brute, de regard mauvais et de cette indicible autorité que procure le fait d'être une machine à tuer, le Hornois a rapidement imposé son autorité auprès des gardes, fait entrer le chariot contenant le coffre dans une remise fermée (dont il a conservé la clé), et réquisitionné une chambre et des repas pour ses employeurs. Le reste du convoi, lui, s'installait hors des murs de l'auberge. Et notamment le chariot de ferronneries avec lequel nous comptions faire l'échange. Voilà qui compliquait sérieusement notre affaire. Eldan a aussi appris que la remise en question était occupée par un autre chargement appartenant à un riche et important marchand : des verreries, apparemment. Et ce riche marchand n'était autre que celui qui occupait la grande chambre à l'étage de l'auberge, où parait-il il organise des parties de dés pour tuer le temps en attendant la réouverture de la route. Il aurait déjà plumé certains de ces collègues...<br />
: Je retrouvai Eldan dans un coin pas trop encombré de l'auberge et nous avons commencé à discuter de nos options. C'est alors qu'Eldan a été bousculé par une jeune fille qui lui subtilisa la bourse confiée par Durgaut. Il l'a arrêtée, mais elle avait déjà passé l'objet du délit à un complice que j'ai pu repérer et suivre. Je l'ai retrouvé dans les latrines où il contemplait le fruit de son forfait. Bien qu'il fut armé d'un méchant coutelas et ait l'air plus costaud que moi, j'ai serré le manche de ma dague en prenant mon air le plus menaçant et je l'ai sommé de me rendre l'argent. De façon incroyable, j'ai dû avoir l'air suffisamment méchant pour qu'il me rende la bourse sans combattre [jet d'Intimidation +1pH !]. Pendant l'intervalle, ce brave Eldan avait accusé publiquement de vol la jeune fille. Celle-ci se lança alors dans un numéro théâtral de fragilité féminine qui aurait bien fait rigoler Diane, et quelques courageux sont intervenus - espérant probablement passer pour des chevaliers blancs et ainsi trousser la donzelle d'ici la nuit. Eldan, pas si brave que cela au final, s'est copieusement fait casser la gueule et je l'ai retrouvé tout ensanglanté dans la cour. Ce fut pour moi l'occasion de m'essayer aux arts dentaires pour réparer la mâchoire du garçon. Je crois que je m'en suis bien tiré, et après tout cette dent cassée lui donne un air aventurier qui devrait plaire à ces dames.<br />
: C'est alors qu'est advenu l'évènement le plus sidérant de cette soirée : Gavin, le paysan-écuyer, a été pris d'un soudain accès d'initiative et s'est esquivé pour faire un rapport au reste du groupe ! Alors ça ! Que croyait-il le bougre, que nous allions rester sans prévenir nos compagnons ? Je n'en reviens pas, quelle outrecuidance ! Moi qui pensait que les capacités intellectuelles de ce garçon ne dépassaient pas celles de la limace ou du templier, le voilà qui nous donne des leçons d'opérations clandestines. Il va falloir que nous nous reprenions, Eldan et moi. <br />
: Au final, nous sommes parvenus au plan suivant : nous restons sur la substitution, et celle-ci s'effectuera directement au sein de la remise, entre le coffre que nous recherchons et le chargement de verreries. De mon côté, je vais essayer d'aller rencontrer le marchant de verreries, probablement au cours d'une partie de dés. Charge à moi de faire usage de toute ma persuasion pour le convaincre de partir le plus rapidement possible vendre sa cargaison à Solerane, où nous l'attendrons sur la route...<br />
<br />
Notre chroniqueur omet sciemment de préciser que sa fin de soirée fut consacrée à assister au spectacle offert par quelques baladins, dont la jeune fille et l'acrobate ayant subtilisé la bourse d'Eldan, un jeune joueur de vielle à roue et le conteur qui les dirige, un Estrani nommé Horacio. <br />
Le but d'Andréas était moins de se détendre que de profiter des spectateurs assemblés pour effectuer le rituel de "La Sentinelle au Bal" par lequel il peut tirer de l'Essence magique de l'émotion partagée d'une foule, et ainsi recharger son focus récemment acquis.<br />
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=== L'éclaireur à abbattre (Diane, Vighnu, Le Grêlé, Trevan, Herle, La Poigne, Oleytan) ===<br />
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Grimés en Kormes après un court débat quant à Diane ("Les femmes Kormes combattent généralement seins nus mais peinturlurées jusqu'à la taille. _Essaye-voir et tu vas pas retrouver tes doigts. Moi j'aurais des fourrures. _Bon, bon..."), le chevalier errant Trevan de Rigorne et Herle de Lorune surveillent la route depuis les bois à l'ouest du fortin pendant que l'arbalétrière rampe dans les hautes herbes près de la berge sud, se glissant entre les cavaliers qui surveillent la cinquantaine de chevaux qui n'ont pas pu trouvé asile à l'auberge. Lorsqu'elle en effraie quelques-uns en déclenchant un début de panique dans le troupeau, que les cavaliers doivent alors empêcher de piétiner les tentes plantées à l'extérieur, la plupart des gardes aux créneaux du fortin se tournent vers le sud. C'est le moment qu'attendaient Vighnu, Oleytan, La Poigne et le Grêlé pour s'élancer depuis la lisière des bois au nord-ouest : le fehnri est le premier à franchir le rempart dans l'ombre de la tour ouest, profitant de l'angle mort repéré par Eldan. Le jeune Elloran le rejoint avec aisance et redescend dans la cour sans être vu, pendant que Vighnu place le grappin et la corde qu'ils trimballent depuis Tal Endhil pour faciliter l'escalade des suivants, puis rejoint son camarade au sol et tout deux se cachent un instant sous l'arcade de la chapelle ("Ch") pour observer l'endroit : Andréas dort à poings fermés à quelques pas d'eux, un garde est toujours en faction devant le portail de la grange et, en plus de ceux qui surveillent l'extérieur depuis les deux tours, un autre patrouille la cour. Mais le vrai danger semble venir d'une lucarne à l'étage de l'étable, où se trouve les chambres "de luxe" : derrière un volet, un rai de lumière trahit la présence d'un homme de Darjodrahl surveillant la cour.<br />
Derrière eux, La Poigne peine à glisser sa panse entre les créneaux, manque d'être repéré mais s'encoigne dans l'angle de la tour ouest avant d'être rejoint par le grêlé... lorsqu'une cavalcade isolée sonne sur la route au dehors et que la sentinelle au-dessus d'eux crie soudain "Qui va là !?".<br />
<br />
En rejoignant Trevan et Herle, Diane avait elle-même repéré le cavalier, reconnu un des hommes de Jornil qui accompagnait le soi-disant "convoi de métal" et tenté de l'abattre à l'arbalète avant qu'il ne puisse s'annoncer à l'Auberge bouclée pour la nuit. Mais son unique tir manqué de tout le scénario s'est perdu loin de la cible sans même être remarqué et, freinant au pied de la tour ouest, le cavalier n'est finalement à portée d'arc que lorsque le garde l'a déjà remarqué : sans savoir où en sont leur camarades ni s'il peut les mettre en danger, le trio hésite à abattre l'arrivant juste le temps qu'un autre membre de la caravane, qui montait la garde à l'extérieur près des tentes des marchands de chevaux, ne le reconnaisse et viennent à sa rencontre... "Ouvrez les portes !" crie la sentinelle à l'intention de ses collègues.<br />
<br />
Du rempart, le Grêlé indique par signe à Vighnu qu'ils ont un sérieux problème : le reste du commando comprends qu'il leur faut d'urgence neutraliser ce messager nocturne qui pourrait compromettre toute leur opération. Heureusement, près du portail que deux autres gardes s'apprêtent à ouvrir, Gavin qui ne dormait que d'un œil commence à râler : "On veut dormir ! N'ouvrez pas la porte ! Si ça se trouve, c'est des Kormes !". Les protestations sont bientôt reprises par ses voisins, et Gavin envenime la situation pour gagner du temps, poussant un des nouveaux copains anguedais d'Eldan à aller se plaindre aux deux soldats qui déverrouillent la porte en arguant qu'ils ont payé pour la protection de l'auberge et que le couvre-feu vaut pour tout le monde. Le ton monte bientôt à travers toute la cour lorsque Andréas se joint aux réfugiés mécontents et en convainc une poignée d'aller gueuler auprès des hommes en faction au pied de la grande tour. <br />
<br />
Profitant du merdier, le Grêlé et La Poigne se sont introduits dans la tour ouest, ce dernier a tué la sentinelle et l'autre ouvre maintenant la porte du rez-de-chaussée à Vighnu et Oleytan : pendant que le Grêlé enfile la livrée du soldat pour le remplacer à son poste, les trois autres montent au rempart sud et le longent jusqu'à la petite porte de bois qui donne sur le grenier de la grange. Dégainant sa dague, il travaille alors à en faire sauter la barre...<br />
<br />
Sentant la situation dégénérer à l'intérieur du fortin où des archers sont apparus en haut de la grande tour- et parce que les caravaniers installés à l'extérieur commencent à vouloir se joindre aux deux hommes qui cognent au portail, Diane, Herle et Trevan (toujours déguisés en Kormes et surveillant les événements depuis la lisière des bois) décident de passer à l'action : le plus proche gardien de chevaux est abattu d'un carreau d'arbalète dans la poitrine, deux flèches descendent simultanément un caravanier armé et une sentinelle mal avisée et le trio se rapprochent à couvert des chariots et des tentent qui bordent le chemin vers le pont, bien décidé à réduire le messager au silence avant qu'il n'ait pu parler aux gardes ou à Darjodrahl le Hornois...<br />
<br />
=== Emeute et mort de Darjodrahl (Vighnu, Oleytan, Andreas, Eldan, Gavin, La Poigne) ===<br />
<br />
Dans la cour, Andréas voit arriver un garde de plus et l'engueulade devant le portail toujours fermé (et à l'extérieur duquel deux types gueulent "Ouvrez ! C'est important ! Un messager de Solerane !") tourne bientôt à l'empoignade : un des soldats pointe sa lance sur Gavin, Eldan se tient prêt à agir, l'autre soldat repousse brutalement le berger... et le chroniqueur lance discrètement un sort pour attiser la colère de la foule. Immédiatement, les protestations tournent à l'émeute et plusieurs résidents se jettent sur les soldats sortant de la Grande Tour. Gavin saisit la lance qu'on pointait sur lui et tente de désarmer le garde, écopant d'une méchante estafilade à l'épaule et les deux hommes luttent pour l'arme lorsque Eldan surgit et décapite le soldat par derrière, éclaboussant de sang le pauvre écuyer qui en reste un instant interdit.<br />
Le second soldat qui s'était précipité pour ouvrir le portail se retourne et n'a que le temps de dégainer son arme avant que le Moineau ne se rue sur lui en brandissant sa lame ensanglantée : le garde esquive une première fois, recule pour éviter un coup de lance de Gavin et le Moineau (très en forme) l'empale contre le portail. Derrière eux, sans armes ni grand talent pour la bagarre, les émeutiers amateurs se font rapidement tailler en pièce par les soldats et mercenaires de plus en plus nombreux à sortir du donjon...<br />
<br />
À peine Vighnu et La Poigne ont-ils fait un pas dans le grenier enfin ouvert que Lerkoren Oleytan arrête le fehnri d'un geste : il lui semble distinguer une silhouette dans le grenier obscur. Repéré, le Hornois jaillit et -avant que quiconque n'ait pu réagir- son épée à deux mains ouvre un profond sillon dans le thorax de La Poigne. Le colosse vaincu n'a pas encore touché le sol que Vighnu a déjà lancé une dague empoisonnée qui croise l'épée s'abattant sur lui : sa parade précipitée au katara aurait été insuffisante si Oleytan n'y avait pas joint son précieux arc à double-courbure, la lame hornoise déviant en tranchant dans le bois. Le fehnri pare une nouvelle attaque avec l'aide de l'Elloran, utilisant la corde de son arc pour lier un des bras de Darjodrahl, et se fend pour planter son katara dans la poitrine du Hornois pendant que, à peine relevé, La Poigne lui abat en chancelant sa masse d'arme sur l'occiput : à la fois empoisonné, poignardé et assommé, l'ennemi s'effondre sans un cri sur le plancher disjoint.<br />
<br />
Dehors, quatre "émeutiers" ayant été tué en un instant, Andréas reflue vers le fond de la cour avec les autres réfugiés vers le maintenant horrifiés de la tournure de leurs protestations. Entre les archers qui pointent maintenant leur flèches vers la cour et les soldats qui ont envahi la cour, Gavin comprend également que leur petite émeute a fait son temps et lâche la lance pour se réfugier dans une tente comme n'importe quel innocent apeuré par les événements. <br />
Eldan n'a pas la même présence d'esprit et, lorsque trois hommes d'armes avancent vers lui, l'adrénaline qui bat dans ses veines le pousse à tenter de leur tenir tête. Deux blessures plus tard, acculé contre la porte de la remise, il ne peut que faire mine de se rendre en posant piteusement le glaive hérité de son père pour se donner le temps de décrocher derrière lui la barre de la porte, déjà à moitié dégagée par Gavin quelques heures plus tôt. Lorsque les gardes avancent pour l'arrêter, Eldan bondit par la porte soudain libérée, claque le battant au nez des soldats et replace la barre avant qu'ils n'aient pu l'en empêcher.<br />
<br />
Lorsqu'un carreau d'arbalète cloue soudain le crâne du messager contre le portail de l'auberge, son compagnon s'arrête net de cogner pour qu'on lui ouvre mais n'a que le temps de pousser un cri avant qu'une flèche de Herle le réduise au silence. Désormais repéré mais toujours déguisé, le Défroqué décide d'exploiter au mieux la situation et s'avance à découvert en hurlant l'un des rares mots de lange des Vents qu'il maîtrise à l'attention des défenseurs : "KOOOORME !" scande-t-il en défiant les hommes aux créneaux, qui lui répondent à coups de flèches.<br />
<br />
=== La Grange (Vignu, Andreas, Le Grêlé, La Poigne, Eldan, Oleytan) ===<br />
<br />
S'étant fait ouvrir la porte de la tour ouest par Le Grêlé, Andréas le suit par les remparts jusqu'au grenier où Vighnu tente maladroitement de panser les blessures de La Poigne. Andréas n'obtient guère de meilleurs résultats pendant que ses compagnons descendent dans la grange où Eldan arrivent bientôt par la remise. "Les gardes sont à mes trousses" explique-t-il bien inutilement puisqu'on les entend marteler la porte barrée. D'autres coups et des voix retentissent bientôt au portail verrouillé de la grange : "Darjodrahl ? Un type vient de rentrer par la remise, est-ce que tout va bien ?!".<br />
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Nos voleurs échangent des regards atterrés, Le Grêlé colle une taloche à Eldan pour sa peine et le corps sanglant du Hornois continue de goutter un sang poisseux à travers le plancher du grenier pendant que les gardes s'énervent à l'extérieur quand, finalement, Vighnu tente d'imiter le phrasé rogue et guttural de son ami Barbaras : "Ouais ! J'l'ai vu mais il s'est tiré ! Tout va bien !" répond-il avec son meilleur accent Hornois. Quoiqu'un peu hésitant, le garde de faction finit par répondre "Faîtes attention quand-même, hein, on dirait bien que des Kormes sont à nos portes..." mais s'éloigne lorsqu'un grognement de hornois met fin à la conversation.<br />
Alors que tous soupirent de soulagement, Oleytan les avertit depuis le grenier d'où il surveillait les alentours par la porte du grenier, ouvrant directement sur la cour : <br />
_Pssst, y a des guerriers plein les remparts et c'est la panique dans tout le fortin. Qu'est-ce qu'on fait ? <br />
_Et surtout, qu'est-ce qu'on va faire demain, quand il faudra ouvrir la grange pour laisser partir la roulotte de Dorian et qu'ils trouveront le corps de Darjodrahl ?<br />
_Surtout qu'Eldan est maintenant complètement grillé, pis y a des gars qui risquent de finir par l'identifier... <br />
_Et j'ai perdu le glaive de mon père." ajoute l'intéressé d'un ton chagrin.<br />
Mais à l'extérieur, les appels redoublent et les soldats commencent à vérifier toutes les portes à la recherche de "l'espion des Kormes" qu'ils croient poursuivre...<br />
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=== Feinte (Le Grêlé, Eldan) ===<br />
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Dehors, Trevan a sauté sur un cheval qu'il cabre en brandissant sa lame juste au-delà de la portée des archers, pendant que Diane récupère ses carreaux, aussi précieux que compromettants, sur les corps qui lui sont accessibles. Un cri retentit alors sur le rempart sud : "Il est là ! L'espion Korme s'enfuit par l'ouest !" Après avoir ainsi ameuté tout le monde dans et hors les murs, Le Grêlé, toujours en livrée de la garde se précipite vers la tour ouest suivi par Eldan. Après s'être barricadé, ils rejoignent bientôt le sommet. "Il est là ! Attention ! Il va sauter !" hurle le Grêlé alors qu'une silhouette à peine noircie bascule par-dessus le rempart. Au pied de la tour, Herle a également sauté à cheval et puisque les trois "kormes" à l'extérieur ne semblent pas réagir à la ruse, le "garde" s'écrit encore : "Ses compagnons viennent le chercher ! Il va s'enfuir, vite !" Et de tirer quelques flèches aux buissons, pendant que Trevan et Diane ramassent le compromettant cadavre du garde étranglé plus tôt par La Poigne, et disparaissent au grand galop vers la forêt.<br />
Soldats et mercenaires envahissant les remparts, Le Grêlé et Eldan se retrouvent vite coincés de toutes part et, utilisant la corde et le grappin à leur disposition, ils descendent le long du rempart sud et disparaissent à leur tour dans les bois sans avoir été remarqués. "Bon, ça nous aura fait gagner un peu de temps, constate Vighnu depuis le grenier, mais on a encore du boulot…"<br />
<br />
=== Dans la grange (Gavin, Vignu, Andreas, La Poigne, Oleytan) ===<br />
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Après avoir discrètement permis à Gavin de les rejoindre par la remise, nos cambrioleurs retranchés dans la grange découvrent bientôt sous les linges et couverture du "chariot de draps" quatre gros coffres ferrés, fermés par des cadenas et liés au fond du véhicule par de lourdes chaînes. "Bordel, comment est-ce qu'on va ouvrir ça ?"<br />
Vighnu, peu habituer à la serrurerie malgré ses doigts de fée, casse le seul crochet sorti de la besace de Gavin, l'Écuyer essaye à son tour avec un long clou mais sans plus de succès et Le Grêlé lui-même y épuise ses maigres compétences. "Nan mais c'est pas possible, y en a pas qui sache crocheter dans cette équipe de voleurs ?! _Ben y avait le Moineau... _Et merde !!!". Persuadés que la clé des coffres doit se trouver sur l'homme de confiance du cuivré, Vighnu, Andréas et Gavin fouillent et refouillent deux fois le corps du Hornois à sa recherche : rien. "Merde ! Merde ! Merde ! _Bon, allez, on reprend du début, c'est forcément là, quelque part et on s'y met tous..." Pendant que La Poigne se repose de ses blessures, les armes, l'armure, les bijoux, les vêtements, les bottes, la bourse, les poches et le cadavre de Darjodrahl sont ainsi inventoriés et retournés dans tous les sens par les voleurs au désespoir jusqu'à ce que, finalement, Gavin remarque que son gros médaillon cliquète curieusement quand on le secoue. Vighnu et lui s'acharnent sans résultat sur l'objet, jusqu'à ce que le chroniquer, habitué aux casses-tête, saisisse comment le pendentif peut être dévissé et révèle bientôt la clé tant espérée ! Et dans chacun des quatre coffres qu'on leur avait pourtant défendu d'ouvrir (mais Herle et Eldan ne sont justement plus là pour faire des remarques), nos héros trouvent des douzaines de lingots : argent, cuivre, étain, bronze... Il y a là toute la production que Solerane destine à la prévôté, mais aussi la part des mines d'argent qui revient à l'état-major : en tout, c'est près de 200 lingots et donc quelques 250 kilos de métaux qui s'offrent à leurs yeux ébahis. "Gavin, remet illico ce que tu viens de glisser dans ta besace : tout ça est maintenant la propriété de notre Capitaine. _Pfff…"<br />
<br />
Andréas inspecte ensuite la roulotte de Dorian le Magnifique, occupée aux deux tiers par une épaisse couchette couvertes de coussins, des filets de marchandises pendant du toit et jusque entre les roues, des étagères couvrant tout le tiers arrière : <br />
_Ah ben il voyage dans le luxe, le fumier.<br />
_Si j'avais une minette comme la sienne, moi aussi j'passerais les trajets à baiser, tu peux me croire !<br />
_Oh pis dis-donc : des fioles variées, des épices, de l'argenterie, de la verrerie, des bijoux, de la nacre, des miroirs : il vend que du luxe, le gars !<br />
_Crénom dîtes, c'que c'est beau !<br />
_Gavin, repose ça tout de suite : pas question que le Magnifique s'aperçoive qu'on a touché à sa roulotte." <br />
Andréas jugeant que la caisse du véhicule est assez profonde pour qu'on y étale les lingots en un tapis bien lisse que les occupants de la couchette ne devraient pas trop remarquer, il n'y a plus qu'à attendre la diversion prévue pour commencer le transfert du chariot vers la roulotte…<br />
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=== Diversion (Trevan, Herle, Eldan, Diane) ===<br />
<br />
Il ne reste plus qu'une ou deux heures avant l'aube lorsque Trevan, Herle, Eldan, désormais tous maquillés en Kormes, se répartissent autour du fortin et, à l'aide du mélange d'essences et d'huiles piochées au hasard dans la trousse alchimique de Vighnu (fallait pas la laisser à l'extérieur), enflamment des flèches qui produisent des couleurs plus qu'aléatoires avant de siffler au-dessus des bâtiments pour s'écraser sur les toits de chaume humides où tomber dans la cour, n'enflammant que quelques tentes vite éteintes. C'est néanmoins suffisant pour que Diane puisse se faufiler par le sud jusqu'au portail, et récupérer le dernier carreau d'arbalète y clouant encore la tête du messager.<br />
"Les Kormes ! Les Kormes reviennent !" crie-t-on bientôt dans tout le fortin.<br />
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Dès que Lerkoren Oleytan a annoncé qu'une drôle de flamme bleuâtre venait de s'écraser dans la cour ("Rha les saligots !"), Andréas et Vighnu ont commencé à installer les lingots sous le matelas de la roulotte, pendant que Gavin et La Poigne garnissaient les coffres de fers à cheval, de pierres, d'une enclume et tout ce qui pourrait y simuler le poids et le bruit du butin subtilisé.<br />
Et c'est peu avant l'aube, ses compagnons s'étant effondrés de fatigue depuis un moment, qu'Andréas fini seul d'arranger la roulotte pour camoufler avec le plus grand soin son chargement secret...<br />
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== Récupération du trésor et autres péripéties ==<br />
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[À partir de là, la fin du scénar à été jouée en "flashbacks" successifs jusqu'au combat final. J'utilisais Herle de Lorune, orphelin de joueur depuis plusieurs séances, pour poser des questions auxquelles les joueurs répondaient pour déclencher un flashback. Chacun avait le droit de d'initier deux scènes : l'une contant comment un de leurs camarades avait réussi un exploit et une autre collant à un autre PJ la responsabilité d'un échec, ce qui nous permettait de ne jouer que les scènes "intéressantes" et de faire un peu de montage alterné. <br />
Comme la scène "de débriefing" se jouait presque en aveugle, seul Loriel savait dès le départ que son perso, Vighnu Pratesh, avait survécu (mais bon, comme il avait accumulé 7pH, je me doutais qu'il ne mourrait pas dans cet Épisode) et les autres joueurs ignoraient si ce qu'il affirmait était vrai, ou simplement un mensonge pour conforter le templier blessé... Évidemment, chacun commençait son premier flashback avec toutes ses jauges à fond, mais devait ensuite gérer les pertes et les récupérations de scène en scène, et les joueurs ont souvent ajouté des détails pour régénérer de la Tension ou se passer la patate chaude. Ça a été un peu décousu, la règle "un exploit d'autrui et une bourde d'autrui par joueur" n'a pas complètement été respectée mais, globalement, ça a donné un final intéressant à cet Épisode qui commençait à traîner en longueur...] <br />
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=== Réveil de Herle ===<br />
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Il fait très froid aux abords du col et l'obscurité règne sous les sapins gelés. Vighnu, transi jusqu'aux os, scrute pourtant les alentours lorsque, quelques mètres en contrebas, Herle bascule du cheval où il l'avait attaché : au contact de la neige, il émerge pour la première fois du sommeil où l'avait plongé l'hémorragie et ses profondes blessures et tend la main vers le fehnri, qui s'empresse à son chevet. <br />
_E... Eldan... où est...le Moineau ?<br />
_Il n'est pas loin, il est parti en éclaireur.<br />
_Gnnh. Le butin ?<br />
_Pas loin non plus, en arrière, sur les bêtes.<br />
_On a... on a réussi ?<br />
_Oui, on a réussi.<br />
_Alors putain, d'où ils sortaient ces types ?<br />
_C'est la faute à Eldan, il était en avant lors de l'embuscade, mais il a laissé passé les gars qui descendaient de l'autre convoi par le nord..."<br />
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=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Dans la forêt matinale, à une volée de flèche de la route vers Solerane, Eldan est en train de soulager sa vessie contre un arbre lorsqu'il aperçoit une silhouette évoluant à croupetons parmi les buissons. Il n'a que le temps de se jeter derrière un tronc qu'une flèche en racle l'écorce. Pendant que notre éclaireur se rajuste et encoche lui-même un trait dans son arc, l'ennemi tire une deuxième flèche et atteint le cheval du Moineau, qui s'enfuit dans la forêt. "Rha zuuuteuh !"<br />
Eldan riposte, manque, se remet à couvert et commence à manœuvrer pour s'approcher de son adversaire lorsqu'il aperçoit un deuxième homme, s'approchant furtivement depuis la route une hache à la main. Le Moineau tire une nouvelle flèche à l'archer adverse, le blesse légèrement et jette un coup d’œil pour surveiller l'approche du second ennemi : comprenant qu'il est repéré, l'homme à la hache profite de ce que l'éclaireur a décoché pour charger en levant sa hache. Lâchant son arc, Eldan dégaine son fidèle glaive pour le recevoir... _Mais tu l'avais paumée, l'arme fétiche héritée de ton père ! Grâce à qui l'as-tu retrouvée ? _Grâce à Gavin, qui l'a ramassée pendant que les soldats tentaient d'enfoncer la porte de la remise après que je m'y sois enfermé !<br />
<br />
=== Témoignage de Gavin ===<br />
<br />
Gavin est en train de cavaler à travers la cour de l'Auberge, l'épée d'Eldan sous le bras. Sur les remparts que l'aube éclaire à peine, c'est la panique et tout le monde hurle "Les Kormes ! Les Kormes reviennent ! Tous aux créneaux !". Le problème de Gavin, c'est qu'en se levant au matin dans la cour endormie, le beau glaive à la lame gravée (d'une femme nue : "Rho chouette !" fait Gavin) sous le bras parce qu'il ne voulait pas prendre le risque qu'on le lui vole, il a décidé de pisser derrière un pilier où, par malchance, dormait un garde (vous voyez comment les joueurs ont créé un fil rouge héroïque de scène en scène ? "J'étais en train de pisser quand..."). Éclaboussé et immédiatement réveillé, le soldat a ouvert les yeux pour voir l'écuyer "armé" levé au-dessus de lui et s'est mis à crier "Aleeeerte !". Coup de bol, c'était vraiment l'alerte puisque c'est le moment qu'ont choisi des dizaines de Kormes pour s'avancer sur le pont...<br />
Gavin cavale de son mieux entre les dormeurs et les tente, sachant que la plupart des autres sont déjà partis, il cherche une cachette ou un moyen de s'enfuir du fortin, mais le portail est à peine refermé et, en plus du furieux trempé d'urine qui le poursuite avec sa hallebarde, les guerriers commencent à s'accumuler aux remparts.<br />
"Heureusement, Herle est venu à la rescousse !" précise Orlanth, utilisant son "exploit d'un autre PJ" pour s'en sortir. Bon, là, comme techniquement Herle est un PNJ depuis déjà deux ou trois séances, c'est moi brièvement qui raconte.<br />
<br />
En effet, la porte pas encore barrée craque soudain sous l'impact d'un chariot utilisé comme bélier par trois "Kormes" plus ou moins chevelus : Diane, Trevan et Herle de Lorune sont venus évacuer leurs derniers camarades (et permettre aux vrais Kormes d'investir le fortin, histoire que les dégâts ainsi causés camouflent autant que possible l'intervention du commando). Sous la volée de flèches qui pleut alors autour d'eux, les trois peinturlurés décrochent à toute vitesse, plus ou moins suivi par Gavin qui part dans une direction légèrement différente avec l'air du pauvre hère pris dans la tourmente. Un coup d’œil alentour lui révèle d'ailleurs plusieurs dizaines de Kormes progressant par le pont vers la herse baissée en échangeant des traits avec les défenseurs de la grande tour, et de petits groupes épars traversant le fleuve accrochés à des radeaux : l'écuyer s'enfuit vers l'ouest sans demander son reste, et retrouve bientôt le reste du commando. "Hé mais c'est mon épée !" s'exclame Eldan en voyant arriver Gavin. "Celle-là ? Non, non, j'l'ai trouvé à l'Auberge... _Après que je l'ai lâché devant les gardes, ouais ! Rends-moi ça ! _Rho mais-heu…"<br />
<br />
=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Retour dans la forêt : Eldan dégaine donc le précieux glaive hérité de son père puis sauvé par Gavin... et pare le premier coup de hache de son adversaire. Il reste au plus près de l'ennemi pour gêner le tireur qui se rapproche par le nord et, lorsque son opposant trébuche sur une racine [1pH pour éviter d'être gravement blessé par un coup de hache], Eldan le sèche pour le compte d'un grand coup du plat de la lame sur l'oreille, puis roule vivement dans les buissons pour éviter la flèche que l'archer lui décoche une fois son angle de tir dégagé. Bondissant d'arbre en couvert et de tronc en fourré, Eldan se rapproche de lui et, lorsqu'il n'est plus qu'à une 10aine de mètres, le dernier trait décoché à peine rebondit contre l'écorce d'un sapin, le Moineau fonce au contact : l'autre n'a que le temps de tirer sa dague que la lame gravée lui tranche l'épaule, éclatant le trapèze, l'omoplate et la clavicule dans une gerbe de sang. L’hémorragie finit de l'achever pendant que notre éclaireur souffle un peu, découvre le tatouage de la Confrérie du Chacal sur la poitrine de l'archer et lève enfin le nez vers la route quand il entend passer le tonnerre de chevaux aux galop : 6 ou 7 cavaliers foncent à bride abattue vers le sud, d'où monte déjà la clameur d'un combat, puisque l'embuscade y a commencé. "Meeeeerdeuh !" s'écrie Eldan en repartant vers le sud à toutes jambes.<br />
<br />
=== Herle ===<br />
<br />
Serrant son poing massif sur la cape enneigée de Vighnu, Herle de Lorune commence à s'énerver : <br />
_Mais par les Pères tu vas me dire comment vous avez rattrapé le chariot, à la fin ?". <br />
_C'est grâce à Vighnu, intervient le Moineau qui vient de sortir de l'ombre [puisque là, on peut raisonnablement supposer qu'il n'est pas mort] "Il a réussi à trouver des chevaux, puis à nous guider à travers la campagne pour atteindre la forêt avant la roulotte du Magnifique. Il a été formidable ! <br />
_Mais comment vous avez fait pour sortir le butin de l'Auberge ?!? <br />
_Oh ben ça, c'est grâce aux...heu... talents d'imitateurs d'Andréas…"<br />
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=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
L'aurore pointe à peine sur la cour de l'auberge encore à moitié endormie quand Dorian le Magnifique et sa suite, fraîchement augmentée de plusieurs mercenaires recrutés sur place, exige du Lieutenant Sanderen (commandant le fortin pour l'Armée du Nord) qu'on ouvre les portes à sa roulotte, parce qu'il refuse de rester plus longtemps dans un relais aussi mal défendu. L'officier ne s'était d'ailleurs pas levé si tôt pour se faire emmerder par des marchands et grimpe sur la margelle du puits pour annoncer d'une voix forte que, le fortin étant assiégé depuis cette nuit, tout ceux qui auraient encore la mauvaise idée de s'en prendre aux défenseurs -pour des raisons de taxe ou d'insatisfaction quant au couchage- seraient considérés comme complices des Kormes et pendus aux murailles !<br />
<br />
Un soldat vient alors cogner à la porte de la grange où Andréas, caché dans la remise, vient juste de finir un splendide dessin de Darjodrahl, assis dans l'ombre dans une attitude aussi distante qu'agressive, qui va lui permettre de concentrer sa magie [il a créé un puissant sort de Chimère sur tout le rez-de-chaussée de la grange, lui permettant d'y animer un personnage d'autant plus crédible dans sa mauvaise humeur qu'il se base sur l'altercation de la veille entre Sanderen et le Hornois]. Évitant de croiser le regard mauvais du guerrier qui les admoneste depuis le coin obscur de la pièce, le marchand et ses hommes se dépêchent de sortir leur carriole, d'y atteler les bœufs et de quitter l'Auberge. Pendant qu'on referme le portail derrière la suite de Dorian, l'agitation et sa vessie tirent bientôt Gavin du sommeil et, dès que l'écuyer se met à cavaler poursuivit par un hallebardier, Andréas profite de la confusion pour quitter la grange sans être remarqué et aller se recoucher dans un coin... Lorsque, évidemment, les Kormes attaquent.<br />
<br />
[Précision rigolote, mais que les PJ ignorent : quand les joueurs on demandé ce qui avait provoqué l'attaque des Kormes, je leur ai expliqué qu'ils surveillaient évidemment depuis des semaines le fortin et le pont contrôlant le passage vers le nord-ouest de la Région des Lacs, et qu'ils ont décidé de passer à l'action quand, cette fameuse nuit, il est devenu manifeste que des "camarades" assiégeaient l'endroit depuis la rive gauche et envoyé des signaux à coups de flammes colorées : le temps de s'organiser, ils ont donc profité de l'occasion pour tenter de prendre la position. "Mais c'est notre faute si les Kormes ont attaqué ?!! _Hé, oui : vous êtes très forts.."]<br />
<br />
"Mais vous... demande Herle, comment vous êtes sortis de là ? _Oh ben nous on a profité d'une corde dégottée par Gavin dans la grange pour se tirer par les remparts comme on était venus, un peu avant l'attaque. Tu t'en souviens pas ? On vous a retrouvé à l'extérieur, avec les chevaux.<br />
[Les joueurs font quelques jets pour confirmer cette version de l'histoire, et payent 1pH pour cette histoire de chevaux : entre ceux qu'ils ont amenés eux-mêmes et le troupeau dispersé dans la nature, c'était raisonnablement probable d'en trouver pour tout le monde.]<br />
On a juste eut quelques ennuis à cause de Diane qui était restée en arrière..."<br />
<br />
=== Témoignage de Diane ===<br />
<br />
Pendant que Herle, Trevan et Gavin évacuent vers l'ouest, l'Arbalétrière s'est en effet arrêtée pour se nettoyer à grande eau (parce que les peintures de guerre, ça colle affreusement dans les cheveux longs). Elle est d'ailleurs en pleine toilette quand une bande de Défunts, trempés d'avoir traversé le fleuve glacé à la nage, prennent pied sur la rive et la considèrent avec circonspection : d'abord parce qu'elle est, sinon jolie, du moins sculpturale [Physique 4, Athlétique 4, Allure 4 : elle ressemble à une héroïne d'Adam Hughes], ensuite parce qu'elle est manifestement en train de se débarrasser de peintures semblables aux leurs, qu'elle revient d'avoir enfoncé le portail du fortin et que les Kormes s'attendaient à trouver des camarades sur cette rive. Sauf que Diane a des cheveux, et ça, c'est pas normal... "Ben quoi bande de débiles, leur balance-t-elle alors en Langue des Vents, vous allez rester là à mater ou vous êtes venus pour participer à l'assaut ?!? Bougez-vous le cul merde, on est pas là pour roupiller !" [Et de faire une énorme réussite sur son un jet de Social+Langues Étrangères+Allure+Intimidation+Volonté.] Un instant médusés, les Kormes saluent respectueusement cette guerrière étrange qui ne peut être qu'une cheffe influente et vont se joindre au combat, l'un d'eux tendant même un carré de tissu à la Kerdane pour qu'elle finisse de s'essuyer...<br />
"Comme quoi c'est carrément pas ma faute, ajoute l'arbalétrière qui vient de sortir de l'ombre auprès du templier blessé : j'avais même réglé le problème quand ce crétin de Vighnu est venu foutre sa merde !"<br />
<br />
=== Témoignage de Vighnu ===<br />
<br />
[Un jet d'orientation particulièrement raté pour retrouver les autres après avoir rassembler des chevaux vient en effet de basculer une 10aine de pions dans la case de Tension de Vighnu, qui a par ailleurs toujours des pions de Marque psychologique (anciennement appelés "Traumas") suite à sa crise sentimentale avec Islinna (et qu'il essaye d'évacuer depuis 3 séances). Il est donc très largement en Surtension...]<br />
À quelques centaines de mètres à l'ouest du fortin, ses compagnons en train de sauter sur les montures qu'il vient de leur procurer, Vighnu aperçoit à la lisière des arbres encore obscures une jeune et belle jeune fille rousse (il reste de la peinture rouge dans les cheveux de Diane) portant un manteau emishen et entourée d'une 15aine de Kormes... Son sang ne fait qu'un tour (sans passer par le cerveau) et l'assassin s'élance au grand galop en hurlant "ISLIIIIINNAAAAAAA ! J'ARRIIIIIIVE !" avant que ses camarades n'ait seulement pu songer à le retenir.<br />
<br />
Diane voit alors le Fehnri surgir de la nuit comme un diable, les Kormes qui s'éloignaient déjà ralentissent à l'arrivée de l'intrus et, chargeant toujours, Vighnu bondit de son cheval sur le pauvre gars qui tendaient une serviette à la guerrière et l'égorge d'un grand revers de son katara en beuglant "Touche pas à ma copiiiine !". "Mais t'es complètement taré ! J'suis pas ta gonzesse !", s'écrie Diane alors que l'assassin halluciné se relève souplement, quoiqu'un peu confus et couvert de sang, pendant que "l'innocent" Korme agonise dans l'herbe haute. Et tous les Kormes alentours de se ruer vers eux en brandissant leurs armes. Sautant à cheval, la Kerdane furieuse et le Fehnri honteux essuient de justesse quelques flèches, javelots et hache de jet mais parviennent à dégager à fond de train avant d'être encerclés.<br />
<br />
Lorsqu'il rejoignent Eldan, Herle, Trevan, Gavin, Le Grêlé, Oleytan et La Poigne maintenant tous en selle, Vighnu ne prend même pas le temps de s'expliquer : "Dorian et le butin doive être loin devant nous, maintenant : on va couper la plaine par l'ouest à bride abattue, les doubler avant la forêt et les attendre au premier guet ! _C'est moi ou on aura passé la moitié de cette mission à cavaler derrière des convois ? _Ferme-la et galope !".<br />
<br />
_Oui heu bon, toi qui a fait vœu de chasteté tu peux pas comprendre mais les femmes, tu vois, ça te mélange tout dans la tête et... <br />
_L'embuscade, par les Pères ! Raconte-moi l'embuscade ! <br />
_Haem donc, comme je te le disais, Diane a organisé une embuscade aux petits oignons, mais on a eu des visiteurs imprévus…"<br />
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== L'embuscade ==<br />
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[Après s'être tous reposés pendant une Scène grâce à l'avance prise dans la course, Diane fait un gros jet de préparation avec le soutien de tous ceux qui ont quelques scores de Tactique, de Camouflage ou d'Embuscade (et dans un groupe de mercenaires du nord, ils sont nombreux) pendant que Vighnu fait un solide jet de camouflage pour tout le groupe : bénéficiant d'un confortable bonus tactique réparti sur plusieurs personnages, d'un excellent point de vue pour la tireuse d'élite et d'une Difficulté de repérage monstrueuse, les PJ et leurs camardes sont prêts à ne faire qu'une bouchée de l'équipage du Magnifique…]<br />
<br />
Le timide soleil matinal jaunit les nuages gris et la pluie qui n'en finit plus de détremper la forêt, gonflant en torrent le ruisseau qui coupe la route de Solerane, juste au pied d'un trio de gros rochers de grès surplombant de leur butte une myriade de petits blocs, le gué et la route. Invisibles derrière les rocs et bosquets alentours, les vaillants mercenaires de Tal Endhil, confiants dans la garde d'Eldan ½km au nord, observent la lente arrivée par le sud de la roulotte fermée et escortée par deux cavaliers et cinq fantassins. <br />
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Image<br />
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Les éclaireurs à cheval de Dorian le Magnifique avancent en effet à pas prudents dans le torrent, pleinement conscients de traverser un splendide site d'embuscade, mais sans parvenir à repérer les guerriers déguisés en Kormes qui attendent le signal de Diane, postée au sommet des rochers, pour les assaillir de quatre côtés. La Kerdane laisse avancer les cavaliers le plus loin possible et, lorsque le premier d'entre eux menace a déjà largement dépassé les rochers et risque d'être bientôt hors de portée de la redoutable arbalétrière, elle l'abat d'un carreau en pleine tête [encore un, il faut dire qu'Orlanth soigne ses jets de tir et mise systématiquement en Visée] dès qu'il échappe à la vue de ses compagnons. Ce n'est que lorsque le garde du corps personnel du marchand commence à donner des signes d'inquiétude, un musclé patibulaire et couturé de cicatrices qui se désaltère au bord du torrent tout en jetant des regards insistants alentours, qu'un deuxième carreau démonte le second cavalier sur la rive nord, déclenchant l'assaut : avant qu'un des éclaireurs ait pu finir de crier "Aleeer..." des flèches fusent de toutes part, les grands couteaux de jets pris par Vighnu sur le corps du Hornois tournoient dans les feuillages, des guerriers jaillissent de chaque buisson et, en quelques secondes, la majorité de l'escorte agonise sur la terre bourbeuse du chemin. Mais les battants de bois sur le flanc de la roulotte viennent de s'ouvrir, libérant une appétissante fehnri à peine couverte d'une fourrure qui s'enfuit à toutes jambes à travers bois :"Oh m'am'zelle, reviens ! Faut pas courir toute nue dans les bois comme ça !" s'écrit Gavin-le-Korme-du-Terroir (pour récupérer quelques pions de sa Réaction "Plouc") avant de s'élancer à ses trousses, croisant la route du marchand courant à la suite de sa compagne dans son seul pantalon (mais sa cassette sous le bras, emballée dans une couverture)…<br />
<br />
"Cavaliers au nord !" signale alors Diane d'une voix forte, avant de tirer un nouveau carreau sur le premier des hommes qui viennent de croiser Eldan. "Soldats au sud !" lui répond la voix du Grêlé qui vient de repérer les quelques hommes de Jornil et de Sanderen partis du fortin après avoir repoussé les Kormes (qui n'ont jamais réussit à prendre la grande tour pour ouvrir la herse barrant le pont), découvert le corps de Darjodrahl dans la grange, vérifié le contenu des coffres et s'être lancé "à la poursuite du marchand félon" (et qui viennent de freiner d'un coup en découvrant l'escorte massacrée par les "Kormes", qui sont décidément partout).<br />
<br />
=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
"Attendez... et le chroniqueur-à-tout-faire, il était où, là ? _Heu... hé bien figure-toi qu'il y a eut un miracle, une véritable apparition divine, comme récemment à la Mine Bénie : c'est dire si les Pères sont avec nous !"<br />
Quand une poignée de Kormes franchit le parapet et commence à s'en prendre aux voyageurs piégés dans la cour, Andréas se précipite vers la seule porte qui n'ait pas encore été solidement bouclée, celle de la chapelle, entraînant à sa suite quelques réfugiés paniqués. À peine la porte barrée par un banc, le mage évalue le cheptel à sa disposition, serré comme des sardines dans l'espace exigu entre les piliers sculptés représentants les huit Premiers : il y a là la jeune voleuse, le vieux conteur, le garçonnet à la vielle et l'acrobate-détrousseur (soudain gêné de se découvrir barricadé dans une pièce de 9m² avec "l'intimidant" érudit), un jeune soldat affolé (qui a lâché sa pique au premier signe de danger), une des servantes de l'auberge et une commère serrant une poule dans ses bras tremblants. <br />
<br />
Des cris (et des caquètements) de terreur accueillent les premiers coups de hache qui s'abattent sur la porte, mais Andréas Odran connaît la manœuvre : "Prions mes frères, les exhorte-t-il avec toute la force de sa conviction ! Prions que les saints Pères viennent à notre secours ! Chantez-tous avec moi !" La chorale improvisée entonne alors un antique où l'angoisse se mêle à la ferveur religieuse. Lorsqu'une cognée d'acier fini par percer entre les planches de chênes, le mage décide d'accélérer le mouvement et sort la Sphère de Pouvoir de son havresac : "Mes frères, ceci est une Sainte Relique Première dont la bénédiction nous protégera des ennemis du culte ! Tendez les mains pour la toucher et concentrez-vous sur le chant ! Les Pères sont avec nous !".<br />
<br />
Et siphonnant un maximum d'Énergie à ses coreligionnaires sans trop leur demander leur avis (pas plus qu'à la poule), Andréas remplit son focus au maximum pour lancer un sort de Chimère assez puissants pour effrayer les Kormes... lorsqu'il lui semble qu'une forme tout à fait imprévue émerge de la sphère d'or rouge. Le chroniqueur commence même à distinguer une silhouette humanoïde lorsque, son sort se déclenchant en vidant d'un coup toute l'Énergie accumulée dans la sphère, "l'intrus" disparait avec une sorte de cri muet.<br />
<br />
Dans la cour, c'est par contre carrément la stupeur : Herem, Second Fils des Étoiles, Premier Seigneur des Batailles, vient de se matérialiser quelques mètres au dessus du puits, brandissant son épée enflammée sur le fond sombre de cette aurore pluvieuse. La plupart des soldats en restent tétanisés, des réfugiés se jettent à terre en signe de soumission, d'autres prient à genoux sur les pavés et les Kormes, eux, refluent en désordre devant cette apparition divine.<br />
Lorsque les choristes de choc émergent de la chapelle dans une sorte de stupeur incrédule, il leur faut plusieurs minutes pour s'apercevoir que le saint érudit et sa relique on déjà disparu par le portail enfoncé de l'auberge…<br />
<br />
=== L'embuscade encerclée ===<br />
<br />
Dans la forêt humide se joue une dangereuse partie de cache-cache : après que deux d'entre eux aient été blessés par des carreaux d'arbalète en arrivant du nord à bride abattue, les Chacals lancés à la poursuite de nos héros ont démonté pour se disperser à couvert dans les sous-bois, les soldats et mercenaires arrivant du sud ont pris le maquis en découvrant les cadavres dispersés sur la route et les auteurs de ce carnage se sont pour la plupart dissimulés tout autour de la clairière envahie de rochers, progressant prudemment à la recherche des nouveaux arrivants. <br />
[Après la phase de "tir au pigeon" de l'embuscade, le groupe vient de passer en Duel global, tous les combattants dispersés à travers la map répartissant leur mise entre le repérage (attaque), la dissimulation (défense) et le déplacement, jusqu'à rencontrer des ennemis et basculer en combat à distance ou tenter de rentrer au corps à corps. Le récent module de calcul des distances de combat a donc beaucoup servi, de même que les Positions tactiques (camouflage de la végétation, couvert des rochers...), la surprise, les charges soudaines, les combats à plusieurs adversaires... Ce fût une belle démonstration tactique (Diane a particulièrement brillé) et une belle scène finale, qui aurait mérité d'être mieux décrite si je n'avais pas eu 5 ou 6 combats à gérer en même temps. Au passage, Humphrey B jouait Herle de Lorune pendant l'absence d'Andréas.]<br />
<br />
Dés le début, Gavin est pris dans une bagarre désordonnée à coups de couverture, de cassette et de poings contre Dorian le Magnifique pendant que la belle fehnri disparaît dans les bois ("Une courtisane fehnri avec un gros score de discrétion associée à un marchand-escroc ? Tiens donc..."), Le Grêlé a rejoint la roulotte pour régler son compte à la petite servante qui s'y cachait encore (et "s'amuser un peu" avec elle : ça reste un mercenaire sans scrupule, hein), Eldan essoufflé rejoint le "champ de bataille" par le nord, Vighnu et La Poigne convergent vers les soldats qui contournent par le sud-est, Herle abandonne son arc pour foncer tout seul par le flanc ouest (il faut bien justifier de son état futur en le jouant "imprudemment"), Trevan et Diane quittent discrètement les gros rochers en cherchant à repérer leurs nouveaux adversaires...<br />
<br />
Après quelques instants de louvoiement discrets dans les bois, le premier accrochage intervient quand deux soldats franchissent le ruisseau en aval du gué et sont interceptés par La Poigne et Vighnu : si le gros benêt diminué par ses blessures est vite repéré et pris dans un laborieux corps à corps, l'assassin blesse un de ses adversaires d'une dague de jet avant de surgir derrière lui pour le poignarder, employant le corps du mourant comme bouclier contre les attaques de deux autres soldats qui venaient à son secours. En un instant, Vighnu balance le mort sur ses congénères, éventre l'un et abat l'autre d'une dague de jet dans la gorge, pendant que La Poigne enfin dégagé éclate le crâne du dernier à coups de gourdin.<br />
<br />
Après avoir éclaté le nez du marchand d'un direct bien placé, Gavin lui arrache sa précieuse cassette et, laissant le "Magnifique" sonné assis dans l'herbe, accourt vers la roulotte en entendant les cris d'effroi de la petite servante. N'écoutant que ses élans chevaleresque, il sonne Le Grêlé d'un grand de cassette sur le crâne et, après avoir tenté en vain de calmer la pauvrette (faut dire qu'il est grimé en Korme et qu'elle passe une matinée épouvantable), l'écuyer la laisse s'enfuir dans la forêt et part à la recherche d'une arme plus approprié en voyant se rapprocher les mercenaires du fortin.<br />
<br />
Sur l'autre flanc, Herle (sans arc, donc) s'est fait prendre en tenaille par deux tireurs, a reçu une flèche dans le côté et, pendant qu'il tentait de choper son agresseur au contact, l'autre a surgit de flanc pour lui ouvrir la cuisse à coup de glaive. Blessé et à deux contre un, il encaisse de son mieux lorsque Trevan de Rigorne charge en brandissant son épée, attirant l'attention de Diane qui progressait à croupetons dans le secteur : en une seconde, le premier chacal est décapité et le second s'écroule, un carreau d'arbalète dans l’oreille. Mais ils n'ont guère le temps de souffler car Le Moineau les appelle au secours !<br />
<br />
Déboulant sans s'en apercevoir au milieu des ennemis camouflés, Eldan est immédiatement pris par surprise et blessé. Il parvient néanmoins à faire chuter son adversaire et, roulant avec lui dans les feuilles mortes, les deux éclaireurs échangent coups d'épée, de pied et de poing en s'usant l'un l'autre, pendant qu'un chacal supplémentaire s'approche à pas de loup. Le Moineau le repère au dernier moment, appelle à l'aide, tente vainement de pousser l'ennemi qu'il a blessé dans les jambes de l'arrivant et encaisse une nouvelle blessure (il commence à être franchement mal en point) lorsque Trevan arrive à la rescousse, toujours au pas de charge et toujours couvert par Diane dont l'avant-dernier trait cueille l'ennemi debout juste sous l'omoplate, perçant le poumon.<br />
"Laisse-le moi !" gueule Eldan au chevalier errant et, donnant tout ce qui lui reste contre un ennemi soudain moins faraud, le Moineau prend finalement sa revanche en clouant son ennemi au sol d'un grand coup d'épée. Avant même que Herle rejoigne en boitant l'éclaireur victorieux, Trevan et Diane sont repartis au pas de course vers le flanc est, où des cris indiquent que Lerkoren Oleytan passe un mauvais quart d'heure.<br />
<br />
Car parti seul au nord pendant que l'on se battait près du ruisseau, le jeune Elloran a abattu le premier des "Chacals" qu'il a rencontré mais s'est ainsi fait repéré par deux autres : après un court échange de flèches en manœuvrant pour rester à couvert, Oleytan s'est fait chargé par les deux ennemis simultanément, a réussi à les entraîner dans un bosquet touffu pour les gêner au maximum mais commence à faiblir sans parvenir à se dégager et, lorsqu'il prend un coup de lance dans le mollet, ça commence à sentir franchement le roussi. "VIGHNUUUU !!!" appelle-t-il alors à pleine voix, pendant que l'intéressé, à plus de 200m de là, achève le dernier soldat qui s'enfuyait d'un magnifique lancé de couteau, qui l'atteint dans le dos à plus de 50 pas.<br />
<br />
Lorsque deux mercenaires ont abordé la roulotte et trouvé Le Grêlé étalé dans l'herbe, Gavin qui venait de cacher son butin dans les buissons a soudain été pris de remords. Ramassant l'épée d'un mort, il revient à pas prudents lorsque le combat éclate : Le Grêlé a laissé le premier adversaire s'approcher pour l'achever, a retourné la dague qui le menaçait dans l'estomac de l'ennemi et roulé sous la roulotte pour échapper aux coups de lance du second militaire. Le Grêlé est néanmoins blessé lorsque l'écuyer arrive alors pour achever d'un grand coup d'estoc le gars qui se tenait le ventre à deux mains et bondit sur le véhicule qui commence à avancer au ralenti, les bœufs n'aimant guère la nouvelle agitation qui secoue leur attelage. Son camarade sort alors de sous le chariot pour éviter de passer sous les roues et, maintenant à deux contre un, Gavin et Le Grêlé ont vite défait le dernier soldat, achevé d'un joli lancer d'épée dans le dos alors qu'il s'enfuyait.<br />
<br />
Trevan, Diane et Vighnu arrivent à quelques secondes d'intervalle au secours d'Oleytan, les deux derniers Chacals étant alors rapidement tués, le premier percé du dernier carreau de la Kerdane et Vighnu égorgeant l'autre après un bref corps à corps, d'abord à deux, puis trois puis quatre contre un.<br />
<br />
=== Fin des combats ===<br />
<br />
Essoufflés, les guerriers vainqueurs font brièvement l'appel : <br />
_La Poigne ? <br />
_Il souffle près du ruisseau, il a pris assez cher. Eldan ? <br />
_De l'autre côté, au nord, mal en point : il s'est mangé l'avant-garde tout seul avant de nous rejoindre, si j'ai bien compris. Herle est avec lui, blessé aussi, il a perdu connaissance. <br />
_Gavin et le Grêlé sont donc seuls avec la roulotte : faudrait pas trop traîner avant qu'ils se fassent des idées malhonnêtes..."<br />
<br />
Et pourtant, les deux hommes se réconcilient sur une base financière saine : ils font moitié-moitié sur le contenu de la cassette ("que c'est pas la peine d'embêté les autres avec des détails") et Le Grêlé oubliera qu'un certain écuyer a essayé de l'estourbir avec. A peine ont-ils partagé qu'arrive Andréas Odran sur un cheval fatigué, qui découvrent le massacre au bord du gué : "Dîtes-donc mais c'est carrément la guerre ici ! Je croyais que le but de toute l'opération à l'auberge était de pouvoir prendre le butin d'un chariot à peine défendu. _Ouais ben y a eut des invités surprise..."<br />
Les valides font le tour du secteur, poussent le chariot hors de la route, rassemblent les camarades blessés pour que Vighnu et Andréas puissent les rafistoler, puis trient les cadavres au nombre desquels semblent se trouver (par la grâce d'1pH) presque tous les hommes du fortin susceptible d'identifier Eldan après ses exploits de la nuit précédente. "Alors on est bons, conclut le chroniqueur : j'ai vu les Kormes tuer les deux seuls autres qui nous aient regardé de près.<br />
_N'empêche que le Magnifique, sa poule et la servante se sont tirés. <br />
_Bah c'pas grave, ils témoigneront qu'ils ont été attaqués par les Kormes. <br />
_Mouais, sauf que Gavin a jugé utile de leur faire la causette. <br />
_Chiotte ! <br />
_Et sinon, d'où ils sortaient tous ces mecs ?<br />
_Ben ceux-là ont du vous poursuivre depuis l'auberge.<br />
_Celui-ci, il était déjà avec l'escorte au départ de Solerane, alors j'imagine que ceux du nord étaient à la recherche du messager qu'on a intercepté cette nuit.<br />
_Les Chacals qui nous attendaient avec le fourgon ont du appeler du renfort après qu'on aie commencé à leur tailler des croupières, parce que je pensais pas qu'il y en avait autant dans le secteur...<br />
_Le premier qu'a tué Herle le jour du départ, Jaromir et Rumbold que tu as dégommés avant de lâcher le convoi, ça fait déjà trois... <br />
_Au moins deux de plus, qu'on a tué avec Trevan et Gavin quand ils nous poursuivaient : ça fait cinq. <br />
_Cinq ou six avec Jorem Cuivré hier, vu qu'on a pas trop fait le détail. Disons 10.<br />
_Et aujourd'hui j'en compte cinq, dont au moins un emishen du clan des Rimdehl, en plus des derniers hommes de Jornil !<br />
_Tu oublies les trois qui sont morts au Cercle des Cascades au début de la semaine, ça fait donc 18 chacals éliminés en 8 jours. C'est du bon boulot, quand-même !<br />
_Façon de voir : moi ce qui m'inquiète, c'est qu'on puisse avoir deux dizaines de types armés dans notre secteur et ne nous en apercevoir que maintenant... Il faudra qu'on parle à ce trafiquant de sel que connaît Eldan, celui qui a présenté Jaromir au fils Cuivré : je crains que l'implantation des Chacals soient plus avancé qu'on ne l'imaginait."<br />
<br />
Rassemblés et ayant brièvement le temps de souffler pour la première fois depuis des jours, nos héros en profitent pour échanger enfin les infos recueillies par chacun au cours de leurs aventures et reconstituent ce qu'ils savent de la Confrérie du Chacal :<br />
La Confrérie, originaire des Sylves, semble essaimer en créant des "chapitres" locaux dans différentes régions de l'Empire. Il semble que des membres du chapitre "sylvain" de la Confrérie ait donc fait le déplacement pour "franchiser" des brigands du Nord, et ce sont ceux-là qui dirigent plus ou moins les opérations (les trois mecs tués par Andréas, Adira et Eldan aux cascades étaient vraisemblablement des novices). Aux Sylves, la Confrérie est à la fois une mafia, une secte animiste et le noyau dur de la résistance armée à l'occupant impérial : si Urgrand est lié à ces gars-là et qu'ils commencent à passer des accords avec les Kormes, ça risque de compliqué sérieusement l'Échiquier du Nord. Et si les Chacals semblent être quasiment apparus par génération spontanée en quelques semaines, c'est qu'ils ont trouvé des gens pour les soutenir et les aider dans la région : soit Urgrand est beaucoup mieux connecté qu'il n'y paraissait, soit ils ont d'autres appuis...<br />
<br />
=== Exfiltration ===<br />
<br />
"...après quoi on a réparti le butin sur les chevaux, vu qu'on en avait maintenant une bonne quinzaine, on t'a attaché en selle et on s'est tiré vers l'ouest en contournant Celanire par le nord jusqu'au grand menhir où nous attendait Neri'Helin, une des novices du chaman edell'okhil Kal Tayvon, avec des bœufs laineux, des vivres et tout le matériel de montagne : paraît que ton 'Pitaine leur a promis de racheter leurs frères en esclavage. On a ensuite crapahuté par l'ouest pendant trois jours dans les Asparren puis les Monts d'Azur, en passant par des coins de plus en plus hauts et enneigés pour éviter de croiser quiconque. La p'tite Edell'okhil a même déclenché une avalanche dans le col du Fraisil pour qu'on ne puisse plus nous suivre. On a bien perdu quelques canassons en chemin, mais les lingots sont au complet, le groupe aussi (quoique la demoiselle ait du re-nettoyer les blessures de La Poigne), et nous voilà presque rendus.<br />
_Où sommes-nous, exactement ?<br />
_Un peu au sud-ouest de la Mine Bénie : on va contourner par l'autre versant pour éviter de s'y faire voir et la môme va nous faire passer sur la rive nord du Lac Troisième par une espèce de chemin à travers les marais à l'est de Andh Endhil, pas loin du camp abandonné d'Etayn-la-Louve.<br />
_La voie est libre et le jour va se lever, annonce la jeune femme en rejoignant le groupe : ramassez vos affaires, hommes du sud.<br />
_Allez, messire de Lorune, remonte en selle : ce soir, Le Cornu nous attendra avec de la gnôle au camp d'abattage."<br />
Et dans le petit matin, les fiers cavaliers de Tal Endhil descendent victorieux vers la Vallée des Lacs en Palier avec, dans leur fonte, un trésor capable de financer les nouveaux projets du Capitaine Durgaut...<br />
<br />
<br />
<br />
== ÉPILOGUE (envoyé aux joueurs après coup) ==<br />
<br />
<br />
<br />
C'est au soir du huitième jour après leur départ discret que nos vaillants mercenaires fourbus, gelés, blessés et riches comme Crésus se sont affalés dans une minable hutte au nord du camp de bûcherons de Tal Endhil, déserté chaque nuit en cette saison. Immédiatement repartie avec ses bœufs laineux, sa sœur adolescente et son cousin mutique, la gironde rouquine Neri'Helin ("Dis-donc mais... c'pas la p'tite Edell'okhil que t'a réveillée l'autre fois aux cascades, quand on cherchait les Chacals ? _Si, même que Nevel m'a dit que Tael Shannan se la tape ! _Note qu'il se tape toutes les mignonnes, ce fumier de barde. _Dîtes, c'est fini d'échanger des potins comme deux vieilles venteuses ?") a laissé les hommes de Durgaut fort symboliquement assis sur la terre battue, à 10 pas de l'icône votive qui marque l'extrême frontière nord de l'Empire (mais Le Grêlé a pissé dessus). Ils ont festoyé, pansé leur nombreuses plaies et, d'abord par jeu, ceux qui parmi eux avaient quelques notions de finances ont commencé à calculer combien représentait le chargement encore bâté sur leurs chevaux.<br />
_On a pas loin de 250 lingots, dont bien 150 de merdouilles comme du cuivre, du bronze et du fer...<br />
_Des "merdouilles" qui vont se négocier entre 500 et 1000 lunes à la prochaine cité dotée de forges, ducon.<br />
_T'es sûre ?!<br />
_Il est drôle l'aut' : pourquoi qu'tu crois qu'on creuse des mines ?<br />
_Crois-moi, s'il y a bien un truc que les Kerdans savent faire, c'est du commerce...<br />
_Je savais bien que t'étais kerdane malgré ton histoire de "Je suis une innocente remane élevée près de la colonie kerdane de Rigorne, et blablabla"...<br />
_C'est donc bien vrai mademoiselle Diane ? Vous aussi vous êtes de Rigorne ?!?<br />
_Écoute, Trevan : tu es mignon, tu es vaillant mais, putain, ta gueule.<br />
(Trevan de Rigorne rougit.)<br />
_On disait donc au moins 500 lunes pour les lingots de "vils métaux", mais on a surtout une petite centaine de lingots d'argent, quoique la moitié soient planqués dans de faux lingots de cuivre. Et ça, ça nous fait... heu... attendez voir...<br />
_Au moins 300 pièces d'or.<br />
_Putain !<br />
_Quoi ?!<br />
_La Poigne ! Tu sais compter !?<br />
_Ben oui, surtout le métal quoi. J'suis été apprenti forgeron. Mais c'est trop du labeur : j'aime plus mieux taper qu'une bonne fois sur un casque.<br />
(La gourde de vin de sureau passe de main en main, chacun avalant une rasade d'un air mi-émerveillé, mi-consterné.)<br />
_On... on a ramené... 350 pièces d'or ?! Vous croyez que notre bon Capitaine va être content.<br />
_Ah ça, Moineau, il a un peu intérêt à l'être !<br />
_Dîtes, ch'ais pas si vous vous rendez-compte : c'est p't'être le plus beau brigandage de toute l'histoire des Marches !!<br />
_On est riches les gars ! RICHES !<br />
_Non, messieurs : Tal Endhil est riche. Par les pères, si l'un de vous commence à concevoir une seule pensée pécheresse...<br />
_Mais quel pisse-vinaigre, le Défroqué, quand il pisse le résiné.<br />
_Héhé. Fais-voir ta balafre, d'ailleurs, Herle : faut changer ton bandage.<br />
_Ma mienne elle est plus grande !<br />
_Hihi !<br />
_Nul n'en doute mon cher La Poigne, nul n'en doute...<br />
_Ouais mais la tienne elle a même pas percé ta couche de lard !<br />
_N'empêche qu'on a tous ben gagné nos 2 pièces d'argent chacun !<br />
_Plus la prime !<br />
_Oh oui : vous êtes de vaillants gagne-petit. Mais la prime c'était si on laissait pas de témoins et, là, on a Jornil lui-même, Dorian, sa pute, la servante...<br />
_Toi le Noir tu commences à nous les bris...<br />
_Bon les gars, vos gueules : il est tard. Alors ça pionce, ou je vais commencer à distribuer les baffes. Le Grêlé et Diane prennent le premier tour de garde. Demain, j'vous ramenions tous au village. Et rappelez-vous qu'vous avez promis le secret sur vos têtes ! Si on vous presse vraiment, et seulement dans ce cas-là, vous avez été r'prendre les lingots de la Mine Bénie à une bande de Kormes du côté de la Baie des Langueurs. C'est bien clair, pour tout le monde ?<br />
_Oui mon sergent !<br />
_Lèche-cul.<br />
_Mon sergent ! Y a Le Grêlé qui dit...<br />
_Foutremerde, tas de corniauds ! Même avec une 'pparition divine, j'conçois point comment qu'une pareille bande de mômes a pu réussir cette mission !"<br />
<br />
<br />
<br />
}}<br />
<br />
'''[[7) "Embrouilles en Cascades"|<< Épisode Précédent]] | [[9) "Reishin Ghoran"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
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[[Catégorie:Épisodes]]<br />
[[Catégorie:Comptes-Rendus]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/8)_%22Le_Train_de_l%27Argent%228) "Le Train de l'Argent"2014-09-05T16:08:35Z<p>Aloun : </p>
<hr />
<div>La totalité de l'Épisode 8 : "Le Train de l'Argent" est classée "spoiler".<br />
Si vous voulez vraiment accéder à cet Épisode, vérifiez que soit un de vos perso y était, soit que le MJ vous en a donné l'autorisation.<br />
Tout abus sera illico puni par une grosse perte du plaisir de jeu.<br />
<br />
C'est bon, vous y avez bien pensé ? Vous êtes vraiment sûr ?<br />
<br />
...<br />
<br />
{{Secrets|<br />
<br />
<br />
== Prologue, rien que pour Eldan et le Capitaine : ==<br />
<br />
<br />
<br />
''Les semaines précédentes, Durgaut a envoyé ses mercenaires (dont Eldan) enquêter du côté de Solerane sur les détournements de fonds du défunt lieutenant Armeld avec son complice, Maître Gaster, et découvert ainsi l'implication du patron-minier, notable influent et principal contrebandier de la région : Jornil Cuivré. En dehors de ses opérations "privées", Jornil travaille pour Rhilder le Fou à détourner le minerai d'argent des mines de la région, théoriquement destiné à l'État-Major, au seul bénéfice du dément Prévôt de la Marche des Lacs. Rhilder n'est pas quelqu'un avec qui Durgaut peut vraiment se permettre d'être en guerre ouverte, puisqu'il est son supérieur direct, un puissant "Seigneur du Nord" (comme on appelle les impériaux qui se taillent des fiefs dans les Marches) et un putain de psychopathe, notoirement responsable du génocide de la tribu emishen des Rimdehl (les Geaies).''<br />
''Mais notre brave Capitaine, en plus d'être très énervé contre le Prévôt qui le ruine par ses magouilles et lui réclame d'envoyer des troupes que Tal Endhil n'a pas pour participer à la guerre contre les Oloden, est en fait pris à la gorge : s'il n'envoie pas bientôt des lingots d'argent à l'État-Major du Duc-Gouverneur pour couvrir le quota de la Mine Bénie (pillée par les Kormes), Durgaut va sauter. En fait, il n'est encore même pas sûr de pouvoir obtenir le titre de "Bailli de Tal Endhil" vu les exigences du Primat en la matière, mais espère bien réussir à l'épater d'ici son arrivée. D'ailleurs, s'il reste en poste et devient bailli, il sait avoir besoin de beaucoup de pognon pour embaucher assez de mercenaires pour enfin contrôler son territoire et développer la région.''<br />
''Il a donc conçu un plan audacieux pour régler plusieurs problèmes à la fois : braquer le convoi de métaux qui va bientôt partir de Solerane pour Darverane, siège de la prévôté harcelé par les troupes de Kainen Tahrel. Ainsi, il mettra la main sur une véritable fortune (l'argent détourné caché dans des lingots de cuivre, l'argent "officiel" envoyé de Solerane pour l'état-major via Rhilder, du cuivre et de l'étain en quantité) dont il compte employer une partie à payer son quota au Gouverneur, une autre à racheter des esclaves Edell'okhil de la Marche des Gemmes pour s'assurer une alliance avec les Emishen et le reste à constituer une petite armée.''<br />
''Il en était à mettre au point un plan solide lorsqu'il apprend que la route de Darverane, coupée par les Kormes depuis des semaines, vient apparemment d'être rouverte suite à une contre-offensive de Rhilder : le convoi de métal ne devrait plus tarder à partir, il faut agir vite. Et comme Vighnu Pratesh vient de rentrer du Cercle des Hautes-Pierres, il décide d'embaucher l'assassin pour courir l'aspect le plus délicat de la mission : assurer le secret.''<br />
<br />
''Ce qu'il ignore malheureusement, c'est que Jornil a lui aussi enquêtait sur les trois attaques successives qu'il a subi de la part de ruffians non-identifiés : d'abord on a tabassé nombre de petits truands sous les ordres de son fils, Jorem Cuivré, ensuite on s'en est directement pris à deux de ses lieutenants impliqués dans la contrebande d'argent, enfin un éboulement à la mine de cuivre s'est révélé être un sabotage (les mercenaires de Durgaut avaient pour instruction de recruter des mineurs et n'ont rien trouvé de mieux). Jornil a donc d'abord envoyé un certain Worik se mêler aux mineurs "responsables de l'éboulement" qu'il a lui-même renvoyé et qui partaient s'engager auprès de Durgaut (mais son agent est mort connement pendant l'épisode "Terrain Minier"), puis il a envoyé un messager auprès de son bon ami Adira Pratesh pour se renseigner sur les mercenaires de Durgaut (Adira étant alors en pleine bisbille avec le Capitaine, il a volontiers informé son ami) et contacté ses autres associés à Tal Endhil (comme Gaster, Jornil a des parts dans la mine de fer du village, ce que le Capitaine est sensé savoir mais dont il ne réalise pas l'importance), Adira l'a ensuite informé de ce qu'il avait appris sur l'arrestation de Gaster... Bref : Jornil a compris que Durgaut était après lui et pris des mesures en conséquence.<br />
S'il ne peut pas se permettre de retarder d'avantage le convoi de métal (Rhilder a besoin de ce fric pour sa guerre perso et il n'est pas câlin quand il s'impatiente), il a conçu une ruse efficace, embaucher des mercenaires de rab' pour l'escorte et, surtout, contacté par un ami de son fils une petite bande de brigands récemment arrivés dans le secteur : la Confrérie du Chacal...''<br />
<br />
<br />
<br />
== À la "Taverne Penchée" ==<br />
<br />
<br />
<br />
Il fait déjà nuit lorsque la Taverne, récemment rachetée par les mercenaires de Durgaut, ferme ses portes beaucoup plus tôt que d'habitude en chassant les soiffards qui comptaient y passer leur soirée en galante compagnie ; les prostituées, récemment rendues à leur autonomie sous l'autorité de la belle [[Garnelle]] (maîtresse occasionnelle du jeune Eldan) sont également invitées à rentrer chez elle et le quartier lacustre de Tal Endhil est donc rapidement rendu au silence et à la brume nocturne. Pourtant, quelques silhouettes discrètes gagnent bientôt la Taverne apparemment close :<br />
* '''l'apothicaire [[Vighnu Pratesh]]''' (Loriel) n'a eu qu'à franchir quelques pontons depuis sa propre échoppe, son matériel d'empoisonneur sous le bras et ses armes dissimulées sous son large manteau reman, où bat un petit cœur sec depuis si longtemps, récemment réveillé et illico brisé par Islinna : les femmes sont cruelles. Déjà en grande partie au courant de la mission, la seule chose qu'il ignore c'est ce qu'ils vont voler. Mais vue la somme promise par le Capitaine, il est trop heureux de ne pas poser de questions.<br />
* '''[[Nadine "la Moucheuse"|Diane Maletudine]]''' (Orlanth) est une Kerdane, quoiqu'elle prétende être une remane originaire de la cité portuaire de Rigorne, embauchée depuis quelques mois dans l'Armée du Nord, suite à des problèmes avec ses compatriotes. Femme dans une armée de macho, elle a bientôt eut d'autres ennuis (décidément) qui l'ont incité à déserter pour rejoindre la petite communauté kerdane de [[Tal Endhil]] sur les conseils de son mentor, le célèbre maître d'armes [[Vasco Sotorine]]. Sauf que [[Ranyella]] la pilote ne veut pas d'une renégate dans sa troupe et l'a donc refilée au Capitaine sans lui expliquer les casseroles que trimballe l'arbalétrière...<br />
* '''[[Andréas "Odran"]]''' (Humphrey B) a récemment eut un entretien secret avec le Capitaine qui pourrait se résumer ainsi : "''Je sais que vous êtes un sorcier, mais je suis prêt à fermer les yeux si vous bossez pour moi. _Ça pourrait m'arranger, vu que je suis là pour mettre fin à la dispersion d'artefacts qui commencent à foutre le boxon à [[Duriane]], mais je vais pas m'en sortir tout seul. _Splendide : faudra me neutraliser le machin dans la Mine Bénie. Dans l'intervalle, vous êtes embauché comme espion. Vous commencez demain, rendez-vous à la Taverne Penchée après la fermeture.''" Il arrive donc avec un peu d'avance et pas mal de bagages, dont son précieux grimoire, ses herbes médicinales et un certain objet qu'il a passé presque deux jours à chercher dans le torrent en contrebas de la [[Mine Bénie]].<br />
* '''[[Oleytan "le Furet"]]''' (PNJ), lui, s'est engagé dans les mercenaires de Durgaut dès son retour de "l'Opération Tréfonds" : il se sent désormais un vrai guerrier, veut participer à l'alliance entre les Talendan et les Elloran mais, surtout, il a enfin couché avec le grand amour de sa jeune vie : la jolie négociante lewyllen [[Doma Sholen]]. Celle-ci l'a inexplicablement largué à l'arrivée à Tal Endhil en lui expliquant que "c'était fun, mais t'es juste trop jeune pour moi" (elle court en vain après [[Nevel Sholdanan]] depuis 4 semaines). Après une intense réflexion, le jeune guerrier est arrivé à la seule conclusion "sensée" : s'il veut que la belle marchande le reprenne, il doit lui prouver qu'il est capable de lui assurer le train de vie qu'elle a perdu, et pour ça, il lui faut "des rondelles", comme les Emishen nomment la monnaie impériale. Il ne comprend pas grand-chose à la mission que Durgaut lui a proposé, mais il est bien content puisqu'il va être payé royalement.<br />
* '''[[Eldan "le Moineau"]]''' (Aloun) arrive le dernier, accompagné d'une montagne de muscles habillées de haillons qu'il vient de récupérer dans l'unique geôle du donjon : [[Herle de Lorune]] (Ego'), noble et chevalier du temple récemment défroqué. Lui aussi a des problèmes, parmi lesquels l'alcool, la violence et un sens aigu de la justice qui, après lui avoir coûté sa charge d'inquisiteur lors d'une altercation avec le Primat lui-même, l'ont fait rétrogradé comme simple soldat dans la troupe de [[Bagoran de Marale]] (chargé de le "mater" : échec critique) et récemment conduit à défoncer le portrait d'un connard de Chevalier du Temple (donc un de ses "supérieurs") qui tabassait une gamine emishen. Son séjour en taule auprès du plaintif Gaster s'est terminé lorsque le Sergent LeCornu a jeté son dévolu sur le prisonnier, et convaincu le Capitaine de l'embaucher.<br />
<br />
Lorsque tout ce petit monde est attablé dans la taverne sur pilotis qui grince et (effectivement) penche sous l'effet de la houle, [[Le Cornu]] qui tenait le comptoir fait entrer deux de ses collègues, le massif imbécile qu'on appelle "La Poigne" et le brigand reconverti au visage marqué par la petite vérole qu'on appelle "Le Grêlé". Comme Eldan et le Sergent, ils ont survécu à tous les combats depuis [[la bataille de Tal Endhil]] et sont tout dévoués au glorieux chef qui va bientôt faire d'eux la "''garde bailla, bailliagiale...heu... baillique... la garde du bailli, quoi''", et qui pénètre dans la grande salle inclinée à leur suite, une vaste carte sous le bras.<br />
<br />
« Bonsoir mademoiselle et messieurs, nous avons peu de temps et je vous demande d'être extrêmement attentifs à l'exposé qui va suivre. » <br />
Pendant que Vighnu et Andréas dégagent leurs gobelets pour laisser Durgaut déployer la superbe carte (signée [[Ordano Sotorine]]) sur la table crasseuse, les 6 autres membres de l'équipe s'approchent pour suivre le briefing dans la lumière chiche des rares chandelles et le Capitaine enchaîne :<br />
« La mission que j'ai à vous confiée est dangereuse, urgente, secrète, absolument vitale pour Tal Endhil et remarquablement bien payée. Si certains d'entre vous ne s'en sentent pas capables et préfèrent retourner à leurs activités précédentes, qu'ils le disent tout de suite. Car une fois que je vous en aurais exposé les objectifs, Messire Pratesh ici présent sera le garant de votre silence. Tout le monde est motivé et se sent capable de se taire ensuite, en cas d'échec comme de réussite ? Parfait. Sergent, passez-moi les figurines. »<br />
« Dans les jours qui viennent, peut-être même dès demain, un convoi lourdement gardé va quitter [[Solerane]] à destination de [[Darverane]] (Durgaut pose une miniature en bois, une espèce de coffre aux pieds vaguement arrondis, sur la carte) : il contient plusieurs coffres très lourds que vous êtes chargés d'intercepter, de préférence avant "l'Auberge du Pont"... C'est quoi ça, Le Cornu ? demande le Sauveur de Tal Endhil quand son sergent lui passe une espèce de cube prolongé par un jambage tordu.<br />
_C'est l'Auberge du Pont, mon 'Pitaine. C'est La Tortue qu'a fait les sculptures, mais on a pas eu bien l'temps.<br />
_Je vois... À "l'Auberge du Pont", donc, se trouvent actuellement plusieurs dizaines de marchands qui, depuis des semaines, y attendent que les troupes de Rhilder reprennent le contrôle de la route vers Darverane aux Kormes qui harcèlent la prévôté (il pose du côté du Mont Grison un petit bonhomme chauve et noirâtre) avec l'appui des troupes Emishen de Kainen Tahrel (Vighnu approuve du chef). Si le convoi de Solerane rejoint la première caravane groupée en partance pour Darverane, il sera alors probablement trop entouré pour que vous puissiez tenter quoique ce soit. Vous êtes ici... mais c'est quoi ça ? Un chien ?<br />
_Un ch'val mon 'Pitaine, pour représenter, le commando.<br />
_Vous avez pu leur trouver des chevaux ?<br />
_Ah non mon 'Pitaine : c'est des pirogues, pour quitter le village. Ensuite s'ront à pied. Mais La Tortue, quand il a commencé, i'l'savait pas, pis i' sait pas faire les pirogues, et de toutes façons ça va surtout se faire par voie de terre alors, heu... Vous préférez un bouchon, ou un dé en os ?<br />
_Va pour le chien (soupir)... Donc : vous êtes ici (il pose la figurine sur Tal Endhil), vous partez dès cette nuit pour atteindre Solerane (le "chien" rejoint le "chariot"), où vous serez chargés de repérer le convoi et surveiller ses préparatifs de départ. Le but est de lui tendre une embuscade dans les deux jours qu'il lui faudra pour effectuer ce parcours (le chariot glisse sur les segments 1, 2, 3, 4, 5 de la route). Si vous pouvez intercepter le chargement sur les berges du Lac d'Acier, il sera plus aisé de le transporter à bord de barges ou de pirogues.<br />
Le Moineau connaît la ville et les hommes qui escorteront ce convoi, Messire de Lorune a la charge de l'assister en tout -et de s'assurer qu'aucun d'entre vous n'ait la mauvaise idée d'ouvrir les coffres, Maître Pratesh est chargé de trouver des embarcations pour les chargement et d'assurer le secret de l'opération (Vighnu sourit, pensant aux peintures de guerre kormes qui n'ont pas servit lors de l'Opération Tréfonds et à la barge kerdane cachée depuis dans les marais près d'Écume 6). Vous devrez quitter le village et y rapporter les coffres sans être vus, ni dire à quiconque d'où vous venez ni où vous allez. Car, j'insiste, cette opération peut assurer le salut de Tal Endhil si elle réussit, mais sonner notre perte à tous si quelqu'un devait découvrir qui a commandité l'attaque. Une prime substantielle versée à notre cher apothicaire en sera la garantie.<br />
_Ça veut dire "pas de témoins", demande Diane ?<br />
_Ça veut dire "démerdez-vous pour que personne ne puisse vous reconnaître, suivre votre piste et remonter jusqu'à nous" : je préférerais que vous épargniez les civils, mais Pratesh sera décisionnaire en dernier recours. À part lui, vous serez payés chacun 2 pièces d'or pour cette brève mission et votre durable silence [la solde mensuelle d'un mercenaire étant de 2 pièces d'argent, ça fait 10 fois plus pour quelques jours de boulot]. Des questions ?<br />
_C'est quoi, dans les coffres ? Ça pèse ?<br />
_Le contenu ne vous regarde pas mais, oui : ça pèse. Probablement autour de 200kg en tout.<br />
_C'est qui, qu'on braque ?<br />
_Pas votre problème non plus. Fiez-vous à Eldan, soyez discrets et ça ne devrait pas avoir d'importance.<br />
_Les gars de l'escorte, c'est des pros ?<br />
_Quelques-uns, oui, mais la plupart seront des mercenaires en permission, des cochers endurcis, des coupes-jarrets, des gardes plus habitués à surveiller des esclaves... Le problème, c'est qu'ils doivent se méfier : ils ont eut des ennuis récemment, ils savent que le trajet est dangereux et ils seront sur les dents. Il se peut même que vous soyez déjà attendus à Solerane. J'insiste : méfiez-vous.<br />
_Qu'est-ce qu'on a comme matos ?<br />
_Vous étiez prévenus d'emporter le vôtre, mais Eldan conserve quelque argent pour vos frais de mission, des vivres, un peu de charbon, des flèches, des torches et des cordes vous attendent avec les chev...<br />
_Dans les pirogues, mon 'Pitaine.<br />
_Dans les pirogues, donc. J'ajoute les papiers que m'a demandé monsieur Odran (il confie une petite pochette de cuir à Andréas, contenant du parchemin, des lettres officielles de la main de [[Rhilder]] et son sceau de cire, pour pouvoir si besoin modifier les ordres de mission du convoi) et vous emportez cette carte, annotée par mes soins, en espérant qu'elle puisse vous aider : ne la perdez pas ! ''[Durgaut leur confie par ce biais un de ses précieux point d'Histoire.]'' Autre chose ?<br />
_Y a le Venteux qu'a pas tout compris, vu qui parle pas bien not' langue...<br />
_Messieurs Odran et Pratesh devront donc lui ré-expliquer en ramant. Bonne chance à tous : le destin de Tal Endhil est entre vos mains ! Mais pas les figurines, La Poigne : repose ça. <br />
_Pardon mon 'Pitaine. »<br />
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Image à ajouter<br />
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== En route vers Solerane ==<br />
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Pendant qu'on roule la carte, LeCornu et Herle déplacent la lourde table, révélant une trappe dans le plancher qui, une fois déverrouillée et ouverte, donne sur une échelle de corde descendant le long d'un pilier de bois où sont amarrées deux pirogues emishen. Avec quelques difficultés dues à la disparité de poids et d'agilité de ses huit membres comme aux bagages de certains l'équipe embarque et glisse silencieusement sur les eaux couvertes de brouillard.<br />
_Attention avec ça, c'est des armes emishen. <br />
_Pourquoi foutre ? <br />
_Pour passer pour des Kormes. <br />
_Pas con. Mais qu'est-ce qu'il fout avec un bouquin, lui ? <br />
_Je suis chroniqueur... <br />
_Et vous allez chroniquer l'opération secrète ?! <br />
_Houlà non, je... j'ai d'autres talents. Falsifier des sauf-conduit, par exemple. <br />
_Je vois...<br />
Ils atteignent bientôt la rive sud du Lac Troisième, en amont du campement où dorment les caravaniers lewyllen, sans que les Soldats du Temple qui gardent les remparts n'ait rien remarqué.<br />
[Je m’appesantis un peu sur le dialogue de briefing parce que, bien sûr, il m'a fallu incarner le Capitaine moi-même sur les indications données par Le faiseur, et que je lui avais promis de détailler un peu le résultat.]<br />
<br />
Après un conciliabule entrecoupé d'engueulades, un poème (Herle versifie par instant) une tentative de vol et plusieurs menaces physiques pour l'empêcher, les PJ décident de ne pas partir en quête de la barge cachée dans les marais mais de foncer de nuit vers Solerane, à pied, pour atteindre la ville au plus tôt, juste après que Diane ait confié au fleuve un étui flottant contenant 4 pièces d'argent (sur les 20 confiées à Eldan) et un message pour les Kerdans d'Écume 6, leur enjoignant d'envoyer des embarcations vers la presqu'île du Lac d'Acier [le joueur a oublié que son perso n'était plus bien vu chez les bateliers, et Loriel/Vighnu y a même mis 1pH pour que le message arrive : ce fût bien le cas...].<br />
<br />
Abandonnant dans les embarcations tout le matériel trop lourd, les mercenaires se répartissent les vivres, une arme emishen chacun et la longue marche commence. Lorsque l'aube se lève, Diane, Oleytan et Eldan, très en avant des autres, font la course dans la descente après avoir passé le Col de Nilfenan (au sud-ouest de la mine de fer, sur la carte) histoire de défouler leurs tempéraments casse-cou et ombrageux... ce qui vaut d'ailleurs à Eldan de se niquer la cheville dans une belle gamelle : on sent bien, dès que les officiers ne sont plus en vue, que ça va pas être très sérieux comme opération.<br />
<br />
=== Rencontre insolite ===<br />
<br />
Pendant que le fort peu sportif Andréas prend des heures de retard sur les autres et que Vighnu reste avec lui autant pour assurer sa protection que pour causer "chroniquerie" et politique locale (Vighnu envisage de créer un hospice à Tal Endhil !), Oleytan, Diane et Eldan (qui boitille) arrivent en milieu de matinée au gué qui traverse la Rivière aux Élans (ainsi nommée car elle est sur le point de passage de la migration des grands cervidés, qui commencent d'ailleurs à remonter en cette saison vers les pâturages au nord de Tal Endhil) : ils sont assez surpris d'y trouver un grand costaud, ventru et entièrement chauve, portant des vêtements très vaguement emishen, assis sur un rocher au bord des flots et curant tranquillement au couteau le sang séché qui s'incruste dans les creux de sa lourde masse de bois sculpté. Les trois éclaireurs essoufflés par leur cavalcade repèrent assez vite les discrètes silhouettes déployées dans les bois autour du chemin et, chacun la main sur leur arme favorite, s'approche avec circonspection : "<br />
_Bonjour... <br />
_B'jour, répond le gros dans un Reman médiocre, avec un accent typiquement "venteux". <br />
_Z'êtes avec le noir ? Vigjniou Bratéche ? <br />
_Ben là tout de suite... non. Mais des fois on le croise, quoi. Vous l'attendez ? <br />
_J'ai un message pour lui. <br />
_Vous voulez pas nous le donner, on le transmettra quand on le verra ce soir... <br />
_Non, d'solé, c'est privé. <br />
_C'est pas un message à coup de masse, au moins ? <br />
_Héhé. Non. Pas cette fois."<br />
<br />
N'ayant qu'à moitié envie de s'avancer dans le gué sous la probable ligne de tir d'archers dissimulés ni même de laisser une embuscade entre eux et le reste du groupe, quoique aussi un peu parce qu'ils ont alors pas loin de 12h de rude marche dans les jambes, Diane, Oleytan et Eldan se posent également près de la rivière, se trempent un peu les pieds (Diane va même s'éloigner pour faire un peu de toilette : par instant, dans ses Réactions, sa "Sensibilité Féminine" ressort), cassent la croûte, font une petite sieste... tout ça en gardant perpétuellement un œil sur les alentours et leurs armes à portée de main. <br />
<br />
Lorsqu'ils sont rejoints par Sire Herle de Lorune, La Poigne et le Grêlé, d'abord très méfiants, Diane qui a entamé un repas et une conversation en Langue des Vents avec le Gros leur fait signe de ne pas s'inquiéter, et les trois mercenaires finissent par jouer le même jeu que leurs camarades, profitant d'un peu de repos tout en restant sur leurs gardes. Au bout d'une heure de cette halte méfiante, "l'embuscade" se détend tout autant et Eldan repère bientôt un des archers Korme qui, lui aussi, déjeune sur le pouce à son poste de guet. Il le contourne, se cache, est brièvement suivi mais sème le guetteur, échappe ainsi efficacement à l'encerclement... et ne sait finalement plus trop quoi faire : il craint de déclencher un massacre s'il élimine un guetteur, de se faire repérer s'il continue de traîner près des Kormes, de perdre le groupe s'il s'éloigne et d'être trop loin pour intervenir s'il repart en arrière prévenir Vighnu et Andréas. Aussi reste-t-il caché, guettant les guetteurs, jusqu'à ce que, lassé de perdre du temps alors qu'ils sont pressés, Herle donne le signal du départ et franchisse le gué accompagné des 4 autres. <br />
<br />
Après avoir encore hésiteé à les rejoindre carrément ou à rester en arrière, Eldan fini par laisser un signe de danger dans l'écorce d'un arbre à destination de Vighnu et décide de contourner pour franchir la rivière plus loin, ne trouve pas d'autre gué, passe à la nage, se paume en aval dans la forêt et mettra plusieurs heures à rejoindre ses camarades, trempé, gelé, épuisé et bientôt vertement engueulé par l'ex-templier [Sire de Lorune lui inflige même un tel jet d'intimidation pour lui inculquer la discipline militaire que le jeune éclaireur en sera durablement marqué : 2pts de Trauma !].<br />
<br />
Pendant ce temps, Andréas et Vighnu ont atteint le gué sans même remarquer le signe laissé par Eldan et le fehnri est assez surpris de reconnaître le gros korme qu'il a déjà rencontré, il y a plusieurs semaines à Écume 6, lorsqu'ils avaient négocié des vivres et les soins de Mona Ma'od contre la transmission d'un message pour Adira (qui, si vous vous en souvenez, était arrivé au début de "Terrain Minier", tiré avec une flèche sur la roulotte de Maître Pratesh). <br />
Quoiqu'il ne connaisse toujours pas son nom, il s'éloigne avec le chef rebelle et un petit conciliabule surréaliste se joue : les Kormes veulent (Vighnu comprend "Lashdan, Roi des Kormes, veut...") l'embaucher pour assassiner un certain "Urgrand", le Sorcier barbu originaire des Sylves, qui dirigeait justement le détachement korme lors du siège à la Mine Bénie. <br />
_Tiens donc ?! Mais pourquoi diable, demande l'assassin hilare ? <br />
_On m'a pas dit de te l'dire, et puis il paraît que les tueurs professionnels ne posent pas de questions. <br />
_Lorsqu'on les paye bien, c'est tout à fait exact oui. <br />
_Hé ben voilà pour toi, dis le Korme en lui tendant une grosse bourse de pièces, que le fehnri s'empresse d'ouvrir avidement. <br />
_Mais... vous vous foutez de ma gueule ?! C'est des pièces de cuivre ! <br />
_Et alors, c'est pas bien ? <br />
_Mais c'est pas du tout assez, enfin ! Je suis un spécialiste, moi ! Je bute pas les gens pour 20 ou 30 pièces de cuivre !<br />
_Ah. Mais c'est tout ce qu'on a nous, même qu'on s'est tous cotisés pour rassembler ça. <br />
_Mais c'est pas possible, vous comprenez rien au commerce, à la fin ! Et il est où, votre Sorcier, d'abord ?<br />
_Ben on sait pas, nous, pourquoi tu crois qu'on s'adresse à toi ? Tu crois pas que je serais foutu de lui coller ma masse sur la gueule moi-même si on savait où il campe ? La Louve dit qu'elle l'a perdu quelque part chez vous, du côté du Premier Lac, mais c'était il y a déjà plusieurs jours.<br />
_Bon, écoute, voilà ce qu'on va faire : dis à ton Roi que je suis d'accord sur le principe, mais que déjà ça va vous coûter 20 pièces d'or et qu'ensuite, soit vous savez me dire au moins à peu près où il est, soit ça risque de prendre pas loin d'un mois (car Vighnu pense savoir où Urgrand devrait se trouver dans environs trois semaines, héhé...). Dis-lui ça et, quand vous aurez la somme, contactez-moi.<br />
_Mais où tu veux qu'on trouve de l'or, nous ?<br />
_Non mais c'est un prix, vous pouvez aussi bien me ramener 200 pièces d'argent, ou 4 lingots d'argent, par exemple. Vous en avez bien, des p'tites barres en argent, prises dans une certaine mine, hmmm ?<br />
_Mais... non. De quoi tu parles ?<br />
_Oh le con ! Rha merde, il fait vraiment chier ce connard de sorcier !<br />
_C'est bien pour ça qu'on t'embauche, oui.<br />
_Bon alors 20 pièces d'or ou l'équivalent, vous trouverez bien ça quelque part pendant que vous vous battez dans la vallée de Cainil, hein, je ne m'en fais pas pour vous. Quand vous avez la somme, vous me recontactez, vous versez la moitié d'avance et, moi, je tue votre sorcier.<br />
_J'espère que d'ici là on l'aura trouvé nous-mêmes, mais sinon, on sauras bien te joindre, ouais. Et bonne journée."<br />
Et pendant que Vighnu se frotte les mains, les Kormes se dispersent dans la forêt sous le regard médusé d'Andréas.<br />
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<br />
== La Ferme-Relais "Le Marchepied" ==<br />
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Il fait presque nuit noire lorsque les 6 mercenaires fourbus atteignent enfin la ferme-relais qu'on appelle le "Marchepied", au pied de la route montant vers Solerane. Si Oleytan (trop repérable) est laissé avec le matériel dormir à l'extérieur, Diane, Eldan et Herle, bientôt suivis par La Poigne et Le Grêlé (trop crevés pour accepter de se peler le cul à camper dehors), pénètrent les uns après les autres dans l'enceinte de bois où un drôle de type pâle, un albinos efflanqué aux longs cheveux blancs qu'Eldan sait être surnommé "Craie" (chef des gardiens d'esclaves de la mine de cuivre), est en train de passer ses nerfs à coups de fouet sur deux malheureux emishen, une femme et un adolescent enchaînés au puits du milieu de la cour. <br />
<br />
Comptant avec l'albinos un escrimeur tout en noir s'engueulant avec le tavernier (une histoire de chevaux, de halte imprévue et de prix du fourrage) plus 4 soldats portant la livrée du Duc-Gouverneur (donc probablement issus de la garnison de Solerane), et soucieux de sa mission avant tout, Herle tempère ses instincts justiciers et suit la Kerdane dans le corps de ferme transformé en auberge de seconde zone, où il entreprend de noyer sa mauvaise humeur dans la bouteille d'hydromel prise à la Taverne Penchée. Si un jovial marchand de draps nommé Teillard, parti de Celanire vers le "marché de printemps" de Tal Endhil, tente bien d'engager la conversation avec les voyageurs, Diane l'envoie paître rudement (et nos héros se privent de la seule occasion de se renseigner sur la route qu'ils ont à faire) mais lance une petite partie de dés avec Eldan et Herle pour attirer à eux Craie et Esteval (l'escrimeur à l'armure de cuir sombre) et tenter de leur soutirer quelques informations sur l'exploitation des esclaves venteux à Solerane. Justement, les deux gardes-chiourmes, 3 autres collègues et 6 soldats prêtés par la garde sont à la recherche d'une 15aine d'évadés, échappés le matin même de la mine de cuivre. Diane propose bien de participer à la traque contre rétribution, mais Eldan ruine sa tentative d'approche en ne pouvant se retenir d'aller porter un peu d'eau et de pain aux deux malheureux prisonniers. Herle -qui perd aux dés et voit les deux crevures descendre gaiement sa bouteille- semblant se retenir de plus en plus laborieusement d'écraser la tronche de Craie à chaque fois qu'il fait des remarques cruelles sur les "venteux", les voyageurs vont se coucher tôt après un rapide souper et Diane s'arrange assez finement pour que leur propre groupe gagne le contrôle de l'escalier et des 2 rares fenêtres du grenier aménagé en dortoir, qu'ils vont devoir partager avec le binôme d'esclavagiste, les soldats s'installant dans l'étable au dessous.<br />
<br />
=== Rencontre avec des fugitifs ===<br />
<br />
C'est à peu près le moment où, traînant le chroniqueur qui dort debout dans l'obscurité de la route forestière, Vighnu voit soudain jaillir un grand type hirsute de la forêt, qui saute sur le fehnri en tentant de l'étrangler avec la chaîne qui lui lie les poignets : l'assassin pare de justesse avec son katara, une femme armée d'une branche sort à son tour des taillis et Andréas est basculé au sol par une jeune fille qui tente de lui éclater le crâne à coup de pierre, mais il parvient à la repousser de peu (elle est presque aussi épuisée que lui). Reconnaissant une Emishen (et réciproquement) alors qu'il tirait sa dague pour se défendre, l'érudit crie en Langue des Vents "Arrêtez, nous sommes des amis ! Vighnu, ce sont des Emishen !", ce qui suffit à stopper le début de combat et permet à Andréas de proposer de la nourriture et des soins aux esclaves en fuite, finissant de gagner leur confiance. <br />
<br />
Libéré de ses chaînes avec l'aide d'un glaive offert par Vighnu, le trio leur explique avoir réussi à s'échapper des mines de Solerane un peu avant l'aube, grâce à un tunnel vers la surface creusé en secret avec l'aide d'une barde rimdehl nommée Tahalien. Poursuivis depuis le levé du jour par des cavaliers en armes, ils ont perdu la douzaine d'autres évadés qui les accompagnait, dont des jeunes et des enfants et, loin de leurs régions d'origine (la plupart sont des Otlalnan de la Marche des Lisières), ils ont couru un peu au hasard vers le nord et le territoire des Liam'Lon, où aucun Dirsen n'oserait les poursuivre, alors que d'autres avaient préféré tenter leur chance à l'est, vers le Cercle des Hautes-Pierres.<br />
<br />
Les deux Talendan leur expliquent qu'ils sont ici sur le territoire des Elloran et qu'ils auraient de meilleures chances de filer au nord-ouest vers le Cercle des Cascades et, après avoir longuement hésité à repartir chercher les plus jeunes, les trois fuyards un peu retapés finissent par disparaître vers l'ouest avec quelques remerciements.<br />
<br />
=== Evasion nocturne ===<br />
<br />
Nos deux héros retardataires ne sont donc qu'à moitié surpris lorsqu'ils retrouvent Lerkoren Oleytan en compagnie de 5 autres échappés en haillons, dont Tahalien et un ado sérieusement blessés, plus trois mômes, quoique Vighnu soit un peu atterré par le récit du jeune Elloran.<br />
Car après que leurs compagnons soit entrés à l'auberge du Marchepied, Oleytan, attiré par des cris de douleurs, s'est glissé par-dessus la palissade de rondins et, découvrant les deux prisonniers lacérés à coups de fouet, a attendu la nuit noire pour passer à l'action. Il a malheureusement échoué à assommer proprement la sentinelle de faction dans la cour, mais a par contre réussi à la tuer net avant qu'elle ne crie, puis a traîné le corps du soldat dans une grange. C'est alors qu'il s'acharnait en vain à rompre sans trop de bruit un des maillons de la chaîne que Diane l'a interpellé depuis une des fenêtres du dortoir : <br />
_Psssst ! Mais qu'est-ce que tu branles, merde !? On est pas là pour ça ! <br />
_Je fais mon devoir, tu peux pas comprendre ! <br />
_Mais putain tu va réveiller tout le monde, crétin !". <br />
<br />
L'épée à la main, la Kerdane est bientôt descendue le rejoindre pour le convaincre de ficher le camp et, n'y arrivant pas, a fini par l'aider à détordre un maillon en faisant levier avec son épée, histoire qu'il puisse déguerpir avant que quelqu'un ne les entende. Herle s'est réveillé à son tour, lui a ordonné de rentrer se coucher avant de les griller complètement et, la Kerdane disparue dans l'étable en engueulant un soldat qui se réveillait vaguement sur l'air de "Quoi ? Keskya, on peut plus pisser tranquille, merde ?", Oleytan a sorti discrètement les deux rescapés par là où il était lui-même entré. Apprenant alors qu'ils avaient pu cacher les gosses près de la rivière avant que les cavaliers ne leur tombent dessus, il est ensuite reparti chercher les mouflets de 9 à 12 ans, a nourrit tout le monde et distribué des rations pour le reste du voyage ("Et donc, là, on a plus de vivres, c'est ça ? Heu... un peu, si..."). Il se demandait s'il allait abandonner l'opération pour les conduire aux Cascades quand Vighnu et Andréas sont arrivés. <br />
<br />
Renonçant à l'engueuler d'avantage puisqu'il viennent de faire quasiment la même chose, les deux PJ soignent à nouveau les plaies et brisent les chaînes, ré-expliquent la direction du Cercle des Cascades et, recommandant bien aux fuyards d'éviter les routes pour ne pas être repris, ils s'installent pour bivouaquer et s'offrir quelques précieuses heures de sommeil avant l'aube.<br />
<br />
L'aurore pointe à peine lorsque Herle, Diane et les autres se lèvent, déposent quelques pièces de cuivre dans la grande salle et filent sans prendre de petit déjeuner, pendant que Craie et Esteval constatant la disparition de leurs prisonniers commencent à activer les soldats, et que ceux-ci constatent la disparition d'un des leurs. "Et vous là, vous avez rien entendu ?!? _Nope : nous on dort sérieusement quand on doit se lever tôt." répondent nos héros avant de s'engager, sous la bruine matinale, vers le chemin raide qui monte en lacet vers le nid d'aigle de la cité minière. Rapidement rejoints par Lerkoren Oleytan, Vighnu et Andréas (modérément reposés), ils confèrent sur les évènements de la veille et s'accordent sur un plan : Eldan (puisqu'il connaît Solerane), Andréas (qui compte s'arrêter dans un temple pour se lancer dans l'enchantement d'un document puissamment convaincant pour faire partir le convoi avec une escorte réduite "car tout danger est désormais écarté") et Diane (qui pense pouvoir s'infiltrer dans la-dite escorte) iront en ville pendant que le gros de la troupe ("J'suis pas gros j'suis juste un peu envelo _Ta gueule, La Poigne : t'es lourd.") <br />
attendra caché dans la forêt. <br />
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=== Plan d'action ===<br />
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Dès que le convoi sera prêt à partir, les mercenaires partiront devant pour semer des embûches sur sa route afin de le ralentir (comme un sapin ou des rochers "décrochés par le dégel") : s'ils parviennent à le retenir assez longtemps dans la gorge pentue et traîtresse que les chariots auront de toutes façons du mal à négocier (le segment 2, sur la carte), ils peuvent l'obliger à passer sa première nuit avant le gué sur l'Anil'wel (milieu du segment 3). Le lendemain, la caravane sera donc obligé de forcer l'allure pour sortir de la forêt qui suit (segment 4) avant le crépuscule : réputée dangereuse (c'est, avec la gorge, le site d'embuscade préféré des Kormes, c'est d'ailleurs là que la colonne de Durgaut s'est faite attaquer au début de l'Épisode 1), le mauvais chemin tortueux y sera en cette saison embourbé par les ruisseaux et, avec un peu de sabotage supplémentaire (en creusant par exemple le lit d'un petit torrent pour former une combe traîtresse), l'escorte arrivera dans la vaste prairie marquant le dernier bout droit (5) en fin d'après-midi, épuisée par deux journées difficiles et fera probablement halte, croyant avoir fait le plus dur... Mais c'est justement là que l'attendra notre commando camouflé et grimé en Kormes, qui lui tombera dessus avant qu'elle ait eut le temps de souffler, laissera filer les non-combattants pour qu'ils puissent témoigner de la culpabilité des rebelles mais massacrera impitoyablement tous ceux qui pourraient les avoir vu de trop près au Marchepied ou à Solerane. En se coordonnant avec Diane pendant qu'elle s'isolera "pour pisser" le long du parcours, ça devrait marcher très bien (c'te blague).<br />
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Image à rajouter<br />
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== Enquête ==<br />
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=== Solerane (Diane, Andreas, Eldan) ===<br />
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Entrant en ville par la Porte Basse alors que le crachin continue, le trio d'espions improvisés passent devant les vastes écuries où des palefreniers semblent avoir rassemblé au moins une cinquantaine de chevaux, puis remontent les rues pentues et mal pavées, encadrées d'étroites maisons de pierre et d'ardoise, en direction de l'Hostellerie des Moindres, attenante au temple et tenue par les religieux locaux. Traversant au passage la grand'place surmontée d'un vaste marché couvert au bout duquel s'élève le siège de la Guilde Minière locale, ils constatent que des bouviers attèlent ou chargent des chariots sous les halles, alors que des marchands s'assemblent devant le porche du sanctuaire : ça sent le départ...<br />
<br />
Le réfectoire de l'hostellerie est aussi sombre qu'encombré par une bonne 20aine de mercenaires pour la plupart loqueteux, de forestiers et de négociants qui semblent tous attendre qu'un sergent courtaud et obèse s'occupent d'eux : Eldan le connaît sous le nom de "La Boule" comme le membre le plus corrompu de la garde locale, qui offre fréquemment les services de ses hommes à Jornil Cuivré et laisse prospérer les coupes-jarrets qui hantent avec son fils Jorem la boutique d'un marchand de vins, "Le Carafon".<br />
Pendant que Diane réussit à se bouffer le nez avec l'épaisse bonne-sœur qui sert pain et brouet aux clients (c'est une manie), Andréas trouve son chemin vers la sacristie pour demander au prêtre s'il pourrait s'y installer pour "travailler dans le recueillement nécessaire à ses enluminures". [Sur un jet de "Contacts dans la Pègre" réussit], Eldan le brigand repenti avise bientôt un drôle de novice qui accueille les voyageurs dans la cour en semblant éviter la salle, qu'il reconnaît illico comme un croche-bourse du coin, déguisé pour pouvoir "courtoisement débarrasser les voyageurs de leurs bagages" sans se faire trop remarquer des sœurs et des vrais disciples du Culte (et puisque je peine à lui donner un nom, il le baptise "Boule-de-Suif"). Son camarade interpellé en plein travaille lui explique que La Boule est venu sélectionner les meilleurs combattants disponibles pour les intégrer à l'escorte du convoi minier, les autres devant se contenter de la moindre paye offerte à l'escorte d'une caravane marchande qui devait partir ce matin avec un troupeau de chevaux emishen, mais qui a pris du retard malgré les tentatives du Cuivré pour les faire activer, allant même jusqu'à participer à la solde des convoyeurs pour peu que les marchands acceptent d'ouvrir la route en précédant d'une journée ses propres chariots. Bien sûr, quelques piécettes peuvent toujours faire pencher le jugement de l'adipeux sergent. "Et sinon, on peut saluer des copains au Carafon ? _Ben non, curieusement, y a quasiment personne depuis hier, déjà : ch'ais pas où ils sont tous passés. Même la bande à Jorem elle y est pu'..." <br />
Mais cette "cervelle de moineau" d'Eldan aura tôt fait de perdre l'information.<br />
<br />
Jugeant plutôt minables les guerriers déjà choisis, Diane se porte volontaire et décide de démontrer ses talents à l'arbalète en faisant tinter la haute cloche du temple d'un carreau tiré depuis le fond de la cour, selon un angle de tir particulièrement réduit par les étroites voutes du clocher et dans la visibilité voilée par la pluie et la grisaille : "Si une gonzesse y arrive, j'veux bien l'embaucher, tiens !" ironise La Boule. Et si Eldan s’éclipse vivement vers le campanile pour faire sonner la cloche du pommeau de sa dague si la Kerdane devait manquer, il n'a pas encore atteint le sommet qu'un trait ricoche sur le bourdon et faisant sonner le bronze avant de retomber côté grand' place. "Et sinon, c'est combien la paye ?" demande la tireuse d'élite d'un ton narquois, avant d'aller rejoindre la table où attendent déjà les autres vainqueurs, deux étrangers à l'air farouche et une paires de jeunes imbéciles qui se présentent comme "Trevan de Rigorne, chevalier errant ! _Et Gavin, son loyal écuyer. _Ah ben putain, si c'est le haut du panier j'ose pas voir le fond..." leur décoche Diane, toujours aimable.<br />
Informé que le convoi va de toutes façons partir le lendemain, que Diane y est embauchée, que l'éclaireur doit aller acheter quelques provisions pour le reste de l'équipe et puisque les religieux sont tous très occupés avec la foule des clients, Andréas profite du reste de sa matinée pour étudier bien tranquillement sa récente trouvaille.<br />
(Spoiler même pour les joueurs de cet épisode : En examinant les bagues mobiles qui se découpent dans la sphère d'or-rouge héritée de Langard, le mage découvre qu'elle est à la fois un focus capable de stocker de l'Essence magique, un catalyseur qui facilite le transfert d'Énergie vitale pour la chargre plus facilement et un amplificateur doublant la portée de la plupart des sorts : bien qu'il ait du payé 2pH pour la retrouver, Andréas Odran est ravi ! Bien sûr, il ignore encore que le spectre de son défunt propriétaire y a été piégé, et qu'il se manifestera lorsque l'objet sera suffisamment rechargé…)<br />
<br />
=== Interlude Forestier (Vignu, Herle) ===<br />
<br />
Pendant ce temps, Vighnu et Herle se sont éloigné dans la forêt après avoir entendu de lointains aboiements : voulant voir de quoi il retourne, ils découvrent une petite chaumière isolée, où une mère de famille fend du bois avec dextérité pendant que ses deux jeunes enfants jouent en rassemblant les demi-bûches sous l’œil de deux énormes dogues de Marale, des molosses presque aussi hauts que des poneys. En s'approchant sous le vent, les mercenaires réalisent que ce doit être la demeure de Thuril le Brun : un forestier réputé dans la région et qu'Eldan leur a expliqué servir régulièrement de guide aux caravanes, en particulier celles de Jornil Cuivré, de loin son meilleur employeur. Ils envisagent un moment de kidnapper un môme pour forcer la coopération de son père, mais après avoir considéré la maman qui fend les bûches d'un coup de hache expert, l'agitation grandissante des chiens, la taille du chenil trop vaste pour "seulement" deux dogues et les probables galères d'avoir à balader un otage de 5 ou 8 ans, les deux farouches guerriers renoncent.<br />
<br />
En rejoignant leurs camarades, ils aperçoivent les traqueurs d'esclaves qui patrouillent les flancs de la montagne et se dissimulent tous si bien qu'Eldan, sorti de la ville basse pendant que le premier convoi s'y assemblait pour partir enfin, va avoir bien du mal à les retrouver. Déposant les provisions en expliquant que Diane a réussit à intégrer l'escorte, l'éclaireur repart aussitôt pour lui transmettre les derniers détails du plan et une dague empoisonnée par les bons soins de Vighnu, "en cas de besoin". <br />
<br />
_Pis ramène le chroniqueur, aussi : on s'arrache dès que la première caravane a fini de descendre la route. <br />
_Mais vous vouliez pas que j'aille jeter un œil à la mine, pour repérer l'autre convoi ? <br />
_Il part demain matin, non ? Qu'est-ce qu'on besoin de savoir d'autre ? Grouille !"<br />
Et ce fût leur deuxième erreur…<br />
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<br />
== Préparation du terrain ==<br />
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=== Sabotage (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
À peine une heure derrière les quelques chariots de marchandises et le troupeau de chevaux qui labourent la route humide devant eux, le commando se met donc en marche en milieu de journée, avançant d'un pas tranquille pour éviter de les rattraper. La fin d'après-midi leur offre une vague éclaircie lorsque, quasiment à mi-pente de la gorge encaissée où les cailloux roulent sous leur pas, ils avisent un sapin qui penche déjà un peu depuis le versant hérissés de rochers du ravin : passant des cordes autour du tronc, Herle, La Poigne, Vighnu (mollement, hein, il est fatigué), Le Grêlé et Oleytan tirent de toutes leurs forces pour finir de le déraciner. Le templier défroqué s'énerve au passage et, quand ses compagnons remarquent que la chute de l'arbre n'a pas l'air très naturelle, il escalade la pente avec La Poigne pour déclencher à eux deux un éboulement susceptible d'expliquer l'accident. Après qu'une coulée de rochers se soient répandus sur la route et que le colosse ait cogné le tronc à coups de pierres pour parfaire la mise en scène et dissimuler les marques de cordages laissées dans l'écorce, l'équipe décide de souffler un peu avant de repartir... et Vighnu remarque alors une silhouette qui les observe de loin, dissimulée parmi les sapins en haut de la crête.<br />
(Si Andréas Odran a tout intérêt à garder le secret de ses talents magiques pour éviter de finir au bûcher, surtout lorsqu'il voyage avec un ex-templier, Hadrien Muraille et Adira Pratesh les ont découvert lorsqu'ils étaient enfermés dans la mine et le fehnri en a évidemment parlé à son cousin : malgré ses craintes instinctives concernant la sorcellerie, Vighnu a abordé le sujet avec Andréas qui s'est montré assez ouvert sur le sujet pour le rassurer...)<br />
<br />
Après avoir discrètement averti le reste de ses camarades de la présence d'un observateur discret et leur avoir recommandé de faire "comme si de rien n'était", Vighnu et Andréas s'éloignent innocemment loin des regard inquisiteurs en pénétrant sous les frondaisons qui bordent la gorge en se donnant vaguement l'air de chercher des plantes : <br />
_Tu peux le chroniquer d'ici, demande l'apothicaire dès qu'ils sont loin de Herle ? <br />
_Assieds-toi avec moi et (Andréas sort la sphère première de son sac) pose tes mains là-dessus, là et là. <br />
_Je sens que je vais pas aimer.... <br />
_Sans doute mais j'ai pas l'énergie pour le faire moi-même alors tu participes où il va se tirer." <br />
Dès qu'ils ont tous les deux les mains sur la sphère de métal rouge, Vighnu se sent soudain très fatigué [ça lui coûte 4 points de Fatigue, mais ça fait 8pts d'Essence pour alimenter les sorts d'Andréas, qui en a bien besoin vu comme il peine depuis plus de deux jours qu'ils sont en marche] et, les yeux fermés par la concentration, le chroniqueur annonce à son camarade : <br />
_Il n'y a qu'un seul type, mais il s'éloigne vers... un cheval. Plein nord, au sommet de la gorge. Il sait qu'on l'a repéré. Il se dépêche parce que... le sentier qu'il veut prendre rejoint la route un peu plus haut. <br />
_Tu peux le neutraliser ? <br />
_Je vais essayer mais... <br />
_Fais au mieux, je préviens les autres !"<br />
<br />
=== Interrogatoire ===<br />
<br />
Quand Vighnu sort des bois tout essoufflé en appelant ses compagnons, il explique brièvement que le guetteur est en train de s'enfuir à cheval, mais qu'ils peuvent tenter de lui couper la route et Oleytan s'élance le premier, remontant la gorge au pas de charge, suivi de près par Eldan, Herle de Lorune et le Grêlé. Ils ont beau courir de toutes leurs jambes sur le chemin rocailleux, le cavalier dévale la pente plusieurs centaines de mètres plus haut qu'eux... et tombe de selle en atteignant la route.<br />
<br />
"Quand on sait pas monter..." grommelle Herle, dégageant l'arc qu'il avait en bandoulière en cavalant de plus belle : son cheval trottant pour s'éloigner des ennuis, le guetteur se relève à peine lorsque Lerkoren Oleytan arrive sur lui le glaive à la main, mais réussit à dégainer sa propre épée en se remettant sur ses pieds, à parer et à lui coller un grand coup de pommeau à la tempe, séchant le jeune Elloran avant qu'Eldan ne soit à portée de lame. Le cavalier esquive le coup mal ajusté du Moineau en bout de course et, voyant arriver d'autres adversaires, dégage vivement sur le versant boisé qui descend vers le torrent. Mais Herle de Lorune a stoppé et décoché une flèche, et malgré la distance elle vole entre les arbres, racle l'écorce d'un boulot et transperce le genou du fuyard [3 pions de Fatigue et 1pH : Ego' voulait vraiment le choper] qui bascule dans dans la pente en rebondissant contre les troncs et les rochers. Un instant soufflé par l'expertise du tir, Oleytan, Eldan et le Grêlé regardent le Défroqué d'un air médusé, celui-ci leur fait signe d'aller chercher leur proie et, s'asseyant pour souffler sur un rocher, débande son arc en déclamant un poème sur la rudesse de la vie au bord des eaux [il faut préciser que pendant qu'on joue sur Rolisteam, Ego' dégotte des poèmes de circonstance qu'il déclame à brûle-pourpoint quand il a besoin de libérer de la Tension : ça fait toujours son petit effet et lui obtient à chaque fois le bonus du public]. Le Grêlé en reste un moment comme deux ronds de flanc, puis l'ex-inquisiteur dégage sa dague et, descendant à la suite d'Eldan avec le mercenaire sur les talons, annonce : "Bon, c'pas le tout : au boulot."<br />
<br />
Et pendant qu'Oleytan s'éloigne pour récupérer le cheval, sous le regard mortifié d'Eldan qui a eu tant de mal à récupérer le blessé dans le torrent, à le traîner sur la berge et à lui faire un garrot, Herle entreprend d'interroger le prisonnier, d'abord en lui expliquant qu'il parlera de toutes façons et que ce n'est qu'une question de temps et de douleur, puis en tournant la flèche dans la plaie pour illustrer son propos. Alors qu'Eldan, dégouté, s'éloigne, le cavalier commence à révéler qu'il n'est que l'éclaireur d'une bande de types chargée de suivre le convoi... lorsqu'il tourne de l’œil, moins à cause de la souffrance que des blessures reçues : ayant rejoint ses camarades depuis quelques instants déjà, Vighnu l'examine et, constatant que le prisonnier cumule un sérieux hématome à la tête et des côtes fracturées à sa blessure au genou, annonce qu'il risque d'avoir un peu de mal à le garder en vie plus de quelques heures. <br />
_Et qu'est-ce qu'il a sur la poitrine, demande le chevalier ? <br />
_Tatouage de voleur, explique l'assassin-apothicaire : la Confrérie du Chacal, une espèce de regroupement de brigands, mais j'ai entendu dire qu'ils commençaient à trafiquer des armes dans le coin. <br />
_Non. Ce sont des démonistes ! <br />
_Hein ?! Houlà, non, non, je vous assure messire ils... <br />
_L'étoile à neuf branches est le signe du démon, Maître Pratesh, et cette créature doit être décapitée et brûlée séance tenante. <br />
_Quoi ?! Mais non, enfin, on allait l'interrog... <br />
_Nous ne tolérerons pas l’œuvre du démon et vous n'en serez pas complice, Maître Pratesh, ou bien vous aurez à faire à moi !" <br />
Malgré les protestations de ses camarades, Sire de Lorune défait le long paquet qu'il a sur le dos depuis le départ et en dégage une lourde épée bâtarde à la lame gravée de runes antiques et dont la garde rougeoyante rappelle à Vighnu une certaine sphère : avant qu'il ne puisse s'interposer, l'épée s'abat et la tête du malheureux tombe, tranchée net, entre ses genoux [oui, Herle vient d'exécuter le "peunj-d'information" pour produire une Réaction à 5].<br />
<br />
Image<br />
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=== Fuite ===<br />
<br />
"D'autres cavaliers arrivent !" les avertit Oleytan depuis le chemin, où il monte maintenant le cheval récupéré. Ne sachant pas s'il s'agit de brigands ou de simples civils et préférant éviter de laisser une "scène de crime" qui mette la puce à l'oreille du convoi, les mercenaires bascule le corps dans le torrent et dégage vers l'aval, histoire de dépasser leur éboulement avant d'être vus. Emportant la tête pour la brûler plus tard, Herle s'élance sur le chemin à la suite de ses camarades. Ce n'est que lorsqu'ils ralentissent au bas de la gorge qu'ils s'avisent qu'ils ont oublié Andréas et La Poigne, à qui Vighnu avait ordonné de rester près du chroniqueur pour le protéger : <br />
_Non mais ils sont pas débiles, non plus, ils auront dégagé en nous voyant passer... <br />
_On parle de La Poigne là : le gars qui reste allongé près de l'arbre les yeux fermés pendant qu'on poursuit un cavalier parce qu'on lui a dit de faire "semblant de rien". <br />
_Bon, Oleytan, tu retournes les chercher à pied en passant par les crêtes, on se retrouvera près du gué." <br />
Et le matériel chargé sur le cheval, notre commando hautement qualifié repart d'un pas tranquille sous la bruine persistante.<br />
<br />
=== Reflexions ===<br />
<br />
Sous les pas des mercenaires, une plaine vallonnée, couverte de hautes herbes et parsemée de bosquets, succède bientôt à la forêt escarpée. Une éclaircie illumine le paysage et, quoiqu'en regardant régulièrement par-dessus leur épaule, les PJ en profitent pour sécher un peu en devisant sur la suite. Ce n'est qu'en arrivant au bord du fleuve que Herle insiste pour faire une pause et observer sérieusement les environs, des fois que les Démonistes ("Mais c'est juste des petits truands qui se donnent un genre ! _Des dé-mo-nistes !") aient posté un autre guetteur ou que la première caravane soit encore à portée de vue. Les abords de l'Anil'wel ("la Rivière du Passé") sont remarquablement calmes, mais la profondeur des empreintes de chariot laissées sur la berge intrigue le templier : <br />
_Qu'est-ce qu'il y avait exactement dans ces chariots, Eldan ? <br />
_Heu... un de draps et fourrures, un de ferronnerie, chaudrons, ce genre de trucs, et puis un p'tit chariot de matériel, les vivres de l'escorte, tout ça. <br />
_Grand et gros, le chariot de chaudrons ? <br />
_Pas très non, pourquoi ? <br />
_Parce je commence à me dire que si j'étais un maître-contrebandier qui se méfie d'une attaque sur le convoi le plus important de l'année, j'aurais peut-être bien camoufler le vrai chargement dans la première caravane et tendu une embuscade autour de la seconde…"<br />
<br />
Après avoir passé le fleuve, et puisque la journée touche à sa fin sous les nuages noirs qui s'accumulent à l'est ("Gros orage en provenance de la mer, annonce le Moineau. _Trouve-nous un bon site de bivouac, faut qu'on puisse se reposer ce soir.") le groupe discute toujours de ses soupçons en interrogeant Eldan sur milles détails, puisqu'ils est le seul parmi eux à s'être rendu en ville et à avoir observé les préparatifs de départ. Montant un campement étonnamment confortable à base de branchages installés entre de gros rochers, sur les contreforts des hauts plateaux à l'ouest de la route (en limite de zone 4, sur la carte) et bientôt rejoints par Oleytan suivi d'Andréas juché sur le dos de La Poigne, l'équipe continue de réfléchir à l'idée du Templier.<br />
<br />
Et, à force de se creuser la cervelle, Eldan commence à se remémorer divers détails troublants (les mises en garde du Capitaine ; la désertion du Carafon (d'ordinaire quartier-général des truands et en particulier des séides de Jorem Cuivré) ; Jornil qui pressait le premier convoi de partir au point de payer une partie des frais de l'escorte, finalement un peu excessive pour des marchandises sans grande valeur et comptant assez peu de cavaliers pour que le troupeau de chevaux soit sa principale préoccupation ; les drôles de "barbares" qui trainaient à l'Hostellerie avec Diane), Andréas raconte sa première rencontre avec les Chacals au Cercle des Cascades, Vighnu et Eldan ajoutent leurs connaissances sur la pègre du nord... Il leur faut un moment pour constituer une théorie viable mais, lorsque Herle de Lorune revient de l'incinération de la tête tranchée, ses compagnons se sont rangés à son avis : le butin est caché dans la première caravane (qui n'a que 3 ou 4 heures d'avance sur eux et a du elle aussi s'arrêter pour la nuit), et le deuxième convoi est un piège à leur intention, pour lequel Jornil a embauché les Chacals, originellement venus des Sylves, tout comme Urgrand le sorcier barbu qui les a mis en relation avec les rebelles. _Je vous avez bien dit que c'était des démonistes ! Quand on aura fini cette mission, faudra faire la peau à ce sorcier. _Nous en reparlerons certainement, sourit Vighnu."<br />
<br />
=== Interlude Lointain ===<br />
<br />
Pendant ce temps à Tal Endhil, le Capitaine prend Ranyella Sotorine à part à la fin d'une des nombreuses sessions qui occupent la Guilde depuis le début de la semaine et, alors qu'il voulait lui parler transport nautique et diplomatie locale, la cheffe kerdane lui remet 4 pièces d'argent : "À quel titre ? _Une de vos mercenaires a envoyé un message à Écume 6 en demandant qu'on lui envoie une barge au Lac d'Acier. La réponse est que nous avons déjà perdu une barge récemment, que ma famille a autre chose à faire et que la mercenaire en question a perdu le privilège de faire appel à nous : vous seriez gentil de transmettre. _Oh... merde !"<br />
Et le Capitaine fonce illico au Cercle des Cascades, insiste pour parler urgemment à quelques chamans de sa connaissance et fini par demander à Kal Shemon'Lon de bien vouloir passer un message à Vighnu et Andréas : "Seulement si j'peux mett' un monstre marin. Ça donne du cachet aux visions, les monstres marins. Hihi."<br />
<br />
<br />
<br />
== Infiltration ==<br />
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<br />
=== Soirée à Solerane (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
À l'Hostellerie des Moindres, après qu'Eldan soit passé en coup de vent lui déposer une dague empoisonnée ("T'aurais rien de plus liquide, pour épicer les vivres de l'escorte ? _Ah heu ben non, mais j'vais demander à l'apothicaire.": jamais revenu), Diane fait connaissance avec ses futurs compagnons de route : si les deux "barbares" au poil noir et à l'air revêche ne font toujours aucun effort pour converser dans la Langue des Pères, elle découvre que le jeune "chevalier errant" Trevan de Rigorne et son fidèle écuyer sont venus au nord "en quête de gloire et d'aventure" et que, malgré leur bref engagement dans les troupes mercenaires ("parce qu'on y voit plus d'action !"), l'aventure leur a fait jusqu'ici plutôt défaut : une escorte de caravane vers Celanire (et quelques troubles sur place dus à l'arrivée d'un nouveau prêtre assez radical), mais toujours pas de glorieux combat. Ils comptaient s'engager dans les troupes d'un héros local, le fameux Capitaine Durgaut de Tal Endhil ("Qui ? Non, 'connais pas...") mais comme Trevan est incapable de réduire son train de vie, les voilà pour l'instant fauchés et ils repartent vers Darverane avec le fourgon de métal, dont le jeune chevalier espère bien qu'il sera attaqué (pour se couvrir de gloire), afin de gagner assez d'argent pour un second cheval (Gavin l'écuyer se plaint de courir derrière depuis deux mois).<br />
<br />
Un très bref duel d'entraînement avec lui permet par contre à Diane de constater que Trevan est extrêmement bien entraîné à l'épée, malgré son inexpérience du combat réel et sa rafraichissante "naïveté". Si son écuyer a d'avantage les pieds sur terre, Diane ne doute pas de pouvoir par contre les manipuler (et ne se préoccupe pas plus que ça d'aller jeter un œil au fourgon ou à la mine).<br />
Elle rencontre bientôt Thuril le Brun, le massif forestier accompagné de deux dogues en charge de guider le convoi, qui vient les avertir d'être prêts le lendemain avant l'aube.<br />
<br />
=== Rêves collectifs (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
Pendant qu'elle dort tranquillement à l'Hostellerie, le tumulte de l'orage qui s'abat sur la plaine est bientôt interrompu par un hurlement de frayeur : sous son abri de branchage, Vighnu vient de s’éveiller d'un horrible cauchemar, une histoire de barques irrémédiablement coulés et de monstre marin qui le dévorait. <br />
_Ça commençait par un faucon ricanant dans la nuit et finissait par un petit oiseau qui te guidait vers un sentier lumineux dans la montagne, demande Andréas ? <br />
_Heu... oui, mais je t'avoue que je me suis réveillé après le poisson géant. <br />
_C'est drôle, moi j'ai juste vu une espèce de grosse murène rôder dans l'eau, mais à part ça, je pense qu'on a fait le même rêve, envoyé par Kal Shem'... <br />
_C'est important les rêves, coupe Herle de Lorune, ce sont souvent les Ancêtres qui nous les envoient. <br />
_Voilà. <br />
_J'allais le dire. <br />
_Et dis-donc, le Moineau, un chemin dans la montagne, ça te dit quelque chose ? <br />
_Ah heu...oui. Le Capitaine avait prévu une solution de secours si on trouvait pas d'embarcations, c'est au nord de Celanire. <br />
_Et c'est fiable ? <br />
_Les plans du Capitaine sont toujours fiables ! <br />
_Suis-je bête. Bon ben demain on peut s'épargner d'aller voir si les Kerdans sont arrivés à la presqu'île et foncer plein sud dès l'aurore pour rattraper le convoi..."<br />
<br />
=== Départ du convoi (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
Et le jour n'est pas encore levé que Diane, Trevan, Gavin et les deux barbares Sylvains dont elle n'a tiré que les noms (Rumbold et Jaromir) rejoignent avec Thuril la mine de cuivre, un véritable petit fortin dont sortent bientôt des cavaliers (dont Craie et Esteval, qu'elle reconnaît et qui la reconnaissent, mais aussi un jeune gandin qui s'avèrera vite être Jorem Cuivré, le fils du grand patron), quelques fantassins supplémentaires, un lourd fourgon de chêne fermé par une porte cadenassées et un petit chariot de matériel tiré par des mules. Retraversant la ville vers la porte basse dans le fracas des roues et des bêtes sur le pavé, le convoi descend laborieusement la route vers le Marchepied en brinquebalant ("Bloumboudoum font les coffres dans le fourgon fermé. _Super : tu fais vachement bien le coffre. _Okaaay... _Ben quoi ?") puis oblique plein sud dans le petit matin.<br />
Très vite, l'arbalétrière comprend qu'entre Craie, Thuril et Jorem, il y a deux chefs de trop dans ce convoi, et en profite pour attiser les inimitiés au sein de l'escorte. Dès qu'elle et d'autres piétons sont employés à retenir les chariots dans la route pentue qui serpente le long du torrent, il lui vient une autre idée pour ralentir le convoi : profitant d'un dérapage du fourgon ("moins lourd qu'il n'y parait... _Ben tant mieux.") <br />
sur la route bourbeuse, alors qu'elle tirait de l'arrière, Diane s'arrange pour que le véhicule passe sur l'un des cochers descendu pour freiner par l'avant, et le conducteur hurle lorsqu'une des roues de bois ferré lui sectionne la jambe à hauteur du genou. Dégager le pauvre gars et lui prodiguer les soins nécessaires, quoique probablement inutiles (le type ne s'en sortira pas sans un bon chirurgien) stoppent le convoi pendant un long moment. Diane en profite d'ailleurs râler sur la paye, semer encore un peu plus la discorde dans l'escorte et monter Trevan de Rigorne contre Craie en proposant de rentrer à Solerane pour repartir du bon pied, mais l'esclavagiste albinos est vite soutenu par Esteval et, à eux deux, ils ramènent un semblant de discipline dans l'équipage qui reprend la route.<br />
<br />
Toujours attentive aux alentours, Diane commence à avoir l'impression distincte que des bruits de sabots suivent le convoi par les crêtes et, lorsqu'elle propose d'aller voir, Craie insiste pour envoyer plutôt Jaromir et Rumbold, les deux Sylvains. <br />
_Dis-donc Trevan, demande-t-elle au jeune chevalier, les deux barbares, là, ils ont été sélectionnés comment ? <br />
_Je ne sais pas, Mademoiselle : je ne crois même pas que le gros sergent les ait mis à l'épreuve, ils ont été embauchés tout de suite. <br />
_Tiens donc..." Et bien sûr, lorsque les deux éclaireurs reviennent "sans avoir rien trouvé", Diane et Gavin espionnent leur bref rapport à l'albinos, la Kerdane entendant quelque chose comme "perdu un gars... <br />
_Dis-leur de garder leurs distances, merde !"<br />
<br />
Lorsque le jeune chevalier et un des Sylvains, chevauchant tous deux à l'avant-garde, signalent un l'éboulement barrant la route, le convoi s'arrête à nouveau, l'escorte se déploie en position défensive et la Kerdane décide d'escalader le pierrier pour en avoir le cœur net : trouvant les empreintes de deux paires de très grands pieds, elle déduit que l'éboulement est l’œuvre de La Poigne et du Défroqué, mais préfère inquiéter les autres pour perdre encore du temps. Le convoi ne repartant qu'après avoir utilisé les mules pour traîner le sapin tombé hors du chemin, Diane s'installe à côté de Thuril le Brun sur le banc du fourgon et entreprend de lui expliquer qu'il se passe des choses très bizarres autour de ce transport, surtout que les Sylvains et Craie semblent comploter un truc bizarre avec des cavaliers qui les suivent [Réaction de Témérité à 5]. Manifestement surpris (et convaincu), le Brun essaye pourtant de dissiper les soupçons de la Kerdane mais ne parvient qu'à éveiller de nouveaux doutes : le guide serait-il de mèche avec d'autres gars voulant braquer le convoi ?<br />
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=== Fuite meurtrière ===<br />
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Avec tout ce temps perdu, il fait déjà presque nuit lorsque la caravane fourbue s'installe pour camper juste avant le gué et que Craie insiste pour envoyer les deux Sylvains et Diane "chercher du bois pour le feu", à bonne distance du camp puisque les premiers bosquets sont à plusieurs centaines de mètres. Méfiante, la Kerdane avertit Gavin et ne suit les deux barbares qu'en traînant les pieds et son arbalète sous le bras, le temps de chercher une solution : elle observe le terrain en détail, évalue les distances... Lorsqu'elle réalise que Craie et Esteval arrive derrière elle depuis le camp alors que les Sylvains la prennent en tenaille par l'ouest, elle se penche pour ramasser une branche morte... et disparaît complètement dans les taillis et le soir qui tombe.<br />
<br />
[À 4 contre 1, Diane est sérieusement dans la mouise, surtout qu'Orlanth refuse d'employer ses pH pour autre chose que progresser. Mais briefé en détail sur les options tactiques d'un sniper et anticipant finement sur ses Mises, il va commencer par un énorme jet de préparation, dégageant 16 pts de bonus temporaires qui ne vont pas être de trop...]<br />
<br />
Transmettant des indications par signes aux deux Sylvains, Craie et Esteval resserrent l'étau autour de la Kerdane... Du moins le croient-ils car, camouflées dans un bosquet à quelques distance, elle se trouve déjà hors de "l'encerclement" et visant soigneusement, elle attend le bon moment pour tirer en comptant sur la fatigue et la tension de ses adversaires. Et lorsque que, croyant avoir vu un buisson bouger, Craie fait claquer son fouet dans le feuillage, l'arbalète claque sans être entendu et Esteval s'écroule sans un râle, un carreau lui ayant perforé le crane par l’œil gauche. Jaromir, l'éclaireur sylvain qui progresse discrètement l'arc tendu, est maintenant la cible la plus excentrée : Diane recharge et lorsque l'albinos -dont les longs cheveux blancs se distinguent nettement malgré le crépuscule- se retourne pour appeler à voix basse son camarade disparu, un second trait claque et se fiche dans la trachée de l'archer, qui s'effondre en gargouillant du sang.<br />
<br />
Immédiatement, Rumbold et Craie comprennent qu'on leur a retourné l'embuscade et cherchent un couvert, mais l'esclavagiste commet l'erreur de vouloir reprendre l'offensive : dégainant son tranchoir et ré-enroulant son fouet, il s'élance en zigzaguant entre les rares bouleaux pour atteindre l'origine du tir... où Diane n'est déjà plus. Et lorsqu'il se retourne pour la chercher du regard, un carreau l'atteint en plein front. <br />
<br />
Alors que des voix commencent à se faire entendre vers le campement, le dernier Sylvain récupère l'arc de son compagnon et, restant prudemment à couvert, scrute le sous-bois en se déplaçant silencieusement vers l'ouest et les profondeurs de la forêt. Rumbold lâche une flèche lorsqu'une ombre se détache brièvement parmi les arbres mais manque de plusieurs coudées, et les deux tireurs continuent leur lente et silencieuse danse parmi les taillis, s'éloignant toujours plus du camp vers la forêt, chacun cherchant à repérer sa cible autant qu'à réduire la distance en restant à couvert... Mais lorsqu'il atteint une longue clairière, le Sylvain doit choisir s'il s'arrête ou s'aventure à découvert et, manifestement décidé à continuer vers l'ouest ou les arbres sont plus dense [et lui permettrons de réduire l'avantage fournit par la portée de l'arbalète], il s'élance soudain au pas de course : il n'a pas fait 10 pas qu'un carreau le cueille en pleine cuisse. Il riposte pourtant, mais manque encore et, étalé dans les hautes herbes, à flèches, il a le réflexe de ne plus bouger et d'attendre que la Kerdane soit obligée de s'approcher : lorsqu'une silhouette blonde apparaît, il se redresse sur un bras pour lancer sa hache mais un dernier carreau lui perce le crâne avant qu'il ait pu finir son geste.<br />
<br />
Accroupie à la lisière des bois, Diane écoute la nuit en reprenant son souffle : s'il lui semble entendre un lointain piétinement de sabots dans la forêt, une chouette ulule à l'ouest quand elle reconnaît le timbre de Trevan approchant par l'est et appelant à mi-voix "Mademoiselle ? Mademoiselle ?". Elle fouille rapidement le corps de Rumbold, récupère le projectile qui saillit de sa jambe et, en plus d'un curieux appeau, d'une solide dague, de quelques pièces de cuivre et d'un lacet d'étrangleur, elle découvre un curieux tatouage sur son sternum, une sorte de loup très mince sur fond d'étoile et de forêt. Soufflant tout bas dans l'instrument, elle émet une sorte de ululement et comprends que d'autres Sylvains appelaient leurs compagnons. <br />
<br />
Quand le jeune chevalier la rejoint enfin, troublé de constater qu'elle vient d'abattre 4 hommes dont leur chef (et qu'il a encore manquer l'action), elle n'a guère le temps de lui expliquer la situation en détail mais, avec l'aide de Gavin qui finissait de fouiller les corps, parvient à le convaincre qu'elle est "la gentille" de l'affaire. Et qu'ils sont tous en danger : il faut fuir, tout de suite, sans repasser par le camp. "Mais je ne peux tout de même pas abandonner mon destrier, proteste le "chevalier errant" ! _Et puis j'ai trouvé la clé du fourgon autour du cou de Craie, fait remarquer Gavin : ça vaudrait le coût de jeter un œil..." (On pourra pas dire que j'ai pas essayé.) <br />
Diane hésite un instant, car la tentation est forte, mais se ravise et, tirant doucement le chevalier confus par le bras, elle l'entraîne avec son écuyer vers le fleuve, contourne le camp par la rive, trouve le gué malgré la nuit et, alors qu'un fort tumulte et une cavalcade semble agiter le bivouac derrière eux, ils disparaissent dans la nuit et les flots grondant...<br />
<br />
Ils marchent depuis plus d'une heure, que le chevalier a passé à se plaindre de la perte de son cheval, du poids de son pavois et de ses pieds douloureux, lorsque Diane et Gavin réalisent que des cavaliers sont à leurs trousses : quittant le chemin pour tailler à travers bois, le trio sème temporairement ses poursuivants dans l'épaisseur des taillis et tente de prendre un maximum d'avance avant l'aube (passant sans le savoir à peu de distance de l'endroit où, la nuit précédente, ses compagnons ont campé pour s'abriter de l'orage).<br />
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== Dernier tronçon ==<br />
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=== Sabotage d'un chariot ===<br />
<br />
Durant la journée, Vighnu, Andréas sur le cheval, Herle de Lorune, Eldan, Oleytan, le Grêlé et la Poigne ont continué d'avancer à marche forcée sur la route forestière (segment 4 du trajet) détrempée tant par l'orage de la nuit que par les quelques ruisseaux qui s'écoulent vers le lac, grossis des eaux de pluie. Eldan, le plus leste de la bande, a rapidement pris de l'avance sur le reste du groupe en espérant rattraper la caravane assez tôt et trouver moyen de la ralentir jusqu'à ce que ses camarades le rejoignent. Et en effet, lorsque l'après-midi touche à sa fin et que le Moineau émerge de la forêt (début de zone 5), il découvre le troupeau de chevaux paissant tranquillement dans la grande prairie en bordure du Lac d'Acier, près des trois chariots arrêtés au bord du chemin entre lesquels les voyageurs ont allumé un petit feu pour sécher leur paletots. La moitié d'entre eux prennent d'ailleurs le soleil ou nettoie leur vêtements bourbeux sur la berge pendant que les autres cassent la graine et se reposent de la rude journée qu'ils viennent de passer à pousser les carrioles dans le chemin forestier tout à la fois étroit, sinueux, bourbeux, rocailleux et coupé par les crues miniatures (argl).<br />
<br />
Profitant des hautes herbes et de ce que seulement trois sentinelles semblent encore (vaguement) se préoccuper de monter la garde, le Moineau progresse par l'ouest, traverse la route sans être vu et se glisse subrepticement jusqu'au chariot de ferronnerie. Il entreprend alors d'arracher avec sa dague les clous qui maintiennent une des roues arrières sur l'essieu, mais il n'a pas tout à fait le temps de finir que l'arrivée de l'unique sentinelle à cheval, qui commence à réunir les chevaux égayés e vue du départ, l'oblige à se dissimuler sous la carriole. Son mouvement d'ailleurs trop vif et trop peu discret fait se cabrer l'un des chevaux, la sentinelle descend de selle pour voir ce qui se passe alors qu'une autre est descendue du chariot de draps (étrangement le seul où un garde soit resté en faction) : Eldan, bientôt coincé, ne s'échappe qu'en profitant d'un instant d'inattention né du chef de convoi qui bat le rappel de ses compagnons, juste le temps pour lui de retraverser la route et de s'éloigner en rampant dans les hautes herbes. Néanmoins, la roue d'un des chariots ne tient plus que par un clou et l'éclaireur a reconnu l'homme qui gardait le chariot "de draps" : c'est Darjodrahl, le garde du corps/assassin hornois de Jornil Cuivré en personne, et sa seule présence indique qu'ils ont vu juste...<br />
<br />
[Là, vous comprendrez que j'ai un problème spatio-temporel massif : Diane/Orlanth a toujours environs 24h de retard sur les autres joueurs, qui eux sont à moins de 24h de l'objectif réel, et d'ailleurs la caravane va arriver à l'Auberge du Pont. Si je laisse tourner la chronologie normalement, Diane ne rattrapera ses compagnons que bien plus tard, probablement après que l'action soit terminée : c'est vraiment con. Alors comme pour une fois j'ai mes 4 joueurs-combattants ensemble (ça n'a a été le cas que deux séances sur sept), je fais une entorse à mes principes pour mon Orlanth préféré, Diane passe donc à travers une faille temporelle et rejoint ses camarades, qui pour la plupart n'y ont vue que du feu.]<br />
<br />
=== Regroupement et combat (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Trevan, Gavin, Diane) ===<br />
<br />
À la lisière des bois, le reste de la troupe s'est arrêté pour faire une halte après 10h de marche forcée qui lui ont "presque" permis de rattraper le convoi, lorsque Oleytan à l'arrière-garde annonce trois piétons mal en point qui clopinent vers eux : c'est Diane la Kerdane et deux inconnus, dont un sérieusement blessé. Le trio de fuyard a en effet été rejoint par quelques cavaliers-chacals dans la journée et, lorsqu'un bref combat, Diane en a abattu un de plus, Trevan en a blessé un deuxième et le troisième a planté sa lance dans le flanc du pauvre Gavin avant d'être "héroïquement mis en déroute" par le chevalier errant (et donc il s'est barré, quoi). Rapidement mis au courant des mésaventures les uns des autres malgré l'insistance du chevalier qui veut savoir s'ils sont des "malandrins" ("Ben heu... on est des bandits d'honneur qui volons aux riches pour donner aux pauvres et défendons les petites gens contre l'oppression. _Vrai ? Quelle aventure ! Je suis bien content de vous avoir rencontrés et de pouvoir joindre mon épée à votre noble cause ! _C'est qui ce débile, exactement ?")<br />
, tous s'accordent à dire que les deux priorités du moment sont qu'ils ont 1) encore une petite heure de retard sur leur objectif et 2) seulement une courte avance sur les 6 ou 7 cavaliers qui poursuivaient encore Diane, Trevan et Gavin. "Ça tombe bien, fait remarquer Vighnu : on va avoir besoin de chevaux."<br />
<br />
Une fois l'équipe déployée autour de l'appât constitué par Gavin (rapidement rafistolé par Andréas) et Trevan installés au bord de la route, le "combat" est aussi rapide qu'unilatéral : Diane snipe le premier cavalier, le second reçoit une flèche de Herle avant d'être démonté d'un grand coup d'épée par Trevanet si les 4 autres qui les suivaient freinent à bonne distance pour descendre de cheval, ils découvrent vite qu'ils sont encore à porter de tir quand l'arbalète fait une seconde victime et qu'un autre adversaire prend une flèche dans la hanche en descendant de cheval. Les deux derniers, d'abord décidés à profiter du couvert des sous-bois pour arriver au contact voient bientôt le chevalier, le Grêlé, Vighnu et la masse du Templier s'avancer vers eux, et se dispersent dans les taillis dans l'intention manifeste de se carapater. C'était sans compter sur l'inhumaine discrétion de la Poigne, qui éclate à la masse le crâne du malheureux qui avait presque réussi à surprendre l'assassin (longue journée + problèmes de cœur : petite forme, le fehnri) et lorsque ce dernier se met en quête de l'ultime ennemi rescapé, il le trouve affalé sur le ventre et ligoté par le layss d'Oleytan, d'ailleurs assis sur son dos. <br />
_Très bien mon gars ! Allez, on le ramène aux autres et... <br />
_Non. <br />
_Je te demande pardon ? <br />
_Non, Vignupratesh : cet homme est mon prisonnier, et il porte un tatouage. Je ne laisserai pas tes cinglés de compagnons massacrer un vaincu. Je comptais le laisser repartir après que nous ayons pris du champ. <br />
_Mais c'est une très mauvaise idée, mon ami : il va rejoindre ses compagnons... <br />
_C'est son droit. <br />
_...les alerter sur notre position. <br />
_Bah je peux lui trancher un mollet, si tu veux : il devra repartir en boitant et ne rejoindra les siens que bien après que nous soyons partis. <br />
_Hem... bon écoute, je vais voir où en sont les autres et je reviens vers toi, d'accord ? <br />
_Chouette : tu peux me ramener à boire ?"<br />
Et leur seul autre prisonnier, blessé à la hanche, est une prise inattendue : Jorem Cuivré, soi-même. Terrifié et enfiévré par la douleur, le propre fils du patron-minier balance tout ce qu'il sait dès que Herle et Diane froncent les sourcils : oui, son père se doutait qu'il serait attaquer et a conçu la ruse des deux convois, oui il a embauché les Chacals à sa demande par l'intermédiaire d'un contact qui trafique du sel et d'autres marchandises "tombées du chariot" entre Darverane et Solerane, oui ils se doutaient bien que le Capitaine Durgaut était derrière tout ça mais son père ne pouvait pas se permettre de faire attendre Rhilder. "<br />
_Mais pas du tout, mes fringants compagnons et moi-même sommes des bandits d'honneur qui volons aux riches pour... <br />
_Non arrête, Trevan, t'es chiant : on bosse pour Durgaut, en fait. <br />
_Quoi ? Palsambleu mais alors vous m'avez roué ! Quelle aventure ! <br />
_Mais vosu êtes cons, pourquoi vous balancez un truc pareil devant le prisonnier ?! <br />
_Parce qu'il va pas repartir de toutes façons..." explique Vighnu avant de lui trancher la gorge [Réaction Cynisme 5 : ouch !].<br />
Et abandonnant ses compagnons avec le chevalier errant qui fait un scandale, il entraîne Diane vers l'endroit où il a laissé Lerkoren Oleytan en lui expliquant la situation : <br />
_Mais quel chieur ! 'Sont tous comme ça vos venteux ? <br />
_C'est pas la question : je compte sur toi pour abattre le prisonnier après qu'on l'ait "libéré". <br />
_Pas de problème mais faut pas que le môme me repère... <br />
_Je t'aiderai." Et, en effet, Vighnu fait assez de boucan en rejoignant son jeune ami pour que l'approche de la Kerdane passe inaperçue : une fois le prisonnier ahuri rendu à la liberté sans arme et avec un talon d'Achille tranché ("Rhaaaaaaaaa ! <br />
_Pis traîne pas mon gars, parce qu'avant la nuit, y aura des loups..."), Vighnu ramène Oleytan vers leurs compagnons en l'entretenant de ses soucis sentimentaux, que le jeune Elloran ne comprend que trop bien. Cette émouvante confession les empêche d'entendre le claquement d'une arbalète qui vient de mettre fin à une très brève fuite, après quoi Diane rejoint les autres pour récupérer les carreaux qui, ayant atteint des parties molles, peuvent encore être extraits à la dague (faut dire qu'elle n'en a plus que 7, avec tout ça).<br />
Le temps de répartir les désormais 9 cavaliers, dont un blessé, sur les 7 chevaux disponibles ( _Quelle malchance : aucun d'entre eux ne montait mon cher destrier ! _Couillon, moraliste et obssédé par son canasson : il est pas venteux votre chevalier, des fois ?") <br />
et la troupe repart au galop à la poursuite du convoi.<br />
<br />
Eldan, rapidement récupéré et pris en croupe, explique qu'il a pu confirmer que le butin était dans le chariot de draps et saboter la carriole de ferronnerie, mais que la caravane a repris sa marche et qu'elle a encore repris près d'une heure d'avance. Trottant de leur mieux sur leurs chevaux déjà éreintés, les mercenaires fourbus voient s'amenuiser leurs options en même temps que le soleil couchant : s'ils peuvent encore rattraper leur objectif avant l'Auberge fortifiée (d'autant que la roue déclouée peut céder n'importe quand), il leur faudrait encore prendre le temps de se déguiser en Kormes, abandonner pour cela leur matériel le plus avantageux, attaquer en plaine, couper la fuite à quiconque sauterait sur un des 50 chevaux pour donner l'alerte, défaire une quinzaine de "gardes" (dont au moins 4 professionnels dignes de ce nom et Darjodrahl) à seulement 8 combattants, rafler le butin et dégager à travers champs avant que des renforts n'ait pu intervenir depuis le fortin : <br />
_C'est pas la peine de se casser le cul à galoper, fait remarquer Vighnu : on est tous trop crevés pour se battre efficacement. Il faut trouver autre chose... par exemple s'introduire à l'Auberge du Pont cette nuit, avant que la caravane ne reparte pour Darverane avec trois ou quatre fois plus de monde. <br />
_C'est ça, on va trimballer 200kg de coffres blindés par-dessus les remparts et tout le monde trouvera ça normal. <br />
_J'ai peut-être une idée, propose Eldan : je sais que le chariot de ferronnerie est destiné à Celanire, alors si on pouvait remplacer discrètement le contenu des coffres par des fers à cheval et d'autres objets en fonte pour planquer le butin sous les chaudrons, on aurait plus qu'à attaquer demain matin un p'tit chariot presque sans escorte allant justement dans la bonne direction. <br />
_Mmmmh... et tu ferais ça comment ? <br />
_Ben on j'pourrais entrer à l'auberge avec Gavin en innocent blessé et l'honorable médecin-érudit Andréas, on repère les lieux et le butin, pis on aide Vighnu, Oleytan et tous ceux qui savent grimper et se faire discrets à passer la muraille, pis on s'introduit là où sont gardés les chariots, on se débrouille pour changer le butin de carriole sans faire trop de bruit, les grimpeurs repartent pis, le lendemain, ni vu ni connu, on braque le transport de chaudrons sur la route de Celanire. <br />
_Mais dis donc, tu sais que si on laisse quelques gars à l'extérieur pour éviter que les gars du deuxième convoi nous tombent dessus à l'improviste ou viennent raconter des âneries à la garnison locale, ça pourrait presque marcher, ton affaire ? <br />
_Très bien, jeune homme : je suis ravi de constater qu'on ne t'a pas emmené pour rien..." conclue le Défroqué.<br />
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== A l'Auberge du Pont ==<br />
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=== Première nuit ===<br />
<br />
Pendant que le reste du groupe se dissimulait avec les chevaux dans un bois, Eldan le Moineau, Gavin l'Écuyer blessé et Andréas, sous l'identité d'un érudit de Brasure, ont précédé la caravane à l'Auberge du Pont pour observer son arrivée et ses mesures de sécurité. Ils y ont découvert que la herse qui barre le fameux pont était baissée suite à des attaques répétées des Kormes sur la route vers Darverane (qu'on leur avait annoncée "rouverte") : les voyageurs et marchandise s'accumulant alors dans l'auberge envahie de tentes, de chariots et de bien plus de résidents qu'elle n'en peut héberger ou même nourrir, et les prix y grimpaient de manière délirante.<br />
<br />
Une fois les hommes de Jornil Cuivré arrivés et le chariot "de draps" (dissimulant les coffres que visent nos vaillants mercenaires) bouclé pour la nuit dans une grange gardée, Eldan observa les lieux pour chercher le meilleur point d'entrée (la garde mercenaire habituelle est doublée d'un contingent de l'armée régulière qui semble obéir à Darjodrahl, le lieutenant hornois du Cuivré), il manqua d'être lynché en accusant publiquement une jeune tire-laine plus charismatique que lui, Andréas fit le tour de l'auberge sur-bondée et récupéra la bourse volée au Moineau, puis Gavin sortit brièvement pour prévenir ses (autres) camarades de la situation avant que les portes ne soient fermées pour la nuit et tous trois se retrouvèrent au spectacle donné par les saltimbanques dans la cour...<br />
<br />
Les autres mercenaires ont d'ailleurs passé un début de soirée tendu, la journée les ayant laissés sur les nerfs. Tout particulièrement Vighnu chez qui les affres sentimentaux s'ajoutaient à la tension et à la fatigue de cette mission [il trimballe toujours ses deux points de "Trauma" (rebaptisés "Marques" depuis la dernière réécriture du système) dus à ses problèmes avec Islinna) et pète donc les plombs beaucoup plus souvent que d'habitude. C'est d'ailleurs d'autant plus intéressant que, sa principale Réaction étant le Cynisme, le fait même qu'il soit fâché avec sa douce parce qu'il est un assassin cynique l'incite à se comporter en assassin cynique. Comme dit souvent mon collègue "Cancrela", «Ça devrait s'appeler "nÉvrotic"...».] Le fehnri était en fait tellement stressé que lorsque Gavin est venu leur annoncé que le chariot était sous clé et qu'Eldan s'était fait gravement repéré en perdant sa bourse et en déclenchant un esclandre, Vighnu a sorti sa dague pour la lui coller sous la gorge en gueulant "Mais vous êtes complètement cons nomdedju, on peut rien vous confier !". Immédiatement, il a senti l'acier froid de l'épée que Trevan de Rigorne lui posait sur la nuque, Herle de Lorune a dégainé son nerhil pour piquer la pointe sous le diaphragme du chevalier errant, Diane a braqué son arbalète chargée sur l'oreille du précédent et le Grêlé, passant sa lance entre le fehnri et l'écuyer, a finalement demandé de son habituel ton sarcastique si la mission intéressait encore quelqu'un ou s'ils allaient tous s'entretuer à 300m du butin juste parce qu'ils ne savaient pas tenir leur nerfs. L'assassin a donc rengainer son katara et tout le monde a lentement rangé ses armes en échangeant des regards méfiants : folle ambiance...<br />
<br />
Pendant qu'Eldan "sympathise" avec des compatriotes Anguedais ("du Duché d'Anguedale"), des bergers occupant la tente la plus proche de la porte de la remise (la verte, sur le plan), Gavin tâche d'en déloger la barre qui la ferme de l'intérieur à l'aide d'un cure-pied (une espèce de crochet pour nettoyer les sabots des chevaux) et n'arrive qu'à la déloger en partie ("J'finira 'pu tard !").<br />
<br />
[Tentative rigolote : Gavin, qu'Orlanth incarne désormais pour éviter de ne jouer que son Arbalétrière confinée à l'extérieur, possède une Ressource "Paquetage" qui n'est définie que comme son aptitude à sortir tout et n'importe quoi du fatras accumulé dans son baluchon à force de chapardages, pour peu qu'il réussisse un jet sous le domaine "Voyage" et avec tous les talents appropriés. Le jet est plus ou moins difficile en fonction de ce qu'il espère tirer de son sac à malice, et il peut y miser d'autant plus d'Énergie que l'objet désiré correspond à ses talents...]<br />
<br />
Après avoir profité de l'enthousiasme du public devant la performance des baladins pour remplir en partie son focus, sa bourse elle aussi bien garnie a permis à Andréas d'accéder à la partie de dés qu'organise pour ses amis fortunés un certain Dorian «le Magnifique», marchand reman particulièrement entreprenant puisque, grâce au courtage, au tripot installé dans une des rares chambres privatives et à la prostitution de son époustouflante maîtresse fehnri, Sohashna, il est probablement la seule personne à tirer quelque profit de son séjour à l'Auberge du Pont. C'est surtout, pour nos mercenaires, le seul autre type assez influent sur place pour avoir obtenu que sa propre roulotte soit elle aussi gardée sous clé dans la fameuse grange... Après quelques coups de dés qui lui ont fait gagner un peu de menue monnaie, Andréas se retire du jeu et de la conversation entre puissants négociants pour lancer le sort qu'il a préparé pour glisser dans l'esprit de Dorian et de sa courtisane une certaine idée fixe : "le commerce ne vaut rien ici, la route ne rouvrira pas, autant retourner à Solerane."<br />
<br />
Frôlant le malaise tant il a investi d'énergie dans sa "Chimère", le chroniqueur s'excuse et prend congé, entendant en partant les deux amants discuter de leur départ à l'aube. Comme Gavin et Eldan (mais du côté de l'étable), il s'installe alors pour dormir quelques heures dans la cour, afin de rester aux premières loges en cas de besoin. En attendant la diversion prévue par ses camarades à l'extérieur, il s'endort malgré les protestations fréquentent des campeurs qui râlent chaque fois que quelqu'un les réveille en faisant du bruit dans la cour, rajoutant un peu de merdier à chaque fois...<br />
<br />
=== Extrait des Chroniques des Marches du Nord d'Andréas Odran ===<br />
<br />
Après avoir réalisé que nous nous étions fait bernés comme des bleus et que le chariot que nous pourchassions n'était qu'un leurre, nous avons quasiment rattrapé le faux chariot de draps. Le plan mis au point par Eldan et Vighnu était d'opérer une substitution entre le coffre que nous recherchons et des ferronneries d'un autre chariot lors de l'arrêt du convoi à l'Auberge du Pont. <br />
J'ai été affecté au groupe d'éclaireurs, en compagnie du brave Eldan et de Gavin, le soi-disant écuyer du soi-disant chevalier errant. Pas mécontent de laisser derrière moi le poète-répurgateur et ses tendances homicides qui me feraient presque regretter feu Conrad de Mélanque, nous avons doublé au large le convoi pour découvrir une auberge absolument bondée, un vaste campement de tentes débordant de ses murs. Moutons et poulets courraient en liberté là au milieu, dans un bazar que d'aucuns auraient trouvé joyeux. Ce n'était pas mieux à l'intérieur, et il me fallu jouer des coudes pour y entrer, tandis qu'Eldan essayait d'interroger des gardes à l'extérieur - comptant sur la camaraderie militaire. Il a rapidement découvert que la route de Darverane n'a jamais réouvert : les quelques marchands qui ont essayé de l'emprunter sont revenus la queue basse et soulagés de leurs biens, et le contingent de gardes de l'auberge s'est vu renforcé. La conversation a ensuite tourné court, pour autant que j'aie bien compris les explications embrouillées d'Eldan : il semblerait que la réputation de la camaraderie militaire soit en fait largement usurpée... <br />
Pendant ce temps, Gavin et moi-même nous frayâmes tant bien que mal un chemin dans la salle de l'auberge bondée, où tout un tas d'individus tentaient d'accéder à un comptoir où l'on servait de la nourriture. Très franchement, les moutons de la cour me parurent plus dignes que cette pitoyable assemblée d'humains se battant pour leur pâtée. Enfin... J'espérais trouver plus de calme à l'étage, il n'en fut rien : l'étage était intégralement couvert de lits et de paillaissades, et la seule zone privative était réservée par un riche marchand et gardée par un mercenaire. J'ai bien tenté d'expliquer à l'un des commis de l'auberge que je ne souhaitais pas partager mes nuits avec une bande de garçons de ferme illettrés, mais celui-ci a pris la mouche (je suppose que c'est un ancien garçon de ferme toujours illettré). Ce serait donc compliqué pour moi d'obtenir un coin tranquille où préparer mes petites diversions...<br />
Pendant ce temps, à l'extérieur Eldan assistait à l'arrivée du guerrier hornois escortant la caravane des marchands de draps. Usant d'un subtil mélange de force brute, de regard mauvais et de cette indicible autorité que procure le fait d'être une machine à tuer, le Hornois a rapidement imposé son autorité auprès des gardes, fait entrer le chariot contenant le coffre dans une remise fermée (dont il a conservé la clé), et réquisitionné une chambre et des repas pour ses employeurs. Le reste du convoi, lui, s'installait hors des murs de l'auberge. Et notamment le chariot de ferronneries avec lequel nous comptions faire l'échange. Voilà qui compliquait sérieusement notre affaire. Eldan a aussi appris que la remise en question était occupée par un autre chargement appartenant à un riche et important marchand : des verreries, apparemment. Et ce riche marchand n'était autre que celui qui occupait la grande chambre à l'étage de l'auberge, où parait-il il organise des parties de dés pour tuer le temps en attendant la réouverture de la route. Il aurait déjà plumé certains de ces collègues...<br />
Je retrouvai Eldan dans un coin pas trop encombré de l'auberge et nous avons commencé à discuter de nos options. C'est alors qu'Eldan a été bousculé par une jeune fille qui lui subtilisa la bourse confiée par Durgaut. Il l'a arrêtée, mais elle avait déjà passé l'objet du délit à un complice que j'ai pu repérer et suivre. Je l'ai retrouvé dans les latrines où il contemplait le fruit de son forfait. Bien qu'il fut armé d'un méchant coutelas et ait l'air plus costaud que moi, j'ai serré le manche de ma dague en prenant mon air le plus menaçant et je l'ai sommé de me rendre l'argent. De façon incroyable, j'ai dû avoir l'air suffisamment méchant pour qu'il me rende la bourse sans combattre [jet d'Intimidation +1pH !]. Pendant l'intervalle, ce brave Eldan avait accusé publiquement de vol la jeune fille. Celle-ci se lança alors dans un numéro théâtral de fragilité féminine qui aurait bien fait rigoler Diane, et quelques courageux sont intervenus - espérant probablement passer pour des chevaliers blancs et ainsi trousser la donzelle d'ici la nuit. Eldan, pas si brave que cela au final, s'est copieusement fait casser la gueule et je l'ai retrouvé tout ensanglanté dans la cour. Ce fut pour moi l'occasion de m'essayer aux arts dentaires pour réparer la mâchoire du garçon. Je crois que je m'en suis bien tiré, et après tout cette dent cassée lui donne un air aventurier qui devrait plaire à ces dames.<br />
C'est alors qu'est advenu l'évènement le plus sidérant de cette soirée : Gavin, le paysan-écuyer, a été pris d'un soudain accès d'initiative et s'est esquivé pour faire un rapport au reste du groupe ! Alors ça ! Que croyait-il le bougre, que nous allions rester sans prévenir nos compagnons ? Je n'en reviens pas, quelle outrecuidance ! Moi qui pensait que les capacités intellectuelles de ce garçon ne dépassaient pas celles de la limace ou du templier, le voilà qui nous donne des leçons d'opérations clandestines. Il va falloir que nous nous reprenions, Eldan et moi. <br />
Au final, nous sommes parvenus au plan suivant : nous restons sur la substitution, et celle-ci s'effectuera directement au sein de la remise, entre le coffre que nous recherchons et le chargement de verreries. De mon côté, je vais essayer d'aller rencontrer le marchant de verreries, probablement au cours d'une partie de dés. Charge à moi de faire usage de toute ma persuasion pour le convaincre de partir le plus rapidement possible vendre sa cargaison à Solerane, où nous l'attendrons sur la route...<br />
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Notre chroniqueur omet sciemment de préciser que sa fin de soirée fut consacrée à assister au spectacle offert par quelques baladins, dont la jeune fille et l'acrobate ayant subtilisé la bourse d'Eldan, un jeune joueur de vielle à roue et le conteur qui les dirige, un Estrani nommé Horacio. <br />
Le but d'Andréas était moins de se détendre que de profiter des spectateurs assemblés pour effectuer le rituel de "La Sentinelle au Bal" par lequel il peut tirer de l'Essence magique de l'émotion partagée d'une foule, et ainsi recharger son focus récemment acquis.<br />
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=== L'éclaireur à abbattre (Diane, Vighnu, Le Grêlé, Trevan, Herle, La Poigne, Oleytan) ===<br />
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Grimés en Kormes après un court débat quant à Diane ("Les femmes Kormes combattent généralement seins nus mais peinturlurées jusqu'à la taille. _Essaye-voir et tu vas pas retrouver tes doigts. Moi j'aurais des fourrures. _Bon, bon..."), le chevalier errant Trevan de Rigorne et Herle de Lorune surveillent la route depuis les bois à l'ouest du fortin pendant que l'arbalétrière rampe dans les hautes herbes près de la berge sud, se glissant entre les cavaliers qui surveillent la cinquantaine de chevaux qui n'ont pas pu trouvé asile à l'auberge. Lorsqu'elle en effraie quelques-uns en déclenchant un début de panique dans le troupeau, que les cavaliers doivent alors empêcher de piétiner les tentes plantées à l'extérieur, la plupart des gardes aux créneaux du fortin se tournent vers le sud. C'est le moment qu'attendaient Vighnu, Oleytan, La Poigne et le Grêlé pour s'élancer depuis la lisière des bois au nord-ouest : le fehnri est le premier à franchir le rempart dans l'ombre de la tour ouest, profitant de l'angle mort repéré par Eldan. Le jeune Elloran le rejoint avec aisance et redescend dans la cour sans être vu, pendant que Vighnu place le grappin et la corde qu'ils trimballent depuis Tal Endhil pour faciliter l'escalade des suivants, puis rejoint son camarade au sol et tout deux se cachent un instant sous l'arcade de la chapelle ("Ch") pour observer l'endroit : Andréas dort à poings fermés à quelques pas d'eux, un garde est toujours en faction devant le portail de la grange et, en plus de ceux qui surveillent l'extérieur depuis les deux tours, un autre patrouille la cour. Mais le vrai danger semble venir d'une lucarne à l'étage de l'étable, où se trouve les chambres "de luxe" : derrière un volet, un rai de lumière trahit la présence d'un homme de Darjodrahl surveillant la cour.<br />
Derrière eux, La Poigne peine à glisser sa panse entre les créneaux, manque d'être repéré mais s'encoigne dans l'angle de la tour ouest avant d'être rejoint par le grêlé... lorsqu'une cavalcade isolée sonne sur la route au dehors et que la sentinelle au-dessus d'eux crie soudain "Qui va là !?".<br />
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En rejoignant Trevan et Herle, Diane avait elle-même repéré le cavalier, reconnu un des hommes de Jornil qui accompagnait le soi-disant "convoi de métal" et tenté de l'abattre à l'arbalète avant qu'il ne puisse s'annoncer à l'Auberge bouclée pour la nuit. Mais son unique tir manqué de tout le scénario s'est perdu loin de la cible sans même être remarqué et, freinant au pied de la tour ouest, le cavalier n'est finalement à portée d'arc que lorsque le garde l'a déjà remarqué : sans savoir où en sont leur camarades ni s'il peut les mettre en danger, le trio hésite à abattre l'arrivant juste le temps qu'un autre membre de la caravane, qui montait la garde à l'extérieur près des tentes des marchands de chevaux, ne le reconnaisse et viennent à sa rencontre... "Ouvrez les portes !" crie la sentinelle à l'intention de ses collègues.<br />
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Du rempart, le Grêlé indique par signe à Vighnu qu'ils ont un sérieux problème : le reste du commando comprends qu'il leur faut d'urgence neutraliser ce messager nocturne qui pourrait compromettre toute leur opération. Heureusement, près du portail que deux autres gardes s'apprêtent à ouvrir, Gavin qui ne dormait que d'un œil commence à râler : "On veut dormir ! N'ouvrez pas la porte ! Si ça se trouve, c'est des Kormes !". Les protestations sont bientôt reprises par ses voisins, et Gavin envenime la situation pour gagner du temps, poussant un des nouveaux copains anguedais d'Eldan à aller se plaindre aux deux soldats qui déverrouillent la porte en arguant qu'ils ont payé pour la protection de l'auberge et que le couvre-feu vaut pour tout le monde. Le ton monte bientôt à travers toute la cour lorsque Andréas se joint aux réfugiés mécontents et en convainc une poignée d'aller gueuler auprès des hommes en faction au pied de la grande tour. <br />
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Profitant du merdier, le Grêlé et La Poigne se sont introduits dans la tour ouest, ce dernier a tué la sentinelle et l'autre ouvre maintenant la porte du rez-de-chaussée à Vighnu et Oleytan : pendant que le Grêlé enfile la livrée du soldat pour le remplacer à son poste, les trois autres montent au rempart sud et le longent jusqu'à la petite porte de bois qui donne sur le grenier de la grange. Dégainant sa dague, il travaille alors à en faire sauter la barre...<br />
<br />
Sentant la situation dégénérer à l'intérieur du fortin où des archers sont apparus en haut de la grande tour- et parce que les caravaniers installés à l'extérieur commencent à vouloir se joindre aux deux hommes qui cognent au portail, Diane, Herle et Trevan (toujours déguisés en Kormes et surveillant les événements depuis la lisière des bois) décident de passer à l'action : le plus proche gardien de chevaux est abattu d'un carreau d'arbalète dans la poitrine, deux flèches descendent simultanément un caravanier armé et une sentinelle mal avisée et le trio se rapprochent à couvert des chariots et des tentent qui bordent le chemin vers le pont, bien décidé à réduire le messager au silence avant qu'il n'ait pu parler aux gardes ou à Darjodrahl le Hornois...<br />
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=== Emeute et mort de Darjodrahl (Vighnu, Oleytan, Andreas, Eldan, Gavin, La Poigne) ===<br />
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Dans la cour, Andréas voit arriver un garde de plus et l'engueulade devant le portail toujours fermé (et à l'extérieur duquel deux types gueulent "Ouvrez ! C'est important ! Un messager de Solerane !") tourne bientôt à l'empoignade : un des soldats pointe sa lance sur Gavin, Eldan se tient prêt à agir, l'autre soldat repousse brutalement le berger... et le chroniqueur lance discrètement un sort pour attiser la colère de la foule. Immédiatement, les protestations tournent à l'émeute et plusieurs résidents se jettent sur les soldats sortant de la Grande Tour. Gavin saisit la lance qu'on pointait sur lui et tente de désarmer le garde, écopant d'une méchante estafilade à l'épaule et les deux hommes luttent pour l'arme lorsque Eldan surgit et décapite le soldat par derrière, éclaboussant de sang le pauvre écuyer qui en reste un instant interdit.<br />
Le second soldat qui s'était précipité pour ouvrir le portail se retourne et n'a que le temps de dégainer son arme avant que le Moineau ne se rue sur lui en brandissant sa lame ensanglantée : le garde esquive une première fois, recule pour éviter un coup de lance de Gavin et le Moineau (très en forme) l'empale contre le portail. Derrière eux, sans armes ni grand talent pour la bagarre, les émeutiers amateurs se font rapidement tailler en pièce par les soldats et mercenaires de plus en plus nombreux à sortir du donjon...<br />
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À peine Vighnu et La Poigne ont-ils fait un pas dans le grenier enfin ouvert que Lerkoren Oleytan arrête le fehnri d'un geste : il lui semble distinguer une silhouette dans le grenier obscur. Repéré, le Hornois jaillit et -avant que quiconque n'ait pu réagir- son épée à deux mains ouvre un profond sillon dans le thorax de La Poigne. Le colosse vaincu n'a pas encore touché le sol que Vighnu a déjà lancé une dague empoisonnée qui croise l'épée s'abattant sur lui : sa parade précipitée au katara aurait été insuffisante si Oleytan n'y avait pas joint son précieux arc à double-courbure, la lame hornoise déviant en tranchant dans le bois. Le fehnri pare une nouvelle attaque avec l'aide de l'Elloran, utilisant la corde de son arc pour lier un des bras de Darjodrahl, et se fend pour planter son katara dans la poitrine du Hornois pendant que, à peine relevé, La Poigne lui abat en chancelant sa masse d'arme sur l'occiput : à la fois empoisonné, poignardé et assommé, l'ennemi s'effondre sans un cri sur le plancher disjoint.<br />
<br />
Dehors, quatre "émeutiers" ayant été tué en un instant, Andréas reflue vers le fond de la cour avec les autres réfugiés vers le maintenant horrifiés de la tournure de leurs protestations. Entre les archers qui pointent maintenant leur flèches vers la cour et les soldats qui ont envahi la cour, Gavin comprend également que leur petite émeute a fait son temps et lâche la lance pour se réfugier dans une tente comme n'importe quel innocent apeuré par les événements. <br />
Eldan n'a pas la même présence d'esprit et, lorsque trois hommes d'armes avancent vers lui, l'adrénaline qui bat dans ses veines le pousse à tenter de leur tenir tête. Deux blessures plus tard, acculé contre la porte de la remise, il ne peut que faire mine de se rendre en posant piteusement le glaive hérité de son père pour se donner le temps de décrocher derrière lui la barre de la porte, déjà à moitié dégagée par Gavin quelques heures plus tôt. Lorsque les gardes avancent pour l'arrêter, Eldan bondit par la porte soudain libérée, claque le battant au nez des soldats et replace la barre avant qu'ils n'aient pu l'en empêcher.<br />
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Lorsqu'un carreau d'arbalète cloue soudain le crâne du messager contre le portail de l'auberge, son compagnon s'arrête net de cogner pour qu'on lui ouvre mais n'a que le temps de pousser un cri avant qu'une flèche de Herle le réduise au silence. Désormais repéré mais toujours déguisé, le Défroqué décide d'exploiter au mieux la situation et s'avance à découvert en hurlant l'un des rares mots de lange des Vents qu'il maîtrise à l'attention des défenseurs : "KOOOORME !" scande-t-il en défiant les hommes aux créneaux, qui lui répondent à coups de flèches.<br />
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=== La Grange (Vignu, Andreas, Le Grêlé, La Poigne, Eldan, Oleytan) ===<br />
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S'étant fait ouvrir la porte de la tour ouest par Le Grêlé, Andréas le suit par les remparts jusqu'au grenier où Vighnu tente maladroitement de panser les blessures de La Poigne. Andréas n'obtient guère de meilleurs résultats pendant que ses compagnons descendent dans la grange où Eldan arrivent bientôt par la remise. "Les gardes sont à mes trousses" explique-t-il bien inutilement puisqu'on les entend marteler la porte barrée. D'autres coups et des voix retentissent bientôt au portail verrouillé de la grange : "Darjodrahl ? Un type vient de rentrer par la remise, est-ce que tout va bien ?!".<br />
<br />
Nos voleurs échangent des regards atterrés, Le Grêlé colle une taloche à Eldan pour sa peine et le corps sanglant du Hornois continue de goutter un sang poisseux à travers le plancher du grenier pendant que les gardes s'énervent à l'extérieur quand, finalement, Vighnu tente d'imiter le phrasé rogue et guttural de son ami Barbaras : "Ouais ! J'l'ai vu mais il s'est tiré ! Tout va bien !" répond-il avec son meilleur accent Hornois. Quoiqu'un peu hésitant, le garde de faction finit par répondre "Faîtes attention quand-même, hein, on dirait bien que des Kormes sont à nos portes..." mais s'éloigne lorsqu'un grognement de hornois met fin à la conversation.<br />
Alors que tous soupirent de soulagement, Oleytan les avertit depuis le grenier d'où il surveillait les alentours par la porte du grenier, ouvrant directement sur la cour : <br />
_Pssst, y a des guerriers plein les remparts et c'est la panique dans tout le fortin. Qu'est-ce qu'on fait ? <br />
_Et surtout, qu'est-ce qu'on va faire demain, quand il faudra ouvrir la grange pour laisser partir la roulotte de Dorian et qu'ils trouveront le corps de Darjodrahl ?<br />
_Surtout qu'Eldan est maintenant complètement grillé, pis y a des gars qui risquent de finir par l'identifier... <br />
_Et j'ai perdu le glaive de mon père." ajoute l'intéressé d'un ton chagrin.<br />
Mais à l'extérieur, les appels redoublent et les soldats commencent à vérifier toutes les portes à la recherche de "l'espion des Kormes" qu'ils croient poursuivre...<br />
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=== Feinte (Le Grêlé, Eldan) ===<br />
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Dehors, Trevan a sauté sur un cheval qu'il cabre en brandissant sa lame juste au-delà de la portée des archers, pendant que Diane récupère ses carreaux, aussi précieux que compromettants, sur les corps qui lui sont accessibles. Un cri retentit alors sur le rempart sud : "Il est là ! L'espion Korme s'enfuit par l'ouest !" Après avoir ainsi ameuté tout le monde dans et hors les murs, Le Grêlé, toujours en livrée de la garde se précipite vers la tour ouest suivi par Eldan. Après s'être barricadé, ils rejoignent bientôt le sommet. "Il est là ! Attention ! Il va sauter !" hurle le Grêlé alors qu'une silhouette à peine noircie bascule par-dessus le rempart. Au pied de la tour, Herle a également sauté à cheval et puisque les trois "kormes" à l'extérieur ne semblent pas réagir à la ruse, le "garde" s'écrit encore : "Ses compagnons viennent le chercher ! Il va s'enfuir, vite !" Et de tirer quelques flèches aux buissons, pendant que Trevan et Diane ramassent le compromettant cadavre du garde étranglé plus tôt par La Poigne, et disparaissent au grand galop vers la forêt.<br />
Soldats et mercenaires envahissant les remparts, Le Grêlé et Eldan se retrouvent vite coincés de toutes part et, utilisant la corde et le grappin à leur disposition, ils descendent le long du rempart sud et disparaissent à leur tour dans les bois sans avoir été remarqués. "Bon, ça nous aura fait gagner un peu de temps, constate Vighnu depuis le grenier, mais on a encore du boulot…"<br />
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=== Dans la grange (Gavin, Vignu, Andreas, La Poigne, Oleytan) ===<br />
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Après avoir discrètement permis à Gavin de les rejoindre par la remise, nos cambrioleurs retranchés dans la grange découvrent bientôt sous les linges et couverture du "chariot de draps" quatre gros coffres ferrés, fermés par des cadenas et liés au fond du véhicule par de lourdes chaînes. "Bordel, comment est-ce qu'on va ouvrir ça ?"<br />
Vighnu, peu habituer à la serrurerie malgré ses doigts de fée, casse le seul crochet sorti de la besace de Gavin, l'Écuyer essaye à son tour avec un long clou mais sans plus de succès et Le Grêlé lui-même y épuise ses maigres compétences. "Nan mais c'est pas possible, y en a pas qui sache crocheter dans cette équipe de voleurs ?! _Ben y avait le Moineau... _Et merde !!!". Persuadés que la clé des coffres doit se trouver sur l'homme de confiance du cuivré, Vighnu, Andréas et Gavin fouillent et refouillent deux fois le corps du Hornois à sa recherche : rien. "Merde ! Merde ! Merde ! _Bon, allez, on reprend du début, c'est forcément là, quelque part et on s'y met tous..." Pendant que La Poigne se repose de ses blessures, les armes, l'armure, les bijoux, les vêtements, les bottes, la bourse, les poches et le cadavre de Darjodrahl sont ainsi inventoriés et retournés dans tous les sens par les voleurs au désespoir jusqu'à ce que, finalement, Gavin remarque que son gros médaillon cliquète curieusement quand on le secoue. Vighnu et lui s'acharnent sans résultat sur l'objet, jusqu'à ce que le chroniquer, habitué aux casses-tête, saisisse comment le pendentif peut être dévissé et révèle bientôt la clé tant espérée ! Et dans chacun des quatre coffres qu'on leur avait pourtant défendu d'ouvrir (mais Herle et Eldan ne sont justement plus là pour faire des remarques), nos héros trouvent des douzaines de lingots : argent, cuivre, étain, bronze... Il y a là toute la production que Solerane destine à la prévôté, mais aussi la part des mines d'argent qui revient à l'état-major : en tout, c'est près de 200 lingots et donc quelques 250 kilos de métaux qui s'offrent à leurs yeux ébahis. "Gavin, remet illico ce que tu viens de glisser dans ta besace : tout ça est maintenant la propriété de notre Capitaine. _Pfff…"<br />
<br />
Andréas inspecte ensuite la roulotte de Dorian le Magnifique, occupée aux deux tiers par une épaisse couchette couvertes de coussins, des filets de marchandises pendant du toit et jusque entre les roues, des étagères couvrant tout le tiers arrière : <br />
_Ah ben il voyage dans le luxe, le fumier.<br />
_Si j'avais une minette comme la sienne, moi aussi j'passerais les trajets à baiser, tu peux me croire !<br />
_Oh pis dis-donc : des fioles variées, des épices, de l'argenterie, de la verrerie, des bijoux, de la nacre, des miroirs : il vend que du luxe, le gars !<br />
_Crénom dîtes, c'que c'est beau !<br />
_Gavin, repose ça tout de suite : pas question que le Magnifique s'aperçoive qu'on a touché à sa roulotte." <br />
Andréas jugeant que la caisse du véhicule est assez profonde pour qu'on y étale les lingots en un tapis bien lisse que les occupants de la couchette ne devraient pas trop remarquer, il n'y a plus qu'à attendre la diversion prévue pour commencer le transfert du chariot vers la roulotte…<br />
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=== Diversion (Trevan, Herle, Eldan, Diane) ===<br />
<br />
Il ne reste plus qu'une ou deux heures avant l'aube lorsque Trevan, Herle, Eldan, désormais tous maquillés en Kormes, se répartissent autour du fortin et, à l'aide du mélange d'essences et d'huiles piochées au hasard dans la trousse alchimique de Vighnu (fallait pas la laisser à l'extérieur), enflamment des flèches qui produisent des couleurs plus qu'aléatoires avant de siffler au-dessus des bâtiments pour s'écraser sur les toits de chaume humides où tomber dans la cour, n'enflammant que quelques tentes vite éteintes. C'est néanmoins suffisant pour que Diane puisse se faufiler par le sud jusqu'au portail, et récupérer le dernier carreau d'arbalète y clouant encore la tête du messager.<br />
"Les Kormes ! Les Kormes reviennent !" crie-t-on bientôt dans tout le fortin.<br />
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Dès que Lerkoren Oleytan a annoncé qu'une drôle de flamme bleuâtre venait de s'écraser dans la cour ("Rha les saligots !"), Andréas et Vighnu ont commencé à installer les lingots sous le matelas de la roulotte, pendant que Gavin et La Poigne garnissaient les coffres de fers à cheval, de pierres, d'une enclume et tout ce qui pourrait y simuler le poids et le bruit du butin subtilisé.<br />
Et c'est peu avant l'aube, ses compagnons s'étant effondrés de fatigue depuis un moment, qu'Andréas fini seul d'arranger la roulotte pour camoufler avec le plus grand soin son chargement secret...<br />
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== Récupération du trésor et autres péripéties ==<br />
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[À partir de là, la fin du scénar à été jouée en "flashbacks" successifs jusqu'au combat final. J'utilisais Herle de Lorune, orphelin de joueur depuis plusieurs séances, pour poser des questions auxquelles les joueurs répondaient pour déclencher un flashback. Chacun avait le droit de d'initier deux scènes : l'une contant comment un de leurs camarades avait réussi un exploit et une autre collant à un autre PJ la responsabilité d'un échec, ce qui nous permettait de ne jouer que les scènes "intéressantes" et de faire un peu de montage alterné. <br />
Comme la scène "de débriefing" se jouait presque en aveugle, seul Loriel savait dès le départ que son perso, Vighnu Pratesh, avait survécu (mais bon, comme il avait accumulé 7pH, je me doutais qu'il ne mourrait pas dans cet Épisode) et les autres joueurs ignoraient si ce qu'il affirmait était vrai, ou simplement un mensonge pour conforter le templier blessé... Évidemment, chacun commençait son premier flashback avec toutes ses jauges à fond, mais devait ensuite gérer les pertes et les récupérations de scène en scène, et les joueurs ont souvent ajouté des détails pour régénérer de la Tension ou se passer la patate chaude. Ça a été un peu décousu, la règle "un exploit d'autrui et une bourde d'autrui par joueur" n'a pas complètement été respectée mais, globalement, ça a donné un final intéressant à cet Épisode qui commençait à traîner en longueur...] <br />
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=== Réveil de Herle ===<br />
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Il fait très froid aux abords du col et l'obscurité règne sous les sapins gelés. Vighnu, transi jusqu'aux os, scrute pourtant les alentours lorsque, quelques mètres en contrebas, Herle bascule du cheval où il l'avait attaché : au contact de la neige, il émerge pour la première fois du sommeil où l'avait plongé l'hémorragie et ses profondes blessures et tend la main vers le fehnri, qui s'empresse à son chevet. <br />
_E... Eldan... où est...le Moineau ?<br />
_Il n'est pas loin, il est parti en éclaireur.<br />
_Gnnh. Le butin ?<br />
_Pas loin non plus, en arrière, sur les bêtes.<br />
_On a... on a réussi ?<br />
_Oui, on a réussi.<br />
_Alors putain, d'où ils sortaient ces types ?<br />
_C'est la faute à Eldan, il était en avant lors de l'embuscade, mais il a laissé passé les gars qui descendaient de l'autre convoi par le nord..."<br />
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=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Dans la forêt matinale, à une volée de flèche de la route vers Solerane, Eldan est en train de soulager sa vessie contre un arbre lorsqu'il aperçoit une silhouette évoluant à croupetons parmi les buissons. Il n'a que le temps de se jeter derrière un tronc qu'une flèche en racle l'écorce. Pendant que notre éclaireur se rajuste et encoche lui-même un trait dans son arc, l'ennemi tire une deuxième flèche et atteint le cheval du Moineau, qui s'enfuit dans la forêt. "Rha zuuuteuh !"<br />
Eldan riposte, manque, se remet à couvert et commence à manœuvrer pour s'approcher de son adversaire lorsqu'il aperçoit un deuxième homme, s'approchant furtivement depuis la route une hache à la main. Le Moineau tire une nouvelle flèche à l'archer adverse, le blesse légèrement et jette un coup d’œil pour surveiller l'approche du second ennemi : comprenant qu'il est repéré, l'homme à la hache profite de ce que l'éclaireur a décoché pour charger en levant sa hache. Lâchant son arc, Eldan dégaine son fidèle glaive pour le recevoir... _Mais tu l'avais paumée, l'arme fétiche héritée de ton père ! Grâce à qui l'as-tu retrouvée ? _Grâce à Gavin, qui l'a ramassée pendant que les soldats tentaient d'enfoncer la porte de la remise après que je m'y sois enfermé !<br />
<br />
=== Témoignage de Gavin ===<br />
<br />
Gavin est en train de cavaler à travers la cour de l'Auberge, l'épée d'Eldan sous le bras. Sur les remparts que l'aube éclaire à peine, c'est la panique et tout le monde hurle "Les Kormes ! Les Kormes reviennent ! Tous aux créneaux !". Le problème de Gavin, c'est qu'en se levant au matin dans la cour endormie, le beau glaive à la lame gravée (d'une femme nue : "Rho chouette !" fait Gavin) sous le bras parce qu'il ne voulait pas prendre le risque qu'on le lui vole, il a décidé de pisser derrière un pilier où, par malchance, dormait un garde (vous voyez comment les joueurs ont créé un fil rouge héroïque de scène en scène ? "J'étais en train de pisser quand..."). Éclaboussé et immédiatement réveillé, le soldat a ouvert les yeux pour voir l'écuyer "armé" levé au-dessus de lui et s'est mis à crier "Aleeeerte !". Coup de bol, c'était vraiment l'alerte puisque c'est le moment qu'ont choisi des dizaines de Kormes pour s'avancer sur le pont...<br />
Gavin cavale de son mieux entre les dormeurs et les tente, sachant que la plupart des autres sont déjà partis, il cherche une cachette ou un moyen de s'enfuir du fortin, mais le portail est à peine refermé et, en plus du furieux trempé d'urine qui le poursuite avec sa hallebarde, les guerriers commencent à s'accumuler aux remparts.<br />
"Heureusement, Herle est venu à la rescousse !" précise Orlanth, utilisant son "exploit d'un autre PJ" pour s'en sortir. Bon, là, comme techniquement Herle est un PNJ depuis déjà deux ou trois séances, c'est moi brièvement qui raconte.<br />
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En effet, la porte pas encore barrée craque soudain sous l'impact d'un chariot utilisé comme bélier par trois "Kormes" plus ou moins chevelus : Diane, Trevan et Herle de Lorune sont venus évacuer leurs derniers camarades (et permettre aux vrais Kormes d'investir le fortin, histoire que les dégâts ainsi causés camouflent autant que possible l'intervention du commando). Sous la volée de flèches qui pleut alors autour d'eux, les trois peinturlurés décrochent à toute vitesse, plus ou moins suivi par Gavin qui part dans une direction légèrement différente avec l'air du pauvre hère pris dans la tourmente. Un coup d’œil alentour lui révèle d'ailleurs plusieurs dizaines de Kormes progressant par le pont vers la herse baissée en échangeant des traits avec les défenseurs de la grande tour, et de petits groupes épars traversant le fleuve accrochés à des radeaux : l'écuyer s'enfuit vers l'ouest sans demander son reste, et retrouve bientôt le reste du commando. "Hé mais c'est mon épée !" s'exclame Eldan en voyant arriver Gavin. "Celle-là ? Non, non, j'l'ai trouvé à l'Auberge... _Après que je l'ai lâché devant les gardes, ouais ! Rends-moi ça ! _Rho mais-heu…"<br />
<br />
=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Retour dans la forêt : Eldan dégaine donc le précieux glaive hérité de son père puis sauvé par Gavin... et pare le premier coup de hache de son adversaire. Il reste au plus près de l'ennemi pour gêner le tireur qui se rapproche par le nord et, lorsque son opposant trébuche sur une racine [1pH pour éviter d'être gravement blessé par un coup de hache], Eldan le sèche pour le compte d'un grand coup du plat de la lame sur l'oreille, puis roule vivement dans les buissons pour éviter la flèche que l'archer lui décoche une fois son angle de tir dégagé. Bondissant d'arbre en couvert et de tronc en fourré, Eldan se rapproche de lui et, lorsqu'il n'est plus qu'à une 10aine de mètres, le dernier trait décoché à peine rebondit contre l'écorce d'un sapin, le Moineau fonce au contact : l'autre n'a que le temps de tirer sa dague que la lame gravée lui tranche l'épaule, éclatant le trapèze, l'omoplate et la clavicule dans une gerbe de sang. L’hémorragie finit de l'achever pendant que notre éclaireur souffle un peu, découvre le tatouage de la Confrérie du Chacal sur la poitrine de l'archer et lève enfin le nez vers la route quand il entend passer le tonnerre de chevaux aux galop : 6 ou 7 cavaliers foncent à bride abattue vers le sud, d'où monte déjà la clameur d'un combat, puisque l'embuscade y a commencé. "Meeeeerdeuh !" s'écrie Eldan en repartant vers le sud à toutes jambes.<br />
<br />
=== Herle ===<br />
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Serrant son poing massif sur la cape enneigée de Vighnu, Herle de Lorune commence à s'énerver : <br />
_Mais par les Pères tu vas me dire comment vous avez rattrapé le chariot, à la fin ?". <br />
_C'est grâce à Vighnu, intervient le Moineau qui vient de sortir de l'ombre [puisque là, on peut raisonnablement supposer qu'il n'est pas mort] "Il a réussi à trouver des chevaux, puis à nous guider à travers la campagne pour atteindre la forêt avant la roulotte du Magnifique. Il a été formidable ! <br />
_Mais comment vous avez fait pour sortir le butin de l'Auberge ?!? <br />
_Oh ben ça, c'est grâce aux...heu... talents d'imitateurs d'Andréas…"<br />
<br />
=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
L'aurore pointe à peine sur la cour de l'auberge encore à moitié endormie quand Dorian le Magnifique et sa suite, fraîchement augmentée de plusieurs mercenaires recrutés sur place, exige du Lieutenant Sanderen (commandant le fortin pour l'Armée du Nord) qu'on ouvre les portes à sa roulotte, parce qu'il refuse de rester plus longtemps dans un relais aussi mal défendu. L'officier ne s'était d'ailleurs pas levé si tôt pour se faire emmerder par des marchands et grimpe sur la margelle du puits pour annoncer d'une voix forte que, le fortin étant assiégé depuis cette nuit, tout ceux qui auraient encore la mauvaise idée de s'en prendre aux défenseurs -pour des raisons de taxe ou d'insatisfaction quant au couchage- seraient considérés comme complices des Kormes et pendus aux murailles !<br />
<br />
Un soldat vient alors cogner à la porte de la grange où Andréas, caché dans la remise, vient juste de finir un splendide dessin de Darjodrahl, assis dans l'ombre dans une attitude aussi distante qu'agressive, qui va lui permettre de concentrer sa magie [il a créé un puissant sort de Chimère sur tout le rez-de-chaussée de la grange, lui permettant d'y animer un personnage d'autant plus crédible dans sa mauvaise humeur qu'il se base sur l'altercation de la veille entre Sanderen et le Hornois]. Évitant de croiser le regard mauvais du guerrier qui les admoneste depuis le coin obscur de la pièce, le marchand et ses hommes se dépêchent de sortir leur carriole, d'y atteler les bœufs et de quitter l'Auberge. Pendant qu'on referme le portail derrière la suite de Dorian, l'agitation et sa vessie tirent bientôt Gavin du sommeil et, dès que l'écuyer se met à cavaler poursuivit par un hallebardier, Andréas profite de la confusion pour quitter la grange sans être remarqué et aller se recoucher dans un coin... Lorsque, évidemment, les Kormes attaquent.<br />
<br />
[Précision rigolote, mais que les PJ ignorent : quand les joueurs on demandé ce qui avait provoqué l'attaque des Kormes, je leur ai expliqué qu'ils surveillaient évidemment depuis des semaines le fortin et le pont contrôlant le passage vers le nord-ouest de la Région des Lacs, et qu'ils ont décidé de passer à l'action quand, cette fameuse nuit, il est devenu manifeste que des "camarades" assiégeaient l'endroit depuis la rive gauche et envoyé des signaux à coups de flammes colorées : le temps de s'organiser, ils ont donc profité de l'occasion pour tenter de prendre la position. "Mais c'est notre faute si les Kormes ont attaqué ?!! _Hé, oui : vous êtes très forts.."]<br />
<br />
"Mais vous... demande Herle, comment vous êtes sortis de là ? _Oh ben nous on a profité d'une corde dégottée par Gavin dans la grange pour se tirer par les remparts comme on était venus, un peu avant l'attaque. Tu t'en souviens pas ? On vous a retrouvé à l'extérieur, avec les chevaux.<br />
[Les joueurs font quelques jets pour confirmer cette version de l'histoire, et payent 1pH pour cette histoire de chevaux : entre ceux qu'ils ont amenés eux-mêmes et le troupeau dispersé dans la nature, c'était raisonnablement probable d'en trouver pour tout le monde.]<br />
On a juste eut quelques ennuis à cause de Diane qui était restée en arrière..."<br />
<br />
=== Témoignage de Diane ===<br />
<br />
Pendant que Herle, Trevan et Gavin évacuent vers l'ouest, l'Arbalétrière s'est en effet arrêtée pour se nettoyer à grande eau (parce que les peintures de guerre, ça colle affreusement dans les cheveux longs). Elle est d'ailleurs en pleine toilette quand une bande de Défunts, trempés d'avoir traversé le fleuve glacé à la nage, prennent pied sur la rive et la considèrent avec circonspection : d'abord parce qu'elle est, sinon jolie, du moins sculpturale [Physique 4, Athlétique 4, Allure 4 : elle ressemble à une héroïne d'Adam Hughes], ensuite parce qu'elle est manifestement en train de se débarrasser de peintures semblables aux leurs, qu'elle revient d'avoir enfoncé le portail du fortin et que les Kormes s'attendaient à trouver des camarades sur cette rive. Sauf que Diane a des cheveux, et ça, c'est pas normal... "Ben quoi bande de débiles, leur balance-t-elle alors en Langue des Vents, vous allez rester là à mater ou vous êtes venus pour participer à l'assaut ?!? Bougez-vous le cul merde, on est pas là pour roupiller !" [Et de faire une énorme réussite sur son un jet de Social+Langues Étrangères+Allure+Intimidation+Volonté.] Un instant médusés, les Kormes saluent respectueusement cette guerrière étrange qui ne peut être qu'une cheffe influente et vont se joindre au combat, l'un d'eux tendant même un carré de tissu à la Kerdane pour qu'elle finisse de s'essuyer...<br />
"Comme quoi c'est carrément pas ma faute, ajoute l'arbalétrière qui vient de sortir de l'ombre auprès du templier blessé : j'avais même réglé le problème quand ce crétin de Vighnu est venu foutre sa merde !"<br />
<br />
=== Témoignage de Vighnu ===<br />
<br />
[Un jet d'orientation particulièrement raté pour retrouver les autres après avoir rassembler des chevaux vient en effet de basculer une 10aine de pions dans la case de Tension de Vighnu, qui a par ailleurs toujours des pions de Marque psychologique (anciennement appelés "Traumas") suite à sa crise sentimentale avec Islinna (et qu'il essaye d'évacuer depuis 3 séances). Il est donc très largement en Surtension...]<br />
À quelques centaines de mètres à l'ouest du fortin, ses compagnons en train de sauter sur les montures qu'il vient de leur procurer, Vighnu aperçoit à la lisière des arbres encore obscures une jeune et belle jeune fille rousse (il reste de la peinture rouge dans les cheveux de Diane) portant un manteau emishen et entourée d'une 15aine de Kormes... Son sang ne fait qu'un tour (sans passer par le cerveau) et l'assassin s'élance au grand galop en hurlant "ISLIIIIINNAAAAAAA ! J'ARRIIIIIIVE !" avant que ses camarades n'ait seulement pu songer à le retenir.<br />
<br />
Diane voit alors le Fehnri surgir de la nuit comme un diable, les Kormes qui s'éloignaient déjà ralentissent à l'arrivée de l'intrus et, chargeant toujours, Vighnu bondit de son cheval sur le pauvre gars qui tendaient une serviette à la guerrière et l'égorge d'un grand revers de son katara en beuglant "Touche pas à ma copiiiine !". "Mais t'es complètement taré ! J'suis pas ta gonzesse !", s'écrie Diane alors que l'assassin halluciné se relève souplement, quoiqu'un peu confus et couvert de sang, pendant que "l'innocent" Korme agonise dans l'herbe haute. Et tous les Kormes alentours de se ruer vers eux en brandissant leurs armes. Sautant à cheval, la Kerdane furieuse et le Fehnri honteux essuient de justesse quelques flèches, javelots et hache de jet mais parviennent à dégager à fond de train avant d'être encerclés.<br />
<br />
Lorsqu'il rejoignent Eldan, Herle, Trevan, Gavin, Le Grêlé, Oleytan et La Poigne maintenant tous en selle, Vighnu ne prend même pas le temps de s'expliquer : "Dorian et le butin doive être loin devant nous, maintenant : on va couper la plaine par l'ouest à bride abattue, les doubler avant la forêt et les attendre au premier guet ! _C'est moi ou on aura passé la moitié de cette mission à cavaler derrière des convois ? _Ferme-la et galope !".<br />
<br />
_Oui heu bon, toi qui a fait vœu de chasteté tu peux pas comprendre mais les femmes, tu vois, ça te mélange tout dans la tête et... <br />
_L'embuscade, par les Pères ! Raconte-moi l'embuscade ! <br />
_Haem donc, comme je te le disais, Diane a organisé une embuscade aux petits oignons, mais on a eu des visiteurs imprévus…"<br />
<br />
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== L'embuscade ==<br />
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[Après s'être tous reposés pendant une Scène grâce à l'avance prise dans la course, Diane fait un gros jet de préparation avec le soutien de tous ceux qui ont quelques scores de Tactique, de Camouflage ou d'Embuscade (et dans un groupe de mercenaires du nord, ils sont nombreux) pendant que Vighnu fait un solide jet de camouflage pour tout le groupe : bénéficiant d'un confortable bonus tactique réparti sur plusieurs personnages, d'un excellent point de vue pour la tireuse d'élite et d'une Difficulté de repérage monstrueuse, les PJ et leurs camardes sont prêts à ne faire qu'une bouchée de l'équipage du Magnifique…]<br />
<br />
Le timide soleil matinal jaunit les nuages gris et la pluie qui n'en finit plus de détremper la forêt, gonflant en torrent le ruisseau qui coupe la route de Solerane, juste au pied d'un trio de gros rochers de grès surplombant de leur butte une myriade de petits blocs, le gué et la route. Invisibles derrière les rocs et bosquets alentours, les vaillants mercenaires de Tal Endhil, confiants dans la garde d'Eldan ½km au nord, observent la lente arrivée par le sud de la roulotte fermée et escortée par deux cavaliers et cinq fantassins. <br />
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Image<br />
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Les éclaireurs à cheval de Dorian le Magnifique avancent en effet à pas prudents dans le torrent, pleinement conscients de traverser un splendide site d'embuscade, mais sans parvenir à repérer les guerriers déguisés en Kormes qui attendent le signal de Diane, postée au sommet des rochers, pour les assaillir de quatre côtés. La Kerdane laisse avancer les cavaliers le plus loin possible et, lorsque le premier d'entre eux menace a déjà largement dépassé les rochers et risque d'être bientôt hors de portée de la redoutable arbalétrière, elle l'abat d'un carreau en pleine tête [encore un, il faut dire qu'Orlanth soigne ses jets de tir et mise systématiquement en Visée] dès qu'il échappe à la vue de ses compagnons. Ce n'est que lorsque le garde du corps personnel du marchand commence à donner des signes d'inquiétude, un musclé patibulaire et couturé de cicatrices qui se désaltère au bord du torrent tout en jetant des regards insistants alentours, qu'un deuxième carreau démonte le second cavalier sur la rive nord, déclenchant l'assaut : avant qu'un des éclaireurs ait pu finir de crier "Aleeer..." des flèches fusent de toutes part, les grands couteaux de jets pris par Vighnu sur le corps du Hornois tournoient dans les feuillages, des guerriers jaillissent de chaque buisson et, en quelques secondes, la majorité de l'escorte agonise sur la terre bourbeuse du chemin. Mais les battants de bois sur le flanc de la roulotte viennent de s'ouvrir, libérant une appétissante fehnri à peine couverte d'une fourrure qui s'enfuit à toutes jambes à travers bois :"Oh m'am'zelle, reviens ! Faut pas courir toute nue dans les bois comme ça !" s'écrit Gavin-le-Korme-du-Terroir (pour récupérer quelques pions de sa Réaction "Plouc") avant de s'élancer à ses trousses, croisant la route du marchand courant à la suite de sa compagne dans son seul pantalon (mais sa cassette sous le bras, emballée dans une couverture)…<br />
<br />
"Cavaliers au nord !" signale alors Diane d'une voix forte, avant de tirer un nouveau carreau sur le premier des hommes qui viennent de croiser Eldan. "Soldats au sud !" lui répond la voix du Grêlé qui vient de repérer les quelques hommes de Jornil et de Sanderen partis du fortin après avoir repoussé les Kormes (qui n'ont jamais réussit à prendre la grande tour pour ouvrir la herse barrant le pont), découvert le corps de Darjodrahl dans la grange, vérifié le contenu des coffres et s'être lancé "à la poursuite du marchand félon" (et qui viennent de freiner d'un coup en découvrant l'escorte massacrée par les "Kormes", qui sont décidément partout).<br />
<br />
=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
"Attendez... et le chroniqueur-à-tout-faire, il était où, là ? _Heu... hé bien figure-toi qu'il y a eut un miracle, une véritable apparition divine, comme récemment à la Mine Bénie : c'est dire si les Pères sont avec nous !"<br />
Quand une poignée de Kormes franchit le parapet et commence à s'en prendre aux voyageurs piégés dans la cour, Andréas se précipite vers la seule porte qui n'ait pas encore été solidement bouclée, celle de la chapelle, entraînant à sa suite quelques réfugiés paniqués. À peine la porte barrée par un banc, le mage évalue le cheptel à sa disposition, serré comme des sardines dans l'espace exigu entre les piliers sculptés représentants les huit Premiers : il y a là la jeune voleuse, le vieux conteur, le garçonnet à la vielle et l'acrobate-détrousseur (soudain gêné de se découvrir barricadé dans une pièce de 9m² avec "l'intimidant" érudit), un jeune soldat affolé (qui a lâché sa pique au premier signe de danger), une des servantes de l'auberge et une commère serrant une poule dans ses bras tremblants. <br />
<br />
Des cris (et des caquètements) de terreur accueillent les premiers coups de hache qui s'abattent sur la porte, mais Andréas Odran connaît la manœuvre : "Prions mes frères, les exhorte-t-il avec toute la force de sa conviction ! Prions que les saints Pères viennent à notre secours ! Chantez-tous avec moi !" La chorale improvisée entonne alors un antique où l'angoisse se mêle à la ferveur religieuse. Lorsqu'une cognée d'acier fini par percer entre les planches de chênes, le mage décide d'accélérer le mouvement et sort la Sphère de Pouvoir de son havresac : "Mes frères, ceci est une Sainte Relique Première dont la bénédiction nous protégera des ennemis du culte ! Tendez les mains pour la toucher et concentrez-vous sur le chant ! Les Pères sont avec nous !".<br />
<br />
Et siphonnant un maximum d'Énergie à ses coreligionnaires sans trop leur demander leur avis (pas plus qu'à la poule), Andréas remplit son focus au maximum pour lancer un sort de Chimère assez puissants pour effrayer les Kormes... lorsqu'il lui semble qu'une forme tout à fait imprévue émerge de la sphère d'or rouge. Le chroniqueur commence même à distinguer une silhouette humanoïde lorsque, son sort se déclenchant en vidant d'un coup toute l'Énergie accumulée dans la sphère, "l'intrus" disparait avec une sorte de cri muet.<br />
<br />
Dans la cour, c'est par contre carrément la stupeur : Herem, Second Fils des Étoiles, Premier Seigneur des Batailles, vient de se matérialiser quelques mètres au dessus du puits, brandissant son épée enflammée sur le fond sombre de cette aurore pluvieuse. La plupart des soldats en restent tétanisés, des réfugiés se jettent à terre en signe de soumission, d'autres prient à genoux sur les pavés et les Kormes, eux, refluent en désordre devant cette apparition divine.<br />
Lorsque les choristes de choc émergent de la chapelle dans une sorte de stupeur incrédule, il leur faut plusieurs minutes pour s'apercevoir que le saint érudit et sa relique on déjà disparu par le portail enfoncé de l'auberge…<br />
<br />
=== L'embuscade encerclée ===<br />
<br />
Dans la forêt humide se joue une dangereuse partie de cache-cache : après que deux d'entre eux aient été blessés par des carreaux d'arbalète en arrivant du nord à bride abattue, les Chacals lancés à la poursuite de nos héros ont démonté pour se disperser à couvert dans les sous-bois, les soldats et mercenaires arrivant du sud ont pris le maquis en découvrant les cadavres dispersés sur la route et les auteurs de ce carnage se sont pour la plupart dissimulés tout autour de la clairière envahie de rochers, progressant prudemment à la recherche des nouveaux arrivants. <br />
[Après la phase de "tir au pigeon" de l'embuscade, le groupe vient de passer en Duel global, tous les combattants dispersés à travers la map répartissant leur mise entre le repérage (attaque), la dissimulation (défense) et le déplacement, jusqu'à rencontrer des ennemis et basculer en combat à distance ou tenter de rentrer au corps à corps. Le récent module de calcul des distances de combat a donc beaucoup servi, de même que les Positions tactiques (camouflage de la végétation, couvert des rochers...), la surprise, les charges soudaines, les combats à plusieurs adversaires... Ce fût une belle démonstration tactique (Diane a particulièrement brillé) et une belle scène finale, qui aurait mérité d'être mieux décrite si je n'avais pas eu 5 ou 6 combats à gérer en même temps. Au passage, Humphrey B jouait Herle de Lorune pendant l'absence d'Andréas.]<br />
<br />
Dés le début, Gavin est pris dans une bagarre désordonnée à coups de couverture, de cassette et de poings contre Dorian le Magnifique pendant que la belle fehnri disparaît dans les bois ("Une courtisane fehnri avec un gros score de discrétion associée à un marchand-escroc ? Tiens donc..."), Le Grêlé a rejoint la roulotte pour régler son compte à la petite servante qui s'y cachait encore (et "s'amuser un peu" avec elle : ça reste un mercenaire sans scrupule, hein), Eldan essoufflé rejoint le "champ de bataille" par le nord, Vighnu et La Poigne convergent vers les soldats qui contournent par le sud-est, Herle abandonne son arc pour foncer tout seul par le flanc ouest (il faut bien justifier de son état futur en le jouant "imprudemment"), Trevan et Diane quittent discrètement les gros rochers en cherchant à repérer leurs nouveaux adversaires...<br />
<br />
Après quelques instants de louvoiement discrets dans les bois, le premier accrochage intervient quand deux soldats franchissent le ruisseau en aval du gué et sont interceptés par La Poigne et Vighnu : si le gros benêt diminué par ses blessures est vite repéré et pris dans un laborieux corps à corps, l'assassin blesse un de ses adversaires d'une dague de jet avant de surgir derrière lui pour le poignarder, employant le corps du mourant comme bouclier contre les attaques de deux autres soldats qui venaient à son secours. En un instant, Vighnu balance le mort sur ses congénères, éventre l'un et abat l'autre d'une dague de jet dans la gorge, pendant que La Poigne enfin dégagé éclate le crâne du dernier à coups de gourdin.<br />
<br />
Après avoir éclaté le nez du marchand d'un direct bien placé, Gavin lui arrache sa précieuse cassette et, laissant le "Magnifique" sonné assis dans l'herbe, accourt vers la roulotte en entendant les cris d'effroi de la petite servante. N'écoutant que ses élans chevaleresque, il sonne Le Grêlé d'un grand de cassette sur le crâne et, après avoir tenté en vain de calmer la pauvrette (faut dire qu'il est grimé en Korme et qu'elle passe une matinée épouvantable), l'écuyer la laisse s'enfuir dans la forêt et part à la recherche d'une arme plus approprié en voyant se rapprocher les mercenaires du fortin.<br />
<br />
Sur l'autre flanc, Herle (sans arc, donc) s'est fait prendre en tenaille par deux tireurs, a reçu une flèche dans le côté et, pendant qu'il tentait de choper son agresseur au contact, l'autre a surgit de flanc pour lui ouvrir la cuisse à coup de glaive. Blessé et à deux contre un, il encaisse de son mieux lorsque Trevan de Rigorne charge en brandissant son épée, attirant l'attention de Diane qui progressait à croupetons dans le secteur : en une seconde, le premier chacal est décapité et le second s'écroule, un carreau d'arbalète dans l’oreille. Mais ils n'ont guère le temps de souffler car Le Moineau les appelle au secours !<br />
<br />
Déboulant sans s'en apercevoir au milieu des ennemis camouflés, Eldan est immédiatement pris par surprise et blessé. Il parvient néanmoins à faire chuter son adversaire et, roulant avec lui dans les feuilles mortes, les deux éclaireurs échangent coups d'épée, de pied et de poing en s'usant l'un l'autre, pendant qu'un chacal supplémentaire s'approche à pas de loup. Le Moineau le repère au dernier moment, appelle à l'aide, tente vainement de pousser l'ennemi qu'il a blessé dans les jambes de l'arrivant et encaisse une nouvelle blessure (il commence à être franchement mal en point) lorsque Trevan arrive à la rescousse, toujours au pas de charge et toujours couvert par Diane dont l'avant-dernier trait cueille l'ennemi debout juste sous l'omoplate, perçant le poumon.<br />
"Laisse-le moi !" gueule Eldan au chevalier errant et, donnant tout ce qui lui reste contre un ennemi soudain moins faraud, le Moineau prend finalement sa revanche en clouant son ennemi au sol d'un grand coup d'épée. Avant même que Herle rejoigne en boitant l'éclaireur victorieux, Trevan et Diane sont repartis au pas de course vers le flanc est, où des cris indiquent que Lerkoren Oleytan passe un mauvais quart d'heure.<br />
<br />
Car parti seul au nord pendant que l'on se battait près du ruisseau, le jeune Elloran a abattu le premier des "Chacals" qu'il a rencontré mais s'est ainsi fait repéré par deux autres : après un court échange de flèches en manœuvrant pour rester à couvert, Oleytan s'est fait chargé par les deux ennemis simultanément, a réussi à les entraîner dans un bosquet touffu pour les gêner au maximum mais commence à faiblir sans parvenir à se dégager et, lorsqu'il prend un coup de lance dans le mollet, ça commence à sentir franchement le roussi. "VIGHNUUUU !!!" appelle-t-il alors à pleine voix, pendant que l'intéressé, à plus de 200m de là, achève le dernier soldat qui s'enfuyait d'un magnifique lancé de couteau, qui l'atteint dans le dos à plus de 50 pas.<br />
<br />
Lorsque deux mercenaires ont abordé la roulotte et trouvé Le Grêlé étalé dans l'herbe, Gavin qui venait de cacher son butin dans les buissons a soudain été pris de remords. Ramassant l'épée d'un mort, il revient à pas prudents lorsque le combat éclate : Le Grêlé a laissé le premier adversaire s'approcher pour l'achever, a retourné la dague qui le menaçait dans l'estomac de l'ennemi et roulé sous la roulotte pour échapper aux coups de lance du second militaire. Le Grêlé est néanmoins blessé lorsque l'écuyer arrive alors pour achever d'un grand coup d'estoc le gars qui se tenait le ventre à deux mains et bondit sur le véhicule qui commence à avancer au ralenti, les bœufs n'aimant guère la nouvelle agitation qui secoue leur attelage. Son camarade sort alors de sous le chariot pour éviter de passer sous les roues et, maintenant à deux contre un, Gavin et Le Grêlé ont vite défait le dernier soldat, achevé d'un joli lancer d'épée dans le dos alors qu'il s'enfuyait.<br />
<br />
Trevan, Diane et Vighnu arrivent à quelques secondes d'intervalle au secours d'Oleytan, les deux derniers Chacals étant alors rapidement tués, le premier percé du dernier carreau de la Kerdane et Vighnu égorgeant l'autre après un bref corps à corps, d'abord à deux, puis trois puis quatre contre un.<br />
<br />
=== Fin des combats ===<br />
<br />
Essoufflés, les guerriers vainqueurs font brièvement l'appel : <br />
_La Poigne ? <br />
_Il souffle près du ruisseau, il a pris assez cher. Eldan ? <br />
_De l'autre côté, au nord, mal en point : il s'est mangé l'avant-garde tout seul avant de nous rejoindre, si j'ai bien compris. Herle est avec lui, blessé aussi, il a perdu connaissance. <br />
_Gavin et le Grêlé sont donc seuls avec la roulotte : faudrait pas trop traîner avant qu'ils se fassent des idées malhonnêtes..."<br />
<br />
Et pourtant, les deux hommes se réconcilient sur une base financière saine : ils font moitié-moitié sur le contenu de la cassette ("que c'est pas la peine d'embêté les autres avec des détails") et Le Grêlé oubliera qu'un certain écuyer a essayé de l'estourbir avec. A peine ont-ils partagé qu'arrive Andréas Odran sur un cheval fatigué, qui découvrent le massacre au bord du gué : "Dîtes-donc mais c'est carrément la guerre ici ! Je croyais que le but de toute l'opération à l'auberge était de pouvoir prendre le butin d'un chariot à peine défendu. _Ouais ben y a eut des invités surprise..."<br />
Les valides font le tour du secteur, poussent le chariot hors de la route, rassemblent les camarades blessés pour que Vighnu et Andréas puissent les rafistoler, puis trient les cadavres au nombre desquels semblent se trouver (par la grâce d'1pH) presque tous les hommes du fortin susceptible d'identifier Eldan après ses exploits de la nuit précédente. "Alors on est bons, conclut le chroniqueur : j'ai vu les Kormes tuer les deux seuls autres qui nous aient regardé de près.<br />
_N'empêche que le Magnifique, sa poule et la servante se sont tirés. <br />
_Bah c'pas grave, ils témoigneront qu'ils ont été attaqués par les Kormes. <br />
_Mouais, sauf que Gavin a jugé utile de leur faire la causette. <br />
_Chiotte ! <br />
_Et sinon, d'où ils sortaient tous ces mecs ?<br />
_Ben ceux-là ont du vous poursuivre depuis l'auberge.<br />
_Celui-ci, il était déjà avec l'escorte au départ de Solerane, alors j'imagine que ceux du nord étaient à la recherche du messager qu'on a intercepté cette nuit.<br />
_Les Chacals qui nous attendaient avec le fourgon ont du appeler du renfort après qu'on aie commencé à leur tailler des croupières, parce que je pensais pas qu'il y en avait autant dans le secteur...<br />
_Le premier qu'a tué Herle le jour du départ, Jaromir et Rumbold que tu as dégommés avant de lâcher le convoi, ça fait déjà trois... <br />
_Au moins deux de plus, qu'on a tué avec Trevan et Gavin quand ils nous poursuivaient : ça fait cinq. <br />
_Cinq ou six avec Jorem Cuivré hier, vu qu'on a pas trop fait le détail. Disons 10.<br />
_Et aujourd'hui j'en compte cinq, dont au moins un emishen du clan des Rimdehl, en plus des derniers hommes de Jornil !<br />
_Tu oublies les trois qui sont morts au Cercle des Cascades au début de la semaine, ça fait donc 18 chacals éliminés en 8 jours. C'est du bon boulot, quand-même !<br />
_Façon de voir : moi ce qui m'inquiète, c'est qu'on puisse avoir deux dizaines de types armés dans notre secteur et ne nous en apercevoir que maintenant... Il faudra qu'on parle à ce trafiquant de sel que connaît Eldan, celui qui a présenté Jaromir au fils Cuivré : je crains que l'implantation des Chacals soient plus avancé qu'on ne l'imaginait."<br />
<br />
Rassemblés et ayant brièvement le temps de souffler pour la première fois depuis des jours, nos héros en profitent pour échanger enfin les infos recueillies par chacun au cours de leurs aventures et reconstituent ce qu'ils savent de la Confrérie du Chacal :<br />
La Confrérie, originaire des Sylves, semble essaimer en créant des "chapitres" locaux dans différentes régions de l'Empire. Il semble que des membres du chapitre "sylvain" de la Confrérie ait donc fait le déplacement pour "franchiser" des brigands du Nord, et ce sont ceux-là qui dirigent plus ou moins les opérations (les trois mecs tués par Andréas, Adira et Eldan aux cascades étaient vraisemblablement des novices). Aux Sylves, la Confrérie est à la fois une mafia, une secte animiste et le noyau dur de la résistance armée à l'occupant impérial : si Urgrand est lié à ces gars-là et qu'ils commencent à passer des accords avec les Kormes, ça risque de compliqué sérieusement l'Échiquier du Nord. Et si les Chacals semblent être quasiment apparus par génération spontanée en quelques semaines, c'est qu'ils ont trouvé des gens pour les soutenir et les aider dans la région : soit Urgrand est beaucoup mieux connecté qu'il n'y paraissait, soit ils ont d'autres appuis...<br />
<br />
=== Exfiltration ===<br />
<br />
"...après quoi on a réparti le butin sur les chevaux, vu qu'on en avait maintenant une bonne quinzaine, on t'a attaché en selle et on s'est tiré vers l'ouest en contournant Celanire par le nord jusqu'au grand menhir où nous attendait Neri'Helin, une des novices du chaman edell'okhil Kal Tayvon, avec des bœufs laineux, des vivres et tout le matériel de montagne : paraît que ton 'Pitaine leur a promis de racheter leurs frères en esclavage. On a ensuite crapahuté par l'ouest pendant trois jours dans les Asparren puis les Monts d'Azur, en passant par des coins de plus en plus hauts et enneigés pour éviter de croiser quiconque. La p'tite Edell'okhil a même déclenché une avalanche dans le col du Fraisil pour qu'on ne puisse plus nous suivre. On a bien perdu quelques canassons en chemin, mais les lingots sont au complet, le groupe aussi (quoique la demoiselle ait du re-nettoyer les blessures de La Poigne), et nous voilà presque rendus.<br />
_Où sommes-nous, exactement ?<br />
_Un peu au sud-ouest de la Mine Bénie : on va contourner par l'autre versant pour éviter de s'y faire voir et la môme va nous faire passer sur la rive nord du Lac Troisième par une espèce de chemin à travers les marais à l'est de Andh Endhil, pas loin du camp abandonné d'Etayn-la-Louve.<br />
_La voie est libre et le jour va se lever, annonce la jeune femme en rejoignant le groupe : ramassez vos affaires, hommes du sud.<br />
_Allez, messire de Lorune, remonte en selle : ce soir, Le Cornu nous attendra avec de la gnôle au camp d'abattage."<br />
Et dans le petit matin, les fiers cavaliers de Tal Endhil descendent victorieux vers la Vallée des Lacs en Palier avec, dans leur fonte, un trésor capable de financer les nouveaux projets du Capitaine Durgaut...<br />
<br />
<br />
<br />
== ÉPILOGUE (envoyé aux joueurs après coup) ==<br />
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<br />
<br />
C'est au soir du huitième jour après leur départ discret que nos vaillants mercenaires fourbus, gelés, blessés et riches comme Crésus se sont affalés dans une minable hutte au nord du camp de bûcherons de Tal Endhil, déserté chaque nuit en cette saison. Immédiatement repartie avec ses bœufs laineux, sa sœur adolescente et son cousin mutique, la gironde rouquine Neri'Helin ("Dis-donc mais... c'pas la p'tite Edell'okhil que t'a réveillée l'autre fois aux cascades, quand on cherchait les Chacals ? _Si, même que Nevel m'a dit que Tael Shannan se la tape ! _Note qu'il se tape toutes les mignonnes, ce fumier de barde. _Dîtes, c'est fini d'échanger des potins comme deux vieilles venteuses ?") a laissé les hommes de Durgaut fort symboliquement assis sur la terre battue, à 10 pas de l'icône votive qui marque l'extrême frontière nord de l'Empire (mais Le Grêlé a pissé dessus). Ils ont festoyé, pansé leur nombreuses plaies et, d'abord par jeu, ceux qui parmi eux avaient quelques notions de finances ont commencé à calculer combien représentait le chargement encore bâté sur leurs chevaux.<br />
_On a pas loin de 250 lingots, dont bien 150 de merdouilles comme du cuivre, du bronze et du fer...<br />
_Des "merdouilles" qui vont se négocier entre 500 et 1000 lunes à la prochaine cité dotée de forges, ducon.<br />
_T'es sûre ?!<br />
_Il est drôle l'aut' : pourquoi qu'tu crois qu'on creuse des mines ?<br />
_Crois-moi, s'il y a bien un truc que les Kerdans savent faire, c'est du commerce...<br />
_Je savais bien que t'étais kerdane malgré ton histoire de "Je suis une innocente remane élevée près de la colonie kerdane de Rigorne, et blablabla"...<br />
_C'est donc bien vrai mademoiselle Diane ? Vous aussi vous êtes de Rigorne ?!?<br />
_Écoute, Trevan : tu es mignon, tu es vaillant mais, putain, ta gueule.<br />
(Trevan de Rigorne rougit.)<br />
_On disait donc au moins 500 lunes pour les lingots de "vils métaux", mais on a surtout une petite centaine de lingots d'argent, quoique la moitié soient planqués dans de faux lingots de cuivre. Et ça, ça nous fait... heu... attendez voir...<br />
_Au moins 300 pièces d'or.<br />
_Putain !<br />
_Quoi ?!<br />
_La Poigne ! Tu sais compter !?<br />
_Ben oui, surtout le métal quoi. J'suis été apprenti forgeron. Mais c'est trop du labeur : j'aime plus mieux taper qu'une bonne fois sur un casque.<br />
(La gourde de vin de sureau passe de main en main, chacun avalant une rasade d'un air mi-émerveillé, mi-consterné.)<br />
_On... on a ramené... 350 pièces d'or ?! Vous croyez que notre bon Capitaine va être content.<br />
_Ah ça, Moineau, il a un peu intérêt à l'être !<br />
_Dîtes, ch'ais pas si vous vous rendez-compte : c'est p't'être le plus beau brigandage de toute l'histoire des Marches !!<br />
_On est riches les gars ! RICHES !<br />
_Non, messieurs : Tal Endhil est riche. Par les pères, si l'un de vous commence à concevoir une seule pensée pécheresse...<br />
_Mais quel pisse-vinaigre, le Défroqué, quand il pisse le résiné.<br />
_Héhé. Fais-voir ta balafre, d'ailleurs, Herle : faut changer ton bandage.<br />
_Ma mienne elle est plus grande !<br />
_Hihi !<br />
_Nul n'en doute mon cher La Poigne, nul n'en doute...<br />
_Ouais mais la tienne elle a même pas percé ta couche de lard !<br />
_N'empêche qu'on a tous ben gagné nos 2 pièces d'argent chacun !<br />
_Plus la prime !<br />
_Oh oui : vous êtes de vaillants gagne-petit. Mais la prime c'était si on laissait pas de témoins et, là, on a Jornil lui-même, Dorian, sa pute, la servante...<br />
_Toi le Noir tu commences à nous les bris...<br />
_Bon les gars, vos gueules : il est tard. Alors ça pionce, ou je vais commencer à distribuer les baffes. Le Grêlé et Diane prennent le premier tour de garde. Demain, j'vous ramenions tous au village. Et rappelez-vous qu'vous avez promis le secret sur vos têtes ! Si on vous presse vraiment, et seulement dans ce cas-là, vous avez été r'prendre les lingots de la Mine Bénie à une bande de Kormes du côté de la Baie des Langueurs. C'est bien clair, pour tout le monde ?<br />
_Oui mon sergent !<br />
_Lèche-cul.<br />
_Mon sergent ! Y a Le Grêlé qui dit...<br />
_Foutremerde, tas de corniauds ! Même avec une 'pparition divine, j'conçois point comment qu'une pareille bande de mômes a pu réussir cette mission !"<br />
<br />
<br />
<br />
}}<br />
<br />
'''[[7) "Embrouilles en Cascades"|<< Épisode Précédent]] | [[9) "Reishin Ghoran"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Épisodes|<< RETOUR à la liste des Épisodes]]'''<br />
[[Catégorie:Épisodes]]<br />
[[Catégorie:Comptes-Rendus]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/8)_%22Le_Train_de_l%27Argent%228) "Le Train de l'Argent"2014-09-05T16:03:04Z<p>Aloun : </p>
<hr />
<div>La totalité de l'Épisode 8 : "Le Train de l'Argent" est classée "spoiler".<br />
Si vous voulez vraiment accéder à cet Épisode, vérifiez que soit un de vos perso y était, soit que le MJ vous en a donné l'autorisation.<br />
Tout abus sera illico puni par une grosse perte du plaisir de jeu.<br />
<br />
C'est bon, vous y avez bien pensé ? Vous êtes vraiment sûr ?<br />
<br />
...<br />
<br />
{{Secrets|<br />
<br />
<br />
== Prologue, rien que pour Eldan et le Capitaine : ==<br />
<br />
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<br />
''Les semaines précédentes, Durgaut a envoyé ses mercenaires (dont Eldan) enquêter du côté de Solerane sur les détournements de fonds du défunt lieutenant Armeld avec son complice, Maître Gaster, et découvert ainsi l'implication du patron-minier, notable influent et principal contrebandier de la région : Jornil Cuivré. En dehors de ses opérations "privées", Jornil travaille pour Rhilder le Fou à détourner le minerai d'argent des mines de la région, théoriquement destiné à l'État-Major, au seul bénéfice du dément Prévôt de la Marche des Lacs. Rhilder n'est pas quelqu'un avec qui Durgaut peut vraiment se permettre d'être en guerre ouverte, puisqu'il est son supérieur direct, un puissant "Seigneur du Nord" (comme on appelle les impériaux qui se taillent des fiefs dans les Marches) et un putain de psychopathe, notoirement responsable du génocide de la tribu emishen des Rimdehl (les Geaies).''<br />
''Mais notre brave Capitaine, en plus d'être très énervé contre le Prévôt qui le ruine par ses magouilles et lui réclame d'envoyer des troupes que Tal Endhil n'a pas pour participer à la guerre contre les Oloden, est en fait pris à la gorge : s'il n'envoie pas bientôt des lingots d'argent à l'État-Major du Duc-Gouverneur pour couvrir le quota de la Mine Bénie (pillée par les Kormes), Durgaut va sauter. En fait, il n'est encore même pas sûr de pouvoir obtenir le titre de "Bailli de Tal Endhil" vu les exigences du Primat en la matière, mais espère bien réussir à l'épater d'ici son arrivée. D'ailleurs, s'il reste en poste et devient bailli, il sait avoir besoin de beaucoup de pognon pour embaucher assez de mercenaires pour enfin contrôler son territoire et développer la région.''<br />
''Il a donc conçu un plan audacieux pour régler plusieurs problèmes à la fois : braquer le convoi de métaux qui va bientôt partir de Solerane pour Darverane, siège de la prévôté harcelé par les troupes de Kainen Tahrel. Ainsi, il mettra la main sur une véritable fortune (l'argent détourné caché dans des lingots de cuivre, l'argent "officiel" envoyé de Solerane pour l'état-major via Rhilder, du cuivre et de l'étain en quantité) dont il compte employer une partie à payer son quota au Gouverneur, une autre à racheter des esclaves Edell'okhil de la Marche des Gemmes pour s'assurer une alliance avec les Emishen et le reste à constituer une petite armée.''<br />
''Il en était à mettre au point un plan solide lorsqu'il apprend que la route de Darverane, coupée par les Kormes depuis des semaines, vient apparemment d'être rouverte suite à une contre-offensive de Rhilder : le convoi de métal ne devrait plus tarder à partir, il faut agir vite. Et comme Vighnu Pratesh vient de rentrer du Cercle des Hautes-Pierres, il décide d'embaucher l'assassin pour courir l'aspect le plus délicat de la mission : assurer le secret.''<br />
<br />
''Ce qu'il ignore malheureusement, c'est que Jornil a lui aussi enquêtait sur les trois attaques successives qu'il a subi de la part de ruffians non-identifiés : d'abord on a tabassé nombre de petits truands sous les ordres de son fils, Jorem Cuivré, ensuite on s'en est directement pris à deux de ses lieutenants impliqués dans la contrebande d'argent, enfin un éboulement à la mine de cuivre s'est révélé être un sabotage (les mercenaires de Durgaut avaient pour instruction de recruter des mineurs et n'ont rien trouvé de mieux). Jornil a donc d'abord envoyé un certain Worik se mêler aux mineurs "responsables de l'éboulement" qu'il a lui-même renvoyé et qui partaient s'engager auprès de Durgaut (mais son agent est mort connement pendant l'épisode "Terrain Minier"), puis il a envoyé un messager auprès de son bon ami Adira Pratesh pour se renseigner sur les mercenaires de Durgaut (Adira étant alors en pleine bisbille avec le Capitaine, il a volontiers informé son ami) et contacté ses autres associés à Tal Endhil (comme Gaster, Jornil a des parts dans la mine de fer du village, ce que le Capitaine est sensé savoir mais dont il ne réalise pas l'importance), Adira l'a ensuite informé de ce qu'il avait appris sur l'arrestation de Gaster... Bref : Jornil a compris que Durgaut était après lui et pris des mesures en conséquence.<br />
S'il ne peut pas se permettre de retarder d'avantage le convoi de métal (Rhilder a besoin de ce fric pour sa guerre perso et il n'est pas câlin quand il s'impatiente), il a conçu une ruse efficace, embaucher des mercenaires de rab' pour l'escorte et, surtout, contacté par un ami de son fils une petite bande de brigands récemment arrivés dans le secteur : la Confrérie du Chacal...''<br />
<br />
<br />
<br />
== À la "Taverne Penchée" ==<br />
<br />
<br />
<br />
Il fait déjà nuit lorsque la Taverne, récemment rachetée par les mercenaires de Durgaut, ferme ses portes beaucoup plus tôt que d'habitude en chassant les soiffards qui comptaient y passer leur soirée en galante compagnie ; les prostituées, récemment rendues à leur autonomie sous l'autorité de la belle [[Garnelle]] (maîtresse occasionnelle du jeune Eldan) sont également invitées à rentrer chez elle et le quartier lacustre de Tal Endhil est donc rapidement rendu au silence et à la brume nocturne. Pourtant, quelques silhouettes discrètes gagnent bientôt la Taverne apparemment close :<br />
* '''l'apothicaire [[Vighnu Pratesh]]''' (Loriel) n'a eu qu'à franchir quelques pontons depuis sa propre échoppe, son matériel d'empoisonneur sous le bras et ses armes dissimulées sous son large manteau reman, où bat un petit cœur sec depuis si longtemps, récemment réveillé et illico brisé par Islinna : les femmes sont cruelles. Déjà en grande partie au courant de la mission, la seule chose qu'il ignore c'est ce qu'ils vont voler. Mais vue la somme promise par le Capitaine, il est trop heureux de ne pas poser de questions.<br />
* '''[[Nadine "la Moucheuse"|Diane Maletudine]]''' (Orlanth) est une Kerdane, quoiqu'elle prétende être une remane originaire de la cité portuaire de Rigorne, embauchée depuis quelques mois dans l'Armée du Nord, suite à des problèmes avec ses compatriotes. Femme dans une armée de macho, elle a bientôt eut d'autres ennuis (décidément) qui l'ont incité à déserter pour rejoindre la petite communauté kerdane de [[Tal Endhil]] sur les conseils de son mentor, le célèbre maître d'armes [[Vasco Sotorine]]. Sauf que [[Ranyella]] la pilote ne veut pas d'une renégate dans sa troupe et l'a donc refilée au Capitaine sans lui expliquer les casseroles que trimballe l'arbalétrière...<br />
* '''[[Andréas "Odran"]]''' (Humphrey B) a récemment eut un entretien secret avec le Capitaine qui pourrait se résumer ainsi : "''Je sais que vous êtes un sorcier, mais je suis prêt à fermer les yeux si vous bossez pour moi. _Ça pourrait m'arranger, vu que je suis là pour mettre fin à la dispersion d'artefacts qui commencent à foutre le boxon à [[Duriane]], mais je vais pas m'en sortir tout seul. _Splendide : faudra me neutraliser le machin dans la Mine Bénie. Dans l'intervalle, vous êtes embauché comme espion. Vous commencez demain, rendez-vous à la Taverne Penchée après la fermeture.''" Il arrive donc avec un peu d'avance et pas mal de bagages, dont son précieux grimoire, ses herbes médicinales et un certain objet qu'il a passé presque deux jours à chercher dans le torrent en contrebas de la [[Mine Bénie]].<br />
* '''[[Oleytan "le Furet"]]''' (PNJ), lui, s'est engagé dans les mercenaires de Durgaut dès son retour de "l'Opération Tréfonds" : il se sent désormais un vrai guerrier, veut participer à l'alliance entre les Talendan et les Elloran mais, surtout, il a enfin couché avec le grand amour de sa jeune vie : la jolie négociante lewyllen [[Doma Sholen]]. Celle-ci l'a inexplicablement largué à l'arrivée à Tal Endhil en lui expliquant que "c'était fun, mais t'es juste trop jeune pour moi" (elle court en vain après [[Nevel Sholdanan]] depuis 4 semaines). Après une intense réflexion, le jeune guerrier est arrivé à la seule conclusion "sensée" : s'il veut que la belle marchande le reprenne, il doit lui prouver qu'il est capable de lui assurer le train de vie qu'elle a perdu, et pour ça, il lui faut "des rondelles", comme les Emishen nomment la monnaie impériale. Il ne comprend pas grand-chose à la mission que Durgaut lui a proposé, mais il est bien content puisqu'il va être payé royalement.<br />
* '''[[Eldan "le Moineau"]]''' (Aloun) arrive le dernier, accompagné d'une montagne de muscles habillées de haillons qu'il vient de récupérer dans l'unique geôle du donjon : [[Herle de Lorune]] (Ego'), noble et chevalier du temple récemment défroqué. Lui aussi a des problèmes, parmi lesquels l'alcool, la violence et un sens aigu de la justice qui, après lui avoir coûté sa charge d'inquisiteur lors d'une altercation avec le Primat lui-même, l'ont fait rétrogradé comme simple soldat dans la troupe de [[Bagoran de Marale]] (chargé de le "mater" : échec critique) et récemment conduit à défoncer le portrait d'un connard de Chevalier du Temple (donc un de ses "supérieurs") qui tabassait une gamine emishen. Son séjour en taule auprès du plaintif Gaster s'est terminé lorsque le Sergent LeCornu a jeté son dévolu sur le prisonnier, et convaincu le Capitaine de l'embaucher.<br />
<br />
Lorsque tout ce petit monde est attablé dans la taverne sur pilotis qui grince et (effectivement) penche sous l'effet de la houle, [[Le Cornu]] qui tenait le comptoir fait entrer deux de ses collègues, le massif imbécile qu'on appelle "La Poigne" et le brigand reconverti au visage marqué par la petite vérole qu'on appelle "Le Grêlé". Comme Eldan et le Sergent, ils ont survécu à tous les combats depuis [[la bataille de Tal Endhil]] et sont tout dévoués au glorieux chef qui va bientôt faire d'eux la "''garde bailla, bailliagiale...heu... baillique... la garde du bailli, quoi''", et qui pénètre dans la grande salle inclinée à leur suite, une vaste carte sous le bras.<br />
<br />
« Bonsoir mademoiselle et messieurs, nous avons peu de temps et je vous demande d'être extrêmement attentifs à l'exposé qui va suivre. » <br />
Pendant que Vighnu et Andréas dégagent leurs gobelets pour laisser Durgaut déployer la superbe carte (signée [[Ordano Sotorine]]) sur la table crasseuse, les 6 autres membres de l'équipe s'approchent pour suivre le briefing dans la lumière chiche des rares chandelles et le Capitaine enchaîne :<br />
« La mission que j'ai à vous confiée est dangereuse, urgente, secrète, absolument vitale pour Tal Endhil et remarquablement bien payée. Si certains d'entre vous ne s'en sentent pas capables et préfèrent retourner à leurs activités précédentes, qu'ils le disent tout de suite. Car une fois que je vous en aurais exposé les objectifs, Messire Pratesh ici présent sera le garant de votre silence. Tout le monde est motivé et se sent capable de se taire ensuite, en cas d'échec comme de réussite ? Parfait. Sergent, passez-moi les figurines. »<br />
« Dans les jours qui viennent, peut-être même dès demain, un convoi lourdement gardé va quitter [[Solerane]] à destination de [[Darverane]] (Durgaut pose une miniature en bois, une espèce de coffre aux pieds vaguement arrondis, sur la carte) : il contient plusieurs coffres très lourds que vous êtes chargés d'intercepter, de préférence avant "l'Auberge du Pont"... C'est quoi ça, Le Cornu ? demande le Sauveur de Tal Endhil quand son sergent lui passe une espèce de cube prolongé par un jambage tordu.<br />
_C'est l'Auberge du Pont, mon 'Pitaine. C'est La Tortue qu'a fait les sculptures, mais on a pas eu bien l'temps.<br />
_Je vois... À "l'Auberge du Pont", donc, se trouvent actuellement plusieurs dizaines de marchands qui, depuis des semaines, y attendent que les troupes de Rhilder reprennent le contrôle de la route vers Darverane aux Kormes qui harcèlent la prévôté (il pose du côté du Mont Grison un petit bonhomme chauve et noirâtre) avec l'appui des troupes Emishen de Kainen Tahrel (Vighnu approuve du chef). Si le convoi de Solerane rejoint la première caravane groupée en partance pour Darverane, il sera alors probablement trop entouré pour que vous puissiez tenter quoique ce soit. Vous êtes ici... mais c'est quoi ça ? Un chien ?<br />
_Un ch'val mon 'Pitaine, pour représenter, le commando.<br />
_Vous avez pu leur trouver des chevaux ?<br />
_Ah non mon 'Pitaine : c'est des pirogues, pour quitter le village. Ensuite s'ront à pied. Mais La Tortue, quand il a commencé, i'l'savait pas, pis i' sait pas faire les pirogues, et de toutes façons ça va surtout se faire par voie de terre alors, heu... Vous préférez un bouchon, ou un dé en os ?<br />
_Va pour le chien (soupir)... Donc : vous êtes ici (il pose la figurine sur Tal Endhil), vous partez dès cette nuit pour atteindre Solerane (le "chien" rejoint le "chariot"), où vous serez chargés de repérer le convoi et surveiller ses préparatifs de départ. Le but est de lui tendre une embuscade dans les deux jours qu'il lui faudra pour effectuer ce parcours (le chariot glisse sur les segments 1, 2, 3, 4, 5 de la route). Si vous pouvez intercepter le chargement sur les berges du Lac d'Acier, il sera plus aisé de le transporter à bord de barges ou de pirogues.<br />
Le Moineau connaît la ville et les hommes qui escorteront ce convoi, Messire de Lorune a la charge de l'assister en tout -et de s'assurer qu'aucun d'entre vous n'ait la mauvaise idée d'ouvrir les coffres, Maître Pratesh est chargé de trouver des embarcations pour les chargement et d'assurer le secret de l'opération (Vighnu sourit, pensant aux peintures de guerre kormes qui n'ont pas servit lors de l'Opération Tréfonds et à la barge kerdane cachée depuis dans les marais près d'Écume 6). Vous devrez quitter le village et y rapporter les coffres sans être vus, ni dire à quiconque d'où vous venez ni où vous allez. Car, j'insiste, cette opération peut assurer le salut de Tal Endhil si elle réussit, mais sonner notre perte à tous si quelqu'un devait découvrir qui a commandité l'attaque. Une prime substantielle versée à notre cher apothicaire en sera la garantie.<br />
_Ça veut dire "pas de témoins", demande Diane ?<br />
_Ça veut dire "démerdez-vous pour que personne ne puisse vous reconnaître, suivre votre piste et remonter jusqu'à nous" : je préférerais que vous épargniez les civils, mais Pratesh sera décisionnaire en dernier recours. À part lui, vous serez payés chacun 2 pièces d'or pour cette brève mission et votre durable silence [la solde mensuelle d'un mercenaire étant de 2 pièces d'argent, ça fait 10 fois plus pour quelques jours de boulot]. Des questions ?<br />
_C'est quoi, dans les coffres ? Ça pèse ?<br />
_Le contenu ne vous regarde pas mais, oui : ça pèse. Probablement autour de 200kg en tout.<br />
_C'est qui, qu'on braque ?<br />
_Pas votre problème non plus. Fiez-vous à Eldan, soyez discrets et ça ne devrait pas avoir d'importance.<br />
_Les gars de l'escorte, c'est des pros ?<br />
_Quelques-uns, oui, mais la plupart seront des mercenaires en permission, des cochers endurcis, des coupes-jarrets, des gardes plus habitués à surveiller des esclaves... Le problème, c'est qu'ils doivent se méfier : ils ont eut des ennuis récemment, ils savent que le trajet est dangereux et ils seront sur les dents. Il se peut même que vous soyez déjà attendus à Solerane. J'insiste : méfiez-vous.<br />
_Qu'est-ce qu'on a comme matos ?<br />
_Vous étiez prévenus d'emporter le vôtre, mais Eldan conserve quelque argent pour vos frais de mission, des vivres, un peu de charbon, des flèches, des torches et des cordes vous attendent avec les chev...<br />
_Dans les pirogues, mon 'Pitaine.<br />
_Dans les pirogues, donc. J'ajoute les papiers que m'a demandé monsieur Odran (il confie une petite pochette de cuir à Andréas, contenant du parchemin, des lettres officielles de la main de [[Rhilder]] et son sceau de cire, pour pouvoir si besoin modifier les ordres de mission du convoi) et vous emportez cette carte, annotée par mes soins, en espérant qu'elle puisse vous aider : ne la perdez pas ! ''[Durgaut leur confie par ce biais un de ses précieux point d'Histoire.]'' Autre chose ?<br />
_Y a le Venteux qu'a pas tout compris, vu qui parle pas bien not' langue...<br />
_Messieurs Odran et Pratesh devront donc lui ré-expliquer en ramant. Bonne chance à tous : le destin de Tal Endhil est entre vos mains ! Mais pas les figurines, La Poigne : repose ça. <br />
_Pardon mon 'Pitaine. »<br />
<br />
<br />
<br />
Image à ajouter<br />
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<br />
== En route vers Solerane ==<br />
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<br />
<br />
Pendant qu'on roule la carte, LeCornu et Herle déplacent la lourde table, révélant une trappe dans le plancher qui, une fois déverrouillée et ouverte, donne sur une échelle de corde descendant le long d'un pilier de bois où sont amarrées deux pirogues emishen. Avec quelques difficultés dues à la disparité de poids et d'agilité de ses huit membres comme aux bagages de certains l'équipe embarque et glisse silencieusement sur les eaux couvertes de brouillard.<br />
_Attention avec ça, c'est des armes emishen. <br />
_Pourquoi foutre ? <br />
_Pour passer pour des Kormes. <br />
_Pas con. Mais qu'est-ce qu'il fout avec un bouquin, lui ? <br />
_Je suis chroniqueur... <br />
_Et vous allez chroniquer l'opération secrète ?! <br />
_Houlà non, je... j'ai d'autres talents. Falsifier des sauf-conduit, par exemple. <br />
_Je vois...<br />
Ils atteignent bientôt la rive sud du Lac Troisième, en amont du campement où dorment les caravaniers lewyllen, sans que les Soldats du Temple qui gardent les remparts n'ait rien remarqué.<br />
[Je m’appesantis un peu sur le dialogue de briefing parce que, bien sûr, il m'a fallu incarner le Capitaine moi-même sur les indications données par Le faiseur, et que je lui avais promis de détailler un peu le résultat.]<br />
<br />
Après un conciliabule entrecoupé d'engueulades, un poème (Herle versifie par instant) une tentative de vol et plusieurs menaces physiques pour l'empêcher, les PJ décident de ne pas partir en quête de la barge cachée dans les marais mais de foncer de nuit vers Solerane, à pied, pour atteindre la ville au plus tôt, juste après que Diane ait confié au fleuve un étui flottant contenant 4 pièces d'argent (sur les 20 confiées à Eldan) et un message pour les Kerdans d'Écume 6, leur enjoignant d'envoyer des embarcations vers la presqu'île du Lac d'Acier [le joueur a oublié que son perso n'était plus bien vu chez les bateliers, et Loriel/Vighnu y a même mis 1pH pour que le message arrive : ce fût bien le cas...].<br />
<br />
Abandonnant dans les embarcations tout le matériel trop lourd, les mercenaires se répartissent les vivres, une arme emishen chacun et la longue marche commence. Lorsque l'aube se lève, Diane, Oleytan et Eldan, très en avant des autres, font la course dans la descente après avoir passé le Col de Nilfenan (au sud-ouest de la mine de fer, sur la carte) histoire de défouler leurs tempéraments casse-cou et ombrageux... ce qui vaut d'ailleurs à Eldan de se niquer la cheville dans une belle gamelle : on sent bien, dès que les officiers ne sont plus en vue, que ça va pas être très sérieux comme opération.<br />
<br />
=== Rencontre insolite ===<br />
<br />
Pendant que le fort peu sportif Andréas prend des heures de retard sur les autres et que Vighnu reste avec lui autant pour assurer sa protection que pour causer "chroniquerie" et politique locale (Vighnu envisage de créer un hospice à Tal Endhil !), Oleytan, Diane et Eldan (qui boitille) arrivent en milieu de matinée au gué qui traverse la Rivière aux Élans (ainsi nommée car elle est sur le point de passage de la migration des grands cervidés, qui commencent d'ailleurs à remonter en cette saison vers les pâturages au nord de Tal Endhil) : ils sont assez surpris d'y trouver un grand costaud, ventru et entièrement chauve, portant des vêtements très vaguement emishen, assis sur un rocher au bord des flots et curant tranquillement au couteau le sang séché qui s'incruste dans les creux de sa lourde masse de bois sculpté. Les trois éclaireurs essoufflés par leur cavalcade repèrent assez vite les discrètes silhouettes déployées dans les bois autour du chemin et, chacun la main sur leur arme favorite, s'approche avec circonspection : "<br />
_Bonjour... <br />
_B'jour, répond le gros dans un Reman médiocre, avec un accent typiquement "venteux". <br />
_Z'êtes avec le noir ? Vigjniou Bratéche ? <br />
_Ben là tout de suite... non. Mais des fois on le croise, quoi. Vous l'attendez ? <br />
_J'ai un message pour lui. <br />
_Vous voulez pas nous le donner, on le transmettra quand on le verra ce soir... <br />
_Non, d'solé, c'est privé. <br />
_C'est pas un message à coup de masse, au moins ? <br />
_Héhé. Non. Pas cette fois."<br />
<br />
N'ayant qu'à moitié envie de s'avancer dans le gué sous la probable ligne de tir d'archers dissimulés ni même de laisser une embuscade entre eux et le reste du groupe, quoique aussi un peu parce qu'ils ont alors pas loin de 12h de rude marche dans les jambes, Diane, Oleytan et Eldan se posent également près de la rivière, se trempent un peu les pieds (Diane va même s'éloigner pour faire un peu de toilette : par instant, dans ses Réactions, sa "Sensibilité Féminine" ressort), cassent la croûte, font une petite sieste... tout ça en gardant perpétuellement un œil sur les alentours et leurs armes à portée de main. <br />
<br />
Lorsqu'ils sont rejoints par Sire Herle de Lorune, La Poigne et le Grêlé, d'abord très méfiants, Diane qui a entamé un repas et une conversation en Langue des Vents avec le Gros leur fait signe de ne pas s'inquiéter, et les trois mercenaires finissent par jouer le même jeu que leurs camarades, profitant d'un peu de repos tout en restant sur leurs gardes. Au bout d'une heure de cette halte méfiante, "l'embuscade" se détend tout autant et Eldan repère bientôt un des archers Korme qui, lui aussi, déjeune sur le pouce à son poste de guet. Il le contourne, se cache, est brièvement suivi mais sème le guetteur, échappe ainsi efficacement à l'encerclement... et ne sait finalement plus trop quoi faire : il craint de déclencher un massacre s'il élimine un guetteur, de se faire repérer s'il continue de traîner près des Kormes, de perdre le groupe s'il s'éloigne et d'être trop loin pour intervenir s'il repart en arrière prévenir Vighnu et Andréas. Aussi reste-t-il caché, guettant les guetteurs, jusqu'à ce que, lassé de perdre du temps alors qu'ils sont pressés, Herle donne le signal du départ et franchisse le gué accompagné des 4 autres. <br />
<br />
Après avoir encore hésiteé à les rejoindre carrément ou à rester en arrière, Eldan fini par laisser un signe de danger dans l'écorce d'un arbre à destination de Vighnu et décide de contourner pour franchir la rivière plus loin, ne trouve pas d'autre gué, passe à la nage, se paume en aval dans la forêt et mettra plusieurs heures à rejoindre ses camarades, trempé, gelé, épuisé et bientôt vertement engueulé par l'ex-templier [Sire de Lorune lui inflige même un tel jet d'intimidation pour lui inculquer la discipline militaire que le jeune éclaireur en sera durablement marqué : 2pts de Trauma !].<br />
<br />
Pendant ce temps, Andréas et Vighnu ont atteint le gué sans même remarquer le signe laissé par Eldan et le fehnri est assez surpris de reconnaître le gros korme qu'il a déjà rencontré, il y a plusieurs semaines à Écume 6, lorsqu'ils avaient négocié des vivres et les soins de Mona Ma'od contre la transmission d'un message pour Adira (qui, si vous vous en souvenez, était arrivé au début de "Terrain Minier", tiré avec une flèche sur la roulotte de Maître Pratesh). <br />
Quoiqu'il ne connaisse toujours pas son nom, il s'éloigne avec le chef rebelle et un petit conciliabule surréaliste se joue : les Kormes veulent (Vighnu comprend "Lashdan, Roi des Kormes, veut...") l'embaucher pour assassiner un certain "Urgrand", le Sorcier barbu originaire des Sylves, qui dirigeait justement le détachement korme lors du siège à la Mine Bénie. <br />
_Tiens donc ?! Mais pourquoi diable, demande l'assassin hilare ? <br />
_On m'a pas dit de te l'dire, et puis il paraît que les tueurs professionnels ne posent pas de questions. <br />
_Lorsqu'on les paye bien, c'est tout à fait exact oui. <br />
_Hé ben voilà pour toi, dis le Korme en lui tendant une grosse bourse de pièces, que le fehnri s'empresse d'ouvrir avidement. <br />
_Mais... vous vous foutez de ma gueule ?! C'est des pièces de cuivre ! <br />
_Et alors, c'est pas bien ? <br />
_Mais c'est pas du tout assez, enfin ! Je suis un spécialiste, moi ! Je bute pas les gens pour 20 ou 30 pièces de cuivre !<br />
_Ah. Mais c'est tout ce qu'on a nous, même qu'on s'est tous cotisés pour rassembler ça. <br />
_Mais c'est pas possible, vous comprenez rien au commerce, à la fin ! Et il est où, votre Sorcier, d'abord ?<br />
_Ben on sait pas, nous, pourquoi tu crois qu'on s'adresse à toi ? Tu crois pas que je serais foutu de lui coller ma masse sur la gueule moi-même si on savait où il campe ? La Louve dit qu'elle l'a perdu quelque part chez vous, du côté du Premier Lac, mais c'était il y a déjà plusieurs jours.<br />
_Bon, écoute, voilà ce qu'on va faire : dis à ton Roi que je suis d'accord sur le principe, mais que déjà ça va vous coûter 20 pièces d'or et qu'ensuite, soit vous savez me dire au moins à peu près où il est, soit ça risque de prendre pas loin d'un mois (car Vighnu pense savoir où Urgrand devrait se trouver dans environs trois semaines, héhé...). Dis-lui ça et, quand vous aurez la somme, contactez-moi.<br />
_Mais où tu veux qu'on trouve de l'or, nous ?<br />
_Non mais c'est un prix, vous pouvez aussi bien me ramener 200 pièces d'argent, ou 4 lingots d'argent, par exemple. Vous en avez bien, des p'tites barres en argent, prises dans une certaine mine, hmmm ?<br />
_Mais... non. De quoi tu parles ?<br />
_Oh le con ! Rha merde, il fait vraiment chier ce connard de sorcier !<br />
_C'est bien pour ça qu'on t'embauche, oui.<br />
_Bon alors 20 pièces d'or ou l'équivalent, vous trouverez bien ça quelque part pendant que vous vous battez dans la vallée de Cainil, hein, je ne m'en fais pas pour vous. Quand vous avez la somme, vous me recontactez, vous versez la moitié d'avance et, moi, je tue votre sorcier.<br />
_J'espère que d'ici là on l'aura trouvé nous-mêmes, mais sinon, on sauras bien te joindre, ouais. Et bonne journée."<br />
Et pendant que Vighnu se frotte les mains, les Kormes se dispersent dans la forêt sous le regard médusé d'Andréas.<br />
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== La Ferme-Relais "Le Marchepied" ==<br />
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Il fait presque nuit noire lorsque les 6 mercenaires fourbus atteignent enfin la ferme-relais qu'on appelle le "Marchepied", au pied de la route montant vers Solerane. Si Oleytan (trop repérable) est laissé avec le matériel dormir à l'extérieur, Diane, Eldan et Herle, bientôt suivis par La Poigne et Le Grêlé (trop crevés pour accepter de se peler le cul à camper dehors), pénètrent les uns après les autres dans l'enceinte de bois où un drôle de type pâle, un albinos efflanqué aux longs cheveux blancs qu'Eldan sait être surnommé "Craie" (chef des gardiens d'esclaves de la mine de cuivre), est en train de passer ses nerfs à coups de fouet sur deux malheureux emishen, une femme et un adolescent enchaînés au puits du milieu de la cour. <br />
<br />
Comptant avec l'albinos un escrimeur tout en noir s'engueulant avec le tavernier (une histoire de chevaux, de halte imprévue et de prix du fourrage) plus 4 soldats portant la livrée du Duc-Gouverneur (donc probablement issus de la garnison de Solerane), et soucieux de sa mission avant tout, Herle tempère ses instincts justiciers et suit la Kerdane dans le corps de ferme transformé en auberge de seconde zone, où il entreprend de noyer sa mauvaise humeur dans la bouteille d'hydromel prise à la Taverne Penchée. Si un jovial marchand de draps nommé Teillard, parti de Celanire vers le "marché de printemps" de Tal Endhil, tente bien d'engager la conversation avec les voyageurs, Diane l'envoie paître rudement (et nos héros se privent de la seule occasion de se renseigner sur la route qu'ils ont à faire) mais lance une petite partie de dés avec Eldan et Herle pour attirer à eux Craie et Esteval (l'escrimeur à l'armure de cuir sombre) et tenter de leur soutirer quelques informations sur l'exploitation des esclaves venteux à Solerane. Justement, les deux gardes-chiourmes, 3 autres collègues et 6 soldats prêtés par la garde sont à la recherche d'une 15aine d'évadés, échappés le matin même de la mine de cuivre. Diane propose bien de participer à la traque contre rétribution, mais Eldan ruine sa tentative d'approche en ne pouvant se retenir d'aller porter un peu d'eau et de pain aux deux malheureux prisonniers. Herle -qui perd aux dés et voit les deux crevures descendre gaiement sa bouteille- semblant se retenir de plus en plus laborieusement d'écraser la tronche de Craie à chaque fois qu'il fait des remarques cruelles sur les "venteux", les voyageurs vont se coucher tôt après un rapide souper et Diane s'arrange assez finement pour que leur propre groupe gagne le contrôle de l'escalier et des 2 rares fenêtres du grenier aménagé en dortoir, qu'ils vont devoir partager avec le binôme d'esclavagiste, les soldats s'installant dans l'étable au dessous.<br />
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=== Rencontre avec des fugitifs ===<br />
<br />
C'est à peu près le moment où, traînant le chroniqueur qui dort debout dans l'obscurité de la route forestière, Vighnu voit soudain jaillir un grand type hirsute de la forêt, qui saute sur le fehnri en tentant de l'étrangler avec la chaîne qui lui lie les poignets : l'assassin pare de justesse avec son katara, une femme armée d'une branche sort à son tour des taillis et Andréas est basculé au sol par une jeune fille qui tente de lui éclater le crâne à coup de pierre, mais il parvient à la repousser de peu (elle est presque aussi épuisée que lui). Reconnaissant une Emishen (et réciproquement) alors qu'il tirait sa dague pour se défendre, l'érudit crie en Langue des Vents "Arrêtez, nous sommes des amis ! Vighnu, ce sont des Emishen !", ce qui suffit à stopper le début de combat et permet à Andréas de proposer de la nourriture et des soins aux esclaves en fuite, finissant de gagner leur confiance. <br />
<br />
Libéré de ses chaînes avec l'aide d'un glaive offert par Vighnu, le trio leur explique avoir réussi à s'échapper des mines de Solerane un peu avant l'aube, grâce à un tunnel vers la surface creusé en secret avec l'aide d'une barde rimdehl nommée Tahalien. Poursuivis depuis le levé du jour par des cavaliers en armes, ils ont perdu la douzaine d'autres évadés qui les accompagnait, dont des jeunes et des enfants et, loin de leurs régions d'origine (la plupart sont des Otlalnan de la Marche des Lisières), ils ont couru un peu au hasard vers le nord et le territoire des Liam'Lon, où aucun Dirsen n'oserait les poursuivre, alors que d'autres avaient préféré tenter leur chance à l'est, vers le Cercle des Hautes-Pierres.<br />
<br />
Les deux Talendan leur expliquent qu'ils sont ici sur le territoire des Elloran et qu'ils auraient de meilleures chances de filer au nord-ouest vers le Cercle des Cascades et, après avoir longuement hésité à repartir chercher les plus jeunes, les trois fuyards un peu retapés finissent par disparaître vers l'ouest avec quelques remerciements.<br />
<br />
=== Evasion nocturne ===<br />
<br />
Nos deux héros retardataires ne sont donc qu'à moitié surpris lorsqu'ils retrouvent Lerkoren Oleytan en compagnie de 5 autres échappés en haillons, dont Tahalien et un ado sérieusement blessés, plus trois mômes, quoique Vighnu soit un peu atterré par le récit du jeune Elloran.<br />
Car après que leurs compagnons soit entrés à l'auberge du Marchepied, Oleytan, attiré par des cris de douleurs, s'est glissé par-dessus la palissade de rondins et, découvrant les deux prisonniers lacérés à coups de fouet, a attendu la nuit noire pour passer à l'action. Il a malheureusement échoué à assommer proprement la sentinelle de faction dans la cour, mais a par contre réussi à la tuer net avant qu'elle ne crie, puis a traîné le corps du soldat dans une grange. C'est alors qu'il s'acharnait en vain à rompre sans trop de bruit un des maillons de la chaîne que Diane l'a interpellé depuis une des fenêtres du dortoir : <br />
_Psssst ! Mais qu'est-ce que tu branles, merde !? On est pas là pour ça ! <br />
_Je fais mon devoir, tu peux pas comprendre ! <br />
_Mais putain tu va réveiller tout le monde, crétin !". <br />
<br />
L'épée à la main, la Kerdane est bientôt descendue le rejoindre pour le convaincre de ficher le camp et, n'y arrivant pas, a fini par l'aider à détordre un maillon en faisant levier avec son épée, histoire qu'il puisse déguerpir avant que quelqu'un ne les entende. Herle s'est réveillé à son tour, lui a ordonné de rentrer se coucher avant de les griller complètement et, la Kerdane disparue dans l'étable en engueulant un soldat qui se réveillait vaguement sur l'air de "Quoi ? Keskya, on peut plus pisser tranquille, merde ?", Oleytan a sorti discrètement les deux rescapés par là où il était lui-même entré. Apprenant alors qu'ils avaient pu cacher les gosses près de la rivière avant que les cavaliers ne leur tombent dessus, il est ensuite reparti chercher les mouflets de 9 à 12 ans, a nourrit tout le monde et distribué des rations pour le reste du voyage ("Et donc, là, on a plus de vivres, c'est ça ? Heu... un peu, si..."). Il se demandait s'il allait abandonner l'opération pour les conduire aux Cascades quand Vighnu et Andréas sont arrivés. <br />
<br />
Renonçant à l'engueuler d'avantage puisqu'il viennent de faire quasiment la même chose, les deux PJ soignent à nouveau les plaies et brisent les chaînes, ré-expliquent la direction du Cercle des Cascades et, recommandant bien aux fuyards d'éviter les routes pour ne pas être repris, ils s'installent pour bivouaquer et s'offrir quelques précieuses heures de sommeil avant l'aube.<br />
<br />
L'aurore pointe à peine lorsque Herle, Diane et les autres se lèvent, déposent quelques pièces de cuivre dans la grande salle et filent sans prendre de petit déjeuner, pendant que Craie et Esteval constatant la disparition de leurs prisonniers commencent à activer les soldats, et que ceux-ci constatent la disparition d'un des leurs. "Et vous là, vous avez rien entendu ?!? _Nope : nous on dort sérieusement quand on doit se lever tôt." répondent nos héros avant de s'engager, sous la bruine matinale, vers le chemin raide qui monte en lacet vers le nid d'aigle de la cité minière. Rapidement rejoints par Lerkoren Oleytan, Vighnu et Andréas (modérément reposés), ils confèrent sur les évènements de la veille et s'accordent sur un plan : Eldan (puisqu'il connaît Solerane), Andréas (qui compte s'arrêter dans un temple pour se lancer dans l'enchantement d'un document puissamment convaincant pour faire partir le convoi avec une escorte réduite "car tout danger est désormais écarté") et Diane (qui pense pouvoir s'infiltrer dans la-dite escorte) iront en ville pendant que le gros de la troupe ("J'suis pas gros j'suis juste un peu envelo _Ta gueule, La Poigne : t'es lourd.") <br />
attendra caché dans la forêt. <br />
<br />
=== Plan d'action ===<br />
<br />
Dès que le convoi sera prêt à partir, les mercenaires partiront devant pour semer des embûches sur sa route afin de le ralentir (comme un sapin ou des rochers "décrochés par le dégel") : s'ils parviennent à le retenir assez longtemps dans la gorge pentue et traîtresse que les chariots auront de toutes façons du mal à négocier (le segment 2, sur la carte), ils peuvent l'obliger à passer sa première nuit avant le gué sur l'Anil'wel (milieu du segment 3). Le lendemain, la caravane sera donc obligé de forcer l'allure pour sortir de la forêt qui suit (segment 4) avant le crépuscule : réputée dangereuse (c'est, avec la gorge, le site d'embuscade préféré des Kormes, c'est d'ailleurs là que la colonne de Durgaut s'est faite attaquer au début de l'Épisode 1), le mauvais chemin tortueux y sera en cette saison embourbé par les ruisseaux et, avec un peu de sabotage supplémentaire (en creusant par exemple le lit d'un petit torrent pour former une combe traîtresse), l'escorte arrivera dans la vaste prairie marquant le dernier bout droit (5) en fin d'après-midi, épuisée par deux journées difficiles et fera probablement halte, croyant avoir fait le plus dur... Mais c'est justement là que l'attendra notre commando camouflé et grimé en Kormes, qui lui tombera dessus avant qu'elle ait eut le temps de souffler, laissera filer les non-combattants pour qu'ils puissent témoigner de la culpabilité des rebelles mais massacrera impitoyablement tous ceux qui pourraient les avoir vu de trop près au Marchepied ou à Solerane. En se coordonnant avec Diane pendant qu'elle s'isolera "pour pisser" le long du parcours, ça devrait marcher très bien (c'te blague).<br />
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Image à rajouter<br />
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== Enquête ==<br />
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=== Solerane (Diane, Andreas, Eldan) ===<br />
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Entrant en ville par la Porte Basse alors que le crachin continue, le trio d'espions improvisés passent devant les vastes écuries où des palefreniers semblent avoir rassemblé au moins une cinquantaine de chevaux, puis remontent les rues pentues et mal pavées, encadrées d'étroites maisons de pierre et d'ardoise, en direction de l'Hostellerie des Moindres, attenante au temple et tenue par les religieux locaux. Traversant au passage la grand'place surmontée d'un vaste marché couvert au bout duquel s'élève le siège de la Guilde Minière locale, ils constatent que des bouviers attèlent ou chargent des chariots sous les halles, alors que des marchands s'assemblent devant le porche du sanctuaire : ça sent le départ...<br />
<br />
Le réfectoire de l'hostellerie est aussi sombre qu'encombré par une bonne 20aine de mercenaires pour la plupart loqueteux, de forestiers et de négociants qui semblent tous attendre qu'un sergent courtaud et obèse s'occupent d'eux : Eldan le connaît sous le nom de "La Boule" comme le membre le plus corrompu de la garde locale, qui offre fréquemment les services de ses hommes à Jornil Cuivré et laisse prospérer les coupes-jarrets qui hantent avec son fils Jorem la boutique d'un marchand de vins, "Le Carafon".<br />
Pendant que Diane réussit à se bouffer le nez avec l'épaisse bonne-sœur qui sert pain et brouet aux clients (c'est une manie), Andréas trouve son chemin vers la sacristie pour demander au prêtre s'il pourrait s'y installer pour "travailler dans le recueillement nécessaire à ses enluminures". [Sur un jet de "Contacts dans la Pègre" réussit], Eldan le brigand repenti avise bientôt un drôle de novice qui accueille les voyageurs dans la cour en semblant éviter la salle, qu'il reconnaît illico comme un croche-bourse du coin, déguisé pour pouvoir "courtoisement débarrasser les voyageurs de leurs bagages" sans se faire trop remarquer des sœurs et des vrais disciples du Culte (et puisque je peine à lui donner un nom, il le baptise "Boule-de-Suif"). Son camarade interpellé en plein travaille lui explique que La Boule est venu sélectionner les meilleurs combattants disponibles pour les intégrer à l'escorte du convoi minier, les autres devant se contenter de la moindre paye offerte à l'escorte d'une caravane marchande qui devait partir ce matin avec un troupeau de chevaux emishen, mais qui a pris du retard malgré les tentatives du Cuivré pour les faire activer, allant même jusqu'à participer à la solde des convoyeurs pour peu que les marchands acceptent d'ouvrir la route en précédant d'une journée ses propres chariots. Bien sûr, quelques piécettes peuvent toujours faire pencher le jugement de l'adipeux sergent. "Et sinon, on peut saluer des copains au Carafon ? _Ben non, curieusement, y a quasiment personne depuis hier, déjà : ch'ais pas où ils sont tous passés. Même la bande à Jorem elle y est pu'..." <br />
Mais cette "cervelle de moineau" d'Eldan aura tôt fait de perdre l'information.<br />
<br />
Jugeant plutôt minables les guerriers déjà choisis, Diane se porte volontaire et décide de démontrer ses talents à l'arbalète en faisant tinter la haute cloche du temple d'un carreau tiré depuis le fond de la cour, selon un angle de tir particulièrement réduit par les étroites voutes du clocher et dans la visibilité voilée par la pluie et la grisaille : "Si une gonzesse y arrive, j'veux bien l'embaucher, tiens !" ironise La Boule. Et si Eldan s’éclipse vivement vers le campanile pour faire sonner la cloche du pommeau de sa dague si la Kerdane devait manquer, il n'a pas encore atteint le sommet qu'un trait ricoche sur le bourdon et faisant sonner le bronze avant de retomber côté grand' place. <br />
_Et sinon, c'est combien la paye ?" demande la tireuse d'élite d'un ton narquois, avant d'aller rejoindre la table où attendent déjà les autres vainqueurs, deux étrangers à l'air farouche et une paires de jeunes imbéciles qui se présentent comme "Trevan de Rigorne, chevalier errant ! <br />
_Et Gavin, son loyal écuyer. <br />
_Ah ben putain, si c'est le haut du panier j'ose pas voir le fond..." <br />
leur décoche Diane, toujours aimable.<br />
Informé que le convoi va de toutes façons partir le lendemain, que Diane y est embauchée, que l'éclaireur doit aller acheter quelques provisions pour le reste de l'équipe et puisque les religieux sont tous très occupés avec la foule des clients, Andréas profite du reste de sa matinée pour étudier bien tranquillement sa récente trouvaille.<br />
(Spoiler même pour les joueurs de cet épisode : En examinant les bagues mobiles qui se découpent dans la sphère d'or-rouge héritée de Langard, le mage découvre qu'elle est à la fois un focus capable de stocker de l'Essence magique, un catalyseur qui facilite le transfert d'Énergie vitale pour la chargre plus facilement et un amplificateur doublant la portée de la plupart des sorts : bien qu'il ait du payé 2pH pour la retrouver, Andréas Odran est ravi ! Bien sûr, il ignore encore que le spectre de son défunt propriétaire y a été piégé, et qu'il se manifestera lorsque l'objet sera suffisamment rechargé…)<br />
<br />
=== Interlude Forestier (Vignu, Herle) ===<br />
<br />
Pendant ce temps, Vighnu et Herle se sont éloigné dans la forêt après avoir entendu de lointains aboiements : voulant voir de quoi il retourne, ils découvrent une petite chaumière isolée, où une mère de famille fend du bois avec dextérité pendant que ses deux jeunes enfants jouent en rassemblant les demi-bûches sous l’œil de deux énormes dogues de Marale, des molosses presque aussi hauts que des poneys. En s'approchant sous le vent, les mercenaires réalisent que ce doit être la demeure de Thuril le Brun : un forestier réputé dans la région et qu'Eldan leur a expliqué servir régulièrement de guide aux caravanes, en particulier celles de Jornil Cuivré, de loin son meilleur employeur. Ils envisagent un moment de kidnapper un môme pour forcer la coopération de son père, mais après avoir considéré la maman qui fend les bûches d'un coup de hache expert, l'agitation grandissante des chiens, la taille du chenil trop vaste pour "seulement" deux dogues et les probables galères d'avoir à balader un otage de 5 ou 8 ans, les deux farouches guerriers renoncent.<br />
<br />
En rejoignant leurs camarades, ils aperçoivent les traqueurs d'esclaves qui patrouillent les flancs de la montagne et se dissimulent tous si bien qu'Eldan, sorti de la ville basse pendant que le premier convoi s'y assemblait pour partir enfin, va avoir bien du mal à les retrouver. Déposant les provisions en expliquant que Diane a réussit à intégrer l'escorte, l'éclaireur repart aussitôt pour lui transmettre les derniers détails du plan et une dague empoisonnée par les bons soins de Vighnu, "en cas de besoin". <br />
<br />
_Pis ramène le chroniqueur, aussi : on s'arrache dès que la première caravane a fini de descendre la route. <br />
_Mais vous vouliez pas que j'aille jeter un œil à la mine, pour repérer l'autre convoi ? <br />
_Il part demain matin, non ? Qu'est-ce qu'on besoin de savoir d'autre ? Grouille !"<br />
Et ce fût leur deuxième erreur…<br />
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== Préparation du terrain ==<br />
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<br />
=== Sabotage (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
À peine une heure derrière les quelques chariots de marchandises et le troupeau de chevaux qui labourent la route humide devant eux, le commando se met donc en marche en milieu de journée, avançant d'un pas tranquille pour éviter de les rattraper. La fin d'après-midi leur offre une vague éclaircie lorsque, quasiment à mi-pente de la gorge encaissée où les cailloux roulent sous leur pas, ils avisent un sapin qui penche déjà un peu depuis le versant hérissés de rochers du ravin : passant des cordes autour du tronc, Herle, La Poigne, Vighnu (mollement, hein, il est fatigué), Le Grêlé et Oleytan tirent de toutes leurs forces pour finir de le déraciner. Le templier défroqué s'énerve au passage et, quand ses compagnons remarquent que la chute de l'arbre n'a pas l'air très naturelle, il escalade la pente avec La Poigne pour déclencher à eux deux un éboulement susceptible d'expliquer l'accident. Après qu'une coulée de rochers se soient répandus sur la route et que le colosse ait cogné le tronc à coups de pierres pour parfaire la mise en scène et dissimuler les marques de cordages laissées dans l'écorce, l'équipe décide de souffler un peu avant de repartir... et Vighnu remarque alors une silhouette qui les observe de loin, dissimulée parmi les sapins en haut de la crête.<br />
(Si Andréas Odran a tout intérêt à garder le secret de ses talents magiques pour éviter de finir au bûcher, surtout lorsqu'il voyage avec un ex-templier, Hadrien Muraille et Adira Pratesh les ont découvert lorsqu'ils étaient enfermés dans la mine et le fehnri en a évidemment parlé à son cousin : malgré ses craintes instinctives concernant la sorcellerie, Vighnu a abordé le sujet avec Andréas qui s'est montré assez ouvert sur le sujet pour le rassurer...)<br />
<br />
Après avoir discrètement averti le reste de ses camarades de la présence d'un observateur discret et leur avoir recommandé de faire "comme si de rien n'était", Vighnu et Andréas s'éloignent innocemment loin des regard inquisiteurs en pénétrant sous les frondaisons qui bordent la gorge en se donnant vaguement l'air de chercher des plantes : <br />
_Tu peux le chroniquer d'ici, demande l'apothicaire dès qu'ils sont loin de Herle ? <br />
_Assieds-toi avec moi et (Andréas sort la sphère première de son sac) pose tes mains là-dessus, là et là. <br />
_Je sens que je vais pas aimer.... <br />
_Sans doute mais j'ai pas l'énergie pour le faire moi-même alors tu participes où il va se tirer." <br />
Dès qu'ils ont tous les deux les mains sur la sphère de métal rouge, Vighnu se sent soudain très fatigué [ça lui coûte 4 points de Fatigue, mais ça fait 8pts d'Essence pour alimenter les sorts d'Andréas, qui en a bien besoin vu comme il peine depuis plus de deux jours qu'ils sont en marche] et, les yeux fermés par la concentration, le chroniqueur annonce à son camarade : "Il n'y a qu'un seul type, mais il s'éloigne vers... un cheval. Plein nord, au sommet de la gorge. Il sait qu'on l'a repéré. Il se dépêche parce que... le sentier qu'il veut prendre rejoint la route un peu plus haut. <br />
_Tu peux le neutraliser ? <br />
_Je vais essayer mais... <br />
_Fais au mieux, je préviens les autres !"<br />
<br />
=== Interrogatoire ===<br />
<br />
Quand Vighnu sort des bois tout essoufflé en appelant ses compagnons, il explique brièvement que le guetteur est en train de s'enfuir à cheval, mais qu'ils peuvent tenter de lui couper la route et Oleytan s'élance le premier, remontant la gorge au pas de charge, suivi de près par Eldan, Herle de Lorune et le Grêlé. Ils ont beau courir de toutes leurs jambes sur le chemin rocailleux, le cavalier dévale la pente plusieurs centaines de mètres plus haut qu'eux... et tombe de selle en atteignant la route.<br />
<br />
"Quand on sait pas monter..." grommelle Herle, dégageant l'arc qu'il avait en bandoulière en cavalant de plus belle : son cheval trottant pour s'éloigner des ennuis, le guetteur se relève à peine lorsque Lerkoren Oleytan arrive sur lui le glaive à la main, mais réussit à dégainer sa propre épée en se remettant sur ses pieds, à parer et à lui coller un grand coup de pommeau à la tempe, séchant le jeune Elloran avant qu'Eldan ne soit à portée de lame. Le cavalier esquive le coup mal ajusté du Moineau en bout de course et, voyant arriver d'autres adversaires, dégage vivement sur le versant boisé qui descend vers le torrent. Mais Herle de Lorune a stoppé et décoché une flèche, et malgré la distance elle vole entre les arbres, racle l'écorce d'un boulot et transperce le genou du fuyard [3 pions de Fatigue et 1pH : Ego' voulait vraiment le choper] qui bascule dans dans la pente en rebondissant contre les troncs et les rochers. Un instant soufflé par l'expertise du tir, Oleytan, Eldan et le Grêlé regardent le Défroqué d'un air médusé, celui-ci leur fait signe d'aller chercher leur proie et, s'asseyant pour souffler sur un rocher, débande son arc en déclamant un poème sur la rudesse de la vie au bord des eaux [il faut préciser que pendant qu'on joue sur Rolisteam, Ego' dégotte des poèmes de circonstance qu'il déclame à brûle-pourpoint quand il a besoin de libérer de la Tension : ça fait toujours son petit effet et lui obtient à chaque fois le bonus du public]. Le Grêlé en reste un moment comme deux ronds de flanc, puis l'ex-inquisiteur dégage sa dague et, descendant à la suite d'Eldan avec le mercenaire sur les talons, annonce : "Bon, c'pas le tout : au boulot."<br />
<br />
Et pendant qu'Oleytan s'éloigne pour récupérer le cheval, sous le regard mortifié d'Eldan qui a eu tant de mal à récupérer le blessé dans le torrent, à le traîner sur la berge et à lui faire un garrot, Herle entreprend d'interroger le prisonnier, d'abord en lui expliquant qu'il parlera de toutes façons et que ce n'est qu'une question de temps et de douleur, puis en tournant la flèche dans la plaie pour illustrer son propos. Alors qu'Eldan, dégouté, s'éloigne, le cavalier commence à révéler qu'il n'est que l'éclaireur d'une bande de types chargée de suivre le convoi... lorsqu'il tourne de l’œil, moins à cause de la souffrance que des blessures reçues : ayant rejoint ses camarades depuis quelques instants déjà, Vighnu l'examine et, constatant que le prisonnier cumule un sérieux hématome à la tête et des côtes fracturées à sa blessure au genou, annonce qu'il risque d'avoir un peu de mal à le garder en vie plus de quelques heures. <br />
_Et qu'est-ce qu'il a sur la poitrine, demande le chevalier ? <br />
_Tatouage de voleur, explique l'assassin-apothicaire : la Confrérie du Chacal, une espèce de regroupement de brigands, mais j'ai entendu dire qu'ils commençaient à trafiquer des armes dans le coin. <br />
_Non. Ce sont des démonistes ! <br />
_Hein ?! Houlà, non, non, je vous assure messire ils... <br />
_L'étoile à neuf branches est le signe du démon, Maître Pratesh, et cette créature doit être décapitée et brûlée séance tenante. <br />
_Quoi ?! Mais non, enfin, on allait l'interrog... <br />
_Nous ne tolérerons pas l’œuvre du démon et vous n'en serez pas complice, Maître Pratesh, ou bien vous aurez à faire à moi !" <br />
Malgré les protestations de ses camarades, Sire de Lorune défait le long paquet qu'il a sur le dos depuis le départ et en dégage une lourde épée bâtarde à la lame gravée de runes antiques et dont la garde rougeoyante rappelle à Vighnu une certaine sphère : avant qu'il ne puisse s'interposer, l'épée s'abat et la tête du malheureux tombe, tranchée net, entre ses genoux [oui, Herle vient d'exécuter le "peunj-d'information" pour produire une Réaction à 5].<br />
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Image<br />
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=== Fuite ===<br />
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"D'autres cavaliers arrivent !" les avertit Oleytan depuis le chemin, où il monte maintenant le cheval récupéré. Ne sachant pas s'il s'agit de brigands ou de simples civils et préférant éviter de laisser une "scène de crime" qui mette la puce à l'oreille du convoi, les mercenaires bascule le corps dans le torrent et dégage vers l'aval, histoire de dépasser leur éboulement avant d'être vus. Emportant la tête pour la brûler plus tard, Herle s'élance sur le chemin à la suite de ses camarades. Ce n'est que lorsqu'ils ralentissent au bas de la gorge qu'ils s'avisent qu'ils ont oublié Andréas et La Poigne, à qui Vighnu avait ordonné de rester près du chroniqueur pour le protéger : <br />
_Non mais ils sont pas débiles, non plus, ils auront dégagé en nous voyant passer... <br />
_On parle de La Poigne là : le gars qui reste allongé près de l'arbre les yeux fermés pendant qu'on poursuit un cavalier parce qu'on lui a dit de faire "semblant de rien". <br />
_Bon, Oleytan, tu retournes les chercher à pied en passant par les crêtes, on se retrouvera près du gué." <br />
Et le matériel chargé sur le cheval, notre commando hautement qualifié repart d'un pas tranquille sous la bruine persistante.<br />
<br />
=== Reflexions ===<br />
<br />
Sous les pas des mercenaires, une plaine vallonnée, couverte de hautes herbes et parsemée de bosquets, succède bientôt à la forêt escarpée. Une éclaircie illumine le paysage et, quoiqu'en regardant régulièrement par-dessus leur épaule, les PJ en profitent pour sécher un peu en devisant sur la suite. Ce n'est qu'en arrivant au bord du fleuve que Herle insiste pour faire une pause et observer sérieusement les environs, des fois que les Démonistes ("Mais c'est juste des petits truands qui se donnent un genre ! _Des dé-mo-nistes !") aient posté un autre guetteur ou que la première caravane soit encore à portée de vue. Les abords de l'Anil'wel ("la Rivière du Passé") sont remarquablement calmes, mais la profondeur des empreintes de chariot laissées sur la berge intrigue le templier : <br />
_Qu'est-ce qu'il y avait exactement dans ces chariots, Eldan ? <br />
_Heu... un de draps et fourrures, un de ferronnerie, chaudrons, ce genre de trucs, et puis un p'tit chariot de matériel, les vivres de l'escorte, tout ça. <br />
_Grand et gros, le chariot de chaudrons ? <br />
_Pas très non, pourquoi ? <br />
_Parce je commence à me dire que si j'étais un maître-contrebandier qui se méfie d'une attaque sur le convoi le plus important de l'année, j'aurais peut-être bien camoufler le vrai chargement dans la première caravane et tendu une embuscade autour de la seconde…"<br />
<br />
Après avoir passé le fleuve, et puisque la journée touche à sa fin sous les nuages noirs qui s'accumulent à l'est ("Gros orage en provenance de la mer, annonce le Moineau. _Trouve-nous un bon site de bivouac, faut qu'on puisse se reposer ce soir.") le groupe discute toujours de ses soupçons en interrogeant Eldan sur milles détails, puisqu'ils est le seul parmi eux à s'être rendu en ville et à avoir observé les préparatifs de départ. Montant un campement étonnamment confortable à base de branchages installés entre de gros rochers, sur les contreforts des hauts plateaux à l'ouest de la route (en limite de zone 4, sur la carte) et bientôt rejoints par Oleytan suivi d'Andréas juché sur le dos de La Poigne, l'équipe continue de réfléchir à l'idée du Templier.<br />
<br />
Et, à force de se creuser la cervelle, Eldan commence à se remémorer divers détails troublants (les mises en garde du Capitaine ; la désertion du Carafon (d'ordinaire quartier-général des truands et en particulier des séides de Jorem Cuivré) ; Jornil qui pressait le premier convoi de partir au point de payer une partie des frais de l'escorte, finalement un peu excessive pour des marchandises sans grande valeur et comptant assez peu de cavaliers pour que le troupeau de chevaux soit sa principale préoccupation ; les drôles de "barbares" qui trainaient à l'Hostellerie avec Diane), Andréas raconte sa première rencontre avec les Chacals au Cercle des Cascades, Vighnu et Eldan ajoutent leurs connaissances sur la pègre du nord... Il leur faut un moment pour constituer une théorie viable mais, lorsque Herle de Lorune revient de l'incinération de la tête tranchée, ses compagnons se sont rangés à son avis : le butin est caché dans la première caravane (qui n'a que 3 ou 4 heures d'avance sur eux et a du elle aussi s'arrêter pour la nuit), et le deuxième convoi est un piège à leur intention, pour lequel Jornil a embauché les Chacals, originellement venus des Sylves, tout comme Urgrand le sorcier barbu qui les a mis en relation avec les rebelles. _Je vous avez bien dit que c'était des démonistes ! Quand on aura fini cette mission, faudra faire la peau à ce sorcier. _Nous en reparlerons certainement, sourit Vighnu."<br />
<br />
=== Interlude Lointain ===<br />
<br />
Pendant ce temps à Tal Endhil, le Capitaine prend Ranyella Sotorine à part à la fin d'une des nombreuses sessions qui occupent la Guilde depuis le début de la semaine et, alors qu'il voulait lui parler transport nautique et diplomatie locale, la cheffe kerdane lui remet 4 pièces d'argent : <br />
_À quel titre ? <br />
_Une de vos mercenaires a envoyé un message à Écume 6 en demandant qu'on lui envoie une barge au Lac d'Acier. La réponse est que nous avons déjà perdu une barge récemment, que ma famille a autre chose à faire et que la mercenaire en question a perdu le privilège de faire appel à nous : vous seriez gentil de transmettre. <br />
_Oh... merde !"<br />
Et le Capitaine fonce illico au Cercle des Cascades, insiste pour parler urgemment à quelques chamans de sa connaissance et fini par demander à Kal Shemon'Lon de bien vouloir passer un message à Vighnu et Andréas : "Seulement si j'peux mett' un monstre marin. Ça donne du cachet aux visions, les monstres marins. Hihi."<br />
<br />
<br />
<br />
== Infiltration ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Soirée à Solerane (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
À l'Hostellerie des Moindres, après qu'Eldan soit passé en coup de vent lui déposer une dague empoisonnée ("T'aurais rien de plus liquide, pour épicer les vivres de l'escorte ? _Ah heu ben non, mais j'vais demander à l'apothicaire.": jamais revenu), Diane fait connaissance avec ses futurs compagnons de route : si les deux "barbares" au poil noir et à l'air revêche ne font toujours aucun effort pour converser dans la Langue des Pères, elle découvre que le jeune "chevalier errant" Trevan de Rigorne et son fidèle écuyer sont venus au nord "en quête de gloire et d'aventure" et que, malgré leur bref engagement dans les troupes mercenaires ("parce qu'on y voit plus d'action !"), l'aventure leur a fait jusqu'ici plutôt défaut : une escorte de caravane vers Celanire (et quelques troubles sur place dus à l'arrivée d'un nouveau prêtre assez radical), mais toujours pas de glorieux combat. Ils comptaient s'engager dans les troupes d'un héros local, le fameux Capitaine Durgaut de Tal Endhil ("Qui ? Non, 'connais pas...") mais comme Trevan est incapable de réduire son train de vie, les voilà pour l'instant fauchés et ils repartent vers Darverane avec le fourgon de métal, dont le jeune chevalier espère bien qu'il sera attaqué (pour se couvrir de gloire), afin de gagner assez d'argent pour un second cheval (Gavin l'écuyer se plaint de courir derrière depuis deux mois).<br />
<br />
Un très bref duel d'entraînement avec lui permet par contre à Diane de constater que Trevan est extrêmement bien entraîné à l'épée, malgré son inexpérience du combat réel et sa rafraichissante "naïveté". Si son écuyer a d'avantage les pieds sur terre, Diane ne doute pas de pouvoir par contre les manipuler (et ne se préoccupe pas plus que ça d'aller jeter un œil au fourgon ou à la mine).<br />
Elle rencontre bientôt Thuril le Brun, le massif forestier accompagné de deux dogues en charge de guider le convoi, qui vient les avertir d'être prêts le lendemain avant l'aube.<br />
<br />
=== Rêves collectifs (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
Pendant qu'elle dort tranquillement à l'Hostellerie, le tumulte de l'orage qui s'abat sur la plaine est bientôt interrompu par un hurlement de frayeur : sous son abri de branchage, Vighnu vient de s’éveiller d'un horrible cauchemar, une histoire de barques irrémédiablement coulés et de monstre marin qui le dévorait. <br />
_Ça commençait par un faucon ricanant dans la nuit et finissait par un petit oiseau qui te guidait vers un sentier lumineux dans la montagne, demande Andréas ? <br />
_Heu... oui, mais je t'avoue que je me suis réveillé après le poisson géant. <br />
_C'est drôle, moi j'ai juste vu une espèce de grosse murène rôder dans l'eau, mais à part ça, je pense qu'on a fait le même rêve, envoyé par Kal Shem'... <br />
_C'est important les rêves, coupe Herle de Lorune, ce sont souvent les Ancêtres qui nous les envoient. <br />
_Voilà. <br />
_J'allais le dire. <br />
_Et dis-donc, le Moineau, un chemin dans la montagne, ça te dit quelque chose ? <br />
_Ah heu...oui. Le Capitaine avait prévu une solution de secours si on trouvait pas d'embarcations, c'est au nord de Celanire. <br />
_Et c'est fiable ? <br />
_Les plans du Capitaine sont toujours fiables ! <br />
_Suis-je bête. Bon ben demain on peut s'épargner d'aller voir si les Kerdans sont arrivés à la presqu'île et foncer plein sud dès l'aurore pour rattraper le convoi..."<br />
<br />
=== Départ du convoi (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
Et le jour n'est pas encore levé que Diane, Trevan, Gavin et les deux barbares Sylvains dont elle n'a tiré que les noms (Rumbold et Jaromir) rejoignent avec Thuril la mine de cuivre, un véritable petit fortin dont sortent bientôt des cavaliers (dont Craie et Esteval, qu'elle reconnaît et qui la reconnaissent, mais aussi un jeune gandin qui s'avèrera vite être Jorem Cuivré, le fils du grand patron), quelques fantassins supplémentaires, un lourd fourgon de chêne fermé par une porte cadenassées et un petit chariot de matériel tiré par des mules. Retraversant la ville vers la porte basse dans le fracas des roues et des bêtes sur le pavé, le convoi descend laborieusement la route vers le Marchepied en brinquebalant ("Bloumboudoum font les coffres dans le fourgon fermé. _Super : tu fais vachement bien le coffre. _Okaaay... _Ben quoi ?") puis oblique plein sud dans le petit matin.<br />
Très vite, l'arbalétrière comprend qu'entre Craie, Thuril et Jorem, il y a deux chefs de trop dans ce convoi, et en profite pour attiser les inimitiés au sein de l'escorte. Dès qu'elle et d'autres piétons sont employés à retenir les chariots dans la route pentue qui serpente le long du torrent, il lui vient une autre idée pour ralentir le convoi : profitant d'un dérapage du fourgon ("moins lourd qu'il n'y parait... _Ben tant mieux.") <br />
sur la route bourbeuse, alors qu'elle tirait de l'arrière, Diane s'arrange pour que le véhicule passe sur l'un des cochers descendu pour freiner par l'avant, et le conducteur hurle lorsqu'une des roues de bois ferré lui sectionne la jambe à hauteur du genou. Dégager le pauvre gars et lui prodiguer les soins nécessaires, quoique probablement inutiles (le type ne s'en sortira pas sans un bon chirurgien) stoppent le convoi pendant un long moment. Diane en profite d'ailleurs râler sur la paye, semer encore un peu plus la discorde dans l'escorte et monter Trevan de Rigorne contre Craie en proposant de rentrer à Solerane pour repartir du bon pied, mais l'esclavagiste albinos est vite soutenu par Esteval et, à eux deux, ils ramènent un semblant de discipline dans l'équipage qui reprend la route.<br />
<br />
Toujours attentive aux alentours, Diane commence à avoir l'impression distincte que des bruits de sabots suivent le convoi par les crêtes et, lorsqu'elle propose d'aller voir, Craie insiste pour envoyer plutôt Jaromir et Rumbold, les deux Sylvains. <br />
_Dis-donc Trevan, demande-t-elle au jeune chevalier, les deux barbares, là, ils ont été sélectionnés comment ? <br />
_Je ne sais pas, Mademoiselle : je ne crois même pas que le gros sergent les ait mis à l'épreuve, ils ont été embauchés tout de suite. <br />
_Tiens donc..." Et bien sûr, lorsque les deux éclaireurs reviennent "sans avoir rien trouvé", Diane et Gavin espionnent leur bref rapport à l'albinos, la Kerdane entendant quelque chose comme "perdu un gars... <br />
_Dis-leur de garder leurs distances, merde !"<br />
<br />
Lorsque le jeune chevalier et un des Sylvains, chevauchant tous deux à l'avant-garde, signalent un l'éboulement barrant la route, le convoi s'arrête à nouveau, l'escorte se déploie en position défensive et la Kerdane décide d'escalader le pierrier pour en avoir le cœur net : trouvant les empreintes de deux paires de très grands pieds, elle déduit que l'éboulement est l’œuvre de La Poigne et du Défroqué, mais préfère inquiéter les autres pour perdre encore du temps. Le convoi ne repartant qu'après avoir utilisé les mules pour traîner le sapin tombé hors du chemin, Diane s'installe à côté de Thuril le Brun sur le banc du fourgon et entreprend de lui expliquer qu'il se passe des choses très bizarres autour de ce transport, surtout que les Sylvains et Craie semblent comploter un truc bizarre avec des cavaliers qui les suivent [Réaction de Témérité à 5]. Manifestement surpris (et convaincu), le Brun essaye pourtant de dissiper les soupçons de la Kerdane mais ne parvient qu'à éveiller de nouveaux doutes : le guide serait-il de mèche avec d'autres gars voulant braquer le convoi ?<br />
<br />
=== Fuite meurtrière ===<br />
<br />
Avec tout ce temps perdu, il fait déjà presque nuit lorsque la caravane fourbue s'installe pour camper juste avant le gué et que Craie insiste pour envoyer les deux Sylvains et Diane "chercher du bois pour le feu", à bonne distance du camp puisque les premiers bosquets sont à plusieurs centaines de mètres. Méfiante, la Kerdane avertit Gavin et ne suit les deux barbares qu'en traînant les pieds et son arbalète sous le bras, le temps de chercher une solution : elle observe le terrain en détail, évalue les distances... Lorsqu'elle réalise que Craie et Esteval arrive derrière elle depuis le camp alors que les Sylvains la prennent en tenaille par l'ouest, elle se penche pour ramasser une branche morte... et disparaît complètement dans les taillis et le soir qui tombe.<br />
<br />
[À 4 contre 1, Diane est sérieusement dans la mouise, surtout qu'Orlanth refuse d'employer ses pH pour autre chose que progresser. Mais briefé en détail sur les options tactiques d'un sniper et anticipant finement sur ses Mises, il va commencer par un énorme jet de préparation, dégageant 16 pts de bonus temporaires qui ne vont pas être de trop...]<br />
<br />
Transmettant des indications par signes aux deux Sylvains, Craie et Esteval resserrent l'étau autour de la Kerdane... Du moins le croient-ils car, camouflées dans un bosquet à quelques distance, elle se trouve déjà hors de "l'encerclement" et visant soigneusement, elle attend le bon moment pour tirer en comptant sur la fatigue et la tension de ses adversaires. Et lorsque que, croyant avoir vu un buisson bouger, Craie fait claquer son fouet dans le feuillage, l'arbalète claque sans être entendu et Esteval s'écroule sans un râle, un carreau lui ayant perforé le crane par l’œil gauche. Jaromir, l'éclaireur sylvain qui progresse discrètement l'arc tendu, est maintenant la cible la plus excentrée : Diane recharge et lorsque l'albinos -dont les longs cheveux blancs se distinguent nettement malgré le crépuscule- se retourne pour appeler à voix basse son camarade disparu, un second trait claque et se fiche dans la trachée de l'archer, qui s'effondre en gargouillant du sang.<br />
<br />
Immédiatement, Rumbold et Craie comprennent qu'on leur a retourné l'embuscade et cherchent un couvert, mais l'esclavagiste commet l'erreur de vouloir reprendre l'offensive : dégainant son tranchoir et ré-enroulant son fouet, il s'élance en zigzaguant entre les rares bouleaux pour atteindre l'origine du tir... où Diane n'est déjà plus. Et lorsqu'il se retourne pour la chercher du regard, un carreau l'atteint en plein front. <br />
<br />
Alors que des voix commencent à se faire entendre vers le campement, le dernier Sylvain récupère l'arc de son compagnon et, restant prudemment à couvert, scrute le sous-bois en se déplaçant silencieusement vers l'ouest et les profondeurs de la forêt. Rumbold lâche une flèche lorsqu'une ombre se détache brièvement parmi les arbres mais manque de plusieurs coudées, et les deux tireurs continuent leur lente et silencieuse danse parmi les taillis, s'éloignant toujours plus du camp vers la forêt, chacun cherchant à repérer sa cible autant qu'à réduire la distance en restant à couvert... Mais lorsqu'il atteint une longue clairière, le Sylvain doit choisir s'il s'arrête ou s'aventure à découvert et, manifestement décidé à continuer vers l'ouest ou les arbres sont plus dense [et lui permettrons de réduire l'avantage fournit par la portée de l'arbalète], il s'élance soudain au pas de course : il n'a pas fait 10 pas qu'un carreau le cueille en pleine cuisse. Il riposte pourtant, mais manque encore et, étalé dans les hautes herbes, à flèches, il a le réflexe de ne plus bouger et d'attendre que la Kerdane soit obligée de s'approcher : lorsqu'une silhouette blonde apparaît, il se redresse sur un bras pour lancer sa hache mais un dernier carreau lui perce le crâne avant qu'il ait pu finir son geste.<br />
<br />
Accroupie à la lisière des bois, Diane écoute la nuit en reprenant son souffle : s'il lui semble entendre un lointain piétinement de sabots dans la forêt, une chouette ulule à l'ouest quand elle reconnaît le timbre de Trevan approchant par l'est et appelant à mi-voix "Mademoiselle ? Mademoiselle ?". Elle fouille rapidement le corps de Rumbold, récupère le projectile qui saillit de sa jambe et, en plus d'un curieux appeau, d'une solide dague, de quelques pièces de cuivre et d'un lacet d'étrangleur, elle découvre un curieux tatouage sur son sternum, une sorte de loup très mince sur fond d'étoile et de forêt. Soufflant tout bas dans l'instrument, elle émet une sorte de ululement et comprends que d'autres Sylvains appelaient leurs compagnons. <br />
<br />
Quand le jeune chevalier la rejoint enfin, troublé de constater qu'elle vient d'abattre 4 hommes dont leur chef (et qu'il a encore manquer l'action), elle n'a guère le temps de lui expliquer la situation en détail mais, avec l'aide de Gavin qui finissait de fouiller les corps, parvient à le convaincre qu'elle est "la gentille" de l'affaire. Et qu'ils sont tous en danger : il faut fuir, tout de suite, sans repasser par le camp. "Mais je ne peux tout de même pas abandonner mon destrier, proteste le "chevalier errant" ! _Et puis j'ai trouvé la clé du fourgon autour du cou de Craie, fait remarquer Gavin : ça vaudrait le coût de jeter un œil..." (On pourra pas dire que j'ai pas essayé.) <br />
Diane hésite un instant, car la tentation est forte, mais se ravise et, tirant doucement le chevalier confus par le bras, elle l'entraîne avec son écuyer vers le fleuve, contourne le camp par la rive, trouve le gué malgré la nuit et, alors qu'un fort tumulte et une cavalcade semble agiter le bivouac derrière eux, ils disparaissent dans la nuit et les flots grondant...<br />
<br />
Ils marchent depuis plus d'une heure, que le chevalier a passé à se plaindre de la perte de son cheval, du poids de son pavois et de ses pieds douloureux, lorsque Diane et Gavin réalisent que des cavaliers sont à leurs trousses : quittant le chemin pour tailler à travers bois, le trio sème temporairement ses poursuivants dans l'épaisseur des taillis et tente de prendre un maximum d'avance avant l'aube (passant sans le savoir à peu de distance de l'endroit où, la nuit précédente, ses compagnons ont campé pour s'abriter de l'orage).<br />
<br />
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== Dernier tronçon ==<br />
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<br />
=== Sabotage d'un chariot ===<br />
<br />
Durant la journée, Vighnu, Andréas sur le cheval, Herle de Lorune, Eldan, Oleytan, le Grêlé et la Poigne ont continué d'avancer à marche forcée sur la route forestière (segment 4 du trajet) détrempée tant par l'orage de la nuit que par les quelques ruisseaux qui s'écoulent vers le lac, grossis des eaux de pluie. Eldan, le plus leste de la bande, a rapidement pris de l'avance sur le reste du groupe en espérant rattraper la caravane assez tôt et trouver moyen de la ralentir jusqu'à ce que ses camarades le rejoignent. Et en effet, lorsque l'après-midi touche à sa fin et que le Moineau émerge de la forêt (début de zone 5), il découvre le troupeau de chevaux paissant tranquillement dans la grande prairie en bordure du Lac d'Acier, près des trois chariots arrêtés au bord du chemin entre lesquels les voyageurs ont allumé un petit feu pour sécher leur paletots. La moitié d'entre eux prennent d'ailleurs le soleil ou nettoie leur vêtements bourbeux sur la berge pendant que les autres cassent la graine et se reposent de la rude journée qu'ils viennent de passer à pousser les carrioles dans le chemin forestier tout à la fois étroit, sinueux, bourbeux, rocailleux et coupé par les crues miniatures (argl).<br />
<br />
Profitant des hautes herbes et de ce que seulement trois sentinelles semblent encore (vaguement) se préoccuper de monter la garde, le Moineau progresse par l'ouest, traverse la route sans être vu et se glisse subrepticement jusqu'au chariot de ferronnerie. Il entreprend alors d'arracher avec sa dague les clous qui maintiennent une des roues arrières sur l'essieu, mais il n'a pas tout à fait le temps de finir que l'arrivée de l'unique sentinelle à cheval, qui commence à réunir les chevaux égayés e vue du départ, l'oblige à se dissimuler sous la carriole. Son mouvement d'ailleurs trop vif et trop peu discret fait se cabrer l'un des chevaux, la sentinelle descend de selle pour voir ce qui se passe alors qu'une autre est descendue du chariot de draps (étrangement le seul où un garde soit resté en faction) : Eldan, bientôt coincé, ne s'échappe qu'en profitant d'un instant d'inattention né du chef de convoi qui bat le rappel de ses compagnons, juste le temps pour lui de retraverser la route et de s'éloigner en rampant dans les hautes herbes. Néanmoins, la roue d'un des chariots ne tient plus que par un clou et l'éclaireur a reconnu l'homme qui gardait le chariot "de draps" : c'est Darjodrahl, le garde du corps/assassin hornois de Jornil Cuivré en personne, et sa seule présence indique qu'ils ont vu juste...<br />
<br />
[Là, vous comprendrez que j'ai un problème spatio-temporel massif : Diane/Orlanth a toujours environs 24h de retard sur les autres joueurs, qui eux sont à moins de 24h de l'objectif réel, et d'ailleurs la caravane va arriver à l'Auberge du Pont. Si je laisse tourner la chronologie normalement, Diane ne rattrapera ses compagnons que bien plus tard, probablement après que l'action soit terminée : c'est vraiment con. Alors comme pour une fois j'ai mes 4 joueurs-combattants ensemble (ça n'a a été le cas que deux séances sur sept), je fais une entorse à mes principes pour mon Orlanth préféré, Diane passe donc à travers une faille temporelle et rejoint ses camarades, qui pour la plupart n'y ont vue que du feu.]<br />
<br />
=== Regroupement et combat (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Trevan, Gavin, Diane) ===<br />
<br />
À la lisière des bois, le reste de la troupe s'est arrêté pour faire une halte après 10h de marche forcée qui lui ont "presque" permis de rattraper le convoi, lorsque Oleytan à l'arrière-garde annonce trois piétons mal en point qui clopinent vers eux : c'est Diane la Kerdane et deux inconnus, dont un sérieusement blessé. Le trio de fuyard a en effet été rejoint par quelques cavaliers-chacals dans la journée et, lorsqu'un bref combat, Diane en a abattu un de plus, Trevan en a blessé un deuxième et le troisième a planté sa lance dans le flanc du pauvre Gavin avant d'être "héroïquement mis en déroute" par le chevalier errant (et donc il s'est barré, quoi). Rapidement mis au courant des mésaventures les uns des autres malgré l'insistance du chevalier qui veut savoir s'ils sont des "malandrins" <br />
_("Ben heu... on est des bandits d'honneur qui volons aux riches pour donner aux pauvres et défendons les petites gens contre l'oppression. <br />
_Vrai ? Quelle aventure ! Je suis bien content de vous avoir rencontrés et de pouvoir joindre mon épée à votre noble cause ! <br />
_C'est qui ce débile, exactement ?")<br />
, tous s'accordent à dire que les deux priorités du moment sont qu'ils ont 1) encore une petite heure de retard sur leur objectif et 2) seulement une courte avance sur les 6 ou 7 cavaliers qui poursuivaient encore Diane, Trevan et Gavin. "Ça tombe bien, fait remarquer Vighnu : on va avoir besoin de chevaux."<br />
<br />
Une fois l'équipe déployée autour de l'appât constitué par Gavin (rapidement rafistolé par Andréas) et Trevan installés au bord de la route, le "combat" est aussi rapide qu'unilatéral : Diane snipe le premier cavalier, le second reçoit une flèche de Herle avant d'être démonté d'un grand coup d'épée par Trevanet si les 4 autres qui les suivaient freinent à bonne distance pour descendre de cheval, ils découvrent vite qu'ils sont encore à porter de tir quand l'arbalète fait une seconde victime et qu'un autre adversaire prend une flèche dans la hanche en descendant de cheval. Les deux derniers, d'abord décidés à profiter du couvert des sous-bois pour arriver au contact voient bientôt le chevalier, le Grêlé, Vighnu et la masse du Templier s'avancer vers eux, et se dispersent dans les taillis dans l'intention manifeste de se carapater. C'était sans compter sur l'inhumaine discrétion de la Poigne, qui éclate à la masse le crâne du malheureux qui avait presque réussi à surprendre l'assassin (longue journée + problèmes de cœur : petite forme, le fehnri) et lorsque ce dernier se met en quête de l'ultime ennemi rescapé, il le trouve affalé sur le ventre et ligoté par le layss d'Oleytan, d'ailleurs assis sur son dos. <br />
_Très bien mon gars ! Allez, on le ramène aux autres et... <br />
_Non. <br />
_Je te demande pardon ? <br />
_Non, Vignupratesh : cet homme est mon prisonnier, et il porte un tatouage. Je ne laisserai pas tes cinglés de compagnons massacrer un vaincu. Je comptais le laisser repartir après que nous ayons pris du champ. <br />
_Mais c'est une très mauvaise idée, mon ami : il va rejoindre ses compagnons... <br />
_C'est son droit. <br />
_...les alerter sur notre position. <br />
_Bah je peux lui trancher un mollet, si tu veux : il devra repartir en boitant et ne rejoindra les siens que bien après que nous soyons partis. <br />
_Hem... bon écoute, je vais voir où en sont les autres et je reviens vers toi, d'accord ? <br />
_Chouette : tu peux me ramener à boire ?"<br />
Et leur seul autre prisonnier, blessé à la hanche, est une prise inattendue : Jorem Cuivré, soi-même. Terrifié et enfiévré par la douleur, le propre fils du patron-minier balance tout ce qu'il sait dès que Herle et Diane froncent les sourcils : oui, son père se doutait qu'il serait attaquer et a conçu la ruse des deux convois, oui il a embauché les Chacals à sa demande par l'intermédiaire d'un contact qui trafique du sel et d'autres marchandises "tombées du chariot" entre Darverane et Solerane, oui ils se doutaient bien que le Capitaine Durgaut était derrière tout ça mais son père ne pouvait pas se permettre de faire attendre Rhilder. "<br />
_Mais pas du tout, mes fringants compagnons et moi-même sommes des bandits d'honneur qui volons aux riches pour... <br />
_Non arrête, Trevan, t'es chiant : on bosse pour Durgaut, en fait. <br />
_Quoi ? Palsambleu mais alors vous m'avez roué ! Quelle aventure ! <br />
_Mais vosu êtes cons, pourquoi vous balancez un truc pareil devant le prisonnier ?! <br />
_Parce qu'il va pas repartir de toutes façons..." explique Vighnu avant de lui trancher la gorge [Réaction Cynisme 5 : ouch !].<br />
Et abandonnant ses compagnons avec le chevalier errant qui fait un scandale, il entraîne Diane vers l'endroit où il a laissé Lerkoren Oleytan en lui expliquant la situation : "Mais quel chieur ! 'Sont tous comme ça vos venteux ? <br />
_C'est pas la question : je compte sur toi pour abattre le prisonnier après qu'on l'ait "libéré". <br />
_Pas de problème mais faut pas que le môme me repère... <br />
_Je t'aiderai." Et, en effet, Vighnu fait assez de boucan en rejoignant son jeune ami pour que l'approche de la Kerdane passe inaperçue : une fois le prisonnier ahuri rendu à la liberté sans arme et avec un talon d'Achille tranché ("Rhaaaaaaaaa ! <br />
_Pis traîne pas mon gars, parce qu'avant la nuit, y aura des loups..."), Vighnu ramène Oleytan vers leurs compagnons en l'entretenant de ses soucis sentimentaux, que le jeune Elloran ne comprend que trop bien. Cette émouvante confession les empêche d'entendre le claquement d'une arbalète qui vient de mettre fin à une très brève fuite, après quoi Diane rejoint les autres pour récupérer les carreaux qui, ayant atteint des parties molles, peuvent encore être extraits à la dague (faut dire qu'elle n'en a plus que 7, avec tout ça).<br />
Le temps de répartir les désormais 9 cavaliers, dont un blessé, sur les 7 chevaux disponibles ( _Quelle malchance : aucun d'entre eux ne montait mon cher destrier ! _Couillon, moraliste et obssédé par son canasson : il est pas venteux votre chevalier, des fois ?") <br />
et la troupe repart au galop à la poursuite du convoi.<br />
<br />
Eldan, rapidement récupéré et pris en croupe, explique qu'il a pu confirmer que le butin était dans le chariot de draps et saboter la carriole de ferronnerie, mais que la caravane a repris sa marche et qu'elle a encore repris près d'une heure d'avance. Trottant de leur mieux sur leurs chevaux déjà éreintés, les mercenaires fourbus voient s'amenuiser leurs options en même temps que le soleil couchant : s'ils peuvent encore rattraper leur objectif avant l'Auberge fortifiée (d'autant que la roue déclouée peut céder n'importe quand), il leur faudrait encore prendre le temps de se déguiser en Kormes, abandonner pour cela leur matériel le plus avantageux, attaquer en plaine, couper la fuite à quiconque sauterait sur un des 50 chevaux pour donner l'alerte, défaire une quinzaine de "gardes" (dont au moins 4 professionnels dignes de ce nom et Darjodrahl) à seulement 8 combattants, rafler le butin et dégager à travers champs avant que des renforts n'ait pu intervenir depuis le fortin : <br />
_C'est pas la peine de se casser le cul à galoper, fait remarquer Vighnu : on est tous trop crevés pour se battre efficacement. Il faut trouver autre chose... par exemple s'introduire à l'Auberge du Pont cette nuit, avant que la caravane ne reparte pour Darverane avec trois ou quatre fois plus de monde. <br />
_C'est ça, on va trimballer 200kg de coffres blindés par-dessus les remparts et tout le monde trouvera ça normal. <br />
_J'ai peut-être une idée, propose Eldan : je sais que le chariot de ferronnerie est destiné à Celanire, alors si on pouvait remplacer discrètement le contenu des coffres par des fers à cheval et d'autres objets en fonte pour planquer le butin sous les chaudrons, on aurait plus qu'à attaquer demain matin un p'tit chariot presque sans escorte allant justement dans la bonne direction. <br />
_Mmmmh... et tu ferais ça comment ? <br />
_Ben on j'pourrais entrer à l'auberge avec Gavin en innocent blessé et l'honorable médecin-érudit Andréas, on repère les lieux et le butin, pis on aide Vighnu, Oleytan et tous ceux qui savent grimper et se faire discrets à passer la muraille, pis on s'introduit là où sont gardés les chariots, on se débrouille pour changer le butin de carriole sans faire trop de bruit, les grimpeurs repartent pis, le lendemain, ni vu ni connu, on braque le transport de chaudrons sur la route de Celanire. <br />
_Mais dis donc, tu sais que si on laisse quelques gars à l'extérieur pour éviter que les gars du deuxième convoi nous tombent dessus à l'improviste ou viennent raconter des âneries à la garnison locale, ça pourrait presque marcher, ton affaire ? <br />
_Très bien, jeune homme : je suis ravi de constater qu'on ne t'a pas emmené pour rien..." conclue le Défroqué.<br />
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== A l'Auberge du Pont ==<br />
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=== Première nuit ===<br />
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Pendant que le reste du groupe se dissimulait avec les chevaux dans un bois, Eldan le Moineau, Gavin l'Écuyer blessé et Andréas, sous l'identité d'un érudit de Brasure, ont précédé la caravane à l'Auberge du Pont pour observer son arrivée et ses mesures de sécurité. Ils y ont découvert que la herse qui barre le fameux pont était baissée suite à des attaques répétées des Kormes sur la route vers Darverane (qu'on leur avait annoncée "rouverte") : les voyageurs et marchandise s'accumulant alors dans l'auberge envahie de tentes, de chariots et de bien plus de résidents qu'elle n'en peut héberger ou même nourrir, et les prix y grimpaient de manière délirante.<br />
<br />
Une fois les hommes de Jornil Cuivré arrivés et le chariot "de draps" (dissimulant les coffres que visent nos vaillants mercenaires) bouclé pour la nuit dans une grange gardée, Eldan observa les lieux pour chercher le meilleur point d'entrée (la garde mercenaire habituelle est doublée d'un contingent de l'armée régulière qui semble obéir à Darjodrahl, le lieutenant hornois du Cuivré), il manqua d'être lynché en accusant publiquement une jeune tire-laine plus charismatique que lui, Andréas fit le tour de l'auberge sur-bondée et récupéra la bourse volée au Moineau, puis Gavin sortit brièvement pour prévenir ses (autres) camarades de la situation avant que les portes ne soient fermées pour la nuit et tous trois se retrouvèrent au spectacle donné par les saltimbanques dans la cour...<br />
<br />
Les autres mercenaires ont d'ailleurs passé un début de soirée tendu, la journée les ayant laissés sur les nerfs. Tout particulièrement Vighnu chez qui les affres sentimentaux s'ajoutaient à la tension et à la fatigue de cette mission [il trimballe toujours ses deux points de "Trauma" (rebaptisés "Marques" depuis la dernière réécriture du système) dus à ses problèmes avec Islinna) et pète donc les plombs beaucoup plus souvent que d'habitude. C'est d'ailleurs d'autant plus intéressant que, sa principale Réaction étant le Cynisme, le fait même qu'il soit fâché avec sa douce parce qu'il est un assassin cynique l'incite à se comporter en assassin cynique. Comme dit souvent mon collègue "Cancrela", «Ça devrait s'appeler "nÉvrotic"...».] Le fehnri était en fait tellement stressé que lorsque Gavin est venu leur annoncé que le chariot était sous clé et qu'Eldan s'était fait gravement repéré en perdant sa bourse et en déclenchant un esclandre, Vighnu a sorti sa dague pour la lui coller sous la gorge en gueulant "Mais vous êtes complètement cons nomdedju, on peut rien vous confier !". Immédiatement, il a senti l'acier froid de l'épée que Trevan de Rigorne lui posait sur la nuque, Herle de Lorune a dégainé son nerhil pour piquer la pointe sous le diaphragme du chevalier errant, Diane a braqué son arbalète chargée sur l'oreille du précédent et le Grêlé, passant sa lance entre le fehnri et l'écuyer, a finalement demandé de son habituel ton sarcastique si la mission intéressait encore quelqu'un ou s'ils allaient tous s'entretuer à 300m du butin juste parce qu'ils ne savaient pas tenir leur nerfs. L'assassin a donc rengainer son katara et tout le monde a lentement rangé ses armes en échangeant des regards méfiants : folle ambiance...<br />
<br />
Pendant qu'Eldan "sympathise" avec des compatriotes Anguedais ("du Duché d'Anguedale"), des bergers occupant la tente la plus proche de la porte de la remise (la verte, sur le plan), Gavin tâche d'en déloger la barre qui la ferme de l'intérieur à l'aide d'un cure-pied (une espèce de crochet pour nettoyer les sabots des chevaux) et n'arrive qu'à la déloger en partie ("J'finira 'pu tard !").<br />
<br />
[Tentative rigolote : Gavin, qu'Orlanth incarne désormais pour éviter de ne jouer que son Arbalétrière confinée à l'extérieur, possède une Ressource "Paquetage" qui n'est définie que comme son aptitude à sortir tout et n'importe quoi du fatras accumulé dans son baluchon à force de chapardages, pour peu qu'il réussisse un jet sous le domaine "Voyage" et avec tous les talents appropriés. Le jet est plus ou moins difficile en fonction de ce qu'il espère tirer de son sac à malice, et il peut y miser d'autant plus d'Énergie que l'objet désiré correspond à ses talents...]<br />
<br />
Après avoir profité de l'enthousiasme du public devant la performance des baladins pour remplir en partie son focus, sa bourse elle aussi bien garnie a permis à Andréas d'accéder à la partie de dés qu'organise pour ses amis fortunés un certain Dorian «le Magnifique», marchand reman particulièrement entreprenant puisque, grâce au courtage, au tripot installé dans une des rares chambres privatives et à la prostitution de son époustouflante maîtresse fehnri, Sohashna, il est probablement la seule personne à tirer quelque profit de son séjour à l'Auberge du Pont. C'est surtout, pour nos mercenaires, le seul autre type assez influent sur place pour avoir obtenu que sa propre roulotte soit elle aussi gardée sous clé dans la fameuse grange... Après quelques coups de dés qui lui ont fait gagner un peu de menue monnaie, Andréas se retire du jeu et de la conversation entre puissants négociants pour lancer le sort qu'il a préparé pour glisser dans l'esprit de Dorian et de sa courtisane une certaine idée fixe : "le commerce ne vaut rien ici, la route ne rouvrira pas, autant retourner à Solerane."<br />
<br />
Frôlant le malaise tant il a investi d'énergie dans sa "Chimère", le chroniqueur s'excuse et prend congé, entendant en partant les deux amants discuter de leur départ à l'aube. Comme Gavin et Eldan (mais du côté de l'étable), il s'installe alors pour dormir quelques heures dans la cour, afin de rester aux premières loges en cas de besoin. En attendant la diversion prévue par ses camarades à l'extérieur, il s'endort malgré les protestations fréquentent des campeurs qui râlent chaque fois que quelqu'un les réveille en faisant du bruit dans la cour, rajoutant un peu de merdier à chaque fois...<br />
<br />
''Extrait des Chroniques des Marches du Nord d'Andréas Odran <br />
<br />
Après avoir réalisé que nous nous étions fait bernés comme des bleus et que le chariot que nous pourchassions n'était qu'un leurre, nous avons quasiment rattrapé le faux chariot de draps. Le plan mis au point par Eldan et Vighnu était d'opérer une substitution entre le coffre que nous recherchons et des ferronneries d'un autre chariot lors de l'arrêt du convoi à l'Auberge du Pont. <br />
<br />
J'ai été affecté au groupe d'éclaireurs, en compagnie du brave Eldan et de Gavin, le soi-disant écuyer du soi-disant chevalier errant. Pas mécontent de laisser derrière moi le poète-répurgateur et ses tendances homicides qui me feraient presque regretter feu Conrad de Mélanque, nous avons doublé au large le convoi pour découvrir une auberge absolument bondée, un vaste campement de tentes débordant de ses murs. Moutons et poulets courraient en liberté là au milieu, dans un bazar que d'aucuns auraient trouvé joyeux. Ce n'était pas mieux à l'intérieur, et il me fallu jouer des coudes pour y entrer, tandis qu'Eldan essayait d'interroger des gardes à l'extérieur - comptant sur la camaraderie militaire. Il a rapidement découvert que la route de Darverane n'a jamais réouvert : les quelques marchands qui ont essayé de l'emprunter sont revenus la queue basse et soulagés de leurs biens, et le contingent de gardes de l'auberge s'est vu renforcé. La conversation a ensuite tourné court, pour autant que j'aie bien compris les explications embrouillées d'Eldan : il semblerait que la réputation de la camaraderie militaire soit en fait largement usurpée... <br />
<br />
Pendant ce temps, Gavin et moi-même nous frayâmes tant bien que mal un chemin dans la salle de l'auberge bondée, où tout un tas d'individus tentaient d'accéder à un comptoir où l'on servait de la nourriture. Très franchement, les moutons de la cour me parurent plus dignes que cette pitoyable assemblée d'humains se battant pour leur pâtée. Enfin... J'espérais trouver plus de calme à l'étage, il n'en fut rien : l'étage était intégralement couvert de lits et de paillaissades, et la seule zone privative était réservée par un riche marchand et gardée par un mercenaire. J'ai bien tenté d'expliquer à l'un des commis de l'auberge que je ne souhaitais pas partager mes nuits avec une bande de garçons de ferme illettrés, mais celui-ci a pris la mouche (je suppose que c'est un ancien garçon de ferme toujours illettré). Ce serait donc compliqué pour moi d'obtenir un coin tranquille où préparer mes petites diversions...<br />
<br />
Pendant ce temps, à l'extérieur Eldan assistait à l'arrivée du guerrier hornois escortant la caravane des marchands de draps. Usant d'un subtil mélange de force brute, de regard mauvais et de cette indicible autorité que procure le fait d'être une machine à tuer, le Hornois a rapidement imposé son autorité auprès des gardes, fait entrer le chariot contenant le coffre dans une remise fermée (dont il a conservé la clé), et réquisitionné une chambre et des repas pour ses employeurs. Le reste du convoi, lui, s'installait hors des murs de l'auberge. Et notamment le chariot de ferronneries avec lequel nous comptions faire l'échange. Voilà qui compliquait sérieusement notre affaire. Eldan a aussi appris que la remise en question était occupée par un autre chargement appartenant à un riche et important marchand : des verreries, apparemment. Et ce riche marchand n'était autre que celui qui occupait la grande chambre à l'étage de l'auberge, où parait-il il organise des parties de dés pour tuer le temps en attendant la réouverture de la route. Il aurait déjà plumé certains de ces collègues...<br />
<br />
Je retrouvai Eldan dans un coin pas trop encombré de l'auberge et nous avons commencé à discuter de nos options. C'est alors qu'Eldan a été bousculé par une jeune fille qui lui subtilisa la bourse confiée par Durgaut. Il l'a arrêtée, mais elle avait déjà passé l'objet du délit à un complice que j'ai pu repérer et suivre. Je l'ai retrouvé dans les latrines où il contemplait le fruit de son forfait. Bien qu'il fut armé d'un méchant coutelas et ait l'air plus costaud que moi, j'ai serré le manche de ma dague en prenant mon air le plus menaçant et je l'ai sommé de me rendre l'argent. De façon incroyable, j'ai dû avoir l'air suffisamment méchant pour qu'il me rende la bourse sans combattre [jet d'Intimidation +1pH !]. Pendant l'intervalle, ce brave Eldan avait accusé publiquement de vol la jeune fille. Celle-ci se lança alors dans un numéro théâtral de fragilité féminine qui aurait bien fait rigoler Diane, et quelques courageux sont intervenus - espérant probablement passer pour des chevaliers blancs et ainsi trousser la donzelle d'ici la nuit. Eldan, pas si brave que cela au final, s'est copieusement fait casser la gueule et je l'ai retrouvé tout ensanglanté dans la cour. Ce fut pour moi l'occasion de m'essayer aux arts dentaires pour réparer la mâchoire du garçon. Je crois que je m'en suis bien tiré, et après tout cette dent cassée lui donne un air aventurier qui devrait plaire à ces dames.<br />
<br />
C'est alors qu'est advenu l'évènement le plus sidérant de cette soirée : Gavin, le paysan-écuyer, a été pris d'un soudain accès d'initiative et s'est esquivé pour faire un rapport au reste du groupe ! Alors ça ! Que croyait-il le bougre, que nous allions rester sans prévenir nos compagnons ? Je n'en reviens pas, quelle outrecuidance ! Moi qui pensait que les capacités intellectuelles de ce garçon ne dépassaient pas celles de la limace ou du templier, le voilà qui nous donne des leçons d'opérations clandestines. Il va falloir que nous nous reprenions, Eldan et moi. <br />
<br />
Au final, nous sommes parvenus au plan suivant : nous restons sur la substitution, et celle-ci s'effectuera directement au sein de la remise, entre le coffre que nous recherchons et le chargement de verreries. De mon côté, je vais essayer d'aller rencontrer le marchant de verreries, probablement au cours d'une partie de dés. Charge à moi de faire usage de toute ma persuasion pour le convaincre de partir le plus rapidement possible vendre sa cargaison à Solerane, où nous l'attendrons sur la route...<br />
<br />
Notre chroniqueur omet sciemment de préciser que sa fin de soirée fut consacrée à assister au spectacle offert par quelques baladins, dont la jeune fille et l'acrobate ayant subtilisé la bourse d'Eldan, un jeune joueur de vielle à roue et le conteur qui les dirige, un Estrani nommé Horacio. <br />
Le but d'Andréas était moins de se détendre que de profiter des spectateurs assemblés pour effectuer le rituel de "La Sentinelle au Bal" par lequel il peut tirer de l'Essence magique de l'émotion partagée d'une foule, et ainsi recharger son focus récemment acquis.<br />
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<br />
=== L'éclaireur à abbattre (Diane, Vighnu, Le Grêlé, Trevan, Herle, La Poigne, Oleytan) ===<br />
<br />
Grimés en Kormes après un court débat quant à Diane ("Les femmes Kormes combattent généralement seins nus mais peinturlurées jusqu'à la taille. _Essaye-voir et tu vas pas retrouver tes doigts. Moi j'aurais des fourrures. _Bon, bon..."), le chevalier errant Trevan de Rigorne et Herle de Lorune surveillent la route depuis les bois à l'ouest du fortin pendant que l'arbalétrière rampe dans les hautes herbes près de la berge sud, se glissant entre les cavaliers qui surveillent la cinquantaine de chevaux qui n'ont pas pu trouvé asile à l'auberge. Lorsqu'elle en effraie quelques-uns en déclenchant un début de panique dans le troupeau, que les cavaliers doivent alors empêcher de piétiner les tentes plantées à l'extérieur, la plupart des gardes aux créneaux du fortin se tournent vers le sud. C'est le moment qu'attendaient Vighnu, Oleytan, La Poigne et le Grêlé pour s'élancer depuis la lisière des bois au nord-ouest : le fehnri est le premier à franchir le rempart dans l'ombre de la tour ouest, profitant de l'angle mort repéré par Eldan. Le jeune Elloran le rejoint avec aisance et redescend dans la cour sans être vu, pendant que Vighnu place le grappin et la corde qu'ils trimballent depuis Tal Endhil pour faciliter l'escalade des suivants, puis rejoint son camarade au sol et tout deux se cachent un instant sous l'arcade de la chapelle ("Ch") pour observer l'endroit : Andréas dort à poings fermés à quelques pas d'eux, un garde est toujours en faction devant le portail de la grange et, en plus de ceux qui surveillent l'extérieur depuis les deux tours, un autre patrouille la cour. Mais le vrai danger semble venir d'une lucarne à l'étage de l'étable, où se trouve les chambres "de luxe" : derrière un volet, un rai de lumière trahit la présence d'un homme de Darjodrahl surveillant la cour.<br />
Derrière eux, La Poigne peine à glisser sa panse entre les créneaux, manque d'être repéré mais s'encoigne dans l'angle de la tour ouest avant d'être rejoint par le grêlé... lorsqu'une cavalcade isolée sonne sur la route au dehors et que la sentinelle au-dessus d'eux crie soudain "Qui va là !?".<br />
<br />
En rejoignant Trevan et Herle, Diane avait elle-même repéré le cavalier, reconnu un des hommes de Jornil qui accompagnait le soi-disant "convoi de métal" et tenté de l'abattre à l'arbalète avant qu'il ne puisse s'annoncer à l'Auberge bouclée pour la nuit. Mais son unique tir manqué de tout le scénario s'est perdu loin de la cible sans même être remarqué et, freinant au pied de la tour ouest, le cavalier n'est finalement à portée d'arc que lorsque le garde l'a déjà remarqué : sans savoir où en sont leur camarades ni s'il peut les mettre en danger, le trio hésite à abattre l'arrivant juste le temps qu'un autre membre de la caravane, qui montait la garde à l'extérieur près des tentes des marchands de chevaux, ne le reconnaisse et viennent à sa rencontre... "Ouvrez les portes !" crie la sentinelle à l'intention de ses collègues.<br />
<br />
Du rempart, le Grêlé indique par signe à Vighnu qu'ils ont un sérieux problème : le reste du commando comprends qu'il leur faut d'urgence neutraliser ce messager nocturne qui pourrait compromettre toute leur opération. Heureusement, près du portail que deux autres gardes s'apprêtent à ouvrir, Gavin qui ne dormait que d'un œil commence à râler : "On veut dormir ! N'ouvrez pas la porte ! Si ça se trouve, c'est des Kormes !". Les protestations sont bientôt reprises par ses voisins, et Gavin envenime la situation pour gagner du temps, poussant un des nouveaux copains anguedais d'Eldan à aller se plaindre aux deux soldats qui déverrouillent la porte en arguant qu'ils ont payé pour la protection de l'auberge et que le couvre-feu vaut pour tout le monde. Le ton monte bientôt à travers toute la cour lorsque Andréas se joint aux réfugiés mécontents et en convainc une poignée d'aller gueuler auprès des hommes en faction au pied de la grande tour. <br />
<br />
Profitant du merdier, le Grêlé et La Poigne se sont introduits dans la tour ouest, ce dernier a tué la sentinelle et l'autre ouvre maintenant la porte du rez-de-chaussée à Vighnu et Oleytan : pendant que le Grêlé enfile la livrée du soldat pour le remplacer à son poste, les trois autres montent au rempart sud et le longent jusqu'à la petite porte de bois qui donne sur le grenier de la grange. Dégainant sa dague, il travaille alors à en faire sauter la barre...<br />
<br />
Sentant la situation dégénérer à l'intérieur du fortin où des archers sont apparus en haut de la grande tour- et parce que les caravaniers installés à l'extérieur commencent à vouloir se joindre aux deux hommes qui cognent au portail, Diane, Herle et Trevan (toujours déguisés en Kormes et surveillant les événements depuis la lisière des bois) décident de passer à l'action : le plus proche gardien de chevaux est abattu d'un carreau d'arbalète dans la poitrine, deux flèches descendent simultanément un caravanier armé et une sentinelle mal avisée et le trio se rapprochent à couvert des chariots et des tentent qui bordent le chemin vers le pont, bien décidé à réduire le messager au silence avant qu'il n'ait pu parler aux gardes ou à Darjodrahl le Hornois...<br />
<br />
=== Emeute et mort de Darjodrahl (Vighnu, Oleytan, Andreas, Eldan, Gavin, La Poigne) ===<br />
<br />
Dans la cour, Andréas voit arriver un garde de plus et l'engueulade devant le portail toujours fermé (et à l'extérieur duquel deux types gueulent "Ouvrez ! C'est important ! Un messager de Solerane !") tourne bientôt à l'empoignade : un des soldats pointe sa lance sur Gavin, Eldan se tient prêt à agir, l'autre soldat repousse brutalement le berger... et le chroniqueur lance discrètement un sort pour attiser la colère de la foule. Immédiatement, les protestations tournent à l'émeute et plusieurs résidents se jettent sur les soldats sortant de la Grande Tour. Gavin saisit la lance qu'on pointait sur lui et tente de désarmer le garde, écopant d'une méchante estafilade à l'épaule et les deux hommes luttent pour l'arme lorsque Eldan surgit et décapite le soldat par derrière, éclaboussant de sang le pauvre écuyer qui en reste un instant interdit.<br />
Le second soldat qui s'était précipité pour ouvrir le portail se retourne et n'a que le temps de dégainer son arme avant que le Moineau ne se rue sur lui en brandissant sa lame ensanglantée : le garde esquive une première fois, recule pour éviter un coup de lance de Gavin et le Moineau (très en forme) l'empale contre le portail. Derrière eux, sans armes ni grand talent pour la bagarre, les émeutiers amateurs se font rapidement tailler en pièce par les soldats et mercenaires de plus en plus nombreux à sortir du donjon...<br />
<br />
À peine Vighnu et La Poigne ont-ils fait un pas dans le grenier enfin ouvert que Lerkoren Oleytan arrête le fehnri d'un geste : il lui semble distinguer une silhouette dans le grenier obscur. Repéré, le Hornois jaillit et -avant que quiconque n'ait pu réagir- son épée à deux mains ouvre un profond sillon dans le thorax de La Poigne. Le colosse vaincu n'a pas encore touché le sol que Vighnu a déjà lancé une dague empoisonnée qui croise l'épée s'abattant sur lui : sa parade précipitée au katara aurait été insuffisante si Oleytan n'y avait pas joint son précieux arc à double-courbure, la lame hornoise déviant en tranchant dans le bois. Le fehnri pare une nouvelle attaque avec l'aide de l'Elloran, utilisant la corde de son arc pour lier un des bras de Darjodrahl, et se fend pour planter son katara dans la poitrine du Hornois pendant que, à peine relevé, La Poigne lui abat en chancelant sa masse d'arme sur l'occiput : à la fois empoisonné, poignardé et assommé, l'ennemi s'effondre sans un cri sur le plancher disjoint.<br />
<br />
Dehors, quatre "émeutiers" ayant été tué en un instant, Andréas reflue vers le fond de la cour avec les autres réfugiés vers le maintenant horrifiés de la tournure de leurs protestations. Entre les archers qui pointent maintenant leur flèches vers la cour et les soldats qui ont envahi la cour, Gavin comprend également que leur petite émeute a fait son temps et lâche la lance pour se réfugier dans une tente comme n'importe quel innocent apeuré par les événements. <br />
Eldan n'a pas la même présence d'esprit et, lorsque trois hommes d'armes avancent vers lui, l'adrénaline qui bat dans ses veines le pousse à tenter de leur tenir tête. Deux blessures plus tard, acculé contre la porte de la remise, il ne peut que faire mine de se rendre en posant piteusement le glaive hérité de son père pour se donner le temps de décrocher derrière lui la barre de la porte, déjà à moitié dégagée par Gavin quelques heures plus tôt. Lorsque les gardes avancent pour l'arrêter, Eldan bondit par la porte soudain libérée, claque le battant au nez des soldats et replace la barre avant qu'ils n'aient pu l'en empêcher.<br />
<br />
Lorsqu'un carreau d'arbalète cloue soudain le crâne du messager contre le portail de l'auberge, son compagnon s'arrête net de cogner pour qu'on lui ouvre mais n'a que le temps de pousser un cri avant qu'une flèche de Herle le réduise au silence. Désormais repéré mais toujours déguisé, le Défroqué décide d'exploiter au mieux la situation et s'avance à découvert en hurlant l'un des rares mots de lange des Vents qu'il maîtrise à l'attention des défenseurs : "KOOOORME !" scande-t-il en défiant les hommes aux créneaux, qui lui répondent à coups de flèches.<br />
<br />
=== La Grange (Vignu, Andreas, Le Grêlé, La Poigne, Eldan, Oleytan) ===<br />
<br />
S'étant fait ouvrir la porte de la tour ouest par Le Grêlé, Andréas le suit par les remparts jusqu'au grenier où Vighnu tente maladroitement de panser les blessures de La Poigne. Andréas n'obtient guère de meilleurs résultats pendant que ses compagnons descendent dans la grange où Eldan arrivent bientôt par la remise. "Les gardes sont à mes trousses" explique-t-il bien inutilement puisqu'on les entend marteler la porte barrée. D'autres coups et des voix retentissent bientôt au portail verrouillé de la grange : "Darjodrahl ? Un type vient de rentrer par la remise, est-ce que tout va bien ?!".<br />
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Nos voleurs échangent des regards atterrés, Le Grêlé colle une taloche à Eldan pour sa peine et le corps sanglant du Hornois continue de goutter un sang poisseux à travers le plancher du grenier pendant que les gardes s'énervent à l'extérieur quand, finalement, Vighnu tente d'imiter le phrasé rogue et guttural de son ami Barbaras : "Ouais ! J'l'ai vu mais il s'est tiré ! Tout va bien !" répond-il avec son meilleur accent Hornois. Quoiqu'un peu hésitant, le garde de faction finit par répondre "Faîtes attention quand-même, hein, on dirait bien que des Kormes sont à nos portes..." mais s'éloigne lorsqu'un grognement de hornois met fin à la conversation.<br />
Alors que tous soupirent de soulagement, Oleytan les avertit depuis le grenier d'où il surveillait les alentours par la porte du grenier, ouvrant directement sur la cour : <br />
_Pssst, y a des guerriers plein les remparts et c'est la panique dans tout le fortin. Qu'est-ce qu'on fait ? <br />
_Et surtout, qu'est-ce qu'on va faire demain, quand il faudra ouvrir la grange pour laisser partir la roulotte de Dorian et qu'ils trouveront le corps de Darjodrahl ?<br />
_Surtout qu'Eldan est maintenant complètement grillé, pis y a des gars qui risquent de finir par l'identifier... <br />
_Et j'ai perdu le glaive de mon père." ajoute l'intéressé d'un ton chagrin.<br />
Mais à l'extérieur, les appels redoublent et les soldats commencent à vérifier toutes les portes à la recherche de "l'espion des Kormes" qu'ils croient poursuivre...<br />
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=== Feinte (Le Grêlé, Eldan) ===<br />
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Dehors, Trevan a sauté sur un cheval qu'il cabre en brandissant sa lame juste au-delà de la portée des archers, pendant que Diane récupère ses carreaux, aussi précieux que compromettants, sur les corps qui lui sont accessibles. Un cri retentit alors sur le rempart sud : "Il est là ! L'espion Korme s'enfuit par l'ouest !" Après avoir ainsi ameuté tout le monde dans et hors les murs, Le Grêlé, toujours en livrée de la garde se précipite vers la tour ouest suivi par Eldan. Après s'être barricadé, ils rejoignent bientôt le sommet. "Il est là ! Attention ! Il va sauter !" hurle le Grêlé alors qu'une silhouette à peine noircie bascule par-dessus le rempart. Au pied de la tour, Herle a également sauté à cheval et puisque les trois "kormes" à l'extérieur ne semblent pas réagir à la ruse, le "garde" s'écrit encore : "Ses compagnons viennent le chercher ! Il va s'enfuir, vite !" Et de tirer quelques flèches aux buissons, pendant que Trevan et Diane ramassent le compromettant cadavre du garde étranglé plus tôt par La Poigne, et disparaissent au grand galop vers la forêt.<br />
Soldats et mercenaires envahissant les remparts, Le Grêlé et Eldan se retrouvent vite coincés de toutes part et, utilisant la corde et le grappin à leur disposition, ils descendent le long du rempart sud et disparaissent à leur tour dans les bois sans avoir été remarqués. "Bon, ça nous aura fait gagner un peu de temps, constate Vighnu depuis le grenier, mais on a encore du boulot…"<br />
<br />
=== Dans la grange (Gavin, Vignu, Andreas, La Poigne, Oleytan) ===<br />
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Après avoir discrètement permis à Gavin de les rejoindre par la remise, nos cambrioleurs retranchés dans la grange découvrent bientôt sous les linges et couverture du "chariot de draps" quatre gros coffres ferrés, fermés par des cadenas et liés au fond du véhicule par de lourdes chaînes. "Bordel, comment est-ce qu'on va ouvrir ça ?"<br />
Vighnu, peu habituer à la serrurerie malgré ses doigts de fée, casse le seul crochet sorti de la besace de Gavin, l'Écuyer essaye à son tour avec un long clou mais sans plus de succès et Le Grêlé lui-même y épuise ses maigres compétences. "Nan mais c'est pas possible, y en a pas qui sache crocheter dans cette équipe de voleurs ?! _Ben y avait le Moineau... _Et merde !!!". Persuadés que la clé des coffres doit se trouver sur l'homme de confiance du cuivré, Vighnu, Andréas et Gavin fouillent et refouillent deux fois le corps du Hornois à sa recherche : rien. "Merde ! Merde ! Merde ! _Bon, allez, on reprend du début, c'est forcément là, quelque part et on s'y met tous..." Pendant que La Poigne se repose de ses blessures, les armes, l'armure, les bijoux, les vêtements, les bottes, la bourse, les poches et le cadavre de Darjodrahl sont ainsi inventoriés et retournés dans tous les sens par les voleurs au désespoir jusqu'à ce que, finalement, Gavin remarque que son gros médaillon cliquète curieusement quand on le secoue. Vighnu et lui s'acharnent sans résultat sur l'objet, jusqu'à ce que le chroniquer, habitué aux casses-tête, saisisse comment le pendentif peut être dévissé et révèle bientôt la clé tant espérée ! Et dans chacun des quatre coffres qu'on leur avait pourtant défendu d'ouvrir (mais Herle et Eldan ne sont justement plus là pour faire des remarques), nos héros trouvent des douzaines de lingots : argent, cuivre, étain, bronze... Il y a là toute la production que Solerane destine à la prévôté, mais aussi la part des mines d'argent qui revient à l'état-major : en tout, c'est près de 200 lingots et donc quelques 250 kilos de métaux qui s'offrent à leurs yeux ébahis. "Gavin, remet illico ce que tu viens de glisser dans ta besace : tout ça est maintenant la propriété de notre Capitaine. _Pfff…"<br />
<br />
Andréas inspecte ensuite la roulotte de Dorian le Magnifique, occupée aux deux tiers par une épaisse couchette couvertes de coussins, des filets de marchandises pendant du toit et jusque entre les roues, des étagères couvrant tout le tiers arrière : <br />
_Ah ben il voyage dans le luxe, le fumier.<br />
_Si j'avais une minette comme la sienne, moi aussi j'passerais les trajets à baiser, tu peux me croire !<br />
_Oh pis dis-donc : des fioles variées, des épices, de l'argenterie, de la verrerie, des bijoux, de la nacre, des miroirs : il vend que du luxe, le gars !<br />
_Crénom dîtes, c'que c'est beau !<br />
_Gavin, repose ça tout de suite : pas question que le Magnifique s'aperçoive qu'on a touché à sa roulotte." <br />
Andréas jugeant que la caisse du véhicule est assez profonde pour qu'on y étale les lingots en un tapis bien lisse que les occupants de la couchette ne devraient pas trop remarquer, il n'y a plus qu'à attendre la diversion prévue pour commencer le transfert du chariot vers la roulotte…<br />
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=== Diversion (Trevan, Herle, Eldan, Diane) ===<br />
<br />
Il ne reste plus qu'une ou deux heures avant l'aube lorsque Trevan, Herle, Eldan, désormais tous maquillés en Kormes, se répartissent autour du fortin et, à l'aide du mélange d'essences et d'huiles piochées au hasard dans la trousse alchimique de Vighnu (fallait pas la laisser à l'extérieur), enflamment des flèches qui produisent des couleurs plus qu'aléatoires avant de siffler au-dessus des bâtiments pour s'écraser sur les toits de chaume humides où tomber dans la cour, n'enflammant que quelques tentes vite éteintes. C'est néanmoins suffisant pour que Diane puisse se faufiler par le sud jusqu'au portail, et récupérer le dernier carreau d'arbalète y clouant encore la tête du messager.<br />
"Les Kormes ! Les Kormes reviennent !" crie-t-on bientôt dans tout le fortin.<br />
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Dès que Lerkoren Oleytan a annoncé qu'une drôle de flamme bleuâtre venait de s'écraser dans la cour ("Rha les saligots !"), Andréas et Vighnu ont commencé à installer les lingots sous le matelas de la roulotte, pendant que Gavin et La Poigne garnissaient les coffres de fers à cheval, de pierres, d'une enclume et tout ce qui pourrait y simuler le poids et le bruit du butin subtilisé.<br />
Et c'est peu avant l'aube, ses compagnons s'étant effondrés de fatigue depuis un moment, qu'Andréas fini seul d'arranger la roulotte pour camoufler avec le plus grand soin son chargement secret...<br />
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== Récupération du trésor et autres péripéties ==<br />
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[À partir de là, la fin du scénar à été jouée en "flashbacks" successifs jusqu'au combat final. J'utilisais Herle de Lorune, orphelin de joueur depuis plusieurs séances, pour poser des questions auxquelles les joueurs répondaient pour déclencher un flashback. Chacun avait le droit de d'initier deux scènes : l'une contant comment un de leurs camarades avait réussi un exploit et une autre collant à un autre PJ la responsabilité d'un échec, ce qui nous permettait de ne jouer que les scènes "intéressantes" et de faire un peu de montage alterné. <br />
Comme la scène "de débriefing" se jouait presque en aveugle, seul Loriel savait dès le départ que son perso, Vighnu Pratesh, avait survécu (mais bon, comme il avait accumulé 7pH, je me doutais qu'il ne mourrait pas dans cet Épisode) et les autres joueurs ignoraient si ce qu'il affirmait était vrai, ou simplement un mensonge pour conforter le templier blessé... Évidemment, chacun commençait son premier flashback avec toutes ses jauges à fond, mais devait ensuite gérer les pertes et les récupérations de scène en scène, et les joueurs ont souvent ajouté des détails pour régénérer de la Tension ou se passer la patate chaude. Ça a été un peu décousu, la règle "un exploit d'autrui et une bourde d'autrui par joueur" n'a pas complètement été respectée mais, globalement, ça a donné un final intéressant à cet Épisode qui commençait à traîner en longueur...] <br />
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=== Réveil de Herle ===<br />
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Il fait très froid aux abords du col et l'obscurité règne sous les sapins gelés. Vighnu, transi jusqu'aux os, scrute pourtant les alentours lorsque, quelques mètres en contrebas, Herle bascule du cheval où il l'avait attaché : au contact de la neige, il émerge pour la première fois du sommeil où l'avait plongé l'hémorragie et ses profondes blessures et tend la main vers le fehnri, qui s'empresse à son chevet. <br />
_E... Eldan... où est...le Moineau ?<br />
_Il n'est pas loin, il est parti en éclaireur.<br />
_Gnnh. Le butin ?<br />
_Pas loin non plus, en arrière, sur les bêtes.<br />
_On a... on a réussi ?<br />
_Oui, on a réussi.<br />
_Alors putain, d'où ils sortaient ces types ?<br />
_C'est la faute à Eldan, il était en avant lors de l'embuscade, mais il a laissé passé les gars qui descendaient de l'autre convoi par le nord..."<br />
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=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Dans la forêt matinale, à une volée de flèche de la route vers Solerane, Eldan est en train de soulager sa vessie contre un arbre lorsqu'il aperçoit une silhouette évoluant à croupetons parmi les buissons. Il n'a que le temps de se jeter derrière un tronc qu'une flèche en racle l'écorce. Pendant que notre éclaireur se rajuste et encoche lui-même un trait dans son arc, l'ennemi tire une deuxième flèche et atteint le cheval du Moineau, qui s'enfuit dans la forêt. "Rha zuuuteuh !"<br />
Eldan riposte, manque, se remet à couvert et commence à manœuvrer pour s'approcher de son adversaire lorsqu'il aperçoit un deuxième homme, s'approchant furtivement depuis la route une hache à la main. Le Moineau tire une nouvelle flèche à l'archer adverse, le blesse légèrement et jette un coup d’œil pour surveiller l'approche du second ennemi : comprenant qu'il est repéré, l'homme à la hache profite de ce que l'éclaireur a décoché pour charger en levant sa hache. Lâchant son arc, Eldan dégaine son fidèle glaive pour le recevoir... _Mais tu l'avais paumée, l'arme fétiche héritée de ton père ! Grâce à qui l'as-tu retrouvée ? _Grâce à Gavin, qui l'a ramassée pendant que les soldats tentaient d'enfoncer la porte de la remise après que je m'y sois enfermé !<br />
<br />
=== Témoignage de Gavin ===<br />
<br />
Gavin est en train de cavaler à travers la cour de l'Auberge, l'épée d'Eldan sous le bras. Sur les remparts que l'aube éclaire à peine, c'est la panique et tout le monde hurle "Les Kormes ! Les Kormes reviennent ! Tous aux créneaux !". Le problème de Gavin, c'est qu'en se levant au matin dans la cour endormie, le beau glaive à la lame gravée (d'une femme nue : "Rho chouette !" fait Gavin) sous le bras parce qu'il ne voulait pas prendre le risque qu'on le lui vole, il a décidé de pisser derrière un pilier où, par malchance, dormait un garde (vous voyez comment les joueurs ont créé un fil rouge héroïque de scène en scène ? "J'étais en train de pisser quand..."). Éclaboussé et immédiatement réveillé, le soldat a ouvert les yeux pour voir l'écuyer "armé" levé au-dessus de lui et s'est mis à crier "Aleeeerte !". Coup de bol, c'était vraiment l'alerte puisque c'est le moment qu'ont choisi des dizaines de Kormes pour s'avancer sur le pont...<br />
Gavin cavale de son mieux entre les dormeurs et les tente, sachant que la plupart des autres sont déjà partis, il cherche une cachette ou un moyen de s'enfuir du fortin, mais le portail est à peine refermé et, en plus du furieux trempé d'urine qui le poursuite avec sa hallebarde, les guerriers commencent à s'accumuler aux remparts.<br />
"Heureusement, Herle est venu à la rescousse !" précise Orlanth, utilisant son "exploit d'un autre PJ" pour s'en sortir. Bon, là, comme techniquement Herle est un PNJ depuis déjà deux ou trois séances, c'est moi brièvement qui raconte.<br />
<br />
En effet, la porte pas encore barrée craque soudain sous l'impact d'un chariot utilisé comme bélier par trois "Kormes" plus ou moins chevelus : Diane, Trevan et Herle de Lorune sont venus évacuer leurs derniers camarades (et permettre aux vrais Kormes d'investir le fortin, histoire que les dégâts ainsi causés camouflent autant que possible l'intervention du commando). Sous la volée de flèches qui pleut alors autour d'eux, les trois peinturlurés décrochent à toute vitesse, plus ou moins suivi par Gavin qui part dans une direction légèrement différente avec l'air du pauvre hère pris dans la tourmente. Un coup d’œil alentour lui révèle d'ailleurs plusieurs dizaines de Kormes progressant par le pont vers la herse baissée en échangeant des traits avec les défenseurs de la grande tour, et de petits groupes épars traversant le fleuve accrochés à des radeaux : l'écuyer s'enfuit vers l'ouest sans demander son reste, et retrouve bientôt le reste du commando. "Hé mais c'est mon épée !" s'exclame Eldan en voyant arriver Gavin. "Celle-là ? Non, non, j'l'ai trouvé à l'Auberge... _Après que je l'ai lâché devant les gardes, ouais ! Rends-moi ça ! _Rho mais-heu…"<br />
<br />
=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Retour dans la forêt : Eldan dégaine donc le précieux glaive hérité de son père puis sauvé par Gavin... et pare le premier coup de hache de son adversaire. Il reste au plus près de l'ennemi pour gêner le tireur qui se rapproche par le nord et, lorsque son opposant trébuche sur une racine [1pH pour éviter d'être gravement blessé par un coup de hache], Eldan le sèche pour le compte d'un grand coup du plat de la lame sur l'oreille, puis roule vivement dans les buissons pour éviter la flèche que l'archer lui décoche une fois son angle de tir dégagé. Bondissant d'arbre en couvert et de tronc en fourré, Eldan se rapproche de lui et, lorsqu'il n'est plus qu'à une 10aine de mètres, le dernier trait décoché à peine rebondit contre l'écorce d'un sapin, le Moineau fonce au contact : l'autre n'a que le temps de tirer sa dague que la lame gravée lui tranche l'épaule, éclatant le trapèze, l'omoplate et la clavicule dans une gerbe de sang. L’hémorragie finit de l'achever pendant que notre éclaireur souffle un peu, découvre le tatouage de la Confrérie du Chacal sur la poitrine de l'archer et lève enfin le nez vers la route quand il entend passer le tonnerre de chevaux aux galop : 6 ou 7 cavaliers foncent à bride abattue vers le sud, d'où monte déjà la clameur d'un combat, puisque l'embuscade y a commencé. "Meeeeerdeuh !" s'écrie Eldan en repartant vers le sud à toutes jambes.<br />
<br />
=== Herle ===<br />
<br />
Serrant son poing massif sur la cape enneigée de Vighnu, Herle de Lorune commence à s'énerver : <br />
_Mais par les Pères tu vas me dire comment vous avez rattrapé le chariot, à la fin ?". <br />
_C'est grâce à Vighnu, intervient le Moineau qui vient de sortir de l'ombre [puisque là, on peut raisonnablement supposer qu'il n'est pas mort] "Il a réussi à trouver des chevaux, puis à nous guider à travers la campagne pour atteindre la forêt avant la roulotte du Magnifique. Il a été formidable ! <br />
_Mais comment vous avez fait pour sortir le butin de l'Auberge ?!? <br />
_Oh ben ça, c'est grâce aux...heu... talents d'imitateurs d'Andréas…"<br />
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=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
L'aurore pointe à peine sur la cour de l'auberge encore à moitié endormie quand Dorian le Magnifique et sa suite, fraîchement augmentée de plusieurs mercenaires recrutés sur place, exige du Lieutenant Sanderen (commandant le fortin pour l'Armée du Nord) qu'on ouvre les portes à sa roulotte, parce qu'il refuse de rester plus longtemps dans un relais aussi mal défendu. L'officier ne s'était d'ailleurs pas levé si tôt pour se faire emmerder par des marchands et grimpe sur la margelle du puits pour annoncer d'une voix forte que, le fortin étant assiégé depuis cette nuit, tout ceux qui auraient encore la mauvaise idée de s'en prendre aux défenseurs -pour des raisons de taxe ou d'insatisfaction quant au couchage- seraient considérés comme complices des Kormes et pendus aux murailles !<br />
<br />
Un soldat vient alors cogner à la porte de la grange où Andréas, caché dans la remise, vient juste de finir un splendide dessin de Darjodrahl, assis dans l'ombre dans une attitude aussi distante qu'agressive, qui va lui permettre de concentrer sa magie [il a créé un puissant sort de Chimère sur tout le rez-de-chaussée de la grange, lui permettant d'y animer un personnage d'autant plus crédible dans sa mauvaise humeur qu'il se base sur l'altercation de la veille entre Sanderen et le Hornois]. Évitant de croiser le regard mauvais du guerrier qui les admoneste depuis le coin obscur de la pièce, le marchand et ses hommes se dépêchent de sortir leur carriole, d'y atteler les bœufs et de quitter l'Auberge. Pendant qu'on referme le portail derrière la suite de Dorian, l'agitation et sa vessie tirent bientôt Gavin du sommeil et, dès que l'écuyer se met à cavaler poursuivit par un hallebardier, Andréas profite de la confusion pour quitter la grange sans être remarqué et aller se recoucher dans un coin... Lorsque, évidemment, les Kormes attaquent.<br />
<br />
[Précision rigolote, mais que les PJ ignorent : quand les joueurs on demandé ce qui avait provoqué l'attaque des Kormes, je leur ai expliqué qu'ils surveillaient évidemment depuis des semaines le fortin et le pont contrôlant le passage vers le nord-ouest de la Région des Lacs, et qu'ils ont décidé de passer à l'action quand, cette fameuse nuit, il est devenu manifeste que des "camarades" assiégeaient l'endroit depuis la rive gauche et envoyé des signaux à coups de flammes colorées : le temps de s'organiser, ils ont donc profité de l'occasion pour tenter de prendre la position. "Mais c'est notre faute si les Kormes ont attaqué ?!! _Hé, oui : vous êtes très forts.."]<br />
<br />
"Mais vous... demande Herle, comment vous êtes sortis de là ? _Oh ben nous on a profité d'une corde dégottée par Gavin dans la grange pour se tirer par les remparts comme on était venus, un peu avant l'attaque. Tu t'en souviens pas ? On vous a retrouvé à l'extérieur, avec les chevaux.<br />
[Les joueurs font quelques jets pour confirmer cette version de l'histoire, et payent 1pH pour cette histoire de chevaux : entre ceux qu'ils ont amenés eux-mêmes et le troupeau dispersé dans la nature, c'était raisonnablement probable d'en trouver pour tout le monde.]<br />
On a juste eut quelques ennuis à cause de Diane qui était restée en arrière..."<br />
<br />
=== Témoignage de Diane ===<br />
<br />
Pendant que Herle, Trevan et Gavin évacuent vers l'ouest, l'Arbalétrière s'est en effet arrêtée pour se nettoyer à grande eau (parce que les peintures de guerre, ça colle affreusement dans les cheveux longs). Elle est d'ailleurs en pleine toilette quand une bande de Défunts, trempés d'avoir traversé le fleuve glacé à la nage, prennent pied sur la rive et la considèrent avec circonspection : d'abord parce qu'elle est, sinon jolie, du moins sculpturale [Physique 4, Athlétique 4, Allure 4 : elle ressemble à une héroïne d'Adam Hughes], ensuite parce qu'elle est manifestement en train de se débarrasser de peintures semblables aux leurs, qu'elle revient d'avoir enfoncé le portail du fortin et que les Kormes s'attendaient à trouver des camarades sur cette rive. Sauf que Diane a des cheveux, et ça, c'est pas normal... "Ben quoi bande de débiles, leur balance-t-elle alors en Langue des Vents, vous allez rester là à mater ou vous êtes venus pour participer à l'assaut ?!? Bougez-vous le cul merde, on est pas là pour roupiller !" [Et de faire une énorme réussite sur son un jet de Social+Langues Étrangères+Allure+Intimidation+Volonté.] Un instant médusés, les Kormes saluent respectueusement cette guerrière étrange qui ne peut être qu'une cheffe influente et vont se joindre au combat, l'un d'eux tendant même un carré de tissu à la Kerdane pour qu'elle finisse de s'essuyer...<br />
"Comme quoi c'est carrément pas ma faute, ajoute l'arbalétrière qui vient de sortir de l'ombre auprès du templier blessé : j'avais même réglé le problème quand ce crétin de Vighnu est venu foutre sa merde !"<br />
<br />
=== Témoignage de Vighnu ===<br />
<br />
[Un jet d'orientation particulièrement raté pour retrouver les autres après avoir rassembler des chevaux vient en effet de basculer une 10aine de pions dans la case de Tension de Vighnu, qui a par ailleurs toujours des pions de Marque psychologique (anciennement appelés "Traumas") suite à sa crise sentimentale avec Islinna (et qu'il essaye d'évacuer depuis 3 séances). Il est donc très largement en Surtension...]<br />
À quelques centaines de mètres à l'ouest du fortin, ses compagnons en train de sauter sur les montures qu'il vient de leur procurer, Vighnu aperçoit à la lisière des arbres encore obscures une jeune et belle jeune fille rousse (il reste de la peinture rouge dans les cheveux de Diane) portant un manteau emishen et entourée d'une 15aine de Kormes... Son sang ne fait qu'un tour (sans passer par le cerveau) et l'assassin s'élance au grand galop en hurlant "ISLIIIIINNAAAAAAA ! J'ARRIIIIIIVE !" avant que ses camarades n'ait seulement pu songer à le retenir.<br />
<br />
Diane voit alors le Fehnri surgir de la nuit comme un diable, les Kormes qui s'éloignaient déjà ralentissent à l'arrivée de l'intrus et, chargeant toujours, Vighnu bondit de son cheval sur le pauvre gars qui tendaient une serviette à la guerrière et l'égorge d'un grand revers de son katara en beuglant "Touche pas à ma copiiiine !". "Mais t'es complètement taré ! J'suis pas ta gonzesse !", s'écrie Diane alors que l'assassin halluciné se relève souplement, quoiqu'un peu confus et couvert de sang, pendant que "l'innocent" Korme agonise dans l'herbe haute. Et tous les Kormes alentours de se ruer vers eux en brandissant leurs armes. Sautant à cheval, la Kerdane furieuse et le Fehnri honteux essuient de justesse quelques flèches, javelots et hache de jet mais parviennent à dégager à fond de train avant d'être encerclés.<br />
<br />
Lorsqu'il rejoignent Eldan, Herle, Trevan, Gavin, Le Grêlé, Oleytan et La Poigne maintenant tous en selle, Vighnu ne prend même pas le temps de s'expliquer : "Dorian et le butin doive être loin devant nous, maintenant : on va couper la plaine par l'ouest à bride abattue, les doubler avant la forêt et les attendre au premier guet ! _C'est moi ou on aura passé la moitié de cette mission à cavaler derrière des convois ? _Ferme-la et galope !".<br />
<br />
_Oui heu bon, toi qui a fait vœu de chasteté tu peux pas comprendre mais les femmes, tu vois, ça te mélange tout dans la tête et... <br />
_L'embuscade, par les Pères ! Raconte-moi l'embuscade ! <br />
_Haem donc, comme je te le disais, Diane a organisé une embuscade aux petits oignons, mais on a eu des visiteurs imprévus…"<br />
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== L'embuscade ==<br />
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[Après s'être tous reposés pendant une Scène grâce à l'avance prise dans la course, Diane fait un gros jet de préparation avec le soutien de tous ceux qui ont quelques scores de Tactique, de Camouflage ou d'Embuscade (et dans un groupe de mercenaires du nord, ils sont nombreux) pendant que Vighnu fait un solide jet de camouflage pour tout le groupe : bénéficiant d'un confortable bonus tactique réparti sur plusieurs personnages, d'un excellent point de vue pour la tireuse d'élite et d'une Difficulté de repérage monstrueuse, les PJ et leurs camardes sont prêts à ne faire qu'une bouchée de l'équipage du Magnifique…]<br />
<br />
Le timide soleil matinal jaunit les nuages gris et la pluie qui n'en finit plus de détremper la forêt, gonflant en torrent le ruisseau qui coupe la route de Solerane, juste au pied d'un trio de gros rochers de grès surplombant de leur butte une myriade de petits blocs, le gué et la route. Invisibles derrière les rocs et bosquets alentours, les vaillants mercenaires de Tal Endhil, confiants dans la garde d'Eldan ½km au nord, observent la lente arrivée par le sud de la roulotte fermée et escortée par deux cavaliers et cinq fantassins. <br />
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Image<br />
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Les éclaireurs à cheval de Dorian le Magnifique avancent en effet à pas prudents dans le torrent, pleinement conscients de traverser un splendide site d'embuscade, mais sans parvenir à repérer les guerriers déguisés en Kormes qui attendent le signal de Diane, postée au sommet des rochers, pour les assaillir de quatre côtés. La Kerdane laisse avancer les cavaliers le plus loin possible et, lorsque le premier d'entre eux menace a déjà largement dépassé les rochers et risque d'être bientôt hors de portée de la redoutable arbalétrière, elle l'abat d'un carreau en pleine tête [encore un, il faut dire qu'Orlanth soigne ses jets de tir et mise systématiquement en Visée] dès qu'il échappe à la vue de ses compagnons. Ce n'est que lorsque le garde du corps personnel du marchand commence à donner des signes d'inquiétude, un musclé patibulaire et couturé de cicatrices qui se désaltère au bord du torrent tout en jetant des regards insistants alentours, qu'un deuxième carreau démonte le second cavalier sur la rive nord, déclenchant l'assaut : avant qu'un des éclaireurs ait pu finir de crier "Aleeer..." des flèches fusent de toutes part, les grands couteaux de jets pris par Vighnu sur le corps du Hornois tournoient dans les feuillages, des guerriers jaillissent de chaque buisson et, en quelques secondes, la majorité de l'escorte agonise sur la terre bourbeuse du chemin. Mais les battants de bois sur le flanc de la roulotte viennent de s'ouvrir, libérant une appétissante fehnri à peine couverte d'une fourrure qui s'enfuit à toutes jambes à travers bois :"Oh m'am'zelle, reviens ! Faut pas courir toute nue dans les bois comme ça !" s'écrit Gavin-le-Korme-du-Terroir (pour récupérer quelques pions de sa Réaction "Plouc") avant de s'élancer à ses trousses, croisant la route du marchand courant à la suite de sa compagne dans son seul pantalon (mais sa cassette sous le bras, emballée dans une couverture)…<br />
<br />
"Cavaliers au nord !" signale alors Diane d'une voix forte, avant de tirer un nouveau carreau sur le premier des hommes qui viennent de croiser Eldan. "Soldats au sud !" lui répond la voix du Grêlé qui vient de repérer les quelques hommes de Jornil et de Sanderen partis du fortin après avoir repoussé les Kormes (qui n'ont jamais réussit à prendre la grande tour pour ouvrir la herse barrant le pont), découvert le corps de Darjodrahl dans la grange, vérifié le contenu des coffres et s'être lancé "à la poursuite du marchand félon" (et qui viennent de freiner d'un coup en découvrant l'escorte massacrée par les "Kormes", qui sont décidément partout).<br />
<br />
=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
"Attendez... et le chroniqueur-à-tout-faire, il était où, là ? _Heu... hé bien figure-toi qu'il y a eut un miracle, une véritable apparition divine, comme récemment à la Mine Bénie : c'est dire si les Pères sont avec nous !"<br />
Quand une poignée de Kormes franchit le parapet et commence à s'en prendre aux voyageurs piégés dans la cour, Andréas se précipite vers la seule porte qui n'ait pas encore été solidement bouclée, celle de la chapelle, entraînant à sa suite quelques réfugiés paniqués. À peine la porte barrée par un banc, le mage évalue le cheptel à sa disposition, serré comme des sardines dans l'espace exigu entre les piliers sculptés représentants les huit Premiers : il y a là la jeune voleuse, le vieux conteur, le garçonnet à la vielle et l'acrobate-détrousseur (soudain gêné de se découvrir barricadé dans une pièce de 9m² avec "l'intimidant" érudit), un jeune soldat affolé (qui a lâché sa pique au premier signe de danger), une des servantes de l'auberge et une commère serrant une poule dans ses bras tremblants. <br />
<br />
Des cris (et des caquètements) de terreur accueillent les premiers coups de hache qui s'abattent sur la porte, mais Andréas Odran connaît la manœuvre : "Prions mes frères, les exhorte-t-il avec toute la force de sa conviction ! Prions que les saints Pères viennent à notre secours ! Chantez-tous avec moi !" La chorale improvisée entonne alors un antique où l'angoisse se mêle à la ferveur religieuse. Lorsqu'une cognée d'acier fini par percer entre les planches de chênes, le mage décide d'accélérer le mouvement et sort la Sphère de Pouvoir de son havresac : "Mes frères, ceci est une Sainte Relique Première dont la bénédiction nous protégera des ennemis du culte ! Tendez les mains pour la toucher et concentrez-vous sur le chant ! Les Pères sont avec nous !".<br />
<br />
Et siphonnant un maximum d'Énergie à ses coreligionnaires sans trop leur demander leur avis (pas plus qu'à la poule), Andréas remplit son focus au maximum pour lancer un sort de Chimère assez puissants pour effrayer les Kormes... lorsqu'il lui semble qu'une forme tout à fait imprévue émerge de la sphère d'or rouge. Le chroniqueur commence même à distinguer une silhouette humanoïde lorsque, son sort se déclenchant en vidant d'un coup toute l'Énergie accumulée dans la sphère, "l'intrus" disparait avec une sorte de cri muet.<br />
<br />
Dans la cour, c'est par contre carrément la stupeur : Herem, Second Fils des Étoiles, Premier Seigneur des Batailles, vient de se matérialiser quelques mètres au dessus du puits, brandissant son épée enflammée sur le fond sombre de cette aurore pluvieuse. La plupart des soldats en restent tétanisés, des réfugiés se jettent à terre en signe de soumission, d'autres prient à genoux sur les pavés et les Kormes, eux, refluent en désordre devant cette apparition divine.<br />
Lorsque les choristes de choc émergent de la chapelle dans une sorte de stupeur incrédule, il leur faut plusieurs minutes pour s'apercevoir que le saint érudit et sa relique on déjà disparu par le portail enfoncé de l'auberge…<br />
<br />
=== L'embuscade encerclée ===<br />
<br />
Dans la forêt humide se joue une dangereuse partie de cache-cache : après que deux d'entre eux aient été blessés par des carreaux d'arbalète en arrivant du nord à bride abattue, les Chacals lancés à la poursuite de nos héros ont démonté pour se disperser à couvert dans les sous-bois, les soldats et mercenaires arrivant du sud ont pris le maquis en découvrant les cadavres dispersés sur la route et les auteurs de ce carnage se sont pour la plupart dissimulés tout autour de la clairière envahie de rochers, progressant prudemment à la recherche des nouveaux arrivants. <br />
[Après la phase de "tir au pigeon" de l'embuscade, le groupe vient de passer en Duel global, tous les combattants dispersés à travers la map répartissant leur mise entre le repérage (attaque), la dissimulation (défense) et le déplacement, jusqu'à rencontrer des ennemis et basculer en combat à distance ou tenter de rentrer au corps à corps. Le récent module de calcul des distances de combat a donc beaucoup servi, de même que les Positions tactiques (camouflage de la végétation, couvert des rochers...), la surprise, les charges soudaines, les combats à plusieurs adversaires... Ce fût une belle démonstration tactique (Diane a particulièrement brillé) et une belle scène finale, qui aurait mérité d'être mieux décrite si je n'avais pas eu 5 ou 6 combats à gérer en même temps. Au passage, Humphrey B jouait Herle de Lorune pendant l'absence d'Andréas.]<br />
<br />
Dés le début, Gavin est pris dans une bagarre désordonnée à coups de couverture, de cassette et de poings contre Dorian le Magnifique pendant que la belle fehnri disparaît dans les bois ("Une courtisane fehnri avec un gros score de discrétion associée à un marchand-escroc ? Tiens donc..."), Le Grêlé a rejoint la roulotte pour régler son compte à la petite servante qui s'y cachait encore (et "s'amuser un peu" avec elle : ça reste un mercenaire sans scrupule, hein), Eldan essoufflé rejoint le "champ de bataille" par le nord, Vighnu et La Poigne convergent vers les soldats qui contournent par le sud-est, Herle abandonne son arc pour foncer tout seul par le flanc ouest (il faut bien justifier de son état futur en le jouant "imprudemment"), Trevan et Diane quittent discrètement les gros rochers en cherchant à repérer leurs nouveaux adversaires...<br />
<br />
Après quelques instants de louvoiement discrets dans les bois, le premier accrochage intervient quand deux soldats franchissent le ruisseau en aval du gué et sont interceptés par La Poigne et Vighnu : si le gros benêt diminué par ses blessures est vite repéré et pris dans un laborieux corps à corps, l'assassin blesse un de ses adversaires d'une dague de jet avant de surgir derrière lui pour le poignarder, employant le corps du mourant comme bouclier contre les attaques de deux autres soldats qui venaient à son secours. En un instant, Vighnu balance le mort sur ses congénères, éventre l'un et abat l'autre d'une dague de jet dans la gorge, pendant que La Poigne enfin dégagé éclate le crâne du dernier à coups de gourdin.<br />
<br />
Après avoir éclaté le nez du marchand d'un direct bien placé, Gavin lui arrache sa précieuse cassette et, laissant le "Magnifique" sonné assis dans l'herbe, accourt vers la roulotte en entendant les cris d'effroi de la petite servante. N'écoutant que ses élans chevaleresque, il sonne Le Grêlé d'un grand de cassette sur le crâne et, après avoir tenté en vain de calmer la pauvrette (faut dire qu'il est grimé en Korme et qu'elle passe une matinée épouvantable), l'écuyer la laisse s'enfuir dans la forêt et part à la recherche d'une arme plus approprié en voyant se rapprocher les mercenaires du fortin.<br />
<br />
Sur l'autre flanc, Herle (sans arc, donc) s'est fait prendre en tenaille par deux tireurs, a reçu une flèche dans le côté et, pendant qu'il tentait de choper son agresseur au contact, l'autre a surgit de flanc pour lui ouvrir la cuisse à coup de glaive. Blessé et à deux contre un, il encaisse de son mieux lorsque Trevan de Rigorne charge en brandissant son épée, attirant l'attention de Diane qui progressait à croupetons dans le secteur : en une seconde, le premier chacal est décapité et le second s'écroule, un carreau d'arbalète dans l’oreille. Mais ils n'ont guère le temps de souffler car Le Moineau les appelle au secours !<br />
<br />
Déboulant sans s'en apercevoir au milieu des ennemis camouflés, Eldan est immédiatement pris par surprise et blessé. Il parvient néanmoins à faire chuter son adversaire et, roulant avec lui dans les feuilles mortes, les deux éclaireurs échangent coups d'épée, de pied et de poing en s'usant l'un l'autre, pendant qu'un chacal supplémentaire s'approche à pas de loup. Le Moineau le repère au dernier moment, appelle à l'aide, tente vainement de pousser l'ennemi qu'il a blessé dans les jambes de l'arrivant et encaisse une nouvelle blessure (il commence à être franchement mal en point) lorsque Trevan arrive à la rescousse, toujours au pas de charge et toujours couvert par Diane dont l'avant-dernier trait cueille l'ennemi debout juste sous l'omoplate, perçant le poumon.<br />
"Laisse-le moi !" gueule Eldan au chevalier errant et, donnant tout ce qui lui reste contre un ennemi soudain moins faraud, le Moineau prend finalement sa revanche en clouant son ennemi au sol d'un grand coup d'épée. Avant même que Herle rejoigne en boitant l'éclaireur victorieux, Trevan et Diane sont repartis au pas de course vers le flanc est, où des cris indiquent que Lerkoren Oleytan passe un mauvais quart d'heure.<br />
<br />
Car parti seul au nord pendant que l'on se battait près du ruisseau, le jeune Elloran a abattu le premier des "Chacals" qu'il a rencontré mais s'est ainsi fait repéré par deux autres : après un court échange de flèches en manœuvrant pour rester à couvert, Oleytan s'est fait chargé par les deux ennemis simultanément, a réussi à les entraîner dans un bosquet touffu pour les gêner au maximum mais commence à faiblir sans parvenir à se dégager et, lorsqu'il prend un coup de lance dans le mollet, ça commence à sentir franchement le roussi. "VIGHNUUUU !!!" appelle-t-il alors à pleine voix, pendant que l'intéressé, à plus de 200m de là, achève le dernier soldat qui s'enfuyait d'un magnifique lancé de couteau, qui l'atteint dans le dos à plus de 50 pas.<br />
<br />
Lorsque deux mercenaires ont abordé la roulotte et trouvé Le Grêlé étalé dans l'herbe, Gavin qui venait de cacher son butin dans les buissons a soudain été pris de remords. Ramassant l'épée d'un mort, il revient à pas prudents lorsque le combat éclate : Le Grêlé a laissé le premier adversaire s'approcher pour l'achever, a retourné la dague qui le menaçait dans l'estomac de l'ennemi et roulé sous la roulotte pour échapper aux coups de lance du second militaire. Le Grêlé est néanmoins blessé lorsque l'écuyer arrive alors pour achever d'un grand coup d'estoc le gars qui se tenait le ventre à deux mains et bondit sur le véhicule qui commence à avancer au ralenti, les bœufs n'aimant guère la nouvelle agitation qui secoue leur attelage. Son camarade sort alors de sous le chariot pour éviter de passer sous les roues et, maintenant à deux contre un, Gavin et Le Grêlé ont vite défait le dernier soldat, achevé d'un joli lancer d'épée dans le dos alors qu'il s'enfuyait.<br />
<br />
Trevan, Diane et Vighnu arrivent à quelques secondes d'intervalle au secours d'Oleytan, les deux derniers Chacals étant alors rapidement tués, le premier percé du dernier carreau de la Kerdane et Vighnu égorgeant l'autre après un bref corps à corps, d'abord à deux, puis trois puis quatre contre un.<br />
<br />
=== Fin des combats ===<br />
<br />
Essoufflés, les guerriers vainqueurs font brièvement l'appel : <br />
_La Poigne ? <br />
_Il souffle près du ruisseau, il a pris assez cher. Eldan ? <br />
_De l'autre côté, au nord, mal en point : il s'est mangé l'avant-garde tout seul avant de nous rejoindre, si j'ai bien compris. Herle est avec lui, blessé aussi, il a perdu connaissance. <br />
_Gavin et le Grêlé sont donc seuls avec la roulotte : faudrait pas trop traîner avant qu'ils se fassent des idées malhonnêtes..."<br />
<br />
Et pourtant, les deux hommes se réconcilient sur une base financière saine : ils font moitié-moitié sur le contenu de la cassette ("que c'est pas la peine d'embêté les autres avec des détails") et Le Grêlé oubliera qu'un certain écuyer a essayé de l'estourbir avec. A peine ont-ils partagé qu'arrive Andréas Odran sur un cheval fatigué, qui découvrent le massacre au bord du gué : "Dîtes-donc mais c'est carrément la guerre ici ! Je croyais que le but de toute l'opération à l'auberge était de pouvoir prendre le butin d'un chariot à peine défendu. _Ouais ben y a eut des invités surprise..."<br />
Les valides font le tour du secteur, poussent le chariot hors de la route, rassemblent les camarades blessés pour que Vighnu et Andréas puissent les rafistoler, puis trient les cadavres au nombre desquels semblent se trouver (par la grâce d'1pH) presque tous les hommes du fortin susceptible d'identifier Eldan après ses exploits de la nuit précédente. "Alors on est bons, conclut le chroniqueur : j'ai vu les Kormes tuer les deux seuls autres qui nous aient regardé de près.<br />
_N'empêche que le Magnifique, sa poule et la servante se sont tirés. <br />
_Bah c'pas grave, ils témoigneront qu'ils ont été attaqués par les Kormes. <br />
_Mouais, sauf que Gavin a jugé utile de leur faire la causette. <br />
_Chiotte ! <br />
_Et sinon, d'où ils sortaient tous ces mecs ?<br />
_Ben ceux-là ont du vous poursuivre depuis l'auberge.<br />
_Celui-ci, il était déjà avec l'escorte au départ de Solerane, alors j'imagine que ceux du nord étaient à la recherche du messager qu'on a intercepté cette nuit.<br />
_Les Chacals qui nous attendaient avec le fourgon ont du appeler du renfort après qu'on aie commencé à leur tailler des croupières, parce que je pensais pas qu'il y en avait autant dans le secteur...<br />
_Le premier qu'a tué Herle le jour du départ, Jaromir et Rumbold que tu as dégommés avant de lâcher le convoi, ça fait déjà trois... <br />
_Au moins deux de plus, qu'on a tué avec Trevan et Gavin quand ils nous poursuivaient : ça fait cinq. <br />
_Cinq ou six avec Jorem Cuivré hier, vu qu'on a pas trop fait le détail. Disons 10.<br />
_Et aujourd'hui j'en compte cinq, dont au moins un emishen du clan des Rimdehl, en plus des derniers hommes de Jornil !<br />
_Tu oublies les trois qui sont morts au Cercle des Cascades au début de la semaine, ça fait donc 18 chacals éliminés en 8 jours. C'est du bon boulot, quand-même !<br />
_Façon de voir : moi ce qui m'inquiète, c'est qu'on puisse avoir deux dizaines de types armés dans notre secteur et ne nous en apercevoir que maintenant... Il faudra qu'on parle à ce trafiquant de sel que connaît Eldan, celui qui a présenté Jaromir au fils Cuivré : je crains que l'implantation des Chacals soient plus avancé qu'on ne l'imaginait."<br />
<br />
Rassemblés et ayant brièvement le temps de souffler pour la première fois depuis des jours, nos héros en profitent pour échanger enfin les infos recueillies par chacun au cours de leurs aventures et reconstituent ce qu'ils savent de la Confrérie du Chacal :<br />
La Confrérie, originaire des Sylves, semble essaimer en créant des "chapitres" locaux dans différentes régions de l'Empire. Il semble que des membres du chapitre "sylvain" de la Confrérie ait donc fait le déplacement pour "franchiser" des brigands du Nord, et ce sont ceux-là qui dirigent plus ou moins les opérations (les trois mecs tués par Andréas, Adira et Eldan aux cascades étaient vraisemblablement des novices). Aux Sylves, la Confrérie est à la fois une mafia, une secte animiste et le noyau dur de la résistance armée à l'occupant impérial : si Urgrand est lié à ces gars-là et qu'ils commencent à passer des accords avec les Kormes, ça risque de compliqué sérieusement l'Échiquier du Nord. Et si les Chacals semblent être quasiment apparus par génération spontanée en quelques semaines, c'est qu'ils ont trouvé des gens pour les soutenir et les aider dans la région : soit Urgrand est beaucoup mieux connecté qu'il n'y paraissait, soit ils ont d'autres appuis...<br />
<br />
=== Exfiltration ===<br />
<br />
"...après quoi on a réparti le butin sur les chevaux, vu qu'on en avait maintenant une bonne quinzaine, on t'a attaché en selle et on s'est tiré vers l'ouest en contournant Celanire par le nord jusqu'au grand menhir où nous attendait Neri'Helin, une des novices du chaman edell'okhil Kal Tayvon, avec des bœufs laineux, des vivres et tout le matériel de montagne : paraît que ton 'Pitaine leur a promis de racheter leurs frères en esclavage. On a ensuite crapahuté par l'ouest pendant trois jours dans les Asparren puis les Monts d'Azur, en passant par des coins de plus en plus hauts et enneigés pour éviter de croiser quiconque. La p'tite Edell'okhil a même déclenché une avalanche dans le col du Fraisil pour qu'on ne puisse plus nous suivre. On a bien perdu quelques canassons en chemin, mais les lingots sont au complet, le groupe aussi (quoique la demoiselle ait du re-nettoyer les blessures de La Poigne), et nous voilà presque rendus.<br />
_Où sommes-nous, exactement ?<br />
_Un peu au sud-ouest de la Mine Bénie : on va contourner par l'autre versant pour éviter de s'y faire voir et la môme va nous faire passer sur la rive nord du Lac Troisième par une espèce de chemin à travers les marais à l'est de Andh Endhil, pas loin du camp abandonné d'Etayn-la-Louve.<br />
_La voie est libre et le jour va se lever, annonce la jeune femme en rejoignant le groupe : ramassez vos affaires, hommes du sud.<br />
_Allez, messire de Lorune, remonte en selle : ce soir, Le Cornu nous attendra avec de la gnôle au camp d'abattage."<br />
Et dans le petit matin, les fiers cavaliers de Tal Endhil descendent victorieux vers la Vallée des Lacs en Palier avec, dans leur fonte, un trésor capable de financer les nouveaux projets du Capitaine Durgaut...<br />
<br />
<br />
<br />
== ÉPILOGUE (envoyé aux joueurs après coup) ==<br />
<br />
<br />
<br />
C'est au soir du huitième jour après leur départ discret que nos vaillants mercenaires fourbus, gelés, blessés et riches comme Crésus se sont affalés dans une minable hutte au nord du camp de bûcherons de Tal Endhil, déserté chaque nuit en cette saison. Immédiatement repartie avec ses bœufs laineux, sa sœur adolescente et son cousin mutique, la gironde rouquine Neri'Helin ("Dis-donc mais... c'pas la p'tite Edell'okhil que t'a réveillée l'autre fois aux cascades, quand on cherchait les Chacals ? _Si, même que Nevel m'a dit que Tael Shannan se la tape ! _Note qu'il se tape toutes les mignonnes, ce fumier de barde. _Dîtes, c'est fini d'échanger des potins comme deux vieilles venteuses ?") a laissé les hommes de Durgaut fort symboliquement assis sur la terre battue, à 10 pas de l'icône votive qui marque l'extrême frontière nord de l'Empire (mais Le Grêlé a pissé dessus). Ils ont festoyé, pansé leur nombreuses plaies et, d'abord par jeu, ceux qui parmi eux avaient quelques notions de finances ont commencé à calculer combien représentait le chargement encore bâté sur leurs chevaux.<br />
_On a pas loin de 250 lingots, dont bien 150 de merdouilles comme du cuivre, du bronze et du fer...<br />
_Des "merdouilles" qui vont se négocier entre 500 et 1000 lunes à la prochaine cité dotée de forges, ducon.<br />
_T'es sûre ?!<br />
_Il est drôle l'aut' : pourquoi qu'tu crois qu'on creuse des mines ?<br />
_Crois-moi, s'il y a bien un truc que les Kerdans savent faire, c'est du commerce...<br />
_Je savais bien que t'étais kerdane malgré ton histoire de "Je suis une innocente remane élevée près de la colonie kerdane de Rigorne, et blablabla"...<br />
_C'est donc bien vrai mademoiselle Diane ? Vous aussi vous êtes de Rigorne ?!?<br />
_Écoute, Trevan : tu es mignon, tu es vaillant mais, putain, ta gueule.<br />
(Trevan de Rigorne rougit.)<br />
_On disait donc au moins 500 lunes pour les lingots de "vils métaux", mais on a surtout une petite centaine de lingots d'argent, quoique la moitié soient planqués dans de faux lingots de cuivre. Et ça, ça nous fait... heu... attendez voir...<br />
_Au moins 300 pièces d'or.<br />
_Putain !<br />
_Quoi ?!<br />
_La Poigne ! Tu sais compter !?<br />
_Ben oui, surtout le métal quoi. J'suis été apprenti forgeron. Mais c'est trop du labeur : j'aime plus mieux taper qu'une bonne fois sur un casque.<br />
(La gourde de vin de sureau passe de main en main, chacun avalant une rasade d'un air mi-émerveillé, mi-consterné.)<br />
_On... on a ramené... 350 pièces d'or ?! Vous croyez que notre bon Capitaine va être content.<br />
_Ah ça, Moineau, il a un peu intérêt à l'être !<br />
_Dîtes, ch'ais pas si vous vous rendez-compte : c'est p't'être le plus beau brigandage de toute l'histoire des Marches !!<br />
_On est riches les gars ! RICHES !<br />
_Non, messieurs : Tal Endhil est riche. Par les pères, si l'un de vous commence à concevoir une seule pensée pécheresse...<br />
_Mais quel pisse-vinaigre, le Défroqué, quand il pisse le résiné.<br />
_Héhé. Fais-voir ta balafre, d'ailleurs, Herle : faut changer ton bandage.<br />
_Ma mienne elle est plus grande !<br />
_Hihi !<br />
_Nul n'en doute mon cher La Poigne, nul n'en doute...<br />
_Ouais mais la tienne elle a même pas percé ta couche de lard !<br />
_N'empêche qu'on a tous ben gagné nos 2 pièces d'argent chacun !<br />
_Plus la prime !<br />
_Oh oui : vous êtes de vaillants gagne-petit. Mais la prime c'était si on laissait pas de témoins et, là, on a Jornil lui-même, Dorian, sa pute, la servante...<br />
_Toi le Noir tu commences à nous les bris...<br />
_Bon les gars, vos gueules : il est tard. Alors ça pionce, ou je vais commencer à distribuer les baffes. Le Grêlé et Diane prennent le premier tour de garde. Demain, j'vous ramenions tous au village. Et rappelez-vous qu'vous avez promis le secret sur vos têtes ! Si on vous presse vraiment, et seulement dans ce cas-là, vous avez été r'prendre les lingots de la Mine Bénie à une bande de Kormes du côté de la Baie des Langueurs. C'est bien clair, pour tout le monde ?<br />
_Oui mon sergent !<br />
_Lèche-cul.<br />
_Mon sergent ! Y a Le Grêlé qui dit...<br />
_Foutremerde, tas de corniauds ! Même avec une 'pparition divine, j'conçois point comment qu'une pareille bande de mômes a pu réussir cette mission !"<br />
<br />
<br />
<br />
}}<br />
<br />
'''[[7) "Embrouilles en Cascades"|<< Épisode Précédent]] | [[9) "Reishin Ghoran"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
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[[Catégorie:Épisodes]]<br />
[[Catégorie:Comptes-Rendus]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/8)_%22Le_Train_de_l%27Argent%228) "Le Train de l'Argent"2014-09-05T15:58:28Z<p>Aloun : </p>
<hr />
<div>La totalité de l'Épisode 8 : "Le Train de l'Argent" est classée "spoiler".<br />
Si vous voulez vraiment accéder à cet Épisode, vérifiez que soit un de vos perso y était, soit que le MJ vous en a donné l'autorisation.<br />
Tout abus sera illico puni par une grosse perte du plaisir de jeu.<br />
<br />
C'est bon, vous y avez bien pensé ? Vous êtes vraiment sûr ?<br />
<br />
...<br />
<br />
{{Secrets|<br />
<br />
<br />
== Prologue, rien que pour Eldan et le Capitaine : ==<br />
<br />
<br />
<br />
''Les semaines précédentes, Durgaut a envoyé ses mercenaires (dont Eldan) enquêter du côté de Solerane sur les détournements de fonds du défunt lieutenant Armeld avec son complice, Maître Gaster, et découvert ainsi l'implication du patron-minier, notable influent et principal contrebandier de la région : Jornil Cuivré. En dehors de ses opérations "privées", Jornil travaille pour Rhilder le Fou à détourner le minerai d'argent des mines de la région, théoriquement destiné à l'État-Major, au seul bénéfice du dément Prévôt de la Marche des Lacs. Rhilder n'est pas quelqu'un avec qui Durgaut peut vraiment se permettre d'être en guerre ouverte, puisqu'il est son supérieur direct, un puissant "Seigneur du Nord" (comme on appelle les impériaux qui se taillent des fiefs dans les Marches) et un putain de psychopathe, notoirement responsable du génocide de la tribu emishen des Rimdehl (les Geaies).''<br />
''Mais notre brave Capitaine, en plus d'être très énervé contre le Prévôt qui le ruine par ses magouilles et lui réclame d'envoyer des troupes que Tal Endhil n'a pas pour participer à la guerre contre les Oloden, est en fait pris à la gorge : s'il n'envoie pas bientôt des lingots d'argent à l'État-Major du Duc-Gouverneur pour couvrir le quota de la Mine Bénie (pillée par les Kormes), Durgaut va sauter. En fait, il n'est encore même pas sûr de pouvoir obtenir le titre de "Bailli de Tal Endhil" vu les exigences du Primat en la matière, mais espère bien réussir à l'épater d'ici son arrivée. D'ailleurs, s'il reste en poste et devient bailli, il sait avoir besoin de beaucoup de pognon pour embaucher assez de mercenaires pour enfin contrôler son territoire et développer la région.''<br />
''Il a donc conçu un plan audacieux pour régler plusieurs problèmes à la fois : braquer le convoi de métaux qui va bientôt partir de Solerane pour Darverane, siège de la prévôté harcelé par les troupes de Kainen Tahrel. Ainsi, il mettra la main sur une véritable fortune (l'argent détourné caché dans des lingots de cuivre, l'argent "officiel" envoyé de Solerane pour l'état-major via Rhilder, du cuivre et de l'étain en quantité) dont il compte employer une partie à payer son quota au Gouverneur, une autre à racheter des esclaves Edell'okhil de la Marche des Gemmes pour s'assurer une alliance avec les Emishen et le reste à constituer une petite armée.''<br />
''Il en était à mettre au point un plan solide lorsqu'il apprend que la route de Darverane, coupée par les Kormes depuis des semaines, vient apparemment d'être rouverte suite à une contre-offensive de Rhilder : le convoi de métal ne devrait plus tarder à partir, il faut agir vite. Et comme Vighnu Pratesh vient de rentrer du Cercle des Hautes-Pierres, il décide d'embaucher l'assassin pour courir l'aspect le plus délicat de la mission : assurer le secret.''<br />
<br />
''Ce qu'il ignore malheureusement, c'est que Jornil a lui aussi enquêtait sur les trois attaques successives qu'il a subi de la part de ruffians non-identifiés : d'abord on a tabassé nombre de petits truands sous les ordres de son fils, Jorem Cuivré, ensuite on s'en est directement pris à deux de ses lieutenants impliqués dans la contrebande d'argent, enfin un éboulement à la mine de cuivre s'est révélé être un sabotage (les mercenaires de Durgaut avaient pour instruction de recruter des mineurs et n'ont rien trouvé de mieux). Jornil a donc d'abord envoyé un certain Worik se mêler aux mineurs "responsables de l'éboulement" qu'il a lui-même renvoyé et qui partaient s'engager auprès de Durgaut (mais son agent est mort connement pendant l'épisode "Terrain Minier"), puis il a envoyé un messager auprès de son bon ami Adira Pratesh pour se renseigner sur les mercenaires de Durgaut (Adira étant alors en pleine bisbille avec le Capitaine, il a volontiers informé son ami) et contacté ses autres associés à Tal Endhil (comme Gaster, Jornil a des parts dans la mine de fer du village, ce que le Capitaine est sensé savoir mais dont il ne réalise pas l'importance), Adira l'a ensuite informé de ce qu'il avait appris sur l'arrestation de Gaster... Bref : Jornil a compris que Durgaut était après lui et pris des mesures en conséquence.<br />
S'il ne peut pas se permettre de retarder d'avantage le convoi de métal (Rhilder a besoin de ce fric pour sa guerre perso et il n'est pas câlin quand il s'impatiente), il a conçu une ruse efficace, embaucher des mercenaires de rab' pour l'escorte et, surtout, contacté par un ami de son fils une petite bande de brigands récemment arrivés dans le secteur : la Confrérie du Chacal...''<br />
<br />
<br />
<br />
== À la "Taverne Penchée" ==<br />
<br />
<br />
<br />
Il fait déjà nuit lorsque la Taverne, récemment rachetée par les mercenaires de Durgaut, ferme ses portes beaucoup plus tôt que d'habitude en chassant les soiffards qui comptaient y passer leur soirée en galante compagnie ; les prostituées, récemment rendues à leur autonomie sous l'autorité de la belle [[Garnelle]] (maîtresse occasionnelle du jeune Eldan) sont également invitées à rentrer chez elle et le quartier lacustre de Tal Endhil est donc rapidement rendu au silence et à la brume nocturne. Pourtant, quelques silhouettes discrètes gagnent bientôt la Taverne apparemment close :<br />
* '''l'apothicaire [[Vighnu Pratesh]]''' (Loriel) n'a eu qu'à franchir quelques pontons depuis sa propre échoppe, son matériel d'empoisonneur sous le bras et ses armes dissimulées sous son large manteau reman, où bat un petit cœur sec depuis si longtemps, récemment réveillé et illico brisé par Islinna : les femmes sont cruelles. Déjà en grande partie au courant de la mission, la seule chose qu'il ignore c'est ce qu'ils vont voler. Mais vue la somme promise par le Capitaine, il est trop heureux de ne pas poser de questions.<br />
* '''[[Nadine "la Moucheuse"|Diane Maletudine]]''' (Orlanth) est une Kerdane, quoiqu'elle prétende être une remane originaire de la cité portuaire de Rigorne, embauchée depuis quelques mois dans l'Armée du Nord, suite à des problèmes avec ses compatriotes. Femme dans une armée de macho, elle a bientôt eut d'autres ennuis (décidément) qui l'ont incité à déserter pour rejoindre la petite communauté kerdane de [[Tal Endhil]] sur les conseils de son mentor, le célèbre maître d'armes [[Vasco Sotorine]]. Sauf que [[Ranyella]] la pilote ne veut pas d'une renégate dans sa troupe et l'a donc refilée au Capitaine sans lui expliquer les casseroles que trimballe l'arbalétrière...<br />
* '''[[Andréas "Odran"]]''' (Humphrey B) a récemment eut un entretien secret avec le Capitaine qui pourrait se résumer ainsi : "''Je sais que vous êtes un sorcier, mais je suis prêt à fermer les yeux si vous bossez pour moi. _Ça pourrait m'arranger, vu que je suis là pour mettre fin à la dispersion d'artefacts qui commencent à foutre le boxon à [[Duriane]], mais je vais pas m'en sortir tout seul. _Splendide : faudra me neutraliser le machin dans la Mine Bénie. Dans l'intervalle, vous êtes embauché comme espion. Vous commencez demain, rendez-vous à la Taverne Penchée après la fermeture.''" Il arrive donc avec un peu d'avance et pas mal de bagages, dont son précieux grimoire, ses herbes médicinales et un certain objet qu'il a passé presque deux jours à chercher dans le torrent en contrebas de la [[Mine Bénie]].<br />
* '''[[Oleytan "le Furet"]]''' (PNJ), lui, s'est engagé dans les mercenaires de Durgaut dès son retour de "l'Opération Tréfonds" : il se sent désormais un vrai guerrier, veut participer à l'alliance entre les Talendan et les Elloran mais, surtout, il a enfin couché avec le grand amour de sa jeune vie : la jolie négociante lewyllen [[Doma Sholen]]. Celle-ci l'a inexplicablement largué à l'arrivée à Tal Endhil en lui expliquant que "c'était fun, mais t'es juste trop jeune pour moi" (elle court en vain après [[Nevel Sholdanan]] depuis 4 semaines). Après une intense réflexion, le jeune guerrier est arrivé à la seule conclusion "sensée" : s'il veut que la belle marchande le reprenne, il doit lui prouver qu'il est capable de lui assurer le train de vie qu'elle a perdu, et pour ça, il lui faut "des rondelles", comme les Emishen nomment la monnaie impériale. Il ne comprend pas grand-chose à la mission que Durgaut lui a proposé, mais il est bien content puisqu'il va être payé royalement.<br />
* '''[[Eldan "le Moineau"]]''' (Aloun) arrive le dernier, accompagné d'une montagne de muscles habillées de haillons qu'il vient de récupérer dans l'unique geôle du donjon : [[Herle de Lorune]] (Ego'), noble et chevalier du temple récemment défroqué. Lui aussi a des problèmes, parmi lesquels l'alcool, la violence et un sens aigu de la justice qui, après lui avoir coûté sa charge d'inquisiteur lors d'une altercation avec le Primat lui-même, l'ont fait rétrogradé comme simple soldat dans la troupe de [[Bagoran de Marale]] (chargé de le "mater" : échec critique) et récemment conduit à défoncer le portrait d'un connard de Chevalier du Temple (donc un de ses "supérieurs") qui tabassait une gamine emishen. Son séjour en taule auprès du plaintif Gaster s'est terminé lorsque le Sergent LeCornu a jeté son dévolu sur le prisonnier, et convaincu le Capitaine de l'embaucher.<br />
<br />
Lorsque tout ce petit monde est attablé dans la taverne sur pilotis qui grince et (effectivement) penche sous l'effet de la houle, [[Le Cornu]] qui tenait le comptoir fait entrer deux de ses collègues, le massif imbécile qu'on appelle "La Poigne" et le brigand reconverti au visage marqué par la petite vérole qu'on appelle "Le Grêlé". Comme Eldan et le Sergent, ils ont survécu à tous les combats depuis [[la bataille de Tal Endhil]] et sont tout dévoués au glorieux chef qui va bientôt faire d'eux la "''garde bailla, bailliagiale...heu... baillique... la garde du bailli, quoi''", et qui pénètre dans la grande salle inclinée à leur suite, une vaste carte sous le bras.<br />
<br />
« Bonsoir mademoiselle et messieurs, nous avons peu de temps et je vous demande d'être extrêmement attentifs à l'exposé qui va suivre. » <br />
Pendant que Vighnu et Andréas dégagent leurs gobelets pour laisser Durgaut déployer la superbe carte (signée [[Ordano Sotorine]]) sur la table crasseuse, les 6 autres membres de l'équipe s'approchent pour suivre le briefing dans la lumière chiche des rares chandelles et le Capitaine enchaîne :<br />
« La mission que j'ai à vous confiée est dangereuse, urgente, secrète, absolument vitale pour Tal Endhil et remarquablement bien payée. Si certains d'entre vous ne s'en sentent pas capables et préfèrent retourner à leurs activités précédentes, qu'ils le disent tout de suite. Car une fois que je vous en aurais exposé les objectifs, Messire Pratesh ici présent sera le garant de votre silence. Tout le monde est motivé et se sent capable de se taire ensuite, en cas d'échec comme de réussite ? Parfait. Sergent, passez-moi les figurines. »<br />
« Dans les jours qui viennent, peut-être même dès demain, un convoi lourdement gardé va quitter [[Solerane]] à destination de [[Darverane]] (Durgaut pose une miniature en bois, une espèce de coffre aux pieds vaguement arrondis, sur la carte) : il contient plusieurs coffres très lourds que vous êtes chargés d'intercepter, de préférence avant "l'Auberge du Pont"... C'est quoi ça, Le Cornu ? demande le Sauveur de Tal Endhil quand son sergent lui passe une espèce de cube prolongé par un jambage tordu.<br />
_C'est l'Auberge du Pont, mon 'Pitaine. C'est La Tortue qu'a fait les sculptures, mais on a pas eu bien l'temps.<br />
_Je vois... À "l'Auberge du Pont", donc, se trouvent actuellement plusieurs dizaines de marchands qui, depuis des semaines, y attendent que les troupes de Rhilder reprennent le contrôle de la route vers Darverane aux Kormes qui harcèlent la prévôté (il pose du côté du Mont Grison un petit bonhomme chauve et noirâtre) avec l'appui des troupes Emishen de Kainen Tahrel (Vighnu approuve du chef). Si le convoi de Solerane rejoint la première caravane groupée en partance pour Darverane, il sera alors probablement trop entouré pour que vous puissiez tenter quoique ce soit. Vous êtes ici... mais c'est quoi ça ? Un chien ?<br />
_Un ch'val mon 'Pitaine, pour représenter, le commando.<br />
_Vous avez pu leur trouver des chevaux ?<br />
_Ah non mon 'Pitaine : c'est des pirogues, pour quitter le village. Ensuite s'ront à pied. Mais La Tortue, quand il a commencé, i'l'savait pas, pis i' sait pas faire les pirogues, et de toutes façons ça va surtout se faire par voie de terre alors, heu... Vous préférez un bouchon, ou un dé en os ?<br />
_Va pour le chien (soupir)... Donc : vous êtes ici (il pose la figurine sur Tal Endhil), vous partez dès cette nuit pour atteindre Solerane (le "chien" rejoint le "chariot"), où vous serez chargés de repérer le convoi et surveiller ses préparatifs de départ. Le but est de lui tendre une embuscade dans les deux jours qu'il lui faudra pour effectuer ce parcours (le chariot glisse sur les segments 1, 2, 3, 4, 5 de la route). Si vous pouvez intercepter le chargement sur les berges du Lac d'Acier, il sera plus aisé de le transporter à bord de barges ou de pirogues.<br />
Le Moineau connaît la ville et les hommes qui escorteront ce convoi, Messire de Lorune a la charge de l'assister en tout -et de s'assurer qu'aucun d'entre vous n'ait la mauvaise idée d'ouvrir les coffres, Maître Pratesh est chargé de trouver des embarcations pour les chargement et d'assurer le secret de l'opération (Vighnu sourit, pensant aux peintures de guerre kormes qui n'ont pas servit lors de l'Opération Tréfonds et à la barge kerdane cachée depuis dans les marais près d'Écume 6). Vous devrez quitter le village et y rapporter les coffres sans être vus, ni dire à quiconque d'où vous venez ni où vous allez. Car, j'insiste, cette opération peut assurer le salut de Tal Endhil si elle réussit, mais sonner notre perte à tous si quelqu'un devait découvrir qui a commandité l'attaque. Une prime substantielle versée à notre cher apothicaire en sera la garantie.<br />
_Ça veut dire "pas de témoins", demande Diane ?<br />
_Ça veut dire "démerdez-vous pour que personne ne puisse vous reconnaître, suivre votre piste et remonter jusqu'à nous" : je préférerais que vous épargniez les civils, mais Pratesh sera décisionnaire en dernier recours. À part lui, vous serez payés chacun 2 pièces d'or pour cette brève mission et votre durable silence [la solde mensuelle d'un mercenaire étant de 2 pièces d'argent, ça fait 10 fois plus pour quelques jours de boulot]. Des questions ?<br />
_C'est quoi, dans les coffres ? Ça pèse ?<br />
_Le contenu ne vous regarde pas mais, oui : ça pèse. Probablement autour de 200kg en tout.<br />
_C'est qui, qu'on braque ?<br />
_Pas votre problème non plus. Fiez-vous à Eldan, soyez discrets et ça ne devrait pas avoir d'importance.<br />
_Les gars de l'escorte, c'est des pros ?<br />
_Quelques-uns, oui, mais la plupart seront des mercenaires en permission, des cochers endurcis, des coupes-jarrets, des gardes plus habitués à surveiller des esclaves... Le problème, c'est qu'ils doivent se méfier : ils ont eut des ennuis récemment, ils savent que le trajet est dangereux et ils seront sur les dents. Il se peut même que vous soyez déjà attendus à Solerane. J'insiste : méfiez-vous.<br />
_Qu'est-ce qu'on a comme matos ?<br />
_Vous étiez prévenus d'emporter le vôtre, mais Eldan conserve quelque argent pour vos frais de mission, des vivres, un peu de charbon, des flèches, des torches et des cordes vous attendent avec les chev...<br />
_Dans les pirogues, mon 'Pitaine.<br />
_Dans les pirogues, donc. J'ajoute les papiers que m'a demandé monsieur Odran (il confie une petite pochette de cuir à Andréas, contenant du parchemin, des lettres officielles de la main de [[Rhilder]] et son sceau de cire, pour pouvoir si besoin modifier les ordres de mission du convoi) et vous emportez cette carte, annotée par mes soins, en espérant qu'elle puisse vous aider : ne la perdez pas ! ''[Durgaut leur confie par ce biais un de ses précieux point d'Histoire.]'' Autre chose ?<br />
_Y a le Venteux qu'a pas tout compris, vu qui parle pas bien not' langue...<br />
_Messieurs Odran et Pratesh devront donc lui ré-expliquer en ramant. Bonne chance à tous : le destin de Tal Endhil est entre vos mains ! Mais pas les figurines, La Poigne : repose ça. <br />
_Pardon mon 'Pitaine. »<br />
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Image à ajouter<br />
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== En route vers Solerane ==<br />
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Pendant qu'on roule la carte, LeCornu et Herle déplacent la lourde table, révélant une trappe dans le plancher qui, une fois déverrouillée et ouverte, donne sur une échelle de corde descendant le long d'un pilier de bois où sont amarrées deux pirogues emishen. Avec quelques difficultés dues à la disparité de poids et d'agilité de ses huit membres comme aux bagages de certains l'équipe embarque et glisse silencieusement sur les eaux couvertes de brouillard.<br />
_Attention avec ça, c'est des armes emishen. <br />
_Pourquoi foutre ? <br />
_Pour passer pour des Kormes. <br />
_Pas con. Mais qu'est-ce qu'il fout avec un bouquin, lui ? <br />
_Je suis chroniqueur... <br />
_Et vous allez chroniquer l'opération secrète ?! <br />
_Houlà non, je... j'ai d'autres talents. Falsifier des sauf-conduit, par exemple. <br />
_Je vois...<br />
Ils atteignent bientôt la rive sud du Lac Troisième, en amont du campement où dorment les caravaniers lewyllen, sans que les Soldats du Temple qui gardent les remparts n'ait rien remarqué.<br />
[Je m’appesantis un peu sur le dialogue de briefing parce que, bien sûr, il m'a fallu incarner le Capitaine moi-même sur les indications données par Le faiseur, et que je lui avais promis de détailler un peu le résultat.]<br />
<br />
Après un conciliabule entrecoupé d'engueulades, un poème (Herle versifie par instant) une tentative de vol et plusieurs menaces physiques pour l'empêcher, les PJ décident de ne pas partir en quête de la barge cachée dans les marais mais de foncer de nuit vers Solerane, à pied, pour atteindre la ville au plus tôt, juste après que Diane ait confié au fleuve un étui flottant contenant 4 pièces d'argent (sur les 20 confiées à Eldan) et un message pour les Kerdans d'Écume 6, leur enjoignant d'envoyer des embarcations vers la presqu'île du Lac d'Acier [le joueur a oublié que son perso n'était plus bien vu chez les bateliers, et Loriel/Vighnu y a même mis 1pH pour que le message arrive : ce fût bien le cas...].<br />
<br />
Abandonnant dans les embarcations tout le matériel trop lourd, les mercenaires se répartissent les vivres, une arme emishen chacun et la longue marche commence. Lorsque l'aube se lève, Diane, Oleytan et Eldan, très en avant des autres, font la course dans la descente après avoir passé le Col de Nilfenan (au sud-ouest de la mine de fer, sur la carte) histoire de défouler leurs tempéraments casse-cou et ombrageux... ce qui vaut d'ailleurs à Eldan de se niquer la cheville dans une belle gamelle : on sent bien, dès que les officiers ne sont plus en vue, que ça va pas être très sérieux comme opération.<br />
<br />
=== Rencontre insolite ===<br />
<br />
Pendant que le fort peu sportif Andréas prend des heures de retard sur les autres et que Vighnu reste avec lui autant pour assurer sa protection que pour causer "chroniquerie" et politique locale (Vighnu envisage de créer un hospice à Tal Endhil !), Oleytan, Diane et Eldan (qui boitille) arrivent en milieu de matinée au gué qui traverse la Rivière aux Élans (ainsi nommée car elle est sur le point de passage de la migration des grands cervidés, qui commencent d'ailleurs à remonter en cette saison vers les pâturages au nord de Tal Endhil) : ils sont assez surpris d'y trouver un grand costaud, ventru et entièrement chauve, portant des vêtements très vaguement emishen, assis sur un rocher au bord des flots et curant tranquillement au couteau le sang séché qui s'incruste dans les creux de sa lourde masse de bois sculpté. Les trois éclaireurs essoufflés par leur cavalcade repèrent assez vite les discrètes silhouettes déployées dans les bois autour du chemin et, chacun la main sur leur arme favorite, s'approche avec circonspection : "<br />
_Bonjour... <br />
_B'jour, répond le gros dans un Reman médiocre, avec un accent typiquement "venteux". <br />
_Z'êtes avec le noir ? Vigjniou Bratéche ? <br />
_Ben là tout de suite... non. Mais des fois on le croise, quoi. Vous l'attendez ? <br />
_J'ai un message pour lui. <br />
_Vous voulez pas nous le donner, on le transmettra quand on le verra ce soir... <br />
_Non, d'solé, c'est privé. <br />
_C'est pas un message à coup de masse, au moins ? <br />
_Héhé. Non. Pas cette fois."<br />
<br />
N'ayant qu'à moitié envie de s'avancer dans le gué sous la probable ligne de tir d'archers dissimulés ni même de laisser une embuscade entre eux et le reste du groupe, quoique aussi un peu parce qu'ils ont alors pas loin de 12h de rude marche dans les jambes, Diane, Oleytan et Eldan se posent également près de la rivière, se trempent un peu les pieds (Diane va même s'éloigner pour faire un peu de toilette : par instant, dans ses Réactions, sa "Sensibilité Féminine" ressort), cassent la croûte, font une petite sieste... tout ça en gardant perpétuellement un œil sur les alentours et leurs armes à portée de main. <br />
<br />
Lorsqu'ils sont rejoints par Sire Herle de Lorune, La Poigne et le Grêlé, d'abord très méfiants, Diane qui a entamé un repas et une conversation en Langue des Vents avec le Gros leur fait signe de ne pas s'inquiéter, et les trois mercenaires finissent par jouer le même jeu que leurs camarades, profitant d'un peu de repos tout en restant sur leurs gardes. Au bout d'une heure de cette halte méfiante, "l'embuscade" se détend tout autant et Eldan repère bientôt un des archers Korme qui, lui aussi, déjeune sur le pouce à son poste de guet. Il le contourne, se cache, est brièvement suivi mais sème le guetteur, échappe ainsi efficacement à l'encerclement... et ne sait finalement plus trop quoi faire : il craint de déclencher un massacre s'il élimine un guetteur, de se faire repérer s'il continue de traîner près des Kormes, de perdre le groupe s'il s'éloigne et d'être trop loin pour intervenir s'il repart en arrière prévenir Vighnu et Andréas. Aussi reste-t-il caché, guettant les guetteurs, jusqu'à ce que, lassé de perdre du temps alors qu'ils sont pressés, Herle donne le signal du départ et franchisse le gué accompagné des 4 autres. <br />
<br />
Après avoir encore hésiteé à les rejoindre carrément ou à rester en arrière, Eldan fini par laisser un signe de danger dans l'écorce d'un arbre à destination de Vighnu et décide de contourner pour franchir la rivière plus loin, ne trouve pas d'autre gué, passe à la nage, se paume en aval dans la forêt et mettra plusieurs heures à rejoindre ses camarades, trempé, gelé, épuisé et bientôt vertement engueulé par l'ex-templier [Sire de Lorune lui inflige même un tel jet d'intimidation pour lui inculquer la discipline militaire que le jeune éclaireur en sera durablement marqué : 2pts de Trauma !].<br />
<br />
Pendant ce temps, Andréas et Vighnu ont atteint le gué sans même remarquer le signe laissé par Eldan et le fehnri est assez surpris de reconnaître le gros korme qu'il a déjà rencontré, il y a plusieurs semaines à Écume 6, lorsqu'ils avaient négocié des vivres et les soins de Mona Ma'od contre la transmission d'un message pour Adira (qui, si vous vous en souvenez, était arrivé au début de "Terrain Minier", tiré avec une flèche sur la roulotte de Maître Pratesh). <br />
Quoiqu'il ne connaisse toujours pas son nom, il s'éloigne avec le chef rebelle et un petit conciliabule surréaliste se joue : les Kormes veulent (Vighnu comprend "Lashdan, Roi des Kormes, veut...") l'embaucher pour assassiner un certain "Urgrand", le Sorcier barbu originaire des Sylves, qui dirigeait justement le détachement korme lors du siège à la Mine Bénie. <br />
_Tiens donc ?! Mais pourquoi diable, demande l'assassin hilare ? <br />
_On m'a pas dit de te l'dire, et puis il paraît que les tueurs professionnels ne posent pas de questions. <br />
_Lorsqu'on les paye bien, c'est tout à fait exact oui. <br />
_Hé ben voilà pour toi, dis le Korme en lui tendant une grosse bourse de pièces, que le fehnri s'empresse d'ouvrir avidement. <br />
_Mais... vous vous foutez de ma gueule ?! C'est des pièces de cuivre ! <br />
_Et alors, c'est pas bien ? <br />
_Mais c'est pas du tout assez, enfin ! Je suis un spécialiste, moi ! Je bute pas les gens pour 20 ou 30 pièces de cuivre !<br />
_Ah. Mais c'est tout ce qu'on a nous, même qu'on s'est tous cotisés pour rassembler ça. <br />
_Mais c'est pas possible, vous comprenez rien au commerce, à la fin ! Et il est où, votre Sorcier, d'abord ?<br />
_Ben on sait pas, nous, pourquoi tu crois qu'on s'adresse à toi ? Tu crois pas que je serais foutu de lui coller ma masse sur la gueule moi-même si on savait où il campe ? La Louve dit qu'elle l'a perdu quelque part chez vous, du côté du Premier Lac, mais c'était il y a déjà plusieurs jours.<br />
_Bon, écoute, voilà ce qu'on va faire : dis à ton Roi que je suis d'accord sur le principe, mais que déjà ça va vous coûter 20 pièces d'or et qu'ensuite, soit vous savez me dire au moins à peu près où il est, soit ça risque de prendre pas loin d'un mois (car Vighnu pense savoir où Urgrand devrait se trouver dans environs trois semaines, héhé...). Dis-lui ça et, quand vous aurez la somme, contactez-moi.<br />
_Mais où tu veux qu'on trouve de l'or, nous ?<br />
_Non mais c'est un prix, vous pouvez aussi bien me ramener 200 pièces d'argent, ou 4 lingots d'argent, par exemple. Vous en avez bien, des p'tites barres en argent, prises dans une certaine mine, hmmm ?<br />
_Mais... non. De quoi tu parles ?<br />
_Oh le con ! Rha merde, il fait vraiment chier ce connard de sorcier !<br />
_C'est bien pour ça qu'on t'embauche, oui.<br />
_Bon alors 20 pièces d'or ou l'équivalent, vous trouverez bien ça quelque part pendant que vous vous battez dans la vallée de Cainil, hein, je ne m'en fais pas pour vous. Quand vous avez la somme, vous me recontactez, vous versez la moitié d'avance et, moi, je tue votre sorcier.<br />
_J'espère que d'ici là on l'aura trouvé nous-mêmes, mais sinon, on sauras bien te joindre, ouais. Et bonne journée."<br />
Et pendant que Vighnu se frotte les mains, les Kormes se dispersent dans la forêt sous le regard médusé d'Andréas.<br />
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== La Ferme-Relais "Le Marchepied" ==<br />
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Il fait presque nuit noire lorsque les 6 mercenaires fourbus atteignent enfin la ferme-relais qu'on appelle le "Marchepied", au pied de la route montant vers Solerane. Si Oleytan (trop repérable) est laissé avec le matériel dormir à l'extérieur, Diane, Eldan et Herle, bientôt suivis par La Poigne et Le Grêlé (trop crevés pour accepter de se peler le cul à camper dehors), pénètrent les uns après les autres dans l'enceinte de bois où un drôle de type pâle, un albinos efflanqué aux longs cheveux blancs qu'Eldan sait être surnommé "Craie" (chef des gardiens d'esclaves de la mine de cuivre), est en train de passer ses nerfs à coups de fouet sur deux malheureux emishen, une femme et un adolescent enchaînés au puits du milieu de la cour. <br />
<br />
Comptant avec l'albinos un escrimeur tout en noir s'engueulant avec le tavernier (une histoire de chevaux, de halte imprévue et de prix du fourrage) plus 4 soldats portant la livrée du Duc-Gouverneur (donc probablement issus de la garnison de Solerane), et soucieux de sa mission avant tout, Herle tempère ses instincts justiciers et suit la Kerdane dans le corps de ferme transformé en auberge de seconde zone, où il entreprend de noyer sa mauvaise humeur dans la bouteille d'hydromel prise à la Taverne Penchée. Si un jovial marchand de draps nommé Teillard, parti de Celanire vers le "marché de printemps" de Tal Endhil, tente bien d'engager la conversation avec les voyageurs, Diane l'envoie paître rudement (et nos héros se privent de la seule occasion de se renseigner sur la route qu'ils ont à faire) mais lance une petite partie de dés avec Eldan et Herle pour attirer à eux Craie et Esteval (l'escrimeur à l'armure de cuir sombre) et tenter de leur soutirer quelques informations sur l'exploitation des esclaves venteux à Solerane. Justement, les deux gardes-chiourmes, 3 autres collègues et 6 soldats prêtés par la garde sont à la recherche d'une 15aine d'évadés, échappés le matin même de la mine de cuivre. Diane propose bien de participer à la traque contre rétribution, mais Eldan ruine sa tentative d'approche en ne pouvant se retenir d'aller porter un peu d'eau et de pain aux deux malheureux prisonniers. Herle -qui perd aux dés et voit les deux crevures descendre gaiement sa bouteille- semblant se retenir de plus en plus laborieusement d'écraser la tronche de Craie à chaque fois qu'il fait des remarques cruelles sur les "venteux", les voyageurs vont se coucher tôt après un rapide souper et Diane s'arrange assez finement pour que leur propre groupe gagne le contrôle de l'escalier et des 2 rares fenêtres du grenier aménagé en dortoir, qu'ils vont devoir partager avec le binôme d'esclavagiste, les soldats s'installant dans l'étable au dessous.<br />
<br />
=== Rencontre avec des fugitifs ===<br />
<br />
C'est à peu près le moment où, traînant le chroniqueur qui dort debout dans l'obscurité de la route forestière, Vighnu voit soudain jaillir un grand type hirsute de la forêt, qui saute sur le fehnri en tentant de l'étrangler avec la chaîne qui lui lie les poignets : l'assassin pare de justesse avec son katara, une femme armée d'une branche sort à son tour des taillis et Andréas est basculé au sol par une jeune fille qui tente de lui éclater le crâne à coup de pierre, mais il parvient à la repousser de peu (elle est presque aussi épuisée que lui). Reconnaissant une Emishen (et réciproquement) alors qu'il tirait sa dague pour se défendre, l'érudit crie en Langue des Vents "Arrêtez, nous sommes des amis ! Vighnu, ce sont des Emishen !", ce qui suffit à stopper le début de combat et permet à Andréas de proposer de la nourriture et des soins aux esclaves en fuite, finissant de gagner leur confiance. <br />
<br />
Libéré de ses chaînes avec l'aide d'un glaive offert par Vighnu, le trio leur explique avoir réussi à s'échapper des mines de Solerane un peu avant l'aube, grâce à un tunnel vers la surface creusé en secret avec l'aide d'une barde rimdehl nommée Tahalien. Poursuivis depuis le levé du jour par des cavaliers en armes, ils ont perdu la douzaine d'autres évadés qui les accompagnait, dont des jeunes et des enfants et, loin de leurs régions d'origine (la plupart sont des Otlalnan de la Marche des Lisières), ils ont couru un peu au hasard vers le nord et le territoire des Liam'Lon, où aucun Dirsen n'oserait les poursuivre, alors que d'autres avaient préféré tenter leur chance à l'est, vers le Cercle des Hautes-Pierres.<br />
<br />
Les deux Talendan leur expliquent qu'ils sont ici sur le territoire des Elloran et qu'ils auraient de meilleures chances de filer au nord-ouest vers le Cercle des Cascades et, après avoir longuement hésité à repartir chercher les plus jeunes, les trois fuyards un peu retapés finissent par disparaître vers l'ouest avec quelques remerciements.<br />
<br />
=== Evasion nocturne ===<br />
<br />
Nos deux héros retardataires ne sont donc qu'à moitié surpris lorsqu'ils retrouvent Lerkoren Oleytan en compagnie de 5 autres échappés en haillons, dont Tahalien et un ado sérieusement blessés, plus trois mômes, quoique Vighnu soit un peu atterré par le récit du jeune Elloran.<br />
Car après que leurs compagnons soit entrés à l'auberge du Marchepied, Oleytan, attiré par des cris de douleurs, s'est glissé par-dessus la palissade de rondins et, découvrant les deux prisonniers lacérés à coups de fouet, a attendu la nuit noire pour passer à l'action. Il a malheureusement échoué à assommer proprement la sentinelle de faction dans la cour, mais a par contre réussi à la tuer net avant qu'elle ne crie, puis a traîné le corps du soldat dans une grange. C'est alors qu'il s'acharnait en vain à rompre sans trop de bruit un des maillons de la chaîne que Diane l'a interpellé depuis une des fenêtres du dortoir : <br />
_"Psssst ! Mais qu'est-ce que tu branles, merde !? On est pas là pour ça ! <br />
_Je fais mon devoir, tu peux pas comprendre ! <br />
_Mais putain tu va réveiller tout le monde, crétin !". <br />
<br />
L'épée à la main, la Kerdane est bientôt descendue le rejoindre pour le convaincre de ficher le camp et, n'y arrivant pas, a fini par l'aider à détordre un maillon en faisant levier avec son épée, histoire qu'il puisse déguerpir avant que quelqu'un ne les entende. Herle s'est réveillé à son tour, lui a ordonné de rentrer se coucher avant de les griller complètement et, la Kerdane disparue dans l'étable en engueulant un soldat qui se réveillait vaguement sur l'air de "Quoi ? Keskya, on peut plus pisser tranquille, merde ?", Oleytan a sorti discrètement les deux rescapés par là où il était lui-même entré. Apprenant alors qu'ils avaient pu cacher les gosses près de la rivière avant que les cavaliers ne leur tombent dessus, il est ensuite reparti chercher les mouflets de 9 à 12 ans, a nourrit tout le monde et distribué des rations pour le reste du voyage ("Et donc, là, on a plus de vivres, c'est ça ? Heu... un peu, si..."). Il se demandait s'il allait abandonner l'opération pour les conduire aux Cascades quand Vighnu et Andréas sont arrivés. <br />
<br />
Renonçant à l'engueuler d'avantage puisqu'il viennent de faire quasiment la même chose, les deux PJ soignent à nouveau les plaies et brisent les chaînes, ré-expliquent la direction du Cercle des Cascades et, recommandant bien aux fuyards d'éviter les routes pour ne pas être repris, ils s'installent pour bivouaquer et s'offrir quelques précieuses heures de sommeil avant l'aube.<br />
<br />
L'aurore pointe à peine lorsque Herle, Diane et les autres se lèvent, déposent quelques pièces de cuivre dans la grande salle et filent sans prendre de petit déjeuner, pendant que Craie et Esteval constatant la disparition de leurs prisonniers commencent à activer les soldats, et que ceux-ci constatent la disparition d'un des leurs. "Et vous là, vous avez rien entendu ?!? _Nope : nous on dort sérieusement quand on doit se lever tôt." répondent nos héros avant de s'engager, sous la bruine matinale, vers le chemin raide qui monte en lacet vers le nid d'aigle de la cité minière. Rapidement rejoints par Lerkoren Oleytan, Vighnu et Andréas (modérément reposés), ils confèrent sur les évènements de la veille et s'accordent sur un plan : Eldan (puisqu'il connaît Solerane), Andréas (qui compte s'arrêter dans un temple pour se lancer dans l'enchantement d'un document puissamment convaincant pour faire partir le convoi avec une escorte réduite "car tout danger est désormais écarté") et Diane (qui pense pouvoir s'infiltrer dans la-dite escorte) iront en ville pendant que le gros de la troupe ("J'suis pas gros j'suis juste un peu envelo _Ta gueule, La Poigne : t'es lourd.") <br />
attendra caché dans la forêt. <br />
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=== Plan d'action ===<br />
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Dès que le convoi sera prêt à partir, les mercenaires partiront devant pour semer des embûches sur sa route afin de le ralentir (comme un sapin ou des rochers "décrochés par le dégel") : s'ils parviennent à le retenir assez longtemps dans la gorge pentue et traîtresse que les chariots auront de toutes façons du mal à négocier (le segment 2, sur la carte), ils peuvent l'obliger à passer sa première nuit avant le gué sur l'Anil'wel (milieu du segment 3). Le lendemain, la caravane sera donc obligé de forcer l'allure pour sortir de la forêt qui suit (segment 4) avant le crépuscule : réputée dangereuse (c'est, avec la gorge, le site d'embuscade préféré des Kormes, c'est d'ailleurs là que la colonne de Durgaut s'est faite attaquer au début de l'Épisode 1), le mauvais chemin tortueux y sera en cette saison embourbé par les ruisseaux et, avec un peu de sabotage supplémentaire (en creusant par exemple le lit d'un petit torrent pour former une combe traîtresse), l'escorte arrivera dans la vaste prairie marquant le dernier bout droit (5) en fin d'après-midi, épuisée par deux journées difficiles et fera probablement halte, croyant avoir fait le plus dur... Mais c'est justement là que l'attendra notre commando camouflé et grimé en Kormes, qui lui tombera dessus avant qu'elle ait eut le temps de souffler, laissera filer les non-combattants pour qu'ils puissent témoigner de la culpabilité des rebelles mais massacrera impitoyablement tous ceux qui pourraient les avoir vu de trop près au Marchepied ou à Solerane. En se coordonnant avec Diane pendant qu'elle s'isolera "pour pisser" le long du parcours, ça devrait marcher très bien (c'te blague).<br />
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Image à rajouter<br />
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== Enquête ==<br />
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=== Solerane (Diane, Andreas, Eldan) ===<br />
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Entrant en ville par la Porte Basse alors que le crachin continue, le trio d'espions improvisés passent devant les vastes écuries où des palefreniers semblent avoir rassemblé au moins une cinquantaine de chevaux, puis remontent les rues pentues et mal pavées, encadrées d'étroites maisons de pierre et d'ardoise, en direction de l'Hostellerie des Moindres, attenante au temple et tenue par les religieux locaux. Traversant au passage la grand'place surmontée d'un vaste marché couvert au bout duquel s'élève le siège de la Guilde Minière locale, ils constatent que des bouviers attèlent ou chargent des chariots sous les halles, alors que des marchands s'assemblent devant le porche du sanctuaire : ça sent le départ...<br />
<br />
Le réfectoire de l'hostellerie est aussi sombre qu'encombré par une bonne 20aine de mercenaires pour la plupart loqueteux, de forestiers et de négociants qui semblent tous attendre qu'un sergent courtaud et obèse s'occupent d'eux : Eldan le connaît sous le nom de "La Boule" comme le membre le plus corrompu de la garde locale, qui offre fréquemment les services de ses hommes à Jornil Cuivré et laisse prospérer les coupes-jarrets qui hantent avec son fils Jorem la boutique d'un marchand de vins, "Le Carafon".<br />
Pendant que Diane réussit à se bouffer le nez avec l'épaisse bonne-sœur qui sert pain et brouet aux clients (c'est une manie), Andréas trouve son chemin vers la sacristie pour demander au prêtre s'il pourrait s'y installer pour "travailler dans le recueillement nécessaire à ses enluminures". [Sur un jet de "Contacts dans la Pègre" réussit], Eldan le brigand repenti avise bientôt un drôle de novice qui accueille les voyageurs dans la cour en semblant éviter la salle, qu'il reconnaît illico comme un croche-bourse du coin, déguisé pour pouvoir "courtoisement débarrasser les voyageurs de leurs bagages" sans se faire trop remarquer des sœurs et des vrais disciples du Culte (et puisque je peine à lui donner un nom, il le baptise "Boule-de-Suif"). Son camarade interpellé en plein travaille lui explique que La Boule est venu sélectionner les meilleurs combattants disponibles pour les intégrer à l'escorte du convoi minier, les autres devant se contenter de la moindre paye offerte à l'escorte d'une caravane marchande qui devait partir ce matin avec un troupeau de chevaux emishen, mais qui a pris du retard malgré les tentatives du Cuivré pour les faire activer, allant même jusqu'à participer à la solde des convoyeurs pour peu que les marchands acceptent d'ouvrir la route en précédant d'une journée ses propres chariots. Bien sûr, quelques piécettes peuvent toujours faire pencher le jugement de l'adipeux sergent. "Et sinon, on peut saluer des copains au Carafon ? _Ben non, curieusement, y a quasiment personne depuis hier, déjà : ch'ais pas où ils sont tous passés. Même la bande à Jorem elle y est pu'..." <br />
Mais cette "cervelle de moineau" d'Eldan aura tôt fait de perdre l'information.<br />
<br />
Jugeant plutôt minables les guerriers déjà choisis, Diane se porte volontaire et décide de démontrer ses talents à l'arbalète en faisant tinter la haute cloche du temple d'un carreau tiré depuis le fond de la cour, selon un angle de tir particulièrement réduit par les étroites voutes du clocher et dans la visibilité voilée par la pluie et la grisaille : "Si une gonzesse y arrive, j'veux bien l'embaucher, tiens !" ironise La Boule. Et si Eldan s’éclipse vivement vers le campanile pour faire sonner la cloche du pommeau de sa dague si la Kerdane devait manquer, il n'a pas encore atteint le sommet qu'un trait ricoche sur le bourdon et faisant sonner le bronze avant de retomber côté grand' place. <br />
_"Et sinon, c'est combien la paye ?" demande la tireuse d'élite d'un ton narquois, avant d'aller rejoindre la table où attendent déjà les autres vainqueurs, deux étrangers à l'air farouche et une paires de jeunes imbéciles qui se présentent comme "Trevan de Rigorne, chevalier errant ! <br />
_Et Gavin, son loyal écuyer. <br />
_Ah ben putain, si c'est le haut du panier j'ose pas voir le fond..." <br />
leur décoche Diane, toujours aimable.<br />
Informé que le convoi va de toutes façons partir le lendemain, que Diane y est embauchée, que l'éclaireur doit aller acheter quelques provisions pour le reste de l'équipe et puisque les religieux sont tous très occupés avec la foule des clients, Andréas profite du reste de sa matinée pour étudier bien tranquillement sa récente trouvaille.<br />
(Spoiler même pour les joueurs de cet épisode : En examinant les bagues mobiles qui se découpent dans la sphère d'or-rouge héritée de Langard, le mage découvre qu'elle est à la fois un focus capable de stocker de l'Essence magique, un catalyseur qui facilite le transfert d'Énergie vitale pour la chargre plus facilement et un amplificateur doublant la portée de la plupart des sorts : bien qu'il ait du payé 2pH pour la retrouver, Andréas Odran est ravi ! Bien sûr, il ignore encore que le spectre de son défunt propriétaire y a été piégé, et qu'il se manifestera lorsque l'objet sera suffisamment rechargé…)<br />
<br />
=== Interlude Forestier (Vignu, Herle) ===<br />
<br />
Pendant ce temps, Vighnu et Herle se sont éloigné dans la forêt après avoir entendu de lointains aboiements : voulant voir de quoi il retourne, ils découvrent une petite chaumière isolée, où une mère de famille fend du bois avec dextérité pendant que ses deux jeunes enfants jouent en rassemblant les demi-bûches sous l’œil de deux énormes dogues de Marale, des molosses presque aussi hauts que des poneys. En s'approchant sous le vent, les mercenaires réalisent que ce doit être la demeure de Thuril le Brun : un forestier réputé dans la région et qu'Eldan leur a expliqué servir régulièrement de guide aux caravanes, en particulier celles de Jornil Cuivré, de loin son meilleur employeur. Ils envisagent un moment de kidnapper un môme pour forcer la coopération de son père, mais après avoir considéré la maman qui fend les bûches d'un coup de hache expert, l'agitation grandissante des chiens, la taille du chenil trop vaste pour "seulement" deux dogues et les probables galères d'avoir à balader un otage de 5 ou 8 ans, les deux farouches guerriers renoncent.<br />
<br />
En rejoignant leurs camarades, ils aperçoivent les traqueurs d'esclaves qui patrouillent les flancs de la montagne et se dissimulent tous si bien qu'Eldan, sorti de la ville basse pendant que le premier convoi s'y assemblait pour partir enfin, va avoir bien du mal à les retrouver. Déposant les provisions en expliquant que Diane a réussit à intégrer l'escorte, l'éclaireur repart aussitôt pour lui transmettre les derniers détails du plan et une dague empoisonnée par les bons soins de Vighnu, "en cas de besoin". <br />
<br />
_"Pis ramène le chroniqueur, aussi : on s'arrache dès que la première caravane a fini de descendre la route. <br />
_Mais vous vouliez pas que j'aille jeter un œil à la mine, pour repérer l'autre convoi ? <br />
_Il part demain matin, non ? Qu'est-ce qu'on besoin de savoir d'autre ? Grouille !"<br />
Et ce fût leur deuxième erreur…<br />
<br />
<br />
<br />
== Préparation du terrain ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Sabotage (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
À peine une heure derrière les quelques chariots de marchandises et le troupeau de chevaux qui labourent la route humide devant eux, le commando se met donc en marche en milieu de journée, avançant d'un pas tranquille pour éviter de les rattraper. La fin d'après-midi leur offre une vague éclaircie lorsque, quasiment à mi-pente de la gorge encaissée où les cailloux roulent sous leur pas, ils avisent un sapin qui penche déjà un peu depuis le versant hérissés de rochers du ravin : passant des cordes autour du tronc, Herle, La Poigne, Vighnu (mollement, hein, il est fatigué), Le Grêlé et Oleytan tirent de toutes leurs forces pour finir de le déraciner. Le templier défroqué s'énerve au passage et, quand ses compagnons remarquent que la chute de l'arbre n'a pas l'air très naturelle, il escalade la pente avec La Poigne pour déclencher à eux deux un éboulement susceptible d'expliquer l'accident. Après qu'une coulée de rochers se soient répandus sur la route et que le colosse ait cogné le tronc à coups de pierres pour parfaire la mise en scène et dissimuler les marques de cordages laissées dans l'écorce, l'équipe décide de souffler un peu avant de repartir... et Vighnu remarque alors une silhouette qui les observe de loin, dissimulée parmi les sapins en haut de la crête.<br />
(Si Andréas Odran a tout intérêt à garder le secret de ses talents magiques pour éviter de finir au bûcher, surtout lorsqu'il voyage avec un ex-templier, Hadrien Muraille et Adira Pratesh les ont découvert lorsqu'ils étaient enfermés dans la mine et le fehnri en a évidemment parlé à son cousin : malgré ses craintes instinctives concernant la sorcellerie, Vighnu a abordé le sujet avec Andréas qui s'est montré assez ouvert sur le sujet pour le rassurer...)<br />
<br />
Après avoir discrètement averti le reste de ses camarades de la présence d'un observateur discret et leur avoir recommandé de faire "comme si de rien n'était", Vighnu et Andréas s'éloignent innocemment loin des regard inquisiteurs en pénétrant sous les frondaisons qui bordent la gorge en se donnant vaguement l'air de chercher des plantes : <br />
_"Tu peux le chroniquer d'ici, demande l'apothicaire dès qu'ils sont loin de Herle ? <br />
_Assieds-toi avec moi et (Andréas sort la sphère première de son sac) pose tes mains là-dessus, là et là. <br />
_Je sens que je vais pas aimer.... <br />
_Sans doute mais j'ai pas l'énergie pour le faire moi-même alors tu participes où il va se tirer." <br />
Dès qu'ils ont tous les deux les mains sur la sphère de métal rouge, Vighnu se sent soudain très fatigué [ça lui coûte 4 points de Fatigue, mais ça fait 8pts d'Essence pour alimenter les sorts d'Andréas, qui en a bien besoin vu comme il peine depuis plus de deux jours qu'ils sont en marche] et, les yeux fermés par la concentration, le chroniqueur annonce à son camarade : "Il n'y a qu'un seul type, mais il s'éloigne vers... un cheval. Plein nord, au sommet de la gorge. Il sait qu'on l'a repéré. Il se dépêche parce que... le sentier qu'il veut prendre rejoint la route un peu plus haut. <br />
_Tu peux le neutraliser ? <br />
_Je vais essayer mais... <br />
_Fais au mieux, je préviens les autres !"<br />
<br />
=== Interrogatoire ===<br />
<br />
Quand Vighnu sort des bois tout essoufflé en appelant ses compagnons, il explique brièvement que le guetteur est en train de s'enfuir à cheval, mais qu'ils peuvent tenter de lui couper la route et Oleytan s'élance le premier, remontant la gorge au pas de charge, suivi de près par Eldan, Herle de Lorune et le Grêlé. Ils ont beau courir de toutes leurs jambes sur le chemin rocailleux, le cavalier dévale la pente plusieurs centaines de mètres plus haut qu'eux... et tombe de selle en atteignant la route.<br />
<br />
"Quand on sait pas monter..." grommelle Herle, dégageant l'arc qu'il avait en bandoulière en cavalant de plus belle : son cheval trottant pour s'éloigner des ennuis, le guetteur se relève à peine lorsque Lerkoren Oleytan arrive sur lui le glaive à la main, mais réussit à dégainer sa propre épée en se remettant sur ses pieds, à parer et à lui coller un grand coup de pommeau à la tempe, séchant le jeune Elloran avant qu'Eldan ne soit à portée de lame. Le cavalier esquive le coup mal ajusté du Moineau en bout de course et, voyant arriver d'autres adversaires, dégage vivement sur le versant boisé qui descend vers le torrent. Mais Herle de Lorune a stoppé et décoché une flèche, et malgré la distance elle vole entre les arbres, racle l'écorce d'un boulot et transperce le genou du fuyard [3 pions de Fatigue et 1pH : Ego' voulait vraiment le choper] qui bascule dans dans la pente en rebondissant contre les troncs et les rochers. Un instant soufflé par l'expertise du tir, Oleytan, Eldan et le Grêlé regardent le Défroqué d'un air médusé, celui-ci leur fait signe d'aller chercher leur proie et, s'asseyant pour souffler sur un rocher, débande son arc en déclamant un poème sur la rudesse de la vie au bord des eaux [il faut préciser que pendant qu'on joue sur Rolisteam, Ego' dégotte des poèmes de circonstance qu'il déclame à brûle-pourpoint quand il a besoin de libérer de la Tension : ça fait toujours son petit effet et lui obtient à chaque fois le bonus du public]. Le Grêlé en reste un moment comme deux ronds de flanc, puis l'ex-inquisiteur dégage sa dague et, descendant à la suite d'Eldan avec le mercenaire sur les talons, annonce : "Bon, c'pas le tout : au boulot."<br />
<br />
Et pendant qu'Oleytan s'éloigne pour récupérer le cheval, sous le regard mortifié d'Eldan qui a eu tant de mal à récupérer le blessé dans le torrent, à le traîner sur la berge et à lui faire un garrot, Herle entreprend d'interroger le prisonnier, d'abord en lui expliquant qu'il parlera de toutes façons et que ce n'est qu'une question de temps et de douleur, puis en tournant la flèche dans la plaie pour illustrer son propos. Alors qu'Eldan, dégouté, s'éloigne, le cavalier commence à révéler qu'il n'est que l'éclaireur d'une bande de types chargée de suivre le convoi... lorsqu'il tourne de l’œil, moins à cause de la souffrance que des blessures reçues : ayant rejoint ses camarades depuis quelques instants déjà, Vighnu l'examine et, constatant que le prisonnier cumule un sérieux hématome à la tête et des côtes fracturées à sa blessure au genou, annonce qu'il risque d'avoir un peu de mal à le garder en vie plus de quelques heures. <br />
_"Et qu'est-ce qu'il a sur la poitrine, demande le chevalier ? <br />
_Tatouage de voleur, explique l'assassin-apothicaire : la Confrérie du Chacal, une espèce de regroupement de brigands, mais j'ai entendu dire qu'ils commençaient à trafiquer des armes dans le coin. <br />
_Non. Ce sont des démonistes ! <br />
_Hein ?! Houlà, non, non, je vous assure messire ils... <br />
_L'étoile à neuf branches est le signe du démon, Maître Pratesh, et cette créature doit être décapitée et brûlée séance tenante. <br />
_Quoi ?! Mais non, enfin, on allait l'interrog... <br />
_Nous ne tolérerons pas l’œuvre du démon et vous n'en serez pas complice, Maître Pratesh, ou bien vous aurez à faire à moi !" <br />
Malgré les protestations de ses camarades, Sire de Lorune défait le long paquet qu'il a sur le dos depuis le départ et en dégage une lourde épée bâtarde à la lame gravée de runes antiques et dont la garde rougeoyante rappelle à Vighnu une certaine sphère : avant qu'il ne puisse s'interposer, l'épée s'abat et la tête du malheureux tombe, tranchée net, entre ses genoux [oui, Herle vient d'exécuter le "peunj-d'information" pour produire une Réaction à 5].<br />
<br />
Image<br />
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=== Fuite ===<br />
<br />
"D'autres cavaliers arrivent !" les avertit Oleytan depuis le chemin, où il monte maintenant le cheval récupéré. Ne sachant pas s'il s'agit de brigands ou de simples civils et préférant éviter de laisser une "scène de crime" qui mette la puce à l'oreille du convoi, les mercenaires bascule le corps dans le torrent et dégage vers l'aval, histoire de dépasser leur éboulement avant d'être vus. Emportant la tête pour la brûler plus tard, Herle s'élance sur le chemin à la suite de ses camarades. Ce n'est que lorsqu'ils ralentissent au bas de la gorge qu'ils s'avisent qu'ils ont oublié Andréas et La Poigne, à qui Vighnu avait ordonné de rester près du chroniqueur pour le protéger : <br />
_"Non mais ils sont pas débiles, non plus, ils auront dégagé en nous voyant passer... <br />
_On parle de La Poigne là : le gars qui reste allongé près de l'arbre les yeux fermés pendant qu'on poursuit un cavalier parce qu'on lui a dit de faire "semblant de rien". <br />
_Bon, Oleytan, tu retournes les chercher à pied en passant par les crêtes, on se retrouvera près du gué." <br />
Et le matériel chargé sur le cheval, notre commando hautement qualifié repart d'un pas tranquille sous la bruine persistante.<br />
<br />
=== Reflexions ===<br />
<br />
Sous les pas des mercenaires, une plaine vallonnée, couverte de hautes herbes et parsemée de bosquets, succède bientôt à la forêt escarpée. Une éclaircie illumine le paysage et, quoiqu'en regardant régulièrement par-dessus leur épaule, les PJ en profitent pour sécher un peu en devisant sur la suite. Ce n'est qu'en arrivant au bord du fleuve que Herle insiste pour faire une pause et observer sérieusement les environs, des fois que les Démonistes ("Mais c'est juste des petits truands qui se donnent un genre ! _Des dé-mo-nistes !") aient posté un autre guetteur ou que la première caravane soit encore à portée de vue. Les abords de l'Anil'wel ("la Rivière du Passé") sont remarquablement calmes, mais la profondeur des empreintes de chariot laissées sur la berge intrigue le templier : <br />
_"Qu'est-ce qu'il y avait exactement dans ces chariots, Eldan ? <br />
_Heu... un de draps et fourrures, un de ferronnerie, chaudrons, ce genre de trucs, et puis un p'tit chariot de matériel, les vivres de l'escorte, tout ça. <br />
_Grand et gros, le chariot de chaudrons ? <br />
_Pas très non, pourquoi ? <br />
_Parce je commence à me dire que si j'étais un maître-contrebandier qui se méfie d'une attaque sur le convoi le plus important de l'année, j'aurais peut-être bien camoufler le vrai chargement dans la première caravane et tendu une embuscade autour de la seconde…"<br />
<br />
Après avoir passé le fleuve, et puisque la journée touche à sa fin sous les nuages noirs qui s'accumulent à l'est ("Gros orage en provenance de la mer, annonce le Moineau. _Trouve-nous un bon site de bivouac, faut qu'on puisse se reposer ce soir.") le groupe discute toujours de ses soupçons en interrogeant Eldan sur milles détails, puisqu'ils est le seul parmi eux à s'être rendu en ville et à avoir observé les préparatifs de départ. Montant un campement étonnamment confortable à base de branchages installés entre de gros rochers, sur les contreforts des hauts plateaux à l'ouest de la route (en limite de zone 4, sur la carte) et bientôt rejoints par Oleytan suivi d'Andréas juché sur le dos de La Poigne, l'équipe continue de réfléchir à l'idée du Templier.<br />
<br />
Et, à force de se creuser la cervelle, Eldan commence à se remémorer divers détails troublants (les mises en garde du Capitaine ; la désertion du Carafon (d'ordinaire quartier-général des truands et en particulier des séides de Jorem Cuivré) ; Jornil qui pressait le premier convoi de partir au point de payer une partie des frais de l'escorte, finalement un peu excessive pour des marchandises sans grande valeur et comptant assez peu de cavaliers pour que le troupeau de chevaux soit sa principale préoccupation ; les drôles de "barbares" qui trainaient à l'Hostellerie avec Diane), Andréas raconte sa première rencontre avec les Chacals au Cercle des Cascades, Vighnu et Eldan ajoutent leurs connaissances sur la pègre du nord... Il leur faut un moment pour constituer une théorie viable mais, lorsque Herle de Lorune revient de l'incinération de la tête tranchée, ses compagnons se sont rangés à son avis : le butin est caché dans la première caravane (qui n'a que 3 ou 4 heures d'avance sur eux et a du elle aussi s'arrêter pour la nuit), et le deuxième convoi est un piège à leur intention, pour lequel Jornil a embauché les Chacals, originellement venus des Sylves, tout comme Urgrand le sorcier barbu qui les a mis en relation avec les rebelles. _"Je vous avez bien dit que c'était des démonistes ! Quand on aura fini cette mission, faudra faire la peau à ce sorcier. _Nous en reparlerons certainement, sourit Vighnu."<br />
<br />
=== Interlude Lointain ===<br />
<br />
Pendant ce temps à Tal Endhil, le Capitaine prend Ranyella Sotorine à part à la fin d'une des nombreuses sessions qui occupent la Guilde depuis le début de la semaine et, alors qu'il voulait lui parler transport nautique et diplomatie locale, la cheffe kerdane lui remet 4 pièces d'argent : <br />
_"À quel titre ? <br />
_Une de vos mercenaires a envoyé un message à Écume 6 en demandant qu'on lui envoie une barge au Lac d'Acier. La réponse est que nous avons déjà perdu une barge récemment, que ma famille a autre chose à faire et que la mercenaire en question a perdu le privilège de faire appel à nous : vous seriez gentil de transmettre. <br />
_Oh... merde !"<br />
Et le Capitaine fonce illico au Cercle des Cascades, insiste pour parler urgemment à quelques chamans de sa connaissance et fini par demander à Kal Shemon'Lon de bien vouloir passer un message à Vighnu et Andréas : "Seulement si j'peux mett' un monstre marin. Ça donne du cachet aux visions, les monstres marins. Hihi."<br />
<br />
<br />
<br />
== Infiltration ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Soirée à Solerane (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
À l'Hostellerie des Moindres, après qu'Eldan soit passé en coup de vent lui déposer une dague empoisonnée ("T'aurais rien de plus liquide, pour épicer les vivres de l'escorte ? _Ah heu ben non, mais j'vais demander à l'apothicaire.": jamais revenu), Diane fait connaissance avec ses futurs compagnons de route : si les deux "barbares" au poil noir et à l'air revêche ne font toujours aucun effort pour converser dans la Langue des Pères, elle découvre que le jeune "chevalier errant" Trevan de Rigorne et son fidèle écuyer sont venus au nord "en quête de gloire et d'aventure" et que, malgré leur bref engagement dans les troupes mercenaires ("parce qu'on y voit plus d'action !"), l'aventure leur a fait jusqu'ici plutôt défaut : une escorte de caravane vers Celanire (et quelques troubles sur place dus à l'arrivée d'un nouveau prêtre assez radical), mais toujours pas de glorieux combat. Ils comptaient s'engager dans les troupes d'un héros local, le fameux Capitaine Durgaut de Tal Endhil ("Qui ? Non, 'connais pas...") mais comme Trevan est incapable de réduire son train de vie, les voilà pour l'instant fauchés et ils repartent vers Darverane avec le fourgon de métal, dont le jeune chevalier espère bien qu'il sera attaqué (pour se couvrir de gloire), afin de gagner assez d'argent pour un second cheval (Gavin l'écuyer se plaint de courir derrière depuis deux mois).<br />
<br />
Un très bref duel d'entraînement avec lui permet par contre à Diane de constater que Trevan est extrêmement bien entraîné à l'épée, malgré son inexpérience du combat réel et sa rafraichissante "naïveté". Si son écuyer a d'avantage les pieds sur terre, Diane ne doute pas de pouvoir par contre les manipuler (et ne se préoccupe pas plus que ça d'aller jeter un œil au fourgon ou à la mine).<br />
Elle rencontre bientôt Thuril le Brun, le massif forestier accompagné de deux dogues en charge de guider le convoi, qui vient les avertir d'être prêts le lendemain avant l'aube.<br />
<br />
=== Rêves collectifs (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
Pendant qu'elle dort tranquillement à l'Hostellerie, le tumulte de l'orage qui s'abat sur la plaine est bientôt interrompu par un hurlement de frayeur : sous son abri de branchage, Vighnu vient de s’éveiller d'un horrible cauchemar, une histoire de barques irrémédiablement coulés et de monstre marin qui le dévorait. <br />
_"Ça commençait par un faucon ricanant dans la nuit et finissait par un petit oiseau qui te guidait vers un sentier lumineux dans la montagne, demande Andréas ? <br />
_Heu... oui, mais je t'avoue que je me suis réveillé après le poisson géant. <br />
_C'est drôle, moi j'ai juste vu une espèce de grosse murène rôder dans l'eau, mais à part ça, je pense qu'on a fait le même rêve, envoyé par Kal Shem'... <br />
_C'est important les rêves, coupe Herle de Lorune, ce sont souvent les Ancêtres qui nous les envoient. <br />
_Voilà. <br />
_J'allais le dire. <br />
_Et dis-donc, le Moineau, un chemin dans la montagne, ça te dit quelque chose ? <br />
_Ah heu...oui. Le Capitaine avait prévu une solution de secours si on trouvait pas d'embarcations, c'est au nord de Celanire. <br />
_Et c'est fiable ? <br />
_Les plans du Capitaine sont toujours fiables ! <br />
_Suis-je bête. Bon ben demain on peut s'épargner d'aller voir si les Kerdans sont arrivés à la presqu'île et foncer plein sud dès l'aurore pour rattraper le convoi..."<br />
<br />
=== Départ du convoi (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
Et le jour n'est pas encore levé que Diane, Trevan, Gavin et les deux barbares Sylvains dont elle n'a tiré que les noms (Rumbold et Jaromir) rejoignent avec Thuril la mine de cuivre, un véritable petit fortin dont sortent bientôt des cavaliers (dont Craie et Esteval, qu'elle reconnaît et qui la reconnaissent, mais aussi un jeune gandin qui s'avèrera vite être Jorem Cuivré, le fils du grand patron), quelques fantassins supplémentaires, un lourd fourgon de chêne fermé par une porte cadenassées et un petit chariot de matériel tiré par des mules. Retraversant la ville vers la porte basse dans le fracas des roues et des bêtes sur le pavé, le convoi descend laborieusement la route vers le Marchepied en brinquebalant ("Bloumboudoum font les coffres dans le fourgon fermé. _Super : tu fais vachement bien le coffre. _Okaaay... _Ben quoi ?") puis oblique plein sud dans le petit matin.<br />
Très vite, l'arbalétrière comprend qu'entre Craie, Thuril et Jorem, il y a deux chefs de trop dans ce convoi, et en profite pour attiser les inimitiés au sein de l'escorte. Dès qu'elle et d'autres piétons sont employés à retenir les chariots dans la route pentue qui serpente le long du torrent, il lui vient une autre idée pour ralentir le convoi : profitant d'un dérapage du fourgon ("moins lourd qu'il n'y parait... _Ben tant mieux.") <br />
sur la route bourbeuse, alors qu'elle tirait de l'arrière, Diane s'arrange pour que le véhicule passe sur l'un des cochers descendu pour freiner par l'avant, et le conducteur hurle lorsqu'une des roues de bois ferré lui sectionne la jambe à hauteur du genou. Dégager le pauvre gars et lui prodiguer les soins nécessaires, quoique probablement inutiles (le type ne s'en sortira pas sans un bon chirurgien) stoppent le convoi pendant un long moment. Diane en profite d'ailleurs râler sur la paye, semer encore un peu plus la discorde dans l'escorte et monter Trevan de Rigorne contre Craie en proposant de rentrer à Solerane pour repartir du bon pied, mais l'esclavagiste albinos est vite soutenu par Esteval et, à eux deux, ils ramènent un semblant de discipline dans l'équipage qui reprend la route.<br />
<br />
Toujours attentive aux alentours, Diane commence à avoir l'impression distincte que des bruits de sabots suivent le convoi par les crêtes et, lorsqu'elle propose d'aller voir, Craie insiste pour envoyer plutôt Jaromir et Rumbold, les deux Sylvains. <br />
_"Dis-donc Trevan, demande-t-elle au jeune chevalier, les deux barbares, là, ils ont été sélectionnés comment ? <br />
_Je ne sais pas, Mademoiselle : je ne crois même pas que le gros sergent les ait mis à l'épreuve, ils ont été embauchés tout de suite. <br />
_Tiens donc..." Et bien sûr, lorsque les deux éclaireurs reviennent "sans avoir rien trouvé", Diane et Gavin espionnent leur bref rapport à l'albinos, la Kerdane entendant quelque chose comme "perdu un gars... <br />
_Dis-leur de garder leurs distances, merde !"<br />
<br />
Lorsque le jeune chevalier et un des Sylvains, chevauchant tous deux à l'avant-garde, signalent un l'éboulement barrant la route, le convoi s'arrête à nouveau, l'escorte se déploie en position défensive et la Kerdane décide d'escalader le pierrier pour en avoir le cœur net : trouvant les empreintes de deux paires de très grands pieds, elle déduit que l'éboulement est l’œuvre de La Poigne et du Défroqué, mais préfère inquiéter les autres pour perdre encore du temps. Le convoi ne repartant qu'après avoir utilisé les mules pour traîner le sapin tombé hors du chemin, Diane s'installe à côté de Thuril le Brun sur le banc du fourgon et entreprend de lui expliquer qu'il se passe des choses très bizarres autour de ce transport, surtout que les Sylvains et Craie semblent comploter un truc bizarre avec des cavaliers qui les suivent [Réaction de Témérité à 5]. Manifestement surpris (et convaincu), le Brun essaye pourtant de dissiper les soupçons de la Kerdane mais ne parvient qu'à éveiller de nouveaux doutes : le guide serait-il de mèche avec d'autres gars voulant braquer le convoi ?<br />
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=== Fuite meurtrière ===<br />
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Avec tout ce temps perdu, il fait déjà presque nuit lorsque la caravane fourbue s'installe pour camper juste avant le gué et que Craie insiste pour envoyer les deux Sylvains et Diane "chercher du bois pour le feu", à bonne distance du camp puisque les premiers bosquets sont à plusieurs centaines de mètres. Méfiante, la Kerdane avertit Gavin et ne suit les deux barbares qu'en traînant les pieds et son arbalète sous le bras, le temps de chercher une solution : elle observe le terrain en détail, évalue les distances... Lorsqu'elle réalise que Craie et Esteval arrive derrière elle depuis le camp alors que les Sylvains la prennent en tenaille par l'ouest, elle se penche pour ramasser une branche morte... et disparaît complètement dans les taillis et le soir qui tombe.<br />
<br />
[À 4 contre 1, Diane est sérieusement dans la mouise, surtout qu'Orlanth refuse d'employer ses pH pour autre chose que progresser. Mais briefé en détail sur les options tactiques d'un sniper et anticipant finement sur ses Mises, il va commencer par un énorme jet de préparation, dégageant 16 pts de bonus temporaires qui ne vont pas être de trop...]<br />
<br />
Transmettant des indications par signes aux deux Sylvains, Craie et Esteval resserrent l'étau autour de la Kerdane... Du moins le croient-ils car, camouflées dans un bosquet à quelques distance, elle se trouve déjà hors de "l'encerclement" et visant soigneusement, elle attend le bon moment pour tirer en comptant sur la fatigue et la tension de ses adversaires. Et lorsque que, croyant avoir vu un buisson bouger, Craie fait claquer son fouet dans le feuillage, l'arbalète claque sans être entendu et Esteval s'écroule sans un râle, un carreau lui ayant perforé le crane par l’œil gauche. Jaromir, l'éclaireur sylvain qui progresse discrètement l'arc tendu, est maintenant la cible la plus excentrée : Diane recharge et lorsque l'albinos -dont les longs cheveux blancs se distinguent nettement malgré le crépuscule- se retourne pour appeler à voix basse son camarade disparu, un second trait claque et se fiche dans la trachée de l'archer, qui s'effondre en gargouillant du sang.<br />
<br />
Immédiatement, Rumbold et Craie comprennent qu'on leur a retourné l'embuscade et cherchent un couvert, mais l'esclavagiste commet l'erreur de vouloir reprendre l'offensive : dégainant son tranchoir et ré-enroulant son fouet, il s'élance en zigzaguant entre les rares bouleaux pour atteindre l'origine du tir... où Diane n'est déjà plus. Et lorsqu'il se retourne pour la chercher du regard, un carreau l'atteint en plein front. <br />
<br />
Alors que des voix commencent à se faire entendre vers le campement, le dernier Sylvain récupère l'arc de son compagnon et, restant prudemment à couvert, scrute le sous-bois en se déplaçant silencieusement vers l'ouest et les profondeurs de la forêt. Rumbold lâche une flèche lorsqu'une ombre se détache brièvement parmi les arbres mais manque de plusieurs coudées, et les deux tireurs continuent leur lente et silencieuse danse parmi les taillis, s'éloignant toujours plus du camp vers la forêt, chacun cherchant à repérer sa cible autant qu'à réduire la distance en restant à couvert... Mais lorsqu'il atteint une longue clairière, le Sylvain doit choisir s'il s'arrête ou s'aventure à découvert et, manifestement décidé à continuer vers l'ouest ou les arbres sont plus dense [et lui permettrons de réduire l'avantage fournit par la portée de l'arbalète], il s'élance soudain au pas de course : il n'a pas fait 10 pas qu'un carreau le cueille en pleine cuisse. Il riposte pourtant, mais manque encore et, étalé dans les hautes herbes, à flèches, il a le réflexe de ne plus bouger et d'attendre que la Kerdane soit obligée de s'approcher : lorsqu'une silhouette blonde apparaît, il se redresse sur un bras pour lancer sa hache mais un dernier carreau lui perce le crâne avant qu'il ait pu finir son geste.<br />
<br />
Accroupie à la lisière des bois, Diane écoute la nuit en reprenant son souffle : s'il lui semble entendre un lointain piétinement de sabots dans la forêt, une chouette ulule à l'ouest quand elle reconnaît le timbre de Trevan approchant par l'est et appelant à mi-voix "Mademoiselle ? Mademoiselle ?". Elle fouille rapidement le corps de Rumbold, récupère le projectile qui saillit de sa jambe et, en plus d'un curieux appeau, d'une solide dague, de quelques pièces de cuivre et d'un lacet d'étrangleur, elle découvre un curieux tatouage sur son sternum, une sorte de loup très mince sur fond d'étoile et de forêt. Soufflant tout bas dans l'instrument, elle émet une sorte de ululement et comprends que d'autres Sylvains appelaient leurs compagnons. <br />
<br />
Quand le jeune chevalier la rejoint enfin, troublé de constater qu'elle vient d'abattre 4 hommes dont leur chef (et qu'il a encore manquer l'action), elle n'a guère le temps de lui expliquer la situation en détail mais, avec l'aide de Gavin qui finissait de fouiller les corps, parvient à le convaincre qu'elle est "la gentille" de l'affaire. Et qu'ils sont tous en danger : il faut fuir, tout de suite, sans repasser par le camp. "Mais je ne peux tout de même pas abandonner mon destrier, proteste le "chevalier errant" ! _Et puis j'ai trouvé la clé du fourgon autour du cou de Craie, fait remarquer Gavin : ça vaudrait le coût de jeter un œil..." (On pourra pas dire que j'ai pas essayé.) <br />
Diane hésite un instant, car la tentation est forte, mais se ravise et, tirant doucement le chevalier confus par le bras, elle l'entraîne avec son écuyer vers le fleuve, contourne le camp par la rive, trouve le gué malgré la nuit et, alors qu'un fort tumulte et une cavalcade semble agiter le bivouac derrière eux, ils disparaissent dans la nuit et les flots grondant...<br />
<br />
Ils marchent depuis plus d'une heure, que le chevalier a passé à se plaindre de la perte de son cheval, du poids de son pavois et de ses pieds douloureux, lorsque Diane et Gavin réalisent que des cavaliers sont à leurs trousses : quittant le chemin pour tailler à travers bois, le trio sème temporairement ses poursuivants dans l'épaisseur des taillis et tente de prendre un maximum d'avance avant l'aube (passant sans le savoir à peu de distance de l'endroit où, la nuit précédente, ses compagnons ont campé pour s'abriter de l'orage).<br />
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== Dernier tronçon ==<br />
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=== Sabotage d'un chariot ===<br />
<br />
Durant la journée, Vighnu, Andréas sur le cheval, Herle de Lorune, Eldan, Oleytan, le Grêlé et la Poigne ont continué d'avancer à marche forcée sur la route forestière (segment 4 du trajet) détrempée tant par l'orage de la nuit que par les quelques ruisseaux qui s'écoulent vers le lac, grossis des eaux de pluie. Eldan, le plus leste de la bande, a rapidement pris de l'avance sur le reste du groupe en espérant rattraper la caravane assez tôt et trouver moyen de la ralentir jusqu'à ce que ses camarades le rejoignent. Et en effet, lorsque l'après-midi touche à sa fin et que le Moineau émerge de la forêt (début de zone 5), il découvre le troupeau de chevaux paissant tranquillement dans la grande prairie en bordure du Lac d'Acier, près des trois chariots arrêtés au bord du chemin entre lesquels les voyageurs ont allumé un petit feu pour sécher leur paletots. La moitié d'entre eux prennent d'ailleurs le soleil ou nettoie leur vêtements bourbeux sur la berge pendant que les autres cassent la graine et se reposent de la rude journée qu'ils viennent de passer à pousser les carrioles dans le chemin forestier tout à la fois étroit, sinueux, bourbeux, rocailleux et coupé par les crues miniatures (argl).<br />
<br />
Profitant des hautes herbes et de ce que seulement trois sentinelles semblent encore (vaguement) se préoccuper de monter la garde, le Moineau progresse par l'ouest, traverse la route sans être vu et se glisse subrepticement jusqu'au chariot de ferronnerie. Il entreprend alors d'arracher avec sa dague les clous qui maintiennent une des roues arrières sur l'essieu, mais il n'a pas tout à fait le temps de finir que l'arrivée de l'unique sentinelle à cheval, qui commence à réunir les chevaux égayés e vue du départ, l'oblige à se dissimuler sous la carriole. Son mouvement d'ailleurs trop vif et trop peu discret fait se cabrer l'un des chevaux, la sentinelle descend de selle pour voir ce qui se passe alors qu'une autre est descendue du chariot de draps (étrangement le seul où un garde soit resté en faction) : Eldan, bientôt coincé, ne s'échappe qu'en profitant d'un instant d'inattention né du chef de convoi qui bat le rappel de ses compagnons, juste le temps pour lui de retraverser la route et de s'éloigner en rampant dans les hautes herbes. Néanmoins, la roue d'un des chariots ne tient plus que par un clou et l'éclaireur a reconnu l'homme qui gardait le chariot "de draps" : c'est Darjodrahl, le garde du corps/assassin hornois de Jornil Cuivré en personne, et sa seule présence indique qu'ils ont vu juste...<br />
<br />
[Là, vous comprendrez que j'ai un problème spatio-temporel massif : Diane/Orlanth a toujours environs 24h de retard sur les autres joueurs, qui eux sont à moins de 24h de l'objectif réel, et d'ailleurs la caravane va arriver à l'Auberge du Pont. Si je laisse tourner la chronologie normalement, Diane ne rattrapera ses compagnons que bien plus tard, probablement après que l'action soit terminée : c'est vraiment con. Alors comme pour une fois j'ai mes 4 joueurs-combattants ensemble (ça n'a a été le cas que deux séances sur sept), je fais une entorse à mes principes pour mon Orlanth préféré, Diane passe donc à travers une faille temporelle et rejoint ses camarades, qui pour la plupart n'y ont vue que du feu.]<br />
<br />
=== Regroupement et combat (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Trevan, Gavin, Diane) ===<br />
<br />
À la lisière des bois, le reste de la troupe s'est arrêté pour faire une halte après 10h de marche forcée qui lui ont "presque" permis de rattraper le convoi, lorsque Oleytan à l'arrière-garde annonce trois piétons mal en point qui clopinent vers eux : c'est Diane la Kerdane et deux inconnus, dont un sérieusement blessé. Le trio de fuyard a en effet été rejoint par quelques cavaliers-chacals dans la journée et, lorsqu'un bref combat, Diane en a abattu un de plus, Trevan en a blessé un deuxième et le troisième a planté sa lance dans le flanc du pauvre Gavin avant d'être "héroïquement mis en déroute" par le chevalier errant (et donc il s'est barré, quoi). Rapidement mis au courant des mésaventures les uns des autres malgré l'insistance du chevalier qui veut savoir s'ils sont des "malandrins" <br />
_("Ben heu... on est des bandits d'honneur qui volons aux riches pour donner aux pauvres et défendons les petites gens contre l'oppression. <br />
_Vrai ? Quelle aventure ! Je suis bien content de vous avoir rencontrés et de pouvoir joindre mon épée à votre noble cause ! <br />
_C'est qui ce débile, exactement ?")<br />
, tous s'accordent à dire que les deux priorités du moment sont qu'ils ont 1) encore une petite heure de retard sur leur objectif et 2) seulement une courte avance sur les 6 ou 7 cavaliers qui poursuivaient encore Diane, Trevan et Gavin. "Ça tombe bien, fait remarquer Vighnu : on va avoir besoin de chevaux."<br />
<br />
Une fois l'équipe déployée autour de l'appât constitué par Gavin (rapidement rafistolé par Andréas) et Trevan installés au bord de la route, le "combat" est aussi rapide qu'unilatéral : Diane snipe le premier cavalier, le second reçoit une flèche de Herle avant d'être démonté d'un grand coup d'épée par Trevanet si les 4 autres qui les suivaient freinent à bonne distance pour descendre de cheval, ils découvrent vite qu'ils sont encore à porter de tir quand l'arbalète fait une seconde victime et qu'un autre adversaire prend une flèche dans la hanche en descendant de cheval. Les deux derniers, d'abord décidés à profiter du couvert des sous-bois pour arriver au contact voient bientôt le chevalier, le Grêlé, Vighnu et la masse du Templier s'avancer vers eux, et se dispersent dans les taillis dans l'intention manifeste de se carapater. C'était sans compter sur l'inhumaine discrétion de la Poigne, qui éclate à la masse le crâne du malheureux qui avait presque réussi à surprendre l'assassin (longue journée + problèmes de cœur : petite forme, le fehnri) et lorsque ce dernier se met en quête de l'ultime ennemi rescapé, il le trouve affalé sur le ventre et ligoté par le layss d'Oleytan, d'ailleurs assis sur son dos. <br />
_"Très bien mon gars ! Allez, on le ramène aux autres et... <br />
_Non. <br />
_Je te demande pardon ? <br />
_Non, Vignupratesh : cet homme est mon prisonnier, et il porte un tatouage. Je ne laisserai pas tes cinglés de compagnons massacrer un vaincu. Je comptais le laisser repartir après que nous ayons pris du champ. <br />
_Mais c'est une très mauvaise idée, mon ami : il va rejoindre ses compagnons... <br />
_C'est son droit. <br />
_...les alerter sur notre position. <br />
_Bah je peux lui trancher un mollet, si tu veux : il devra repartir en boitant et ne rejoindra les siens que bien après que nous soyons partis. <br />
_Hem... bon écoute, je vais voir où en sont les autres et je reviens vers toi, d'accord ? <br />
_Chouette : tu peux me ramener à boire ?"<br />
Et leur seul autre prisonnier, blessé à la hanche, est une prise inattendue : Jorem Cuivré, soi-même. Terrifié et enfiévré par la douleur, le propre fils du patron-minier balance tout ce qu'il sait dès que Herle et Diane froncent les sourcils : oui, son père se doutait qu'il serait attaquer et a conçu la ruse des deux convois, oui il a embauché les Chacals à sa demande par l'intermédiaire d'un contact qui trafique du sel et d'autres marchandises "tombées du chariot" entre Darverane et Solerane, oui ils se doutaient bien que le Capitaine Durgaut était derrière tout ça mais son père ne pouvait pas se permettre de faire attendre Rhilder. "<br />
_Mais pas du tout, mes fringants compagnons et moi-même sommes des bandits d'honneur qui volons aux riches pour... <br />
_Non arrête, Trevan, t'es chiant : on bosse pour Durgaut, en fait. <br />
_Quoi ? Palsambleu mais alors vous m'avez roué ! Quelle aventure ! <br />
_Mais vosu êtes cons, pourquoi vous balancez un truc pareil devant le prisonnier ?! <br />
_Parce qu'il va pas repartir de toutes façons..." explique Vighnu avant de lui trancher la gorge [Réaction Cynisme 5 : ouch !].<br />
Et abandonnant ses compagnons avec le chevalier errant qui fait un scandale, il entraîne Diane vers l'endroit où il a laissé Lerkoren Oleytan en lui expliquant la situation : "Mais quel chieur ! 'Sont tous comme ça vos venteux ? <br />
_C'est pas la question : je compte sur toi pour abattre le prisonnier après qu'on l'ait "libéré". <br />
_Pas de problème mais faut pas que le môme me repère... <br />
_Je t'aiderai." Et, en effet, Vighnu fait assez de boucan en rejoignant son jeune ami pour que l'approche de la Kerdane passe inaperçue : une fois le prisonnier ahuri rendu à la liberté sans arme et avec un talon d'Achille tranché ("Rhaaaaaaaaa ! <br />
_Pis traîne pas mon gars, parce qu'avant la nuit, y aura des loups..."), Vighnu ramène Oleytan vers leurs compagnons en l'entretenant de ses soucis sentimentaux, que le jeune Elloran ne comprend que trop bien. Cette émouvante confession les empêche d'entendre le claquement d'une arbalète qui vient de mettre fin à une très brève fuite, après quoi Diane rejoint les autres pour récupérer les carreaux qui, ayant atteint des parties molles, peuvent encore être extraits à la dague (faut dire qu'elle n'en a plus que 7, avec tout ça).<br />
Le temps de répartir les désormais 9 cavaliers, dont un blessé, sur les 7 chevaux disponibles ( _"Quelle malchance : aucun d'entre eux ne montait mon cher destrier ! _Couillon, moraliste et obssédé par son canasson : il est pas venteux votre chevalier, des fois ?") <br />
et la troupe repart au galop à la poursuite du convoi.<br />
<br />
Eldan, rapidement récupéré et pris en croupe, explique qu'il a pu confirmer que le butin était dans le chariot de draps et saboter la carriole de ferronnerie, mais que la caravane a repris sa marche et qu'elle a encore repris près d'une heure d'avance. Trottant de leur mieux sur leurs chevaux déjà éreintés, les mercenaires fourbus voient s'amenuiser leurs options en même temps que le soleil couchant : s'ils peuvent encore rattraper leur objectif avant l'Auberge fortifiée (d'autant que la roue déclouée peut céder n'importe quand), il leur faudrait encore prendre le temps de se déguiser en Kormes, abandonner pour cela leur matériel le plus avantageux, attaquer en plaine, couper la fuite à quiconque sauterait sur un des 50 chevaux pour donner l'alerte, défaire une quinzaine de "gardes" (dont au moins 4 professionnels dignes de ce nom et Darjodrahl) à seulement 8 combattants, rafler le butin et dégager à travers champs avant que des renforts n'ait pu intervenir depuis le fortin : <br />
_"C'est pas la peine de se casser le cul à galoper, fait remarquer Vighnu : on est tous trop crevés pour se battre efficacement. Il faut trouver autre chose... par exemple s'introduire à l'Auberge du Pont cette nuit, avant que la caravane ne reparte pour Darverane avec trois ou quatre fois plus de monde. <br />
_C'est ça, on va trimballer 200kg de coffres blindés par-dessus les remparts et tout le monde trouvera ça normal. <br />
_J'ai peut-être une idée, propose Eldan : je sais que le chariot de ferronnerie est destiné à Celanire, alors si on pouvait remplacer discrètement le contenu des coffres par des fers à cheval et d'autres objets en fonte pour planquer le butin sous les chaudrons, on aurait plus qu'à attaquer demain matin un p'tit chariot presque sans escorte allant justement dans la bonne direction. <br />
_Mmmmh... et tu ferais ça comment ? <br />
_Ben on j'pourrais entrer à l'auberge avec Gavin en innocent blessé et l'honorable médecin-érudit Andréas, on repère les lieux et le butin, pis on aide Vighnu, Oleytan et tous ceux qui savent grimper et se faire discrets à passer la muraille, pis on s'introduit là où sont gardés les chariots, on se débrouille pour changer le butin de carriole sans faire trop de bruit, les grimpeurs repartent pis, le lendemain, ni vu ni connu, on braque le transport de chaudrons sur la route de Celanire. <br />
_Mais dis donc, tu sais que si on laisse quelques gars à l'extérieur pour éviter que les gars du deuxième convoi nous tombent dessus à l'improviste ou viennent raconter des âneries à la garnison locale, ça pourrait presque marcher, ton affaire ? <br />
_Très bien, jeune homme : je suis ravi de constater qu'on ne t'a pas emmené pour rien..." conclue le Défroqué.<br />
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== A l'Auberge du Pont ==<br />
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=== Première nuit ===<br />
<br />
Pendant que le reste du groupe se dissimulait avec les chevaux dans un bois, Eldan le Moineau, Gavin l'Écuyer blessé et Andréas, sous l'identité d'un érudit de Brasure, ont précédé la caravane à l'Auberge du Pont pour observer son arrivée et ses mesures de sécurité. Ils y ont découvert que la herse qui barre le fameux pont était baissée suite à des attaques répétées des Kormes sur la route vers Darverane (qu'on leur avait annoncée "rouverte") : les voyageurs et marchandise s'accumulant alors dans l'auberge envahie de tentes, de chariots et de bien plus de résidents qu'elle n'en peut héberger ou même nourrir, et les prix y grimpaient de manière délirante.<br />
<br />
Une fois les hommes de Jornil Cuivré arrivés et le chariot "de draps" (dissimulant les coffres que visent nos vaillants mercenaires) bouclé pour la nuit dans une grange gardée, Eldan observa les lieux pour chercher le meilleur point d'entrée (la garde mercenaire habituelle est doublée d'un contingent de l'armée régulière qui semble obéir à Darjodrahl, le lieutenant hornois du Cuivré), il manqua d'être lynché en accusant publiquement une jeune tire-laine plus charismatique que lui, Andréas fit le tour de l'auberge sur-bondée et récupéra la bourse volée au Moineau, puis Gavin sortit brièvement pour prévenir ses (autres) camarades de la situation avant que les portes ne soient fermées pour la nuit et tous trois se retrouvèrent au spectacle donné par les saltimbanques dans la cour...<br />
<br />
Les autres mercenaires ont d'ailleurs passé un début de soirée tendu, la journée les ayant laissés sur les nerfs. Tout particulièrement Vighnu chez qui les affres sentimentaux s'ajoutaient à la tension et à la fatigue de cette mission [il trimballe toujours ses deux points de "Trauma" (rebaptisés "Marques" depuis la dernière réécriture du système) dus à ses problèmes avec Islinna) et pète donc les plombs beaucoup plus souvent que d'habitude. C'est d'ailleurs d'autant plus intéressant que, sa principale Réaction étant le Cynisme, le fait même qu'il soit fâché avec sa douce parce qu'il est un assassin cynique l'incite à se comporter en assassin cynique. Comme dit souvent mon collègue "Cancrela", «Ça devrait s'appeler "nÉvrotic"...».] Le fehnri était en fait tellement stressé que lorsque Gavin est venu leur annoncé que le chariot était sous clé et qu'Eldan s'était fait gravement repéré en perdant sa bourse et en déclenchant un esclandre, Vighnu a sorti sa dague pour la lui coller sous la gorge en gueulant "Mais vous êtes complètement cons nomdedju, on peut rien vous confier !". Immédiatement, il a senti l'acier froid de l'épée que Trevan de Rigorne lui posait sur la nuque, Herle de Lorune a dégainé son nerhil pour piquer la pointe sous le diaphragme du chevalier errant, Diane a braqué son arbalète chargée sur l'oreille du précédent et le Grêlé, passant sa lance entre le fehnri et l'écuyer, a finalement demandé de son habituel ton sarcastique si la mission intéressait encore quelqu'un ou s'ils allaient tous s'entretuer à 300m du butin juste parce qu'ils ne savaient pas tenir leur nerfs. L'assassin a donc rengainer son katara et tout le monde a lentement rangé ses armes en échangeant des regards méfiants : folle ambiance...<br />
<br />
Pendant qu'Eldan "sympathise" avec des compatriotes Anguedais ("du Duché d'Anguedale"), des bergers occupant la tente la plus proche de la porte de la remise (la verte, sur le plan), Gavin tâche d'en déloger la barre qui la ferme de l'intérieur à l'aide d'un cure-pied (une espèce de crochet pour nettoyer les sabots des chevaux) et n'arrive qu'à la déloger en partie ("J'finira 'pu tard !").<br />
<br />
[Tentative rigolote : Gavin, qu'Orlanth incarne désormais pour éviter de ne jouer que son Arbalétrière confinée à l'extérieur, possède une Ressource "Paquetage" qui n'est définie que comme son aptitude à sortir tout et n'importe quoi du fatras accumulé dans son baluchon à force de chapardages, pour peu qu'il réussisse un jet sous le domaine "Voyage" et avec tous les talents appropriés. Le jet est plus ou moins difficile en fonction de ce qu'il espère tirer de son sac à malice, et il peut y miser d'autant plus d'Énergie que l'objet désiré correspond à ses talents...]<br />
<br />
Après avoir profité de l'enthousiasme du public devant la performance des baladins pour remplir en partie son focus, sa bourse elle aussi bien garnie a permis à Andréas d'accéder à la partie de dés qu'organise pour ses amis fortunés un certain Dorian «le Magnifique», marchand reman particulièrement entreprenant puisque, grâce au courtage, au tripot installé dans une des rares chambres privatives et à la prostitution de son époustouflante maîtresse fehnri, Sohashna, il est probablement la seule personne à tirer quelque profit de son séjour à l'Auberge du Pont. C'est surtout, pour nos mercenaires, le seul autre type assez influent sur place pour avoir obtenu que sa propre roulotte soit elle aussi gardée sous clé dans la fameuse grange... Après quelques coups de dés qui lui ont fait gagner un peu de menue monnaie, Andréas se retire du jeu et de la conversation entre puissants négociants pour lancer le sort qu'il a préparé pour glisser dans l'esprit de Dorian et de sa courtisane une certaine idée fixe : "le commerce ne vaut rien ici, la route ne rouvrira pas, autant retourner à Solerane."<br />
<br />
Frôlant le malaise tant il a investi d'énergie dans sa "Chimère", le chroniqueur s'excuse et prend congé, entendant en partant les deux amants discuter de leur départ à l'aube. Comme Gavin et Eldan (mais du côté de l'étable), il s'installe alors pour dormir quelques heures dans la cour, afin de rester aux premières loges en cas de besoin. En attendant la diversion prévue par ses camarades à l'extérieur, il s'endort malgré les protestations fréquentent des campeurs qui râlent chaque fois que quelqu'un les réveille en faisant du bruit dans la cour, rajoutant un peu de merdier à chaque fois...<br />
<br />
== ''Extrait des Chroniques des Marches du Nord d'Andréas Odran'' == <br />
<br />
''Après avoir réalisé que nous nous étions fait bernés comme des bleus et que le chariot que nous pourchassions n'était qu'un leurre, nous avons quasiment rattrapé le faux chariot de draps. Le plan mis au point par Eldan et Vighnu était d'opérer une substitution entre le coffre que nous recherchons et des ferronneries d'un autre chariot lors de l'arrêt du convoi à l'Auberge du Pont. ''<br />
<br />
''J'ai été affecté au groupe d'éclaireurs, en compagnie du brave Eldan et de Gavin, le soi-disant écuyer du soi-disant chevalier errant. Pas mécontent de laisser derrière moi le poète-répurgateur et ses tendances homicides qui me feraient presque regretter feu Conrad de Mélanque, nous avons doublé au large le convoi pour découvrir une auberge absolument bondée, un vaste campement de tentes débordant de ses murs. Moutons et poulets courraient en liberté là au milieu, dans un bazar que d'aucuns auraient trouvé joyeux. Ce n'était pas mieux à l'intérieur, et il me fallu jouer des coudes pour y entrer, tandis qu'Eldan essayait d'interroger des gardes à l'extérieur - comptant sur la camaraderie militaire. Il a rapidement découvert que la route de Darverane n'a jamais réouvert : les quelques marchands qui ont essayé de l'emprunter sont revenus la queue basse et soulagés de leurs biens, et le contingent de gardes de l'auberge s'est vu renforcé. La conversation a ensuite tourné court, pour autant que j'aie bien compris les explications embrouillées d'Eldan : il semblerait que la réputation de la camaraderie militaire soit en fait largement usurpée... ''<br />
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''Pendant ce temps, Gavin et moi-même nous frayâmes tant bien que mal un chemin dans la salle de l'auberge bondée, où tout un tas d'individus tentaient d'accéder à un comptoir où l'on servait de la nourriture. Très franchement, les moutons de la cour me parurent plus dignes que cette pitoyable assemblée d'humains se battant pour leur pâtée. Enfin... J'espérais trouver plus de calme à l'étage, il n'en fut rien : l'étage était intégralement couvert de lits et de paillaissades, et la seule zone privative était réservée par un riche marchand et gardée par un mercenaire. J'ai bien tenté d'expliquer à l'un des commis de l'auberge que je ne souhaitais pas partager mes nuits avec une bande de garçons de ferme illettrés, mais celui-ci a pris la mouche (je suppose que c'est un ancien garçon de ferme toujours illettré). Ce serait donc compliqué pour moi d'obtenir un coin tranquille où préparer mes petites diversions...''<br />
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''Pendant ce temps, à l'extérieur Eldan assistait à l'arrivée du guerrier hornois escortant la caravane des marchands de draps. Usant d'un subtil mélange de force brute, de regard mauvais et de cette indicible autorité que procure le fait d'être une machine à tuer, le Hornois a rapidement imposé son autorité auprès des gardes, fait entrer le chariot contenant le coffre dans une remise fermée (dont il a conservé la clé), et réquisitionné une chambre et des repas pour ses employeurs. Le reste du convoi, lui, s'installait hors des murs de l'auberge. Et notamment le chariot de ferronneries avec lequel nous comptions faire l'échange. Voilà qui compliquait sérieusement notre affaire. Eldan a aussi appris que la remise en question était occupée par un autre chargement appartenant à un riche et important marchand : des verreries, apparemment. Et ce riche marchand n'était autre que celui qui occupait la grande chambre à l'étage de l'auberge, où parait-il il organise des parties de dés pour tuer le temps en attendant la réouverture de la route. Il aurait déjà plumé certains de ces collègues...''<br />
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''Je retrouvai Eldan dans un coin pas trop encombré de l'auberge et nous avons commencé à discuter de nos options. C'est alors qu'Eldan a été bousculé par une jeune fille qui lui subtilisa la bourse confiée par Durgaut. Il l'a arrêtée, mais elle avait déjà passé l'objet du délit à un complice que j'ai pu repérer et suivre. Je l'ai retrouvé dans les latrines où il contemplait le fruit de son forfait. Bien qu'il fut armé d'un méchant coutelas et ait l'air plus costaud que moi, j'ai serré le manche de ma dague en prenant mon air le plus menaçant et je l'ai sommé de me rendre l'argent. De façon incroyable, j'ai dû avoir l'air suffisamment méchant pour qu'il me rende la bourse sans combattre [jet d'Intimidation +1pH !]. Pendant l'intervalle, ce brave Eldan avait accusé publiquement de vol la jeune fille. Celle-ci se lança alors dans un numéro théâtral de fragilité féminine qui aurait bien fait rigoler Diane, et quelques courageux sont intervenus - espérant probablement passer pour des chevaliers blancs et ainsi trousser la donzelle d'ici la nuit. Eldan, pas si brave que cela au final, s'est copieusement fait casser la gueule et je l'ai retrouvé tout ensanglanté dans la cour. Ce fut pour moi l'occasion de m'essayer aux arts dentaires pour réparer la mâchoire du garçon. Je crois que je m'en suis bien tiré, et après tout cette dent cassée lui donne un air aventurier qui devrait plaire à ces dames.''<br />
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''C'est alors qu'est advenu l'évènement le plus sidérant de cette soirée : Gavin, le paysan-écuyer, a été pris d'un soudain accès d'initiative et s'est esquivé pour faire un rapport au reste du groupe ! Alors ça ! Que croyait-il le bougre, que nous allions rester sans prévenir nos compagnons ? Je n'en reviens pas, quelle outrecuidance ! Moi qui pensait que les capacités intellectuelles de ce garçon ne dépassaient pas celles de la limace ou du templier, le voilà qui nous donne des leçons d'opérations clandestines. Il va falloir que nous nous reprenions, Eldan et moi.'' <br />
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''Au final, nous sommes parvenus au plan suivant : nous restons sur la substitution, et celle-ci s'effectuera directement au sein de la remise, entre le coffre que nous recherchons et le chargement de verreries. De mon côté, je vais essayer d'aller rencontrer le marchant de verreries, probablement au cours d'une partie de dés. Charge à moi de faire usage de toute ma persuasion pour le convaincre de partir le plus rapidement possible vendre sa cargaison à Solerane, où nous l'attendrons sur la route...''<br />
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Notre chroniqueur omet sciemment de préciser que sa fin de soirée fut consacrée à assister au spectacle offert par quelques baladins, dont la jeune fille et l'acrobate ayant subtilisé la bourse d'Eldan, un jeune joueur de vielle à roue et le conteur qui les dirige, un Estrani nommé Horacio. <br />
Le but d'Andréas était moins de se détendre que de profiter des spectateurs assemblés pour effectuer le rituel de "La Sentinelle au Bal" par lequel il peut tirer de l'Essence magique de l'émotion partagée d'une foule, et ainsi recharger son focus récemment acquis.<br />
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=== L'éclaireur à abbattre (Diane, Vighnu, Le Grêlé, Trevan, Herle, La Poigne, Oleytan) ===<br />
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Grimés en Kormes après un court débat quant à Diane ("Les femmes Kormes combattent généralement seins nus mais peinturlurées jusqu'à la taille. _Essaye-voir et tu vas pas retrouver tes doigts. Moi j'aurais des fourrures. _Bon, bon..."), le chevalier errant Trevan de Rigorne et Herle de Lorune surveillent la route depuis les bois à l'ouest du fortin pendant que l'arbalétrière rampe dans les hautes herbes près de la berge sud, se glissant entre les cavaliers qui surveillent la cinquantaine de chevaux qui n'ont pas pu trouvé asile à l'auberge. Lorsqu'elle en effraie quelques-uns en déclenchant un début de panique dans le troupeau, que les cavaliers doivent alors empêcher de piétiner les tentes plantées à l'extérieur, la plupart des gardes aux créneaux du fortin se tournent vers le sud. C'est le moment qu'attendaient Vighnu, Oleytan, La Poigne et le Grêlé pour s'élancer depuis la lisière des bois au nord-ouest : le fehnri est le premier à franchir le rempart dans l'ombre de la tour ouest, profitant de l'angle mort repéré par Eldan. Le jeune Elloran le rejoint avec aisance et redescend dans la cour sans être vu, pendant que Vighnu place le grappin et la corde qu'ils trimballent depuis Tal Endhil pour faciliter l'escalade des suivants, puis rejoint son camarade au sol et tout deux se cachent un instant sous l'arcade de la chapelle ("Ch") pour observer l'endroit : Andréas dort à poings fermés à quelques pas d'eux, un garde est toujours en faction devant le portail de la grange et, en plus de ceux qui surveillent l'extérieur depuis les deux tours, un autre patrouille la cour. Mais le vrai danger semble venir d'une lucarne à l'étage de l'étable, où se trouve les chambres "de luxe" : derrière un volet, un rai de lumière trahit la présence d'un homme de Darjodrahl surveillant la cour.<br />
Derrière eux, La Poigne peine à glisser sa panse entre les créneaux, manque d'être repéré mais s'encoigne dans l'angle de la tour ouest avant d'être rejoint par le grêlé... lorsqu'une cavalcade isolée sonne sur la route au dehors et que la sentinelle au-dessus d'eux crie soudain "Qui va là !?".<br />
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En rejoignant Trevan et Herle, Diane avait elle-même repéré le cavalier, reconnu un des hommes de Jornil qui accompagnait le soi-disant "convoi de métal" et tenté de l'abattre à l'arbalète avant qu'il ne puisse s'annoncer à l'Auberge bouclée pour la nuit. Mais son unique tir manqué de tout le scénario s'est perdu loin de la cible sans même être remarqué et, freinant au pied de la tour ouest, le cavalier n'est finalement à portée d'arc que lorsque le garde l'a déjà remarqué : sans savoir où en sont leur camarades ni s'il peut les mettre en danger, le trio hésite à abattre l'arrivant juste le temps qu'un autre membre de la caravane, qui montait la garde à l'extérieur près des tentes des marchands de chevaux, ne le reconnaisse et viennent à sa rencontre... "Ouvrez les portes !" crie la sentinelle à l'intention de ses collègues.<br />
<br />
Du rempart, le Grêlé indique par signe à Vighnu qu'ils ont un sérieux problème : le reste du commando comprends qu'il leur faut d'urgence neutraliser ce messager nocturne qui pourrait compromettre toute leur opération. Heureusement, près du portail que deux autres gardes s'apprêtent à ouvrir, Gavin qui ne dormait que d'un œil commence à râler : "On veut dormir ! N'ouvrez pas la porte ! Si ça se trouve, c'est des Kormes !". Les protestations sont bientôt reprises par ses voisins, et Gavin envenime la situation pour gagner du temps, poussant un des nouveaux copains anguedais d'Eldan à aller se plaindre aux deux soldats qui déverrouillent la porte en arguant qu'ils ont payé pour la protection de l'auberge et que le couvre-feu vaut pour tout le monde. Le ton monte bientôt à travers toute la cour lorsque Andréas se joint aux réfugiés mécontents et en convainc une poignée d'aller gueuler auprès des hommes en faction au pied de la grande tour. <br />
<br />
Profitant du merdier, le Grêlé et La Poigne se sont introduits dans la tour ouest, ce dernier a tué la sentinelle et l'autre ouvre maintenant la porte du rez-de-chaussée à Vighnu et Oleytan : pendant que le Grêlé enfile la livrée du soldat pour le remplacer à son poste, les trois autres montent au rempart sud et le longent jusqu'à la petite porte de bois qui donne sur le grenier de la grange. Dégainant sa dague, il travaille alors à en faire sauter la barre...<br />
<br />
Sentant la situation dégénérer à l'intérieur du fortin où des archers sont apparus en haut de la grande tour- et parce que les caravaniers installés à l'extérieur commencent à vouloir se joindre aux deux hommes qui cognent au portail, Diane, Herle et Trevan (toujours déguisés en Kormes et surveillant les événements depuis la lisière des bois) décident de passer à l'action : le plus proche gardien de chevaux est abattu d'un carreau d'arbalète dans la poitrine, deux flèches descendent simultanément un caravanier armé et une sentinelle mal avisée et le trio se rapprochent à couvert des chariots et des tentent qui bordent le chemin vers le pont, bien décidé à réduire le messager au silence avant qu'il n'ait pu parler aux gardes ou à Darjodrahl le Hornois...<br />
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=== Emeute et mort de Darjodrahl (Vighnu, Oleytan, Andreas, Eldan, Gavin, La Poigne) ===<br />
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Dans la cour, Andréas voit arriver un garde de plus et l'engueulade devant le portail toujours fermé (et à l'extérieur duquel deux types gueulent "Ouvrez ! C'est important ! Un messager de Solerane !") tourne bientôt à l'empoignade : un des soldats pointe sa lance sur Gavin, Eldan se tient prêt à agir, l'autre soldat repousse brutalement le berger... et le chroniqueur lance discrètement un sort pour attiser la colère de la foule. Immédiatement, les protestations tournent à l'émeute et plusieurs résidents se jettent sur les soldats sortant de la Grande Tour. Gavin saisit la lance qu'on pointait sur lui et tente de désarmer le garde, écopant d'une méchante estafilade à l'épaule et les deux hommes luttent pour l'arme lorsque Eldan surgit et décapite le soldat par derrière, éclaboussant de sang le pauvre écuyer qui en reste un instant interdit.<br />
Le second soldat qui s'était précipité pour ouvrir le portail se retourne et n'a que le temps de dégainer son arme avant que le Moineau ne se rue sur lui en brandissant sa lame ensanglantée : le garde esquive une première fois, recule pour éviter un coup de lance de Gavin et le Moineau (très en forme) l'empale contre le portail. Derrière eux, sans armes ni grand talent pour la bagarre, les émeutiers amateurs se font rapidement tailler en pièce par les soldats et mercenaires de plus en plus nombreux à sortir du donjon...<br />
<br />
À peine Vighnu et La Poigne ont-ils fait un pas dans le grenier enfin ouvert que Lerkoren Oleytan arrête le fehnri d'un geste : il lui semble distinguer une silhouette dans le grenier obscur. Repéré, le Hornois jaillit et -avant que quiconque n'ait pu réagir- son épée à deux mains ouvre un profond sillon dans le thorax de La Poigne. Le colosse vaincu n'a pas encore touché le sol que Vighnu a déjà lancé une dague empoisonnée qui croise l'épée s'abattant sur lui : sa parade précipitée au katara aurait été insuffisante si Oleytan n'y avait pas joint son précieux arc à double-courbure, la lame hornoise déviant en tranchant dans le bois. Le fehnri pare une nouvelle attaque avec l'aide de l'Elloran, utilisant la corde de son arc pour lier un des bras de Darjodrahl, et se fend pour planter son katara dans la poitrine du Hornois pendant que, à peine relevé, La Poigne lui abat en chancelant sa masse d'arme sur l'occiput : à la fois empoisonné, poignardé et assommé, l'ennemi s'effondre sans un cri sur le plancher disjoint.<br />
<br />
Dehors, quatre "émeutiers" ayant été tué en un instant, Andréas reflue vers le fond de la cour avec les autres réfugiés vers le maintenant horrifiés de la tournure de leurs protestations. Entre les archers qui pointent maintenant leur flèches vers la cour et les soldats qui ont envahi la cour, Gavin comprend également que leur petite émeute a fait son temps et lâche la lance pour se réfugier dans une tente comme n'importe quel innocent apeuré par les événements. <br />
Eldan n'a pas la même présence d'esprit et, lorsque trois hommes d'armes avancent vers lui, l'adrénaline qui bat dans ses veines le pousse à tenter de leur tenir tête. Deux blessures plus tard, acculé contre la porte de la remise, il ne peut que faire mine de se rendre en posant piteusement le glaive hérité de son père pour se donner le temps de décrocher derrière lui la barre de la porte, déjà à moitié dégagée par Gavin quelques heures plus tôt. Lorsque les gardes avancent pour l'arrêter, Eldan bondit par la porte soudain libérée, claque le battant au nez des soldats et replace la barre avant qu'ils n'aient pu l'en empêcher.<br />
<br />
Lorsqu'un carreau d'arbalète cloue soudain le crâne du messager contre le portail de l'auberge, son compagnon s'arrête net de cogner pour qu'on lui ouvre mais n'a que le temps de pousser un cri avant qu'une flèche de Herle le réduise au silence. Désormais repéré mais toujours déguisé, le Défroqué décide d'exploiter au mieux la situation et s'avance à découvert en hurlant l'un des rares mots de lange des Vents qu'il maîtrise à l'attention des défenseurs : "KOOOORME !" scande-t-il en défiant les hommes aux créneaux, qui lui répondent à coups de flèches.<br />
<br />
=== La Grange (Vignu, Andreas, Le Grêlé, La Poigne, Eldan, Oleytan) ===<br />
<br />
S'étant fait ouvrir la porte de la tour ouest par Le Grêlé, Andréas le suit par les remparts jusqu'au grenier où Vighnu tente maladroitement de panser les blessures de La Poigne. Andréas n'obtient guère de meilleurs résultats pendant que ses compagnons descendent dans la grange où Eldan arrivent bientôt par la remise. "Les gardes sont à mes trousses" explique-t-il bien inutilement puisqu'on les entend marteler la porte barrée. D'autres coups et des voix retentissent bientôt au portail verrouillé de la grange : "Darjodrahl ? Un type vient de rentrer par la remise, est-ce que tout va bien ?!".<br />
<br />
Nos voleurs échangent des regards atterrés, Le Grêlé colle une taloche à Eldan pour sa peine et le corps sanglant du Hornois continue de goutter un sang poisseux à travers le plancher du grenier pendant que les gardes s'énervent à l'extérieur quand, finalement, Vighnu tente d'imiter le phrasé rogue et guttural de son ami Barbaras : "Ouais ! J'l'ai vu mais il s'est tiré ! Tout va bien !" répond-il avec son meilleur accent Hornois. Quoiqu'un peu hésitant, le garde de faction finit par répondre "Faîtes attention quand-même, hein, on dirait bien que des Kormes sont à nos portes..." mais s'éloigne lorsqu'un grognement de hornois met fin à la conversation.<br />
Alors que tous soupirent de soulagement, Oleytan les avertit depuis le grenier d'où il surveillait les alentours par la porte du grenier, ouvrant directement sur la cour : <br />
_"Pssst, y a des guerriers plein les remparts et c'est la panique dans tout le fortin. Qu'est-ce qu'on fait ? <br />
_Et surtout, qu'est-ce qu'on va faire demain, quand il faudra ouvrir la grange pour laisser partir la roulotte de Dorian et qu'ils trouveront le corps de Darjodrahl ?<br />
_Surtout qu'Eldan est maintenant complètement grillé, pis y a des gars qui risquent de finir par l'identifier... <br />
_Et j'ai perdu le glaive de mon père." ajoute l'intéressé d'un ton chagrin.<br />
Mais à l'extérieur, les appels redoublent et les soldats commencent à vérifier toutes les portes à la recherche de "l'espion des Kormes" qu'ils croient poursuivre...<br />
<br />
=== Feinte (Le Grêlé, Eldan) ===<br />
<br />
Dehors, Trevan a sauté sur un cheval qu'il cabre en brandissant sa lame juste au-delà de la portée des archers, pendant que Diane récupère ses carreaux, aussi précieux que compromettants, sur les corps qui lui sont accessibles. Un cri retentit alors sur le rempart sud : "Il est là ! L'espion Korme s'enfuit par l'ouest !" Après avoir ainsi ameuté tout le monde dans et hors les murs, Le Grêlé, toujours en livrée de la garde se précipite vers la tour ouest suivi par Eldan. Après s'être barricadé, ils rejoignent bientôt le sommet. "Il est là ! Attention ! Il va sauter !" hurle le Grêlé alors qu'une silhouette à peine noircie bascule par-dessus le rempart. Au pied de la tour, Herle a également sauté à cheval et puisque les trois "kormes" à l'extérieur ne semblent pas réagir à la ruse, le "garde" s'écrit encore : "Ses compagnons viennent le chercher ! Il va s'enfuir, vite !" Et de tirer quelques flèches aux buissons, pendant que Trevan et Diane ramassent le compromettant cadavre du garde étranglé plus tôt par La Poigne, et disparaissent au grand galop vers la forêt.<br />
Soldats et mercenaires envahissant les remparts, Le Grêlé et Eldan se retrouvent vite coincés de toutes part et, utilisant la corde et le grappin à leur disposition, ils descendent le long du rempart sud et disparaissent à leur tour dans les bois sans avoir été remarqués. "Bon, ça nous aura fait gagner un peu de temps, constate Vighnu depuis le grenier, mais on a encore du boulot…"<br />
<br />
=== Dans la grange (Gavin, Vignu, Andreas, La Poigne, Oleytan) ===<br />
<br />
Après avoir discrètement permis à Gavin de les rejoindre par la remise, nos cambrioleurs retranchés dans la grange découvrent bientôt sous les linges et couverture du "chariot de draps" quatre gros coffres ferrés, fermés par des cadenas et liés au fond du véhicule par de lourdes chaînes. "Bordel, comment est-ce qu'on va ouvrir ça ?"<br />
Vighnu, peu habituer à la serrurerie malgré ses doigts de fée, casse le seul crochet sorti de la besace de Gavin, l'Écuyer essaye à son tour avec un long clou mais sans plus de succès et Le Grêlé lui-même y épuise ses maigres compétences. "Nan mais c'est pas possible, y en a pas qui sache crocheter dans cette équipe de voleurs ?! _Ben y avait le Moineau... _Et merde !!!". Persuadés que la clé des coffres doit se trouver sur l'homme de confiance du cuivré, Vighnu, Andréas et Gavin fouillent et refouillent deux fois le corps du Hornois à sa recherche : rien. "Merde ! Merde ! Merde ! _Bon, allez, on reprend du début, c'est forcément là, quelque part et on s'y met tous..." Pendant que La Poigne se repose de ses blessures, les armes, l'armure, les bijoux, les vêtements, les bottes, la bourse, les poches et le cadavre de Darjodrahl sont ainsi inventoriés et retournés dans tous les sens par les voleurs au désespoir jusqu'à ce que, finalement, Gavin remarque que son gros médaillon cliquète curieusement quand on le secoue. Vighnu et lui s'acharnent sans résultat sur l'objet, jusqu'à ce que le chroniquer, habitué aux casses-tête, saisisse comment le pendentif peut être dévissé et révèle bientôt la clé tant espérée ! Et dans chacun des quatre coffres qu'on leur avait pourtant défendu d'ouvrir (mais Herle et Eldan ne sont justement plus là pour faire des remarques), nos héros trouvent des douzaines de lingots : argent, cuivre, étain, bronze... Il y a là toute la production que Solerane destine à la prévôté, mais aussi la part des mines d'argent qui revient à l'état-major : en tout, c'est près de 200 lingots et donc quelques 250 kilos de métaux qui s'offrent à leurs yeux ébahis. "Gavin, remet illico ce que tu viens de glisser dans ta besace : tout ça est maintenant la propriété de notre Capitaine. _Pfff…"<br />
<br />
Andréas inspecte ensuite la roulotte de Dorian le Magnifique, occupée aux deux tiers par une épaisse couchette couvertes de coussins, des filets de marchandises pendant du toit et jusque entre les roues, des étagères couvrant tout le tiers arrière : <br />
_"Ah ben il voyage dans le luxe, le fumier.<br />
_Si j'avais une minette comme la sienne, moi aussi j'passerais les trajets à baiser, tu peux me croire !<br />
_Oh pis dis-donc : des fioles variées, des épices, de l'argenterie, de la verrerie, des bijoux, de la nacre, des miroirs : il vend que du luxe, le gars !<br />
_Crénom dîtes, c'que c'est beau !<br />
_Gavin, repose ça tout de suite : pas question que le Magnifique s'aperçoive qu'on a touché à sa roulotte." <br />
Andréas jugeant que la caisse du véhicule est assez profonde pour qu'on y étale les lingots en un tapis bien lisse que les occupants de la couchette ne devraient pas trop remarquer, il n'y a plus qu'à attendre la diversion prévue pour commencer le transfert du chariot vers la roulotte…<br />
<br />
=== Diversion (Trevan, Herle, Eldan, Diane) ===<br />
<br />
Il ne reste plus qu'une ou deux heures avant l'aube lorsque Trevan, Herle, Eldan, désormais tous maquillés en Kormes, se répartissent autour du fortin et, à l'aide du mélange d'essences et d'huiles piochées au hasard dans la trousse alchimique de Vighnu (fallait pas la laisser à l'extérieur), enflamment des flèches qui produisent des couleurs plus qu'aléatoires avant de siffler au-dessus des bâtiments pour s'écraser sur les toits de chaume humides où tomber dans la cour, n'enflammant que quelques tentes vite éteintes. C'est néanmoins suffisant pour que Diane puisse se faufiler par le sud jusqu'au portail, et récupérer le dernier carreau d'arbalète y clouant encore la tête du messager.<br />
"Les Kormes ! Les Kormes reviennent !" crie-t-on bientôt dans tout le fortin.<br />
<br />
Dès que Lerkoren Oleytan a annoncé qu'une drôle de flamme bleuâtre venait de s'écraser dans la cour ("Rha les saligots !"), Andréas et Vighnu ont commencé à installer les lingots sous le matelas de la roulotte, pendant que Gavin et La Poigne garnissaient les coffres de fers à cheval, de pierres, d'une enclume et tout ce qui pourrait y simuler le poids et le bruit du butin subtilisé.<br />
Et c'est peu avant l'aube, ses compagnons s'étant effondrés de fatigue depuis un moment, qu'Andréas fini seul d'arranger la roulotte pour camoufler avec le plus grand soin son chargement secret...<br />
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== Récupération du trésor et autres péripéties ==<br />
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[À partir de là, la fin du scénar à été jouée en "flashbacks" successifs jusqu'au combat final. J'utilisais Herle de Lorune, orphelin de joueur depuis plusieurs séances, pour poser des questions auxquelles les joueurs répondaient pour déclencher un flashback. Chacun avait le droit de d'initier deux scènes : l'une contant comment un de leurs camarades avait réussi un exploit et une autre collant à un autre PJ la responsabilité d'un échec, ce qui nous permettait de ne jouer que les scènes "intéressantes" et de faire un peu de montage alterné. <br />
Comme la scène "de débriefing" se jouait presque en aveugle, seul Loriel savait dès le départ que son perso, Vighnu Pratesh, avait survécu (mais bon, comme il avait accumulé 7pH, je me doutais qu'il ne mourrait pas dans cet Épisode) et les autres joueurs ignoraient si ce qu'il affirmait était vrai, ou simplement un mensonge pour conforter le templier blessé... Évidemment, chacun commençait son premier flashback avec toutes ses jauges à fond, mais devait ensuite gérer les pertes et les récupérations de scène en scène, et les joueurs ont souvent ajouté des détails pour régénérer de la Tension ou se passer la patate chaude. Ça a été un peu décousu, la règle "un exploit d'autrui et une bourde d'autrui par joueur" n'a pas complètement été respectée mais, globalement, ça a donné un final intéressant à cet Épisode qui commençait à traîner en longueur...] <br />
<br />
=== Réveil de Herle ===<br />
<br />
Il fait très froid aux abords du col et l'obscurité règne sous les sapins gelés. Vighnu, transi jusqu'aux os, scrute pourtant les alentours lorsque, quelques mètres en contrebas, Herle bascule du cheval où il l'avait attaché : au contact de la neige, il émerge pour la première fois du sommeil où l'avait plongé l'hémorragie et ses profondes blessures et tend la main vers le fehnri, qui s'empresse à son chevet. <br />
_"E... Eldan... où est...le Moineau ?<br />
_Il n'est pas loin, il est parti en éclaireur.<br />
_Gnnh. Le butin ?<br />
_Pas loin non plus, en arrière, sur les bêtes.<br />
_On a... on a réussi ?<br />
_Oui, on a réussi.<br />
_Alors putain, d'où ils sortaient ces types ?<br />
_C'est la faute à Eldan, il était en avant lors de l'embuscade, mais il a laissé passé les gars qui descendaient de l'autre convoi par le nord..."<br />
<br />
<br />
=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Dans la forêt matinale, à une volée de flèche de la route vers Solerane, Eldan est en train de soulager sa vessie contre un arbre lorsqu'il aperçoit une silhouette évoluant à croupetons parmi les buissons. Il n'a que le temps de se jeter derrière un tronc qu'une flèche en racle l'écorce. Pendant que notre éclaireur se rajuste et encoche lui-même un trait dans son arc, l'ennemi tire une deuxième flèche et atteint le cheval du Moineau, qui s'enfuit dans la forêt. "Rha zuuuteuh !"<br />
Eldan riposte, manque, se remet à couvert et commence à manœuvrer pour s'approcher de son adversaire lorsqu'il aperçoit un deuxième homme, s'approchant furtivement depuis la route une hache à la main. Le Moineau tire une nouvelle flèche à l'archer adverse, le blesse légèrement et jette un coup d’œil pour surveiller l'approche du second ennemi : comprenant qu'il est repéré, l'homme à la hache profite de ce que l'éclaireur a décoché pour charger en levant sa hache. Lâchant son arc, Eldan dégaine son fidèle glaive pour le recevoir... _Mais tu l'avais paumée, l'arme fétiche héritée de ton père ! Grâce à qui l'as-tu retrouvée ? _Grâce à Gavin, qui l'a ramassée pendant que les soldats tentaient d'enfoncer la porte de la remise après que je m'y sois enfermé !<br />
<br />
=== Témoignage de Gavin ===<br />
<br />
Gavin est en train de cavaler à travers la cour de l'Auberge, l'épée d'Eldan sous le bras. Sur les remparts que l'aube éclaire à peine, c'est la panique et tout le monde hurle "Les Kormes ! Les Kormes reviennent ! Tous aux créneaux !". Le problème de Gavin, c'est qu'en se levant au matin dans la cour endormie, le beau glaive à la lame gravée (d'une femme nue : "Rho chouette !" fait Gavin) sous le bras parce qu'il ne voulait pas prendre le risque qu'on le lui vole, il a décidé de pisser derrière un pilier où, par malchance, dormait un garde (vous voyez comment les joueurs ont créé un fil rouge héroïque de scène en scène ? "J'étais en train de pisser quand..."). Éclaboussé et immédiatement réveillé, le soldat a ouvert les yeux pour voir l'écuyer "armé" levé au-dessus de lui et s'est mis à crier "Aleeeerte !". Coup de bol, c'était vraiment l'alerte puisque c'est le moment qu'ont choisi des dizaines de Kormes pour s'avancer sur le pont...<br />
Gavin cavale de son mieux entre les dormeurs et les tente, sachant que la plupart des autres sont déjà partis, il cherche une cachette ou un moyen de s'enfuir du fortin, mais le portail est à peine refermé et, en plus du furieux trempé d'urine qui le poursuite avec sa hallebarde, les guerriers commencent à s'accumuler aux remparts.<br />
"Heureusement, Herle est venu à la rescousse !" précise Orlanth, utilisant son "exploit d'un autre PJ" pour s'en sortir. Bon, là, comme techniquement Herle est un PNJ depuis déjà deux ou trois séances, c'est moi brièvement qui raconte.<br />
<br />
En effet, la porte pas encore barrée craque soudain sous l'impact d'un chariot utilisé comme bélier par trois "Kormes" plus ou moins chevelus : Diane, Trevan et Herle de Lorune sont venus évacuer leurs derniers camarades (et permettre aux vrais Kormes d'investir le fortin, histoire que les dégâts ainsi causés camouflent autant que possible l'intervention du commando). Sous la volée de flèches qui pleut alors autour d'eux, les trois peinturlurés décrochent à toute vitesse, plus ou moins suivi par Gavin qui part dans une direction légèrement différente avec l'air du pauvre hère pris dans la tourmente. Un coup d’œil alentour lui révèle d'ailleurs plusieurs dizaines de Kormes progressant par le pont vers la herse baissée en échangeant des traits avec les défenseurs de la grande tour, et de petits groupes épars traversant le fleuve accrochés à des radeaux : l'écuyer s'enfuit vers l'ouest sans demander son reste, et retrouve bientôt le reste du commando. "Hé mais c'est mon épée !" s'exclame Eldan en voyant arriver Gavin. "Celle-là ? Non, non, j'l'ai trouvé à l'Auberge... _Après que je l'ai lâché devant les gardes, ouais ! Rends-moi ça ! _Rho mais-heu…"<br />
<br />
=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Retour dans la forêt : Eldan dégaine donc le précieux glaive hérité de son père puis sauvé par Gavin... et pare le premier coup de hache de son adversaire. Il reste au plus près de l'ennemi pour gêner le tireur qui se rapproche par le nord et, lorsque son opposant trébuche sur une racine [1pH pour éviter d'être gravement blessé par un coup de hache], Eldan le sèche pour le compte d'un grand coup du plat de la lame sur l'oreille, puis roule vivement dans les buissons pour éviter la flèche que l'archer lui décoche une fois son angle de tir dégagé. Bondissant d'arbre en couvert et de tronc en fourré, Eldan se rapproche de lui et, lorsqu'il n'est plus qu'à une 10aine de mètres, le dernier trait décoché à peine rebondit contre l'écorce d'un sapin, le Moineau fonce au contact : l'autre n'a que le temps de tirer sa dague que la lame gravée lui tranche l'épaule, éclatant le trapèze, l'omoplate et la clavicule dans une gerbe de sang. L’hémorragie finit de l'achever pendant que notre éclaireur souffle un peu, découvre le tatouage de la Confrérie du Chacal sur la poitrine de l'archer et lève enfin le nez vers la route quand il entend passer le tonnerre de chevaux aux galop : 6 ou 7 cavaliers foncent à bride abattue vers le sud, d'où monte déjà la clameur d'un combat, puisque l'embuscade y a commencé. "Meeeeerdeuh !" s'écrie Eldan en repartant vers le sud à toutes jambes.<br />
<br />
=== Herle ===<br />
<br />
Serrant son poing massif sur la cape enneigée de Vighnu, Herle de Lorune commence à s'énerver : <br />
_"Mais par les Pères tu vas me dire comment vous avez rattrapé le chariot, à la fin ?". <br />
_"C'est grâce à Vighnu, intervient le Moineau qui vient de sortir de l'ombre [puisque là, on peut raisonnablement supposer qu'il n'est pas mort] "Il a réussi à trouver des chevaux, puis à nous guider à travers la campagne pour atteindre la forêt avant la roulotte du Magnifique. Il a été formidable ! <br />
_Mais comment vous avez fait pour sortir le butin de l'Auberge ?!? <br />
_Oh ben ça, c'est grâce aux...heu... talents d'imitateurs d'Andréas…"<br />
<br />
=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
L'aurore pointe à peine sur la cour de l'auberge encore à moitié endormie quand Dorian le Magnifique et sa suite, fraîchement augmentée de plusieurs mercenaires recrutés sur place, exige du Lieutenant Sanderen (commandant le fortin pour l'Armée du Nord) qu'on ouvre les portes à sa roulotte, parce qu'il refuse de rester plus longtemps dans un relais aussi mal défendu. L'officier ne s'était d'ailleurs pas levé si tôt pour se faire emmerder par des marchands et grimpe sur la margelle du puits pour annoncer d'une voix forte que, le fortin étant assiégé depuis cette nuit, tout ceux qui auraient encore la mauvaise idée de s'en prendre aux défenseurs -pour des raisons de taxe ou d'insatisfaction quant au couchage- seraient considérés comme complices des Kormes et pendus aux murailles !<br />
<br />
Un soldat vient alors cogner à la porte de la grange où Andréas, caché dans la remise, vient juste de finir un splendide dessin de Darjodrahl, assis dans l'ombre dans une attitude aussi distante qu'agressive, qui va lui permettre de concentrer sa magie [il a créé un puissant sort de Chimère sur tout le rez-de-chaussée de la grange, lui permettant d'y animer un personnage d'autant plus crédible dans sa mauvaise humeur qu'il se base sur l'altercation de la veille entre Sanderen et le Hornois]. Évitant de croiser le regard mauvais du guerrier qui les admoneste depuis le coin obscur de la pièce, le marchand et ses hommes se dépêchent de sortir leur carriole, d'y atteler les bœufs et de quitter l'Auberge. Pendant qu'on referme le portail derrière la suite de Dorian, l'agitation et sa vessie tirent bientôt Gavin du sommeil et, dès que l'écuyer se met à cavaler poursuivit par un hallebardier, Andréas profite de la confusion pour quitter la grange sans être remarqué et aller se recoucher dans un coin... Lorsque, évidemment, les Kormes attaquent.<br />
<br />
[Précision rigolote, mais que les PJ ignorent : quand les joueurs on demandé ce qui avait provoqué l'attaque des Kormes, je leur ai expliqué qu'ils surveillaient évidemment depuis des semaines le fortin et le pont contrôlant le passage vers le nord-ouest de la Région des Lacs, et qu'ils ont décidé de passer à l'action quand, cette fameuse nuit, il est devenu manifeste que des "camarades" assiégeaient l'endroit depuis la rive gauche et envoyé des signaux à coups de flammes colorées : le temps de s'organiser, ils ont donc profité de l'occasion pour tenter de prendre la position. "Mais c'est notre faute si les Kormes ont attaqué ?!! _Hé, oui : vous êtes très forts.."]<br />
<br />
"Mais vous... demande Herle, comment vous êtes sortis de là ? _Oh ben nous on a profité d'une corde dégottée par Gavin dans la grange pour se tirer par les remparts comme on était venus, un peu avant l'attaque. Tu t'en souviens pas ? On vous a retrouvé à l'extérieur, avec les chevaux.<br />
[Les joueurs font quelques jets pour confirmer cette version de l'histoire, et payent 1pH pour cette histoire de chevaux : entre ceux qu'ils ont amenés eux-mêmes et le troupeau dispersé dans la nature, c'était raisonnablement probable d'en trouver pour tout le monde.]<br />
On a juste eut quelques ennuis à cause de Diane qui était restée en arrière..."<br />
<br />
=== Témoignage de Diane ===<br />
<br />
Pendant que Herle, Trevan et Gavin évacuent vers l'ouest, l'Arbalétrière s'est en effet arrêtée pour se nettoyer à grande eau (parce que les peintures de guerre, ça colle affreusement dans les cheveux longs). Elle est d'ailleurs en pleine toilette quand une bande de Défunts, trempés d'avoir traversé le fleuve glacé à la nage, prennent pied sur la rive et la considèrent avec circonspection : d'abord parce qu'elle est, sinon jolie, du moins sculpturale [Physique 4, Athlétique 4, Allure 4 : elle ressemble à une héroïne d'Adam Hughes], ensuite parce qu'elle est manifestement en train de se débarrasser de peintures semblables aux leurs, qu'elle revient d'avoir enfoncé le portail du fortin et que les Kormes s'attendaient à trouver des camarades sur cette rive. Sauf que Diane a des cheveux, et ça, c'est pas normal... "Ben quoi bande de débiles, leur balance-t-elle alors en Langue des Vents, vous allez rester là à mater ou vous êtes venus pour participer à l'assaut ?!? Bougez-vous le cul merde, on est pas là pour roupiller !" [Et de faire une énorme réussite sur son un jet de Social+Langues Étrangères+Allure+Intimidation+Volonté.] Un instant médusés, les Kormes saluent respectueusement cette guerrière étrange qui ne peut être qu'une cheffe influente et vont se joindre au combat, l'un d'eux tendant même un carré de tissu à la Kerdane pour qu'elle finisse de s'essuyer...<br />
"Comme quoi c'est carrément pas ma faute, ajoute l'arbalétrière qui vient de sortir de l'ombre auprès du templier blessé : j'avais même réglé le problème quand ce crétin de Vighnu est venu foutre sa merde !"<br />
<br />
=== Témoignage de Vighnu ===<br />
<br />
[Un jet d'orientation particulièrement raté pour retrouver les autres après avoir rassembler des chevaux vient en effet de basculer une 10aine de pions dans la case de Tension de Vighnu, qui a par ailleurs toujours des pions de Marque psychologique (anciennement appelés "Traumas") suite à sa crise sentimentale avec Islinna (et qu'il essaye d'évacuer depuis 3 séances). Il est donc très largement en Surtension...]<br />
À quelques centaines de mètres à l'ouest du fortin, ses compagnons en train de sauter sur les montures qu'il vient de leur procurer, Vighnu aperçoit à la lisière des arbres encore obscures une jeune et belle jeune fille rousse (il reste de la peinture rouge dans les cheveux de Diane) portant un manteau emishen et entourée d'une 15aine de Kormes... Son sang ne fait qu'un tour (sans passer par le cerveau) et l'assassin s'élance au grand galop en hurlant "ISLIIIIINNAAAAAAA ! J'ARRIIIIIIVE !" avant que ses camarades n'ait seulement pu songer à le retenir.<br />
<br />
Diane voit alors le Fehnri surgir de la nuit comme un diable, les Kormes qui s'éloignaient déjà ralentissent à l'arrivée de l'intrus et, chargeant toujours, Vighnu bondit de son cheval sur le pauvre gars qui tendaient une serviette à la guerrière et l'égorge d'un grand revers de son katara en beuglant "Touche pas à ma copiiiine !". "Mais t'es complètement taré ! J'suis pas ta gonzesse !", s'écrie Diane alors que l'assassin halluciné se relève souplement, quoiqu'un peu confus et couvert de sang, pendant que "l'innocent" Korme agonise dans l'herbe haute. Et tous les Kormes alentours de se ruer vers eux en brandissant leurs armes. Sautant à cheval, la Kerdane furieuse et le Fehnri honteux essuient de justesse quelques flèches, javelots et hache de jet mais parviennent à dégager à fond de train avant d'être encerclés.<br />
<br />
Lorsqu'il rejoignent Eldan, Herle, Trevan, Gavin, Le Grêlé, Oleytan et La Poigne maintenant tous en selle, Vighnu ne prend même pas le temps de s'expliquer : "Dorian et le butin doive être loin devant nous, maintenant : on va couper la plaine par l'ouest à bride abattue, les doubler avant la forêt et les attendre au premier guet ! _C'est moi ou on aura passé la moitié de cette mission à cavaler derrière des convois ? _Ferme-la et galope !".<br />
<br />
_"Oui heu bon, toi qui a fait vœu de chasteté tu peux pas comprendre mais les femmes, tu vois, ça te mélange tout dans la tête et... <br />
_L'embuscade, par les Pères ! Raconte-moi l'embuscade ! <br />
_Haem donc, comme je te le disais, Diane a organisé une embuscade aux petits oignons, mais on a eu des visiteurs imprévus…"<br />
<br />
<br />
<br />
== L'embuscade ==<br />
<br />
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<br />
[Après s'être tous reposés pendant une Scène grâce à l'avance prise dans la course, Diane fait un gros jet de préparation avec le soutien de tous ceux qui ont quelques scores de Tactique, de Camouflage ou d'Embuscade (et dans un groupe de mercenaires du nord, ils sont nombreux) pendant que Vighnu fait un solide jet de camouflage pour tout le groupe : bénéficiant d'un confortable bonus tactique réparti sur plusieurs personnages, d'un excellent point de vue pour la tireuse d'élite et d'une Difficulté de repérage monstrueuse, les PJ et leurs camardes sont prêts à ne faire qu'une bouchée de l'équipage du Magnifique…]<br />
<br />
Le timide soleil matinal jaunit les nuages gris et la pluie qui n'en finit plus de détremper la forêt, gonflant en torrent le ruisseau qui coupe la route de Solerane, juste au pied d'un trio de gros rochers de grès surplombant de leur butte une myriade de petits blocs, le gué et la route. Invisibles derrière les rocs et bosquets alentours, les vaillants mercenaires de Tal Endhil, confiants dans la garde d'Eldan ½km au nord, observent la lente arrivée par le sud de la roulotte fermée et escortée par deux cavaliers et cinq fantassins. <br />
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Image<br />
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Les éclaireurs à cheval de Dorian le Magnifique avancent en effet à pas prudents dans le torrent, pleinement conscients de traverser un splendide site d'embuscade, mais sans parvenir à repérer les guerriers déguisés en Kormes qui attendent le signal de Diane, postée au sommet des rochers, pour les assaillir de quatre côtés. La Kerdane laisse avancer les cavaliers le plus loin possible et, lorsque le premier d'entre eux menace a déjà largement dépassé les rochers et risque d'être bientôt hors de portée de la redoutable arbalétrière, elle l'abat d'un carreau en pleine tête [encore un, il faut dire qu'Orlanth soigne ses jets de tir et mise systématiquement en Visée] dès qu'il échappe à la vue de ses compagnons. Ce n'est que lorsque le garde du corps personnel du marchand commence à donner des signes d'inquiétude, un musclé patibulaire et couturé de cicatrices qui se désaltère au bord du torrent tout en jetant des regards insistants alentours, qu'un deuxième carreau démonte le second cavalier sur la rive nord, déclenchant l'assaut : avant qu'un des éclaireurs ait pu finir de crier "Aleeer..." des flèches fusent de toutes part, les grands couteaux de jets pris par Vighnu sur le corps du Hornois tournoient dans les feuillages, des guerriers jaillissent de chaque buisson et, en quelques secondes, la majorité de l'escorte agonise sur la terre bourbeuse du chemin. Mais les battants de bois sur le flanc de la roulotte viennent de s'ouvrir, libérant une appétissante fehnri à peine couverte d'une fourrure qui s'enfuit à toutes jambes à travers bois :"Oh m'am'zelle, reviens ! Faut pas courir toute nue dans les bois comme ça !" s'écrit Gavin-le-Korme-du-Terroir (pour récupérer quelques pions de sa Réaction "Plouc") avant de s'élancer à ses trousses, croisant la route du marchand courant à la suite de sa compagne dans son seul pantalon (mais sa cassette sous le bras, emballée dans une couverture)…<br />
<br />
"Cavaliers au nord !" signale alors Diane d'une voix forte, avant de tirer un nouveau carreau sur le premier des hommes qui viennent de croiser Eldan. "Soldats au sud !" lui répond la voix du Grêlé qui vient de repérer les quelques hommes de Jornil et de Sanderen partis du fortin après avoir repoussé les Kormes (qui n'ont jamais réussit à prendre la grande tour pour ouvrir la herse barrant le pont), découvert le corps de Darjodrahl dans la grange, vérifié le contenu des coffres et s'être lancé "à la poursuite du marchand félon" (et qui viennent de freiner d'un coup en découvrant l'escorte massacrée par les "Kormes", qui sont décidément partout).<br />
<br />
=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
"Attendez... et le chroniqueur-à-tout-faire, il était où, là ? _Heu... hé bien figure-toi qu'il y a eut un miracle, une véritable apparition divine, comme récemment à la Mine Bénie : c'est dire si les Pères sont avec nous !"<br />
Quand une poignée de Kormes franchit le parapet et commence à s'en prendre aux voyageurs piégés dans la cour, Andréas se précipite vers la seule porte qui n'ait pas encore été solidement bouclée, celle de la chapelle, entraînant à sa suite quelques réfugiés paniqués. À peine la porte barrée par un banc, le mage évalue le cheptel à sa disposition, serré comme des sardines dans l'espace exigu entre les piliers sculptés représentants les huit Premiers : il y a là la jeune voleuse, le vieux conteur, le garçonnet à la vielle et l'acrobate-détrousseur (soudain gêné de se découvrir barricadé dans une pièce de 9m² avec "l'intimidant" érudit), un jeune soldat affolé (qui a lâché sa pique au premier signe de danger), une des servantes de l'auberge et une commère serrant une poule dans ses bras tremblants. <br />
<br />
Des cris (et des caquètements) de terreur accueillent les premiers coups de hache qui s'abattent sur la porte, mais Andréas Odran connaît la manœuvre : "Prions mes frères, les exhorte-t-il avec toute la force de sa conviction ! Prions que les saints Pères viennent à notre secours ! Chantez-tous avec moi !" La chorale improvisée entonne alors un antique où l'angoisse se mêle à la ferveur religieuse. Lorsqu'une cognée d'acier fini par percer entre les planches de chênes, le mage décide d'accélérer le mouvement et sort la Sphère de Pouvoir de son havresac : "Mes frères, ceci est une Sainte Relique Première dont la bénédiction nous protégera des ennemis du culte ! Tendez les mains pour la toucher et concentrez-vous sur le chant ! Les Pères sont avec nous !".<br />
<br />
Et siphonnant un maximum d'Énergie à ses coreligionnaires sans trop leur demander leur avis (pas plus qu'à la poule), Andréas remplit son focus au maximum pour lancer un sort de Chimère assez puissants pour effrayer les Kormes... lorsqu'il lui semble qu'une forme tout à fait imprévue émerge de la sphère d'or rouge. Le chroniqueur commence même à distinguer une silhouette humanoïde lorsque, son sort se déclenchant en vidant d'un coup toute l'Énergie accumulée dans la sphère, "l'intrus" disparait avec une sorte de cri muet.<br />
<br />
Dans la cour, c'est par contre carrément la stupeur : Herem, Second Fils des Étoiles, Premier Seigneur des Batailles, vient de se matérialiser quelques mètres au dessus du puits, brandissant son épée enflammée sur le fond sombre de cette aurore pluvieuse. La plupart des soldats en restent tétanisés, des réfugiés se jettent à terre en signe de soumission, d'autres prient à genoux sur les pavés et les Kormes, eux, refluent en désordre devant cette apparition divine.<br />
Lorsque les choristes de choc émergent de la chapelle dans une sorte de stupeur incrédule, il leur faut plusieurs minutes pour s'apercevoir que le saint érudit et sa relique on déjà disparu par le portail enfoncé de l'auberge…<br />
<br />
=== L'embuscade encerclée ===<br />
<br />
Dans la forêt humide se joue une dangereuse partie de cache-cache : après que deux d'entre eux aient été blessés par des carreaux d'arbalète en arrivant du nord à bride abattue, les Chacals lancés à la poursuite de nos héros ont démonté pour se disperser à couvert dans les sous-bois, les soldats et mercenaires arrivant du sud ont pris le maquis en découvrant les cadavres dispersés sur la route et les auteurs de ce carnage se sont pour la plupart dissimulés tout autour de la clairière envahie de rochers, progressant prudemment à la recherche des nouveaux arrivants. <br />
[Après la phase de "tir au pigeon" de l'embuscade, le groupe vient de passer en Duel global, tous les combattants dispersés à travers la map répartissant leur mise entre le repérage (attaque), la dissimulation (défense) et le déplacement, jusqu'à rencontrer des ennemis et basculer en combat à distance ou tenter de rentrer au corps à corps. Le récent module de calcul des distances de combat a donc beaucoup servi, de même que les Positions tactiques (camouflage de la végétation, couvert des rochers...), la surprise, les charges soudaines, les combats à plusieurs adversaires... Ce fût une belle démonstration tactique (Diane a particulièrement brillé) et une belle scène finale, qui aurait mérité d'être mieux décrite si je n'avais pas eu 5 ou 6 combats à gérer en même temps. Au passage, Humphrey B jouait Herle de Lorune pendant l'absence d'Andréas.]<br />
<br />
Dés le début, Gavin est pris dans une bagarre désordonnée à coups de couverture, de cassette et de poings contre Dorian le Magnifique pendant que la belle fehnri disparaît dans les bois ("Une courtisane fehnri avec un gros score de discrétion associée à un marchand-escroc ? Tiens donc..."), Le Grêlé a rejoint la roulotte pour régler son compte à la petite servante qui s'y cachait encore (et "s'amuser un peu" avec elle : ça reste un mercenaire sans scrupule, hein), Eldan essoufflé rejoint le "champ de bataille" par le nord, Vighnu et La Poigne convergent vers les soldats qui contournent par le sud-est, Herle abandonne son arc pour foncer tout seul par le flanc ouest (il faut bien justifier de son état futur en le jouant "imprudemment"), Trevan et Diane quittent discrètement les gros rochers en cherchant à repérer leurs nouveaux adversaires...<br />
<br />
Après quelques instants de louvoiement discrets dans les bois, le premier accrochage intervient quand deux soldats franchissent le ruisseau en aval du gué et sont interceptés par La Poigne et Vighnu : si le gros benêt diminué par ses blessures est vite repéré et pris dans un laborieux corps à corps, l'assassin blesse un de ses adversaires d'une dague de jet avant de surgir derrière lui pour le poignarder, employant le corps du mourant comme bouclier contre les attaques de deux autres soldats qui venaient à son secours. En un instant, Vighnu balance le mort sur ses congénères, éventre l'un et abat l'autre d'une dague de jet dans la gorge, pendant que La Poigne enfin dégagé éclate le crâne du dernier à coups de gourdin.<br />
<br />
Après avoir éclaté le nez du marchand d'un direct bien placé, Gavin lui arrache sa précieuse cassette et, laissant le "Magnifique" sonné assis dans l'herbe, accourt vers la roulotte en entendant les cris d'effroi de la petite servante. N'écoutant que ses élans chevaleresque, il sonne Le Grêlé d'un grand de cassette sur le crâne et, après avoir tenté en vain de calmer la pauvrette (faut dire qu'il est grimé en Korme et qu'elle passe une matinée épouvantable), l'écuyer la laisse s'enfuir dans la forêt et part à la recherche d'une arme plus approprié en voyant se rapprocher les mercenaires du fortin.<br />
<br />
Sur l'autre flanc, Herle (sans arc, donc) s'est fait prendre en tenaille par deux tireurs, a reçu une flèche dans le côté et, pendant qu'il tentait de choper son agresseur au contact, l'autre a surgit de flanc pour lui ouvrir la cuisse à coup de glaive. Blessé et à deux contre un, il encaisse de son mieux lorsque Trevan de Rigorne charge en brandissant son épée, attirant l'attention de Diane qui progressait à croupetons dans le secteur : en une seconde, le premier chacal est décapité et le second s'écroule, un carreau d'arbalète dans l’oreille. Mais ils n'ont guère le temps de souffler car Le Moineau les appelle au secours !<br />
<br />
Déboulant sans s'en apercevoir au milieu des ennemis camouflés, Eldan est immédiatement pris par surprise et blessé. Il parvient néanmoins à faire chuter son adversaire et, roulant avec lui dans les feuilles mortes, les deux éclaireurs échangent coups d'épée, de pied et de poing en s'usant l'un l'autre, pendant qu'un chacal supplémentaire s'approche à pas de loup. Le Moineau le repère au dernier moment, appelle à l'aide, tente vainement de pousser l'ennemi qu'il a blessé dans les jambes de l'arrivant et encaisse une nouvelle blessure (il commence à être franchement mal en point) lorsque Trevan arrive à la rescousse, toujours au pas de charge et toujours couvert par Diane dont l'avant-dernier trait cueille l'ennemi debout juste sous l'omoplate, perçant le poumon.<br />
"Laisse-le moi !" gueule Eldan au chevalier errant et, donnant tout ce qui lui reste contre un ennemi soudain moins faraud, le Moineau prend finalement sa revanche en clouant son ennemi au sol d'un grand coup d'épée. Avant même que Herle rejoigne en boitant l'éclaireur victorieux, Trevan et Diane sont repartis au pas de course vers le flanc est, où des cris indiquent que Lerkoren Oleytan passe un mauvais quart d'heure.<br />
<br />
Car parti seul au nord pendant que l'on se battait près du ruisseau, le jeune Elloran a abattu le premier des "Chacals" qu'il a rencontré mais s'est ainsi fait repéré par deux autres : après un court échange de flèches en manœuvrant pour rester à couvert, Oleytan s'est fait chargé par les deux ennemis simultanément, a réussi à les entraîner dans un bosquet touffu pour les gêner au maximum mais commence à faiblir sans parvenir à se dégager et, lorsqu'il prend un coup de lance dans le mollet, ça commence à sentir franchement le roussi. "VIGHNUUUU !!!" appelle-t-il alors à pleine voix, pendant que l'intéressé, à plus de 200m de là, achève le dernier soldat qui s'enfuyait d'un magnifique lancé de couteau, qui l'atteint dans le dos à plus de 50 pas.<br />
<br />
Lorsque deux mercenaires ont abordé la roulotte et trouvé Le Grêlé étalé dans l'herbe, Gavin qui venait de cacher son butin dans les buissons a soudain été pris de remords. Ramassant l'épée d'un mort, il revient à pas prudents lorsque le combat éclate : Le Grêlé a laissé le premier adversaire s'approcher pour l'achever, a retourné la dague qui le menaçait dans l'estomac de l'ennemi et roulé sous la roulotte pour échapper aux coups de lance du second militaire. Le Grêlé est néanmoins blessé lorsque l'écuyer arrive alors pour achever d'un grand coup d'estoc le gars qui se tenait le ventre à deux mains et bondit sur le véhicule qui commence à avancer au ralenti, les bœufs n'aimant guère la nouvelle agitation qui secoue leur attelage. Son camarade sort alors de sous le chariot pour éviter de passer sous les roues et, maintenant à deux contre un, Gavin et Le Grêlé ont vite défait le dernier soldat, achevé d'un joli lancer d'épée dans le dos alors qu'il s'enfuyait.<br />
<br />
Trevan, Diane et Vighnu arrivent à quelques secondes d'intervalle au secours d'Oleytan, les deux derniers Chacals étant alors rapidement tués, le premier percé du dernier carreau de la Kerdane et Vighnu égorgeant l'autre après un bref corps à corps, d'abord à deux, puis trois puis quatre contre un.<br />
<br />
=== Fin des combats ===<br />
<br />
Essoufflés, les guerriers vainqueurs font brièvement l'appel : <br />
_"La Poigne ? <br />
_Il souffle près du ruisseau, il a pris assez cher. Eldan ? <br />
_De l'autre côté, au nord, mal en point : il s'est mangé l'avant-garde tout seul avant de nous rejoindre, si j'ai bien compris. Herle est avec lui, blessé aussi, il a perdu connaissance. <br />
_Gavin et le Grêlé sont donc seuls avec la roulotte : faudrait pas trop traîner avant qu'ils se fassent des idées malhonnêtes..."<br />
<br />
Et pourtant, les deux hommes se réconcilient sur une base financière saine : ils font moitié-moitié sur le contenu de la cassette ("que c'est pas la peine d'embêté les autres avec des détails") et Le Grêlé oubliera qu'un certain écuyer a essayé de l'estourbir avec. A peine ont-ils partagé qu'arrive Andréas Odran sur un cheval fatigué, qui découvrent le massacre au bord du gué : "Dîtes-donc mais c'est carrément la guerre ici ! Je croyais que le but de toute l'opération à l'auberge était de pouvoir prendre le butin d'un chariot à peine défendu. _Ouais ben y a eut des invités surprise..."<br />
Les valides font le tour du secteur, poussent le chariot hors de la route, rassemblent les camarades blessés pour que Vighnu et Andréas puissent les rafistoler, puis trient les cadavres au nombre desquels semblent se trouver (par la grâce d'1pH) presque tous les hommes du fortin susceptible d'identifier Eldan après ses exploits de la nuit précédente. "Alors on est bons, conclut le chroniqueur : j'ai vu les Kormes tuer les deux seuls autres qui nous aient regardé de près.<br />
_N'empêche que le Magnifique, sa poule et la servante se sont tirés. <br />
_Bah c'pas grave, ils témoigneront qu'ils ont été attaqués par les Kormes. <br />
_Mouais, sauf que Gavin a jugé utile de leur faire la causette. <br />
_Chiotte ! <br />
_Et sinon, d'où ils sortaient tous ces mecs ?<br />
_Ben ceux-là ont du vous poursuivre depuis l'auberge.<br />
_Celui-ci, il était déjà avec l'escorte au départ de Solerane, alors j'imagine que ceux du nord étaient à la recherche du messager qu'on a intercepté cette nuit.<br />
_Les Chacals qui nous attendaient avec le fourgon ont du appeler du renfort après qu'on aie commencé à leur tailler des croupières, parce que je pensais pas qu'il y en avait autant dans le secteur...<br />
_Le premier qu'a tué Herle le jour du départ, Jaromir et Rumbold que tu as dégommés avant de lâcher le convoi, ça fait déjà trois... <br />
_Au moins deux de plus, qu'on a tué avec Trevan et Gavin quand ils nous poursuivaient : ça fait cinq. <br />
_Cinq ou six avec Jorem Cuivré hier, vu qu'on a pas trop fait le détail. Disons 10.<br />
_Et aujourd'hui j'en compte cinq, dont au moins un emishen du clan des Rimdehl, en plus des derniers hommes de Jornil !<br />
_Tu oublies les trois qui sont morts au Cercle des Cascades au début de la semaine, ça fait donc 18 chacals éliminés en 8 jours. C'est du bon boulot, quand-même !<br />
_Façon de voir : moi ce qui m'inquiète, c'est qu'on puisse avoir deux dizaines de types armés dans notre secteur et ne nous en apercevoir que maintenant... Il faudra qu'on parle à ce trafiquant de sel que connaît Eldan, celui qui a présenté Jaromir au fils Cuivré : je crains que l'implantation des Chacals soient plus avancé qu'on ne l'imaginait."<br />
<br />
Rassemblés et ayant brièvement le temps de souffler pour la première fois depuis des jours, nos héros en profitent pour échanger enfin les infos recueillies par chacun au cours de leurs aventures et reconstituent ce qu'ils savent de la Confrérie du Chacal :<br />
La Confrérie, originaire des Sylves, semble essaimer en créant des "chapitres" locaux dans différentes régions de l'Empire. Il semble que des membres du chapitre "sylvain" de la Confrérie ait donc fait le déplacement pour "franchiser" des brigands du Nord, et ce sont ceux-là qui dirigent plus ou moins les opérations (les trois mecs tués par Andréas, Adira et Eldan aux cascades étaient vraisemblablement des novices). Aux Sylves, la Confrérie est à la fois une mafia, une secte animiste et le noyau dur de la résistance armée à l'occupant impérial : si Urgrand est lié à ces gars-là et qu'ils commencent à passer des accords avec les Kormes, ça risque de compliqué sérieusement l'Échiquier du Nord. Et si les Chacals semblent être quasiment apparus par génération spontanée en quelques semaines, c'est qu'ils ont trouvé des gens pour les soutenir et les aider dans la région : soit Urgrand est beaucoup mieux connecté qu'il n'y paraissait, soit ils ont d'autres appuis...<br />
<br />
=== Exfiltration ===<br />
<br />
"...après quoi on a réparti le butin sur les chevaux, vu qu'on en avait maintenant une bonne quinzaine, on t'a attaché en selle et on s'est tiré vers l'ouest en contournant Celanire par le nord jusqu'au grand menhir où nous attendait Neri'Helin, une des novices du chaman edell'okhil Kal Tayvon, avec des bœufs laineux, des vivres et tout le matériel de montagne : paraît que ton 'Pitaine leur a promis de racheter leurs frères en esclavage. On a ensuite crapahuté par l'ouest pendant trois jours dans les Asparren puis les Monts d'Azur, en passant par des coins de plus en plus hauts et enneigés pour éviter de croiser quiconque. La p'tite Edell'okhil a même déclenché une avalanche dans le col du Fraisil pour qu'on ne puisse plus nous suivre. On a bien perdu quelques canassons en chemin, mais les lingots sont au complet, le groupe aussi (quoique la demoiselle ait du re-nettoyer les blessures de La Poigne), et nous voilà presque rendus.<br />
_Où sommes-nous, exactement ?<br />
_Un peu au sud-ouest de la Mine Bénie : on va contourner par l'autre versant pour éviter de s'y faire voir et la môme va nous faire passer sur la rive nord du Lac Troisième par une espèce de chemin à travers les marais à l'est de Andh Endhil, pas loin du camp abandonné d'Etayn-la-Louve.<br />
_La voie est libre et le jour va se lever, annonce la jeune femme en rejoignant le groupe : ramassez vos affaires, hommes du sud.<br />
_Allez, messire de Lorune, remonte en selle : ce soir, Le Cornu nous attendra avec de la gnôle au camp d'abattage."<br />
Et dans le petit matin, les fiers cavaliers de Tal Endhil descendent victorieux vers la Vallée des Lacs en Palier avec, dans leur fonte, un trésor capable de financer les nouveaux projets du Capitaine Durgaut...<br />
<br />
<br />
<br />
== ÉPILOGUE (envoyé aux joueurs après coup) ==<br />
<br />
<br />
<br />
C'est au soir du huitième jour après leur départ discret que nos vaillants mercenaires fourbus, gelés, blessés et riches comme Crésus se sont affalés dans une minable hutte au nord du camp de bûcherons de Tal Endhil, déserté chaque nuit en cette saison. Immédiatement repartie avec ses bœufs laineux, sa sœur adolescente et son cousin mutique, la gironde rouquine Neri'Helin ("Dis-donc mais... c'pas la p'tite Edell'okhil que t'a réveillée l'autre fois aux cascades, quand on cherchait les Chacals ? _Si, même que Nevel m'a dit que Tael Shannan se la tape ! _Note qu'il se tape toutes les mignonnes, ce fumier de barde. _Dîtes, c'est fini d'échanger des potins comme deux vieilles venteuses ?") a laissé les hommes de Durgaut fort symboliquement assis sur la terre battue, à 10 pas de l'icône votive qui marque l'extrême frontière nord de l'Empire (mais Le Grêlé a pissé dessus). Ils ont festoyé, pansé leur nombreuses plaies et, d'abord par jeu, ceux qui parmi eux avaient quelques notions de finances ont commencé à calculer combien représentait le chargement encore bâté sur leurs chevaux.<br />
_On a pas loin de 250 lingots, dont bien 150 de merdouilles comme du cuivre, du bronze et du fer...<br />
_Des "merdouilles" qui vont se négocier entre 500 et 1000 lunes à la prochaine cité dotée de forges, ducon.<br />
_T'es sûre ?!<br />
_Il est drôle l'aut' : pourquoi qu'tu crois qu'on creuse des mines ?<br />
_Crois-moi, s'il y a bien un truc que les Kerdans savent faire, c'est du commerce...<br />
_Je savais bien que t'étais kerdane malgré ton histoire de "Je suis une innocente remane élevée près de la colonie kerdane de Rigorne, et blablabla"...<br />
_C'est donc bien vrai mademoiselle Diane ? Vous aussi vous êtes de Rigorne ?!?<br />
_Écoute, Trevan : tu es mignon, tu es vaillant mais, putain, ta gueule.<br />
(Trevan de Rigorne rougit.)<br />
_On disait donc au moins 500 lunes pour les lingots de "vils métaux", mais on a surtout une petite centaine de lingots d'argent, quoique la moitié soient planqués dans de faux lingots de cuivre. Et ça, ça nous fait... heu... attendez voir...<br />
_Au moins 300 pièces d'or.<br />
_Putain !<br />
_Quoi ?!<br />
_La Poigne ! Tu sais compter !?<br />
_Ben oui, surtout le métal quoi. J'suis été apprenti forgeron. Mais c'est trop du labeur : j'aime plus mieux taper qu'une bonne fois sur un casque.<br />
(La gourde de vin de sureau passe de main en main, chacun avalant une rasade d'un air mi-émerveillé, mi-consterné.)<br />
_On... on a ramené... 350 pièces d'or ?! Vous croyez que notre bon Capitaine va être content.<br />
_Ah ça, Moineau, il a un peu intérêt à l'être !<br />
_Dîtes, ch'ais pas si vous vous rendez-compte : c'est p't'être le plus beau brigandage de toute l'histoire des Marches !!<br />
_On est riches les gars ! RICHES !<br />
_Non, messieurs : Tal Endhil est riche. Par les pères, si l'un de vous commence à concevoir une seule pensée pécheresse...<br />
_Mais quel pisse-vinaigre, le Défroqué, quand il pisse le résiné.<br />
_Héhé. Fais-voir ta balafre, d'ailleurs, Herle : faut changer ton bandage.<br />
_Ma mienne elle est plus grande !<br />
_Hihi !<br />
_Nul n'en doute mon cher La Poigne, nul n'en doute...<br />
_Ouais mais la tienne elle a même pas percé ta couche de lard !<br />
_N'empêche qu'on a tous ben gagné nos 2 pièces d'argent chacun !<br />
_Plus la prime !<br />
_Oh oui : vous êtes de vaillants gagne-petit. Mais la prime c'était si on laissait pas de témoins et, là, on a Jornil lui-même, Dorian, sa pute, la servante...<br />
_Toi le Noir tu commences à nous les bris...<br />
_Bon les gars, vos gueules : il est tard. Alors ça pionce, ou je vais commencer à distribuer les baffes. Le Grêlé et Diane prennent le premier tour de garde. Demain, j'vous ramenions tous au village. Et rappelez-vous qu'vous avez promis le secret sur vos têtes ! Si on vous presse vraiment, et seulement dans ce cas-là, vous avez été r'prendre les lingots de la Mine Bénie à une bande de Kormes du côté de la Baie des Langueurs. C'est bien clair, pour tout le monde ?<br />
_Oui mon sergent !<br />
_Lèche-cul.<br />
_Mon sergent ! Y a Le Grêlé qui dit...<br />
_Foutremerde, tas de corniauds ! Même avec une 'pparition divine, j'conçois point comment qu'une pareille bande de mômes a pu réussir cette mission !"<br />
<br />
=== Bilan de la mission ===<br />
<br />
Au final, les PJ viennent en effet de rapporter au fief de Tal Endhil ce qui sera bientôt sa première Capacité de "Finances". Vighnu, Diane, Eldan, Andréas et même Durgaut (qui n'avait pas été récompensé depuis des lustres) ont d'ailleurs raflé pas mal de Progrès pour cela, ce qui nous a permis de voir à quelle vitesse Orlanth, qui n'utilise jamais ses pH pour autre chose que pour progresser, avaient pu faire évoluer son personnage : en un seul (gros) épisodes, il a ainsi gagné et dépensé 16pH (8pts de Progrès) pour monter son Énergie de 2 pions. Comme Vighnu (qui capitalisait depuis un moment et vient lui aussi d'atteindre 16pE), Diane "la Moucheuse" (comme l'a surnommé le sergent Le Cornu en entendant le récit de ses exploits et son goût pour l'injure) atteint ainsi le seuil du niveau "Héros" : il ne leur reste maintenant qu'à déterminer une Mission concernant un groupe social (car on on est toujours le Héros d'un groupe d'une population. Vighnu a déjà choisi la sienne : il sera désormais la "Lame Noire du Nord", défenseur secret et assassin vengeur de Tal Endhil) et, lorsqu'ils auront pu réussir un objectif majeur fixé avec leur MJ pour lancer cette Mission, ils obtiendrons le pH supplémentaire permanent et l'augmentation de Réputation qui feront d'eux des Héros dignes de ce nom.<br />
Par ailleurs, les 4PJ impliqués ont gagné 1 point de Relation (à établir avec n'importe lequel de leurs compagnons) et 1 point de Réputation :<br />
_Vighnu est maintenant "Sauveur de Tal Endhil 3"<br />
_Andréas et Eldan "Débrouillard 1"<br />
_Diane a bien mérité d'être désormais réputée "Redoutable 1".<br />
<br />
<br />
}}<br />
<br />
'''[[7) "Embrouilles en Cascades"|<< Épisode Précédent]] | [[9) "Reishin Ghoran"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Épisodes|<< RETOUR à la liste des Épisodes]]'''<br />
[[Catégorie:Épisodes]]<br />
[[Catégorie:Comptes-Rendus]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/8)_%22Le_Train_de_l%27Argent%228) "Le Train de l'Argent"2014-09-05T15:31:02Z<p>Aloun : </p>
<hr />
<div>La totalité de l'Épisode 8 : "Le Train de l'Argent" est classée "spoiler".<br />
Si vous voulez vraiment accéder à cet Épisode, vérifiez que soit un de vos perso y était, soit que le MJ vous en a donné l'autorisation.<br />
Tout abus sera illico puni par une grosse perte du plaisir de jeu.<br />
<br />
C'est bon, vous y avez bien pensé ? Vous êtes vraiment sûr ?<br />
<br />
...<br />
<br />
{{Secrets|<br />
<br />
<br />
== Prologue, rien que pour Eldan et le Capitaine : ==<br />
<br />
<br />
<br />
''Les semaines précédentes, Durgaut a envoyé ses mercenaires (dont Eldan) enquêter du côté de Solerane sur les détournements de fonds du défunt lieutenant Armeld avec son complice, Maître Gaster, et découvert ainsi l'implication du patron-minier, notable influent et principal contrebandier de la région : Jornil Cuivré. En dehors de ses opérations "privées", Jornil travaille pour Rhilder le Fou à détourner le minerai d'argent des mines de la région, théoriquement destiné à l'État-Major, au seul bénéfice du dément Prévôt de la Marche des Lacs. Rhilder n'est pas quelqu'un avec qui Durgaut peut vraiment se permettre d'être en guerre ouverte, puisqu'il est son supérieur direct, un puissant "Seigneur du Nord" (comme on appelle les impériaux qui se taillent des fiefs dans les Marches) et un putain de psychopathe, notoirement responsable du génocide de la tribu emishen des Rimdehl (les Geaies).''<br />
''Mais notre brave Capitaine, en plus d'être très énervé contre le Prévôt qui le ruine par ses magouilles et lui réclame d'envoyer des troupes que Tal Endhil n'a pas pour participer à la guerre contre les Oloden, est en fait pris à la gorge : s'il n'envoie pas bientôt des lingots d'argent à l'État-Major du Duc-Gouverneur pour couvrir le quota de la Mine Bénie (pillée par les Kormes), Durgaut va sauter. En fait, il n'est encore même pas sûr de pouvoir obtenir le titre de "Bailli de Tal Endhil" vu les exigences du Primat en la matière, mais espère bien réussir à l'épater d'ici son arrivée. D'ailleurs, s'il reste en poste et devient bailli, il sait avoir besoin de beaucoup de pognon pour embaucher assez de mercenaires pour enfin contrôler son territoire et développer la région.''<br />
''Il a donc conçu un plan audacieux pour régler plusieurs problèmes à la fois : braquer le convoi de métaux qui va bientôt partir de Solerane pour Darverane, siège de la prévôté harcelé par les troupes de Kainen Tahrel. Ainsi, il mettra la main sur une véritable fortune (l'argent détourné caché dans des lingots de cuivre, l'argent "officiel" envoyé de Solerane pour l'état-major via Rhilder, du cuivre et de l'étain en quantité) dont il compte employer une partie à payer son quota au Gouverneur, une autre à racheter des esclaves Edell'okhil de la Marche des Gemmes pour s'assurer une alliance avec les Emishen et le reste à constituer une petite armée.''<br />
''Il en était à mettre au point un plan solide lorsqu'il apprend que la route de Darverane, coupée par les Kormes depuis des semaines, vient apparemment d'être rouverte suite à une contre-offensive de Rhilder : le convoi de métal ne devrait plus tarder à partir, il faut agir vite. Et comme Vighnu Pratesh vient de rentrer du Cercle des Hautes-Pierres, il décide d'embaucher l'assassin pour courir l'aspect le plus délicat de la mission : assurer le secret.''<br />
<br />
''Ce qu'il ignore malheureusement, c'est que Jornil a lui aussi enquêtait sur les trois attaques successives qu'il a subi de la part de ruffians non-identifiés : d'abord on a tabassé nombre de petits truands sous les ordres de son fils, Jorem Cuivré, ensuite on s'en est directement pris à deux de ses lieutenants impliqués dans la contrebande d'argent, enfin un éboulement à la mine de cuivre s'est révélé être un sabotage (les mercenaires de Durgaut avaient pour instruction de recruter des mineurs et n'ont rien trouvé de mieux). Jornil a donc d'abord envoyé un certain Worik se mêler aux mineurs "responsables de l'éboulement" qu'il a lui-même renvoyé et qui partaient s'engager auprès de Durgaut (mais son agent est mort connement pendant l'épisode "Terrain Minier"), puis il a envoyé un messager auprès de son bon ami Adira Pratesh pour se renseigner sur les mercenaires de Durgaut (Adira étant alors en pleine bisbille avec le Capitaine, il a volontiers informé son ami) et contacté ses autres associés à Tal Endhil (comme Gaster, Jornil a des parts dans la mine de fer du village, ce que le Capitaine est sensé savoir mais dont il ne réalise pas l'importance), Adira l'a ensuite informé de ce qu'il avait appris sur l'arrestation de Gaster... Bref : Jornil a compris que Durgaut était après lui et pris des mesures en conséquence.<br />
S'il ne peut pas se permettre de retarder d'avantage le convoi de métal (Rhilder a besoin de ce fric pour sa guerre perso et il n'est pas câlin quand il s'impatiente), il a conçu une ruse efficace, embaucher des mercenaires de rab' pour l'escorte et, surtout, contacté par un ami de son fils une petite bande de brigands récemment arrivés dans le secteur : la Confrérie du Chacal...''<br />
<br />
<br />
<br />
== À la "Taverne Penchée" ==<br />
<br />
<br />
<br />
Il fait déjà nuit lorsque la Taverne, récemment rachetée par les mercenaires de Durgaut, ferme ses portes beaucoup plus tôt que d'habitude en chassant les soiffards qui comptaient y passer leur soirée en galante compagnie ; les prostituées, récemment rendues à leur autonomie sous l'autorité de la belle [[Garnelle]] (maîtresse occasionnelle du jeune Eldan) sont également invitées à rentrer chez elle et le quartier lacustre de Tal Endhil est donc rapidement rendu au silence et à la brume nocturne. Pourtant, quelques silhouettes discrètes gagnent bientôt la Taverne apparemment close :<br />
* '''l'apothicaire [[Vighnu Pratesh]]''' (Loriel) n'a eu qu'à franchir quelques pontons depuis sa propre échoppe, son matériel d'empoisonneur sous le bras et ses armes dissimulées sous son large manteau reman, où bat un petit cœur sec depuis si longtemps, récemment réveillé et illico brisé par Islinna : les femmes sont cruelles. Déjà en grande partie au courant de la mission, la seule chose qu'il ignore c'est ce qu'ils vont voler. Mais vue la somme promise par le Capitaine, il est trop heureux de ne pas poser de questions.<br />
* '''[[Nadine "la Moucheuse"|Diane Maletudine]]''' (Orlanth) est une Kerdane, quoiqu'elle prétende être une remane originaire de la cité portuaire de Rigorne, embauchée depuis quelques mois dans l'Armée du Nord, suite à des problèmes avec ses compatriotes. Femme dans une armée de macho, elle a bientôt eut d'autres ennuis (décidément) qui l'ont incité à déserter pour rejoindre la petite communauté kerdane de [[Tal Endhil]] sur les conseils de son mentor, le célèbre maître d'armes [[Vasco Sotorine]]. Sauf que [[Ranyella]] la pilote ne veut pas d'une renégate dans sa troupe et l'a donc refilée au Capitaine sans lui expliquer les casseroles que trimballe l'arbalétrière...<br />
* '''[[Andréas "Odran"]]''' (Humphrey B) a récemment eut un entretien secret avec le Capitaine qui pourrait se résumer ainsi : "''Je sais que vous êtes un sorcier, mais je suis prêt à fermer les yeux si vous bossez pour moi. _Ça pourrait m'arranger, vu que je suis là pour mettre fin à la dispersion d'artefacts qui commencent à foutre le boxon à [[Duriane]], mais je vais pas m'en sortir tout seul. _Splendide : faudra me neutraliser le machin dans la Mine Bénie. Dans l'intervalle, vous êtes embauché comme espion. Vous commencez demain, rendez-vous à la Taverne Penchée après la fermeture.''" Il arrive donc avec un peu d'avance et pas mal de bagages, dont son précieux grimoire, ses herbes médicinales et un certain objet qu'il a passé presque deux jours à chercher dans le torrent en contrebas de la [[Mine Bénie]].<br />
* '''[[Oleytan "le Furet"]]''' (PNJ), lui, s'est engagé dans les mercenaires de Durgaut dès son retour de "l'Opération Tréfonds" : il se sent désormais un vrai guerrier, veut participer à l'alliance entre les Talendan et les Elloran mais, surtout, il a enfin couché avec le grand amour de sa jeune vie : la jolie négociante lewyllen [[Doma Sholen]]. Celle-ci l'a inexplicablement largué à l'arrivée à Tal Endhil en lui expliquant que "c'était fun, mais t'es juste trop jeune pour moi" (elle court en vain après [[Nevel Sholdanan]] depuis 4 semaines). Après une intense réflexion, le jeune guerrier est arrivé à la seule conclusion "sensée" : s'il veut que la belle marchande le reprenne, il doit lui prouver qu'il est capable de lui assurer le train de vie qu'elle a perdu, et pour ça, il lui faut "des rondelles", comme les Emishen nomment la monnaie impériale. Il ne comprend pas grand-chose à la mission que Durgaut lui a proposé, mais il est bien content puisqu'il va être payé royalement.<br />
* '''[[Eldan "le Moineau"]]''' (Aloun) arrive le dernier, accompagné d'une montagne de muscles habillées de haillons qu'il vient de récupérer dans l'unique geôle du donjon : [[Herle de Lorune]] (Ego'), noble et chevalier du temple récemment défroqué. Lui aussi a des problèmes, parmi lesquels l'alcool, la violence et un sens aigu de la justice qui, après lui avoir coûté sa charge d'inquisiteur lors d'une altercation avec le Primat lui-même, l'ont fait rétrogradé comme simple soldat dans la troupe de [[Bagoran de Marale]] (chargé de le "mater" : échec critique) et récemment conduit à défoncer le portrait d'un connard de Chevalier du Temple (donc un de ses "supérieurs") qui tabassait une gamine emishen. Son séjour en taule auprès du plaintif Gaster s'est terminé lorsque le Sergent LeCornu a jeté son dévolu sur le prisonnier, et convaincu le Capitaine de l'embaucher.<br />
<br />
Lorsque tout ce petit monde est attablé dans la taverne sur pilotis qui grince et (effectivement) penche sous l'effet de la houle, [[Le Cornu]] qui tenait le comptoir fait entrer deux de ses collègues, le massif imbécile qu'on appelle "La Poigne" et le brigand reconverti au visage marqué par la petite vérole qu'on appelle "Le Grêlé". Comme Eldan et le Sergent, ils ont survécu à tous les combats depuis [[la bataille de Tal Endhil]] et sont tout dévoués au glorieux chef qui va bientôt faire d'eux la "''garde bailla, bailliagiale...heu... baillique... la garde du bailli, quoi''", et qui pénètre dans la grande salle inclinée à leur suite, une vaste carte sous le bras.<br />
<br />
« Bonsoir mademoiselle et messieurs, nous avons peu de temps et je vous demande d'être extrêmement attentifs à l'exposé qui va suivre. » <br />
Pendant que Vighnu et Andréas dégagent leurs gobelets pour laisser Durgaut déployer la superbe carte (signée [[Ordano Sotorine]]) sur la table crasseuse, les 6 autres membres de l'équipe s'approchent pour suivre le briefing dans la lumière chiche des rares chandelles et le Capitaine enchaîne :<br />
« La mission que j'ai à vous confiée est dangereuse, urgente, secrète, absolument vitale pour Tal Endhil et remarquablement bien payée. Si certains d'entre vous ne s'en sentent pas capables et préfèrent retourner à leurs activités précédentes, qu'ils le disent tout de suite. Car une fois que je vous en aurais exposé les objectifs, Messire Pratesh ici présent sera le garant de votre silence. Tout le monde est motivé et se sent capable de se taire ensuite, en cas d'échec comme de réussite ? Parfait. Sergent, passez-moi les figurines. »<br />
« Dans les jours qui viennent, peut-être même dès demain, un convoi lourdement gardé va quitter [[Solerane]] à destination de [[Darverane]] (Durgaut pose une miniature en bois, une espèce de coffre aux pieds vaguement arrondis, sur la carte) : il contient plusieurs coffres très lourds que vous êtes chargés d'intercepter, de préférence avant "l'Auberge du Pont"... C'est quoi ça, Le Cornu ? demande le Sauveur de Tal Endhil quand son sergent lui passe une espèce de cube prolongé par un jambage tordu.<br />
_C'est l'Auberge du Pont, mon 'Pitaine. C'est La Tortue qu'a fait les sculptures, mais on a pas eu bien l'temps.<br />
_Je vois... À "l'Auberge du Pont", donc, se trouvent actuellement plusieurs dizaines de marchands qui, depuis des semaines, y attendent que les troupes de Rhilder reprennent le contrôle de la route vers Darverane aux Kormes qui harcèlent la prévôté (il pose du côté du Mont Grison un petit bonhomme chauve et noirâtre) avec l'appui des troupes Emishen de Kainen Tahrel (Vighnu approuve du chef). Si le convoi de Solerane rejoint la première caravane groupée en partance pour Darverane, il sera alors probablement trop entouré pour que vous puissiez tenter quoique ce soit. Vous êtes ici... mais c'est quoi ça ? Un chien ?<br />
_Un ch'val mon 'Pitaine, pour représenter, le commando.<br />
_Vous avez pu leur trouver des chevaux ?<br />
_Ah non mon 'Pitaine : c'est des pirogues, pour quitter le village. Ensuite s'ront à pied. Mais La Tortue, quand il a commencé, i'l'savait pas, pis i' sait pas faire les pirogues, et de toutes façons ça va surtout se faire par voie de terre alors, heu... Vous préférez un bouchon, ou un dé en os ?<br />
_Va pour le chien (soupir)... Donc : vous êtes ici (il pose la figurine sur Tal Endhil), vous partez dès cette nuit pour atteindre Solerane (le "chien" rejoint le "chariot"), où vous serez chargés de repérer le convoi et surveiller ses préparatifs de départ. Le but est de lui tendre une embuscade dans les deux jours qu'il lui faudra pour effectuer ce parcours (le chariot glisse sur les segments 1, 2, 3, 4, 5 de la route). Si vous pouvez intercepter le chargement sur les berges du Lac d'Acier, il sera plus aisé de le transporter à bord de barges ou de pirogues.<br />
Le Moineau connaît la ville et les hommes qui escorteront ce convoi, Messire de Lorune a la charge de l'assister en tout -et de s'assurer qu'aucun d'entre vous n'ait la mauvaise idée d'ouvrir les coffres, Maître Pratesh est chargé de trouver des embarcations pour les chargement et d'assurer le secret de l'opération (Vighnu sourit, pensant aux peintures de guerre kormes qui n'ont pas servit lors de l'Opération Tréfonds et à la barge kerdane cachée depuis dans les marais près d'Écume 6). Vous devrez quitter le village et y rapporter les coffres sans être vus, ni dire à quiconque d'où vous venez ni où vous allez. Car, j'insiste, cette opération peut assurer le salut de Tal Endhil si elle réussit, mais sonner notre perte à tous si quelqu'un devait découvrir qui a commandité l'attaque. Une prime substantielle versée à notre cher apothicaire en sera la garantie.<br />
_Ça veut dire "pas de témoins", demande Diane ?<br />
_Ça veut dire "démerdez-vous pour que personne ne puisse vous reconnaître, suivre votre piste et remonter jusqu'à nous" : je préférerais que vous épargniez les civils, mais Pratesh sera décisionnaire en dernier recours. À part lui, vous serez payés chacun 2 pièces d'or pour cette brève mission et votre durable silence [la solde mensuelle d'un mercenaire étant de 2 pièces d'argent, ça fait 10 fois plus pour quelques jours de boulot]. Des questions ?<br />
_C'est quoi, dans les coffres ? Ça pèse ?<br />
_Le contenu ne vous regarde pas mais, oui : ça pèse. Probablement autour de 200kg en tout.<br />
_C'est qui, qu'on braque ?<br />
_Pas votre problème non plus. Fiez-vous à Eldan, soyez discrets et ça ne devrait pas avoir d'importance.<br />
_Les gars de l'escorte, c'est des pros ?<br />
_Quelques-uns, oui, mais la plupart seront des mercenaires en permission, des cochers endurcis, des coupes-jarrets, des gardes plus habitués à surveiller des esclaves... Le problème, c'est qu'ils doivent se méfier : ils ont eut des ennuis récemment, ils savent que le trajet est dangereux et ils seront sur les dents. Il se peut même que vous soyez déjà attendus à Solerane. J'insiste : méfiez-vous.<br />
_Qu'est-ce qu'on a comme matos ?<br />
_Vous étiez prévenus d'emporter le vôtre, mais Eldan conserve quelque argent pour vos frais de mission, des vivres, un peu de charbon, des flèches, des torches et des cordes vous attendent avec les chev...<br />
_Dans les pirogues, mon 'Pitaine.<br />
_Dans les pirogues, donc. J'ajoute les papiers que m'a demandé monsieur Odran (il confie une petite pochette de cuir à Andréas, contenant du parchemin, des lettres officielles de la main de [[Rhilder]] et son sceau de cire, pour pouvoir si besoin modifier les ordres de mission du convoi) et vous emportez cette carte, annotée par mes soins, en espérant qu'elle puisse vous aider : ne la perdez pas ! ''[Durgaut leur confie par ce biais un de ses précieux point d'Histoire.]'' Autre chose ?<br />
_Y a le Venteux qu'a pas tout compris, vu qui parle pas bien not' langue...<br />
_Messieurs Odran et Pratesh devront donc lui ré-expliquer en ramant. Bonne chance à tous : le destin de Tal Endhil est entre vos mains ! Mais pas les figurines, La Poigne : repose ça. <br />
_Pardon mon 'Pitaine. »<br />
<br />
<br />
<br />
Image à ajouter<br />
<br />
<br />
<br />
== En route vers Solerane ==<br />
<br />
<br />
<br />
Pendant qu'on roule la carte, LeCornu et Herle déplacent la lourde table, révélant une trappe dans le plancher qui, une fois déverrouillée et ouverte, donne sur une échelle de corde descendant le long d'un pilier de bois où sont amarrées deux pirogues emishen. Avec quelques difficultés dues à la disparité de poids et d'agilité de ses huit membres comme aux bagages de certains l'équipe embarque et glisse silencieusement sur les eaux couvertes de brouillard.<br />
_Attention avec ça, c'est des armes emishen. <br />
_Pourquoi foutre ? <br />
_Pour passer pour des Kormes. <br />
_Pas con. Mais qu'est-ce qu'il fout avec un bouquin, lui ? <br />
_Je suis chroniqueur... <br />
_Et vous allez chroniquer l'opération secrète ?! <br />
_Houlà non, je... j'ai d'autres talents. Falsifier des sauf-conduit, par exemple. <br />
_Je vois...<br />
Ils atteignent bientôt la rive sud du Lac Troisième, en amont du campement où dorment les caravaniers lewyllen, sans que les Soldats du Temple qui gardent les remparts n'ait rien remarqué.<br />
[Je m’appesantis un peu sur le dialogue de briefing parce que, bien sûr, il m'a fallu incarner le Capitaine moi-même sur les indications données par Le faiseur, et que je lui avais promis de détailler un peu le résultat.]<br />
<br />
Après un conciliabule entrecoupé d'engueulades, un poème (Herle versifie par instant) une tentative de vol et plusieurs menaces physiques pour l'empêcher, les PJ décident de ne pas partir en quête de la barge cachée dans les marais mais de foncer de nuit vers Solerane, à pied, pour atteindre la ville au plus tôt, juste après que Diane ait confié au fleuve un étui flottant contenant 4 pièces d'argent (sur les 20 confiées à Eldan) et un message pour les Kerdans d'Écume 6, leur enjoignant d'envoyer des embarcations vers la presqu'île du Lac d'Acier [le joueur a oublié que son perso n'était plus bien vu chez les bateliers, et Loriel/Vighnu y a même mis 1pH pour que le message arrive : ce fût bien le cas...].<br />
<br />
Abandonnant dans les embarcations tout le matériel trop lourd, les mercenaires se répartissent les vivres, une arme emishen chacun et la longue marche commence. Lorsque l'aube se lève, Diane, Oleytan et Eldan, très en avant des autres, font la course dans la descente après avoir passé le Col de Nilfenan (au sud-ouest de la mine de fer, sur la carte) histoire de défouler leurs tempéraments casse-cou et ombrageux... ce qui vaut d'ailleurs à Eldan de se niquer la cheville dans une belle gamelle : on sent bien, dès que les officiers ne sont plus en vue, que ça va pas être très sérieux comme opération.<br />
<br />
=== Rencontre insolite ===<br />
<br />
Pendant que le fort peu sportif Andréas prend des heures de retard sur les autres et que Vighnu reste avec lui autant pour assurer sa protection que pour causer "chroniquerie" et politique locale (Vighnu envisage de créer un hospice à Tal Endhil !), Oleytan, Diane et Eldan (qui boitille) arrivent en milieu de matinée au gué qui traverse la Rivière aux Élans (ainsi nommée car elle est sur le point de passage de la migration des grands cervidés, qui commencent d'ailleurs à remonter en cette saison vers les pâturages au nord de Tal Endhil) : ils sont assez surpris d'y trouver un grand costaud, ventru et entièrement chauve, portant des vêtements très vaguement emishen, assis sur un rocher au bord des flots et curant tranquillement au couteau le sang séché qui s'incruste dans les creux de sa lourde masse de bois sculpté. Les trois éclaireurs essoufflés par leur cavalcade repèrent assez vite les discrètes silhouettes déployées dans les bois autour du chemin et, chacun la main sur leur arme favorite, s'approche avec circonspection : "<br />
_Bonjour... <br />
_B'jour, répond le gros dans un Reman médiocre, avec un accent typiquement "venteux". <br />
_Z'êtes avec le noir ? Vigjniou Bratéche ? <br />
_Ben là tout de suite... non. Mais des fois on le croise, quoi. Vous l'attendez ? <br />
_J'ai un message pour lui. <br />
_Vous voulez pas nous le donner, on le transmettra quand on le verra ce soir... <br />
_Non, d'solé, c'est privé. <br />
_C'est pas un message à coup de masse, au moins ? <br />
_Héhé. Non. Pas cette fois."<br />
<br />
N'ayant qu'à moitié envie de s'avancer dans le gué sous la probable ligne de tir d'archers dissimulés ni même de laisser une embuscade entre eux et le reste du groupe, quoique aussi un peu parce qu'ils ont alors pas loin de 12h de rude marche dans les jambes, Diane, Oleytan et Eldan se posent également près de la rivière, se trempent un peu les pieds (Diane va même s'éloigner pour faire un peu de toilette : par instant, dans ses Réactions, sa "Sensibilité Féminine" ressort), cassent la croûte, font une petite sieste... tout ça en gardant perpétuellement un œil sur les alentours et leurs armes à portée de main. <br />
<br />
Lorsqu'ils sont rejoints par Sire Herle de Lorune, La Poigne et le Grêlé, d'abord très méfiants, Diane qui a entamé un repas et une conversation en Langue des Vents avec le Gros leur fait signe de ne pas s'inquiéter, et les trois mercenaires finissent par jouer le même jeu que leurs camarades, profitant d'un peu de repos tout en restant sur leurs gardes. Au bout d'une heure de cette halte méfiante, "l'embuscade" se détend tout autant et Eldan repère bientôt un des archers Korme qui, lui aussi, déjeune sur le pouce à son poste de guet. Il le contourne, se cache, est brièvement suivi mais sème le guetteur, échappe ainsi efficacement à l'encerclement... et ne sait finalement plus trop quoi faire : il craint de déclencher un massacre s'il élimine un guetteur, de se faire repérer s'il continue de traîner près des Kormes, de perdre le groupe s'il s'éloigne et d'être trop loin pour intervenir s'il repart en arrière prévenir Vighnu et Andréas. Aussi reste-t-il caché, guettant les guetteurs, jusqu'à ce que, lassé de perdre du temps alors qu'ils sont pressés, Herle donne le signal du départ et franchisse le gué accompagné des 4 autres. <br />
<br />
Après avoir encore hésiteé à les rejoindre carrément ou à rester en arrière, Eldan fini par laisser un signe de danger dans l'écorce d'un arbre à destination de Vighnu et décide de contourner pour franchir la rivière plus loin, ne trouve pas d'autre gué, passe à la nage, se paume en aval dans la forêt et mettra plusieurs heures à rejoindre ses camarades, trempé, gelé, épuisé et bientôt vertement engueulé par l'ex-templier [Sire de Lorune lui inflige même un tel jet d'intimidation pour lui inculquer la discipline militaire que le jeune éclaireur en sera durablement marqué : 2pts de Trauma !].<br />
<br />
Pendant ce temps, Andréas et Vighnu ont atteint le gué sans même remarquer le signe laissé par Eldan et le fehnri est assez surpris de reconnaître le gros korme qu'il a déjà rencontré, il y a plusieurs semaines à Écume 6, lorsqu'ils avaient négocié des vivres et les soins de Mona Ma'od contre la transmission d'un message pour Adira (qui, si vous vous en souvenez, était arrivé au début de "Terrain Minier", tiré avec une flèche sur la roulotte de Maître Pratesh). <br />
Quoiqu'il ne connaisse toujours pas son nom, il s'éloigne avec le chef rebelle et un petit conciliabule surréaliste se joue : les Kormes veulent (Vighnu comprend "Lashdan, Roi des Kormes, veut...") l'embaucher pour assassiner un certain "Urgrand", le Sorcier barbu originaire des Sylves, qui dirigeait justement le détachement korme lors du siège à la Mine Bénie. <br />
_Tiens donc ?! Mais pourquoi diable, demande l'assassin hilare ? <br />
_On m'a pas dit de te l'dire, et puis il paraît que les tueurs professionnels ne posent pas de questions. <br />
_Lorsqu'on les paye bien, c'est tout à fait exact oui. <br />
_Hé ben voilà pour toi, dis le Korme en lui tendant une grosse bourse de pièces, que le fehnri s'empresse d'ouvrir avidement. <br />
_Mais... vous vous foutez de ma gueule ?! C'est des pièces de cuivre ! <br />
_Et alors, c'est pas bien ? <br />
_Mais c'est pas du tout assez, enfin ! Je suis un spécialiste, moi ! Je bute pas les gens pour 20 ou 30 pièces de cuivre !<br />
_Ah. Mais c'est tout ce qu'on a nous, même qu'on s'est tous cotisés pour rassembler ça. <br />
_Mais c'est pas possible, vous comprenez rien au commerce, à la fin ! Et il est où, votre Sorcier, d'abord ?<br />
_Ben on sait pas, nous, pourquoi tu crois qu'on s'adresse à toi ? Tu crois pas que je serais foutu de lui coller ma masse sur la gueule moi-même si on savait où il campe ? La Louve dit qu'elle l'a perdu quelque part chez vous, du côté du Premier Lac, mais c'était il y a déjà plusieurs jours.<br />
_Bon, écoute, voilà ce qu'on va faire : dis à ton Roi que je suis d'accord sur le principe, mais que déjà ça va vous coûter 20 pièces d'or et qu'ensuite, soit vous savez me dire au moins à peu près où il est, soit ça risque de prendre pas loin d'un mois (car Vighnu pense savoir où Urgrand devrait se trouver dans environs trois semaines, héhé...). Dis-lui ça et, quand vous aurez la somme, contactez-moi.<br />
_Mais où tu veux qu'on trouve de l'or, nous ?<br />
_Non mais c'est un prix, vous pouvez aussi bien me ramener 200 pièces d'argent, ou 4 lingots d'argent, par exemple. Vous en avez bien, des p'tites barres en argent, prises dans une certaine mine, hmmm ?<br />
_Mais... non. De quoi tu parles ?<br />
_Oh le con ! Rha merde, il fait vraiment chier ce connard de sorcier !<br />
_C'est bien pour ça qu'on t'embauche, oui.<br />
_Bon alors 20 pièces d'or ou l'équivalent, vous trouverez bien ça quelque part pendant que vous vous battez dans la vallée de Cainil, hein, je ne m'en fais pas pour vous. Quand vous avez la somme, vous me recontactez, vous versez la moitié d'avance et, moi, je tue votre sorcier.<br />
_J'espère que d'ici là on l'aura trouvé nous-mêmes, mais sinon, on sauras bien te joindre, ouais. Et bonne journée."<br />
Et pendant que Vighnu se frotte les mains, les Kormes se dispersent dans la forêt sous le regard médusé d'Andréas.<br />
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== La Ferme-Relais "Le Marchepied" ==<br />
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<br />
Il fait presque nuit noire lorsque les 6 mercenaires fourbus atteignent enfin la ferme-relais qu'on appelle le "Marchepied", au pied de la route montant vers Solerane. Si Oleytan (trop repérable) est laissé avec le matériel dormir à l'extérieur, Diane, Eldan et Herle, bientôt suivis par La Poigne et Le Grêlé (trop crevés pour accepter de se peler le cul à camper dehors), pénètrent les uns après les autres dans l'enceinte de bois où un drôle de type pâle, un albinos efflanqué aux longs cheveux blancs qu'Eldan sait être surnommé "Craie" (chef des gardiens d'esclaves de la mine de cuivre), est en train de passer ses nerfs à coups de fouet sur deux malheureux emishen, une femme et un adolescent enchaînés au puits du milieu de la cour. <br />
<br />
Comptant avec l'albinos un escrimeur tout en noir s'engueulant avec le tavernier (une histoire de chevaux, de halte imprévue et de prix du fourrage) plus 4 soldats portant la livrée du Duc-Gouverneur (donc probablement issus de la garnison de Solerane), et soucieux de sa mission avant tout, Herle tempère ses instincts justiciers et suit la Kerdane dans le corps de ferme transformé en auberge de seconde zone, où il entreprend de noyer sa mauvaise humeur dans la bouteille d'hydromel prise à la Taverne Penchée. Si un jovial marchand de draps nommé Teillard, parti de Celanire vers le "marché de printemps" de Tal Endhil, tente bien d'engager la conversation avec les voyageurs, Diane l'envoie paître rudement (et nos héros se privent de la seule occasion de se renseigner sur la route qu'ils ont à faire) mais lance une petite partie de dés avec Eldan et Herle pour attirer à eux Craie et Esteval (l'escrimeur à l'armure de cuir sombre) et tenter de leur soutirer quelques informations sur l'exploitation des esclaves venteux à Solerane. Justement, les deux gardes-chiourmes, 3 autres collègues et 6 soldats prêtés par la garde sont à la recherche d'une 15aine d'évadés, échappés le matin même de la mine de cuivre. Diane propose bien de participer à la traque contre rétribution, mais Eldan ruine sa tentative d'approche en ne pouvant se retenir d'aller porter un peu d'eau et de pain aux deux malheureux prisonniers. Herle -qui perd aux dés et voit les deux crevures descendre gaiement sa bouteille- semblant se retenir de plus en plus laborieusement d'écraser la tronche de Craie à chaque fois qu'il fait des remarques cruelles sur les "venteux", les voyageurs vont se coucher tôt après un rapide souper et Diane s'arrange assez finement pour que leur propre groupe gagne le contrôle de l'escalier et des 2 rares fenêtres du grenier aménagé en dortoir, qu'ils vont devoir partager avec le binôme d'esclavagiste, les soldats s'installant dans l'étable au dessous.<br />
<br />
=== Rencontre avec des fugitifs ===<br />
<br />
C'est à peu près le moment où, traînant le chroniqueur qui dort debout dans l'obscurité de la route forestière, Vighnu voit soudain jaillir un grand type hirsute de la forêt, qui saute sur le fehnri en tentant de l'étrangler avec la chaîne qui lui lie les poignets : l'assassin pare de justesse avec son katara, une femme armée d'une branche sort à son tour des taillis et Andréas est basculé au sol par une jeune fille qui tente de lui éclater le crâne à coup de pierre, mais il parvient à la repousser de peu (elle est presque aussi épuisée que lui). Reconnaissant une Emishen (et réciproquement) alors qu'il tirait sa dague pour se défendre, l'érudit crie en Langue des Vents "Arrêtez, nous sommes des amis ! Vighnu, ce sont des Emishen !", ce qui suffit à stopper le début de combat et permet à Andréas de proposer de la nourriture et des soins aux esclaves en fuite, finissant de gagner leur confiance. <br />
<br />
Libéré de ses chaînes avec l'aide d'un glaive offert par Vighnu, le trio leur explique avoir réussi à s'échapper des mines de Solerane un peu avant l'aube, grâce à un tunnel vers la surface creusé en secret avec l'aide d'une barde rimdehl nommée Tahalien. Poursuivis depuis le levé du jour par des cavaliers en armes, ils ont perdu la douzaine d'autres évadés qui les accompagnait, dont des jeunes et des enfants et, loin de leurs régions d'origine (la plupart sont des Otlalnan de la Marche des Lisières), ils ont couru un peu au hasard vers le nord et le territoire des Liam'Lon, où aucun Dirsen n'oserait les poursuivre, alors que d'autres avaient préféré tenter leur chance à l'est, vers le Cercle des Hautes-Pierres.<br />
<br />
Les deux Talendan leur expliquent qu'ils sont ici sur le territoire des Elloran et qu'ils auraient de meilleures chances de filer au nord-ouest vers le Cercle des Cascades et, après avoir longuement hésité à repartir chercher les plus jeunes, les trois fuyards un peu retapés finissent par disparaître vers l'ouest avec quelques remerciements.<br />
<br />
=== Evasion nocturne ===<br />
<br />
Nos deux héros retardataires ne sont donc qu'à moitié surpris lorsqu'ils retrouvent Lerkoren Oleytan en compagnie de 5 autres échappés en haillons, dont Tahalien et un ado sérieusement blessés, plus trois mômes, quoique Vighnu soit un peu atterré par le récit du jeune Elloran.<br />
Car après que leurs compagnons soit entrés à l'auberge du Marchepied, Oleytan, attiré par des cris de douleurs, s'est glissé par-dessus la palissade de rondins et, découvrant les deux prisonniers lacérés à coups de fouet, a attendu la nuit noire pour passer à l'action. Il a malheureusement échoué à assommer proprement la sentinelle de faction dans la cour, mais a par contre réussi à la tuer net avant qu'elle ne crie, puis a traîné le corps du soldat dans une grange. C'est alors qu'il s'acharnait en vain à rompre sans trop de bruit un des maillons de la chaîne que Diane l'a interpellé depuis une des fenêtres du dortoir : <br />
_"Psssst ! Mais qu'est-ce que tu branles, merde !? On est pas là pour ça ! <br />
_Je fais mon devoir, tu peux pas comprendre ! <br />
_Mais putain tu va réveiller tout le monde, crétin !". <br />
<br />
L'épée à la main, la Kerdane est bientôt descendue le rejoindre pour le convaincre de ficher le camp et, n'y arrivant pas, a fini par l'aider à détordre un maillon en faisant levier avec son épée, histoire qu'il puisse déguerpir avant que quelqu'un ne les entende. Herle s'est réveillé à son tour, lui a ordonné de rentrer se coucher avant de les griller complètement et, la Kerdane disparue dans l'étable en engueulant un soldat qui se réveillait vaguement sur l'air de "Quoi ? Keskya, on peut plus pisser tranquille, merde ?", Oleytan a sorti discrètement les deux rescapés par là où il était lui-même entré. Apprenant alors qu'ils avaient pu cacher les gosses près de la rivière avant que les cavaliers ne leur tombent dessus, il est ensuite reparti chercher les mouflets de 9 à 12 ans, a nourrit tout le monde et distribué des rations pour le reste du voyage ("Et donc, là, on a plus de vivres, c'est ça ? Heu... un peu, si..."). Il se demandait s'il allait abandonner l'opération pour les conduire aux Cascades quand Vighnu et Andréas sont arrivés. <br />
<br />
Renonçant à l'engueuler d'avantage puisqu'il viennent de faire quasiment la même chose, les deux PJ soignent à nouveau les plaies et brisent les chaînes, ré-expliquent la direction du Cercle des Cascades et, recommandant bien aux fuyards d'éviter les routes pour ne pas être repris, ils s'installent pour bivouaquer et s'offrir quelques précieuses heures de sommeil avant l'aube.<br />
<br />
L'aurore pointe à peine lorsque Herle, Diane et les autres se lèvent, déposent quelques pièces de cuivre dans la grande salle et filent sans prendre de petit déjeuner, pendant que Craie et Esteval constatant la disparition de leurs prisonniers commencent à activer les soldats, et que ceux-ci constatent la disparition d'un des leurs. "Et vous là, vous avez rien entendu ?!? _Nope : nous on dort sérieusement quand on doit se lever tôt." répondent nos héros avant de s'engager, sous la bruine matinale, vers le chemin raide qui monte en lacet vers le nid d'aigle de la cité minière. Rapidement rejoints par Lerkoren Oleytan, Vighnu et Andréas (modérément reposés), ils confèrent sur les évènements de la veille et s'accordent sur un plan : Eldan (puisqu'il connaît Solerane), Andréas (qui compte s'arrêter dans un temple pour se lancer dans l'enchantement d'un document puissamment convaincant pour faire partir le convoi avec une escorte réduite "car tout danger est désormais écarté") et Diane (qui pense pouvoir s'infiltrer dans la-dite escorte) iront en ville pendant que le gros de la troupe ("J'suis pas gros j'suis juste un peu envelo _Ta gueule, La Poigne : t'es lourd.") <br />
attendra caché dans la forêt. <br />
<br />
=== Plan d'action ===<br />
<br />
Dès que le convoi sera prêt à partir, les mercenaires partiront devant pour semer des embûches sur sa route afin de le ralentir (comme un sapin ou des rochers "décrochés par le dégel") : s'ils parviennent à le retenir assez longtemps dans la gorge pentue et traîtresse que les chariots auront de toutes façons du mal à négocier (le segment 2, sur la carte), ils peuvent l'obliger à passer sa première nuit avant le gué sur l'Anil'wel (milieu du segment 3). Le lendemain, la caravane sera donc obligé de forcer l'allure pour sortir de la forêt qui suit (segment 4) avant le crépuscule : réputée dangereuse (c'est, avec la gorge, le site d'embuscade préféré des Kormes, c'est d'ailleurs là que la colonne de Durgaut s'est faite attaquer au début de l'Épisode 1), le mauvais chemin tortueux y sera en cette saison embourbé par les ruisseaux et, avec un peu de sabotage supplémentaire (en creusant par exemple le lit d'un petit torrent pour former une combe traîtresse), l'escorte arrivera dans la vaste prairie marquant le dernier bout droit (5) en fin d'après-midi, épuisée par deux journées difficiles et fera probablement halte, croyant avoir fait le plus dur... Mais c'est justement là que l'attendra notre commando camouflé et grimé en Kormes, qui lui tombera dessus avant qu'elle ait eut le temps de souffler, laissera filer les non-combattants pour qu'ils puissent témoigner de la culpabilité des rebelles mais massacrera impitoyablement tous ceux qui pourraient les avoir vu de trop près au Marchepied ou à Solerane. En se coordonnant avec Diane pendant qu'elle s'isolera "pour pisser" le long du parcours, ça devrait marcher très bien (c'te blague).<br />
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Image à rajouter<br />
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== Enquête ==<br />
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=== Solerane (Diane, Andreas, Eldan) ===<br />
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Entrant en ville par la Porte Basse alors que le crachin continue, le trio d'espions improvisés passent devant les vastes écuries où des palefreniers semblent avoir rassemblé au moins une cinquantaine de chevaux, puis remontent les rues pentues et mal pavées, encadrées d'étroites maisons de pierre et d'ardoise, en direction de l'Hostellerie des Moindres, attenante au temple et tenue par les religieux locaux. Traversant au passage la grand'place surmontée d'un vaste marché couvert au bout duquel s'élève le siège de la Guilde Minière locale, ils constatent que des bouviers attèlent ou chargent des chariots sous les halles, alors que des marchands s'assemblent devant le porche du sanctuaire : ça sent le départ...<br />
<br />
Le réfectoire de l'hostellerie est aussi sombre qu'encombré par une bonne 20aine de mercenaires pour la plupart loqueteux, de forestiers et de négociants qui semblent tous attendre qu'un sergent courtaud et obèse s'occupent d'eux : Eldan le connaît sous le nom de "La Boule" comme le membre le plus corrompu de la garde locale, qui offre fréquemment les services de ses hommes à Jornil Cuivré et laisse prospérer les coupes-jarrets qui hantent avec son fils Jorem la boutique d'un marchand de vins, "Le Carafon".<br />
Pendant que Diane réussit à se bouffer le nez avec l'épaisse bonne-sœur qui sert pain et brouet aux clients (c'est une manie), Andréas trouve son chemin vers la sacristie pour demander au prêtre s'il pourrait s'y installer pour "travailler dans le recueillement nécessaire à ses enluminures". [Sur un jet de "Contacts dans la Pègre" réussit], Eldan le brigand repenti avise bientôt un drôle de novice qui accueille les voyageurs dans la cour en semblant éviter la salle, qu'il reconnaît illico comme un croche-bourse du coin, déguisé pour pouvoir "courtoisement débarrasser les voyageurs de leurs bagages" sans se faire trop remarquer des sœurs et des vrais disciples du Culte (et puisque je peine à lui donner un nom, il le baptise "Boule-de-Suif"). Son camarade interpellé en plein travaille lui explique que La Boule est venu sélectionner les meilleurs combattants disponibles pour les intégrer à l'escorte du convoi minier, les autres devant se contenter de la moindre paye offerte à l'escorte d'une caravane marchande qui devait partir ce matin avec un troupeau de chevaux emishen, mais qui a pris du retard malgré les tentatives du Cuivré pour les faire activer, allant même jusqu'à participer à la solde des convoyeurs pour peu que les marchands acceptent d'ouvrir la route en précédant d'une journée ses propres chariots. Bien sûr, quelques piécettes peuvent toujours faire pencher le jugement de l'adipeux sergent. "Et sinon, on peut saluer des copains au Carafon ? _Ben non, curieusement, y a quasiment personne depuis hier, déjà : ch'ais pas où ils sont tous passés. Même la bande à Jorem elle y est pu'..." <br />
Mais cette "cervelle de moineau" d'Eldan aura tôt fait de perdre l'information.<br />
<br />
Jugeant plutôt minables les guerriers déjà choisis, Diane se porte volontaire et décide de démontrer ses talents à l'arbalète en faisant tinter la haute cloche du temple d'un carreau tiré depuis le fond de la cour, selon un angle de tir particulièrement réduit par les étroites voutes du clocher et dans la visibilité voilée par la pluie et la grisaille : "Si une gonzesse y arrive, j'veux bien l'embaucher, tiens !" ironise La Boule. Et si Eldan s’éclipse vivement vers le campanile pour faire sonner la cloche du pommeau de sa dague si la Kerdane devait manquer, il n'a pas encore atteint le sommet qu'un trait ricoche sur le bourdon et faisant sonner le bronze avant de retomber côté grand' place. <br />
_"Et sinon, c'est combien la paye ?" demande la tireuse d'élite d'un ton narquois, avant d'aller rejoindre la table où attendent déjà les autres vainqueurs, deux étrangers à l'air farouche et une paires de jeunes imbéciles qui se présentent comme "Trevan de Rigorne, chevalier errant ! <br />
_Et Gavin, son loyal écuyer. <br />
_Ah ben putain, si c'est le haut du panier j'ose pas voir le fond..." <br />
leur décoche Diane, toujours aimable.<br />
Informé que le convoi va de toutes façons partir le lendemain, que Diane y est embauchée, que l'éclaireur doit aller acheter quelques provisions pour le reste de l'équipe et puisque les religieux sont tous très occupés avec la foule des clients, Andréas profite du reste de sa matinée pour étudier bien tranquillement sa récente trouvaille.<br />
(Spoiler même pour les joueurs de cet épisode : En examinant les bagues mobiles qui se découpent dans la sphère d'or-rouge héritée de Langard, le mage découvre qu'elle est à la fois un focus capable de stocker de l'Essence magique, un catalyseur qui facilite le transfert d'Énergie vitale pour la chargre plus facilement et un amplificateur doublant la portée de la plupart des sorts : bien qu'il ait du payé 2pH pour la retrouver, Andréas Odran est ravi ! Bien sûr, il ignore encore que le spectre de son défunt propriétaire y a été piégé, et qu'il se manifestera lorsque l'objet sera suffisamment rechargé…)<br />
<br />
=== Interlude Forestier (Vignu, Herle) ===<br />
<br />
Pendant ce temps, Vighnu et Herle se sont éloigné dans la forêt après avoir entendu de lointains aboiements : voulant voir de quoi il retourne, ils découvrent une petite chaumière isolée, où une mère de famille fend du bois avec dextérité pendant que ses deux jeunes enfants jouent en rassemblant les demi-bûches sous l’œil de deux énormes dogues de Marale, des molosses presque aussi hauts que des poneys. En s'approchant sous le vent, les mercenaires réalisent que ce doit être la demeure de Thuril le Brun : un forestier réputé dans la région et qu'Eldan leur a expliqué servir régulièrement de guide aux caravanes, en particulier celles de Jornil Cuivré, de loin son meilleur employeur. Ils envisagent un moment de kidnapper un môme pour forcer la coopération de son père, mais après avoir considéré la maman qui fend les bûches d'un coup de hache expert, l'agitation grandissante des chiens, la taille du chenil trop vaste pour "seulement" deux dogues et les probables galères d'avoir à balader un otage de 5 ou 8 ans, les deux farouches guerriers renoncent.<br />
<br />
En rejoignant leurs camarades, ils aperçoivent les traqueurs d'esclaves qui patrouillent les flancs de la montagne et se dissimulent tous si bien qu'Eldan, sorti de la ville basse pendant que le premier convoi s'y assemblait pour partir enfin, va avoir bien du mal à les retrouver. Déposant les provisions en expliquant que Diane a réussit à intégrer l'escorte, l'éclaireur repart aussitôt pour lui transmettre les derniers détails du plan et une dague empoisonnée par les bons soins de Vighnu, "en cas de besoin". <br />
<br />
_"Pis ramène le chroniqueur, aussi : on s'arrache dès que la première caravane a fini de descendre la route. <br />
_Mais vous vouliez pas que j'aille jeter un œil à la mine, pour repérer l'autre convoi ? <br />
_Il part demain matin, non ? Qu'est-ce qu'on besoin de savoir d'autre ? Grouille !"<br />
Et ce fût leur deuxième erreur…<br />
<br />
<br />
<br />
== Préparation du terrain ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Sabotage (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
À peine une heure derrière les quelques chariots de marchandises et le troupeau de chevaux qui labourent la route humide devant eux, le commando se met donc en marche en milieu de journée, avançant d'un pas tranquille pour éviter de les rattraper. La fin d'après-midi leur offre une vague éclaircie lorsque, quasiment à mi-pente de la gorge encaissée où les cailloux roulent sous leur pas, ils avisent un sapin qui penche déjà un peu depuis le versant hérissés de rochers du ravin : passant des cordes autour du tronc, Herle, La Poigne, Vighnu (mollement, hein, il est fatigué), Le Grêlé et Oleytan tirent de toutes leurs forces pour finir de le déraciner. Le templier défroqué s'énerve au passage et, quand ses compagnons remarquent que la chute de l'arbre n'a pas l'air très naturelle, il escalade la pente avec La Poigne pour déclencher à eux deux un éboulement susceptible d'expliquer l'accident. Après qu'une coulée de rochers se soient répandus sur la route et que le colosse ait cogné le tronc à coups de pierres pour parfaire la mise en scène et dissimuler les marques de cordages laissées dans l'écorce, l'équipe décide de souffler un peu avant de repartir... et Vighnu remarque alors une silhouette qui les observe de loin, dissimulée parmi les sapins en haut de la crête.<br />
(Si Andréas Odran a tout intérêt à garder le secret de ses talents magiques pour éviter de finir au bûcher, surtout lorsqu'il voyage avec un ex-templier, Hadrien Muraille et Adira Pratesh les ont découvert lorsqu'ils étaient enfermés dans la mine et le fehnri en a évidemment parlé à son cousin : malgré ses craintes instinctives concernant la sorcellerie, Vighnu a abordé le sujet avec Andréas qui s'est montré assez ouvert sur le sujet pour le rassurer...)<br />
<br />
Après avoir discrètement averti le reste de ses camarades de la présence d'un observateur discret et leur avoir recommandé de faire "comme si de rien n'était", Vighnu et Andréas s'éloignent innocemment loin des regard inquisiteurs en pénétrant sous les frondaisons qui bordent la gorge en se donnant vaguement l'air de chercher des plantes : <br />
_"Tu peux le chroniquer d'ici, demande l'apothicaire dès qu'ils sont loin de Herle ? <br />
_Assieds-toi avec moi et (Andréas sort la sphère première de son sac) pose tes mains là-dessus, là et là. <br />
_Je sens que je vais pas aimer.... <br />
_Sans doute mais j'ai pas l'énergie pour le faire moi-même alors tu participes où il va se tirer." <br />
Dès qu'ils ont tous les deux les mains sur la sphère de métal rouge, Vighnu se sent soudain très fatigué [ça lui coûte 4 points de Fatigue, mais ça fait 8pts d'Essence pour alimenter les sorts d'Andréas, qui en a bien besoin vu comme il peine depuis plus de deux jours qu'ils sont en marche] et, les yeux fermés par la concentration, le chroniqueur annonce à son camarade : "Il n'y a qu'un seul type, mais il s'éloigne vers... un cheval. Plein nord, au sommet de la gorge. Il sait qu'on l'a repéré. Il se dépêche parce que... le sentier qu'il veut prendre rejoint la route un peu plus haut. <br />
_Tu peux le neutraliser ? <br />
_Je vais essayer mais... <br />
_Fais au mieux, je préviens les autres !"<br />
<br />
=== Interrogatoire ===<br />
<br />
Quand Vighnu sort des bois tout essoufflé en appelant ses compagnons, il explique brièvement que le guetteur est en train de s'enfuir à cheval, mais qu'ils peuvent tenter de lui couper la route et Oleytan s'élance le premier, remontant la gorge au pas de charge, suivi de près par Eldan, Herle de Lorune et le Grêlé. Ils ont beau courir de toutes leurs jambes sur le chemin rocailleux, le cavalier dévale la pente plusieurs centaines de mètres plus haut qu'eux... et tombe de selle en atteignant la route.<br />
<br />
"Quand on sait pas monter..." grommelle Herle, dégageant l'arc qu'il avait en bandoulière en cavalant de plus belle : son cheval trottant pour s'éloigner des ennuis, le guetteur se relève à peine lorsque Lerkoren Oleytan arrive sur lui le glaive à la main, mais réussit à dégainer sa propre épée en se remettant sur ses pieds, à parer et à lui coller un grand coup de pommeau à la tempe, séchant le jeune Elloran avant qu'Eldan ne soit à portée de lame. Le cavalier esquive le coup mal ajusté du Moineau en bout de course et, voyant arriver d'autres adversaires, dégage vivement sur le versant boisé qui descend vers le torrent. Mais Herle de Lorune a stoppé et décoché une flèche, et malgré la distance elle vole entre les arbres, racle l'écorce d'un boulot et transperce le genou du fuyard [3 pions de Fatigue et 1pH : Ego' voulait vraiment le choper] qui bascule dans dans la pente en rebondissant contre les troncs et les rochers. Un instant soufflé par l'expertise du tir, Oleytan, Eldan et le Grêlé regardent le Défroqué d'un air médusé, celui-ci leur fait signe d'aller chercher leur proie et, s'asseyant pour souffler sur un rocher, débande son arc en déclamant un poème sur la rudesse de la vie au bord des eaux [il faut préciser que pendant qu'on joue sur Rolisteam, Ego' dégotte des poèmes de circonstance qu'il déclame à brûle-pourpoint quand il a besoin de libérer de la Tension : ça fait toujours son petit effet et lui obtient à chaque fois le bonus du public]. Le Grêlé en reste un moment comme deux ronds de flanc, puis l'ex-inquisiteur dégage sa dague et, descendant à la suite d'Eldan avec le mercenaire sur les talons, annonce : "Bon, c'pas le tout : au boulot."<br />
<br />
Et pendant qu'Oleytan s'éloigne pour récupérer le cheval, sous le regard mortifié d'Eldan qui a eu tant de mal à récupérer le blessé dans le torrent, à le traîner sur la berge et à lui faire un garrot, Herle entreprend d'interroger le prisonnier, d'abord en lui expliquant qu'il parlera de toutes façons et que ce n'est qu'une question de temps et de douleur, puis en tournant la flèche dans la plaie pour illustrer son propos. Alors qu'Eldan, dégouté, s'éloigne, le cavalier commence à révéler qu'il n'est que l'éclaireur d'une bande de types chargée de suivre le convoi... lorsqu'il tourne de l’œil, moins à cause de la souffrance que des blessures reçues : ayant rejoint ses camarades depuis quelques instants déjà, Vighnu l'examine et, constatant que le prisonnier cumule un sérieux hématome à la tête et des côtes fracturées à sa blessure au genou, annonce qu'il risque d'avoir un peu de mal à le garder en vie plus de quelques heures. <br />
_"Et qu'est-ce qu'il a sur la poitrine, demande le chevalier ? <br />
_Tatouage de voleur, explique l'assassin-apothicaire : la Confrérie du Chacal, une espèce de regroupement de brigands, mais j'ai entendu dire qu'ils commençaient à trafiquer des armes dans le coin. <br />
_Non. Ce sont des démonistes ! <br />
_Hein ?! Houlà, non, non, je vous assure messire ils... <br />
_L'étoile à neuf branches est le signe du démon, Maître Pratesh, et cette créature doit être décapitée et brûlée séance tenante. <br />
_Quoi ?! Mais non, enfin, on allait l'interrog... <br />
_Nous ne tolérerons pas l’œuvre du démon et vous n'en serez pas complice, Maître Pratesh, ou bien vous aurez à faire à moi !" <br />
Malgré les protestations de ses camarades, Sire de Lorune défait le long paquet qu'il a sur le dos depuis le départ et en dégage une lourde épée bâtarde à la lame gravée de runes antiques et dont la garde rougeoyante rappelle à Vighnu une certaine sphère : avant qu'il ne puisse s'interposer, l'épée s'abat et la tête du malheureux tombe, tranchée net, entre ses genoux [oui, Herle vient d'exécuter le "peunj-d'information" pour produire une Réaction à 5].<br />
<br />
Image<br />
<br />
=== Fuite ===<br />
<br />
"D'autres cavaliers arrivent !" les avertit Oleytan depuis le chemin, où il monte maintenant le cheval récupéré. Ne sachant pas s'il s'agit de brigands ou de simples civils et préférant éviter de laisser une "scène de crime" qui mette la puce à l'oreille du convoi, les mercenaires bascule le corps dans le torrent et dégage vers l'aval, histoire de dépasser leur éboulement avant d'être vus. Emportant la tête pour la brûler plus tard, Herle s'élance sur le chemin à la suite de ses camarades. Ce n'est que lorsqu'ils ralentissent au bas de la gorge qu'ils s'avisent qu'ils ont oublié Andréas et La Poigne, à qui Vighnu avait ordonné de rester près du chroniqueur pour le protéger : <br />
_"Non mais ils sont pas débiles, non plus, ils auront dégagé en nous voyant passer... <br />
_On parle de La Poigne là : le gars qui reste allongé près de l'arbre les yeux fermés pendant qu'on poursuit un cavalier parce qu'on lui a dit de faire "semblant de rien". <br />
_Bon, Oleytan, tu retournes les chercher à pied en passant par les crêtes, on se retrouvera près du gué." <br />
Et le matériel chargé sur le cheval, notre commando hautement qualifié repart d'un pas tranquille sous la bruine persistante.<br />
<br />
=== Reflexions ===<br />
<br />
Sous les pas des mercenaires, une plaine vallonnée, couverte de hautes herbes et parsemée de bosquets, succède bientôt à la forêt escarpée. Une éclaircie illumine le paysage et, quoiqu'en regardant régulièrement par-dessus leur épaule, les PJ en profitent pour sécher un peu en devisant sur la suite. Ce n'est qu'en arrivant au bord du fleuve que Herle insiste pour faire une pause et observer sérieusement les environs, des fois que les Démonistes ("Mais c'est juste des petits truands qui se donnent un genre ! _Des dé-mo-nistes !") aient posté un autre guetteur ou que la première caravane soit encore à portée de vue. Les abords de l'Anil'wel ("la Rivière du Passé") sont remarquablement calmes, mais la profondeur des empreintes de chariot laissées sur la berge intrigue le templier : <br />
_"Qu'est-ce qu'il y avait exactement dans ces chariots, Eldan ? <br />
_Heu... un de draps et fourrures, un de ferronnerie, chaudrons, ce genre de trucs, et puis un p'tit chariot de matériel, les vivres de l'escorte, tout ça. <br />
_Grand et gros, le chariot de chaudrons ? <br />
_Pas très non, pourquoi ? <br />
_Parce je commence à me dire que si j'étais un maître-contrebandier qui se méfie d'une attaque sur le convoi le plus important de l'année, j'aurais peut-être bien camoufler le vrai chargement dans la première caravane et tendu une embuscade autour de la seconde…"<br />
<br />
Après avoir passé le fleuve, et puisque la journée touche à sa fin sous les nuages noirs qui s'accumulent à l'est ("Gros orage en provenance de la mer, annonce le Moineau. _Trouve-nous un bon site de bivouac, faut qu'on puisse se reposer ce soir.") le groupe discute toujours de ses soupçons en interrogeant Eldan sur milles détails, puisqu'ils est le seul parmi eux à s'être rendu en ville et à avoir observé les préparatifs de départ. Montant un campement étonnamment confortable à base de branchages installés entre de gros rochers, sur les contreforts des hauts plateaux à l'ouest de la route (en limite de zone 4, sur la carte) et bientôt rejoints par Oleytan suivi d'Andréas juché sur le dos de La Poigne, l'équipe continue de réfléchir à l'idée du Templier.<br />
<br />
Et, à force de se creuser la cervelle, Eldan commence à se remémorer divers détails troublants (les mises en garde du Capitaine ; la désertion du Carafon (d'ordinaire quartier-général des truands et en particulier des séides de Jorem Cuivré) ; Jornil qui pressait le premier convoi de partir au point de payer une partie des frais de l'escorte, finalement un peu excessive pour des marchandises sans grande valeur et comptant assez peu de cavaliers pour que le troupeau de chevaux soit sa principale préoccupation ; les drôles de "barbares" qui trainaient à l'Hostellerie avec Diane), Andréas raconte sa première rencontre avec les Chacals au Cercle des Cascades, Vighnu et Eldan ajoutent leurs connaissances sur la pègre du nord... Il leur faut un moment pour constituer une théorie viable mais, lorsque Herle de Lorune revient de l'incinération de la tête tranchée, ses compagnons se sont rangés à son avis : le butin est caché dans la première caravane (qui n'a que 3 ou 4 heures d'avance sur eux et a du elle aussi s'arrêter pour la nuit), et le deuxième convoi est un piège à leur intention, pour lequel Jornil a embauché les Chacals, originellement venus des Sylves, tout comme Urgrand le sorcier barbu qui les a mis en relation avec les rebelles. _"Je vous avez bien dit que c'était des démonistes ! Quand on aura fini cette mission, faudra faire la peau à ce sorcier. _Nous en reparlerons certainement, sourit Vighnu."<br />
<br />
=== Interlude Lointain ===<br />
<br />
Pendant ce temps à Tal Endhil, le Capitaine prend Ranyella Sotorine à part à la fin d'une des nombreuses sessions qui occupent la Guilde depuis le début de la semaine et, alors qu'il voulait lui parler transport nautique et diplomatie locale, la cheffe kerdane lui remet 4 pièces d'argent : <br />
_"À quel titre ? <br />
_Une de vos mercenaires a envoyé un message à Écume 6 en demandant qu'on lui envoie une barge au Lac d'Acier. La réponse est que nous avons déjà perdu une barge récemment, que ma famille a autre chose à faire et que la mercenaire en question a perdu le privilège de faire appel à nous : vous seriez gentil de transmettre. <br />
_Oh... merde !"<br />
Et le Capitaine fonce illico au Cercle des Cascades, insiste pour parler urgemment à quelques chamans de sa connaissance et fini par demander à Kal Shemon'Lon de bien vouloir passer un message à Vighnu et Andréas : "Seulement si j'peux mett' un monstre marin. Ça donne du cachet aux visions, les monstres marins. Hihi."<br />
<br />
<br />
<br />
== Infiltration ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Soirée à Solerane (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
À l'Hostellerie des Moindres, après qu'Eldan soit passé en coup de vent lui déposer une dague empoisonnée ("T'aurais rien de plus liquide, pour épicer les vivres de l'escorte ? _Ah heu ben non, mais j'vais demander à l'apothicaire.": jamais revenu), Diane fait connaissance avec ses futurs compagnons de route : si les deux "barbares" au poil noir et à l'air revêche ne font toujours aucun effort pour converser dans la Langue des Pères, elle découvre que le jeune "chevalier errant" Trevan de Rigorne et son fidèle écuyer sont venus au nord "en quête de gloire et d'aventure" et que, malgré leur bref engagement dans les troupes mercenaires ("parce qu'on y voit plus d'action !"), l'aventure leur a fait jusqu'ici plutôt défaut : une escorte de caravane vers Celanire (et quelques troubles sur place dus à l'arrivée d'un nouveau prêtre assez radical), mais toujours pas de glorieux combat. Ils comptaient s'engager dans les troupes d'un héros local, le fameux Capitaine Durgaut de Tal Endhil ("Qui ? Non, 'connais pas...") mais comme Trevan est incapable de réduire son train de vie, les voilà pour l'instant fauchés et ils repartent vers Darverane avec le fourgon de métal, dont le jeune chevalier espère bien qu'il sera attaqué (pour se couvrir de gloire), afin de gagner assez d'argent pour un second cheval (Gavin l'écuyer se plaint de courir derrière depuis deux mois).<br />
<br />
Un très bref duel d'entraînement avec lui permet par contre à Diane de constater que Trevan est extrêmement bien entraîné à l'épée, malgré son inexpérience du combat réel et sa rafraichissante "naïveté". Si son écuyer a d'avantage les pieds sur terre, Diane ne doute pas de pouvoir par contre les manipuler (et ne se préoccupe pas plus que ça d'aller jeter un œil au fourgon ou à la mine).<br />
Elle rencontre bientôt Thuril le Brun, le massif forestier accompagné de deux dogues en charge de guider le convoi, qui vient les avertir d'être prêts le lendemain avant l'aube.<br />
<br />
=== Rêves collectifs (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
Pendant qu'elle dort tranquillement à l'Hostellerie, le tumulte de l'orage qui s'abat sur la plaine est bientôt interrompu par un hurlement de frayeur : sous son abri de branchage, Vighnu vient de s’éveiller d'un horrible cauchemar, une histoire de barques irrémédiablement coulés et de monstre marin qui le dévorait. <br />
_"Ça commençait par un faucon ricanant dans la nuit et finissait par un petit oiseau qui te guidait vers un sentier lumineux dans la montagne, demande Andréas ? <br />
_Heu... oui, mais je t'avoue que je me suis réveillé après le poisson géant. <br />
_C'est drôle, moi j'ai juste vu une espèce de grosse murène rôder dans l'eau, mais à part ça, je pense qu'on a fait le même rêve, envoyé par Kal Shem'... <br />
_C'est important les rêves, coupe Herle de Lorune, ce sont souvent les Ancêtres qui nous les envoient. <br />
_Voilà. <br />
_J'allais le dire. <br />
_Et dis-donc, le Moineau, un chemin dans la montagne, ça te dit quelque chose ? <br />
_Ah heu...oui. Le Capitaine avait prévu une solution de secours si on trouvait pas d'embarcations, c'est au nord de Celanire. <br />
_Et c'est fiable ? <br />
_Les plans du Capitaine sont toujours fiables ! <br />
_Suis-je bête. Bon ben demain on peut s'épargner d'aller voir si les Kerdans sont arrivés à la presqu'île et foncer plein sud dès l'aurore pour rattraper le convoi..."<br />
<br />
=== Départ du convoi (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
Et le jour n'est pas encore levé que Diane, Trevan, Gavin et les deux barbares Sylvains dont elle n'a tiré que les noms (Rumbold et Jaromir) rejoignent avec Thuril la mine de cuivre, un véritable petit fortin dont sortent bientôt des cavaliers (dont Craie et Esteval, qu'elle reconnaît et qui la reconnaissent, mais aussi un jeune gandin qui s'avèrera vite être Jorem Cuivré, le fils du grand patron), quelques fantassins supplémentaires, un lourd fourgon de chêne fermé par une porte cadenassées et un petit chariot de matériel tiré par des mules. Retraversant la ville vers la porte basse dans le fracas des roues et des bêtes sur le pavé, le convoi descend laborieusement la route vers le Marchepied en brinquebalant ("Bloumboudoum font les coffres dans le fourgon fermé. _Super : tu fais vachement bien le coffre. _Okaaay... _Ben quoi ?") puis oblique plein sud dans le petit matin.<br />
Très vite, l'arbalétrière comprend qu'entre Craie, Thuril et Jorem, il y a deux chefs de trop dans ce convoi, et en profite pour attiser les inimitiés au sein de l'escorte. Dès qu'elle et d'autres piétons sont employés à retenir les chariots dans la route pentue qui serpente le long du torrent, il lui vient une autre idée pour ralentir le convoi : profitant d'un dérapage du fourgon ("moins lourd qu'il n'y parait... _Ben tant mieux.") <br />
sur la route bourbeuse, alors qu'elle tirait de l'arrière, Diane s'arrange pour que le véhicule passe sur l'un des cochers descendu pour freiner par l'avant, et le conducteur hurle lorsqu'une des roues de bois ferré lui sectionne la jambe à hauteur du genou. Dégager le pauvre gars et lui prodiguer les soins nécessaires, quoique probablement inutiles (le type ne s'en sortira pas sans un bon chirurgien) stoppent le convoi pendant un long moment. Diane en profite d'ailleurs râler sur la paye, semer encore un peu plus la discorde dans l'escorte et monter Trevan de Rigorne contre Craie en proposant de rentrer à Solerane pour repartir du bon pied, mais l'esclavagiste albinos est vite soutenu par Esteval et, à eux deux, ils ramènent un semblant de discipline dans l'équipage qui reprend la route.<br />
<br />
Toujours attentive aux alentours, Diane commence à avoir l'impression distincte que des bruits de sabots suivent le convoi par les crêtes et, lorsqu'elle propose d'aller voir, Craie insiste pour envoyer plutôt Jaromir et Rumbold, les deux Sylvains. <br />
_"Dis-donc Trevan, demande-t-elle au jeune chevalier, les deux barbares, là, ils ont été sélectionnés comment ? <br />
_Je ne sais pas, Mademoiselle : je ne crois même pas que le gros sergent les ait mis à l'épreuve, ils ont été embauchés tout de suite. <br />
_Tiens donc..." Et bien sûr, lorsque les deux éclaireurs reviennent "sans avoir rien trouvé", Diane et Gavin espionnent leur bref rapport à l'albinos, la Kerdane entendant quelque chose comme "perdu un gars... <br />
_Dis-leur de garder leurs distances, merde !"<br />
<br />
Lorsque le jeune chevalier et un des Sylvains, chevauchant tous deux à l'avant-garde, signalent un l'éboulement barrant la route, le convoi s'arrête à nouveau, l'escorte se déploie en position défensive et la Kerdane décide d'escalader le pierrier pour en avoir le cœur net : trouvant les empreintes de deux paires de très grands pieds, elle déduit que l'éboulement est l’œuvre de La Poigne et du Défroqué, mais préfère inquiéter les autres pour perdre encore du temps. Le convoi ne repartant qu'après avoir utilisé les mules pour traîner le sapin tombé hors du chemin, Diane s'installe à côté de Thuril le Brun sur le banc du fourgon et entreprend de lui expliquer qu'il se passe des choses très bizarres autour de ce transport, surtout que les Sylvains et Craie semblent comploter un truc bizarre avec des cavaliers qui les suivent [Réaction de Témérité à 5]. Manifestement surpris (et convaincu), le Brun essaye pourtant de dissiper les soupçons de la Kerdane mais ne parvient qu'à éveiller de nouveaux doutes : le guide serait-il de mèche avec d'autres gars voulant braquer le convoi ?<br />
<br />
=== Fuite meurtrière ===<br />
<br />
Avec tout ce temps perdu, il fait déjà presque nuit lorsque la caravane fourbue s'installe pour camper juste avant le gué et que Craie insiste pour envoyer les deux Sylvains et Diane "chercher du bois pour le feu", à bonne distance du camp puisque les premiers bosquets sont à plusieurs centaines de mètres. Méfiante, la Kerdane avertit Gavin et ne suit les deux barbares qu'en traînant les pieds et son arbalète sous le bras, le temps de chercher une solution : elle observe le terrain en détail, évalue les distances... Lorsqu'elle réalise que Craie et Esteval arrive derrière elle depuis le camp alors que les Sylvains la prennent en tenaille par l'ouest, elle se penche pour ramasser une branche morte... et disparaît complètement dans les taillis et le soir qui tombe.<br />
<br />
[À 4 contre 1, Diane est sérieusement dans la mouise, surtout qu'Orlanth refuse d'employer ses pH pour autre chose que progresser. Mais briefé en détail sur les options tactiques d'un sniper et anticipant finement sur ses Mises, il va commencer par un énorme jet de préparation, dégageant 16 pts de bonus temporaires qui ne vont pas être de trop...]<br />
<br />
Transmettant des indications par signes aux deux Sylvains, Craie et Esteval resserrent l'étau autour de la Kerdane... Du moins le croient-ils car, camouflées dans un bosquet à quelques distance, elle se trouve déjà hors de "l'encerclement" et visant soigneusement, elle attend le bon moment pour tirer en comptant sur la fatigue et la tension de ses adversaires. Et lorsque que, croyant avoir vu un buisson bouger, Craie fait claquer son fouet dans le feuillage, l'arbalète claque sans être entendu et Esteval s'écroule sans un râle, un carreau lui ayant perforé le crane par l’œil gauche. Jaromir, l'éclaireur sylvain qui progresse discrètement l'arc tendu, est maintenant la cible la plus excentrée : Diane recharge et lorsque l'albinos -dont les longs cheveux blancs se distinguent nettement malgré le crépuscule- se retourne pour appeler à voix basse son camarade disparu, un second trait claque et se fiche dans la trachée de l'archer, qui s'effondre en gargouillant du sang.<br />
<br />
Immédiatement, Rumbold et Craie comprennent qu'on leur a retourné l'embuscade et cherchent un couvert, mais l'esclavagiste commet l'erreur de vouloir reprendre l'offensive : dégainant son tranchoir et ré-enroulant son fouet, il s'élance en zigzaguant entre les rares bouleaux pour atteindre l'origine du tir... où Diane n'est déjà plus. Et lorsqu'il se retourne pour la chercher du regard, un carreau l'atteint en plein front. <br />
<br />
Alors que des voix commencent à se faire entendre vers le campement, le dernier Sylvain récupère l'arc de son compagnon et, restant prudemment à couvert, scrute le sous-bois en se déplaçant silencieusement vers l'ouest et les profondeurs de la forêt. Rumbold lâche une flèche lorsqu'une ombre se détache brièvement parmi les arbres mais manque de plusieurs coudées, et les deux tireurs continuent leur lente et silencieuse danse parmi les taillis, s'éloignant toujours plus du camp vers la forêt, chacun cherchant à repérer sa cible autant qu'à réduire la distance en restant à couvert... Mais lorsqu'il atteint une longue clairière, le Sylvain doit choisir s'il s'arrête ou s'aventure à découvert et, manifestement décidé à continuer vers l'ouest ou les arbres sont plus dense [et lui permettrons de réduire l'avantage fournit par la portée de l'arbalète], il s'élance soudain au pas de course : il n'a pas fait 10 pas qu'un carreau le cueille en pleine cuisse. Il riposte pourtant, mais manque encore et, étalé dans les hautes herbes, à flèches, il a le réflexe de ne plus bouger et d'attendre que la Kerdane soit obligée de s'approcher : lorsqu'une silhouette blonde apparaît, il se redresse sur un bras pour lancer sa hache mais un dernier carreau lui perce le crâne avant qu'il ait pu finir son geste.<br />
<br />
Accroupie à la lisière des bois, Diane écoute la nuit en reprenant son souffle : s'il lui semble entendre un lointain piétinement de sabots dans la forêt, une chouette ulule à l'ouest quand elle reconnaît le timbre de Trevan approchant par l'est et appelant à mi-voix "Mademoiselle ? Mademoiselle ?". Elle fouille rapidement le corps de Rumbold, récupère le projectile qui saillit de sa jambe et, en plus d'un curieux appeau, d'une solide dague, de quelques pièces de cuivre et d'un lacet d'étrangleur, elle découvre un curieux tatouage sur son sternum, une sorte de loup très mince sur fond d'étoile et de forêt. Soufflant tout bas dans l'instrument, elle émet une sorte de ululement et comprends que d'autres Sylvains appelaient leurs compagnons. <br />
<br />
Quand le jeune chevalier la rejoint enfin, troublé de constater qu'elle vient d'abattre 4 hommes dont leur chef (et qu'il a encore manquer l'action), elle n'a guère le temps de lui expliquer la situation en détail mais, avec l'aide de Gavin qui finissait de fouiller les corps, parvient à le convaincre qu'elle est "la gentille" de l'affaire. Et qu'ils sont tous en danger : il faut fuir, tout de suite, sans repasser par le camp. "Mais je ne peux tout de même pas abandonner mon destrier, proteste le "chevalier errant" ! _Et puis j'ai trouvé la clé du fourgon autour du cou de Craie, fait remarquer Gavin : ça vaudrait le coût de jeter un œil..." (On pourra pas dire que j'ai pas essayé.) <br />
Diane hésite un instant, car la tentation est forte, mais se ravise et, tirant doucement le chevalier confus par le bras, elle l'entraîne avec son écuyer vers le fleuve, contourne le camp par la rive, trouve le gué malgré la nuit et, alors qu'un fort tumulte et une cavalcade semble agiter le bivouac derrière eux, ils disparaissent dans la nuit et les flots grondant...<br />
<br />
Ils marchent depuis plus d'une heure, que le chevalier a passé à se plaindre de la perte de son cheval, du poids de son pavois et de ses pieds douloureux, lorsque Diane et Gavin réalisent que des cavaliers sont à leurs trousses : quittant le chemin pour tailler à travers bois, le trio sème temporairement ses poursuivants dans l'épaisseur des taillis et tente de prendre un maximum d'avance avant l'aube (passant sans le savoir à peu de distance de l'endroit où, la nuit précédente, ses compagnons ont campé pour s'abriter de l'orage).<br />
<br />
<br />
<br />
== Dernier tronçon ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Sabotage d'un chariot ===<br />
<br />
Durant la journée, Vighnu, Andréas sur le cheval, Herle de Lorune, Eldan, Oleytan, le Grêlé et la Poigne ont continué d'avancer à marche forcée sur la route forestière (segment 4 du trajet) détrempée tant par l'orage de la nuit que par les quelques ruisseaux qui s'écoulent vers le lac, grossis des eaux de pluie. Eldan, le plus leste de la bande, a rapidement pris de l'avance sur le reste du groupe en espérant rattraper la caravane assez tôt et trouver moyen de la ralentir jusqu'à ce que ses camarades le rejoignent. Et en effet, lorsque l'après-midi touche à sa fin et que le Moineau émerge de la forêt (début de zone 5), il découvre le troupeau de chevaux paissant tranquillement dans la grande prairie en bordure du Lac d'Acier, près des trois chariots arrêtés au bord du chemin entre lesquels les voyageurs ont allumé un petit feu pour sécher leur paletots. La moitié d'entre eux prennent d'ailleurs le soleil ou nettoie leur vêtements bourbeux sur la berge pendant que les autres cassent la graine et se reposent de la rude journée qu'ils viennent de passer à pousser les carrioles dans le chemin forestier tout à la fois étroit, sinueux, bourbeux, rocailleux et coupé par les crues miniatures (argl).<br />
<br />
Profitant des hautes herbes et de ce que seulement trois sentinelles semblent encore (vaguement) se préoccuper de monter la garde, le Moineau progresse par l'ouest, traverse la route sans être vu et se glisse subrepticement jusqu'au chariot de ferronnerie. Il entreprend alors d'arracher avec sa dague les clous qui maintiennent une des roues arrières sur l'essieu, mais il n'a pas tout à fait le temps de finir que l'arrivée de l'unique sentinelle à cheval, qui commence à réunir les chevaux égayés e vue du départ, l'oblige à se dissimuler sous la carriole. Son mouvement d'ailleurs trop vif et trop peu discret fait se cabrer l'un des chevaux, la sentinelle descend de selle pour voir ce qui se passe alors qu'une autre est descendue du chariot de draps (étrangement le seul où un garde soit resté en faction) : Eldan, bientôt coincé, ne s'échappe qu'en profitant d'un instant d'inattention né du chef de convoi qui bat le rappel de ses compagnons, juste le temps pour lui de retraverser la route et de s'éloigner en rampant dans les hautes herbes. Néanmoins, la roue d'un des chariots ne tient plus que par un clou et l'éclaireur a reconnu l'homme qui gardait le chariot "de draps" : c'est Darjodrahl, le garde du corps/assassin hornois de Jornil Cuivré en personne, et sa seule présence indique qu'ils ont vu juste...<br />
<br />
[Là, vous comprendrez que j'ai un problème spatio-temporel massif : Diane/Orlanth a toujours environs 24h de retard sur les autres joueurs, qui eux sont à moins de 24h de l'objectif réel, et d'ailleurs la caravane va arriver à l'Auberge du Pont. Si je laisse tourner la chronologie normalement, Diane ne rattrapera ses compagnons que bien plus tard, probablement après que l'action soit terminée : c'est vraiment con. Alors comme pour une fois j'ai mes 4 joueurs-combattants ensemble (ça n'a a été le cas que deux séances sur sept), je fais une entorse à mes principes pour mon Orlanth préféré, Diane passe donc à travers une faille temporelle et rejoint ses camarades, qui pour la plupart n'y ont vue que du feu.]<br />
<br />
=== Regroupement et combat (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Trevan, Gavin, Diane) ===<br />
<br />
À la lisière des bois, le reste de la troupe s'est arrêté pour faire une halte après 10h de marche forcée qui lui ont "presque" permis de rattraper le convoi, lorsque Oleytan à l'arrière-garde annonce trois piétons mal en point qui clopinent vers eux : c'est Diane la Kerdane et deux inconnus, dont un sérieusement blessé. Le trio de fuyard a en effet été rejoint par quelques cavaliers-chacals dans la journée et, lorsqu'un bref combat, Diane en a abattu un de plus, Trevan en a blessé un deuxième et le troisième a planté sa lance dans le flanc du pauvre Gavin avant d'être "héroïquement mis en déroute" par le chevalier errant (et donc il s'est barré, quoi). Rapidement mis au courant des mésaventures les uns des autres malgré l'insistance du chevalier qui veut savoir s'ils sont des "malandrins" <br />
_("Ben heu... on est des bandits d'honneur qui volons aux riches pour donner aux pauvres et défendons les petites gens contre l'oppression. <br />
_Vrai ? Quelle aventure ! Je suis bien content de vous avoir rencontrés et de pouvoir joindre mon épée à votre noble cause ! <br />
_C'est qui ce débile, exactement ?")<br />
, tous s'accordent à dire que les deux priorités du moment sont qu'ils ont 1) encore une petite heure de retard sur leur objectif et 2) seulement une courte avance sur les 6 ou 7 cavaliers qui poursuivaient encore Diane, Trevan et Gavin. "Ça tombe bien, fait remarquer Vighnu : on va avoir besoin de chevaux."<br />
<br />
Une fois l'équipe déployée autour de l'appât constitué par Gavin (rapidement rafistolé par Andréas) et Trevan installés au bord de la route, le "combat" est aussi rapide qu'unilatéral : Diane snipe le premier cavalier, le second reçoit une flèche de Herle avant d'être démonté d'un grand coup d'épée par Trevanet si les 4 autres qui les suivaient freinent à bonne distance pour descendre de cheval, ils découvrent vite qu'ils sont encore à porter de tir quand l'arbalète fait une seconde victime et qu'un autre adversaire prend une flèche dans la hanche en descendant de cheval. Les deux derniers, d'abord décidés à profiter du couvert des sous-bois pour arriver au contact voient bientôt le chevalier, le Grêlé, Vighnu et la masse du Templier s'avancer vers eux, et se dispersent dans les taillis dans l'intention manifeste de se carapater. C'était sans compter sur l'inhumaine discrétion de la Poigne, qui éclate à la masse le crâne du malheureux qui avait presque réussi à surprendre l'assassin (longue journée + problèmes de cœur : petite forme, le fehnri) et lorsque ce dernier se met en quête de l'ultime ennemi rescapé, il le trouve affalé sur le ventre et ligoté par le layss d'Oleytan, d'ailleurs assis sur son dos. <br />
_"Très bien mon gars ! Allez, on le ramène aux autres et... <br />
_Non. <br />
_Je te demande pardon ? <br />
_Non, Vignupratesh : cet homme est mon prisonnier, et il porte un tatouage. Je ne laisserai pas tes cinglés de compagnons massacrer un vaincu. Je comptais le laisser repartir après que nous ayons pris du champ. <br />
_Mais c'est une très mauvaise idée, mon ami : il va rejoindre ses compagnons... <br />
_C'est son droit. <br />
_...les alerter sur notre position. <br />
_Bah je peux lui trancher un mollet, si tu veux : il devra repartir en boitant et ne rejoindra les siens que bien après que nous soyons partis. <br />
_Hem... bon écoute, je vais voir où en sont les autres et je reviens vers toi, d'accord ? <br />
_Chouette : tu peux me ramener à boire ?"<br />
Et leur seul autre prisonnier, blessé à la hanche, est une prise inattendue : Jorem Cuivré, soi-même. Terrifié et enfiévré par la douleur, le propre fils du patron-minier balance tout ce qu'il sait dès que Herle et Diane froncent les sourcils : oui, son père se doutait qu'il serait attaquer et a conçu la ruse des deux convois, oui il a embauché les Chacals à sa demande par l'intermédiaire d'un contact qui trafique du sel et d'autres marchandises "tombées du chariot" entre Darverane et Solerane, oui ils se doutaient bien que le Capitaine Durgaut était derrière tout ça mais son père ne pouvait pas se permettre de faire attendre Rhilder. "<br />
_Mais pas du tout, mes fringants compagnons et moi-même sommes des bandits d'honneur qui volons aux riches pour... <br />
_Non arrête, Trevan, t'es chiant : on bosse pour Durgaut, en fait. <br />
_Quoi ? Palsambleu mais alors vous m'avez roué ! Quelle aventure ! <br />
_Mais vosu êtes cons, pourquoi vous balancez un truc pareil devant le prisonnier ?! <br />
_Parce qu'il va pas repartir de toutes façons..." explique Vighnu avant de lui trancher la gorge [Réaction Cynisme 5 : ouch !].<br />
Et abandonnant ses compagnons avec le chevalier errant qui fait un scandale, il entraîne Diane vers l'endroit où il a laissé Lerkoren Oleytan en lui expliquant la situation : "Mais quel chieur ! 'Sont tous comme ça vos venteux ? <br />
_C'est pas la question : je compte sur toi pour abattre le prisonnier après qu'on l'ait "libéré". <br />
_Pas de problème mais faut pas que le môme me repère... <br />
_Je t'aiderai." Et, en effet, Vighnu fait assez de boucan en rejoignant son jeune ami pour que l'approche de la Kerdane passe inaperçue : une fois le prisonnier ahuri rendu à la liberté sans arme et avec un talon d'Achille tranché ("Rhaaaaaaaaa ! <br />
_Pis traîne pas mon gars, parce qu'avant la nuit, y aura des loups..."), Vighnu ramène Oleytan vers leurs compagnons en l'entretenant de ses soucis sentimentaux, que le jeune Elloran ne comprend que trop bien. Cette émouvante confession les empêche d'entendre le claquement d'une arbalète qui vient de mettre fin à une très brève fuite, après quoi Diane rejoint les autres pour récupérer les carreaux qui, ayant atteint des parties molles, peuvent encore être extraits à la dague (faut dire qu'elle n'en a plus que 7, avec tout ça).<br />
Le temps de répartir les désormais 9 cavaliers, dont un blessé, sur les 7 chevaux disponibles ( _"Quelle malchance : aucun d'entre eux ne montait mon cher destrier ! _Couillon, moraliste et obssédé par son canasson : il est pas venteux votre chevalier, des fois ?") <br />
et la troupe repart au galop à la poursuite du convoi.<br />
<br />
Eldan, rapidement récupéré et pris en croupe, explique qu'il a pu confirmer que le butin était dans le chariot de draps et saboter la carriole de ferronnerie, mais que la caravane a repris sa marche et qu'elle a encore repris près d'une heure d'avance. Trottant de leur mieux sur leurs chevaux déjà éreintés, les mercenaires fourbus voient s'amenuiser leurs options en même temps que le soleil couchant : s'ils peuvent encore rattraper leur objectif avant l'Auberge fortifiée (d'autant que la roue déclouée peut céder n'importe quand), il leur faudrait encore prendre le temps de se déguiser en Kormes, abandonner pour cela leur matériel le plus avantageux, attaquer en plaine, couper la fuite à quiconque sauterait sur un des 50 chevaux pour donner l'alerte, défaire une quinzaine de "gardes" (dont au moins 4 professionnels dignes de ce nom et Darjodrahl) à seulement 8 combattants, rafler le butin et dégager à travers champs avant que des renforts n'ait pu intervenir depuis le fortin : <br />
_"C'est pas la peine de se casser le cul à galoper, fait remarquer Vighnu : on est tous trop crevés pour se battre efficacement. Il faut trouver autre chose... par exemple s'introduire à l'Auberge du Pont cette nuit, avant que la caravane ne reparte pour Darverane avec trois ou quatre fois plus de monde. <br />
_C'est ça, on va trimballer 200kg de coffres blindés par-dessus les remparts et tout le monde trouvera ça normal. <br />
_J'ai peut-être une idée, propose Eldan : je sais que le chariot de ferronnerie est destiné à Celanire, alors si on pouvait remplacer discrètement le contenu des coffres par des fers à cheval et d'autres objets en fonte pour planquer le butin sous les chaudrons, on aurait plus qu'à attaquer demain matin un p'tit chariot presque sans escorte allant justement dans la bonne direction. <br />
_Mmmmh... et tu ferais ça comment ? <br />
_Ben on j'pourrais entrer à l'auberge avec Gavin en innocent blessé et l'honorable médecin-érudit Andréas, on repère les lieux et le butin, pis on aide Vighnu, Oleytan et tous ceux qui savent grimper et se faire discrets à passer la muraille, pis on s'introduit là où sont gardés les chariots, on se débrouille pour changer le butin de carriole sans faire trop de bruit, les grimpeurs repartent pis, le lendemain, ni vu ni connu, on braque le transport de chaudrons sur la route de Celanire. <br />
_Mais dis donc, tu sais que si on laisse quelques gars à l'extérieur pour éviter que les gars du deuxième convoi nous tombent dessus à l'improviste ou viennent raconter des âneries à la garnison locale, ça pourrait presque marcher, ton affaire ? <br />
_Très bien, jeune homme : je suis ravi de constater qu'on ne t'a pas emmené pour rien..." conclue le Défroqué.<br />
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== A l'Auberge du Pont ==<br />
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=== Première nuit ===<br />
<br />
Pendant que le reste du groupe se dissimulait avec les chevaux dans un bois, Eldan le Moineau, Gavin l'Écuyer blessé et Andréas, sous l'identité d'un érudit de Brasure, ont précédé la caravane à l'Auberge du Pont pour observer son arrivée et ses mesures de sécurité. Ils y ont découvert que la herse qui barre le fameux pont était baissée suite à des attaques répétées des Kormes sur la route vers Darverane (qu'on leur avait annoncée "rouverte") : les voyageurs et marchandise s'accumulant alors dans l'auberge envahie de tentes, de chariots et de bien plus de résidents qu'elle n'en peut héberger ou même nourrir, et les prix y grimpaient de manière délirante.<br />
<br />
Une fois les hommes de Jornil Cuivré arrivés et le chariot "de draps" (dissimulant les coffres que visent nos vaillants mercenaires) bouclé pour la nuit dans une grange gardée, Eldan observa les lieux pour chercher le meilleur point d'entrée (la garde mercenaire habituelle est doublée d'un contingent de l'armée régulière qui semble obéir à Darjodrahl, le lieutenant hornois du Cuivré), il manqua d'être lynché en accusant publiquement une jeune tire-laine plus charismatique que lui, Andréas fit le tour de l'auberge sur-bondée et récupéra la bourse volée au Moineau, puis Gavin sortit brièvement pour prévenir ses (autres) camarades de la situation avant que les portes ne soient fermées pour la nuit et tous trois se retrouvèrent au spectacle donné par les saltimbanques dans la cour...<br />
<br />
Les autres mercenaires ont d'ailleurs passé un début de soirée tendu, la journée les ayant laissés sur les nerfs. Tout particulièrement Vighnu chez qui les affres sentimentaux s'ajoutaient à la tension et à la fatigue de cette mission [il trimballe toujours ses deux points de "Trauma" (rebaptisés "Marques" depuis la dernière réécriture du système) dus à ses problèmes avec Islinna) et pète donc les plombs beaucoup plus souvent que d'habitude. C'est d'ailleurs d'autant plus intéressant que, sa principale Réaction étant le Cynisme, le fait même qu'il soit fâché avec sa douce parce qu'il est un assassin cynique l'incite à se comporter en assassin cynique. Comme dit souvent mon collègue "Cancrela", «Ça devrait s'appeler "nÉvrotic"...».] Le fehnri était en fait tellement stressé que lorsque Gavin est venu leur annoncé que le chariot était sous clé et qu'Eldan s'était fait gravement repéré en perdant sa bourse et en déclenchant un esclandre, Vighnu a sorti sa dague pour la lui coller sous la gorge en gueulant "Mais vous êtes complètement cons nomdedju, on peut rien vous confier !". Immédiatement, il a senti l'acier froid de l'épée que Trevan de Rigorne lui posait sur la nuque, Herle de Lorune a dégainé son nerhil pour piquer la pointe sous le diaphragme du chevalier errant, Diane a braqué son arbalète chargée sur l'oreille du précédent et le Grêlé, passant sa lance entre le fehnri et l'écuyer, a finalement demandé de son habituel ton sarcastique si la mission intéressait encore quelqu'un ou s'ils allaient tous s'entretuer à 300m du butin juste parce qu'ils ne savaient pas tenir leur nerfs. L'assassin a donc rengainer son katara et tout le monde a lentement rangé ses armes en échangeant des regards méfiants : folle ambiance...<br />
<br />
Pendant qu'Eldan "sympathise" avec des compatriotes Anguedais ("du Duché d'Anguedale"), des bergers occupant la tente la plus proche de la porte de la remise (la verte, sur le plan), Gavin tâche d'en déloger la barre qui la ferme de l'intérieur à l'aide d'un cure-pied (une espèce de crochet pour nettoyer les sabots des chevaux) et n'arrive qu'à la déloger en partie ("J'finira 'pu tard !").<br />
<br />
[Tentative rigolote : Gavin, qu'Orlanth incarne désormais pour éviter de ne jouer que son Arbalétrière confinée à l'extérieur, possède une Ressource "Paquetage" qui n'est définie que comme son aptitude à sortir tout et n'importe quoi du fatras accumulé dans son baluchon à force de chapardages, pour peu qu'il réussisse un jet sous le domaine "Voyage" et avec tous les talents appropriés. Le jet est plus ou moins difficile en fonction de ce qu'il espère tirer de son sac à malice, et il peut y miser d'autant plus d'Énergie que l'objet désiré correspond à ses talents...]<br />
<br />
Après avoir profité de l'enthousiasme du public devant la performance des baladins pour remplir en partie son focus, sa bourse elle aussi bien garnie a permis à Andréas d'accéder à la partie de dés qu'organise pour ses amis fortunés un certain Dorian «le Magnifique», marchand reman particulièrement entreprenant puisque, grâce au courtage, au tripot installé dans une des rares chambres privatives et à la prostitution de son époustouflante maîtresse fehnri, Sohashna, il est probablement la seule personne à tirer quelque profit de son séjour à l'Auberge du Pont. C'est surtout, pour nos mercenaires, le seul autre type assez influent sur place pour avoir obtenu que sa propre roulotte soit elle aussi gardée sous clé dans la fameuse grange... Après quelques coups de dés qui lui ont fait gagner un peu de menue monnaie, Andréas se retire du jeu et de la conversation entre puissants négociants pour lancer le sort qu'il a préparé pour glisser dans l'esprit de Dorian et de sa courtisane une certaine idée fixe : "le commerce ne vaut rien ici, la route ne rouvrira pas, autant retourner à Solerane."<br />
<br />
Frôlant le malaise tant il a investi d'énergie dans sa "Chimère", le chroniqueur s'excuse et prend congé, entendant en partant les deux amants discuter de leur départ à l'aube. Comme Gavin et Eldan (mais du côté de l'étable), il s'installe alors pour dormir quelques heures dans la cour, afin de rester aux premières loges en cas de besoin. En attendant la diversion prévue par ses camarades à l'extérieur, il s'endort malgré les protestations fréquentent des campeurs qui râlent chaque fois que quelqu'un les réveille en faisant du bruit dans la cour, rajoutant un peu de merdier à chaque fois...<br />
<br />
''Extrait des Chroniques des Marches du Nord d'Andréas Odran <br />
<br />
Après avoir réalisé que nous nous étions fait bernés comme des bleus et que le chariot que nous pourchassions n'était qu'un leurre, nous avons quasiment rattrapé le faux chariot de draps. Le plan mis au point par Eldan et Vighnu était d'opérer une substitution entre le coffre que nous recherchons et des ferronneries d'un autre chariot lors de l'arrêt du convoi à l'Auberge du Pont. <br />
<br />
J'ai été affecté au groupe d'éclaireurs, en compagnie du brave Eldan et de Gavin, le soi-disant écuyer du soi-disant chevalier errant. Pas mécontent de laisser derrière moi le poète-répurgateur et ses tendances homicides qui me feraient presque regretter feu Conrad de Mélanque, nous avons doublé au large le convoi pour découvrir une auberge absolument bondée, un vaste campement de tentes débordant de ses murs. Moutons et poulets courraient en liberté là au milieu, dans un bazar que d'aucuns auraient trouvé joyeux. Ce n'était pas mieux à l'intérieur, et il me fallu jouer des coudes pour y entrer, tandis qu'Eldan essayait d'interroger des gardes à l'extérieur - comptant sur la camaraderie militaire. Il a rapidement découvert que la route de Darverane n'a jamais réouvert : les quelques marchands qui ont essayé de l'emprunter sont revenus la queue basse et soulagés de leurs biens, et le contingent de gardes de l'auberge s'est vu renforcé. La conversation a ensuite tourné court, pour autant que j'aie bien compris les explications embrouillées d'Eldan : il semblerait que la réputation de la camaraderie militaire soit en fait largement usurpée... <br />
<br />
Pendant ce temps, Gavin et moi-même nous frayâmes tant bien que mal un chemin dans la salle de l'auberge bondée, où tout un tas d'individus tentaient d'accéder à un comptoir où l'on servait de la nourriture. Très franchement, les moutons de la cour me parurent plus dignes que cette pitoyable assemblée d'humains se battant pour leur pâtée. Enfin... J'espérais trouver plus de calme à l'étage, il n'en fut rien : l'étage était intégralement couvert de lits et de paillaissades, et la seule zone privative était réservée par un riche marchand et gardée par un mercenaire. J'ai bien tenté d'expliquer à l'un des commis de l'auberge que je ne souhaitais pas partager mes nuits avec une bande de garçons de ferme illettrés, mais celui-ci a pris la mouche (je suppose que c'est un ancien garçon de ferme toujours illettré). Ce serait donc compliqué pour moi d'obtenir un coin tranquille où préparer mes petites diversions...<br />
<br />
Pendant ce temps, à l'extérieur Eldan assistait à l'arrivée du guerrier hornois escortant la caravane des marchands de draps. Usant d'un subtil mélange de force brute, de regard mauvais et de cette indicible autorité que procure le fait d'être une machine à tuer, le Hornois a rapidement imposé son autorité auprès des gardes, fait entrer le chariot contenant le coffre dans une remise fermée (dont il a conservé la clé), et réquisitionné une chambre et des repas pour ses employeurs. Le reste du convoi, lui, s'installait hors des murs de l'auberge. Et notamment le chariot de ferronneries avec lequel nous comptions faire l'échange. Voilà qui compliquait sérieusement notre affaire. Eldan a aussi appris que la remise en question était occupée par un autre chargement appartenant à un riche et important marchand : des verreries, apparemment. Et ce riche marchand n'était autre que celui qui occupait la grande chambre à l'étage de l'auberge, où parait-il il organise des parties de dés pour tuer le temps en attendant la réouverture de la route. Il aurait déjà plumé certains de ces collègues...<br />
<br />
Je retrouvai Eldan dans un coin pas trop encombré de l'auberge et nous avons commencé à discuter de nos options. C'est alors qu'Eldan a été bousculé par une jeune fille qui lui subtilisa la bourse confiée par Durgaut. Il l'a arrêtée, mais elle avait déjà passé l'objet du délit à un complice que j'ai pu repérer et suivre. Je l'ai retrouvé dans les latrines où il contemplait le fruit de son forfait. Bien qu'il fut armé d'un méchant coutelas et ait l'air plus costaud que moi, j'ai serré le manche de ma dague en prenant mon air le plus menaçant et je l'ai sommé de me rendre l'argent. De façon incroyable, j'ai dû avoir l'air suffisamment méchant pour qu'il me rende la bourse sans combattre [jet d'Intimidation +1pH !]. Pendant l'intervalle, ce brave Eldan avait accusé publiquement de vol la jeune fille. Celle-ci se lança alors dans un numéro théâtral de fragilité féminine qui aurait bien fait rigoler Diane, et quelques courageux sont intervenus - espérant probablement passer pour des chevaliers blancs et ainsi trousser la donzelle d'ici la nuit. Eldan, pas si brave que cela au final, s'est copieusement fait casser la gueule et je l'ai retrouvé tout ensanglanté dans la cour. Ce fut pour moi l'occasion de m'essayer aux arts dentaires pour réparer la mâchoire du garçon. Je crois que je m'en suis bien tiré, et après tout cette dent cassée lui donne un air aventurier qui devrait plaire à ces dames.<br />
<br />
C'est alors qu'est advenu l'évènement le plus sidérant de cette soirée : Gavin, le paysan-écuyer, a été pris d'un soudain accès d'initiative et s'est esquivé pour faire un rapport au reste du groupe ! Alors ça ! Que croyait-il le bougre, que nous allions rester sans prévenir nos compagnons ? Je n'en reviens pas, quelle outrecuidance ! Moi qui pensait que les capacités intellectuelles de ce garçon ne dépassaient pas celles de la limace ou du templier, le voilà qui nous donne des leçons d'opérations clandestines. Il va falloir que nous nous reprenions, Eldan et moi. <br />
<br />
Au final, nous sommes parvenus au plan suivant : nous restons sur la substitution, et celle-ci s'effectuera directement au sein de la remise, entre le coffre que nous recherchons et le chargement de verreries. De mon côté, je vais essayer d'aller rencontrer le marchant de verreries, probablement au cours d'une partie de dés. Charge à moi de faire usage de toute ma persuasion pour le convaincre de partir le plus rapidement possible vendre sa cargaison à Solerane, où nous l'attendrons sur la route...<br />
<br />
Notre chroniqueur omet sciemment de préciser que sa fin de soirée fut consacrée à assister au spectacle offert par quelques baladins, dont la jeune fille et l'acrobate ayant subtilisé la bourse d'Eldan, un jeune joueur de vielle à roue et le conteur qui les dirige, un Estrani nommé Horacio. <br />
Le but d'Andréas était moins de se détendre que de profiter des spectateurs assemblés pour effectuer le rituel de "La Sentinelle au Bal" par lequel il peut tirer de l'Essence magique de l'émotion partagée d'une foule, et ainsi recharger son focus récemment acquis.<br />
''<br />
<br />
=== L'éclaireur à abbattre (Diane, Vighnu, Le Grêlé, Trevan, Herle, La Poigne, Oleytan) ===<br />
<br />
Grimés en Kormes après un court débat quant à Diane ("Les femmes Kormes combattent généralement seins nus mais peinturlurées jusqu'à la taille. _Essaye-voir et tu vas pas retrouver tes doigts. Moi j'aurais des fourrures. _Bon, bon..."), le chevalier errant Trevan de Rigorne et Herle de Lorune surveillent la route depuis les bois à l'ouest du fortin pendant que l'arbalétrière rampe dans les hautes herbes près de la berge sud, se glissant entre les cavaliers qui surveillent la cinquantaine de chevaux qui n'ont pas pu trouvé asile à l'auberge. Lorsqu'elle en effraie quelques-uns en déclenchant un début de panique dans le troupeau, que les cavaliers doivent alors empêcher de piétiner les tentes plantées à l'extérieur, la plupart des gardes aux créneaux du fortin se tournent vers le sud. C'est le moment qu'attendaient Vighnu, Oleytan, La Poigne et le Grêlé pour s'élancer depuis la lisière des bois au nord-ouest : le fehnri est le premier à franchir le rempart dans l'ombre de la tour ouest, profitant de l'angle mort repéré par Eldan. Le jeune Elloran le rejoint avec aisance et redescend dans la cour sans être vu, pendant que Vighnu place le grappin et la corde qu'ils trimballent depuis Tal Endhil pour faciliter l'escalade des suivants, puis rejoint son camarade au sol et tout deux se cachent un instant sous l'arcade de la chapelle ("Ch") pour observer l'endroit : Andréas dort à poings fermés à quelques pas d'eux, un garde est toujours en faction devant le portail de la grange et, en plus de ceux qui surveillent l'extérieur depuis les deux tours, un autre patrouille la cour. Mais le vrai danger semble venir d'une lucarne à l'étage de l'étable, où se trouve les chambres "de luxe" : derrière un volet, un rai de lumière trahit la présence d'un homme de Darjodrahl surveillant la cour.<br />
Derrière eux, La Poigne peine à glisser sa panse entre les créneaux, manque d'être repéré mais s'encoigne dans l'angle de la tour ouest avant d'être rejoint par le grêlé... lorsqu'une cavalcade isolée sonne sur la route au dehors et que la sentinelle au-dessus d'eux crie soudain "Qui va là !?".<br />
<br />
En rejoignant Trevan et Herle, Diane avait elle-même repéré le cavalier, reconnu un des hommes de Jornil qui accompagnait le soi-disant "convoi de métal" et tenté de l'abattre à l'arbalète avant qu'il ne puisse s'annoncer à l'Auberge bouclée pour la nuit. Mais son unique tir manqué de tout le scénario s'est perdu loin de la cible sans même être remarqué et, freinant au pied de la tour ouest, le cavalier n'est finalement à portée d'arc que lorsque le garde l'a déjà remarqué : sans savoir où en sont leur camarades ni s'il peut les mettre en danger, le trio hésite à abattre l'arrivant juste le temps qu'un autre membre de la caravane, qui montait la garde à l'extérieur près des tentes des marchands de chevaux, ne le reconnaisse et viennent à sa rencontre... "Ouvrez les portes !" crie la sentinelle à l'intention de ses collègues.<br />
<br />
Du rempart, le Grêlé indique par signe à Vighnu qu'ils ont un sérieux problème : le reste du commando comprends qu'il leur faut d'urgence neutraliser ce messager nocturne qui pourrait compromettre toute leur opération. Heureusement, près du portail que deux autres gardes s'apprêtent à ouvrir, Gavin qui ne dormait que d'un œil commence à râler : "On veut dormir ! N'ouvrez pas la porte ! Si ça se trouve, c'est des Kormes !". Les protestations sont bientôt reprises par ses voisins, et Gavin envenime la situation pour gagner du temps, poussant un des nouveaux copains anguedais d'Eldan à aller se plaindre aux deux soldats qui déverrouillent la porte en arguant qu'ils ont payé pour la protection de l'auberge et que le couvre-feu vaut pour tout le monde. Le ton monte bientôt à travers toute la cour lorsque Andréas se joint aux réfugiés mécontents et en convainc une poignée d'aller gueuler auprès des hommes en faction au pied de la grande tour. <br />
<br />
Profitant du merdier, le Grêlé et La Poigne se sont introduits dans la tour ouest, ce dernier a tué la sentinelle et l'autre ouvre maintenant la porte du rez-de-chaussée à Vighnu et Oleytan : pendant que le Grêlé enfile la livrée du soldat pour le remplacer à son poste, les trois autres montent au rempart sud et le longent jusqu'à la petite porte de bois qui donne sur le grenier de la grange. Dégainant sa dague, il travaille alors à en faire sauter la barre...<br />
<br />
Sentant la situation dégénérer à l'intérieur du fortin où des archers sont apparus en haut de la grande tour- et parce que les caravaniers installés à l'extérieur commencent à vouloir se joindre aux deux hommes qui cognent au portail, Diane, Herle et Trevan (toujours déguisés en Kormes et surveillant les événements depuis la lisière des bois) décident de passer à l'action : le plus proche gardien de chevaux est abattu d'un carreau d'arbalète dans la poitrine, deux flèches descendent simultanément un caravanier armé et une sentinelle mal avisée et le trio se rapprochent à couvert des chariots et des tentent qui bordent le chemin vers le pont, bien décidé à réduire le messager au silence avant qu'il n'ait pu parler aux gardes ou à Darjodrahl le Hornois...<br />
<br />
=== Emeute et mort de Darjodrahl (Vighnu, Oleytan, Andreas, Eldan, Gavin, La Poigne) ===<br />
<br />
Dans la cour, Andréas voit arriver un garde de plus et l'engueulade devant le portail toujours fermé (et à l'extérieur duquel deux types gueulent "Ouvrez ! C'est important ! Un messager de Solerane !") tourne bientôt à l'empoignade : un des soldats pointe sa lance sur Gavin, Eldan se tient prêt à agir, l'autre soldat repousse brutalement le berger... et le chroniqueur lance discrètement un sort pour attiser la colère de la foule. Immédiatement, les protestations tournent à l'émeute et plusieurs résidents se jettent sur les soldats sortant de la Grande Tour. Gavin saisit la lance qu'on pointait sur lui et tente de désarmer le garde, écopant d'une méchante estafilade à l'épaule et les deux hommes luttent pour l'arme lorsque Eldan surgit et décapite le soldat par derrière, éclaboussant de sang le pauvre écuyer qui en reste un instant interdit.<br />
Le second soldat qui s'était précipité pour ouvrir le portail se retourne et n'a que le temps de dégainer son arme avant que le Moineau ne se rue sur lui en brandissant sa lame ensanglantée : le garde esquive une première fois, recule pour éviter un coup de lance de Gavin et le Moineau (très en forme) l'empale contre le portail. Derrière eux, sans armes ni grand talent pour la bagarre, les émeutiers amateurs se font rapidement tailler en pièce par les soldats et mercenaires de plus en plus nombreux à sortir du donjon...<br />
<br />
À peine Vighnu et La Poigne ont-ils fait un pas dans le grenier enfin ouvert que Lerkoren Oleytan arrête le fehnri d'un geste : il lui semble distinguer une silhouette dans le grenier obscur. Repéré, le Hornois jaillit et -avant que quiconque n'ait pu réagir- son épée à deux mains ouvre un profond sillon dans le thorax de La Poigne. Le colosse vaincu n'a pas encore touché le sol que Vighnu a déjà lancé une dague empoisonnée qui croise l'épée s'abattant sur lui : sa parade précipitée au katara aurait été insuffisante si Oleytan n'y avait pas joint son précieux arc à double-courbure, la lame hornoise déviant en tranchant dans le bois. Le fehnri pare une nouvelle attaque avec l'aide de l'Elloran, utilisant la corde de son arc pour lier un des bras de Darjodrahl, et se fend pour planter son katara dans la poitrine du Hornois pendant que, à peine relevé, La Poigne lui abat en chancelant sa masse d'arme sur l'occiput : à la fois empoisonné, poignardé et assommé, l'ennemi s'effondre sans un cri sur le plancher disjoint.<br />
<br />
Dehors, quatre "émeutiers" ayant été tué en un instant, Andréas reflue vers le fond de la cour avec les autres réfugiés vers le maintenant horrifiés de la tournure de leurs protestations. Entre les archers qui pointent maintenant leur flèches vers la cour et les soldats qui ont envahi la cour, Gavin comprend également que leur petite émeute a fait son temps et lâche la lance pour se réfugier dans une tente comme n'importe quel innocent apeuré par les événements. <br />
Eldan n'a pas la même présence d'esprit et, lorsque trois hommes d'armes avancent vers lui, l'adrénaline qui bat dans ses veines le pousse à tenter de leur tenir tête. Deux blessures plus tard, acculé contre la porte de la remise, il ne peut que faire mine de se rendre en posant piteusement le glaive hérité de son père pour se donner le temps de décrocher derrière lui la barre de la porte, déjà à moitié dégagée par Gavin quelques heures plus tôt. Lorsque les gardes avancent pour l'arrêter, Eldan bondit par la porte soudain libérée, claque le battant au nez des soldats et replace la barre avant qu'ils n'aient pu l'en empêcher.<br />
<br />
Lorsqu'un carreau d'arbalète cloue soudain le crâne du messager contre le portail de l'auberge, son compagnon s'arrête net de cogner pour qu'on lui ouvre mais n'a que le temps de pousser un cri avant qu'une flèche de Herle le réduise au silence. Désormais repéré mais toujours déguisé, le Défroqué décide d'exploiter au mieux la situation et s'avance à découvert en hurlant l'un des rares mots de lange des Vents qu'il maîtrise à l'attention des défenseurs : "KOOOORME !" scande-t-il en défiant les hommes aux créneaux, qui lui répondent à coups de flèches.<br />
<br />
=== La Grange (Vignu, Andreas, Le Grêlé, La Poigne, Eldan, Oleytan) ===<br />
<br />
S'étant fait ouvrir la porte de la tour ouest par Le Grêlé, Andréas le suit par les remparts jusqu'au grenier où Vighnu tente maladroitement de panser les blessures de La Poigne. Andréas n'obtient guère de meilleurs résultats pendant que ses compagnons descendent dans la grange où Eldan arrivent bientôt par la remise. "Les gardes sont à mes trousses" explique-t-il bien inutilement puisqu'on les entend marteler la porte barrée. D'autres coups et des voix retentissent bientôt au portail verrouillé de la grange : "Darjodrahl ? Un type vient de rentrer par la remise, est-ce que tout va bien ?!".<br />
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Nos voleurs échangent des regards atterrés, Le Grêlé colle une taloche à Eldan pour sa peine et le corps sanglant du Hornois continue de goutter un sang poisseux à travers le plancher du grenier pendant que les gardes s'énervent à l'extérieur quand, finalement, Vighnu tente d'imiter le phrasé rogue et guttural de son ami Barbaras : "Ouais ! J'l'ai vu mais il s'est tiré ! Tout va bien !" répond-il avec son meilleur accent Hornois. Quoiqu'un peu hésitant, le garde de faction finit par répondre "Faîtes attention quand-même, hein, on dirait bien que des Kormes sont à nos portes..." mais s'éloigne lorsqu'un grognement de hornois met fin à la conversation.<br />
Alors que tous soupirent de soulagement, Oleytan les avertit depuis le grenier d'où il surveillait les alentours par la porte du grenier, ouvrant directement sur la cour : <br />
_"Pssst, y a des guerriers plein les remparts et c'est la panique dans tout le fortin. Qu'est-ce qu'on fait ? <br />
_Et surtout, qu'est-ce qu'on va faire demain, quand il faudra ouvrir la grange pour laisser partir la roulotte de Dorian et qu'ils trouveront le corps de Darjodrahl ?<br />
_Surtout qu'Eldan est maintenant complètement grillé, pis y a des gars qui risquent de finir par l'identifier... <br />
_Et j'ai perdu le glaive de mon père." ajoute l'intéressé d'un ton chagrin.<br />
Mais à l'extérieur, les appels redoublent et les soldats commencent à vérifier toutes les portes à la recherche de "l'espion des Kormes" qu'ils croient poursuivre...<br />
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=== Feinte (Le Grêlé, Eldan) ===<br />
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Dehors, Trevan a sauté sur un cheval qu'il cabre en brandissant sa lame juste au-delà de la portée des archers, pendant que Diane récupère ses carreaux, aussi précieux que compromettants, sur les corps qui lui sont accessibles. Un cri retentit alors sur le rempart sud : "Il est là ! L'espion Korme s'enfuit par l'ouest !" Après avoir ainsi ameuté tout le monde dans et hors les murs, Le Grêlé, toujours en livrée de la garde se précipite vers la tour ouest suivi par Eldan. Après s'être barricadé, ils rejoignent bientôt le sommet. "Il est là ! Attention ! Il va sauter !" hurle le Grêlé alors qu'une silhouette à peine noircie bascule par-dessus le rempart. Au pied de la tour, Herle a également sauté à cheval et puisque les trois "kormes" à l'extérieur ne semblent pas réagir à la ruse, le "garde" s'écrit encore : "Ses compagnons viennent le chercher ! Il va s'enfuir, vite !" Et de tirer quelques flèches aux buissons, pendant que Trevan et Diane ramassent le compromettant cadavre du garde étranglé plus tôt par La Poigne, et disparaissent au grand galop vers la forêt.<br />
Soldats et mercenaires envahissant les remparts, Le Grêlé et Eldan se retrouvent vite coincés de toutes part et, utilisant la corde et le grappin à leur disposition, ils descendent le long du rempart sud et disparaissent à leur tour dans les bois sans avoir été remarqués. "Bon, ça nous aura fait gagner un peu de temps, constate Vighnu depuis le grenier, mais on a encore du boulot…"<br />
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=== Dans la grange (Gavin, Vignu, Andreas, La Poigne, Oleytan) ===<br />
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Après avoir discrètement permis à Gavin de les rejoindre par la remise, nos cambrioleurs retranchés dans la grange découvrent bientôt sous les linges et couverture du "chariot de draps" quatre gros coffres ferrés, fermés par des cadenas et liés au fond du véhicule par de lourdes chaînes. "Bordel, comment est-ce qu'on va ouvrir ça ?"<br />
Vighnu, peu habituer à la serrurerie malgré ses doigts de fée, casse le seul crochet sorti de la besace de Gavin, l'Écuyer essaye à son tour avec un long clou mais sans plus de succès et Le Grêlé lui-même y épuise ses maigres compétences. "Nan mais c'est pas possible, y en a pas qui sache crocheter dans cette équipe de voleurs ?! _Ben y avait le Moineau... _Et merde !!!". Persuadés que la clé des coffres doit se trouver sur l'homme de confiance du cuivré, Vighnu, Andréas et Gavin fouillent et refouillent deux fois le corps du Hornois à sa recherche : rien. "Merde ! Merde ! Merde ! _Bon, allez, on reprend du début, c'est forcément là, quelque part et on s'y met tous..." Pendant que La Poigne se repose de ses blessures, les armes, l'armure, les bijoux, les vêtements, les bottes, la bourse, les poches et le cadavre de Darjodrahl sont ainsi inventoriés et retournés dans tous les sens par les voleurs au désespoir jusqu'à ce que, finalement, Gavin remarque que son gros médaillon cliquète curieusement quand on le secoue. Vighnu et lui s'acharnent sans résultat sur l'objet, jusqu'à ce que le chroniquer, habitué aux casses-tête, saisisse comment le pendentif peut être dévissé et révèle bientôt la clé tant espérée ! Et dans chacun des quatre coffres qu'on leur avait pourtant défendu d'ouvrir (mais Herle et Eldan ne sont justement plus là pour faire des remarques), nos héros trouvent des douzaines de lingots : argent, cuivre, étain, bronze... Il y a là toute la production que Solerane destine à la prévôté, mais aussi la part des mines d'argent qui revient à l'état-major : en tout, c'est près de 200 lingots et donc quelques 250 kilos de métaux qui s'offrent à leurs yeux ébahis. "Gavin, remet illico ce que tu viens de glisser dans ta besace : tout ça est maintenant la propriété de notre Capitaine. _Pfff…"<br />
<br />
Andréas inspecte ensuite la roulotte de Dorian le Magnifique, occupée aux deux tiers par une épaisse couchette couvertes de coussins, des filets de marchandises pendant du toit et jusque entre les roues, des étagères couvrant tout le tiers arrière : <br />
_"Ah ben il voyage dans le luxe, le fumier.<br />
_Si j'avais une minette comme la sienne, moi aussi j'passerais les trajets à baiser, tu peux me croire !<br />
_Oh pis dis-donc : des fioles variées, des épices, de l'argenterie, de la verrerie, des bijoux, de la nacre, des miroirs : il vend que du luxe, le gars !<br />
_Crénom dîtes, c'que c'est beau !<br />
_Gavin, repose ça tout de suite : pas question que le Magnifique s'aperçoive qu'on a touché à sa roulotte." <br />
Andréas jugeant que la caisse du véhicule est assez profonde pour qu'on y étale les lingots en un tapis bien lisse que les occupants de la couchette ne devraient pas trop remarquer, il n'y a plus qu'à attendre la diversion prévue pour commencer le transfert du chariot vers la roulotte…<br />
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=== Diversion (Trevan, Herle, Eldan, Diane) ===<br />
<br />
Il ne reste plus qu'une ou deux heures avant l'aube lorsque Trevan, Herle, Eldan, désormais tous maquillés en Kormes, se répartissent autour du fortin et, à l'aide du mélange d'essences et d'huiles piochées au hasard dans la trousse alchimique de Vighnu (fallait pas la laisser à l'extérieur), enflamment des flèches qui produisent des couleurs plus qu'aléatoires avant de siffler au-dessus des bâtiments pour s'écraser sur les toits de chaume humides où tomber dans la cour, n'enflammant que quelques tentes vite éteintes. C'est néanmoins suffisant pour que Diane puisse se faufiler par le sud jusqu'au portail, et récupérer le dernier carreau d'arbalète y clouant encore la tête du messager.<br />
"Les Kormes ! Les Kormes reviennent !" crie-t-on bientôt dans tout le fortin.<br />
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Dès que Lerkoren Oleytan a annoncé qu'une drôle de flamme bleuâtre venait de s'écraser dans la cour ("Rha les saligots !"), Andréas et Vighnu ont commencé à installer les lingots sous le matelas de la roulotte, pendant que Gavin et La Poigne garnissaient les coffres de fers à cheval, de pierres, d'une enclume et tout ce qui pourrait y simuler le poids et le bruit du butin subtilisé.<br />
Et c'est peu avant l'aube, ses compagnons s'étant effondrés de fatigue depuis un moment, qu'Andréas fini seul d'arranger la roulotte pour camoufler avec le plus grand soin son chargement secret...<br />
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== Récupération du trésor et autres péripéties ==<br />
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[À partir de là, la fin du scénar à été jouée en "flashbacks" successifs jusqu'au combat final. J'utilisais Herle de Lorune, orphelin de joueur depuis plusieurs séances, pour poser des questions auxquelles les joueurs répondaient pour déclencher un flashback. Chacun avait le droit de d'initier deux scènes : l'une contant comment un de leurs camarades avait réussi un exploit et une autre collant à un autre PJ la responsabilité d'un échec, ce qui nous permettait de ne jouer que les scènes "intéressantes" et de faire un peu de montage alterné. <br />
Comme la scène "de débriefing" se jouait presque en aveugle, seul Loriel savait dès le départ que son perso, Vighnu Pratesh, avait survécu (mais bon, comme il avait accumulé 7pH, je me doutais qu'il ne mourrait pas dans cet Épisode) et les autres joueurs ignoraient si ce qu'il affirmait était vrai, ou simplement un mensonge pour conforter le templier blessé... Évidemment, chacun commençait son premier flashback avec toutes ses jauges à fond, mais devait ensuite gérer les pertes et les récupérations de scène en scène, et les joueurs ont souvent ajouté des détails pour régénérer de la Tension ou se passer la patate chaude. Ça a été un peu décousu, la règle "un exploit d'autrui et une bourde d'autrui par joueur" n'a pas complètement été respectée mais, globalement, ça a donné un final intéressant à cet Épisode qui commençait à traîner en longueur...] <br />
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=== Réveil de Herle ===<br />
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Il fait très froid aux abords du col et l'obscurité règne sous les sapins gelés. Vighnu, transi jusqu'aux os, scrute pourtant les alentours lorsque, quelques mètres en contrebas, Herle bascule du cheval où il l'avait attaché : au contact de la neige, il émerge pour la première fois du sommeil où l'avait plongé l'hémorragie et ses profondes blessures et tend la main vers le fehnri, qui s'empresse à son chevet. <br />
_"E... Eldan... où est...le Moineau ?<br />
_Il n'est pas loin, il est parti en éclaireur.<br />
_Gnnh. Le butin ?<br />
_Pas loin non plus, en arrière, sur les bêtes.<br />
_On a... on a réussi ?<br />
_Oui, on a réussi.<br />
_Alors putain, d'où ils sortaient ces types ?<br />
_C'est la faute à Eldan, il était en avant lors de l'embuscade, mais il a laissé passé les gars qui descendaient de l'autre convoi par le nord..."<br />
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=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Dans la forêt matinale, à une volée de flèche de la route vers Solerane, Eldan est en train de soulager sa vessie contre un arbre lorsqu'il aperçoit une silhouette évoluant à croupetons parmi les buissons. Il n'a que le temps de se jeter derrière un tronc qu'une flèche en racle l'écorce. Pendant que notre éclaireur se rajuste et encoche lui-même un trait dans son arc, l'ennemi tire une deuxième flèche et atteint le cheval du Moineau, qui s'enfuit dans la forêt. "Rha zuuuteuh !"<br />
Eldan riposte, manque, se remet à couvert et commence à manœuvrer pour s'approcher de son adversaire lorsqu'il aperçoit un deuxième homme, s'approchant furtivement depuis la route une hache à la main. Le Moineau tire une nouvelle flèche à l'archer adverse, le blesse légèrement et jette un coup d’œil pour surveiller l'approche du second ennemi : comprenant qu'il est repéré, l'homme à la hache profite de ce que l'éclaireur a décoché pour charger en levant sa hache. Lâchant son arc, Eldan dégaine son fidèle glaive pour le recevoir... _Mais tu l'avais paumée, l'arme fétiche héritée de ton père ! Grâce à qui l'as-tu retrouvée ? _Grâce à Gavin, qui l'a ramassée pendant que les soldats tentaient d'enfoncer la porte de la remise après que je m'y sois enfermé !<br />
<br />
=== Témoignage de Gavin ===<br />
<br />
Gavin est en train de cavaler à travers la cour de l'Auberge, l'épée d'Eldan sous le bras. Sur les remparts que l'aube éclaire à peine, c'est la panique et tout le monde hurle "Les Kormes ! Les Kormes reviennent ! Tous aux créneaux !". Le problème de Gavin, c'est qu'en se levant au matin dans la cour endormie, le beau glaive à la lame gravée (d'une femme nue : "Rho chouette !" fait Gavin) sous le bras parce qu'il ne voulait pas prendre le risque qu'on le lui vole, il a décidé de pisser derrière un pilier où, par malchance, dormait un garde (vous voyez comment les joueurs ont créé un fil rouge héroïque de scène en scène ? "J'étais en train de pisser quand..."). Éclaboussé et immédiatement réveillé, le soldat a ouvert les yeux pour voir l'écuyer "armé" levé au-dessus de lui et s'est mis à crier "Aleeeerte !". Coup de bol, c'était vraiment l'alerte puisque c'est le moment qu'ont choisi des dizaines de Kormes pour s'avancer sur le pont...<br />
Gavin cavale de son mieux entre les dormeurs et les tente, sachant que la plupart des autres sont déjà partis, il cherche une cachette ou un moyen de s'enfuir du fortin, mais le portail est à peine refermé et, en plus du furieux trempé d'urine qui le poursuite avec sa hallebarde, les guerriers commencent à s'accumuler aux remparts.<br />
"Heureusement, Herle est venu à la rescousse !" précise Orlanth, utilisant son "exploit d'un autre PJ" pour s'en sortir. Bon, là, comme techniquement Herle est un PNJ depuis déjà deux ou trois séances, c'est moi brièvement qui raconte.<br />
<br />
En effet, la porte pas encore barrée craque soudain sous l'impact d'un chariot utilisé comme bélier par trois "Kormes" plus ou moins chevelus : Diane, Trevan et Herle de Lorune sont venus évacuer leurs derniers camarades (et permettre aux vrais Kormes d'investir le fortin, histoire que les dégâts ainsi causés camouflent autant que possible l'intervention du commando). Sous la volée de flèches qui pleut alors autour d'eux, les trois peinturlurés décrochent à toute vitesse, plus ou moins suivi par Gavin qui part dans une direction légèrement différente avec l'air du pauvre hère pris dans la tourmente. Un coup d’œil alentour lui révèle d'ailleurs plusieurs dizaines de Kormes progressant par le pont vers la herse baissée en échangeant des traits avec les défenseurs de la grande tour, et de petits groupes épars traversant le fleuve accrochés à des radeaux : l'écuyer s'enfuit vers l'ouest sans demander son reste, et retrouve bientôt le reste du commando. "Hé mais c'est mon épée !" s'exclame Eldan en voyant arriver Gavin. "Celle-là ? Non, non, j'l'ai trouvé à l'Auberge... _Après que je l'ai lâché devant les gardes, ouais ! Rends-moi ça ! _Rho mais-heu…"<br />
<br />
=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Retour dans la forêt : Eldan dégaine donc le précieux glaive hérité de son père puis sauvé par Gavin... et pare le premier coup de hache de son adversaire. Il reste au plus près de l'ennemi pour gêner le tireur qui se rapproche par le nord et, lorsque son opposant trébuche sur une racine [1pH pour éviter d'être gravement blessé par un coup de hache], Eldan le sèche pour le compte d'un grand coup du plat de la lame sur l'oreille, puis roule vivement dans les buissons pour éviter la flèche que l'archer lui décoche une fois son angle de tir dégagé. Bondissant d'arbre en couvert et de tronc en fourré, Eldan se rapproche de lui et, lorsqu'il n'est plus qu'à une 10aine de mètres, le dernier trait décoché à peine rebondit contre l'écorce d'un sapin, le Moineau fonce au contact : l'autre n'a que le temps de tirer sa dague que la lame gravée lui tranche l'épaule, éclatant le trapèze, l'omoplate et la clavicule dans une gerbe de sang. L’hémorragie finit de l'achever pendant que notre éclaireur souffle un peu, découvre le tatouage de la Confrérie du Chacal sur la poitrine de l'archer et lève enfin le nez vers la route quand il entend passer le tonnerre de chevaux aux galop : 6 ou 7 cavaliers foncent à bride abattue vers le sud, d'où monte déjà la clameur d'un combat, puisque l'embuscade y a commencé. "Meeeeerdeuh !" s'écrie Eldan en repartant vers le sud à toutes jambes.<br />
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=== Herle ===<br />
<br />
Serrant son poing massif sur la cape enneigée de Vighnu, Herle de Lorune commence à s'énerver : <br />
_"Mais par les Pères tu vas me dire comment vous avez rattrapé le chariot, à la fin ?". <br />
_"C'est grâce à Vighnu, intervient le Moineau qui vient de sortir de l'ombre [puisque là, on peut raisonnablement supposer qu'il n'est pas mort] "Il a réussi à trouver des chevaux, puis à nous guider à travers la campagne pour atteindre la forêt avant la roulotte du Magnifique. Il a été formidable ! <br />
_Mais comment vous avez fait pour sortir le butin de l'Auberge ?!? <br />
_Oh ben ça, c'est grâce aux...heu... talents d'imitateurs d'Andréas…"<br />
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=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
L'aurore pointe à peine sur la cour de l'auberge encore à moitié endormie quand Dorian le Magnifique et sa suite, fraîchement augmentée de plusieurs mercenaires recrutés sur place, exige du Lieutenant Sanderen (commandant le fortin pour l'Armée du Nord) qu'on ouvre les portes à sa roulotte, parce qu'il refuse de rester plus longtemps dans un relais aussi mal défendu. L'officier ne s'était d'ailleurs pas levé si tôt pour se faire emmerder par des marchands et grimpe sur la margelle du puits pour annoncer d'une voix forte que, le fortin étant assiégé depuis cette nuit, tout ceux qui auraient encore la mauvaise idée de s'en prendre aux défenseurs -pour des raisons de taxe ou d'insatisfaction quant au couchage- seraient considérés comme complices des Kormes et pendus aux murailles !<br />
<br />
Un soldat vient alors cogner à la porte de la grange où Andréas, caché dans la remise, vient juste de finir un splendide dessin de Darjodrahl, assis dans l'ombre dans une attitude aussi distante qu'agressive, qui va lui permettre de concentrer sa magie [il a créé un puissant sort de Chimère sur tout le rez-de-chaussée de la grange, lui permettant d'y animer un personnage d'autant plus crédible dans sa mauvaise humeur qu'il se base sur l'altercation de la veille entre Sanderen et le Hornois]. Évitant de croiser le regard mauvais du guerrier qui les admoneste depuis le coin obscur de la pièce, le marchand et ses hommes se dépêchent de sortir leur carriole, d'y atteler les bœufs et de quitter l'Auberge. Pendant qu'on referme le portail derrière la suite de Dorian, l'agitation et sa vessie tirent bientôt Gavin du sommeil et, dès que l'écuyer se met à cavaler poursuivit par un hallebardier, Andréas profite de la confusion pour quitter la grange sans être remarqué et aller se recoucher dans un coin... Lorsque, évidemment, les Kormes attaquent.<br />
<br />
[Précision rigolote, mais que les PJ ignorent : quand les joueurs on demandé ce qui avait provoqué l'attaque des Kormes, je leur ai expliqué qu'ils surveillaient évidemment depuis des semaines le fortin et le pont contrôlant le passage vers le nord-ouest de la Région des Lacs, et qu'ils ont décidé de passer à l'action quand, cette fameuse nuit, il est devenu manifeste que des "camarades" assiégeaient l'endroit depuis la rive gauche et envoyé des signaux à coups de flammes colorées : le temps de s'organiser, ils ont donc profité de l'occasion pour tenter de prendre la position. "Mais c'est notre faute si les Kormes ont attaqué ?!! _Hé, oui : vous êtes très forts.."]<br />
<br />
"Mais vous... demande Herle, comment vous êtes sortis de là ? _Oh ben nous on a profité d'une corde dégottée par Gavin dans la grange pour se tirer par les remparts comme on était venus, un peu avant l'attaque. Tu t'en souviens pas ? On vous a retrouvé à l'extérieur, avec les chevaux.<br />
[Les joueurs font quelques jets pour confirmer cette version de l'histoire, et payent 1pH pour cette histoire de chevaux : entre ceux qu'ils ont amenés eux-mêmes et le troupeau dispersé dans la nature, c'était raisonnablement probable d'en trouver pour tout le monde.]<br />
On a juste eut quelques ennuis à cause de Diane qui était restée en arrière..."<br />
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=== Témoignage de Diane ===<br />
<br />
Pendant que Herle, Trevan et Gavin évacuent vers l'ouest, l'Arbalétrière s'est en effet arrêtée pour se nettoyer à grande eau (parce que les peintures de guerre, ça colle affreusement dans les cheveux longs). Elle est d'ailleurs en pleine toilette quand une bande de Défunts, trempés d'avoir traversé le fleuve glacé à la nage, prennent pied sur la rive et la considèrent avec circonspection : d'abord parce qu'elle est, sinon jolie, du moins sculpturale [Physique 4, Athlétique 4, Allure 4 : elle ressemble à une héroïne d'Adam Hughes], ensuite parce qu'elle est manifestement en train de se débarrasser de peintures semblables aux leurs, qu'elle revient d'avoir enfoncé le portail du fortin et que les Kormes s'attendaient à trouver des camarades sur cette rive. Sauf que Diane a des cheveux, et ça, c'est pas normal... "Ben quoi bande de débiles, leur balance-t-elle alors en Langue des Vents, vous allez rester là à mater ou vous êtes venus pour participer à l'assaut ?!? Bougez-vous le cul merde, on est pas là pour roupiller !" [Et de faire une énorme réussite sur son un jet de Social+Langues Étrangères+Allure+Intimidation+Volonté.] Un instant médusés, les Kormes saluent respectueusement cette guerrière étrange qui ne peut être qu'une cheffe influente et vont se joindre au combat, l'un d'eux tendant même un carré de tissu à la Kerdane pour qu'elle finisse de s'essuyer...<br />
"Comme quoi c'est carrément pas ma faute, ajoute l'arbalétrière qui vient de sortir de l'ombre auprès du templier blessé : j'avais même réglé le problème quand ce crétin de Vighnu est venu foutre sa merde !"<br />
<br />
=== Témoignage de Vighnu ===<br />
<br />
[Un jet d'orientation particulièrement raté pour retrouver les autres après avoir rassembler des chevaux vient en effet de basculer une 10aine de pions dans la case de Tension de Vighnu, qui a par ailleurs toujours des pions de Marque psychologique (anciennement appelés "Traumas") suite à sa crise sentimentale avec Islinna (et qu'il essaye d'évacuer depuis 3 séances). Il est donc très largement en Surtension...]<br />
À quelques centaines de mètres à l'ouest du fortin, ses compagnons en train de sauter sur les montures qu'il vient de leur procurer, Vighnu aperçoit à la lisière des arbres encore obscures une jeune et belle jeune fille rousse (il reste de la peinture rouge dans les cheveux de Diane) portant un manteau emishen et entourée d'une 15aine de Kormes... Son sang ne fait qu'un tour (sans passer par le cerveau) et l'assassin s'élance au grand galop en hurlant "ISLIIIIINNAAAAAAA ! J'ARRIIIIIIVE !" avant que ses camarades n'ait seulement pu songer à le retenir.<br />
<br />
Diane voit alors le Fehnri surgir de la nuit comme un diable, les Kormes qui s'éloignaient déjà ralentissent à l'arrivée de l'intrus et, chargeant toujours, Vighnu bondit de son cheval sur le pauvre gars qui tendaient une serviette à la guerrière et l'égorge d'un grand revers de son katara en beuglant "Touche pas à ma copiiiine !". "Mais t'es complètement taré ! J'suis pas ta gonzesse !", s'écrie Diane alors que l'assassin halluciné se relève souplement, quoiqu'un peu confus et couvert de sang, pendant que "l'innocent" Korme agonise dans l'herbe haute. Et tous les Kormes alentours de se ruer vers eux en brandissant leurs armes. Sautant à cheval, la Kerdane furieuse et le Fehnri honteux essuient de justesse quelques flèches, javelots et hache de jet mais parviennent à dégager à fond de train avant d'être encerclés.<br />
<br />
Lorsqu'il rejoignent Eldan, Herle, Trevan, Gavin, Le Grêlé, Oleytan et La Poigne maintenant tous en selle, Vighnu ne prend même pas le temps de s'expliquer : "Dorian et le butin doive être loin devant nous, maintenant : on va couper la plaine par l'ouest à bride abattue, les doubler avant la forêt et les attendre au premier guet ! _C'est moi ou on aura passé la moitié de cette mission à cavaler derrière des convois ? _Ferme-la et galope !".<br />
<br />
_"Oui heu bon, toi qui a fait vœu de chasteté tu peux pas comprendre mais les femmes, tu vois, ça te mélange tout dans la tête et... <br />
_L'embuscade, par les Pères ! Raconte-moi l'embuscade ! <br />
_Haem donc, comme je te le disais, Diane a organisé une embuscade aux petits oignons, mais on a eu des visiteurs imprévus…"<br />
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<br />
== L'embuscade ==<br />
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[Après s'être tous reposés pendant une Scène grâce à l'avance prise dans la course, Diane fait un gros jet de préparation avec le soutien de tous ceux qui ont quelques scores de Tactique, de Camouflage ou d'Embuscade (et dans un groupe de mercenaires du nord, ils sont nombreux) pendant que Vighnu fait un solide jet de camouflage pour tout le groupe : bénéficiant d'un confortable bonus tactique réparti sur plusieurs personnages, d'un excellent point de vue pour la tireuse d'élite et d'une Difficulté de repérage monstrueuse, les PJ et leurs camardes sont prêts à ne faire qu'une bouchée de l'équipage du Magnifique…]<br />
<br />
Le timide soleil matinal jaunit les nuages gris et la pluie qui n'en finit plus de détremper la forêt, gonflant en torrent le ruisseau qui coupe la route de Solerane, juste au pied d'un trio de gros rochers de grès surplombant de leur butte une myriade de petits blocs, le gué et la route. Invisibles derrière les rocs et bosquets alentours, les vaillants mercenaires de Tal Endhil, confiants dans la garde d'Eldan ½km au nord, observent la lente arrivée par le sud de la roulotte fermée et escortée par deux cavaliers et cinq fantassins. <br />
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Image<br />
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Les éclaireurs à cheval de Dorian le Magnifique avancent en effet à pas prudents dans le torrent, pleinement conscients de traverser un splendide site d'embuscade, mais sans parvenir à repérer les guerriers déguisés en Kormes qui attendent le signal de Diane, postée au sommet des rochers, pour les assaillir de quatre côtés. La Kerdane laisse avancer les cavaliers le plus loin possible et, lorsque le premier d'entre eux menace a déjà largement dépassé les rochers et risque d'être bientôt hors de portée de la redoutable arbalétrière, elle l'abat d'un carreau en pleine tête [encore un, il faut dire qu'Orlanth soigne ses jets de tir et mise systématiquement en Visée] dès qu'il échappe à la vue de ses compagnons. Ce n'est que lorsque le garde du corps personnel du marchand commence à donner des signes d'inquiétude, un musclé patibulaire et couturé de cicatrices qui se désaltère au bord du torrent tout en jetant des regards insistants alentours, qu'un deuxième carreau démonte le second cavalier sur la rive nord, déclenchant l'assaut : avant qu'un des éclaireurs ait pu finir de crier "Aleeer..." des flèches fusent de toutes part, les grands couteaux de jets pris par Vighnu sur le corps du Hornois tournoient dans les feuillages, des guerriers jaillissent de chaque buisson et, en quelques secondes, la majorité de l'escorte agonise sur la terre bourbeuse du chemin. Mais les battants de bois sur le flanc de la roulotte viennent de s'ouvrir, libérant une appétissante fehnri à peine couverte d'une fourrure qui s'enfuit à toutes jambes à travers bois :"Oh m'am'zelle, reviens ! Faut pas courir toute nue dans les bois comme ça !" s'écrit Gavin-le-Korme-du-Terroir (pour récupérer quelques pions de sa Réaction "Plouc") avant de s'élancer à ses trousses, croisant la route du marchand courant à la suite de sa compagne dans son seul pantalon (mais sa cassette sous le bras, emballée dans une couverture)…<br />
<br />
"Cavaliers au nord !" signale alors Diane d'une voix forte, avant de tirer un nouveau carreau sur le premier des hommes qui viennent de croiser Eldan. "Soldats au sud !" lui répond la voix du Grêlé qui vient de repérer les quelques hommes de Jornil et de Sanderen partis du fortin après avoir repoussé les Kormes (qui n'ont jamais réussit à prendre la grande tour pour ouvrir la herse barrant le pont), découvert le corps de Darjodrahl dans la grange, vérifié le contenu des coffres et s'être lancé "à la poursuite du marchand félon" (et qui viennent de freiner d'un coup en découvrant l'escorte massacrée par les "Kormes", qui sont décidément partout).<br />
<br />
=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
"Attendez... et le chroniqueur-à-tout-faire, il était où, là ? _Heu... hé bien figure-toi qu'il y a eut un miracle, une véritable apparition divine, comme récemment à la Mine Bénie : c'est dire si les Pères sont avec nous !"<br />
Quand une poignée de Kormes franchit le parapet et commence à s'en prendre aux voyageurs piégés dans la cour, Andréas se précipite vers la seule porte qui n'ait pas encore été solidement bouclée, celle de la chapelle, entraînant à sa suite quelques réfugiés paniqués. À peine la porte barrée par un banc, le mage évalue le cheptel à sa disposition, serré comme des sardines dans l'espace exigu entre les piliers sculptés représentants les huit Premiers : il y a là la jeune voleuse, le vieux conteur, le garçonnet à la vielle et l'acrobate-détrousseur (soudain gêné de se découvrir barricadé dans une pièce de 9m² avec "l'intimidant" érudit), un jeune soldat affolé (qui a lâché sa pique au premier signe de danger), une des servantes de l'auberge et une commère serrant une poule dans ses bras tremblants. <br />
<br />
Des cris (et des caquètements) de terreur accueillent les premiers coups de hache qui s'abattent sur la porte, mais Andréas Odran connaît la manœuvre : "Prions mes frères, les exhorte-t-il avec toute la force de sa conviction ! Prions que les saints Pères viennent à notre secours ! Chantez-tous avec moi !" La chorale improvisée entonne alors un antique où l'angoisse se mêle à la ferveur religieuse. Lorsqu'une cognée d'acier fini par percer entre les planches de chênes, le mage décide d'accélérer le mouvement et sort la Sphère de Pouvoir de son havresac : "Mes frères, ceci est une Sainte Relique Première dont la bénédiction nous protégera des ennemis du culte ! Tendez les mains pour la toucher et concentrez-vous sur le chant ! Les Pères sont avec nous !".<br />
<br />
Et siphonnant un maximum d'Énergie à ses coreligionnaires sans trop leur demander leur avis (pas plus qu'à la poule), Andréas remplit son focus au maximum pour lancer un sort de Chimère assez puissants pour effrayer les Kormes... lorsqu'il lui semble qu'une forme tout à fait imprévue émerge de la sphère d'or rouge. Le chroniqueur commence même à distinguer une silhouette humanoïde lorsque, son sort se déclenchant en vidant d'un coup toute l'Énergie accumulée dans la sphère, "l'intrus" disparait avec une sorte de cri muet.<br />
<br />
Dans la cour, c'est par contre carrément la stupeur : Herem, Second Fils des Étoiles, Premier Seigneur des Batailles, vient de se matérialiser quelques mètres au dessus du puits, brandissant son épée enflammée sur le fond sombre de cette aurore pluvieuse. La plupart des soldats en restent tétanisés, des réfugiés se jettent à terre en signe de soumission, d'autres prient à genoux sur les pavés et les Kormes, eux, refluent en désordre devant cette apparition divine.<br />
Lorsque les choristes de choc émergent de la chapelle dans une sorte de stupeur incrédule, il leur faut plusieurs minutes pour s'apercevoir que le saint érudit et sa relique on déjà disparu par le portail enfoncé de l'auberge…<br />
<br />
=== L'embuscade encerclée ===<br />
<br />
Dans la forêt humide se joue une dangereuse partie de cache-cache : après que deux d'entre eux aient été blessés par des carreaux d'arbalète en arrivant du nord à bride abattue, les Chacals lancés à la poursuite de nos héros ont démonté pour se disperser à couvert dans les sous-bois, les soldats et mercenaires arrivant du sud ont pris le maquis en découvrant les cadavres dispersés sur la route et les auteurs de ce carnage se sont pour la plupart dissimulés tout autour de la clairière envahie de rochers, progressant prudemment à la recherche des nouveaux arrivants. <br />
[Après la phase de "tir au pigeon" de l'embuscade, le groupe vient de passer en Duel global, tous les combattants dispersés à travers la map répartissant leur mise entre le repérage (attaque), la dissimulation (défense) et le déplacement, jusqu'à rencontrer des ennemis et basculer en combat à distance ou tenter de rentrer au corps à corps. Le récent module de calcul des distances de combat a donc beaucoup servi, de même que les Positions tactiques (camouflage de la végétation, couvert des rochers...), la surprise, les charges soudaines, les combats à plusieurs adversaires... Ce fût une belle démonstration tactique (Diane a particulièrement brillé) et une belle scène finale, qui aurait mérité d'être mieux décrite si je n'avais pas eu 5 ou 6 combats à gérer en même temps. Au passage, Humphrey B jouait Herle de Lorune pendant l'absence d'Andréas.]<br />
<br />
Dés le début, Gavin est pris dans une bagarre désordonnée à coups de couverture, de cassette et de poings contre Dorian le Magnifique pendant que la belle fehnri disparaît dans les bois ("Une courtisane fehnri avec un gros score de discrétion associée à un marchand-escroc ? Tiens donc..."), Le Grêlé a rejoint la roulotte pour régler son compte à la petite servante qui s'y cachait encore (et "s'amuser un peu" avec elle : ça reste un mercenaire sans scrupule, hein), Eldan essoufflé rejoint le "champ de bataille" par le nord, Vighnu et La Poigne convergent vers les soldats qui contournent par le sud-est, Herle abandonne son arc pour foncer tout seul par le flanc ouest (il faut bien justifier de son état futur en le jouant "imprudemment"), Trevan et Diane quittent discrètement les gros rochers en cherchant à repérer leurs nouveaux adversaires...<br />
<br />
Après quelques instants de louvoiement discrets dans les bois, le premier accrochage intervient quand deux soldats franchissent le ruisseau en aval du gué et sont interceptés par La Poigne et Vighnu : si le gros benêt diminué par ses blessures est vite repéré et pris dans un laborieux corps à corps, l'assassin blesse un de ses adversaires d'une dague de jet avant de surgir derrière lui pour le poignarder, employant le corps du mourant comme bouclier contre les attaques de deux autres soldats qui venaient à son secours. En un instant, Vighnu balance le mort sur ses congénères, éventre l'un et abat l'autre d'une dague de jet dans la gorge, pendant que La Poigne enfin dégagé éclate le crâne du dernier à coups de gourdin.<br />
<br />
Après avoir éclaté le nez du marchand d'un direct bien placé, Gavin lui arrache sa précieuse cassette et, laissant le "Magnifique" sonné assis dans l'herbe, accourt vers la roulotte en entendant les cris d'effroi de la petite servante. N'écoutant que ses élans chevaleresque, il sonne Le Grêlé d'un grand de cassette sur le crâne et, après avoir tenté en vain de calmer la pauvrette (faut dire qu'il est grimé en Korme et qu'elle passe une matinée épouvantable), l'écuyer la laisse s'enfuir dans la forêt et part à la recherche d'une arme plus approprié en voyant se rapprocher les mercenaires du fortin.<br />
<br />
Sur l'autre flanc, Herle (sans arc, donc) s'est fait prendre en tenaille par deux tireurs, a reçu une flèche dans le côté et, pendant qu'il tentait de choper son agresseur au contact, l'autre a surgit de flanc pour lui ouvrir la cuisse à coup de glaive. Blessé et à deux contre un, il encaisse de son mieux lorsque Trevan de Rigorne charge en brandissant son épée, attirant l'attention de Diane qui progressait à croupetons dans le secteur : en une seconde, le premier chacal est décapité et le second s'écroule, un carreau d'arbalète dans l’oreille. Mais ils n'ont guère le temps de souffler car Le Moineau les appelle au secours !<br />
<br />
Déboulant sans s'en apercevoir au milieu des ennemis camouflés, Eldan est immédiatement pris par surprise et blessé. Il parvient néanmoins à faire chuter son adversaire et, roulant avec lui dans les feuilles mortes, les deux éclaireurs échangent coups d'épée, de pied et de poing en s'usant l'un l'autre, pendant qu'un chacal supplémentaire s'approche à pas de loup. Le Moineau le repère au dernier moment, appelle à l'aide, tente vainement de pousser l'ennemi qu'il a blessé dans les jambes de l'arrivant et encaisse une nouvelle blessure (il commence à être franchement mal en point) lorsque Trevan arrive à la rescousse, toujours au pas de charge et toujours couvert par Diane dont l'avant-dernier trait cueille l'ennemi debout juste sous l'omoplate, perçant le poumon.<br />
"Laisse-le moi !" gueule Eldan au chevalier errant et, donnant tout ce qui lui reste contre un ennemi soudain moins faraud, le Moineau prend finalement sa revanche en clouant son ennemi au sol d'un grand coup d'épée. Avant même que Herle rejoigne en boitant l'éclaireur victorieux, Trevan et Diane sont repartis au pas de course vers le flanc est, où des cris indiquent que Lerkoren Oleytan passe un mauvais quart d'heure.<br />
<br />
Car parti seul au nord pendant que l'on se battait près du ruisseau, le jeune Elloran a abattu le premier des "Chacals" qu'il a rencontré mais s'est ainsi fait repéré par deux autres : après un court échange de flèches en manœuvrant pour rester à couvert, Oleytan s'est fait chargé par les deux ennemis simultanément, a réussi à les entraîner dans un bosquet touffu pour les gêner au maximum mais commence à faiblir sans parvenir à se dégager et, lorsqu'il prend un coup de lance dans le mollet, ça commence à sentir franchement le roussi. "VIGHNUUUU !!!" appelle-t-il alors à pleine voix, pendant que l'intéressé, à plus de 200m de là, achève le dernier soldat qui s'enfuyait d'un magnifique lancé de couteau, qui l'atteint dans le dos à plus de 50 pas.<br />
<br />
Lorsque deux mercenaires ont abordé la roulotte et trouvé Le Grêlé étalé dans l'herbe, Gavin qui venait de cacher son butin dans les buissons a soudain été pris de remords. Ramassant l'épée d'un mort, il revient à pas prudents lorsque le combat éclate : Le Grêlé a laissé le premier adversaire s'approcher pour l'achever, a retourné la dague qui le menaçait dans l'estomac de l'ennemi et roulé sous la roulotte pour échapper aux coups de lance du second militaire. Le Grêlé est néanmoins blessé lorsque l'écuyer arrive alors pour achever d'un grand coup d'estoc le gars qui se tenait le ventre à deux mains et bondit sur le véhicule qui commence à avancer au ralenti, les bœufs n'aimant guère la nouvelle agitation qui secoue leur attelage. Son camarade sort alors de sous le chariot pour éviter de passer sous les roues et, maintenant à deux contre un, Gavin et Le Grêlé ont vite défait le dernier soldat, achevé d'un joli lancer d'épée dans le dos alors qu'il s'enfuyait.<br />
<br />
Trevan, Diane et Vighnu arrivent à quelques secondes d'intervalle au secours d'Oleytan, les deux derniers Chacals étant alors rapidement tués, le premier percé du dernier carreau de la Kerdane et Vighnu égorgeant l'autre après un bref corps à corps, d'abord à deux, puis trois puis quatre contre un.<br />
<br />
=== Fin des combats ===<br />
<br />
Essoufflés, les guerriers vainqueurs font brièvement l'appel : <br />
_"La Poigne ? <br />
_Il souffle près du ruisseau, il a pris assez cher. Eldan ? <br />
_De l'autre côté, au nord, mal en point : il s'est mangé l'avant-garde tout seul avant de nous rejoindre, si j'ai bien compris. Herle est avec lui, blessé aussi, il a perdu connaissance. <br />
_Gavin et le Grêlé sont donc seuls avec la roulotte : faudrait pas trop traîner avant qu'ils se fassent des idées malhonnêtes..."<br />
<br />
Et pourtant, les deux hommes se réconcilient sur une base financière saine : ils font moitié-moitié sur le contenu de la cassette ("que c'est pas la peine d'embêté les autres avec des détails") et Le Grêlé oubliera qu'un certain écuyer a essayé de l'estourbir avec. A peine ont-ils partagé qu'arrive Andréas Odran sur un cheval fatigué, qui découvrent le massacre au bord du gué : "Dîtes-donc mais c'est carrément la guerre ici ! Je croyais que le but de toute l'opération à l'auberge était de pouvoir prendre le butin d'un chariot à peine défendu. _Ouais ben y a eut des invités surprise..."<br />
Les valides font le tour du secteur, poussent le chariot hors de la route, rassemblent les camarades blessés pour que Vighnu et Andréas puissent les rafistoler, puis trient les cadavres au nombre desquels semblent se trouver (par la grâce d'1pH) presque tous les hommes du fortin susceptible d'identifier Eldan après ses exploits de la nuit précédente. "Alors on est bons, conclut le chroniqueur : j'ai vu les Kormes tuer les deux seuls autres qui nous aient regardé de près.<br />
_N'empêche que le Magnifique, sa poule et la servante se sont tirés. <br />
_Bah c'pas grave, ils témoigneront qu'ils ont été attaqués par les Kormes. <br />
_Mouais, sauf que Gavin a jugé utile de leur faire la causette. <br />
_Chiotte ! <br />
_Et sinon, d'où ils sortaient tous ces mecs ?<br />
_Ben ceux-là ont du vous poursuivre depuis l'auberge.<br />
_Celui-ci, il était déjà avec l'escorte au départ de Solerane, alors j'imagine que ceux du nord étaient à la recherche du messager qu'on a intercepté cette nuit.<br />
_Les Chacals qui nous attendaient avec le fourgon ont du appeler du renfort après qu'on aie commencé à leur tailler des croupières, parce que je pensais pas qu'il y en avait autant dans le secteur...<br />
_Le premier qu'a tué Herle le jour du départ, Jaromir et Rumbold que tu as dégommés avant de lâcher le convoi, ça fait déjà trois... <br />
_Au moins deux de plus, qu'on a tué avec Trevan et Gavin quand ils nous poursuivaient : ça fait cinq. <br />
_Cinq ou six avec Jorem Cuivré hier, vu qu'on a pas trop fait le détail. Disons 10.<br />
_Et aujourd'hui j'en compte cinq, dont au moins un emishen du clan des Rimdehl, en plus des derniers hommes de Jornil !<br />
_Tu oublies les trois qui sont morts au Cercle des Cascades au début de la semaine, ça fait donc 18 chacals éliminés en 8 jours. C'est du bon boulot, quand-même !<br />
_Façon de voir : moi ce qui m'inquiète, c'est qu'on puisse avoir deux dizaines de types armés dans notre secteur et ne nous en apercevoir que maintenant... Il faudra qu'on parle à ce trafiquant de sel que connaît Eldan, celui qui a présenté Jaromir au fils Cuivré : je crains que l'implantation des Chacals soient plus avancé qu'on ne l'imaginait."<br />
<br />
Rassemblés et ayant brièvement le temps de souffler pour la première fois depuis des jours, nos héros en profitent pour échanger enfin les infos recueillies par chacun au cours de leurs aventures et reconstituent ce qu'ils savent de la Confrérie du Chacal :<br />
La Confrérie, originaire des Sylves, semble essaimer en créant des "chapitres" locaux dans différentes régions de l'Empire. Il semble que des membres du chapitre "sylvain" de la Confrérie ait donc fait le déplacement pour "franchiser" des brigands du Nord, et ce sont ceux-là qui dirigent plus ou moins les opérations (les trois mecs tués par Andréas, Adira et Eldan aux cascades étaient vraisemblablement des novices). Aux Sylves, la Confrérie est à la fois une mafia, une secte animiste et le noyau dur de la résistance armée à l'occupant impérial : si Urgrand est lié à ces gars-là et qu'ils commencent à passer des accords avec les Kormes, ça risque de compliqué sérieusement l'Échiquier du Nord. Et si les Chacals semblent être quasiment apparus par génération spontanée en quelques semaines, c'est qu'ils ont trouvé des gens pour les soutenir et les aider dans la région : soit Urgrand est beaucoup mieux connecté qu'il n'y paraissait, soit ils ont d'autres appuis...<br />
<br />
=== Exfiltration ===<br />
<br />
"...après quoi on a réparti le butin sur les chevaux, vu qu'on en avait maintenant une bonne quinzaine, on t'a attaché en selle et on s'est tiré vers l'ouest en contournant Celanire par le nord jusqu'au grand menhir où nous attendait Neri'Helin, une des novices du chaman edell'okhil Kal Tayvon, avec des bœufs laineux, des vivres et tout le matériel de montagne : paraît que ton 'Pitaine leur a promis de racheter leurs frères en esclavage. On a ensuite crapahuté par l'ouest pendant trois jours dans les Asparren puis les Monts d'Azur, en passant par des coins de plus en plus hauts et enneigés pour éviter de croiser quiconque. La p'tite Edell'okhil a même déclenché une avalanche dans le col du Fraisil pour qu'on ne puisse plus nous suivre. On a bien perdu quelques canassons en chemin, mais les lingots sont au complet, le groupe aussi (quoique la demoiselle ait du re-nettoyer les blessures de La Poigne), et nous voilà presque rendus.<br />
_Où sommes-nous, exactement ?<br />
_Un peu au sud-ouest de la Mine Bénie : on va contourner par l'autre versant pour éviter de s'y faire voir et la môme va nous faire passer sur la rive nord du Lac Troisième par une espèce de chemin à travers les marais à l'est de Andh Endhil, pas loin du camp abandonné d'Etayn-la-Louve.<br />
_La voie est libre et le jour va se lever, annonce la jeune femme en rejoignant le groupe : ramassez vos affaires, hommes du sud.<br />
_Allez, messire de Lorune, remonte en selle : ce soir, Le Cornu nous attendra avec de la gnôle au camp d'abattage."<br />
Et dans le petit matin, les fiers cavaliers de Tal Endhil descendent victorieux vers la Vallée des Lacs en Palier avec, dans leur fonte, un trésor capable de financer les nouveaux projets du Capitaine Durgaut...<br />
<br />
<br />
<br />
== ÉPILOGUE (envoyé aux joueurs après coup) ==<br />
<br />
<br />
<br />
C'est au soir du huitième jour après leur départ discret que nos vaillants mercenaires fourbus, gelés, blessés et riches comme Crésus se sont affalés dans une minable hutte au nord du camp de bûcherons de Tal Endhil, déserté chaque nuit en cette saison. Immédiatement repartie avec ses bœufs laineux, sa sœur adolescente et son cousin mutique, la gironde rouquine Neri'Helin ("Dis-donc mais... c'pas la p'tite Edell'okhil que t'a réveillée l'autre fois aux cascades, quand on cherchait les Chacals ? _Si, même que Nevel m'a dit que Tael Shannan se la tape ! _Note qu'il se tape toutes les mignonnes, ce fumier de barde. _Dîtes, c'est fini d'échanger des potins comme deux vieilles venteuses ?") a laissé les hommes de Durgaut fort symboliquement assis sur la terre battue, à 10 pas de l'icône votive qui marque l'extrême frontière nord de l'Empire (mais Le Grêlé a pissé dessus). Ils ont festoyé, pansé leur nombreuses plaies et, d'abord par jeu, ceux qui parmi eux avaient quelques notions de finances ont commencé à calculer combien représentait le chargement encore bâté sur leurs chevaux.<br />
_On a pas loin de 250 lingots, dont bien 150 de merdouilles comme du cuivre, du bronze et du fer...<br />
_Des "merdouilles" qui vont se négocier entre 500 et 1000 lunes à la prochaine cité dotée de forges, ducon.<br />
_T'es sûre ?!<br />
_Il est drôle l'aut' : pourquoi qu'tu crois qu'on creuse des mines ?<br />
_Crois-moi, s'il y a bien un truc que les Kerdans savent faire, c'est du commerce...<br />
_Je savais bien que t'étais kerdane malgré ton histoire de "Je suis une innocente remane élevée près de la colonie kerdane de Rigorne, et blablabla"...<br />
_C'est donc bien vrai mademoiselle Diane ? Vous aussi vous êtes de Rigorne ?!?<br />
_Écoute, Trevan : tu es mignon, tu es vaillant mais, putain, ta gueule.<br />
(Trevan de Rigorne rougit.)<br />
_On disait donc au moins 500 lunes pour les lingots de "vils métaux", mais on a surtout une petite centaine de lingots d'argent, quoique la moitié soient planqués dans de faux lingots de cuivre. Et ça, ça nous fait... heu... attendez voir...<br />
_Au moins 300 pièces d'or.<br />
_Putain !<br />
_Quoi ?!<br />
_La Poigne ! Tu sais compter !?<br />
_Ben oui, surtout le métal quoi. J'suis été apprenti forgeron. Mais c'est trop du labeur : j'aime plus mieux taper qu'une bonne fois sur un casque.<br />
(La gourde de vin de sureau passe de main en main, chacun avalant une rasade d'un air mi-émerveillé, mi-consterné.)<br />
_On... on a ramené... 350 pièces d'or ?! Vous croyez que notre bon Capitaine va être content.<br />
_Ah ça, Moineau, il a un peu intérêt à l'être !<br />
_Dîtes, ch'ais pas si vous vous rendez-compte : c'est p't'être le plus beau brigandage de toute l'histoire des Marches !!<br />
_On est riches les gars ! RICHES !<br />
_Non, messieurs : Tal Endhil est riche. Par les pères, si l'un de vous commence à concevoir une seule pensée pécheresse...<br />
_Mais quel pisse-vinaigre, le Défroqué, quand il pisse le résiné.<br />
_Héhé. Fais-voir ta balafre, d'ailleurs, Herle : faut changer ton bandage.<br />
_Ma mienne elle est plus grande !<br />
_Hihi !<br />
_Nul n'en doute mon cher La Poigne, nul n'en doute...<br />
_Ouais mais la tienne elle a même pas percé ta couche de lard !<br />
_N'empêche qu'on a tous ben gagné nos 2 pièces d'argent chacun !<br />
_Plus la prime !<br />
_Oh oui : vous êtes de vaillants gagne-petit. Mais la prime c'était si on laissait pas de témoins et, là, on a Jornil lui-même, Dorian, sa pute, la servante...<br />
_Toi le Noir tu commences à nous les bris...<br />
_Bon les gars, vos gueules : il est tard. Alors ça pionce, ou je vais commencer à distribuer les baffes. Le Grêlé et Diane prennent le premier tour de garde. Demain, j'vous ramenions tous au village. Et rappelez-vous qu'vous avez promis le secret sur vos têtes ! Si on vous presse vraiment, et seulement dans ce cas-là, vous avez été r'prendre les lingots de la Mine Bénie à une bande de Kormes du côté de la Baie des Langueurs. C'est bien clair, pour tout le monde ?<br />
_Oui mon sergent !<br />
_Lèche-cul.<br />
_Mon sergent ! Y a Le Grêlé qui dit...<br />
_Foutremerde, tas de corniauds ! Même avec une 'pparition divine, j'conçois point comment qu'une pareille bande de mômes a pu réussir cette mission !"<br />
<br />
=== Bilan de la mission ===<br />
<br />
Au final, les PJ viennent en effet de rapporter au fief de Tal Endhil ce qui sera bientôt sa première Capacité de "Finances". Vighnu, Diane, Eldan, Andréas et même Durgaut (qui n'avait pas été récompensé depuis des lustres) ont d'ailleurs raflé pas mal de Progrès pour cela, ce qui nous a permis de voir à quelle vitesse Orlanth, qui n'utilise jamais ses pH pour autre chose que pour progresser, avaient pu faire évoluer son personnage : en un seul (gros) épisodes, il a ainsi gagné et dépensé 16pH (8pts de Progrès) pour monter son Énergie de 2 pions. Comme Vighnu (qui capitalisait depuis un moment et vient lui aussi d'atteindre 16pE), Diane "la Moucheuse" (comme l'a surnommé le sergent Le Cornu en entendant le récit de ses exploits et son goût pour l'injure) atteint ainsi le seuil du niveau "Héros" : il ne leur reste maintenant qu'à déterminer une Mission concernant un groupe social (car on on est toujours le Héros d'un groupe d'une population. Vighnu a déjà choisi la sienne : il sera désormais la "Lame Noire du Nord", défenseur secret et assassin vengeur de Tal Endhil) et, lorsqu'ils auront pu réussir un objectif majeur fixé avec leur MJ pour lancer cette Mission, ils obtiendrons le pH supplémentaire permanent et l'augmentation de Réputation qui feront d'eux des Héros dignes de ce nom.<br />
Par ailleurs, les 4PJ impliqués ont gagné 1 point de Relation (à établir avec n'importe lequel de leurs compagnons) et 1 point de Réputation :<br />
_Vighnu est maintenant "Sauveur de Tal Endhil 3"<br />
_Andréas et Eldan "Débrouillard 1"<br />
_Diane a bien mérité d'être désormais réputée "Redoutable 1".<br />
<br />
<br />
}}<br />
<br />
'''[[7) "Embrouilles en Cascades"|<< Épisode Précédent]] | [[9) "Reishin Ghoran"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
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[[Catégorie:Épisodes]]<br />
[[Catégorie:Comptes-Rendus]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/8)_%22Le_Train_de_l%27Argent%228) "Le Train de l'Argent"2014-09-05T15:29:43Z<p>Aloun : </p>
<hr />
<div>La totalité de l'Épisode 8 : "Le Train de l'Argent" est classée "spoiler".<br />
Si vous voulez vraiment accéder à cet Épisode, vérifiez que soit un de vos perso y était, soit que le MJ vous en a donné l'autorisation.<br />
Tout abus sera illico puni par une grosse perte du plaisir de jeu.<br />
<br />
C'est bon, vous y avez bien pensé ? Vous êtes vraiment sûr ?<br />
<br />
...<br />
<br />
{{Secrets|<br />
<br />
<br />
== Prologue, rien que pour Eldan et le Capitaine : ==<br />
<br />
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<br />
''Les semaines précédentes, Durgaut a envoyé ses mercenaires (dont Eldan) enquêter du côté de Solerane sur les détournements de fonds du défunt lieutenant Armeld avec son complice, Maître Gaster, et découvert ainsi l'implication du patron-minier, notable influent et principal contrebandier de la région : Jornil Cuivré. En dehors de ses opérations "privées", Jornil travaille pour Rhilder le Fou à détourner le minerai d'argent des mines de la région, théoriquement destiné à l'État-Major, au seul bénéfice du dément Prévôt de la Marche des Lacs. Rhilder n'est pas quelqu'un avec qui Durgaut peut vraiment se permettre d'être en guerre ouverte, puisqu'il est son supérieur direct, un puissant "Seigneur du Nord" (comme on appelle les impériaux qui se taillent des fiefs dans les Marches) et un putain de psychopathe, notoirement responsable du génocide de la tribu emishen des Rimdehl (les Geaies).''<br />
''Mais notre brave Capitaine, en plus d'être très énervé contre le Prévôt qui le ruine par ses magouilles et lui réclame d'envoyer des troupes que Tal Endhil n'a pas pour participer à la guerre contre les Oloden, est en fait pris à la gorge : s'il n'envoie pas bientôt des lingots d'argent à l'État-Major du Duc-Gouverneur pour couvrir le quota de la Mine Bénie (pillée par les Kormes), Durgaut va sauter. En fait, il n'est encore même pas sûr de pouvoir obtenir le titre de "Bailli de Tal Endhil" vu les exigences du Primat en la matière, mais espère bien réussir à l'épater d'ici son arrivée. D'ailleurs, s'il reste en poste et devient bailli, il sait avoir besoin de beaucoup de pognon pour embaucher assez de mercenaires pour enfin contrôler son territoire et développer la région.''<br />
''Il a donc conçu un plan audacieux pour régler plusieurs problèmes à la fois : braquer le convoi de métaux qui va bientôt partir de Solerane pour Darverane, siège de la prévôté harcelé par les troupes de Kainen Tahrel. Ainsi, il mettra la main sur une véritable fortune (l'argent détourné caché dans des lingots de cuivre, l'argent "officiel" envoyé de Solerane pour l'état-major via Rhilder, du cuivre et de l'étain en quantité) dont il compte employer une partie à payer son quota au Gouverneur, une autre à racheter des esclaves Edell'okhil de la Marche des Gemmes pour s'assurer une alliance avec les Emishen et le reste à constituer une petite armée.''<br />
''Il en était à mettre au point un plan solide lorsqu'il apprend que la route de Darverane, coupée par les Kormes depuis des semaines, vient apparemment d'être rouverte suite à une contre-offensive de Rhilder : le convoi de métal ne devrait plus tarder à partir, il faut agir vite. Et comme Vighnu Pratesh vient de rentrer du Cercle des Hautes-Pierres, il décide d'embaucher l'assassin pour courir l'aspect le plus délicat de la mission : assurer le secret.''<br />
<br />
''Ce qu'il ignore malheureusement, c'est que Jornil a lui aussi enquêtait sur les trois attaques successives qu'il a subi de la part de ruffians non-identifiés : d'abord on a tabassé nombre de petits truands sous les ordres de son fils, Jorem Cuivré, ensuite on s'en est directement pris à deux de ses lieutenants impliqués dans la contrebande d'argent, enfin un éboulement à la mine de cuivre s'est révélé être un sabotage (les mercenaires de Durgaut avaient pour instruction de recruter des mineurs et n'ont rien trouvé de mieux). Jornil a donc d'abord envoyé un certain Worik se mêler aux mineurs "responsables de l'éboulement" qu'il a lui-même renvoyé et qui partaient s'engager auprès de Durgaut (mais son agent est mort connement pendant l'épisode "Terrain Minier"), puis il a envoyé un messager auprès de son bon ami Adira Pratesh pour se renseigner sur les mercenaires de Durgaut (Adira étant alors en pleine bisbille avec le Capitaine, il a volontiers informé son ami) et contacté ses autres associés à Tal Endhil (comme Gaster, Jornil a des parts dans la mine de fer du village, ce que le Capitaine est sensé savoir mais dont il ne réalise pas l'importance), Adira l'a ensuite informé de ce qu'il avait appris sur l'arrestation de Gaster... Bref : Jornil a compris que Durgaut était après lui et pris des mesures en conséquence.<br />
S'il ne peut pas se permettre de retarder d'avantage le convoi de métal (Rhilder a besoin de ce fric pour sa guerre perso et il n'est pas câlin quand il s'impatiente), il a conçu une ruse efficace, embaucher des mercenaires de rab' pour l'escorte et, surtout, contacté par un ami de son fils une petite bande de brigands récemment arrivés dans le secteur : la Confrérie du Chacal...''<br />
<br />
<br />
<br />
== À la "Taverne Penchée" ==<br />
<br />
<br />
<br />
Il fait déjà nuit lorsque la Taverne, récemment rachetée par les mercenaires de Durgaut, ferme ses portes beaucoup plus tôt que d'habitude en chassant les soiffards qui comptaient y passer leur soirée en galante compagnie ; les prostituées, récemment rendues à leur autonomie sous l'autorité de la belle [[Garnelle]] (maîtresse occasionnelle du jeune Eldan) sont également invitées à rentrer chez elle et le quartier lacustre de Tal Endhil est donc rapidement rendu au silence et à la brume nocturne. Pourtant, quelques silhouettes discrètes gagnent bientôt la Taverne apparemment close :<br />
* '''l'apothicaire [[Vighnu Pratesh]]''' (Loriel) n'a eu qu'à franchir quelques pontons depuis sa propre échoppe, son matériel d'empoisonneur sous le bras et ses armes dissimulées sous son large manteau reman, où bat un petit cœur sec depuis si longtemps, récemment réveillé et illico brisé par Islinna : les femmes sont cruelles. Déjà en grande partie au courant de la mission, la seule chose qu'il ignore c'est ce qu'ils vont voler. Mais vue la somme promise par le Capitaine, il est trop heureux de ne pas poser de questions.<br />
* '''[[Nadine "la Moucheuse"|Diane Maletudine]]''' (Orlanth) est une Kerdane, quoiqu'elle prétende être une remane originaire de la cité portuaire de Rigorne, embauchée depuis quelques mois dans l'Armée du Nord, suite à des problèmes avec ses compatriotes. Femme dans une armée de macho, elle a bientôt eut d'autres ennuis (décidément) qui l'ont incité à déserter pour rejoindre la petite communauté kerdane de [[Tal Endhil]] sur les conseils de son mentor, le célèbre maître d'armes [[Vasco Sotorine]]. Sauf que [[Ranyella]] la pilote ne veut pas d'une renégate dans sa troupe et l'a donc refilée au Capitaine sans lui expliquer les casseroles que trimballe l'arbalétrière...<br />
* '''[[Andréas "Odran"]]''' (Humphrey B) a récemment eut un entretien secret avec le Capitaine qui pourrait se résumer ainsi : "''Je sais que vous êtes un sorcier, mais je suis prêt à fermer les yeux si vous bossez pour moi. _Ça pourrait m'arranger, vu que je suis là pour mettre fin à la dispersion d'artefacts qui commencent à foutre le boxon à [[Duriane]], mais je vais pas m'en sortir tout seul. _Splendide : faudra me neutraliser le machin dans la Mine Bénie. Dans l'intervalle, vous êtes embauché comme espion. Vous commencez demain, rendez-vous à la Taverne Penchée après la fermeture.''" Il arrive donc avec un peu d'avance et pas mal de bagages, dont son précieux grimoire, ses herbes médicinales et un certain objet qu'il a passé presque deux jours à chercher dans le torrent en contrebas de la [[Mine Bénie]].<br />
* '''[[Oleytan "le Furet"]]''' (PNJ), lui, s'est engagé dans les mercenaires de Durgaut dès son retour de "l'Opération Tréfonds" : il se sent désormais un vrai guerrier, veut participer à l'alliance entre les Talendan et les Elloran mais, surtout, il a enfin couché avec le grand amour de sa jeune vie : la jolie négociante lewyllen [[Doma Sholen]]. Celle-ci l'a inexplicablement largué à l'arrivée à Tal Endhil en lui expliquant que "c'était fun, mais t'es juste trop jeune pour moi" (elle court en vain après [[Nevel Sholdanan]] depuis 4 semaines). Après une intense réflexion, le jeune guerrier est arrivé à la seule conclusion "sensée" : s'il veut que la belle marchande le reprenne, il doit lui prouver qu'il est capable de lui assurer le train de vie qu'elle a perdu, et pour ça, il lui faut "des rondelles", comme les Emishen nomment la monnaie impériale. Il ne comprend pas grand-chose à la mission que Durgaut lui a proposé, mais il est bien content puisqu'il va être payé royalement.<br />
* '''[[Eldan "le Moineau"]]''' (Aloun) arrive le dernier, accompagné d'une montagne de muscles habillées de haillons qu'il vient de récupérer dans l'unique geôle du donjon : [[Herle de Lorune]] (Ego'), noble et chevalier du temple récemment défroqué. Lui aussi a des problèmes, parmi lesquels l'alcool, la violence et un sens aigu de la justice qui, après lui avoir coûté sa charge d'inquisiteur lors d'une altercation avec le Primat lui-même, l'ont fait rétrogradé comme simple soldat dans la troupe de [[Bagoran de Marale]] (chargé de le "mater" : échec critique) et récemment conduit à défoncer le portrait d'un connard de Chevalier du Temple (donc un de ses "supérieurs") qui tabassait une gamine emishen. Son séjour en taule auprès du plaintif Gaster s'est terminé lorsque le Sergent LeCornu a jeté son dévolu sur le prisonnier, et convaincu le Capitaine de l'embaucher.<br />
<br />
Lorsque tout ce petit monde est attablé dans la taverne sur pilotis qui grince et (effectivement) penche sous l'effet de la houle, [[Le Cornu]] qui tenait le comptoir fait entrer deux de ses collègues, le massif imbécile qu'on appelle "La Poigne" et le brigand reconverti au visage marqué par la petite vérole qu'on appelle "Le Grêlé". Comme Eldan et le Sergent, ils ont survécu à tous les combats depuis [[la bataille de Tal Endhil]] et sont tout dévoués au glorieux chef qui va bientôt faire d'eux la "''garde bailla, bailliagiale...heu... baillique... la garde du bailli, quoi''", et qui pénètre dans la grande salle inclinée à leur suite, une vaste carte sous le bras.<br />
<br />
« Bonsoir mademoiselle et messieurs, nous avons peu de temps et je vous demande d'être extrêmement attentifs à l'exposé qui va suivre. » <br />
Pendant que Vighnu et Andréas dégagent leurs gobelets pour laisser Durgaut déployer la superbe carte (signée [[Ordano Sotorine]]) sur la table crasseuse, les 6 autres membres de l'équipe s'approchent pour suivre le briefing dans la lumière chiche des rares chandelles et le Capitaine enchaîne :<br />
« La mission que j'ai à vous confiée est dangereuse, urgente, secrète, absolument vitale pour Tal Endhil et remarquablement bien payée. Si certains d'entre vous ne s'en sentent pas capables et préfèrent retourner à leurs activités précédentes, qu'ils le disent tout de suite. Car une fois que je vous en aurais exposé les objectifs, Messire Pratesh ici présent sera le garant de votre silence. Tout le monde est motivé et se sent capable de se taire ensuite, en cas d'échec comme de réussite ? Parfait. Sergent, passez-moi les figurines. »<br />
« Dans les jours qui viennent, peut-être même dès demain, un convoi lourdement gardé va quitter [[Solerane]] à destination de [[Darverane]] (Durgaut pose une miniature en bois, une espèce de coffre aux pieds vaguement arrondis, sur la carte) : il contient plusieurs coffres très lourds que vous êtes chargés d'intercepter, de préférence avant "l'Auberge du Pont"... C'est quoi ça, Le Cornu ? demande le Sauveur de Tal Endhil quand son sergent lui passe une espèce de cube prolongé par un jambage tordu.<br />
_C'est l'Auberge du Pont, mon 'Pitaine. C'est La Tortue qu'a fait les sculptures, mais on a pas eu bien l'temps.<br />
_Je vois... À "l'Auberge du Pont", donc, se trouvent actuellement plusieurs dizaines de marchands qui, depuis des semaines, y attendent que les troupes de Rhilder reprennent le contrôle de la route vers Darverane aux Kormes qui harcèlent la prévôté (il pose du côté du Mont Grison un petit bonhomme chauve et noirâtre) avec l'appui des troupes Emishen de Kainen Tahrel (Vighnu approuve du chef). Si le convoi de Solerane rejoint la première caravane groupée en partance pour Darverane, il sera alors probablement trop entouré pour que vous puissiez tenter quoique ce soit. Vous êtes ici... mais c'est quoi ça ? Un chien ?<br />
_Un ch'val mon 'Pitaine, pour représenter, le commando.<br />
_Vous avez pu leur trouver des chevaux ?<br />
_Ah non mon 'Pitaine : c'est des pirogues, pour quitter le village. Ensuite s'ront à pied. Mais La Tortue, quand il a commencé, i'l'savait pas, pis i' sait pas faire les pirogues, et de toutes façons ça va surtout se faire par voie de terre alors, heu... Vous préférez un bouchon, ou un dé en os ?<br />
_Va pour le chien (soupir)... Donc : vous êtes ici (il pose la figurine sur Tal Endhil), vous partez dès cette nuit pour atteindre Solerane (le "chien" rejoint le "chariot"), où vous serez chargés de repérer le convoi et surveiller ses préparatifs de départ. Le but est de lui tendre une embuscade dans les deux jours qu'il lui faudra pour effectuer ce parcours (le chariot glisse sur les segments 1, 2, 3, 4, 5 de la route). Si vous pouvez intercepter le chargement sur les berges du Lac d'Acier, il sera plus aisé de le transporter à bord de barges ou de pirogues.<br />
Le Moineau connaît la ville et les hommes qui escorteront ce convoi, Messire de Lorune a la charge de l'assister en tout -et de s'assurer qu'aucun d'entre vous n'ait la mauvaise idée d'ouvrir les coffres, Maître Pratesh est chargé de trouver des embarcations pour les chargement et d'assurer le secret de l'opération (Vighnu sourit, pensant aux peintures de guerre kormes qui n'ont pas servit lors de l'Opération Tréfonds et à la barge kerdane cachée depuis dans les marais près d'Écume 6). Vous devrez quitter le village et y rapporter les coffres sans être vus, ni dire à quiconque d'où vous venez ni où vous allez. Car, j'insiste, cette opération peut assurer le salut de Tal Endhil si elle réussit, mais sonner notre perte à tous si quelqu'un devait découvrir qui a commandité l'attaque. Une prime substantielle versée à notre cher apothicaire en sera la garantie.<br />
_Ça veut dire "pas de témoins", demande Diane ?<br />
_Ça veut dire "démerdez-vous pour que personne ne puisse vous reconnaître, suivre votre piste et remonter jusqu'à nous" : je préférerais que vous épargniez les civils, mais Pratesh sera décisionnaire en dernier recours. À part lui, vous serez payés chacun 2 pièces d'or pour cette brève mission et votre durable silence [la solde mensuelle d'un mercenaire étant de 2 pièces d'argent, ça fait 10 fois plus pour quelques jours de boulot]. Des questions ?<br />
_C'est quoi, dans les coffres ? Ça pèse ?<br />
_Le contenu ne vous regarde pas mais, oui : ça pèse. Probablement autour de 200kg en tout.<br />
_C'est qui, qu'on braque ?<br />
_Pas votre problème non plus. Fiez-vous à Eldan, soyez discrets et ça ne devrait pas avoir d'importance.<br />
_Les gars de l'escorte, c'est des pros ?<br />
_Quelques-uns, oui, mais la plupart seront des mercenaires en permission, des cochers endurcis, des coupes-jarrets, des gardes plus habitués à surveiller des esclaves... Le problème, c'est qu'ils doivent se méfier : ils ont eut des ennuis récemment, ils savent que le trajet est dangereux et ils seront sur les dents. Il se peut même que vous soyez déjà attendus à Solerane. J'insiste : méfiez-vous.<br />
_Qu'est-ce qu'on a comme matos ?<br />
_Vous étiez prévenus d'emporter le vôtre, mais Eldan conserve quelque argent pour vos frais de mission, des vivres, un peu de charbon, des flèches, des torches et des cordes vous attendent avec les chev...<br />
_Dans les pirogues, mon 'Pitaine.<br />
_Dans les pirogues, donc. J'ajoute les papiers que m'a demandé monsieur Odran (il confie une petite pochette de cuir à Andréas, contenant du parchemin, des lettres officielles de la main de [[Rhilder]] et son sceau de cire, pour pouvoir si besoin modifier les ordres de mission du convoi) et vous emportez cette carte, annotée par mes soins, en espérant qu'elle puisse vous aider : ne la perdez pas ! ''[Durgaut leur confie par ce biais un de ses précieux point d'Histoire.]'' Autre chose ?<br />
_Y a le Venteux qu'a pas tout compris, vu qui parle pas bien not' langue...<br />
_Messieurs Odran et Pratesh devront donc lui ré-expliquer en ramant. Bonne chance à tous : le destin de Tal Endhil est entre vos mains ! Mais pas les figurines, La Poigne : repose ça. <br />
_Pardon mon 'Pitaine. »<br />
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Image à ajouter<br />
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== En route vers Solerane ==<br />
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Pendant qu'on roule la carte, LeCornu et Herle déplacent la lourde table, révélant une trappe dans le plancher qui, une fois déverrouillée et ouverte, donne sur une échelle de corde descendant le long d'un pilier de bois où sont amarrées deux pirogues emishen. Avec quelques difficultés dues à la disparité de poids et d'agilité de ses huit membres comme aux bagages de certains l'équipe embarque et glisse silencieusement sur les eaux couvertes de brouillard.<br />
_Attention avec ça, c'est des armes emishen. <br />
_Pourquoi foutre ? <br />
_Pour passer pour des Kormes. <br />
_Pas con. Mais qu'est-ce qu'il fout avec un bouquin, lui ? <br />
_Je suis chroniqueur... <br />
_Et vous allez chroniquer l'opération secrète ?! <br />
_Houlà non, je... j'ai d'autres talents. Falsifier des sauf-conduit, par exemple. <br />
_Je vois...<br />
Ils atteignent bientôt la rive sud du Lac Troisième, en amont du campement où dorment les caravaniers lewyllen, sans que les Soldats du Temple qui gardent les remparts n'ait rien remarqué.<br />
[Je m’appesantis un peu sur le dialogue de briefing parce que, bien sûr, il m'a fallu incarner le Capitaine moi-même sur les indications données par Le faiseur, et que je lui avais promis de détailler un peu le résultat.]<br />
<br />
Après un conciliabule entrecoupé d'engueulades, un poème (Herle versifie par instant) une tentative de vol et plusieurs menaces physiques pour l'empêcher, les PJ décident de ne pas partir en quête de la barge cachée dans les marais mais de foncer de nuit vers Solerane, à pied, pour atteindre la ville au plus tôt, juste après que Diane ait confié au fleuve un étui flottant contenant 4 pièces d'argent (sur les 20 confiées à Eldan) et un message pour les Kerdans d'Écume 6, leur enjoignant d'envoyer des embarcations vers la presqu'île du Lac d'Acier [le joueur a oublié que son perso n'était plus bien vu chez les bateliers, et Loriel/Vighnu y a même mis 1pH pour que le message arrive : ce fût bien le cas...].<br />
<br />
Abandonnant dans les embarcations tout le matériel trop lourd, les mercenaires se répartissent les vivres, une arme emishen chacun et la longue marche commence. Lorsque l'aube se lève, Diane, Oleytan et Eldan, très en avant des autres, font la course dans la descente après avoir passé le Col de Nilfenan (au sud-ouest de la mine de fer, sur la carte) histoire de défouler leurs tempéraments casse-cou et ombrageux... ce qui vaut d'ailleurs à Eldan de se niquer la cheville dans une belle gamelle : on sent bien, dès que les officiers ne sont plus en vue, que ça va pas être très sérieux comme opération.<br />
<br />
=== Rencontre insolite ===<br />
<br />
Pendant que le fort peu sportif Andréas prend des heures de retard sur les autres et que Vighnu reste avec lui autant pour assurer sa protection que pour causer "chroniquerie" et politique locale (Vighnu envisage de créer un hospice à Tal Endhil !), Oleytan, Diane et Eldan (qui boitille) arrivent en milieu de matinée au gué qui traverse la Rivière aux Élans (ainsi nommée car elle est sur le point de passage de la migration des grands cervidés, qui commencent d'ailleurs à remonter en cette saison vers les pâturages au nord de Tal Endhil) : ils sont assez surpris d'y trouver un grand costaud, ventru et entièrement chauve, portant des vêtements très vaguement emishen, assis sur un rocher au bord des flots et curant tranquillement au couteau le sang séché qui s'incruste dans les creux de sa lourde masse de bois sculpté. Les trois éclaireurs essoufflés par leur cavalcade repèrent assez vite les discrètes silhouettes déployées dans les bois autour du chemin et, chacun la main sur leur arme favorite, s'approche avec circonspection : "<br />
_Bonjour... <br />
_B'jour, répond le gros dans un Reman médiocre, avec un accent typiquement "venteux". <br />
_Z'êtes avec le noir ? Vigjniou Bratéche ? <br />
_Ben là tout de suite... non. Mais des fois on le croise, quoi. Vous l'attendez ? <br />
_J'ai un message pour lui. <br />
_Vous voulez pas nous le donner, on le transmettra quand on le verra ce soir... <br />
_Non, d'solé, c'est privé. <br />
_C'est pas un message à coup de masse, au moins ? <br />
_Héhé. Non. Pas cette fois."<br />
<br />
N'ayant qu'à moitié envie de s'avancer dans le gué sous la probable ligne de tir d'archers dissimulés ni même de laisser une embuscade entre eux et le reste du groupe, quoique aussi un peu parce qu'ils ont alors pas loin de 12h de rude marche dans les jambes, Diane, Oleytan et Eldan se posent également près de la rivière, se trempent un peu les pieds (Diane va même s'éloigner pour faire un peu de toilette : par instant, dans ses Réactions, sa "Sensibilité Féminine" ressort), cassent la croûte, font une petite sieste... tout ça en gardant perpétuellement un œil sur les alentours et leurs armes à portée de main. <br />
<br />
Lorsqu'ils sont rejoints par Sire Herle de Lorune, La Poigne et le Grêlé, d'abord très méfiants, Diane qui a entamé un repas et une conversation en Langue des Vents avec le Gros leur fait signe de ne pas s'inquiéter, et les trois mercenaires finissent par jouer le même jeu que leurs camarades, profitant d'un peu de repos tout en restant sur leurs gardes. Au bout d'une heure de cette halte méfiante, "l'embuscade" se détend tout autant et Eldan repère bientôt un des archers Korme qui, lui aussi, déjeune sur le pouce à son poste de guet. Il le contourne, se cache, est brièvement suivi mais sème le guetteur, échappe ainsi efficacement à l'encerclement... et ne sait finalement plus trop quoi faire : il craint de déclencher un massacre s'il élimine un guetteur, de se faire repérer s'il continue de traîner près des Kormes, de perdre le groupe s'il s'éloigne et d'être trop loin pour intervenir s'il repart en arrière prévenir Vighnu et Andréas. Aussi reste-t-il caché, guettant les guetteurs, jusqu'à ce que, lassé de perdre du temps alors qu'ils sont pressés, Herle donne le signal du départ et franchisse le gué accompagné des 4 autres. <br />
<br />
Après avoir encore hésiteé à les rejoindre carrément ou à rester en arrière, Eldan fini par laisser un signe de danger dans l'écorce d'un arbre à destination de Vighnu et décide de contourner pour franchir la rivière plus loin, ne trouve pas d'autre gué, passe à la nage, se paume en aval dans la forêt et mettra plusieurs heures à rejoindre ses camarades, trempé, gelé, épuisé et bientôt vertement engueulé par l'ex-templier [Sire de Lorune lui inflige même un tel jet d'intimidation pour lui inculquer la discipline militaire que le jeune éclaireur en sera durablement marqué : 2pts de Trauma !].<br />
<br />
Pendant ce temps, Andréas et Vighnu ont atteint le gué sans même remarquer le signe laissé par Eldan et le fehnri est assez surpris de reconnaître le gros korme qu'il a déjà rencontré, il y a plusieurs semaines à Écume 6, lorsqu'ils avaient négocié des vivres et les soins de Mona Ma'od contre la transmission d'un message pour Adira (qui, si vous vous en souvenez, était arrivé au début de "Terrain Minier", tiré avec une flèche sur la roulotte de Maître Pratesh). <br />
Quoiqu'il ne connaisse toujours pas son nom, il s'éloigne avec le chef rebelle et un petit conciliabule surréaliste se joue : les Kormes veulent (Vighnu comprend "Lashdan, Roi des Kormes, veut...") l'embaucher pour assassiner un certain "Urgrand", le Sorcier barbu originaire des Sylves, qui dirigeait justement le détachement korme lors du siège à la Mine Bénie. <br />
_Tiens donc ?! Mais pourquoi diable, demande l'assassin hilare ? <br />
_On m'a pas dit de te l'dire, et puis il paraît que les tueurs professionnels ne posent pas de questions. <br />
_Lorsqu'on les paye bien, c'est tout à fait exact oui. <br />
_Hé ben voilà pour toi, dis le Korme en lui tendant une grosse bourse de pièces, que le fehnri s'empresse d'ouvrir avidement. <br />
_Mais... vous vous foutez de ma gueule ?! C'est des pièces de cuivre ! <br />
_Et alors, c'est pas bien ? <br />
_Mais c'est pas du tout assez, enfin ! Je suis un spécialiste, moi ! Je bute pas les gens pour 20 ou 30 pièces de cuivre !<br />
_Ah. Mais c'est tout ce qu'on a nous, même qu'on s'est tous cotisés pour rassembler ça. <br />
_Mais c'est pas possible, vous comprenez rien au commerce, à la fin ! Et il est où, votre Sorcier, d'abord ?<br />
_Ben on sait pas, nous, pourquoi tu crois qu'on s'adresse à toi ? Tu crois pas que je serais foutu de lui coller ma masse sur la gueule moi-même si on savait où il campe ? La Louve dit qu'elle l'a perdu quelque part chez vous, du côté du Premier Lac, mais c'était il y a déjà plusieurs jours.<br />
_Bon, écoute, voilà ce qu'on va faire : dis à ton Roi que je suis d'accord sur le principe, mais que déjà ça va vous coûter 20 pièces d'or et qu'ensuite, soit vous savez me dire au moins à peu près où il est, soit ça risque de prendre pas loin d'un mois (car Vighnu pense savoir où Urgrand devrait se trouver dans environs trois semaines, héhé...). Dis-lui ça et, quand vous aurez la somme, contactez-moi.<br />
_Mais où tu veux qu'on trouve de l'or, nous ?<br />
_Non mais c'est un prix, vous pouvez aussi bien me ramener 200 pièces d'argent, ou 4 lingots d'argent, par exemple. Vous en avez bien, des p'tites barres en argent, prises dans une certaine mine, hmmm ?<br />
_Mais... non. De quoi tu parles ?<br />
_Oh le con ! Rha merde, il fait vraiment chier ce connard de sorcier !<br />
_C'est bien pour ça qu'on t'embauche, oui.<br />
_Bon alors 20 pièces d'or ou l'équivalent, vous trouverez bien ça quelque part pendant que vous vous battez dans la vallée de Cainil, hein, je ne m'en fais pas pour vous. Quand vous avez la somme, vous me recontactez, vous versez la moitié d'avance et, moi, je tue votre sorcier.<br />
_J'espère que d'ici là on l'aura trouvé nous-mêmes, mais sinon, on sauras bien te joindre, ouais. Et bonne journée."<br />
Et pendant que Vighnu se frotte les mains, les Kormes se dispersent dans la forêt sous le regard médusé d'Andréas.<br />
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<br />
== La Ferme-Relais "Le Marchepied" ==<br />
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<br />
Il fait presque nuit noire lorsque les 6 mercenaires fourbus atteignent enfin la ferme-relais qu'on appelle le "Marchepied", au pied de la route montant vers Solerane. Si Oleytan (trop repérable) est laissé avec le matériel dormir à l'extérieur, Diane, Eldan et Herle, bientôt suivis par La Poigne et Le Grêlé (trop crevés pour accepter de se peler le cul à camper dehors), pénètrent les uns après les autres dans l'enceinte de bois où un drôle de type pâle, un albinos efflanqué aux longs cheveux blancs qu'Eldan sait être surnommé "Craie" (chef des gardiens d'esclaves de la mine de cuivre), est en train de passer ses nerfs à coups de fouet sur deux malheureux emishen, une femme et un adolescent enchaînés au puits du milieu de la cour. <br />
<br />
Comptant avec l'albinos un escrimeur tout en noir s'engueulant avec le tavernier (une histoire de chevaux, de halte imprévue et de prix du fourrage) plus 4 soldats portant la livrée du Duc-Gouverneur (donc probablement issus de la garnison de Solerane), et soucieux de sa mission avant tout, Herle tempère ses instincts justiciers et suit la Kerdane dans le corps de ferme transformé en auberge de seconde zone, où il entreprend de noyer sa mauvaise humeur dans la bouteille d'hydromel prise à la Taverne Penchée. Si un jovial marchand de draps nommé Teillard, parti de Celanire vers le "marché de printemps" de Tal Endhil, tente bien d'engager la conversation avec les voyageurs, Diane l'envoie paître rudement (et nos héros se privent de la seule occasion de se renseigner sur la route qu'ils ont à faire) mais lance une petite partie de dés avec Eldan et Herle pour attirer à eux Craie et Esteval (l'escrimeur à l'armure de cuir sombre) et tenter de leur soutirer quelques informations sur l'exploitation des esclaves venteux à Solerane. Justement, les deux gardes-chiourmes, 3 autres collègues et 6 soldats prêtés par la garde sont à la recherche d'une 15aine d'évadés, échappés le matin même de la mine de cuivre. Diane propose bien de participer à la traque contre rétribution, mais Eldan ruine sa tentative d'approche en ne pouvant se retenir d'aller porter un peu d'eau et de pain aux deux malheureux prisonniers. Herle -qui perd aux dés et voit les deux crevures descendre gaiement sa bouteille- semblant se retenir de plus en plus laborieusement d'écraser la tronche de Craie à chaque fois qu'il fait des remarques cruelles sur les "venteux", les voyageurs vont se coucher tôt après un rapide souper et Diane s'arrange assez finement pour que leur propre groupe gagne le contrôle de l'escalier et des 2 rares fenêtres du grenier aménagé en dortoir, qu'ils vont devoir partager avec le binôme d'esclavagiste, les soldats s'installant dans l'étable au dessous.<br />
<br />
=== Rencontre avec des fugitifs ===<br />
<br />
C'est à peu près le moment où, traînant le chroniqueur qui dort debout dans l'obscurité de la route forestière, Vighnu voit soudain jaillir un grand type hirsute de la forêt, qui saute sur le fehnri en tentant de l'étrangler avec la chaîne qui lui lie les poignets : l'assassin pare de justesse avec son katara, une femme armée d'une branche sort à son tour des taillis et Andréas est basculé au sol par une jeune fille qui tente de lui éclater le crâne à coup de pierre, mais il parvient à la repousser de peu (elle est presque aussi épuisée que lui). Reconnaissant une Emishen (et réciproquement) alors qu'il tirait sa dague pour se défendre, l'érudit crie en Langue des Vents "Arrêtez, nous sommes des amis ! Vighnu, ce sont des Emishen !", ce qui suffit à stopper le début de combat et permet à Andréas de proposer de la nourriture et des soins aux esclaves en fuite, finissant de gagner leur confiance. <br />
<br />
Libéré de ses chaînes avec l'aide d'un glaive offert par Vighnu, le trio leur explique avoir réussi à s'échapper des mines de Solerane un peu avant l'aube, grâce à un tunnel vers la surface creusé en secret avec l'aide d'une barde rimdehl nommée Tahalien. Poursuivis depuis le levé du jour par des cavaliers en armes, ils ont perdu la douzaine d'autres évadés qui les accompagnait, dont des jeunes et des enfants et, loin de leurs régions d'origine (la plupart sont des Otlalnan de la Marche des Lisières), ils ont couru un peu au hasard vers le nord et le territoire des Liam'Lon, où aucun Dirsen n'oserait les poursuivre, alors que d'autres avaient préféré tenter leur chance à l'est, vers le Cercle des Hautes-Pierres.<br />
<br />
Les deux Talendan leur expliquent qu'ils sont ici sur le territoire des Elloran et qu'ils auraient de meilleures chances de filer au nord-ouest vers le Cercle des Cascades et, après avoir longuement hésité à repartir chercher les plus jeunes, les trois fuyards un peu retapés finissent par disparaître vers l'ouest avec quelques remerciements.<br />
<br />
=== Evasion nocturne ===<br />
<br />
Nos deux héros retardataires ne sont donc qu'à moitié surpris lorsqu'ils retrouvent Lerkoren Oleytan en compagnie de 5 autres échappés en haillons, dont Tahalien et un ado sérieusement blessés, plus trois mômes, quoique Vighnu soit un peu atterré par le récit du jeune Elloran.<br />
Car après que leurs compagnons soit entrés à l'auberge du Marchepied, Oleytan, attiré par des cris de douleurs, s'est glissé par-dessus la palissade de rondins et, découvrant les deux prisonniers lacérés à coups de fouet, a attendu la nuit noire pour passer à l'action. Il a malheureusement échoué à assommer proprement la sentinelle de faction dans la cour, mais a par contre réussi à la tuer net avant qu'elle ne crie, puis a traîné le corps du soldat dans une grange. C'est alors qu'il s'acharnait en vain à rompre sans trop de bruit un des maillons de la chaîne que Diane l'a interpellé depuis une des fenêtres du dortoir : <br />
_"Psssst ! Mais qu'est-ce que tu branles, merde !? On est pas là pour ça ! <br />
_Je fais mon devoir, tu peux pas comprendre ! <br />
_Mais putain tu va réveiller tout le monde, crétin !". <br />
<br />
L'épée à la main, la Kerdane est bientôt descendue le rejoindre pour le convaincre de ficher le camp et, n'y arrivant pas, a fini par l'aider à détordre un maillon en faisant levier avec son épée, histoire qu'il puisse déguerpir avant que quelqu'un ne les entende. Herle s'est réveillé à son tour, lui a ordonné de rentrer se coucher avant de les griller complètement et, la Kerdane disparue dans l'étable en engueulant un soldat qui se réveillait vaguement sur l'air de "Quoi ? Keskya, on peut plus pisser tranquille, merde ?", Oleytan a sorti discrètement les deux rescapés par là où il était lui-même entré. Apprenant alors qu'ils avaient pu cacher les gosses près de la rivière avant que les cavaliers ne leur tombent dessus, il est ensuite reparti chercher les mouflets de 9 à 12 ans, a nourrit tout le monde et distribué des rations pour le reste du voyage ("Et donc, là, on a plus de vivres, c'est ça ? Heu... un peu, si..."). Il se demandait s'il allait abandonner l'opération pour les conduire aux Cascades quand Vighnu et Andréas sont arrivés. <br />
<br />
Renonçant à l'engueuler d'avantage puisqu'il viennent de faire quasiment la même chose, les deux PJ soignent à nouveau les plaies et brisent les chaînes, ré-expliquent la direction du Cercle des Cascades et, recommandant bien aux fuyards d'éviter les routes pour ne pas être repris, ils s'installent pour bivouaquer et s'offrir quelques précieuses heures de sommeil avant l'aube.<br />
<br />
L'aurore pointe à peine lorsque Herle, Diane et les autres se lèvent, déposent quelques pièces de cuivre dans la grande salle et filent sans prendre de petit déjeuner, pendant que Craie et Esteval constatant la disparition de leurs prisonniers commencent à activer les soldats, et que ceux-ci constatent la disparition d'un des leurs. "Et vous là, vous avez rien entendu ?!? _Nope : nous on dort sérieusement quand on doit se lever tôt." répondent nos héros avant de s'engager, sous la bruine matinale, vers le chemin raide qui monte en lacet vers le nid d'aigle de la cité minière. Rapidement rejoints par Lerkoren Oleytan, Vighnu et Andréas (modérément reposés), ils confèrent sur les évènements de la veille et s'accordent sur un plan : Eldan (puisqu'il connaît Solerane), Andréas (qui compte s'arrêter dans un temple pour se lancer dans l'enchantement d'un document puissamment convaincant pour faire partir le convoi avec une escorte réduite "car tout danger est désormais écarté") et Diane (qui pense pouvoir s'infiltrer dans la-dite escorte) iront en ville pendant que le gros de la troupe ("J'suis pas gros j'suis juste un peu envelo _Ta gueule, La Poigne : t'es lourd.") <br />
attendra caché dans la forêt. <br />
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=== Plan d'action ===<br />
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Dès que le convoi sera prêt à partir, les mercenaires partiront devant pour semer des embûches sur sa route afin de le ralentir (comme un sapin ou des rochers "décrochés par le dégel") : s'ils parviennent à le retenir assez longtemps dans la gorge pentue et traîtresse que les chariots auront de toutes façons du mal à négocier (le segment 2, sur la carte), ils peuvent l'obliger à passer sa première nuit avant le gué sur l'Anil'wel (milieu du segment 3). Le lendemain, la caravane sera donc obligé de forcer l'allure pour sortir de la forêt qui suit (segment 4) avant le crépuscule : réputée dangereuse (c'est, avec la gorge, le site d'embuscade préféré des Kormes, c'est d'ailleurs là que la colonne de Durgaut s'est faite attaquer au début de l'Épisode 1), le mauvais chemin tortueux y sera en cette saison embourbé par les ruisseaux et, avec un peu de sabotage supplémentaire (en creusant par exemple le lit d'un petit torrent pour former une combe traîtresse), l'escorte arrivera dans la vaste prairie marquant le dernier bout droit (5) en fin d'après-midi, épuisée par deux journées difficiles et fera probablement halte, croyant avoir fait le plus dur... Mais c'est justement là que l'attendra notre commando camouflé et grimé en Kormes, qui lui tombera dessus avant qu'elle ait eut le temps de souffler, laissera filer les non-combattants pour qu'ils puissent témoigner de la culpabilité des rebelles mais massacrera impitoyablement tous ceux qui pourraient les avoir vu de trop près au Marchepied ou à Solerane. En se coordonnant avec Diane pendant qu'elle s'isolera "pour pisser" le long du parcours, ça devrait marcher très bien (c'te blague).<br />
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Image à rajouter<br />
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== Enquête ==<br />
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=== Solerane (Diane, Andreas, Eldan) ===<br />
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Entrant en ville par la Porte Basse alors que le crachin continue, le trio d'espions improvisés passent devant les vastes écuries où des palefreniers semblent avoir rassemblé au moins une cinquantaine de chevaux, puis remontent les rues pentues et mal pavées, encadrées d'étroites maisons de pierre et d'ardoise, en direction de l'Hostellerie des Moindres, attenante au temple et tenue par les religieux locaux. Traversant au passage la grand'place surmontée d'un vaste marché couvert au bout duquel s'élève le siège de la Guilde Minière locale, ils constatent que des bouviers attèlent ou chargent des chariots sous les halles, alors que des marchands s'assemblent devant le porche du sanctuaire : ça sent le départ...<br />
<br />
Le réfectoire de l'hostellerie est aussi sombre qu'encombré par une bonne 20aine de mercenaires pour la plupart loqueteux, de forestiers et de négociants qui semblent tous attendre qu'un sergent courtaud et obèse s'occupent d'eux : Eldan le connaît sous le nom de "La Boule" comme le membre le plus corrompu de la garde locale, qui offre fréquemment les services de ses hommes à Jornil Cuivré et laisse prospérer les coupes-jarrets qui hantent avec son fils Jorem la boutique d'un marchand de vins, "Le Carafon".<br />
Pendant que Diane réussit à se bouffer le nez avec l'épaisse bonne-sœur qui sert pain et brouet aux clients (c'est une manie), Andréas trouve son chemin vers la sacristie pour demander au prêtre s'il pourrait s'y installer pour "travailler dans le recueillement nécessaire à ses enluminures". [Sur un jet de "Contacts dans la Pègre" réussit], Eldan le brigand repenti avise bientôt un drôle de novice qui accueille les voyageurs dans la cour en semblant éviter la salle, qu'il reconnaît illico comme un croche-bourse du coin, déguisé pour pouvoir "courtoisement débarrasser les voyageurs de leurs bagages" sans se faire trop remarquer des sœurs et des vrais disciples du Culte (et puisque je peine à lui donner un nom, il le baptise "Boule-de-Suif"). Son camarade interpellé en plein travaille lui explique que La Boule est venu sélectionner les meilleurs combattants disponibles pour les intégrer à l'escorte du convoi minier, les autres devant se contenter de la moindre paye offerte à l'escorte d'une caravane marchande qui devait partir ce matin avec un troupeau de chevaux emishen, mais qui a pris du retard malgré les tentatives du Cuivré pour les faire activer, allant même jusqu'à participer à la solde des convoyeurs pour peu que les marchands acceptent d'ouvrir la route en précédant d'une journée ses propres chariots. Bien sûr, quelques piécettes peuvent toujours faire pencher le jugement de l'adipeux sergent. "Et sinon, on peut saluer des copains au Carafon ? _Ben non, curieusement, y a quasiment personne depuis hier, déjà : ch'ais pas où ils sont tous passés. Même la bande à Jorem elle y est pu'..." <br />
Mais cette "cervelle de moineau" d'Eldan aura tôt fait de perdre l'information.<br />
<br />
Jugeant plutôt minables les guerriers déjà choisis, Diane se porte volontaire et décide de démontrer ses talents à l'arbalète en faisant tinter la haute cloche du temple d'un carreau tiré depuis le fond de la cour, selon un angle de tir particulièrement réduit par les étroites voutes du clocher et dans la visibilité voilée par la pluie et la grisaille : "Si une gonzesse y arrive, j'veux bien l'embaucher, tiens !" ironise La Boule. Et si Eldan s’éclipse vivement vers le campanile pour faire sonner la cloche du pommeau de sa dague si la Kerdane devait manquer, il n'a pas encore atteint le sommet qu'un trait ricoche sur le bourdon et faisant sonner le bronze avant de retomber côté grand' place. <br />
_"Et sinon, c'est combien la paye ?" demande la tireuse d'élite d'un ton narquois, avant d'aller rejoindre la table où attendent déjà les autres vainqueurs, deux étrangers à l'air farouche et une paires de jeunes imbéciles qui se présentent comme "Trevan de Rigorne, chevalier errant ! <br />
_Et Gavin, son loyal écuyer. <br />
_Ah ben putain, si c'est le haut du panier j'ose pas voir le fond..." <br />
leur décoche Diane, toujours aimable.<br />
Informé que le convoi va de toutes façons partir le lendemain, que Diane y est embauchée, que l'éclaireur doit aller acheter quelques provisions pour le reste de l'équipe et puisque les religieux sont tous très occupés avec la foule des clients, Andréas profite du reste de sa matinée pour étudier bien tranquillement sa récente trouvaille.<br />
(Spoiler même pour les joueurs de cet épisode : En examinant les bagues mobiles qui se découpent dans la sphère d'or-rouge héritée de Langard, le mage découvre qu'elle est à la fois un focus capable de stocker de l'Essence magique, un catalyseur qui facilite le transfert d'Énergie vitale pour la chargre plus facilement et un amplificateur doublant la portée de la plupart des sorts : bien qu'il ait du payé 2pH pour la retrouver, Andréas Odran est ravi ! Bien sûr, il ignore encore que le spectre de son défunt propriétaire y a été piégé, et qu'il se manifestera lorsque l'objet sera suffisamment rechargé…)<br />
<br />
=== Interlude Forestier (Vignu, Herle) ===<br />
<br />
Pendant ce temps, Vighnu et Herle se sont éloigné dans la forêt après avoir entendu de lointains aboiements : voulant voir de quoi il retourne, ils découvrent une petite chaumière isolée, où une mère de famille fend du bois avec dextérité pendant que ses deux jeunes enfants jouent en rassemblant les demi-bûches sous l’œil de deux énormes dogues de Marale, des molosses presque aussi hauts que des poneys. En s'approchant sous le vent, les mercenaires réalisent que ce doit être la demeure de Thuril le Brun : un forestier réputé dans la région et qu'Eldan leur a expliqué servir régulièrement de guide aux caravanes, en particulier celles de Jornil Cuivré, de loin son meilleur employeur. Ils envisagent un moment de kidnapper un môme pour forcer la coopération de son père, mais après avoir considéré la maman qui fend les bûches d'un coup de hache expert, l'agitation grandissante des chiens, la taille du chenil trop vaste pour "seulement" deux dogues et les probables galères d'avoir à balader un otage de 5 ou 8 ans, les deux farouches guerriers renoncent.<br />
<br />
En rejoignant leurs camarades, ils aperçoivent les traqueurs d'esclaves qui patrouillent les flancs de la montagne et se dissimulent tous si bien qu'Eldan, sorti de la ville basse pendant que le premier convoi s'y assemblait pour partir enfin, va avoir bien du mal à les retrouver. Déposant les provisions en expliquant que Diane a réussit à intégrer l'escorte, l'éclaireur repart aussitôt pour lui transmettre les derniers détails du plan et une dague empoisonnée par les bons soins de Vighnu, "en cas de besoin". <br />
<br />
_"Pis ramène le chroniqueur, aussi : on s'arrache dès que la première caravane a fini de descendre la route. <br />
_Mais vous vouliez pas que j'aille jeter un œil à la mine, pour repérer l'autre convoi ? <br />
_Il part demain matin, non ? Qu'est-ce qu'on besoin de savoir d'autre ? Grouille !"<br />
Et ce fût leur deuxième erreur…<br />
<br />
<br />
<br />
== Préparation du terrain ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Sabotage (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
À peine une heure derrière les quelques chariots de marchandises et le troupeau de chevaux qui labourent la route humide devant eux, le commando se met donc en marche en milieu de journée, avançant d'un pas tranquille pour éviter de les rattraper. La fin d'après-midi leur offre une vague éclaircie lorsque, quasiment à mi-pente de la gorge encaissée où les cailloux roulent sous leur pas, ils avisent un sapin qui penche déjà un peu depuis le versant hérissés de rochers du ravin : passant des cordes autour du tronc, Herle, La Poigne, Vighnu (mollement, hein, il est fatigué), Le Grêlé et Oleytan tirent de toutes leurs forces pour finir de le déraciner. Le templier défroqué s'énerve au passage et, quand ses compagnons remarquent que la chute de l'arbre n'a pas l'air très naturelle, il escalade la pente avec La Poigne pour déclencher à eux deux un éboulement susceptible d'expliquer l'accident. Après qu'une coulée de rochers se soient répandus sur la route et que le colosse ait cogné le tronc à coups de pierres pour parfaire la mise en scène et dissimuler les marques de cordages laissées dans l'écorce, l'équipe décide de souffler un peu avant de repartir... et Vighnu remarque alors une silhouette qui les observe de loin, dissimulée parmi les sapins en haut de la crête.<br />
(Si Andréas Odran a tout intérêt à garder le secret de ses talents magiques pour éviter de finir au bûcher, surtout lorsqu'il voyage avec un ex-templier, Hadrien Muraille et Adira Pratesh les ont découvert lorsqu'ils étaient enfermés dans la mine et le fehnri en a évidemment parlé à son cousin : malgré ses craintes instinctives concernant la sorcellerie, Vighnu a abordé le sujet avec Andréas qui s'est montré assez ouvert sur le sujet pour le rassurer...)<br />
<br />
Après avoir discrètement averti le reste de ses camarades de la présence d'un observateur discret et leur avoir recommandé de faire "comme si de rien n'était", Vighnu et Andréas s'éloignent innocemment loin des regard inquisiteurs en pénétrant sous les frondaisons qui bordent la gorge en se donnant vaguement l'air de chercher des plantes : <br />
_"Tu peux le chroniquer d'ici, demande l'apothicaire dès qu'ils sont loin de Herle ? <br />
_Assieds-toi avec moi et (Andréas sort la sphère première de son sac) pose tes mains là-dessus, là et là. <br />
_Je sens que je vais pas aimer.... <br />
_Sans doute mais j'ai pas l'énergie pour le faire moi-même alors tu participes où il va se tirer." <br />
Dès qu'ils ont tous les deux les mains sur la sphère de métal rouge, Vighnu se sent soudain très fatigué [ça lui coûte 4 points de Fatigue, mais ça fait 8pts d'Essence pour alimenter les sorts d'Andréas, qui en a bien besoin vu comme il peine depuis plus de deux jours qu'ils sont en marche] et, les yeux fermés par la concentration, le chroniqueur annonce à son camarade : "Il n'y a qu'un seul type, mais il s'éloigne vers... un cheval. Plein nord, au sommet de la gorge. Il sait qu'on l'a repéré. Il se dépêche parce que... le sentier qu'il veut prendre rejoint la route un peu plus haut. <br />
_Tu peux le neutraliser ? <br />
_Je vais essayer mais... <br />
_Fais au mieux, je préviens les autres !"<br />
<br />
=== Interrogatoire ===<br />
<br />
Quand Vighnu sort des bois tout essoufflé en appelant ses compagnons, il explique brièvement que le guetteur est en train de s'enfuir à cheval, mais qu'ils peuvent tenter de lui couper la route et Oleytan s'élance le premier, remontant la gorge au pas de charge, suivi de près par Eldan, Herle de Lorune et le Grêlé. Ils ont beau courir de toutes leurs jambes sur le chemin rocailleux, le cavalier dévale la pente plusieurs centaines de mètres plus haut qu'eux... et tombe de selle en atteignant la route.<br />
<br />
"Quand on sait pas monter..." grommelle Herle, dégageant l'arc qu'il avait en bandoulière en cavalant de plus belle : son cheval trottant pour s'éloigner des ennuis, le guetteur se relève à peine lorsque Lerkoren Oleytan arrive sur lui le glaive à la main, mais réussit à dégainer sa propre épée en se remettant sur ses pieds, à parer et à lui coller un grand coup de pommeau à la tempe, séchant le jeune Elloran avant qu'Eldan ne soit à portée de lame. Le cavalier esquive le coup mal ajusté du Moineau en bout de course et, voyant arriver d'autres adversaires, dégage vivement sur le versant boisé qui descend vers le torrent. Mais Herle de Lorune a stoppé et décoché une flèche, et malgré la distance elle vole entre les arbres, racle l'écorce d'un boulot et transperce le genou du fuyard [3 pions de Fatigue et 1pH : Ego' voulait vraiment le choper] qui bascule dans dans la pente en rebondissant contre les troncs et les rochers. Un instant soufflé par l'expertise du tir, Oleytan, Eldan et le Grêlé regardent le Défroqué d'un air médusé, celui-ci leur fait signe d'aller chercher leur proie et, s'asseyant pour souffler sur un rocher, débande son arc en déclamant un poème sur la rudesse de la vie au bord des eaux [il faut préciser que pendant qu'on joue sur Rolisteam, Ego' dégotte des poèmes de circonstance qu'il déclame à brûle-pourpoint quand il a besoin de libérer de la Tension : ça fait toujours son petit effet et lui obtient à chaque fois le bonus du public]. Le Grêlé en reste un moment comme deux ronds de flanc, puis l'ex-inquisiteur dégage sa dague et, descendant à la suite d'Eldan avec le mercenaire sur les talons, annonce : "Bon, c'pas le tout : au boulot."<br />
<br />
Et pendant qu'Oleytan s'éloigne pour récupérer le cheval, sous le regard mortifié d'Eldan qui a eu tant de mal à récupérer le blessé dans le torrent, à le traîner sur la berge et à lui faire un garrot, Herle entreprend d'interroger le prisonnier, d'abord en lui expliquant qu'il parlera de toutes façons et que ce n'est qu'une question de temps et de douleur, puis en tournant la flèche dans la plaie pour illustrer son propos. Alors qu'Eldan, dégouté, s'éloigne, le cavalier commence à révéler qu'il n'est que l'éclaireur d'une bande de types chargée de suivre le convoi... lorsqu'il tourne de l’œil, moins à cause de la souffrance que des blessures reçues : ayant rejoint ses camarades depuis quelques instants déjà, Vighnu l'examine et, constatant que le prisonnier cumule un sérieux hématome à la tête et des côtes fracturées à sa blessure au genou, annonce qu'il risque d'avoir un peu de mal à le garder en vie plus de quelques heures. <br />
_"Et qu'est-ce qu'il a sur la poitrine, demande le chevalier ? <br />
_Tatouage de voleur, explique l'assassin-apothicaire : la Confrérie du Chacal, une espèce de regroupement de brigands, mais j'ai entendu dire qu'ils commençaient à trafiquer des armes dans le coin. <br />
_Non. Ce sont des démonistes ! <br />
_Hein ?! Houlà, non, non, je vous assure messire ils... <br />
_L'étoile à neuf branches est le signe du démon, Maître Pratesh, et cette créature doit être décapitée et brûlée séance tenante. <br />
_Quoi ?! Mais non, enfin, on allait l'interrog... <br />
_Nous ne tolérerons pas l’œuvre du démon et vous n'en serez pas complice, Maître Pratesh, ou bien vous aurez à faire à moi !" <br />
Malgré les protestations de ses camarades, Sire de Lorune défait le long paquet qu'il a sur le dos depuis le départ et en dégage une lourde épée bâtarde à la lame gravée de runes antiques et dont la garde rougeoyante rappelle à Vighnu une certaine sphère : avant qu'il ne puisse s'interposer, l'épée s'abat et la tête du malheureux tombe, tranchée net, entre ses genoux [oui, Herle vient d'exécuter le "peunj-d'information" pour produire une Réaction à 5].<br />
<br />
Image<br />
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=== Fuite ===<br />
<br />
"D'autres cavaliers arrivent !" les avertit Oleytan depuis le chemin, où il monte maintenant le cheval récupéré. Ne sachant pas s'il s'agit de brigands ou de simples civils et préférant éviter de laisser une "scène de crime" qui mette la puce à l'oreille du convoi, les mercenaires bascule le corps dans le torrent et dégage vers l'aval, histoire de dépasser leur éboulement avant d'être vus. Emportant la tête pour la brûler plus tard, Herle s'élance sur le chemin à la suite de ses camarades. Ce n'est que lorsqu'ils ralentissent au bas de la gorge qu'ils s'avisent qu'ils ont oublié Andréas et La Poigne, à qui Vighnu avait ordonné de rester près du chroniqueur pour le protéger : <br />
_"Non mais ils sont pas débiles, non plus, ils auront dégagé en nous voyant passer... <br />
_On parle de La Poigne là : le gars qui reste allongé près de l'arbre les yeux fermés pendant qu'on poursuit un cavalier parce qu'on lui a dit de faire "semblant de rien". <br />
_Bon, Oleytan, tu retournes les chercher à pied en passant par les crêtes, on se retrouvera près du gué." <br />
Et le matériel chargé sur le cheval, notre commando hautement qualifié repart d'un pas tranquille sous la bruine persistante.<br />
<br />
=== Reflexions ===<br />
<br />
Sous les pas des mercenaires, une plaine vallonnée, couverte de hautes herbes et parsemée de bosquets, succède bientôt à la forêt escarpée. Une éclaircie illumine le paysage et, quoiqu'en regardant régulièrement par-dessus leur épaule, les PJ en profitent pour sécher un peu en devisant sur la suite. Ce n'est qu'en arrivant au bord du fleuve que Herle insiste pour faire une pause et observer sérieusement les environs, des fois que les Démonistes ("Mais c'est juste des petits truands qui se donnent un genre ! _Des dé-mo-nistes !") aient posté un autre guetteur ou que la première caravane soit encore à portée de vue. Les abords de l'Anil'wel ("la Rivière du Passé") sont remarquablement calmes, mais la profondeur des empreintes de chariot laissées sur la berge intrigue le templier : <br />
_"Qu'est-ce qu'il y avait exactement dans ces chariots, Eldan ? <br />
_Heu... un de draps et fourrures, un de ferronnerie, chaudrons, ce genre de trucs, et puis un p'tit chariot de matériel, les vivres de l'escorte, tout ça. <br />
_Grand et gros, le chariot de chaudrons ? <br />
_Pas très non, pourquoi ? <br />
_Parce je commence à me dire que si j'étais un maître-contrebandier qui se méfie d'une attaque sur le convoi le plus important de l'année, j'aurais peut-être bien camoufler le vrai chargement dans la première caravane et tendu une embuscade autour de la seconde…"<br />
<br />
Après avoir passé le fleuve, et puisque la journée touche à sa fin sous les nuages noirs qui s'accumulent à l'est ("Gros orage en provenance de la mer, annonce le Moineau. _Trouve-nous un bon site de bivouac, faut qu'on puisse se reposer ce soir.") le groupe discute toujours de ses soupçons en interrogeant Eldan sur milles détails, puisqu'ils est le seul parmi eux à s'être rendu en ville et à avoir observé les préparatifs de départ. Montant un campement étonnamment confortable à base de branchages installés entre de gros rochers, sur les contreforts des hauts plateaux à l'ouest de la route (en limite de zone 4, sur la carte) et bientôt rejoints par Oleytan suivi d'Andréas juché sur le dos de La Poigne, l'équipe continue de réfléchir à l'idée du Templier.<br />
<br />
Et, à force de se creuser la cervelle, Eldan commence à se remémorer divers détails troublants (les mises en garde du Capitaine ; la désertion du Carafon (d'ordinaire quartier-général des truands et en particulier des séides de Jorem Cuivré) ; Jornil qui pressait le premier convoi de partir au point de payer une partie des frais de l'escorte, finalement un peu excessive pour des marchandises sans grande valeur et comptant assez peu de cavaliers pour que le troupeau de chevaux soit sa principale préoccupation ; les drôles de "barbares" qui trainaient à l'Hostellerie avec Diane), Andréas raconte sa première rencontre avec les Chacals au Cercle des Cascades, Vighnu et Eldan ajoutent leurs connaissances sur la pègre du nord... Il leur faut un moment pour constituer une théorie viable mais, lorsque Herle de Lorune revient de l'incinération de la tête tranchée, ses compagnons se sont rangés à son avis : le butin est caché dans la première caravane (qui n'a que 3 ou 4 heures d'avance sur eux et a du elle aussi s'arrêter pour la nuit), et le deuxième convoi est un piège à leur intention, pour lequel Jornil a embauché les Chacals, originellement venus des Sylves, tout comme Urgrand le sorcier barbu qui les a mis en relation avec les rebelles. _"Je vous avez bien dit que c'était des démonistes ! Quand on aura fini cette mission, faudra faire la peau à ce sorcier. _Nous en reparlerons certainement, sourit Vighnu."<br />
<br />
=== Interlude Lointain ===<br />
<br />
Pendant ce temps à Tal Endhil, le Capitaine prend Ranyella Sotorine à part à la fin d'une des nombreuses sessions qui occupent la Guilde depuis le début de la semaine et, alors qu'il voulait lui parler transport nautique et diplomatie locale, la cheffe kerdane lui remet 4 pièces d'argent : <br />
_"À quel titre ? <br />
_Une de vos mercenaires a envoyé un message à Écume 6 en demandant qu'on lui envoie une barge au Lac d'Acier. La réponse est que nous avons déjà perdu une barge récemment, que ma famille a autre chose à faire et que la mercenaire en question a perdu le privilège de faire appel à nous : vous seriez gentil de transmettre. <br />
_Oh... merde !"<br />
Et le Capitaine fonce illico au Cercle des Cascades, insiste pour parler urgemment à quelques chamans de sa connaissance et fini par demander à Kal Shemon'Lon de bien vouloir passer un message à Vighnu et Andréas : "Seulement si j'peux mett' un monstre marin. Ça donne du cachet aux visions, les monstres marins. Hihi."<br />
<br />
<br />
<br />
== Infiltration ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Soirée à Solerane (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
À l'Hostellerie des Moindres, après qu'Eldan soit passé en coup de vent lui déposer une dague empoisonnée ("T'aurais rien de plus liquide, pour épicer les vivres de l'escorte ? _Ah heu ben non, mais j'vais demander à l'apothicaire.": jamais revenu), Diane fait connaissance avec ses futurs compagnons de route : si les deux "barbares" au poil noir et à l'air revêche ne font toujours aucun effort pour converser dans la Langue des Pères, elle découvre que le jeune "chevalier errant" Trevan de Rigorne et son fidèle écuyer sont venus au nord "en quête de gloire et d'aventure" et que, malgré leur bref engagement dans les troupes mercenaires ("parce qu'on y voit plus d'action !"), l'aventure leur a fait jusqu'ici plutôt défaut : une escorte de caravane vers Celanire (et quelques troubles sur place dus à l'arrivée d'un nouveau prêtre assez radical), mais toujours pas de glorieux combat. Ils comptaient s'engager dans les troupes d'un héros local, le fameux Capitaine Durgaut de Tal Endhil ("Qui ? Non, 'connais pas...") mais comme Trevan est incapable de réduire son train de vie, les voilà pour l'instant fauchés et ils repartent vers Darverane avec le fourgon de métal, dont le jeune chevalier espère bien qu'il sera attaqué (pour se couvrir de gloire), afin de gagner assez d'argent pour un second cheval (Gavin l'écuyer se plaint de courir derrière depuis deux mois).<br />
<br />
Un très bref duel d'entraînement avec lui permet par contre à Diane de constater que Trevan est extrêmement bien entraîné à l'épée, malgré son inexpérience du combat réel et sa rafraichissante "naïveté". Si son écuyer a d'avantage les pieds sur terre, Diane ne doute pas de pouvoir par contre les manipuler (et ne se préoccupe pas plus que ça d'aller jeter un œil au fourgon ou à la mine).<br />
Elle rencontre bientôt Thuril le Brun, le massif forestier accompagné de deux dogues en charge de guider le convoi, qui vient les avertir d'être prêts le lendemain avant l'aube.<br />
<br />
=== Rêves collectifs (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
Pendant qu'elle dort tranquillement à l'Hostellerie, le tumulte de l'orage qui s'abat sur la plaine est bientôt interrompu par un hurlement de frayeur : sous son abri de branchage, Vighnu vient de s’éveiller d'un horrible cauchemar, une histoire de barques irrémédiablement coulés et de monstre marin qui le dévorait. <br />
_"Ça commençait par un faucon ricanant dans la nuit et finissait par un petit oiseau qui te guidait vers un sentier lumineux dans la montagne, demande Andréas ? <br />
_Heu... oui, mais je t'avoue que je me suis réveillé après le poisson géant. <br />
_C'est drôle, moi j'ai juste vu une espèce de grosse murène rôder dans l'eau, mais à part ça, je pense qu'on a fait le même rêve, envoyé par Kal Shem'... <br />
_C'est important les rêves, coupe Herle de Lorune, ce sont souvent les Ancêtres qui nous les envoient. <br />
_Voilà. <br />
_J'allais le dire. <br />
_Et dis-donc, le Moineau, un chemin dans la montagne, ça te dit quelque chose ? <br />
_Ah heu...oui. Le Capitaine avait prévu une solution de secours si on trouvait pas d'embarcations, c'est au nord de Celanire. <br />
_Et c'est fiable ? <br />
_Les plans du Capitaine sont toujours fiables ! <br />
_Suis-je bête. Bon ben demain on peut s'épargner d'aller voir si les Kerdans sont arrivés à la presqu'île et foncer plein sud dès l'aurore pour rattraper le convoi..."<br />
<br />
=== Départ du convoi (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
Et le jour n'est pas encore levé que Diane, Trevan, Gavin et les deux barbares Sylvains dont elle n'a tiré que les noms (Rumbold et Jaromir) rejoignent avec Thuril la mine de cuivre, un véritable petit fortin dont sortent bientôt des cavaliers (dont Craie et Esteval, qu'elle reconnaît et qui la reconnaissent, mais aussi un jeune gandin qui s'avèrera vite être Jorem Cuivré, le fils du grand patron), quelques fantassins supplémentaires, un lourd fourgon de chêne fermé par une porte cadenassées et un petit chariot de matériel tiré par des mules. Retraversant la ville vers la porte basse dans le fracas des roues et des bêtes sur le pavé, le convoi descend laborieusement la route vers le Marchepied en brinquebalant ("Bloumboudoum font les coffres dans le fourgon fermé. _Super : tu fais vachement bien le coffre. _Okaaay... _Ben quoi ?") puis oblique plein sud dans le petit matin.<br />
Très vite, l'arbalétrière comprend qu'entre Craie, Thuril et Jorem, il y a deux chefs de trop dans ce convoi, et en profite pour attiser les inimitiés au sein de l'escorte. Dès qu'elle et d'autres piétons sont employés à retenir les chariots dans la route pentue qui serpente le long du torrent, il lui vient une autre idée pour ralentir le convoi : profitant d'un dérapage du fourgon ("moins lourd qu'il n'y parait... _Ben tant mieux.") <br />
sur la route bourbeuse, alors qu'elle tirait de l'arrière, Diane s'arrange pour que le véhicule passe sur l'un des cochers descendu pour freiner par l'avant, et le conducteur hurle lorsqu'une des roues de bois ferré lui sectionne la jambe à hauteur du genou. Dégager le pauvre gars et lui prodiguer les soins nécessaires, quoique probablement inutiles (le type ne s'en sortira pas sans un bon chirurgien) stoppent le convoi pendant un long moment. Diane en profite d'ailleurs râler sur la paye, semer encore un peu plus la discorde dans l'escorte et monter Trevan de Rigorne contre Craie en proposant de rentrer à Solerane pour repartir du bon pied, mais l'esclavagiste albinos est vite soutenu par Esteval et, à eux deux, ils ramènent un semblant de discipline dans l'équipage qui reprend la route.<br />
<br />
Toujours attentive aux alentours, Diane commence à avoir l'impression distincte que des bruits de sabots suivent le convoi par les crêtes et, lorsqu'elle propose d'aller voir, Craie insiste pour envoyer plutôt Jaromir et Rumbold, les deux Sylvains. <br />
_"Dis-donc Trevan, demande-t-elle au jeune chevalier, les deux barbares, là, ils ont été sélectionnés comment ? <br />
_Je ne sais pas, Mademoiselle : je ne crois même pas que le gros sergent les ait mis à l'épreuve, ils ont été embauchés tout de suite. <br />
_Tiens donc..." Et bien sûr, lorsque les deux éclaireurs reviennent "sans avoir rien trouvé", Diane et Gavin espionnent leur bref rapport à l'albinos, la Kerdane entendant quelque chose comme "perdu un gars... <br />
_Dis-leur de garder leurs distances, merde !"<br />
<br />
Lorsque le jeune chevalier et un des Sylvains, chevauchant tous deux à l'avant-garde, signalent un l'éboulement barrant la route, le convoi s'arrête à nouveau, l'escorte se déploie en position défensive et la Kerdane décide d'escalader le pierrier pour en avoir le cœur net : trouvant les empreintes de deux paires de très grands pieds, elle déduit que l'éboulement est l’œuvre de La Poigne et du Défroqué, mais préfère inquiéter les autres pour perdre encore du temps. Le convoi ne repartant qu'après avoir utilisé les mules pour traîner le sapin tombé hors du chemin, Diane s'installe à côté de Thuril le Brun sur le banc du fourgon et entreprend de lui expliquer qu'il se passe des choses très bizarres autour de ce transport, surtout que les Sylvains et Craie semblent comploter un truc bizarre avec des cavaliers qui les suivent [Réaction de Témérité à 5]. Manifestement surpris (et convaincu), le Brun essaye pourtant de dissiper les soupçons de la Kerdane mais ne parvient qu'à éveiller de nouveaux doutes : le guide serait-il de mèche avec d'autres gars voulant braquer le convoi ?<br />
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=== Fuite meurtrière ===<br />
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Avec tout ce temps perdu, il fait déjà presque nuit lorsque la caravane fourbue s'installe pour camper juste avant le gué et que Craie insiste pour envoyer les deux Sylvains et Diane "chercher du bois pour le feu", à bonne distance du camp puisque les premiers bosquets sont à plusieurs centaines de mètres. Méfiante, la Kerdane avertit Gavin et ne suit les deux barbares qu'en traînant les pieds et son arbalète sous le bras, le temps de chercher une solution : elle observe le terrain en détail, évalue les distances... Lorsqu'elle réalise que Craie et Esteval arrive derrière elle depuis le camp alors que les Sylvains la prennent en tenaille par l'ouest, elle se penche pour ramasser une branche morte... et disparaît complètement dans les taillis et le soir qui tombe.<br />
<br />
[À 4 contre 1, Diane est sérieusement dans la mouise, surtout qu'Orlanth refuse d'employer ses pH pour autre chose que progresser. Mais briefé en détail sur les options tactiques d'un sniper et anticipant finement sur ses Mises, il va commencer par un énorme jet de préparation, dégageant 16 pts de bonus temporaires qui ne vont pas être de trop...]<br />
<br />
Transmettant des indications par signes aux deux Sylvains, Craie et Esteval resserrent l'étau autour de la Kerdane... Du moins le croient-ils car, camouflées dans un bosquet à quelques distance, elle se trouve déjà hors de "l'encerclement" et visant soigneusement, elle attend le bon moment pour tirer en comptant sur la fatigue et la tension de ses adversaires. Et lorsque que, croyant avoir vu un buisson bouger, Craie fait claquer son fouet dans le feuillage, l'arbalète claque sans être entendu et Esteval s'écroule sans un râle, un carreau lui ayant perforé le crane par l’œil gauche. Jaromir, l'éclaireur sylvain qui progresse discrètement l'arc tendu, est maintenant la cible la plus excentrée : Diane recharge et lorsque l'albinos -dont les longs cheveux blancs se distinguent nettement malgré le crépuscule- se retourne pour appeler à voix basse son camarade disparu, un second trait claque et se fiche dans la trachée de l'archer, qui s'effondre en gargouillant du sang.<br />
<br />
Immédiatement, Rumbold et Craie comprennent qu'on leur a retourné l'embuscade et cherchent un couvert, mais l'esclavagiste commet l'erreur de vouloir reprendre l'offensive : dégainant son tranchoir et ré-enroulant son fouet, il s'élance en zigzaguant entre les rares bouleaux pour atteindre l'origine du tir... où Diane n'est déjà plus. Et lorsqu'il se retourne pour la chercher du regard, un carreau l'atteint en plein front. <br />
<br />
Alors que des voix commencent à se faire entendre vers le campement, le dernier Sylvain récupère l'arc de son compagnon et, restant prudemment à couvert, scrute le sous-bois en se déplaçant silencieusement vers l'ouest et les profondeurs de la forêt. Rumbold lâche une flèche lorsqu'une ombre se détache brièvement parmi les arbres mais manque de plusieurs coudées, et les deux tireurs continuent leur lente et silencieuse danse parmi les taillis, s'éloignant toujours plus du camp vers la forêt, chacun cherchant à repérer sa cible autant qu'à réduire la distance en restant à couvert... Mais lorsqu'il atteint une longue clairière, le Sylvain doit choisir s'il s'arrête ou s'aventure à découvert et, manifestement décidé à continuer vers l'ouest ou les arbres sont plus dense [et lui permettrons de réduire l'avantage fournit par la portée de l'arbalète], il s'élance soudain au pas de course : il n'a pas fait 10 pas qu'un carreau le cueille en pleine cuisse. Il riposte pourtant, mais manque encore et, étalé dans les hautes herbes, à flèches, il a le réflexe de ne plus bouger et d'attendre que la Kerdane soit obligée de s'approcher : lorsqu'une silhouette blonde apparaît, il se redresse sur un bras pour lancer sa hache mais un dernier carreau lui perce le crâne avant qu'il ait pu finir son geste.<br />
<br />
Accroupie à la lisière des bois, Diane écoute la nuit en reprenant son souffle : s'il lui semble entendre un lointain piétinement de sabots dans la forêt, une chouette ulule à l'ouest quand elle reconnaît le timbre de Trevan approchant par l'est et appelant à mi-voix "Mademoiselle ? Mademoiselle ?". Elle fouille rapidement le corps de Rumbold, récupère le projectile qui saillit de sa jambe et, en plus d'un curieux appeau, d'une solide dague, de quelques pièces de cuivre et d'un lacet d'étrangleur, elle découvre un curieux tatouage sur son sternum, une sorte de loup très mince sur fond d'étoile et de forêt. Soufflant tout bas dans l'instrument, elle émet une sorte de ululement et comprends que d'autres Sylvains appelaient leurs compagnons. <br />
<br />
Quand le jeune chevalier la rejoint enfin, troublé de constater qu'elle vient d'abattre 4 hommes dont leur chef (et qu'il a encore manquer l'action), elle n'a guère le temps de lui expliquer la situation en détail mais, avec l'aide de Gavin qui finissait de fouiller les corps, parvient à le convaincre qu'elle est "la gentille" de l'affaire. Et qu'ils sont tous en danger : il faut fuir, tout de suite, sans repasser par le camp. "Mais je ne peux tout de même pas abandonner mon destrier, proteste le "chevalier errant" ! _Et puis j'ai trouvé la clé du fourgon autour du cou de Craie, fait remarquer Gavin : ça vaudrait le coût de jeter un œil..." (On pourra pas dire que j'ai pas essayé.) <br />
Diane hésite un instant, car la tentation est forte, mais se ravise et, tirant doucement le chevalier confus par le bras, elle l'entraîne avec son écuyer vers le fleuve, contourne le camp par la rive, trouve le gué malgré la nuit et, alors qu'un fort tumulte et une cavalcade semble agiter le bivouac derrière eux, ils disparaissent dans la nuit et les flots grondant...<br />
<br />
Ils marchent depuis plus d'une heure, que le chevalier a passé à se plaindre de la perte de son cheval, du poids de son pavois et de ses pieds douloureux, lorsque Diane et Gavin réalisent que des cavaliers sont à leurs trousses : quittant le chemin pour tailler à travers bois, le trio sème temporairement ses poursuivants dans l'épaisseur des taillis et tente de prendre un maximum d'avance avant l'aube (passant sans le savoir à peu de distance de l'endroit où, la nuit précédente, ses compagnons ont campé pour s'abriter de l'orage).<br />
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== Dernier tronçon ==<br />
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=== Sabotage d'un chariot ===<br />
<br />
Durant la journée, Vighnu, Andréas sur le cheval, Herle de Lorune, Eldan, Oleytan, le Grêlé et la Poigne ont continué d'avancer à marche forcée sur la route forestière (segment 4 du trajet) détrempée tant par l'orage de la nuit que par les quelques ruisseaux qui s'écoulent vers le lac, grossis des eaux de pluie. Eldan, le plus leste de la bande, a rapidement pris de l'avance sur le reste du groupe en espérant rattraper la caravane assez tôt et trouver moyen de la ralentir jusqu'à ce que ses camarades le rejoignent. Et en effet, lorsque l'après-midi touche à sa fin et que le Moineau émerge de la forêt (début de zone 5), il découvre le troupeau de chevaux paissant tranquillement dans la grande prairie en bordure du Lac d'Acier, près des trois chariots arrêtés au bord du chemin entre lesquels les voyageurs ont allumé un petit feu pour sécher leur paletots. La moitié d'entre eux prennent d'ailleurs le soleil ou nettoie leur vêtements bourbeux sur la berge pendant que les autres cassent la graine et se reposent de la rude journée qu'ils viennent de passer à pousser les carrioles dans le chemin forestier tout à la fois étroit, sinueux, bourbeux, rocailleux et coupé par les crues miniatures (argl).<br />
<br />
Profitant des hautes herbes et de ce que seulement trois sentinelles semblent encore (vaguement) se préoccuper de monter la garde, le Moineau progresse par l'ouest, traverse la route sans être vu et se glisse subrepticement jusqu'au chariot de ferronnerie. Il entreprend alors d'arracher avec sa dague les clous qui maintiennent une des roues arrières sur l'essieu, mais il n'a pas tout à fait le temps de finir que l'arrivée de l'unique sentinelle à cheval, qui commence à réunir les chevaux égayés e vue du départ, l'oblige à se dissimuler sous la carriole. Son mouvement d'ailleurs trop vif et trop peu discret fait se cabrer l'un des chevaux, la sentinelle descend de selle pour voir ce qui se passe alors qu'une autre est descendue du chariot de draps (étrangement le seul où un garde soit resté en faction) : Eldan, bientôt coincé, ne s'échappe qu'en profitant d'un instant d'inattention né du chef de convoi qui bat le rappel de ses compagnons, juste le temps pour lui de retraverser la route et de s'éloigner en rampant dans les hautes herbes. Néanmoins, la roue d'un des chariots ne tient plus que par un clou et l'éclaireur a reconnu l'homme qui gardait le chariot "de draps" : c'est Darjodrahl, le garde du corps/assassin hornois de Jornil Cuivré en personne, et sa seule présence indique qu'ils ont vu juste...<br />
<br />
[Là, vous comprendrez que j'ai un problème spatio-temporel massif : Diane/Orlanth a toujours environs 24h de retard sur les autres joueurs, qui eux sont à moins de 24h de l'objectif réel, et d'ailleurs la caravane va arriver à l'Auberge du Pont. Si je laisse tourner la chronologie normalement, Diane ne rattrapera ses compagnons que bien plus tard, probablement après que l'action soit terminée : c'est vraiment con. Alors comme pour une fois j'ai mes 4 joueurs-combattants ensemble (ça n'a a été le cas que deux séances sur sept), je fais une entorse à mes principes pour mon Orlanth préféré, Diane passe donc à travers une faille temporelle et rejoint ses camarades, qui pour la plupart n'y ont vue que du feu.]<br />
<br />
=== Regroupement et combat (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Trevan, Gavin, Diane) ===<br />
<br />
À la lisière des bois, le reste de la troupe s'est arrêté pour faire une halte après 10h de marche forcée qui lui ont "presque" permis de rattraper le convoi, lorsque Oleytan à l'arrière-garde annonce trois piétons mal en point qui clopinent vers eux : c'est Diane la Kerdane et deux inconnus, dont un sérieusement blessé. Le trio de fuyard a en effet été rejoint par quelques cavaliers-chacals dans la journée et, lorsqu'un bref combat, Diane en a abattu un de plus, Trevan en a blessé un deuxième et le troisième a planté sa lance dans le flanc du pauvre Gavin avant d'être "héroïquement mis en déroute" par le chevalier errant (et donc il s'est barré, quoi). Rapidement mis au courant des mésaventures les uns des autres malgré l'insistance du chevalier qui veut savoir s'ils sont des "malandrins" <br />
_("Ben heu... on est des bandits d'honneur qui volons aux riches pour donner aux pauvres et défendons les petites gens contre l'oppression. <br />
_Vrai ? Quelle aventure ! Je suis bien content de vous avoir rencontrés et de pouvoir joindre mon épée à votre noble cause ! <br />
_C'est qui ce débile, exactement ?")<br />
, tous s'accordent à dire que les deux priorités du moment sont qu'ils ont 1) encore une petite heure de retard sur leur objectif et 2) seulement une courte avance sur les 6 ou 7 cavaliers qui poursuivaient encore Diane, Trevan et Gavin. "Ça tombe bien, fait remarquer Vighnu : on va avoir besoin de chevaux."<br />
<br />
Une fois l'équipe déployée autour de l'appât constitué par Gavin (rapidement rafistolé par Andréas) et Trevan installés au bord de la route, le "combat" est aussi rapide qu'unilatéral : Diane snipe le premier cavalier, le second reçoit une flèche de Herle avant d'être démonté d'un grand coup d'épée par Trevanet si les 4 autres qui les suivaient freinent à bonne distance pour descendre de cheval, ils découvrent vite qu'ils sont encore à porter de tir quand l'arbalète fait une seconde victime et qu'un autre adversaire prend une flèche dans la hanche en descendant de cheval. Les deux derniers, d'abord décidés à profiter du couvert des sous-bois pour arriver au contact voient bientôt le chevalier, le Grêlé, Vighnu et la masse du Templier s'avancer vers eux, et se dispersent dans les taillis dans l'intention manifeste de se carapater. C'était sans compter sur l'inhumaine discrétion de la Poigne, qui éclate à la masse le crâne du malheureux qui avait presque réussi à surprendre l'assassin (longue journée + problèmes de cœur : petite forme, le fehnri) et lorsque ce dernier se met en quête de l'ultime ennemi rescapé, il le trouve affalé sur le ventre et ligoté par le layss d'Oleytan, d'ailleurs assis sur son dos. <br />
_"Très bien mon gars ! Allez, on le ramène aux autres et... <br />
_Non. <br />
_Je te demande pardon ? <br />
_Non, Vignupratesh : cet homme est mon prisonnier, et il porte un tatouage. Je ne laisserai pas tes cinglés de compagnons massacrer un vaincu. Je comptais le laisser repartir après que nous ayons pris du champ. <br />
_Mais c'est une très mauvaise idée, mon ami : il va rejoindre ses compagnons... <br />
_C'est son droit. <br />
_...les alerter sur notre position. <br />
_Bah je peux lui trancher un mollet, si tu veux : il devra repartir en boitant et ne rejoindra les siens que bien après que nous soyons partis. <br />
_Hem... bon écoute, je vais voir où en sont les autres et je reviens vers toi, d'accord ? <br />
_Chouette : tu peux me ramener à boire ?"<br />
Et leur seul autre prisonnier, blessé à la hanche, est une prise inattendue : Jorem Cuivré, soi-même. Terrifié et enfiévré par la douleur, le propre fils du patron-minier balance tout ce qu'il sait dès que Herle et Diane froncent les sourcils : oui, son père se doutait qu'il serait attaquer et a conçu la ruse des deux convois, oui il a embauché les Chacals à sa demande par l'intermédiaire d'un contact qui trafique du sel et d'autres marchandises "tombées du chariot" entre Darverane et Solerane, oui ils se doutaient bien que le Capitaine Durgaut était derrière tout ça mais son père ne pouvait pas se permettre de faire attendre Rhilder. "<br />
_Mais pas du tout, mes fringants compagnons et moi-même sommes des bandits d'honneur qui volons aux riches pour... <br />
_Non arrête, Trevan, t'es chiant : on bosse pour Durgaut, en fait. <br />
_Quoi ? Palsambleu mais alors vous m'avez roué ! Quelle aventure ! <br />
_Mais vosu êtes cons, pourquoi vous balancez un truc pareil devant le prisonnier ?! <br />
_Parce qu'il va pas repartir de toutes façons..." explique Vighnu avant de lui trancher la gorge [Réaction Cynisme 5 : ouch !].<br />
Et abandonnant ses compagnons avec le chevalier errant qui fait un scandale, il entraîne Diane vers l'endroit où il a laissé Lerkoren Oleytan en lui expliquant la situation : "Mais quel chieur ! 'Sont tous comme ça vos venteux ? <br />
_C'est pas la question : je compte sur toi pour abattre le prisonnier après qu'on l'ait "libéré". <br />
_Pas de problème mais faut pas que le môme me repère... <br />
_Je t'aiderai." Et, en effet, Vighnu fait assez de boucan en rejoignant son jeune ami pour que l'approche de la Kerdane passe inaperçue : une fois le prisonnier ahuri rendu à la liberté sans arme et avec un talon d'Achille tranché ("Rhaaaaaaaaa ! <br />
_Pis traîne pas mon gars, parce qu'avant la nuit, y aura des loups..."), Vighnu ramène Oleytan vers leurs compagnons en l'entretenant de ses soucis sentimentaux, que le jeune Elloran ne comprend que trop bien. Cette émouvante confession les empêche d'entendre le claquement d'une arbalète qui vient de mettre fin à une très brève fuite, après quoi Diane rejoint les autres pour récupérer les carreaux qui, ayant atteint des parties molles, peuvent encore être extraits à la dague (faut dire qu'elle n'en a plus que 7, avec tout ça).<br />
Le temps de répartir les désormais 9 cavaliers, dont un blessé, sur les 7 chevaux disponibles ( _"Quelle malchance : aucun d'entre eux ne montait mon cher destrier ! _Couillon, moraliste et obssédé par son canasson : il est pas venteux votre chevalier, des fois ?") <br />
et la troupe repart au galop à la poursuite du convoi.<br />
<br />
Eldan, rapidement récupéré et pris en croupe, explique qu'il a pu confirmer que le butin était dans le chariot de draps et saboter la carriole de ferronnerie, mais que la caravane a repris sa marche et qu'elle a encore repris près d'une heure d'avance. Trottant de leur mieux sur leurs chevaux déjà éreintés, les mercenaires fourbus voient s'amenuiser leurs options en même temps que le soleil couchant : s'ils peuvent encore rattraper leur objectif avant l'Auberge fortifiée (d'autant que la roue déclouée peut céder n'importe quand), il leur faudrait encore prendre le temps de se déguiser en Kormes, abandonner pour cela leur matériel le plus avantageux, attaquer en plaine, couper la fuite à quiconque sauterait sur un des 50 chevaux pour donner l'alerte, défaire une quinzaine de "gardes" (dont au moins 4 professionnels dignes de ce nom et Darjodrahl) à seulement 8 combattants, rafler le butin et dégager à travers champs avant que des renforts n'ait pu intervenir depuis le fortin : <br />
_"C'est pas la peine de se casser le cul à galoper, fait remarquer Vighnu : on est tous trop crevés pour se battre efficacement. Il faut trouver autre chose... par exemple s'introduire à l'Auberge du Pont cette nuit, avant que la caravane ne reparte pour Darverane avec trois ou quatre fois plus de monde. <br />
_C'est ça, on va trimballer 200kg de coffres blindés par-dessus les remparts et tout le monde trouvera ça normal. <br />
_J'ai peut-être une idée, propose Eldan : je sais que le chariot de ferronnerie est destiné à Celanire, alors si on pouvait remplacer discrètement le contenu des coffres par des fers à cheval et d'autres objets en fonte pour planquer le butin sous les chaudrons, on aurait plus qu'à attaquer demain matin un p'tit chariot presque sans escorte allant justement dans la bonne direction. <br />
_Mmmmh... et tu ferais ça comment ? <br />
_Ben on j'pourrais entrer à l'auberge avec Gavin en innocent blessé et l'honorable médecin-érudit Andréas, on repère les lieux et le butin, pis on aide Vighnu, Oleytan et tous ceux qui savent grimper et se faire discrets à passer la muraille, pis on s'introduit là où sont gardés les chariots, on se débrouille pour changer le butin de carriole sans faire trop de bruit, les grimpeurs repartent pis, le lendemain, ni vu ni connu, on braque le transport de chaudrons sur la route de Celanire. <br />
_Mais dis donc, tu sais que si on laisse quelques gars à l'extérieur pour éviter que les gars du deuxième convoi nous tombent dessus à l'improviste ou viennent raconter des âneries à la garnison locale, ça pourrait presque marcher, ton affaire ? <br />
_Très bien, jeune homme : je suis ravi de constater qu'on ne t'a pas emmené pour rien..." conclue le Défroqué.<br />
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== A l'Auberge du Pont ==<br />
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=== Première nuit ===<br />
<br />
Pendant que le reste du groupe se dissimulait avec les chevaux dans un bois, Eldan le Moineau, Gavin l'Écuyer blessé et Andréas, sous l'identité d'un érudit de Brasure, ont précédé la caravane à l'Auberge du Pont pour observer son arrivée et ses mesures de sécurité. Ils y ont découvert que la herse qui barre le fameux pont était baissée suite à des attaques répétées des Kormes sur la route vers Darverane (qu'on leur avait annoncée "rouverte") : les voyageurs et marchandise s'accumulant alors dans l'auberge envahie de tentes, de chariots et de bien plus de résidents qu'elle n'en peut héberger ou même nourrir, et les prix y grimpaient de manière délirante.<br />
<br />
Une fois les hommes de Jornil Cuivré arrivés et le chariot "de draps" (dissimulant les coffres que visent nos vaillants mercenaires) bouclé pour la nuit dans une grange gardée, Eldan observa les lieux pour chercher le meilleur point d'entrée (la garde mercenaire habituelle est doublée d'un contingent de l'armée régulière qui semble obéir à Darjodrahl, le lieutenant hornois du Cuivré), il manqua d'être lynché en accusant publiquement une jeune tire-laine plus charismatique que lui, Andréas fit le tour de l'auberge sur-bondée et récupéra la bourse volée au Moineau, puis Gavin sortit brièvement pour prévenir ses (autres) camarades de la situation avant que les portes ne soient fermées pour la nuit et tous trois se retrouvèrent au spectacle donné par les saltimbanques dans la cour...<br />
<br />
Les autres mercenaires ont d'ailleurs passé un début de soirée tendu, la journée les ayant laissés sur les nerfs. Tout particulièrement Vighnu chez qui les affres sentimentaux s'ajoutaient à la tension et à la fatigue de cette mission [il trimballe toujours ses deux points de "Trauma" (rebaptisés "Marques" depuis la dernière réécriture du système) dus à ses problèmes avec Islinna) et pète donc les plombs beaucoup plus souvent que d'habitude. C'est d'ailleurs d'autant plus intéressant que, sa principale Réaction étant le Cynisme, le fait même qu'il soit fâché avec sa douce parce qu'il est un assassin cynique l'incite à se comporter en assassin cynique. Comme dit souvent mon collègue "Cancrela", «Ça devrait s'appeler "nÉvrotic"...».] Le fehnri était en fait tellement stressé que lorsque Gavin est venu leur annoncé que le chariot était sous clé et qu'Eldan s'était fait gravement repéré en perdant sa bourse et en déclenchant un esclandre, Vighnu a sorti sa dague pour la lui coller sous la gorge en gueulant "Mais vous êtes complètement cons nomdedju, on peut rien vous confier !". Immédiatement, il a senti l'acier froid de l'épée que Trevan de Rigorne lui posait sur la nuque, Herle de Lorune a dégainé son nerhil pour piquer la pointe sous le diaphragme du chevalier errant, Diane a braqué son arbalète chargée sur l'oreille du précédent et le Grêlé, passant sa lance entre le fehnri et l'écuyer, a finalement demandé de son habituel ton sarcastique si la mission intéressait encore quelqu'un ou s'ils allaient tous s'entretuer à 300m du butin juste parce qu'ils ne savaient pas tenir leur nerfs. L'assassin a donc rengainer son katara et tout le monde a lentement rangé ses armes en échangeant des regards méfiants : folle ambiance...<br />
<br />
Pendant qu'Eldan "sympathise" avec des compatriotes Anguedais ("du Duché d'Anguedale"), des bergers occupant la tente la plus proche de la porte de la remise (la verte, sur le plan), Gavin tâche d'en déloger la barre qui la ferme de l'intérieur à l'aide d'un cure-pied (une espèce de crochet pour nettoyer les sabots des chevaux) et n'arrive qu'à la déloger en partie ("J'finira 'pu tard !").<br />
<br />
[Tentative rigolote : Gavin, qu'Orlanth incarne désormais pour éviter de ne jouer que son Arbalétrière confinée à l'extérieur, possède une Ressource "Paquetage" qui n'est définie que comme son aptitude à sortir tout et n'importe quoi du fatras accumulé dans son baluchon à force de chapardages, pour peu qu'il réussisse un jet sous le domaine "Voyage" et avec tous les talents appropriés. Le jet est plus ou moins difficile en fonction de ce qu'il espère tirer de son sac à malice, et il peut y miser d'autant plus d'Énergie que l'objet désiré correspond à ses talents...]<br />
<br />
Après avoir profité de l'enthousiasme du public devant la performance des baladins pour remplir en partie son focus, sa bourse elle aussi bien garnie a permis à Andréas d'accéder à la partie de dés qu'organise pour ses amis fortunés un certain Dorian «le Magnifique», marchand reman particulièrement entreprenant puisque, grâce au courtage, au tripot installé dans une des rares chambres privatives et à la prostitution de son époustouflante maîtresse fehnri, Sohashna, il est probablement la seule personne à tirer quelque profit de son séjour à l'Auberge du Pont. C'est surtout, pour nos mercenaires, le seul autre type assez influent sur place pour avoir obtenu que sa propre roulotte soit elle aussi gardée sous clé dans la fameuse grange... Après quelques coups de dés qui lui ont fait gagner un peu de menue monnaie, Andréas se retire du jeu et de la conversation entre puissants négociants pour lancer le sort qu'il a préparé pour glisser dans l'esprit de Dorian et de sa courtisane une certaine idée fixe : "le commerce ne vaut rien ici, la route ne rouvrira pas, autant retourner à Solerane."<br />
<br />
Frôlant le malaise tant il a investi d'énergie dans sa "Chimère", le chroniqueur s'excuse et prend congé, entendant en partant les deux amants discuter de leur départ à l'aube. Comme Gavin et Eldan (mais du côté de l'étable), il s'installe alors pour dormir quelques heures dans la cour, afin de rester aux premières loges en cas de besoin. En attendant la diversion prévue par ses camarades à l'extérieur, il s'endort malgré les protestations fréquentent des campeurs qui râlent chaque fois que quelqu'un les réveille en faisant du bruit dans la cour, rajoutant un peu de merdier à chaque fois...<br />
<br />
''Extrait des Chroniques des Marches du Nord d'Andréas Odran <br />
<br />
Après avoir réalisé que nous nous étions fait bernés comme des bleus et que le chariot que nous pourchassions n'était qu'un leurre, nous avons quasiment rattrapé le faux chariot de draps. Le plan mis au point par Eldan et Vighnu était d'opérer une substitution entre le coffre que nous recherchons et des ferronneries d'un autre chariot lors de l'arrêt du convoi à l'Auberge du Pont. <br />
<br />
J'ai été affecté au groupe d'éclaireurs, en compagnie du brave Eldan et de Gavin, le soi-disant écuyer du soi-disant chevalier errant. Pas mécontent de laisser derrière moi le poète-répurgateur et ses tendances homicides qui me feraient presque regretter feu Conrad de Mélanque, nous avons doublé au large le convoi pour découvrir une auberge absolument bondée, un vaste campement de tentes débordant de ses murs. Moutons et poulets courraient en liberté là au milieu, dans un bazar que d'aucuns auraient trouvé joyeux. Ce n'était pas mieux à l'intérieur, et il me fallu jouer des coudes pour y entrer, tandis qu'Eldan essayait d'interroger des gardes à l'extérieur - comptant sur la camaraderie militaire. Il a rapidement découvert que la route de Darverane n'a jamais réouvert : les quelques marchands qui ont essayé de l'emprunter sont revenus la queue basse et soulagés de leurs biens, et le contingent de gardes de l'auberge s'est vu renforcé. La conversation a ensuite tourné court, pour autant que j'aie bien compris les explications embrouillées d'Eldan : il semblerait que la réputation de la camaraderie militaire soit en fait largement usurpée... <br />
<br />
Pendant ce temps, Gavin et moi-même nous frayâmes tant bien que mal un chemin dans la salle de l'auberge bondée, où tout un tas d'individus tentaient d'accéder à un comptoir où l'on servait de la nourriture. Très franchement, les moutons de la cour me parurent plus dignes que cette pitoyable assemblée d'humains se battant pour leur pâtée. Enfin... J'espérais trouver plus de calme à l'étage, il n'en fut rien : l'étage était intégralement couvert de lits et de paillaissades, et la seule zone privative était réservée par un riche marchand et gardée par un mercenaire. J'ai bien tenté d'expliquer à l'un des commis de l'auberge que je ne souhaitais pas partager mes nuits avec une bande de garçons de ferme illettrés, mais celui-ci a pris la mouche (je suppose que c'est un ancien garçon de ferme toujours illettré). Ce serait donc compliqué pour moi d'obtenir un coin tranquille où préparer mes petites diversions...<br />
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Pendant ce temps, à l'extérieur Eldan assistait à l'arrivée du guerrier hornois escortant la caravane des marchands de draps. Usant d'un subtil mélange de force brute, de regard mauvais et de cette indicible autorité que procure le fait d'être une machine à tuer, le Hornois a rapidement imposé son autorité auprès des gardes, fait entrer le chariot contenant le coffre dans une remise fermée (dont il a conservé la clé), et réquisitionné une chambre et des repas pour ses employeurs. Le reste du convoi, lui, s'installait hors des murs de l'auberge. Et notamment le chariot de ferronneries avec lequel nous comptions faire l'échange. Voilà qui compliquait sérieusement notre affaire. Eldan a aussi appris que la remise en question était occupée par un autre chargement appartenant à un riche et important marchand : des verreries, apparemment. Et ce riche marchand n'était autre que celui qui occupait la grande chambre à l'étage de l'auberge, où parait-il il organise des parties de dés pour tuer le temps en attendant la réouverture de la route. Il aurait déjà plumé certains de ces collègues...<br />
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Je retrouvai Eldan dans un coin pas trop encombré de l'auberge et nous avons commencé à discuter de nos options. C'est alors qu'Eldan a été bousculé par une jeune fille qui lui subtilisa la bourse confiée par Durgaut. Il l'a arrêtée, mais elle avait déjà passé l'objet du délit à un complice que j'ai pu repérer et suivre. Je l'ai retrouvé dans les latrines où il contemplait le fruit de son forfait. Bien qu'il fut armé d'un méchant coutelas et ait l'air plus costaud que moi, j'ai serré le manche de ma dague en prenant mon air le plus menaçant et je l'ai sommé de me rendre l'argent. De façon incroyable, j'ai dû avoir l'air suffisamment méchant pour qu'il me rende la bourse sans combattre [jet d'Intimidation +1pH !]. Pendant l'intervalle, ce brave Eldan avait accusé publiquement de vol la jeune fille. Celle-ci se lança alors dans un numéro théâtral de fragilité féminine qui aurait bien fait rigoler Diane, et quelques courageux sont intervenus - espérant probablement passer pour des chevaliers blancs et ainsi trousser la donzelle d'ici la nuit. Eldan, pas si brave que cela au final, s'est copieusement fait casser la gueule et je l'ai retrouvé tout ensanglanté dans la cour. Ce fut pour moi l'occasion de m'essayer aux arts dentaires pour réparer la mâchoire du garçon. Je crois que je m'en suis bien tiré, et après tout cette dent cassée lui donne un air aventurier qui devrait plaire à ces dames.<br />
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C'est alors qu'est advenu l'évènement le plus sidérant de cette soirée : Gavin, le paysan-écuyer, a été pris d'un soudain accès d'initiative et s'est esquivé pour faire un rapport au reste du groupe ! Alors ça ! Que croyait-il le bougre, que nous allions rester sans prévenir nos compagnons ? Je n'en reviens pas, quelle outrecuidance ! Moi qui pensait que les capacités intellectuelles de ce garçon ne dépassaient pas celles de la limace ou du templier, le voilà qui nous donne des leçons d'opérations clandestines. Il va falloir que nous nous reprenions, Eldan et moi. <br />
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Au final, nous sommes parvenus au plan suivant : nous restons sur la substitution, et celle-ci s'effectuera directement au sein de la remise, entre le coffre que nous recherchons et le chargement de verreries. De mon côté, je vais essayer d'aller rencontrer le marchant de verreries, probablement au cours d'une partie de dés. Charge à moi de faire usage de toute ma persuasion pour le convaincre de partir le plus rapidement possible vendre sa cargaison à Solerane, où nous l'attendrons sur la route...<br />
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Notre chroniqueur omet sciemment de préciser que sa fin de soirée fut consacrée à assister au spectacle offert par quelques baladins, dont la jeune fille et l'acrobate ayant subtilisé la bourse d'Eldan, un jeune joueur de vielle à roue et le conteur qui les dirige, un Estrani nommé Horacio. <br />
Le but d'Andréas était moins de se détendre que de profiter des spectateurs assemblés pour effectuer le rituel de "La Sentinelle au Bal" par lequel il peut tirer de l'Essence magique de l'émotion partagée d'une foule, et ainsi recharger son focus récemment acquis.<br />
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=== L'éclaireur à abbattre (Diane, Vighnu, Le Grêlé, Trevan, Herle, La Poigne, Oleytan) ===<br />
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Grimés en Kormes après un court débat quant à Diane ("Les femmes Kormes combattent généralement seins nus mais peinturlurées jusqu'à la taille. _Essaye-voir et tu vas pas retrouver tes doigts. Moi j'aurais des fourrures. _Bon, bon..."), le chevalier errant Trevan de Rigorne et Herle de Lorune surveillent la route depuis les bois à l'ouest du fortin pendant que l'arbalétrière rampe dans les hautes herbes près de la berge sud, se glissant entre les cavaliers qui surveillent la cinquantaine de chevaux qui n'ont pas pu trouvé asile à l'auberge. Lorsqu'elle en effraie quelques-uns en déclenchant un début de panique dans le troupeau, que les cavaliers doivent alors empêcher de piétiner les tentes plantées à l'extérieur, la plupart des gardes aux créneaux du fortin se tournent vers le sud. C'est le moment qu'attendaient Vighnu, Oleytan, La Poigne et le Grêlé pour s'élancer depuis la lisière des bois au nord-ouest : le fehnri est le premier à franchir le rempart dans l'ombre de la tour ouest, profitant de l'angle mort repéré par Eldan. Le jeune Elloran le rejoint avec aisance et redescend dans la cour sans être vu, pendant que Vighnu place le grappin et la corde qu'ils trimballent depuis Tal Endhil pour faciliter l'escalade des suivants, puis rejoint son camarade au sol et tout deux se cachent un instant sous l'arcade de la chapelle ("Ch") pour observer l'endroit : Andréas dort à poings fermés à quelques pas d'eux, un garde est toujours en faction devant le portail de la grange et, en plus de ceux qui surveillent l'extérieur depuis les deux tours, un autre patrouille la cour. Mais le vrai danger semble venir d'une lucarne à l'étage de l'étable, où se trouve les chambres "de luxe" : derrière un volet, un rai de lumière trahit la présence d'un homme de Darjodrahl surveillant la cour.<br />
Derrière eux, La Poigne peine à glisser sa panse entre les créneaux, manque d'être repéré mais s'encoigne dans l'angle de la tour ouest avant d'être rejoint par le grêlé... lorsqu'une cavalcade isolée sonne sur la route au dehors et que la sentinelle au-dessus d'eux crie soudain "Qui va là !?".<br />
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En rejoignant Trevan et Herle, Diane avait elle-même repéré le cavalier, reconnu un des hommes de Jornil qui accompagnait le soi-disant "convoi de métal" et tenté de l'abattre à l'arbalète avant qu'il ne puisse s'annoncer à l'Auberge bouclée pour la nuit. Mais son unique tir manqué de tout le scénario s'est perdu loin de la cible sans même être remarqué et, freinant au pied de la tour ouest, le cavalier n'est finalement à portée d'arc que lorsque le garde l'a déjà remarqué : sans savoir où en sont leur camarades ni s'il peut les mettre en danger, le trio hésite à abattre l'arrivant juste le temps qu'un autre membre de la caravane, qui montait la garde à l'extérieur près des tentes des marchands de chevaux, ne le reconnaisse et viennent à sa rencontre... "Ouvrez les portes !" crie la sentinelle à l'intention de ses collègues.<br />
<br />
Du rempart, le Grêlé indique par signe à Vighnu qu'ils ont un sérieux problème : le reste du commando comprends qu'il leur faut d'urgence neutraliser ce messager nocturne qui pourrait compromettre toute leur opération. Heureusement, près du portail que deux autres gardes s'apprêtent à ouvrir, Gavin qui ne dormait que d'un œil commence à râler : "On veut dormir ! N'ouvrez pas la porte ! Si ça se trouve, c'est des Kormes !". Les protestations sont bientôt reprises par ses voisins, et Gavin envenime la situation pour gagner du temps, poussant un des nouveaux copains anguedais d'Eldan à aller se plaindre aux deux soldats qui déverrouillent la porte en arguant qu'ils ont payé pour la protection de l'auberge et que le couvre-feu vaut pour tout le monde. Le ton monte bientôt à travers toute la cour lorsque Andréas se joint aux réfugiés mécontents et en convainc une poignée d'aller gueuler auprès des hommes en faction au pied de la grande tour. <br />
<br />
Profitant du merdier, le Grêlé et La Poigne se sont introduits dans la tour ouest, ce dernier a tué la sentinelle et l'autre ouvre maintenant la porte du rez-de-chaussée à Vighnu et Oleytan : pendant que le Grêlé enfile la livrée du soldat pour le remplacer à son poste, les trois autres montent au rempart sud et le longent jusqu'à la petite porte de bois qui donne sur le grenier de la grange. Dégainant sa dague, il travaille alors à en faire sauter la barre...<br />
<br />
Sentant la situation dégénérer à l'intérieur du fortin où des archers sont apparus en haut de la grande tour- et parce que les caravaniers installés à l'extérieur commencent à vouloir se joindre aux deux hommes qui cognent au portail, Diane, Herle et Trevan (toujours déguisés en Kormes et surveillant les événements depuis la lisière des bois) décident de passer à l'action : le plus proche gardien de chevaux est abattu d'un carreau d'arbalète dans la poitrine, deux flèches descendent simultanément un caravanier armé et une sentinelle mal avisée et le trio se rapprochent à couvert des chariots et des tentent qui bordent le chemin vers le pont, bien décidé à réduire le messager au silence avant qu'il n'ait pu parler aux gardes ou à Darjodrahl le Hornois...<br />
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=== Emeute et mort de Darjodrahl (Vighnu, Oleytan, Andreas, Eldan, Gavin, La Poigne) ===<br />
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Dans la cour, Andréas voit arriver un garde de plus et l'engueulade devant le portail toujours fermé (et à l'extérieur duquel deux types gueulent "Ouvrez ! C'est important ! Un messager de Solerane !") tourne bientôt à l'empoignade : un des soldats pointe sa lance sur Gavin, Eldan se tient prêt à agir, l'autre soldat repousse brutalement le berger... et le chroniqueur lance discrètement un sort pour attiser la colère de la foule. Immédiatement, les protestations tournent à l'émeute et plusieurs résidents se jettent sur les soldats sortant de la Grande Tour. Gavin saisit la lance qu'on pointait sur lui et tente de désarmer le garde, écopant d'une méchante estafilade à l'épaule et les deux hommes luttent pour l'arme lorsque Eldan surgit et décapite le soldat par derrière, éclaboussant de sang le pauvre écuyer qui en reste un instant interdit.<br />
Le second soldat qui s'était précipité pour ouvrir le portail se retourne et n'a que le temps de dégainer son arme avant que le Moineau ne se rue sur lui en brandissant sa lame ensanglantée : le garde esquive une première fois, recule pour éviter un coup de lance de Gavin et le Moineau (très en forme) l'empale contre le portail. Derrière eux, sans armes ni grand talent pour la bagarre, les émeutiers amateurs se font rapidement tailler en pièce par les soldats et mercenaires de plus en plus nombreux à sortir du donjon...<br />
<br />
À peine Vighnu et La Poigne ont-ils fait un pas dans le grenier enfin ouvert que Lerkoren Oleytan arrête le fehnri d'un geste : il lui semble distinguer une silhouette dans le grenier obscur. Repéré, le Hornois jaillit et -avant que quiconque n'ait pu réagir- son épée à deux mains ouvre un profond sillon dans le thorax de La Poigne. Le colosse vaincu n'a pas encore touché le sol que Vighnu a déjà lancé une dague empoisonnée qui croise l'épée s'abattant sur lui : sa parade précipitée au katara aurait été insuffisante si Oleytan n'y avait pas joint son précieux arc à double-courbure, la lame hornoise déviant en tranchant dans le bois. Le fehnri pare une nouvelle attaque avec l'aide de l'Elloran, utilisant la corde de son arc pour lier un des bras de Darjodrahl, et se fend pour planter son katara dans la poitrine du Hornois pendant que, à peine relevé, La Poigne lui abat en chancelant sa masse d'arme sur l'occiput : à la fois empoisonné, poignardé et assommé, l'ennemi s'effondre sans un cri sur le plancher disjoint.<br />
<br />
Dehors, quatre "émeutiers" ayant été tué en un instant, Andréas reflue vers le fond de la cour avec les autres réfugiés vers le maintenant horrifiés de la tournure de leurs protestations. Entre les archers qui pointent maintenant leur flèches vers la cour et les soldats qui ont envahi la cour, Gavin comprend également que leur petite émeute a fait son temps et lâche la lance pour se réfugier dans une tente comme n'importe quel innocent apeuré par les événements. <br />
Eldan n'a pas la même présence d'esprit et, lorsque trois hommes d'armes avancent vers lui, l'adrénaline qui bat dans ses veines le pousse à tenter de leur tenir tête. Deux blessures plus tard, acculé contre la porte de la remise, il ne peut que faire mine de se rendre en posant piteusement le glaive hérité de son père pour se donner le temps de décrocher derrière lui la barre de la porte, déjà à moitié dégagée par Gavin quelques heures plus tôt. Lorsque les gardes avancent pour l'arrêter, Eldan bondit par la porte soudain libérée, claque le battant au nez des soldats et replace la barre avant qu'ils n'aient pu l'en empêcher.<br />
<br />
Lorsqu'un carreau d'arbalète cloue soudain le crâne du messager contre le portail de l'auberge, son compagnon s'arrête net de cogner pour qu'on lui ouvre mais n'a que le temps de pousser un cri avant qu'une flèche de Herle le réduise au silence. Désormais repéré mais toujours déguisé, le Défroqué décide d'exploiter au mieux la situation et s'avance à découvert en hurlant l'un des rares mots de lange des Vents qu'il maîtrise à l'attention des défenseurs : "KOOOORME !" scande-t-il en défiant les hommes aux créneaux, qui lui répondent à coups de flèches.<br />
<br />
=== La Grange (Vignu, Andreas, Le Grêlé, La Poigne, Eldan, Oleytan) ===<br />
<br />
S'étant fait ouvrir la porte de la tour ouest par Le Grêlé, Andréas le suit par les remparts jusqu'au grenier où Vighnu tente maladroitement de panser les blessures de La Poigne. Andréas n'obtient guère de meilleurs résultats pendant que ses compagnons descendent dans la grange où Eldan arrivent bientôt par la remise. "Les gardes sont à mes trousses" explique-t-il bien inutilement puisqu'on les entend marteler la porte barrée. D'autres coups et des voix retentissent bientôt au portail verrouillé de la grange : "Darjodrahl ? Un type vient de rentrer par la remise, est-ce que tout va bien ?!".<br />
<br />
Nos voleurs échangent des regards atterrés, Le Grêlé colle une taloche à Eldan pour sa peine et le corps sanglant du Hornois continue de goutter un sang poisseux à travers le plancher du grenier pendant que les gardes s'énervent à l'extérieur quand, finalement, Vighnu tente d'imiter le phrasé rogue et guttural de son ami Barbaras : "Ouais ! J'l'ai vu mais il s'est tiré ! Tout va bien !" répond-il avec son meilleur accent Hornois. Quoiqu'un peu hésitant, le garde de faction finit par répondre "Faîtes attention quand-même, hein, on dirait bien que des Kormes sont à nos portes..." mais s'éloigne lorsqu'un grognement de hornois met fin à la conversation.<br />
Alors que tous soupirent de soulagement, Oleytan les avertit depuis le grenier d'où il surveillait les alentours par la porte du grenier, ouvrant directement sur la cour : <br />
_"Pssst, y a des guerriers plein les remparts et c'est la panique dans tout le fortin. Qu'est-ce qu'on fait ? <br />
_Et surtout, qu'est-ce qu'on va faire demain, quand il faudra ouvrir la grange pour laisser partir la roulotte de Dorian et qu'ils trouveront le corps de Darjodrahl ?<br />
_Surtout qu'Eldan est maintenant complètement grillé, pis y a des gars qui risquent de finir par l'identifier... <br />
_Et j'ai perdu le glaive de mon père." ajoute l'intéressé d'un ton chagrin.<br />
Mais à l'extérieur, les appels redoublent et les soldats commencent à vérifier toutes les portes à la recherche de "l'espion des Kormes" qu'ils croient poursuivre...<br />
<br />
=== Feinte (Le Grêlé, Eldan) ===<br />
<br />
Dehors, Trevan a sauté sur un cheval qu'il cabre en brandissant sa lame juste au-delà de la portée des archers, pendant que Diane récupère ses carreaux, aussi précieux que compromettants, sur les corps qui lui sont accessibles. Un cri retentit alors sur le rempart sud : "Il est là ! L'espion Korme s'enfuit par l'ouest !" Après avoir ainsi ameuté tout le monde dans et hors les murs, Le Grêlé, toujours en livrée de la garde se précipite vers la tour ouest suivi par Eldan. Après s'être barricadé, ils rejoignent bientôt le sommet. "Il est là ! Attention ! Il va sauter !" hurle le Grêlé alors qu'une silhouette à peine noircie bascule par-dessus le rempart. Au pied de la tour, Herle a également sauté à cheval et puisque les trois "kormes" à l'extérieur ne semblent pas réagir à la ruse, le "garde" s'écrit encore : "Ses compagnons viennent le chercher ! Il va s'enfuir, vite !" Et de tirer quelques flèches aux buissons, pendant que Trevan et Diane ramassent le compromettant cadavre du garde étranglé plus tôt par La Poigne, et disparaissent au grand galop vers la forêt.<br />
Soldats et mercenaires envahissant les remparts, Le Grêlé et Eldan se retrouvent vite coincés de toutes part et, utilisant la corde et le grappin à leur disposition, ils descendent le long du rempart sud et disparaissent à leur tour dans les bois sans avoir été remarqués. "Bon, ça nous aura fait gagner un peu de temps, constate Vighnu depuis le grenier, mais on a encore du boulot…"<br />
<br />
=== Dans la grange (Gavin, Vignu, Andreas, La Poigne, Oleytan) ===<br />
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Après avoir discrètement permis à Gavin de les rejoindre par la remise, nos cambrioleurs retranchés dans la grange découvrent bientôt sous les linges et couverture du "chariot de draps" quatre gros coffres ferrés, fermés par des cadenas et liés au fond du véhicule par de lourdes chaînes. "Bordel, comment est-ce qu'on va ouvrir ça ?"<br />
Vighnu, peu habituer à la serrurerie malgré ses doigts de fée, casse le seul crochet sorti de la besace de Gavin, l'Écuyer essaye à son tour avec un long clou mais sans plus de succès et Le Grêlé lui-même y épuise ses maigres compétences. "Nan mais c'est pas possible, y en a pas qui sache crocheter dans cette équipe de voleurs ?! _Ben y avait le Moineau... _Et merde !!!". Persuadés que la clé des coffres doit se trouver sur l'homme de confiance du cuivré, Vighnu, Andréas et Gavin fouillent et refouillent deux fois le corps du Hornois à sa recherche : rien. "Merde ! Merde ! Merde ! _Bon, allez, on reprend du début, c'est forcément là, quelque part et on s'y met tous..." Pendant que La Poigne se repose de ses blessures, les armes, l'armure, les bijoux, les vêtements, les bottes, la bourse, les poches et le cadavre de Darjodrahl sont ainsi inventoriés et retournés dans tous les sens par les voleurs au désespoir jusqu'à ce que, finalement, Gavin remarque que son gros médaillon cliquète curieusement quand on le secoue. Vighnu et lui s'acharnent sans résultat sur l'objet, jusqu'à ce que le chroniquer, habitué aux casses-tête, saisisse comment le pendentif peut être dévissé et révèle bientôt la clé tant espérée ! Et dans chacun des quatre coffres qu'on leur avait pourtant défendu d'ouvrir (mais Herle et Eldan ne sont justement plus là pour faire des remarques), nos héros trouvent des douzaines de lingots : argent, cuivre, étain, bronze... Il y a là toute la production que Solerane destine à la prévôté, mais aussi la part des mines d'argent qui revient à l'état-major : en tout, c'est près de 200 lingots et donc quelques 250 kilos de métaux qui s'offrent à leurs yeux ébahis. "Gavin, remet illico ce que tu viens de glisser dans ta besace : tout ça est maintenant la propriété de notre Capitaine. _Pfff…"<br />
<br />
Andréas inspecte ensuite la roulotte de Dorian le Magnifique, occupée aux deux tiers par une épaisse couchette couvertes de coussins, des filets de marchandises pendant du toit et jusque entre les roues, des étagères couvrant tout le tiers arrière : <br />
_"Ah ben il voyage dans le luxe, le fumier.<br />
_Si j'avais une minette comme la sienne, moi aussi j'passerais les trajets à baiser, tu peux me croire !<br />
_Oh pis dis-donc : des fioles variées, des épices, de l'argenterie, de la verrerie, des bijoux, de la nacre, des miroirs : il vend que du luxe, le gars !<br />
_Crénom dîtes, c'que c'est beau !<br />
_Gavin, repose ça tout de suite : pas question que le Magnifique s'aperçoive qu'on a touché à sa roulotte." <br />
Andréas jugeant que la caisse du véhicule est assez profonde pour qu'on y étale les lingots en un tapis bien lisse que les occupants de la couchette ne devraient pas trop remarquer, il n'y a plus qu'à attendre la diversion prévue pour commencer le transfert du chariot vers la roulotte…<br />
<br />
=== Diversion (Trevan, Herle, Eldan, Diane) ===<br />
<br />
Il ne reste plus qu'une ou deux heures avant l'aube lorsque Trevan, Herle, Eldan, désormais tous maquillés en Kormes, se répartissent autour du fortin et, à l'aide du mélange d'essences et d'huiles piochées au hasard dans la trousse alchimique de Vighnu (fallait pas la laisser à l'extérieur), enflamment des flèches qui produisent des couleurs plus qu'aléatoires avant de siffler au-dessus des bâtiments pour s'écraser sur les toits de chaume humides où tomber dans la cour, n'enflammant que quelques tentes vite éteintes. C'est néanmoins suffisant pour que Diane puisse se faufiler par le sud jusqu'au portail, et récupérer le dernier carreau d'arbalète y clouant encore la tête du messager.<br />
"Les Kormes ! Les Kormes reviennent !" crie-t-on bientôt dans tout le fortin.<br />
<br />
Dès que Lerkoren Oleytan a annoncé qu'une drôle de flamme bleuâtre venait de s'écraser dans la cour ("Rha les saligots !"), Andréas et Vighnu ont commencé à installer les lingots sous le matelas de la roulotte, pendant que Gavin et La Poigne garnissaient les coffres de fers à cheval, de pierres, d'une enclume et tout ce qui pourrait y simuler le poids et le bruit du butin subtilisé.<br />
Et c'est peu avant l'aube, ses compagnons s'étant effondrés de fatigue depuis un moment, qu'Andréas fini seul d'arranger la roulotte pour camoufler avec le plus grand soin son chargement secret...<br />
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== Récupération du trésor et autres péripéties ==<br />
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[À partir de là, la fin du scénar à été jouée en "flashbacks" successifs jusqu'au combat final. J'utilisais Herle de Lorune, orphelin de joueur depuis plusieurs séances, pour poser des questions auxquelles les joueurs répondaient pour déclencher un flashback. Chacun avait le droit de d'initier deux scènes : l'une contant comment un de leurs camarades avait réussi un exploit et une autre collant à un autre PJ la responsabilité d'un échec, ce qui nous permettait de ne jouer que les scènes "intéressantes" et de faire un peu de montage alterné. <br />
Comme la scène "de débriefing" se jouait presque en aveugle, seul Loriel savait dès le départ que son perso, Vighnu Pratesh, avait survécu (mais bon, comme il avait accumulé 7pH, je me doutais qu'il ne mourrait pas dans cet Épisode) et les autres joueurs ignoraient si ce qu'il affirmait était vrai, ou simplement un mensonge pour conforter le templier blessé... Évidemment, chacun commençait son premier flashback avec toutes ses jauges à fond, mais devait ensuite gérer les pertes et les récupérations de scène en scène, et les joueurs ont souvent ajouté des détails pour régénérer de la Tension ou se passer la patate chaude. Ça a été un peu décousu, la règle "un exploit d'autrui et une bourde d'autrui par joueur" n'a pas complètement été respectée mais, globalement, ça a donné un final intéressant à cet Épisode qui commençait à traîner en longueur...] <br />
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=== Réveil de Herle ===<br />
<br />
Il fait très froid aux abords du col et l'obscurité règne sous les sapins gelés. Vighnu, transi jusqu'aux os, scrute pourtant les alentours lorsque, quelques mètres en contrebas, Herle bascule du cheval où il l'avait attaché : au contact de la neige, il émerge pour la première fois du sommeil où l'avait plongé l'hémorragie et ses profondes blessures et tend la main vers le fehnri, qui s'empresse à son chevet. <br />
_"E... Eldan... où est...le Moineau ?<br />
_Il n'est pas loin, il est parti en éclaireur.<br />
_Gnnh. Le butin ?<br />
_Pas loin non plus, en arrière, sur les bêtes.<br />
_On a... on a réussi ?<br />
_Oui, on a réussi.<br />
_Alors putain, d'où ils sortaient ces types ?<br />
_C'est la faute à Eldan, il était en avant lors de l'embuscade, mais il a laissé passé les gars qui descendaient de l'autre convoi par le nord..."<br />
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<br />
=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Dans la forêt matinale, à une volée de flèche de la route vers Solerane, Eldan est en train de soulager sa vessie contre un arbre lorsqu'il aperçoit une silhouette évoluant à croupetons parmi les buissons. Il n'a que le temps de se jeter derrière un tronc qu'une flèche en racle l'écorce. Pendant que notre éclaireur se rajuste et encoche lui-même un trait dans son arc, l'ennemi tire une deuxième flèche et atteint le cheval du Moineau, qui s'enfuit dans la forêt. "Rha zuuuteuh !"<br />
Eldan riposte, manque, se remet à couvert et commence à manœuvrer pour s'approcher de son adversaire lorsqu'il aperçoit un deuxième homme, s'approchant furtivement depuis la route une hache à la main. Le Moineau tire une nouvelle flèche à l'archer adverse, le blesse légèrement et jette un coup d’œil pour surveiller l'approche du second ennemi : comprenant qu'il est repéré, l'homme à la hache profite de ce que l'éclaireur a décoché pour charger en levant sa hache. Lâchant son arc, Eldan dégaine son fidèle glaive pour le recevoir... _Mais tu l'avais paumée, l'arme fétiche héritée de ton père ! Grâce à qui l'as-tu retrouvée ? _Grâce à Gavin, qui l'a ramassée pendant que les soldats tentaient d'enfoncer la porte de la remise après que je m'y sois enfermé !<br />
<br />
=== Témoignage de Gavin ===<br />
<br />
Gavin est en train de cavaler à travers la cour de l'Auberge, l'épée d'Eldan sous le bras. Sur les remparts que l'aube éclaire à peine, c'est la panique et tout le monde hurle "Les Kormes ! Les Kormes reviennent ! Tous aux créneaux !". Le problème de Gavin, c'est qu'en se levant au matin dans la cour endormie, le beau glaive à la lame gravée (d'une femme nue : "Rho chouette !" fait Gavin) sous le bras parce qu'il ne voulait pas prendre le risque qu'on le lui vole, il a décidé de pisser derrière un pilier où, par malchance, dormait un garde (vous voyez comment les joueurs ont créé un fil rouge héroïque de scène en scène ? "J'étais en train de pisser quand..."). Éclaboussé et immédiatement réveillé, le soldat a ouvert les yeux pour voir l'écuyer "armé" levé au-dessus de lui et s'est mis à crier "Aleeeerte !". Coup de bol, c'était vraiment l'alerte puisque c'est le moment qu'ont choisi des dizaines de Kormes pour s'avancer sur le pont...<br />
Gavin cavale de son mieux entre les dormeurs et les tente, sachant que la plupart des autres sont déjà partis, il cherche une cachette ou un moyen de s'enfuir du fortin, mais le portail est à peine refermé et, en plus du furieux trempé d'urine qui le poursuite avec sa hallebarde, les guerriers commencent à s'accumuler aux remparts.<br />
"Heureusement, Herle est venu à la rescousse !" précise Orlanth, utilisant son "exploit d'un autre PJ" pour s'en sortir. Bon, là, comme techniquement Herle est un PNJ depuis déjà deux ou trois séances, c'est moi brièvement qui raconte.<br />
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En effet, la porte pas encore barrée craque soudain sous l'impact d'un chariot utilisé comme bélier par trois "Kormes" plus ou moins chevelus : Diane, Trevan et Herle de Lorune sont venus évacuer leurs derniers camarades (et permettre aux vrais Kormes d'investir le fortin, histoire que les dégâts ainsi causés camouflent autant que possible l'intervention du commando). Sous la volée de flèches qui pleut alors autour d'eux, les trois peinturlurés décrochent à toute vitesse, plus ou moins suivi par Gavin qui part dans une direction légèrement différente avec l'air du pauvre hère pris dans la tourmente. Un coup d’œil alentour lui révèle d'ailleurs plusieurs dizaines de Kormes progressant par le pont vers la herse baissée en échangeant des traits avec les défenseurs de la grande tour, et de petits groupes épars traversant le fleuve accrochés à des radeaux : l'écuyer s'enfuit vers l'ouest sans demander son reste, et retrouve bientôt le reste du commando. "Hé mais c'est mon épée !" s'exclame Eldan en voyant arriver Gavin. "Celle-là ? Non, non, j'l'ai trouvé à l'Auberge... _Après que je l'ai lâché devant les gardes, ouais ! Rends-moi ça ! _Rho mais-heu…"<br />
<br />
=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Retour dans la forêt : Eldan dégaine donc le précieux glaive hérité de son père puis sauvé par Gavin... et pare le premier coup de hache de son adversaire. Il reste au plus près de l'ennemi pour gêner le tireur qui se rapproche par le nord et, lorsque son opposant trébuche sur une racine [1pH pour éviter d'être gravement blessé par un coup de hache], Eldan le sèche pour le compte d'un grand coup du plat de la lame sur l'oreille, puis roule vivement dans les buissons pour éviter la flèche que l'archer lui décoche une fois son angle de tir dégagé. Bondissant d'arbre en couvert et de tronc en fourré, Eldan se rapproche de lui et, lorsqu'il n'est plus qu'à une 10aine de mètres, le dernier trait décoché à peine rebondit contre l'écorce d'un sapin, le Moineau fonce au contact : l'autre n'a que le temps de tirer sa dague que la lame gravée lui tranche l'épaule, éclatant le trapèze, l'omoplate et la clavicule dans une gerbe de sang. L’hémorragie finit de l'achever pendant que notre éclaireur souffle un peu, découvre le tatouage de la Confrérie du Chacal sur la poitrine de l'archer et lève enfin le nez vers la route quand il entend passer le tonnerre de chevaux aux galop : 6 ou 7 cavaliers foncent à bride abattue vers le sud, d'où monte déjà la clameur d'un combat, puisque l'embuscade y a commencé. "Meeeeerdeuh !" s'écrie Eldan en repartant vers le sud à toutes jambes.<br />
<br />
=== Herle ===<br />
<br />
Serrant son poing massif sur la cape enneigée de Vighnu, Herle de Lorune commence à s'énerver : <br />
_"Mais par les Pères tu vas me dire comment vous avez rattrapé le chariot, à la fin ?". <br />
_"C'est grâce à Vighnu, intervient le Moineau qui vient de sortir de l'ombre [puisque là, on peut raisonnablement supposer qu'il n'est pas mort] "Il a réussi à trouver des chevaux, puis à nous guider à travers la campagne pour atteindre la forêt avant la roulotte du Magnifique. Il a été formidable ! <br />
_Mais comment vous avez fait pour sortir le butin de l'Auberge ?!? <br />
_Oh ben ça, c'est grâce aux...heu... talents d'imitateurs d'Andréas…"<br />
<br />
=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
L'aurore pointe à peine sur la cour de l'auberge encore à moitié endormie quand Dorian le Magnifique et sa suite, fraîchement augmentée de plusieurs mercenaires recrutés sur place, exige du Lieutenant Sanderen (commandant le fortin pour l'Armée du Nord) qu'on ouvre les portes à sa roulotte, parce qu'il refuse de rester plus longtemps dans un relais aussi mal défendu. L'officier ne s'était d'ailleurs pas levé si tôt pour se faire emmerder par des marchands et grimpe sur la margelle du puits pour annoncer d'une voix forte que, le fortin étant assiégé depuis cette nuit, tout ceux qui auraient encore la mauvaise idée de s'en prendre aux défenseurs -pour des raisons de taxe ou d'insatisfaction quant au couchage- seraient considérés comme complices des Kormes et pendus aux murailles !<br />
<br />
Un soldat vient alors cogner à la porte de la grange où Andréas, caché dans la remise, vient juste de finir un splendide dessin de Darjodrahl, assis dans l'ombre dans une attitude aussi distante qu'agressive, qui va lui permettre de concentrer sa magie [il a créé un puissant sort de Chimère sur tout le rez-de-chaussée de la grange, lui permettant d'y animer un personnage d'autant plus crédible dans sa mauvaise humeur qu'il se base sur l'altercation de la veille entre Sanderen et le Hornois]. Évitant de croiser le regard mauvais du guerrier qui les admoneste depuis le coin obscur de la pièce, le marchand et ses hommes se dépêchent de sortir leur carriole, d'y atteler les bœufs et de quitter l'Auberge. Pendant qu'on referme le portail derrière la suite de Dorian, l'agitation et sa vessie tirent bientôt Gavin du sommeil et, dès que l'écuyer se met à cavaler poursuivit par un hallebardier, Andréas profite de la confusion pour quitter la grange sans être remarqué et aller se recoucher dans un coin... Lorsque, évidemment, les Kormes attaquent.<br />
<br />
[Précision rigolote, mais que les PJ ignorent : quand les joueurs on demandé ce qui avait provoqué l'attaque des Kormes, je leur ai expliqué qu'ils surveillaient évidemment depuis des semaines le fortin et le pont contrôlant le passage vers le nord-ouest de la Région des Lacs, et qu'ils ont décidé de passer à l'action quand, cette fameuse nuit, il est devenu manifeste que des "camarades" assiégeaient l'endroit depuis la rive gauche et envoyé des signaux à coups de flammes colorées : le temps de s'organiser, ils ont donc profité de l'occasion pour tenter de prendre la position. "Mais c'est notre faute si les Kormes ont attaqué ?!! _Hé, oui : vous êtes très forts.."]<br />
<br />
"Mais vous... demande Herle, comment vous êtes sortis de là ? _Oh ben nous on a profité d'une corde dégottée par Gavin dans la grange pour se tirer par les remparts comme on était venus, un peu avant l'attaque. Tu t'en souviens pas ? On vous a retrouvé à l'extérieur, avec les chevaux.<br />
[Les joueurs font quelques jets pour confirmer cette version de l'histoire, et payent 1pH pour cette histoire de chevaux : entre ceux qu'ils ont amenés eux-mêmes et le troupeau dispersé dans la nature, c'était raisonnablement probable d'en trouver pour tout le monde.]<br />
On a juste eut quelques ennuis à cause de Diane qui était restée en arrière..."<br />
<br />
=== Témoignage de Diane ===<br />
<br />
Pendant que Herle, Trevan et Gavin évacuent vers l'ouest, l'Arbalétrière s'est en effet arrêtée pour se nettoyer à grande eau (parce que les peintures de guerre, ça colle affreusement dans les cheveux longs). Elle est d'ailleurs en pleine toilette quand une bande de Défunts, trempés d'avoir traversé le fleuve glacé à la nage, prennent pied sur la rive et la considèrent avec circonspection : d'abord parce qu'elle est, sinon jolie, du moins sculpturale [Physique 4, Athlétique 4, Allure 4 : elle ressemble à une héroïne d'Adam Hughes], ensuite parce qu'elle est manifestement en train de se débarrasser de peintures semblables aux leurs, qu'elle revient d'avoir enfoncé le portail du fortin et que les Kormes s'attendaient à trouver des camarades sur cette rive. Sauf que Diane a des cheveux, et ça, c'est pas normal... "Ben quoi bande de débiles, leur balance-t-elle alors en Langue des Vents, vous allez rester là à mater ou vous êtes venus pour participer à l'assaut ?!? Bougez-vous le cul merde, on est pas là pour roupiller !" [Et de faire une énorme réussite sur son un jet de Social+Langues Étrangères+Allure+Intimidation+Volonté.] Un instant médusés, les Kormes saluent respectueusement cette guerrière étrange qui ne peut être qu'une cheffe influente et vont se joindre au combat, l'un d'eux tendant même un carré de tissu à la Kerdane pour qu'elle finisse de s'essuyer...<br />
"Comme quoi c'est carrément pas ma faute, ajoute l'arbalétrière qui vient de sortir de l'ombre auprès du templier blessé : j'avais même réglé le problème quand ce crétin de Vighnu est venu foutre sa merde !"<br />
<br />
=== Témoignage de Vighnu ===<br />
<br />
[Un jet d'orientation particulièrement raté pour retrouver les autres après avoir rassembler des chevaux vient en effet de basculer une 10aine de pions dans la case de Tension de Vighnu, qui a par ailleurs toujours des pions de Marque psychologique (anciennement appelés "Traumas") suite à sa crise sentimentale avec Islinna (et qu'il essaye d'évacuer depuis 3 séances). Il est donc très largement en Surtension...]<br />
À quelques centaines de mètres à l'ouest du fortin, ses compagnons en train de sauter sur les montures qu'il vient de leur procurer, Vighnu aperçoit à la lisière des arbres encore obscures une jeune et belle jeune fille rousse (il reste de la peinture rouge dans les cheveux de Diane) portant un manteau emishen et entourée d'une 15aine de Kormes... Son sang ne fait qu'un tour (sans passer par le cerveau) et l'assassin s'élance au grand galop en hurlant "ISLIIIIINNAAAAAAA ! J'ARRIIIIIIVE !" avant que ses camarades n'ait seulement pu songer à le retenir.<br />
<br />
Diane voit alors le Fehnri surgir de la nuit comme un diable, les Kormes qui s'éloignaient déjà ralentissent à l'arrivée de l'intrus et, chargeant toujours, Vighnu bondit de son cheval sur le pauvre gars qui tendaient une serviette à la guerrière et l'égorge d'un grand revers de son katara en beuglant "Touche pas à ma copiiiine !". "Mais t'es complètement taré ! J'suis pas ta gonzesse !", s'écrie Diane alors que l'assassin halluciné se relève souplement, quoiqu'un peu confus et couvert de sang, pendant que "l'innocent" Korme agonise dans l'herbe haute. Et tous les Kormes alentours de se ruer vers eux en brandissant leurs armes. Sautant à cheval, la Kerdane furieuse et le Fehnri honteux essuient de justesse quelques flèches, javelots et hache de jet mais parviennent à dégager à fond de train avant d'être encerclés.<br />
<br />
Lorsqu'il rejoignent Eldan, Herle, Trevan, Gavin, Le Grêlé, Oleytan et La Poigne maintenant tous en selle, Vighnu ne prend même pas le temps de s'expliquer : "Dorian et le butin doive être loin devant nous, maintenant : on va couper la plaine par l'ouest à bride abattue, les doubler avant la forêt et les attendre au premier guet ! _C'est moi ou on aura passé la moitié de cette mission à cavaler derrière des convois ? _Ferme-la et galope !".<br />
<br />
_"Oui heu bon, toi qui a fait vœu de chasteté tu peux pas comprendre mais les femmes, tu vois, ça te mélange tout dans la tête et... <br />
_L'embuscade, par les Pères ! Raconte-moi l'embuscade ! <br />
_Haem donc, comme je te le disais, Diane a organisé une embuscade aux petits oignons, mais on a eu des visiteurs imprévus…"<br />
<br />
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== L'embuscade ==<br />
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<br />
[Après s'être tous reposés pendant une Scène grâce à l'avance prise dans la course, Diane fait un gros jet de préparation avec le soutien de tous ceux qui ont quelques scores de Tactique, de Camouflage ou d'Embuscade (et dans un groupe de mercenaires du nord, ils sont nombreux) pendant que Vighnu fait un solide jet de camouflage pour tout le groupe : bénéficiant d'un confortable bonus tactique réparti sur plusieurs personnages, d'un excellent point de vue pour la tireuse d'élite et d'une Difficulté de repérage monstrueuse, les PJ et leurs camardes sont prêts à ne faire qu'une bouchée de l'équipage du Magnifique…]<br />
<br />
Le timide soleil matinal jaunit les nuages gris et la pluie qui n'en finit plus de détremper la forêt, gonflant en torrent le ruisseau qui coupe la route de Solerane, juste au pied d'un trio de gros rochers de grès surplombant de leur butte une myriade de petits blocs, le gué et la route. Invisibles derrière les rocs et bosquets alentours, les vaillants mercenaires de Tal Endhil, confiants dans la garde d'Eldan ½km au nord, observent la lente arrivée par le sud de la roulotte fermée et escortée par deux cavaliers et cinq fantassins. <br />
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Image<br />
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Les éclaireurs à cheval de Dorian le Magnifique avancent en effet à pas prudents dans le torrent, pleinement conscients de traverser un splendide site d'embuscade, mais sans parvenir à repérer les guerriers déguisés en Kormes qui attendent le signal de Diane, postée au sommet des rochers, pour les assaillir de quatre côtés. La Kerdane laisse avancer les cavaliers le plus loin possible et, lorsque le premier d'entre eux menace a déjà largement dépassé les rochers et risque d'être bientôt hors de portée de la redoutable arbalétrière, elle l'abat d'un carreau en pleine tête [encore un, il faut dire qu'Orlanth soigne ses jets de tir et mise systématiquement en Visée] dès qu'il échappe à la vue de ses compagnons. Ce n'est que lorsque le garde du corps personnel du marchand commence à donner des signes d'inquiétude, un musclé patibulaire et couturé de cicatrices qui se désaltère au bord du torrent tout en jetant des regards insistants alentours, qu'un deuxième carreau démonte le second cavalier sur la rive nord, déclenchant l'assaut : avant qu'un des éclaireurs ait pu finir de crier "Aleeer..." des flèches fusent de toutes part, les grands couteaux de jets pris par Vighnu sur le corps du Hornois tournoient dans les feuillages, des guerriers jaillissent de chaque buisson et, en quelques secondes, la majorité de l'escorte agonise sur la terre bourbeuse du chemin. Mais les battants de bois sur le flanc de la roulotte viennent de s'ouvrir, libérant une appétissante fehnri à peine couverte d'une fourrure qui s'enfuit à toutes jambes à travers bois :"Oh m'am'zelle, reviens ! Faut pas courir toute nue dans les bois comme ça !" s'écrit Gavin-le-Korme-du-Terroir (pour récupérer quelques pions de sa Réaction "Plouc") avant de s'élancer à ses trousses, croisant la route du marchand courant à la suite de sa compagne dans son seul pantalon (mais sa cassette sous le bras, emballée dans une couverture)…<br />
<br />
"Cavaliers au nord !" signale alors Diane d'une voix forte, avant de tirer un nouveau carreau sur le premier des hommes qui viennent de croiser Eldan. "Soldats au sud !" lui répond la voix du Grêlé qui vient de repérer les quelques hommes de Jornil et de Sanderen partis du fortin après avoir repoussé les Kormes (qui n'ont jamais réussit à prendre la grande tour pour ouvrir la herse barrant le pont), découvert le corps de Darjodrahl dans la grange, vérifié le contenu des coffres et s'être lancé "à la poursuite du marchand félon" (et qui viennent de freiner d'un coup en découvrant l'escorte massacrée par les "Kormes", qui sont décidément partout).<br />
<br />
=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
"Attendez... et le chroniqueur-à-tout-faire, il était où, là ? _Heu... hé bien figure-toi qu'il y a eut un miracle, une véritable apparition divine, comme récemment à la Mine Bénie : c'est dire si les Pères sont avec nous !"<br />
Quand une poignée de Kormes franchit le parapet et commence à s'en prendre aux voyageurs piégés dans la cour, Andréas se précipite vers la seule porte qui n'ait pas encore été solidement bouclée, celle de la chapelle, entraînant à sa suite quelques réfugiés paniqués. À peine la porte barrée par un banc, le mage évalue le cheptel à sa disposition, serré comme des sardines dans l'espace exigu entre les piliers sculptés représentants les huit Premiers : il y a là la jeune voleuse, le vieux conteur, le garçonnet à la vielle et l'acrobate-détrousseur (soudain gêné de se découvrir barricadé dans une pièce de 9m² avec "l'intimidant" érudit), un jeune soldat affolé (qui a lâché sa pique au premier signe de danger), une des servantes de l'auberge et une commère serrant une poule dans ses bras tremblants. <br />
<br />
Des cris (et des caquètements) de terreur accueillent les premiers coups de hache qui s'abattent sur la porte, mais Andréas Odran connaît la manœuvre : "Prions mes frères, les exhorte-t-il avec toute la force de sa conviction ! Prions que les saints Pères viennent à notre secours ! Chantez-tous avec moi !" La chorale improvisée entonne alors un antique où l'angoisse se mêle à la ferveur religieuse. Lorsqu'une cognée d'acier fini par percer entre les planches de chênes, le mage décide d'accélérer le mouvement et sort la Sphère de Pouvoir de son havresac : "Mes frères, ceci est une Sainte Relique Première dont la bénédiction nous protégera des ennemis du culte ! Tendez les mains pour la toucher et concentrez-vous sur le chant ! Les Pères sont avec nous !".<br />
<br />
Et siphonnant un maximum d'Énergie à ses coreligionnaires sans trop leur demander leur avis (pas plus qu'à la poule), Andréas remplit son focus au maximum pour lancer un sort de Chimère assez puissants pour effrayer les Kormes... lorsqu'il lui semble qu'une forme tout à fait imprévue émerge de la sphère d'or rouge. Le chroniqueur commence même à distinguer une silhouette humanoïde lorsque, son sort se déclenchant en vidant d'un coup toute l'Énergie accumulée dans la sphère, "l'intrus" disparait avec une sorte de cri muet.<br />
<br />
Dans la cour, c'est par contre carrément la stupeur : Herem, Second Fils des Étoiles, Premier Seigneur des Batailles, vient de se matérialiser quelques mètres au dessus du puits, brandissant son épée enflammée sur le fond sombre de cette aurore pluvieuse. La plupart des soldats en restent tétanisés, des réfugiés se jettent à terre en signe de soumission, d'autres prient à genoux sur les pavés et les Kormes, eux, refluent en désordre devant cette apparition divine.<br />
Lorsque les choristes de choc émergent de la chapelle dans une sorte de stupeur incrédule, il leur faut plusieurs minutes pour s'apercevoir que le saint érudit et sa relique on déjà disparu par le portail enfoncé de l'auberge…<br />
<br />
=== L'embuscade encerclée ===<br />
<br />
Dans la forêt humide se joue une dangereuse partie de cache-cache : après que deux d'entre eux aient été blessés par des carreaux d'arbalète en arrivant du nord à bride abattue, les Chacals lancés à la poursuite de nos héros ont démonté pour se disperser à couvert dans les sous-bois, les soldats et mercenaires arrivant du sud ont pris le maquis en découvrant les cadavres dispersés sur la route et les auteurs de ce carnage se sont pour la plupart dissimulés tout autour de la clairière envahie de rochers, progressant prudemment à la recherche des nouveaux arrivants. <br />
[Après la phase de "tir au pigeon" de l'embuscade, le groupe vient de passer en Duel global, tous les combattants dispersés à travers la map répartissant leur mise entre le repérage (attaque), la dissimulation (défense) et le déplacement, jusqu'à rencontrer des ennemis et basculer en combat à distance ou tenter de rentrer au corps à corps. Le récent module de calcul des distances de combat a donc beaucoup servi, de même que les Positions tactiques (camouflage de la végétation, couvert des rochers...), la surprise, les charges soudaines, les combats à plusieurs adversaires... Ce fût une belle démonstration tactique (Diane a particulièrement brillé) et une belle scène finale, qui aurait mérité plus de descriptions si je n'avais pas eu 5 ou 6 combats à gérer en même temps. Au passage, Humphrey B jouait Herle de Lorune pendant l'absence d'Andréas.]<br />
<br />
Dés le début, Gavin est pris dans une bagarre désordonnée à coups de couverture, de cassette et de poings contre Dorian le Magnifique pendant que la belle fehnri disparaît dans les bois ("Une courtisane fehnri avec un gros score de discrétion associée à un marchand-escroc ? Tiens donc..."), Le Grêlé a rejoint la roulotte pour régler son compte à la petite servante qui s'y cachait encore (et "s'amuser un peu" avec elle : ça reste un mercenaire sans scrupule, hein), Eldan essoufflé rejoint le "champ de bataille" par le nord, Vighnu et La Poigne convergent vers les soldats qui contournent par le sud-est, Herle abandonne son arc pour foncer tout seul par le flanc ouest (il faut bien justifier de son état futur en le jouant "imprudemment"), Trevan et Diane quittent discrètement les gros rochers en cherchant à repérer leurs nouveaux adversaires...<br />
<br />
Après quelques instants de louvoiement discrets dans les bois, le premier accrochage intervient quand deux soldats franchissent le ruisseau en aval du gué et sont interceptés par La Poigne et Vighnu : si le gros benêt diminué par ses blessures est vite repéré et pris dans un laborieux corps à corps, l'assassin blesse un de ses adversaires d'une dague de jet avant de surgir derrière lui pour le poignarder, employant le corps du mourant comme bouclier contre les attaques de deux autres soldats qui venaient à son secours. En un instant, Vighnu balance le mort sur ses congénères, éventre l'un et abat l'autre d'une dague de jet dans la gorge, pendant que La Poigne enfin dégagé éclate le crâne du dernier à coups de gourdin.<br />
<br />
Après avoir éclaté le nez du marchand d'un direct bien placé, Gavin lui arrache sa précieuse cassette et, laissant le "Magnifique" sonné assis dans l'herbe, accourt vers la roulotte en entendant les cris d'effroi de la petite servante. N'écoutant que ses élans chevaleresque, il sonne Le Grêlé d'un grand de cassette sur le crâne et, après avoir tenté en vain de calmer la pauvrette (faut dire qu'il est grimé en Korme et qu'elle passe une matinée épouvantable), l'écuyer la laisse s'enfuir dans la forêt et part à la recherche d'une arme plus approprié en voyant se rapprocher les mercenaires du fortin.<br />
<br />
Sur l'autre flanc, Herle (sans arc, donc) s'est fait prendre en tenaille par deux tireurs, a reçu une flèche dans le côté et, pendant qu'il tentait de choper son agresseur au contact, l'autre a surgit de flanc pour lui ouvrir la cuisse à coup de glaive. Blessé et à deux contre un, il encaisse de son mieux lorsque Trevan de Rigorne charge en brandissant son épée, attirant l'attention de Diane qui progressait à croupetons dans le secteur : en une seconde, le premier chacal est décapité et le second s'écroule, un carreau d'arbalète dans l’oreille. Mais ils n'ont guère le temps de souffler car Le Moineau les appelle au secours !<br />
<br />
Déboulant sans s'en apercevoir au milieu des ennemis camouflés, Eldan est immédiatement pris par surprise et blessé. Il parvient néanmoins à faire chuter son adversaire et, roulant avec lui dans les feuilles mortes, les deux éclaireurs échangent coups d'épée, de pied et de poing en s'usant l'un l'autre, pendant qu'un chacal supplémentaire s'approche à pas de loup. Le Moineau le repère au dernier moment, appelle à l'aide, tente vainement de pousser l'ennemi qu'il a blessé dans les jambes de l'arrivant et encaisse une nouvelle blessure (il commence à être franchement mal en point) lorsque Trevan arrive à la rescousse, toujours au pas de charge et toujours couvert par Diane dont l'avant-dernier trait cueille l'ennemi debout juste sous l'omoplate, perçant le poumon.<br />
"Laisse-le moi !" gueule Eldan au chevalier errant et, donnant tout ce qui lui reste contre un ennemi soudain moins faraud, le Moineau prend finalement sa revanche en clouant son ennemi au sol d'un grand coup d'épée. Avant même que Herle rejoigne en boitant l'éclaireur victorieux, Trevan et Diane sont repartis au pas de course vers le flanc est, où des cris indiquent que Lerkoren Oleytan passe un mauvais quart d'heure.<br />
<br />
Car parti seul au nord pendant que l'on se battait près du ruisseau, le jeune Elloran a abattu le premier des "Chacals" qu'il a rencontré mais s'est ainsi fait repéré par deux autres : après un court échange de flèches en manœuvrant pour rester à couvert, Oleytan s'est fait chargé par les deux ennemis simultanément, a réussi à les entraîner dans un bosquet touffu pour les gêner au maximum mais commence à faiblir sans parvenir à se dégager et, lorsqu'il prend un coup de lance dans le mollet, ça commence à sentir franchement le roussi. "VIGHNUUUU !!!" appelle-t-il alors à pleine voix, pendant que l'intéressé, à plus de 200m de là, achève le dernier soldat qui s'enfuyait d'un magnifique lancé de couteau, qui l'atteint dans le dos à plus de 50 pas.<br />
<br />
Lorsque deux mercenaires ont abordé la roulotte et trouvé Le Grêlé étalé dans l'herbe, Gavin qui venait de cacher son butin dans les buissons a soudain été pris de remords. Ramassant l'épée d'un mort, il revient à pas prudents lorsque le combat éclate : Le Grêlé a laissé le premier adversaire s'approcher pour l'achever, a retourné la dague qui le menaçait dans l'estomac de l'ennemi et roulé sous la roulotte pour échapper aux coups de lance du second militaire. Le Grêlé est néanmoins blessé lorsque l'écuyer arrive alors pour achever d'un grand coup d'estoc le gars qui se tenait le ventre à deux mains et bondit sur le véhicule qui commence à avancer au ralenti, les bœufs n'aimant guère la nouvelle agitation qui secoue leur attelage. Son camarade sort alors de sous le chariot pour éviter de passer sous les roues et, maintenant à deux contre un, Gavin et Le Grêlé ont vite défait le dernier soldat, achevé d'un joli lancer d'épée dans le dos alors qu'il s'enfuyait.<br />
<br />
Trevan, Diane et Vighnu arrivent à quelques secondes d'intervalle au secours d'Oleytan, les deux derniers Chacals étant alors rapidement tués, le premier percé du dernier carreau de la Kerdane et Vighnu égorgeant l'autre après un bref corps à corps, d'abord à deux, puis trois puis quatre contre un.<br />
<br />
=== Fin des combats ===<br />
<br />
Essoufflés, les guerriers vainqueurs font brièvement l'appel : <br />
_"La Poigne ? <br />
_Il souffle près du ruisseau, il a pris assez cher. Eldan ? <br />
_De l'autre côté, au nord, mal en point : il s'est mangé l'avant-garde tout seul avant de nous rejoindre, si j'ai bien compris. Herle est avec lui, blessé aussi, il a perdu connaissance. <br />
_Gavin et le Grêlé sont donc seuls avec la roulotte : faudrait pas trop traîner avant qu'ils se fassent des idées malhonnêtes..."<br />
<br />
Et pourtant, les deux hommes se réconcilient sur une base financière saine : ils font moitié-moitié sur le contenu de la cassette ("que c'est pas la peine d'embêté les autres avec des détails") et Le Grêlé oubliera qu'un certain écuyer a essayé de l'estourbir avec. A peine ont-ils partagé qu'arrive Andréas Odran sur un cheval fatigué, qui découvrent le massacre au bord du gué : "Dîtes-donc mais c'est carrément la guerre ici ! Je croyais que le but de toute l'opération à l'auberge était de pouvoir prendre le butin d'un chariot à peine défendu. _Ouais ben y a eut des invités surprise..."<br />
Les valides font le tour du secteur, poussent le chariot hors de la route, rassemblent les camarades blessés pour que Vighnu et Andréas puissent les rafistoler, puis trient les cadavres au nombre desquels semblent se trouver (par la grâce d'1pH) presque tous les hommes du fortin susceptible d'identifier Eldan après ses exploits de la nuit précédente. "Alors on est bons, conclut le chroniqueur : j'ai vu les Kormes tuer les deux seuls autres qui nous aient regardé de près.<br />
_N'empêche que le Magnifique, sa poule et la servante se sont tirés. <br />
_Bah c'pas grave, ils témoigneront qu'ils ont été attaqués par les Kormes. <br />
_Mouais, sauf que Gavin a jugé utile de leur faire la causette. <br />
_Chiotte ! <br />
_Et sinon, d'où ils sortaient tous ces mecs ?<br />
_Ben ceux-là ont du vous poursuivre depuis l'auberge.<br />
_Celui-ci, il était déjà avec l'escorte au départ de Solerane, alors j'imagine que ceux du nord étaient à la recherche du messager qu'on a intercepté cette nuit.<br />
_Les Chacals qui nous attendaient avec le fourgon ont du appeler du renfort après qu'on aie commencé à leur tailler des croupières, parce que je pensais pas qu'il y en avait autant dans le secteur...<br />
_Le premier qu'a tué Herle le jour du départ, Jaromir et Rumbold que tu as dégommés avant de lâcher le convoi, ça fait déjà trois... <br />
_Au moins deux de plus, qu'on a tué avec Trevan et Gavin quand ils nous poursuivaient : ça fait cinq. <br />
_Cinq ou six avec Jorem Cuivré hier, vu qu'on a pas trop fait le détail. Disons 10.<br />
_Et aujourd'hui j'en compte cinq, dont au moins un emishen du clan des Rimdehl, en plus des derniers hommes de Jornil !<br />
_Tu oublies les trois qui sont morts au Cercle des Cascades au début de la semaine, ça fait donc 18 chacals éliminés en 8 jours. C'est du bon boulot, quand-même !<br />
_Façon de voir : moi ce qui m'inquiète, c'est qu'on puisse avoir deux dizaines de types armés dans notre secteur et ne nous en apercevoir que maintenant... Il faudra qu'on parle à ce trafiquant de sel que connaît Eldan, celui qui a présenté Jaromir au fils Cuivré : je crains que l'implantation des Chacals soient plus avancé qu'on ne l'imaginait."<br />
<br />
Rassemblés et ayant brièvement le temps de souffler pour la première fois depuis des jours, nos héros en profitent pour échanger enfin les infos recueillies par chacun au cours de leurs aventures et reconstituent ce qu'ils savent de la Confrérie du Chacal :<br />
La Confrérie, originaire des Sylves, semble essaimer en créant des "chapitres" locaux dans différentes régions de l'Empire. Il semble que des membres du chapitre "sylvain" de la Confrérie ait donc fait le déplacement pour "franchiser" des brigands du Nord, et ce sont ceux-là qui dirigent plus ou moins les opérations (les trois mecs tués par Andréas, Adira et Eldan aux cascades étaient vraisemblablement des novices). Aux Sylves, la Confrérie est à la fois une mafia, une secte animiste et le noyau dur de la résistance armée à l'occupant impérial : si Urgrand est lié à ces gars-là et qu'ils commencent à passer des accords avec les Kormes, ça risque de compliqué sérieusement l'Échiquier du Nord. Et si les Chacals semblent être quasiment apparus par génération spontanée en quelques semaines, c'est qu'ils ont trouvé des gens pour les soutenir et les aider dans la région : soit Urgrand est beaucoup mieux connecté qu'il n'y paraissait, soit ils ont d'autres appuis...<br />
<br />
=== Exfiltration ===<br />
<br />
"...après quoi on a réparti le butin sur les chevaux, vu qu'on en avait maintenant une bonne quinzaine, on t'a attaché en selle et on s'est tiré vers l'ouest en contournant Celanire par le nord jusqu'au grand menhir où nous attendait Neri'Helin, une des novices du chaman edell'okhil Kal Tayvon, avec des bœufs laineux, des vivres et tout le matériel de montagne : paraît que ton 'Pitaine leur a promis de racheter leurs frères en esclavage. On a ensuite crapahuté par l'ouest pendant trois jours dans les Asparren puis les Monts d'Azur, en passant par des coins de plus en plus hauts et enneigés pour éviter de croiser quiconque. La p'tite Edell'okhil a même déclenché une avalanche dans le col du Fraisil pour qu'on ne puisse plus nous suivre. On a bien perdu quelques canassons en chemin, mais les lingots sont au complet, le groupe aussi (quoique la demoiselle ait du re-nettoyer les blessures de La Poigne), et nous voilà presque rendus.<br />
_Où sommes-nous, exactement ?<br />
_Un peu au sud-ouest de la Mine Bénie : on va contourner par l'autre versant pour éviter de s'y faire voir et la môme va nous faire passer sur la rive nord du Lac Troisième par une espèce de chemin à travers les marais à l'est de Andh Endhil, pas loin du camp abandonné d'Etayn-la-Louve.<br />
_La voie est libre et le jour va se lever, annonce la jeune femme en rejoignant le groupe : ramassez vos affaires, hommes du sud.<br />
_Allez, messire de Lorune, remonte en selle : ce soir, Le Cornu nous attendra avec de la gnôle au camp d'abattage."<br />
Et dans le petit matin, les fiers cavaliers de Tal Endhil descendent victorieux vers la Vallée des Lacs en Palier avec, dans leur fonte, un trésor capable de financer les nouveaux projets du Capitaine Durgaut...<br />
<br />
<br />
<br />
== ÉPILOGUE (envoyé aux joueurs après coup) ==<br />
<br />
<br />
<br />
C'est au soir du huitième jour après leur départ discret que nos vaillants mercenaires fourbus, gelés, blessés et riches comme Crésus se sont affalés dans une minable hutte au nord du camp de bûcherons de Tal Endhil, déserté chaque nuit en cette saison. Immédiatement repartie avec ses bœufs laineux, sa sœur adolescente et son cousin mutique, la gironde rouquine Neri'Helin ("Dis-donc mais... c'pas la p'tite Edell'okhil que t'a réveillée l'autre fois aux cascades, quand on cherchait les Chacals ? _Si, même que Nevel m'a dit que Tael Shannan se la tape ! _Note qu'il se tape toutes les mignonnes, ce fumier de barde. _Dîtes, c'est fini d'échanger des potins comme deux vieilles venteuses ?") a laissé les hommes de Durgaut fort symboliquement assis sur la terre battue, à 10 pas de l'icône votive qui marque l'extrême frontière nord de l'Empire (mais Le Grêlé a pissé dessus). Ils ont festoyé, pansé leur nombreuses plaies et, d'abord par jeu, ceux qui parmi eux avaient quelques notions de finances ont commencé à calculer combien représentait le chargement encore bâté sur leurs chevaux.<br />
_On a pas loin de 250 lingots, dont bien 150 de merdouilles comme du cuivre, du bronze et du fer...<br />
_Des "merdouilles" qui vont se négocier entre 500 et 1000 lunes à la prochaine cité dotée de forges, ducon.<br />
_T'es sûre ?!<br />
_Il est drôle l'aut' : pourquoi qu'tu crois qu'on creuse des mines ?<br />
_Crois-moi, s'il y a bien un truc que les Kerdans savent faire, c'est du commerce...<br />
_Je savais bien que t'étais kerdane malgré ton histoire de "Je suis une innocente remane élevée près de la colonie kerdane de Rigorne, et blablabla"...<br />
_C'est donc bien vrai mademoiselle Diane ? Vous aussi vous êtes de Rigorne ?!?<br />
_Écoute, Trevan : tu es mignon, tu es vaillant mais, putain, ta gueule.<br />
(Trevan de Rigorne rougit.)<br />
_On disait donc au moins 500 lunes pour les lingots de "vils métaux", mais on a surtout une petite centaine de lingots d'argent, quoique la moitié soient planqués dans de faux lingots de cuivre. Et ça, ça nous fait... heu... attendez voir...<br />
_Au moins 300 pièces d'or.<br />
_Putain !<br />
_Quoi ?!<br />
_La Poigne ! Tu sais compter !?<br />
_Ben oui, surtout le métal quoi. J'suis été apprenti forgeron. Mais c'est trop du labeur : j'aime plus mieux taper qu'une bonne fois sur un casque.<br />
(La gourde de vin de sureau passe de main en main, chacun avalant une rasade d'un air mi-émerveillé, mi-consterné.)<br />
_On... on a ramené... 350 pièces d'or ?! Vous croyez que notre bon Capitaine va être content.<br />
_Ah ça, Moineau, il a un peu intérêt à l'être !<br />
_Dîtes, ch'ais pas si vous vous rendez-compte : c'est p't'être le plus beau brigandage de toute l'histoire des Marches !!<br />
_On est riches les gars ! RICHES !<br />
_Non, messieurs : Tal Endhil est riche. Par les pères, si l'un de vous commence à concevoir une seule pensée pécheresse...<br />
_Mais quel pisse-vinaigre, le Défroqué, quand il pisse le résiné.<br />
_Héhé. Fais-voir ta balafre, d'ailleurs, Herle : faut changer ton bandage.<br />
_Ma mienne elle est plus grande !<br />
_Hihi !<br />
_Nul n'en doute mon cher La Poigne, nul n'en doute...<br />
_Ouais mais la tienne elle a même pas percé ta couche de lard !<br />
_N'empêche qu'on a tous ben gagné nos 2 pièces d'argent chacun !<br />
_Plus la prime !<br />
_Oh oui : vous êtes de vaillants gagne-petit. Mais la prime c'était si on laissait pas de témoins et, là, on a Jornil lui-même, Dorian, sa pute, la servante...<br />
_Toi le Noir tu commences à nous les bris...<br />
_Bon les gars, vos gueules : il est tard. Alors ça pionce, ou je vais commencer à distribuer les baffes. Le Grêlé et Diane prennent le premier tour de garde. Demain, j'vous ramenions tous au village. Et rappelez-vous qu'vous avez promis le secret sur vos têtes ! Si on vous presse vraiment, et seulement dans ce cas-là, vous avez été r'prendre les lingots de la Mine Bénie à une bande de Kormes du côté de la Baie des Langueurs. C'est bien clair, pour tout le monde ?<br />
_Oui mon sergent !<br />
_Lèche-cul.<br />
_Mon sergent ! Y a Le Grêlé qui dit...<br />
_Foutremerde, tas de corniauds ! Même avec une 'pparition divine, j'conçois point comment qu'une pareille bande de mômes a pu réussir cette mission !"<br />
<br />
=== Bilan de la mission ===<br />
<br />
Au final, les PJ viennent en effet de rapporter au fief de Tal Endhil ce qui sera bientôt sa première Capacité de "Finances". Vighnu, Diane, Eldan, Andréas et même Durgaut (qui n'avait pas été récompensé depuis des lustres) ont d'ailleurs raflé pas mal de Progrès pour cela, ce qui nous a permis de voir à quelle vitesse Orlanth, qui n'utilise jamais ses pH pour autre chose que pour progresser, avaient pu faire évoluer son personnage : en un seul (gros) épisodes, il a ainsi gagné et dépensé 16pH (8pts de Progrès) pour monter son Énergie de 2 pions. Comme Vighnu (qui capitalisait depuis un moment et vient lui aussi d'atteindre 16pE), Diane "la Moucheuse" (comme l'a surnommé le sergent Le Cornu en entendant le récit de ses exploits et son goût pour l'injure) atteint ainsi le seuil du niveau "Héros" : il ne leur reste maintenant qu'à déterminer une Mission concernant un groupe social (car on on est toujours le Héros d'un groupe d'une population. Vighnu a déjà choisi la sienne : il sera désormais la "Lame Noire du Nord", défenseur secret et assassin vengeur de Tal Endhil) et, lorsqu'ils auront pu réussir un objectif majeur fixé avec leur MJ pour lancer cette Mission, ils obtiendrons le pH supplémentaire permanent et l'augmentation de Réputation qui feront d'eux des Héros dignes de ce nom.<br />
Par ailleurs, les 4PJ impliqués ont gagné 1 point de Relation (à établir avec n'importe lequel de leurs compagnons) et 1 point de Réputation :<br />
_Vighnu est maintenant "Sauveur de Tal Endhil 3"<br />
_Andréas et Eldan "Débrouillard 1"<br />
_Diane a bien mérité d'être désormais réputée "Redoutable 1".<br />
<br />
<br />
}}<br />
<br />
'''[[7) "Embrouilles en Cascades"|<< Épisode Précédent]] | [[9) "Reishin Ghoran"|Épisode Suivant >>]]'''<br />
<br />
'''[[Épisodes|<< RETOUR à la liste des Épisodes]]'''<br />
[[Catégorie:Épisodes]]<br />
[[Catégorie:Comptes-Rendus]]</div>Alounhttps://marchesdunord.radio-roliste.net/index.php/8)_%22Le_Train_de_l%27Argent%228) "Le Train de l'Argent"2014-09-05T15:27:09Z<p>Aloun : </p>
<hr />
<div>La totalité de l'Épisode 8 : "Le Train de l'Argent" est classée "spoiler".<br />
Si vous voulez vraiment accéder à cet Épisode, vérifiez que soit un de vos perso y était, soit que le MJ vous en a donné l'autorisation.<br />
Tout abus sera illico puni par une grosse perte du plaisir de jeu.<br />
<br />
C'est bon, vous y avez bien pensé ? Vous êtes vraiment sûr ?<br />
<br />
...<br />
<br />
{{Secrets|<br />
<br />
<br />
== Prologue, rien que pour Eldan et le Capitaine : ==<br />
<br />
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<br />
''Les semaines précédentes, Durgaut a envoyé ses mercenaires (dont Eldan) enquêter du côté de Solerane sur les détournements de fonds du défunt lieutenant Armeld avec son complice, Maître Gaster, et découvert ainsi l'implication du patron-minier, notable influent et principal contrebandier de la région : Jornil Cuivré. En dehors de ses opérations "privées", Jornil travaille pour Rhilder le Fou à détourner le minerai d'argent des mines de la région, théoriquement destiné à l'État-Major, au seul bénéfice du dément Prévôt de la Marche des Lacs. Rhilder n'est pas quelqu'un avec qui Durgaut peut vraiment se permettre d'être en guerre ouverte, puisqu'il est son supérieur direct, un puissant "Seigneur du Nord" (comme on appelle les impériaux qui se taillent des fiefs dans les Marches) et un putain de psychopathe, notoirement responsable du génocide de la tribu emishen des Rimdehl (les Geaies).''<br />
''Mais notre brave Capitaine, en plus d'être très énervé contre le Prévôt qui le ruine par ses magouilles et lui réclame d'envoyer des troupes que Tal Endhil n'a pas pour participer à la guerre contre les Oloden, est en fait pris à la gorge : s'il n'envoie pas bientôt des lingots d'argent à l'État-Major du Duc-Gouverneur pour couvrir le quota de la Mine Bénie (pillée par les Kormes), Durgaut va sauter. En fait, il n'est encore même pas sûr de pouvoir obtenir le titre de "Bailli de Tal Endhil" vu les exigences du Primat en la matière, mais espère bien réussir à l'épater d'ici son arrivée. D'ailleurs, s'il reste en poste et devient bailli, il sait avoir besoin de beaucoup de pognon pour embaucher assez de mercenaires pour enfin contrôler son territoire et développer la région.''<br />
''Il a donc conçu un plan audacieux pour régler plusieurs problèmes à la fois : braquer le convoi de métaux qui va bientôt partir de Solerane pour Darverane, siège de la prévôté harcelé par les troupes de Kainen Tahrel. Ainsi, il mettra la main sur une véritable fortune (l'argent détourné caché dans des lingots de cuivre, l'argent "officiel" envoyé de Solerane pour l'état-major via Rhilder, du cuivre et de l'étain en quantité) dont il compte employer une partie à payer son quota au Gouverneur, une autre à racheter des esclaves Edell'okhil de la Marche des Gemmes pour s'assurer une alliance avec les Emishen et le reste à constituer une petite armée.''<br />
''Il en était à mettre au point un plan solide lorsqu'il apprend que la route de Darverane, coupée par les Kormes depuis des semaines, vient apparemment d'être rouverte suite à une contre-offensive de Rhilder : le convoi de métal ne devrait plus tarder à partir, il faut agir vite. Et comme Vighnu Pratesh vient de rentrer du Cercle des Hautes-Pierres, il décide d'embaucher l'assassin pour courir l'aspect le plus délicat de la mission : assurer le secret.''<br />
<br />
''Ce qu'il ignore malheureusement, c'est que Jornil a lui aussi enquêtait sur les trois attaques successives qu'il a subi de la part de ruffians non-identifiés : d'abord on a tabassé nombre de petits truands sous les ordres de son fils, Jorem Cuivré, ensuite on s'en est directement pris à deux de ses lieutenants impliqués dans la contrebande d'argent, enfin un éboulement à la mine de cuivre s'est révélé être un sabotage (les mercenaires de Durgaut avaient pour instruction de recruter des mineurs et n'ont rien trouvé de mieux). Jornil a donc d'abord envoyé un certain Worik se mêler aux mineurs "responsables de l'éboulement" qu'il a lui-même renvoyé et qui partaient s'engager auprès de Durgaut (mais son agent est mort connement pendant l'épisode "Terrain Minier"), puis il a envoyé un messager auprès de son bon ami Adira Pratesh pour se renseigner sur les mercenaires de Durgaut (Adira étant alors en pleine bisbille avec le Capitaine, il a volontiers informé son ami) et contacté ses autres associés à Tal Endhil (comme Gaster, Jornil a des parts dans la mine de fer du village, ce que le Capitaine est sensé savoir mais dont il ne réalise pas l'importance), Adira l'a ensuite informé de ce qu'il avait appris sur l'arrestation de Gaster... Bref : Jornil a compris que Durgaut était après lui et pris des mesures en conséquence.<br />
S'il ne peut pas se permettre de retarder d'avantage le convoi de métal (Rhilder a besoin de ce fric pour sa guerre perso et il n'est pas câlin quand il s'impatiente), il a conçu une ruse efficace, embaucher des mercenaires de rab' pour l'escorte et, surtout, contacté par un ami de son fils une petite bande de brigands récemment arrivés dans le secteur : la Confrérie du Chacal...''<br />
<br />
<br />
<br />
== À la "Taverne Penchée" ==<br />
<br />
<br />
<br />
Il fait déjà nuit lorsque la Taverne, récemment rachetée par les mercenaires de Durgaut, ferme ses portes beaucoup plus tôt que d'habitude en chassant les soiffards qui comptaient y passer leur soirée en galante compagnie ; les prostituées, récemment rendues à leur autonomie sous l'autorité de la belle [[Garnelle]] (maîtresse occasionnelle du jeune Eldan) sont également invitées à rentrer chez elle et le quartier lacustre de Tal Endhil est donc rapidement rendu au silence et à la brume nocturne. Pourtant, quelques silhouettes discrètes gagnent bientôt la Taverne apparemment close :<br />
* '''l'apothicaire [[Vighnu Pratesh]]''' (Loriel) n'a eu qu'à franchir quelques pontons depuis sa propre échoppe, son matériel d'empoisonneur sous le bras et ses armes dissimulées sous son large manteau reman, où bat un petit cœur sec depuis si longtemps, récemment réveillé et illico brisé par Islinna : les femmes sont cruelles. Déjà en grande partie au courant de la mission, la seule chose qu'il ignore c'est ce qu'ils vont voler. Mais vue la somme promise par le Capitaine, il est trop heureux de ne pas poser de questions.<br />
* '''[[Nadine "la Moucheuse"|Diane Maletudine]]''' (Orlanth) est une Kerdane, quoiqu'elle prétende être une remane originaire de la cité portuaire de Rigorne, embauchée depuis quelques mois dans l'Armée du Nord, suite à des problèmes avec ses compatriotes. Femme dans une armée de macho, elle a bientôt eut d'autres ennuis (décidément) qui l'ont incité à déserter pour rejoindre la petite communauté kerdane de [[Tal Endhil]] sur les conseils de son mentor, le célèbre maître d'armes [[Vasco Sotorine]]. Sauf que [[Ranyella]] la pilote ne veut pas d'une renégate dans sa troupe et l'a donc refilée au Capitaine sans lui expliquer les casseroles que trimballe l'arbalétrière...<br />
* '''[[Andréas "Odran"]]''' (Humphrey B) a récemment eut un entretien secret avec le Capitaine qui pourrait se résumer ainsi : "''Je sais que vous êtes un sorcier, mais je suis prêt à fermer les yeux si vous bossez pour moi. _Ça pourrait m'arranger, vu que je suis là pour mettre fin à la dispersion d'artefacts qui commencent à foutre le boxon à [[Duriane]], mais je vais pas m'en sortir tout seul. _Splendide : faudra me neutraliser le machin dans la Mine Bénie. Dans l'intervalle, vous êtes embauché comme espion. Vous commencez demain, rendez-vous à la Taverne Penchée après la fermeture.''" Il arrive donc avec un peu d'avance et pas mal de bagages, dont son précieux grimoire, ses herbes médicinales et un certain objet qu'il a passé presque deux jours à chercher dans le torrent en contrebas de la [[Mine Bénie]].<br />
* '''[[Oleytan "le Furet"]]''' (PNJ), lui, s'est engagé dans les mercenaires de Durgaut dès son retour de "l'Opération Tréfonds" : il se sent désormais un vrai guerrier, veut participer à l'alliance entre les Talendan et les Elloran mais, surtout, il a enfin couché avec le grand amour de sa jeune vie : la jolie négociante lewyllen [[Doma Sholen]]. Celle-ci l'a inexplicablement largué à l'arrivée à Tal Endhil en lui expliquant que "c'était fun, mais t'es juste trop jeune pour moi" (elle court en vain après [[Nevel Sholdanan]] depuis 4 semaines). Après une intense réflexion, le jeune guerrier est arrivé à la seule conclusion "sensée" : s'il veut que la belle marchande le reprenne, il doit lui prouver qu'il est capable de lui assurer le train de vie qu'elle a perdu, et pour ça, il lui faut "des rondelles", comme les Emishen nomment la monnaie impériale. Il ne comprend pas grand-chose à la mission que Durgaut lui a proposé, mais il est bien content puisqu'il va être payé royalement.<br />
* '''[[Eldan "le Moineau"]]''' (Aloun) arrive le dernier, accompagné d'une montagne de muscles habillées de haillons qu'il vient de récupérer dans l'unique geôle du donjon : [[Herle de Lorune]] (Ego'), noble et chevalier du temple récemment défroqué. Lui aussi a des problèmes, parmi lesquels l'alcool, la violence et un sens aigu de la justice qui, après lui avoir coûté sa charge d'inquisiteur lors d'une altercation avec le Primat lui-même, l'ont fait rétrogradé comme simple soldat dans la troupe de [[Bagoran de Marale]] (chargé de le "mater" : échec critique) et récemment conduit à défoncer le portrait d'un connard de Chevalier du Temple (donc un de ses "supérieurs") qui tabassait une gamine emishen. Son séjour en taule auprès du plaintif Gaster s'est terminé lorsque le Sergent LeCornu a jeté son dévolu sur le prisonnier, et convaincu le Capitaine de l'embaucher.<br />
<br />
Lorsque tout ce petit monde est attablé dans la taverne sur pilotis qui grince et (effectivement) penche sous l'effet de la houle, [[Le Cornu]] qui tenait le comptoir fait entrer deux de ses collègues, le massif imbécile qu'on appelle "La Poigne" et le brigand reconverti au visage marqué par la petite vérole qu'on appelle "Le Grêlé". Comme Eldan et le Sergent, ils ont survécu à tous les combats depuis [[la bataille de Tal Endhil]] et sont tout dévoués au glorieux chef qui va bientôt faire d'eux la "''garde bailla, bailliagiale...heu... baillique... la garde du bailli, quoi''", et qui pénètre dans la grande salle inclinée à leur suite, une vaste carte sous le bras.<br />
<br />
« Bonsoir mademoiselle et messieurs, nous avons peu de temps et je vous demande d'être extrêmement attentifs à l'exposé qui va suivre. » <br />
Pendant que Vighnu et Andréas dégagent leurs gobelets pour laisser Durgaut déployer la superbe carte (signée [[Ordano Sotorine]]) sur la table crasseuse, les 6 autres membres de l'équipe s'approchent pour suivre le briefing dans la lumière chiche des rares chandelles et le Capitaine enchaîne :<br />
« La mission que j'ai à vous confiée est dangereuse, urgente, secrète, absolument vitale pour Tal Endhil et remarquablement bien payée. Si certains d'entre vous ne s'en sentent pas capables et préfèrent retourner à leurs activités précédentes, qu'ils le disent tout de suite. Car une fois que je vous en aurais exposé les objectifs, Messire Pratesh ici présent sera le garant de votre silence. Tout le monde est motivé et se sent capable de se taire ensuite, en cas d'échec comme de réussite ? Parfait. Sergent, passez-moi les figurines. »<br />
« Dans les jours qui viennent, peut-être même dès demain, un convoi lourdement gardé va quitter [[Solerane]] à destination de [[Darverane]] (Durgaut pose une miniature en bois, une espèce de coffre aux pieds vaguement arrondis, sur la carte) : il contient plusieurs coffres très lourds que vous êtes chargés d'intercepter, de préférence avant "l'Auberge du Pont"... C'est quoi ça, Le Cornu ? demande le Sauveur de Tal Endhil quand son sergent lui passe une espèce de cube prolongé par un jambage tordu.<br />
_C'est l'Auberge du Pont, mon 'Pitaine. C'est La Tortue qu'a fait les sculptures, mais on a pas eu bien l'temps.<br />
_Je vois... À "l'Auberge du Pont", donc, se trouvent actuellement plusieurs dizaines de marchands qui, depuis des semaines, y attendent que les troupes de Rhilder reprennent le contrôle de la route vers Darverane aux Kormes qui harcèlent la prévôté (il pose du côté du Mont Grison un petit bonhomme chauve et noirâtre) avec l'appui des troupes Emishen de Kainen Tahrel (Vighnu approuve du chef). Si le convoi de Solerane rejoint la première caravane groupée en partance pour Darverane, il sera alors probablement trop entouré pour que vous puissiez tenter quoique ce soit. Vous êtes ici... mais c'est quoi ça ? Un chien ?<br />
_Un ch'val mon 'Pitaine, pour représenter, le commando.<br />
_Vous avez pu leur trouver des chevaux ?<br />
_Ah non mon 'Pitaine : c'est des pirogues, pour quitter le village. Ensuite s'ront à pied. Mais La Tortue, quand il a commencé, i'l'savait pas, pis i' sait pas faire les pirogues, et de toutes façons ça va surtout se faire par voie de terre alors, heu... Vous préférez un bouchon, ou un dé en os ?<br />
_Va pour le chien (soupir)... Donc : vous êtes ici (il pose la figurine sur Tal Endhil), vous partez dès cette nuit pour atteindre Solerane (le "chien" rejoint le "chariot"), où vous serez chargés de repérer le convoi et surveiller ses préparatifs de départ. Le but est de lui tendre une embuscade dans les deux jours qu'il lui faudra pour effectuer ce parcours (le chariot glisse sur les segments 1, 2, 3, 4, 5 de la route). Si vous pouvez intercepter le chargement sur les berges du Lac d'Acier, il sera plus aisé de le transporter à bord de barges ou de pirogues.<br />
Le Moineau connaît la ville et les hommes qui escorteront ce convoi, Messire de Lorune a la charge de l'assister en tout -et de s'assurer qu'aucun d'entre vous n'ait la mauvaise idée d'ouvrir les coffres, Maître Pratesh est chargé de trouver des embarcations pour les chargement et d'assurer le secret de l'opération (Vighnu sourit, pensant aux peintures de guerre kormes qui n'ont pas servit lors de l'Opération Tréfonds et à la barge kerdane cachée depuis dans les marais près d'Écume 6). Vous devrez quitter le village et y rapporter les coffres sans être vus, ni dire à quiconque d'où vous venez ni où vous allez. Car, j'insiste, cette opération peut assurer le salut de Tal Endhil si elle réussit, mais sonner notre perte à tous si quelqu'un devait découvrir qui a commandité l'attaque. Une prime substantielle versée à notre cher apothicaire en sera la garantie.<br />
_Ça veut dire "pas de témoins", demande Diane ?<br />
_Ça veut dire "démerdez-vous pour que personne ne puisse vous reconnaître, suivre votre piste et remonter jusqu'à nous" : je préférerais que vous épargniez les civils, mais Pratesh sera décisionnaire en dernier recours. À part lui, vous serez payés chacun 2 pièces d'or pour cette brève mission et votre durable silence [la solde mensuelle d'un mercenaire étant de 2 pièces d'argent, ça fait 10 fois plus pour quelques jours de boulot]. Des questions ?<br />
_C'est quoi, dans les coffres ? Ça pèse ?<br />
_Le contenu ne vous regarde pas mais, oui : ça pèse. Probablement autour de 200kg en tout.<br />
_C'est qui, qu'on braque ?<br />
_Pas votre problème non plus. Fiez-vous à Eldan, soyez discrets et ça ne devrait pas avoir d'importance.<br />
_Les gars de l'escorte, c'est des pros ?<br />
_Quelques-uns, oui, mais la plupart seront des mercenaires en permission, des cochers endurcis, des coupes-jarrets, des gardes plus habitués à surveiller des esclaves... Le problème, c'est qu'ils doivent se méfier : ils ont eut des ennuis récemment, ils savent que le trajet est dangereux et ils seront sur les dents. Il se peut même que vous soyez déjà attendus à Solerane. J'insiste : méfiez-vous.<br />
_Qu'est-ce qu'on a comme matos ?<br />
_Vous étiez prévenus d'emporter le vôtre, mais Eldan conserve quelque argent pour vos frais de mission, des vivres, un peu de charbon, des flèches, des torches et des cordes vous attendent avec les chev...<br />
_Dans les pirogues, mon 'Pitaine.<br />
_Dans les pirogues, donc. J'ajoute les papiers que m'a demandé monsieur Odran (il confie une petite pochette de cuir à Andréas, contenant du parchemin, des lettres officielles de la main de [[Rhilder]] et son sceau de cire, pour pouvoir si besoin modifier les ordres de mission du convoi) et vous emportez cette carte, annotée par mes soins, en espérant qu'elle puisse vous aider : ne la perdez pas ! ''[Durgaut leur confie par ce biais un de ses précieux point d'Histoire.]'' Autre chose ?<br />
_Y a le Venteux qu'a pas tout compris, vu qui parle pas bien not' langue...<br />
_Messieurs Odran et Pratesh devront donc lui ré-expliquer en ramant. Bonne chance à tous : le destin de Tal Endhil est entre vos mains ! Mais pas les figurines, La Poigne : repose ça. <br />
_Pardon mon 'Pitaine. »<br />
<br />
<br />
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Image à ajouter<br />
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<br />
== En route vers Solerane ==<br />
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<br />
<br />
Pendant qu'on roule la carte, LeCornu et Herle déplacent la lourde table, révélant une trappe dans le plancher qui, une fois déverrouillée et ouverte, donne sur une échelle de corde descendant le long d'un pilier de bois où sont amarrées deux pirogues emishen. Avec quelques difficultés dues à la disparité de poids et d'agilité de ses huit membres comme aux bagages de certains l'équipe embarque et glisse silencieusement sur les eaux couvertes de brouillard.<br />
_Attention avec ça, c'est des armes emishen. <br />
_Pourquoi foutre ? <br />
_Pour passer pour des Kormes. <br />
_Pas con. Mais qu'est-ce qu'il fout avec un bouquin, lui ? <br />
_Je suis chroniqueur... <br />
_Et vous allez chroniquer l'opération secrète ?! <br />
_Houlà non, je... j'ai d'autres talents. Falsifier des sauf-conduit, par exemple. <br />
_Je vois...<br />
Ils atteignent bientôt la rive sud du Lac Troisième, en amont du campement où dorment les caravaniers lewyllen, sans que les Soldats du Temple qui gardent les remparts n'ait rien remarqué.<br />
[Je m’appesantis un peu sur le dialogue de briefing parce que, bien sûr, il m'a fallu incarner le Capitaine moi-même sur les indications données par Le faiseur, et que je lui avais promis de détailler un peu le résultat.]<br />
<br />
Après un conciliabule entrecoupé d'engueulades, un poème (Herle versifie par instant) une tentative de vol et plusieurs menaces physiques pour l'empêcher, les PJ décident de ne pas partir en quête de la barge cachée dans les marais mais de foncer de nuit vers Solerane, à pied, pour atteindre la ville au plus tôt, juste après que Diane ait confié au fleuve un étui flottant contenant 4 pièces d'argent (sur les 20 confiées à Eldan) et un message pour les Kerdans d'Écume 6, leur enjoignant d'envoyer des embarcations vers la presqu'île du Lac d'Acier [le joueur a oublié que son perso n'était plus bien vu chez les bateliers, et Loriel/Vighnu y a même mis 1pH pour que le message arrive : ce fût bien le cas...].<br />
<br />
Abandonnant dans les embarcations tout le matériel trop lourd, les mercenaires se répartissent les vivres, une arme emishen chacun et la longue marche commence. Lorsque l'aube se lève, Diane, Oleytan et Eldan, très en avant des autres, font la course dans la descente après avoir passé le Col de Nilfenan (au sud-ouest de la mine de fer, sur la carte) histoire de défouler leurs tempéraments casse-cou et ombrageux... ce qui vaut d'ailleurs à Eldan de se niquer la cheville dans une belle gamelle : on sent bien, dès que les officiers ne sont plus en vue, que ça va pas être très sérieux comme opération.<br />
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=== Rencontre insolite ===<br />
<br />
Pendant que le fort peu sportif Andréas prend des heures de retard sur les autres et que Vighnu reste avec lui autant pour assurer sa protection que pour causer "chroniquerie" et politique locale (Vighnu envisage de créer un hospice à Tal Endhil !), Oleytan, Diane et Eldan (qui boitille) arrivent en milieu de matinée au gué qui traverse la Rivière aux Élans (ainsi nommée car elle est sur le point de passage de la migration des grands cervidés, qui commencent d'ailleurs à remonter en cette saison vers les pâturages au nord de Tal Endhil) : ils sont assez surpris d'y trouver un grand costaud, ventru et entièrement chauve, portant des vêtements très vaguement emishen, assis sur un rocher au bord des flots et curant tranquillement au couteau le sang séché qui s'incruste dans les creux de sa lourde masse de bois sculpté. Les trois éclaireurs essoufflés par leur cavalcade repèrent assez vite les discrètes silhouettes déployées dans les bois autour du chemin et, chacun la main sur leur arme favorite, s'approche avec circonspection : "<br />
_Bonjour... <br />
_B'jour, répond le gros dans un Reman médiocre, avec un accent typiquement "venteux". <br />
_Z'êtes avec le noir ? Vigjniou Bratéche ? <br />
_Ben là tout de suite... non. Mais des fois on le croise, quoi. Vous l'attendez ? <br />
_J'ai un message pour lui. <br />
_Vous voulez pas nous le donner, on le transmettra quand on le verra ce soir... <br />
_Non, d'solé, c'est privé. <br />
_C'est pas un message à coup de masse, au moins ? <br />
_Héhé. Non. Pas cette fois."<br />
<br />
N'ayant qu'à moitié envie de s'avancer dans le gué sous la probable ligne de tir d'archers dissimulés ni même de laisser une embuscade entre eux et le reste du groupe, quoique aussi un peu parce qu'ils ont alors pas loin de 12h de rude marche dans les jambes, Diane, Oleytan et Eldan se posent également près de la rivière, se trempent un peu les pieds (Diane va même s'éloigner pour faire un peu de toilette : par instant, dans ses Réactions, sa "Sensibilité Féminine" ressort), cassent la croûte, font une petite sieste... tout ça en gardant perpétuellement un œil sur les alentours et leurs armes à portée de main. <br />
<br />
Lorsqu'ils sont rejoints par Sire Herle de Lorune, La Poigne et le Grêlé, d'abord très méfiants, Diane qui a entamé un repas et une conversation en Langue des Vents avec le Gros leur fait signe de ne pas s'inquiéter, et les trois mercenaires finissent par jouer le même jeu que leurs camarades, profitant d'un peu de repos tout en restant sur leurs gardes. Au bout d'une heure de cette halte méfiante, "l'embuscade" se détend tout autant et Eldan repère bientôt un des archers Korme qui, lui aussi, déjeune sur le pouce à son poste de guet. Il le contourne, se cache, est brièvement suivi mais sème le guetteur, échappe ainsi efficacement à l'encerclement... et ne sait finalement plus trop quoi faire : il craint de déclencher un massacre s'il élimine un guetteur, de se faire repérer s'il continue de traîner près des Kormes, de perdre le groupe s'il s'éloigne et d'être trop loin pour intervenir s'il repart en arrière prévenir Vighnu et Andréas. Aussi reste-t-il caché, guettant les guetteurs, jusqu'à ce que, lassé de perdre du temps alors qu'ils sont pressés, Herle donne le signal du départ et franchisse le gué accompagné des 4 autres. <br />
<br />
Après avoir encore hésiteé à les rejoindre carrément ou à rester en arrière, Eldan fini par laisser un signe de danger dans l'écorce d'un arbre à destination de Vighnu et décide de contourner pour franchir la rivière plus loin, ne trouve pas d'autre gué, passe à la nage, se paume en aval dans la forêt et mettra plusieurs heures à rejoindre ses camarades, trempé, gelé, épuisé et bientôt vertement engueulé par l'ex-templier [Sire de Lorune lui inflige même un tel jet d'intimidation pour lui inculquer la discipline militaire que le jeune éclaireur en sera durablement marqué : 2pts de Trauma !].<br />
<br />
Pendant ce temps, Andréas et Vighnu ont atteint le gué sans même remarquer le signe laissé par Eldan et le fehnri est assez surpris de reconnaître le gros korme qu'il a déjà rencontré, il y a plusieurs semaines à Écume 6, lorsqu'ils avaient négocié des vivres et les soins de Mona Ma'od contre la transmission d'un message pour Adira (qui, si vous vous en souvenez, était arrivé au début de "Terrain Minier", tiré avec une flèche sur la roulotte de Maître Pratesh). <br />
Quoiqu'il ne connaisse toujours pas son nom, il s'éloigne avec le chef rebelle et un petit conciliabule surréaliste se joue : les Kormes veulent (Vighnu comprend "Lashdan, Roi des Kormes, veut...") l'embaucher pour assassiner un certain "Urgrand", le Sorcier barbu originaire des Sylves, qui dirigeait justement le détachement korme lors du siège à la Mine Bénie. <br />
_Tiens donc ?! Mais pourquoi diable, demande l'assassin hilare ? <br />
_On m'a pas dit de te l'dire, et puis il paraît que les tueurs professionnels ne posent pas de questions. <br />
_Lorsqu'on les paye bien, c'est tout à fait exact oui. <br />
_Hé ben voilà pour toi, dis le Korme en lui tendant une grosse bourse de pièces, que le fehnri s'empresse d'ouvrir avidement. <br />
_Mais... vous vous foutez de ma gueule ?! C'est des pièces de cuivre ! <br />
_Et alors, c'est pas bien ? <br />
_Mais c'est pas du tout assez, enfin ! Je suis un spécialiste, moi ! Je bute pas les gens pour 20 ou 30 pièces de cuivre !<br />
_Ah. Mais c'est tout ce qu'on a nous, même qu'on s'est tous cotisés pour rassembler ça. <br />
_Mais c'est pas possible, vous comprenez rien au commerce, à la fin ! Et il est où, votre Sorcier, d'abord ?<br />
_Ben on sait pas, nous, pourquoi tu crois qu'on s'adresse à toi ? Tu crois pas que je serais foutu de lui coller ma masse sur la gueule moi-même si on savait où il campe ? La Louve dit qu'elle l'a perdu quelque part chez vous, du côté du Premier Lac, mais c'était il y a déjà plusieurs jours.<br />
_Bon, écoute, voilà ce qu'on va faire : dis à ton Roi que je suis d'accord sur le principe, mais que déjà ça va vous coûter 20 pièces d'or et qu'ensuite, soit vous savez me dire au moins à peu près où il est, soit ça risque de prendre pas loin d'un mois (car Vighnu pense savoir où Urgrand devrait se trouver dans environs trois semaines, héhé...). Dis-lui ça et, quand vous aurez la somme, contactez-moi.<br />
_Mais où tu veux qu'on trouve de l'or, nous ?<br />
_Non mais c'est un prix, vous pouvez aussi bien me ramener 200 pièces d'argent, ou 4 lingots d'argent, par exemple. Vous en avez bien, des p'tites barres en argent, prises dans une certaine mine, hmmm ?<br />
_Mais... non. De quoi tu parles ?<br />
_Oh le con ! Rha merde, il fait vraiment chier ce connard de sorcier !<br />
_C'est bien pour ça qu'on t'embauche, oui.<br />
_Bon alors 20 pièces d'or ou l'équivalent, vous trouverez bien ça quelque part pendant que vous vous battez dans la vallée de Cainil, hein, je ne m'en fais pas pour vous. Quand vous avez la somme, vous me recontactez, vous versez la moitié d'avance et, moi, je tue votre sorcier.<br />
_J'espère que d'ici là on l'aura trouvé nous-mêmes, mais sinon, on sauras bien te joindre, ouais. Et bonne journée."<br />
Et pendant que Vighnu se frotte les mains, les Kormes se dispersent dans la forêt sous le regard médusé d'Andréas.<br />
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== La Ferme-Relais "Le Marchepied" ==<br />
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Il fait presque nuit noire lorsque les 6 mercenaires fourbus atteignent enfin la ferme-relais qu'on appelle le "Marchepied", au pied de la route montant vers Solerane. Si Oleytan (trop repérable) est laissé avec le matériel dormir à l'extérieur, Diane, Eldan et Herle, bientôt suivis par La Poigne et Le Grêlé (trop crevés pour accepter de se peler le cul à camper dehors), pénètrent les uns après les autres dans l'enceinte de bois où un drôle de type pâle, un albinos efflanqué aux longs cheveux blancs qu'Eldan sait être surnommé "Craie" (chef des gardiens d'esclaves de la mine de cuivre), est en train de passer ses nerfs à coups de fouet sur deux malheureux emishen, une femme et un adolescent enchaînés au puits du milieu de la cour. <br />
<br />
Comptant avec l'albinos un escrimeur tout en noir s'engueulant avec le tavernier (une histoire de chevaux, de halte imprévue et de prix du fourrage) plus 4 soldats portant la livrée du Duc-Gouverneur (donc probablement issus de la garnison de Solerane), et soucieux de sa mission avant tout, Herle tempère ses instincts justiciers et suit la Kerdane dans le corps de ferme transformé en auberge de seconde zone, où il entreprend de noyer sa mauvaise humeur dans la bouteille d'hydromel prise à la Taverne Penchée. Si un jovial marchand de draps nommé Teillard, parti de Celanire vers le "marché de printemps" de Tal Endhil, tente bien d'engager la conversation avec les voyageurs, Diane l'envoie paître rudement (et nos héros se privent de la seule occasion de se renseigner sur la route qu'ils ont à faire) mais lance une petite partie de dés avec Eldan et Herle pour attirer à eux Craie et Esteval (l'escrimeur à l'armure de cuir sombre) et tenter de leur soutirer quelques informations sur l'exploitation des esclaves venteux à Solerane. Justement, les deux gardes-chiourmes, 3 autres collègues et 6 soldats prêtés par la garde sont à la recherche d'une 15aine d'évadés, échappés le matin même de la mine de cuivre. Diane propose bien de participer à la traque contre rétribution, mais Eldan ruine sa tentative d'approche en ne pouvant se retenir d'aller porter un peu d'eau et de pain aux deux malheureux prisonniers. Herle -qui perd aux dés et voit les deux crevures descendre gaiement sa bouteille- semblant se retenir de plus en plus laborieusement d'écraser la tronche de Craie à chaque fois qu'il fait des remarques cruelles sur les "venteux", les voyageurs vont se coucher tôt après un rapide souper et Diane s'arrange assez finement pour que leur propre groupe gagne le contrôle de l'escalier et des 2 rares fenêtres du grenier aménagé en dortoir, qu'ils vont devoir partager avec le binôme d'esclavagiste, les soldats s'installant dans l'étable au dessous.<br />
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=== Rencontre avec des fugitifs ===<br />
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C'est à peu près le moment où, traînant le chroniqueur qui dort debout dans l'obscurité de la route forestière, Vighnu voit soudain jaillir un grand type hirsute de la forêt, qui saute sur le fehnri en tentant de l'étrangler avec la chaîne qui lui lie les poignets : l'assassin pare de justesse avec son katara, une femme armée d'une branche sort à son tour des taillis et Andréas est basculé au sol par une jeune fille qui tente de lui éclater le crâne à coup de pierre, mais il parvient à la repousser de peu (elle est presque aussi épuisée que lui). Reconnaissant une Emishen (et réciproquement) alors qu'il tirait sa dague pour se défendre, l'érudit crie en Langue des Vents "Arrêtez, nous sommes des amis ! Vighnu, ce sont des Emishen !", ce qui suffit à stopper le début de combat et permet à Andréas de proposer de la nourriture et des soins aux esclaves en fuite, finissant de gagner leur confiance. <br />
<br />
Libéré de ses chaînes avec l'aide d'un glaive offert par Vighnu, le trio leur explique avoir réussi à s'échapper des mines de Solerane un peu avant l'aube, grâce à un tunnel vers la surface creusé en secret avec l'aide d'une barde rimdehl nommée Tahalien. Poursuivis depuis le levé du jour par des cavaliers en armes, ils ont perdu la douzaine d'autres évadés qui les accompagnait, dont des jeunes et des enfants et, loin de leurs régions d'origine (la plupart sont des Otlalnan de la Marche des Lisières), ils ont couru un peu au hasard vers le nord et le territoire des Liam'Lon, où aucun Dirsen n'oserait les poursuivre, alors que d'autres avaient préféré tenter leur chance à l'est, vers le Cercle des Hautes-Pierres.<br />
<br />
Les deux Talendan leur expliquent qu'ils sont ici sur le territoire des Elloran et qu'ils auraient de meilleures chances de filer au nord-ouest vers le Cercle des Cascades et, après avoir longuement hésité à repartir chercher les plus jeunes, les trois fuyards un peu retapés finissent par disparaître vers l'ouest avec quelques remerciements.<br />
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=== Evasion nocturne ===<br />
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Nos deux héros retardataires ne sont donc qu'à moitié surpris lorsqu'ils retrouvent Lerkoren Oleytan en compagnie de 5 autres échappés en haillons, dont Tahalien et un ado sérieusement blessés, plus trois mômes, quoique Vighnu soit un peu atterré par le récit du jeune Elloran.<br />
Car après que leurs compagnons soit entrés à l'auberge du Marchepied, Oleytan, attiré par des cris de douleurs, s'est glissé par-dessus la palissade de rondins et, découvrant les deux prisonniers lacérés à coups de fouet, a attendu la nuit noire pour passer à l'action. Il a malheureusement échoué à assommer proprement la sentinelle de faction dans la cour, mais a par contre réussi à la tuer net avant qu'elle ne crie, puis a traîné le corps du soldat dans une grange. C'est alors qu'il s'acharnait en vain à rompre sans trop de bruit un des maillons de la chaîne que Diane l'a interpellé depuis une des fenêtres du dortoir : <br />
_"Psssst ! Mais qu'est-ce que tu branles, merde !? On est pas là pour ça ! <br />
_Je fais mon devoir, tu peux pas comprendre ! <br />
_Mais putain tu va réveiller tout le monde, crétin !". <br />
<br />
L'épée à la main, la Kerdane est bientôt descendue le rejoindre pour le convaincre de ficher le camp et, n'y arrivant pas, a fini par l'aider à détordre un maillon en faisant levier avec son épée, histoire qu'il puisse déguerpir avant que quelqu'un ne les entende. Herle s'est réveillé à son tour, lui a ordonné de rentrer se coucher avant de les griller complètement et, la Kerdane disparue dans l'étable en engueulant un soldat qui se réveillait vaguement sur l'air de "Quoi ? Keskya, on peut plus pisser tranquille, merde ?", Oleytan a sorti discrètement les deux rescapés par là où il était lui-même entré. Apprenant alors qu'ils avaient pu cacher les gosses près de la rivière avant que les cavaliers ne leur tombent dessus, il est ensuite reparti chercher les mouflets de 9 à 12 ans, a nourrit tout le monde et distribué des rations pour le reste du voyage ("Et donc, là, on a plus de vivres, c'est ça ? Heu... un peu, si..."). Il se demandait s'il allait abandonner l'opération pour les conduire aux Cascades quand Vighnu et Andréas sont arrivés. <br />
<br />
Renonçant à l'engueuler d'avantage puisqu'il viennent de faire quasiment la même chose, les deux PJ soignent à nouveau les plaies et brisent les chaînes, ré-expliquent la direction du Cercle des Cascades et, recommandant bien aux fuyards d'éviter les routes pour ne pas être repris, ils s'installent pour bivouaquer et s'offrir quelques précieuses heures de sommeil avant l'aube.<br />
<br />
L'aurore pointe à peine lorsque Herle, Diane et les autres se lèvent, déposent quelques pièces de cuivre dans la grande salle et filent sans prendre de petit déjeuner, pendant que Craie et Esteval constatant la disparition de leurs prisonniers commencent à activer les soldats, et que ceux-ci constatent la disparition d'un des leurs. "Et vous là, vous avez rien entendu ?!? _Nope : nous on dort sérieusement quand on doit se lever tôt." répondent nos héros avant de s'engager, sous la bruine matinale, vers le chemin raide qui monte en lacet vers le nid d'aigle de la cité minière. Rapidement rejoints par Lerkoren Oleytan, Vighnu et Andréas (modérément reposés), ils confèrent sur les évènements de la veille et s'accordent sur un plan : Eldan (puisqu'il connaît Solerane), Andréas (qui compte s'arrêter dans un temple pour se lancer dans l'enchantement d'un document puissamment convaincant pour faire partir le convoi avec une escorte réduite "car tout danger est désormais écarté") et Diane (qui pense pouvoir s'infiltrer dans la-dite escorte) iront en ville pendant que le gros de la troupe ("J'suis pas gros j'suis juste un peu envelo _Ta gueule, La Poigne : t'es lourd.") <br />
attendra caché dans la forêt. <br />
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=== Plan d'action ===<br />
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Dès que le convoi sera prêt à partir, les mercenaires partiront devant pour semer des embûches sur sa route afin de le ralentir (comme un sapin ou des rochers "décrochés par le dégel") : s'ils parviennent à le retenir assez longtemps dans la gorge pentue et traîtresse que les chariots auront de toutes façons du mal à négocier (le segment 2, sur la carte), ils peuvent l'obliger à passer sa première nuit avant le gué sur l'Anil'wel (milieu du segment 3). Le lendemain, la caravane sera donc obligé de forcer l'allure pour sortir de la forêt qui suit (segment 4) avant le crépuscule : réputée dangereuse (c'est, avec la gorge, le site d'embuscade préféré des Kormes, c'est d'ailleurs là que la colonne de Durgaut s'est faite attaquer au début de l'Épisode 1), le mauvais chemin tortueux y sera en cette saison embourbé par les ruisseaux et, avec un peu de sabotage supplémentaire (en creusant par exemple le lit d'un petit torrent pour former une combe traîtresse), l'escorte arrivera dans la vaste prairie marquant le dernier bout droit (5) en fin d'après-midi, épuisée par deux journées difficiles et fera probablement halte, croyant avoir fait le plus dur... Mais c'est justement là que l'attendra notre commando camouflé et grimé en Kormes, qui lui tombera dessus avant qu'elle ait eut le temps de souffler, laissera filer les non-combattants pour qu'ils puissent témoigner de la culpabilité des rebelles mais massacrera impitoyablement tous ceux qui pourraient les avoir vu de trop près au Marchepied ou à Solerane. En se coordonnant avec Diane pendant qu'elle s'isolera "pour pisser" le long du parcours, ça devrait marcher très bien (c'te blague).<br />
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Image à rajouter<br />
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== Enquête ==<br />
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=== Solerane (Diane, Andreas, Eldan) ===<br />
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Entrant en ville par la Porte Basse alors que le crachin continue, le trio d'espions improvisés passent devant les vastes écuries où des palefreniers semblent avoir rassemblé au moins une cinquantaine de chevaux, puis remontent les rues pentues et mal pavées, encadrées d'étroites maisons de pierre et d'ardoise, en direction de l'Hostellerie des Moindres, attenante au temple et tenue par les religieux locaux. Traversant au passage la grand'place surmontée d'un vaste marché couvert au bout duquel s'élève le siège de la Guilde Minière locale, ils constatent que des bouviers attèlent ou chargent des chariots sous les halles, alors que des marchands s'assemblent devant le porche du sanctuaire : ça sent le départ...<br />
<br />
Le réfectoire de l'hostellerie est aussi sombre qu'encombré par une bonne 20aine de mercenaires pour la plupart loqueteux, de forestiers et de négociants qui semblent tous attendre qu'un sergent courtaud et obèse s'occupent d'eux : Eldan le connaît sous le nom de "La Boule" comme le membre le plus corrompu de la garde locale, qui offre fréquemment les services de ses hommes à Jornil Cuivré et laisse prospérer les coupes-jarrets qui hantent avec son fils Jorem la boutique d'un marchand de vins, "Le Carafon".<br />
Pendant que Diane réussit à se bouffer le nez avec l'épaisse bonne-sœur qui sert pain et brouet aux clients (c'est une manie), Andréas trouve son chemin vers la sacristie pour demander au prêtre s'il pourrait s'y installer pour "travailler dans le recueillement nécessaire à ses enluminures". [Sur un jet de "Contacts dans la Pègre" réussit], Eldan le brigand repenti avise bientôt un drôle de novice qui accueille les voyageurs dans la cour en semblant éviter la salle, qu'il reconnaît illico comme un croche-bourse du coin, déguisé pour pouvoir "courtoisement débarrasser les voyageurs de leurs bagages" sans se faire trop remarquer des sœurs et des vrais disciples du Culte (et puisque je peine à lui donner un nom, il le baptise "Boule-de-Suif"). Son camarade interpellé en plein travaille lui explique que La Boule est venu sélectionner les meilleurs combattants disponibles pour les intégrer à l'escorte du convoi minier, les autres devant se contenter de la moindre paye offerte à l'escorte d'une caravane marchande qui devait partir ce matin avec un troupeau de chevaux emishen, mais qui a pris du retard malgré les tentatives du Cuivré pour les faire activer, allant même jusqu'à participer à la solde des convoyeurs pour peu que les marchands acceptent d'ouvrir la route en précédant d'une journée ses propres chariots. Bien sûr, quelques piécettes peuvent toujours faire pencher le jugement de l'adipeux sergent. "Et sinon, on peut saluer des copains au Carafon ? _Ben non, curieusement, y a quasiment personne depuis hier, déjà : ch'ais pas où ils sont tous passés. Même la bande à Jorem elle y est pu'..." <br />
Mais cette "cervelle de moineau" d'Eldan aura tôt fait de perdre l'information.<br />
<br />
Jugeant plutôt minables les guerriers déjà choisis, Diane se porte volontaire et décide de démontrer ses talents à l'arbalète en faisant tinter la haute cloche du temple d'un carreau tiré depuis le fond de la cour, selon un angle de tir particulièrement réduit par les étroites voutes du clocher et dans la visibilité voilée par la pluie et la grisaille : "Si une gonzesse y arrive, j'veux bien l'embaucher, tiens !" ironise La Boule. Et si Eldan s’éclipse vivement vers le campanile pour faire sonner la cloche du pommeau de sa dague si la Kerdane devait manquer, il n'a pas encore atteint le sommet qu'un trait ricoche sur le bourdon et faisant sonner le bronze avant de retomber côté grand' place. <br />
_"Et sinon, c'est combien la paye ?" demande la tireuse d'élite d'un ton narquois, avant d'aller rejoindre la table où attendent déjà les autres vainqueurs, deux étrangers à l'air farouche et une paires de jeunes imbéciles qui se présentent comme "Trevan de Rigorne, chevalier errant ! <br />
_Et Gavin, son loyal écuyer. <br />
_Ah ben putain, si c'est le haut du panier j'ose pas voir le fond..." <br />
leur décoche Diane, toujours aimable.<br />
Informé que le convoi va de toutes façons partir le lendemain, que Diane y est embauchée, que l'éclaireur doit aller acheter quelques provisions pour le reste de l'équipe et puisque les religieux sont tous très occupés avec la foule des clients, Andréas profite du reste de sa matinée pour étudier bien tranquillement sa récente trouvaille.<br />
(Spoiler même pour les joueurs de cet épisode : En examinant les bagues mobiles qui se découpent dans la sphère d'or-rouge héritée de Langard, le mage découvre qu'elle est à la fois un focus capable de stocker de l'Essence magique, un catalyseur qui facilite le transfert d'Énergie vitale pour la chargre plus facilement et un amplificateur doublant la portée de la plupart des sorts : bien qu'il ait du payé 2pH pour la retrouver, Andréas Odran est ravi ! Bien sûr, il ignore encore que le spectre de son défunt propriétaire y a été piégé, et qu'il se manifestera lorsque l'objet sera suffisamment rechargé…)<br />
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=== Interlude Forestier (Vignu, Herle) ===<br />
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Pendant ce temps, Vighnu et Herle se sont éloigné dans la forêt après avoir entendu de lointains aboiements : voulant voir de quoi il retourne, ils découvrent une petite chaumière isolée, où une mère de famille fend du bois avec dextérité pendant que ses deux jeunes enfants jouent en rassemblant les demi-bûches sous l’œil de deux énormes dogues de Marale, des molosses presque aussi hauts que des poneys. En s'approchant sous le vent, les mercenaires réalisent que ce doit être la demeure de Thuril le Brun : un forestier réputé dans la région et qu'Eldan leur a expliqué servir régulièrement de guide aux caravanes, en particulier celles de Jornil Cuivré, de loin son meilleur employeur. Ils envisagent un moment de kidnapper un môme pour forcer la coopération de son père, mais après avoir considéré la maman qui fend les bûches d'un coup de hache expert, l'agitation grandissante des chiens, la taille du chenil trop vaste pour "seulement" deux dogues et les probables galères d'avoir à balader un otage de 5 ou 8 ans, les deux farouches guerriers renoncent.<br />
<br />
En rejoignant leurs camarades, ils aperçoivent les traqueurs d'esclaves qui patrouillent les flancs de la montagne et se dissimulent tous si bien qu'Eldan, sorti de la ville basse pendant que le premier convoi s'y assemblait pour partir enfin, va avoir bien du mal à les retrouver. Déposant les provisions en expliquant que Diane a réussit à intégrer l'escorte, l'éclaireur repart aussitôt pour lui transmettre les derniers détails du plan et une dague empoisonnée par les bons soins de Vighnu, "en cas de besoin". <br />
<br />
_"Pis ramène le chroniqueur, aussi : on s'arrache dès que la première caravane a fini de descendre la route. <br />
_Mais vous vouliez pas que j'aille jeter un œil à la mine, pour repérer l'autre convoi ? <br />
_Il part demain matin, non ? Qu'est-ce qu'on besoin de savoir d'autre ? Grouille !"<br />
Et ce fût leur deuxième erreur…<br />
<br />
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== Préparation du terrain ==<br />
<br />
<br />
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=== Sabotage (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
À peine une heure derrière les quelques chariots de marchandises et le troupeau de chevaux qui labourent la route humide devant eux, le commando se met donc en marche en milieu de journée, avançant d'un pas tranquille pour éviter de les rattraper. La fin d'après-midi leur offre une vague éclaircie lorsque, quasiment à mi-pente de la gorge encaissée où les cailloux roulent sous leur pas, ils avisent un sapin qui penche déjà un peu depuis le versant hérissés de rochers du ravin : passant des cordes autour du tronc, Herle, La Poigne, Vighnu (mollement, hein, il est fatigué), Le Grêlé et Oleytan tirent de toutes leurs forces pour finir de le déraciner. Le templier défroqué s'énerve au passage et, quand ses compagnons remarquent que la chute de l'arbre n'a pas l'air très naturelle, il escalade la pente avec La Poigne pour déclencher à eux deux un éboulement susceptible d'expliquer l'accident. Après qu'une coulée de rochers se soient répandus sur la route et que le colosse ait cogné le tronc à coups de pierres pour parfaire la mise en scène et dissimuler les marques de cordages laissées dans l'écorce, l'équipe décide de souffler un peu avant de repartir... et Vighnu remarque alors une silhouette qui les observe de loin, dissimulée parmi les sapins en haut de la crête.<br />
(Si Andréas Odran a tout intérêt à garder le secret de ses talents magiques pour éviter de finir au bûcher, surtout lorsqu'il voyage avec un ex-templier, Hadrien Muraille et Adira Pratesh les ont découvert lorsqu'ils étaient enfermés dans la mine et le fehnri en a évidemment parlé à son cousin : malgré ses craintes instinctives concernant la sorcellerie, Vighnu a abordé le sujet avec Andréas qui s'est montré assez ouvert sur le sujet pour le rassurer...)<br />
<br />
Après avoir discrètement averti le reste de ses camarades de la présence d'un observateur discret et leur avoir recommandé de faire "comme si de rien n'était", Vighnu et Andréas s'éloignent innocemment loin des regard inquisiteurs en pénétrant sous les frondaisons qui bordent la gorge en se donnant vaguement l'air de chercher des plantes : <br />
_"Tu peux le chroniquer d'ici, demande l'apothicaire dès qu'ils sont loin de Herle ? <br />
_Assieds-toi avec moi et (Andréas sort la sphère première de son sac) pose tes mains là-dessus, là et là. <br />
_Je sens que je vais pas aimer.... <br />
_Sans doute mais j'ai pas l'énergie pour le faire moi-même alors tu participes où il va se tirer." <br />
Dès qu'ils ont tous les deux les mains sur la sphère de métal rouge, Vighnu se sent soudain très fatigué [ça lui coûte 4 points de Fatigue, mais ça fait 8pts d'Essence pour alimenter les sorts d'Andréas, qui en a bien besoin vu comme il peine depuis plus de deux jours qu'ils sont en marche] et, les yeux fermés par la concentration, le chroniqueur annonce à son camarade : "Il n'y a qu'un seul type, mais il s'éloigne vers... un cheval. Plein nord, au sommet de la gorge. Il sait qu'on l'a repéré. Il se dépêche parce que... le sentier qu'il veut prendre rejoint la route un peu plus haut. <br />
_Tu peux le neutraliser ? <br />
_Je vais essayer mais... <br />
_Fais au mieux, je préviens les autres !"<br />
<br />
=== Interrogatoire ===<br />
<br />
Quand Vighnu sort des bois tout essoufflé en appelant ses compagnons, il explique brièvement que le guetteur est en train de s'enfuir à cheval, mais qu'ils peuvent tenter de lui couper la route et Oleytan s'élance le premier, remontant la gorge au pas de charge, suivi de près par Eldan, Herle de Lorune et le Grêlé. Ils ont beau courir de toutes leurs jambes sur le chemin rocailleux, le cavalier dévale la pente plusieurs centaines de mètres plus haut qu'eux... et tombe de selle en atteignant la route.<br />
<br />
"Quand on sait pas monter..." grommelle Herle, dégageant l'arc qu'il avait en bandoulière en cavalant de plus belle : son cheval trottant pour s'éloigner des ennuis, le guetteur se relève à peine lorsque Lerkoren Oleytan arrive sur lui le glaive à la main, mais réussit à dégainer sa propre épée en se remettant sur ses pieds, à parer et à lui coller un grand coup de pommeau à la tempe, séchant le jeune Elloran avant qu'Eldan ne soit à portée de lame. Le cavalier esquive le coup mal ajusté du Moineau en bout de course et, voyant arriver d'autres adversaires, dégage vivement sur le versant boisé qui descend vers le torrent. Mais Herle de Lorune a stoppé et décoché une flèche, et malgré la distance elle vole entre les arbres, racle l'écorce d'un boulot et transperce le genou du fuyard [3 pions de Fatigue et 1pH : Ego' voulait vraiment le choper] qui bascule dans dans la pente en rebondissant contre les troncs et les rochers. Un instant soufflé par l'expertise du tir, Oleytan, Eldan et le Grêlé regardent le Défroqué d'un air médusé, celui-ci leur fait signe d'aller chercher leur proie et, s'asseyant pour souffler sur un rocher, débande son arc en déclamant un poème sur la rudesse de la vie au bord des eaux [il faut préciser que pendant qu'on joue sur Rolisteam, Ego' dégotte des poèmes de circonstance qu'il déclame à brûle-pourpoint quand il a besoin de libérer de la Tension : ça fait toujours son petit effet et lui obtient à chaque fois le bonus du public]. Le Grêlé en reste un moment comme deux ronds de flanc, puis l'ex-inquisiteur dégage sa dague et, descendant à la suite d'Eldan avec le mercenaire sur les talons, annonce : "Bon, c'pas le tout : au boulot."<br />
<br />
Et pendant qu'Oleytan s'éloigne pour récupérer le cheval, sous le regard mortifié d'Eldan qui a eu tant de mal à récupérer le blessé dans le torrent, à le traîner sur la berge et à lui faire un garrot, Herle entreprend d'interroger le prisonnier, d'abord en lui expliquant qu'il parlera de toutes façons et que ce n'est qu'une question de temps et de douleur, puis en tournant la flèche dans la plaie pour illustrer son propos. Alors qu'Eldan, dégouté, s'éloigne, le cavalier commence à révéler qu'il n'est que l'éclaireur d'une bande de types chargée de suivre le convoi... lorsqu'il tourne de l’œil, moins à cause de la souffrance que des blessures reçues : ayant rejoint ses camarades depuis quelques instants déjà, Vighnu l'examine et, constatant que le prisonnier cumule un sérieux hématome à la tête et des côtes fracturées à sa blessure au genou, annonce qu'il risque d'avoir un peu de mal à le garder en vie plus de quelques heures. <br />
_"Et qu'est-ce qu'il a sur la poitrine, demande le chevalier ? <br />
_Tatouage de voleur, explique l'assassin-apothicaire : la Confrérie du Chacal, une espèce de regroupement de brigands, mais j'ai entendu dire qu'ils commençaient à trafiquer des armes dans le coin. <br />
_Non. Ce sont des démonistes ! <br />
_Hein ?! Houlà, non, non, je vous assure messire ils... <br />
_L'étoile à neuf branches est le signe du démon, Maître Pratesh, et cette créature doit être décapitée et brûlée séance tenante. <br />
_Quoi ?! Mais non, enfin, on allait l'interrog... <br />
_Nous ne tolérerons pas l’œuvre du démon et vous n'en serez pas complice, Maître Pratesh, ou bien vous aurez à faire à moi !" <br />
Malgré les protestations de ses camarades, Sire de Lorune défait le long paquet qu'il a sur le dos depuis le départ et en dégage une lourde épée bâtarde à la lame gravée d'inscriptions antiques et dont la garde rougeoyante rappelle à Vighnu une certaine sphère : avant qu'il ne puisse s'interposer, l'épée s'abat et la tête du malheureux tombe, tranchée net, entre ses genoux [oui, Herle vient d'exécuter le "peunj-d'information" pour produire une Réaction à 5].<br />
<br />
Image<br />
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=== Fuite ===<br />
<br />
"D'autres cavaliers arrivent !" les avertit Oleytan depuis le chemin, où il monte maintenant le cheval récupéré. Ne sachant pas s'il s'agit de brigands ou de simples civils et préférant éviter de laisser une "scène de crime" qui mette la puce à l'oreille du convoi, les mercenaires bascule le corps dans le torrent et dégage vers l'aval, histoire de dépasser leur éboulement avant d'être vus. Emportant la tête pour la brûler plus tard, Herle s'élance sur le chemin à la suite de ses camarades. Ce n'est que lorsqu'ils ralentissent au bas de la gorge qu'ils s'avisent qu'ils ont oublié Andréas et La Poigne, à qui Vighnu avait ordonné de rester près du chroniqueur pour le protéger : <br />
_"Non mais ils sont pas débiles, non plus, ils auront dégagé en nous voyant passer... <br />
_On parle de La Poigne là : le gars qui reste allongé près de l'arbre les yeux fermés pendant qu'on poursuit un cavalier parce qu'on lui a dit de faire "semblant de rien". <br />
_Bon, Oleytan, tu retournes les chercher à pied en passant par les crêtes, on se retrouvera près du gué." <br />
Et le matériel chargé sur le cheval, notre commando hautement qualifié repart d'un pas tranquille sous la bruine persistante.<br />
<br />
=== Reflexions ===<br />
<br />
Sous les pas des mercenaires, une plaine vallonnée, couverte de hautes herbes et parsemée de bosquets, succède bientôt à la forêt escarpée. Une éclaircie illumine le paysage et, quoiqu'en regardant régulièrement par-dessus leur épaule, les PJ en profitent pour sécher un peu en devisant sur la suite. Ce n'est qu'en arrivant au bord du fleuve que Herle insiste pour faire une pause et observer sérieusement les environs, des fois que les Démonistes ("Mais c'est juste des petits truands qui se donnent un genre ! _Des dé-mo-nistes !") aient posté un autre guetteur ou que la première caravane soit encore à portée de vue. Les abords de l'Anil'wel ("la Rivière du Passé") sont remarquablement calmes, mais la profondeur des empreintes de chariot laissées sur la berge intrigue le templier : <br />
_"Qu'est-ce qu'il y avait exactement dans ces chariots, Eldan ? <br />
_Heu... un de draps et fourrures, un de ferronnerie, chaudrons, ce genre de trucs, et puis un p'tit chariot de matériel, les vivres de l'escorte, tout ça. <br />
_Grand et gros, le chariot de chaudrons ? <br />
_Pas très non, pourquoi ? <br />
_Parce je commence à me dire que si j'étais un maître-contrebandier qui se méfie d'une attaque sur le convoi le plus important de l'année, j'aurais peut-être bien camoufler le vrai chargement dans la première caravane et tendu une embuscade autour de la seconde…"<br />
<br />
Après avoir passé le fleuve, et puisque la journée touche à sa fin sous les nuages noirs qui s'accumulent à l'est ("Gros orage en provenance de la mer, annonce le Moineau. _Trouve-nous un bon site de bivouac, faut qu'on puisse se reposer ce soir.") le groupe discute toujours de ses soupçons en interrogeant Eldan sur milles détails, puisqu'ils est le seul parmi eux à s'être rendu en ville et à avoir observé les préparatifs de départ. Montant un campement étonnamment confortable à base de branchages installés entre de gros rochers, sur les contreforts des hauts plateaux à l'ouest de la route (en limite de zone 4, sur la carte) et bientôt rejoints par Oleytan suivi d'Andréas juché sur le dos de La Poigne, l'équipe continue de réfléchir à l'idée du Templier.<br />
<br />
Et, à force de se creuser la cervelle, Eldan commence à se remémorer divers détails troublants (les mises en garde du Capitaine ; la désertion du Carafon (d'ordinaire quartier-général des truands et en particulier des séides de Jorem Cuivré) ; Jornil qui pressait le premier convoi de partir au point de payer une partie des frais de l'escorte, finalement un peu excessive pour des marchandises sans grande valeur et comptant assez peu de cavaliers pour que le troupeau de chevaux soit sa principale préoccupation ; les drôles de "barbares" qui trainaient à l'Hostellerie avec Diane), Andréas raconte sa première rencontre avec les Chacals au Cercle des Cascades, Vighnu et Eldan ajoutent leurs connaissances sur la pègre du nord... Il leur faut un moment pour constituer une théorie viable mais, lorsque Herle de Lorune revient de l'incinération de la tête tranchée, ses compagnons se sont rangés à son avis : le butin est caché dans la première caravane (qui n'a que 3 ou 4 heures d'avance sur eux et a du elle aussi s'arrêter pour la nuit), et le deuxième convoi est un piège à leur intention, pour lequel Jornil a embauché les Chacals, originellement venus des Sylves, tout comme Urgrand le sorcier barbu qui les a mis en relation avec les rebelles. _"Je vous avez bien dit que c'était des démonistes ! Quand on aura fini cette mission, faudra faire la peau à ce sorcier. _Nous en reparlerons certainement, sourit Vighnu."<br />
<br />
=== Interlude Lointain ===<br />
<br />
Pendant ce temps à Tal Endhil, le Capitaine prend Ranyella Sotorine à part à la fin d'une des nombreuses sessions qui occupent la Guilde depuis le début de la semaine et, alors qu'il voulait lui parler transport nautique et diplomatie locale, la cheffe kerdane lui remet 4 pièces d'argent : <br />
_"À quel titre ? <br />
_Une de vos mercenaires a envoyé un message à Écume 6 en demandant qu'on lui envoie une barge au Lac d'Acier. La réponse est que nous avons déjà perdu une barge récemment, que ma famille a autre chose à faire et que la mercenaire en question a perdu le privilège de faire appel à nous : vous seriez gentil de transmettre. <br />
_Oh... merde !"<br />
Et le Capitaine fonce illico au Cercle des Cascades, insiste pour parler urgemment à quelques chamans de sa connaissance et fini par demander à Kal Shemon'Lon de bien vouloir passer un message à Vighnu et Andréas : "Seulement si j'peux mett' un monstre marin. Ça donne du cachet aux visions, les monstres marins. Hihi."<br />
<br />
<br />
<br />
== Infiltration ==<br />
<br />
<br />
<br />
=== Soirée à Solerane (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
À l'Hostellerie des Moindres, après qu'Eldan soit passé en coup de vent lui déposer une dague empoisonnée ("T'aurais rien de plus liquide, pour épicer les vivres de l'escorte ? _Ah heu ben non, mais j'vais demander à l'apothicaire.": jamais revenu), Diane fait connaissance avec ses futurs compagnons de route : si les deux "barbares" au poil noir et à l'air revêche ne font toujours aucun effort pour converser dans la Langue des Pères, elle découvre que le jeune "chevalier errant" Trevan de Rigorne et son fidèle écuyer sont venus au nord "en quête de gloire et d'aventure" et que, malgré leur bref engagement dans les troupes mercenaires ("parce qu'on y voit plus d'action !"), l'aventure leur a fait jusqu'ici plutôt défaut : une escorte de caravane vers Celanire (et quelques troubles sur place dus à l'arrivée d'un nouveau prêtre assez radical), mais toujours pas de glorieux combat. Ils comptaient s'engager dans les troupes d'un héros local, le fameux Capitaine Durgaut de Tal Endhil ("Qui ? Non, 'connais pas...") mais comme Trevan est incapable de réduire son train de vie, les voilà pour l'instant fauchés et ils repartent vers Darverane avec le fourgon de métal, dont le jeune chevalier espère bien qu'il sera attaqué (pour se couvrir de gloire), afin de gagner assez d'argent pour un second cheval (Gavin l'écuyer se plaint de courir derrière depuis deux mois).<br />
<br />
Un très bref duel d'entraînement avec lui permet par contre à Diane de constater que Trevan est extrêmement bien entraîné à l'épée, malgré son inexpérience du combat réel et sa rafraichissante "naïveté". Si son écuyer a d'avantage les pieds sur terre, Diane ne doute pas de pouvoir par contre les manipuler (et ne se préoccupe pas plus que ça d'aller jeter un œil au fourgon ou à la mine).<br />
Elle rencontre bientôt Thuril le Brun, le massif forestier accompagné de deux dogues en charge de guider le convoi, qui vient les avertir d'être prêts le lendemain avant l'aube.<br />
<br />
=== Rêves collectifs (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Andreas) ===<br />
<br />
Pendant qu'elle dort tranquillement à l'Hostellerie, le tumulte de l'orage qui s'abat sur la plaine est bientôt interrompu par un hurlement de frayeur : sous son abri de branchage, Vighnu vient de s’éveiller d'un horrible cauchemar, une histoire de barques irrémédiablement coulés et de monstre marin qui le dévorait. <br />
_"Ça commençait par un faucon ricanant dans la nuit et finissait par un petit oiseau qui te guidait vers un sentier lumineux dans la montagne, demande Andréas ? <br />
_Heu... oui, mais je t'avoue que je me suis réveillé après le poisson géant. <br />
_C'est drôle, moi j'ai juste vu une espèce de grosse murène rôder dans l'eau, mais à part ça, je pense qu'on a fait le même rêve, envoyé par Kal Shem'... <br />
_C'est important les rêves, coupe Herle de Lorune, ce sont souvent les Ancêtres qui nous les envoient. <br />
_Voilà. <br />
_J'allais le dire. <br />
_Et dis-donc, le Moineau, un chemin dans la montagne, ça te dit quelque chose ? <br />
_Ah heu...oui. Le Capitaine avait prévu une solution de secours si on trouvait pas d'embarcations, c'est au nord de Celanire. <br />
_Et c'est fiable ? <br />
_Les plans du Capitaine sont toujours fiables ! <br />
_Suis-je bête. Bon ben demain on peut s'épargner d'aller voir si les Kerdans sont arrivés à la presqu'île et foncer plein sud dès l'aurore pour rattraper le convoi..."<br />
<br />
=== Départ du convoi (Diane, Trevan, Gavin) ===<br />
<br />
Et le jour n'est pas encore levé que Diane, Trevan, Gavin et les deux barbares Sylvains dont elle n'a tiré que les noms (Rumbold et Jaromir) rejoignent avec Thuril la mine de cuivre, un véritable petit fortin dont sortent bientôt des cavaliers (dont Craie et Esteval, qu'elle reconnaît et qui la reconnaissent, mais aussi un jeune gandin qui s'avèrera vite être Jorem Cuivré, le fils du grand patron), quelques fantassins supplémentaires, un lourd fourgon de chêne fermé par une porte cadenassées et un petit chariot de matériel tiré par des mules. Retraversant la ville vers la porte basse dans le fracas des roues et des bêtes sur le pavé, le convoi descend laborieusement la route vers le Marchepied en brinquebalant ("Bloumboudoum font les coffres dans le fourgon fermé. _Super : tu fais vachement bien le coffre. _Okaaay... _Ben quoi ?") puis oblique plein sud dans le petit matin.<br />
Très vite, l'arbalétrière comprend qu'entre Craie, Thuril et Jorem, il y a deux chefs de trop dans ce convoi, et en profite pour attiser les inimitiés au sein de l'escorte. Dès qu'elle et d'autres piétons sont employés à retenir les chariots dans la route pentue qui serpente le long du torrent, il lui vient une autre idée pour ralentir le convoi : profitant d'un dérapage du fourgon ("moins lourd qu'il n'y parait... _Ben tant mieux.") <br />
sur la route bourbeuse, alors qu'elle tirait de l'arrière, Diane s'arrange pour que le véhicule passe sur l'un des cochers descendu pour freiner par l'avant, et le conducteur hurle lorsqu'une des roues de bois ferré lui sectionne la jambe à hauteur du genou. Dégager le pauvre gars et lui prodiguer les soins nécessaires, quoique probablement inutiles (le type ne s'en sortira pas sans un bon chirurgien) stoppent le convoi pendant un long moment. Diane en profite d'ailleurs râler sur la paye, semer encore un peu plus la discorde dans l'escorte et monter Trevan de Rigorne contre Craie en proposant de rentrer à Solerane pour repartir du bon pied, mais l'esclavagiste albinos est vite soutenu par Esteval et, à eux deux, ils ramènent un semblant de discipline dans l'équipage qui reprend la route.<br />
<br />
Toujours attentive aux alentours, Diane commence à avoir l'impression distincte que des bruits de sabots suivent le convoi par les crêtes et, lorsqu'elle propose d'aller voir, Craie insiste pour envoyer plutôt Jaromir et Rumbold, les deux Sylvains. <br />
_"Dis-donc Trevan, demande-t-elle au jeune chevalier, les deux barbares, là, ils ont été sélectionnés comment ? <br />
_Je ne sais pas, Mademoiselle : je ne crois même pas que le gros sergent les ait mis à l'épreuve, ils ont été embauchés tout de suite. <br />
_Tiens donc..." Et bien sûr, lorsque les deux éclaireurs reviennent "sans avoir rien trouvé", Diane et Gavin espionnent leur bref rapport à l'albinos, la Kerdane entendant quelque chose comme "perdu un gars... <br />
_Dis-leur de garder leurs distances, merde !"<br />
<br />
Lorsque le jeune chevalier et un des Sylvains, chevauchant tous deux à l'avant-garde, signalent un l'éboulement barrant la route, le convoi s'arrête à nouveau, l'escorte se déploie en position défensive et la Kerdane décide d'escalader le pierrier pour en avoir le cœur net : trouvant les empreintes de deux paires de très grands pieds, elle déduit que l'éboulement est l’œuvre de La Poigne et du Défroqué, mais préfère inquiéter les autres pour perdre encore du temps. Le convoi ne repartant qu'après avoir utilisé les mules pour traîner le sapin tombé hors du chemin, Diane s'installe à côté de Thuril le Brun sur le banc du fourgon et entreprend de lui expliquer qu'il se passe des choses très bizarres autour de ce transport, surtout que les Sylvains et Craie semblent comploter un truc bizarre avec des cavaliers qui les suivent [Réaction de Témérité à 5]. Manifestement surpris (et convaincu), le Brun essaye pourtant de dissiper les soupçons de la Kerdane mais ne parvient qu'à éveiller de nouveaux doutes : le guide serait-il de mèche avec d'autres gars voulant braquer le convoi ?<br />
<br />
=== Fuite meurtrière ===<br />
<br />
Avec tout ce temps perdu, il fait déjà presque nuit lorsque la caravane fourbue s'installe pour camper juste avant le gué et que Craie insiste pour envoyer les deux Sylvains et Diane "chercher du bois pour le feu", à bonne distance du camp puisque les premiers bosquets sont à plusieurs centaines de mètres. Méfiante, la Kerdane avertit Gavin et ne suit les deux barbares qu'en traînant les pieds et son arbalète sous le bras, le temps de chercher une solution : elle observe le terrain en détail, évalue les distances... Lorsqu'elle réalise que Craie et Esteval arrive derrière elle depuis le camp alors que les Sylvains la prennent en tenaille par l'ouest, elle se penche pour ramasser une branche morte... et disparaît complètement dans les taillis et le soir qui tombe.<br />
<br />
[À 4 contre 1, Diane est sérieusement dans la mouise, surtout qu'Orlanth refuse d'employer ses pH pour autre chose que progresser. Mais briefé en détail sur les options tactiques d'un sniper et anticipant finement sur ses Mises, il va commencer par un énorme jet de préparation, dégageant 16 pts de bonus temporaires qui ne vont pas être de trop...]<br />
<br />
Transmettant des indications par signes aux deux Sylvains, Craie et Esteval resserrent l'étau autour de la Kerdane... Du moins le croient-ils car, camouflées dans un bosquet à quelques distance, elle se trouve déjà hors de "l'encerclement" et visant soigneusement, elle attend le bon moment pour tirer en comptant sur la fatigue et la tension de ses adversaires. Et lorsque que, croyant avoir vu un buisson bouger, Craie fait claquer son fouet dans le feuillage, l'arbalète claque sans être entendu et Esteval s'écroule sans un râle, un carreau lui ayant perforé le crane par l’œil gauche. Jaromir, l'éclaireur sylvain qui progresse discrètement l'arc tendu, est maintenant la cible la plus excentrée : Diane recharge et lorsque l'albinos -dont les longs cheveux blancs se distinguent nettement malgré le crépuscule- se retourne pour appeler à voix basse son camarade disparu, un second trait claque et se fiche dans la trachée de l'archer, qui s'effondre en gargouillant du sang.<br />
<br />
Immédiatement, Rumbold et Craie comprennent qu'on leur a retourné l'embuscade et cherchent un couvert, mais l'esclavagiste commet l'erreur de vouloir reprendre l'offensive : dégainant son tranchoir et ré-enroulant son fouet, il s'élance en zigzaguant entre les rares bouleaux pour atteindre l'origine du tir... où Diane n'est déjà plus. Et lorsqu'il se retourne pour la chercher du regard, un carreau l'atteint en plein front. <br />
<br />
Alors que des voix commencent à se faire entendre vers le campement, le dernier Sylvain récupère l'arc de son compagnon et, restant prudemment à couvert, scrute le sous-bois en se déplaçant silencieusement vers l'ouest et les profondeurs de la forêt. Rumbold lâche une flèche lorsqu'une ombre se détache brièvement parmi les arbres mais manque de plusieurs coudées, et les deux tireurs continuent leur lente et silencieuse danse parmi les taillis, s'éloignant toujours plus du camp vers la forêt, chacun cherchant à repérer sa cible autant qu'à réduire la distance en restant à couvert... Mais lorsqu'il atteint une longue clairière, le Sylvain doit choisir s'il s'arrête ou s'aventure à découvert et, manifestement décidé à continuer vers l'ouest ou les arbres sont plus dense [et lui permettrons de réduire l'avantage fournit par la portée de l'arbalète], il s'élance soudain au pas de course : il n'a pas fait 10 pas qu'un carreau le cueille en pleine cuisse. Il riposte pourtant, mais manque encore et, étalé dans les hautes herbes, à flèches, il a le réflexe de ne plus bouger et d'attendre que la Kerdane soit obligée de s'approcher : lorsqu'une silhouette blonde apparaît, il se redresse sur un bras pour lancer sa hache mais un dernier carreau lui perce le crâne avant qu'il ait pu finir son geste.<br />
<br />
Accroupie à la lisière des bois, Diane écoute la nuit en reprenant son souffle : s'il lui semble entendre un lointain piétinement de sabots dans la forêt, une chouette ulule à l'ouest quand elle reconnaît le timbre de Trevan approchant par l'est et appelant à mi-voix "Mademoiselle ? Mademoiselle ?". Elle fouille rapidement le corps de Rumbold, récupère le projectile qui saillit de sa jambe et, en plus d'un curieux appeau, d'une solide dague, de quelques pièces de cuivre et d'un lacet d'étrangleur, elle découvre un curieux tatouage sur son sternum, une sorte de loup très mince sur fond d'étoile et de forêt. Soufflant tout bas dans l'instrument, elle émet une sorte de ululement et comprends que d'autres Sylvains appelaient leurs compagnons. <br />
<br />
Quand le jeune chevalier la rejoint enfin, troublé de constater qu'elle vient d'abattre 4 hommes dont leur chef (et qu'il a encore manquer l'action), elle n'a guère le temps de lui expliquer la situation en détail mais, avec l'aide de Gavin qui finissait de fouiller les corps, parvient à le convaincre qu'elle est "la gentille" de l'affaire. Et qu'ils sont tous en danger : il faut fuir, tout de suite, sans repasser par le camp. "Mais je ne peux tout de même pas abandonner mon destrier, proteste le "chevalier errant" ! _Et puis j'ai trouvé la clé du fourgon autour du cou de Craie, fait remarquer Gavin : ça vaudrait le coût de jeter un œil..." (On pourra pas dire que j'ai pas essayé.) <br />
Diane hésite un instant, car la tentation est forte, mais se ravise et, tirant doucement le chevalier confus par le bras, elle l'entraîne avec son écuyer vers le fleuve, contourne le camp par la rive, trouve le gué malgré la nuit et, alors qu'un fort tumulte et une cavalcade semble agiter le bivouac derrière eux, ils disparaissent dans la nuit et les flots grondant...<br />
<br />
Ils marchent depuis plus d'une heure, que le chevalier a passé à se plaindre de la perte de son cheval, du poids de son pavois et de ses pieds douloureux, lorsque Diane et Gavin réalisent que des cavaliers sont à leurs trousses : quittant le chemin pour tailler à travers bois, le trio sème temporairement ses poursuivants dans l'épaisseur des taillis et tente de prendre un maximum d'avance avant l'aube (passant sans le savoir à peu de distance de l'endroit où, la nuit précédente, ses compagnons ont campé pour s'abriter de l'orage).<br />
<br />
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== Dernier tronçon ==<br />
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<br />
=== Sabotage d'un chariot ===<br />
<br />
Durant la journée, Vighnu, Andréas sur le cheval, Herle de Lorune, Eldan, Oleytan, le Grêlé et la Poigne ont continué d'avancer à marche forcée sur la route forestière (segment 4 du trajet) détrempée tant par l'orage de la nuit que par les quelques ruisseaux qui s'écoulent vers le lac, grossis des eaux de pluie. Eldan, le plus leste de la bande, a rapidement pris de l'avance sur le reste du groupe en espérant rattraper la caravane assez tôt et trouver moyen de la ralentir jusqu'à ce que ses camarades le rejoignent. Et en effet, lorsque l'après-midi touche à sa fin et que le Moineau émerge de la forêt (début de zone 5), il découvre le troupeau de chevaux paissant tranquillement dans la grande prairie en bordure du Lac d'Acier, près des trois chariots arrêtés au bord du chemin entre lesquels les voyageurs ont allumé un petit feu pour sécher leur paletots. La moitié d'entre eux prennent d'ailleurs le soleil ou nettoie leur vêtements bourbeux sur la berge pendant que les autres cassent la graine et se reposent de la rude journée qu'ils viennent de passer à pousser les carrioles dans le chemin forestier tout à la fois étroit, sinueux, bourbeux, rocailleux et coupé par les crues miniatures (argl).<br />
<br />
Profitant des hautes herbes et de ce que seulement trois sentinelles semblent encore (vaguement) se préoccuper de monter la garde, le Moineau progresse par l'ouest, traverse la route sans être vu et se glisse subrepticement jusqu'au chariot de ferronnerie. Il entreprend alors d'arracher avec sa dague les clous qui maintiennent une des roues arrières sur l'essieu, mais il n'a pas tout à fait le temps de finir que l'arrivée de l'unique sentinelle à cheval, qui commence à réunir les chevaux égayés e vue du départ, l'oblige à se dissimuler sous la carriole. Son mouvement d'ailleurs trop vif et trop peu discret fait se cabrer l'un des chevaux, la sentinelle descend de selle pour voir ce qui se passe alors qu'une autre est descendue du chariot de draps (étrangement le seul où un garde soit resté en faction) : Eldan, bientôt coincé, ne s'échappe qu'en profitant d'un instant d'inattention né du chef de convoi qui bat le rappel de ses compagnons, juste le temps pour lui de retraverser la route et de s'éloigner en rampant dans les hautes herbes. Néanmoins, la roue d'un des chariots ne tient plus que par un clou et l'éclaireur a reconnu l'homme qui gardait le chariot "de draps" : c'est Darjodrahl, le garde du corps/assassin hornois de Jornil Cuivré en personne, et sa seule présence indique qu'ils ont vu juste...<br />
<br />
[Là, vous comprendrez que j'ai un problème spatio-temporel massif : Diane/Orlanth a toujours environs 24h de retard sur les autres joueurs, qui eux sont à moins de 24h de l'objectif réel, et d'ailleurs la caravane va arriver à l'Auberge du Pont. Si je laisse tourner la chronologie normalement, Diane ne rattrapera ses compagnons que bien plus tard, probablement après que l'action soit terminée : c'est vraiment con. Alors comme pour une fois j'ai mes 4 joueurs-combattants ensemble (ça n'a a été le cas que deux séances sur sept), je fais une entorse à mes principes pour mon Orlanth préféré, Diane passe donc à travers une faille temporelle et rejoint ses camarades, qui pour la plupart n'y ont vue que du feu.]<br />
<br />
=== Regroupement et combat (Herle, La Poigne, Vignu, Eldan, le Grêlé, Oleytan, Trevan, Gavin, Diane) ===<br />
<br />
À la lisière des bois, le reste de la troupe s'est arrêté pour faire une halte après 10h de marche forcée qui lui ont "presque" permis de rattraper le convoi, lorsque Oleytan à l'arrière-garde annonce trois piétons mal en point qui clopinent vers eux : c'est Diane la Kerdane et deux inconnus, dont un sérieusement blessé. Le trio de fuyard a en effet été rejoint par quelques cavaliers-chacals dans la journée et, lorsqu'un bref combat, Diane en a abattu un de plus, Trevan en a blessé un deuxième et le troisième a planté sa lance dans le flanc du pauvre Gavin avant d'être "héroïquement mis en déroute" par le chevalier errant (et donc il s'est barré, quoi). Rapidement mis au courant des mésaventures les uns des autres malgré l'insistance du chevalier qui veut savoir s'ils sont des "malandrins" <br />
_("Ben heu... on est des bandits d'honneur qui volons aux riches pour donner aux pauvres et défendons les petites gens contre l'oppression. <br />
_Vrai ? Quelle aventure ! Je suis bien content de vous avoir rencontrés et de pouvoir joindre mon épée à votre noble cause ! <br />
_C'est qui ce débile, exactement ?")<br />
, tous s'accordent à dire que les deux priorités du moment sont qu'ils ont 1) encore une petite heure de retard sur leur objectif et 2) seulement une courte avance sur les 6 ou 7 cavaliers qui poursuivaient encore Diane, Trevan et Gavin. "Ça tombe bien, fait remarquer Vighnu : on va avoir besoin de chevaux."<br />
<br />
Une fois l'équipe déployée autour de l'appât constitué par Gavin (rapidement rafistolé par Andréas) et Trevan installés au bord de la route, le "combat" est aussi rapide qu'unilatéral : Diane snipe le premier cavalier, le second reçoit une flèche de Herle avant d'être démonté d'un grand coup d'épée par Trevanet si les 4 autres qui les suivaient freinent à bonne distance pour descendre de cheval, ils découvrent vite qu'ils sont encore à porter de tir quand l'arbalète fait une seconde victime et qu'un autre adversaire prend une flèche dans la hanche en descendant de cheval. Les deux derniers, d'abord décidés à profiter du couvert des sous-bois pour arriver au contact voient bientôt le chevalier, le Grêlé, Vighnu et la masse du Templier s'avancer vers eux, et se dispersent dans les taillis dans l'intention manifeste de se carapater. C'était sans compter sur l'inhumaine discrétion de la Poigne, qui éclate à la masse le crâne du malheureux qui avait presque réussi à surprendre l'assassin (longue journée + problèmes de cœur : petite forme, le fehnri) et lorsque ce dernier se met en quête de l'ultime ennemi rescapé, il le trouve affalé sur le ventre et ligoté par le layss d'Oleytan, d'ailleurs assis sur son dos. <br />
_"Très bien mon gars ! Allez, on le ramène aux autres et... <br />
_Non. <br />
_Je te demande pardon ? <br />
_Non, Vignupratesh : cet homme est mon prisonnier, et il porte un tatouage. Je ne laisserai pas tes cinglés de compagnons massacrer un vaincu. Je comptais le laisser repartir après que nous ayons pris du champ. <br />
_Mais c'est une très mauvaise idée, mon ami : il va rejoindre ses compagnons... <br />
_C'est son droit. <br />
_...les alerter sur notre position. <br />
_Bah je peux lui trancher un mollet, si tu veux : il devra repartir en boitant et ne rejoindra les siens que bien après que nous soyons partis. <br />
_Hem... bon écoute, je vais voir où en sont les autres et je reviens vers toi, d'accord ? <br />
_Chouette : tu peux me ramener à boire ?"<br />
Et leur seul autre prisonnier, blessé à la hanche, est une prise inattendue : Jorem Cuivré, soi-même. Terrifié et enfiévré par la douleur, le propre fils du patron-minier balance tout ce qu'il sait dès que Herle et Diane froncent les sourcils : oui, son père se doutait qu'il serait attaquer et a conçu la ruse des deux convois, oui il a embauché les Chacals à sa demande par l'intermédiaire d'un contact qui trafique du sel et d'autres marchandises "tombées du chariot" entre Darverane et Solerane, oui ils se doutaient bien que le Capitaine Durgaut était derrière tout ça mais son père ne pouvait pas se permettre de faire attendre Rhilder. "<br />
_Mais pas du tout, mes fringants compagnons et moi-même sommes des bandits d'honneur qui volons aux riches pour... <br />
_Non arrête, Trevan, t'es chiant : on bosse pour Durgaut, en fait. <br />
_Quoi ? Palsambleu mais alors vous m'avez roué ! Quelle aventure ! <br />
_Mais vosu êtes cons, pourquoi vous balancez un truc pareil devant le prisonnier ?! <br />
_Parce qu'il va pas repartir de toutes façons..." explique Vighnu avant de lui trancher la gorge [Réaction Cynisme 5 : ouch !].<br />
Et abandonnant ses compagnons avec le chevalier errant qui fait un scandale, il entraîne Diane vers l'endroit où il a laissé Lerkoren Oleytan en lui expliquant la situation : "Mais quel chieur ! 'Sont tous comme ça vos venteux ? <br />
_C'est pas la question : je compte sur toi pour abattre le prisonnier après qu'on l'ait "libéré". <br />
_Pas de problème mais faut pas que le môme me repère... <br />
_Je t'aiderai." Et, en effet, Vighnu fait assez de boucan en rejoignant son jeune ami pour que l'approche de la Kerdane passe inaperçue : une fois le prisonnier ahuri rendu à la liberté sans arme et avec un talon d'Achille tranché ("Rhaaaaaaaaa ! <br />
_Pis traîne pas mon gars, parce qu'avant la nuit, y aura des loups..."), Vighnu ramène Oleytan vers leurs compagnons en l'entretenant de ses soucis sentimentaux, que le jeune Elloran ne comprend que trop bien. Cette émouvante confession les empêche d'entendre le claquement d'une arbalète qui vient de mettre fin à une très brève fuite, après quoi Diane rejoint les autres pour récupérer les carreaux qui, ayant atteint des parties molles, peuvent encore être extraits à la dague (faut dire qu'elle n'en a plus que 7, avec tout ça).<br />
Le temps de répartir les désormais 9 cavaliers, dont un blessé, sur les 7 chevaux disponibles ( _"Quelle malchance : aucun d'entre eux ne montait mon cher destrier ! _Couillon, moraliste et obssédé par son canasson : il est pas venteux votre chevalier, des fois ?") <br />
et la troupe repart au galop à la poursuite du convoi.<br />
<br />
Eldan, rapidement récupéré et pris en croupe, explique qu'il a pu confirmer que le butin était dans le chariot de draps et saboter la carriole de ferronnerie, mais que la caravane a repris sa marche et qu'elle a encore repris près d'une heure d'avance. Trottant de leur mieux sur leurs chevaux déjà éreintés, les mercenaires fourbus voient s'amenuiser leurs options en même temps que le soleil couchant : s'ils peuvent encore rattraper leur objectif avant l'Auberge fortifiée (d'autant que la roue déclouée peut céder n'importe quand), il leur faudrait encore prendre le temps de se déguiser en Kormes, abandonner pour cela leur matériel le plus avantageux, attaquer en plaine, couper la fuite à quiconque sauterait sur un des 50 chevaux pour donner l'alerte, défaire une quinzaine de "gardes" (dont au moins 4 professionnels dignes de ce nom et Darjodrahl) à seulement 8 combattants, rafler le butin et dégager à travers champs avant que des renforts n'ait pu intervenir depuis le fortin : <br />
_"C'est pas la peine de se casser le cul à galoper, fait remarquer Vighnu : on est tous trop crevés pour se battre efficacement. Il faut trouver autre chose... par exemple s'introduire à l'Auberge du Pont cette nuit, avant que la caravane ne reparte pour Darverane avec trois ou quatre fois plus de monde. <br />
_C'est ça, on va trimballer 200kg de coffres blindés par-dessus les remparts et tout le monde trouvera ça normal. <br />
_J'ai peut-être une idée, propose Eldan : je sais que le chariot de ferronnerie est destiné à Celanire, alors si on pouvait remplacer discrètement le contenu des coffres par des fers à cheval et d'autres objets en fonte pour planquer le butin sous les chaudrons, on aurait plus qu'à attaquer demain matin un p'tit chariot presque sans escorte allant justement dans la bonne direction. <br />
_Mmmmh... et tu ferais ça comment ? <br />
_Ben on j'pourrais entrer à l'auberge avec Gavin en innocent blessé et l'honorable médecin-érudit Andréas, on repère les lieux et le butin, pis on aide Vighnu, Oleytan et tous ceux qui savent grimper et se faire discrets à passer la muraille, pis on s'introduit là où sont gardés les chariots, on se débrouille pour changer le butin de carriole sans faire trop de bruit, les grimpeurs repartent pis, le lendemain, ni vu ni connu, on braque le transport de chaudrons sur la route de Celanire. <br />
_Mais dis donc, tu sais que si on laisse quelques gars à l'extérieur pour éviter que les gars du deuxième convoi nous tombent dessus à l'improviste ou viennent raconter des âneries à la garnison locale, ça pourrait presque marcher, ton affaire ? <br />
_Très bien, jeune homme : je suis ravi de constater qu'on ne t'a pas emmené pour rien..." conclue le Défroqué.<br />
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== A l'Auberge du Pont ==<br />
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=== Première nuit ===<br />
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Pendant que le reste du groupe se dissimulait avec les chevaux dans un bois, Eldan le Moineau, Gavin l'Écuyer blessé et Andréas, sous l'identité d'un érudit de Brasure, ont précédé la caravane à l'Auberge du Pont pour observer son arrivée et ses mesures de sécurité. Ils y ont découvert que la herse qui barre le fameux pont était baissée suite à des attaques répétées des Kormes sur la route vers Darverane (qu'on leur avait annoncée "rouverte") : les voyageurs et marchandise s'accumulant alors dans l'auberge envahie de tentes, de chariots et de bien plus de résidents qu'elle n'en peut héberger ou même nourrir, et les prix y grimpaient de manière délirante.<br />
<br />
Une fois les hommes de Jornil Cuivré arrivés et le chariot "de draps" (dissimulant les coffres que visent nos vaillants mercenaires) bouclé pour la nuit dans une grange gardée, Eldan observa les lieux pour chercher le meilleur point d'entrée (la garde mercenaire habituelle est doublée d'un contingent de l'armée régulière qui semble obéir à Darjodrahl, le lieutenant hornois du Cuivré), il manqua d'être lynché en accusant publiquement une jeune tire-laine plus charismatique que lui, Andréas fit le tour de l'auberge sur-bondée et récupéra la bourse volée au Moineau, puis Gavin sortit brièvement pour prévenir ses (autres) camarades de la situation avant que les portes ne soient fermées pour la nuit et tous trois se retrouvèrent au spectacle donné par les saltimbanques dans la cour...<br />
<br />
Les autres mercenaires ont d'ailleurs passé un début de soirée tendu, la journée les ayant laissés sur les nerfs. Tout particulièrement Vighnu chez qui les affres sentimentaux s'ajoutaient à la tension et à la fatigue de cette mission [il trimballe toujours ses deux points de "Trauma" (rebaptisés "Marques" depuis la dernière réécriture du système) dus à ses problèmes avec Islinna) et pète donc les plombs beaucoup plus souvent que d'habitude. C'est d'ailleurs d'autant plus intéressant que, sa principale Réaction étant le Cynisme, le fait même qu'il soit fâché avec sa douce parce qu'il est un assassin cynique l'incite à se comporter en assassin cynique. Comme dit souvent mon collègue "Cancrela", «Ça devrait s'appeler "nÉvrotic"...».] Le fehnri était en fait tellement stressé que lorsque Gavin est venu leur annoncé que le chariot était sous clé et qu'Eldan s'était fait gravement repéré en perdant sa bourse et en déclenchant un esclandre, Vighnu a sorti sa dague pour la lui coller sous la gorge en gueulant "Mais vous êtes complètement cons nomdedju, on peut rien vous confier !". Immédiatement, il a senti l'acier froid de l'épée que Trevan de Rigorne lui posait sur la nuque, Herle de Lorune a dégainé son nerhil pour piquer la pointe sous le diaphragme du chevalier errant, Diane a braqué son arbalète chargée sur l'oreille du précédent et le Grêlé, passant sa lance entre le fehnri et l'écuyer, a finalement demandé de son habituel ton sarcastique si la mission intéressait encore quelqu'un ou s'ils allaient tous s'entretuer à 300m du butin juste parce qu'ils ne savaient pas tenir leur nerfs. L'assassin a donc rengainer son katara et tout le monde a lentement rangé ses armes en échangeant des regards méfiants : folle ambiance...<br />
<br />
Pendant qu'Eldan "sympathise" avec des compatriotes Anguedais ("du Duché d'Anguedale"), des bergers occupant la tente la plus proche de la porte de la remise (la verte, sur le plan), Gavin tâche d'en déloger la barre qui la ferme de l'intérieur à l'aide d'un cure-pied (une espèce de crochet pour nettoyer les sabots des chevaux) et n'arrive qu'à la déloger en partie ("J'finira 'pu tard !").<br />
<br />
[Tentative rigolote : Gavin, qu'Orlanth incarne désormais pour éviter de ne jouer que son Arbalétrière confinée à l'extérieur, possède une Ressource "Paquetage" qui n'est définie que comme son aptitude à sortir tout et n'importe quoi du fatras accumulé dans son baluchon à force de chapardages, pour peu qu'il réussisse un jet sous le domaine "Voyage" et avec tous les talents appropriés. Le jet est plus ou moins difficile en fonction de ce qu'il espère tirer de son sac à malice, et il peut y miser d'autant plus d'Énergie que l'objet désiré correspond à ses talents...]<br />
<br />
Après avoir profité de l'enthousiasme du public devant la performance des baladins pour remplir en partie son focus, sa bourse elle aussi bien garnie a permis à Andréas d'accéder à la partie de dés qu'organise pour ses amis fortunés un certain Dorian «le Magnifique», marchand reman particulièrement entreprenant puisque, grâce au courtage, au tripot installé dans une des rares chambres privatives et à la prostitution de son époustouflante maîtresse fehnri, Sohashna, il est probablement la seule personne à tirer quelque profit de son séjour à l'Auberge du Pont. C'est surtout, pour nos mercenaires, le seul autre type assez influent sur place pour avoir obtenu que sa propre roulotte soit elle aussi gardée sous clé dans la fameuse grange... Après quelques coups de dés qui lui ont fait gagner un peu de menue monnaie, Andréas se retire du jeu et de la conversation entre puissants négociants pour lancer le sort qu'il a préparé pour glisser dans l'esprit de Dorian et de sa courtisane une certaine idée fixe : "le commerce ne vaut rien ici, la route ne rouvrira pas, autant retourner à Solerane."<br />
<br />
Frôlant le malaise tant il a investi d'énergie dans sa "Chimère", le chroniqueur s'excuse et prend congé, entendant en partant les deux amants discuter de leur départ à l'aube. Comme Gavin et Eldan (mais du côté de l'étable), il s'installe alors pour dormir quelques heures dans la cour, afin de rester aux premières loges en cas de besoin. En attendant la diversion prévue par ses camarades à l'extérieur, il s'endort malgré les protestations fréquentent des campeurs qui râlent chaque fois que quelqu'un les réveille en faisant du bruit dans la cour, rajoutant un peu de merdier à chaque fois...<br />
<br />
''Extrait des Chroniques des Marches du Nord d'Andréas Odran <br />
<br />
Après avoir réalisé que nous nous étions fait bernés comme des bleus et que le chariot que nous pourchassions n'était qu'un leurre, nous avons quasiment rattrapé le faux chariot de draps. Le plan mis au point par Eldan et Vighnu était d'opérer une substitution entre le coffre que nous recherchons et des ferronneries d'un autre chariot lors de l'arrêt du convoi à l'Auberge du Pont. <br />
<br />
J'ai été affecté au groupe d'éclaireurs, en compagnie du brave Eldan et de Gavin, le soi-disant écuyer du soi-disant chevalier errant. Pas mécontent de laisser derrière moi le poète-répurgateur et ses tendances homicides qui me feraient presque regretter feu Conrad de Mélanque, nous avons doublé au large le convoi pour découvrir une auberge absolument bondée, un vaste campement de tentes débordant de ses murs. Moutons et poulets courraient en liberté là au milieu, dans un bazar que d'aucuns auraient trouvé joyeux. Ce n'était pas mieux à l'intérieur, et il me fallu jouer des coudes pour y entrer, tandis qu'Eldan essayait d'interroger des gardes à l'extérieur - comptant sur la camaraderie militaire. Il a rapidement découvert que la route de Darverane n'a jamais réouvert : les quelques marchands qui ont essayé de l'emprunter sont revenus la queue basse et soulagés de leurs biens, et le contingent de gardes de l'auberge s'est vu renforcé. La conversation a ensuite tourné court, pour autant que j'aie bien compris les explications embrouillées d'Eldan : il semblerait que la réputation de la camaraderie militaire soit en fait largement usurpée... <br />
<br />
Pendant ce temps, Gavin et moi-même nous frayâmes tant bien que mal un chemin dans la salle de l'auberge bondée, où tout un tas d'individus tentaient d'accéder à un comptoir où l'on servait de la nourriture. Très franchement, les moutons de la cour me parurent plus dignes que cette pitoyable assemblée d'humains se battant pour leur pâtée. Enfin... J'espérais trouver plus de calme à l'étage, il n'en fut rien : l'étage était intégralement couvert de lits et de paillaissades, et la seule zone privative était réservée par un riche marchand et gardée par un mercenaire. J'ai bien tenté d'expliquer à l'un des commis de l'auberge que je ne souhaitais pas partager mes nuits avec une bande de garçons de ferme illettrés, mais celui-ci a pris la mouche (je suppose que c'est un ancien garçon de ferme toujours illettré). Ce serait donc compliqué pour moi d'obtenir un coin tranquille où préparer mes petites diversions...<br />
<br />
Pendant ce temps, à l'extérieur Eldan assistait à l'arrivée du guerrier hornois escortant la caravane des marchands de draps. Usant d'un subtil mélange de force brute, de regard mauvais et de cette indicible autorité que procure le fait d'être une machine à tuer, le Hornois a rapidement imposé son autorité auprès des gardes, fait entrer le chariot contenant le coffre dans une remise fermée (dont il a conservé la clé), et réquisitionné une chambre et des repas pour ses employeurs. Le reste du convoi, lui, s'installait hors des murs de l'auberge. Et notamment le chariot de ferronneries avec lequel nous comptions faire l'échange. Voilà qui compliquait sérieusement notre affaire. Eldan a aussi appris que la remise en question était occupée par un autre chargement appartenant à un riche et important marchand : des verreries, apparemment. Et ce riche marchand n'était autre que celui qui occupait la grande chambre à l'étage de l'auberge, où parait-il il organise des parties de dés pour tuer le temps en attendant la réouverture de la route. Il aurait déjà plumé certains de ces collègues...<br />
<br />
Je retrouvai Eldan dans un coin pas trop encombré de l'auberge et nous avons commencé à discuter de nos options. C'est alors qu'Eldan a été bousculé par une jeune fille qui lui subtilisa la bourse confiée par Durgaut. Il l'a arrêtée, mais elle avait déjà passé l'objet du délit à un complice que j'ai pu repérer et suivre. Je l'ai retrouvé dans les latrines où il contemplait le fruit de son forfait. Bien qu'il fut armé d'un méchant coutelas et ait l'air plus costaud que moi, j'ai serré le manche de ma dague en prenant mon air le plus menaçant et je l'ai sommé de me rendre l'argent. De façon incroyable, j'ai dû avoir l'air suffisamment méchant pour qu'il me rende la bourse sans combattre [jet d'Intimidation +1pH !]. Pendant l'intervalle, ce brave Eldan avait accusé publiquement de vol la jeune fille. Celle-ci se lança alors dans un numéro théâtral de fragilité féminine qui aurait bien fait rigoler Diane, et quelques courageux sont intervenus - espérant probablement passer pour des chevaliers blancs et ainsi trousser la donzelle d'ici la nuit. Eldan, pas si brave que cela au final, s'est copieusement fait casser la gueule et je l'ai retrouvé tout ensanglanté dans la cour. Ce fut pour moi l'occasion de m'essayer aux arts dentaires pour réparer la mâchoire du garçon. Je crois que je m'en suis bien tiré, et après tout cette dent cassée lui donne un air aventurier qui devrait plaire à ces dames.<br />
<br />
C'est alors qu'est advenu l'évènement le plus sidérant de cette soirée : Gavin, le paysan-écuyer, a été pris d'un soudain accès d'initiative et s'est esquivé pour faire un rapport au reste du groupe ! Alors ça ! Que croyait-il le bougre, que nous allions rester sans prévenir nos compagnons ? Je n'en reviens pas, quelle outrecuidance ! Moi qui pensait que les capacités intellectuelles de ce garçon ne dépassaient pas celles de la limace ou du templier, le voilà qui nous donne des leçons d'opérations clandestines. Il va falloir que nous nous reprenions, Eldan et moi. <br />
<br />
Au final, nous sommes parvenus au plan suivant : nous restons sur la substitution, et celle-ci s'effectuera directement au sein de la remise, entre le coffre que nous recherchons et le chargement de verreries. De mon côté, je vais essayer d'aller rencontrer le marchant de verreries, probablement au cours d'une partie de dés. Charge à moi de faire usage de toute ma persuasion pour le convaincre de partir le plus rapidement possible vendre sa cargaison à Solerane, où nous l'attendrons sur la route...<br />
<br />
Notre chroniqueur omet sciemment de préciser que sa fin de soirée fut consacrée à assister au spectacle offert par quelques baladins, dont la jeune fille et l'acrobate ayant subtilisé la bourse d'Eldan, un jeune joueur de vielle à roue et le conteur qui les dirige, un Estrani nommé Horacio. <br />
Le but d'Andréas était moins de se détendre que de profiter des spectateurs assemblés pour effectuer le rituel de "La Sentinelle au Bal" par lequel il peut tirer de l'Essence magique de l'émotion partagée d'une foule, et ainsi recharger son focus récemment acquis.<br />
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<br />
=== L'éclaireur à abbattre (Diane, Vighnu, Le Grêlé, Trevan, Herle, La Poigne, Oleytan) ===<br />
<br />
Grimés en Kormes après un court débat quant à Diane ("Les femmes Kormes combattent généralement seins nus mais peinturlurées jusqu'à la taille. _Essaye-voir et tu vas pas retrouver tes doigts. Moi j'aurais des fourrures. _Bon, bon..."), le chevalier errant Trevan de Rigorne et Herle de Lorune surveillent la route depuis les bois à l'ouest du fortin pendant que l'arbalétrière rampe dans les hautes herbes près de la berge sud, se glissant entre les cavaliers qui surveillent la cinquantaine de chevaux qui n'ont pas pu trouvé asile à l'auberge. Lorsqu'elle en effraie quelques-uns en déclenchant un début de panique dans le troupeau, que les cavaliers doivent alors empêcher de piétiner les tentes plantées à l'extérieur, la plupart des gardes aux créneaux du fortin se tournent vers le sud. C'est le moment qu'attendaient Vighnu, Oleytan, La Poigne et le Grêlé pour s'élancer depuis la lisière des bois au nord-ouest : le fehnri est le premier à franchir le rempart dans l'ombre de la tour ouest, profitant de l'angle mort repéré par Eldan. Le jeune Elloran le rejoint avec aisance et redescend dans la cour sans être vu, pendant que Vighnu place le grappin et la corde qu'ils trimballent depuis Tal Endhil pour faciliter l'escalade des suivants, puis rejoint son camarade au sol et tout deux se cachent un instant sous l'arcade de la chapelle ("Ch") pour observer l'endroit : Andréas dort à poings fermés à quelques pas d'eux, un garde est toujours en faction devant le portail de la grange et, en plus de ceux qui surveillent l'extérieur depuis les deux tours, un autre patrouille la cour. Mais le vrai danger semble venir d'une lucarne à l'étage de l'étable, où se trouve les chambres "de luxe" : derrière un volet, un rai de lumière trahit la présence d'un homme de Darjodrahl surveillant la cour.<br />
Derrière eux, La Poigne peine à glisser sa panse entre les créneaux, manque d'être repéré mais s'encoigne dans l'angle de la tour ouest avant d'être rejoint par le grêlé... lorsqu'une cavalcade isolée sonne sur la route au dehors et que la sentinelle au-dessus d'eux crie soudain "Qui va là !?".<br />
<br />
En rejoignant Trevan et Herle, Diane avait elle-même repéré le cavalier, reconnu un des hommes de Jornil qui accompagnait le soi-disant "convoi de métal" et tenté de l'abattre à l'arbalète avant qu'il ne puisse s'annoncer à l'Auberge bouclée pour la nuit. Mais son unique tir manqué de tout le scénario s'est perdu loin de la cible sans même être remarqué et, freinant au pied de la tour ouest, le cavalier n'est finalement à portée d'arc que lorsque le garde l'a déjà remarqué : sans savoir où en sont leur camarades ni s'il peut les mettre en danger, le trio hésite à abattre l'arrivant juste le temps qu'un autre membre de la caravane, qui montait la garde à l'extérieur près des tentes des marchands de chevaux, ne le reconnaisse et viennent à sa rencontre... "Ouvrez les portes !" crie la sentinelle à l'intention de ses collègues.<br />
<br />
Du rempart, le Grêlé indique par signe à Vighnu qu'ils ont un sérieux problème : le reste du commando comprends qu'il leur faut d'urgence neutraliser ce messager nocturne qui pourrait compromettre toute leur opération. Heureusement, près du portail que deux autres gardes s'apprêtent à ouvrir, Gavin qui ne dormait que d'un œil commence à râler : "On veut dormir ! N'ouvrez pas la porte ! Si ça se trouve, c'est des Kormes !". Les protestations sont bientôt reprises par ses voisins, et Gavin envenime la situation pour gagner du temps, poussant un des nouveaux copains anguedais d'Eldan à aller se plaindre aux deux soldats qui déverrouillent la porte en arguant qu'ils ont payé pour la protection de l'auberge et que le couvre-feu vaut pour tout le monde. Le ton monte bientôt à travers toute la cour lorsque Andréas se joint aux réfugiés mécontents et en convainc une poignée d'aller gueuler auprès des hommes en faction au pied de la grande tour. <br />
<br />
Profitant du merdier, le Grêlé et La Poigne se sont introduits dans la tour ouest, ce dernier a tué la sentinelle et l'autre ouvre maintenant la porte du rez-de-chaussée à Vighnu et Oleytan : pendant que le Grêlé enfile la livrée du soldat pour le remplacer à son poste, les trois autres montent au rempart sud et le longent jusqu'à la petite porte de bois qui donne sur le grenier de la grange. Dégainant sa dague, il travaille alors à en faire sauter la barre...<br />
<br />
Sentant la situation dégénérer à l'intérieur du fortin où des archers sont apparus en haut de la grande tour- et parce que les caravaniers installés à l'extérieur commencent à vouloir se joindre aux deux hommes qui cognent au portail, Diane, Herle et Trevan (toujours déguisés en Kormes et surveillant les événements depuis la lisière des bois) décident de passer à l'action : le plus proche gardien de chevaux est abattu d'un carreau d'arbalète dans la poitrine, deux flèches descendent simultanément un caravanier armé et une sentinelle mal avisée et le trio se rapprochent à couvert des chariots et des tentent qui bordent le chemin vers le pont, bien décidé à réduire le messager au silence avant qu'il n'ait pu parler aux gardes ou à Darjodrahl le Hornois...<br />
<br />
=== Emeute et mort de Darjodrahl (Vighnu, Oleytan, Andreas, Eldan, Gavin, La Poigne) ===<br />
<br />
Dans la cour, Andréas voit arriver un garde de plus et l'engueulade devant le portail toujours fermé (et à l'extérieur duquel deux types gueulent "Ouvrez ! C'est important ! Un messager de Solerane !") tourne bientôt à l'empoignade : un des soldats pointe sa lance sur Gavin, Eldan se tient prêt à agir, l'autre soldat repousse brutalement le berger... et le chroniqueur lance discrètement un sort pour attiser la colère de la foule. Immédiatement, les protestations tournent à l'émeute et plusieurs résidents se jettent sur les soldats sortant de la Grande Tour. Gavin saisit la lance qu'on pointait sur lui et tente de désarmer le garde, écopant d'une méchante estafilade à l'épaule et les deux hommes luttent pour l'arme lorsque Eldan surgit et décapite le soldat par derrière, éclaboussant de sang le pauvre écuyer qui en reste un instant interdit.<br />
Le second soldat qui s'était précipité pour ouvrir le portail se retourne et n'a que le temps de dégainer son arme avant que le Moineau ne se rue sur lui en brandissant sa lame ensanglantée : le garde esquive une première fois, recule pour éviter un coup de lance de Gavin et le Moineau (très en forme) l'empale contre le portail. Derrière eux, sans armes ni grand talent pour la bagarre, les émeutiers amateurs se font rapidement tailler en pièce par les soldats et mercenaires de plus en plus nombreux à sortir du donjon...<br />
<br />
À peine Vighnu et La Poigne ont-ils fait un pas dans le grenier enfin ouvert que Lerkoren Oleytan arrête le fehnri d'un geste : il lui semble distinguer une silhouette dans le grenier obscur. Repéré, le Hornois jaillit et -avant que quiconque n'ait pu réagir- son épée à deux mains ouvre un profond sillon dans le thorax de La Poigne. Le colosse vaincu n'a pas encore touché le sol que Vighnu a déjà lancé une dague empoisonnée qui croise l'épée s'abattant sur lui : sa parade précipitée au katara aurait été insuffisante si Oleytan n'y avait pas joint son précieux arc à double-courbure, la lame hornoise déviant en tranchant dans le bois. Le fehnri pare une nouvelle attaque avec l'aide de l'Elloran, utilisant la corde de son arc pour lier un des bras de Darjodrahl, et se fend pour planter son katara dans la poitrine du Hornois pendant que, à peine relevé, La Poigne lui abat en chancelant sa masse d'arme sur l'occiput : à la fois empoisonné, poignardé et assommé, l'ennemi s'effondre sans un cri sur le plancher disjoint.<br />
<br />
Dehors, quatre "émeutiers" ayant été tué en un instant, Andréas reflue vers le fond de la cour avec les autres réfugiés vers le maintenant horrifiés de la tournure de leurs protestations. Entre les archers qui pointent maintenant leur flèches vers la cour et les soldats qui ont envahi la cour, Gavin comprend également que leur petite émeute a fait son temps et lâche la lance pour se réfugier dans une tente comme n'importe quel innocent apeuré par les événements. <br />
Eldan n'a pas la même présence d'esprit et, lorsque trois hommes d'armes avancent vers lui, l'adrénaline qui bat dans ses veines le pousse à tenter de leur tenir tête. Deux blessures plus tard, acculé contre la porte de la remise, il ne peut que faire mine de se rendre en posant piteusement le glaive hérité de son père pour se donner le temps de décrocher derrière lui la barre de la porte, déjà à moitié dégagée par Gavin quelques heures plus tôt. Lorsque les gardes avancent pour l'arrêter, Eldan bondit par la porte soudain libérée, claque le battant au nez des soldats et replace la barre avant qu'ils n'aient pu l'en empêcher.<br />
<br />
Lorsqu'un carreau d'arbalète cloue soudain le crâne du messager contre le portail de l'auberge, son compagnon s'arrête net de cogner pour qu'on lui ouvre mais n'a que le temps de pousser un cri avant qu'une flèche de Herle le réduise au silence. Désormais repéré mais toujours déguisé, le Défroqué décide d'exploiter au mieux la situation et s'avance à découvert en hurlant l'un des rares mots de lange des Vents qu'il maîtrise à l'attention des défenseurs : "KOOOORME !" scande-t-il en défiant les hommes aux créneaux, qui lui répondent à coups de flèches.<br />
<br />
=== La Grange (Vignu, Andreas, Le Grêlé, La Poigne, Eldan, Oleytan) ===<br />
<br />
S'étant fait ouvrir la porte de la tour ouest par Le Grêlé, Andréas le suit par les remparts jusqu'au grenier où Vighnu tente maladroitement de panser les blessures de La Poigne. Andréas n'obtient guère de meilleurs résultats pendant que ses compagnons descendent dans la grange où Eldan arrivent bientôt par la remise. "Les gardes sont à mes trousses" explique-t-il bien inutilement puisqu'on les entend marteler la porte barrée. D'autres coups et des voix retentissent bientôt au portail verrouillé de la grange : "Darjodrahl ? Un type vient de rentrer par la remise, est-ce que tout va bien ?!".<br />
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Nos voleurs échangent des regards atterrés, Le Grêlé colle une taloche à Eldan pour sa peine et le corps sanglant du Hornois continue de goutter un sang poisseux à travers le plancher du grenier pendant que les gardes s'énervent à l'extérieur quand, finalement, Vighnu tente d'imiter le phrasé rogue et guttural de son ami Barbaras : "Ouais ! J'l'ai vu mais il s'est tiré ! Tout va bien !" répond-il avec son meilleur accent Hornois. Quoiqu'un peu hésitant, le garde de faction finit par répondre "Faîtes attention quand-même, hein, on dirait bien que des Kormes sont à nos portes..." mais s'éloigne lorsqu'un grognement de hornois met fin à la conversation.<br />
Alors que tous soupirent de soulagement, Oleytan les avertit depuis le grenier d'où il surveillait les alentours par la porte du grenier, ouvrant directement sur la cour : <br />
_"Pssst, y a des guerriers plein les remparts et c'est la panique dans tout le fortin. Qu'est-ce qu'on fait ? <br />
_Et surtout, qu'est-ce qu'on va faire demain, quand il faudra ouvrir la grange pour laisser partir la roulotte de Dorian et qu'ils trouveront le corps de Darjodrahl ?<br />
_Surtout qu'Eldan est maintenant complètement grillé, pis y a des gars qui risquent de finir par l'identifier... <br />
_Et j'ai perdu le glaive de mon père." ajoute l'intéressé d'un ton chagrin.<br />
Mais à l'extérieur, les appels redoublent et les soldats commencent à vérifier toutes les portes à la recherche de "l'espion des Kormes" qu'ils croient poursuivre...<br />
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=== Feinte (Le Grêlé, Eldan) ===<br />
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Dehors, Trevan a sauté sur un cheval qu'il cabre en brandissant sa lame juste au-delà de la portée des archers, pendant que Diane récupère ses carreaux, aussi précieux que compromettants, sur les corps qui lui sont accessibles. Un cri retentit alors sur le rempart sud : "Il est là ! L'espion Korme s'enfuit par l'ouest !" Après avoir ainsi ameuté tout le monde dans et hors les murs, Le Grêlé, toujours en livrée de la garde se précipite vers la tour ouest suivi par Eldan. Après s'être barricadé, ils rejoignent bientôt le sommet. "Il est là ! Attention ! Il va sauter !" hurle le Grêlé alors qu'une silhouette à peine noircie bascule par-dessus le rempart. Au pied de la tour, Herle a également sauté à cheval et puisque les trois "kormes" à l'extérieur ne semblent pas réagir à la ruse, le "garde" s'écrit encore : "Ses compagnons viennent le chercher ! Il va s'enfuir, vite !" Et de tirer quelques flèches aux buissons, pendant que Trevan et Diane ramassent le compromettant cadavre du garde étranglé plus tôt par La Poigne, et disparaissent au grand galop vers la forêt.<br />
Soldats et mercenaires envahissant les remparts, Le Grêlé et Eldan se retrouvent vite coincés de toutes part et, utilisant la corde et le grappin à leur disposition, ils descendent le long du rempart sud et disparaissent à leur tour dans les bois sans avoir été remarqués. "Bon, ça nous aura fait gagner un peu de temps, constate Vighnu depuis le grenier, mais on a encore du boulot…"<br />
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=== Dans la grange (Gavin, Vignu, Andreas, La Poigne, Oleytan) ===<br />
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Après avoir discrètement permis à Gavin de les rejoindre par la remise, nos cambrioleurs retranchés dans la grange découvrent bientôt sous les linges et couverture du "chariot de draps" quatre gros coffres ferrés, fermés par des cadenas et liés au fond du véhicule par de lourdes chaînes. "Bordel, comment est-ce qu'on va ouvrir ça ?"<br />
Vighnu, peu habituer à la serrurerie malgré ses doigts de fée, casse le seul crochet sorti de la besace de Gavin, l'Écuyer essaye à son tour avec un long clou mais sans plus de succès et Le Grêlé lui-même y épuise ses maigres compétences. "Nan mais c'est pas possible, y en a pas qui sache crocheter dans cette équipe de voleurs ?! _Ben y avait le Moineau... _Et merde !!!". Persuadés que la clé des coffres doit se trouver sur l'homme de confiance du cuivré, Vighnu, Andréas et Gavin fouillent et refouillent deux fois le corps du Hornois à sa recherche : rien. "Merde ! Merde ! Merde ! _Bon, allez, on reprend du début, c'est forcément là, quelque part et on s'y met tous..." Pendant que La Poigne se repose de ses blessures, les armes, l'armure, les bijoux, les vêtements, les bottes, la bourse, les poches et le cadavre de Darjodrahl sont ainsi inventoriés et retournés dans tous les sens par les voleurs au désespoir jusqu'à ce que, finalement, Gavin remarque que son gros médaillon cliquète curieusement quand on le secoue. Vighnu et lui s'acharnent sans résultat sur l'objet, jusqu'à ce que le chroniquer, habitué aux casses-tête, saisisse comment le pendentif peut être dévissé et révèle bientôt la clé tant espérée ! Et dans chacun des quatre coffres qu'on leur avait pourtant défendu d'ouvrir (mais Herle et Eldan ne sont justement plus là pour faire des remarques), nos héros trouvent des douzaines de lingots : argent, cuivre, étain, bronze... Il y a là toute la production que Solerane destine à la prévôté, mais aussi la part des mines d'argent qui revient à l'état-major : en tout, c'est près de 200 lingots et donc quelques 250 kilos de métaux qui s'offrent à leurs yeux ébahis. "Gavin, remet illico ce que tu viens de glisser dans ta besace : tout ça est maintenant la propriété de notre Capitaine. _Pfff…"<br />
<br />
Andréas inspecte ensuite la roulotte de Dorian le Magnifique, occupée aux deux tiers par une épaisse couchette couvertes de coussins, des filets de marchandises pendant du toit et jusque entre les roues, des étagères couvrant tout le tiers arrière : <br />
_"Ah ben il voyage dans le luxe, le fumier.<br />
_Si j'avais une minette comme la sienne, moi aussi j'passerais les trajets à baiser, tu peux me croire !<br />
_Oh pis dis-donc : des fioles variées, des épices, de l'argenterie, de la verrerie, des bijoux, de la nacre, des miroirs : il vend que du luxe, le gars !<br />
_Crénom dîtes, c'que c'est beau !<br />
_Gavin, repose ça tout de suite : pas question que le Magnifique s'aperçoive qu'on a touché à sa roulotte." <br />
Andréas jugeant que la caisse du véhicule est assez profonde pour qu'on y étale les lingots en un tapis bien lisse que les occupants de la couchette ne devraient pas trop remarquer, il n'y a plus qu'à attendre la diversion prévue pour commencer le transfert du chariot vers la roulotte…<br />
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=== Diversion (Trevan, Herle, Eldan, Diane) ===<br />
<br />
Il ne reste plus qu'une ou deux heures avant l'aube lorsque Trevan, Herle, Eldan, désormais tous maquillés en Kormes, se répartissent autour du fortin et, à l'aide du mélange d'essences et d'huiles piochées au hasard dans la trousse alchimique de Vighnu (fallait pas la laisser à l'extérieur), enflamment des flèches qui produisent des couleurs plus qu'aléatoires avant de siffler au-dessus des bâtiments pour s'écraser sur les toits de chaume humides où tomber dans la cour, n'enflammant que quelques tentes vite éteintes. C'est néanmoins suffisant pour que Diane puisse se faufiler par le sud jusqu'au portail, et récupérer le dernier carreau d'arbalète y clouant encore la tête du messager.<br />
"Les Kormes ! Les Kormes reviennent !" crie-t-on bientôt dans tout le fortin.<br />
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Dès que Lerkoren Oleytan a annoncé qu'une drôle de flamme bleuâtre venait de s'écraser dans la cour ("Rha les saligots !"), Andréas et Vighnu ont commencé à installer les lingots sous le matelas de la roulotte, pendant que Gavin et La Poigne garnissaient les coffres de fers à cheval, de pierres, d'une enclume et tout ce qui pourrait y simuler le poids et le bruit du butin subtilisé.<br />
Et c'est peu avant l'aube, ses compagnons s'étant effondrés de fatigue depuis un moment, qu'Andréas fini seul d'arranger la roulotte pour camoufler avec le plus grand soin son chargement secret...<br />
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== Récupération du trésor et autres péripéties ==<br />
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[À partir de là, la fin du scénar à été jouée en "flashbacks" successifs jusqu'au combat final. J'utilisais Herle de Lorune, orphelin de joueur depuis plusieurs séances, pour poser des questions auxquelles les joueurs répondaient pour déclencher un flashback. Chacun avait le droit de d'initier deux scènes : l'une contant comment un de leurs camarades avait réussi un exploit et une autre collant à un autre PJ la responsabilité d'un échec, ce qui nous permettait de ne jouer que les scènes "intéressantes" et de faire un peu de montage alterné. <br />
Comme la scène "de débriefing" se jouait presque en aveugle, seul Loriel savait dès le départ que son perso, Vighnu Pratesh, avait survécu (mais bon, comme il avait accumulé 7pH, je me doutais qu'il ne mourrait pas dans cet Épisode) et les autres joueurs ignoraient si ce qu'il affirmait était vrai, ou simplement un mensonge pour conforter le templier blessé... Évidemment, chacun commençait son premier flashback avec toutes ses jauges à fond, mais devait ensuite gérer les pertes et les récupérations de scène en scène, et les joueurs ont souvent ajouté des détails pour régénérer de la Tension ou se passer la patate chaude. Ça a été un peu décousu, la règle "un exploit d'autrui et une bourde d'autrui par joueur" n'a pas complètement été respectée mais, globalement, ça a donné un final intéressant à cet Épisode qui commençait à traîner en longueur...] <br />
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=== Réveil de Herle ===<br />
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Il fait très froid aux abords du col et l'obscurité règne sous les sapins gelés. Vighnu, transi jusqu'aux os, scrute pourtant les alentours lorsque, quelques mètres en contrebas, Herle bascule du cheval où il l'avait attaché : au contact de la neige, il émerge pour la première fois du sommeil où l'avait plongé l'hémorragie et ses profondes blessures et tend la main vers le fehnri, qui s'empresse à son chevet. <br />
_"E... Eldan... où est...le Moineau ?<br />
_Il n'est pas loin, il est parti en éclaireur.<br />
_Gnnh. Le butin ?<br />
_Pas loin non plus, en arrière, sur les bêtes.<br />
_On a... on a réussi ?<br />
_Oui, on a réussi.<br />
_Alors putain, d'où ils sortaient ces types ?<br />
_C'est la faute à Eldan, il était en avant lors de l'embuscade, mais il a laissé passé les gars qui descendaient de l'autre convoi par le nord..."<br />
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=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Dans la forêt matinale, à une volée de flèche de la route vers Solerane, Eldan est en train de soulager sa vessie contre un arbre lorsqu'il aperçoit une silhouette évoluant à croupetons parmi les buissons. Il n'a que le temps de se jeter derrière un tronc qu'une flèche en racle l'écorce. Pendant que notre éclaireur se rajuste et encoche lui-même un trait dans son arc, l'ennemi tire une deuxième flèche et atteint le cheval du Moineau, qui s'enfuit dans la forêt. "Rha zuuuteuh !"<br />
Eldan riposte, manque, se remet à couvert et commence à manœuvrer pour s'approcher de son adversaire lorsqu'il aperçoit un deuxième homme, s'approchant furtivement depuis la route une hache à la main. Le Moineau tire une nouvelle flèche à l'archer adverse, le blesse légèrement et jette un coup d’œil pour surveiller l'approche du second ennemi : comprenant qu'il est repéré, l'homme à la hache profite de ce que l'éclaireur a décoché pour charger en levant sa hache. Lâchant son arc, Eldan dégaine son fidèle glaive pour le recevoir... _Mais tu l'avais paumée, l'arme fétiche héritée de ton père ! Grâce à qui l'as-tu retrouvée ? _Grâce à Gavin, qui l'a ramassée pendant que les soldats tentaient d'enfoncer la porte de la remise après que je m'y sois enfermé !<br />
<br />
=== Témoignage de Gavin ===<br />
<br />
Gavin est en train de cavaler à travers la cour de l'Auberge, l'épée d'Eldan sous le bras. Sur les remparts que l'aube éclaire à peine, c'est la panique et tout le monde hurle "Les Kormes ! Les Kormes reviennent ! Tous aux créneaux !". Le problème de Gavin, c'est qu'en se levant au matin dans la cour endormie, le beau glaive à la lame gravée (d'une femme nue : "Rho chouette !" fait Gavin) sous le bras parce qu'il ne voulait pas prendre le risque qu'on le lui vole, il a décidé de pisser derrière un pilier où, par malchance, dormait un garde (vous voyez comment les joueurs ont créé un fil rouge héroïque de scène en scène ? "J'étais en train de pisser quand..."). Éclaboussé et immédiatement réveillé, le soldat a ouvert les yeux pour voir l'écuyer "armé" levé au-dessus de lui et s'est mis à crier "Aleeeerte !". Coup de bol, c'était vraiment l'alerte puisque c'est le moment qu'ont choisi des dizaines de Kormes pour s'avancer sur le pont...<br />
Gavin cavale de son mieux entre les dormeurs et les tente, sachant que la plupart des autres sont déjà partis, il cherche une cachette ou un moyen de s'enfuir du fortin, mais le portail est à peine refermé et, en plus du furieux trempé d'urine qui le poursuite avec sa hallebarde, les guerriers commencent à s'accumuler aux remparts.<br />
"Heureusement, Herle est venu à la rescousse !" précise Orlanth, utilisant son "exploit d'un autre PJ" pour s'en sortir. Bon, là, comme techniquement Herle est un PNJ depuis déjà deux ou trois séances, c'est moi brièvement qui raconte.<br />
<br />
En effet, la porte pas encore barrée craque soudain sous l'impact d'un chariot utilisé comme bélier par trois "Kormes" plus ou moins chevelus : Diane, Trevan et Herle de Lorune sont venus évacuer leurs derniers camarades (et permettre aux vrais Kormes d'investir le fortin, histoire que les dégâts ainsi causés camouflent autant que possible l'intervention du commando). Sous la volée de flèches qui pleut alors autour d'eux, les trois peinturlurés décrochent à toute vitesse, plus ou moins suivi par Gavin qui part dans une direction légèrement différente avec l'air du pauvre hère pris dans la tourmente. Un coup d’œil alentour lui révèle d'ailleurs plusieurs dizaines de Kormes progressant par le pont vers la herse baissée en échangeant des traits avec les défenseurs de la grande tour, et de petits groupes épars traversant le fleuve accrochés à des radeaux : l'écuyer s'enfuit vers l'ouest sans demander son reste, et retrouve bientôt le reste du commando. "Hé mais c'est mon épée !" s'exclame Eldan en voyant arriver Gavin. "Celle-là ? Non, non, j'l'ai trouvé à l'Auberge... _Après que je l'ai lâché devant les gardes, ouais ! Rends-moi ça ! _Rho mais-heu…"<br />
<br />
=== Témoignage d'Eldan ===<br />
<br />
Retour dans la forêt : Eldan dégaine donc le précieux glaive hérité de son père puis sauvé par Gavin... et pare le premier coup de hache de son adversaire. Il reste au plus près de l'ennemi pour gêner le tireur qui se rapproche par le nord et, lorsque son opposant trébuche sur une racine [1pH pour éviter d'être gravement blessé par un coup de hache], Eldan le sèche pour le compte d'un grand coup du plat de la lame sur l'oreille, puis roule vivement dans les buissons pour éviter la flèche que l'archer lui décoche une fois son angle de tir dégagé. Bondissant d'arbre en couvert et de tronc en fourré, Eldan se rapproche de lui et, lorsqu'il n'est plus qu'à une 10aine de mètres, le dernier trait décoché à peine rebondit contre l'écorce d'un sapin, le Moineau fonce au contact : l'autre n'a que le temps de tirer sa dague que la lame gravée lui tranche l'épaule, éclatant le trapèze, l'omoplate et la clavicule dans une gerbe de sang. L’hémorragie finit de l'achever pendant que notre éclaireur souffle un peu, découvre le tatouage de la Confrérie du Chacal sur la poitrine de l'archer et lève enfin le nez vers la route quand il entend passer le tonnerre de chevaux aux galop : 6 ou 7 cavaliers foncent à bride abattue vers le sud, d'où monte déjà la clameur d'un combat, puisque l'embuscade y a commencé. "Meeeeerdeuh !" s'écrie Eldan en repartant vers le sud à toutes jambes.<br />
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=== Herle ===<br />
<br />
Serrant son poing massif sur la cape enneigée de Vighnu, Herle de Lorune commence à s'énerver : <br />
_"Mais par les Pères tu vas me dire comment vous avez rattrapé le chariot, à la fin ?". <br />
_"C'est grâce à Vighnu, intervient le Moineau qui vient de sortir de l'ombre [puisque là, on peut raisonnablement supposer qu'il n'est pas mort] "Il a réussi à trouver des chevaux, puis à nous guider à travers la campagne pour atteindre la forêt avant la roulotte du Magnifique. Il a été formidable ! <br />
_Mais comment vous avez fait pour sortir le butin de l'Auberge ?!? <br />
_Oh ben ça, c'est grâce aux...heu... talents d'imitateurs d'Andréas…"<br />
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=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
L'aurore pointe à peine sur la cour de l'auberge encore à moitié endormie quand Dorian le Magnifique et sa suite, fraîchement augmentée de plusieurs mercenaires recrutés sur place, exige du Lieutenant Sanderen (commandant le fortin pour l'Armée du Nord) qu'on ouvre les portes à sa roulotte, parce qu'il refuse de rester plus longtemps dans un relais aussi mal défendu. L'officier ne s'était d'ailleurs pas levé si tôt pour se faire emmerder par des marchands et grimpe sur la margelle du puits pour annoncer d'une voix forte que, le fortin étant assiégé depuis cette nuit, tout ceux qui auraient encore la mauvaise idée de s'en prendre aux défenseurs -pour des raisons de taxe ou d'insatisfaction quant au couchage- seraient considérés comme complices des Kormes et pendus aux murailles !<br />
<br />
Un soldat vient alors cogner à la porte de la grange où Andréas, caché dans la remise, vient juste de finir un splendide dessin de Darjodrahl, assis dans l'ombre dans une attitude aussi distante qu'agressive, qui va lui permettre de concentrer sa magie [il a créé un puissant sort de Chimère sur tout le rez-de-chaussée de la grange, lui permettant d'y animer un personnage d'autant plus crédible dans sa mauvaise humeur qu'il se base sur l'altercation de la veille entre Sanderen et le Hornois]. Évitant de croiser le regard mauvais du guerrier qui les admoneste depuis le coin obscur de la pièce, le marchand et ses hommes se dépêchent de sortir leur carriole, d'y atteler les bœufs et de quitter l'Auberge. Pendant qu'on referme le portail derrière la suite de Dorian, l'agitation et sa vessie tirent bientôt Gavin du sommeil et, dès que l'écuyer se met à cavaler poursuivit par un hallebardier, Andréas profite de la confusion pour quitter la grange sans être remarqué et aller se recoucher dans un coin... Lorsque, évidemment, les Kormes attaquent.<br />
<br />
[Précision rigolote, mais que les PJ ignorent : quand les joueurs on demandé ce qui avait provoqué l'attaque des Kormes, je leur ai expliqué qu'ils surveillaient évidemment depuis des semaines le fortin et le pont contrôlant le passage vers le nord-ouest de la Région des Lacs, et qu'ils ont décidé de passer à l'action quand, cette fameuse nuit, il est devenu manifeste que des "camarades" assiégeaient l'endroit depuis la rive gauche et envoyé des signaux à coups de flammes colorées : le temps de s'organiser, ils ont donc profité de l'occasion pour tenter de prendre la position. "Mais c'est notre faute si les Kormes ont attaqué ?!! _Hé, oui : vous êtes très forts.."]<br />
<br />
"Mais vous... demande Herle, comment vous êtes sortis de là ? _Oh ben nous on a profité d'une corde dégottée par Gavin dans la grange pour se tirer par les remparts comme on était venus, un peu avant l'attaque. Tu t'en souviens pas ? On vous a retrouvé à l'extérieur, avec les chevaux.<br />
[Les joueurs font quelques jets pour confirmer cette version de l'histoire, et payent 1pH pour cette histoire de chevaux : entre ceux qu'ils ont amenés eux-mêmes et le troupeau dispersé dans la nature, c'était raisonnablement probable d'en trouver pour tout le monde.]<br />
On a juste eut quelques ennuis à cause de Diane qui était restée en arrière..."<br />
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=== Témoignage de Diane ===<br />
<br />
Pendant que Herle, Trevan et Gavin évacuent vers l'ouest, l'Arbalétrière s'est en effet arrêtée pour se nettoyer à grande eau (parce que les peintures de guerre, ça colle affreusement dans les cheveux longs). Elle est d'ailleurs en pleine toilette quand une bande de Défunts, trempés d'avoir traversé le fleuve glacé à la nage, prennent pied sur la rive et la considèrent avec circonspection : d'abord parce qu'elle est, sinon jolie, du moins sculpturale [Physique 4, Athlétique 4, Allure 4 : elle ressemble à une héroïne d'Adam Hughes], ensuite parce qu'elle est manifestement en train de se débarrasser de peintures semblables aux leurs, qu'elle revient d'avoir enfoncé le portail du fortin et que les Kormes s'attendaient à trouver des camarades sur cette rive. Sauf que Diane a des cheveux, et ça, c'est pas normal... "Ben quoi bande de débiles, leur balance-t-elle alors en Langue des Vents, vous allez rester là à mater ou vous êtes venus pour participer à l'assaut ?!? Bougez-vous le cul merde, on est pas là pour roupiller !" [Et de faire une énorme réussite sur son un jet de Social+Langues Étrangères+Allure+Intimidation+Volonté.] Un instant médusés, les Kormes saluent respectueusement cette guerrière étrange qui ne peut être qu'une cheffe influente et vont se joindre au combat, l'un d'eux tendant même un carré de tissu à la Kerdane pour qu'elle finisse de s'essuyer...<br />
"Comme quoi c'est carrément pas ma faute, ajoute l'arbalétrière qui vient de sortir de l'ombre auprès du templier blessé : j'avais même réglé le problème quand ce crétin de Vighnu est venu foutre sa merde !"<br />
<br />
=== Témoignage de Vighnu ===<br />
<br />
[Un jet d'orientation particulièrement raté pour retrouver les autres après avoir rassembler des chevaux vient en effet de basculer une 10aine de pions dans la case de Tension de Vighnu, qui a par ailleurs toujours des pions de Marque psychologique (anciennement appelés "Traumas") suite à sa crise sentimentale avec Islinna (et qu'il essaye d'évacuer depuis 3 séances). Il est donc très largement en Surtension...]<br />
À quelques centaines de mètres à l'ouest du fortin, ses compagnons en train de sauter sur les montures qu'il vient de leur procurer, Vighnu aperçoit à la lisière des arbres encore obscures une jeune et belle jeune fille rousse (il reste de la peinture rouge dans les cheveux de Diane) portant un manteau emishen et entourée d'une 15aine de Kormes... Son sang ne fait qu'un tour (sans passer par le cerveau) et l'assassin s'élance au grand galop en hurlant "ISLIIIIINNAAAAAAA ! J'ARRIIIIIIVE !" avant que ses camarades n'ait seulement pu songer à le retenir.<br />
<br />
Diane voit alors le Fehnri surgir de la nuit comme un diable, les Kormes qui s'éloignaient déjà ralentissent à l'arrivée de l'intrus et, chargeant toujours, Vighnu bondit de son cheval sur le pauvre gars qui tendaient une serviette à la guerrière et l'égorge d'un grand revers de son katara en beuglant "Touche pas à ma copiiiine !". "Mais t'es complètement taré ! J'suis pas ta gonzesse !", s'écrie Diane alors que l'assassin halluciné se relève souplement, quoiqu'un peu confus et couvert de sang, pendant que "l'innocent" Korme agonise dans l'herbe haute. Et tous les Kormes alentours de se ruer vers eux en brandissant leurs armes. Sautant à cheval, la Kerdane furieuse et le Fehnri honteux essuient de justesse quelques flèches, javelots et hache de jet mais parviennent à dégager à fond de train avant d'être encerclés.<br />
<br />
Lorsqu'il rejoignent Eldan, Herle, Trevan, Gavin, Le Grêlé, Oleytan et La Poigne maintenant tous en selle, Vighnu ne prend même pas le temps de s'expliquer : "Dorian et le butin doive être loin devant nous, maintenant : on va couper la plaine par l'ouest à bride abattue, les doubler avant la forêt et les attendre au premier guet ! _C'est moi ou on aura passé la moitié de cette mission à cavaler derrière des convois ? _Ferme-la et galope !".<br />
<br />
_"Oui heu bon, toi qui a fait vœu de chasteté tu peux pas comprendre mais les femmes, tu vois, ça te mélange tout dans la tête et... <br />
_L'embuscade, par les Pères ! Raconte-moi l'embuscade ! <br />
_Haem donc, comme je te le disais, Diane a organisé une embuscade aux petits oignons, mais on a eu des visiteurs imprévus…"<br />
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<br />
== L'embuscade ==<br />
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[Après s'être tous reposés pendant une Scène grâce à l'avance prise dans la course, Diane fait un gros jet de préparation avec le soutien de tous ceux qui ont quelques scores de Tactique, de Camouflage ou d'Embuscade (et dans un groupe de mercenaires du nord, ils sont nombreux) pendant que Vighnu fait un solide jet de camouflage pour tout le groupe : bénéficiant d'un confortable bonus tactique réparti sur plusieurs personnages, d'un excellent point de vue pour la tireuse d'élite et d'une Difficulté de repérage monstrueuse, les PJ et leurs camardes sont prêts à ne faire qu'une bouchée de l'équipage du Magnifique…]<br />
<br />
Le timide soleil matinal jaunit les nuages gris et la pluie qui n'en finit plus de détremper la forêt, gonflant en torrent le ruisseau qui coupe la route de Solerane, juste au pied d'un trio de gros rochers de grès surplombant de leur butte une myriade de petits blocs, le gué et la route. Invisibles derrière les rocs et bosquets alentours, les vaillants mercenaires de Tal Endhil, confiants dans la garde d'Eldan ½km au nord, observent la lente arrivée par le sud de la roulotte fermée et escortée par deux cavaliers et cinq fantassins. <br />
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Image<br />
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Les éclaireurs à cheval de Dorian le Magnifique avancent en effet à pas prudents dans le torrent, pleinement conscients de traverser un splendide site d'embuscade, mais sans parvenir à repérer les guerriers déguisés en Kormes qui attendent le signal de Diane, postée au sommet des rochers, pour les assaillir de quatre côtés. La Kerdane laisse avancer les cavaliers le plus loin possible et, lorsque le premier d'entre eux menace a déjà largement dépassé les rochers et risque d'être bientôt hors de portée de la redoutable arbalétrière, elle l'abat d'un carreau en pleine tête [encore un, il faut dire qu'Orlanth soigne ses jets de tir et mise systématiquement en Visée] dès qu'il échappe à la vue de ses compagnons. Ce n'est que lorsque le garde du corps personnel du marchand commence à donner des signes d'inquiétude, un musclé patibulaire et couturé de cicatrices qui se désaltère au bord du torrent tout en jetant des regards insistants alentours, qu'un deuxième carreau démonte le second cavalier sur la rive nord, déclenchant l'assaut : avant qu'un des éclaireurs ait pu finir de crier "Aleeer..." des flèches fusent de toutes part, les grands couteaux de jets pris par Vighnu sur le corps du Hornois tournoient dans les feuillages, des guerriers jaillissent de chaque buisson et, en quelques secondes, la majorité de l'escorte agonise sur la terre bourbeuse du chemin. Mais les battants de bois sur le flanc de la roulotte viennent de s'ouvrir, libérant une appétissante fehnri à peine couverte d'une fourrure qui s'enfuit à toutes jambes à travers bois :"Oh m'am'zelle, reviens ! Faut pas courir toute nue dans les bois comme ça !" s'écrit Gavin-le-Korme-du-Terroir (pour récupérer quelques pions de sa Réaction "Plouc") avant de s'élancer à ses trousses, croisant la route du marchand courant à la suite de sa compagne dans son seul pantalon (mais sa cassette sous le bras, emballée dans une couverture)…<br />
<br />
"Cavaliers au nord !" signale alors Diane d'une voix forte, avant de tirer un nouveau carreau sur le premier des hommes qui viennent de croiser Eldan. "Soldats au sud !" lui répond la voix du Grêlé qui vient de repérer les quelques hommes de Jornil et de Sanderen partis du fortin après avoir repoussé les Kormes (qui n'ont jamais réussit à prendre la grande tour pour ouvrir la herse barrant le pont), découvert le corps de Darjodrahl dans la grange, vérifié le contenu des coffres et s'être lancé "à la poursuite du marchand félon" (et qui viennent de freiner d'un coup en découvrant l'escorte massacrée par les "Kormes", qui sont décidément partout).<br />
<br />
=== Témoignage d'Andreas ===<br />
<br />
"Attendez... et le chroniqueur-à-tout-faire, il était où, là ? _Heu... hé bien figure-toi qu'il y a eut un miracle, une véritable apparition divine, comme récemment à la Mine Bénie : c'est dire si les Pères sont avec nous !"<br />
Quand une poignée de Kormes franchit le parapet et commence à s'en prendre aux voyageurs piégés dans la cour, Andréas se précipite vers la seule porte qui n'ait pas encore été solidement bouclée, celle de la chapelle, entraînant à sa suite quelques réfugiés paniqués. À peine la porte barrée par un banc, le mage évalue le cheptel à sa disposition, serré comme des sardines dans l'espace exigu entre les piliers sculptés représentants les huit Premiers : il y a là la jeune voleuse, le vieux conteur, le garçonnet à la vielle et l'acrobate-détrousseur (soudain gêné de se découvrir barricadé dans une pièce de 9m² avec "l'intimidant" érudit), un jeune soldat affolé (qui a lâché sa pique au premier signe de danger), une des servantes de l'auberge et une commère serrant une poule dans ses bras tremblants. <br />
<br />
Des cris (et des caquètements) de terreur accueillent les premiers coups de hache qui s'abattent sur la porte, mais Andréas Odran connaît la manœuvre : "Prions mes frères, les exhorte-t-il avec toute la force de sa conviction ! Prions que les saints Pères viennent à notre secours ! Chantez-tous avec moi !" La chorale improvisée entonne alors un antique où l'angoisse se mêle à la ferveur religieuse. Lorsqu'une cognée d'acier fini par percer entre les planches de chênes, le mage décide d'accélérer le mouvement et sort la Sphère de Pouvoir de son havresac : "Mes frères, ceci est une Sainte Relique Première dont la bénédiction nous protégera des ennemis du culte ! Tendez les mains pour la toucher et concentrez-vous sur le chant ! Les Pères sont avec nous !".<br />
<br />
Et siphonnant un maximum d'Énergie à ses coreligionnaires sans trop leur demander leur avis (pas plus qu'à la poule), Andréas remplit son focus au maximum pour lancer un sort de Chimère assez puissants pour effrayer les Kormes... lorsqu'il lui semble qu'une forme tout à fait imprévue émerge de la sphère d'or rouge. Le chroniqueur commence même à distinguer une silhouette humanoïde lorsque, son sort se déclenchant en vidant d'un coup toute l'Énergie accumulée dans la sphère, "l'intrus" disparait avec une sorte de cri muet.<br />
<br />
Dans la cour, c'est par contre carrément la stupeur : Herem, Second Fils des Étoiles, Premier Seigneur des Batailles, vient de se matérialiser quelques mètres au dessus du puits, brandissant son épée enflammée sur le fond sombre de cette aurore pluvieuse. La plupart des soldats en restent tétanisés, des réfugiés se jettent à terre en signe de soumission, d'autres prient à genoux sur les pavés et les Kormes, eux, refluent en désordre devant cette apparition divine.<br />
Lorsque les choristes de choc émergent de la chapelle dans une sorte de stupeur incrédule, il leur faut plusieurs minutes pour s'apercevoir que le saint érudit et sa relique on déjà disparu par le portail enfoncé de l'auberge…<br />
<br />
=== L'embuscade encerclée ===<br />
<br />
Dans la forêt humide se joue une dangereuse partie de cache-cache : après que deux d'entre eux aient été blessés par des carreaux d'arbalète en arrivant du nord à bride abattue, les Chacals lancés à la poursuite de nos héros ont démonté pour se disperser à couvert dans les sous-bois, les soldats et mercenaires arrivant du sud ont pris le maquis en découvrant les cadavres dispersés sur la route et les auteurs de ce carnage se sont pour la plupart dissimulés tout autour de la clairière envahie de rochers, progressant prudemment à la recherche des nouveaux arrivants. <br />
[Après la phase de "tir au pigeon" de l'embuscade, le groupe vient de passer en Duel global, tous les combattants dispersés à travers la map répartissant leur mise entre le repérage (attaque), la dissimulation (défense) et le déplacement, jusqu'à rencontrer des ennemis et basculer en combat à distance ou tenter de rentrer au corps à corps. Le récent module de calcul des distances de combat a donc beaucoup servi, de même que les Positions tactiques (camouflage de la végétation, couvert des rochers...), la surprise, les charges soudaines, les combats à plusieurs adversaires... Ce fût une belle démonstration tactique (Diane a particulièrement brillé) et une belle scène finale, qui aurait mérité plus de descriptions si je n'avais pas eu 5 ou 6 combats à gérer en même temps. Au passage, Humphrey B jouait Herle de Lorune pendant l'absence d'Andréas.]<br />
<br />
Dés le début, Gavin est pris dans une bagarre désordonnée à coups de couverture, de cassette et de poings contre Dorian le Magnifique pendant que la belle fehnri disparaît dans les bois ("Une courtisane fehnri avec un gros score de discrétion associée à un marchand-escroc ? Tiens donc..."), Le Grêlé a rejoint la roulotte pour régler son compte à la petite servante qui s'y cachait encore (et "s'amuser un peu" avec elle : ça reste un mercenaire sans scrupule, hein), Eldan essoufflé rejoint le "champ de bataille" par le nord, Vighnu et La Poigne convergent vers les soldats qui contournent par le sud-est, Herle abandonne son arc pour foncer tout seul par le flanc ouest (il faut bien justifier de son état futur en le jouant "imprudemment"), Trevan et Diane quittent discrètement les gros rochers en cherchant à repérer leurs nouveaux adversaires...<br />
<br />
Après quelques instants de louvoiement discrets dans les bois, le premier accrochage intervient quand deux soldats franchissent le ruisseau en aval du gué et sont interceptés par La Poigne et Vighnu : si le gros benêt diminué par ses blessures est vite repéré et pris dans un laborieux corps à corps, l'assassin blesse un de ses adversaires d'une dague de jet avant de surgir derrière lui pour le poignarder, employant le corps du mourant comme bouclier contre les attaques de deux autres soldats qui venaient à son secours. En un instant, Vighnu balance le mort sur ses congénères, éventre l'un et abat l'autre d'une dague de jet dans la gorge, pendant que La Poigne enfin dégagé éclate le crâne du dernier à coups de gourdin.<br />
<br />
Après avoir éclaté le nez du marchand d'un direct bien placé, Gavin lui arrache sa précieuse cassette et, laissant le "Magnifique" sonné assis dans l'herbe, accourt vers la roulotte en entendant les cris d'effroi de la petite servante. N'écoutant que ses élans chevaleresque, il sonne Le Grêlé d'un grand de cassette sur le crâne et, après avoir tenté en vain de calmer la pauvrette (faut dire qu'il est grimé en Korme et qu'elle passe une matinée épouvantable), l'écuyer la laisse s'enfuir dans la forêt et part à la recherche d'une arme plus approprié en voyant se rapprocher les mercenaires du fortin.<br />
<br />
Sur l'autre flanc, Herle (sans arc, donc) s'est fait prendre en tenaille par deux tireurs, a reçu une flèche dans le côté et, pendant qu'il tentait de choper son agresseur au contact, l'autre a surgit de flanc pour lui ouvrir la cuisse à coup de glaive. Blessé et à deux contre un, il encaisse de son mieux lorsque Trevan de Rigorne charge en brandissant son épée, attirant l'attention de Diane qui progressait à croupetons dans le secteur : en une seconde, le premier chacal est décapité et le second s'écroule, un carreau d'arbalète dans l’oreille. Mais ils n'ont guère le temps de souffler car Le Moineau les appelle au secours !<br />
<br />
Déboulant sans s'en apercevoir au milieu des ennemis camouflés, Eldan est immédiatement pris par surprise et blessé. Il parvient néanmoins à faire chuter son adversaire et, roulant avec lui dans les feuilles mortes, les deux éclaireurs échangent coups d'épée, de pied et de poing en s'usant l'un l'autre, pendant qu'un chacal supplémentaire s'approche à pas de loup. Le Moineau le repère au dernier moment, appelle à l'aide, tente vainement de pousser l'ennemi qu'il a blessé dans les jambes de l'arrivant et encaisse une nouvelle blessure (il commence à être franchement mal en point) lorsque Trevan arrive à la rescousse, toujours au pas de charge et toujours couvert par Diane dont l'avant-dernier trait cueille l'ennemi debout juste sous l'omoplate, perçant le poumon.<br />
"Laisse-le moi !" gueule Eldan au chevalier errant et, donnant tout ce qui lui reste contre un ennemi soudain moins faraud, le Moineau prend finalement sa revanche en clouant son ennemi au sol d'un grand coup d'épée. Avant même que Herle rejoigne en boitant l'éclaireur victorieux, Trevan et Diane sont repartis au pas de course vers le flanc est, où des cris indiquent que Lerkoren Oleytan passe un mauvais quart d'heure.<br />
<br />
Car parti seul au nord pendant que l'on se battait près du ruisseau, le jeune Elloran a abattu le premier des "Chacals" qu'il a rencontré mais s'est ainsi fait repéré par deux autres : après un court échange de flèches en manœuvrant pour rester à couvert, Oleytan s'est fait chargé par les deux ennemis simultanément, a réussi à les entraîner dans un bosquet touffu pour les gêner au maximum mais commence à faiblir sans parvenir à se dégager et, lorsqu'il prend un coup de lance dans le mollet, ça commence à sentir franchement le roussi. "VIGHNUUUU !!!" appelle-t-il alors à pleine voix, pendant que l'intéressé, à plus de 200m de là, achève le dernier soldat qui s'enfuyait d'un magnifique lancé de couteau, qui l'atteint dans le dos à plus de 50 pas.<br />
<br />
Lorsque deux mercenaires ont abordé la roulotte et trouvé Le Grêlé étalé dans l'herbe, Gavin qui venait de cacher son butin dans les buissons a soudain été pris de remords. Ramassant l'épée d'un mort, il revient à pas prudents lorsque le combat éclate : Le Grêlé a laissé le premier adversaire s'approcher pour l'achever, a retourné la dague qui le menaçait dans l'estomac de l'ennemi et roulé sous la roulotte pour échapper aux coups de lance du second militaire. Le Grêlé est néanmoins blessé lorsque l'écuyer arrive alors pour achever d'un grand coup d'estoc le gars qui se tenait le ventre à deux mains et bondit sur le véhicule qui commence à avancer au ralenti, les bœufs n'aimant guère la nouvelle agitation qui secoue leur attelage. Son camarade sort alors de sous le chariot pour éviter de passer sous les roues et, maintenant à deux contre un, Gavin et Le Grêlé ont vite défait le dernier soldat, achevé d'un joli lancer d'épée dans le dos alors qu'il s'enfuyait.<br />
<br />
Trevan, Diane et Vighnu arrivent à quelques secondes d'intervalle au secours d'Oleytan, les deux derniers Chacals étant alors rapidement tués, le premier percé du dernier carreau de la Kerdane et Vighnu égorgeant l'autre après un bref corps à corps, d'abord à deux, puis trois puis quatre contre un.<br />
<br />
=== Fin des combats ===<br />
<br />
Essoufflés, les guerriers vainqueurs font brièvement l'appel : <br />
_"La Poigne ? <br />
_Il souffle près du ruisseau, il a pris assez cher. Eldan ? <br />
_De l'autre côté, au nord, mal en point : il s'est mangé l'avant-garde tout seul avant de nous rejoindre, si j'ai bien compris. Herle est avec lui, blessé aussi, il a perdu connaissance. <br />
_Gavin et le Grêlé sont donc seuls avec la roulotte : faudrait pas trop traîner avant qu'ils se fassent des idées malhonnêtes..."<br />
<br />
Et pourtant, les deux hommes se réconcilient sur une base financière saine : ils font moitié-moitié sur le contenu de la cassette ("que c'est pas la peine d'embêté les autres avec des détails") et Le Grêlé oubliera qu'un certain écuyer a essayé de l'estourbir avec. A peine ont-ils partagé qu'arrive Andréas Odran sur un cheval fatigué, qui découvrent le massacre au bord du gué : "Dîtes-donc mais c'est carrément la guerre ici ! Je croyais que le but de toute l'opération à l'auberge était de pouvoir prendre le butin d'un chariot à peine défendu. _Ouais ben y a eut des invités surprise..."<br />
Les valides font le tour du secteur, poussent le chariot hors de la route, rassemblent les camarades blessés pour que Vighnu et Andréas puissent les rafistoler, puis trient les cadavres au nombre desquels semblent se trouver (par la grâce d'1pH) presque tous les hommes du fortin susceptible d'identifier Eldan après ses exploits de la nuit précédente. "Alors on est bons, conclut le chroniqueur : j'ai vu les Kormes tuer les deux seuls autres qui nous aient regardé de près.<br />
_N'empêche que le Magnifique, sa poule et la servante se sont tirés. <br />
_Bah c'pas grave, ils témoigneront qu'ils ont été attaqués par les Kormes. <br />
_Mouais, sauf que Gavin a jugé utile de leur faire la causette. <br />
_Chiotte ! <br />
_Et sinon, d'où ils sortaient tous ces mecs ?<br />
_Ben ceux-là ont du vous poursuivre depuis l'auberge.<br />
_Celui-ci, il était déjà avec l'escorte au départ de Solerane, alors j'imagine que ceux du nord étaient à la recherche du messager qu'on a intercepté cette nuit.<br />
_Les Chacals qui nous attendaient avec le fourgon ont du appeler du renfort après qu'on aie commencé à leur tailler des croupières, parce que je pensais pas qu'il y en avait autant dans le secteur...<br />
_Le premier qu'a tué Herle le jour du départ, Jaromir et Rumbold que tu as dégommés avant de lâcher le convoi, ça fait déjà trois... <br />
_Au moins deux de plus, qu'on a tué avec Trevan et Gavin quand ils nous poursuivaient : ça fait cinq. <br />
_Cinq ou six avec Jorem Cuivré hier, vu qu'on a pas trop fait le détail. Disons 10.<br />
_Et aujourd'hui j'en compte cinq, dont au moins un emishen du clan des Rimdehl, en plus des derniers hommes de Jornil !<br />
_Tu oublies les trois qui sont morts au Cercle des Cascades au début de la semaine, ça fait donc 18 chacals éliminés en 8 jours. C'est du bon boulot, quand-même !<br />
_Façon de voir : moi ce qui m'inquiète, c'est qu'on puisse avoir deux dizaines de types armés dans notre secteur et ne nous en apercevoir que maintenant... Il faudra qu'on parle à ce trafiquant de sel que connaît Eldan, celui qui a présenté Jaromir au fils Cuivré : je crains que l'implantation des Chacals soient plus avancé qu'on ne l'imaginait."<br />
<br />
Rassemblés et ayant brièvement le temps de souffler pour la première fois depuis des jours, nos héros en profitent pour échanger enfin les infos recueillies par chacun au cours de leurs aventures et reconstituent ce qu'ils savent de la Confrérie du Chacal :<br />
La Confrérie, originaire des Sylves, semble essaimer en créant des "chapitres" locaux dans différentes régions de l'Empire. Il semble que des membres du chapitre "sylvain" de la Confrérie ait donc fait le déplacement pour "franchiser" des brigands du Nord, et ce sont ceux-là qui dirigent plus ou moins les opérations (les trois mecs tués par Andréas, Adira et Eldan aux cascades étaient vraisemblablement des novices). Aux Sylves, la Confrérie est à la fois une mafia, une secte animiste et le noyau dur de la résistance armée à l'occupant impérial : si Urgrand est lié à ces gars-là et qu'ils commencent à passer des accords avec les Kormes, ça risque de compliqué sérieusement l'Échiquier du Nord. Et si les Chacals semblent être quasiment apparus par génération spontanée en quelques semaines, c'est qu'ils ont trouvé des gens pour les soutenir et les aider dans la région : soit Urgrand est beaucoup mieux connecté qu'il n'y paraissait, soit ils ont d'autres appuis...<br />
<br />
=== Exfiltration ===<br />
<br />
"...après quoi on a réparti le butin sur les chevaux, vu qu'on en avait maintenant une bonne quinzaine, on t'a attaché en selle et on s'est tiré vers l'ouest en contournant Celanire par le nord jusqu'au grand menhir où nous attendait Neri'Helin, une des novices du chaman edell'okhil Kal Tayvon, avec des bœufs laineux, des vivres et tout le matériel de montagne : paraît que ton 'Pitaine leur a promis de racheter leurs frères en esclavage. On a ensuite crapahuté par l'ouest pendant trois jours dans les Asparren puis les Monts d'Azur, en passant par des coins de plus en plus hauts et enneigés pour éviter de croiser quiconque. La p'tite Edell'okhil a même déclenché une avalanche dans le col du Fraisil pour qu'on ne puisse plus nous suivre. On a bien perdu quelques canassons en chemin, mais les lingots sont au complet, le groupe aussi (quoique la demoiselle ait du re-nettoyer les blessures de La Poigne), et nous voilà presque rendus.<br />
_Où sommes-nous, exactement ?<br />
_Un peu au sud-ouest de la Mine Bénie : on va contourner par l'autre versant pour éviter de s'y faire voir et la môme va nous faire passer sur la rive nord du Lac Troisième par une espèce de chemin à travers les marais à l'est de Andh Endhil, pas loin du camp abandonné d'Etayn-la-Louve.<br />
_La voie est libre et le jour va se lever, annonce la jeune femme en rejoignant le groupe : ramassez vos affaires, hommes du sud.<br />
_Allez, messire de Lorune, remonte en selle : ce soir, Le Cornu nous attendra avec de la gnôle au camp d'abattage."<br />
Et dans le petit matin, les fiers cavaliers de Tal Endhil descendent victorieux vers la Vallée des Lacs en Palier avec, dans leur fonte, un trésor capable de financer les nouveaux projets du Capitaine Durgaut...<br />
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== ÉPILOGUE (envoyé aux joueurs après coup) ==<br />
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C'est au soir du huitième jour après leur départ discret que nos vaillants mercenaires fourbus, gelés, blessés et riches comme Crésus se sont affalés dans une minable hutte au nord du camp de bûcherons de Tal Endhil, déserté chaque nuit en cette saison. Immédiatement repartie avec ses bœufs laineux, sa sœur adolescente et son cousin mutique, la gironde rouquine Neri'Helin ("Dis-donc mais... c'pas la p'tite Edell'okhil que t'a réveillée l'autre fois aux cascades, quand on cherchait les Chacals ? _Si, même que Nevel m'a dit que Tael Shannan se la tape ! _Note qu'il se tape toutes les mignonnes, ce fumier de barde. _Dîtes, c'est fini d'échanger des potins comme deux vieilles venteuses ?") a laissé les hommes de Durgaut fort symboliquement assis sur la terre battue, à 10 pas de l'icône votive qui marque l'extrême frontière nord de l'Empire (mais Le Grêlé a pissé dessus). Ils ont festoyé, pansé leur nombreuses plaies et, d'abord par jeu, ceux qui parmi eux avaient quelques notions de finances ont commencé à calculer combien représentait le chargement encore bâté sur leurs chevaux.<br />
_On a pas loin de 250 lingots, dont bien 150 de merdouilles comme du cuivre, du bronze et du fer...<br />
_Des "merdouilles" qui vont se négocier entre 500 et 1000 lunes à la prochaine cité dotée de forges, ducon.<br />
_T'es sûre ?!<br />
_Il est drôle l'aut' : pourquoi qu'tu crois qu'on creuse des mines ?<br />
_Crois-moi, s'il y a bien un truc que les Kerdans savent faire, c'est du commerce...<br />
_Je savais bien que t'étais kerdane malgré ton histoire de "Je suis une innocente remane élevée près de la colonie kerdane de Rigorne, et blablabla"...<br />
_C'est donc bien vrai mademoiselle Diane ? Vous aussi vous êtes de Rigorne ?!?<br />
_Écoute, Trevan : tu es mignon, tu es vaillant mais, putain, ta gueule.<br />
(Trevan de Rigorne rougit.)<br />
_On disait donc au moins 500 lunes pour les lingots de "vils métaux", mais on a surtout une petite centaine de lingots d'argent, quoique la moitié soient planqués dans de faux lingots de cuivre. Et ça, ça nous fait... heu... attendez voir...<br />
_Au moins 300 pièces d'or.<br />
_Putain !<br />
_Quoi ?!<br />
_La Poigne ! Tu sais compter !?<br />
_Ben oui, surtout le métal quoi. J'suis été apprenti forgeron. Mais c'est trop du labeur : j'aime plus mieux taper qu'une bonne fois sur un casque.<br />
(La gourde de vin de sureau passe de main en main, chacun avalant une rasade d'un air mi-émerveillé, mi-consterné.)<br />
_On... on a ramené... 350 pièces d'or ?! Vous croyez que notre bon Capitaine va être content.<br />
_Ah ça, Moineau, il a un peu intérêt à l'être !<br />
_Dîtes, ch'ais pas si vous vous rendez-compte : c'est p't'être le plus beau brigandage de toute l'histoire des Marches !!<br />
_On est riches les gars ! RICHES !<br />
_Non, messieurs : Tal Endhil est riche. Par les pères, si l'un de vous commence à concevoir une seule pensée pécheresse...<br />
_Mais quel pisse-vinaigre, le Défroqué, quand il pisse le résiné.<br />
_Héhé. Fais-voir ta balafre, d'ailleurs, Herle : faut changer ton bandage.<br />
_Ma mienne elle est plus grande !<br />
_Hihi !<br />
_Nul n'en doute mon cher La Poigne, nul n'en doute...<br />
_Ouais mais la tienne elle a même pas percé ta couche de lard !<br />
_N'empêche qu'on a tous ben gagné nos 2 pièces d'argent chacun !<br />
_Plus la prime !<br />
_Oh oui : vous êtes de vaillants gagne-petit. Mais la prime c'était si on laissait pas de témoins et, là, on a Jornil lui-même, Dorian, sa pute, la servante...<br />
_Toi le Noir tu commences à nous les bris...<br />
_Bon les gars, vos gueules : il est tard. Alors ça pionce, ou je vais commencer à distribuer les baffes. Le Grêlé et Diane prennent le premier tour de garde. Demain, j'vous ramenions tous au village. Et rappelez-vous qu'vous avez promis le secret sur vos têtes ! Si on vous presse vraiment, et seulement dans ce cas-là, vous avez été r'prendre les lingots de la Mine Bénie à une bande de Kormes du côté de la Baie des Langueurs. C'est bien clair, pour tout le monde ?<br />
_Oui mon sergent !<br />
_Lèche-cul.<br />
_Mon sergent ! Y a Le Grêlé qui dit...<br />
_Foutremerde, tas de corniauds ! Même avec une 'pparition divine, j'conçois point comment qu'une pareille bande de mômes a pu réussir cette mission !"<br />
<br />
=== Bilan de la mission ===<br />
<br />
Au final, les PJ viennent en effet de rapporter au fief de Tal Endhil ce qui sera bientôt sa première Capacité de "Finances". Vighnu, Diane, Eldan, Andréas et même Durgaut (qui n'avait pas été récompensé depuis des lustres) ont d'ailleurs raflé pas mal de Progrès pour cela, ce qui nous a permis de voir à quelle vitesse Orlanth, qui n'utilise jamais ses pH pour autre chose que pour progresser, avaient pu faire évoluer son personnage : en un seul (gros) épisodes, il a ainsi gagné et dépensé 16pH (8pts de Progrès) pour monter son Énergie de 2 pions. Comme Vighnu (qui capitalisait depuis un moment et vient lui aussi d'atteindre 16pE), Diane "la Moucheuse" (comme l'a surnommé le sergent Le Cornu en entendant le récit de ses exploits et son goût pour l'injure) atteint ainsi le seuil du niveau "Héros" : il ne leur reste maintenant qu'à déterminer une Mission concernant un groupe social (car on on est toujours le Héros d'un groupe d'une population. Vighnu a déjà choisi la sienne : il sera désormais la "Lame Noire du Nord", défenseur secret et assassin vengeur de Tal Endhil) et, lorsqu'ils auront pu réussir un objectif majeur fixé avec leur MJ pour lancer cette Mission, ils obtiendrons le pH supplémentaire permanent et l'augmentation de Réputation qui feront d'eux des Héros dignes de ce nom.<br />
Par ailleurs, les 4PJ impliqués ont gagné 1 point de Relation (à établir avec n'importe lequel de leurs compagnons) et 1 point de Réputation :<br />
_Vighnu est maintenant "Sauveur de Tal Endhil 3"<br />
_Andréas et Eldan "Débrouillard 1"<br />
_Diane a bien mérité d'être désormais réputée "Redoutable 1".<br />
<br />
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}}<br />
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